• Ouvriers sans-papiers, sécurité déplorable, l’organisation des Jeux Olympiques de Paris pointée du doigt Par Jérôme Jordens - RTBF
    https://www.rtbf.be/article/ouvriers-sans-papiers-securite-deplorable-lorganisation-des-jeux-olympiques-de-

    Les voix s’étaient élevées, à juste titre, pour dénoncer les conditions de travail sur les chantiers qataris pour construire les stades de la Coupe du monde 2022. Problèmes de sécurité, ouvriers sans papiers, les problèmes dénoncés ne sont cependant pas seulement visibles au Qatar.


    Le quotidien français Libération révélait ce mardi que les chantiers des Jeux Olympiques de Paris, qui se dérouleront en 2024, ne sont pas exempts de ces reproches. Le quotidien français a rencontré dix sans-papiers maliens qui ont travaillé sur différents chantiers pour différentes sociétés sous-traitantes, dont des grands noms de la construction comme de Vinci GCC Construction ou Spie Batignoles.

    « Les Français ne veulent pas faire ce travail. Sur le chantier, il n’y a presque que des étrangers. Des Pakistanais pour l’électricité, des Arabes pour la plomberie, des Afghans pour la maçonnerie… Les blancs, ce sont ceux qui sont dans les bureaux », explique à Libération Moussa (prénom d’emprunt), porte-parole d’un groupe d’une dizaine de sans papiers maliens qui travaillent sur les chantiers des JO 2024. Pour être embauchés, la plupart utilise les papiers d’amis ou d’un membre de la famille en règle.

    Une problématique dont sont conscients les organisateurs qui précisent cependant avoir pris des mesures pour tenter de mettre fin à ce travail illégal. « On retrouve sur les chantiers des JO des pratiques qu’on retrouve par ailleurs dans le secteur du bâtiment, mais on a un dispositif de surveillance un peu plus développé, avec un comité présent sur les chantiers, doté d’une permanence. Ça nous permet de repérer des cas », indique Bernard Thibault, membre du comité d’organisation au quo. Il admet cependant que certaines pratiques permettent à « des entreprises de passer entre les mailles du filet ».

    Le problème, c’est que le nombre d’entreprises présentent sur les chantiers est énorme et que les sous-traitants sont nombreux. Il peut dès lors être compliqué de refaire tout le trajet des paiements. « Celle qui paye n’est pas forcément celle qui est sur le chantier. A tel point qu’il est impossible de s’assurer de quelle est la boîte qui les embauche » , explique Jean-Albert Guidou, secrétaire général de l’union locale de CGT de Bobigny

    Le bâtiment, c’est une façon pour ces sans-papiers de gagner un peu d’argent pour pouvoir vivre. « Pour vivre ici quand tu n’as pas de papiers, ce n’est pas du tout facile alors on préfère travailler dans le bâtiment plutôt que de faire des choses pas bien », explique Moussa.

    Le village olympique, à l’Ile-Saint-Denis, la piscine Marville, ils étaient présents sur ces chantiers et ont travaillé pour un peu plus de 80 euros non déclarés par jour, dans des conditions déplorables : « On n’a aucun droit. On n’a pas de tenue de chantier, pas de chaussures de sécurité fournies, on ne nous paye pas le pass Navigo, o n’a pas de visite médicale et même pas de contrat » , regrette Moussa.

    Abdou, un autre travailleur sans papier, met, lui, le problème sur les éventuelles indisponibilités ou accidents : « Si tu tombes malade ou que tu te blesses, le patron te remplace le lendemain » . Une situation intenable qui pose question sur l’entièreté du système. Un débat s’est d’ailleurs ouvert ce mardi à l’Assemblée nationale et porte sur un nouveau projet de loi immigration qui pourrait, peut-être, permettre à Moussa et ses collègues de régulariser leur situation.

    L’article de libération, payant : https://www.liberation.fr/societe/sans-papiers-sur-les-chantiers-les-jeux-olympiques-ne-pourraient-pas-se-f

    #jo #jeux_olympiques #Paris #vinci #infrastructures #btp #conditions_de_travail #spie-batignolles #sous-traitance #sans-papiers Merci à madame #anne_hidalgo du #ps #ville_de_paris

  • Se brancher à l’eau autrement
    https://metropolitiques.eu/Se-brancher-a-l-eau-autrement.html

    Face à un réseau conventionnel défaillant, les habitants des villes éthiopiennes ont recours à des systèmes alternatifs pour se procurer de l’eau potable. Cet article met en lumière la multiplicité des stratégies déployées, individuelles ou collectives suivant les contextes urbains. Un accès inéquitable au réseau conventionnel L’Éthiopie est l’un des pays au monde avec le plus grand nombre d’habitants n’ayant pas accès à l’eau potable (UN-Habitat 2017). L’accès aux #services_urbains de base y est encore #Terrains

    / #Éthiopie, accessibilité, #eau, #infrastructure, services urbains, #alternatives, #urbanisation, pays du (...)

    #accessibilité #pays_du_Sud
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_pinet_et-al.pdf

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    Die Zukunft des Transportwesens ist elektrisch. PANION befähigt Unternehmen die Zukunft der e-Mobilität nachhaltig und wirtschaftlich zu gestalten. Unsere Softwarelösungen PANION Transition, PANION Charging und PANION Fleet, sowie eine individuelle Beratung durch unsere Experten ebnen den Weg zur Elektrifizierung Ihrer Flotte. PANION hat sich zum Ziel gesetzt, die globale Autorität für die Umstellung auf und das Management von Elektroflotten zu werden. Wir sind Ihr Partner für eine nachhaltige und erfolgreiche Zukunft.

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    Nachhaltige Flotten auf den Weg bringen
    Wir bei PANION wissen, dass der Umstieg auf eine E-Flotte keine einfache und im Alleingang zu bewältigende Aufgabe ist. Die Anforderungen an einen effizienten E-Fuhrpark und das Navigieren durch staatliche Richtlinien und Förderprogramme, sowie die Planung von Nachhaltigkeitszielen und CO2-Reduktionen ist zeit- und kostenintensiv.

    Das Vereinfachen dieser komplexen Zusammenhänge ist der Antrieb für unsere Innovation: PANION Transition. Die Stärke von PANION Transition liegt in seinen intelligenten, autonomen Software-Featuren in Kombination mit unserem individuellen Beratungsansatz. Das Ergebnis: eine nutzerzentrierte, datengesteuerte Lösung, um Ihre Flotte in die sich schnell nähernde E-Zukunft zu katapultieren – mit uns als Ihrem comPANION.

    Panion Charging | PANION
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    Aus der Flottenperspektive
    Bei der Entwicklung des PANION Charging Tools stehen Fahrzeug und Nutzer im Mittelpunkt unserer Entwicklungsarbeit. Angetrieben durch Nutzungsdaten und intelligente Vernetzung aller Schnittstellen, werden die Ladeprozesse Ihrer Flotte ganzheitlich optimiert. Natürlich automatisiert und adaptierbar für verschiedene Systeme. PANION Charging reduziert die Komplexität mit Blick auf Energiemanagement, Ladestationen und Streckenplanungssysteme. Dabei verbindet unsere maßgeschneiderte API die Elektrofahrzeuge Ihrer Flotte. Unsere Software steuert die Kosten, Zeitaufwände und Ladeprozesse, bei gleichzeitiger Überwachung der Netzkapazitäten und Ladeinfrastruktur. Der Algorithmus vereinfacht auch alle operativen Aufgaben rund um die Ladeprozesse Ihrer Flotte, sowie das Fehlermanagement. Unsere individualisierbare Software simplifiziert also den Betrieb Ihrer E-Flotte ganzheitlich, sodass Sie mehr Kapazitäten für das Tagesgeschäft haben

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    Registergericht: Amtsgericht Charlottenburg
    Sitz und Gerichtsstand der Gesellschaft: Berlin
    Rechtsform: Gesellschaft mit beschränkter Haftung
    Umsatzsteuer-Identifikationsnummer: DE330591013

    #Berlin #Schöneberg #Feurigstraße #Infrastruktur #Elektromobilität

    • Alors que la sécheresse fait rage en France, c’est loin de la métropole que la question de l’accès à l’eau potable est la plus préoccupante. La situation socioéconomique en #Outre-mer est critique mais le système est figé et la question de la #responsabilité éclatée.

      En savoir plus

      En Outre-mer, l’accès à l’eau potable n’a rien d’évident. Les problèmes s’accumulent : #coupures_d’eau à répétition, #infrastructures vieillissantes responsables de fuites et d’une qualité de l’eau souvent médiocre etc. Malgré tout, le système reste bloqué. De l’Etat aux collectivités en passant par les entreprises privées, quels degrés de #responsabilités établir face à cette #inégalité d’#accès_à_l’eau ? La #fracture_territoriale observée est-elle synonyme d’un abandon des Outre-mer par la métropole ?

      Pour évoquer ces questions, François Saltiel reçoit Nicolas Metzdorf, député de Nouvelle-Calédonie, Marc Laimé , consultant en eau et assainissement auprès des collectivités locales et co-auteur de #Guadeloupe, L’île sans eau, Massot Editions et Michèle Chay, membre de la Commission du Groupe Outre-Mer du CESE et co-autrice d’un rapport à paraître sur l’eau dans les territoires ultra-marins.

      Pour commencer, nos trois invités rappellent les spécificités de chaque territoire ultra-marin sur la question de l’accès à l’eau potable. Michèle Chay commence : "s’il n’y a pas de problèmes de ressources avérés dans les départements et les collectivités d’Outre-mer, il y a des problématiques concernant l’accès et l’assainissement de l’eau. Elles sont différentes d’un territoire à l’autre pour des raisons de démographie, de découpage territorial etc." Nicolas Metzdorf complète : "l’accès à l’eau est plutôt de qualité en #Nouvelle-Calédonie ; seul 7% de la population n’a pas accès à l’eau potable. Mais on observe des épisodes de sécheresses récurrentes et l’émergence de nouveaux problèmes liés à la gestion de l’eau." Marc Laimé ajoute : "depuis une quinzaine d’années, un quart des guadeloupéen.ne.s n’a pas accès à l’eau potable. La responsabilité est partagée entre l’Etat qui n’a pas assuré sa mission régalienne, les élus locaux (accusés notamment de clientélisme) et les acteurs privés."

      Mais qui est responsable ? Pour Nicolas Metzdorf : "On a un mauvais réflexe dans les Outre-mer, on est toujours critique envers l’Etat mais on se regarde peu nous-même. Nous, les élus locaux, nous avons la première des responsabilités. L’adduction en eau potable est une compétence des communes, pas de l’Etat. La question est de savoir si la problématique de l’eau, problème du siècle, peut être laissée à des syndicats intercommunaux et des collectivités locales." Michèle Chay est d’accord avec Nicolas Metzdorf sur la responsabilité des collectivités locales : "l’Etat a d’ailleurs mis des #fonds pour améliorer la situation (avec le plan « #Eau_DOM » et des contrats de progrès, ou bien avec le plan "#France_Relance" qui a débloqué 50 millions d’euros sur la question de l’eau." Concernant l’inaction des collectivités locales, Marc Laimé ajoute : "La Cour des Comptes a publié un rapport il y a deux mois, chaque année la France vote un budget de 26 milliards d’euros pour les #DOM-TOM or la moitié seulement est saisie. La raison est simple : les collectivités locales n’ont pas l’ingénierie technique, financière et humaine pour monter des dossiers."

      Quand on aborde les inégalités de traitement et de considération des habitants d’Outre-mer par la métropole, les avis divergent. Pour Marc Laimé : "chaque DROM à des particularités mais tous sont touchés par une très grande précarité et pauvreté. Toutes ces problématiques doivent être prises en compte vis-à-vis des défaillances du service public qui n’est pas assuré dans les territoires ultra-marins comme il l’est dans un département de métropole. Le sentiment d’inégalité sur place est légitime." Michèle Chay ajoute qu’il "n’y a pas d’égalité réelle dans les Outre-mer, c’est une évidence (à cause de la précarité, du manque de travail chez les jeunes etc.). Pourtant, c’est des territoires de la République, il faudrait mettre les moyens financiers et techniques."

      Nicolas Metzdorf s’exclame : "j’ai vraiment du mal avec ce qui est dit. Si je prends l’exemple de la Nouvelle-Calédonie, l’Etat est intervenu à chaque fois que nous avions un problème. A un moment, il faut reconnaître que la responsabilité vient de nous-même avant de chercher à tout prix un coupable ailleurs. Parce que l’on est insulaire, on a l’impression que tout ce qui ne se passe pas bien est dû au fait que nous sommes loin. Je ne crois pas, je pense que nous sommes tous traités de la même manière et que nous avons notre part de responsabilité."

      Enfin, contrairement aux deux autres invités, Nicolas Metzdorf considère que l’intégration du ministère des Outre-mer dans celui de l’Intérieur est une "excellente chose. Le ministère des Outre-mer est aujourd’hui géré par un ministère régalien, ce qui lui donne un vrai poids politique. Quand le ministère des Outre-mer était seul, il fallait beaucoup de lobbying de la part des parlementaires et du ministre pour se faire entendre. C’est paradoxal, on critique beaucoup la différence de traitement des Outre-mer mais on veut en faire un ministère à part entière."

      #eau #eau_potable

      #podcast #audio

      voir aussi les reportages de @wereport sur l’eau potable en Guadeloupe :
      https://www.wereport.fr/tag/guadeloupe

  • Aucune disposition légale ou réglementaire n’incrimine le seul fait de participer à une manifestation non déclarée.
    Maitre Eolas @Maitre_Eolas – Twitter
    https://twitter.com/Maitre_Eolas/status/1547886920079794178

    Aucune disposition légale ou réglementaire n’incrimine le seul fait de participer à une manifestation non déclarée. Crim. 8 juin 2022 pourvoi n° 21-82.453

    Et je lève mon verre au prévenu qui a fait un pourvoi en cassation pour 11 euros d’amende.

    Collect’ hyphe – @CollectHyphe
    https://twitter.com/CollectHyphe/status/1547888796439494659
    En réponse à @Maitre_Eolas

    C’était un groupe de chorale et ils ont fait une cagnotte pour les frais. L’idée était justement de faire trancher la question car bcp d’amendes de ce type (et parfois à 135 euros …) pour : rien puisque pas d’incrimination légale.

    • Pour la Cour de cassation, participer à une manifestation non déclarée n’est pas une infraction
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/pour-la-cour-de-cassation-participer-a-une-manifestation-non-declaree-n-


      La Cour de cassation s’est prononcée mi-juin sur le cas de huit manifestants verbalisés
      © AFP - Thomas Samson

      Saisie par huit habitants de la région de Metz, la Cour de cassation a rendu, mi-juin, une décision majeure pour les futurs mouvements sociaux : selon la plus haute juridiction, une personne ne peut se faire verbaliser pour avoir simplement participé à une manifestations non déclarée.

      23 mai 2020, début du déconfinement. Une manifestation se prépare pour la défense du service public, et les membres de la « Chorale révolutionnaire » de Metz décident de répéter en centre-ville. « En petits groupes pour être moins de dix, distants entre chanteurs d’1,50 mètre à deux mètres, et masqués », précise Xavier Phan Dinh, membre de la formation. Mais la quinzaine de chanteurs n’a pas vraiment le temps de donner de la voix : tous sont rapidement verbalisés par la police, au nom d’un arrêté pris la veille par le préfet, interdisant tout regroupement sur la voie publique. « L’un d’eux m’explique qu’il est interdit de ’revendiquer’, avant que l’un de ses collègues le corrige en précisant qu’il est interdit de ’manifester’. Ce quiproquo est révélateur, selon moi », se souvient Xavier Phan Dinh.

      Décidés à défendre « un droit fondamental, celui de s’exprimer, certes en chantant, et surtout le droit de manifester », le choriste et sept de ses camarades décident de contester ces amendes, dans un premier temps devant le tribunal de police, dédié aux affaires donnant lieu à des contraventions. Divisés en trois groupes confrontés à trois juges différents, les choristes voient tous leurs amendes confirmées par le tribunal, mais à des montants allant decrescendo : de 135 euros pour les premiers dont le cas est examiné, à onze euros pour les derniers. « A mon humble avis, c’était pour nous diviser ou pour nous dissuader d’aller en cassation », analyse Xavier Phan Dinh. Dans tous les cas, les juges retiennent la participation à une manifestation non déclarée.

      « Sous prétexte de limiter les regroupements sur la voie public au motif de freiner la propagation du virus, on en était venus à porter une atteinte disproportionnée à la liberté de manifester », détaille Xavier Sauvignet, l’un des avocats qui a accompagné la chorale dans sa démarche. Les choristes refusent d’en rester là. La loi ne permettant pas de faire appel d’une amende inférieur à 150 euros, ils se trouvent dans l’obligation de se pourvoir directement en cassation. La plus haute juridiction française leur donne alors raison.

      "Une infraction qui n’existait pas"
      « La Cour de cassation rend un attendu très clair qui vient dire que le tribunal de police avait condamné pour une infraction qui n’existait pas, c’est-à-dire la participation à une manifestation non déclarée. Et, en l’absence de texte, on ne peut pas condamner quelqu’un sur ce fondement-là », détaille Me Sauvignet. « Ce que l’on peut retenir de cette décision, qui est une règle qui existait déjà mais qui est posée de manières très claire par cette autorité régulatrice qu’est la Cour de cassation, est qu’il est interdit de participer à une manifestation interdite, qu’il est également interdit d’organiser une manifestation non déclarée. En revanche, il n’est pas interdit de participer à une manifestation non déclarée ». En effet, dans son arrêt, la Cour précise que « ni l’article R. 610-5 du code pénal, ni aucune autre disposition légale ou réglementaire n’incrimine le seul fait de participer à une manifestation non déclarée ».

      Comment expliquer que la Cour de cassation intervienne aussi tard, alors que les manifestations se sont multipliées ces dernières années ? « Des gendarmes ou policiers peuvent facilement verbaliser quelqu’un sur un fondement qui n’est pourtant pas prévu par la loi. En revanche, il est très difficile de venir contester cette verbalisation, de savoir par quel biais saisir le tribunal », analyse l’avocat. L’étape de la cassation est encore plus complexe, d’autant que les requérants n’ont que cinq jours pour saisir la juridiction. A cela s’ajoute la difficulté de financer les services d’avocats spécialisés. « Vous êtes, à toutes les étapes, dissuadés financièrement et intellectuellement de contester ce type d’amende », ajoute-t-il.

      "Un autre enjeu que le montant de l’amende"
      En l’occurrence, les choristes ont fait appel à des particuliers, mais aussi des syndicats comme Sud ou la CGT, au Parti communiste, ou encore à la Ligue des Droits de l’Homme, qui les ont aidés à lancer une cagnotte en ligne pour financer les frais de justice. « Les avocats ont également fait un geste, en nous disant que le montant de la cagnotte leur suffisait, mais ça aurait dû coûter cinq à six fois plus cher », souligne Xavier Phan Dinh, qui évalue l’action, habituellement, à environ 3.000 euros par requérant. « Lorsque nous nous sommes pourvus en cassation, la dame derrière le guichet m’a regardé et m’a dit ’mais monsieur, l’amende est à onze euros, la cassation coûte énormément cher !’ Je pense qu’elle ne comprenait pas qu’il y avait là un autre enjeu que le montant de l’amende (…). Plus on avançait dans notre raisonnement, plus nous étions convaincus qu’il s’agissait-là de quelque chose d’absolument crucial à défendre : le droit de manifester est un droit qui l’emporte sur tous les autres. Si, demain, on ne peut plus exprimer son opinion en manifestant, tout peut nous arriver ».

      Le 6 juillet, les choristes ont à nouveau uni leurs voix pour aller célébrer leur victoire en cassation. Ils ont défilé du palais de justice à l’hôtel de police. Une manifestation qu’en tant qu’organisateurs, ils ont dûment déclarée auprès des autorités.

  • L’informalisation des politiques migratoires : les pièges de la #soft_law

    Mal connue du public, la soft law est une arme redoutable entre les mains des États, qui utilisent cette méthode quand ils veulent contourner les contraintes et la rigidité que leur imposeraient les lois nationales ou les textes et traités internationaux. Elle est souvent mobilisée dans le domaine du « contrôle des flux migratoires », sans qu’il soit facile de faire toujours la différence entre la stricte application du droit et ses contournements. L’#externalisation des politiques d’asile et d’immigration est un exemple typique du recours à la soft law : l’Union européenne (UE) ou ses États membres trouvent avantage à négocier toute une foule d’#arrangements aux noms divers, plus ou moins informels, avec leurs « partenaires » des pays tiers, fictivement présentés sur un pied d’égalité.

    La finalité est de contraindre ces derniers à stopper l’immigration à la source ou à reprendre sur leur sol les indésirables qu’on leur renverra, parfois au prétexte de l’urgence (comme ce fut le cas avec la « déclaration » UE-Turquie en mars 2016, supposée mettre fin à la mal nommée « crise migratoire ») : avec la soft law, certaines clauses contraires aux #droits_fondamentaux peuvent rester occultes. Les #abus seront imputés à ces autorités extérieures à l’Europe, les instances parlementaires ou judiciaires ne seront pas saisies, les dissensions internes seront moins visibles et, devant d’éventuels écueils, il sera plus aisé de changer de cap.

    S’ouvre ainsi un vaste domaine à des formes d’#infra-droit qui, par-delà la diversité des modes opératoires, mènent inévitablement au #déni des normes en vigueur. D’où l’enjeu que représente, pour les associations de défense des droits humains, la connaissance des mécanismes de la soft law et des discours publics qui visent à en imposer la légitimité dans l’opinion.

    http://migreurop.org/article3107.html

    #migrations #asile #réfugiés #droit

  • #Zoe_Leonard
    Al río / To the River

    Over three decades Zoe Leonard (b. 1961, Liberty, New York) has gained critical acclaim for her work. Rooted in photography, Leonard’s practice extends to spatial installation and sculpture. Her art is above all the result of a finely honed observation, in which the documentary approach of photography combines with the physical and bodily act of looking. Migration and displacement, gender and sexuality, mourning and loss, cultural history and the tensions between the natural world and human-built environments are recurring themes in her work.

    This exhibition premieres Al río / To the River, a large-scale photographic work begun in 2016 which takes the Rio Grande, as it is named in the United States, or Río Bravo, as it is named in Mexico, as its subject. Leonard photographed along the 2,000 kilometres where the river is used to demarcate the boundary between the United Mexican States and the United States of America, following the river from the border cities of Ciudad Juárez, Mexico and El Paso, Texas, to the Gulf of Mexico.

    Epic in scale, Al río / To the River results from close observation of both the natural and built environments shaped by and surrounding the river; from desert and mountains to cities, towns and small villages where daily life unfolds in tandem with agriculture, commerce, industry, policing, and surveillance. Leonard’s photographs focus on the accumulation of infrastructure and other constructions built into and alongside the river to control the flow of water, the passage of goods, and the movement of people: dams, levees, roads, irrigation canals, bridges, pipelines, fences and checkpoints. ‘The shifting nature of a river – which floods periodically, changes course and carves new channels – is at odds with the political task it is asked to perform,’ says Leonard.

    Al río / To the River is structured in three parts, including a Prologue and a Coda. Each part engages with photographic language, moving fluidly from abstraction to documentary to digital surveillance imagery.

    Working with a hand-held analogue camera, Leonard takes an embodied position in relation to the river. While always subjective, her view onto the river is not fixed. Crossing frequently back and forth from one side of the river to another (and thus, from one country to another), Leonard refuses a one-sided point of view and instead engages a series of shifting, changing vantage points.

    The work takes shape in passages, sequences of photographs that impart a sense of movement and emphasise actions as they unfold through time. Rather than pointing to one ‘decisive moment’ or one fixed meaning, these arrangements allow the viewer to create meaning through their own close looking.

    The materiality of photographic process is foregrounded in Leonard’s prints. Each photograph is presented as a constructed image, taken from a certain point of view, and made material through processes of selection and printing.

    In Al río / To the River, Leonard pushes back against reductive depictions of the border in mass media, and instead considers a multiplicity of powers and influences. These include commercial and industrial interests, cultural histories and familial connections that span the river, as well as the animals and plants of the region, increasingly under pressure from drought and climate change or the often contradictory human, constructions of the river itself, designated as a ‘wild and scenic’ waterway, a resource for water, and a political borderline.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=qsQz-Yj7qO8&feature=emb_logo


    https://www.mudam.com/exhibitions/al-rio-to-the-river

    #art #exposition #rivière #photographie #infrastructure #pouvoir #frontières #USA #Etats-Unis #USA
    via @isskein

    • Symposium | Riverine Borders: On rivers and other border materialities

      Waterways are essential components of the living and non-living world. They shape landscapes and serve as demarcation lines – as ‘natural borders’ – between states in many parts of the world. In addition to being lines that separate, rivers and streams are also lines that connect, and borderland territories are often particularly rich places of life, interaction, passage, porosity, cross-pollination and exchange.

      Organised in the context of Zoe Leonard’s exhibition Al río / To the River, a series of lectures and the study day Riverine Borders: On rivers and other border materialities will focus on the materiality of these river borders from a territorial, geographical, and political point of view, and also from a metaphorical perspective, as arbitrary places where interests and ideologies overlap and clash.

      A number of scholars and researchers in the fields of visual arts, cultural studies, history and geography will consider the riverine border in the North American and European contexts. Their interventions are both part and a continuation of contemporary debates on the status and the (symbolic) meanings of borders. These questions of borders have gained particular momentum in recent decades. The significance of borders as a response to the rise of burgeoning nationalisms or the ongoing migration management crisis in particular, has led to a forced digitalisation of border regimes, an increase in physical and digital surveillance and the multiplication of border installations worldwide.

      This programme has been developed in conjunction with Zoe Leonard’s exhibition Al río / To the River (26.02–06.06.2022, Mudam Luxembourg – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean) in collaboration with partners of the UniGR-Center for Border Studies: University of Luxembourg (Geography and Spatial Planning), Universität des Saarlandes (North American Literary and Cultural Studies) and Universität Trier (Trier Center for American Studies).

      Schedule of the study day (20.05.2022):

      09h00: Possibility to visit the exhibition, to discover the student project Borderland stories at Mudam Studio, and small breakfast at Mudam Café
      09h45: Welcoming and small introduction
      10h00: First section on the materiality of the river: #Rebekka_Kanesu, Dr. #Ifor_Duncan, Dr. C. J. Alvarez (30 minutes each + discussion)
      12h30: Lunch break, possibility to visit the exhibition, and to discover the student project Borderland stories at Mudam Studio
      14h00–16h30: Second section on the river as a metaphor: #Elisabeth_Lebovici & #Catherine_Facerias, Dr. #Daniela_Johannes, Prof. Dr. #Astrid_Fellner (30 minutes each + discussion)
      17h00: Closing and final discussion

      Rebekka Kanesu
      Liquid lines – an exploration of hydrosocial borders
      In this talk, I question when and how a river is made into a ‘marker of division’, ‘an engine of connectivity’ or no border at all. Rivers as borders challenge common understandings of seemingly static (political) borders. Rather than building simple cartographic lines for territorial separation, rivers are constantly in motion and shift their shape according to seasonal changes and their hydromorphology. In addition to their role as visible demarcation, they simultaneously serve multiple functions, such as infrastructure for navigation and energy production, as source of fresh water, recreational space, wastewater discharge or aquatic ecosystem. Rivers are hydrological and social entities, which complicates their use as border. By analysing the hydrosociality of the Mosel River, the border river that crosses and builds the borders between France, Luxembourg, and Germany, I argue for a more dynamic and complex perspective on borders. The discussion of different examples of material-discursive practices that shape(d) the Mosel as border will show the tensions, connections, attempts of control and forms of resistance that are negotiated between different human and non-human actors in the process of border making. By looking at the Mosel as a three-dimensional liquid space and by considering its directionality and materiality, I will explore the contingent forms of hydrosocial border making that may open up new understandings of border spaces.

      Rebekka Kanesu is a PhD candidate in human geography at the Department of Spatial and Environmental Sciences at Trier University. She has a background in social and cultural anthropology and is interested in topics that encompass human-environment relations, political ecology, and more-than-human geographies in connection to border studies. In her PhD project ‘Liquid Lines – on rivers and borders in the Anthropocene’ she studies the relation between people, fish and the transboundary Mosel river as infrastructure from a political ecology perspective.

      Dr. Ifor Duncan
      Weaponising a River
      This talk investigates the production of the Evros, Meriç, Martisa river – ‘land’ border between Greece, Turkey and Bulgaria – as a border technology. From its main course to its delta, this fluvial frontier is weighted with the crossings of asylum seekers and systematic pushbacks. I conceive of this technology as incorporating the entire hydrology of the river ecosystem, from the deadly velocities of the central course, through its muds, fogs, and flood defense walls that mark the military buffer zone that surrounds it (Zoni Asfaleias Prokalypsis (ZAP)). State impunity is in part produced by the ZAP’s enfolding of the excess of floodwaters into the excesses of sovereign territorial power. After a century of fluvio-geomorphological change since demarcation in 1926 the borderised river simultaneously riverises the border. In this way the river border is a dynamic archive of the military calculations and geopolitical decisions that make its properties treacherous in the production of increasingly perilous migration routes. Here beatings are customary, mobile phones and official documentation are thrown into the river, and, after seasonal floods, bodies wash up in the delta. In its waters and in its sediments the river border is both a weapon and an archive of the reproduction of deadly exclusionary policies enacted at the watery edges of the EU. This talk includes hydrophone recordings, interviews with asylum seekers, legal scholars, environmental scientists, and uses other time-based media.

      Ifor Duncan is a writer, artist and inter-disciplinary researcher who focuses on the overlaps between political violence and water ecosystems. He is postdoctoral fellow in Environmental Humanities at Ca’ Foscari University, Venice. Ifor holds a PhD from the Centre for Research Architecture, Goldsmiths, entitled Hydrology of the Powerless and is developing a book project Necro-Hydrology, a concept which exists where the knowledge and corresponding management of water – in its multiple forms – is produced as adversarial to life and positions human and environmental justice as intrinsically connected. Ifor is also a visiting lecturer at the Royal College of Art.

      Dr. C. J. Alvarez
      Three Ways to Think about River History with Examples from the Rio Grande
      The #Rio_Grande is a very long river without much water in it. Yet even though sections of it often run dry, it nonetheless plays an important role in multiple kinds of historical narratives because of the great distance it travels from the high, snow-covered Rocky Mountains, through the arid desert, and down to the subtropical Gulf of Mexico. Over more than 3,000 km it moves through radically different environments and cultures and this complexity is compounded by the fact that part of the river has been converted into a political border. During my years of research about the United States-Mexico divide and the Chihuahuan Desert I have spent a lot of time on the banks of the Rio Grande all along its length. From those experiences I developed three largely distinct ways of looking at the river. Each point of view has led to different research questions about it. Here are the three questions: What is the river’s nature? How have people interacted with it? How have politics been superimposed upon it? Sometimes there is overlap between the answers to these questions, but in general they produce different kinds of narratives and help us develop different ways of seeing the nonhuman world. This talk is designed to familiarise you with a particularly fascinating North American river, but it is also intended to pass along a set of intellectual frameworks that can be applied to any other waterway on the planet.

      C. J. Alvarez grew up in Las Cruces, New Mexico. He studied art history at Stanford and Harvard and received his doctorate in history from the University of Chicago. He is currently an associate professor in the department of Mexican American and Latina/o Studies at the University of Texas at Austin where he writes and teaches about the history of the U.S.-Mexico border and environmental history. He is the author of the book Border Land, Border Water: A History of Construction on the U.S.-Mexico Divide, the first broad-sweeping history of building projects on the border. He is currently writing a book about the history of the Chihuahuan Desert, the largest and least known desert in North America.

      Catherine Facerias & Elisabeth Lebovici
      Crossing over with Borderlands/La Frontera
      ‘What if I take this space that I’ve been pushed to as a lesbian, as a Mexican, as a woman, as a short person, whatever, and make this my territory... What if I start pushing to enlarge that crack so that other people can also be in it?’ (Gloria Anzaldúa, in BackTalk, Women Writers Speak Out, 1993). Thirty-five years after the publication of Borderlands/La Frontera: The New Mestiza, Gloria Anzaldúa’s legacy is still vibrantly meaningful. Borderlands has become a landmark in various disciplinary fields, from literature to border studies, from Chicanx and Latinx anthropology to ecocriticism theory. A native of the Rio Grande Valley, Anzaldúa formulated the land of the border as a formative space in terms of language and identity, as well as the site of/for political and cultural resistance. Our talk will focus on the frontier as a living, shifting, ‘bridging’ and ultimately productive space for minorities cultures and subjectivities.

      Catherine Facerias is an independent researcher and writer, trained as an urban anthropologist at École des hautes études en sciences sociales (EHESS) in Paris. Her work focuses on the modes of production of public space in a built-up environment, on the terms of access to the public space and to the city in general, and on the conditions of existence in the interstices of the urban space.

      Elisabeth Lebovici is an art historian and critic living in Paris. She has been a culture editor for the daily newspaper Libération (1991–2006) and produces for her blog le-beau-vice. Formerly a HIV/AIDS activist, she is, with Catherine Facerias, a founding member of the LIG/ ‘Lesbians of General Interest’ fund. Since the 1990s, she has been involved in writing on feminism, activism, queer politics and contemporary arts. She is the author, with Catherine Gonnard, of a history of women artists in France between 1880 and the 2000’s Femmes artistes/Artistes femmes: Paris de 1880 à nos jours (Paris: Hazan, 2007). Her latest book Ce que le sida m’a fait. Art et Activisme à la fin du 20e siècle. (Zurich: JRP Ringier, ‘lectures Maison Rouge’, 2017 and 2021) (What AIDS Has Done To Me. Art and Activism at the End of the 20th century.) has received the Prix Pierre Daix 2017 in art history. Elisabeth co-curates (with Patricia Falguières and Nataša Petrešin-Bachelez) an ongoing seminar at the École des hautes études en sciences sociales (EHESS) in Paris titled ‘Something You Should Know: Artists and Producers’.

      Dr. Daniela Johannes
      Cry me a River: Water Affects and Womanhood in Borderlands Chicanx Literature
      The central archetype of the cautionary tale of La Llorona – the weeping mother-ghost of the Mexico-US border folklore – is the woman who failed at role-modeling motherhood and is thereafter condemned to cry for her lost children at the riverbanks. The image of the flowing river, once a symbolism of the never-ending flow of life, is here a symbolism of death, drowning and depth, in a confluent relation with the woman’s tears that flow in an out-of-control manner. This way, the archetype serves not only to instill the urge of motherhood, but to talk women out of the unwanted womanhood, associated with the stereotypes of being overtly emotional, irritable and irrational. In contemporary borderlands literature, archetypes of womanhood such as La Llorona are re-envisioned, as Simerka asserts, ‘to re-define and expand the role of women beyond the traditional focus of motherhood and marriage’. Moreover, this presentation deals with how this literature re-defines the emotional responses of women in relation with the affective agencies of water, which symbolically and materially retro-permeates womankind. The affective interchanges between territorial landscape and women’s bodies reignite what Cherrie Moraga called a ‘theory in the flesh’, now inscribing borderlands geo-imaginations in women’s bodies as well as in bodies of water. While rivers serve as a tool of bordering to establish political boundaries nationhood and gender, bordering as an affective act in literature has the potential to dismantle them within the intimate territory of the body.

      Dr. Daniela Johannes is an Associate Professor of Latinx Studies at West Chester University of Pennsylvania. Her research focuses on the significance of the Sonoran Desert environment as a crucial aspect of US southern border securitisation, which propels a politics of nature as means to control life and death within the space of the nation. At West Chester, Dr. Johannes is currently the director of the Latin American and Latinx Studies Program and the Chair of Multicultural Faculty Commission within the Diversity, Equity and Inclusion Office. At the regional level, she recently assumed the direction of the Greater Philadelphia Latin American Studies Consortium.

      Prof. Dr. #Astrid_Fellner
      Bridging Rivers/Undoing Borders: Queer Border Practices on the US-Mexican Border
      How can borders be undone? How can the watery surface of riverine borders shift solid demarcations and contribute to an undoing of borders? In which ways can cultural practices that bridge rivers constitute powerful counter-formations to the view of borders and #border_regimes as infrastructural events or technological operation, that is assemblages of various human actors, technology, and surveillance apparatuses? Taking into account the importance of border processes in the 21st century, this talk highlights new border epistemologies that draw on the creative potential of riverine borders to undo fixed lines. Focusing on the subversive potential of artistic border practices which queer and destabilise borders, this contribution zooms in on instances of overlapping, crisscrossing, merging, layering, and clashing of riverine borders.

      Astrid M. Fellner is Chair of North American Literary and Cultural Studies at Saarland University, Germany. She is Co-Speaker at the German Research foundation and Canadian Social Science Foundation-funded interdisciplinary International Graduate Research Training Program ‘Diversity: Mediating Difference in Transcultural Space’ that Saarland University and University of Trier are conducting with the Université de Montréal. She is also Project Leader at Saarland University of the EU-funded INTERREG Großregion VA-Project ‘University of the Greater Region Centre for Border Studies’ and is Action Coordinator of a trilingual Border Glossary, a handbook of 40 key terms in Border Studies. She has been involved in a DAAD-Eastpartnership project with Petro Mohyla Black Sea National University in Mykolaiv on the topic of ‘Bridging Borders’ since 2014. Since April 2021 she has also been a member of the interdisciplinary BMBF-project ‘Linking Borderlands,’ in which she studies border films and industrial culture of the Greater Region in comparison with the German/Polish border. Her publications include Articulating Selves: Contemporary Chicana Self-Representation (2002), Bodily Sensations: The Female Body in Late-Eighteenth-Century American Culture (forthcoming) and several edited volumes and articles in the fields of Border Studies, US Latino/a literature, Post-Revolutionary American Literature, Canadian literature, Indigenous Studies, Gender/Queer Studies, and Cultural Studies.

      Schedule of the online series of lectures:

      13.05.2022 | 18h30–20h00: Carlos Morton (University of California at Santa Barbara), The tao of Mestizaje: multiple borders, multiple bridges
      (More information and subscription: Universität des Saarlandes)
      22.03.2022: Fabio Santos (Aarhus University) | Bridging Fluid Borders: Entanglements in the French-Brazilian Borderland
      12.04.2022: Ana Gomez Laris (Universität Duisburg-Essen), on the symbolic meaning of borders and their effects on identity, considering phenomena of passing by (undocumented) migrants to the United States.

      https://www.mudam.com/events/symposium-riverine-borders-on-rivers-and-other-border-materialities

      Le #symposium a été enregistré:
      https://www.youtube.com/watch?v=NZ_2Yiuvn7I


      (8h d’enregistrement)

      #Evros #Grèce #conférence

  • #Camille_de_Toledo en conversation avec #Camille_Louis

    Une conversation présentée dans le cadre du cycle « Enquêter, enquêter, mais pour élucider quel crime ?« , une résidence de l’écrivain Camille de Toledo.

    De janvier 2020 à juin 2021, l’École urbaine de Lyon, la Fête du livre de Bron et European Lab ont accompagné Camille de Toledo le temps d’une résidence de création artistique. Camille de Toledo a conçu « la chambre d’enquête », passionnante plongée dans l’esprit de l’auteur de Thésée, sa vie nouvelle (Éditions Verdier), éclairant déploiement plastique de la généalogie d’une œuvre essentielle. Camille de Toledo a également animé un séminaire ouvert qui a interrogé, sous divers angles, ce registre de l’enquête. European Lab 2021 marque la dernière étape de cette résidence et la finalisation de la chambre d’enquête, qui sera présentée au public pendant les trois jours du forum.

    Lors de cette étape de résidence à European Lab, #Camille_de_Toledo invite Camille Louis, philosophe, dramaturge, engagée sur plusieurs terrains de #recherche et d’action, notamment à #Calais et sur l’île grecque de #Lesbos. Ensemble, il et elle exploreront un nouvel âge de l’enquête en #philosophie, qui part des modes d’existences, des territoires en #lutte. La conversation portera sur les formes que peut prendre cette alliance entre discours et pratiques de #terrain, théories et scènes, collectes de matériau (#field_research) et élaboration conceptuelle.

    https://www.youtube.com/watch?v=Apcny7KzRD8


    #expérimentation #recherche-action #engagement #sciences_humaines #rencontre #fragilité #vertige #langue #migrations #sauveur #espace_public #infra-mince #inframince #échelle

    ping @karine4 @isskein

  • These women are shaping web3 and the metaverse
    https://www.fastcompany.com/90722634/women-web3-metaverse

    By Ruth Readerlong Read

    Talk about the collection of technologies and ideas known as Web3 often focuses on making up for the transgressions of Web 2.0 companies, which have centralized control over online experiences and mined our personal data for their own profit. Whether or not you think the future of the internet involves AR, VR, NFTs, DAOs, the multiverse, or some combination thereof, there is an immense amount of money flooding into those sectors from the usual suspects. But if the same companies and people who ran Web 2.0 are at the helm of Web3, how much can really change?

    At its core, Web3 is about paying creators for their work. Music, artwork, digital fashion—any kind of intellectual property— is turned into or somehow attached to NFTs, so that the work can be certified, tracked, and transacted on a public blockchain. This infrastructure allows creators to be paid directly for their work. In this grand vision, the new internet is decentralized, with no one entity controlling it.

    How that will function is still being worked out. And right now, many of the people showing the most excitement about Web3 are the tech bro types you probably envision. But there’s also a cadre of women taking up their pickaxes and heaving them into the fertile new internet. They’re creating incentives to draw more women to Web3, so they can have a say in the next web.

    One of the splashiest efforts is BFF, a community that is designed to teach women how to get in on the crypto boom. Only one month old, it is already 14,000 members strong. BFF is led by Brit Morin, a former Googler and the founder of women’s media brand Brit + Co. She cofounded this new community for the “crypto curious” with a list of 50-plus celebrities (Tyra Banks, Gwyneth Paltrow, and Mila Kunis), technologists, and entrepreneurs.
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    Another group, launched in 2018, is Black Women in Crypto, which aims to welcome more black women into the crypto space. There are also women-focused NFT collections such as Boss Beauties, WomenRise, and Crypto Coven. Some of these concentrate on art pieces, but Crypto Coven is selling avatars for the metaverse, the persistent VR/AR experience that could sit on top of Web3. Increasingly, there is funding for women content creators. Last week, Randi Zuckerberg—an entrepreneur who got her start in tech working for her brother Mark’s company—launched an accelerator called Big Hug that aims to elevate female creators with funding and mentorship.

    The timing of these ventures is propitious. In November, art market research firm ArtTactic noted that only 16% of NFT sales were going to female artists (the stats for non-white women were even more dismal). On NiftyGateway, an NFT marketplace owned by the Winklevoss twins, less than 4% of the artworks come from artists in Africa, less than 2.5% comes from Latin America, and less than 1% comes from artists in the Near East, the report says.

    In the metaverse, we’re all world builders—now is your time to build.”

    Cathy Hackl
    On top of that, CEOs in charge of the biggest metaverse platforms so far—Fortnite, Roblox, Sandbox, Decentraland, and Meta—are all white men, though at least two of those companies have a woman in the role of COO. Discord, widely thought to be at the leading edge of social networking, also has a white man at the wheel; however the company has a female head of engineering, Prachi Gupta. In crypto, the landscape is even worse, with only 5% of crypto companies being led by women, according to a recent estimate. Meanwhile, global venture capitalists poured $25 billion into blockchain companies last year, according to CB Insights. Pitchbook reports venture capitalists have also been investing about $2.2 billion per year since 2018 in augmented and virtual reality.

    Much of the current effort to bring women onto futuristic internet platforms is as content creators, rather than engineers of the underlying technology. Web3 is in some ways like the early 1990 iteration of the web, free and open to whoever is willing to develop in it. The goal of these various efforts to attract women to these new platforms is to ensure they have the same opportunity to capitalize as men do. It’s becoming clear that in the next version of the online world, having technical skill may be less important than being able to attract a band of devotees.

    “I’m a big proponent of saying, in the metaverse we’re all world builders—now is your time to build,” says tech futurist Cathy Hackl. While giving women a chance to build out the next big internet space is undoubtedly important, there is a question as to whether this will necessarily lead to a safer and more inclusive internet for all. Much of that will depend on who controls the technology that content is built on top of.
    [Metajuku: courtesy of Everyrealm]
    The ultimate creator economy

    While men still dominate in the nascent metaverse, female creators in Web3 are already rising to the top. Krista Kim is one of the most notable, for selling her digital Mars House for half a million dollars. Natalie Johnson, who spent much of her early career as a fashion buyer, is now building out a digital fashion house called Neuno. Everyrealm, a metaverse company with a majority female leadership team, garnered attention for its million-dollar land grab in Decentraland (the company has since invested $4.2 million into nearly 800 land parcels in The Sandbox).

    Janine Yorio, cofounder and CEO of Everyrealm, has a background in private equity and in real estate. After selling her real estate investment app Compound to investment platform Republic, she started speculating on metaverse properties for fun. This gambit quickly became the foundation of Everyrealm, her metaverse investment company. She says one of the most important things to understand about developing in the metaverse and making NFTs is that these products need communities.

    [Everyrealm executives from left to right: CEO Janine Yorio, CCO Jacqueline Schmidt, Metaverse and NFT lead Julia Schwartz, CMO Katie Witkin, courtesy of Everyrealm]
    “Crypto and the metaverse are so community-focused that you can build the coolest project ever, but if you don’t have a community and if you don’t know how to market it, then it’s worthless,” says Julia Schwartz, cofounder of Everyrealm who leads metaverse and NFT development.

    “A lot of the work that we do … involves the community and the storytelling,” adds Jacqueline Schmidt, Everyrealm’s creative director. Schmidt spent much of her previous career in design and real estate. Now she’s translating that skill into world-building.

    “It’s almost like if you were selling condos on spec: there’s an artist rendering and people are like, okay, I’ll take the penthouse. But then they put their deposit down and every month they’re like, okay, where is it? What’s happening? And so you have to show them mood boards and storyboards and bring them along for the ride— there are a lot of similarities to real world real estate development in that sense.”

    [Jonathan Simkhai Metaverse Fashion Week Show: credit Everyrealm, Blueberry, Jonathan Simkha]
    Because the metaverse and NFTs are so community-based, many women feel that they have a certain edge over men. “A woman-driven community is definitely a little more chill, a little more supportive,” says serial entrepreneur Gizem Mishi McDuff. “There are good vibes there and then there’s a lot less toxicity, because we care about that so much and that allows for the community to grow a lot faster in a better way.” The beauty of NFTs and a universally accepted blockchain, she argues, is that if a given community no longer suits you, you pick up your digital property and take it to a new one. You’re not chained to any one platform.

    McDuff owns a digital fashion company called Blueberry and says she came to virtual worlds almost by accident a decade ago. “There was this musical artist called Skye Galaxy and he did his concerts on Second Life,” she says. “So I ended up downloading Second Life and joining his shows just to see his concerts and I’ve been obsessed ever since.” Pivotally, she met a really cute guy at one of the shows. “The next time I saw him, I wanted my avatar to look cool. So I went shopping a little bit and I installed Photoshop and I made myself a cute little dress and it worked. He’s my husband now.”

    This experience was the spark for Blueberry, which designs clothes for Second Life and has 20 million digital assets. More recently, her company put on a runway show in Second Life for Jonathan Simkhai during New York Fashion Week.

    One thing McDuff worries about is how the platforms within the metaverse will be run as the ecosystem grows up. “There are a couple of things that are going on that will blow up in our face,” she says. These include how metaverse platforms compensate creators. Roblox, for example, only gives developers on its platform a quarter of every dollar spent, retaining a 75% cut on their creations.

    “When there is such a high tax on the content you create, it is not as motivating, so the quality of the content is a little less or the innovation is a little less,” she says. McDuff also believes that the fact that Roblox is profiting from the labor of kids will lead to regulation that slows down the development of the metaverse. “Kids are making this company a ton of money,” she says. (The company reported $1.9 billion in revenue in 2021.)
    The unlikelihood of a decentralized web

    The kids who are developing in Roblox also can’t take what they built with them. Which brings me back to the original question: A diversity of people, including more women, may be developing content and communities on top of Web3 and the metaverse, but does it matter if don’t they own the underlying platforms themselves?

    “A platform is only as strong as its infrastructure; if the infrastructure is designed in a biased or non-inclusive way, the ripple effects of that are profound,” says Danah Boyd, a Microsoft researcher and the founder of Data & Society, via email. She’s speaking about technology generally, though this rational could apply to Web3 or the metaverse.

    Platform owners wield immense control. Reddit allowed hate speech to flourish on its platform, because its executives prioritized a free speech policy. For years, Facebook allowed misinformation to spread freely to its users. When Twitter was first designed, its originators were not thinking about the potential for harassment and it took the company 15 years to create features to combat toxic behavior on its platform. (Safety Mode is still in beta.) Community moderators play important role in keeping communities safe, but they are ultimately limited or supported by the larger rules of the platforms.

    You don’t own “web3.”

    The VCs and their LPs do. It will never escape their incentives. It’s ultimately a centralized entity with a different label.

    Know what you’re getting into…

    — jack⚡️ (@jack) December 21, 2021

    Twitter cofounder and recently-departed CEO Jack Dorsey recently got in trouble with venture capitalist Marc Andreessen for suggesting that Web3 will not be as decentralized as promised. Dorsey tweeted that venture capitalists, who funded the companies that came to own Web 2.0, will also control Web3. He also posits that the web of the future is far more likely to be centralized than decentralized.

    Currently, many of the companies working on the next version of the web are building on top of Ethereum, a decentralized blockchain initially created by Canadian programmer Vitaly Dmitriyevich Buterin. While there is a lot of debate about whether Ethereum is truly decentralized, the bigger question is whether big tech companies will develop on a decentralized blockchain. More likely, they’ll create their own blockchain and try and incentivize developers to build on top of it.

    There’s a bit of conflict right now between kind of the complete utopian decentralization and the centralized web.”

    Randi Zuckerberg
    Meta (née Facebook) has tried to get its own blockchain going (to no avail). Gaming companies already have their own world specific economies, though players can’t take any of the stuff they build or buy off the platforms. So far, Dorsey’s other company, which rebranded from Square to Block (yes as in Blockchain), is the only outfit working on a blockchain it doesn’t own, by working on decentralized finance apps built on Bitcoin. Even if Ethereum does win out, big tech could still find a way to control it. Amazon’s AWS already runs 25% of Ethereum workloads, giving it outsized impact on the platform.

    “I agree that there’s a bit of conflict right now between kind of the complete utopian decentralization and the centralized web,” says Randi Zuckerberg. “I don’t think either of those extremes are correct, but I think we’re going to have to figure out where we net out in the middle of complete decentralization and complete centralization.” She notes that being in crypto right now doesn’t feel safe. “You’ve got to have your own back or you’re going to get scammed,” she says. While she doesn’t know exactly how centralization will come into play, she thinks it’s necessary for there to be accountability on the platform.

    Zuckerberg says it absolutely matters who is building the underlying technology in Web3 as well as the virtual reality platforms that make up the metaverse. “If you go into Discord communities, I think there is a super strong and immediate difference that you sense in a Discord community where the project has even one woman on the team versus projects that are all crypto bros,” she says. “There’s an immediate difference in what the discussion is like, what they’ll tolerate in those communities, and the mission, the goals and the ethos.”

    However the next version of the internet shapes up, it is perhaps promising that more women are deciding what companies get funded. In addition to Randi Zuckerberg, Beryl Li, cofounder of Yield Guild Games, is investing in play-to-earn game companies. At venture capital firm a16z, Arianna Simpson is leading investments in crypto and Web3 (one investment she was involved with is in a woman led company called Iron Fish, which is developing a privacy layer for blockchains). Projects like BFF create even more ways for women to play around with this burgeoning technology.

    “In this new era we’re very empowered,” says Hackl of herself and other women. In the last year she’s been invited to invest in several companies: “I’ve never seen myself as an investor, but now I do.”
    About the author

    Ruth Reader is a writer for Fast Company. She covers the intersection of health and technology.

    #Metaverse #Web3 #Blockchain #Féinisation #Genre #Infrastructure

  • L’honneur perdu de la force hydraulique

    L’#énergie_hydraulique constitue l’épine dorsale historique de l’#approvisionnement en #électricité de la #Suisse. Et ce serait encore plus vrai aujourd’hui, dans le contexte de la #transition_énergétique. Mais celle-ci doit d’abord redorer son #image qui s’est ternie au cours des dernières décennies.

    Est-ce le sol étroit situé sous nos pieds qui tangue sous l’effet du vent, ou est-ce que ce sont les #montagnes alentour qui bougent ? Lorsqu’on traverse, saisi par le vertige, le pont suspendu et venteux tendu à 100 mètres d’altitude au-dessus de l’eau verte du Trift, dans l’Oberland bernois, on ne sait plus très bien ce qui est fixe ou en mouvement.

    Le pont du Trift se trouve au-dessus d’Innertkirchen (BE), dans une vallée latérale à 1700 mètres d’altitude, au cœur d’une des contrées montagneuses les plus paisibles de Suisse. Si l’on ose s’arrêter pendant la traversée de ce pont de 170 mètres de long, on aperçoit un cirque sauvage ruisselant d’eau et, tout en haut, les vestiges de l’ancien grand glacier du Trift. Cet amphithéâtre naturel est le décor de la dramaturgie conflictuelle qui se joue autour de l’exploitation de la force hydraulique.

    Apparition d’une cuvette

    Le réchauffement climatique a fait fondre à toute allure le glacier du Trift, qui recouvrait auparavant toute la cuvette. La gorge ainsi apparue mettait en danger l’ascension vers la cabane du Club Alpin Suisse, raison pour laquelle on a construit le pont suspendu en 2005. Mais le recul du glacier a également mis à nu un paysage de montagne vierge, rare et précieux.

    Ce « nouveau » bassin glaciaire éveille des convoitises. L’entreprise d’#hydroélectricité locale #KWO aimerait y construire un #barrage de 177 mètres de haut et créer ainsi un #bassin_de_retenue qui permettrait de fournir de l’électricité à près de 30 000 ménages.

    Cela pose un dilemme : KWO veut produire de l’électricité sans CO2, ce qui est indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais sacrifie pour ce faire une #nature intacte. C’est pourquoi une organisation de #protection_de_la_nature, petite mais tenace, bloque la construction du barrage-réservoir par des recours, tout en sachant que la Suisse fera sinon appel à des centrales à gaz très polluantes pour répondre à une éventuelle pénurie d’électricité. Ce qui menacera à son tour l’objectif de freiner le réchauffement climatique.

    On dirait qu’aucune argumentation ne permet de sortir de l’#impasse. Comment en est-on arrivé au point où l’énergie hydraulique, qui fut un jour le gage de pureté du « château d’eau de l’Europe », comme la Suisse aime à se présenter, doit se battre pour redorer son blason de source d’énergie écologique ?

    Moteur de la haute conjoncture

    La Suisse ne possédant pas de charbon, l’énergie hydraulique a toujours fait partie de l’équipement de base de l’économie énergétique. Mais elle est réellement entrée dans l’ADN du pays pendant la phase de haute conjoncture qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. À un rythme frénétique, on a meublé les vallées alpines de barrages géants, et les #lacs_de_retenue ainsi créés ont permis de compter sur un approvisionnement en électricité stable, qui est devenu l’épine dorsale de la croissance économique.

    Grâce à ces constructions audacieuses dans des régions montagneuses difficiles d’accès, le petit pays alpin s’est offert une bonne dose d’#indépendance_énergétique. En 1970, avant que les premières centrales nucléaires ne soient mises en service, environ 90 % de l’électricité suisse était issue de la force hydraulique.

    Dans le boom des années 1970, les excursions familiales avaient leurs classiques : on prenait la voiture pour se rendre en Valais, à Sion par exemple, avant de monter au Val d’Hérémence pour admirer l’impressionnant barrage de la Grande Dixence. On éprouvait une sensation étrange lorsqu’on se tenait au pied de ce mur de 285 mètres, qui est aujourd’hui encore la plus haute construction de Suisse. Son ventre de béton pèse 15 millions de tonnes, davantage que les pyramides de Khéops, et c’est ce poids inouï qui lui permet de retenir le lac qui s’étend sur des kilomètres. Que se passerait-il s’il lâchait ?

    La gloire de l’énergie hydraulique a été alimentée par d’illustres ingénieurs, qui ont fait de la construction de barrages une discipline de haut niveau. Le Tessinois Giovanni Lombardi, par exemple (père de Filippo Lombardi, politicien du Centre et président de l’Organisation des Suisses de l’étranger), s’est fait un nom en 1965 avec l’élégant barrage-voûte de la Verzasca, dont la finesse a établi de nouveaux standards. Quand James Bond, dans la scène d’ouverture du film « Goldeneye », sorti en 1995, effectue un saut à l’élastique du haut du barrage, celui-ci devient une véritable icône. Giovanni Lombardi, qui a construit plus tard le tunnel routier du Gothard, est resté jusqu’à sa mort en 2017 une référence en matière d’édifices spectaculaires.

    La #redevance_hydraulique, ciment national

    La force hydraulique a consolidé non seulement le #mythe patriotique, mais aussi, de manière plus discrète, la #cohésion_nationale. Car l’eau stockée rapporte beaucoup d’#argent à la #montagne : les communes abritant les centrales électriques touchent des redevances hydrauliques pour l’exploitation de leur ressource, des sommes qui atteignent près d’un demi-milliard de francs par an.

    On peut voir ces redevances comme des transferts de fonds du Plateau économiquement fort vers les régions de montagne, qui peuvent ainsi investir dans leurs #infrastructures et lutter contre l’#exode_rural. Le Val Bregaglia, dans les Grisons, illustre bien la manière dont l’hydroélectricité soude la Suisse et comble le fossé ville-campagne : l’entreprise électrique #EKZ, à Zurich, qui a construit le barrage d’Albigna dans les années 1950, est jusqu’à ce jour l’un des plus grands employeurs de la vallée.

    Violents réflexes de rejet

    Cependant, l’exaltation mythique de l’énergie hydraulique fait parfois oublier que son extension a déclenché, très tôt déjà, de violents réflexes de #rejet au niveau local. Tout le monde se souvient du village grison de #Marmorera, au col du Julier, qui s’est résigné à être inondé par le lac du barrage du même nom en 1954, après plusieurs procédures d’#expropriation.

    « Des filiales des centrales nucléaires dans les #Alpes »

    Pour comprendre pourquoi l’énergie hydraulique a perdu son aura, l’année clé est toutefois 1986. Après des années de combat, les forces motrices #NOK ont enterré leur projet de noyer la plaine de la #Greina entre les Grisons et le Tessin pour en faire un lac de retenue. Épaulée par l’#opposition locale, une coalition de défenseurs de la nature et du #paysage issus de toute la Suisse, critiques à l’égard de la croissance, a alors réussi à mettre ce haut plateau isolé à l’ordre du jour de la politique nationale.

    La Greina est devenue le symbole de la critique écologique à l’égard du circuit de #profit de l’#hydroélectricité qui s’est liée avec une #énergie_nucléaire controversée. Le principe critiqué fonctionne ainsi : meilleur marché, l’énergie atomique non utilisée aux heures creuses est utilisée pour pomper de l’eau dans les lacs de retenue. Ainsi, les exploitants des centrales peuvent produire de l’électricité à un prix élevé durant les pics de demande et maximiser leurs gains. Axées sur le profit, ces « filiales des centrales nucléaires dans les Alpes », comme les surnomment leurs opposants, justifient-elles le sacrifice des derniers paysages naturels vierges ?

    Les limites de la croissance ?

    C’est sur cette question existentielle que s’écharpent partisans et opposants de l’extension de l’hydroélectricité depuis plus de 30 ans. De temps à autre, comme lors de la tentative – pour l’heure vaine – de réhausser le barrage du Grimsel, le conflit se poursuit jusque devant le Tribunal fédéral.

    D’après l’organisation de défense de l’environnement WWF, 95 % du potentiel de l’énergie hydraulique utilisable est déjà exploitée en Suisse. Bien que la Confédération impose aux acteurs du secteur des conditions écologiques plus strictes sous la forme de débits résiduels, le WWF estime que les limites sont « dépassées depuis longtemps » : 60 % des espèces de #poissons et d’#écrevisses locales ont déjà disparu ou sont menacées d’#extinction. Malgré cela, des centaines d’extensions ou de constructions de centrales hydroélectriques, souvent de petite taille, sont prévues. La plus grande, et ainsi la plus contestée, est celle qui doit pousser sur le terrain libéré par le recul du glacier du #Trift.

    Une pression accrue sur les performances

    Par rapport à l’époque de la Greina, la situation est encore plus conflictuelle. Deux nouvelles problématiques sont apparues. D’une part, le #réchauffement_climatique et la fonte des glaciers font que les débits d’eau les plus élevés se déplacent de l’été vers le printemps. D’autre part, après la catastrophe de Fukushima, la décision politique prise par la Suisse de débrancher petit à petit ses centrales nucléaires, de les remplacer par des sources d’énergie renouvelable et de contribuer ainsi à l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre accroît la pression sur les performances de l’énergie hydraulique.

    Est-il possible de tirer encore davantage de la force hydraulique, qui assure actuellement près de 60 % de la production d’électricité en Suisse, sans trahir les exigences écologiques minimales ? « En principe, oui », déclare Rolf Weingartner, professeur émérite d’hydrologie à l’université de Berne. Il décompose les différentes parties du problème et les réassemble pour résumer sobrement ce débat émotionnel.

    L’énergie hydraulique, nouveau service public ?

    Comme l’énergie hydraulique produit de l’électricité presque sans CO2, elle reste une source d’approvisionnement indispensable pour éviter les pénuries, surtout en hiver, quand les installations solaires, par exemple, sont moins productives. En même temps, le réchauffement climatique montre l’importance des lacs de barrage sous un jour nouveau, note Rolf Weingartner. Car du point de vue hydrologique, la fonte des glaciers fait que les réservoirs d’eau qui assuraient de hauts débits surtout pendant les six mois de l’été disparaîtront à l’avenir. Par conséquent, on manquera d’eau à la belle saison.

    Dans l’ensemble, les débits d’eau seront toujours aussi importants sur l’année entière. Mais comme les glaciers n’assureront plus leur rôle de réservoir et comme l’effet de la fonte des neiges diminuera, les débits se répartiront moins bien sur l’année. « Cela signifie, conclut Rolf Weingartner, que nous devrons remplacer, dans les Alpes, les réservoirs naturels par des artificiels. » En d’autres termes, les lacs de retenue existants se doteront d’une fonction supplémentaire pour la gestion durable de l’eau à l’heure du changement climatique, en alimentant par exemple l’irrigation agricole pendant les mois chauds et secs.

    Par ailleurs, on installe parfois sur les barrages, comme celui de Muttsee à Glaris, des installations photovoltaïques qui, situées au-delà de la limite du brouillard, produisent de l’électricité toute l’année. Face à cette nouvelle multifonctionnalité, Rolf Weingartner considère l’énergie hydraulique comme « un service public pour la production d’énergie, mais aussi pour la couverture durable des besoins en eau, ce qui inclut une utilisation écologiquement responsable des eaux résiduelles ». Ainsi, souligne-t-il, l’affrontement entre les intérêts écologiques et économiques qui a lieu à chaque nouveau projet de barrage est un exercice peu productif.

    Le spécialiste plaide pour une nouvelle approche globale, qui s’impose aussi parce que le réchauffement climatique fera apparaître dans les Alpes, après le recul des glaciers, plus de 1000 nouveaux lacs qui auront un potentiel pour la gestion de l’eau. « Nous devrions définir des zones de priorité », note Rolf Weingartner. C’est-à-dire diviser, sous la houlette de la Confédération, l’espace alpin en différentes zones où seraient prioritaires la production d’énergie, l’écologie, le tourisme ou l’agriculture. Ainsi, on dénouerait l’enchevêtrement spatial des intérêts et l’on préviendrait les conflits.

    Rolf Weingartner est conscient que sa vision pacificatrice de la gestion de l’eau a peu de chances de trouver sa place dans la realpolitik suisse. Pour l’instant. Mais si la Suisse reste un pays où la consommation d’électricité augmente inexorablement, elle devra toutefois y songer.

    L’électricité manquera-t-elle en Suisse ?

    La question de savoir s’il y aura assez d’électricité à l’avenir agite en ce moment la Suisse. La demande va, semble-t-il, inexorablement continuer à croître : le groupe énergétique Axpo, prévoit ainsi une hausse de 30 % de la demande d’électricité d’ici 2050.

    Il est possible que la « #transition_énergétique », soit l’abandon simultané de l’énergie nucléaire et des sources d’énergie fossile, stimule la #croissance de la demande. Le remplacement des chaudières à mazout par des pompes à chaleur et des voitures à essence par des électriques feront baisser les émissions de CO2, mais augmenter la consommation d’électricité. Dans quelle mesure les gains en #efficience et les changements de comportement freineront-ils la demande ? Difficile à prévoir.

    Une nouvelle étude de l’Office fédéral de l’énergie montre que dès 2025, de brèves pénuries d’électricité seront à craindre en hiver. En abandonnant les négociations sur un accord-cadre avec l’UE, le Conseil fédéral a encore aggravé la situation. En conséquence, l’UE rejette l’accord sur l’électricité déjà négocié, ce qui compliquera la tâche de la Suisse, dans l’état actuel des choses, pour s’approvisionner sur le marché européen de l’électricité en cas d’urgence.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/lhonneur-perdu-de-la-force-hydraulique

    #hydraulique #énergie #énergie_hydroélectrique #changement_climatique #extractivisme #écologie #faune

  • Goldige Verwahrlosung. Wie marode Brücken und Hochschulen Investore...
    https://diasp.eu/p/14069720

    Goldige Verwahrlosung. Wie marode Brücken und Hochschulen Investorenherzen höher schlagen lassen.

    Jetzt ist es raus: Deutschlands Autobahnbrücken sind so kaputt, dass sie schleunigst und unbürokratisch für Zigmilliarden Euro flott gemacht werden müssen. Das hat die neue Autobahn GmbH ermittelt. Wie sie das gemacht hat und wie schlimm die Sache wirklich ist, muss keinen interessieren. Hauptsache, die Bundesregierung hat verstanden und rückt das nötige Geld raus, um den in Jahrzehnten herbeigekürzten Verschleiß zu beheben, am besten gleich durch Komplettneubau. Und wenn sich dabei die Profiteure der Entstaatlichung am Scherbenaufkehren noch einmal bereichern, macht das die Sache noch viel besser – zum Beispiel für anlagesüchtige Banken, Versicherungen und Hedgefonds. Mit bröckelnden Unigebäuden geht (...)

  • #Nucléaire : un cadre de la centrale du Tricastin dénonce une « politique de dissimulation » d’incidents de sûreté
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/12/nucleaire-un-cadre-de-la-centrale-du-tricastin-denonce-une-politique-de-diss
    #criirad

    L’accusation n’émane ni d’une organisation #antinucléaire ni d’une association de défense de l’#environnement. Pour la première fois, c’est un cadre d’EDF, ancien membre de la direction d’une centrale nucléaire française, celle du Tricastin (Drôme), qui a décidé de briser le silence et de saisir la justice pour dénoncer ce qui, selon lui, s’apparente à une « politique de dissimulation » d’incidents et d’écarts en matière de sûreté. Une démarche inédite dans un milieu tenu au secret. Selon les informations du Monde, une plainte a été déposée au début d’octobre devant le #tribunal_judiciaire de Paris. Elle vise #EDF et la direction de la centrale du Tricastin aux chefs de « mise en danger de la vie d’autrui », « #infractions au code pénal, au code de l’environnement, au code du travail et à la #réglementation relative aux installations nucléaires » et « harcèlement ».

    Le plaignant espère que la justice reconnaîtra son statut de #lanceur_d’alerte. En attendant, toujours #salarié d’EDF, il souhaite garder l’anonymat – nous l’appellerons Hugo. Le Monde a pu le rencontrer, à plusieurs reprises. D’emblée, et malgré la gravité des faits qu’il dénonce, Hugo se présente comme « un amoureux du nucléaire ». Mais un amoureux aujourd’hui « tiraillé », « déchiré », qui tente de cacher sa nervosité derrière un large sourire. Cet homme d’une quarantaine d’années apparaît profondément éprouvé par les événements dont il a été témoin, puis #victime : il affirme, en effet, avoir subi un #harcèlement pendant plusieurs années en raison, notamment, de son refus de « couvrir » certaines tentatives de dissimulation.

    Sa plainte fait figure de dernier recours après qu’il a essayé, en vain, de parvenir à une solution en interne, en alertant la direction de la centrale, celle du groupe ainsi que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Contactés par Le Monde, EDF explique ne pas « faire de commentaires s’agissant des propos rapportés par un salarié » et l’ASN conteste toute dissimulation. La direction de la centrale du Tricastin n’a pas souhaité réagir.

    « Cette plainte rappelle que le lanceur d’alerte est une #vigie_démocratique plus que jamais indispensable lorsque l’opacité qui règne dans le nucléaire sert d’alibi pour dissimuler des graves atteintes à l’intérêt général et à l’environnement », expliquent les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth, qui accompagnent Hugo dans sa démarche avec l’association franco-américaine de soutien aux lanceurs d’alerte The Signals Network.

    Le parcours d’Hugo est celui d’un pur produit du nucléaire français. Entré chez EDF au début des années 2000, il gravit très vite les échelons jusqu’à prendre, à moins de 35 ans, la tête du service sûreté de l’une des dix-huit centrales du pays. Preuve de la reconnaissance de ses qualités professionnelles, c’est lui qu’on envoie représenter l’entreprise lors de réunions de l’Agence internationale de l’énergie atomique ou de salons internationaux. Fin 2016, bardé d’états de service élogieux, il est nommé au sein de la direction de la centrale du Tricastin.

    Cette centrale, mise en service en 1980, est l’une des plus vieilles de France. Se profile alors la quatrième visite décennale du réacteur numéro un, programmée en 2019. L’enjeu est de taille pour EDF : ce réacteur est le premier des trente-deux réacteurs de 900 mégawatts (MW) du parc à passer sa « visite des 40 ans », qui doit permettre de prolonger son activité de dix ans – si la réglementation française ne prévoit pas de durée de vie maximale des réacteurs, une partie des équipements a été conçue, à l’origine, selon une hypothèse de quarante ans de fonctionnement.
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    Pour EDF, rappelle Hugo, il est « inenvisageable » de rater ce rendez-vous, qui s’accompagne d’une enquête publique. Or, la centrale du Tricastin est dans le collimateur de l’ASN depuis quelques années en raison de la multiplication d’incidents, au point d’avoir été placée sous « surveillance renforcée » en 2017. Chaque centrale est, en effet, classée en fonction de ses résultats en matière de sûreté, d’environnement, de radioprotection, d’accidentologie et de production : celle du Tricastin est dans les dernières places. Au premier trimestre 2017, un nouveau directeur arrive avec pour mission de redresser la barre. « La pression était maximale, dit Hugo. Il a fallu mettre en œuvre tous les moyens pour améliorer les résultats en vue de la validation de la visite du réacteur numéro un. » Quitte à passer sous silence ou à minimiser certains incidents au mépris des règles fondamentales de sûreté.

    Volonté de la direction

    De nombreux documents, que Le Monde a pu consulter, témoignent de la volonté de la direction de dissimuler à l’ASN des événements, ou en tout cas d’atténuer leur ampleur, ou de les déclarer avec retard – comme l’avait révélé en partie Mediapart en 2019. L’exemple le plus spectaculaire date de l’été 2018. Dans la nuit du 29 au 30 août, le chef d’exploitation fait état, dans un e-mail, d’une « inondation interne dans plusieurs locaux et sur trois niveaux » survenue dans l’un des bâtiments électriques de la centrale, et atteignant 10 centimètres d’eau. Il explique que les prélèvements réalisés ne contiennent pas d’activité radioactive, « sauf dans un local », et que « du matériel sensible au niveau sûreté est présent ». Il s’agit notamment de vannes de l’alimentation de secours des générateurs de vapeur, l’un des systèmes de sauvegarde les plus importants en cas d’accident. Selon son compte rendu, l’incident n’est « toujours pas soldé vingt-quatre heures après sa découverte » et « les moyens humains et surtout matériels ne sont pas à la hauteur de l’enjeu », ce qu’il juge « inacceptable ». C’est avec de simples raclettes et un aspirateur emprunté à un prestataire de nettoyage que les agents d’EDF tentent de résorber l’inondation.

    Hugo découvre cet e-mail, ainsi que des photos et vidéos prises pendant la nuit, le lendemain matin. « Mon supérieur vient me voir et me dit : “Mais c’est quoi ce con de chef d’exploitation qui envoie un e-mail à la Terre entière ?” », rapporte-t-il. Le 31 août a lieu une inspection de l’ASN, prévue de longue date. Alors qu’Hugo s’apprête à expliquer ce qui s’est passé, son chef lui demande de quitter la réunion. Il découvrira seulement plus tard ce qui a été dit aux inspecteurs, en lisant le compte rendu de l’Autorité de sûreté nucléaire daté du 16 octobre : celui-ci fait état non pas d’une inondation mais de « quelques écoulements » qui ont été « immédiatement arrêtés ». Pour Hugo, il est clair, à la lecture de cette version, que la durée de l’événement, sa gravité et le manque de moyens pour y faire face ont été largement minimisés.

    « Le compte rendu du chef d’exploitation a été écrit à chaud dans la nuit, explique aujourd’hui Christophe Quintin, inspecteur en chef à l’ASN. Si j’enlève le facteur [de son] “énervement”, les présentations qui sont faites de l’événement sont cohérentes. » En 2019, l’ASN avait toutefois reconnu que le « manque de moyens de nettoyage n’avait pas été évoqué lors de l’inspection ». Depuis 2017, le « gendarme du nucléaire » avait également demandé à deux reprises à EDF de résoudre le problème de l’étanchéité des joints entre les bâtiments, considérant ces derniers comme « importants pour la protection de l’environnement afin d’éviter toute dispersion d’effluents et de produits dangereux ». En vain.
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    Non-respect des #procédures généralisé

    Deux semaines après la fuite, un autre incident intervient, lié à la non-fermeture d’une vanne. Ce jour-là, comme le veut la procédure, le chef d’exploitation de permanence et l’ingénieur de sûreté, une sorte de « gendarme du nucléaire » local, confrontent leurs analyses : tous deux conviennent qu’il s’agit d’un « événement significatif de sûreté », qui doit donc être déclaré automatiquement. Malgré leur accord, la direction demande une deuxième « confrontation », contrevenant ainsi aux règles. Les deux responsables maintiennent leur position, mais les directeurs persistent et ne déclareront pas l’incident. L’ASN affirme ne pas avoir retrouvé de traces d’échanges avec EDF concernant cet événement. « Si on n’a rien trouvé, c’est qu’on ne l’a pas vu en inspection », commente Christophe Quintin.

    Ce non-respect des procédures semble relever de pratiques généralisées, plutôt que de situations isolées. Un responsable des ingénieurs sûreté s’inquiète auprès d’Hugo des pressions de la direction : « Les ingénieurs sûreté en ont marre que les chefs d’exploitation baissent leur pantalon pour éviter [de déclarer] des événements significatifs de sûreté. » Ainsi, en décembre 2017, le repli d’un réacteur – la pression et la température de son circuit primaire sont abaissées en raison de l’indisponibilité d’une pompe – n’est pas déclaré. L’ASN a toutefois la possibilité, a posteriori, de revenir sur la caractérisation des incidents : en mars 2018, elle affirme ainsi que ce repli aurait dû être déclaré « sans ambiguïté » et demande à l’exploitant de le faire « dans les plus brefs délais ». S’il paraît anodin, ce retard de déclaration de quelques mois ne l’est pas : signalé en 2018, il n’apparaît pas dans le bilan annuel 2017 du #Tricastin. Dans la même note, l’ASN s’interroge officiellement sur « l’écoute de la filière indépendante de sûreté par les représentants de la direction lorsque ceux-ci doivent arbitrer le caractère déclaratif ou non de certains événements ».

    Un autre exemple, encore. Le 15 juin 2017, le réacteur numéro un fonctionne au-delà de la puissance maximale autorisée pendant quarante-cinq minutes. Une situation qui aurait dû être signalée dans les quarante-huit heures – c’est le cas dès que la surpuissance excède six minutes. Elle ne sera déclarée que le 2 août. Pourtant, la direction de la centrale du Tricastin connaît bien le problème : alors que les cas de surpuissance sont rares à l’échelle du parc français, la centrale en a déjà connu deux cette année-là, le précédent ayant même duré six heures. En cas de répétition d’un même événement significatif, l’exploitant peut être amené à déclarer ce dernier en niveau 2 sur l’échelle INES, graduée de 0 à 7 en fonction de la #gravité. Les événements de #niveau_2 sont très rares.

    « Quand il y a un nouvel événement de surpuissance le 15 juin, ce n’est même plus qu’on serre les fesses, se remémore Hugo. La direction nous dit clairement qu’il est hors de question qu’on ait un incident de niveau 2. » Le Monde a pu consulter un SMS envoyé par un supérieur d’Hugo, le 3 juillet. La consigne ne laisse pas de place à interprétation : « Il faut démonter ce qui s’est passé ce jour-là en mesurant sans prendre l’EC [soit la valeur du capteur utilisé dans le calcul de puissance thermique] pour démontrer que moins de six minutes. »
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    Recours à l’intimidation

    Pour tenter de minimiser les écarts de #sûreté, la direction de la centrale du Tricastin peut également avoir recours à l’intimidation, rapporte Hugo. En juillet 2018 a lieu une visite de l’inspection nucléaire (IN), une unité spécifique chargée d’évaluer le niveau de sûreté des centrales, tous les trois ans environ, par le biais d’un audit d’envergure appelé « évaluation globale d’excellence » et pouvant durer plusieurs semaines. Ordre aurait alors été donné de mettre toute la pression possible sur l’un des inspecteurs pour le « pousser à bout et le dégager », raconte Hugo. Il reconnaît d’ailleurs avoir « participé au jeu » : un soir, le rendez-vous avec l’inspecteur s’éternise au lieu d’être expédié en une demi-heure.

    Un SMS témoigne du fait que la direction a donné rendez-vous à Hugo pour « traiter son cas au gars de l’IN ». « On te donne un ordre, tu le fais. Le fonctionnement d’une centrale, c’est très militaire, le directeur est le seul maître à bord. J’ai dû me montrer dur avec quelqu’un qui faisait juste son boulot », regrette Hugo.

    Au-delà de la gravité potentielle des différents incidents, ces pratiques remettent en cause le principe même de la sûreté. Le « gendarme » du nucléaire n’étant pas présent en permanence dans les centrales, le système est fondé sur le processus de déclaration par EDF et sur la transparence. « La sûreté, ce n’est pas qu’une question d’événements ou de valeurs qu’on dépasse, insiste Hugo, c’est une culture. On a tellement bien dissimulé certains incidents que l’ASN ne les a pas vus, c’est très grave. »

    L’ASN, de son côté, conteste cette analyse. « Il est normal qu’il y ait, à certaines périodes, des écarts d’appréciation entre l’ASN et l’exploitant, assure Christophe Quintin. Au Tricastin, il y a effectivement eu en 2017 et 2018 pas mal de divergences, mais elles ont été portées à la connaissance de l’ASN et n’ont pas été mises sous le tapis. Pour tous les événements qui n’avaient pas été déclarés, l’exploitant avait des explications rationnelles. » Egalement contacté par Le Monde, EDF se contente de rappeler que la sûreté des centrales est « la priorité » du groupe et que « la transparence et le respect de la réglementation sont scrupuleusement appliqués et respectés sur tous les sites ».

    Concernant plus particulièrement le Tricastin, l’entreprise souligne que le nombre d’événements significatifs déclarés par la centrale est « stable depuis plusieurs années » et que les bilans sûreté réalisés par l’ASN « ne font aucun état de non-respect du principe de transparence ».
    Entretien avec le physicien Bernard Laponche : Article réservé à nos abonnés « L’état du parc nucléaire français est préoccupant »
    Accidents de travail avec arrêt non transmis

    Un autre aspect de ce que Hugo qualifie de stratégie de dissimulation repose sur la non-déclaration des accidents de travail avec arrêt. Le mode opératoire est souvent le même : si un salarié se voit remettre une déclaration d’accident avec arrêt, signifiant que son état de santé ne permet pas une reprise du travail, la direction met la pression sur ses chefs pour que l’arrêt ne soit pas transmis. Il est alors demandé au salarié de rester chez lui le nombre de jours prévus par le médecin. En cas de suspicion par l’inspection du travail, la direction a la parade : elle explique que le salarié a accepté un « aménagement de poste ».

    L’aménagement de poste sous-entend que celui-ci soit prévu en amont de la délivrance d’un accident du travail avec arrêt, que les conditions dudit poste soient validées par un médecin et, bien entendu, que le poste en question ne soit pas fictif. Hugo indique avoir été témoin d’événements fréquents pour lesquels ces conditions n’étaient pas respectées.

    Ces derniers s’intensifient avant la visite décennale. Le samedi 9 juin 2018, un technicien est victime d’un malaise alors qu’il intervient en salle des machines. Sa tenue vapeur est insuffisamment ventilée pour faire face aux très fortes températures. Selon le médecin qui l’examine, le diagnostic vital aurait pu être engagé : la température corporelle du salarié a atteint 41 °C. Il lui remet un certificat d’accident du travail avec arrêt. Pourtant, deux jours plus tard, la direction déclare l’accident auprès de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) sans arrêt de travail et explique que le salarié a été mis au repos le dimanche avant de reprendre son activité le lendemain.

    Le 18 septembre, un autre accident se produit au sein de la même équipe. Un salarié heurte violemment une vis qui dépasse d’une vanne et est amené aux urgences avec une plaie à la jambe. « Peux-tu suivre avec attention le blessé sur cette fin d’après-midi ? Je suis persuadé que dans le pire des cas un maintien dans l’emploi peut répondre à la situation », demande par SMS un membre de la direction, alors que l’agent n’a pas encore été examiné. Nouveau SMS en fin de journée du supérieur hiérarchique d’Hugo : « L’agent est sorti de l’hôpital sans déchirure grave. Huit jours d’arrêt. La balle est dans votre camp pour le poste aménagé, pas de problème pour tout aménagement. » Le lendemain, la direction transmet à la CPAM une déclaration d’accident du travail sans arrêt.

    Parfois, la stratégie échoue. Le 11 janvier 2018, une chute, un séjour à l’hôpital, un arrêt de travail d’une semaine. Mais le salarié a aussitôt transmis l’arrêt au médecin-conseil. La pression est mise sur les équipes pour rattraper le coup. « On a essayé de faire modifier au médecin de l’hôpital la déclaration, mais il refuse pour question de déontologie. J’ai fait tout ce que l’ai pu », commente, contrit, un adjoint du service d’Hugo dans un échange de SMS. « On va se faire allumer ! », répond un autre. « Attention, un jour, cela apparaîtra que la pression pour ne pas déclarer est démesurée. Il faudra assumer », ajoute un chef de service délégué.

    Cette stratégie de non-déclaration répond à un objectif : l’accidentologie, et plus précisément le taux de fréquence des accidents du travail avec au moins un jour d’incapacité de travail, est un paramètre pris en compte, avec une pondération importante, dans le classement des centrales. Un classement à soigner pour réussir la visite décennale. En 2018, le taux de fréquence du Tricastin est particulièrement bas : 2,7. Plus de deux fois moins que celui d’un secteur comme la banque et l’assurance (6,8), pourtant beaucoup moins à risque.
    Mise à l’écart brutale

    Le refus d’Hugo de « collaborer » à l’ensemble de ces dissimulations va entraîner, selon lui, sa mise à l’écart brutale. Le 25 septembre 2018, peu après l’inondation, il est convoqué par son supérieur, qui lui demande de rédiger un e-mail expliquant qu’il quitte ses fonctions pour raisons personnelles. Hugo refuse, mais, le lendemain matin, son départ est annoncé publiquement devant le personnel. Progressivement, Hugo n’est plus invité aux réunions, disparaît de l’organigramme de la direction, est retiré des listes de diffusion des chefs de service… A bout, il est victime d’une crise de spasmophilie dans son bureau, le 4 octobre, et mis en arrêt de travail. Le premier d’une longue série. « Là, j’ai compris qu’ils allaient me faire taire, dit aujourd’hui Hugo, les nerfs toujours à vif. On a voulu me détruire. »

    Le harcèlement que Hugo évoque passe aussi par des « intimidations » (« une connerie et t’es tondu », envoyé par SMS en pleine réunion) et des « insultes » répétées (« petite nature », « triple nul »). Hugo informe sa direction de la situation. « Ne te mets pas une pression démesurée. Tu n’es pas harcelé », tranche celle-ci, dans un SMS. Il informe les syndicats, saisit l’inspection du travail. Dans le nucléaire, les inspecteurs du travail sont les inspecteurs de l’ASN. Une enquête est diligentée. Elle conclura, en mars 2019, à l’issue d’une soixantaine d’entretiens, que « la pratique de harcèlement moral (…) n’a pas été établie », tout en pointant « des dysfonctionnements au niveau collectif ». « Ces situations sont traitées avec attention, car il n’y a jamais de fumée sans feu et les torts sont toujours partagés, assure Christophe Quintin. L’ASN a proposé un certain nombre d’actions de management à la direction de la centrale au terme de son enquête. »

    Trois jours avant sa date de reprise prévue le 10 décembre, Hugo apprend par un SMS que la direction a l’intention de lui proposer une autre « mission » : un poste de « chef de projet senior ». Il conteste, veut retrouver son poste. Las. Les syndicats l’informent que la direction envisage désormais une « mutation d’office ». L’argument ? « Protéger » sa santé. L’état physique et mental d’Hugo se dégrade. Il est de nouveau arrêté, mais toujours déterminé à retrouver son poste. Le 2 avril 2019, le médecin-conseil de l’Assurance-maladie valide sa reprise du travail. Lorsqu’il se présente, le 4 avril, à la centrale, son employeur le redirige vers le médecin du travail. Ce dernier confirme l’aptitude, mais dans un « contexte professionnel » hors de son service. Depuis, Hugo, qui a contesté en vain ledit certificat médical devant les prud’hommes, attend toujours de reprendre le travail.

    Que savait la direction d’EDF de la situation au Tricastin ? En octobre 2018, Hugo obtient un rendez-vous avec la direction du parc nucléaire. Il expose, une nouvelle fois, les « pratiques dangereuses » qu’il avait déjà relatées par e-mail et SMS. « Tout serait tellement plus simple, et probablement moins douloureux, si tu acceptais un autre poste », lui rétorque-t-on par SMS. Le 23 mai 2019, son avocat alerte le président d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Le courrier est clair : il mentionne des manquements graves au principe de sûreté nucléaire, de transparence nucléaire ou au regard des normes environnementales, la volonté de la direction de la centrale du Tricastin de cacher certains événements et la situation de harcèlement moral dont est victime son client. La réponse parvient le 8 juillet 2019 : pour la direction du groupe, « aucun début d’éléments » ne permet de « caractériser l’existence » des faits dénoncés.

    En désaccord total, Hugo s’interroge quant à son avenir, qu’il continue malgré tout à imaginer dans le nucléaire. Le futur du #parc français est, lui aussi, en pleine redéfinition. Le président, Emmanuel Macron, a confirmé mardi 9 novembre vouloir lancer la construction de nouveaux réacteurs. En février, l’ASN a également ouvert la voie à la poursuite de l’exploitation des réacteurs les plus anciens au-delà de quarante ans. Cet avis générique doit être complété par des réexamens au cas par cas de chacun des trente-deux réacteurs, qui ont commencé en 2019 et doivent se poursuivre jusqu’en 2031. La quatrième visite décennale du #réacteur numéro un du Tricastin, qui a mobilisé près de 5 000 intervenants pendant six mois, a été jugée « assez satisfaisante » par le « gendarme du nucléaire ». Une nouvelle enquête publique doit avoir lieu au premier trimestre 2022 à propos de sa prolongation, avant que celle-ci ne soit validée officiellement.
    Lire aussi Article réservé à nos abonnés Emmanuel Macron acte son choix en faveur du nucléaire à cinq mois de la présidentielle

    Stéphane Mandard et Perrine Mouterde

  • Souveraineté et numérique : maîtriser notre destin
    https://theconversation.com/souverainete-et-numerique-maitriser-notre-destin-171014

    Maîtriser les infrastructures et ressources stratégiques

    À force de concentrer l’attention sur les services d’intermédiation, on ne met pas assez l’accent sur la dimension industrielle du sujet.

    Or, le premier enjeu réside dans la maîtrise des infrastructures vitales et des réseaux de télécommunications. Moins médiatisée que celle des équipements de la 5G et de la résistance face à Huawei, la question des câbles sous-marins (98 % des données numériques mondiales y circulent) est révélatrice de la nécessité de promouvoir notre industrie câblière face à l’hégémonie d’entreprises étrangères et l’arrivée de géants tels que Google ou Facebook dans le secteur.

    À lire aussi : Sans les câbles sous-marins, plus d’Internet : l’Europe est-elle prête ?

    L’adjectif « souverain » est aussi accolé à d’autres ressources stratégiques. Ainsi, l’Union européenne veut sécuriser l’approvisionnement en semi-conducteurs, car actuellement la dépendance à l’égard de l’Asie est forte. C’est l’objet de l’European Chips Act qui vise à créer un écosystème européen. Pour Ursula Von Leyden, « ce n’est pas seulement une question de compétitivité, mais aussi de souveraineté numérique ».

    Se pose aussi la question du cloud « souverain » qui peine à se mettre en place. Territorialisation du cloud, confiance, protection des données sont autant de conditions pour asseoir la souveraineté. La France a créé pour cela le label SecNumCloud et prévoit des financements substantiels.

    L’adjectif « souverain » est aussi utilisé pour qualifier certaines données : celles pour la disponibilité desquelles aucun État ne doit dépendre de quiconque, comme les données géographiques. D’une manière générale, un consensus se crée autour de la nécessité de maîtriser les données et l’accès à l’information, en particulier dans les domaines où l’enjeu de souveraineté est le plus fort : la santé, l’agriculture, l’alimentation, l’environnement. Le développement de l’intelligence artificielle est très lié au statut de ces données.
    Le temps des alternatives

    Est-ce que tout cela implique de favoriser l’émergence de grands acteurs européens ou nationaux et/ou d’acteurs stratégiques, start-up et PME-TPE ? Certainement, encore faut-il qu’ils soient vertueux, comparés à ceux qui exploitent les données personnelles sans vergogne par exemple.

    L’alternative pure est difficile à faire émerger. C’est pourquoi des partenariats, au demeurant fort critiqués, se développent, par exemple pour des offres de cloud à l’instar de celui entre Thales et OVHcloud en octobre 2021.

    En revanche, il est permis d’espérer. L’« open source » est un bon exemple d’une alternative crédible aux technologies privées américaines. On en attend donc une meilleure promotion, notamment en France.

    Enfin, la cybersécurité et la cyberdéfense sont des sujets cruciaux pour la souveraineté. La situation est critique avec des attaques notamment de la Russie et de la Chine. La cyber est un des grands chantiers dans lequel la France investit beaucoup actuellement et se positionne comme champion.

    #Souveraineté_numérique #Infrastructure #Data_center #Cloud_souverain

  • Frama, c’est aussi des personnes au #Service des #Services
    https://framablog.org/2021/11/02/frama-cest-aussi-des-personnes-au-service-des-services

    Installer 16 services en ligne sur des #serveurs, c’est une chose. Assurer leur sécurité, leurs mises à jour, leur sauvegarde, en est une autre. Si on ajoute à cela un travail sur l’accueil, les réponses aux questions de chacun·e et … Lire la suite­­

    #Contributopia #Frama_c'est_aussi #Accueil #alternatives #chatons #contact #Deframasoftisons #Degooglisons #forum #infrastructure #soutenir #support

  • Bitte dichtmachen: Die schlimmsten Shops in Berlin
    https://www.berliner-zeitung.de/wochenende/bitte-dichtmachen-die-schlimmsten-shops-in-berlin-li.191090

    Eine Warnung vor diversen Konsumtempeln, die so gut wie nie mit dem Taxi angesteuert werden. Eigentlich sollte man diese Halloween-Horror-Liste auf ganz Berlin erweitern: Bleibt bloß weg hier, wegen euch verwandelt sich ganz Nach-Corona-Berlin in einen Dichtmachladen à la M&Ms.

    30.10.2021

    Uniqlo: Messie-Feeling am Hackeschen Markt

    Wer je in einer Messie-Wohnung war, der weiß um die spezielle Infrastruktur dieser Orte. Schmale Pfade sichern die Mobilität durch die vertikalen Landschaften der Dinge und führen zu den systemisch notwendigen Punkten wie Küche, Bad und so weiter. Im Uniqlo-Store am Hackeschen Markt in Mitte fühlt es sich genauso an: Superenge Gassen winden sich auf zwei Stockwerken durch Reihen vollgestopfter Regale, um an Umkleide und Kassendesk zu enden – ohne dass man diese Stationen zuvor hätte je erblicken können. Denn: Sichtachsen gibt es keine. Das ist ein wirklich robustes Szenario, das uns die sonst so feinsinnigen, dem Minimalismus verpflichteten Japaner hier angedeihen lassen. Warum zur Hölle muss man diesen Laden so vollstopfen?

    Ich habe generell nichts gegen die japanische Marke Uniqlo. Es ist die einzige Fast-Fashion-Kette, bei der ich mir ab und an einen Einkauf erlaube. Aber das in dieser überfüllten Mini-Maisonette zu tun, kostet mich jedes Mal aufs Neue Überwindung. Ich mache es nur, weil mir die Online-Bestellerei zu lange dauert. Deswegen überlege ich mir vorher schon immer ganz genau, was ich in welcher Größe brauche, damit ich mich gezielt durch die Gänge quetschen kann und schnell aus dem Bums wieder raus bin. Nicht immer gelingt das, denn anders als im Supermarkt wandern die Produktgruppen hier gerne mal von A nach B, sodass man am Ende doch wieder durch das ganze Elend durchmuss.

    Und das beginnt am Eingang, wo es dem Wissenden bereits den Hals zuschnürt: Gleich wird man hineingezogen in dieses mit Herbsttrendfarben getarnte schwarze Loch, um in ewiger Verdammnis zwischen in Japan designten und in Kambodscha produzieren Merino-Crewneck-Pullovern zu oszillieren. Und zwar gemeinsam mit ganz vielen anderen Uniqlo-Kunden, die zeitgleich in den Laden drängen. Doch zunächst verbarrikadiert ein großer Tisch mit textilen Stapeln das freie Floaten, vielleicht ist es eine Art Verkehrsinsel, um einen sich selbst regelnden Kreisverkehr anzuregen? Die Kundschaft möchte das nicht und schwärmt chaotisch aus. Die Pulloverstapel auf dem Tisch neigen sich indes krumm zur Seite, Schwerkraft und Kaufwillige zerren an ihnen. Vorbei am Tisch geht es hinein in die kuschlig-engen Gänge mit Regalen, die immer unordentlich sind. Im Übermaß ist einfach eben keine Ordnung möglich. Teilweise ragen die Menschenschlangen von den Kassen und Umkleiden in die schmalen Schluchten hinein, was ein Durchkommen unmöglich macht. So muss man umkehren, um nicht in ewiger Verdammnis zwischen … ach ja, das hatten wir ja schon.

    Sei’s drum! Man soll ja konstruktiv kritisieren. Deswegen schlage ich den Umzug aus dem engen Mitte-Eckladen in einen stillgelegten Supermarkt in Wedding vor. Das würde das Raumproblem lösen und man könnte sich der jungen Zielgruppe gegenüber mal wieder ein bisschen disruptiver positionieren. Uniqlo-Filialen in klassischen Berliner Shopping-Hotspots gibt es ja inzwischen genug. Sabine Röthig

    M&M’s Store: Ein zuckriger Höllentrip am Kudamm

    Sinnlos und teuer: der M&M’s Store in Charlottenburg tut nur so, als sei die Welt in Ordnung.

    Man nehme Zucker, Milchzucker, Kakaomasse, ein bisschen Salz, Reismehl, Magermilchpulver, Kakaobutter, lecker Sheafett, Palmfett, Palmkernfett, Palmkernöl, natürlich Stärke, Butterreinfett aus Milch, Glukosesirup, Gerstenmalzextrakt, Dextrose und Dextrin, einen ordentlichen Stabilisator wie Gummi arabicum, einen Emulgator wie Sojalecithin, dazu Carnaubawachs als Überzugsmittel, damit die Schokolade im Mund schmilzt und nicht in der Hand, dann nur noch ein paar Aromen, die Farbstoffe E100, E120, E133, E160a, E160e, E170 und auf keinen Fall Erdnüsse, Haselnüsse, Mandeln vergessen – sonst wären die M&M’s Schokobons Crispy aka der süße Knabberspaß nicht mehr als schnöde Schokolinsen.

    Wir haben eine Snackbox im Büro, eine in vier mal vier Fächer unterteilte Holzkiste, die in Stresssituationen eine verlässliche Zuckerquelle ist, manche mögen’s salzig. Ich mag die blaue Tüte. Ich liebe die knusprigen M&M’s. Wenn es nach mir ginge, könnte die Snackbox nur mit ihnen gefüllt sein. Und als ich dann neulich auf dem Kurfürstendamm den M&M’s Store erblickte, diesen Anfang Oktober eröffneten Schokokonsumtempel, da wähnte ich mich im Himmel. Es sollte ein Höllentrip werden. Nach mir die Abrissbirne.

    Alles an diesem Laden ist eine Überforderung der Sinne. Die Farben stechen so scharf ins Auge, als wäre hier ein radioaktiver Regenbogen ausgelaufen. Die süßen (Schokolade) und süßlichen (Schweiß) Gerüche schießen kreuz und quer durch die Luft, dass die Nasenhöhlen einzustürzen drohen. Und dazu gibt es diesen Sound auf die Ohren, eingespielt von quengelnden, durchdrehenden Kindern, die entweder ihr Glück nicht fassen können, eine „Überraschungsschatulle 400 g + Becher M&M’s XL Orange“ für 52 Euro in ihren Händen zu halten, oder Kraft ihrer Tränendrüsen versuchen, ihre Eltern vom Kauf einer „Schatulle Weihnachtsbaum 400 g“ für 39 Euro zu überzeugen. Dauerdammbruch am Kudam&m’s. Kein Stabilisator hilft, kein Emulgator kann das kitten.

    Das alles passiert hier auf drei Stockwerken und mehr als 3000 Quadratmetern, in einer Fantasiewelt, entworfen von Innenarchitekten, die sich womöglich beim Microdosing mit LSD verschätzt haben. Es wirkt dann auch bei mir. Nach ein paar Minuten möchte ich mich am liebsten mit Sheafett einreiben oder mit einer extra dicken Schicht Carnaubawachs zudecken, um nicht zu schmelzen beim Anblick der Regale, wo ich „1,5-kg-Beutel, lose + 40 edle Glasdosen Sweet Dreams zum Befüllen“ lese und wie im Kaufrauch schon die Hand ausstrecke, bevor ich zur Besinnung komme, weil ein Ellenbogen mir in die Seite knallt. Ich befreie mich aus der Umklam&merung, fliehe nach draußen und beschließe, in den kommenden Tagen einen Bogen um die Snackbox im Büro zu machen. Paul Linke

    Die Neukölln-Arcaden: Neonlicht, Nachos und ganz viel Wut

    Da hilft keine Festbeleuchtung: Diese Arcaden sind das pure Grauen.

    Jeder kennt sie, fast jeder hasst sie: die Neukölln-Arcaden. Man sieht sie gleich, wenn man die Karl-Marx-Straße entlangläuft. Das Einkaufscenter ist in einem Bau untergebracht, der architektonisch alle Schreckenskriterien erfüllt, die man der 90er-Jahre-Architektur so gerne nachsagt: ungelenk in der Erscheinung, protzig im Auftreten, würdelos in der Gesamtkomposition. Das Glaskonstrukt ist ohne Frage ein Pars pro Toto für die Art und Weise, wie man in der siegesbesoffenen Kapitalismus-Ära nach dem Mauerfall gebaut hat: ohne Herz für das sensible Geschmacksempfinden fühlender und sehender Menschen.

    Die Bauten dieser Zeit mussten vor allem den Ansprüchen einer konsumbesessenen Hybris, einer entfesselten und alles plattmachenden Marktwirtschaft gerecht werden, die mit sich selbst im Unreinen war. Ziel war es vor allem, so viele Billigshops wie möglich an einem Punkt zu versammeln und dann auch noch ein Kino einzupflanzen, das auf gar keinen Fall Kunstfilme oder Arthouse in der Originalsprache zeigen durfte. Herausgekommen sind die Neukölln-Arcaden, ein Treffpunkt für all jene, die sich Rudis Resterampe als Konsumtempelversion gewünscht haben und es schön finden, überall den Geruch von Nacho-Käse-Chips einzuatmen.

    Arcaden! Was für ein Euphemismus! Ich selbst kann mich noch sehr gut erinnern, wie ich gezwungen war, diese Arcaden zu besuchen, weil alle nie ankommenden Päckchen aus der Gegend in der dortigen Postfiliale gelandet waren. Ich musste Schlange stehen und Szenen enthemmter Aggression zwischen Postangestellten und murrenden Kunden beobachten und vor allem lange, lange warten. Ich bin heute noch davon traumatisiert. Immer noch bin ich der Auffassung, dass das grelle Neonlicht in den Neukölln-Arcaden und die beklemmende Atmosphäre im Innenbereich zu den Wutausbrüchen der Leute psychologisch beigetragen haben. Auch ich selbst kam mir etwas dünnhäutiger als normalerweise vor, als ich am Media Markt vorbeischritt („Geiz ist geil!“) und die traurig hängenden Kleidungsstücke bei Pimkie betrachten musste.

    Am kuriosesten fand ich ja immer die Menschen, die sich in den Neukölln-Arcaden ein Eis zum Schlemmen gönnen. Vielleicht wollen sie sich in die arkadische Atmosphäre hineinimaginieren oder zumindest auf der Zunge ein Genusserlebnis spüren – ich für meinen Teil sah es schon als Selbstverletzung an, allein das Parkhaus zu betreten. Immerhin: Auf dem Dach der Neukölln-Arcaden ist die (früher) Avantgarde- und (heutige) Touristen-Bar Klunkerkranich beherbergt, mit einem der schönsten Ausblicke über die Dächer von Berlin. Dafür war der Bau schließlich noch gut.

    #Berlin #Infrastruktur #Konsum #Einkaufen #wtf

  • L’UFC-Que choisir épingle la SNCF pour les retards de ses trains Par Nicolas Guarinos
    https://www.lefigaro.fr/societes/l-ufc-que-choisir-epingle-la-sncf-pour-les-retards-de-ses-trains-20211005

    Le constat fait par l’étude UFC Que choisir est sans appel : le réseau ferroviaire français nécessite des efforts urgents de rénovation et d’entretien pour améliorer la qualité du service proposé. Dans une étude publiée ce mardi, https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-reseau-ferroviaire-une-politique-d-investissement l’association avance que les défaillances d’infrastructures ont mené à la multiplication des « ralentissements et [des] arrêts de circulation imposés ». De quoi allonger « les temps de transport et [peser] sur la compétitivité du train par rapport à d’autres moyens de transport ».


    Au total, ces défaillances ont engendré un total de 340 millions de minutes de retards de trains en 2018, pour les quelque 5 millions d’utilisateurs annuels, a calculé l’organisation. Soit un retard annuel moyen de 68 minutes par utilisateur. Et, au-delà de la qualité de service, le sous-investissement chronique affecterait « la performance du gestionnaire d’infrastructures, SNCF Réseau », note l’UFC-Que choisir. L’association estime ainsi que « la circulation d’un train en France demande 2,8 fois plus d’agents et 1,7 fois plus de capitaux que dans les pays européens ».

    Les petites lignes permettant de desservir finement le territoire sont les parents pauvres du réseau, note l’étude, qui souligne qu’elles regroupent « 70 % des sections de voies ralenties ». « La vétusté des infrastructures pèse ainsi sur la qualité de service, ce qui accélère la désaffection des usagers au profit de la voiture, et enclenche un cercle vicieux d’abandon du train », analyse le document. Longtemps délaissés, leur entretien et leur renouvellement requièrent des efforts massifs, 6,4 milliards d’euros entre 2020 et 2028.

    Pour l’UFC-Que Choisir, ce constat peu flatteur s’explique avant tout par l’équation budgétaire impossible à laquelle est confrontée SNCF Réseau : ses recettes ajoutées aux contributions publiques ne couvrent pas ses besoins d’investissements et ses coûts d’exploitation. Face à un soutien public insuffisant, la dette de l’entreprise a ainsi dépassé 38 milliards d’euros, fin 2020. L’organisation recommande donc aux pouvoirs publics d’augmenter leur soutien financier à SNCF Réseau pour garantir les investissements nécessaires à la rénovation et à la modernisation du réseau. L’UFC-Que Choisir recommande aussi aux pouvoirs publics d’imposer à SNCF Réseau des critères de performance et des mécanismes réellement incitatifs et crédibles en cas de non-respect de ces derniers, pour s’assurer que le service soit rendu dans les meilleures conditions.

    Des constats contestés par SNCF Réseau
    Contacté par nos soins, SNCF Réseau conteste certains des constats réalisés par l’association. D’abord, en 2018, le gestionnaire d’infrastructures comptabilisait un total de deux millions de minutes de retard, loin des 340 millions chiffrés dans l’étude. En outre, le groupe s’appuie sur les données fournies par le gestionnaire d’infrastructures européen, et assure que les effectifs engagés pour la gestion du réseau français sont dans la moyenne de l’Union, avec 1,1 équivalent temps plein par kilomètre de réseau. Loin, une fois encore, du constat alarmant de l’UFC-Que Choisir.

    SNCF Réseau rappelle également que l’année 2020 aura enregistré d’importants montants investis dans les lignes de desserte fine du territoire, avec 419 millions d’euros engagés contre 322 millions d’euros en 2019, et une moyenne de 250 millions d’euros pour les années antérieures. Le gestionnaire souligne aussi que le plan de relance du gouvernement intègre pour 2021 une composante « petites lignes » qu’il qualifie de « significative ». Cette dernière prévoit un financement direct de l’État aux projets de régénération à hauteur de 300 millions d’euros, et des dotations de l’État pour renforcer la capacité budgétaire d’investissement de SNCF Réseau à hauteur de 250 millions d’euros et 70 millions de dotations via des cessions à venir du Groupe SNCF.

    SNCF Réseau précise enfin que le plan de relance alloue quelque 4,1 milliards d’euros à la régénération et la modernisation du réseau d’infrastructure ferroviaire. L’État a également repris 35 milliards d’euros de dette de SNCF Réseau dans le cadre du « nouveau pacte ferroviaire », de quoi alléger les comptes de l’entreprise.

    #sncf #train #transports #transport #france #travail #trains #privatisation #services_publics #TER #tgv #ferroviaire #infrastructures

  • Tout peut exploser

    Savez-vous combien d’#accidents_industriels subit la France chaque année ? Plus de 68 000. Environ 187 par jour.
    Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal ! La plupart du temps, ils suscitent juste un entrefilet dans la presse régionale. Seuls les accidents les plus meurtriers font la une. #AZF nous a ainsi douloureusement marqués il y a vingt ans. Trente et une personnes ont perdu la vie parce qu’une centaine de tonnes de #nitrate_d’ammonium avait explosé. Ce même matériau a provoqué plus de 200 morts à Beyrouth en 2020.
    Pourtant, des ports comme Marseille ou Saint-Malo continuent à en stocker jusqu’à 60 000 tonnes.
    Vous l’ignoriez ?
    Savez-vous seulement que des milliers de trains remplis de cette même matière dangereuse transitent, chaque matin, par la gare de triage de Drancy, en Seine-Saint-Denis ? À deux pas du RER B que 400 000 Franciliens empruntent quotidiennement ?
    Vous tremblez ? Vous pouvez.
    Et s’il n’y avait que ça. Imaginez, demain, la rupture du #barrage de Vouglans dans le Jura. Plausible, vu l’état de #vétusté de ces #infrastructures. La vague que la rupture provoquerait pourrait atteindre la #centrale_nucléaire du Bugey dans l’Ain, entraînant potentiellement la libération d’un nuage radioactif à 30 kilomètres de Lyon. Cinq millions de personnes seraient menacées dans un rayon de 100 kilomètres.
    Que font nos dirigeants pour nous protéger de ces risques et de tant d’autres présentés dans ce livre ? Trop peu. En dix ans, 10 000 contrôles sur des #sites_dangereux ont été supprimés ; les budgets des pompiers, amputés. Quant aux industriels, pour faire des économies sordides ils remplacent des salariés par des intérimaires ou des sous-traitants : 92 % de ce personnel travaillant sur des sites à #risques d’incendie n’ont pas été formés à l’utilisation d’un extincteur.
    Autant vous dire que… tout peut exploser.

    https://www.fayard.fr/documents-temoignages/tout-peut-exploser-9782213720722
    #livre #sous-traitance #néo-libéralisme #seveso #risques

  • #Suisse : Les femmes sont davantage victimes d’accidents dans les transports publics
    https://www.letemps.ch/societe/femmes-davantage-victimes-daccidents-transports-publics


    Le genre de l’usager a une incidence sur le risque d’être victime d’un accident dans les transports publics. Le « Tages-Anzeiger » a analysé les données collectées par l’Office fédéral des transports et ses conclusions sont limpides : les femmes ont deux fois plus d’accidents que les hommes

    Une enquête du Tages-Anzeiger https://www.tagesanzeiger.ch/frauen-verunfallen-doppelt-so-oft-wie-maenner-327166680901 révèle que les femmes sont plus souvent blessées que les hommes dans les transports en commun. Pour tirer cette conclusion, le quotidien a passé au crible la base de données nationale des événements de l’Office fédéral des transports, qui consigne l’ensemble des incidents qu’ils soient mineurs ou graves. Plus précisément, il a analysé les signalements effectués par les entreprises de transport depuis 2019, année depuis laquelle le sexe de la personne est mentionné. Ainsi, ces deux dernières années 1 278 passagères ont été signalées contre 602 passagers.


    Talons et sacs à main ?
    Une différence qui va au moins du simple au double. Contactés par le Tages-Anzeiger, les transports publics bernois Bernmobil, lucernois Verkehrsbetriebe Luzern et zurichois Zürcher Verkehrsbetriebe, déclarent ainsi avoir respectivement recensé sur cette même période 78 femmes blessées contre 26 hommes, 114 femmes contre 18 hommes et 350 femmes contre 130 hommes.

    Plusieurs raisons sont évoquées. Pour Beat Nater, membre de la direction de Verkehrsbetriebe Luzern, l’écart est principalement dû au « comportement de signalement. » Selon lui, les hommes sont moins susceptibles de déclarer un accident lorsqu’ils sont blessés.

    Autre cause suggérée : le déséquilibre provoqué chez les femmes par le port de talons haut et de sacs à main. Une explication soutenue par le responsable de la sécurité de Zürcher Verkehrsbetriebe, Heinz Illi.

    Les hommes sont tout simplement plus forts […] Ils peuvent mieux s’accrocher lorsqu’ils sont secoués, déclare-t-il.

    Le porte-parole de Bernmobil, Rolf Meyer, confie de son côté être « complètement perdu quant aux raisons » qui pourraient expliquer ce que le journal qualifie de « disproportion flagrante. » Son hypothèse : la population est vieillissante et les femmes sont plus nombreuses à emprunter leur réseau. Une piste balayée par le quotidien qui souligne que le nombre de femmes accidentées n’ayant pas atteint l’âge de la retraite est conséquent et qu’au niveau national, 61% des femmes et 52% des hommes disposent d’un abonnement aux transports publics.

    Des besoins spécifiques
    Egalement confrontées à cette problématique, des associations allemandes et autrichiennes avancent un autre argument. L’agencement des rames et wagons ainsi que la planification du trafic sont majoritairement décidés par des hommes. Pour Barbara Spalinger, la vice-présidente du syndicat du personnel des transports, les femmes n’occupent qu’une « infime proportion » des métiers techniques. Or les femmes utilisent davantage les transports en commun chargées de commissions, agrippées à une poussette ou accompagnées d’enfants. Et ces besoins ne seraient pas suffisamment pris en considération.

    Les statistiques montrent que la première cause d’accident résulte d’une infraction à la réglementation ou à la signalisation routière par un tiers – par exemple un automobiliste qui freine brusquement, obligeant le conducteur du bus ou du tram à freiner brutalement à son tour et provoquant des secousses parmi ses passagers. La seconde cause d’accident est une conduite inadaptée en montant ou en descendant du véhicule, enfin des accidents surviennent aussi quand on s’accroche mal aux barres d’appui dans les voitures. Et le Tagi de suggérer une question : ces défauts de conduite pourraient-ils être réduits grâce à des infrastructures mieux adaptées aux usages des passagères ?
    #transports_publics #accidents #femmes #hommes #genre #disproportion #courses #commissions #poussettes #infrastructures

  • Wie es um die Zukunft des Baerwaldbads steht
    https://leute.tagesspiegel.de/friedrichshain-kreuzberg/macher/2021/07/29/180720/wie-es-um-die-zukunft-des-baerwaldbads-steht

    29.07.2021 von Corinna von Bodisco - Es ist eine Geschichte mit mehreren Kapiteln und immer noch ist die Zukunft des Kreuzberger Baerwaldbades ungewiss. Das Gebäude müsse vollständig saniert werden, doch wie die Kosten dafür gedeckt werden sollen, sei weiterhin ungeklärt. Das geht aus einer kürzlich veröffentlichten Anfrage des Linken-Abgeordneten Philipp Bertram an die Innenverwaltung hervor.

    Zur Erinnerung: Schon 2015 musste das Kreuzberger Baerwaldbad aufgrund von Hygienemängeln temporär geschlossen werden. Seit 2017 ist es vollständig dicht, die Becken leer. Der Betreiberverein und Erbbauträger TSB Berlin ging insolvent und rückte zunächst die Schlüssel nicht heraus. Das Bezirksamt musste gerichtlich gegen den Verein vorgehen, um die Verfügungsgewalt zurückzubekommen.

    Das Gebäude gehört nach Aufhebung des früheren Erbbaurechts – so entschied es das Kammergericht – dem Bezirk Friedrichshain-Kreuzberg. Der Bezirk plädiert jedoch für eine Übernahme des Bades durch das Land Berlin oder die Berliner Bäder-Betriebe (BBB).

    Der Bezirk selbst könne die Sanierungskosten nicht aufbringen – so betonte es Stadtrat Andy Hehmke (SPD) mehrmals in der Bezirksverordnetenversammlung (BVV). Gespräche mit den Bäder-Betrieben könnten jedoch erst geführt werden, wenn die Ergebnisse einer noch durchzuführenden Machbarkeitsstudie vorliegen.

    Trotzdem: Wie geht es weiter mit dem Baerwaldbad?“, will Bertram wissen. Seit Ende 2020 liege ein Bausubstanzgutachten vor, das den Sanierungsbedarf darstellt, informiert die Innenverwaltung. Laut Gutachten betragen die Gesamtkosten rund 41 Millionen Euro. Betroffen von der (denkmalgerechten) Sanierung seien unter anderem Dach und Fassade, die gesamte Haustechnik, Türen, Fenster, Wände, Decken und Böden.

    Bevor das Bad wieder genutzt werden kann, braucht es laut Innenverwaltung auch ein Nutzungskonzept. Dies solle im Rahmen eines Konzeptverfahrens von der Berliner Immobilienmanagement GmbH (BIM) und dem Bezirksamt durchgeführt werden. So lange dieses Nutzungskonzept nicht vorliege, könnten auch keine Investitionsmittel für die Sanierung beantragt werden.

    #Berlin #Bäder #Kreuzberg #Baerwaldstraße #Infrastruktur

  • Il semblerait qu’en dehors de leur rupture, les #barrages eux-mêmes sont un facteur de risque (plus important ?) d’#inondation

    #Inondations en #Chine : l’armée fait sauter un #barrage pour libérer de l’#eau alors que le nombre de morts augmente | Chine | ThePressFree
    https://thepressfree.com/inondations-en-chine-larmee-fait-sauter-un-barrage-pour-liberer-de-lea

    Chine : Près d’une année de pluie tombe en trois jours à Zhengzhou | Euronews
    https://fr.euronews.com/2021/07/21/chine-pres-d-une-annee-de-pluie-tombe-en-trois-jours-a-zhengzhou

    Des inondations se produisent chaque été en Chine en raison des pluies saisonnières mais la menace s’est accrue au cours des dernières années, en raison justement de nouvelles #infrastructures. Les cours d’eau sont déviés et l’eau a du mal à se répandre dans les plaines.

  • Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne
    https://splann.org

    Pour un journalisme d’investigation en Bretagne

    Nous voulons produire des #enquêtes au long cours en donnant le temps et les moyens à nos #journalistes d’aller au bout de leurs #investigations.

    Nous souhaitons aborder des questions d’intérêt général en étant protégés de toute pression et censure.

    Nous entendons publier nos articles à la fois en français et en breton.

    Nous lançons Splann ! (« clair », en breton), la première #ONG entièrement dédiée à l’investigation journalistique en #Bretagne, créée sous forme d’association à but non-lucratif. Et nous avons besoin de vous !
    Sur le modèle de Disclose, notre parrain

    Splann ! est parrainé par Disclose, dont le modèle économique nous a convaincus. Parce que nous ne croyons pas à la course à l’information et que celle-ci représente un bien public, nos enquêtes seront financées par des dons de particuliers et de fondations philanthropiques puis publiées gratuitement par des médias partenaires ainsi que sur notre site.

    Nous refuserons les subventions et les financements d’entreprises. Nous rendrons nos comptes publics.

    Comme Disclose, connu notamment pour la révélation du scandale des armes françaises utilisées contre des civils au Yémen et la convocation de ses journalistes dans les sous-sols de la DGSI, Splann ! enquêtera partout en Bretagne où l’intérêt général le requerra.

    La Bretagne, un terrain d’enquête riche et complexe

    Nous constatons qu’en Bretagne, sur des enjeux cruciaux, l’information manque. Prolifération des algues vertes, puissance de l’industrie #agro-alimentaire, nouvelles #infrastructures_énergétiques, présence militaire, connivences #politiques, radicalisation des #luttes_sociales et environnementales… A l’heure des remises en question de notre modèle de société, la Bretagne regorge de sujets qui nous interrogent. Leur portée dépasse bien souvent les limites régionales. Ils s’inscrivent dans des enjeux contemporains.

  • Rural Italy Had a Pandemic Renaissance. Can It Last ?

    After thousands of young workers fled urban lockdowns to the countryside, village leaders are trying to make sure they stay. It’s easier said than done.

    A Medieval hamlet perched in the Madonie mountains of Sicily, Castelbuono looks straight out of a fairy tale, with narrow, winding streets and a stone-walled castle from the 14th century.

    Yet despite years of local efforts to turn it into a cultural hub through tourism and the establishment of an international music festival, Castelbuono has been shrinking for decades. Since the late 1960s, entire families across southern and central Italy have fled to the wealthier north in search of employment, as agriculture, textile mills and other industries declined. As a result, some 2,500 villages across the country are disappearing, with more than 2 million empty houses.

    But Covid-19 brought an unlikely reversal in that trend. Even as the virus tore through Italy’s rural interior and south, it also drew a wave of young adults and expatriates into its declining towns. Once relegated to weekend escapes from urban fatigue, centuries-old villages like Castelbuono — called “borghi” in Italian, or “borgo” in the singular — became more attractive refuges from the claustrophobia of pandemic lockdowns, promising more space to inhabit and improved quality of life at cheaper prices.

    Now, to translate this phenomenon into a lasting post-pandemic legacy, elected leaders and grassroots organizations are taking action to improve infrastructure, rebuild community ties and push these aging villages into the 21st century as remote work becomes the new normal.

    “The pandemic created one of the biggest opportunities ever for small towns in Italy,” said Carla Cucco, a 30-year old lawyer who grew up in Castelbuono and moved back from Palermo amid the first lockdown in spring 2020. She is now living with her parents.

    Exactly how many people returned to villages last year is hard to say, especially since many Italians who previously left never gave up nominal residency. But a report by SVIMEZ, an Italian think tank focused on the economic development in the south, estimates that between 80,000 to 100,000 people moved back to these long-fading regions since the start of Covid-19, based on employer surveys. Meanwhile, demand for properties in rural areas increased by 20% last spring, according to real estate agencies.

    Some new arrivals are remaking villages so that they are more viable places to live long-term. Cucco is part of South Working, a loose network of young Italian professionals that started during the pandemic to stay connected while in isolation. Over the past six months, in cooperation with the local officials in Castelbuono, Cucco and a group of fellow returnees turned parts of historical buildings into coworking spaces. Now, when Cucco has to speak with a client in the city, she steps into what was once the cloister of an 18th-century Catholic church, now converted into an open-air conference room.

    The baroque village of Palazzolo Acreide in southern Sicily, which has lost about 7% residents in the last decade, is similarly trying to capitalize on the pandemic’s positive population effect.

    “We are not yet to the point of extinction, because despite the inevitable decrease in population, Palazzolo is still lively and can offer a lot,” said Mayor Salvatore Gallo. He estimates that hundreds of newcomers have arrived since last year to the town of 8,000, a UNESCO world heritage site rated the second most beautiful borgo in Italy in 2019.

    Before Covid hit, Gallo looked into bringing in the popular 1-euro houses program — where owners sell uninhabited homes in need of renovation for a nominal fee — that has been tried in dozens of emptied villages. But when he found that such incentives mostly function as holiday house give-aways, he decided that a better strategy for Palazzolo would be supporting projects and businesses that newcomers initiated.

    The first of those will be a FabLab, a workshop equipped with tools such as 3-D printers as well as soldering irons and textile looms. Directed by Marie-Marthe Joly, a Swiss entrepreneur, it will open this summer inside an old monastery, which Gallo made available for free.

    Enticed by the slower pace of life, Joly decided to make her move permanent after getting stuck at her holiday home in Palazzolo during the first lockdown. Through academic partnerships with the University of Geneva and the University of Catania in Sicily, she plans to use the FabLab to bring in experts to teach business, crafts and digital skills to locals.

    “Moving to a borgo shouldn’t just be a selfish decision to enjoy better food and cheaper rent, but a chance to enrich and give back to the host community,” she said.

    Yet the ability to work remotely at her university is what made the move possible. And that’s what she and Gallo — who has signed a contract for high-speed internet coverage for the entire town — hope will enable more arrivals to stay.

    As part of South Working, Carmelo Ignaccolo, a PhD student in urban studies and planning at the Massachusetts Institute of Technology, has been tracking coworking hubs and places with access to high-speed internet that can cater to the needs of remote-working professionals across rural Italy; so far, the group has counted 192 locations. To better understand the level of repopulation that has taken place in some of these towns during the pandemic, he hopes to analyze mobile phone and internet use data. That could also help indicate where governments should aim for future investments, he said.

    In a kind of domino effect, several areas struggling with depopulation have already begun experimenting with ways to encourage newcomers to stay for the whole year rather than just during the holidays.

    Last July, Sicily’s regional government launched a program offering a grant of as much as 50,000 euros ($61,000) for people under the age of 30 to build social enterprises in culture and tourism in one of 23 designated villages, including Palazzolo Acreide. In September, the southern region of Molise announced it would offer 700 euros a month to those taking residency in a borgo with fewer than 2,000 residents. Another program launched in February in the mountainous northern region of Emilia-Romagna gives applicants up to 30,000 euros for the purchase or restoration of a house.

    “We are witnessing unparalleled times for the rebirth of these disappearing, yet invaluable, spaces of our national heritage. And that gives us hope for the future,” said Anna Laura Orrico, a member of Italy’s Parliament who has previously tried to make rural revitalization a national priority. For years, the government has tried to repopulate borghis through initiatives such as the 2014 “National Strategy for Inner Areas,” which aimed to develop rural areas through targeted investments in infrastructure and urban planning. But the plan’s impact has been difficult to assess, Orrico said, due to lack of monitoring.

    Now the topic has momentum. Last year, during her mandate as undersecretary of cultural affairs, Orrico’s office selected 12 villages across the country to become experimental hubs for innovative technology in the fields of environment, sustainable transportation and culture, funded through a project called “Smarter Italy.” Beginning in summer, 90 euros million will be allocated across these towns to fund diverse projects, including virtual museums and seismic monitoring.

    Some of the Recovery Plan funds that Italy is set to receive later this year from the European Union to counter the negative economic impact of coronavirus are also expected to be invested in borghi, although exact amounts are yet to be determined.

    Such investments are badly needed, as rural areas lack critical services such as secondary education, high-speed transportation, and health care. In ultra-remote parts of southern Italy, it takes an average of nearly 45 minutes to reach a hospital.

    Modernizing infrastructure and social services is key to keeping new residents for the long-term, said Fausto Carmelo Nigrelli, a professor of urban planning at the University of Catania, who has spent decades studying the economic challenges of Italy’s small villages. He believes that at least 1 billion euros is required to make rural areas more habitable. A historic lack of follow-through by the national government — as well as the pandemic’s devastating effect on the Italian economy — makes him skeptical that this time will be different.

    “This return is very encouraging,” Nigrelli said. “But if it’s not supported by concrete, effective policy planning that focuses on improving the welfare system, the risk is that, in a few years time, the emigration trend might retake its course.”

    https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-05-21/how-covid-repopulated-rural-italian-villages?cmpid=BBD052121_CITYLAB

    #renaissance #Italie #covid-19 #coronavirus #rural #campagnes #jeunes #jeunesse #travail_à_distance #Sicile #Madonie #Castelbuono #lockdown #confinement #post-pandémie #géographie #infrastructure #south_working #travail #Palazzolo #FabLab #co-working

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    ajouté à la métaliste « #géographie (et notamment #géographie_politique) et #coronavirus » :
    https://seenthis.net/messages/852722

  • La vie souterraine de Berlin, entre infrastructure et politique Clarence Hatton-Proulx

    Eau, électricité, gaz : dans Remaking Berlin, Timothy Moss propose une histoire des réseaux d’infrastructures de Berlin de 1920 à 2020, montrant comment leur fonctionnement a varié au gré des régimes politiques.


    Timothy Moss, Remaking Berlin. A History of the City through Infrastructure, 1920–2020, Cambridge (Massachusetts), MIT Press, 2020, 472 p.

    Pour quiconque s’intéresse à l’histoire des villes, le cas de Berlin est particulièrement riche. En moins d’un siècle, la capitale allemande a connu une succession de régimes politiques différents : république de Weimar, règne nazi, division de la ville en deux républiques concomitantes (une libérale et une socialiste) pendant plus de quarante ans, puis, après la réunification des deux Allemagne en 1990 https://metropolitiques.eu/Qu-est-il-arrive-a-Berlin-depuis-1989.html , son nouveau statut de capitale. Cette diversité incomparable de régimes politiques se prête bien à l’étude d’un objet pourtant réputé pour sa résistance au changement et son insularité par rapport aux contextes sociaux : l’infrastructure. Timothy Moss, auteur de Remaking Berlin, remet magistralement en cause ces deux idées reçues à partir d’une monographie passionnante. Son étude est originale à plusieurs égards. Alors que l’infrastructure est habituellement traitée de manière sectorielle, Moss fait le choix d’étudier cinq types d’infrastructure simultanément : l’électricité, le gaz, le chauffage urbain, l’eau et le traitement des eaux usées. Ce choix permet de rendre compte des dynamiques de compétition comme de symétrie entre les différents réseaux étudiés. De plus, analyser l’évolution de ces réseaux sur le temps long, entre 1920 et 2020, met au jour les continuités et les changements du traitement des réseaux par des régimes politiques hétérogènes.

    Quatre tensions importantes ressortent du livre. Le mode de gestion des entreprises d’infrastructure change plusieurs fois pendant le siècle étudié, oscillant entre municipalisation – actionnariat et contrôle majoritaire de la municipalité – et privatisation. Sous la république de Weimar (1919-1933), les services en réseau sont contrôlés par la municipalité. Elle s’en sert pour propulser la production industrielle et la modernisation des équipements domestiques. Après une période d’incertitude liée à l’hyperinflation qui culmina en 1923, les entreprises municipales d’infrastructure améliorent la qualité et la portée de leurs réseaux et proposent des tarifs relativement bas, ce qui augmente rapidement le nombre de ménages connectés. Leurs bénéfices contribuent ainsi de manière importante au budget municipal. Ce mode de gestion est mis en cause par la Grande dépression et par des déficits budgétaires municipaux qui se sont creusés à cause de la crise. Bewag, l’entreprise d’électricité de Berlin, est privatisée en 1931. Si la municipalisation comme mode de gestion des infrastructures connaît ensuite un regain d’intérêt sous les nazis, c’est parce qu’elle permet d’expulser les actionnaires étrangers, en particulier juifs. Les entreprises d’infrastructure, qui étaient toutes publiques à Berlin-Est et sous contrôle municipal majoritaire ou minoritaire à Berlin-Ouest après le conflit, seront finalement toutes privatisées dans les années 1990. La raison invoquée ne tient pas tant à des performances insuffisantes, puisque Bewag et Berliner Wasserbetriebe (BWB), l’entreprise d’eau, étaient profitables. Leur vente a plutôt pour objectif de renflouer les coffres de la ville, laissés vides par la désindustrialisation massive et la chute des subventions fédérales accordées à Berlin après la réunification. BWB sera finalement municipalisée à nouveau en 2013, ce qui montre à quel point le triomphe d’un mode de gestion, quel qu’il soit (entreprise d’État, gestion municipale, privée), dépend de contextes politiques historiquement mobiles.

    La deuxième tension importante concerne le mode d’approvisionnement en eau et en énergie, constamment tiraillé entre le local et le lointain. Dès les années 1920, les gestionnaires d’infrastructures berlinois mettent l’accent sur la nécessité de produire localement, alors que la production d’électricité commence à s’éloigner des centres urbains dans plusieurs autres pays occidentaux. Suite à la scission physique du territoire de Berlin à partir de 1948, les dirigeants de Berlin-Ouest confirment cette option locale – une décision forcée par l’isolement politique et géographique de la ville entourée par la République démocratique allemande (RDA) et accélérée par le blocus soviétique mis en place cette année-là. Afin de se soustraire à d’autres blocus potentiels, Berlin-Ouest adopte une politique d’autarcie facilitée par les financements généreux de la République fédérale (RFA). Des stocks énormes de charbon et de pétrole sont constitués sur le terrain des centrales électriques et gazières de Berlin-Ouest et la capacité maximale de l’infrastructure d’eau et d’énergie est elle aussi considérablement augmentée pour tendre vers l’autosuffisance, au risque de développer un réseau inefficace en cas d’utilisation trop faible. À Berlin-Est, on constate le phénomène inverse : la production de gaz et d’électricité est graduellement déplacée hors du centre urbain, notamment pour valoriser le lignite est-allemand extrait en Lusace, puis le gaz naturel soviétique. Cette même tension est aussi soulevée pendant la période nazie. Alors que l’eau de Berlin provient de son aquifère, Hitler insiste pour que celle-ci vienne plutôt de sources de montagne. Cette lubie coûteuse ne verra pas le jour.

    Le troisième type de tensions, entre priorités urbaines et agenda national, est parfaitement illustré par la période nazie https://metropolitiques.eu/La-conquete-d-une-petite-ville-par.html . Berlin, capitale du nouveau Reich et, aux yeux d’Adolf Hitler, symbole de la métropole « dégénérée » aux mains des prolétaires marxistes et des Juifs, est un terrain idéal pour mettre en œuvre les politiques nazies. Les intérêts municipaux sont subordonnés à ceux du Parti et de l’État. Les dirigeants nazis imposent ainsi la construction d’un gazoduc de Watenstedt à Berlin afin d’assurer l’approvisionnement des usines de munitions de la capitale. Ils obligent Bewag à acheter le tiers de son électricité au fournisseur électrique national. L’agenda nazi donnait la priorité à l’utilisation des eaux usées pour produire des fertilisants agricoles utilisés dans les fermes à proximité de la ville et négligeait la qualité de l’eau sanitaire. Toutes ces mesures s’inscrivent dans un contexte de préparation à une guerre imminente qui oblige à renforcer l’autarcie nationale, au détriment de l’indépendance de la ville de Berlin. Quand le conflit éclate, ce sont évidemment les usages militaires de l’infrastructure qui priment sur les usages civils, contraignant les ménages à restreindre leur consommation pour que l’industrie de guerre puisse tourner à plein régime. Les infrastructures urbaines sont relativement épargnées par les bombardements alliés et l’artillerie soviétique, notamment en raison de leur caractère en partie souterrain. Cela n’empêchera pas que la période d’après-guerre soit marquée par des insuffisances chroniques d’approvisionnement en charbon, limitant la fourniture d’électricité et de gaz et compliquant l’activation des pompes à eau – indiquant de ce point de vue la centralité de l’utilisation du charbon dans le fonctionnement des différents types d’infrastructure. La destruction partielle du système d’épuration des eaux usées ainsi que des logements conduit en outre au déversement de quantités impressionnantes d’eaux non traitées dans les cours d’eau de la ville.

    La dernière tension se rapporte à la distance, au cours de tout le siècle écoulé, entre les prévisions de demande et les fluctuations imprévisibles de la consommation. Sur la base de projections démographiques ambitieuses, les dirigeants des entreprises d’infrastructures formulent la plupart du temps des prévisions de hausse de la demande afin de justifier l’extension des réseaux. Selon Moss, le mot d’ordre de cette stratégie, dominante pendant la période, est « construire et offrir ». On la retrouve à l’époque de Weimar, en RDA https://metropolitiques.eu/Une-exploration-urbaine-urbex-a-Plauen.html , ou encore dans la Berlin réunifiée. Pourtant, elle se heurte souvent à la réalité. Les plans quinquennaux socialistes prévoyaient que la consommation moyenne d’eau à Berlin-Est doublerait entre 1959 et 1980, mais cette hausse importante n’a pas eu lieu. Une même hypothèse optimiste de hausse de la demande caractérise les projections suivant la réunification berlinoise. Or, la quantité d’électricité et d’eau consommée dans la ville décline entre 1990 et 2011. 13 439 millions de kWh sont vendus à Berlin en 1990, contre 11 371 en 2011. 369 millions de mètres cubes sont distribués à Berlin en 1989, contre 217 en 2013. Cette baisse s’explique entre autres par la désindustrialisation massive de l’agglomération ainsi qu’une légère baisse démographique. Mais l’histoire de Berlin est également ponctuée de tentatives relativement infructueuses de réduction de la demande, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale et en RDA.

    La suite  : https://metropolitiques.eu/La-vie-souterraine-de-Berlin-entre-infrastructure-et-politique.html

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