• « L’#architecture_du_mépris a des effets sur nous tous »
    https://usbeketrica.com/article/l-architecture-du-mepris-a-des-effets-sur-nous-tous

    Souvent, on analyse la ville en des termes macroscopiques : les inégalités économiques, la répartition par CSP, ou encore l’injustice spatiale et juridique. Cela donne un type de vision qui n’est pas inexact, mais on passe à côté d’un mode d’action négatif des villes. Ces dernières sont obsédées par leur image, qui est leur outil de valorisation le plus important. Aussi, puisqu’elles ne peuvent ouvertement ségréger, elles signifient spatialement le mépris par une architecture excluante. Cela peut passer par du mobilier urbain, type banc à SDF, soit par de larges projets privatisés comme EuropaCity (dont l’abandon a été acté en novembre dernier par le gouvernement, ndlr) ou le réaménagement de la Gare du Nord, où on signifie aux individus que ce qui nous intéresse chez eux, c’est leur part de consommateur. Dès lors qu’ils ne peuvent l’être car ils sont insolvables, ils comprennent de facto qu’ils ne sont pas les bienvenus.

    #mobilier_urbain #infrastructures_urbaines #dfs #espace_public #aménagement_urbain #guerre_aux_pauvres #urban_matter

  • 6 730 morts dans la rue en trois ans en France | Le Quotidien du Médecin
    http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2014/07/11/6-730-morts-dans-la-rue-en-trois-ans-en-france_704366

    Près de 7 000 « sans domicile fixe » seraient morts dans la rue entre janvier 2008 et décembre 2010. Jusqu’alors, le Collectif les Morts dans la rue (CMDR) une association créée en 2002 pour accompagner les familles et qui recense les signalements, annonçait annuellement un nombre de décès autour de 400, selon les années.

    « Nous savions que nous étions loin de l’exhaustivité, témoigne Lise Grout, épidémiologiste au sein du CMDR et coauteur de la première étude épidémiologique sur ce sujet à paraître dans le « British Medical Journal Public Health ». Rien que pour l’Ile-de-France nous recevons des signalements de décès tous les jours, un peu par hasard. Mais au pire, on pensait être un tiers en dessous de la réalité. Là, c’est énorme ».
    Une méthode reproductible

    C’est la première fois que le nombre de décès dans la rue est estimé par une équipe d’épidémiologistes* selon une méthode adaptée et reproductible. Cette méthode dite de capture/recapture permet de gérer deux sources de données différentes, en l’occurrence celles du CépiDc (Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) qui collecte et analyse tous les certificats de décès en France et celles du CMDR.

    Le nombre de décès diffère significativement entre les deux entités (p supérieur à 0,0001) et surtout en fonction des régions, la plus grande différence étant observée pour la région parisienne, et pour le Nord de la France.

    L’estimation est calculée en prenant le nombre de décès du CMDR ( 754 ) x nombre de décès CépiDc (241) / le recouvrement (nombre de décès communs aux deux soit 27) = 6 730 décès (IC 95 %, 4381-9079).

    Les limites de la méthode sont clairement exposées par les auteurs : manque de définition commune des SDF, l’absence de mention « SDF » sur les certificats de décès du CépiDc... Elle vient cependant combler le manque de données fiables et de registre national pour un phénomène de société qui prend de l’ampleur.
    On meurt des mêmes causes que dans la population générale, 30 ans plus tôt

    Être sans domicile fixe constitue un risque très élevé de mortalité, rappellent les auteurs. Les études menées à l’étranger, notamment aux États-Unis et au Canada, rapportaient un taux de mortalité entre 3 et 13 fois supérieur à celui de la population générale. Et ce sont surtout les hommes jeunes qui meurent dans la rue. « Les causes de décès ne sont pas très différentes de celles de la population générale, explique Lise Grout. Il s’agit pour les hommes de cause cardiaque, ou externe, agressions, suicides, qui sont celles que l’on retrouve dans la population masculine au même âge. Sauf que l’âge moyen de décès dans la rue est de 45 ans contre 77 ans dans la population générale ».

    La population SDF reste un problème en France. L’INSEE reportait une augmentation de 50 % des SDF au cours de la dernière décennie et estimait à 144 000 le nombre de personnes vivant dans la rue en 2012.

    Cette étude n’est que le premier volet d’un vaste projet qui doit également décrire les caractéristiques démographiques et les causes qui conduisent des invidivus dans la situation de SDF.

    Estimating the number of homeless in France, 2008 2010. BMC Public Health. 2014 Jul 7 ;14(1):690. [sous presse]

    * Inserm, CépiDc, le Kremlin Bicêtre. Inserm UMRS (dpartement d’épidémiologie sociale, Paris), Le Collectif les Morts dans la Rue, Paris. Observatoire du samu Social , Paris. Observatoire National de la Pauvreté et de l’exclusion sociale, Paris.
    Dr Anne Teyssédou