Bon et bien moi aussi je prends ma plus belle plume ;
au sujet d’une soi disant laicité dévoyée...
Je sens que je vais me faire recaler, mais j’aimerai savoir pourquoi.
Etymologiquement, est laic celui qui n’est pas clerc ou religieux.
Par conséquent un citoyen qui n’appartient pas à un
ordre religieux, ou qui ne pratique pas son culte
dans l’espace public dans le cadre de la loi,
n’est pas censé manifester sa piété de manière ostentatoire,
sauf à pratiquer, ce qui est aussi son droit, une propagande
explicite en faveur de son système.
Alors que les signes ostensibles d’appartenance aux religions
traditionellement pratiquées en Europe sont exclusivement
réservés aux membres du clergé,
les laics étant indiscernables entre eux,
il se trouve que pour selon certaines personnes de religion
musulmane (mais pas toutes) il existerait une injonction
à l’égard des laics pratiquant cette religion de manifester
publiquement en permanence leur appartenance à la
religion en question, ceci hors de la pratique effective d’un
culte dans l’espace public.
L’exemple typique est le port ostentatoire du voile
dit islamique, qui même si il a plusieurs formes, se distingue
nettement d’un vêtement régi par la mode ordinaire, ou par la
tradition folklorique.
Même si elle reste possible, et protégée par la loi,
cette pratique pose
des problèmes quand les personnes en question se trouvent en
position de représenter une institution publique (par exemple
un service public, ou considéré tel, d’éducation ou
de garde d’enfants). Dans un cadre professionel, donc hors
de la situation de pratiquer librement et publiquement
un culte dans le cadre de la loi, le signe
ostentatoire ne peut être interprété que comme
une volonté prosélyte, ce qui contredit le principe de laicité,
qui impose que les institutions publiques et donc leurs représentants soient symboliquement
neutres pour ce qui concerne les religions.
Il n’y a là aucune espèce de dévoiement des contraintes de la
laicité, simplement plutot
l’inadaptation d’une certaine
forme de pratique religieuse
avec l’état des principes en vigueur.
On pourrait arguer que le port du signe ostentatoire est
en fait une pratique cultuelle, certaines religions (ou pratiques
spécifiques d’icelles ) imposant ainsi un culte permanent dans
l’espace public que la laicité devrait respecter.
C’est sans doute ce que voulez dire...
L’idée d’un culte permanent semble cependant
radicalement incompatible avec
l’idée même de laicité, qui pose comme principe que le culte
ne peut peut concerner qu’une partie de la vie publique, la
vie privée étant bien sur laissée totalement libre.
Le culte permanent ne peut ainsi se pratiquer que dans des
espaces privés, par exemple des couvents.
Il n’y a donc strictement rien de fantaisiste à la volonté de réserver
strictement le religieux explicite permanent à l’espace privé : l’expression publique du culte protégée par la loi est tout simplement limitée, dans le temps et dans l’espace.