• #Conférence_de_presse conjointe sur la réponse européenne à la #menace_terroriste

    Une conférence de presse a eu lieu hier à Paris, avec #Sebastian_Kurz (chancelier autrichien), #Angela_Merkel, #Mark_Rutte (Pays Bas) ainsi qu’avec le président du Conseil européen, #Charles_Michel, et la présidente de la Commission européenne, #Ursula_Von_der_Leyen.

    La conférence de presse complète est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=zL6_Ewwy8dE&feature=youtu.be

    Message reçu via la mailing-list Migreurop, 11.11.2020 (que j’anonymise et modifie légèrement) :

    Lors de cette conférence ont été tenu des propos potentiellement inquiétants par Emmanuel #Macron. Dans sa prise de parole officielle, il a déclaré : « Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’#immigration_clandestine et le terrorisme, mais il nous faut regarder lucidement les #liens qui existent entre ces deux phénomènes. » (à 4mn52sec.)
    Parfaite illustration de l’utilisation rhétorique de la litote !
    En résumé tout ce qui est dit avant le « mais » ne compte pas…

    Plus tard dans la conférence de presse, une journaliste lui pose la question du respect du #droit_d’asile, et il répond ceci : « Tout particulièrement, et c’est un sujet dont nous devons nous emparer collectivement, nous constatons dans tous nos pays à un dévoiement de ce qui est le droit d’asile. Le droit d’asile est fait pour les #combattants_de_la_paix, pour ceux qui prennent un #risque dans leur choix politique dans leur pays. Et nous voyons de plus en plus aujourd’hui de personnes qui viennent demander le droit d’asile en Europe et qui viennent de pays qui ne sont pas en #guerre, auxquels nous donnons des centaines de milliers de #visas chaque année. Donc il y a un dévoiement, qui est utilisé chaque année par des trafiquants, par des réseaux qui sont bien identifiés. » (à 35mn20sec.)

    Ces mots sont inquiétants…
    D’abord parce que Macron, quand il parle du droit d’asile sous cette forme, ne parle pas du droit d’asile au sens de la #convention_de_Genève, mais bien uniquement de l’asile sous sa forme constitutionnelle française.
    #Asile_constitutionnel : "toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la #liberté" (alinéa 4 du préambule de la Constitution de 1946)
    L’OFPRA le détaille comme ceci :
    "existence d’une #persécution_effective (et donc pas seulement d’une #crainte_de_persécution)
    les auteurs des persécutions peuvent être déterminés ou non, organisés ou non
    le demandeur a fait preuve d’un engagement actif en faveur de l’instauration d’un régime démocratique ou des valeurs qui s’y attachent (liberté d’expression, liberté d’association, liberté syndicale...)
    l’engagement du demandeur doit être dicté par des considérations d’#intérêt_général (et non d’ordre personnel)"

    Cette forme est bien plus restrictive que l’asile au sens de la Convention :
    Article 1, A, 2 :
    « toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays. ».

    Quand Emmanuel Macron déclare que c’est un sujet dont les pays européens doivent s’emparer collectivement, est-ce qu’il ne faut pas craindre que des discussions au sein des Etats-membres s’engagent sur une #restriction des #critères d’attribution de l’asile ? Voire une #remise_en_cause de l’asile conventionnel ?
    Ce vendredi doit se tenir une réunion du Conseil Européen, avec tous les ministres de l’intérieur européens. Il faut rappeler que Gérald Darmanin aurait évoqué une remise en cause du droit d’asile, le 18 octobre. Sujet qui n’aurait « pas été à l’ordre du jour » du conseil de défense, contrairement à son souhait.
    https://blogs.mediapart.fr/david-t/blog/191020/itineraire-dune-info-gatee

    Ce #glissement _émantique de la France, qui je l’espère ne va pas déteindre sur les autres Etats-membres.

    #extrémisme_violent #terrorisme #asile #migrations #réfugiés

    ping @isskein @karine4

  • « La course au vaccin peut compromettre toute réponse adéquate à la pandémie »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/23/la-course-au-vaccin-peut-compromettre-toute-reponse-adequate-a-la-pandemie_6

    Accélération des procédures, logique de concurrence favorisant l’opacité… Pour Pauline Londeix et Jérôme Martin, cofondateurs de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, et Els Torreele, bio-ingénieure, le modèle de la compétition fait courir le risque d’aboutir à des vaccins médiocres, analysent-ils, dans une tribune au « Monde ».

    Tribune. Compétition effrénée pour espérer juguler la pandémie de Covid-19 et retourner à nos vies quotidiennes au plus vite ? Ou bien course folle à la rentabilité à court terme aux dépens des produits de santé en développement, de la sécurité sanitaire, de l’adhésion à la vaccination ou encore de l’usage de l’argent public ? Dans la course aux vaccins contre le Covid-19, qui protégera la santé publique ?

    Ne pas confondre vitesse et précipitation

    La Chine a été le premier pays à annoncer, fin juin, sa décision d’autoriser le vaccin nommé Ad5-nCoV et développé par la firme chinoise CanSino pour un usage militaire, à peine six mois après l’identification du nouveau virus SARS-CoV-2. Mi-août, la Russie a surpris le monde entier en déployant son candidat vaccin « Spoutnik V », malgré les inquiétudes de la communauté internationale, tant cette autorisation semble prématurée. Aux Etats-Unis, le président Trump fait tout son possible pour que le candidat développé par la firme Moderna soit mis sur le marché avant l’élection présidentielle du 3 novembre. De son côté, le gouvernement britannique adapte son cadre légal pour être en mesure d’autoriser un vaccin avant la fin de l’année, alors que l’Agence européenne du médicament (EMA) a déjà fait passer les vaccins en développement en procédures accélérées.

    L’urgence est là, mais confondre vitesse et précipitation peut compromettre toute réponse adéquate à la pandémie. Le modèle qui s’est imposé pour répondre à la crise, celui de la compétition et de l’accélération des procédures, n’est pas le plus pertinent pour obtenir ces outils indispensables. Ils ne le seront que s’ils sont suffisamment efficaces. Car pour le moment, et encore loin de la ligne d’arrivée proche promise par de nombreux leaders internationaux, cette course semble bien plus satisfaire des stratégies de domination géopolitiques, des intérêts populistes ou encore ceux, financiers, des multinationales pharmaceutiques. L’idée semble acquise que tel pays, ou tel industriel, doit être le premier à remporter cette course, faisant presque oublier l’ampleur du défi médical que représente le développement de vaccins – un effort qui peut d’habitude représenter entre cinq et dix années de recherche et de développement.

    Compression des procédures

    Ici, les Etats, et d’autres, ont décidé de lancer simultanément toutes les phases de recherche habituellement distinctes et successives. Sont ainsi compressées des procédures pourtant indispensables à la sécurité et à l’évaluation de l’efficacité de tout produit de santé. Pour répondre à une demande mondiale, la production en masse de doses est même lancée en parallèle des phases d’essais cliniques, et ce sans garantie sur l’efficacité des candidats.

    Dans cette course folle, où gagner en vitesse semble plus important que développer les meilleurs outils pour répondre aux besoins des populations, les logiques de concurrence encouragent l’opacité et l’absence de concertation entre les différents acteurs. Ainsi, les développeurs des huit principaux candidats vaccins en phase 3 ont choisi de cibler la même protéine du virus, parce qu’elle semblait plus exploitable à court terme, négligeant d’autres pistes de recherche potentiellement plus prometteuses à plus long terme. Il n’est pas certain qu’une plus grande concertation et un échange des résultats intermédiaires aient nécessité plus de temps, mais il semble assuré que cela réduirait les risques d’obtenir des vaccins médiocres.

    S’appuyant sur une consultation d’experts internationaux, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un « profil de produit cible ». Il présente les caractéristiques minimales qu’un vaccin utile à la santé publique doit remplir. Malheureusement, les développeurs ne sont pas tenus de les suivre. Et, comme les protocoles d’études cliniques sont tenus secrets, nous ne disposons pas des éléments précis permettant d’évaluer les objectifs des études en cours. Comment, par exemple, sont déterminées la bonne tolérance des produits en développement et même tout simplement leur efficacité ?

    Cette efficacité n’est pas binaire, elle ne s’évalue pas entre tout et rien, et prendre conscience des échelles est indispensable pour prévoir les politiques vaccinales. Un vaccin qui ne créerait pas d’immunité collective n’aurait un intérêt que très limité au niveau populationnel. Selon des études, ce serait le cas d’un vaccin dont l’efficacité de protection contre l’infection serait inférieure à 60 %, même si la totalité de la population était vaccinée, ce qui paraît peu probable. Or, les candidats vaccins en phase 3 risquent de présenter une efficacité bien inférieure à 60 % et pourraient seulement réduire la sévérité de l’infection.

    Logique de compétition

    Dès lors, on comprend aisément la tentation pour un développeur inscrit dans une logique de compétition : s’il souhaite que son essai soit le premier à fournir les apparences d’un succès, la question initiale posée dans le protocole doit être la plus large possible et celle à laquelle il est le plus simple possible de répondre. Il a, par exemple, intérêt à ce que la question soit « le vaccin est-il efficace ? », pour ne pas avoir trop de contraintes à définir a posteriori ce que l’étude a pu démontrer, ni devoir répondre publiquement à la question « efficace à quel taux ? ».

    C’est la raison pour laquelle il est essentiel qu’un comité indépendant puisse revoir les protocoles et leurs résultats une fois l’étude achevée, et que des experts sans lien d’intérêt puissent réfléchir à définir les caractéristiques idéales des produits recherchés. Ce comité, dont les discussions et travaux doivent être ouverts, publics et transparents, permettrait de réfléchir à une approche de développement d’outils complémentaires, et non mis en concurrence. Par exemple, un vaccin qui bloquerait la transmission pourrait être plus adapté au personnel soignant, alors qu’un autre, permettant de limiter la sévérité des symptômes, le serait plus aux personnes âgées ou aux personnes atteintes d’autres pathologies. Mais une telle approche ne semble pas à l’ordre du jour dans ce contexte international de concurrence effrénée.

    Chèques en blanc aux industriels

    Sommes-nous prêts à dépenser des milliards d’argent public pour un bénéfice limité sur le plan sanitaire ? Le rôle de la puissance publique est-il de signer des chèques en blanc aux industriels, de déréguler, puis de se retirer de l’évaluation du produit, des stratégies de recherche, de production et de commercialisation ?

    Car à force d’admirer la success story de la petite start-up Moderna, qui développe l’un des candidats vaccins les plus avancés, on en oublie que sa principale force est bien d’avoir comme partenaire intellectuel et logistique de recherche, et comme financeur, l’immense National Institutes of Health (NIH), financé par l’argent public américain. En France, en juin, le laboratoire Sanofi, qui a reçu de nombreuses aides publiques pour le développement d’un vaccin contre le SARS-CoV-2, a même menacé d’approvisionner en priorité les Etats-Unis, afin d’obtenir davantage d’aides publiques auprès de l’Union européenne et de la France. Le laboratoire a eu gain de cause le 31 juillet, lorsque la Commission européenne a annoncé un accord avec la firme et avec GSK leur garantissant l’achat de 300 millions de doses. Si les investissements des firmes sont constamment mis en avant pour justifier ce type d’accords, l’ampleur des risques pris par le public dans le financement de ces candidats vaccins et dans l’achat de doses semble constamment occultée, alors que l’efficacité et l’innocuité ne sont pas garanties.
    Le simple fait que les pouvoirs publics n’aient pas accès aux protocoles de recherches d’essais alors qu’ils les financent par des milliards d’euros publics devrait susciter l’indignation

    La place des Etats dans cette « course » est donc paradoxale. A voir l’industrie pharmaceutique s’autoréguler, on croirait presque qu’ils sont portés disparus, alors qu’ils n’ont jamais été aussi présents comme financeurs et à travers leurs infrastructures de recherche publique.
    Le simple fait que les pouvoirs publics n’aient pas accès aux protocoles de recherches d’essais alors qu’ils les financent par des milliards d’euros publics devrait susciter l’indignation. En mai 2019, les Etats membres de l’OMS se sont engagés à mettre en place la transparence, notamment sur les essais cliniques, les prix, les financements de la recherche et du développement et les brevets. Depuis le début de la crise due au Covid-19, nombreux ont été les exemples des conséquences dramatiques de l’opacité. Si la résolution de l’OMS ne dispose pas de pouvoir contraignant, sa mise en œuvre est plus que jamais cruciale, pour aiguiller les politiques publiques en santé et pour juguler la pandémie mondiale que nous traversons.

    En matière de vaccin comme pour tous les produits de santé, la transparence sur les protocoles de recherche et les données cliniques ainsi qu’une revue indépendante et systématique de ceux-ci par la communauté scientifique constituent une nécessité, une exigence éthique et une urgence absolue. Les Etats doivent également publier les contrats signés avec les firmes pharmaceutiques et exiger d’elles qu’elles publient sans délai les protocoles d’études des essais en cours, et les résultats détaillés dès que les études ont abouti.

    Le modèle de la compétition n’est donc pas adapté. Il fait courir un grand risque d’aboutir à des vaccins médiocres, sans réel impact sur la pandémie à l’échelle globale, notamment au regard de l’engagement financier et logistique de la puissance publique. Celle-ci devrait au contraire promouvoir un modèle de coopération, avec des études transparentes sur les objectifs, la méthode, les financements et les conditionnalités d’accès. Cette voie, qui ne confond pas urgence et rentabilité à court terme, ne garantit pas un succès rapide, mais elle ne l’exclut pas et réduit les risques d’obtenir des produits sans intérêt. Cette solution réinscrirait la recherche et le développement dans des logiques d’intérêt public, ce qui doit aussi se prolonger dans la production et la commercialisation pour garantir des prix justes et un accès à tous. D’autres modèles existent donc, encore faut-il que les Etats cessent de réduire leur rôle à celui de prestataire de service des entreprises du médicament et se rappellent que la santé est une affaire publique.

    #santé_publique

  • The Pentagon funneled #coronavirus relief funds to defense contractors - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/business/2020/09/22/covid-funds-pentagon

    “This is part and parcel of whether we have budget priorities that actually serve our public safety or whether we have a government that is captured by special interests,” said Mandy Smithberger, a defense analyst at the Project on Government Oversight, a watchdog group.

    #intérêts_privés #états-unis #détournement

  • Eric “Masks + Ventilation” Feigl-Ding sur Twitter :

    “📍HIGHWAY ROBBERY: #Remdesivir, made by GileadSciences, has now set the price ➡️ $2,300 to $3,100 per patient.

    So how much does it cost to produce each vial? ➡️ Just $1.

    US taxpayers also had paid for the drug’s NIH trial.

    Borderline criminal drug pricing. #COVID19” / Twitter
    https://twitter.com/DrEricDing/status/1291320467895320576

    #barons_voleurs #système #légal #médicaments #profits #intérêts_privés #pharma #sans_vergogne #états-unis

  • #Convention_citoyenne : « Les élus ne peuvent plus revendiquer le monopole de la production de la décision » assure Loïc Blondiaux | Public Senat
    https://www.publicsenat.fr/article/politique/convention-citoyenne-les-elus-ne-peuvent-plus-revendiquer-le-monopole-de

    Certains élus, assez réticents, voient d’ailleurs dans cette convention citoyenne les racines d’une concurrence qui pourrait se développer. Qu’en pensez-vous ?

    Oui, objectivement, il y a une concurrence de #légitimité, mais elle n’est problématique que lorsqu’on a une vision très simplificatrice de la légitimité qui ne serait finalement reconstruite que par l’#élection. Or, ça ne fonctionne plus véritablement comme ça. Les élus sont légitimes à prendre la décision, mais ils doivent admettre que d’autres formes de légitimité peuvent venir enrichir le processus de décision collective. En fait, la #démocratie_participative ou délibérative, c’est à dire l’association des citoyens concernés par la décision dans le processus de décision, c’est une roue de secours pour la démocratie représentative, qui risque de disparaître, mise à mal par le processus de déconsolidation des démocraties représentatives et la montée en puissance des mouvements autoritaires. Si elle ne se réforme pas elle va disparaître.

    Le #tirage_au_sort est-il la bonne manière de rendre des citoyens légitimes pour s’exprimer et potentiellement donner lieu à un projet de loi ?

    Le tirage au sort pour désigner des citoyens qui prendraient les décisions qui feraient les lois de A jusqu’à Z, j’ai le sentiment que c’est une solution qui n’apparaît réaliste à personne. Pour l’instant, l’élection continue à être le moins mauvais des systèmes pour prendre la décision en dernière instance. Mais le tirage au sort trouve son intérêt, pour produire des assemblées citoyennes suffisamment diverses, suffisamment représentatives de la population, pour inclure dans la discussion des intérêts, des expériences et des manières de penser qui ne sont pas suffisamment représentées au Parlement. Aujourd’hui, un des problèmes de nos assemblées élues, c’est qu’elles ne sont pas assez représentatives socialement de la population. Et quelqu’un peut être légitime parce qu’il apparaît beaucoup moins partial, moins dans des intérêts particuliers. Ces 150 citoyens se sont placés du côté de l’#intérêt_général. Ils n’avaient de comptes à rendre à personne, pas de souci de réélection. Ils ont eu la possibilité de prendre des mesures audacieuses que des élus n’auraient peut-être pas prises.

    Est-ce que l’élection n’a pas aussi perdu en légitimité et en poids du fait des taux d’#abstention ?

    Je crois que les citoyens ne se sont pas dépolitisés. Ils continuent à être informés. Ils continuent à s’engager quand ils se sentent véritablement concernés. Et quand on regarde les enquêtes d’#opinion, l’intérêt pour la politique ne faiblit pas autant qu’on pourrait le croire. Ce qui faiblit, c’est l’intérêt pour la #politique institutionnalisée, l’intérêt pour les élections. Les citoyens, à l’exception de l’élection présidentielle, ont le sentiment que ces élections n’ont plus de conséquences véritables sur leur destin. Ils ont le sentiment que ceux qui ont le pouvoir de décision se situent hors de portée de l’élection. Donc, il y a une forme d’affaiblissement de l’importance de l’élection dans nos systèmes politiques. Ce qu’il faut maintenant, c’est réinventer des mécanismes politiques autres que l’élection pour venir renforcer notre système.

    #démocratie_représentative #démocratie_délibérative #élus

  • Adam Tooze · Whose century? After the Shock · LRB 30 July 2020
    https://www.lrb.co.uk/the-paper/v42/n15/adam-tooze/whose-century

    The question asked by the American left, as well as more hard-nosed right-wingers, is not whether the US negotiators were naive or incompetent, but whose interests they were representing. Were they negotiating on behalf of the average American, or American business? As Davis and Wei show, US economic policymakers were committed to advancing the interests of American business more or less as business articulated those interests to them. [...]

    In 1949, ‘Who lost China?’ was the question that tortured the American political establishment. Seventy years later, the question that hangs in the air is how and why America’s #elite lost interest in their own country. Coming from Bernie Sanders that question wouldn’t be surprising. But it was more remarkable to hear William Barr, Trump’s attorney general, describe American business as ‘part of the problem’ because its corporate leaders are too focused on their stock options and have lost sight of the ‘national view’ and the need to ensure that ‘that the next century remains a Western one’. He warns corporate executives lobbying for China that they may be treated as foreign agents. This is all a long way from the 1990s, when America’s corporate leaders could confidently assume that their way of seeing the world was so deeply entrenched in the US political system that their desired version of integration with China would go unchallenged, whatever the costs it imposed on American society. They folded China into their corporate planning as though all that was involved were private business decisions, not a wholesale rewiring of the global order. Today, that wager on the world as a playground of corporate strategy is unravelling.

    #intérêts_privés #etats-unis #Chine

  • Régularisons les sans-papiers
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=69&v=snfN9V7zyFE&feature=emb_logo

    « La question est simple : ces gens partiront-ils ? Evidemment non. D’abord parce que, même clandestins, ils sont mille fois mieux ici, étant donné que dans leur pays, ils n’ont rien.(…) Le gouvernement doit donc trancher autrement. Je comprends qu’il ait peur de le faire pour des raisons politiques. Je ne fais pas preuve d’angélisme mais de pragmatisme. (…) On ne peut en sortir qu’en régularisant la totalité des personnes qui en ont fait la demande. »

    Ces propos sont tirés d’une interview parue dans le journal Le Monde, le 17 juillet 1998. Ces propos sont de Charles Pasqua. (1) 5 ans avant, Il était ministre de l’intérieur, à l’origine d’une loi sur l’immigration particulièrement restrictive et rétablissant le régime d’expulsion. 5 ans après, devant la problématique des personnes « ni régularisables - ni expulsables », qu’il avait en grande partie lui-même aggravée, il déclare : « Nous nous trouvons donc devant un problème que nous devons traiter avec pragmatisme et responsabilité, en fonction de l’intérêt national, en essayant de surmonter nos débats idéologiques ou politiques. (…) Si on explique les choses aux Français, ils sont capables de les comprendre. »

    Dans les mêmes colonnes du Monde, en mai 2020, on peut lire que le gouvernement aurait du mal à assumer une régularisation collective. Un préfet déclare même que ce serait un « suicide politique ». (2)

    Plus de 30 ans se sont écoulés entre ces 2 paroles. La « crise migratoire », qui a plutôt été une « crise de l’accueil », a fortement marqué l’actualité, instrumentalisée par certains partis politiques qui ont vu là un levier d’opinion opportuniste. Nous appelons aujourd’hui le gouvernement à ne pas céder au piège de cette politique d’opinion. Une fois n’est pas coutume, nous allons reprendre à notre compte les propos de M. Pasqua : « Si on explique les choses aux Français, ils sont capables de les comprendre ».
    Qui sont les sans-papiers ?

    Les sans-papiers, ce sont ces mères d’un enfant né en France, parfois d’un père français, mais pour lesquelles l’administration met plusieurs années avant d’accorder un titre de séjour.

    Les sans-papiers, ce sont aussi ces familles présentes en France depuis des années avec un titre de séjour pour raison de santé. Ces familles ont parfois des enfants nés et scolarisés en France, parfaitement intégrés. Les parents travaillent, cotisent, payent leurs impôts, jusqu’au jour où leur titre de séjour n’est plus renouvelé. Ils basculent alors, perdent leur travail et se retrouvent du jour au lendemain en « situation irrégulière ». Il leur est alors demandé de repartir dans un pays qu’ils ont quitté pour des raisons objectives, un pays que les enfants ne connaissent pas.

    Les sans-papiers, ce sont aussi des demandeurs d’asile qui se sont vu refuser une protection. Cela ne veut pas dire qu’ils ne méritaient pas d’être protégés mais juste qu’ils n’ont pas pu prouver les menaces dont ils étaient victimes.

    Les sans-papiers, ce sont aussi les « dublinés », ces demandeurs d’asile qu’un réglement européen empêche de choisir le pays à qui ils veulent demander une protection. Ils n’ont alors d’autre choix que la clandestinité pendant de longs mois, avant de pouvoir enfin déposer leur demande là où ils ont de la famille, des proches, où ils parlent la langue et où les possibilités d’intégration sont les meilleures.

    Les sans-papiers, ce sont aussi ces adolescents étrangers isolés dont l’administration ne reconnaît pas la minorité, sur des bases subjectives, et qui se retrouvent à la rue le temps de déposer un recours. Certains d’entre eux, heureusement et logiquement, sont reconnus mineurs et sont pris en charge, mais ça n’est parfois qu’un sursis : arrivés à la majorité ils doivent demander un titre de séjour, souvent refusés pour des motifs contestables.

    Bref, les sans-papiers sont avant tout des hommes, des femmes et des enfants dans une palette de situations différentes ayant pour conséquences de les maintenir dans une situation d’exclusion sociale et de vulnérabilité psychologique inacceptable.
    Pourquoi régulariser les sans-papiers ?

    Ne pas régulariser les sans-papiers, c’est faire le pari inhumain qu’une partie d’entre eux finiront par se décourager et repartiront vers leur pays d’origine ou un autre qui semblera moins inhospitalier. Soyons objectif, cette politique du découragement fonctionne, mais dans de très rares cas. Pouvons-nous accepter que des dizaines de milliers de personnes soient maintenues dans la précarité, l’incertitude, la détresse psychologique, dans le seul objectif que quelques dizaines repartent, fragilisées par des mois voire des années d’enfer administratif ?

    Il va nous être objecté que ce serait prendre le risque d’inciter d’autres personnes étrangères à venir s’installer en France. C’est le classique « risque d’appel d’air », expression déshumanisante qu’il faut impérativement déconstruire. D’abord, aucune étude ne vient apporter de preuves concrètes d’une augmentation significative des demandes de titres de séjour ou demande d’asile à la suite des précédentes régularisation effectuées en France. Pour autant il ne faut pas être angélique, oui il y aurait probablement un effet incitatif, oui il y aurait sans doute dans les mois qui viennent des étrangers qui viendraient en France dans l’espoir d’obtenir un titre de séjour. Au vu des restrictions de passage aux frontières, liées à la crise sanitaire, combien seraient-ils ? Quelques centaines ? Quelques milliers ?

    Il y aurait, selon les diverses estimations, entre 300 000 et 400 000 sans-papiers en France actuellement. Ces centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants vivent aujourd’hui dans notre pays dans une impasse administrative qui les maintient dans l’insécurité. Comment pouvons-nous accepter cela, par peur que quelques milliers d’autres personnes se retrouvent dans la même situation ? Est-ce un calcul humainement acceptable ?

    Nous ne venons donner de leçons à personne. Nous sommes juste des citoyens engagés sur le terrain, auprès des sans-papiers. Nous sommes conscients que le monde vit une crise sanitaire mondiale inédite, que les gouvernements ont à affronter des situations complexes avec une multiplicité de paramètres parfois difficilement conciliables. Demain est incertain. Mais il est certain que demain, encore plus qu’aujourd’hui, une société qui ne luttera pas contre la précarité n’aura pas tiré les leçons de la crise sanitaire dont nous sommes victimes.

    Pour toutes ces raisons, nous souhaitons que la France prenne des mesures claires afin de délivrer un titre de séjour à tous ces hommes, femmes et enfants actuellement sans-papiers. Nous appelons à ne pas répéter les erreurs du passé : les régularisations par circulaires ont démontré leurs limites. N’ayant pas de valeur juridique contraignante, elle laisse aux autorités préfectorales la possibilité, ou non, de les prendre en compte. Il en découlerait une application disparate selon les territoires, en totale contradiction avec les valeurs d’égalité de notre république. (3)

    Nous ne souhaitons pas une régularisation politicienne, un faux-semblant de mesure sociale. La régularisation doit se faire de manière claire et sans équivoque, en élargissant les critères légaux, qui devront pouvoir être appliqués sans laisser de place à l’arbitraire.

    Des milliers d’hommes, femmes et enfants étrangers ont fait le choix de vivre en France, de contribuer à la construction de notre société. Faisons le choix de les accueillir dignement. Nous appelons à un vrai courage politique, à une vraie mesure de justice sociale : Régularisons les sans-papiers.

    http://www.sans-papiers.org
    #régularisation #sans-papiers #Charles_Pasqua #migrations #pragmatisme #angélisme #intérêt_national #responsabilité #régularisation_collective #titre_de_séjour #ressources_pédagogiques #déboutés #dublinés #Dublin #règlement_dublin #clandestinité #migrations #asile #réfugiés #mineurs #âge #exclusion_sociale #vulnérabilité #précarité #incertitude #appel_d'air #impasse_administrative #insécurité #justice_sociale
    #film #vidéo

    ping @karine4 @isskein

    • voir aussi :
      [CONVERGENCE DES APPELS] Pour la régularisation définitive des sans-papiers

      De nombreux appels à la régularisation des sans-papiers ont été lancés ces dernières semaines. Avec des tons, des arguments, des modalités divers mais tous convergents vers le même objectif : la régularisation immédiate, inconditionnelle et pérenne des sans-papiers et la sécurisation administrative de toutes les personnes à statut administratif précaire.

      https://blogs.mediapart.fr/pour-la-regularisation-definitive-des-sans-papiers/blog/290420/convergence-des-appels-pour-la-regularisation-definitive-des

    • France : de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la régularisation des sans-papiers

      La crise sanitaire a mis en lumière la précarité des sans-papiers, qui pour beaucoup travaillent dans des secteurs essentiels, comme les services de livraison, le tri des déchets ou encore l’agriculture. Plusieurs associations, syndicats et représentants politiques demandent à l’État de régulariser les sans-papiers vivant en France.

      La société civile, des associations, des syndicats et même une centaine de parlementaires sont montés au créneau ces dernières semaines pour demander à l’État de régulariser les sans-papiers qui vivent en France, à l’instar des mesures prises au Portugal ou en Italie. Plusieurs tribunes ont été publiées dans la presse et des lettres ont été envoyées au gouvernement. Sur internet, des appels à manifester samedi 20 juin aux côtés des sans-papiers ont été relayés sur tout le territoire.
      https://twitter.com/lacgtcommunique/status/1272595733020016640?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      Pourquoi un tel mouvement de solidarité aujourd’hui ? « La crise sanitaire a bousculé beaucoup de choses », croit Lise Faron, responsable des questions du droit au séjour à la Cimade. « Le coronavirus a été un élément déclencheur », abonde Marilyne Poulain, membre de la Commission exécutive de la CGT. La crise a en fait rendu visibles ceux qui étaient jusque-là invisibles.
      Des sans-papiers en première ligne pendant la crise sanitaire

      Alors que la majorité de la population française était confinée dès le 17 mars pour limiter la propagation de la pandémie de coronavirus, des milliers de travailleurs sans-papiers ont continué le travail. « Beaucoup d’entre eux étaient en première ligne car la majorité travaillent dans des emplois dits d’utilité sociale essentielle comme le nettoyage des locaux, les services de livraison, le tri des déchets ou encore le domaine de l’agriculture », précise Marilyne Poulain.

      Les livreurs de la plateforme française Frichti en sont un exemple criant. Des centaines de sans-papiers qui travaillaient pour cette société depuis plusieurs années se sont vus remerciés dès la sortie du confinement. Épaulés par des collectifs et la CGT, ils demandent désormais leur régularisation.

      D’un autre côté, des travailleurs sans-papiers employés dans l’hôtellerie ou la restauration ont perdu leur emploi et n’ont pas pu bénéficier des aides de l’État, comme le chômage partiel.

      Or, l’ensemble de cette population, bien qu’en situation irrégulière dans l’Hexagone, « participe à produire de la richesse sur le sol français », signale la syndicaliste. On estime à environ 350 000 le nombre de sans-papiers qui vivent en France.
      Enjeu de lutte contre les discriminations et les inégalités

      « Ils sont utilisés comme variable d’ajustement avec des contrats précaires », assure Marilyne Poulain. « Ils sont exploités au mépris de leurs droits », renchérit Lise Faron de la Cimade. L’enjeu de la régularisation porte également sur l’égalité de traitement dans les entreprises. En effet, les sans-papiers sont souvent moins payés que des travailleurs « en règle » occupant le même emploi. Ils ne peuvent prétendre à aucune aide autre que l’Aide médicale d’ État (AME) et payent pourtant des impôts en France. « La régularisation est un enjeu de lutte contre les discriminations et les inégalités au travail. Tout le monde doit avoir les mêmes droits », continue la représentante de la CGT.

      https://twitter.com/lacimade/status/1272803224538492928?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      « Il est urgent de changer de cap », martèle Lise Faron, qui souhaite une refonte complète du droit au séjour avec des procédures moins complexes. « Ces gens ont construit leur vie ici, se sont installé ici, certains ont eu des enfants en France mais ils n’arrivent pas à obtenir un titre de séjour ou alors au prix de longues années de procédure », poursuit la militante qui dénonce une « machine administrative bloquée ».

      Reste que pour mettre en place une campagne massive de régularisation des sans-papiers, il faut faire preuve de « courage politique » selon la CGT. « Tous les gouvernements sont tétanisés par les conséquences que pourraient avoir une telle mesure sur l’opinion française mais quand on se dit être un rempart contre l’extrême droite, on agit dans ce sens », estime Marilyne Poulain.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/25425/france-de-plus-en-plus-de-voix-s-elevent-pour-reclamer-la-regularisati

  • Un gouvernement compétent est-il possible ? Et même souhaitable ? A propos du désir d’Etat qui s’exprime de toute part

    « Incompétent, nul, #amateurisme, manquement », les mots ne manquent pas pour qualifier Macron et son gouvernement, tout comme les raisons de le faire. La rage gronde, et avec elle la volonté de leur demander des comptes et de les faire payer. La vengeance est peut-être la moins triste des passions tristes. Tout comme la colère, elle apparait comme le moteur de la révolte des vaincus d’hier. Mais ce gouvernement est-il réellement incompétent ? Plus largement un gouvernement compétent est-il possible ? Voir même souhaitable ? Et si au contraire, c’était de l’extrême compétence des gouvernements dont nous souffrons actuellement.

    « Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni titre, ni la science, ni la vertu. Le gouvernement de l’homme par l’homme, sous quelque nom qu’il se déguise, est oppression ».
    Pierre-Joseph Proudhon

    On peut reprocher au gouvernement actuel de mal gérer la crise malgré l’air martial qu’il a voulu se donner. On peut aussi dire que d’autres gouvernements ont fait mieux que le « nôtre » (sic), même si en vrai il faudrait s’entendre sur ce que ça peut bien vouloir dire. Mais à trop le répéter on risque de rater l’essentiel et de tomber dans un piège.

    En l’espèce, lors de cette crise le gouvernement a renforcé sa dimension autoritaire et la tendance à la surveillance technologique au nom de l’état d’urgence sanitaire, il a augmenté le contrôle et la répression des quartiers populaires, et il a bien été obligé de prendre des mesures dangereuses pour l’économie elle-même afin de limiter la casse et aussi pour éviter de perdre toute légitimité aux yeux de ceux qu’il gouverne. Sa tâche est maintenant de la remettre en marche, de nous renvoyer au travail et de nous faire payer les conséquences économiques de la crise qui vient.

    D’autres, à leur place et dans les mêmes circonstances, auraient fait sensiblement la même chose. Il ne s’agit nullement d’exonérer nos gouvernants actuels. Reconnaissons seulement qu’ils obéissent à une logique qui rend nécessaire leurs agissements et qu’il est vain de s’imaginer qu’ils pourraient faire autrement. C’est bien en cela qu’ils sont nos ennemis. Ainsi en est-il de la « casse de l’hôpital public » et de la diminution du nombre de lits (70 000 suppressions en 15 ans) : elle résulte de l’action de tous les gouvernements précédents auquel celui de Macron s’est contenté, en toute logique, de contribuer.

    Il y a donc une confusion entre ceux qui nous gouvernent (Macon et ses ministres) et le principe même du gouvernement. En règle générale les premiers font ce que la fonction exige d’eux : réprimer et mutiler quand il le faut, accompagner les restructurations capitalistes par des lois adaptées et raconter des histoires pour vendre tout ça. En deux mots : servir les puissants dont ils partagent le monde et la vision du monde ; reproduire et reconduire un certain partage et sa cohorte d’inégalités, de massacres et de désastres.

    C’est dire que notre problème réside davantage dans le gouvernement comme principe, et plus largement dans la continuité de l’appareil d’Etat (constitution, lois et institutions), que dans tel gouvernement et ceux qui exercent le pouvoir à un moment donné. Dit autrement, le problème ça n’est pas que ceux qui nous gouvernent sont des salauds ou des incompétents, c’est qu’ils servent une logique économique mortifère qui produit et produira toujours les mêmes effets. Telle est leur compétence première et leur raison d’être ; voilà le savoir-faire qu’ils ont acquis sur les bancs de Sciences Po et de l’ENA : ils sont des agents de pouvoir du capitalisme, du libéralisme ou de la civilisation thermo-industrielle selon la langue, la sensibilité ou l’axe choisi.

    L’exemple le plus marquant reste celui du réchauffement climatique. Jamais aucun gouvernement ne pourra prendre une mesure à la hauteur de la situation car ce serait alors mettre en péril pour de bon la civilisation dont ils sont les garants. « Notre mode de vie n’est pas négociable », avait reconnu en son temps un Bush président, pour une fois honnête. A tout prendre, mieux vaut le cynisme décomplexé de nos ennemis que leurs mensonges répétés, gratinés de bons sentiments.

    Demander aux gouvernements une autre compétence que la leur, c’est un peu comme vouloir que son lave-linge nettoie sa vaisselle, c’est une demande absurde. Et s’il y a bien quelque chose que commande l’époque c’est bien ça : cesser d’adresser à tous les gouvernements du monde des demandes irréalistes.
    Ce n’est pas de leur incompétence qu’il faut se scandaliser. C’est au contraire leur compétence qu’il faut attaquer et défaire.

    Cette demande de gouvernement ou d’Etat compétent relève d’un vieux fantasme républicain largement partagé à gauche, celui de l’intérêt général. Il s’accompagne aussi d’un désir inquiétant : le désir d’être bien gouverné. Et à bien y réfléchir, non seulement c’est impossible comme nous croyons l’avoir établi, mais c’est absolument terrifiant. Il faudrait que l’Etat, entendu comme machine technique, administrative et fiscale flanquée de nombreuses institutions (aujourd’hui l’hôpital mais demain l’armée ou la police), soit efficace au point de régler nos existences de manière suffisamment parfaite pour qu’il nous protège en toutes circonstances. L’Etat, cette forme de pouvoir séparé de la population malgré le mythe démocratique, pourrait non seulement vouloir notre bien à tous, mais en plus serait à même de le réaliser. Il suffirait juste de trouver les bons gouvernants.

    Il s’agit en fait d’une funeste croyance qu’il est préférable d’abandonner à tous ceux qui ont la prétention de nous gouverner. De l’utopie, à la dystopie, il n’y a qu’un pas. Quoi alors, que faire ? Ici commence les difficultés et nous sommes autant perdus que les autres. Les esprits sensés auront compris que c’est du côté des ruptures révolutionnaires qu’il y a à chercher et expérimenter. Soit, mais il est bon alors de rappeler que l’imaginaire révolutionnaire est lui-même largement contaminé par cette idée du bon gouvernement, fût-il un « auto-gouvernement » ou un gouvernement auto-organisé.

    https://rouendanslarue.net/un-gouvernement-competent-est-il-possible-et-meme-souhaitable-a-prop

    #incompétence #France #Macron #covid-19 #coronavirus #colère #comptes_à_rendre #vengeance #révolte #compétence #oppression #Proudhon #autoritarisme #surveillance #surveillance_technologique #état_d'urgence_sanitaire #quartiers_populaires #contrôles #répression #économie #hôpitaux #hôpital_public #services_publics #gouvernement #capitalisme #pouvoir #sciences_po #ENA #libéralisme #changement_climatique #mode_de_vie #cynisme #intérêt_général #mythe_démocratique #démocratie #bon_gouvernement #mauvais_gouvernement #utopie #dystopie

    • Tant de questions décisives aussi vite abordées pourraient contraindre à penser sans et contre ce texte, c’est pas mal d’avoir un exemple si pauvre de ce que de nombreux commentaires d’intellectuels où le biopouvoir (de l’imprévoyance structurelle et de l’absence de souci de détail quant à la gestion de la population ?!), l’état d’exception et l’attente de la fin du capitalisme ou de l’anthropocène se tricotent au coin du confinement, sans éclairer grand chose ; sans pouvoir et/ou vouloir prendre en compte et tenter d’analyser des pratiques (des soignants, des confinés, des travailleurs, etc.), un empêchement redoublé par le confinement qu’il n’est pas évident de dépasser ou contourner qui fait des penseurs plus en roue libre que jamais.
      Un texte laid. Il règle leur compte de manière expéditive à une série d’expériences qui, de la Commune de Paris à la Révolution russe, du Chiapas à la ZAD de NNDL, pour ne citer qu’une partie des plus identifiées (...), se sont coltiné la nécessité de rompre l’ordre du monde et de faire horizon.

      #État #désir_d'État #souverain #pouvoir_d'État #sécuritaire #paradigme_sécuritaire #capitaliste_collectif #gestion #police (#politique résorbée dans la) #imaginaire #imaginaire_révolutionnaire #insurrectionnalisme #idéologie

  • Vers des jours heureux... | Le Club de Mediapart

    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/280420/vers-des-jours-heureux

    Un virus inconnu circule autour de la planète depuis le début de l’année. Péril mortel et invisible, nous obligeant à nous écarter les uns des autres comme si nous étions dangereux les uns pour les autres, il a retourné les tréfonds des sociétés comme on retourne un gant et il a mis au grand jour ce que l’on tentait jusqu’ici de masquer. Sans doute provoque-t-il un nombre important de morts et met-il sous une lumière crue les limites des systèmes de santé des pays développés, y compris les plus riches d’entre eux. Sans doute, ailleurs, expose-t-il les populations de pays plus pauvres à un extrême danger, les contraignant pour se protéger à accomplir une obligation impossible, le confinement. Mais ceci n’est que la surface des choses.

    Le gant retourné donne à voir la voie périlleuse dans laquelle le monde se trouve engagé depuis des décennies. En mettant les services hospitaliers sous contrainte budgétaire, là où ils étaient développés, et en les négligeant là où ils sont insuffisants, les responsables politiques affolés se sont trouvés pris de court devant l’arrivée de la pandémie. En France, l’impréparation criante à ce type d’évènements, la liquidation coupable de la réserve de masques, la délocalisation de l’industrie pharmaceutique avec pour seule raison la recherche de profits plus grands, la faiblesse des moyens de la recherche scientifique, mettent le gouvernement en situation d’improvisation. En prenant le chemin du confinement dont il ne sait comment sortir, il s’est engagé dans la voie d’une mise en cause radicale des libertés publiques. S’étant privé des autres moyens de protection de la population, il bénéficie d’un acquiescement forcé de cette dernière. Pour le cas où cet acquiescement manquerait, un discours moralisateur et culpabilisant se déploie. Et pourtant, partout, d’innombrables initiatives contredisent l’individualisme entretenu par le modèle économique et social et témoignent de la permanence de la fraternité entre les humains.

    Mais le gant retourné fait apparaître aussi, au moins aux yeux les plus lucides, que la réponse aux enjeux auxquels l’humanité dans son ensemble est en ce moment confrontée, ne saurait être une addition de politiques nationales, encore moins si ces politiques tentent de se mener en vase clos. Il y manquera toujours une part, celle de la communauté des humains qui ne peut refuser plus longtemps de se voir pour ce qu’elle est : une communauté de destin, ce qu’Hannah Arendt nommait une association politique d’hommes libres.

    Ainsi, derrière la crise sanitaire qui est au premier plan, avec la crise économique qui s’amorce et la catastrophe écologique en cours, c’est une crise de civilisation qui émerge enfin. Le monde entièrement dominé par le système capitaliste qui ne cesse de creuser les inégalités et de détruire la nature, est aujourd’hui un bateau ivre qui n’a d’autre horizon que son naufrage à travers des violences insoupçonnées.

    S’il est encore temps de reprendre les commandes, alors ce séisme inédit est l’occasion que le monde doit saisir pour rompre enfin avec sa destruction largement amorcée et inventer une société entièrement différente. Ainsi, ayant conjuré la terreur de l’inconnu, les peuples danseront de joie sur les décombres du vieux monde qui menaçait de les emporter.

    Pour cela, il faut :

    – ne pas tricher avec les constats qu’il y a lieu de faire ;
    – mesurer les risques d’une sortie de crise orientée à un retour à la situation antérieure ou à d’autres dérives ;
    – saisir cette opportunité pour poser les fondements radicalement différents d’une société mondiale juste et viable.

    #covid-19 #le_monde_d_après

    • France : 73 Bulgares venus travailler comme saisonniers ont été refoulés à #Roissy

      Bien que ressortissants de l’Union européenne, 73 Bulgares, venus travailler comme saisonniers ont été refoulés jeudi après leur arrivée à l’aéroport de Roissy. Pour les défenseurs de ces migrants, ces refoulements vont à l’encontre des #dérogations annoncées par le ministère de l’Intérieur.

      Soixante-treize Bulgares, qui avaient atterri mardi à l’#aéroport de Roissy, en banlieue parisienne, pour venir travailler comme saisonniers, ont été refoulés jeudi 7 mai du territoire français.

      Dès leur arrivée, ces ressortissants de l’Union européenne ont été placés en #zone_d'attente au sein de l’aéroport, zone où sont notamment maintenues les personnes non admises, en vue de leur renvoi en Bulgarie, a affirmé à l’AFP Laure Palun, directrice de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé).

      Ils étaient pourtant munis d’#attestations_de_travail en France, prouvant qu’ils avaient été recrutés par des entreprises pour travailler dans le #maraîchage ou le #BTP, poursuit Laure Palun, qui s’est rendue sur place.

      Interrogée par l’AFP, une source aéroportuaire a affirmé que les 73 Bulgares avaient été refoulés car leur motif d’entrée en France ne relevait pas d’un « #intérêt_économique_national », comme la production de masques.

      ’’Violation des droits fondamentaux’’

      Pour les défenseurs des migrants toutefois, ce motif va directement à l’encontre des annonces du gouvernement. Si les restrictions aux frontières de la France avec les pays de l’espace européen (Union européenne, espace Schengen, Royaume-uni) seront prolongées a minima jusqu’au 15 juin, « certaines dérogations supplémentaires seront rendues possibles », a expliqué, jeudi 7 mai, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Parmi les dérogations, « un #motif-économique_impérieux, en particulier les #travailleurs_saisonniers_agricoles », a énoncé ce dernier.

      https://twitter.com/anafeasso/status/1258327723908481024

      « D’après les dernières circulaires, [ces ressortissants bulgares] avaient la possibilité de se déplacer », déplore encore Laure Palun, qui affirme avoir saisi en vain le Défenseur des droits ainsi que la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté. Ces travailleurs ont été « refoulés en violation de la #protection_de_la_santé et des #droits_fondamentaux », explique-t-elle.

      L’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) a pour sa part estimé dans un communiqué que les 73 personnes renvoyées avaient « subi les pressions non seulement du gouvernement français mais aussi des autorités bulgares qui se sont rendues en zone d’attente (mercredi) soir ».

      « Contrairement à ce qui est annoncé depuis plusieurs semaines, les frontières ne sont pas ’fermées’, les refoulements continuent et ce, au mépris des préconisations de l’OMS quant aux risques d’exportation du virus », a dénoncé l’OEE.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/24617/france-73-bulgares-venus-travailler-comme-saisonniers-ont-ete-refoules

      #Bulgarie #migrants_bulgares #travailleurs_bulgares #refoulement #saisonniers #fermeture_des_frontières

    • 78 Européens enfermés dans la zone d’attente de Roissy en pleine épidémie du Covid-19 : L’acharnement du gouvernement doit cesser !

      Depuis le 5 mai, 73 ressortissant·es européen·nes sont maintenu·es dans la zone d’attente de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle après s’être vu refuser l’entrée sur le territoire français. La plupart ont des contrats de travail avec des attestations de déplacements professionnels national et international. Il y a, parmi elles, une famille avec un enfant de plus de 13 ans et 6 résidents permanents en France.

      Arrivées le matin à l’aéroport, ces personnes ont été entassées toute la journée, et pour certaines une partie de la nuit, dans deux pièces sans fenêtre d’une quinzaine de mètres carrés chacune, devant les postes de police dans les aérogares A et E du terminal 2. Au cours de la soirée et durant une partie de la nuit, elles ont progressivement été transférées dans le lieu d’hébergement de la zone d’attente de Roissy, la ZAPI 3.

      Ces personnes viennent s’ajouter aux 5 ressortissants chinois maintenus en ZAPI, qui se sont vu refuser l’entrée sur le territoire lundi 4 mai. En provenance de Shanghai, ces derniers ont été refoulés depuis Mexico à Paris. La PAF (police aux frontières) veut les renvoyer vers Shanghai.

      Les gestes barrières et la distanciation sociale ne peuvent pas être respectés en ZAPI. L’étage où se trouvent les chambres, les couloirs et les sanitaires et douches n’est pas équipé en gel hydroalcoolique. Les cabines téléphoniques et lieux collectifs ne sont pas désinfectés après chaque usage. Chaque occupant·e se verrait délivrer un masque par jour, alors que les préconisations sanitaires recommandent le changement de masque toutes les 4 heures maximum.

      Cette situation met en danger à la fois les personnes maintenues et le personnel qui travaille dans la ZAPI 3, lequel ne dispose pas toujours, lui non plus, du matériel nécessaire pour se protéger.

      Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers n’a cessé d’alerter sur les risques sanitaires et les atteintes aux droits humains du fait de la privation de liberté en zone d’attente. Ses inquiétudes actuelles concernent principalement les conditions de maintien en ZAPI, notamment l’impossibilité de respecter les gestes barrières et la distanciation sociale, mais aussi la violation des droits des personnes.

      Des avocats des barreaux de Bobigny, de Paris et de Pontoise ont saisi le juge des référés du tribunal administratif de Montreuil pour qu’il mette un terme à cette situation inacceptable.

      Contrairement à ce qui est annoncé depuis plusieurs semaines, les frontières ne sont pas « fermées », les refoulements continuent et ce, au mépris des préconisations de l’OMS quant aux risques d’exportation du virus. Les 73 ressortissants bulgares qui avaient explicitement manifesté leur volonté d’entrer sur le territoire, ont subi les pressions non seulement du gouvernement français mais aussi des autorités bulgares qui se sont rendues en ZAPI hier soir. Ce matin, elles ont été réveillées vers 5h et sont en cours de tentative d’embarquement, un vol étant prévu à 10h20.

      L’OEE demande une nouvelle fois que le gouvernement en finisse avec son acharnement. Il faut fermer les zones d’attente et tous les lieux privatifs de liberté. La politique migratoire ne saurait prévaloir ni sur l’impératif de protection de la santé, quels que soient le statut et la nationalité des personnes concernées, ni sur le respect des droits fondamentaux.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6390

    • Des réfugiés à la rescousse d’exploitants agricoles en #Aquitaine

      Dans le sud-ouest de la France, l’association bordelaise #Ovale_Citoyen a créé un pont entre des réfugiés sans activité professionnelle et des exploitants agricoles en manque de personnel à cause de la pandémie de Covid-19.

      Arshad, un Afghan de 22 ans, n’avait jamais rêvé d’être charpentier. Réfugié statutaire à Bordeaux, il a pourtant suivi une formation dans ce sens et s’est retrouvé à exercer ce métier, faute d’autre option. Mais voilà que, le confinement venu et son activité professionnelle mise à l’arrêt, une nouvelle opportunité s’est présentée à ce jeune homme : travailler dans l’agriculture.

      Grâce à l’association Ovale Citoyen, qui oeuvre en temps normal à l’intégration des migrants et personnes en situation d’exclusion via la pratique du rugby, Arshad a suivi en avril une formation de deux jours pour apprendre les rudiments de la viticulture. Depuis, il a commencé à travailler dans une exploitation. « Quand on lui parle d’agriculture, il a les yeux qui pétillent, il est hyper heureux », commente Jeff Puech, président de cette association basée en Aquitaine, dans le sud-ouest de la France.

      Arshad fait partie d’un groupe de 70 personnes qui ont pu bénéficier d’une formation professionnelle accélérée mise sur pied en pleine crise sanitaire. « Nous sommes partis d’un double constat : d’une part, tous nos réfugiés statutaires et jeunes de quartiers défavorisés vont pâtir de cette période de confinement due au Covid-19 au niveau professionnel. C’est déjà compliqué pour eux de trouver du travail, alors avec la crise économique qui s’annonce… », explique Jeff Puech. « D’autre part, le monde agricole manque de bras [en raison des fermetures de frontières qui causent une pénurie de travailleurs saisonniers, venus principalement du Maroc, de Tunisie et de Turquie, NDLR]. Or l’agriculture représente un pôle économique crucial pour la région Aquitaine. »

      L’idée a donc germé de mettre en relation ces personnes dans le besoin et ces agriculteurs en attente de main d’oeuvre. Un peu comme une « agence d’intérim » mais constituée de bénévoles, s’amuse Jeff Puech. Après avoir obtenu l’aval de la préfecture, le projet « Un drop dans les champs », inspiré du terme « drop » qui désigne un type de coup de pied au rugby, était né.

      « Beaucoup ne savaient pas ce qu’était un pied de #vigne »

      Le monde viticole a été le premier à être ciblé par l’association, qui envisage de collaborer dans un futur proche avec les exploitations de maïs et d’autres cultures maraîchères. Pour ce faire, Jeff Puech a pu compter sur l’aide de Jacky Lorenzetti, président du club de rugby Racing 92, partenaire d’Ovale Citoyen, qui possède des exploitations dans le Bordelais.


      https://twitter.com/OvaleCitoyen/status/1258073068150427661?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      « Le personnel d’une de ces exploitations a été mis à disposition des apprentis », se réjouit l’organisateur. « Certains apprentis avaient déjà des connaissances en agriculture mais beaucoup ne savaient pas ce qu’était un pied de vigne. Ils ont notamment été formés à l’épamprage, une opération qui consiste à couper les branches en trop sur un pied. »

      Depuis, 38 personnes, âgées de 18 ans à 48 ans, ont déjà commencé à travailler. Parmi ce groupe, 75% sont des réfugiés statutaires, originaires majoritairement d’Afghanistan, d’Érythrée, de Somalie et d’Éthiopie, 10% sont des personnes « en très grande précarité, parfois logées dans les hébergements du 115 », et le reste vient des quartiers défavorisés de Bordeaux.

      « Une opération d’urgence qui va peut être aboutir à un projet pérenne »

      Cette mobilisation de main d’oeuvre fait écho à un appel lancé dès le mois de mars par le ministre français de l’Agriculture, lequel avait encouragé les personnes sans activité à rejoindre « la grande armée de l’agriculture française » sujette à un manque de 200 000 travailleurs saisonniers.

      L’initiative « Un drop dans les champs » est considérée comme la bienvenue par les premiers concernés. « La réaction du monde agricole a été plus que favorable, se félicite » Jeff Puech. « Cela n’arrive pratiquement pas que l’on nous dise ’Ah non, je ne veux pas de ces gens-là dans mon champs !’, au contraire, on reçoit des appels d’agriculteurs qui ont entendu parler du projet et qui sont intéressés. »

      Face à la demande, Ovale Citoyen, qui depuis la mi-mars organise des distributions de nourriture pour environ 900 personnes par semaine, compte mettre en place de nouvelles formations. L’association a déjà recensé 150 candidats et espère pouvoir faire travailler entre 200 et 220 personnes au plus fort de la saison. « Certains ont signé des CDD de six mois jusqu’à la fin des vendanges », commente Jeff Puech. « D’autres sont partis sur des contrats de deux-trois mois, comme cela se fait généralement dans ce secteur. » Plusieurs, en tout cas, se projettent plus loin.

      « Beaucoup m’ont déjà dit qu’ils avaient envie de continuer à travailler dans l’agriculture. Il y a, par exemple, un gros manque de conducteurs de tracteur, cela pourrait être un débouché… Au final, cette opération qui répondait à une urgence va peut être aboutir à un projet sur le long terme », veut croire Jeff Puech. À condition, toutefois, précise ce dernier, que des solutions soient trouvées pour la mobilité de ces salariés souvent sans permis et devant se rendre dans des zones rurales non desservies par les transports en commun. « Il faudrait un plan d’action permis de conduire pour les réfugiés. »

      En attendant, l’activité principale de l’association, le rugby, ne devrait pas reprendre de sitôt en raison de la pandémie. « Durant les matchs, on doit être au contact et on ne veut prendre aucun risque avec le coronavirus », dit encore le président de l’association. Certains réfugiés pourraient cependant avoir trouver une solution à ce problème. « On me demande de plus en plus de jouer au cricket. Mais ça, ça ne va pas être possible », rit Jeff Puech.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/24635/des-refugies-a-la-rescousse-d-exploitants-agricoles-en-aquitaine

    • Communiqué - Collectif de Défense des travailleur-euses étranger-ères dans l’agriculture

      Créé en 2003, les objectifs du CODETRAS restent la lutte contre l’exploitation de la main-d’œuvre étrangère, contre les dénis de droits, contre les discriminations et contre toutes formes d’exploitation dans l’agriculture. Il associe en son sein des paysans, des syndicats, des associations, des militants, des chercheurs.ses, des journalistes, des avocats et juristes…

      Une main d’œuvre saisonnière aux abonnés absents et une armée de « volontaires » sur la paille pour sauver les productions agricoles, arboricoles, horticoles, assurer une distribution logistique de proximité, achalander les rayons frais des supermarchés et alimenter les populations confinées.

      « Continuez à aller faire vos courses, nous nous occupons du reste... »

      Dès le début de la pandémie, les questions liées à l’approvisionnement de l’alimentation ont pris une ampleur politique et médiatique rare. Les images de rayons de supermarchés vides ont vite laissé place aux mots d’ordre pour la reconstitution des stocks et le maintien de l’approvisionnement. La grande distribution a martelé qu’il n’y aurait pas de rupture de stock.

      Pourtant, en France comme d’autres pays, la fermeture des frontières et l’arrêt des flux migratoires a révélé la survaleur du travail des saisonnier-ères étranger-ères dans la chaîne productive du travail de la terre : de la taille aux semis, jusqu’au conditionnement et à l’expédition des récoltes. Depuis quelques semaines, le gouvernement a appelé les chômeur-euses, étudiant-es, réfugié-es et autres précaires à remplacer ces travailleur-euses saisonnier-ères immigré-es via la plateforme numérique « des bras pour ton assiette », largement relayé par la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA).

      La crise sanitaire liée au Covid-19 a bien mis en difficulté le modèle « agro-industriel » qui garantit aux consommateurs d’avoir toute l’année des fruits et légumes à foison et à bas prix. Ce dernier s’appuie sur une production intensive sous serre et en plein champs, une distribution reposant sur une logique de « flux tendus » et, à la base de cette filière, sur une main-d’œuvre migrante précarisée qui pourvoit habituellement à (main)tenir l’intensité du travail et la constitution des stocks alimentaires, assurant ainsi la performance économique des filières des secteurs agricole et agro-alimentaire. La fermeture des frontières a rendu manifeste la dépendance de la société entière dans tous les États européens à ces travailleur-euses issu-es du Maroc, d’Espagne, de Pologne, de Roumanie ou encore d’Equateur.

      Le travail de cette main-d’œuvre agricole immigrée prend différentes formes : du travail non-déclaré des sans-papiers, aux contrats de l’Office national d’immigration en 1945 (Maroc, Pologne, Italie), puis aux contrats d’introduction de main-d’œuvre de l’Office des Migrations Internationales, jusqu’aux contrats de mission dans des exploitations de mise à disposition, via des agences d’intérim internationales basées en Europe (ETT).

      Censée répondre au besoin de main d’œuvre « temporaire » des exploitations agricoles françaises, la présence annuelle de ces travailleur-euses étranger-ères est en réalité une base invariable de l’agro-industrie intensive, prédatrice et exportatrice. En effet, ce statut de « travailleur saisonnier » ne décrit pas une réalité liée au cycle des saisons mais la nécessité capitaliste de réduire les coûts dans le cadre d’une production intensive sous serres et en plein champs. Cette fiction d’une temporalité saisonnière naturelle permet par contre au secteur de justifier une main-d’œuvre flexible, révocable à tout moment, moins chère et non informée de ses droits. Non-paiement des heures supplémentaires, logement indigne et harcèlement moral, physique et sexuel dans le cas des ouvrières, sont monnaie commune.

      La crise actuelle a mis en évidence l’invisibilité de ces travailleur-euses dans l’espace public et leur division dans les espaces privés des exploitations. La loi et l’imaginaire politique dominant en font une catégorie périphérique et marginalisée alors qu’ils occupent au contraire le cœur de la production et reproduction de notre société. Cette exclusion sociale est d’ailleurs redoublée par une ségrégation spatiale, puisqu’ils et elles sont souvent logé-es directement sur les exploitations ou dans des campings, loin des regards mais toujours disponibles pour l’employeur. Cela éloigne et complexifie l’organisation de réseaux de solidarité entre et avec ces travailleur-euses de l’ombre.

      Leur absence a créé un vide dans la filière logistique et agro-industrielle, conduisant dans un premier temps les employeurs agricoles et les pouvoirs publics à s’assurer de la disponibilité d’autres catégories de la population pour répondre à la demande des consommateurs et continuer à faire tourner la machine de l’agriculture intensive : ont été « volontairement » enrôlé-es les chômeur-euses, les étudiant-es, les demandeur-euses d’asile, les solidaires...

      De même, à l’heure où de nombreux pays européens mettent en place des ponts aériens pour acheminer des travailleur-euses dans les zones agricoles sous tension, la crise révèle à quel point la question sanitaire se révèle cruciale. En dépit des dangers sanitaires encourus habituellement dans le secteur (surexposition aux produits phytosanitaires, surcharge de travail, non-respect des règles de sécurité, absence de fourniture des équipements de protection), les travailleur-euses étranger-ères « temporaires » n’ont ni prévenance, ni prévoyance, ni assurance face aux risques de maladie, d’accident, de péril... dans les pays de mise à disposition. En outre, les risques de contracter le Covid-19 sont exacerbés par la promiscuité des espaces de travail et l’exiguïté des lieux résidentiels qui ne garantissent pas les distances spatiales de sécurité. L’urgence liée à la crise sanitaire et économique ne peut supplanter le respect des conditions de vie, d’accueil et de travail décent de ces travailleur-euses.

      Suivre la composition du travail agricole dans les prochains mois et ses effets au-delà de la pandémie permettra de comprendre, au croisement d’enjeux sociaux, économiques et géopolitiques, les éxigences de « libre » circulation des travailleur-euses pour assurer la « libre circulation » des marchandises dans le marché unique. Alors que la crise a mis en lumière la centralité structurelle et la performance, dans les circonstances actuelles, de ces travailleur-euses étranger-ères intra et extracommunautaires dans les agricultures européennes, comment faire pour que la parenthèse ouvre un champ de lutte réunissant premier-ères concerné-es, réseaux solidaires et acteur-rices du monde paysan ?

      #CODETRAS - Collectif de défense des travailleur-euses étranger-ères dans l’agriculture

      https://mars-infos.org/communique-collectif-de-defense-5051

  • #Dette_publique : #austérité avec #intérêts - #DATAGUEULE 96 - DataGueule
    https://peertube.datagueule.tv/videos/watch/a57b0b52-3bda-49b2-ae5c-365f0dc600c1


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    #Transition_écologique, lutte contre la #pauvreté, réforme des #retraites : il est une data qui permet de justifier toutes les inactions et les rigueurs... Mais c’est le chiffre de la dette publique, bien sûr ! Et parce que nous vivons soit disant au dessus de nos moyens, il nous faudrait nous soumettre aux créanciers et au chantage à l’austérité. Bien sûr. Pourtant, à bien y regarder c’est moins les dépenses publiques que les cadeaux fiscaux qui creusent notre dû. Alors, au fait, à qui profite la dette ?

    #traité_de_Maastricht #carmen_reinhart #kenneth_rogoff #isf #impôt #trésor_public #banque_centrale #Grèce #sécurité_sociale #fiscalité #pression_fiscale #propriété_privée #philosophie #expropriation #révolution_française #défaut_sur_la_dette #audit_de_la_dette #lutte_des_classes #flat_tax #dépenses_fiscales #niches_fiscales #inflation #responsabilité_politique

    Invité : Arthur Jatteau, MCF en économie et sociologie à l’université de Lille, membre des #économistes_atterrés

  • Les #forêts_publiques sous la menace d’une #privatisation rampante

    Alors que l’Office national des forêts (#ONF) assume des fonctions d’#intérêt_public majeures en ces temps de #réchauffement_climatique, le gouvernement organise méthodiquement son #asphyxie_financière et prépare une #réforme du #code_forestier. Des missions de police vont par exemple être confiées à des salariés sous statut privé.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/260220/les-forets-publiques-sous-la-menace-d-une-privatisation-rampante

    signalé par @isskein
    #en_marche #it_has_begun #France #macronisme

    ping @odilon

  • Trapped in Dublin

    ECRE’s study (https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2020/842813/EPRS_STU(2020)842813_EN.pdf) on the implementation of the Dublin Regulation III, has just been published by the Europpean Parliament Research Service which commissioned it.

    Drawing largely on statistics from the Asylum Information Database (AIDA) database, managed by ECRE and fed by national experts from across Europe, and on ongoing Dublin-related litigation, the study uses the European Commission’s own Better Regulation toolbox. The Better Regulation framework is designed to evaluate any piece of Regulation against the criteria of effectiveness, efficiency, relevance, coherence and EU added value.

    There are no surprises:

    Assessing the data shows that Dublin III is not effective legislation as it does not meet its own objectives of allowing rapid access to the procedure and ending multiple applications. The hierarchy of criteria it lays down is not fully respected. It appears inefficient – financial costs are significant and probably disproportionate. Notable are the large investments in transfers that do not happen and the inefficient sending of different people in different directions. The human costs of the system are considerable – people left in limbo, people forcibly transferred, the use of detention. The relevance and EU added value of the Regulation in its current form should be questioned. The coherence of the Dublin Regulation is weak in three ways: internal coherence is lacking due to the differing interpretations of key articles across the Member States+; coherence with the rest of the asylum acquis is not perfect; and coherence with fundamental rights is weak due to flaws in drafting and implementation.

    So far, so already well known.

    None of this is news: everybody knows that Dublin is flawed. Indeed, in this week’s hearing at the European Parliament, speaker after speaker stood up to condemn Dublin, including all the Member States present. Even the Member States that drove the Dublin system and whose interests it is supposed to serve (loosely known as the northern Member States), now condemn it openly: it is important to hear Germany argue in a public event that the responsibility sharing rules are unfair and that both trust among states and compliance across the Common European Asylum System is not possible without a fundamental reform of Dublin.

    More disturbing is the view from the persons subject to Dublin, with Shaza Alrihawi from the Global Refugee-led Network describing the depression and despair resulting from being left in limbo while EU countries use Dublin to divest themselves of responsibility. One of the main objectives of Dublin is to give rapid access to an asylum procedure but here was yet another case of someone ready to contribute and to move on with their life who was delayed by Dublin. It is no surprise that “to Dublin” has become a verb in many European languages – “dubliner” or “dublinare”, and a noun: “I Dublinati” – in all cases with a strong negative connotation, reflecting the fear that people understandably have of being “dublinated”.

    With this picture indicating an unsatisfactory situation, what happens now?

    Probably not much. While there is agreement that Dublin III is flawed there is profound disagreement on what should replace it. But the perpetual debate on alternatives to Dublin needs to continue. Dysfunctional legislation which fails the Commission’s own Better Regulation assessment on every score cannot be allowed to sit and fester.

    All jurisdictions have redundant and dysfunctional legislation on their statute books; within the EU legal order, Dublin III is not the only example. Nonetheless, the damage it does is profound so it requires attention. ECRE’s study concludes that the problems exist at the levels of design and implementation. As well as the unfair underlying principles, the design leaves too much room for policy choices on implementation – precisely the problem that regulations as legal instruments are supposed to avoid. Member States’ policy choices on implementation are currently (and perhaps forever) shaped by efforts to minimise responsibility. This means that a focus on implementation alone is not the answer; changes should cover design and implementation.

    The starting point for reform has to be a fundamental overhaul, tackling the responsibility allocation principles. While the original Dublin IV proposal did not do this, there are multiple alternatives, including the European Parliament’s response to Dublin IV and the Commission’s own alternatives developed but not launched in 2016 and before.

    Of course, Dublin IV also had the other flaws, including introducing inadmissibility procedures pre-Dublin and reduction of standards in other ways. Moving forward now means it is necessary to de-link procedural changes and the responsibility-sharing piece.

    Unfortunately, the negotiations, especially between the Member States, are currently stuck in a cul-de-sac that focuses on exactly this kind of unwelcome deal. The discussion can be over-simplified as follows: “WE will offer you some ‘solidarity’ – possibly even a reform of Dublin – but only if, in exchange, YOU agree to manage mandatory or expanded border procedures of some description”. These might be expanded use of current optional asylum procedures at the border; it might be other types of rapid procedures or processes to make decisions about people arriving at or transferred to borders. In any case, the effect on the access to asylum and people’s rights will be highly detrimental, as ECRE has described at length. But they also won’t be acceptable to the “you” in this scenario, the Member States at the external borders.

    There is no logical or legal reason to link the procedural piece and responsibility allocation so closely. And why link responsibility allocation and procedures and not responsibility allocation and reception, for instance? Or responsibility allocation and national/EU resources? This derives from the intrusion of a different agenda: the disproportionate focus on onward movement, also known as (the) “secondary” movement (obsession).

    If responsibility allocation is unfair, then it should be reformed in and of itself, not in exchange for something. The cry will then go out that it is not fair because the MS perceived to “benefit” from the reform will get something for nothing. Well no: any reform could – and should – be accompanied with strict insistence on compliance with the rest of the asylum acquis. The well-documented implementation gaps at the levels of reception, registration, decision-making and procedural guarantees should be priority.

    Recent remarks by Commissioner Schinas (https://euobserver.com/migration/147511) present nothing new and among many uncertainties concerning the fate of the 2016 reforms is whether or not a “package approach” will be maintained by either or both the co-legislators – and whether indeed that is desirable. One bad scenario is that everything is reformed except Dublin. There are provisional inter-institutional agreements on five files, with the Commission suggesting that they move forward. ECRE’s view is that the changes contained in the agreements on these files would reduce protection standards and not add value; other assessments are that protection standards have been improved. Either way, there are strong voices in both the EP and among the MS who don’t want to go ahead without an agreement on Dublin. Which is not wrong – allocation of responsibility is essential in a partially harmonised system: with common legal provisions but without centralised decision-making, responsibility allocation is the gateway to access rights and obligations flowing from the other pieces of legislation. Thus, to pass other reforms without tackling Dublin seems rather pointless.

    While certainly not the best option, the best bet (if one had to place money on something) would be that nothing changes for the core legislation of the CEAS. For that reason, ECRE’s study also lists extensive recommendations for rights-based compliance with Dublin III.

    For example, effectiveness would be improved through better respect for the hierarchy of responsibility criteria, the letter of the law: prioritise family unity through policy choices, better practice on evidential standards, and greater use of Articles 16 and 17. Minimise the focus on transfers based on take-back requests, especially when they are doomed to fail. To know from the start that a transfer is doomed to fail yet to persist with it is an example of a particularly inhumane political dysfunction. Effectiveness also requires better reporting to deal with the multiple information gaps identified, and clarity on key provisions, including through guidance from the Commission.

    Solidarity among Member States could be fostered through use of Article 33 in challenging situations, which allows for preventive actions by the Commission and by Member States, and along with the Temporary Protection Directive, provides better options than some of the new contingency plans under discussion. The use of Article 17, 1 and 2, provides a legal basis for the temporary responsibility-sharing mechanisms which are needed in the absence of deeper reform.

    In perhaps the most crucial area, fundamental rights compliance could be significantly improved: avoid coercive transfers; implement CJEU and ECtHR jurisprudence on reasons for suspension of transfers – there is no need to show systemic deficiencies (CK, Jawo); make a policy decision to suspend transfers to the EU countries where conditions are not adequate and human rights violations are commonplace, rather than waiting for the courts to block the transfer. Resources and political attention could focus on the rights currently neglected: the right to family life, the best interests of the child, right to information, alternatives to detention. Evaluating implementation should be done against the Charter of Fundamental Rights and should always include the people directly affected.

    Even with flawed legislation, there are decisions on policy and resource allocation to be made that could make for better compliance and, in this case, compliance in a way that generates less suffering.

    https://www.ecre.org/weekly-editorial-trapped-in-dublin

    #asile #migrations #réfugiés #Dublin #Dublin_III #Better_Regulation #efficacité #demandes_multiples (le fameux #shopping_de_l'asile) #accélération_des_procédures #coût #transferts_Dublin #renvois_Dublin #coûts_humains #rétention #limbe #détention_administrative #renvois_forcés #cohérence #droits_humains #dépression #désespoir #santé_mentale #responsabilité #Dublin_IV #procédure_d'asile #frontières #frontière #mouvements_secondaires #unité_familiale #inhumanité #solidarité #Temporary_Protection_Directive #protection_temporaire #droits #intérêt_supérieur_de_l'enfant

    –—

    Commentaire de Aldo Brina à qui je fais aveuglement confiance :

    Les éditos de #Catherine_Woollard, secrétaire générale de l’#ECRE, sont souvent bons… mais celui-ci, qui porte sur Dublin, gagne à être lu et largement diffusé

    ping @karine4 @isskein

    • #Résolution du Parlement européen du 17 décembre 2020 sur la mise en œuvre du règlement #Dublin_III (2019/2206(INI))

      Extrait :

      Les procédures de transfert ont fortement augmenté en 2016-2017 et génèrent des coûts humains, matériels et financiers considérables ; déplore toutefois que les transferts n’aient été effectués que dans 11 % des cas, ce qui aggrave encore la surcharge souvent importante des régimes d’asile et confirme le manque d’efficacité du règlement ; juge essentiels les efforts visant à garantir l’accès à l’information et des procédures rapides pour le regroupement familial et les transferts de demandeurs d’asile

      https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2020-0361_FR.html

      #statistiques #chiffres

  • Les privatisations de l’éducation

    Les processus de privatisation « en » éducation et « de » l’éducation concernent désormais la plupart des pays du monde.
    Dans un contexte de #mondialisation et d’#internationalisation accrues des systèmes éducatifs, la mise en œuvre, ces dernières décennies, de mesures spécifiques de privatisation, le développement d’un #secteur_marchand de l’éducation, mais aussi des évolutions sociétales de fond concernant les notions d’#individualisme et d’individu interrogent d’une nouvelle manière les enjeux liés aux privatisations.
    La promotion des #intérêts_privés est-elle compatible avec un processus d’éducation ? Induit-elle irrémédiablement, par exemple, une conception utilitariste de l’éducation ? Quel est son impact sur les nouvelles générations et leur capacité à faire société ? Finalement, les privatisations en cours de l’éducation en changent-elles la nature ou ne s’agit-il que d’une différence de modalité d’organisation ou de gouvernance ?
    Pour répondre à ces questions, ce dossier rassemble les contributions de treize chercheurs en éducation, spécialistes mondiaux réputés ou auteurs d’enquêtes pionnières dans leur domaine, dont les travaux permettent d’envisager une grande diversité de cas (#Angleterre, #Chili, #Côte_d’Ivoire, #États-Unis, #France, #Inde, #Suède). Il met également en évidence des problématiques transversales à de nombreux pays, comme le développement du #soutien_scolaire_privé en Asie ou les stratégies mises en œuvre par des entreprises privées pour influencer les #politiques_éducatives.
    Quelle que soit la définition retenue, tous les auteurs soulignent la croissance sans précédent de la privatisation ces dernières années. Illustrer cette diversité est l’un des objectifs majeurs de ce dossier qui donne à voir trois principales formes de privatisation, non exclusives et clairement liées les unes aux autres : une privatisation par le biais de politiques publiques spécifiques, une privatisation par le marché et une privatisation par une prise en compte croissante d’aspirations et d’intérêts individuels privés.

    https://journals.openedition.org/ries/8837
    #privatisation #revue #éducation #utilitarisme #USA #Etats-Unis

    • L’Ecole peut-elle échapper à sa privatisation ?

      « C’est une lame de fond qui est à l’oeuvre ». La formule de Xavier Pons (UPEC), dans le nouveau numéro (82) de la Revue internationale d’éducation, montre la puissance d’un phénomène mondial. La privatisation de l’enseignement peut prendre des formes variées, endogène ou exogène, avouée ou masquée, systématique ou très localisée, elle est à l’oeuvre partout. Elle pose plusieurs défis. Celui de la qualité de l’enseignement, car dans de nombreux pays elle entraine son déclin. Et un fort enjeu politique et social : comment des systèmes éducatifs privés peuvent ils transmettre des valeurs communes et encourager le commun ? Ce numéro, dirigé par Xavier Pons et Thierry Chevaillier, particulièrement réussi, visite 8 pays : le Chili, les Etats-Unis, la Suède, la Côte d’ivoire, l’Inde, la Chine, l’Angleterre, sans oublier la France. Tous sont touchés. La privatisation c’est l’avenir de l’Ecole ?

      Une privatisation exogène

      Si la privatisation est à l’oeuvre dans les systèmes scolaires du monde entier, force est de constater qu’elle prend des formes bien différentes. Peut-être est en Suède ou en Angleterre qu’elle s’affiche de la façon la plus visible. En Suède le système éducatif a été totalement dérégulé dans les années 1990. L’Etat a autorisé les écoles privées, y compris lucratives, et les a financées grâce à un système de chèque éducation, les familles ayant la possibilité de choisir leur école. Aujourd’hui un jeune sur quatre est dans une école privée. Le fort développement de ce secteur a attiré des grands groupes privés et du capital risque. 68% des établissements privés sont des sociétés par action. Tous ces changements se sont faits petit pas après petit pas, au nom de la liberté des familles, par choix politique.

      En Angleterre, selon Anne West, l’Etat a autorisé des « academies », c’est à dire des écoles publiques gérées par des organismes privés, d’abord pour relever le niveau d’établissements publics populaires. Aujourd’hui une école primaire sur trois et 3 établissements secondaires sur 4 sont des academies ou des free schools, un autre type d’école privée. Dans des comtés entiers l’éducation a pu être confiée à des sociétés privées comme Atkins Education dans le comté de Southwark. On a là des privatisations exogènes, le secteur privé entrant dans le secteur public et y réalisant des profits.

      Quand les idées du privé pénètrent l’Ecole

      Il y a aussi des formes endogènes où ce sont les idées , les pratiques du privé qui s’imposent dans le public. C’ets ce qu’on voit avec le New Public Management. Il a déjà pénétré la plupart des pays développés. Nous vivons en ce moment en France une ultime tentative pour le faire accepter à travers le « nouveau métier enseignant » et les nouvelles formes de gestion passées dans la loi de transformation de la fonction publique. Le nouveau plan pour l’éducation adopté en Wallonie (Belgique) préfigure ce qui attend la France : il rend les écoles responsables des résultats des élèves et prévoit des sanctions si les objectifs évalués ne sont pas atteints.

      La privatisation des esprits

      Il y a aussi des formes plus masquées de la privatisation. C’est le cas du développement du soutien scolaire privé ou encore du développement d’une offre parallèle à l’école d’Etat justifiée par des raisons idéologiques ou la recherche d’une autre pédagogie. C’est aussi le développement de l’école à la maison. Là aussi ce développement s’appuie sur une tendance de fond de la société : l’individualisation.

      La privatisation peut aussi progresser en passant par l’expérimentation ou le soutien social, rappelle X Pons. Il donne en exemple Teach for France, devenu Le choix de l’école. Ce programme américain, soutenu en France par l’Institut Montaigne et l’Education nationale, utilise des élèves des grandes écoles pour les envoyer dans les classes de quartiers populaires comme contractuels. « Au nom de cela on promeut une autre vision de la carrière des enseignants et de leur gestion. C’est une stratégie des acteurs privés de passer par là pour avoir un effet d’entrainement sur le système éducatif ».

      Quelles conséquences ?

      Quelles conséquences peut avoir cette privatisation ? La Revue de Sèvres cite la baisse des résultats scolaires en Suède. Mais une récente livraison de l’OCDE montre que c’est aussi le cas au Chili, autre pays phare, ou encore en Finlande, en Australie, aux Pays Bas et Belgique, tous pays marqués par le New Public Management. La recherche du profit amène les entreprises scolaires a faire travailler des proportions croissantes de maitres peu formés et moins onéreux. Là où le privé est très installé les effets peuvent être plus graves sur les élèves pauvres. Par exemple en Angleterre des écoles non rentables sont fermées par leurs exploitants privés les laissant sans solution de scolarisation.

      Les enseignants sont aussi dans les premières victimes. Pour assurer la rentabilité de la privatisation, on va exiger davantage d’eux pour des rémunérations plus faibles. Les plus expérimentés sont remplacés par des contractuels.

      Mais la privatisation menace aussi les communs. Elle encourage la fragmentation de la société. Les groupes privés, associatifs ou marchands, colportent des valeurs qui peuvent s’opposer aux valeurs collectives. La Revue en donne des exemples saisissants en Inde, par exemple. La privatisation devient ainsi un enjeu politique majeur.

      Mais comment la controler ou l’éradiquer ? La Revue montre que la privatisation s’accompagne du passage dans l’ombre de la gestion de l’école ce qui rend les politiques de controle plus difficiles. « Je crois à la vertu de l’exemple », estime cependant Xavier Pons. « Dans les études d’opinion les Français sont pour le libre choix de l’Ecole à 72% et même 85% dans les quartiers défavorisés. Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions ». Le meilleur barrage à la privatisation serait -il éthique ?

      http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/02/06022020Article637165711505818185.aspx?actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkN

  • Crise, choix et priorités
    https://www.lecommercedulevant.com/article/29579-crise-choix-et-priorites

    Par #Charbel_Nahas

    En arabe le mot crise, “azma”, signifie morsure violente, insupportable, et suggère l’impossibilité d’attendre et l’obligation de réagir. Dans les langues européennes, la crise est le moment du choix, qui conduit soit à la guérison, soit à la mort. Tout le monde semble convenir que le #Liban est en crise. Mais de quelle crise s’agit-il ?

    Il y a une crise dans la rue : l’explosion de la colère populaire est persistante depuis le 17 octobre. Il y a une crise financière qui s’amplifie tous les jours, les banques, sans l’avouer, ne peuvent plus honorer les échéances de leurs déposants, ni financer les importations et l’économie.

    Il y a une crise du système politique : les chefs communautaires ne peuvent plus constituer un gouvernement d’“union nationale” suivant les règles de leur jeu et ont dû se cacher derrière un soi-disant cabinet de technocrates, sans projet politique.

    Il y a aussi une crise du modèle social : le #communautarisme reste la règle, freinant la libération du débat politique et faisant peser la menace de la #violence.

    Ces quatre crises se manifestent toutes ensemble. Leur coïncidence serait-elle fortuite ? Ou bien y a-t-il des liens de causalité entre elles, qui imposent de hiérarchiser leur traitement conjoint ?

    Certains se sont appliqués à proposer des causalités aberrantes (comme si les manifestations avaient provoqué la crise financière) ou à invoquer des actions externes (comme s’il n’y avait jamais eu d’interventions extérieures).

    La réalité est plus simple, mais non moins inquiétante : les crises ne sont pas perçues au moment de leur occurrence effective, mais décalées, et se manifestent dans des télescopages, comme celui que nous vivons actuellement. Le décalage est d’autant plus long que les enjeux de la crise sont graves et ses causes profondes.

    Si le soulèvement populaire dure depuis trois mois, la crise financière était déjà là depuis au moins 2016, sans quoi les fameuses “ingénieries” n’auraient pas eu lieu. Le modèle politique instauré après la guerre était en échec depuis 1996-97 du fait de l’effondrement des paris sur le “processus de paix” et sur la reconstruction par la #dette qui le sous-tendaient ; sinon les chocs de 1998, de 2000 et de 2004 n’auraient pas eu lieu. Ce modèle politique est lui-même le produit des transformations sociales du tournant des années 1960-70 qui, n’ayant pas été prises en compte (se souvenir de la lettre de renonciation de Fouad Chéhab en 1970), ont occasionné la guerre civile et produit l’arrangement de Taëf.

    Sans aller jusqu’à exiger que “gouverner, ce soit prévoir”, les Libanais sont en droit d’attendre que ce soit, plus humblement, de constater et de reconnaître.

    La fameuse “#résilience

    La question centrale devient celle du temps, du rapport au temps. C’est cet effet de décalage que certains thuriféraires ont appelé “résilience” et ont rattaché à un prétendu “exceptionnalisme libanais”.

    Pour que les crises aient pu être esquivées, reportées, il a fallu un mélange de trois ingrédients : des faits du hasard, une habileté et une ruse certaines, et surtout un fatalisme de la société qui s’est laissé transformer en variable d’ajustement du système.

    Deux faits inespérés d’abord : l’annonce de l’invasion américaine de l’Irak en 2001-2002 qui a rassemblé dans la même crainte Français, Saoudiens et Syriens, et qui a permis la tenue de la conférence de Paris II ; puis, à partir de 2006, la montée des prix du pétrole qui a fait se déverser sur le Liban un flux de dollars considérable.

    La ruse et l’habileté, mais aussi l’appétit pour les gains à court terme ont conduit à ériger une gigantesque pyramide de Ponzi et à créer une illusion monétaire sophistiquée : le dollar libanais. Une devise qui n’a pas de cours vis-à-vis des autres devises, et qui tient au mirage longtemps entretenu qu’un dollar libanais est un dollar américain, qui n’a pas d’institut d’émission, mais qui peut être détenu en réserve nominale de valeur par la Banque centrale et par les déposants, et qui se multiplie par les effets de crédit.

    Enfin, ces #illusions n’auraient pas pu se déployer sans le fatalisme que la guerre, puis la domination des chefs de guerre ont imposé à l’ensemble de la population le sentiment de vivre en sursis. Dès lors le fait de repousser les échéances devient un objectif en soi.

    Prouesse ou tragédie

    Ces prouesses ont eu un coût effroyable. Un coût financier bien sûr. Les agrégats financiers ont atteint des niveaux inouis : les emplois domestiques des banques représentent cinq fois le PIB, les #intérêts perçus par les créanciers atteignent la moitié du PIB et la dette publique, incluant le passif net de la BDL, deux fois le PIB.

    Un coût économique aussi. Les prix domestiques ont augmenté de près de 200 % par rapport aux prix internationaux comparés à leurs niveaux historiques respectifs, les exportations de biens et de services se sont étiolées, le déficit des opérations courantes est devenu structurel, atteignant 25 % du PIB, le pays est devenu otage de l’attraction permanente de capitaux extérieurs.

    Un coût social surtout. L’émigration draine la moitié des effectifs de chaque cohorte d’âge, les travailleurs immigrés et les réfugiés représentent près de la moitié de la population active hors secteur public, les Libanais #pauvres se retrouvent aux mains des patrons clientélistes, les modes de comportement ont aussi été profondément affectés, la société est devenue anomique, prise entre #prédation et #ostentation, violence et #fatalisme.

    Face au séisme, le déni a d’abord prédominé. Il ne pouvait durer indéfiniment. Depuis quelques semaines, certains “politiques” se plaisent à jouer les opposants, essayant de fuir leurs responsabilités. D’autres se cachent derrière les “technocrates indépendants” du gouvernement de Hassane Diab, avec l’ambition de retarder l’effondrement inéluctable, non sans espérer un miracle.

    Dans ce jeu, les “technocrates” et “#experts” ne sont pas en reste. Ce sont en général ceux-là mêmes qui défendaient le système, restreignant leurs critiques à la dénonciation facile de la “#corruption”. Ils se reconfigurent habilement pour adapter leurs offres aux groupes d’intérêts en place ou, plus astucieusement, aux groupes d’intérêts dont l’entrée en scène est attendue (FMI, fonds d’investissement, repreneurs d’actifs divers, etc.). Ils ont en commun de restreindre leurs propositions au volet financier.

    La politique et les priorités

    Or la crise et les choix auxquels le Liban est confronté sont éminemment politiques.

    Pour le pouvoir encore en place, les priorités se déclinent comme suit : pas de défaut de l’État sur sa dette en devises, pas de faillite formelle des banques, pas de décrochage “formel” (et factice) du taux de change et le maintien de l’approvisionnement minimal en denrées de base (blé, carburants et médicaments).

    Cette séquence répond au souci majeur de gagner un sursis et fait payer à la société un coût exorbitant.

    L’alternative que propose le mouvement “Citoyens et citoyennes dans un État” consiste à inverser les priorités : assurer la cohésion sociale et lutter contre l’émigration, conduire la transition économique, restructurer les créances et allouer les pertes, bien réelles, de la manière la plus juste possible.

    Il n’est pas vrai que tout le monde serait d’accord sur le “programme des réformes”, et cela pour une raison simple : parce qu’il ne s’agit pas de problèmes techniques. Tout projet politique exprime des choix de société. Veiller à ce qu’une émigration massive et qu’un effondrement des institutions et des entreprises susceptibles de générer des emplois ne handicapent la société pour plusieurs générations qui doit figurer en tête des objectifs. Dès lors, tous les aspects financiers ne relèvent que de considérations de moyens.

  • La piste américaine se confirme pour la cession d’actifs de défense sensibles | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/la-piste-americaine-se-confirme-pour-la-cession-dactifs-de-defense-sensible

    De sources concordantes, au moins trois industriels américains sont sur les rangs pour prendre le contrôle de Photonis, leader mondial de la vision nocturne. Safran et Thales ont décliné l’appel des pouvoirs publics à candidater. Dans un courrier adressé aux députés inquiets de cette cession et de celle de Latécoère, le Premier ministre s’en remet à l’examen par Bercy.

    L’alerte lancée auprès du Premier ministre par les députés afin de maintenir sous bannière tricolore des actifs du secteur de la défense qu’ils jugent stratégiques, n’a pas, à ce stade, été suivie d’effet.

    Mais l’Etat poursuit aussi « des objectifs ambitieux en matière d’attractivité de notre économie auprès des investisseurs étrangers », a-t-il écrit. Le Premier ministre renvoie au « suivi particulièrement attentif » mené par Bercy dans le cadre du contrôle des investissements étrangers en France, durci par un nouveau décret . « Les pouvoirs d’injonction et de sanction du ministre chargé de l’économie ont été renforcés tout en améliorant la transparence du contrôle », promet-il.

    #économie #défense #intérêts_stratégiques

  • #Retraites : le #Conseil_d'Etat étrille le #gouvernement

    Manque de « précision », projections économiques « lacunaires »... Dans son #avis rendu public ce vendredi, la plus haute juridiction administrative estime en outre ne pas avoir eu « les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la #sécurité_juridique ».

    Voilà qui ne va pas arranger les affaires du gouvernement. A peine a-t-il fait adopter ce vendredi en Conseil des ministres ses deux projets de loi destinés à créer un régime universel de retraite par points que le Conseil d’Etat, dans son avis (https://www.conseil-etat.fr/ressources/avis-aux-pouvoirs-publics/derniers-avis-publies/avis-sur-un-projet-de-loi-organique-et-un-projet-de-loi-instituant-un-s) publié ce même jour dézingue la manière dont l’exécutif a bouclé ces deux textes qui doivent être examinés à partir du 3 février à l’Assemblée nationale. La majorité comptait dans les prochains jours s’appuyer sur l’imposante étude d’impact (plus de 1000 pages : https://www.liberation.fr/france/2020/01/24/travailler-plus-le-credo-social-douteux-du-gouvernement_1775134) pour enfin apporter des chiffres et convaincre du caractère « massivement redistributif » de cette réforme, elle va devoir, ces prochains jours, répondre aux mises en garde de la plus haute instance administrative française, pourtant peu connue pour sa rébellion…

    Cette fameuse « #étude_d’impact » ? Elle est jugée « insuffisante » pour « certaines dispositions », ne répondant pas « aux exigences générales d’#objectivité et de #sincérité » et manquant de « précision », pour notamment – et ce n’est pas rien – « vérifier que cette réforme est financièrement soutenable ». « Le Conseil d’Etat constate que les #projections_financières ainsi transmises restent lacunaires et que, dans certains cas, cette étude reste en deçà de ce qu’elle devrait être », peut-on lire dès les premières pages de l’avis. Et les conseillers de poursuivre : « Il incombe au gouvernement de l’améliorer encore avant le dépôt du #projet_de_loi au Parlement, poursuivent les magistrats, en particulier sur les différences qu’entraînent les changements législatifs sur la situation individuelle des assurés et des employeurs, l’impact de l’âge moyen plus avancé de départ à la retraite […] sur le taux d’emploi des seniors, les dépenses d’assurance-chômage et celles liées aux minima sociaux ». Rien que ça.

    Soufflante

    Par ailleurs, si les juristes se félicitent des longues « concertations » menées depuis le printemps 2018, ils regrettent l’« #urgence » des avis demandés aux différents organismes compétents en la matière et se couvrent en cas d’#inconstitutionnalité du texte. Selon eux, l’empressement du gouvernement à vouloir leur avis en trois semaines pour présenter ces projets de loi en Conseil des ministres cette semaine, ainsi que les nombreux ajouts en cours de route n’ont « pas mis à même (le Conseil d’Etat) de mener sa mission avec la sérénité et les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la sécurité juridique de l’examen auquel il a procédé ». « Cette situation est d’autant plus regrettable, poursuivent-ils, que les projets de loi procèdent à une réforme du système de retraite inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du #contrat_social ». En langage juridique, c’est bel et bien une soufflante.

    Le Conseil d’Etat torpille au passage le #slogan_présidentiel (« chaque euro cotisé ouvre les mêmes droits pour tous ») : cet « objectif […] reflète imparfaitement la complexité et la diversité des #règles_de_cotisation ou d’ouverture de #droits définies par le projet de loi ». Il doute également de la « #lisibilité » revendiquée par le gouvernement puisque « le choix d’une détermination annuelle de chacun des paramètres du système […] aura pour conséquence de limiter la #visibilité des assurés proches de la retraite sur les règles qui leur seront applicables ». Enfin, il raye carrément l’engagement que comptait prendre le gouvernement dans ce texte d’une promesse de #revalorisations des #enseignants et des #chercheurs pour qu’ils ne figurent pas dans le camp des perdants de cette réforme. « Sauf à être regardées, par leur imprécision, comme dépourvues de toute valeur normative, ces dispositions (sont) contraires à la #Constitution ». Au revoir…

    « Le projet de loi ne crée pas un régime universel »

    Autre risque constitutionnel : le trop-plein d’#ordonnances (29 en tout). « S’en remettre » à un tel instrument pour définir des « éléments structurants du nouveau système de retraite fait perdre la visibilité d’ensemble qui est nécessaire à l’appréciation des conséquences de la réforme », disent les juges. Plus embêtant encore pour le gouvernement, l’institution bat en brèche l’idée d’un grand soir de l’#universalité : « Le projet de loi ne crée pas un "#régime_universel de retraite" qui serait caractérisé, comme tout régime de #sécurité_sociale, par un ensemble constitué d’une population éligible unique, de règles uniformes et d’une caisse unique ». Aïe… Si le gouvernement crée bien le même système pour les salariés du public et du privé, il maintient à l’intérieur « cinq #régimes » (salariés ; fonctionnaires, magistrats et militaires ; salariés agricoles ; non-salariés agricoles ; marins) et « à l’intérieur de chacun de ces régimes créés ou maintenus », il met en place des « #règles_dérogatoires à celles du système universel ».

    L’exécutif va donc devoir bien mieux « justifier » pourquoi il garde ces « #différences_de_traitement […] entre assurés relevant du système universel de retraite et rattachés, le cas échéant, à des régimes distincts ». En tout cas, les navigants aériens qui pensaient avoir sauvé leur caisse complémentaire pour financer des départs anticipés sont rattrapés par le #principe_d’égalité : elle « serait ainsi la seule à bénéficier d’une compensation apportée par les ressources du système universel afin de financer à l’avenir des avantages de retraites propres », fait remarquer le Conseil pour qui « aucune différence de situation ni aucun motif d’#intérêt_général ne justifi(e) une telle #différence_de_traitement ». Conclusion : « Elle ne peut être maintenue dans le projet de loi. »

    Le gouvernement pourra néanmoins se rassurer en se disant que le nouvel « #âge_d’équilibre » qu’il compte instituer, le fonctionnement « en #points » proposé, les durées de transitions définies, la fin des régimes spéciaux, les droits familiaux, les mécanismes de réversion ou encore les compétences offertes à la future « gouvernance » dirigée par les partenaires sociaux devraient – sauf surprises – passer sans problème le cut du #Conseil_constitutionnel. A condition de résister aux oppositions parlementaires qui, elles, vont se nourrir des arguments du Conseil d’Etat pour réclamer un report ou l’abandon de cette réforme.

    https://www.liberation.fr/france/2020/01/25/retraites-le-conseil-d-etat-etrille-le-gouvernement_1775182
    #retraite #constitutionnalité #justice

  • Jacques Rancière : « Les puissants ne veulent plus d’une retraite qui soit le produit d’une solidarité collective »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/23/jacques-ranciere-les-puissants-ne-veulent-plus-d-une-retraite-qui-soit-le-pr

    « Le Monde » publie la déclaration du philosophe, prononcée le 16 janvier 2020 devant les cheminots grévistes de la gare de Vaugirard.

    Tribune. Si je suis là aujourd’hui, c’est, bien sûr, pour affirmer un soutien total à une lutte exemplaire, mais aussi pour dire en quelques mots pourquoi elle me semble exemplaire.

    J’ai passé un certain nombre d’années de ma vie à étudier l’histoire du mouvement ouvrier et ça m’a montré une chose essentielle : ce qu’on appelle les acquis sociaux, c’est bien plus que des avantages acquis par des groupes particuliers, c’était l’organisation d’un monde collectif régi par la solidarité.

    Qu’est-ce que c’est que ce régime spécial des cheminots qu’on nous présente comme un privilège archaïque ? C’était un élément d’une organisation d’un monde commun où les choses essentielles pour la vie de tous devaient être la propriété de tous. Les chemins de fer, cela appartenait à la collectivité. Et cette possession collective, elle était gérée aussi par une collectivité de travailleurs qui se sentaient engagés vis-à-vis de cette communauté ; des travailleurs pour qui la retraite de chacun était le produit de la solidarité d’un collectif concret.

    Démolir pièce à pièce
    C’est cette réalité concrète du collectif solidaire dont les puissants de notre monde ne veulent plus. C’est cet édifice qu’ils ont entrepris de démolir pièce à pièce. Ce qu’ils veulent, c’est qu’il n’y ait plus de propriété collective, plus de collectifs de travailleurs, plus de solidarité qui parte d’en bas. Ils veulent qu’il n’y ait plus que des individus, possédant leur force de travail comme un petit capital qu’on fait fructifier en le louant à des plus gros. Des individus qui, en se vendant au jour le jour, accumulent pour eux-mêmes et seulement pour eux-mêmes des points, en attendant un avenir où les retraites ne seront plus fondées sur le travail mais sur le capital, c’est-à-dire sur l’exploitation et l’autoexploitation.

    C’est pour ça que la réforme des retraites est pour eux si décisive, que c’est beaucoup plus qu’une question concrète de financement. C’est une question de principe. La retraite, c’est comment du temps de travail produit du temps de vie et comment chacun de nous est lié à un monde collectif. Toute la question est de savoir ce qui opère ce lien : la solidarité ou l’intérêt privé. Démolir le système des retraites fondé sur la lutte collective et l’organisation solidaire, c’est pour nos gouvernants la victoire décisive. Deux fois déjà ils ont lancé toutes leurs forces dans cette bataille et ils ont perdu. Il faut tout faire aujourd’hui pour qu’ils perdent une troisième fois et que ça leur fasse passer définitivement le goût de cette bataille.

    #paywall :-(

  • Manif monstre pour le #climat : des #intérêts trop divergents nuisent à la #lutte
    https://theconversation.com/manif-monstre-pour-le-climat-des-interets-trop-divergents-nuisent-a

    Le seul clivage partisan qui existe sépare les climato-sceptiques et les autres, renvoyant les « autres » à une masse indistincte sur le plan politique. Leurs démarcations politiques ne sont pas audibles. Si elles l’étaient, les débats se joueraient aussi sur le rapport à l’économie libérale capitaliste et la #justice sociale. On verrait alors apparaître des différences fondamentales entre le groupe des « autres », qui s’opposerait sur leur conception de ce que devrait être notre #économie pour répondre aux enjeux du climat, sur l’#intervention attendue (ou non) de l’#État, sur la prise en compte des #inégalités face aux changements climatiques.

    #capitalisme

  • La #démocratie, avec ou sans frontière - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/La-democratie-avec-ou-sans-frontiere.html

    Un État peut-il exclure au nom du bien commun ? Qu’est-ce qui légitime la définition des frontières et de l’appartenance ? Dans ce livre de théorie politique, B. Boudou défend une approche pragmatiste, démocratique et mouvante de la frontière : seuls les intérêts partagés délimitent la communauté.

    #frontières

  • La ribellione silenziosa e composta della Guardia Costiera italiana contro Salvini

    Dio strabenedica la “#Gregoretti”. Dio strabenedica l’ammiraglio #Pettorino. Dio strabenedica i suoi alti ufficiali, in divisa bianca. E i suoi uomini, servitori dello Stato, che si fanno soldati della Costituzione e della legge del mare salvando 141 vite e finendo “sequestrati” solo per questo gesto.

    C’è qualcosa di scandaloso, nell’atto persecutorio che per la terza volta colpisce la #Guardia_Costiera, e c’è qualcosa di eroico nella fermezza silenziosa e composta con cui gli uomini di Pettorino reagiscono: senza fare polemica, ma senza deflettere di un millimetro dalla loro missione.

    I fatti sono noti: il Viminale nega lo sbarco a Lampedusa alla “Gregoretti” (questa onomastica sarebbe piaciuta all’omonimo Ugo), lo nega anche alla nave della Guardia costiera italiana che ha accolto a bordo i migranti soccorsi giovedì 25 luglio dal peschereccio «#Accursio_Giarratano» a cinquanta miglia da Malta.

    E ovviamente il capitano (di latta) Matteo Salvini ha parlato: «Ho dato disposizione – dice il ministro dell’Interno aprendo così un nuovo caso Diciotti – che non le venga assegnato nessun porto prima che ci sia sulla carta una redistribuzione in tutta Europa dei migranti a bordo».

    Quindi gli uomini della Guardia Costiera sono di nuovo sotto ricatto, di nuovo bloccati e inibiti a sbarcare. Solo che questa volta non ci sono alibi, veri o fittizi: non si tratta dei “pirati ai caraibi”, o delle fantomatiche “Ong criminali”, dei mostruosi “taxi del mare”, ma di un corpo dello Stato, una nave della Marina che batte bandiera italiana e risponde agli ordini di un ministro del governo. Salvini – quindi – il nuovo “caso Diciotti” non lo sta evitando, lo sta creando.

    Adesso – dunque – la contesa sul diritto al salvataggio in mare e sull’individuazione dell’approdo nel porto più sicuro coinvolge anche le imbarcazioni della nostra Guardia costiera, in questo caso la «Gregoretti», bloccata al largo coi migranti salvati a bordo.

    Il comandante del peschereccio di Sciacca, in provincia di Agrigento, ci ha raccontato una storia semplice e terribile: lui che raccoglie i naufraghi, Malta che non risponde all’sos (vergogna). E lui, per salvare quelle vite, chiede il soccorso del suo paese, come era ovvio e inevitabile. Una nave italiana, secondo la legge, è già Italia.

    Sulla strada del ritorno verso Lampedusa, dopo il diktat di Salvini, lo scenario diventa surreale: da una parte il Viminale, dall’altra i nostri militari.

    Fonti del Ministero dicono che della vicenda è stata investita la Commissione europea, con l’obiettivo di allargare e condividere il ricollocamento (cosa giusta) ma questo non può essere un alibi. Una nave di un corpo dello Stato non può essere sequestrata da un altro corpo dello Stato. Gli uomini dell’Ammiraglio Pettorino non sono lì per divertirsi, o anche per una lodevole missione umanitaria. Sono lì perché eseguono ordini: pensare di poterli mettere in quarantena è una vergogna.

    Dice ancora Salvini: «Nessuno sbarcherà finché non ci sarà nome, cognome e indirizzo dei Paesi che ospiteranno i migranti: fidarsi è bene, ma io faccio come San Tommaso».

    Solo che adesso una voce deve levarsi. La vicenda riguarda anche il ministro dei Trasporti M5S #Danilo_Toninelli, che formalmente guida ed è responsabile della Guardia Costiera. È lui che deve tutelare gli uomini di chi ha la responsabilità. Il M5s non può pensare di recuperare un voto finché alcuni dei suoi ministri, che occupano posti di responsabilità cruciale, latitano o tacciono quando vengono chiamato in causa. Toninelli deve capire che se non vuole sembrare un ministro “commissariato” deve far sentire la sua voce. Oppure certificare con questo silenzio sulla Gregoretti la sua non responsabilità. E quindi dimettersi.

    https://www.tpi.it/2019/07/27/migranti-guardia-costiera-salvini-gregoretti
    #gardes-côtes #Italie #résistance #Salvini #décret_Salvini #Decreto_Salvini #sauvetage #Méditerranée #asile #migrations #réfugiés

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    https://seenthis.net/messages/739545#message766817

    • Italy’s Salvini faces new trial risk for holding migrants on ship

      A special tribunal has recommended that former Italian interior minister and far-right League party leader Matteo Salvini face trial for holding scores of migrants on board a coastguard ship docked in a port in Sicily in July.

      In a court document seen by Reuters, Sicilian magistrates ask parliament for authorisation to continue their investigation into Salvini for alleged kidnapping, saying he abused his powers and “deprived 131 migrants of personal liberty”.

      In July Salvini, then interior minister, ordered the migrants, including children, remain on board the Italian coastguard ship Gregoretti until other European countries agreed to take most of them in.

      “Investigated because I defended the security, the borders and the dignity of my country, unbelievable,” the anti-migrant leader said in a statement. He called the investigation “shameful”.

      During his 14 months at the interior ministry, Salvini staked his credibility on a pledge to halt migrant flows, blocking Italian ports to rescue ships and threatening the charities operating them with fines.

      The investigation echoes another case earlier this year.

      In February, when the League was in government with the anti-establishment 5-Star Movement, parliament rejected a magistrates’ request to pursue a kidnapping probe into Salvini for refusing permission to disembark for some 150 migrants on a coastguard ship stranded off Sicily.

      On that occasion the 5-Star, which had always criticized the practice of halting judicial proceedings against lawmakers, rescued Salvini and blocked the investigation after weeks of tension within the government.

      But things have now changed. The League walked out of government in August and 5-Star have formed a new coalition with the centre-left Democratic Party (PD), which strongly opposes Salvini’s hard line against migrants.

      The PD and other minor government parties are expected to vote to grant the authorisation, and on Wednesday 5-Star leader Luigi Di Maio appeared to suggest his party will do the same.

      He told state television network RAI that in the case of the Gregoretti ship Salvini had acted on his own initiative, rather than on behalf of the whole government, and said: “I hope Salvini can prove his innocence.”

      The case will be examined by a 23-member upper house Senate committee. The timetable for its hearings has not yet been set.

      https://uk.reuters.com/article/uk-italy-salvini-migrants-court/italys-salvini-faces-new-trial-risk-for-holding-migrants-on-ship-idUKKBN

    • Le Sénat italien autorise le renvoi de Matteo Salvini devant la justice pour « séquestration » de migrants

      Un #tribunal de Catane accuse l’ex-ministre de l’intérieur d’« #abus_de_pouvoir » et de « #séquestration_de_personnes » pour avoir bloqué des migrants, l’été dernier, à bord d’un navire des gardes-côtes.

      Le Sénat italien a tranché, mercredi 12 février. L’actuel chef de l’extrême droite italienne, Matteo Salvini, devrait être renvoyé en justice pour avoir bloqué un bateau de migrants quand il était ministre de l’intérieur.

      Le résultat officiel du vote sera communiqué à 19 heures (heure de Paris), mais le tableau électronique des votes vu par plusieurs journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) indiquant pendant quelques secondes le résultat du scrutin a permis d’établir clairement son #renvoi_en_justice, confirmé par tous les médias italiens.

      La Constitution italienne permet en effet au Parlement de bloquer des #poursuites contre un ministre si les élus considèrent qu’il a agi dans le cadre de ses fonctions et dans l’#intérêt_supérieur_de_l’Etat. Ce feu vert du Sénat ouvre la voie à un #procès. L’ancien ministre encourt quinze ans de réclusion.

      Décision collective contre décision personnelle

      Devant les sénateurs mercredi, le leadeur du parti populiste de la Ligue a revendiqué sa décision. « Je n’irai pas dans cette salle de tribunal pour me défendre, j’irai pour revendiquer avec orgueil ce que j’ai fait », a-t-il lancé aux sénateurs, réitérant que c’était son « devoir » de défendre les frontières du pays quand il était ministre de l’intérieur.

      Concrètement, il est accusé par un tribunal de Catane, en Sicile, « d’abus de pouvoir et de séquestration de personnes » pour avoir bloqué l’été dernier, durant plusieurs jours, 116 migrants à bord d’un navire des gardes-côtes italiens, le #Gregoretti. Quelques dizaines de migrants avaient pu être évacués pour raisons médicales, mais les autres étaient restés sur le navire près d’une semaine, faute d’autorisation de débarquer. M. Salvini était alors ministre de l’intérieur d’un gouvernement formé par la Ligue (son parti) et les anti-establishment du Mouvement 5 étoiles (M5S).

      A ce stade, la stratégie de M. Salvini est de tenter d’impliquer le premier ministre d’alors, Giuseppe Conte, en affirmant que le blocage du navire en juillet 2019 était une décision collective du gouvernement. M. Conte, reconduit en septembre à la tête d’un exécutif formé cette fois du M5S et du Parti démocrate, principal parti de gauche, conteste cette version des faits. Selon le chef du gouvernement, Salvini a, avant l’épisode Gregoretti, « fait approuver un nouveau décret-loi qui renforçait ses compétences, il a revendiqué le choix de faire ou non débarquer les personnes à bord du Gregoretti, et aussi sur le moment de le faire ». En juin 2019, M. Salvini a effectivement fait adopter une loi renforçant ses pouvoirs et prévoyant que « le ministre de l’intérieur peut limiter et interdire l’entrée, le transit ou l’arrêt des navires dans les eaux territoriales pour des motifs d’ordre et de sécurité publics ».

      Pour sa défense, M. Salvini invoque un cas similaire au Gregoretti, remontant à août 2018, lorsque 177 migrants se trouvant à bord du navire des gardes-côtes italiens Diciotti avaient été empêchés de débarquer pendant plusieurs jours. A l’époque, le gouvernement avait défendu l’idée d’une décision collégiale, et le Sénat avait bloqué une demande de renvoi en justice contre M. Salvini.

      Blocage de l’Open Arms

      Les soucis de Salvini ne s’arrêtent pas à l’affaire du Gregoretti. Une commission du Sénat devra statuer, le 27 février, sur une autre demande de renvoi en justice concernant, cette fois, le navire humanitaire Open Arms, bloqué mi-août 2019 pendant plusieurs jours devant l’île de Lampedusa, sur ordre de M. Salvini.

      Même après son probable renvoi devant le tribunal des ministres, une juridiction spéciale composée de trois magistrats expérimentés de Catane, M. Salvini devra probablement attendre des années pour être fixé sur son sort, compte tenu de la lenteur de la justice italienne et des possibilités de recours. En cas de condamnation définitive, c’est-à-dire en dernière instance par la Cour de cassation, le patron de la Ligue encourt aussi une peine d’inéligibilité de six à huit ans.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/12/matteo-salvini-renvoye-en-justice-par-le-senat-pour-sequestration-de-migrant
      #justice

  • #E.P.A. Plans to Get Thousands of #Pollution Deaths Off the Books by Changing Its Math - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2019/05/20/climate/epa-air-pollution-deaths.html

    The Obama administration had sought to reduce planet-warming greenhouse gas emissions under the Clean Power Plan by pushing utilities to switch away from coal and instead use natural gas or renewable energy to generate electricity. The Obama plan would also have what is known as a co-benefit: levels of fine particulate matter would fall.

    The Trump administration has moved to repeal the Obama-era plan and replace it with the Affordable Clean Energy rule, which would slightly improve the efficiency of coal plants. It would also allow older coal plants to remain in operation longer and result in an increase of particulate matter.

    #microparticules #santé_publique #intérêts_privés #états-unis #porte_tournante #

  • How much was pilot error a factor in the #Boeing #737_MAX crashes? | The Seattle Times
    https://www.seattletimes.com/business/boeing-aerospace/how-much-was-pilot-error-a-factor-in-the-boeing-737-max-crashes

    “Pilots trained in the United States would have successfully been able to handle” the emergencies on both jets, said Rep. Sam Graves of Missouri, ranking member of the House Transportation and Infrastructure Committee. He added that preliminary reports about the accident “compound my concerns about quality training standards in other countries.”

    Graves was repeating the main points in a report written by two pilots at a major U.S. airline that pointed to pilot error as “the most consequential factor” in both crashes. Their report was commissioned and paid for by institutional investors with large holdings in Boeing stock.

    That case for pilot error as the major cause of the crashes seems close to a surrogate for what Boeing has only hinted at, and may be a key part of the manufacturer’s legal defense in liability lawsuits.

    Yet two flight-simulator sessions replicating the conditions on the doomed flights contradict Graves’ contention that better trained pilots would have escaped disaster. And some Western-trained pilots criticize the report as based on unverified assumptions and minimizing the intense stress Boeing’s runaway flight-control system imposed on the two flight crews.

    “I’m disappointed with those who sit in their lofty chairs of judgment and say this wouldn’t have happened to U.S. pilots,” said a veteran captain with a major U.S. airline, who asked not to be named to avoid involving his employer.

    #conflit_d'intérêt #intérêts_privés #sans_vergogne #états-unis

  • Washington Post Tells Readers that a 17.5 Percent Tariff Can Lead to 85 Percent Price Increases | Beat the Press | CEPR
    http://cepr.net/blogs/beat-the-press/washington-post-tells-readers-that-a-17-5-percent-tariff-can-lead-to-85-percen

    The Post article neglected to tell readers that the study, which does not appear to be available on the web, was commissioned by the Fresh Produce Association of the Americas.

    While it is likely that this tariff will lead to a substantial increase in the price of tomatoes in the United States, and is probably a bad idea for many reasons, the Post should not be in the business in disguising industry propaganda and passing it along uncritically to readers. It seems this is acceptable in discussions of trade policy (unless the issue is protecting items like prescription drugs or doctors), but it is not good journalism.

    #journalisme #propagande #intérêts_privés