• #Souveraineté_alimentaire : un #scandale made in #France

    À l’approche du Salon de l’agriculture et alors que la tension dans le monde agricole est toujours palpable, le Sénat devrait adopter mardi, la loi d’orientation pour la #souveraineté_agricole et le renouvellement des générations en #agriculture.

    Dans son 4ème rapport sur l’état des #terres_agricoles en France publié lundi 17 février, Terre de Liens révèle que la France a perdu la capacité à nourrir sa population. En l’état, la nouvelle Loi qui devrait être adoptée ne devrait qu’aggraver 75 ans de déconnexion politique entre #agriculture et #alimentation.

    2100 m2 de terres par habitant, là où il en faudrait le double

    Avec un potentiel nourricier de 130 %, la France dispose en théorie d’assez de terres agricoles pour nourrir sa population. Mais dans son nouveau rapport sur l’état des terres agricoles, Terre de Liens révèle que cette prétendue souveraineté alimentaire est aujourd’hui réduite à une chimère politique. Tandis qu’elle exporte la production de 43 % de ses terres (12 millions d’hectares), la France importe aujourd’hui l’équivalent de 10 millions d’hectares de terres, la surface de l’Islande, pour notre alimentation. Dans ces conditions, en France, la surface de #terres_nourricières est réduite à 2 100 m2 par habitant, quand il en faudrait le double pour nourrir une personne.

    Les #pâtes illustrent l’absurdité de la situation : avec nos 250 000 hectares de #blé_dur cultivés chaque année, nous pourrions aisément produire 15 kg de pâtes par personne, surpassant la consommation moyenne de 8,5 kg/personne. Hélas, le #blé produit sur deux tiers de ces surfaces est vendu hors de nos frontières et de nos estomacs. Résultat : la France importe trois quarts des pâtes et semoules qui nourrissent sa population.

    Ou encore le #lait. Tandis que #Lactalis réduit sa collecte de lait de 9 % en France, laissant sur le carreau plusieurs centaines d’éleveurs laitiers, il n’a pas fait mystère de son intérêt pour le #lait_en_poudre néo-zélandais, dont l’importation est facilitée par un récent accord de #libre-échange.

    La situation de l’agriculture française se résume en un triste palmarès : accro aux #intrants importés pour produire en masse et tenir la cadence des exportations, la France ne cesse d’accroître ses #importations pour remplir nos assiettes. Elles ont doublé en 20 ans.

    Agriculture et alimentation, 75 ans de déconnexion politique

    D’un côté de la chaîne, les agriculteurs·trices crient leur désespoir d’un #revenu indigne face à la #concurrence mondiale. De l’autre, la #précarité_alimentaire des Français augmente et les conséquences de notre alimentation sur notre #santé se chiffrent en milliards.

    Dans son rapport, Terre de Liens dresse un état des lieux effarant : entre agriculture et alimentation, 75 ans de déconnexion politique ont conduit à la situation que nous connaissons aujourd’hui. À l’heure où la France entend se doter d’une loi d’orientation agricole pour “préserver” sa souveraineté alimentaire, Terre de Liens appelle le gouvernement à prendre acte que cette dernière n’est plus. Ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est de mettre en cohérence production agricole et besoins alimentaires, de toute urgence. Les leviers sont éminemment politiques :

    - La #PAC, dont aujourd’hui 20 % des plus gros bénéficiaires perçoivent 51 % des aides directes, encourage une production industrielle tournée vers le commerce international, au détriment de la durabilité des systèmes. Il est impensable de maintenir en l’état ce levier financier, qui représente en moyenne 74 % du revenu courant avant impôt des agriculteurs·trices, calibré de telle sorte qu’il nous prive de souveraineté alimentaire ;
    – Les #accords_de_libre-échange (#Nouvelle-Zélande, #CETA, #Mercosur) accroissent les kilomètres entre le champ et l’assiette, faisant perdre de vue où et comment est produite l’alimentation. Il est temps d’en finir avec la mauvaise foi du gouvernement qui a signé des dizaines de traités de libre-échange ;
    - Les acteurs de l’aval (transformation, distribution) reçoivent chaque année 16,4 milliards principalement sous forme d’#exonérations_fiscales et de #cotisations_sociales. Or, ces acteurs orientent considérablement la production agricole. Ces exonérations fiscales représentent donc un levier important de politique publique.
    - Le départ massif à la #retraite des agriculteurs entraîne la disparition de 200 #fermes par semaine en France. Une véritable politique d’#accès_à_la_terre et d’installation doit voir le jour sans plus tarder pour remplir les objectifs de renouvellement des générations inscrits dans la loi.

    En l’état, la loi qui devrait être adoptée mardi passe à côté de son objectif : des terres et des agriculteurs·trices pour une souveraineté alimentaire préservée. Sans moyens sur l’enjeu de renouvellement des générations et de la résilience des fermes (le long terme qui devrait être central dans une loi d’orientation), elle a fait semblant de donner des gages aux agriculteurs•trices par un abaissement généralisé des normes qui ne règlera pas leur problème de revenu et consacre dans le même temps une vision de la souveraineté alimentaire calquée sur la balance commerciale de la France.

    https://terredeliens.org/national/actu/souverainet%C3%A9-alimentaire-un-scandale-made-in-france-17-02-2025
    #exportation #rapport

  • #Semences_paysannes, les #graines de la #résistance

    C’est l’histoire de l’#agriculture : depuis des millénaires, les paysans échangent et sèment leurs semences. Mais ces pratiques ancestrales sont en péril.

    Avec #Elise_Demeulenaere, socio-anthropologue au CNRS. Elle travaille sur les mutations contemporaines des rapports au vivant en agriculture pour principaux terrains, les mouvements pour la réappropriation paysanne des semences, et les dynamiques de défense du fromage au lait cru.

    Le #Réseau_Semences_Paysannes organise du 1er au 5 octobre, des rencontres internationales "Sème ta résistance", sur une semaine, avec une journée ouverte au public, le 5 octobre à Antibes.

    Pour Elise Demeulenaere « Ce sera l’occasion d’insister sur le souhait, depuis le départ, de mettre en lien des agriculteurs du monde entier, pour qu’ils partagent d’abord leurs expériences à la ferme avec les plantes, et également leurs luttes pour le droit à cultiver les semences et variétés de leur choix. »

    La #modernisation_agricole et la disparition des semences paysannes

    Au XIXe siècle, les paysans français sélectionnaient et échangeaient librement leurs semences, créant ainsi des variétés adaptées à leurs terroirs. Elise Demeulenaere explique que l’#industrialisation_de_l'agriculture au XXe siècle a bouleversé cet équilibre, favorisant des variétés homogènes et productives, dépendantes des #intrants_chimiques. Cette évolution a entraîné une perte de #biodiversité et une #dépendance accrue des agriculteurs envers les #entreprises_semencières.

    La résistance s’organise : vers une #réappropriation des semences

    Des mouvements de résistance ont émergé dès la fin des années 1980 en France, mais aussi à l’échelle internationale. L’on entend par exemple dans l’émission #Vandana_Shiva, qui milite pour la libération des semences. Elise Demeulenaere : "Vandana Shiva est associée à la lutte contre les #OGM dans les années 1990. Et donc il y a son ONG, #Navdanya, qui s’est beaucoup illustrée à l’époque et qui a porté des campagnes importantes pour la libération des semences."

    En France, des collectifs comme la #Confédération_Paysanne se sont mobilisés contre les OGM et pour la liberté de semer. Elise Demeulenaere : "L’utilisation des OGM oblige l’agriculteur à travailler sous licence privée avec des entreprises. Et les OGM sont protégés par un autre système de #protection_intellectuelle que le #COV (le #certificat_d'obtention_végétale), c’est le #brevet. Le brevet est beaucoup plus intrusif, beaucoup plus contraignant. Donc c’était vraiment la pierre d’achoppement pour la Confédération." Il y a eu aussi l’association #Kokopelli, qui vend des semences, principalement à des jardiniers amateurs, et des semences de variétés non inscrites au catalogue, engagée dans la libération des semences et de l’humus, qui était très médiatisée parce qu’il y a eu des procès aussi contre des professionnels semenciers.

    Le réseau Semences Paysannes : un espoir pour l’avenir

    Le réseau Semences Paysannes œuvre pour la #réappropriation_collective des savoirs de #sélection et la défense des #droits_des_paysans. Grâce à la mobilisation de ce réseau, la loi française a évolué en 2011, reconnaissant les semences paysannes et le droit des agriculteurs à ressemer leur récolte pour 20 espèces, avec une taxe à payer en contrepartie.

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-24-septembre-2024-7892551

    #semences
    #audio #podcast

  • #Productivisme et destruction de l’#environnement : #FNSEA et #gouvernement marchent sur la tête

    Répondre à la #détresse des #agriculteurs et agricultrices est compatible avec le respect de l’environnement et de la #santé_publique, expliquent, dans cette tribune à « l’Obs », les Scientifiques en rébellion, à condition de rejeter les mesures productivistes et rétrogrades du duo FNSEA-gouvernement.

    La #crise de l’agriculture brasse croyances, savoirs, opinions, émotions. Elle ne peut laisser quiconque insensible tant elle renvoie à l’un de nos #besoins_fondamentaux – se nourrir – et témoigne du #désarroi profond d’une partie de nos concitoyen·nes qui travaillent pour satisfaire ce besoin. Reconnaître la #souffrance et le désarroi du #monde_agricole n’empêche pas d’examiner les faits et de tenter de démêler les #responsabilités dans la situation actuelle. Une partie de son #traitement_médiatique tend à faire croire que les agriculteurs et agricultrices parleraient d’une seule voix, celle du président agro-businessman de la FNSEA #Arnaud_Rousseau. Ce directeur de multinationale, administrateur de holding, partage-t-il vraiment la vie de celles et ceux qui ne parviennent plus à gagner la leur par le travail de la terre ? Est-ce que les agriculteur·ices formeraient un corps uniforme, qui valoriserait le productivisme au mépris des #enjeux_environnementaux qu’ils et elles ne comprendraient soi-disant pas ? Tout cela est difficile à croire.

    Ce que la science documente et analyse invariablement, en complément des savoirs et des observations de nombre d’agriculteur·ices, c’est que le #modèle_agricole industriel et productiviste conduit à une #catastrophe sociale et environnementale. Que ce modèle concurrence dangereusement les #alternatives écologiquement et socialement viables. Que cette agriculture ne s’adaptera pas indéfiniment à un environnement profondément dégradé. Qu’elle ne s’adaptera pas à un #réchauffement_climatique de +4 °C pour la France et une ressource en #eau fortement diminuée, pas plus qu’à une disparition des #insectes_pollinisateurs.

    Actuellement, comme le rappelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’agriculture représente le deuxième secteur d’émissions de #gaz_à_effet_de_serre, avec 18 % du total français, derrière les transports. La moitié de ces émissions agricoles (en équivalent CO2) provient de l’#élevage_bovin à cause du #méthane produit par leur digestion, 14 % des #engrais_minéraux qui libèrent du #protoxyde_d’azote et 13 % de l’ensemble des #moteurs, #engins et #chaudières_agricoles. Le HCC rappelle aussi que la France s’est engagée lors de la COP26 à baisser de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique. L’agriculture, bien que répondant à un besoin fondamental, doit aussi revoir son modèle dominant pour répondre aux enjeux climatiques. De ce point de vue, ce qu’indique la science, c’est que, si l’on souhaite faire notre part dans le respect de l’accord de Paris, la consommation de #viande et de #produits_laitiers doit diminuer en France. Mais la solidarité avec nos agriculteur.ices ainsi que l’objectif légitime de souveraineté et #résilience_alimentaire nous indiquent que ce sont les importations et les élevages intensifs de ruminants qui devraient diminuer en premier.

    Côté #biodiversité, la littérature scientifique montre que l’usage des #pesticides est la deuxième cause de l’effondrement des populations d’#insectes, qui atteint 80 % dans certaines régions françaises. Les #oiseaux sont en déclin global de 25 % en quarante ans, mais ce chiffre bondit à 60 % en milieux agricoles intensifs : le printemps est devenu particulièrement silencieux dans certains champs…

    D’autres voies sont possibles

    Le paradoxe est que ces bouleversements environnementaux menacent particulièrement les agriculteur·ices, pour au moins trois raisons bien identifiées. Tout d’abord environnementale, à cause du manque d’eau, de la dégradation des sols, des événements météorologiques extrêmes (incendies ou grêles), ou du déclin des insectes pollinisateurs, qui se traduisent par une baisse de production. Sanitaires, ensuite : par leur exposition aux #produits_phytosanitaires, ils et elles ont plus de risque de développer des #cancers (myélome multiple, lymphome) et des #maladies_dégénératives. Financière enfin, avec l’interminable fuite en avant du #surendettement, provoqué par la nécessité d’actualiser un équipement toujours plus performant et d’acheter des #intrants pour pallier les baisses de production engendrées par la dégradation environnementale.

    Depuis des décennies, les #traités_de_libre-échange et la compétition intra-européenne ont privé la grande majorité des agriculteur·ices de leur #autonomie, dans un cercle vicieux aux répercussions sociales tragiques pouvant mener au #suicide. Si la FNSEA, les #JA, ou la #Coordination_rurale réclament une forme de #protectionnisme_agricole, d’autres de leurs revendications portent en revanche sur une baisse des #contraintes_environnementales et sanitaires qui font porter le risque de la poursuite d’un modèle délétère sur le long terme. Ce sont justement ces revendications que le gouvernement a satisfaites avec, en particulier, la « suspension » du #plan_Ecophyto, accueilli par un satisfecit de ces trois organisations syndicales rappelant immédiatement « leurs » agriculteurs à la ferme. Seule la #Confédération_paysanne refuse ce compromis construit au détriment de l’#écologie.

    Pourtant, des pratiques et des modèles alternatifs existent, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et préservant la biodiversité ; ils sont déjà mis en œuvre par des agriculteur·ices qui prouvent chaque jour que d’autres voies sont possibles. Mais ces alternatives ont besoin d’une réorientation des #politiques_publiques (qui contribuent aujourd’hui pour 80 % au #revenu_agricole). Des propositions cohérentes de politiques publiques répondant à des enjeux clés (#rémunération digne des agriculteur·ices non soumis aux trusts’de la grande distribution, souveraineté alimentaire, considérations climatiques et protection de la biodiversité) existent, comme les propositions relevant de l’#agroécologie, qu’elles émanent du Haut Conseil pour le Climat, de la fédération associative Pour une autre PAC, de l’IDDRI, ou encore de la prospective INRAE de 2023 : baisse de l’#élevage_industriel et du cheptel notamment bovin avec soutien à l’#élevage_extensif à l’herbe, généralisation des pratiques agro-écologiques et biologiques basées sur la valorisation de la biodiversité (cultures associées, #agro-foresterie, restauration des #haies favorisant la maîtrise des bio-agresseurs) et arrêt des #pesticides_chimiques_de_synthèse. Ces changements de pratiques doivent être accompagnés de mesures économiques et politiques permettant d’assurer le #revenu des agriculteur·ices, leur #accès_à_la_terre et leur #formation, en cohérence avec ce que proposent des syndicats, des associations ou des réseaux (Confédération paysanne, Atelier paysan, Terre de liens, Fédérations nationale et régionales d’Agriculture biologique, Réseau salariat, …).

    Nous savons donc que les politiques qui maintiennent le #modèle_agro-industriel sous perfusion ne font qu’empirer les choses et qu’une réorientation complète est nécessaire et possible pour la #survie, la #dignité, la #santé et l’#emploi des agriculteur·ices. Nombre d’enquêtes sociologiques indiquent qu’une bonne partie d’entre elles et eux le savent très bien, et que leur détresse témoigne aussi de ce #conflit_interne entre le modèle productiviste qui les emprisonne et la nécessité de préserver l’environnement.

    Une #convention_citoyenne

    Si le gouvernement convient que « les premières victimes du dérèglement climatique sont les agriculteurs », les mesures prises démontrent que la priorité gouvernementale est de sanctuariser le modèle agro-industriel. La remise en cause du plan Ecophyto, et la reprise en main de l’#Anses notamment, sont en totale contradiction avec l’urgence de s’attaquer à la dégradation environnementale couplée à celle des #conditions_de_vie et de travail des agriculteur·ices. Nous appelons les citoyen·nes et les agriculteur·rices à soutenir les changements de politique qui iraient réellement dans l’intérêt général, du climat, de la biodiversité. Nous rappelons que le sujet de l’agriculture et de l’#alimentation est d’une redoutable complexité, et qu’identifier les mesures les plus pertinentes devrait être réalisé collectivement et démocratiquement. Ces mesures devraient privilégier l’intérêt général et à long-terme, par exemple dans le cadre de conventions citoyennes dont les conclusions seraient réellement traduites dans la législation, a contrario a contrario de la précédente convention citoyenne pour le climat.

    https://www.nouvelobs.com/opinions/20240203.OBS84041/tribune-productivisme-et-destruction-de-l-environnement-fnsea-et-gouverne
    #tribune #scientifiques_en_rébellion #agriculture #souveraineté_alimentaire #industrie_agro-alimentaire

  • Une vraie #souveraineté_alimentaire pour la #France

    Le mercredi 6 décembre 2023, la FNSEA sortait du bureau d’Elisabeth Borne en déclarant fièrement que l’État abandonnait son projet de taxer l’usage des pesticides et des retenues d’eau. Cela vient conclure une séquence historique. Le 16 novembre déjà, l’Europe reconduisait l’autorisation du glyphosate pour 10 ans. Et, six jours plus tard, abandonnait aussi l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides à l’horizon 2030.

    Comment en est-on arrivé là ? La question a été récemment posée dans un rapport de l’Assemblée nationale. En plus du #lobbying habituel de la #FNSEA et de l’état de crise permanent dans laquelle vivent les agriculteurs et qui rend toute #réforme explosive, la question de la souveraineté alimentaire – qui correspond au droit d’un pays à développer ses capacités productives pour assurer la sécurité alimentaire des populations – a joué un rôle clé dans cette dynamique.

    La souveraineté alimentaire est ainsi devenue, depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, l’argument d’autorité permettant de poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures. Il existe pourtant d’autres voies.

    Le mythe de la dépendance aux #importations

    De quelle souveraineté alimentaire parle-t-on ? Les derniers chiffres de FranceAgrimer montrent que notre « #dépendance aux importations » – comme aiment à le répéter les défenseurs d’un modèle intensif – est de 75 % pour le blé dur, 26 % pour les pommes de terre, 37 % pour les fruits tempérés ou 26 % pour les porcs.

    Mais ce que l’on passe sous silence, c’est que le taux d’#autoapprovisionnement – soit le rapport entre la production et la consommation françaises – est de 148 % pour le blé dur, 113 % pour les pommes de terre, 82 % pour les fruits tempérés et 103 % pour le porc. Le problème de souveraineté alimentaire n’en est pas un. Le vrai problème, c’est qu’on exporte ce que l’on produit, y compris ce dont on a besoin. Cherchez l’erreur.

    D’autres arguments viennent encore se greffer à celui de la souveraineté, dans un monde d’#interdépendances : la #France serait le « grenier à blé de l’Europe », il faudrait « nourrir les pays du Sud », la France serait « une puissance exportatrice », etc.

    Au-delà de l’hypocrisie de certaines de ces affirmations – en effet, les #exportations des surplus européens subventionnés ont détruit tout un tissu productif, en Afrique de l’Ouest notamment – il ne s’agit pas là d’enjeux liés à la souveraineté alimentaire, mais d’enjeux stratégiques et politiques liés à la #compétitivité de certains produits agricoles français sur les marchés internationaux.

    Comprendre : la France est la 6e puissance exportatrice de #produits_agricoles et agroalimentaires au monde et elle entend bien le rester.

    Voir la #productivité de façon multifonctionnelle

    S’il ne faut évidemment pas renoncer aux objectifs de #productivité_alimentaire nationaux, ces derniers gagneraient à être redéfinis. Car comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des besoins en #eau pour produire les aliments, de la dépendance aux #énergies_fossiles générée par les #intrants de synthèse, de l’épuisement de la #fertilité des #sols lié à la #monoculture_intensive ou encore des effets du #réchauffement_climatique ?

    Comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des enjeux fonciers, de l’évolution du #travail_agricole (25 % des #agriculteurs sont en passe de partir à la retraite), du #gaspillage_alimentaire – qui avoisine les 30 % tout de même – des #besoins_nutritionnels et des #habitudes_alimentaires de la population ?

    La #productivité_alimentaire doit dorénavant se conjuguer avec d’autres formes de productivité tout aussi essentielles à notre pays :

    – la capacité de #rétention_d’eau dans les sols,

    – le renouvellement des #pollinisateurs,

    – le maintien des capacités épuratoires des milieux pour conserver une #eau_potable,

    – le renouvellement de la #fertilité_des_sols,

    – la régulation des espèces nuisibles aux cultures,

    – ou encore la séquestration du carbone dans les sols.

    Or, il est scientifiquement reconnu que les indicateurs de productivité relatifs à ces services baissent depuis plusieurs décennies. Pourtant, ce sont bien ces services qui permettront de garantir une véritable souveraineté alimentaire future.

    La #diversification pour maintenir des rendements élevés

    Une revue de littérature scientifique parue en 2020, compilant plus de 5000 études menées partout dans le monde, montrait que seules des stratégies de diversification des #pratiques_agricoles permettent de répondre à ces objectifs de #performance_plurielle pour l’agriculture, tout en maintenant des #rendements élevés.

    Les ingrédients de cette diversification sont connus :

    – augmentation de la #rotation_des_cultures et des #amendements_organiques,

    – renoncement aux #pesticides_de_synthèse et promotion de l’#agriculture_biologique à grande échelle,

    - réduction du #labour,

    - diversification des #semences et recours aux #variétés_rustiques,

    - ou encore restauration des #haies et des #talus pour limiter le ruissellement de l’#eau_de_pluie.

    Dans 63 % des cas étudiés par ces chercheurs, ces stratégies de diversification ont permis non seulement d’augmenter les #services_écosystémiques qui garantissent la souveraineté alimentaire à long terme, mais aussi les #rendements_agricoles qui permettent de garantir la souveraineté alimentaire à court terme.

    Les sérieux atouts de l’agriculture biologique

    Parmi les pratiques de diversification qui ont fait leurs preuves à grande échelle en France, on retrouve l’agriculture biologique. Se convertir au bio, ce n’est pas simplement abandonner les intrants de synthèse.

    C’est aussi recourir à des rotations de cultures impliquant des #légumineuses fixatrices d’azote dans le sol, utiliser des semences rustiques plus résilientes face aux #parasites, des amendements organiques qui nécessitent des couplages culture-élevage, et enfin parier sur la restauration d’un #paysage qui devient un allié dans la lutte contre les #aléas_naturels. La diversification fait ainsi partie de l’ADN des agriculteurs #bio.

    C’est une question de #réalisme_économique. Les exploitations bio consomment en France deux fois moins de #fertilisant et de #carburant par hectare que les exploitants conventionnels, ce qui les rend moins vulnérables à l’évolution du #prix du #pétrole. En clair, l’agriculture biologique pourrait être la garante de la future souveraineté alimentaire française, alors qu’elle est justement souvent présentée comme une menace pour cette dernière du fait de rendements plus faibles à court terme.

    Au regard des éléments mentionnés plus haut, il s’agit évidemment d’un #faux_procès. Nous sommes autosuffisants et nous avons les réserves foncières qui permettraient de déployer le bio à grande échelle en France, puisque nous sommes passé de 72 % du territoire dédié aux activités agricoles en 1950 à 50 % en 2020. Une petite partie de ces surfaces a été artificialisée tandis que la majorité a tout simplement évolué en friche, à hauteur de 1000 km2 par an en moyenne.

    Par ailleurs, le différentiel de rendement entre le bio et le #conventionnel se réduit après quelques années seulement : de 25 % en moyenne (toutes cultures confondues) au moment de la conversion, il descend à 15 % ensuite. La raison en est l’apprentissage et l’innovation dont font preuve ces agriculteurs qui doivent en permanence s’adapter aux variabilités naturelles. Et des progrès sont encore à attendre, si l’on songe que l’agriculture bio n’a pas bénéficié des 50 dernières années de recherche en #agronomie dédiées aux pratiques conventionnelles.

    Relever le niveau de vie des agriculteurs sans éroder le #pouvoir_d’achat des consommateurs

    Mais a-t-on les moyens d’opérer une telle transition sans réduire le pouvoir d’achat des Français ? Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord évoquer le #revenu des #agriculteurs. Il est notoirement faible. Les agriculteurs travaillent beaucoup et vivent mal de leur métier.

    Or, on oublie souvent de le mentionner, mais le surcoût des produits bio est aussi lié au fait que les consommateurs souhaitent mieux rémunérer les agriculteurs : hors subventions, les revenus des agriculteurs bio sont entre 22 % et 35 % plus élevés que pour les agriculteurs conventionnels.

    Ainsi, le consommateur bio consent à payer plus parce que le bio est meilleur pour l’environnement dans son ensemble (eau, air, sol, biodiversité), mais aussi pour que les paysans puissent mieux vivre de leur métier en France sans mettre en danger leur santé.

    Par ailleurs, si le consommateur paie plus cher les produits bio c’est aussi parce qu’il valorise le #travail_agricole en France. Ainsi la production d’aliments bio nécessite plus de #main-d’oeuvre (16 % du total du travail agricole pour 10 % des surfaces) et est très majoritairement localisée en France (71 % de ce qui est consommé en bio est produit en France).

    Cette question du #travail est centrale. Moins de chimie, c’est plus de travail des communautés humaines, animales et végétales. C’est aussi plus d’incertitudes, ce qui n’est évidemment pas simple à appréhender pour un exploitant.

    Mais il faut rappeler que le discours sur le pouvoir d’achat des français, soi-disant garanti par le modèle hyper-productiviste de l’agriculture française, vise surtout à conforter les rentes de situations des acteurs dominants du secteur agricole. Car les coûts sanitaires et environnementaux de ce modèle sont payés par le contribuable.

    Rien que le #traitement_de_l’eau, lié aux pollutions agricoles, pour la rendre potable, coûte entre 500 millions d’euros et 1 milliard d’euros par an à l’État. Or, ce que le consommateur ne paie pas au supermarché, le citoyen le paie avec ses #impôts. Le rapport parlementaire évoqué plus haut ne dit pas autre chose : la socialisation des coûts et la privatisation des bénéfices liés aux #pesticides ne sont plus tolérables.

    Le bio, impensé de la politique agricole française

    Une évidence s’impose alors : il semblerait logique que l’État appuie massivement cette filière en vue de réduire les coûts pour les exploitants bio et ainsi le prix pour les consommateurs de produits bio. En effet, cette filière offre des garanties en matière de souveraineté alimentaire à court et long terme, permet de protéger l’eau et la #santé des Français, est créatrice d’emplois en France. Il n’en est pourtant rien, bien au contraire.

    L’État a promu le label #Haute_valeur_environnementale (#HVE), dont l’intérêt est très limité, comme révélé par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’enjeu semble surtout être de permettre aux agriculteurs conventionnels de toucher les aides associés au plan de relance et à la nouvelle #PAC, au risque de créer une #concurrence_déloyale vis-à-vis des agriculteurs bio, d’autant plus que les #aides_publiques au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées en 2023.

    La décision récente de l’État de retirer son projet de #taxe sur l’usage des pesticides créé aussi, de facto, un avantage comparatif pour le conventionnel vis-à-vis du bio. Enfin, rappelons que la Commission européenne a pointé à plusieurs reprises que la France était le seul pays européen à donner moins de subventions par unité de travail agricole aux céréaliers bio qu’aux conventionnels.

    Ainsi, un céréalier bio français reçoit un tiers de subventions en moins par unité de travail agricole qu’un céréalier conventionnel, alors qu’en Allemagne ou en Autriche, il recevrait 50 % de #subventions supplémentaires. En France, l’État renonce aux taxes sur les pesticides tout en maintenant des #charges_sociales élevées sur le travail agricole, alors que c’est évidemment l’inverse dont aurait besoin la #transition_agroécologique.

    Que peuvent faire les citoyens au regard de ce constat déprimant ? Consommer des produits bio malgré tout, et trouver des moyens de les payer moins cher, grâce par exemple à la #vente_directe et à des dispositifs tels que les #AMAP qui permettent de réduire le coût du transport, de la transformation et de la distribution tout autant que le gâchis alimentaire, les variabilités de la production étant amorties par la variabilité du contenu du panier.

    Les agriculteurs engagés pour la #transition_écologique, de leur côté, peuvent réduire les risques associés aux variabilités naturelles et économiques en créant de nouvelles formes d’exploitations coopératives combinant plusieurs activités complémentaires : élevage, culture, transformation, conditionnement et distribution peuvent être organisés collectivement pour mutualiser les coûts et les bénéfices, mais aussi se réapproprier une part significative de la #chaîne_de_valeur laissée aujourd’hui au monde de l’agro-industrie et de la grande distribution.

    Il ne s’agit pas d’une #utopie. De nombreux acteurs essaient de faire émerger, malgré les résistances institutionnelles, ces nouvelles pratiques permettant de garantir la souveraineté alimentaire de la France à long terme.

    https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560
    #foncier #industrie_agro-alimentaire #alimentation #collectivisation
    #à_lire #ressources_pédagogiques

  • « Le Green Deal agricole n’aura pas lieu »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/06/12/le-green-deal-agricole-n-aura-pas-lieu_6129877_3232.html

    L’#escroquerie de l’« Indice de risque harmonisé 1 » (Harmonized Risk Indicator 1, ou #HRI-1) [qui] « évalue le risque [des #pesticides] en fonction de la quantité de produits utilisée » révélée par le toxicologue autrichien Helmut Burtscher-Schaden…

    […] il montre que le système proposé par la Commission pour mesurer la baisse du recours aux pesticides réalise le tour de force de pouvoir transformer une aggravation des risques en une amélioration.

    […]

    HRI-1 est si défectueux qu’il désavantage des produits considérés par les autorités européennes elles-mêmes comme à faible risque, et d’usage courant en agriculture biologique, par rapport à d’autres, classés parmi les plus dangereux. Non seulement ce thermomètre ne donne pas la bonne température, mais il peut refroidir le chaud et réchauffer le froid. Selon HRI-1, ajoute M. Burtscher-Schaden, une seule application de bicarbonate de potassium comme fongicide naturel (également utilisé comme additif alimentaire) présente un risque huit fois plus élevé qu’une application du fongicide de synthèse difénoconazole, placé par les autorités sur la liste des pesticides les plus problématiques, en raison de sa persistance et de sa toxicité.

    #escrocs #union_européenne

    #paywall

    • Parfois, il vaut mieux ne pas savoir. C’est ce que semblent se dire, ces jours-ci, la Commission européenne et une bonne part des Etats membres, pour éviter d’avoir à verdir leur #agriculture. Truquer le thermomètre est un moyen commode d’être sûr de pouvoir annoncer, un jour, que la fièvre a disparu. C’est en tout cas bien plus confortable que de se lancer dans le traitement de la maladie. Traiter la maladie, c’est long, c’est pénible, c’est incertain. Truquer le thermomètre, c’est facile et ça marche à tous les coups.

      Dans les prochains jours, l’Union doit adopter une série de dispositions techniques cruciales pour mesurer les progrès de ses Etats membres dans la réduction des #intrants utilisés en agriculture. La stratégie « Farm to Fork » (« de la ferme à la fourchette »), volet agricole du Green Deal (Pacte vert) d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, prévoit ainsi, notamment, une « réduction de l’usage et des risques de 50 % des #pesticides » d’ici à 2030 sur le territoire des Vingt-Sept. Et c’est ici que l’affaire se complique. Car, pour mesurer une « réduction de l’usage et des risques » de quoi que ce soit, il faut une métrique, et c’est souvent dans les détails de cette métrique que le diable est caché.

      C’est le toxicologue autrichien Helmut Burtscher-Schaden, membre de l’association Global 2000, qui l’a déniché. Dans une note publiée le 9 juin, il montre que le système proposé par la Commission pour mesurer la baisse du recours aux pesticides réalise le tour de force de pouvoir transformer une aggravation des risques en une amélioration.

      Le dispositif en question se nomme « Indice de risque harmonisé 1 » (Harmonized Risk Indicator 1, ou HRI-1). Il évalue le risque en fonction de la quantité de produits utilisée, modulé par des facteurs de risque si imparfaitement établis qu’il aboutit à des résultats « grotesquement faux » , fustige le toxicologue. En utilisant la grille d’analyse de HRI-1, il montre, par exemple, que ce système d’évaluation attribue « le même risque à 1 kilogramme de sable de quartz, une dose qui protège cinq arbres contre l’abroutissement du gibier, et à 1 kilogramme d’insecticide pyréthrinoïde, susceptible de tuer tous les insectes vivants sur 200 hectares » .

      Thermomètre défectueux

      HRI-1 est si défectueux qu’il désavantage des produits considérés par les autorités européennes elles-mêmes comme à faible risque, et d’usage courant en #agriculture_biologique, par rapport à d’autres, classés parmi les plus dangereux. Non seulement ce thermomètre ne donne pas la bonne température, mais il peut refroidir le chaud et réchauffer le froid. Selon HRI-1, ajoute M. Burtscher-Schaden, une seule application de bicarbonate de potassium comme #fongicide naturel (également utilisé comme additif alimentaire) présente un risque huit fois plus élevé qu’une application du fongicide de synthèse difénoconazole, placé par les autorités sur la liste des pesticides les plus problématiques, en raison de sa persistance et de sa toxicité.

      Ainsi, HRI-1 contrevient à cet autre objectif de la stratégie « Farm to Fork » : atteindre la proportion d’un quart des surfaces agricoles exploitées en bio d’ici à 2030. Comment atteindre cet objectif si des produits de biocontrôle peuvent être considérés comme plus risqués que des substances de synthèse reconnues comme devant être exclues au plus vite du marché ?

      Interrogée, la Commission ne dément aucune de ces informations mais souligne que « le HRI est un indicateur utile pour mesurer l’utilisation des pesticides et la réduction des risques dans l’UE » , et « la Commission travaille en permanence sur les moyens de renforcer encore ses indicateurs sur les pesticides . Bruxelles évoque de « futurs indicateurs basés sur des données plus concrètes » .

      « Ignorance stratégique »

      La France a vu pareille bataille il y a près de quinze ans. En 2008, les industriels souhaitaient que le tonnage de pesticides utilisés en France soit l’indicateur de suivi du recours à ces produits. Les pouvoirs publics ne les ont pas écoutés et ont mis au point un autre indice, le NODU (« nombre de doses unités »). Celui-ci est basé sur les quantités, rapportées aux surfaces traitées et aux taux d’application. Le tonnage peut baisser quand le NODU c’est-à-dire l’usage réel augmente (le NODU lui-même n’a pas échappé à un certain degré de trucage, puisqu’il exclut les traitements directement appliqués sur les graines).

      On le voit : les standards d’évaluation des risques et les métriques réglementaires peuvent être un facteur majeur de construction et de maintien d’une « ignorance stratégique », au sens de Linsey McGoey ( The Unknowers. How Strategic Ignorance Rules the World , Zed Books, 2019, non traduit). L’ignorance est souvent, de fait, la condition sine qua non au maintien de certaines activités. C’est parfois un actif précieux qu’il faut à tout prix conserver ; CropLife, le lobby agrochimique européen, ne s’y est pas trompé et a pris fait et cause pour HRI-1.

      Ce n’est pas tout. Ce qui se décide ces jours-ci à Bruxelles concerne non seulement l’évaluation des risques mais aussi le simple tonnage et la localisation des usages. Sur ce volet, la même volonté de maintenir, le plus longtemps, le plus d’ignorance possible est manifeste : selon les discussions du dernier trilogue sur le sujet, le 2 juin, le système d’information sur les intrants agricoles ne devrait pleinement entrer en vigueur qu’en... 2028. Soit deux années avant l’horizon de 2030 fixé par la Commission.

      Une telle absence de volonté politique est l’indice que le Green Deal agricole n’aura pas lieu. Là encore, la France aura été pionnière : en 2008, le plan Ecophyto fixait l’objectif d’une réduction de 50 % du recours aux pesticides en dix ans. Quinze ans plus tard, il n’a fait que croître.

      #agrochimie #agrobusiness #lobbies #criminels

    • Helmut Burtscher-Schaden | Global 2000 - Feb 2022 :
      HRI 1: A RISK INDICATOR TO PROMOTE TOXIC PESTICIDES ?
      https://www.organicseurope.bio/content/uploads/2022/06/GLOBAL2000_HRI-1_final_28022022.pdf

      Are organic pesticides hundreds of times more dangerous than synthetic chemical pesticides? “What nonsense!” you might reply. But this is exactly the result you get, when applying the Harmonised Risk Indicator 1 that the European Union intends to use for the monitoring of the 50% pesticide reduction target under the European Green Deal.

      Since all these pesticide active substances get the same weighting factor of 8, the HRI 1 “measures” the same risk for one kilogram of a nerve agent, such as the highly bee-toxic insecticide deltamethrin, as for one kilogram of quartz sand, even though the latter is obviously not hazardous.

  • Impacts des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les services écosystémiques : résultats de l’expertise scientifique collective INRAE-Ifremer | INRAE INSTIT
    https://www.inrae.fr/actualites/impacts-produits-phytopharmaceutiques-biodiversite-services-ecosystemiques-res

    Depuis les années 2000, la surveillance de la contamination des différents écosystèmes par les #produits_phytopharmaceutiques a été progressivement renforcée. La liste des substances recherchées s’est allongée et les capacités d’échantillonnage, d’analyse et de détection se sont améliorées, offrant aujourd’hui une image plus précise de la contamination des milieux. L’état actuel des connaissances montre une large contamination des écosystèmes par les produits phytopharmaceutiques, avec un pic de contamination dans les espaces agricoles – dans les sols, les petits cours d’eau et l’air – là où ils sont majoritairement appliqués. Cette contamination touche aussi les zones situées à distance des parcelles cultivées comme les milieux aquatiques et les sédiments, ceci jusqu’à des milieux reculés comme les zones proches des pôles et les grands fonds marins. Parmi les substances retrouvées à des centaines ou des milliers de kilomètres de leur zone d’application, on retrouve notamment celles interdites depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, dont la concentration tend toutefois à diminuer. L’exposition aux produits phytopharmaceutiques est avérée pour un large panel d’organismes et montre que la contamination se propage aussi parfois le long des réseaux trophiques5.

    #pesticides #intrants_chimiques

  • 5 questions à Roland Riachi. Comprendre la #dépendance_alimentaire du #monde_arabe

    Économiste et géographe, Roland Riachi s’est spécialisé dans l’économie politique, et plus particulièrement dans le domaine de l’écologie politique. Dans cet entretien, il décrypte pour nous la crise alimentaire qui touche le monde arabe en la posant comme une crise éminemment politique. Il nous invite à regarder au-delà de l’aspect agricole pour cerner les choix politiques et économiques qui sont à son origine.

    https://www.carep-paris.org/5-questions-a/5-questions-a-roland-riachi
    #agriculture #alimentation #colonialisme #céréales #autosuffisance_alimentaire #nationalisation #néolibéralisme #Egypte #Soudan #Liban #Syrie #exportation #Maghreb #crise #post-colonialisme #souveraineté_nationale #panarabisme #militarisme #paysannerie #subventions #cash_crop #devises #capitalisme #blé #valeur_ajoutée #avocats #mangues #mondialisation #globalisation #néolibéralisme_autoritaire #révolution_verte #ouverture_du_marché #programmes_d'ajustement_structurels #intensification #machinisation #exode_rural #monopole #intrants #industrie_agro-alimentaire #biotechnologie #phosphates #extractivisme #agriculture_intensive #paysans #propriété_foncière #foncier #terres #morcellement_foncier #pauvreté #marginalisation #monoculture #goût #goûts #blé_tendre #pain #couscous #aide_humanitaire #blé_dur #durum #libre-échange #nourriture #diète_néolibérale #diète_méditerranéenne #bléification #importation #santé_publique #diabète #obésité #surpoids #accaparement_des_terres #eau #MENA #FMI #banque_mondiale #projets_hydrauliques #crise_alimentaire #foreign_direct_investment #emploi #Russie #Ukraine #sécurité_alimentaire #souveraineté_alimentaire

    #ressources_pédagogiques

    ping @odilon

  • Gluten, l’ennemi public ? - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/090077-000-A/gluten-l-ennemi-public
    https://api-cdn.arte.tv/api/mami/v1/program/fr/090077-000-A/1920x1080?ts=1618877236&watermark=true&text=true

    Les cas d’intolérance au gluten explosent et les maladies coeliaques sont quatre fois plus élevées que dans les années 1950. Cette ambitieuse enquête révèle les dommages causés par la dérégulation de notre économie sur le blé, notre aliment de base.

    #glyphosate #pesticides #intrants_chimiques #agroindustrie

  • Une agriculture toujours plus énergivore - Journal de l’environnement
    http://www.journaldelenvironnement.net/article/une-agriculture-toujours-plus-energivore,90661?xtor=RSS-31

    En 50 ans, les apports énergétiques aux terres agricoles, que ce soit en fertilisants, en machines ou en carburant, ont augmenté de 137% par hectare au niveau mondial, selon une étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas).

    #paywall
    l’étude originale (elle-même sous paywall !)
    http://www.pnas.org/content/early/2018/02/13/1717072115

    #agriculture #intrants
    @odilon

  • Quand le maïs pousse le grand hamster d’Alsace à l’infanticide
    http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/01/25/quand-le-mais-pousse-le-grand-hamster-d-alsace-a-l-infanticide_5068957_16526

    Chez le grand hamster, le maïs est source de drames familiaux. La surconsommation de la céréale pousse en effet ces paisibles rongeurs à commettre l’irréparable. Des femelles de cet emblématique mammifère d’Alsace, soumises à un régime essentiellement maïsicole, ont mangé 95 % de leur progéniture, sous les yeux médusés de chercheurs strasbourgeois. Des infanticides qui freinent la reproduction d’un animal en voie d’extinction, déjà menacé par la prédation des renards, la fragmentation de l’habitat sous l’effet d’une urbanisation et d’aménagements routiers croissants ou le changement climatique. Ces conclusions étonnantes ont été publiées dans la dernière édition de la revue anglaise Proceedings of the Royal Society B.

    Ces scientifiques, qui appellent à diversifier les cultures agricoles dans le nord-est de la France, font partie du projet Life Alister (pour « Alsace Life Hamster »), un programme de cinq ans et de 3,3 millions d’euros financé par la Commission européenne et le ministère de l’environnement. Il vise à comprendre les causes de la disparition du rongeur, protégé depuis 1992 en Europe et 1993 en France, et les solutions pour y remédier.

    #paywall

  • L’agro-écologie séduit de plus en plus les agriculteurs français
    http://www.consoglobe.com/agriculteurs-connaissent-agro-ecologie-cg

    Selon un #sondage BVA portant sur un échantillon de 800 exploitants agricoles et rendu public par le ministère de l’#agriculture, le concept d’#agro-écologie est de plus en plus connu et appliqué par les agriculteurs, avec 79 % d’entre eux qui en avaient entendu parler en 2015, contre 50 % en 2014.
    Agro-écologie : un regard sur cette notion qui a évolué progressivement

    Le premier résultat à retenir de ce sondage est donc l’évolution de la perception de ce concept dans le monde agricole. Tout d’abord appréhendé comme un terme réservé à l’agriculture biologique avec « l’application de l’#écologie à l’agriculture », l’agro-écologie est maintenant compris comme « l’ensemble des pratiques fondées sur plusieurs principes : renouvellement de la #biomasse, minimisation des pertes en #énergie, diversification génétique, valorisation des interactions biologiques… », et de plus en plus mise en pratique dans des exploitations qui ne sont pas en agriculture biologique.(1)

    Au-delà de connaître le concept, 73 % des agriculteurs appliquent au moins trois démarches en lien avec l’agro-écologie en :

    limitant les #intrants_chimiques (76 %) ;
    améliorant la qualité des #sols (72 %) ;
    préservant la qualité de l’#eau (61 %).

    Les agriculteurs de moins de 40 ans sont majoritaires dans l’application de ces techniques (85 %).

    Et ce sont les plus gros propriétaires qui ont les plus mauvaises pratiques

  • « Les multinationales ont empêché les COP de résoudre le problème du climat »
    http://www.reporterre.net/Les-multinationales-ont-empeche-les-COP-de-resoudre-le-probleme-du-clima

    Lors de la #COP_21, on parlera de « #Climate_Smart_Agriculture », d’agriculture « climato-intelligente ». C’est l’agriculture que défendent les grandes industries et les entreprises transnationales, qui veulent créer plus de produits artificiels pour, soi-disant, résoudre les problèmes. Les gouvernements, sous l’influence des entreprises, proposent ces #fausses_solutions qui prônent les OGM et davantage d’intrants chimiques. Ils veulent continuer à dérégler le climat sous prétexte de répondre aux besoins des peuples.

    Si on parle de COP 21, c’est que les vingt précédentes COP ont été empêchées par les entreprises transnationales de résoudre un problème pourtant bien connu. On parle aussi beaucoup de financements climat. Si les pays en finissaient avec les 400 milliards de dollars de #subventions accordées à l’#agriculture_industrielle, on aurait largement les moyens de lutter contre les changements climatiques.

    Si on se débarrassait des #pesticides, des #intrants_chimiques et des différentes choses qui posent problème, on aurait une meilleure santé, de meilleures démocraties et des économies plus saines. Donc, qui cherche de vraies solutions doit se tourner vers une agriculture #agroécologique et vers des systèmes d’alimentation locale contrôlés par la communauté et gérés par les citoyens.

    #climat

  • #Alimentaire : des #contrôles_sanitaires insuffisants - Agriculture - Environnement - écologie et environnement
    http://www.novethic.fr/novethic/ecologie,environnement,agriculture,l_insuffisance_controles_sanitaires_dans

    L’affaire Spanghero serait-elle symptomatique des défaillances des contrôles sanitaires du ministère de l’#agriculture ? Oui, à en croire la Cour de comptes. Insuffisance des contrôles, irrégularités dans les inspections, absences de sanctions… Des critiques que la Cour reprend pour l’ensemble des contrôles de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) dans son rapport annuel paru en février 2014. Les conclusions sont sévères : « les contrôles réalisés par le ministère de l’Agriculture sont peu nombreux et les non-conformités sont rarement sanctionnées », une situation qui révèle « des anomalies graves ». Le ministère de l’Agriculture n’est pas le seul ministère concerné par la surveillance sanitaire des aliments, puisque la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des Fraudes (DGCCRF) est la responsable globale du marché des produits alimentaires. Mais il revêt « une importance stratégique », pour la Cour, puisque la DGAL est en charge des contrôles des exploitations agricoles et des établissements de transformation des denrées animales.

    Manque de contrôles

    Le rapport pointe d’abord le manque de contrôles. Pour les #intrants (#pesticides, #engrais), le taux de contrôle des cultures est à peine 1,2 %. Et encore, il ne concerne que les exploitants bénéficiant des aides de la #PAC. Les autres, comme les maraîchers et les vignerons, ne sont quasiment pas contrôlés.

    #alimentation #santé_publique