• Au peuple kurde
    Aux peuples du monde

    CNI

    https://lavoiedujaguar.net/Au-peuple-kurde-Aux-peuples-du-monde

    Le Congrès national indigène, par la voix de notre Conseil indigène de gouvernement et de notre porte-parole María de Jesús Patricio Martínez, condamne l’attaque militaire particulièrement lâche et les bombardements perpétrés par l’armée turque contre la ville kurde d’Afrine, contre le camp de réfugié·e·s syrien·ne·s de Rubar et contre les zones de peuplement du canton du Rojava, au nord de la Syrie.

    Sœurs et frères, c’est avec un grand respect que nous partageons votre douleur face aux souffrances de milliers de morts et au déplacement de millions de personnes, parmi elles des centaines d’enfants, déjà provoqués par cette guerre capitaliste sans limites ni frontières. Nous dénonçons l’invasion des territoires autonomes kurdes par des groupes armés qui défendent les intérêts des puissants du mauvais gouvernement turc, avec pour objectif d’éradiquer ce peuple digne et de mener à bien l’occupation capitaliste, qui apporte avec elle, comme dans tous les recoins du pays, outre le capitalisme, la haine raciale et le patriarcat. (...)

    #Mexique #Conseil_indigène_de_gouvernement #Kurdistan #Roajava #Afrine #invasion_armée_turque #solidarité #autonomie

  • Migrants : l’irrationnel au pouvoir ? | Par Karen Akoka et Camille Schmoll
    http://www.liberation.fr/debats/2018/01/18/migrants-l-irrationnel-au-pouvoir_1623475

    Car loin de résoudre des problèmes fantasmés, les mesures, que chaque nouvelle majorité s’est empressée de prendre, n’ont cessé d’en fabriquer de plus aigus. Les situations d’irrégularité et de précarité qui feraient des migrant.e.s des « fardeaux » sont précisément produites par nos politiques migratoires : la quasi-absence de canaux légaux de #migration (pourtant préconisés par les organismes internationaux les plus consensuels) oblige les migrant.e.s à dépenser des sommes considérables pour emprunter des voies illégales. La vulnérabilité financière mais aussi physique et psychique produite par notre choix de verrouiller les frontières est ensuite redoublée par d’autres pièces de nos réglementations : en obligeant les migrant.e.s à demeurer dans le premier pays d’entrée de l’UE, le règlement de Dublin les prive de leurs réseaux familiaux et communautaires, souvent situés dans d’autres pays européens et si précieux à leur insertion. A l’arrivée, nos lois sur l’accès au séjour et au travail les maintiennent, ou les font basculer, dans des situations de clandestinité et de dépendance. Enfin, ces lois contribuent paradoxalement à rendre les migrations irréversibles : la précarité administrative des migrant.e.s les pousse souvent à renoncer à leurs projets de retour au pays par peur qu’ils ne soient définitifs. Les enquêtes montrent que c’est l’absence de « papiers » qui empêche ces retours. Nos politiques migratoires fabriquent bien ce contre quoi elles prétendent lutter.

    • Je mets ici le texte complet :

      Très loin du renouveau proclamé depuis l’élection du président Macron, la politique migratoire du gouvernement Philippe se place dans une triste #continuité avec celles qui l’ont précédée tout en franchissant de nouvelles lignes rouges qui auraient relevé de l’inimaginable il y a encore quelques années. Si, en 1996, la France s’émouvait de l’irruption de policiers dans une église pour déloger les grévistes migrant.e.s, que de pas franchis depuis : accès à l’#eau et distributions de #nourriture empêchés, tentes tailladées, familles traquées jusque dans les centres d’hébergement d’urgence en violation du principe fondamental de l’#inconditionnalité_du_secours.

      La #loi_sur_l’immigration que le gouvernement prépare marque l’emballement de ce processus répressif en proposant d’allonger les délais de #rétention administrative, de généraliser les #assignations_à_résidence, d’augmenter les #expulsions et de durcir l’application du règlement de #Dublin, de restreindre les conditions d’accès à certains titres de séjour, ou de supprimer la garantie d’un recours suspensif pour certain.e.s demandeur.e.s d’asile. Au-delà de leur apparente diversité, ces mesures reposent sur une seule et même idée de la migration comme « #problème ».

      Cela fait pourtant plusieurs décennies que les chercheurs spécialisés sur les migrations, toutes disciplines scientifiques confondues, montrent que cette vision est largement erronée. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas eu d’augmentation drastique des migrations durant les dernières décennies. Les flux en valeur absolue ont augmenté mais le nombre relatif de migrant.e.s par rapport à la population mondiale stagne à 3 % et est le même qu’au début du XXe siècle. Dans l’Union européenne, après le pic de 2015, qui n’a par ailleurs pas concerné la France, le nombre des arrivées à déjà chuté. Sans compter les « sorties » jamais intégrées aux analyses statistiques et pourtant loin d’être négligeables. Et si la demande d’asile a connu, en France, une augmentation récente, elle est loin d’être démesurée au regard d’autres périodes historiques. Au final, la mal nommée « #crise_migratoire » européenne est bien plus une crise institutionnelle, une crise de la solidarité et de l’hospitalité, qu’une crise des flux. Car ce qui est inédit dans la période actuelle c’est bien plus l’accentuation des dispositifs répressifs que l’augmentation de la proportion des arrivées.

      La menace que représenteraient les migrant.e.s pour le #marché_du_travail est tout autant exagérée. Une abondance de travaux montre depuis longtemps que la migration constitue un apport à la fois économique et démographique dans le contexte des sociétés européennes vieillissantes, où de nombreux emplois sont délaissés par les nationaux. Les économistes répètent qu’il n’y a pas de corrélation avérée entre #immigration et #chômage car le marché du travail n’est pas un gâteau à taille fixe et indépendante du nombre de convives. En Europe, les migrant.e.s ne coûtent pas plus qu’ils/elles ne contribuent aux finances publiques, auxquelles ils/elles participent davantage que les nationaux, du fait de la structure par âge de leur population.

      Imaginons un instant une France sans migrant.e.s. L’image est vertigineuse tant leur place est importante dans nos existences et les secteurs vitaux de nos économies : auprès de nos familles, dans les domaines de la santé, de la recherche, de l’industrie, de la construction, des services aux personnes, etc. Et parce qu’en fait, les migrant.e.s, c’est nous : un.e Français.e sur quatre a au moins un.e parent.e ou un.e grand-parent immigré.e.

      En tant que chercheur.e.s, nous sommes stupéfait.e.s de voir les responsables politiques successifs asséner des contre-vérités, puis jeter de l’huile sur le feu. Car loin de résoudre des problèmes fantasmés, les mesures, que chaque nouvelle majorité s’est empressée de prendre, n’ont cessé d’en fabriquer de plus aigus. Les situations d’irrégularité et de #précarité qui feraient des migrant.e.s des « fardeaux » sont précisément produites par nos politiques migratoires : la quasi-absence de canaux légaux de migration (pourtant préconisés par les organismes internationaux les plus consensuels) oblige les migrant.e.s à dépenser des sommes considérables pour emprunter des voies illégales. La #vulnérabilité financière mais aussi physique et psychique produite par notre choix de verrouiller les frontières est ensuite redoublée par d’autres pièces de nos réglementations : en obligeant les migrant.e.s à demeurer dans le premier pays d’entrée de l’UE, le règlement de Dublin les prive de leurs réseaux familiaux et communautaires, souvent situés dans d’autres pays européens et si précieux à leur insertion. A l’arrivée, nos lois sur l’accès au séjour et au travail les maintiennent, ou les font basculer, dans des situations de clandestinité et de dépendance. Enfin, ces lois contribuent paradoxalement à rendre les migrations irréversibles : la précarité administrative des migrant.e.s les pousse souvent à renoncer à leurs projets de retour au pays par peur qu’ils ne soient définitifs. Les enquêtes montrent que c’est l’absence de « papiers » qui empêche ces retours. Nos politiques migratoires fabriquent bien ce contre quoi elles prétendent lutter.

      Les migrant.e.s ne sont pas « la misère du monde ». Comme ses prédécesseurs, le gouvernement signe aujourd’hui les conditions d’un échec programmé, autant en termes de pertes sociales, économiques et humaines, que d’inefficacité au regard de ses propres objectifs.

      Imaginons une autre politique migratoire. Une politique migratoire enfin réaliste. Elle est possible, même sans les millions utilisés pour la rétention et l’expulsion des migrant.e.s, le verrouillage hautement technologique des frontières, le financement de patrouilles de police et de CRS, les sommes versées aux régimes autoritaires de tous bords pour qu’ils retiennent, reprennent ou enferment leurs migrant.e.s. Une politique d’#accueil digne de ce nom, fondée sur l’enrichissement mutuel et le respect de la #dignité de l’autre, coûterait certainement moins cher que la politique restrictive et destructrice que le gouvernement a choisi de renforcer encore un peu plus aujourd’hui. Quelle est donc sa rationalité : ignorance ou électoralisme ?

      #Karen_Akoka #Camille_Schmoll #France #répression #asile #migrations #réfugiés #détention_administrative #renvois #Règlement_Dublin #3_pourcent #crise_Des_réfugiés #invasion #afflux #économie #travail #fermeture_des_frontières #migrations_circulaires #réalisme

  • Le blog de Philippe Wannesson | Une feuille de route (de la Commission européenne) qui en dit long
    https://asile.ch/2018/01/02/blog-de-philippe-wannesson-feuille-de-route-de-commission-europeenne-dit-long

    La feuille de route proposée par la Commission européenne en vue du sommet européen des 14 et 15 décembre 2017 trace la voie vers une gestion systématiquement externalisée de l’asile.

    • Une vision juste un poil eurocentriste... mais juste un petit poil, hein ?

      Tiré de la « Migration Roadmap » de la Commission européenne...

      Je me limiterais à l’excellent commentaire de Philippe Wannesson :

      « l’Union européenne est exceptionnellement généreuse en terme d’accueil de réfugié-e-s (avec un graphique visant à illustrer la générosité européenne qui omet l’Ouganda qui accueille un million de réfugié-e-s du Soudan du Sud, le Bangladesh qui a vu en quelques mois l’arrivée de six cent milles réfugié-e-s Rohingyas, le Liban qui accueille l’équivalent d’un tiers de sa population, parmi d’autres »

      #afflux #préjugés #invasion #eurocentrisme #euro-centrisme #migrations #asile #réfugiés #Commission_européenne #UE #EU #partialité

      D’ailleurs, c’est aussi une comparaison entre un continent formé par plusieurs pays (l’UE) et les autres, qui, eux, sont des pays...

  • Asylum seekers in Europe

    https://www.lucify.com/seeking-asylum-in-europe

    Seeking asylum in Europe

    How many people have sought asylum in European countries relative to each country’s population? See for yourself.
    Published May 4, 2016 | Updated Oct 17, 2017
    Juho Ojala, Ville Saarinen, Ville Väänänen
    Image credit: Gerald Wildmoser

    #migrations #asile #europe #réfugiés

  • 10 reasons why borders should be opened | #François_Gemenne | TEDxLiège
    https://www.youtube.com/embed/RRcZUzZwZIw
    #frontières #ouverture_des_frontières #migrations #asile #réfugiés #libre_circulation

    Les raisons :
    1. raisons humanitaires
    2. raison pragmatique pour combattre les passeurs et les trafiquants
    3. car les fermer, c’est inutile et inefficace
    4. raison économique
    5. pour contrer la migration illégale
    6. raison sociale : moins de travailleurs travaillant en dessous du minimum salarial
    7. raison financière : les frontières fermées sont un gaspillage d’argent
    8. raison #éthique : déclaration universellle des droits de l’homme (art. 13) —>jamais implementé à cause des frontières fermées... c’est quoi le point de quitter un pays si on ne peut pas entrer dans un autre ? En ouvrant les frontières, on reconnaîtrait que la migration est un droit humain —> c’est un projet de #liberté
    9. raison éthique : #injustice dans le fait que le destin d’une personne est déterminée par l’endroit où elle est née —> ouverture des frontières = projet d’#égalité
    10. raison éthique : nous sommes coincés par un « paradigme d’immobilité » (migration est un phénomène structurel et fondamental dans un monde globalisé). On continue à penser aux frontières comme à un manière de séparer « nous » de « eux » comme si ils n’étaient pas une humanité, mais seulement une addition de « nous » et « eux » #cosmopolitisme #fraternité #TedX

    • zibarre cte article !

      Exemple : moins de travailleurs travaillant en dessous du minimum salarial  ? ? ? ? ? ?
      L’exemple des travailleurs détachés, travaillant en dessous du minimum salarial, en France c’est bien la conséquence de l’ouverture des frontières ! Non ?

      L’importation d’#esclaves étrangers n’était pas suffisante pour l’#union_européenne.

      Je suppose que pour #François_Gemenne la fraude fiscale internationale est une bonne chose. L’importation des #OGM, des médicaments frelatés, et autres #glyphosates, aussi.

    • Ouvrir les frontières aux humains, une évidence. Comparer ça aux effets de la directive Bolkestein est scandaleux et amoral. #seenthis permet l’effacement des messages, n’hésitez pas.

    • Sur cette question d’ouverture de frontières, il y a aussi un livre d’éthique que je recommande :


      http://www.ppur.org/produit/810/9782889151769

      Dont voici un extrait en lien avec la discussion ci-dessus :

      « La discussion sur les bienfaits économiques de l’immigration est souvent tronquée par le piège du gâteau. Si vous invitez plus de gens à votre anniversaire, la part moyenne du gâteau va rétrécir. De même, on a tendance à penser que si plus de participants accèdent au marché du travail, il en découlera forcément une baisse des salaires et une réduction du nombre d’emplois disponible.
      Cette vision repose sur une erreur fondamentale quant au type de gâteau que représente l’économie, puisque, loin d’être de taille fixe, celui-ci augmente en fonction du nombre de participants. Les immigrants trouvant un travail ne osnt en effet pas seulement des travailleurs, ils sont également des consommateurs. Ils doivent se loger, manger, consommer et, à ce titre, leur présence stimule la croissance et crée de nouvelles opportunités économiques. Dans le même temps, cette prospérité économique provoque de nouvelles demandes en termes de logement, mobilité et infrastructure.
      L’immigration n’est donc pas comparable à une fête d’anniversaire où la part de gâteau diminuerait sans cesse. La bonne image serait plutôt celle d’un repas canadien : chacun apporte sa contribution personnelle, avant de se lancer à la découverte de divers plats et d’échanger avec les autres convives. Assis à cette table, nous sommes à la fois contributeurs et consommateurs.
      Cette analogie du repas canadien nous permet d’expliquer pourquoi un petit pays comme la Suisse n’a pas sombré dans la pauvreté la plus totale suite à l’arrivée de milliers d’Européens. Ces immigrants n’ont pas fait diminuer la taille du gâteau, ils ont contribué à la prospérité et au festin commun. L’augmentation du nombre de personnes actives sur le marché du travail a ainsi conduit à une forte augmentation du nombre d’emplois à disposition, tout en conservant des salaires élevés et un taux de chômage faible.
      Collectivement, la Suisse ressort clairement gagnante de cette mobilité internationale. Ce bénéfice collectif ’national’ ne doit cependant pas faire oublier les situations difficiles. Les changements induits par l’immigration profitent en effet à certains, tandis que d’autres se retrouvent sous pression. C’est notamment le cas des travailleurs résidents dont l’activité ou les compétences sont directement en compétition avec les nouveaux immigrés. Cela concerne tout aussi bien des secteurs peu qualifiés (par exemple les anciens migrants actifs dans l’hôtellerie) que dans les domaines hautement qualifiés (comme le management ou la recherche).
      Sur le plan éthique, ce constat est essentiel car il fait clairement apparaître deux questions distinctes. D’une part, si l’immigration profite au pays en général, l’exigence d’une répartition équitable des effets positifs et négatifs de cette immigration se pose de manière aiguë. Au final, la question ne relève plus de la politique migratoire, mais de la redistribution des richesses produites. Le douanier imaginaire ne peut donc se justifier sous couvert d’une ’protection’ générale de l’économie.
      D’autre part, si l’immigration met sous pression certains travailleurs résidents, la question de leur éventuelle protection doit être posée. Dans le débat public, cette question est souvent présentée comme un choix entre la défense de ’nos pauvres’ ou de ’nos chômeurs’ face aux ’immigrés’. Même si l’immigration est positive pour la collectivité, certains estiment que la protection de certains résidents justifierait la mise en œuvre de politiques migratoires restrictives. »

    • « Bart De Wever a raison : il faut discuter de l’ouverture des frontières », pour François Gemenne

      La tribune publiée ce mercredi dans De Morgen par le président de la N-VA est intéressante – stimulante, oserais-je dire – à plus d’un titre. En premier lieu parce qu’elle fait de l’ouverture des frontières une option politique crédible. Jusqu’ici, cette option était gentiment remisée au rayon des utopies libérales, des droits de l’Homme laissés en jachère. En l’opposant brutalement et frontalement à la préservation de la sécurité sociale, Bart De Wever donne une crédibilité nouvelle à l’ouverture des frontières comme projet politique. Surtout, elle place la question de la politique migratoire sur le terrain idéologique, celui d’un projet de société articulé autour de la frontière.

      La tribune publiée ce mercredi dans De Morgen par le président de la N-VA est intéressante – stimulante, oserais-je dire – à plus d’un titre. En premier lieu parce qu’elle fait de l’ouverture des frontières une option politique crédible. Jusqu’ici, cette option était gentiment remisée au rayon des utopies libérales, des droits de l’Homme laissés en jachère. En l’opposant brutalement et frontalement à la préservation de la sécurité sociale, Bart De Wever donne une crédibilité nouvelle à l’ouverture des frontières comme projet politique. Surtout, elle place la question de la politique migratoire sur le terrain idéologique, celui d’un projet de société articulé autour de la frontière.
      L’ouverture des frontières menace-t-elle la sécurité sociale ?

      Bart De Wever n’a pas choisi De Morgen, un quotidien de gauche, par hasard : pour une partie de la gauche, les migrations restent perçues comme des chevaux de Troie de la mondialisation, qui annonceraient le démantèlement des droits et acquis sociaux. Et l’ouverture des frontières est dès lors vue comme un projet néo-libéral, au seul bénéfice d’un patronat cupide à la recherche de main-d’œuvre bon marché. En cela, Bart De Wever, au fond, ne dit pas autre chose que Michel Rocard, qui affirmait, le 3 décembre 1989 dans l’émission Sept sur Sept, que « nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde » (1). Ce raisonnement, qui semble a priori frappé du sceau du bon sens, s’appuie en réalité sur deux erreurs, qui le rendent profondément caduc.

      Tout d’abord, les migrants ne représentent pas une charge pour la sécurité sociale. Dans une étude de 2013 (2) qui fait référence, l’OCDE estimait ainsi que chaque ménage immigré rapportait 5560 euros par an au budget de l’Etat. Dans la plupart des pays de l’OCDE, les migrants rapportent plus qu’ils ne coûtent : en Belgique, leur apport net représente 0.76 % du PIB. Et il pourrait être encore bien supérieur si leur taux d’emploi se rapprochait de celui des travailleurs nationaux : le PIB belge bondirait alors de 0.9 %, selon l’OCDE. Si l’immigration rapporte davantage qu’elle ne coûte, c’est avant tout parce que les migrants sont généralement beaucoup plus jeunes que la population qui les accueille. Il ne s’agit pas de nier ici le coût immédiat qu’a pu représenter, ces dernières années, l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile, qui constituent une catégorie de particulière de migrants. Mais ce coût doit être vu comme un investissement : à terme, une vraie menace pour la sécurité sociale, ce serait une baisse drastique de l’immigration.
      Lien entre migration et frontière

      La deuxième erreur du raisonnement de Bart De Wever est hélas plus répandue : il postule que les frontières sont un instrument efficace de contrôle des migrations, et que l’ouverture des frontières amènerait donc un afflux massif de migrants. Le problème, c’est que les migrations ne dépendent pas du tout du degré d’ouverture ou de fermeture des frontières : croire cela, c’est méconnaître profondément les ressorts de la migration. Jamais une frontière fermée n’empêchera la migration, et jamais une frontière ouverte ne la déclenchera. Mais le fantasme politique est tenace, et beaucoup continuent à voir dans la frontière l’instrument qui permet de réguler les migrations internationales. C’est un leurre absolu, qui a été démonté par de nombreux travaux de recherche, à la fois sociologiques, historiques et prospectifs (3). L’Europe en a sous les yeux la démonstration éclatante : jamais ses frontières extérieures n’ont été aussi fermées, et cela n’a pas empêché l’afflux de migrants qu’elle a connu ces dernières années. Et à l’inverse, quand les accords de Schengen ont ouvert ses frontières intérieures, elle n’a pas connu un afflux massif de migrants du Sud vers le Nord, ni de l’Est vers l’Ouest, malgré des différences économiques considérables. L’ouverture des frontières n’amènerait pas un afflux massif de migrations, ni un chaos généralisé. Et à l’inverse, la fermeture des frontières n’empêche pas les migrations : elle les rend plus coûteuses, plus dangereuses et plus meurtrières. L’an dernier, ils ont été 3 116 à périr en Méditerranée, aux portes de l’Europe. Ceux qui sont arrivés en vie étaient 184 170 : cela veut dire que presque 2 migrants sur 100 ne sont jamais arrivés à destination.
      La frontière comme projet

      Ce qui est à la fois plus inquiétant et plus intéressant dans le propos de Bart De Wever, c’est lorsqu’il définit la frontière comme une « communauté de responsabilité », le socle de solidarité dans une société. En cela, il rejoint plusieurs figures de la gauche, comme Hubert Védrine ou Régis Debray, qui fut le compagnon de route de Che Guevara.

      Nous ne sommes plus ici dans la logique managériale « entre humanité et fermeté » qui a longtemps prévalu en matière de gestion des migrations, et dont le seul horizon était la fermeture des frontières. Ici, c’est la frontière elle-même qui définit le contour du projet de société.

      En cela, le propos de Bart De Wever épouse une fracture fondamentale qui traverse nos sociétés, qui divise ceux pour qui les frontières représentent les scories d’un monde passé, et ceux pour qui elles constituent une ultime protection face à une menace extérieure. Cette fracture, c’est la fracture entre souverainisme et cosmopolitisme, qu’a parfaitement incarnée la dernière élection présidentielle française, et dont la frontière est devenue le totem. Ce clivage entre souverainisme et cosmopolitisme dépasse le clivage traditionnel entre gauche et droite, et doit aujourd’hui constituer, à l’évidence, un axe de lecture complémentaire des idéologies politiques.

      La question des migrations est un marqueur idéologique fondamental, parce qu’elle interroge notre rapport à l’autre : celui qui se trouve de l’autre côté de la frontière est-il un étranger, ou est-il l’un des nôtres ?

      La vision du monde proposée par le leader nationaliste flamand est celle d’un monde où les frontières sépareraient les nations, et où les migrations seraient une anomalie politique et un danger identitaire. Cette vision est le moteur du nationalisme, où les frontières des territoires correspondraient à celles des nations.

      En face, il reste un cosmopolitisme à inventer. Cela nécessitera d’entendre les peurs et les angoisses que nourrit une partie de la population à l’égard des migrations, et de ne pas y opposer simplement des chiffres et des faits, mais un projet de société. Un projet de société qui reconnaisse le caractère structurel des migrations dans un 21ème siècle globalisé, et qui reconnaisse l’universalisme comme valeur qui puisse rassembler la gauche et la droite, de Louis Michel à Alexis Deswaef.

      Et on revient ici à l’ouverture des frontières, qui constitue à mon sens l’horizon possible d’un tel projet. Loin d’être une utopie naïve, c’est le moyen le plus pragmatique et rationnel de répondre aux défis des migrations contemporaines, de les organiser au bénéfice de tous, et de mettre un terme à la fois aux tragédies de la Méditerranée et au commerce sordide des passeurs.

      Mais aussi, et surtout, c’est un projet de liberté, qui matérialise un droit fondamental, la liberté de circulation. C’est aussi un projet d’égalité, qui permet de réduire (un peu) l’injustice fondamentale du lieu de naissance. Et c’est enfin un projet de fraternité, qui reconnaît l’autre comme une partie intégrante de nous-mêmes.

      (1) La citation n’est pas apocryphe : la suite de la phrase a été ajoutée bien plus tard. (2) « The fiscal impact of immigration in OECD countries », International Migration Outlook 2013, OCDE.

      (3) Voir notamment le projet de recherche MOBGLOB : http://www.sciencespo.fr/mobglob

      http://plus.lesoir.be/136106/article/2018-01-25/bart-de-wever-raison-il-faut-discuter-de-louverture-des-frontieres-pour-
      #sécurité_sociale #frontières

    • "Fermer les frontières ne sert à rien"

      Est-il possible de fermer les frontières ? Dans certains discours politiques, ce serait la seule solution pour mettre à l’immigration illégale. Mais dans les faits, est-ce réellement envisageable, et surtout, efficace ? Soir Première a posé la question à François Gemenne, chercheur et enseignant à l’ULG et à Science Po Paris, ainsi qu’à Pierre d’Argent, professeur de droit international à l’UCL.

      Pour François Gemenne, fermer les frontières serait un leurre, et ne servirait à rien : « Sauf à tirer sur les gens à la frontière, dit-il, ce n’est pas ça qui ralentirait les migrations. Les gens ne vont pas renoncer à leur projet de migration parce qu’une frontière est fermée. On en a l’illustration sous nos yeux. Il y a des centaines de personnes à Calais qui attendent de passer vers l’Angleterre alors que la frontière est fermée. L’effet de la fermeture des frontières, ça rend seulement les migrations plus coûteuses, plus dangereuses, plus meurtrières. Et ça crée le chaos et la crise politique qu’on connait actuellement ».

      Pour lui, c’est au contraire l’inverse qu’il faudrait envisager, c’est-à-dire les ouvrir. « C’est une question qu’on n’ose même plus aborder dans nos démocraties sous peine de passer pour un illuminé, et pourtant il faut la poser ! L’ouverture des frontières permettrait à beaucoup de personnes qui sont en situation administrative irrégulière, c’est-à-dire les sans-papiers, de rentrer chez eux. Ca permettrait beaucoup plus d’aller-retour, mais aussi, paradoxalement, de beaucoup mieux contrôler qui entre et qui sort sur le territoire ». Il explique également que cela neutraliserait le business des passeurs : « C’est parce que les gens sont prêts à tout pour franchir les frontières que le business des passeurs prospère. Donc, il y a une grande hypocrisie quand on dit qu’on veut lutter contre les passeurs, et qu’en même temps on veut fermer les frontières ».
      Des frontières pour rassurer ceux qui vivent à l’intérieur de celles-ci

      Pierre d’Argent rejoint François Gemenne dans son analyse. Mais sur la notion de frontière, il insiste un point : « Les frontières servent aussi, qu’on le veuille ou non, à rassurer des identités collectives au niveau interne. La frontière définit un corps collectif qui s’auto-détermine politiquement, et dire cela, ce n’est pas nécessairement rechercher une identité raciale ou autre. Dès lors, la suppression des frontières permettrait d’éliminer certains problèmes, mais en créerait peut-être d’autres. Reconnaissons que la vie en société n’est pas une chose évidente. Nous sommes dans des sociétés post-modernes qui sont très fragmentés. Il y a des sous-identités, et on ne peut manquer de voir que ces soucis qu’on appelle identitaires, et qui sont exprimés malheureusement dans les urnes, sont assez naturels à l’être humain. La manière dont on vit ensemble en société dépend des personnes avec qui on vit. Et si, dans une société démocratique comme la nôtre, il y a une forme d’auto-détermination collective, il faut pouvoir poser ces questions ».
      Ouvrir les frontières : quel impact sur les migrations ?

      François Gemenne en est persuadé : si l’on ouvrait les frontières, il n’y aurait pas forcément un flux migratoire énorme : « Toutes les études, qu’elles soient historiques, sociologiques ou prospectives, montrent que le degré d’ouverture d’une frontière ne joue pas un rôle dans le degré de la migration. Par exemple, quand on a établi l’espace Schengen, on n’a pas observé de migration massive de la population espagnole ou d’autres pays du sud de l’Europe vers le nord de l’Europe ».

      Pour Pierre d’Argent, il est cependant difficile de comparer l’ouverture de frontières en Europe avec l’ouverture des frontières entre l’Afrique et l’Europe, par exemple. Pour lui, il est très difficile de savoir ce qui pourrait arriver.

      https://www.rtbf.be/info/dossier/la-prem1ere-soir-prem1ere/detail_fermer-les-frontieres-ne-sert-a-rien?id=9951419

    • Migrants : l’#irrationnel au pouvoir ?

      Très loin du renouveau proclamé depuis l’élection du président Macron, la politique migratoire du gouvernement Philippe se place dans une triste #continuité avec celles qui l’ont précédée tout en franchissant de nouvelles lignes rouges qui auraient relevé de l’inimaginable il y a encore quelques années. Si, en 1996, la France s’émouvait de l’irruption de policiers dans une église pour déloger les grévistes migrant.e.s, que de pas franchis depuis : accès à l’#eau et distributions de #nourriture empêchés, tentes tailladées, familles traquées jusque dans les centres d’hébergement d’urgence en violation du principe fondamental de l’#inconditionnalité_du_secours.

      La #loi_sur_l’immigration que le gouvernement prépare marque l’emballement de ce processus répressif en proposant d’allonger les délais de #rétention administrative, de généraliser les #assignations_à_résidence, d’augmenter les #expulsions et de durcir l’application du règlement de #Dublin, de restreindre les conditions d’accès à certains titres de séjour, ou de supprimer la garantie d’un recours suspensif pour certain.e.s demandeur.e.s d’asile. Au-delà de leur apparente diversité, ces mesures reposent sur une seule et même idée de la migration comme « #problème ».

      Cela fait pourtant plusieurs décennies que les chercheurs spécialisés sur les migrations, toutes disciplines scientifiques confondues, montrent que cette vision est largement erronée. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas eu d’augmentation drastique des migrations durant les dernières décennies. Les flux en valeur absolue ont augmenté mais le nombre relatif de migrant.e.s par rapport à la population mondiale stagne à 3 % et est le même qu’au début du XXe siècle. Dans l’Union européenne, après le pic de 2015, qui n’a par ailleurs pas concerné la France, le nombre des arrivées à déjà chuté. Sans compter les « sorties » jamais intégrées aux analyses statistiques et pourtant loin d’être négligeables. Et si la demande d’asile a connu, en France, une augmentation récente, elle est loin d’être démesurée au regard d’autres périodes historiques. Au final, la mal nommée « #crise_migratoire » européenne est bien plus une crise institutionnelle, une crise de la solidarité et de l’hospitalité, qu’une crise des flux. Car ce qui est inédit dans la période actuelle c’est bien plus l’accentuation des dispositifs répressifs que l’augmentation de la proportion des arrivées.

      La menace que représenteraient les migrant.e.s pour le #marché_du_travail est tout autant exagérée. Une abondance de travaux montre depuis longtemps que la migration constitue un apport à la fois économique et démographique dans le contexte des sociétés européennes vieillissantes, où de nombreux emplois sont délaissés par les nationaux. Les économistes répètent qu’il n’y a pas de corrélation avérée entre #immigration et #chômage car le marché du travail n’est pas un gâteau à taille fixe et indépendante du nombre de convives. En Europe, les migrant.e.s ne coûtent pas plus qu’ils/elles ne contribuent aux finances publiques, auxquelles ils/elles participent davantage que les nationaux, du fait de la structure par âge de leur population.

      Imaginons un instant une France sans migrant.e.s. L’image est vertigineuse tant leur place est importante dans nos existences et les secteurs vitaux de nos économies : auprès de nos familles, dans les domaines de la santé, de la recherche, de l’industrie, de la construction, des services aux personnes, etc. Et parce qu’en fait, les migrant.e.s, c’est nous : un.e Français.e sur quatre a au moins un.e parent.e ou un.e grand-parent immigré.e.

      En tant que chercheur.e.s, nous sommes stupéfait.e.s de voir les responsables politiques successifs asséner des contre-vérités, puis jeter de l’huile sur le feu. Car loin de résoudre des problèmes fantasmés, les mesures, que chaque nouvelle majorité s’est empressée de prendre, n’ont cessé d’en fabriquer de plus aigus. Les situations d’irrégularité et de #précarité qui feraient des migrant.e.s des « fardeaux » sont précisément produites par nos politiques migratoires : la quasi-absence de canaux légaux de migration (pourtant préconisés par les organismes internationaux les plus consensuels) oblige les migrant.e.s à dépenser des sommes considérables pour emprunter des voies illégales. La #vulnérabilité financière mais aussi physique et psychique produite par notre choix de verrouiller les frontières est ensuite redoublée par d’autres pièces de nos réglementations : en obligeant les migrant.e.s à demeurer dans le premier pays d’entrée de l’UE, le règlement de Dublin les prive de leurs réseaux familiaux et communautaires, souvent situés dans d’autres pays européens et si précieux à leur insertion. A l’arrivée, nos lois sur l’accès au séjour et au travail les maintiennent, ou les font basculer, dans des situations de clandestinité et de dépendance. Enfin, ces lois contribuent paradoxalement à rendre les migrations irréversibles : la précarité administrative des migrant.e.s les pousse souvent à renoncer à leurs projets de retour au pays par peur qu’ils ne soient définitifs. Les enquêtes montrent que c’est l’absence de « papiers » qui empêche ces retours. Nos politiques migratoires fabriquent bien ce contre quoi elles prétendent lutter.

      Les migrant.e.s ne sont pas « la misère du monde ». Comme ses prédécesseurs, le gouvernement signe aujourd’hui les conditions d’un échec programmé, autant en termes de pertes sociales, économiques et humaines, que d’inefficacité au regard de ses propres objectifs.

      Imaginons une autre politique migratoire. Une politique migratoire enfin réaliste. Elle est possible, même sans les millions utilisés pour la rétention et l’expulsion des migrant.e.s, le verrouillage hautement technologique des frontières, le financement de patrouilles de police et de CRS, les sommes versées aux régimes autoritaires de tous bords pour qu’ils retiennent, reprennent ou enferment leurs migrant.e.s. Une politique d’#accueil digne de ce nom, fondée sur l’enrichissement mutuel et le respect de la #dignité de l’autre, coûterait certainement moins cher que la politique restrictive et destructrice que le gouvernement a choisi de renforcer encore un peu plus aujourd’hui. Quelle est donc sa rationalité : ignorance ou électoralisme ?

      http://www.liberation.fr/debats/2018/01/18/migrants-l-irrationnel-au-pouvoir_1623475
      #Karen_Akoka #Camille_Schmoll #France #répression #asile #migrations #réfugiés #détention_administrative #renvois #Règlement_Dublin #3_pourcent #crise_Des_réfugiés #invasion #afflux #économie #travail #fermeture_des_frontières #migrations_circulaires #réalisme #rationalité

    • Karine et Camille reviennent sur l’idée de l’économie qui ne serait pas un gâteau...
      #Johan_Rochel a très bien expliqué cela dans son livre
      Repenser l’immigration. Une boussole éthique
      http://www.ppur.org/produit/810/9782889151769

      Il a appelé cela le #piège_du_gâteau (#gâteau -vs- #repas_canadien) :

      « La discussion sur les bienfaits économiques de l’immigration est souvent tronquée par le piège du gâteau. Si vous invitez plus de gens à votre anniversaire, la part moyenne du gâteau va rétrécir. De même, on a tendance à penser que si plus de participants accèdent au marché du travail, il en découlera forcément une baisse des salaires et une réduction du nombre d’emplois disponible.
      Cette vision repose sur une erreur fondamentale quant au type de gâteau que représente l’économie, puisque, loin d’être de taille fixe, celui-ci augmente en fonction du nombre de participants. Les immigrants trouvant un travail ne osnt en effet pas seulement des travailleurs, ils sont également des consommateurs. Ils doivent se loger, manger, consommer et, à ce titre, leur présence stimule la croissance et crée de nouvelles opportunités économiques. Dans le même temps, cette prospérité économique provoque de nouvelles demandes en termes de logement, mobilité et infrastructure.
      L’immigration n’est donc pas comparable à une fête d’anniversaire où la part de gâteau diminuerait sans cesse. La bonne image serait plutôt celle d’un repas canadien : chacun apporte sa contribution personnelle, avant de se lancer à la découverte de divers plats et d’échanger avec les autres convives. Assis à cette table, nous sommes à la fois contributeurs et consommateurs.
      Cette analogie du repas canadien nous permet d’expliquer pourquoi un petit pays comme la Suisse n’a pas sombré dans la pauvreté la plus totale suite à l’arrivée de milliers d’Européens. Ces immigrants n’ont pas fait diminuer la taille du gâteau, ils ont contribué à la prospérité et au festin commun. L’augmentation du nombre de personnes actives sur le marché du travail a ainsi conduit à une forte augmentation du nombre d’emplois à disposition, tout en conservant des salaires élevés et un taux de chômage faible.
      Collectivement, la Suisse ressort clairement gagnante de cette mobilité internationale. Ce bénéfice collectif ’national’ ne doit cependant pas faire oublier les situations difficiles. Les changements induits par l’immigration profitent en effet à certains, tandis que d’autres se retrouvent sous pression. C’est notamment le cas des travailleurs résidents dont l’activité ou les compétences sont directement en compétition avec les nouveaux immigrés. Cela concerne tout aussi bien des secteurs peu qualifiés (par exemple les anciens migrants actifs dans l’hôtellerie) que dans les domaines hautement qualifiés (comme le management ou la recherche).
      Sur le plan éthique, ce constat est essentiel car il fait clairement apparaître deux questions distinctes. D’une part, si l’immigration profite au pays en général, l’exigence d’une répartition équitable des effets positifs et négatifs de cette immigration se pose de manière aiguë. Au final, la question ne relève plus de la politique migratoire, mais de la redistribution des richesses produites. Le douanier imaginaire ne peut donc se justifier sous couvert d’une ’protection’ générale de l’économie.
      D’autre part, si l’immigration met sous pression certains travailleurs résidents, la question de leur éventuelle protection doit être posée. Dans le débat public, cette question est souvent présentée comme un choix entre la défense de ’nos pauvres’ ou de ’nos chômeurs’ face aux ’immigrés’. Même si l’immigration est positive pour la collectivité, certains estiment que la protection de certains résidents justifierait la mise en œuvre de politiques migratoires restrictives » (Rochel 2016 : 31-33)

    • Migrants : « Ouvrir les frontières accroît à la fois la liberté et la sécurité »

      Alors que s’est achevé vendredi 29 juin au matin un sommet européen sur la question des migrations, le chercheur François Gemenne revient sur quelques idées reçues. Plutôt que de « résister » en fermant les frontières, mieux vaut « accompagner » les migrants par plus d’ouverture et de coopération.

      Le nombre de migrations va-t-il augmenter du fait des changements climatiques ?

      Non seulement elles vont augmenter, mais elles vont changer de nature, notamment devenir de plus en plus contraintes. De plus en plus de gens vont être forcés de migrer. Et de plus en plus de gens, les populations rurales les plus vulnérables, vont être incapables de migrer, parce que l’émigration demande beaucoup de ressources.

      Les gens vont se déplacer davantage, car les facteurs qui les poussent à migrer s’aggravent sous l’effet du changement climatique. Les inégalités sont le moteur premier des migrations, qu’elles soient réelles ou perçues, politiques, économiques ou environnementales.

      On est face à un phénomène structurel, mais on refuse de le considérer comme tel. On préfère parler de crise, où la migration est vue comme un problème à résoudre.

      Pourquoi les inégalités sont-elles le moteur des migrations ?

      Les gens migrent parce qu’ils sont confrontés chez eux à des inégalités politiques, économiques, environnementales. Ils vont quitter un endroit où ils sont en position de faiblesse vers un endroit qu’ils considèrent, ou qu’ils espèrent meilleur.

      Une réduction des inégalités de niveau de vie entre les pays du Nord et les pays du Sud serait-elle de nature à réduire l’immigration ?

      À long terme, oui. Pas à court terme. La propension à migrer diminue à partir du moment où le revenu moyen des personnes au départ atteint environ 15.000 $ annuels.

      Dans un premier temps, plus le niveau de la personne qui est en bas de l’échelle sociale augmente, plus la personne va avoir de ressources à consacrer à la migration. Et, tant qu’il demeure une inégalité, les gens vont vouloir migrer. Si on augmente massivement l’aide au développement des pays du Sud, et donc le niveau de revenus des gens, cela va les conduire à migrer davantage. Du moins, jusqu’à ce qu’on arrive au point d’égalité.

      L’essentiel des migrations aujourd’hui proviennent de pays un peu plus « développés ». Les migrants arrivent peu de Centrafrique ou de la Sierra Leone, les pays les plus pauvres d’Afrique. Ceux qui peuvent embarquer et payer des passeurs sont des gens qui ont économisé pendant plusieurs années.

      D’un point de vue cynique, pour éviter les migrations, il faut donc soit que les gens restent très pauvres, soit qu’ils parviennent à un niveau de richesse proche du nôtre.

      Non seulement à un niveau de richesse, mais à un niveau de droit, de sécurité, de protection environnementale proches du nôtre. Ce qui est encore très loin d’arriver, même si cela peut constituer un horizon lointain. Il faut donc accepter que, le temps qu’on y arrive, il y ait de façon structurelle davantage de migrations. On entre dans un siècle de migrations.

      Mais plutôt que de se dire « essayons de faire face à cette réalité, de l’accompagner et de l’organiser au mieux », on reste dans une logique de repli. Alors que vouloir « résister » à ce phénomène, à travers des camps au bord de l’Europe, au bord de nos villes, est une bataille perdue d’avance.

      Quand j’étais lycéen, au milieu des années 1990, nos professeurs tenaient le même discours vis-à-vis d’Internet. On organisait des grands débats au lycée — « Est-ce qu’Internet est une bonne ou une mauvaise chose ? Internet une opportunité ou un danger ? » Ce sont exactement les mêmes débats que ceux qui nous animent aujourd’hui sur les migrations !

      Et Internet s’est imposé, sans qu’on puisse l’empêcher.

      Nous avons tous accepté qu’Internet transforme tous les aspects de notre vie et de l’organisation de la société. Personne ou presque n’aurait l’idée de brider Internet. On tente d’en maximiser les opportunités et d’en limiter les dangers. Mais pour les migrations, on n’est pas encore dans cet état d’esprit.

      À très long terme, il faut donc équilibrer les niveaux de vie. À court terme que peut-on faire ?

      Il faut essayer d’organiser les choses, pour que cela se passe le mieux possible dans l’intérêt des migrants, dans l’intérêt des sociétés de destination et dans celui des sociétés d’origine.

      Parce qu’aujourd’hui, notre posture de résistance et de fermeture des frontières crée le chaos, crée cette impression de crise, crée ces tensions dans nos sociétés, du racisme, du rejet et potentiellement des violences.

      Il faut permettre des voies d’accès sûres et légales vers l’Europe, y compris pour les migrants économiques, pour mettre fin aux naufrages des bateaux et aux réseaux des passeurs. Il faut également mutualiser les moyens et l’organisation : la compétence de l’immigration doit être transférée à un niveau supranational, par exemple à une agence européenne de l’asile et de l’immigration. Et il faut davantage de coopération au niveau international, qui ne soit pas de la sous-traitance avec des pays de transit ou d’origine, comme on le conçoit volontiers dans les instances européennes.

      Paradoxalement, cette question qui, par essence, demande une coopération internationale est celle sur laquelle il y en a le moins. Les États sont convaincus qu’ils gèreront mieux la question dans le strict cadre de leurs frontières.

      À plus long terme, la plus rationnelle et la plus pragmatique des solutions, c’est simplement d’ouvrir les frontières. On en est loin. Les gouvernements et une grande partie des médias véhiculent l’idée que la frontière est l’instrument du contrôle des migrations. Si vous fermez une frontière, les gens s’arrêteraient de venir. Et si vous ouvrez la frontière, tout le monde viendrait.

      Or, toutes les recherches montrent que le degré d’ouverture ou de fermeture d’une frontière joue un rôle marginal dans la décision de migrer. Les gens ne vont pas se décider à abandonner leur famille et leur pays juste parce qu’une frontière, là-bas, en Allemagne, est ouverte. Et, des gens qui sont persécutés par les bombes qui leur tombent dessus en Syrie ne vont pas y rester parce que la frontière est fermée. À Calais, même si la frontière est complètement fermée avec le Royaume-Uni, les migrants tenteront cent fois, mille fois de la franchir.

      Par contre, le degré d’ouverture de la frontière va déterminer les conditions de la migration, son coût, son danger. Ouvrir les frontières ne veut pas dire les faire disparaître. Les États restent là. On ne supprime pas les passeports, on supprime simplement les visas. Cela permet aussi de mieux contrôler les entrées et les sorties, car les États savent exactement qui entre sur le territoire et qui en sort. Cette solution accroit à la fois la liberté et la sécurité.

      Est-ce qu’il y a des régions où cela se passe bien ?

      Il y a plein d’endroits en France où cela se passe très bien, au niveau local. Les fers de lance de l’accueil des migrants sont souvent les maires : Juppé à Bordeaux, Piolle à Grenoble, Hidalgo à Paris, Carême à Grande-Synthe.

      Au niveau d’un pays, la Nouvelle-Zélande développe une politique d’accueil relativement ouverte, qui fonctionne bien. Il y a des pays paradoxaux, comme l’Inde, qui a une frontière complètement ouverte avec le Népal, bouddhiste, et une frontière complètement fermée avec le Bangladesh, musulman. Ce cas illustre le caractère raciste de nos politiques migratoires. Ce qui nous dérange en Europe, ce ne sont pas les Belges comme moi qui émigrent. La plupart des gens sont convaincus que les Africains partent directement de leur pays pour traverser la Méditerranée et pour arriver en Europe. Or, 55 % des migrations internationales depuis l’Afrique de l’Ouest vont vers l’Afrique de l’Ouest.

      Les migrants qui arrivent de Libye vers l’Europe sont généralement classés comme des migrants économiques parce qu’ils sont noirs. Or, ils migrent avant tout parce qu’ils sont persécutés en Libye, violentés et vendus en esclaves sur les marchés. Par contre, les Syriens sont classés comme des réfugiés politiques parce que nous voyons les images de la guerre en Syrie, mais pour la plupart, ils migrent avant tout pour des raisons économiques. Ils n’étaient pas persécutés en Turquie, au Liban ou en Jordanie, mais ils vivaient dans des conditions de vie misérables. Ils migrent en Europe pour reprendre leur carrière ou pour leurs études.

      Quel rôle joue le facteur démographique dans les migrations ? Car la transition démographique ne se fait pas en Afrique, le continent va passer de 1 milliard d’habitants à 3 milliards d’ici 2050.

      Le meilleur moyen de contrôler la natalité d’Afrique serait de faire venir toute l’Afrique en Europe (rires) ! Toutes les études montrent que, dès la deuxième génération, le taux de natalité des Africaines s’aligne strictement sur celui de la population du pays d’accueil.

      Ces taux de natalité créent une peur chez nous, on craint le péril démographique en Afrique, qui va se déplacer vers l’Europe. Les gens restent dans une identité relativement figée, où l’on conçoit l’Europe comme blanche. La réalité est que nous sommes un pays métissé.

      La France black, blanche, beur, c’était il y a vingt ans ! Maintenant, le Rassemblement national et aussi la droite mettent en avant les racines et la tradition chrétienne de la France.

      Ils veulent rester catholiques, blancs. Le problème est qu’aucun autre parti n’assume la position inverse.

      Parce que cela semble inassumable politiquement, ainsi que les solutions que vous proposez. Pour le moment, l’inverse se produit : des gouvernements de plus en plus réactionnaires, de plus en plus xénophobes. Cela fait un peu peur pour l’avenir.

      C’est encore très optimiste d’avoir peur. J’ai acté que l’Europe serait bientôt gouvernée par l’extrême droite. Je suis déjà à l’étape d’après, où s’organisent des petites poches de résistance qui accueillent clandestinement des migrants.

      En Belgique, malgré un gouvernement d’extrême droite, dans un parc au nord de Bruxelles, il y a un grand mouvement de solidarité et d’accueil des migrants pour éviter qu’ils passent la nuit dehors. Près de 45.000 personnes sont organisées avec un compte Facebook pour se relayer. Ce mouvement de solidarité devient de plus en plus un mouvement politique de résistance face à un régime autoritaire.

      Les démocraties, celles pour qui la question des droits humains compte encore un peu, sont en train de devenir minoritaires en Europe ! Il nous faut organiser d’autres formes de résistance. C’est une vision de l’avenir assez pessimiste. J’espère me tromper, et que l’attitude du gouvernement espagnol va ouvrir une nouvelle voie en Europe, que les électeurs vont sanctionner positivement cette attitude d’accueil des migrants.

      https://reporterre.net/Migrants-Ouvrir-les-frontieres-accroit-a-la-fois-la-liberte-et-la-securi

    • There’s Nothing Wrong With Open Borders

      Why a brave Democrat should make the case for vastly expanding immigration.

      The internet expands the bounds of acceptable discourse, so ideas considered out of bounds not long ago now rocket toward widespread acceptability. See: cannabis legalization, government-run health care, white nationalism and, of course, the flat-earthers.

      Yet there’s one political shore that remains stubbornly beyond the horizon. It’s an idea almost nobody in mainstream politics will address, other than to hurl the label as a bloody cudgel.

      I’m talking about opening up America’s borders to everyone who wants to move here.

      Imagine not just opposing President Trump’s wall but also opposing the nation’s cruel and expensive immigration and border-security apparatus in its entirety. Imagine radically shifting our stance toward outsiders from one of suspicion to one of warm embrace. Imagine that if you passed a minimal background check, you’d be free to live, work, pay taxes and die in the United States. Imagine moving from Nigeria to Nebraska as freely as one might move from Massachusetts to Maine.

      https://www.nytimes.com/2019/01/16/opinion/open-borders-immigration.html?smid=tw-nytopinion&smtyp=cur

  • Un premier atlas sur les migrations rurales en Afrique subsaharienne - CIRAD
    http://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/2017/un-premier-atlas-sur-les-migrations-rurales-en-afrique-subsaharienne

    Un premier #atlas visant à mieux comprendre la complexité des modèles de #migration rurale en #Afrique subsaharienne a été publié le 2 novembre 2017. Intitulé « L’Afrique rurale en mouvement. Dynamiques et facteurs de migrations dans le sud du Sahara », il souligne le rôle important que les zones rurales continueront de jouer dans les futurs phénomènes migratoires du continent.

    #ruralité #agriculture #développement

  • Voilà comment NE PAS parler de migrations... Le Figaro dans toute sa splendeur :

    Les forces de l’ordre face à une nouvelle *vague migratoire à la frontière italienne*

    REPORTAGE - Plus de 43.000 illégaux ont été arrêtés depuis janvier dans les Alpes-Maritimes. À la gare de Menton-Garavan, les policiers de la PAF appuyés par les CRS contrôlent systématiquement les trains en provenance d’Italie.

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/11/19/01016-20171119ARTFIG00124-immigration-nice-s-erige-en-verrou-de-la-frontier
    #vocabulaire #invasion #préjugés #afflux #illégal #asile #migrations #réfugiés #terminologie #vague #frontières

  • #Visa_de_transit_aéroportuaire : #urgence due à un #afflux_massif de #migrants_clandestins

    L’obligation de disposer d’un visa de transit aéroportuaire, qui ne peut être imposée par les États membres qu’en cas d’urgence due à un afflux massif de migrants clandestins et qui répond ainsi à des nécessités d’ordre public tenant à éviter, à l’occasion d’une escale ou d’un changement d’avion, le détournement du transit aux seules fins d’entrée en France, ne porte par elle-même aucune atteinte au droit d’asile, ni au droit à la vie ou à la protection contre les traitements inhumains ou dégradants. En raison du conflit en cours en Syrie, un nombre important et sans cesse croissant de ressortissants syriens, devant, en principe, seulement transiter par la zone internationale de transit des aéroports français, a tenté d’entrer irrégulièrement sur le territoire français à l’occasion de ce transit. Ces circonstances permettent d’établir l’existence d’une situation d’urgence due à un afflux massif de migrants clandestins autorisant le ministre de l’intérieur à les soumettre à l’obligation d’être muni d’un visa de transit aéroportuaire.

    https://www.lextenso.fr/lextenso/ud/urn%3AGPL185b8
    #visa #invasion #afflux #asile #migrations #réfugiés #aéroport

    • Une critique du Gisti de cet instrument juridique :
      Quand la France tente d’empêcher les Syriens de fuir

      Depuis le début du mois de janvier 2013, les sites web de plusieurs consulats français, comme celui du Liban, de la Turquie ou du Koweït, indiquent qu’« à compter du 15 janvier 2013, les ressortissants syriens se dirigeant vers un pays hors de l’espace Schengen en transitant par les aéroports français devront être munis d’un visa de transit aéroportuaire » (VTA).

      Devant la difficulté pour obtenir un tel visa, cette obligation entrave sciemment la possibilité pour les Syriens d’échapper au conflit qui fait rage dans leur pays. Surtout, elle permet à la France de renvoyer vers leur pays de départ les personnes dépourvues de ce visa et, par la même occasion, elle restreint la possibilité pour certains Syriens de déposer une demande d’asile auprès de la France, à l’occasion de leur transit par un aéroport français.

      Cette décision s’appuierait sur le Code Communautaire des visas, qui prévoit l’adoption d’une telle mesure « en cas d’urgence due à un afflux massif de migrants clandestins ». Pourtant, de toute évidence, les Syriens qui cherchent à fuir leur pays ne peuvent être assimilés à des « migrants clandestins ».

      Cette décision porte atteinte à l’exercice du droit d’asile pour les personnes fuyant des persécutions. Elle expose également ces personnes à des menaces sur leur vie et leur liberté en cas de renvoi vers un pays tiers qui lui-même les renverrait en Syrie.

      L’Anafé et le Gisti saisissent donc le Conseil d’État pour faire cesser cette atteinte grave et manifestement illégale aux droits fondamentaux de ces personnes.

      http://www.gisti.org/spip.php?article3017

    • De la validation du VTA par le Conseil d’Etat à la condamnation du refus de visa par le TA de Nantes

      Par un arrêt du 18 juin 2014, le Conseil d’Etat a rejeté au fond la requête introduite par l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFE) et le Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (Gisti) dirigée contre la décision ministérielle de soumettre les ressortissants syriens à l’obligation d’être munis d’un visa de transit aéroportuaire (VTA) pour faire escale en France. La haute juridiction administrative refuse définitivement de voir le VTA comme l’instrument d’interception de la demande d’asile dont il a pourtant toutes les caractéristiques. En presque écho, le juge des référés du tribunal administratif de Nantes a jugé, par une ordonnance en date du 16 septembre 2014, que le refus de délivrer un visa à une famille syrienne portait une atteinte grave et manifestement illégale au droit constitutionnel d’asile. Cette ordonnance offre un souffle d’espoir quant à l’effectivité d’un droit d’asile en pleine suffocation, en même temps qu’une conclusion opportune au présent commentaire de l’arrêt du Conseil d’Etat.

      https://revdh.revues.org/886?lang=en

    • Cinq jours de calvaire pour un couple d’afghans demandeurs d’asile en zone d’attente de #Beauvais

      Violation du droit d’asile, absence d’interprète et d’informations, non-respect du code de déontologie médicale, insuffisance de nourriture, insalubrité : histoire du calvaire vécu par un couple d’afghans demandeurs d’asile en zone d’attente de Beauvais.

      Anna et Ehsan (prénoms d’emprunt) ont fui l’Afghanistan à destination de l’Allemagne où leur famille les attend. Après avoir franchi la Turquie puis la Grèce, ils sont arrivés à l’aéroport de Beauvais le 14 avril. Ils y ont découvert le sort déplorable réservé aux personnes en demande de protection aux frontières françaises.

      Anna et Ehsan ont été maintenus dans des conditions inhumaines et dégradantes (constatées par l’Anafé lors d’une visite organisée en urgence). La chaleur y était étouffante et la poubelle débordante (la police aux frontières (PAF) a refusé de sortir les poubelles). Aucun kit sanitaire n’avait été distribué durant les 4 premiers jours, les privant ainsi de la possibilité de se laver. Et pour seul repas : un jus et quelques biscuits le matin ; un plat unique identique midi et soir. Enfin, ils n’ont eu aucun moyen de contacter leur proche, un avocat ou l’Anafé, le téléphone de la zone d’attente ne fonctionnant qu’avec une carte téléphonique que la PAF ne distribue pas.

      Anna est enceinte de 5 mois. Au cours de son maintien, elle a souffert de maux de ventre et de saignements abondants. Lors d’un bref passage à l’hôpital, le médecin qui l’a examiné aurait établi un certificat de compatibilité de son état de santé avec le maintien en zone d’attente et le renvoi, en violation du code de déontologie médicale, et sans que ledit certificat n’ait été remis à Anna (il aurait été remis à la PAF). Ehsan, qui souffre d’une plaie nécrosée inquiétante au bras suite à une blessure par balle, n’a quant à lui, pas été examiné.

      Pendant 4 jours, le couple n’a reçu aucune explication sur ses droits ; la PAF n’ayant pas fait appel à un interprète. La police a refusé de leur remettre les documents administratifs relatifs au refus d’entrée et au maintien en zone d’attente.

      Plus encore, la PAF a refusé d’enregistrer leur demande d’asile et a tenté à deux reprises de les renvoyer illégalement vers la Grèce. Ce n’est que suite à l’intervention de l’Anafé que leur demande a finalement été enregistrée. Après un entretien par téléphone avec l’OFPRA, ils ont été libérés au titre de l’asile après 5 jours de privation de liberté.

      « En l’absence de l’intervention de l’Anafé, Anna et Ehsan auraient été renvoyés illégalement, ce qui est inacceptable dans un état de droit. Anna et Ehsan ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres des pratiques de la PAF de Beauvais et des conditions indignes dans lesquelles les personnes y sont privées de liberté », dénonce Alexandre Moreau, Président de l’Anafé.

      Les alertes de l’Anafé auprès du ministère de l’intérieur et de la direction centrale de la police aux frontières en ce qui concerne les nombreuses violations des droits et de la procédure par la PAF ainsi que les conditions inhumaines dans lesquelles les personnes sont maintenues en zone d’attente de Beauvais n’ont jusqu’à ce jour pas cessé et restent impunies. L’Anafé appelle les autorités à faire respecter les droits et la dignité des personnes qui sont privées de liberté en zone d’attente de Beauvais.

      http://www.anafe.org/spip.php?article470
      #France

  • Carte reçue d’une personne âgée et qui découvre son âme critique-radicale...
    Cette personne m’a envoyé cette carte tirée très probablement du journal italien « Corriere della sera », sans date. Mais je crois qu’elle a été publiée quelque part entre le 20 et le 22 octobre 2017.
    Il me l’a envoyée avec ce commentaire :
    « so che ami molto le frecce : te ne mando una raccolta »
    –-> « je sais que tu aimes beaucoup les #flèches : je t’en envoie une collection »... (il a tout compris !)

    Ce qui est intéressant, évidemment, c’est qu’on montre sur cette carte uniquement les flèches de l’émigration des pays de l’Est de l’Europe (en rouge-jaune = PIB bas) vers les pays de l’Europe de l’Ouest (en vert, PIB élevé).
    On ne montre pas par exemple les centaines et centaines de jeunes italiens qui quittent l’Italie à la recherche d’un travail...

    Ce qui est aussi intéressant, c’est la mise en page de cette carte, qui est placée juste en dessus d’un article intitulé « Il male oscuro » ("Le mal obscur"). Un hasard ?

    #visualisation #cartographie #invasion #Europe #migrations

  • Manuel de maths : Nathan s’excuse

    Les Editions Nathan et les auteurs de l’ouvrage présentent leurs excuses aux enseignants, aux élèves, aux parents, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté éducative. Nous présentons nos vives excuses aux associations d’aide aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile dont la CIMADE qui nous a alertés", déclare C Lucet , présidente des éditions Nathan. Elle répond ainsi aux critiques portées sur un exercice tiré d’un manuel de terminale ES. « En accord avec les auteurs de l’ouvrage, nous avons décidé d’arrêter immédiatement la commercialisation du livre incriminé et de remplacer gratuitement l’ouvrage actuel par la version corrigée qui sera disponible très prochainement ».
    @cdb_77
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/09/19092017Article636414037124706382.aspx

  • #Agrigento, cento clandestini sbarcano in spiaggia e scappano (video)

    Adesso migranti sbarcano direttamente in spiaggia, per sfuggire ai controlli e rendendosi a tutti gli effetti clandestini. Accade a Torre Salsa, ad Agrigento. La mattina del 17 agosto circa un centinaio di migranti sono arrivati sulla spiaggia a bordo di un’imbarcazione in legno. Lo sbarco è stato ripreso dal mare dall’associazione ambientalista Mare Amico. Nel video, pubblicato anche su Youtube, si vedono i migranti scendere dalla barca e sparpagliarsi lungo il litorale. Sulla spiaggia rimangono abbandonate scarpe, vestiti, zaini e bottiglie d’acqua.

    http://www.secoloditalia.it/2017/08/agrigento-cento-clandestini-sbarcano-in-spiaggia-e-scappano-video

    Lien vers la vidéo sur YouTube :
    https://www.youtube.com/watch?v=kzeCUTY_N9Y

    avec ce commentaire sur twitter de @MSF_sea :

    Smugglers are adapting to developments in the #Med with boats reportedly arriving from #Libya on Italian shores:

    #Italie #Méditerranée #nouvelles_stratégies #asile #migrations #réfugiés #plages #plage #vidéo #stratégie #Sicile

  • Il n’y aurait pas un petit intérêt de l’#industrie_militaire derrière ces déclarations ?

    Climate change will stir ’unimaginable’ refugee crisis, says military

    Climate change is set to cause a refugee crisis of “unimaginable scale”, according to senior military figures, who warn that global warming is the greatest security threat of the 21st century and that mass migration will become the “new normal”.

    Military leaders have long warned that global warming could multiply and accelerate security threats around the world by provoking conflicts and migration. They are now warning that immediate action is required.

    https://www.theguardian.com/environment/2016/dec/01/climate-change-trigger-unimaginable-refugee-crisis-senior-military?CMP=

    #armée #invasion #préjugés #afflux #migrations #climat #changement_climatique #échelle_inimaginable #mots #vocabulaire #terminologie #insécurité #crises #guerres #conflits

  • Frykter migrantstrøm av « bibelske dimensjoner »

    Presidenten for Europaparlamentet varsler at antall migranter som ankommer Europa vil stige med millioner innen fem år. Han krever at de europeiske landene tar grep for å bistå Italia med tilstrømningen.

    https://www.nrk.no/urix/frykter-migrantstrom-av-_bibelske-dimensjoner_-1.13596641
    #afflux #invasion #dimensions_bibliques #exode_biblique #Norvège #asile #migrations #réfugiés #préjugés #mots #vocabulaire #terminologie #Antonio_Tajani
    signalé par @reka

  • L’invasione che non c’è.

    I toni allarmistici del governo italiano sono stati in parte giustificati dall’aumento degli arrivi di migranti sulle coste italiane nei primi sei mesi del 2017. Da gennaio a giugno sono arrivate in Italia 83.360 persone, secondo l’Organizzazione internazionale delle migrazioni (Oim). Nello stesso periodo dell’anno precedente erano sbarcate 70.022 persone. C’è stato quindi un aumento degli arrivi del 18,7 per cento, che in numeri assoluti corrisponde a poco più di diecimila persone. Entro l’anno in Italia potrebbero arrivare più di 200mila persone, cifra già prevista dal sistema di accoglienza nazionale.


    https://www.internazionale.it/bloc-notes/annalisa-camilli/2017/07/03/chiusura-porti-migranti
    #préjugés #asile #migrations #invasion #afflux #réfugiés #Italie #chiffres #statistiques #arrivées

    Il #piano_Anci: accoglienza per 200mila migranti

    Il piano Anci ha, per ora, ha un solo dato noto agli addetti ai lavori: prevede di accogliere in un anno 200mila migranti. Cifra non poco superiore al record di 170mila immigrati sbarcati nel 2014. Ieri il consuntivo dal 1° gennaio era di 154.776 e sono attesi in queste ore altri 2mila migranti. Nel documento un’ipotesi di distribuzione prevede che i centri comunali impegnati nell’accoglienza passino da 2mila600 a 5mila200. Facendo una divisione spannometrica, con una platea di centri urbani così allargata ogni municipio avrebbe al massimo 38 migranti da ospitare, nel caso della cifra record di 200mila sbarchi in un anno.

    http://www.ilsole24ore.com/art/notizie/2016-10-26/il-piano-anci-200mila-accoglienza-090925.shtml?uuid=ADUFZHjB

    Minniti: nuovo piano nazionale di ripartizione dei richiedenti asilo

    Presidente, onorevoli deputati, il Ministero dell’interno è attualmente impegnato nell’attuazione di una pianificazione nazionale imperniata sul criterio dell’accoglienza diffusa, concordata lo scorso dicembre con l’ANCI. Tale pianificazione fissa la quota di accoglienza a 200 mila unità, parametro tuttora vigente: non vi è stata alcuna iniziativa finalizzata all’innalzamento della quota che ho indicato.

    http://www.rapportiparlamento.gov.it/question-time/21-giugno-2017-camera/minniti-nuovo-piano-nazionale-di-ripartizione-dei-richiedenti

  • Le tourisme, problème n°1 de Barcelone selon ses habitants

    Le tourisme est devenu pour les habitants de Barcelone le problème numéro un de leur ville, la plus visitée d’Espagne, selon un #sondage commandé par la mairie publié vendredi.

    Le tourisme dans la cité méditerranéenne de 1,6 million d’habitants est considéré comme un problème par 19% des 800 sondés, devançant le chômage et les conditions de travail (12,4%) qui constituaient depuis 2009 la première préoccupation.


    http://www.courrierinternational.com/depeche/le-tourisme-probleme-ndeg1-de-barcelone-selon-ses-habitants.a

    #tourisme #Barcelone #invasion

  • fidh | Vidéo : Les pays occidentaux accueillent le plus de réfugiés… Vraiment ?
    https://asile.ch/2017/06/22/fidh-video-pays-occidentaux-accueillent-plus-de-refugies-vraiment

    A l’occasion de la Journée mondiale des droits des personnes réfugiées 2017, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (fidh) a publié une vidéo qui questionne la rhétorique de l’afflux de réfugiés dans les pays occidentaux.

  • Quelques #chiffres pour comprendre comment les routes migratoires se déplacent...
    Voici les chiffres 2015-2017 de l’OIM concernant les arrivées via la #mer_Méditerranée :


    –-> une diminution importante en ce début 2017
    http://migration.iom.int/docs/MMP/Mediterranean_Update_170428.pdf

    Or, au même temps, les arrivées en Italie augmentent drastiquement, 36’884 de janvier à avril 2017, ils n’étaient « que » 27’295 pour la même période, mais en 2016. Augmentation de 35% donc :

    Migranti : 36.884 sbarcati nel 2017

    ROMA, 30 APR - Sono 36.884 i migranti sbarcati in Italia dal primo gennaio 2017 ad oggi secondo gli ultimi rilevamenti del ministero dell’Interno. I dati, confrontanti con quelli relativi al 2016, dimostrano un aumento degli arrivi via mare del 35,13%. Lo scorso anno, infatti, nei primi 4 mesi gli sbarchi furono 27.295. Tra i porti maggiormente interessati dagli sbarchi resta al primo posto quello di Augusta con 9.294 arrivi, seguito da Catania 5.518 e Pozzallo 3.512. Tra le nazionalità dichiarate al momento dello sbarco resta al primo posto quella nigeriana. Il numero dei minori non accompagnati giunti in Italia è di 5.551 persone.

    http://www.ansa.it/sito/notizie/topnews/2017/04/30/migranti-36.884-sbarcati-nel-2017_f0b77d7a-e10f-4490-8a08-daadd2f00821.html

    #statistiques #Méditerranée #Italie #asile #migrations #Italie #réfugiés

    J’imagine que ces chiffres montrent :
    1. Beaucoup de migrants quittent la Libye (pour les raisons qu’on sait)
    2. Report des départs de la Grèce sur l’Italie, comme conséquence des accords UE-Turquie ?

    cc @reka

  • A la Une: l’afflux des migrants en Méditerranée - RFI
    http://www.rfi.fr/emission/20170525-manque-le-son-une-afflux-migrants-mediterranee

    En ce jeudi de l’Ascension, où nombre de quotidiens et de sites d’information sont en sommeil, Wakat Séra au Burkina fait le point sur la vague de migrants toujours plus importante au large de la Libye. « Malgré les efforts surhumains qu’elles font pour leur venir en aide, les organisations humanitaires n’arrivent pas à sauver tous ces candidats volontaires ou contraints à l’immigration. Affublés de leur statut de clandestins prêts à braver tous les dangers pour rallier l’Europe, ils sont régulièrement engloutis par milliers par une Méditerranée toujours insatiable, devenue un cimetière géant, à ciel ouvert, pour migrants. Proies faciles pour des passeurs véreux et sans scrupule qui abandonnent les embarcations de fortune sur lesquels ils les entassent comme des sardines, ces hommes, femmes et même enfants sont très peu à atteindre la terre promise. Pire, poursuit Wakat Séra, ils payent de leur poche, leur propre mort. Embarqués sur ces frêles pirogues les transportant, ou les renversant, au gré de la furie des vagues, les migrants s’abandonnent à la fatalité. Soit ils arrivent miraculeusement à bon port, soit ils sont happés par les profondeurs d’une mer qui en veut toujours plus. »

    #migrations #asile #mourir_en_mer #méditerranée

  • Mesmerizing maps show the global flow of refugees over the last 15 years

    Global security expert and research director at the think tank Igarapé Institute Robert Muggah knows. Earth TimeLapse, an interactive platform created by Muggah and Carnegie Mellon University, details over a 16-year span from 2000 to 2015 where migrants are leaving and arriving.

    http://static1.uk.businessinsider.com/image/5919cbbddd0895f7598b4a98-1200/2001-saw-roughly-500000-refugees-fleeing-primarily-middl
    http://www.businessinsider.fr/uk/maps-flow-refugees-last-15-years-2017-5

    #cartographie #visualisation #afflux #invasion #réfugiés #migrations #asile #rouge #préjugés
    cc @fil @reka

  • A Genève, des familles de requérants sont logés dans un camping

    Les solutions de logements sont une préoccupation.

    https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/a-geneve-des-familles-de-requerants-sont-loges-dans-un-camping?id=8620683

    #camping #logement #hébergement #asile #Satigny #Genève #Suisse #migrations #réfugiés

    Bien évidemment le reportage commence avec :

    les demandes d’asile sont en baisse, mais l’effet pourrait être de courte durée...

    –-> à mettre en lien avec ce genre de nouvelles parues dans la presse il y a quelques jours :
    Migrants : à la frontière italo-suisse, un été explosif à venir
    https://www.letemps.ch/suisse/2017/05/10/migrants-frontiere-italosuisse-un-explosif-venir

    #afflux #préjugés #invasion