• « Les écarts d’âge homme/femme dans les castings irritent une critique de plus en plus attentive à leur signification sociale … »

    Pourquoi on n’ira pas voir le film Eiffel avec Romain Duris et Emma Mackey
    https://www.numero.com/fr/cinema/eiffel-romain-duris-emma-mackey-sexisme

    En tête du box-office cette semaine, le film français Eiffel a beau être d’une ambition monumentale, il nous donne surtout envie de monter dans les tours. Et ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un énième biopic…

    Il faut l’avouer : la bande-annonce d’Eiffel de Martin Bourboulon, avec ses gros plans sur la majestueuse tour parisienne en construction et ses acteurs en costumes presque aussi monumentaux que la Dame de fer, s’avère vertigineuse. Comme ses premières images mirobolantes, le biopic à 23,4 millions d’euros sur l’inventeur Gustave Eiffel a séduit les spectateurs, puisque, d’après Le Film Français, il a attiré la matinée de sa sortie, ce mercredi 13 octobre, plus de 1610 curieux. Une prouesse par temps de pandémie qui place le film en tête du box-office hexagonal, devant Le Dernier duel de Ridley Scott, Julie (en 12 chapitres) et tous les autres long-métrages qui étaient très attendus cette semaine.

    Le problème c’est que si l’on apprécie particulièrement Romain Duris et Emma Mackey, l’héroïne rock de Sex Education, l’idée de les voir réunis à l’écran pour vivre une folle liaison ne nous réjouit pas vraiment. Dans cette histoire romancée de Gustave Eiffel, l’ingénieur centralien français se lance dans un projet pharaonique pour l’Exposition universelle de 1889 qui aura lieu à Paris. Il veut construire une tour « haute de plus de mille pieds » en forme de A (comme amour), symbole phallique et dominant s’il en est, pour impressionner celle qui le passionna dans sa jeunesse et qu’il retrouve enfin. Nous sommes en 1887 et Eiffel, âgé de 55 ans à ce moment-là, est incarné par Romain Duris, qui en a 47. L’objet de son affection est, pour sa part, joué par Emma Mackey qui n’a que 25 printemps. On vous laisse imaginer, s’il s’agit de son amour de jeunesse, l’âge qu’elle avait lors de leur première rencontre, sans doute celui d’une adolescente donc. Dans la vraie vie, l’inventeur de génie à l’égo aussi surdimensionné que sa création et celle qui l’aimantait, Adrienne Bourgès, n’avaient que neuf ans d’écart. Et non pas plus de vingt, comme dans cette version romancée.

    Ce choix de casting agace d’autant plus qu’il est devenu systématique et ce même après #MeToo et les plaintes des actrices de plus 40 ans sur leur manque d’opportunités. On continue de donner des rôles de compagnes d’hommes de 50 ou 60 ans à des comédiennes de 20 ou 30 ans, comme si passé la ménopause, les femmes n’intéressaient plus personne. Si on s’attarde sur les sorties cinématographiques récentes, James Bond (Daniel Craig, 53 ans) craque pour Léa Seydoux (36 ans) dans les dernières aventures de l’agent 007. La même Léa Seydoux sera à l’affiche, le 29 décembre prochain, d’une adaptation de Philip Roth par Arnaud Desplechin, Tromperie. Et, quelle chance, l’actrice y entretiendra une relation avec Denis Podalydès, fringant jeune homme de 58 ans.

    Vous en voulez encore ? On pourra bientôt, en 2023, se délecter d’un nouveau film de Ridley Scott, Kitbag, dans lequel Jodie Comer (Killing Eve) incarnera Joséphine de Beauharnais, la compagne de Napoléon (interprété par Joaquin Phoenix). Historiquement, l’Impératrice avait 6 ans de plus que son illustre époux alors que Jodie Comer a presque 20 ans de moins que le héros du Joker (2019). Les casteurs et les cinéastes n’ont donc absolument aucune justification, autre que leur propres « daddy issues », pour continuer à nous abreuver de leurs remakes à peine déguisés et peu inspirés de Lolita qui n’excitent plus personne à part eux.

  • « Ce sont les oubliées, les invisibles de la migration » : l’odyssée des femmes africaines vers l’Europe

    Les migrantes originaires d’#Afrique_de_l’Ouest sont de plus en plus nombreuses à tenter de rallier les #Canaries, archipel espagnol situé au large du Maroc. Un voyage au cours duquel certaines d’entre elles se retrouvent à la merci des passeurs et exploiteurs en tout genre.
    Ris-Orangis, terminus de son exil. Dans le pavillon de sa grande sœur, Mariama se repose, et décompresse. « Je suis soulagée », lâche-t-elle d’une voix à peine audible. Cette Ivoirienne de 35 ans, réservée et pudique, est arrivée dans ce coin de l’#Essonne le 7 août, après un périple commencé il y a plus de deux ans, un voyage sans retour de plusieurs milliers de kilomètres, à brûler les frontières sans visa ni papiers. Avec une étape plus décisive que les autres : les Canaries. C’est là, à #Las_Palmas, que Le Monde l’avait rencontrée une première fois, le 22 juillet.

    Situé au large du Maroc, cet archipel espagnol de l’Atlantique est devenu une des portes d’entrée maritime vers l’Europe les plus fréquentées par les migrants. « La #route_canarienne est la plus active sur la frontière euroafricaine occidentale », confirme l’association Caminando Fronteras, qui œuvre pour la protection des droits de ces migrants. Les chiffres le prouvent : d’après le ministère espagnol de l’intérieur, 13 118 personnes – pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest – ont débarqué sur place, du 1er janvier au 30 septembre, à bord de 340 embarcations. En 2019, les autorités n’en avaient dénombré, à cette date, que 6 124.

    Détresse économique

    « Les problèmes politiques des derniers mois entre le Maroc et l’Espagne concernant [les enclaves de] Ceuta et Melilla ont poussé les gens à chercher une autre voie de passage », souligne Mame Cheikh Mbaye, président de la Fédération des associations africaines aux Canaries (FAAC). « Ce qu’il se passe en ce moment en Afrique est pire que la guerre, c’est la #détresse_économique. Les Africains vivent dans une telle #souffrance qu’ils sont prêts à affronter l’océan », ajoute Soda Niasse, 42 ans, une Sénégalaise qui milite pour la dignité des sans-papiers sur l’archipel.

    Retour à Las Palmas, en juillet. En ce début de soirée, la ville commence à bâiller. Dans une maison au charme fou, c’est une autre ambiance : des enfants galopent dans les couloirs ou dans la cour carrelée ; des femmes dansent, radieuses comme jamais, pour l’anniversaire d’une fillette, son premier sur le sol européen, même si Las Palmas paraît bien éloigné de Paris ou de Bruxelles. « Heureuse ? Oui. C’est comme si on vivait en colocation », lance Mariama.

    Ce refuge appartient à la Croix-Blanche, une fondation tenue par des frères Franciscains. La jeune Ivoirienne, vendeuse de légumes dans son pays, y est hébergée au côté d’une vingtaine d’autres femmes, toutes francophones. Voilà quatre mois qu’elle est arrivée en patera (« bateau de fortune ») sur l’île de Grande Canarie.

    Le nombre d’arrivées de migrants aux Canaries a doublé depuis le début de l’année

    Ce lieu paisible lui permet de récupérer de cette épreuve. « Et aussi de se réparer », ajoute le frère Enrique, 42 ans, un des responsables de l’organisation. « Ici, on donne de l’attention et de l’amour », précise-t-il au sujet de ces exilées, souvent traumatisées par d’éprouvantes odyssées. Le religieux s’étonne de voir de plus en plus de femmes tentées par l’exil depuis le début de l’année. Un constat partagé par le président de la Croix-Rouge des Canaries, Antonio Rico Revuelta : « En 2020, 10 % des migrants [sur 23 023] étaient des femmes. Cette année, nous sommes déjà à 17,1 % ».

    Echapper aux #violences

    « Elles n’ont pas d’autre choix que de fuir, insiste Mariama, la jeune Ivoirienne. Mais on ne s’imagine pas que c’est aussi dangereux. » Et meurtrier. L’ONG Caminando Fronteras a comptabilisé 2 087 victimes, disparues au large de l’Espagne, dont 341 femmes. « Les #décès sur les routes migratoires vers l’Espagne ont augmenté de 526 % par rapport à la même période de 2020 », souligne l’organisation. « La #route_des_Canaries est l’une des plus dangereuses au monde », confirme Amnesty International.

    Si des centaines de femmes – de toutes conditions sociales – risquent leur vie sur ce chemin entre les côtes africaines et les Canaries (500 kilomètres d’océan), c’est pour échapper aux #mariages_forcés ou aux #excisions sur elles-mêmes ou leurs enfants. « Les #violences_de_genre ont toujours été une explication à l’exode », commente Camille Schmoll, géographe, autrice des Damnées de la mer (La Découverte, 2020).

    Celle-ci avance une autre explication à ces phénomènes migratoires : « Ces dernières années, beaucoup de femmes se sont installées au #Maroc. Elles n’avaient pas toutes comme projet d’aller en Europe. Mais avec la #crise_sanitaire, la plupart ont perdu leur travail. Cette situation les a probablement contraintes à précipiter leur départ. On ne parle jamais d’elles : ce sont les oubliées et les invisibles de la migration. »

    Cris Beauchemin, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (INED), estime pour sa part que le « durcissement des politiques de #regroupement_familial peut être vu comme un motif qui pousse les femmes à partir de manière clandestine pour celles qui cherchent à rejoindre, en France, leur conjoint en règle ou pas ». D’après lui, la #féminisation_de_la_migration n’est cependant pas une nouveauté. En 2013, une étude menée par l’INED et intitulée « Les immigrés en France : en majorité des femmes » expliquait déjà que les migrantes partaient « de façon autonome afin de travailler ou de faire des études ».

    « Dans ce genre de voyage,les femmes sont violentées, violées, et les enfants entendent », dit Mariama, migrante ivoirienne de 35 ans
    « Celles qui arrivent en France sont de plus en plus souvent des célibataires ou des “pionnières” qui devancent leur conjoint, notait cette étude. La #scolarisation croissante des femmes dans leur pays d’origine et leur accès à l’#enseignement_supérieur jouent sans doute ici un rôle déterminant. » Selon Camille Schmoll, les femmes célibataires, divorcées, ou simplement en quête de liberté ou d’un avenir meilleur pour leurs proches et leurs enfants sont parfois mal vues dans leur pays. « Ces statuts difficiles à assumer les incitent à partir », dit-elle.

    Laisser ses enfants

    Ce fut le cas de Mariama. Son histoire commence en 2017 et résume celles de bien d’autres migrantes rencontrées à Las Palmas. Assise dans un fauteuil, enveloppée dans un voile rose qui semble l’étreindre, entourée par la travailleuse sociale et la psychologue du centre, elle se raconte : ses deux filles, de 6 et 8 ans ; son mari, un électricien porté sur l’alcool.

    Ce n’est pas la violence conjugale, tristement ordinaire, qui la pousse à envisager l’exil, en 2019, mais ces nuits où elle surprend son époux en train de « toucher » deux de ses nièces. « J’avais peur qu’il finisse par s’en prendre à mes filles, je devais agir. »Son but ? Rejoindre une sœur installée en France. Dans le plus grand secret, elle économise chaque jour quelques euros pendant près de deux ans.

    C’est alors que la destinée va bouleverser ses plans, et ajouter de la peine et des angoisses à une situation déjà douloureuse. Sa famille lui confie une nièce de 8 ans, dont le père vient de mourir noyé en Méditerranée en tentant d’atteindre l’Italie en bateau. Sa mère, elle, est décédée d’une maladie foudroyante. « Personne d’autre ne pouvait s’occuper de la petite, assure Mariama. Je suis sa nouvelle maman. » Le moment du départ approche, mais que faire ? Fuir avec les trois petites ? Impossible, elle n’en aura pas les moyens. Le cœur déchiré, elle choisit alors de laisser ses deux filles – afin qu’au moins elles restent ensemble – chez une sœur domiciliée loin de leur père…

    « Flouze, flouze » ou « fuck, fuck »

    A l’été 2019, Mariama et sa nièce quittent la Côte d’Ivoire en car, direction Casablanca, au Maroc. Là-bas, elle devient à la fois nounou, femme de ménage et cuisinière pour une famille marocaine. « Je gagnais 8 euros par jour, je dormais par terre, dans la cuisine. » Exploitation, préjugés, racisme, tel est, d’après elle, son nouveau quotidien. « Un jour, au début de la crise du coronavirus, je monte dans un bus, et une personne me crache dessus en criant “pourquoi les autres meurent facilement et pas vous, les Africains ?” »

    Après avoir économisé un peu d’argent, elle se rend avec sa nièce à Dakhla, au Sahara occidental (sous contrôle marocain), dans l’espoir de rallier les Canaries à travers l’Atlantique. Les passeurs ? « C’est “flouze, flouze” ou “fuck, fuck” », résume-t-elle. Généralement, dans ce genre de voyage, les femmes sont violentées, violées, et les enfants entendent. »Mariama retient ses larmes. Elle-même n’a pas été violée – comme d’autres protégées de la Croix-Blanche – mais elle ne compte plus le nombre de fois où des policiers, des habitants, l’ont « tripotée ».

    Une nuit, à Dakhla, après avoir versé 800 euros à un passeur, elle obtient deux places à bord d’un « modeste bateau de pêche » avec quarante autres personnes. La suite restera à jamais gravée en elle : la peur, l’obscurité, les vagues, l’eau qui s’invite à bord, le visage de son frère, mort noyé, lui aussi, lors d’une traversée clandestine. Et les cris, la promiscuité… « On ne peut pas bouger. Si tu veux uriner, c’est sur toi. Je me suis dit que c’était du suicide. Je n’arrêtais pas de demander pardon à la petite. Je l’avais coincée entre mes jambes. »

    « Durant leur voyage en Afrique, beaucoup de femmes violées sont tombées enceintes. Personne ne leur a dit qu’elles avaient le droit d’avorter en Espagne », Candella, ancienne travailleuse sociale
    La traversée dure cinq jours. Une fois la frontière virtuelle espagnole franchie, tout le monde sur le bateau se met à hurler « Boza ! », un cri synonyme de « victoire » en Afrique de l’Ouest. Les secours ne sont pas loin…

    « Je m’incline devant le courage de ces femmes. Quelle résilience ! », confie Candella, 29 ans, une ancienne travailleuse sociale, si marquée par ces destins qu’elle a fini par démissionner, en février, de son poste dans une importante ONG. « A force d’écouter leurs histoires, je les ai faites miennes, je n’en dormais plus la nuit. » Comment les oublier ?« Durant leur voyage en Afrique, beaucoup de femmes violées sont tombées enceintes. Une fois aux Canaries, personne ne leur a dit qu’elles avaient le droit d’avorter en Espagne. D’autres ont découvert qu’elles avaient le #sida en arrivant ici. C’est moi qui devais le leur annoncer. »

    Depuis deux décennies, Begoña Barrenengoa, une éducatrice sociale de 73 ans, suit de près les dossiers des clandestins, et particulièrement ceux liés aux violences faites aux femmes. D’après elle, les migrantes sont « les plus vulnérables parmi les vulnérables ». D’où sa volonté de les aider à continuer leur chemin vers le nord et l’Europe continentale. Car elles ne veulent pas rester aux Canaries mais rejoindre leur famille, en particulier en France. « L’archipel n’est qu’un point de passage, il n’y a de toute façon pas de travail ici », souligne Mme Barrenengoa.

    En mars, un juge de Las Palmas a ordonné aux autorités espagnoles de ne plus bloquer les migrants désireux de se rendre sur le continent. « Avec un simple passeport – voire une copie –, ou une demande d’asile, ils ont pu voyager jusqu’à Madrid ou Barcelone, et aller en France », poursuit Begoña Barrenengoa.

    Selon Mame Cheikh Mbaye (FAAC), entre 10 000 et 15 000 personnes auraient rallié la péninsule depuis cette décision de justice, des transferts le plus souvent organisés par la Croix-Rouge. « Huit migrants sur dix arrivés cette année par la mer aux îles ont poursuivi leur voyage vers la péninsule », assurait récemment le journal canarien La Provincia.

    Aujourd’hui, la plupart des femmes rencontrées à la Croix-Blanche sont sur le territoire français. « J’ai pu voyager avec mon passeport et celui de la petite, confirme ainsi Mariama. C’est ma sœur qui a acheté mon billet d’avion pour Bilbao. » Une fois sur place, elle a pris un car jusqu’à Bordeaux, puis un Blablacar vers Ris-Orangis, au sud de Paris. Son ancienne vie est derrière elle, désormais, et elle ne veut plus parler de son périple. « Moi, je ne demande pas beaucoup, juste le minimum », confie-t-elle. Maintenant que sa nièce est bien installée, et scolarisée, la jeune Ivoirienne n’a qu’un rêve : faire venir ses deux filles en France, « un pays où l’on se sent enfin libre ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/06/ce-sont-les-oubliees-les-invisibles-de-la-migration-l-odyssee-des-femmes-afr

    #femmes #femmes_migrantes #invisibilisation #invisibilité #morts #mourir_aux_frontières #statistiques #chiffres #îles_Canaries #route_Atlantique #viols #violences_sexuelles #parcours_migratoires #grossesses #grossesse #facteurs_push #push-factors

    ping @_kg_ @isskein

    • voir aussi cette note de Migreurop (décembre 2018) :
      Femmes aux frontières extérieures de l’Union européenne

      Les Cassandre xénophobes de la « ruée vers l’Europe » appuient leurs prévisions apocalyptiques sur des images dont les femmes sont absentes : ce serait des hommes jeunes qui déferleraient par millions sur nos sociétés qui verraient alors mis à bas un équilibre des sexes – tant du point de vue quantitatif que relationnel – chèrement acquis. La médiatisation et la politisation de « l’affaire de la gare de Cologne » (31 décembre 2016) ont ainsi joué un grand rôle dans le retournement de la politique allemande vis-à-vis des exilé·e·s. Ces derniers étant décrits comme des hommes prédateurs en raison de leurs « cultures d’origine », il devenait légitime de ne pas les accueillir…

      Ce raisonnement est bien sûr vicié par de nombreux biais idéologiques, mais aussi par des erreurs factuelles et statistiques : les nouvelles entrées dans l’Union européenne (UE) sont tout autant le fait d’hommes que de femmes, et ces dernières
      représentent près de la moitié des immigré·e·s installés dans l’UE. Ce phénomène n’est pas nouveau : au début des années 1930, alors que la France était la principale « terre d’accueil » des exilé·e·s, les femmes représentaient déjà plus de 40% des arrivant·e·s. L’invisibilisation des femmes n’est certes pas propre à l’immigration mais, en l’occurrence, elle sert également un projet d’exclusion de certains hommes.
      Les exilé·e·s sont en effet quasiment absentes des « flux » les plus médiatisés : plus de 90 % des boatpeople de Méditerranée ou des mineur·e·s isolé·e·s entrant dans l’UE sont des hommes. Cela permet d’ailleurs de justifier le caractère pour le moins « viril » des dispositifs de répression les visant. La « guerre aux migrants » serait une affaire mâle ! Or, les femmes en migration, loin de voir leur supposée « vulnérabilité » prise en compte, sont également prises au piège de la militarisation des frontières. La violence de la répression redouble celle des rapports sociaux.

      http://migreurop.org/article2903.html?lang=fr

    • Voir aussi cette étude publiée par l’INED :

      Les immigrés en France : en majorité des femmes

      Les femmes sont désormais majoritaires parmi les immigrés en France. Comme nous l’expliquent Cris Beauchemin, Catherine Borrel et Corinne Régnard en analysant les données de l’enquête Trajectoires et Origines (TeO), contrairement à ce que l’on pourrait penser, la féminisation des immigrés n’est pas due seulement au regroupement familial. Les femmes migrent de plus en plus de façon autonome afin de travailler ou de faire des études.

      https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/immigres-france-majorite-femmes

    • Et ce numéro de la revue Ecarts d’identité :
      Exil au feminin

      Editorial :

      Une éclaircie ?

      Une éclaircie, dit Le Robert, c’est une embellie qui « apparaît dans un ciel nuageux ou brumeux » (le ciel de cette saison qui tarde à se dégager !).

      Sur terre, c’est l’éclaircie des terrasses, des sourires retrouvés sur les visages quand ils tombent les masques. Pas complètement mais on veut y croire : on veut croire que ce monde ne s’est pas totalement effondré, qu’une vie sociale est encore possible, que le dehors peut redevenir un espace public où l’on peut respirer, échanger, frôler et non cet espace de troisième type qui s’était semi-privatisé en petits groupes se méfiant les uns des autres ! L’éclaircie aussi, relative, des lieux culturels où nourrir de nouveau son imaginaire, admirer, élucider et rêver d’autres possibles aux devenirs.

      Une éclaircie, c’est en somme comme une clairière dans une forêt touffue où l’on peut connaître un répit, se racler un peu la voix après un quasi-étouffement, reprendre souffle, ou encore une sorte d’armistice dans une « guerre »...Ce langage impayable du pouvoir ! Il recycle constamment ses armes. L’espace social est devenu une géographie qui sert désormais à « faire la guerre », avec fronts et arrières, héros et vétérans, logisticiens et unités d’interventions, etc. Une guerre déclarée à un ennemi invisible, ou trop visible au contraire ! Il s’incorpore, il s’incarne en nous, nous faisant devenir ennemis de nous-mêmes, cette « part maudite » de « nous » que l’on ne veut surtout pas voir, nous contentant de nous voiler la face, garder les distances, frictionner frénétiquement les mains, comme si ce carnaval, bien macabre pouvait nous prémunir de « nous-mêmes »... Cela préoccupe évidemment, mais cela occupe beaucoup et jusqu’à épuisement les uns et désœuvre grandement les autres, et cette pré-occupation-là fait « chaos-monde »... qui fait oublier le reste !

      Or, le reste, c’est la vie. La vie dans tous ses états sur cette terre « ronde et finie » et appartenant à tout le monde, c’est « nous » tel que ce pronom personnel le dit : un pluriel et tel qu’il est pronom réfléchi : sujet de ce « nous » constamment en devenir. Ce « nous » est de tous les genres et espèces, matières et manières, temps et espaces sur terre, réels et imaginaires, à tout moment et partout singulier et pluriel, tenant dans cette singularité-pluralité de son infiniment petit à son infiniment grand.
      Ce qui fait ce tenant, c’est l’avec : l’être-avec et le vivre-avec, sans distinctions – hormis celles qui font pluralité, multitude et multiplicité précisément – accordant des primats d’être ou de vivre aux uns au détriment des autres ou empêchant, dans le temps comme dans l’espace, les uns de devenir autrement que ce que les autres pensent qu’ils doivent être… La différence entre l’être et l’être-avec est la différence entre les métaphysiques (petites ou grandes et « indécrottables ») et le politique (le politique tel qu’il « excède » les politiques d’intérêts et de calculs et tel qu’il organise un vivre-avec et non « une autre manière de faire la guerre » !)…
      Il a fallu sans doute cette calamité virale pour nous rappeler que ce reste est en fait le tout – fait de l’avec – dont il faut se préoccuper prioritairement et partout, ce tout qui ne se contamine jamais que de ses propres éléments et depuis tous temps… Le politique consiste à en prendre soin dans ses devenirs !

      Vivre-avec et aussi penser-avec. Penser avec les un•e•s et les autres un autre rapport à ce monde, et penser avec les expériences que vivent au présent les un•e•s et les autres et ce qu’elles nous révèlent sur la manière de mieux aborder l’avenir. Il ne dépend désormais plus de quelques-uns mais de tout le monde. La revue Écarts d’identité, et c’est sa vocation, explore, depuis son premier numéro, les chemins de ce vivre-avec, notamment ceux des migrations et des exils qui nous en apprennent plus sur le devenir-monde que ce que les discours officiels en retiennent et concèdent à en dire. Dans ce numéro, ce sont les spécificités des chemins de l’exil au féminin : une double exposition aux violences de l’exil en tant que tel et à celles, réelles et symboliques, faites aux femmes. Un dossier préparé par Lison Leneveler, Morane Chavanon, Mathilde Dubesset et Djaouidah Sehili (lire l’introduction du dossier).

      Et comme à chaque fois, une fenêtre ouverte sur un horizon de beauté (notre dossier culturel). Bruno Guichard a réalisé un documentaire (Patrick Chamoiseau, ce que nous disent les gouffres) sur Patrick Chamoiseau (ami et parrain de la revue), il nous en ouvre les coulisses où se mêlent puissance poétique et conscience politique. Et une rencontre avec Meissoune Majri, comédienne et metteuse en scène, qui mène depuis 2010 une recherche esthétique interrogeant les effets du réel sur les imaginaires.

      Si, comme le dit l’adage, « à quelque chose malheur est bon », puissions-nous avancer, avec cette calamité, sur les voies de la conscience et « les chemins de la liberté »...

      Abdelattif Chaouite


      https://ecarts-identite.org/-No136-

    • Épisode 3 : Femmes migrantes invisibles

      Statistiquement plus nombreuses que les hommes sur les chemins de l’exil, les femmes sont pourtant les grandes absentes du récit médiatique et de la recherche scientifique dans le domaine des migrations.

      Pour comprendre l’invisibilité Camille Schmoll constate : “il y a aussi un peu d’auto-invisibilité de la part des femmes qui ne souhaitent pas forcément attirer l’attention sur leur sort, leur trajectoire. La migration reste une transgression” et remarque que cette absence peut servir un certain discours “ or, quand on veut construire la migration comme une menace, c’est probablement plus efficace de se concentrer sur les hommes.”

      Depuis plus d’un demi-siècle, les bénévoles de l’Association meusienne d’accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI) viennent en aide aux personnes migrantes présentes sur leur territoire, aux femmes notamment. Camille Schmoll rappelle cette situation : “il y a toujours eu des femmes en migration. On les a simplement occultés pour différentes raisons. En fait, ce sont à l’initiative de femmes, de chercheuses féministes que depuis les années 60-70, on redécouvre la part des femmes dans ces migrations. On sait qu’elles étaient très nombreuses dans les grandes migrations transatlantiques de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. "

      Confrontées tout au long de leurs parcours migratoires mais également dans leur pays de destination à des violences de genre, ces femmes ne sont que trop rarement prises en compte et considérées selon leur sexe par les pouvoirs publics. Majoritairement des femmes, les bénévoles de l’AMATRAMI tentent, avec le peu de moyens à leur disposition de leur apporter un soutien spécifique et adapté.  Lucette Lamousse se souvient “elles étaient perdues en arrivant, leur première demande c’était de parler le français”. Camille Schmoll observe un changement dans cette migration : “les femmes qui partent, partent aussi parce qu’elles ont pu conquérir au départ une certaine forme d’autonomie. Ces changements du point de vue du positionnement social des femmes dans les sociétés de départ qui font qu’on va partir, ne sont pas uniquement des changements négatifs”.

      https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/femmes-migrantes-invisibles


      #audio #son #podcast

  • Fuite de Twitch : seulement 3 femmes sur les 100 streameurs les mieux payés au monde
    https://www.numerama.com/pop-culture/745544-fuite-de-twitch-seulement-3-femmes-sur-les-100-streameurs-les-mieux

    La plateforme de streaming est victime d’une énorme fuite ce mercredi 6 octobre. Hormis le code source de Twitch, d’autres informations ont leaké, comme le chiffre d’affaires qu’ont touché les gros streameurs sur 3 ans. Et cette liste permet de relever un point important sur l’égalité femmes-hommes : il n’y a quasiment pas de femmes dans le classement.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #twitch #tv #fuite #sécurité #égalité_des_sexes #sexisme #palmarès #twitch_partners #discrimination #misogynie #invisibilisation

  • Le sacre du comédien
    https://laviedesidees.fr/Laurence-Marie-Inventer-l-acteur.html

    À propos de : Laurence Marie, Inventer l’acteur. Émotions et spectacle dans l’Europe des #Lumières, Sorbonne Université Presses. Au XVIIIe, siècle de révolutions, le spectateur naît avec l’avènement de l’acteur, consacré par plusieurs traités du jeu. Mis en lumière, l’acteur rivalise avec l’auteur : une configuration qui donne à la représentation théâtrale une importance qui ne sera guère déniée.

    #Arts #théâtre
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202109_theatre.docx

    • Désolé mais il y a une couille dans le titre ! C’est « le scrotum du comédien » que vous auriez du titré vu qu’il est question de la vie des idées sexistes sur les comédiens, les auteurs et les acteurs. #metoo #sexisme #invisibilisation #male_gaze

      Ps- Laurence Marie est une femme j’ai été vérifié vu que vos liens ne sont pas valide et le fait qu’elle soit une autrice ne la met pas à l’abris du « Male gaze », mais peut être qu’elle n’est pas l’autrice de cette tournure misogyne de votre texte car j’ai l’impression qu’elle n’est pas francophone.

  • Le plus vu sur YouTube : des femmes sous-représentées, sexualisées, malmenées
    https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/le-plus-vu-sur-youtube-des-femmes-sous-representees-sexualisees-malmenees
    https://www.liberation.fr/resizer/YfAoX2JRPgn70WN2HkEbESLdyHQ=/800x0/filters:format(jpg):quality(70):focal(1576x1156:1586x1166)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/VFP23XEALZG5NNLKFWRMB5YTXU.jpg

    Dans un rapport rendu public ce jeudi, la Fondation des femmes alerte sur les stéréotypes sexistes encore largement véhiculés dans les contenus les plus visionnés de la plateforme, notamment des clips musicaux.

    Le diagnostic est peu reluisant : des femmes sous-représentées, et quand elles le sont, à grand renfort de stéréotypes sexistes, d’images dégradantes et autres propos misogynes ou symptomatiques d’une culture du viol solidement ancrée. Dans un rapport aussi fouillé qu’accablant rendu public ce jeudi, la Fondation des femmes alerte sur « le sexisme en liberté » dans les contenus les plus vus sur YouTube. Réalisée en partenariat avec Sciences-Po, cette étude s’appuie sur l’analyse fouillée des 200 contenus les plus vus sur la plateforme de vidéos en ligne au cours des années 2019 et 2020, majoritairement des clips musicaux (dans 73,7% des cas). Pour autant, les auteurs ont choisi de ne pas nommer les auteurs de ces vidéos, pour dénoncer un système plutôt que des individus. Objectif : poursuivre un travail similaire mené par le Conseil supérieur de l’audiovisuel en décembre 2018. « Le diagnostic est tout aussi accablant, voire pire », tranche Sylvie-Pierre Brossolette, ex-présidente du groupe de travail sur les droits des femmes du CSA et membre de la Fondation des femmes, au cours d’une conférence de presse ce jeudi.

    Premier constat : les femmes sont sous-représentées dans ces contenus, observent les auteurs, qui déplorent une présente « écrasante » de premiers rôles masculins. Ainsi, 62,1% des protagonistes sont des hommes, contre seulement 16,2% de femmes (l’écart s’expliquant par le fait que les réponses « mixtes », « autres » ou « non applicables » étaient possibles). Dans les vidéos humoristiques, sur les quatre contenus analysés parmi les plus regardés, c’est encore pire : aucune femme n’occupe le rôle principal. « Les représentations du féminin se pensent donc en majorité à travers le prisme d’un regard masculin », s’indigne l’étude.

    Autre point noir : les stéréotypes de genre. Moins d’un tiers (30,5%) des contenus y échappe. Le « format court » et la « visée commerciale » des clips musicaux les rapprochent de la publicité, « dans leur aptitude à mobiliser des stéréotypes dans un but marketing », observent les auteurs. Les hommes n’échappent pas à ces stéréotypes. Ainsi, plus de la moitié (57%) des vidéos passées au crible portent la trace de clichés traditionnellement associés à la masculinité, l’hypervirilité étant la plus présente (dans 71 vidéos), suivi de l’archétype du protecteur ou encore du sportif. Parfois, ces caractéristiques sont cumulées, l’association la plus courante étant l’hyperviril couplé au macho, parfois même cumulé à un aspect protecteur, « établissant un lien de causalité directe entre virilité et protection matérielle et /ou physique d’un autre personnage, dans la majorité des cas, féminin », relève le rapport.
    Sentimentales, séductrices, vénales…

    Du côté des femmes, des stéréotypes ont – sans surprise – également été relevés, dans 39% des vidéos. Les femmes y sont présentées comme sentimentales (15% des cas), comme des poupées (13%, pour les vidéos représentant des jeunes filles et des ados), des séductrices (12,5%), ou encore comme des personnes vénales (8,5 %)…. Dans la grande majorité des cas (81,7%), ces images se superposent, ce qui fait dire aux auteurs que « c’est tout un imaginaire stéréotypé qui est mobilisé ». En revanche, la maternité, elle, n’est que très rarement associée aux femmes mises en scène (dans 1% des cas). « Si les stéréotypes masculins sont prédominants, nous rappelons qu’ils sont cependant associés à des valeurs positives (la puissance et le courage) contrairement aux stéréotypes féminins, qui sont connotés négativement (la sentimentalité et la vénalité) », poursuit le rapport.

    Sans grande surprise, les corps des femmes sont aussi fréquemment sexualisés. Pas en les filmant partiellement ou complètement nues, mais par « des procédés bien plus insidieux » tels qu’une caméra pointée sur des attributs féminins (souvent les seins, ou les fesses, avec un visage coupé), ou encore de manière à mettre en scène des poses lascives. « Ces procédés suggestifs véhiculent l’idée que les femmes doivent paraître et se comporter d’une certaine manière pour être attrayantes, renforçant ainsi l’image de la femme-objet », analysent les auteurs.
    Insultes sexistes, culture du viol et violences conjugales

    Le rapport s’attelle enfin à tenter de décrypter les rapports entre les sexes. Là aussi, il reste du chemin à parcourir, le lien le plus fréquemment mis en scène étant des rapports de séduction (38,8% des cas), suivi de rapports conjugaux stéréotypés (présents dans 14% des séquences). On y voit par exemple des femmes attendant patiemment leur mari à la maison, tandis que celui-ci vaque tranquillement à des occupations sexuées, illégales ou violentes. Dans 4% des cas, ce sont même des rapports de soumission qui sont pointés du doigt, le plus souvent à travers des situations de « drague » non consentie : « Bien que ceux-ci soient peu nombreux, le peu de séquences illustrant une forme de harcèlement semblaient tout à fait normalisées. »

    Des violences sexistes et sexuelles ont également été relevées, dans pas moins d’un quart des contenus classés dans les catégories musique, humour et divertissement : insultes sexistes (37,5% des cas), propos misogynes (25%), culture du viol (15,6%), harcèlement sexuel (6,3%), et même violences conjugales (3,1%). A titre d’exemple, le rapport pointe du doigt les propos d’un chanteur (sans le nommer), qui clame « je vais te démonter » ou encore « j’te baise », ou encore le cas d’un autre clip, dans lequel le protagoniste menace de s’en prendre à son ex-conjointe dans les paroles de sa chanson, bat à mort l’amant de son ex-compagne, puis chante à côté des cadavres emballés dans des bâches de cet homme et de son ex. La Fondation des femmes déplore ainsi une nette hausse des contenues présentant une image dégradante des femmes. De 15,5% en 2017-2018 selon l’étude du CSA, ils ont bondi en 2019 et 2020 à 34,7%.
    Principe d’éga-conditionnalité

    Parmi les pistes possibles pour tenter d’améliorer cet état des lieux, la force juridique de la Fondation des femmes suggère de modifier la loi de septembre 1986 pour permettre au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de contrôler l’image des femmes véhiculées sur Internet, en y ajoutant que le CSA « s’assure que les programmes mis à la disposition du public […] ne contiennent ni propos et images sexistes ou propos et images manifestant un traitement dégradant à raison du sexe ou de l’identité de genre ». « La haine en ligne et la protection des mineurs sont déjà régulées, mais pas l’image des femmes. Or, ce type d’images dégradantes ou stéréotypées formatent les mentalités et fournissent des rôles sociaux auxquels les jeunes peuvent s’identifier. Tout ceci fait le lit des violences », a rappelé ce jeudi Sylvie-Pierre Brossolette.

    Autre possibilité : la mise en place d’un principe d’éga-conditionnalité pour les œuvres diffusées en ligne, afin de priver de financement tout contenu véhiculant une image dégradante des femmes. « Il ne s’agit pas de censurer la création, mais cela pourrait par exemple passer par des clauses dans les contrats entre les établissements de crédit et les sociétés de production. L’essentiel est de susciter une réflexion sur ces questions », a tenu à préciser Me Caroline Leroy-Blanvillain, avocate membre de la force juridique de la Fondation des femmes. Dernière option : la création d’une charte de bonne conduite établie entre le CSA et les GAFAM, pour permettre la suppression de tout contenu dérogeant à ces engagements.

    #sexisme #misogynie #male_gaze #discrimination #invisibilisation

  • The macho state: coercion, patriarchy and resistance

    When police officers themselves are responsible for so many cases of gender-based violence and when so many cases are never addressed by the judicial system, what does that say about both the institution of the police, the state and their coercive apparatus?

    https://longreads.tni.org/stateofpower/the-macho-state-coercion-patriarchy-and-resistance

    #machisme #partiarcat #résistance #violences_sexuelles #justice #impunité #insitutions #police #coercition #féminicide #féminicides #femmes #viols #culture_du_viol #violence #invisibilisation #genre #Etat #omission #violence_institutionnelle

    ping @_kg_

    • To paraphrase Paulo Freire, it seems to varying degrees that we are coming to the realisation of our condition of oppression. The moment is ripe to also realise that “nobody liberates themselves all alone. People liberate themselves in fellowship with each other.” Invoking the appeals of abolitionists who see not only the need but also the potential for the world to transform itself, it is time to forge ties of solidarity, communities of care, but above all communities of understanding, to come closer to the one another and find our own humanity in this otherness. This we owe to ourselves, to those who came before, but above all to those who will come after.

      ajouté ici —> https://seenthis.net/recherche?recherche=%23metalist+%23gender

  • La mégère et le protecteur-collectionneur.

    Je pense que je dois à ton égard représenter un mâle occidental alpha avec tous ses défauts alors que je suis un homme qui a fait un long cheminement pour etre qui il est à ce jour.
    Ma perception est que tu considère mes paroles comme une prise de pouvoir et de contrôle alors que je me considère comme bienveillant et protecteur.

    C’est ce que m’a écrit un collectionneur hier suite à mon refu de bosser avec lui. Mon refu n’etait pas lié au fait qu’il soit un homme, mais à sa mentalité qui me plaisait pas et j’en ai eu la confirmation dès que j’ai contrarié ses plans de bienveillant protecteur. Bien sur je lui ai pas demandé d’être bienveillant et protecteur mais qu’il soit un minimum respectueux et professionnel ca m’aurai pas dérangé. Il enchaine donc sur ceci :

    A titre de collectionneur, je suis heureux en tout cas d’avoir acquis une de tes œuvres récentes les plus intéressantes et je te prie à ce titre de ne plus la diffuser en ligne ou la reproduire de quelque manière que ce soit sachant que je suis désormais l’unique propriétaire.

    A titre de collectionneur ce patriarche a l’air très heureux du pouvoir qu’il croit avoir sur mon œuvre et sur moi. Le pouvoir de me faire taire. Sa bienveillance protectrice le pousse à tenté de me punir d’avoir refusé son offre en cherchant à me confisqué mon travail. Tant de bonté ca me fait chaud au cœur !
    Avec de bienveillants protecteurs tel que lui, pas besoin de malveillants prédateurs...
    Bref je lui ai rappelé la loi qui fait de moi l’unique propriétaire des droits de reproduction, en le remerciant d’avoir confirmé mes intuitions le concernant et lui précisant que j’étais syndiqué. J’étais bien contente de le remettre à sa place merci @monolecte pour le CAAP c’est grâce à toi que j’y suis.

    Je pense que ca va m’inspiré un dessin ou deux. C’est un bel exemple à mon avis de comment les femmes artistes disparaissent : leurs « bienveillants protecteurs » les effacent quant elles n’exécutent pas leurs 4 volontés de dominants. Il a voulu m’exciser la parole mais heureusement j’ai un baubellum en acier trempé !

    #censure #bienveillance #protection #sanction #art #artiste #invisibilisation #silenciation #syndicat #femmes #féminisme #argent #valeur #pouvoir #punir #patriarche #grand_homme #caap #domination #baubellum #mégèrisme

  • Un sondage révèle l’ampleur des actes sexistes dans l’édition
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/01/un-sondage-revele-l-ampleur-des-actes-sexistes-dans-le-milieu-de-l-edition_6

    Une consultation menée par Ipsos et « Livres hebdo » montre que six répondants sur dix ont déjà été victimes d’agissements sexistes ou sexuels dans la profession.

    Les actes sexistes sont massifs dans le milieu de l’édition : plus de huit professionnels sur dix ont déjà été témoins d’agissements sexistes ou sexuels et six personnes sur dix en ont été victimes, selon les principaux résultats que révèle, ce jeudi 1er juillet, LH Le Magazine, le mensuel de Livres hebdo, publication destinée aux professionnels du livre. Première enquête sur cette question dans le milieu du livre, cette large consultation en ligne, menée conjointement par Ipsos et LH Le Magazine, du 19 au 25 mai, a recueilli 1 000 réponses en moins de quarante-huit heures, 1 221 en une semaine. « Rarement un questionnaire en ligne avait reçu autant de témoignages, à en croire notre partenaire Ipsos, indique le mensuel. Cet engouement illustre un besoin, une urgence de parler. »

    Les chiffres décrivent un phénomène massif : 84 % des répondants affirment avoir déjà été témoins d’au moins un acte sexiste au cours de leur carrière. Parmi eux, 76 % ont été témoins de remarques déplacées, 57 % d’une discrimination sexiste et 51 % de gestes déplacés ; 61 % des professionnels de l’édition déclarent avoir été victimes d’agissements sexistes et sexuels – majoritairement des femmes.

    Ces données viennent confirmer ce que dénoncent depuis deux ans de nombreux acteurs du secteur dans différentes pétitions, tribunes et témoignages publiés sur les réseaux sociaux et dans les médias. C’est en février 2020, dans la foulée de la publication du Consentement, de Vanessa Springora (Grasset), qui décrit la relation traumatisante qu’a subie l’écrivaine avec l’écrivain Gabriel Matzneff, qu’un collectif d’autrices, mené par Caroline Laurent, publie une première tribune sur le site de Franceinfo pour réclamer « la fin de la loi du silence » qui protège les « tartuffes aux mains moites et dons Juans à la braguette souple » qui sévissent impunément dans le milieu littéraire.

    En mai, après une enquête de Mediapart sur les agissements de Stéphane Marsan, PDG des éditions Bragelonne, une nouvelle tribune était publiée dans Libération pour déplorer le fait que « tout le monde savait » et pour dénoncer un paradoxe : « Alors que l’édition s’enrichit de la publication des récits des victimes de violences sexistes et sexuelles, qu’en est-il au sein du milieu ? »

    « C’est vraiment énorme »
    « On avait des témoignages épars, mais pas de données chiffrées, explique Anne-Laure Walter, l’actuelle rédactrice en chef de Livres hebdo. On a donc voulu faire un état des lieux précis, fournir une photographie la plus large possible de la situation. » Le questionnaire mis en ligne à la fin du mois de mai a été ouvert à tous les professionnels du livre : auteurs, éditeurs, attachés de presse, chefs de fabrication, commerciaux, graphistes… « Nous avons été un peu surpris par les résultats. Six répondants sur dix qui se déclarent victimes, c’est vraiment énorme », observe Anne-Laure Walter.

  • Une manifestation dénonce les agissements de Picasso envers les femmes
    https://arts.konbini.com/peinture/une-manifestation-denonce-les-agissements-de-picasso-envers-les-femmes


    L’action silencieuse a eu lieu au Musée Picasso de Barcelone, dans le cadre d’un cours sur l’art féministe.

    « Picasso, agresseur de femmes » ; « Picasso, l’ombre de Dora Maar » ou encore « Picasso, Barbe bleue ». C’est avec ces inscriptions sur le dos qu’un groupe d’élèves en école d’art s’est rendu au Musée Picasso de Barcelone en compagnie de leur professeure, l’artiste Maria Llopis.

    Dans le cadre de son cours sur l’art féministe, la professeure a mis en place une action silencieuse visant « à s’exprimer. À parler de ce qui s’est vraiment passé. À dire la vérité à propos des nombreuses artistes femmes qui ne peuvent pas développer leur créativité », telle qu’elle l’a expliqué à Artnet.

    L’action silencieuse menée par les élèves de Maria Llopis, le 27 mai 2021 au Musée Picasso de Barcelone. (© Ismael Llopis)

    Le groupe a ainsi rappelé ce qui est souvent occulté lorsqu’on parle du « monstre sacré » qu’est devenu Pablo Picasso dans l’histoire de l’art : son attitude détestable envers les femmes et son ombre envahissante au-dessus de celles qui finissaient par être considérées comme de simples « muses ». Sa petite-fille écrivait qu’il « vidait les femmes de leur essence » avant « de les jeter ».

    C’est pour cela que le nom de Dora Maar revient sur les T-shirts du groupe manifestant. Photographe et peintre surréaliste de talent, l’artiste a longtemps vu son nom accolé à celui de Picasso (son compagnon pendant huit ans – sur 89 ans de vie, pas de quoi fouetter un chat en somme) sans que son travail ne soit reconnu. Ce n’est qu’en 2019 qu’une première grande rétrospective est enfin organisée en son honneur, au Centre Pompidou de Paris.

    L’action silencieuse menée par les élèves de Maria Llopis, le 27 mai 2021 au Musée Picasso de Barcelone. (© Ismael Llopis)
    Pas d’égalité au musée

    Le chemin vers l’égalité de la représentativité des artistes femmes (mais pas des modèles féminins, notamment nus) dans les collections muséales demeure cependant très lent. En 2018, l’exposition « Les femmes artistes sortent de leur réserve » détaillait les chiffres suivants concernant la France : « Sur un total de 464 329 notices, de près de 35 000 artistes, les [artistes femmes] sont au nombre de 2 082, avec 19 651 œuvres. Elles représentent donc 5,9 % des artistes de la base de données, avec 4,2 % du nombre d’œuvres. »

    « Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Met Museum ? Moins de 4 % des artistes des sections d’art moderne sont des femmes, mais 76 % des nus représentent des femmes. » 2012 (© Guerilla Girls)

    Maria Llopis déclare vouloir « encourager le Musée Picasso à regarder en face cette réalité et mettre en place des expositions sur le sujet ». Le directeur du Musée Picasso, Emmanuel Guigon, a quant à lui affirmé à Artnet trouver « génial que les gens s’expriment au musée. [C’est là] où les débats devraient avoir lieu ».

    L’équipe du musée a également indiqué qu’une conférence sur le thème « Picasso vu depuis une perspective de genre » devrait bientôt voir le jour. Les seuls éléments concrets qui ressortent donc pour l’instant de cette action sont les menaces de mort reçues par Maria Llopis, ainsi que la désactivation de son compte par Instagram.

    #picasso #misogynie #violences_sexuelles #violences_physiques #harcelement #haine #invisibilisation #femmes #historicisation #art #féminisme

    • Sur le Devoir c’est la quadrature du cercle :

      Un Picasso à la fois machiste et « woke » au MNBAQ

      https://www.ledevoir.com/culture/arts-visuels/611784/arts-visuels-un-picasso-a-la-fois-machiste-et-i-woke-i-au-mnbaq

      Voici une exposition qui parle du rapport de Picasso au corps, mais qui oscille entre une vision négative et une vision positive de l’artiste. Fut-il un monstre qui a autant voulu violenter le corps des femmes dans la vie que dans ses œuvres — adéquation très simpliste —, ou bien un visionnaire d’un monde à changer ? Car c’est aussi cela qu’on pourra conclure en visitant la même expo. Un exemple : après avoir vu les œuvres de Picasso, le visiteur aboutit dans une deuxième exposition — intitulée Ouvrir le dialogue sur la diversité corporelle (voir l’encadré) —, volet où l’on présente l’artiste espagnol comme ayant eu « une grande ténacité à déconstruire les canons esthétiques ». Ce qui est vrai.

      L’œuvre de Picasso a défié les canons de la représentation académique du nu féminin et masculin. On se demandera d’ailleurs pourquoi les commissaires de l’expo n’ont pas montré des exemples de tableaux de nus académiques de la fin du XIXe siècle afin de souligner la contestation majeure de ce modèle par la démarche de Picasso. Celui-ci a favorisé l’esthétique de l’art primitif — dans un sens positif du terme —, celui des arts ibérique, africain ou océanien, arts purs n’ayant pas été contaminés par les valeurs occidentales. Mais ce n’est pas tout. Le catalogue — bien mieux que l’expo — souligne l’intérêt de la démarche de Picasso pour des figures androgynes, sujets peu discutés à ce jour. Même le tableau Les demoiselles d’Avignon (1907), exhibant des prostituées, n’incarnerait plus les codes de la féminité fragile et soumise, mais d’une certaine manière des figures fortes aux allures masculines.

      Voici que les violeurs et les féminicides deviennent des visionnaires qui montrent ce que la société devrait changé. C’est ce que raconte « Landru, précurseur du féminisme » un livre parodique contrairement à cet article pondu par un couillon de phallophore alias Nicolas Mavrikakis. Nicolas Mavrikakis qui pique le boulot de centaines de milliers de femmes plus pértinnantes que lui et qui voudraient bien être payés et publiées.
      Et le fait que Picasso montrait des femmes « fortes » n’a rien de féministe ni de progressiste et je compte pas les misogynes qui parlent de la force des femmes qui dominent la société. Le fait de dire que la force rend les femmes viriles c’est aussi un beau renforcement de clichés misogynes et le faire avec un pseudo discours féministe c’est le comble du cynisme.

  • #SalePute

    Loin d’être un phénomène isolé, le #cyberharcèlement touche en majorité les #femmes. Une enquête édifiante sur ce déferlement de #haine virtuelle, aux conséquences bien réelles. Avec le #témoignage d’une dizaine de femmes, de tous profils et de tous pays, et de spécialistes de la question, qui en décryptent les dimensions sociologiques, juridiques et sociétales.

    Les femmes sont vingt-sept fois plus susceptibles que les hommes d’être harcelées via #Internet et les #réseaux_sociaux. Ce constat, dressé par l’European Women’s Lobby en 2017, prouve que les #cyberviolences envers les femmes ne sont pas une addition d’actes isolés, mais un fléau systémique. Plusieurs études sociologiques ont montré qu’il était, en majorité, le fait d’hommes, qui, contrairement aux idées reçues, appartiendraient à des milieux plutôt socio-économiques plutôt favorisés. Se sentant protégés par le caractère virtuel de leurs actions, les auteurs de ces violences s’organisent et mènent parfois des « #raids_numériques », ou #harcèlement_en_meute, aux conséquences, à la fois personnelles et professionnelles, terribles pour les victimes. Celles-ci, lorsqu’elles portent plainte, n’obtiennent que rarement #justice puisqu’elles font face à une administration peu formée sur le sujet, à une législation inadaptée et à une jurisprudence quasi inexistante. Les plates-formes numériques, quant à elles, sont encore très peu régulées et luttent insuffisamment contre le harcèlement. Pour Anna-Lena von Hodenberg, directrice d’une association allemande d’aide aux victimes de cyberharcèlement, le phénomène est une menace directe à la #démocratie : « Si nous continuons de tolérer que beaucoup de voix se fassent écarter de cet #espace_public [Internet, NDLR] et disparaissent, alors nous n’aurons plus de #débat_démocratique, il ne restera plus que les gens qui crient le plus fort ».

    Acharnement haineux
    #Florence_Hainaut et #Myriam_Leroy, deux journalistes belges cyberharcelées, recueillent les témoignages d’une dizaine de femmes, de tous profils et de tous pays, (dont la chroniqueuse de 28 minutes #Nadia_Daam, l’humoriste #Florence_Mendez ou encore l’auteure #Pauline_Harmange), elles aussi insultées et menacées sur le Net. En partant des messages malveillants reçus par ces dernières, le duo de réalisatrices enquête sur la prolifération de la haine en ligne auprès de différents spécialistes de la question, qui décryptent les aspects sociologiques, juridiques ou encore sociétaux du cyberharcèlement.

    https://www.arte.tv/fr/videos/098404-000-A/salepute

    –-> déjà signalé sur seenthis (https://seenthis.net/messages/919957 et https://seenthis.net/messages/920100), mais je voulais y ajouter des mots-clé et citations...

    #Renaud_Maes, sociologue (à partir de la min 16’30)

    « Généralement c’est plutôt des hommes qui agressent sur internet et c’est plutôt des gens qui viennent de milieux socio-économiques plus favorisés (...), des gens qui viennent de la classe moyenne, voire de la classe moyenne supérieure. Cela permet de révéler quelque chose qu’on croit relativement absent : il existe une violence structurelle dans nos société, il existe une domination structurelle et on s’en est pas débarrassés. Clairement, encore aujourd’hui, c’est pas facile d’être un homosexuel, c’est pas facile d’être une femme, c’est pas facile d’être une personne racisée, c’est encore moins facile si on commence à avoir plusieurs attributs au même temps. C’est quelque chose qui parfait ne transparaît pas dans le monde social, parce qu’on a plus de self-control. Avec internet on voit bien que le problème est bien là et que dès qu’on a eu l’occasion d’enlever un peu de #contrôle_social, d’avoir, ne fut-ce que l’illusion, car ce n’est pas forcément vrai, moins de conséquences immédiatement les choses sont mises à nu. Et on voit qu’il y a de la violence, il y a du #rejet des personnes homosexuelles, il y a de la misogynie, il y a du racisme. »

    #Ketsia_Mutombo, co-fondatrice du collectif « Féministes contre le harcèlement » (à partir de la min 22’30) :

    « On est encore dans des sociétés où la parole publique ou l’espace public n’est pas fait pour les femmes, n’est pas fait pour les groupes minorés. On est pensé comme des personnes qui doivent rester dans l’espace domestique, s’acquitter du travail domestique, familial, relationnel, mais ne pas prendre la place. »

    #Laurence_Rosier, linguiste (à partir de la min 22’45) :

    "Les femmes qui s’expriment, elles s’expriment dans la place publique. (...) Et à partir du moment où ’elles l’ouvrent’, elles se mettent en #danger parce qu’elles vont en général tenir une parole qui n’est pas la parole nécessairement attendue. C’est quoi une parole attendue depuis des lustres ? C’est que la femme au départ elle doit respecter les #convenances, donc elle doit être polie, c’est elle qui fait l’éducation à la politesse des enfants, elle doit être mesurée, en retenue, pas violente. Et dès qu’elle adopte un ton qui n’est pas celui-là, qui est véhément, qui est agressif, qui est trivial, sexuel... et bien, on va lui faire sentir que justement elle sort des codes établis et elle va être punie

    #Lauren_Bastide (à partir de la minute 22’18) :

    « Je trouve que le cyberhacèlement a beaucoup de résonance avec le #viol et la #culture_du_viol, qu’il y a ce continuum de la simple interpellation dans la rue au viol. Pour moi c’est pareil, il y a le petit mot écrit, le petit commentaire un peu haineux sous ta photo et puis le raid qui fout ta vie par terre. Il y a cette espèce de #tolérance de la société pour ça... ’c’est le tarif en fait... il ne fallait pas sortir la nuit, il ne fallait pas te mettre en jupe’. ’Bhein, oui, c’est le tarif, t’avais qu’à pas avoir d’opinion politique, t’avais qu’à pas avoir un métier visible. Les conséquences qu’il peut y avoir c’est que les femmes sont moins prêtes à parler, c’est plus difficile pour elles. Prendre la parole dans l’espace public quand on est une femme c’est l’#enfer. Il faut vraiment être très blindée, très sure de soi pour avoir la force d’y aller. Surtout quand on va exprimer une opinion politique »

    #Anna-Lena_von_Hodenberg, Hate aid (à partir de la minute 33’48) :

    « Nous devons réaliser qu’internet c’est l’espace public au même titre que la vie physique. »

    #Emma_Jane, autrice du livre Misogyny Online (à partir de la minute 35’30), en se référant au fait que le sujet n’est pas vraiment traité sérieusement...

    "La plupart des politiciens sont de vieux hommes blancs, ils ne reçoivent pas d’insulte raciste, ils ne reçoivent pas d’insultes sexistes, ils n’ont pas grandi avec internet.

    #Renate_Künast, députée écologiste allemande (à partir de la minute 39’20) :

    « Ce qui est choquant ce n’est pas seulement la haine dont j’ai été la cible, mais le fait que beaucoup de femmes sont visées par ce type de violence sexualisée. (...) On se sent personnellement visé, mais il s’agit d’un problème systémique, c’est caractéristique de l’extrême droite qui ne supporte pas que les femmes soient autre chose que des femmes au foyer et qu’elles jouent un rôle actif dans la société. (...) Il ne s’agissait pas d’une phrase, mais de milliers de messages qui ne disparaîtraient jamais. Pour toutes ces raisons j’ai porté plainte. Et j’ai été stupéfaite quand la réponse, se basant selon moi sur une mauvaise interprétation de la jurisprudence a été qu’en tant que femme politique je devais accepter ce genre de messages. (...) ’Détritus de chatte’, pour les juges en Allemagne, c’était de la liberté d’expression’. »

    #Laurence_Rosier (à partir de la minute 41’35) :

    « La liberté d’expression est invoquée aujourd’hui, pas dans tous les cas, mais dans beaucoup de cas, pour justifier des discours de haine. Et les discours de haine c’est pas soudain que la haine sort, c’est parce que ça a été permis et favorisé par ’oh, une petite blague sexiste, une petite tape sur l’épaule, un petit mot d’abord gentil’ et que progressivement on libère le niveau du caniveau. »

    #Florence_Mendez, humoriste (à partir de la minute 43’01) :

    « Le sexisme que même pour moi était acceptable avant, parce qu’on a toutes nagé dans cette mer en ce disant ’ça va, l’eau n’est pas si salée, je peux en boire encore un peu !’... On a toutes laissé passé ça. Et maintenant il y a des choses qui sont juste insupportables. (...) Je ne laisse plus rien passer du tout, rien passer du tout dans ma vie de tous les jours. »

    #Renate_Künast, députée écologiste allemande (à partir de la minute 43’25) :

    « ça me rappelle ce slogan des mouvements féministes des années 1970 : ’Le pouvoir des hommes est la patience des femmes’. Il faut juste qu’on arrête d’être patientes. »

    Anna-Lena von Hodenberg (à partir de la minute 47’32) :

    « Si on laisse courir les choses, sans régulation, sans poursuites judiciaires, si en tant que société on continue à rester des témoins passifs, alors ça aura des conséquences massives sur nos démocraties. Nous voyons déjà maintenant aux Etats-Unis : la polarisation. Nous l’avons vu en Grande-Bretagne pendant le Brexit. Et ça, c’est juste un avant-goût. Le net est l’espace public le plus important que nous avons, si nous continuons de tolérer que beaucoup de voix se font écarter de cet espace public, qu’elles disparaissent, alors nous n’avons plus de débat démocratique, alors il ne restera plus que les gens qui crient le plus fort et par conséquent, dans le débat public, régnera la loi du plus fort. Et ça, dans nos cultures démocratiques, nous ne pouvons pas l’accepter. »

    Voix off (à partir de la minute 52’40) :

    « ’Fermer sa gueule’, c’est déserter les réseaux, c’est changer de métier, adopter un ton très polissé, c’est refuser des opportunités quand elles sont trop exposées. Et serrer les dents quand on est attaqué, ne surtout pas donner l’impression de se plaindre. »

    #Florence_Mendez (à partir de la minute 53’40) :

    «C’est la fin de la tranquillité.»

    #fait_de_société #cyber-harcèlement #menaces #santé_mentale #violence_structurelle #domination_structurelle #misogynie #racisme #sexisme #intersectionnalité #insulte #espace_numérique #punition #code_établi #plainte #impunité #extrême_droite #fachosphère #liberté_d'expression #polarisation #démocratie #invisibilisation #silenciation #principe_de_la_nasse #nasse
    #documentaire #film_documentaire

    ping @isskein @_kg_ @karine4 @cede

  • Picture a scientist

    https://vimeo.com/405966332

    SYNOPSIS

    PICTURE A SCIENTIST chronicles the groundswell of researchers who are writing a new chapter for women scientists. Biologist Nancy Hopkins, chemist Raychelle Burks, and geologist Jane Willenbring lead viewers on a journey deep into their own experiences in the sciences, ranging from brutal harassment to years of subtle slights. Along the way, from cramped laboratories to spectacular field stations, we encounter scientific luminaries - including social scientists, neuroscientists, and psychologists - who provide new perspectives on how to make science itself more diverse, equitable, and open to all.

    https://www.pictureascientist.com

    #documentary #film #science #academia #women #US #harassment

    ping @cdb_77

    • Picture a Scientist

      Le #harcèlement_sexuel et les #inégalités femmes-hommes n’épargnent pas le monde des #sciences. Cette enquête édifiante ouvre les portes des laboratoires et donne la parole à plusieurs scientifiques qui brisent l’omerta en se confiant sur leur #parcours_professionnel, gangréné par le harcèlement et les #discriminations.

      http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/60365_1

    • Podiumsdiskussion & Streaming-Event –
      Eine Veranstaltung des Gleichstellungsbüros

      Der Film
      Picture a Scientist wirft Fragen zur Rolle von Frauen in der Wissenschaft auf. Wer macht eigentlich Wissenschaft? Und weshalb ist es in unserer Vorstellung immer noch „der Wis­senschaftler“?
      Im Film nehmen sich eine Biologin, eine Chemi­kerin und eine Geologin dieser Fragen an und führen das Publikum auf eine Reise durch die Erfahrungen ihrer akademischen Laufbahn – als Frauen der Wissenschaft.
      In ihren Karrieren sind sie von Beginn an Dis­kri­minierungen ausgesetzt. Wissenschaftlerinnen müssen einen stetigen Kampf um Anerkennung, Respekt und Gleichberechtigung führen.
      Informationsmaterial zum Film

      Trailer: PICTURE A SCIENTIST - Frauen der Wissenschaft online ansehen | Vimeo On Demand auf Vimeo

      Interview mit den Filmmacher*innen (englisch): https://www.youtube.com/watch?v=62qVQPe1sVc


      E-Flyer zum Film

      Die Veranstaltung

      Das Gleichstellungsbüro lädt am 21.07.2021 zu einer Podiumsdiskussion im Rah­men eines Online-Lunchtalks von 12–14 Uhr zum Thema ’Aktuelle Situation von Frauen in der Wissenschaft’ ein. Diskussionsgrundlage und Anlass bildet der Film Picture a Scientist.

      Der Stream des Films steht nach Anmeldung für die Podiumsdiskussion kostenfrei vom 16.–18.07.2021 zur Verfügung. Die darin aufgeworfenen Themen und Fragestellungen sollen im Rahmen der anschließenden Podiumsdiskussion reflektiert sowie kritisch diskutiert werden. Die Teilnehmer*innen der Veranstaltung sind eingeladen, bereits im Vorfeld der Podiumsdiskussion über die Homepage des Gleichstellungsbüros Fragen und Diskussionsanreize zu senden, die vom Podium aufgegriffen werden können.

      Die Veranstaltung wird moderiert von Anneliese Niehoff, Mitglied im Vorstand der Bundeskonferenz der Frauen- und Gleichstellungsbeauftragten an Hochschulen e.V. (bukof) und Leiterin des Referates Chancengleichheit/Antidiskriminierung, Arbeitsstelle Chancengleichheit der Universität Bremen. Die Diskussionssprache ist deutsch.

      Podium
      Prof. Dr. #Diana_Imhof (Professorin für Pharmazeutische Biochemie und Bioanalytik)
      Dr. #Amma_Yeboah (Psychodynamische Supervisorin, Fachärztin für Psychiatrie & Psychotherapie)
      Dr. #Sinah_Kloß (Forschungsgruppenleiterin im Bonn Center for Dependency and Slavery Studies)
      Dr. #Nina_Steinweg (Mitarbeiterin am Center of Excellence Women and Science)
      PD Dr. #Eva_Youkhana (Stellvertretende Direktorin im Center for Development Research, ZEF)
      Prof. Dr. #Heike_Kahlert (Professorin für Soziologie/Soziale Ungleichheit und Geschlecht)

      Organisatorisches

      Die Veranstaltung findet in Zoom statt. Der Veranstaltungslink sowie die Registrierung für das Filmstreaming wird Ihnen nach der finalen Platzvergabe per E-Mail zugestellt. Da nur eine begrenzte Anzahl von Tickets für den Film zur Verfügung steht, kann es sein, dass nicht alle Interessierten teilnehmen können. Wenn Sie den Film bereits kennen oder auch ohne den Stream in Anspruch zu nehmen gerne bei der Podiumsdiskussion dabei sein möchten, können Sie diese Option bei der Registrierung wählen.
      Termine
      Der Stream des Films wird im Zeitraum von
      Freitag 16.07.2021 um 18:00 Uhr
      bis Sonntag dem 18.07.2021 um 23.59 Uhr
      verfügbar sein.

      Die Podiumsdiskussion findet am 21.07.2021 von 12–14 Uhr statt.
      Anmeldung
      Hier können Sie sich bis zum 11.07.2021 anmelden.
      Diskussionsfragen können Sie hier bis zum 19.07.2021 einreichen.
      Stand 12.07.2021: Es sind noch Plätze bzw. Tickets verfügbar! Hier

      Weitere Informationen zu Technik und Format:
      Aufgrund der großen Personenzahl wird die Zoomveranstaltung im Webinarformat durchgeführt.
      Eine Diskusssionsbeteiligung kann über die Chatfunktion erfolgen.

      Wenn Sie eine*n Gebärdendolmetscher*in, eine*n Schriftsprachdolmetscher*in oder andere Unterstützungsmaßnahmen benötigen, melden Sie dies bitte bereits bei der Anmeldung an, damit wir rechtzeitig Vorkehrungen treffen können. Wir bemühen uns, die Veranstaltung so barrierefrei wie möglich zu gestalten.

      https://www.gleichstellung.uni-bonn.de/de/universitaetskultur/picture-a-scientist

      #Gender_Equity_Office #Bonn #Bonn_University #panel_discussion #interview

  • Bras de fer judiciaire entre Didier Raoult et une spécialiste de l’intégrité scientifique
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/05/18/bras-de-fer-judiciaire-entre-didier-raoult-et-une-specialiste-de-l-integrite

    L’infectiologue marseillais et un de ses lieutenants portent plainte pour « harcèlement, tentative de chantage et d’extorsion » contre la biologiste Elisabeth Bik, qui s’est interrogée sur plusieurs de leurs travaux sur le site PubPeer.

    « Une cinglée », « une fille qui me traque », « une chasseuse de sorcière », « chercheur raté »… Tels sont les qualificatifs que le professeur à l’université Aix-Marseille et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, Didier Raoult, a employés ces derniers mois pour décrire Elisabeth Bik, ancienne biologiste, désormais consultante aux Etats-Unis sur les questions d’intégrité scientifique pour des universités. « Elle fait le bousier », « une mercenaire qui n’obéit qu’à l’argent », renchérit sur son compte Twitter Eric Chabrière, autre professeur d’Aix-Marseille, qui a envoyé à Elisabeth Bik par ce canal l’affiche de la comédie Les Ripoux, tout comme il traite le ministre Olivier Véran et d’autres de « Khmers blancs ».

    Ces propos peu amènes se sont accompagnés d’une plainte, déposée par les deux professeurs le 29 avril auprès du procureur de Marseille, contre Elisabeth Bik, pour « harcèlement, tentative de chantage et d’extorsion ». Par ailleurs, Boris Barbour, chercheur au CNRS, est visé pour complicité de ces chefs d’accusation, en tant que responsable du site américain PubPeer, qui publie des critiques, anonymes ou publiques, sur des articles scientifiques. Il nous a indiqué ne pas souhaiter s’exprimer à ce stade.

    « Tant que l’on reste sur les critiques scientifiques, cela est bénéfique à la science. Mais là, ça dépasse les bornes et empêche mes clients de travailler », justifie Brice Grazzini, l’avocat des deux professeurs marseillais, qui ont répondu aux questions du Monde par son truchement. Il évoque les messageries saturées de ses clients sous l’effet des mails automatiques envoyés par PubPeer et des sollicitations des éditeurs de journaux scientifiques. La tentative de chantage s’appuierait sur le fait qu’Elisabeth Bik, dans un de ses tweets publics du 27 novembre 2020 (sous le nom MicrobiomDigest), suggérait à l’IHU de la soutenir par un site de financement participatif. L’ironie du propos, soulignée par un smiley, a apparemment échappé aux chercheurs marseillais. « Cette procédure est faite pour m’intimider », considère la biologiste – qui a par ailleurs visiblement été la cible d’une attaque coordonnée sur Twitter, de nombreux comptes ayant diffusé, le 24 mars 2020 à 8h13, un message identique mettant en cause sa probité.

    Trois types d’anomalies
    Depuis mars 2020, et la publication d’articles de l’IHU à la méthodologie contestée sur les bénéfices de l’hydroxychloroquine, Elisabeth Bik a posté sur PubPeer près de 60 commentaires sur autant d’articles cosignés par Didier Raoult. D’autres contributeurs, anonymes pour la plupart, font monter le total des articles commentés à plus de 240 (sur les 3 500 environ de la production de l’infectiologue). Eric Chabrière, coauteur d’une vingtaine d’articles avec Didier Raoult, est l’objet de près de trente commentaires (dont une dizaine rédigés par Elisabeth Bik). Cette grande quantité est l’un des arguments appuyant la plainte en harcèlement.

    #paywall

  • « L’Agisme genrée »
    Le mouvement #advancedstyle célèbre l’élégance des femmes âgées et leur apporte un sentiment de puissance
    https://theconversation.com/le-mouvement-advancedstyle-celebre-lelegance-des-femmes-agees-et-le

    Âgisme genré dans la mode

    Le marché de la mode, qui est bourré de règles discriminatoires sur ce qu’on doit porter et surtout ce qu’on ne doit pas porter lorsqu’on est une femme de 50 ans et plus, rend l’engagement durable difficile. Ces règles demandent notamment de ne plus montrer son corps en évitant les vêtements moulants, courts ou décolletés, d’adopter une garde-robe et un maquillage sobres et de proscrire les styles ultramodernes et avant-gardistes.

    Nous avons constaté que, en réaction à cette réalité, les consommatrices devenues influenceuses se lancent dans un « militantisme de la mode » en ligne, exigeant des créateurs qu’ils créent du prêt-à-porter adapté à leur corps en transformation.

    Dans le domaine du marketing d’influence, ce militantisme consiste également à choisir les marques que l’on souhaite promouvoir et avec lesquelles on veut collaborer, et celles qu’on préfère éviter. Les influenceuses refusent généralement d’être « la vieille de service » d’une campagne publicitaire.

    Âgisme genré dans l’industrie de la beauté

    La majorité des influenceuses du style avancé rejettent également l’industrie de la beauté anti-âge qui transforme le vieillissement en maladie. Cette industrie, qui se chiffre en milliards de dollars, entretient le faux espoir qu’on peut trouver la jeunesse éternelle dans un pot.
    Helen Mirren dans un costume sombre avec des boutons dorés et des bottes à talons aiguilles
    L’actrice Helen Mirren pose pour les photographes lors du 70efestival international du film de Berlin, en février 2020. (AP Photo/Markus Schreiber)

    Nous avons constaté que ces femmes choisissent de rendre les cheveux grisonnants naturels, les rides et les cicatrices à la mode grâce à leurs publications Instagram. Cela fait des lustres que les marques de cosmétiques disent aux femmes d’un certain âge que les cheveux grisonnants sont un problème honteux qu’elles doivent cacher, alors que pour les hommes du même âge, on voit là une sorte de sex-appeal mature. La chevelure grise devient ainsi un élément caractéristique de la résistance de ces influenceuses qui est au cœur de leur militantisme.

    C’est pas tellement que le sujet de ce compte instagram m’intéresse, mais je trouve que l’expression « agisme genré » comme utilisé dans cet article est remarquable pour sa capacité à invisibilise les femmes et c’est assez fort de le faire alors que c’est le sujet de l’article.
    #misogynie #genre #invisibilisation #femmes #sexisme #langage

  • Violences sexuelles sur un terrain d’enquête
    Cécile Cuny
    Dans Nouvelles Questions Féministes 2020/2 (Vol. 39), pages 90 à 106

    Dans les sciences sociales françaises, les violences sexuelles sur un terrain d’enquête sont, en dehors de certains domaines de spécialisation, un non-objet. Elles ne dérogent pas, en cela, au tabou qui touche les violences envers les femmes en général, malgré les statistiques qui attestent de l’ampleur du problème. Les manuels francophones utilisés pour l’enseignement de l’ethnographie ne traitent pas des violences sexuelles, alors qu’il existe une littérature en anglais sur cette question. Cet article propose de confronter l’expérience de l’autrice avec les résultats des enquêtes existantes. Il montre que le traitement des violences sexuelles nécessite d’articuler une réflexion méthodologique, épistémologique et politique.

    #femmes #inceste #violences_sexuelles #invisibilisation #culture_du_viol #violophilie #déni #indifférence #sexisme

  • Panthéonisation de Gisèle Halimi : aux grandes femmes la patrie indifférente ?
    https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/pantheonisation-de-gisele-halimi-aux-grandes-femmes-la-patrie-meconnaissa
    Selon France Inter, Emmanuel Macron pourrait renoncer à faire entrer la dépouille de l’avocate au Panthéon, en raison de ses prises de position pendant la guerre d’Algérie. Nombre de militantes féministes s’insurgent, l’Elysée tempère.

    « Décevant, voire révoltant », pour Osez le Féminisme !, « une déception » pour les Effronté-es… L’éventualité d’un recul de l’Elysée sur la panthéonisation de Gisèle Halimi, avocate fervente défenseure des droits des femmes décédée l’été dernier, suscite craintes et colère des féministes.

    C’est une information de France Inter qui a mis le feu aux poudres ce jeudi matin : selon la radio publique, le président de la République pourrait bien renoncer à cet engagement en raison des prises de position d’Halimi pendant la guerre d’Algérie. L’avocate, connue pour sa mobilisation contre le viol et....

    #paywall #femmes #historicisation #panthéon #hommage #femmage #invisibilisation #féminisme

    • Pourquoi l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon est compromise
      par Simon Le Baron publié le 13 mai 2021 à 6h09

      INFO FRANCE INTER | Les associations féministes, plus de 34.000 pétitionnaires en ligne, le conseil de Paris et même la ministre chargé de l’égalité femmes hommes réclament la panthéonisation de Gisèle Halimi. Mais l’engagement de l’avocate sur la guerre d’Algérie pourrait conduire le président à renoncer au projet.

      La célèbre avocate et militante féministe est morte le 28 juillet 2020, à 93 ans. Depuis, sa panthéonisation est réclamée par plusieurs associations féministes, par la Ville de Paris ou encore par la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, pour qui l’avocate « a été une militante de tous les droits, a porté des batailles que personne n’avait eu le courage de porter avant elle ». Mais selon les informations de France Inter, il y a de fortes chances qu’Emmanuel Macron y renonce. En cause, l’engagement de Gisèle Halimi pendant la guerre d’Algérie.

      C’est une règle absolue : une panthéonisation doit rassembler et, par-dessus tout, ne froisser personne. Le nom de Gisèle Halimi, héroïne de la lutte pour les droits des femmes, semblait plutôt consensuel. Mais en janvier dernier, le rapport rendu par Benjamin Stora à l’Élysée « a clivé », confie un proche du dossier. Dans ce rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie commandé par Emmanuel Macron, l’historien recommande de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon, comme « figure d’opposition à la guerre d’Algérie ».
      Mettre en lumière la grande cause du quinquennat ou « réconcilier les mémoires » ?

      L’avocate de militants du FLN (Front de libération nationale) parmi les « grands hommes » - et les grandes femmes ? « Certaines associations de harkis et de pieds-noirs l’ont pris comme une insulte », regrette cette même source. Cela n’a pas échappé au président, son entourage le reconnaît. Lui qui s’est donné pour mission de « réconcilier les mémoires » hésite à prendre le risque de raviver ces blessures.

      L’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi serait pourtant l’occasion, explique un conseiller, « d’envoyer au passage un message à la gauche » à quelques mois de l’élection présidentielle, et de « mettre en lumière la grande cause du quinquennat », l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour l’heure, seules cinq femmes ont eu un tel honneur (sur 80 « panthéonisés ») : Simone Veil, les résistantes Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, la physicienne Marie Curie et la scientifique Sophie Berthelot. Alors chez Élisabeth Moreno, on jure que la ministre « ne lâchera rien » et « continuera de se battre », dans la presse comme en coulisses.

      La panthéonisation de l’emblématique combattante féministe et anticolonialiste est toujours en cours d’examen par la commission « Mémoire et vérité » mise en place par l’Élysée dans la foulée du rapport Stora. Si cette entrée au Panthéon pourrait finalement être jugée trop sensible, la présidence assure en revanche que l’hommage national à Gisèle Halimi promis par Emmanuel Macron aura bien lieu, à une date qui n’est pas encore fixée.

      https://www.franceinter.fr/politique/pourquoi-l-entree-de-gisele-halimi-au-pantheon-est-compromise

    • En 2018, Simone Veil était la cinquième femme inhumée au Panthéon, après Sophie Berthelot, inhumée aux côtés de son mari le chimiste Marcellin Berthelot ; la physicienne Marie Curie ; les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz en 2015. Une pétition lancée le 8 mai 2021 plaide pour l’entrée au Panthéon de l’artiste franco-américaine Joséphine Baker. D’autres noms sont aussi sur la liste des candidates, comme la révolutionnaire féministe Olympe de Gouges ou Lucie Aubrac, grande résistante pendant la seconde guerre mondiale.

      https://information.tv5monde.com/terriennes/pantheon-gisele-halimi-une-grande-femme-chez-les-grands-hommes

    • Gisèle Halimi au Panthéon : Macron temporise
      https://www.mediapart.fr/journal/france/140521/gisele-halimi-au-pantheon-macron-temporise
      La panthéonisation de l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi, engagée aux côtés du FLN pendant la guerre d’Algérie, nécessite encore une « réflexion », selon l’Élysée. « Il faut écouter les uns et les autres », dont les collectifs de « femmes d’harkis » qui s’y opposent.

      l n’y a pas d’hésitation. Il y a une réflexion et des consultations. » Vingt-quatre heures après la publication d’un article de France Inter, selon lequel Emmanuel Macron pourrait renoncer à la panthéonisation de Gisèle Halimi, en raison de son engagement aux côtés de militants du FLN (Front de libération nationale) pendant la guerre d’Algérie, l’Élysée tempère. « Rien n’est décidé », indique l’entourage du président de la République. Rien si ce n’est que l’hommage national, promis par ce dernier, aura bien lieu aux Invalides, à une date qui reste encore à déterminer.

      Contrairement à cet hommage, l’entrée au Panthéon de l’avocate, décédée le 28 juillet 2020, n’a jamais été officialisée par le chef de l’État. Il figure en revanche parmi les préconisations du rapport de Benjamin Stora, remis au chef de l’État en janvier. L’historien évoque Gisèle Halimi comme une « grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie », soulignant que « les noms et les trajectoires de ceux qui ont refusé le système colonial doivent être portés à la connaissance des jeunes générations, pour que l’on sorte des mémoires séparées, communautarisées ».

      Entre 1960 et 1962, Gisèle Halimi avait notamment défendu Djamila Boupacha, une jeune militante du FLN, accusée d’avoir posé une bombe, torturée et violée en détention par des soldats français. « Son dossier était [...] un parfait condensé des combats qui m’importaient : la lutte contre la torture, la dénonciation du viol, le soutien à l’indépendance et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la solidarité avec les femmes engagées dans l’action publique et l’avenir de leur pays, la défense d’une certaine conception de la justice, et enfin mon féminisme. Tout était réuni. Le cas était exemplaire », confiait-elle dans Une farouche liberté (Grasset).

      À l’époque et aux côtés notamment de Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi avait largement contribué à mettre en lumière ce qu’Emmanuel Macron a officiellement reconnu, en septembre 2018 : « un système légalement institué » par l’État français, ayant permis le recours « à la torture à des fins politiques », pendant la guerre d’Algérie. Ce combat pour la « dignité », l’avocate l’a porté tout au long de sa vie. « De ses plaidoiries, elle fit des manifestes politiques, et de sa révolte une révolution », écrivait à son propos l’Élysée, le jour de sa mort.

      On aurait pu croire que la panthéonisation de Gisèle Halimi, proposée par Benjamin Stora, et réclamée par bon nombre de collectifs féministes, ainsi que par la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Élisabeth Moreno, soit assez consensuelle pour aller de soi. Mais ce n’est pas le cas, concède l’Élysée, rappelant que la seule préconisation du rapport Stora a suscité de vives réactions, comme en témoigne cette tribune du « Figaro Vox », signée par une cinquantaine de « filles et femmes d’harkis », fin janvier.

      « Nous nous élevons de manière unanime, forte et déterminée, contre la proposition émise par Benjamin Stora, écrivaient-elles. Sur France Inter, le 3 mai 2010, dans l’émission “Comme on nous parle”, Gisèle Halimi a été interrogée sur le fait de savoir si “la femme n’est jamais [...] la meilleure ennemie de la femme”. Et Gisèle Halimi a fait cette réponse : “Je crois que, quand la femme… oui, cela arrive, hélas… Moi, j’ai appelé ça, en référence à la guerre d’Algérie, les femmes harkis. Les femmes harkis, malheureusement, cela existe.” Est-ce ainsi que Benjamin Stora veut favoriser la réconciliation ? Gisèle Halimi, qui a affiché en plusieurs autres occasions son mépris pour les harkis, n’est pas une femme de réconciliation. »

      Or, insiste son entourage, Emmanuel Macron veut « réconcilier les mémoires ». « La mémoire fracturée, c’est celle des pieds-noirs, celle des harkis, celle des appelés du contingent, celle des militaires français, celle des Algériens venus ensuite en France, celle des enfants de cette migration, celle des binationaux…, confiait récemment le chef de l’État au Figaro. Toutes ces mémoires cohabitent sur notre sol et vivent dans un même pays dont elles partagent le projet national. Il faut les réconcilier. Je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte. »

      Cette approche mémorielle nécessite, selon l’Élysée, des gestes de toutes parts. Et du temps. Beaucoup de temps. « Il faut écouter les uns et les autres. C’est une décision qui exige une concertation avec de nombreuses parties prenantes », explique un conseiller du président de la République, évoquant les « acteurs, témoins ou dépositaires qui ont été confrontés aux combats de Gisèle Halimi ». Bien qu’il s’en défende, cette approche participe aussi du « en même temps » précaire d’un exécutif qui s’est lancé, depuis des mois, dans une critique méthodique des mouvements décoloniaux.

      Pourtant, comme l’a souligné la députée La France insoumise (LFI) Clémentine Autain sur Twitter, « ce sont aussi ses positions humanistes sur l’Algérie qui légitiment l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon. Elle ne faisait pas partie de ceux qui regrettent le “bon temps des colonies”. Elle défendait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Si Macron renonce… » « Renoncer à la nécessité de la panthéoniser au nom de la réconciliation des mémoires, ce serait céder aux pressions de l’extrême droite », a également fustigé sa collègue conseillère de Paris, Danielle Simonnet, dans Libération.

      De son côté, l’Élysée assure que l’idée n’est pas écartée à ce stade. D’autant, précise l’entourage d’Emmanuel Macron, qu’« on ne peut pas réduire Gisèle Halimi à la guerre d’Algérie ». Elle « a été une militante de tous les droits, elle a porté des batailles que personne n’avait eu le courage de porter avant elle », avait d’ailleurs plaidé Élisabeth Moreno, en décembre 2020, sur France Inter. Citant le « manifeste des 343 » ou encore le combat de l’avocate pour les droits des personnes LGBT+, la ministre déléguée avait assuré « mettre toute son énergie » à convaincre le chef de l’État de la faire entrer au Panthéon, où reposent actuellement 5 femmes et 75 hommes.

  • Manon Garcia : « La philosophie a implicitement écarté la moitié de l’humanité de sa réflexion »

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/manon-garcia-la-philosophie-a-implicitement-ecarte-la-moitie-de-lhumanite

    La philosophe Manon Garcia s’en est récemment agacée dans un tweet. « C’est pénible les classements de la Bibliothèque nationale de France : je découvre que mon livre et mon recueil de philosophie féministe sont classés en féminisme et non en philosophie. Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir est en littérature et en féminisme, pas en philo. La philosophie féministe n’est pas de la philosophie ? » L’anecdote illustre parfaitement ce que démontre le recueil Philosophie féministe (patriarcat, savoirs, justice), que l’autrice d’On ne naît pas soumise, on le devient (Flammarion, 2018) fait paraître chez Vrin. Alors que dans les pays anglo-saxons la philosophie féministe est valorisée comme un champ à part entière de la discipline, la France considère encore bien souvent que philosophie et féminisme ne peuvent aller de pair. Les dix textes majeurs ici rassemblés et présentés par cette spécialiste de Simone de Beauvoir, professeure à l’université de Yale à partir …

    #philosophie #phallosophie #sexisme #misogynie #féminisme #male_gaze #invisibilisation #femmes #paywall

    • très drôle la sculpture !

      Ça me donne l’occasion de poster ici sur le nommage des rues des philosophes féministes. Je crache pas dans la soupe, c’est bien qu’il y ait des noms de rues portées par des femmes et il n’y en aura jamais assez.
      Mais là à Cugnaux, banlieue de Toulouse, dans un quartier sorti de terre il y a moins de 50 ans (à vue d’œil), ça m’a fait doucement marrer que le #pâté_de_rues aux noms de femmes soit jouxté par l’avenue pompidou (quand même plus large une avenue, allez hop, un président couillu), à égalité avec le pâté de rues aux noms de fleurs, ou celui des rues aux noms de régions. Je me demande comme ce n’est pas loin du grand supermarché si il ne vont donner des noms de produits « rue du boudin blanc », « rue du dentifrice à deux couleurs », « rue des promotions », « Allée du moins 30% » pour égayer un peu leur ennui et stimuler leur créativité.

      il y a vraiment un truc à étudier là-dedans sur le mode de fonctionnement des élites.

      Tiens, promène toi par ici, tu vas rire !

      https://www.openstreetmap.org/#map=18/43.53198/1.34732

      #féminisme
      #quota_cantonné
      #Simone_Weill
      #phallocrate
      #la_plus_grosse

    • Yoan Capote
      Cuban, b. 1977•
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      Submitted by RJD Gallery

      Yoan Capote is a Cuban sculptor of great talent, and one of his country’s most promising contemporary artists. Capote’s work is known to be “solid”, “irreverent”, “provocative”, “non-conformist”, and deals principally with interactions between individuals and their psychological experiences. His pieces often merge human organs with inanimate objects, rearranging the human body and reinventing the purpose of everyday life objects. Yoan Capote held many exhibitions all over the world.
      Yoan Capote
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      Racional, 2006
      Marble and metal
      33 3/10 × 15 1/2 × 10 7/10 in
      84.5 × 39.4 × 27.3 cm

      https://www.artsy.net/artwork/yoan-capote-racional-1

    • Les dix textes majeurs ici rassemblés et présentés par cette spécialiste de Simone de Beauvoir, professeure à l’université de Yale à partir de juillet 2021, prouvent exactement le contraire. Michèle Le Dœuff, Nancy Bauer, Sandra Harding, Geneviève Fraisse ou Christine Delphy expliquent pourquoi les femmes ont été si rares dans la discipline, se demandent si la philosophie est une science sexiste et ce que peut apporter le féminisme à la pensée (et pas seulement aux femmes). Certains textes s’opposent aussi, lorsqu’il s’agit par exemple de savoir si « le multiculturalisme nuit aux femmes ». Preuve que la philosophie féministe n’est pas un courant de pensée monolithe.

      On voit la philosophie comme une discipline objective et abstraite alors que le féminisme est du côté de l’engagement politique. Une philosophie féministe, est-ce que ça existe ? Comment la définir ?

      Il n’y a pas de contradiction entre philosophie et féminisme. Comme l’ont montré entre autres les philosophes féministes, c’est une illusion que de croire que la philosophie telle qu’elle a été pratiquée pendant près de deux millénaires était apolitique et objective. La position sociale dans laquelle on se trouve se reflète dans les questions que l’on se pose et l’histoire de la philosophie reflète les préoccupations de ceux qui s’y attellent. Par exemple, de Sénèque à Machiavel, certains philosophes ont été conseillers politiques, il est évident que cette position sociale a un effet sur la façon dont ils pensent le pouvoir. Et qu’ils vont nécessairement le penser différemment qu’une femme qui n’a pas le droit de participer à la vie de la cité parce qu’elle est femme. On peut dire que la philosophie féministe est une branche de la philosophie qui est informée par des considérations féministes et qui contribue aux combats féministes. C’est une certaine façon d’interroger le monde – comment est-ce que les rapports de genre structurent notre pensée, nos sociétés ? – qui conduit la philosophie à s’attaquer à de nouveaux objets ou à considérer ses objets traditionnels de façon nouvelle. Un exemple très simple : l’histoire de la philosophie a été marquée par une pensée binaire entre le soi et l’autre, mon corps et le monde extérieur. Une fois que l’on réfléchit à l’expérience de la grossesse, ces questions se posent différemment puisque mon corps peut alors inclure un corps étranger qui est à la fois moi et non-moi. Le fait que cette expérience ne soit pas entrée en ligne de compte dans la philosophie traditionnelle du corps, invite à se demander que faire du principe de non-contradiction ou des catégories binaires dont je parlais, mais ça peut aussi conduire à des questionnements philosophiques sur la façon dont le savoir est produit.

      Rousseau, Hegel ou Comte… leurs écrits ne sont pas tendres avec les femmes (1). La philosophie est-elle sexiste ?

      L’histoire de la philosophie est sexiste, oui, mais sans doute en grande partie parce que la philosophie est fille de son temps. Dans l’ensemble, la culture, la pensée, l’art ont été sexistes – mais aussi racistes, classistes – jusque très récemment. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas lire ces philosophes ou que la philosophie soit bonne à jeter à la poubelle. En revanche, il me semble important d’une part de les recontextualiser, c’est-à-dire de se demander ce que cela voulait dire de tenir de tels propos à cette époque. Par exemple, quand on pense au fait que Comte est contemporain de Mill [dans De l’assujettissement des femmes (1869), John Stuart Mill défend le droit de vote des femmes, ndlr] son sexisme est plus difficile à comprendre que lorsqu’on lit Rousseau à l’aune des théories du XVIIIe siècle sur les femmes. D’autre part, il faut se demander quelle place joue le sexisme dans leur système de pensée. C’est ce que montre la philosophe américaine Nancy Bauer dans un texte reproduit dans le recueil (2) : le problème, c’est de savoir si le sexisme est nécessaire à la pensée du philosophe en question. Le sexisme d’Aristote, par exemple, paraît moins indissociable de sa pensée que celui de Schopenhauer ou de Nietzsche de la leur.

      Pourtant des femmes philosophes ont existé : la penseuse cynique grecque Hipparchia (IVe siècle avant notre ère), la théologienne anglaise Mary Astell qui publie ses Réflexions sur le mariage en 1730… Pourquoi sont-elles si méconnues ?

      D’abord, la réalité est que les femmes n’étaient généralement pas considérées comme des êtres humains à part entière et donc dans leur immense majorité elles n’avaient pas accès à l’éducation, elles devaient se consacrer au travail manuel et au travail domestique ou, chez les plus favorisées, à l’organisation de la vie sociale. En tout cas, il était hors de question qu’elles soient des penseuses. Il y a par conséquent fort peu de femmes philosophes. Et dans les rares cas où des femmes ont pu accéder à la pensée, cela a très souvent été, comme l’a montré Michèle Le Dœuff, dans le cadre d’une relation amoureuse ou au moins amicale avec un penseur : Hipparchia, Héloïse, Elisabeth de Bohème, Harriet Taylor et d’une certaine manière Beauvoir. Elles sont ainsi passées à la postérité comme des compagnes. Et puis, prosaïquement, ces femmes ont souffert de tous les clichés sur les femmes savantes, leurs travaux ont été considérés comme mineurs si jamais ils portaient sur des sujets peu sérieux comme… les femmes. C’est un cercle vicieux !

      Quel est l’apport majeur de la philosophie féministe ?

      Son premier apport est sans doute de rendre visible le fait que la philosophie n’avait jusque-là pas pensé la féminité – ni la masculinité d’ailleurs. Quand Beauvoir ouvre Le Deuxième Sexe avec la question « qu’est-ce qu’une femme ? », ce qui saute aux yeux, c’est que cette question n’avait jusque-là jamais été sérieusement posée par la philosophie. Ça veut tout de même dire que la philosophie, avec son ambition universaliste, avait implicitement écarté la moitié de l’humanité de sa réflexion, ce n’est pas rien ! Plus généralement, on peut dire que la philosophie féministe est faite de trois grandes contributions : une critique du canon philosophique ; l’introduction de nouveaux objets pour l’analyse philosophique (le genre, mais aussi la vulnérabilité, les violences domestiques par exemple) ; le développement de nouvelles façons de penser des questions traditionnelles de la philosophie, comme je le montrais à partir de l’exemple de la grossesse qui renouvelle la façon de penser le corps.

      Pourquoi le concept d’« oppression » est-il central dans la philosophie féministe ?

      Le concept d’oppression n’a pas été inventé par les philosophes féministes mais elles l’ont transformé : alors que pendant longtemps, on ne parlait d’oppression que pour désigner les effets du pouvoir des tyrans, les Américaines Marilyn Frye et Iris Young ont montré qu’il y avait oppression dès lors que des phénomènes structurels et systématiques créent des groupes sociaux dont les membres de l’un ont du pouvoir sur les membres de l’autre par le simple fait d’appartenir à ce groupe. Par exemple, les hommes sur les femmes, les riches sur les pauvres, les blancs sur les non-blancs. Parler d’oppression c’est, sur le plan descriptif, montrer que la société est structurée par des contraintes institutionnelles injustes et inégales et, par conséquent, sur le plan normatif, mettre en évidence la nécessité d’un changement social vers une société plus juste.

      En prenant pour objet la sphère domestique, la philosophie féministe a montré que le privé est politique puisque s’y joue une grande partie de la domination sur les femmes.

      La sphère privée est un des sujets centraux de la philosophie féministe. Par exemple, quand on réfléchit au consentement sexuel, on ne fait rien d’autre que d’analyser la façon dont les rapports intimes sont traversés par des rapports de pouvoir. Montrer que le pouvoir ce n’est pas seulement celui d’un gouvernement sur les citoyens mais que la société est un tissu de rapports de pouvoir et de domination qui viennent se déployer y compris dans la famille ou dans le couple est un des apports décisifs de la philosophie féministe.

      Si elle a émergé en France avec Beauvoir, la philosophie féministe s’est développée principalement dans les pays anglo-saxons depuis les années 70, où en est-elle aujourd’hui en France ?

      Elle a continué, bien après Beauvoir, à se construire en France, avec Michèle Le Dœuff, Colette Guillaumin et Sarah Kofman, par exemple. Mais c’est vrai que ces philosophes féministes en France ont été en quelque sorte mises en retrait de la vie universitaire et ont eu du mal à faire des émules. Puis est venue une nouvelle génération, notamment avec Elsa Dorlin et Sandra Laugier, qui a fait revenir la philosophie féministe en France, tant et si bien qu’elle est un des champs les plus dynamiques en ce moment, avec beaucoup de chercheuses comme Camille Froidevaux-Metterie ou Vanina Mozziconacci, mais aussi beaucoup d’étudiant·e·s et de doctorant·e·s qui s’intéressent à ce champ et en développent les possibilités.

      Depuis quelques années, des polémiques virulentes opposent les féministes « universalistes » et « intersectionnelles », ou « deuxième » et « troisième vague »… peut-on réconcilier ces deux camps ?

      Certes, il y a des désaccords parfois très forts parmi les féministes mais ils sont surtout la marque de la vitalité de la pensée féministe. Plus vous avez de gens différents qui luttent ensemble, plus il est probable que ces gens se disputent au sujet de leurs luttes ! C’est salutaire et cela nous permet à toutes d’avancer.

      L’intersectionnalité, en considérant la multiplicité des identités et des facteurs de domination, ne met-elle pas en péril le fait de penser « les femmes » ? Ne met-elle pas ainsi la philosophie féministe dans une impasse ?

      Pourquoi on ne pourrait plus parler « des femmes » ? On peut tout à fait parler d’elles sans postuler qu’elles ont exactement la même expérience du fait d’être des femmes. Je crois qu’il est très important d’arrêter de laisser l’extrême droite dicter nos façons de penser les concepts de la recherche en sciences sociales. Le concept d’intersectionnalité est un concept sérieux et, comme beaucoup de concepts de sciences sociales, tous les chercheurs et chercheuses ne s’accordent pas sur sa définition, sur son emploi. Mais il faut arrêter le fantasme qui consiste à en faire un cheval de bataille d’idéologies séparatistes et dangereuses, ce n’est tout simplement pas le cas ! Il faut lire les philosophes féministes qui travaillent sur ces sujets comme Uma Narayan, Serene Khader ou Soumaya Mestiri. Le discours consistant à dire que l’intersectionnalité interdirait de parler « des femmes » transforme une question réelle et importante – quel est le sujet du féminisme si on ne pense pas que toutes les femmes sont opprimées de la même manière ? – en une affirmation fausse, dont la fonction est simplement de faire peur aux gens en disant « regardez tous ces gens qui luttent contre de multiples oppressions, en fait ils veulent détruire la lutte des femmes ! » C’est du fantasme, et du fantasme raciste.

      (1) Hegel écrivait : « Les femmes peuvent avoir de la culture, des idées, du goût de la finesse, mais elles n’ont pas l’idéal » ; et Auguste Comte : « C’est afin de mieux développer sa supériorité morale que la femme doit accepter avec reconnaissance la juste domination pratique de l’homme… »

      (2) La philosophie féministe est-elle un oxymore ? de Nancy Bauer (2003).

      #intersectionnalité

  • S’exprimer en public, un défi encore plus grand pour les femmes
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/05/08/s-exprimer-en-public-un-defi-encore-plus-difficile-pour-les-femmes_6079610_4

    Moins encouragées et moins valorisées que les garçons lorsqu’elles prennent la parole en classe, les filles arrivent dans l’enseignement supérieur avec moins d’aisance à l’oral. Un désavantage qui se ressent ensuite dans le monde professionnel.

    Les femmes, ces jacasseuses, de vraies pipelettes ! Les clichés ont la peau dure. Ils cachent cependant une réalité tout autre, du monde scolaire à l’univers professionnel, mesurée par de multiples études : celle d’un espace sonore public largement dominé par les hommes et de femmes moins encouragées et moins valorisées dans cet exercice depuis le plus jeune âge. Une question aux enjeux multiples, alors que les oraux prennent une place de plus en plus cruciale dans les processus de sélection et d’évaluation, du bac à l’enseignement supérieur.

    « Dès la crèche, on a schématiquement des filles qui demandent la parole et des garçons qui la prennent », explique Isabelle Collet, professeure en sciences de l’éducation à l’université de Genève. A l’école, « divers travaux montrent que les garçons sont ensuite à l’origine d’environ deux tiers des prises de parole en classe ». Si ce phénomène a eu tendance à se corriger au primaire ces dernières années, les études dans le secondaire attestent d’un déséquilibre toujours marqué. En 2015, la chercheuse a mené une enquête au sein de neuf classes suisses, lors de « cours dialogués » dans différentes matières, et observé scrupuleusement les prises de parole des élèves. En moyenne, les garçons sont intervenus 2,3 fois plus que les filles et étaient deux fois plus sollicités par les professeurs. En outre, ils avaient presque trois fois plus d’interventions orales « hors sujet ».
    « Sages et discrètes »

    « Les bébés de sexe féminin sont pourtant plus amenés que leurs homologues masculins à développer une communication verbale. Mais ces capacités langagières précoces ne leur donnent pas accès à la prise de parole en public par la suite. Car le problème n’est pas de parler, mais de s’autoriser à être visible par la parole », analyse Isabelle Collet. On ne les incite pas à cette visibilité, abonde la sociologue Marie Duru-Bellat, chercheuse à l’Institut de recherche en éducation, autrice de La Tyrannie du genre (Presses de Sciences Po, 2017) : « Les filles ont intégré qu’on attend d’elles qu’elles soient sages et discrètes. On leur apprend aussi très tôt à faire attention aux autres, à écouter et à prendre en compte le point de vue des camarades. »

    #paywall #sexisme #silenciation #invisibilisation #femmes #manterruping #mansplanning #manspreanding

    • En classe, les garçons, eux, ne vont pas hésiter à occuper l’environnement sonore et à interrompre le professeur. « Ils prennent plus souvent la parole de façon spontanée, d’ailleurs pas toujours en lien avec le cours dispensé », remarque la sociologue. C’est accepté, voire valorisé comme un attribut de virilité. « Il y a dans l’imaginaire collectif l’idée que les garçons sont plus turbulents, qu’ils ont besoin de s’exprimer, et que c’est bien normal. On le tolère, tout comme on les laisse salir leurs habits. Les filles sont, elles, plus vite rabrouées quand elles transgressent les règles », observe-t-elle.

      Alors que les enseignants eux-mêmes ont tendance à interroger moins souvent les filles que les garçons, comme l’ont montré plusieurs études, le contenu des interactions a aussi tendance à différer selon le genre de l’élève. « Les filles sont davantage sollicitées pour rappeler les notions précédentes, une forme d’assistance pédagogique, puis les garçons sont appelés à faire avancer le cours, à créer du neuf », observe Isabelle Collet.

      Les enseignants encouragent aussi davantage ces derniers, soulevait la professeure en sciences de l’éducation Nicole Mosconi, dans son article « Effets et limites de la mixité scolaire » (Travail, genre et sociétés, n° 11, 2004). « Ainsi, les garçons apprennent à l’école à s’exprimer, à s’affirmer, à contester l’autorité, et les filles à être moins valorisées, à prendre moins de place physiquement et intellectuellement, et à supporter, sans protester, la dominance du groupe des garçons, en somme à rester “à leur place” », écrivait-elle.
      Véronique Garrigues, enseignante d’histoire dans un collège classé REP du Tarn, a pris conscience de ce déséquilibre il y a quelques années. « Comme dans la cour de récré, les garçons prennent la place qu’on leur laisse très volontiers, constate-t-elle. Alors, quand au bout de trois réponses, je n’ai entendu que des élèves masculins, je fais en sorte que ce soit ensuite une fille. Mais ce n’est pas parce que je les interroge qu’elles acceptent de répondre. » Le stress est patent : tête baissée, mains tripotant ses affaires, phrases écourtées. « Prendre la parole, c’est s’exposer au regard des autres. Une angoisse pour certaines. »

      « Bastion masculin »

      Parler en public est en effet un exercice qui engage pleinement le corps et l’esprit, et qui demande une bonne dose de confiance en soi. « Or, à l’école comme en réunion, les femmes ont tendance à plus se demander : ce que je pense vaut-il le coup d’être dit ? », pointe Marie Duru-Bellat. Pourtant détentrices de meilleurs résultats scolaires, elles se mettent très jeunes à douter de leurs compétences. Ainsi dès 6 ans, lorsqu’on leur présente un personnage comme « intelligent », les petites filles y associent plutôt le sexe masculin, montre une étude américaine publiée en 2017 dans la revue Science.
      Rien d’étonnant quand on sait que leur expression peut être déjà jugée illégitime seulement quelques mois après la naissance. C’est ce que révèlent des chercheurs de l’Institut des neurosciences Paris-Saclay basé à Saint-Etienne. En 2016, ils ont mesuré la perception des pleurs de bébés : ceux attribués à des filles – d’ailleurs souvent à tort – étaient alors jugés moins justifiés, ne relevant pas d’une véritable souffrance. « A divers niveaux, la société ne cesse de renvoyer aux femmes que leur parole compte moins », souligne Marie Duru-Bellat.

      Le poids des représentations et de l’histoire n’est pas étranger au sentiment d’illégitimité que beaucoup ressentent en la matière. « L’art oratoire est traditionnellement un bastion masculin, observe Christine Bard, spécialiste de l’histoire des femmes. Pendant des siècles, les occasions pour les femmes de prendre la parole dans les lieux publics religieux ou laïcs étaient rares : elles étaient exclues des tribunes et n’ont accédé à l’université que sur le tard. Cet héritage laisse des traces. » Aujourd’hui, les modèles de voix féminines sont encore peu nombreux – ainsi du faible taux d’expertes entendues dans l’audiovisuel (de 38 %, la proportion est tombée à 20 % avec la pandémie de Covid-19, selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel).

      « L’oreille qu’on porte sur la parole des femmes a été et reste très cruelle, ajoute Christine Bard. Les travaux montrent que le public écoute moins les femmes et déprécie leur voix, trop perchée, trop aiguë. » Leurs paroles sont vite disqualifiées. « Exposées, elles sont d’abord jugées par le regard, sexualisées avant même d’être entendues. Pour Rousseau, la femme qui parle en dehors de son foyer est d’ailleurs du côté de l’impudeur. » Point trop ne faut d’assurance pour celle qui s’y risque : une étude de Yale publiée en 2012 montre que, alors que les hommes qui parlent abondamment sont perçus comme des leaders de qualité, les femmes qui font de même sont au contraire rejetées par l’audience chargée de les noter.

      Une parole dévalorisée, peu écoutée, souvent coupée… « En classe aussi, les garçons qui veulent tout le temps la parole peuvent se montrer très désagréables contre ceux qui leur volent la scène, surtout les filles, constate Isabelle Collet. Quand elles tentent de le faire et qu’elles ne sont jamais interrogées, comme les garçons parlent spontanément, ou bien moquées, elles finissent par lâcher l’affaire. »

      Quelles conséquences sur leur parcours ? Dans le secondaire, « ce moindre accès à la parole ne pose pas problème aux filles en termes de compétences didactiques », observe-t-elle. Même pour les oraux du baccalauréat, qui sont surtout, dit-elle, une « validation de ces compétences ». Mais cela les prive d’acquérir les techniques sociales de mise en valeur de leurs capacités et de leurs succès nécessaires par la suite. « Dès l’enseignement supérieur, les règles du jeu changent. Il faut promouvoir son travail, se distinguer, se rendre visible. Ce que, incitées à rester en retrait, les filles n’ont pas appris à faire », regrette la chercheuse.

      Des épreuves pénalisantes

      Si bien que « leurs meilleurs résultats ne leur ouvrent pas les portes de certaines filières sélectives et qu’elles rentabilisent moins, à diplôme égal, leur bagage scolaire », écrit-elle. Dans certains oraux de concours notamment, les écoles recherchent de plus en plus ces dernières années « l’expression d’une motivation mais aussi d’une individualité, d’une certaine personnalité. Il y a tout un travail de mise en scène sous-jacent auquel les jeunes femmes adhèrent moins », rappelle la sociologue et spécialiste des concours Annabelle Allouch, qui souligne également l’interférence de « biais de genre » inconscients lors de ces oraux, « même chez des jurys avertis ».

      A l’Ecole nationale d’administration, un rapport interne relevait, en 2012, ce traitement défavorable aux femmes qui, avec un taux de réussite similaire à celui des hommes aux écrits anonymisés, étaient évincées à l’issue du grand oral. En 2020, à l’Ecole normale supérieure, avec la suppression des oraux due à la crise sanitaire, la part d’admises a, là, bondi de 54 % à 67 % dans les filières littéraires. Difficile de démêler l’impact de la disparition de l’oral et celui des conditions de préparation particulières pendant la pandémie – ou encore de l’absence des mécanismes de rééquilibrage qui, à l’oral, viennent favoriser le sexe minoritaire (étudiés par l’économiste du travail Thomas Breda). Mais le résultat a interpellé nombre d’enseignants.

      Emma Bouvier, 21 ans, a bien senti un tournant en entrant à Sciences Po. Alors que participer en classe ne lui posait pas de problème au lycée, cela a changé dans le supérieur, où « la prise de parole prend beaucoup de place, en classe comme en dehors ». En quête de clés, elle s’est renseignée sur l’association d’art oratoire de l’école. « J’avais l’image d’un espace réservé aux hommes, les figures prises pour parler d’éloquence étant quasiment toutes masculines. Puis j’ai vu que la présidente était une femme, cela m’a ouvert une porte. » Depuis, l’étudiante s’investit dans L’Oratrice, un groupe qui promeut l’égalité dans l’éloquence et organise des formations à destination des étudiantes.

      Chez celles qui s’y inscrivent, « ce qui ressort le plus est l’autocensure et une déstabilisation face aux comportements désagréables récurrents, comme se faire couper la parole, décrit-elle. Beaucoup viennent aussi après un premier stage et racontent s’être senties effacées, regrettant de ne pas avoir réussi à s’imposer. On les aide à prendre confiance. » L’enjeu est majeur dans le monde du travail, « où on vous demande de bien faire mais surtout d’aller le faire savoir », souligne Isabelle Collet. Pour Emma Bouvier, même si c’est à pas de souris, on avance toutefois dans la conquête de la prise de parole en public : les deux dernières éditions du prix d’éloquence Philippe-Seguin de Sciences Po ont été remportées par des femmes.

      #école #évaluation

  • Ça y est, notre pitre facho malfaisant a officiellement sévit : Règles de féminisation | Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports
    https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo18/MENB2114203C.htm

    Dans le cadre de l’enseignement, la conformité aux règles grammaticales et syntaxiques est de rigueur. Deux conséquences en découlent.

    En premier lieu, il convient de proscrire le recours à l’écriture dite « inclusive », qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique. L’adoption de certaines règles relevant de l’écriture inclusive modifie en effet le respect des règles d’accords usuels attendues dans le cadre des programmes d’enseignement. En outre, cette écriture, qui se traduit par la fragmentation des mots et des accords, constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit. L’impossibilité de transcrire à l’oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages, notamment des plus jeunes. Enfin, contrairement à ce que pourrait suggérer l’adjectif « inclusive », une telle écriture constitue un obstacle pour l’accès à la langue d’enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages.

  • Webinaire 42 / À l’épreuve des murs : géographies de la sécurisation au Caire

    Durant la révolution​ égyptienne​, la lutte pour l’occupation des espaces urbains a été un enjeu majeur aussi bien pour les contestataires révolutionnaires que pour les forces de l’ordre et le régime autoritaire. À partir de 2013, ce dernier a renforcé la #répression des opposants politiques et la #sécurisation​ des rues du Caire​ à travers un dispositif législatif et matériel composé d’#infrastructures_militaires (murs, #checkpoints, etc.), mais également de #politiques_sécuritaires et d’aménagements urbains. Dans ce webinaire, #Laura_Monfleur, analysera comment ces dispositifs sécuritaires remettent en cause la dimension politique des espaces urbains, effaçant en même temps la #mémoire révolutionnaire dans le centre-ville cairote.

    https://www.youtube.com/watch?v=_h8Ty92hDb8


    #conférence #murs #Caire #Le_Caire #Egypte #géographie_urbaine #urbanisme #murs_intra-urbains #frontières #révolution #printemps_arabes #printemps_arabe #séparation #sécurisation #répression #ligne_de_front #front #espace_public #partition #fortification #espace #zone-tampon #risques #barbelés #militarisation #art_et_politique #appropriation #portes

    Une #carte :


    #cartographie #visualisation

    Quelques captures d’écran tirées de la conférence :

    Des #graffitis :


    #street-art #art_de_rue #trompe_l'oeil #fresques

    Lors de la #parade_des_momies :


    –-> #Parade_dorée_des_Pharaons :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Parade_dor%C3%A9e_des_Pharaons

    @cede :

    Dans ce webinaire, #Laura_Monfleur, analysera comment ces dispositifs sécuritaires remettent en cause la dimension politique des espaces urbains, effaçant en même temps la #mémoire révolutionnaire dans le centre-ville cairote

    #traces #invisibilisation #in/visibilité

    • ‪À l’épreuve des murs. Sécurisation et pratiques politiques dans le centre-ville du Caire postrévolutionnaire (2014-2015)‪

      La révolution égyptienne de 2011 s’est caractérisée par une lutte pour l’appropriation de l’espace public. Elle a été analysée comme une démocratie en actes où les révolutionnaires se sont réappropriés par leurs pratiques et leurs stratégies un espace trop longtemps sécurisé par le gouvernement de Moubarak. Cet article vise à étudier en contre-point les stratégies territoriales de l’État pour le contrôle des espaces publics depuis 2011 et en particulier depuis 2013 avec le renforcement de la répression envers les Frères musulmans et l’arrivée au pouvoir des militaires. Ces stratégies sont mises en évidence dans le cas du centre-ville, épicentre de la révolution mais aussi de la représentation et de l’exercice du pouvoir politique. Elles se caractérisent par des pratiques de cantonnement des manifestations et par l’instauration de barrières et de checkpoints dans le centre-ville du Caire, constituant un véritable dispositif territorialisé et planifié de contrôle des rassemblements publics et des revendications politiques. Cet article vise donc également à analyser les conséquences de ce contrôle sur les pratiques politiques des opposants au régime à l’échelle locale du centre-ville du Caire à travers la restitution d’observations et d’entretiens menés entre 2014 et 2015.

      https://www.cairn.info/revue-egypte-monde-arabe-2017-2-page-39.htm?contenu=resume

  • #Campagnes de #dissuasion massive

    Pour contraindre à l’#immobilité les candidats à la migration, jugés indésirables, les gouvernements occidentaux ne se contentent pas depuis les années 1990 de militariser leurs frontières et de durcir leur législation. Aux stratégies répressives s’ajoutent des méthodes d’apparence plus consensuelle : les campagnes d’information multimédias avertissant des #dangers du voyage.

    « Et au lieu d’aller de l’avant, il pensa à rentrer. Par le biais d’un serment, il dit à son cousin décédé : “Si Dieu doit m’ôter la vie, que ce soit dans mon pays bien-aimé.” » Cette #chanson en espagnol raconte le périple d’un Mexicain qui, ayant vu son cousin mourir au cours du voyage vers les États-Unis, se résout à rebrousser chemin. Enregistrée en 2008 grâce à des fonds gouvernementaux américains, elle fut envoyée aux radios de plusieurs pays d’Amérique centrale par une agence de #publicité privée, laquelle se garda bien de révéler l’identité du commanditaire (1).

    Arme de découragement typiquement américaine ? Plusieurs États européens recourent eux aussi à ces méthodes de #communication_dissuasive, en particulier depuis la « crise » des réfugiés de l’été 2015. En #Hongrie comme au #Danemark, les pouvoirs publics ont financé des publicités dans des quotidiens libanais et jordaniens. « Les Hongrois sont hospitaliers, mais les sanctions les plus sévères sont prises à l’encontre de ceux qui tentent d’entrer illégalement en Hongrie », lisait-on ici. « Le Parlement danois vient d’adopter un règlement visant à réduire de 50 % les prestations sociales pour les réfugiés nouvellement arrivés », apprenait-on là (2). En 2017, plusieurs #artistes ouest-africains dansaient et chantaient dans un #clip intitulé #Bul_Sank_sa_Bakane_bi (« Ne risque pas ta vie »). « L’immigration est bonne si elle est légale », « Reste en Afrique pour la développer, il n’y a pas mieux qu’ici », « Jeunesse, ce que tu ignores, c’est qu’à l’étranger ce n’est pas aussi facile que tu le crois », clamait cette chanson financée par le gouvernement italien dans le cadre d’une opération de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) baptisée « #Migrants_conscients » (3).

    « Pourquoi risquer votre vie ? »

    Ces campagnes qui ciblent des personnes n’ayant pas encore tenté de rejoindre l’Occident, mais susceptibles de vouloir le faire, insistent sur l’inutilité de l’immigration irrégulière (ceux qui s’y essaient seront systématiquement renvoyés chez eux) et sur les rigueurs de l’« État-providence ». Elles mettent en avant les dangers du voyage, la dureté des #conditions_de_vie dans les pays de transit et de destination, les #risques de traite, de trafic, d’exploitation ou tout simplement de mort. Point commun de ces mises en scène : ne pas évoquer les politiques restrictives qui rendent l’expérience migratoire toujours plus périlleuse. Elles cherchent plutôt à agir sur les #choix_individuels.

    Déployées dans les pays de départ et de transit, elles prolongent l’#externalisation du contrôle migratoire (4) et complètent la surveillance policière des frontières par des stratégies de #persuasion. L’objectif de #contrôle_migratoire disparaît sous une terminologie doucereuse : ces campagnes sont dites d’« #information » ou de « #sensibilisation », un vocabulaire qui les associe à des actions humanitaires, destinées à protéger les aspirants au départ. Voire à protéger les populations restées au pays des mensonges de leurs proches : une vidéo financée par la #Suisse (5) à destination du Cameroun enjoint ainsi de se méfier des récits des émigrés, supposés enjoliver l’expérience migratoire (« Ne croyez pas tout ce que vous entendez »).

    Initialement appuyées sur des médias traditionnels, ces actions se développent désormais via #Facebook, #Twitter ou #YouTube. En #Australie, le gouvernement a réalisé en 2014 une série de petits films traduits dans une quinzaine de langues parlées en Asie du Sud-Est, en Afghanistan et en Indonésie : « Pas question. Vous ne ferez pas de l’Australie votre chez-vous. » Des responsables militaires en treillis exposent d’un ton martial la politique de leur pays : « Si vous voyagez par bateau sans visa, vous ne pourrez jamais faire de l’Australie votre pays. Il n’y a pas d’exception. Ne croyez pas les mensonges des passeurs » (6).

    Les concepteurs ont sollicité YouTube afin que la plate-forme diffuse les #vidéos sous la forme de publicités précédant les contenus recherchés par des internautes susceptibles d’émigrer. Le recours aux #algorithmes permet en effet de cibler les utilisateurs dont le profil indique qu’ils parlent certaines langues, comme le farsi ou le vietnamien. De même, en privilégiant des vidéos populaires chez les #jeunes, YouTube facilite le #ciblage_démographique recherché. Par la suite, ces clips ont envahi les fils d’actualités Facebook de citoyens australiens issus de l’immigration, sélectionnés par l’#algorithme car ils parlent l’une des langues visées par la campagne. En s’adressant à ces personnes nées en Australie, les autorités espéraient qu’elles inviteraient elles-mêmes les ressortissants de leur pays d’origine à rester chez eux (7).

    C’est également vers Facebook que se tourne le gouvernement de la #Norvège en 2015. Accusé de passivité face à l’arrivée de réfugiés à la frontière russe, il finance la réalisation de deux vidéos, « Pourquoi risquer votre vie ? » et « Vous risquez d’être renvoyés » (8). Les utilisateurs du réseau social avaient initialement la possibilité de réagir, par le biais des traditionnels « j’aime » ou en postant des commentaires, ce qui aurait dû permettre une circulation horizontale, voire virale, de ces vidéos. Mais l’option fut suspendue après que la page eut été inondée de commentaires haineux issus de l’extrême droite, suscitant l’embarras de l’État.

    Ici encore, Facebook offre — ou plutôt, commercialise — la possibilité de cibler des jeunes hommes originaires d’Afghanistan, d’Éthiopie et d’Érythrée, dont le gouvernement norvégien considère qu’ils ne relèvent pas du droit d’asile. L’algorithme sélectionne en particulier les personnes situées hors de leur pays d’origine qui ont fait des recherches sur Internet dénotant leur intérêt pour l’Europe et la migration. Il s’agit de toucher des migrants en transit, qui hésitent quant à leur destination, et de les dissuader de choisir la Norvège. Les Syriens ne font pas partie des nationalités visées, afin de ne pas violer le droit d’asile. De même, le message mentionne explicitement que seuls les adultes seront refoulés, afin de ne pas contester le droit des enfants à être pris en charge.

    À plusieurs reprises, depuis 2015, les autorités belges ont elles aussi utilisé Facebook pour ce type d’initiatives (9). En 2018, des photographies de centres de détention et d’un jeune migrant menotté, assorties du slogan « Non à l’immigration illégale. Ne venez pas en #Belgique » (10), furent relayées à partir d’une page Facebook créée pour l’occasion par l’Office des étrangers. Cette page n’existait toutefois qu’en anglais, ce qui a fait croire à un faux (y compris parmi les forces de l’ordre), poussant le gouvernement belge à la supprimer au profit d’un site plus classique, humblement intitulé « Faits sur la Belgique » (11).

    Si de telles initiatives prolifèrent, c’est que les États européens sont engagés dans une course à la dissuasion qui les oppose les uns aux autres. Le 30 mai 2018, en France, M. Gérard Collomb, alors ministre de l’intérieur, affirmait lors d’une audition au Sénat que les migrants faisaient du « #benchmarking » pour identifier les pays les plus accueillants. Cette opinion semble partagée par ses pairs, et les États se montrent non seulement fermes, mais soucieux de le faire savoir.

    Le recours aux plates-formes de la Silicon Valley s’impose d’autant plus aisément que les autorités connaissent l’importance de ces outils dans le parcours des migrants. Une très large majorité d’entre eux sont en effet connectés. Ils dépendent de leur #téléphone_portable pour communiquer avec leur famille, se repérer grâce au #GPS, se faire comprendre par-delà les barrières linguistiques, conserver des photographies et des témoignages des atrocités qui justifient leur demande d’asile, appeler au secours en cas de naufrage ou de danger, ou encore retrouver des connaissances et des compatriotes dispersés.

    Un doute taraudait les autorités des États occidentaux : en connectant les individus et en leur facilitant l’accès à diverses sources d’information, les #technologies_numériques ne conféraient-elles pas une plus grande #autonomie aux migrants ? Ne facilitaient-elles pas en définitive l’immigration irrégulière (12) ? Dès lors, elles s’emploieraient à faire de ces mêmes outils la solution au problème : ils renseignent sur la #localisation et les caractéristiques des migrants, fournissant un canal privilégié de communication vers des publics ciblés.

    Systématiquement financées par les États occidentaux et impliquant de plus en plus souvent les géants du numérique, ces campagnes mobilisent aussi d’autres acteurs. Adopté sous les auspices de l’Organisation des Nations unies en 2018, le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (ou pacte de Marrakech) recommande ainsi de « mener des campagnes d’information multilingues et factuelles », d’organiser des « réunions de sensibilisation dans les pays d’origine », et ce notamment pour « mettre en lumière les risques qu’il y a à entreprendre une migration irrégulière pleine de dangers ». Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et l’OIM jouent donc le rôle d’intermédiaires privilégiés pour faciliter le financement de ces campagnes des États occidentaux en dehors de leur territoire.

    Efficacité douteuse

    Interviennent également des entreprises privées spécialisées dans le #marketing et la #communication. Installée à Hongkong, #Seefar développe des activités de « #communication_stratégique » à destination des migrants potentiels en Afghanistan ou en Afrique de l’Ouest. La société australienne #Put_It_Out_There_Pictures réalise pour sa part des vidéos de #propagande pour le compte de gouvernements occidentaux, comme le #téléfilm #Journey, qui met en scène des demandeurs d’asile tentant d’entrer clandestinement en Australie.

    Enfin, des associations humanitaires et d’aide au développement contribuent elles aussi à ces initiatives. Créée en 2015, d’abord pour secourir des migrants naufragés en Méditerranée, l’organisation non gouvernementale (ONG) #Proactiva_Open_Arms s’est lancée dans des projets de ce type en 2019 au Sénégal (13). Au sein des pays de départ, des pans entiers de la société se rallient à ces opérations : migrants de retour, journalistes, artistes, dirigeants associatifs et religieux… En Guinée, des artistes autrefois engagés pour l’ouverture des frontières militent à présent pour l’#immobilisation de leurs jeunes compatriotes (14).

    Le #discours_humanitaire consensuel qui argue de la nécessité de protéger les migrants en les informant facilite la coopération entre États, organisations internationales, secteurs privé et associatif. La plupart de ces acteurs sont pourtant étrangers au domaine du strict contrôle des frontières. Leur implication témoigne de l’extension du domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière.

    Avec quelle #efficacité ? Il existe très peu d’évaluations de l’impact de ces campagnes. En 2019, une étude norvégienne (15) a analysé leurs effets sur des migrants en transit à Khartoum, avec des résultats peu concluants. Ils étaient peu nombreux à avoir eu connaissance des messages gouvernementaux et ils s’estimaient de toute manière suffisamment informés, y compris à propos des aspects les plus sombres de l’expérience migratoire. Compte tenu de la couverture médiatique des drames de l’immigration irrégulière, il paraît en effet vraisemblable que les migrants potentiels connaissent les risques… mais qu’ils migrent quand même.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/03/PECOUD/62833
    #migrations #réfugiés #privatisation #Italie #humanitaire #soft_power

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    Ajouté à la métaliste sur les #campagnes de #dissuasion à l’#émigration :
    https://seenthis.net/messages/763551

    ping @isskein @karine4 @_kg_ @rhoumour @etraces

  • Sebastian Roché : « Les gens croient en l’efficacité de la police lorsqu’ils ne la voient pas agir »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/16/sebastian-roche-les-gens-croient-en-l-efficacite-de-la-police-lorsqu-ils-ne-

    Avec deux autres universitaires, le sociologue, spécialiste des questions de police et de sécurité, a déchiffré près de dix années d’enquêtes de victimation, un indicateur jugé fiable de l’état de l’opinion à l’égard de la police.

    Le sociologue Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po Grenoble, s’est penché sur les enquêtes de victimation, menées auprès de la population, pour connaître l’état de l’opinion à l’égard de la police. A rebours des idées reçues, il démontre que c’est l’absence de contact avec les forces de l’ordre qui garantit, aux yeux des Français, son efficacité.

    La police est-elle, comme le soulignent de fréquents sondages, une institution très majoritairement appréciée ?
    Les instituts de sondage continuent de fonctionner avec une approche trop simplificatrice. En se contentant de demander « Avez-vous confiance en la police ? », on n’obtient pas de réponse sur la légitimité de la police mais sur l’utilité de l’existence d’une telle organisation. Or, très peu de gens rejettent radicalement le fait qu’il puisse y avoir une police. Une telle question ne dit rien de la confiance dans ses pratiques. Pour donner une image fidèle de la situation, la confiance doit être mesurée à trois niveaux : le caractère juste de son action, le fait qu’elle ne cause pas de dommages, et des modes d’action efficaces. Il faut mieux évaluer ces modes d’action, les replacer dans des contextes précis.

    Quelles sont les raisons habituelles de la confiance dans la police ?
    Les gens croient dans son efficacité lorsqu’ils ne la voient pas agir, n’ont pas de contact avec elle, et n’ont pas besoin d’elle parce qu’ils ne sont pas exposés à des troubles. Les responsables politiques et policiers affirment que leur mandat consiste à lutter contre la délinquance. Les victimes de cette délinquance et des incivilités imputent donc la responsabilité de ce qui leur arrive à ceux qui se disent responsables. Sans prévention des troubles, la confiance chute dans tous les types de contextes ou de populations.

    La visibilité de l’action policière n’entraîne-t-elle pas une hausse de la confiance dans son efficacité ?
    C’est exactement l’inverse qui se produit : plus les Français voient la police conduire des interventions autour de chez eux, moins ils la trouvent efficace. Et, ce n’est pas parce qu’on est victime ou à cause des incivilités dans le quartier : ces paramètres sont déjà pris en compte.

    Comment expliquer une conclusion aussi contre-intuitive ?
    Les résultats nous poussent à penser qu’une faible confiance provient des modes d’action, des façons de faire la police. En France, le ministère de l’intérieur privilégie une stratégie agressive : des interventions très visibles, qui mobilisent des effectifs nombreux, souvent lourdement équipés. La littérature internationale indique que ce mode d’action érode souvent la légitimité.

    N’est-ce pas au contraire la preuve que, dans certains quartiers, le travail de la police gêne ?
    Non, hélas. Il existe en fait une demande de police dans les quartiers défavorisés, qui sont très loin de la rejeter par principe. Ce travail suggère que ce qui n’est pas admis, en revanche, c’est la « mauvaise police » : les démonstrations de force, les raids, l’usage détourné des contrôles d’identité. Le contraire de la police de proximité.

    La confiance dans la police varie-t-elle en fonction des territoires ?
    Une fois pris en compte les effets de la victimation, des incivilités et des modes d’intervention, nous montrons que la confiance est plus faible dans les quartiers qui cumulent les désavantages en matière d’éducation, de transports, de revenus… Cette variable est beaucoup plus importante que l’origine ethnique ou les revenus du ménage. Elle renvoie aux politiques scolaires et économiques. Elle abrite aussi un effet de mémoire collective : les quartiers pauvres ont le plus subi les violences policières et s’en souviennent.

    Point positif, l’accueil en commissariat : deux tiers des Français s’en disent satisfaits…
    Nous pensions que ce contact pouvait améliorer la légitimité de la police chez les victimes. Ce n’est finalement pas le cas. Ici, le traitement de la plainte est probablement en cause : les auteurs ou les biens volés sont rarement retrouvés. Pire, pour les victimes de violences, aller au poste de police entraîne un affaissement supplémentaire de la confiance si elles ont un statut économique modeste.

    Votre étude ne couvre pas les questions liées aux contrôles d’identité et aux violences policières…
    Ces données ne figurent pas dans cette enquête, les ministères en charge ne s’y sont pas intéressés. Mais, on sait que le contrôle d’identité dégrade, et très nettement, la confiance dans la police.

    #police #violence_d'_État #violences_policières

  • Langage égalitaire : vers une rationalisation des procédés et des approches

    L’écriture inclusive, vaste sujet de polémique de ces dernières années, « péril mortel » pour certaines personnes, relève d’enjeux historiques et sociaux de plusieurs siècles. À partir d’une histoire de la #langue et des #femmes, l’historienne Éliane Viennot a étudié le phénomène de #masculinisation de la #langue_française, sous l’impulsion de l’#Académie_française, dès le 17e siècle. Le #langage n’est pas immuable, il se construit socialement selon des codes et au fil des siècles, il participe à l’#invisibilisation des femmes à travers un credo bien célèbre : « le masculin l’emporte sur le féminin. » Éliane Viennot propose des recommandations d’usage pour un #langage_égalitaire qui intègre les femmes et les hommes. Du #point_médian et des #accords jusqu’à la féminisation des #noms_de_métiers, ces usages interrogent les #représentations de #genre dans nos sociétés à travers l’écrit.

    https://journals.openedition.org/chrhc/14838

    #écriture_inclusive #histoire #égalité

  • La farouche indépendance virile, l’autonomie orgueilleusement revendiquée qui définit la masculinité, il faut y regarder de plus près.Deux cas intéressants : l’écrivain américain Henry David Thoreau, considéré comme un précurseur de l’écologie. Dans son livre « Walden ou la vie dans les bois », il raconte comment il a décidé de quitter la ville de Concord (Massachusets) d’où il était originaire et où il habitait, pour aller s’installer près de l’étang de Walden, dans une cabane de 13m2, vivant en solitaire dans les bois, en contact direct avec la nature, cultivant ses légumes, cueuillant des fruits et des noix, en autarcie complète.Parce qu’il rejetait les préjugés et l’étroitesse d’esprit des habitants de sa petite ville totalement absorbés dans leurs mesquines préoccupations quotidiennes, se méfiait de la tyrannie de l’Etat, ne s’identifiait pas aux objectifs consuméristes et matérialistes déjà présents dans la société américaine de l’époque et dénonçait l’esclavage du travail. Il voulait être solitaire et autonome pour pouvoir être libre.Ca c’est ce qu’il raconte dans son livre.Mais en fait de solitude, Thoreau recevait à Walden de nombreuses visites d’amis et d’admirateurs, et se rendait tous les jours à pied à Concord, ce qui ne lui prenait que 20 minutes, pour échanger des potins sur la vie locale. L’étang de Walden était loin d’être solitaire : à la belle saison, il y avait des nageurs, des canoteurs et des pécheurs, et des patineurs en hiver. Et surtout il rentrait presque tous les jours chez sa mère à Concord qui lui préparait de la nourriture, lui raccommodait ses vêtements et lavait son linge.
    Comme Rousseau qui a été une de ses inspirations, Thoreau a présenté dans ses livres une image idéalisée de lui même–parfaitement autosuffisant, capable de survivre seul dans des conditions primitives grâce à son ingéniosité et à sa capacité de résistance, n’ayant besoin de personne, ne comptant que sur lui-même pour satisfaire à ses besoins vitaux.En fait, c’est une inversion patriarcale : de même que Rousseau vivait avec une femme, domestique et mère, qui le libérait des soucis matériels et lui permettait d’écrire des pages sublimes sur la liberté, droit inaliénable de l’homme (au sens d’individu de sexe masculin), Thoreau avait derrière lui le soutien logistique d’une femme, mère et domestique, qui lui permettait, comme l’ont écrit certains critiques « de jouer à l’Indien dans les bois » et de refuser de devenir adulte.Quand des auteurs masculins parlent de (leur)liberté, celle-ci repose toujours sur l’asservissement d’une ou plusieurs femmes. Comme l’avait souligné Nietzsche, le surhomme ne peut exister sans esclaves, l’homme patriarcal non plus. Autre grand écrivain américain, Jack Kerouac, auteur du livre « Sur la route » qui a inspiré les désirs d’émancipation de générations d’adolescent.es américain.es (Bob Dylan entre autres) et été la bible des mouvements beatnik et hippie. Canadien français (et Breton) d’origine, sa famille s’installe aux Etats-Unis. Après quelques petits boulots vite abandonnés, Kerouac rencontre plusieurs personnages hors normes (les futurs écrivains Allan Ginsberg et William Burroughs, le légendaire Neal Cassady) qui stimulent son désir de se libérer des étouffantes conventions sociales de l’Amérique très conservatrice des années 50.Cassady est passionné de voitures et de vitesse, avec lui et sa bande de copains allumés, Kerouac va sillonner l’Amérique de part en part sur les grandes routes qui la traversent. En stop, en voiture, en bus Greyhound. Ouverts à toutes les rencontres, à toutes les expériences–drogues, sexe, alcool, prostituées. De New York à la Virginie, Louisiane, Californie, Colorado, Illinois, Mexique, etc. Bouger sans arrêt, ne jamais s’arrêter, ne jamais être prisonnier d’aucun lieu ni de personne, être sans attaches, sans responsabilités, libres comme le vent. Son livre « Sur la route », ont écrit des critiques, est « une ode aux grands espaces américains, à la découverte de mondes nouveaux », à la liberté.Sauf que… C’est sa mère, qu’il surnommait « mémère », qui lui a donné l’argent pour acheter des tickets de bus et payer l’essence des voitures. Et quand il ne sillonnait pas les grands espaces, la figure emblématique du rebelle de la littérature américaine habitait chez sa mère, et c’est là où il a écrit tous ses livres.

    Derrière chaque « grand homme », « grand écrivain », « grand artiste », il y a une/des femmes exploitées, « maternisées », parasitées. Ils n’ont pu réaliser leur grande oeuvre que parce ils avaient à leur disposition des servantes féminines loyales et dévouées–épouses, mères, domestiques–pour laver leurs chaussettes. Et les nourrir émotionnellement. »

    https://sporenda.wordpress.com/2021/03/31/la-farouche-independance-virile-lautonomie-orgueilleusement-reve

    #invisibilisation #femmes #parasitisme #virilité #masculinité