• l’hypothèse officiellement privilégiée, l’EI plus qu’Israël
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/04/l-iran-frappe-par-l-attentat-le-plus-meurtrier-depuis-la-revolution-islamiqu

      Peu après le double attentat de Kerman, sur le réseau social X, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, la plus haute autorité du pays, a menacé les responsables des explosions d’une « réponse ferme ». Le président, Ebrahim Raïssi, a promis que les services de sécurité iraniens « identifieront et puniront bientôt les auteurs de cet acte lâche ». Aucun de ces deux dirigeants n’a pointé du doigt un pays étranger ou un groupe militaire en particulier. Jeudi matin, le ministère de renseignement iranien n’avait pas encore attribué la responsabilité des deux explosions.

      Esmail Qaani, le successeur de Ghassem Soleimani, a accusé « des éléments soutenus par les Etats-Unis et le régime sioniste [Israël, dans la phraséologie officielle iranienne] » d’être à l’origine des explosions à Kerman. Mais, à Téhéran, peu d’officiels ont mis en cause les Etats-Unis ou Israël , deux ennemis jurés du régime iranien. Mercredi, le département d’Etat américain a rejeté l’accusation de M. Qaani. « Nous n’avons aucune raison de croire qu’Israël a été impliqué dans cette explosion », a déclaré Matthew Miller, le porte-parole de la diplomatie américaine, lors d’un point de presse. « Cela ressemble à une attaque terroriste, du type de celles que l’#EI a commises par le passé, et, pour autant que nous le sachions, c’est en quelque sorte, je pense, notre hypothèse de départ à l’heure actuelle », a dit un haut responsable américain, dans des propos rapportés par l’agence Reuters.

      Beaucoup d’experts pointent, en revanche, du côté de l’EI. Pays majoritairement chiite et dirigé par une élite appartenant à la même obédience, l’#Iran a été touché, à de multiples reprises, par des attaques, dont plusieurs ont été attribuées à l’EI. En juin 2017, le groupe avait ainsi revendiqué, pour la première fois, des actions simultanées à Téhéran, l’une près du mausolée du fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeyni, et l’autre au Parlement iranien. Ce double attentat avait tué dix-sept personnes.
      Un an plus tard, lors d’un défilé militaire à Ahvaz, ville située dans le sud-ouest de l’Iran, des hommes armés ont tiré sur les soldats, tuant vingt-cinq personnes. La dernière attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique a été menée en octobre 2022, au sanctuaire de Chah-Tcheragh, à Chiraz, ville du sud du pays, lorsqu’une fusillade a tué quinze personnes. L’EI avait ensuite menacé de mener d’autres attaques en Iran. De leur côté, les dirigeants iraniens annoncent très souvent le démantèlement des réseaux appartenant à cette organisation et l’arrestation de plusieurs de ses membres dans le pays.

      Depuis le 7 octobre 2023, Téhéran a exprimé son soutien au Hamas, tout en affirmant n’avoir joué aucun rôle dans l’organisation de l’attaque en Israël. Pour le moment, la République islamique d’Iran prend soin de ne pas s’engager dans une guerre ouverte avec Israël et son allié indéfectible, les Etats-Unis. Mais ses « proxys » (alliés) ne cessent de défier ces deux pays sur plusieurs fronts.

      Condamnations internationales
      Au Liban, les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’Etat hébreu le long de la frontière israélo-libanaise, devenus quotidiens, se sont intensifiés depuis l’assassinat de Saleh Al-Arouri, le 2 janvier. En Syrie et en Irak, les forces américaines ont été prises pour cible plus de cent fois par des militants soutenus par l’Iran. Dans la mer Rouge, les rebelles yéménites houthistes attaquent des navires marchands qu’ils estiment « liés à Israël ». Le 1er janvier, la marine américaine est intervenue au sud-ouest d’Hodeïda (le premier port du Yémen, aux mains des houthistes) pour détruire trois des quatre embarcations utilisées par le mouvement rebelle qui cherchaient à attaquer un navire commercial.

      Par le passé, Israël aurait certes procédé à des assassinats en Iran, sans jamais les revendiquer, mais ils ont toujours été ciblés. En novembre 2020, Mohsen Fakhrizadeh, acteur-clé du programme nucléaire de Téhéran, a été tué en plein jour à Absard, une petite ville à l’est de Téhéran. Quelques mois plus tard, le quotidien américain New York Times a révélé que cet assassinat avait été mené par une mitrailleuse de haute technologie pilotée à distance et cachée dans un pick-up stationné au bord de la route. Avant lui, au moins quatre autres scientifiques nucléaires iraniens ont été tués à Téhéran : Massoud Ali Mohammadi et Majid Shahriari, en 2010, Darioush Rezaeinejad, en 2011, et Mostafa Ahmadi Roshan, en 2012.
      Les explosions de Kerman ont été condamnées unanimement par la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé « les responsables à rendre des comptes ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a « condamné cette attaque terroriste dans les termes les plus forts » et « exprimé [sa] solidarité avec le peuple iranien ».
      Alors que les inquiétudes grandissent quant à une possible extension régionale de la guerre à Gaza, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, devait commencer jeudi une nouvelle tournée au Moyen-Orient, qui le conduira notamment en Israël, mais aussi dans des capitales arabes. Ce déplacement sera son quatrième dans la région depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
      Ghazal Golshiri

    • Quand Israël créait un groupe terroriste pour semer le chaos au Liban - Rémi Brulin
      https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/quand-israel-creait-un-groupe-terroriste-pour-semer-le-chaos-au-liban,24

      Dans les années 1979-1982, le gouvernement israélien a créé au Liban une organisation qui a commis de très nombreux attentats terroristes. Dans son livre Rise and Kill First : The Secret History of Israel’s Targeted Assassinations, traduit en français sous le titre Lève-toi et tue le premier (Grasset, février 2020), le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman revient, entre autres, sur cet épisode qui reste largement occulté.

    • D’abord actes de vengeance aveugle, en réaction au massacre d’une famille israélienne de Nahariya par un commando palestinien, ces opérations ont eu pour objectif, après 1981, de pousser Yasser Arafat à attaquer Israël, en violation du cessez-le-feu négocié par les Etat-Unis, pour justifier une invasion militaire au Liban.

  • Non, le « #choc_des_civilisations » n’aide pas à comprendre notre époque

    Depuis le 7 octobre, les idées du professeur américain #Samuel_Huntington sont à nouveau vantées, au service d’un idéal de #repli_identitaire. Pourtant, ces thèses fragiles ont été largement démontées, sur le plan empirique comme théorique.

    C’est un des livres de relations internationales les plus cités au monde. Publié en 1996, trois ans après un article dans Foreign Affairs, Le Choc des civilisations a fourni un concept qui a proliféré dans le débat public. À la faveur de sa republication en poche aux éditions Odile Jacob, la journaliste et essayiste Eugénie Bastié a eu une révélation : son auteur, le politiste Samuel Huntington (1927-2008), était le prophète de notre époque. Sacrément épatée, elle affirme dans Le Figaro que « chaque jour, l’actualité donne raison » à ce livre « majeur ».

    Elle n’est ni la première ni la seule à le penser. À chaque attentat ou chaque guerre mettant aux prises des belligérants de religions différentes, la théorie est ressortie du chapeau comme une grille explicative. Depuis les massacres du Hamas du 7 octobre, c’est à nouveau le cas. Dans Le Point, Franz-Olivier Giesbert n’a pas manqué de la convoquer dans un de ses éditoriaux. Dans la plus confidentielle et vénérable Revue politique et parlementaire, un juriste s’est appuyé sur Huntington pour conclure tranquillement à « une certaine incompatibilité civilisationnelle entre Arabes et Israéliens et, partant, entre Orient et Occident ».

    Huntington pensait qu’avec la fin de la Guerre froide, les #facteurs_culturels allaient devenir prédominants pour expliquer la #conflictualité dans le système international. Il ajoutait que les risques de conflictualité seraient maximisés aux points de rencontre entre « #civilisations ». À l’en croire, ces dernières seraient au nombre de neuf. La #religion serait un de leurs traits distinctifs essentiels, parmi d’autres caractéristiques socio-culturelles ayant forgé, selon lui, des différences bien plus fondamentales que celles qui existent entre idéologies ou régimes politiques.

    De nombreuses critiques ont été faites aux thèses d’Huntington. Aujourd’hui, ces dernières sont largement considérées comme infirmées et inutilisables dans sa propre discipline. Elles ne sont plus reprises que par des universitaires qui ne sont pas spécialistes de relations internationales, et des acteurs politico-médiatiques qui y trouvent un habillage scientifique aux obsessions identitaires qui les habitent déjà.

    Il faut dire que dans la réflexion d’Huntington, la reconnaissance des #identités_civilisationnelles à l’échelle globale va de pair avec un rejet du multiculturalisme à l’intérieur des États. Eugénie Bastié l’a bien compris, se délectant des conclusions du professeur américain, qu’elle reprend à son compte : « La #diversité est bonne au niveau mondial, mortifère au niveau national. L’#universalisme est un danger à l’extérieur, le #multiculturalisme une #menace à l’intérieur. »

    Des résultats qui ne collent pas

    Le problème, c’est que les thèses d’Huntington ont été largement démontées, sur le plan empirique comme théorique. Comme l’a déjà rappelé Olivier Schmitt, professeur à l’Université du Sud au Danemark, des chercheurs ont « testé » les prédictions d’Huntington. Or ils sont tombés sur des résultats qui ne collent pas : « Les actes terroristes, comme les conflits, ont historiquement toujours eu majoritairement lieu – et continuent d’avoir majoritairement lieu – au sein d’une même civilisation. »

    Dans Philosophies du multiculturalisme (Presses de Sciences Po, 2016), le politiste Paul May relève que « les arguments avancés par Huntington pour justifier sa thèse du choc des civilisations ne reposent pas sur de larges analyses empiriques, mais plutôt sur une série d’anecdotes et d’intuitions ». Il dresse le même constat à propos des alertes angoissées d’Huntington sur le supposé moindre sentiment d’appartenance des #minorités à la nation états-unienne, notamment les Hispaniques.

    Huntington procède en fait par #essentialisation, en attribuant des #valeurs_figées à de vastes ensembles socio-culturels, sans prendre au sérieux leur #variabilité dans le temps, dans l’espace et à l’intérieur des groupes appartenant à ces ensembles. Par exemple, son insistance sur l’hostilité entre l’#Occident_chrétien et la #civilisation_islamique néglige de nombreux épisodes de coopération, d’influences mutuelles, d’alliances et de renversement d’alliances, qui ont existé et ont parfois répondu à des intérêts politico-stratégiques. Car si les #identités_culturelles ont bien un potentiel mobilisateur, elles sont justement intéressantes à enrôler et instrumentaliser dans une quête de puissance.

    Le « #déterminisme_culturaliste » d’Huntington, écrivait le professeur Dario Battistella dès 1994, « mérite une #critique approfondie, à l’image de toutes les explications unifactorielles en sciences sociales ». Au demeurant, les frontières tracées par Huntington entre les civilisations existantes reposent sur des critères peu clairs et discutables. Le chercheur Paul Poast a remarqué, dans un fil sur X, que ses choix aboutissent à une superposition troublante avec une carte des « races mondiales », « produite par Lothrop Stoddard dans les années 1920, [ce dernier étant connu pour être] explicitement un suprémaciste blanc ».

    Les mauvais exemples d’#Eugénie_Bastié

    Les exemples mobilisés par Eugénie Bastié dans Le Figaro illustrent toutes les limites d’une lecture outrancièrement culturaliste de la réalité.

    « Dans le cas du conflit israélo-palestinien, écrit-elle, l’empathie n’est plus dictée par des choix rationnels ou idéologiques mais par des appartenances religieuses et identitaires. » Il était toutefois frappant, avant le 7 octobre, de constater à quel point les États du monde arabe et musulman s’étaient désintéressés de la question palestinienne, l’un des objectifs du #Hamas ayant justement été de faire dérailler la normalisation des relations en cours. Et si la composante islamiste de l’identité du Hamas est indéniable, la situation est incompréhensible sans tenir compte du fait qu’il s’agit d’un conflit pour la terre, que d’autres acteurs palestiniens, laïques voire, socialisants, ont porté avant le Hamas.

    Concernant l’#Ukraine, Bastié explique qu’« entre un Ouest tourné vers l’Occident et un Est russophone, Huntington prévoyait trois scénarios : une Ukraine unie pro-européenne, la division en deux avec un est annexé à la Russie, une Ukraine unie tournée vers la Russie. On sait désormais que l’on s’achemine plus ou moins vers le deuxième scénario, le plus proche du paradigme du choc des civilisations. »

    Remarquons d’abord la précision toute relative d’une théorie qui « prédit » des issues aussi contradictoires. Soulignons ensuite que malgré tout, Huntington considérait bien que « si la #civilisation est ce qui compte, la probabilité de la #violence entre Ukrainiens et Russes devrait être faible » (raté). Pointons enfin la séparation caricaturale établie par l’essayiste entre les parties occidentale et orientale du pays. Comme l’a montré l’historien Serhii Plokhy, les agressions russes depuis 2014 ont plutôt contribué à homogénéiser la nation ukrainienne, « autour de l’idée d’une nation multilingue et multiculturelle, unie sur le plan administratif et politique ».

    Enfin, Bastié devait forcément glisser qu’Huntington a formulé sa théorie du choc des civilisations avant même les attentats du 11 septembre 2001, censés illustrer « la résurgence du conflit millénaire entre l’islam et l’Occident ».

    Reprenant sa critique du politiste américain à l’aune de cet événement, Dario Battistella a cependant souligné que « loin de constituer les prémices d’une bataille à venir entre deux grandes abstractions, #Occident et #Islam, les attentats du 11 septembre sont bien l’expression d’une forme pervertie de l’islam utilisée par un mouvement politique dans sa lutte contre la puissance hégémonique américaine ; quant aux bombardements américano-britanniques contre Al-Qaïda et les talibans, ce sont moins des croisades que des opérations de police, de maintien de la “pax americana”, entreprises par la puissance impériale et sa principale alliée parmi les puissances satisfaites de l’ordre existant. »

    À ces illustrations guère convaincantes du prophétisme de Samuel Huntington, il faut ajouter les exemples dont Eugénie Bastié ne parle pas, et qui ne collent pas non plus avec sa grille de lecture.

    Avec la tragédie du Proche-Orient et l’agression russe en Ukraine, l’autre grand drame historique de cette année s’est ainsi joué en #Arménie et en #Azerbaïdjan, avec le #nettoyage_ethnique du #Haut-Karabakh. Or si ce dernier a été possible, c’est parce que le régime arménien a été lâché par son protecteur russe, en dépit de populations communiant majoritairement dans le #christianisme_orthodoxe.

    Cet abandon, à laquelle la difficile révolution démocratique en Arménie n’est pas étrangère, a permis au dirigeant azéri et musulman #Ilham_Aliev de donner libre cours à ses ambitions conquérantes. L’autocrate a bénéficié pour cela d’armes turques, mais il a aussi alimenté son arsenal grâce à l’État d’Israël, censé être la pointe avancée de l’Occident judéo-chrétien dans le schéma huntingtonien interprété par Eugénie Bastié.

    Le côté « chacun chez soi » de l’essayiste, sans surprendre, témoigne en parallèle d’une indifférence aux revendications démocratiques et féministes qui transcendent les supposées différences civilisationnelles. Ces dernières années, ces revendications se sont données à voir avec force en Amérique latine aussi bien qu’en #Iran, où les corps suppliciés des protestataires iraniennes témoignent d’une certaine universalité du combat contre la #domination_patriarcale et religieuse. Cela ne légitime aucune aventure militaire contre l’Iran, mais rappelle que toutes les actions de soutien aux peuples en lutte pour leurs droits sont positives, n’en déplaise au fatalisme huntingtonien.

    On l’aura compris, la thématique du choc des civilisations n’aide aucunement à comprendre notre chaotique XXIe siècle. Il s’agit d’un gimmick réactionnaire, essentialiste et réductionniste, qui donne une fausse coloration scientifique à une hantise du caractère mouvant et pluriel des identités collectives. Sur le plan de la connaissance, sa valeur est à peu près nulle – ou plutôt, elle est la pire manière d’appeler à prendre en compte les facteurs culturels, ce qui souffre beaucoup moins la contestation.

    Sur le plan politique, la théorie du choc des civilisations est un obstacle aux solidarités à construire dans un monde menacé par la destruction de la niche écologique dont a bénéficié l’espèce humaine. Ce sont des enjeux de justice climatique et sociale, avec ce qu’ils supposent de réparations, répartition, redistribution et régulation des ressources, qu’il s’agit de mettre en avant à toutes les échelles du combat politique.

    Quant aux principes libéraux et démocratiques, ils méritent également d’être défendus, mais pas comme des valeurs identitaires opposées à d’autres, dont nous serions condamnés à vivre éloignés. L’universalisme n’est pas à congédier parce qu’il a servi d’alibi à des entreprises de domination. Quand il traduit des aspirations à la paix, à la dignité et au bien-être, il mérite d’être défendu, contre tous les replis identitaires.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/231223/non-le-choc-des-civilisations-n-aide-pas-comprendre-notre-epoque
    #Palestine #Israël

    #Huntington

  • IRAN. Une femme victime de mariage forcé et de violence va être exécutée demain

    Samira Sabzian va être exécutée demain en vertu de la loi du talion (Qisas) pour le meurtre de son mari. Emprisonnée depuis 10 ans, Samira avait été victime de mariage d’enfant et de violences domestiques. L’Iran a exécuté au moins 16 femmes en 2022 et au moins 17 autres en 2023.

    Selon les informations obtenues par Iran Human Rights, Samira Sabzian, transférée à l’isolement dans la prison de Gharchak à Varamin (province de Téhéran), sera exécutée le mercredi 13 décembre 2023. Samira avait 15 ans lorsqu’elle s’est mariée et a eu deux enfants, au moment de son arrestation le plus âgé de ses enfants avait 7 ans et le plus jeune 6 mois il y a près de 10 ans. Pour obtenir le pardon de la famille de son mari, Samira s’était abstenue de voir ses enfants pendant les dix années qu’elle avait passées dans le couloir de la mort. Sa dernière visite était également la première fois qu’il voyait ses enfants, aujourd’hui âgés de 17 et 10 ans.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/05/iran-les-executions-capitales-sintensifient/#comment-59756

    #international #iran

  • Lecture d’un extrait du livre « La dernière place » de Négar Djavadi, paru aux Éditions Stock, en 2023.

    https://liminaire.fr/radio-marelle/article/la-derniere-place-de-negar-djavadi

    Le vol PS752 reliant Téhéran à Kiev s’écrase quelques minutes après son décollage, le 8 janvier 2020. La dernière place, c’est celle qu’a prise, en dernière minute, repoussant son départ initial, la cousine de l’autrice. Négar Djavadi propose une plongée lucide et saisissante dans la dictature iranienne, retraçant méticuleusement les événements à l’origine de ce drame : les tensions entre l’Iran et les États-Unis, les risques de représailles et d’escalade, puis les mensonges du gouvernement pour tenter de dissimuler la responsabilité iranienne d’un tir de missile.

    (...) #Radio_Marelle, #Écriture, #Langage, #Essai, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Famille, #Mémoire, #Biographie, #Iran, #Ukraine, #Politique, #Aviation, #Littérature (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_la_dernie_re_place_ne_gar_djavadi.mp4

    https://www.editions-stock.fr/livres/la-derniere-place-9782234093942

  • IRAN. Les parents de Jina Amini empêchés de se rendre en France recevoir le Prix Sakharov
    La République islamique d’Iran a empêché la famille de Jina Amini, qui devait se rendre en France recevoir le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, décerné à Jina Mahsa Amini et au mouvement « Femmes, vie, liberté », en confisquant leurs passeports.

    Les parents et le frère de Jina Mahsa Amini qui devaient recevoir le prix Sakharov* qui lui était décerné à titre posthume, ont été interdits de quitter l’Iran selon l’avocate de la famille Me Chirinne Ardakani (cité par AFP) qui a ajouté qu’« ils ont été interdits de monter à bord du vol qui devait les conduire en France pour la remise du prix Sakharov et de quitter le territoire hier à minuit alors qu’ils étaient munis d’un visa. Leurs passeports ont été confisqués ».

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/17/iran-un-an-apres-lassassinat-de-jina-mahsa-amini-la-lutte-continue/#comment-59709

    #international #iran

  • Guerre au Proche-Orient : à #Beyrouth, #Mona_Fawaz résiste par la #cartographie

    Professeure d’urbanisme et cofondatrice du #Beirut_Urban_Lab, la chercheuse cartographie le conflit à la frontière entre le #Liban et Israël. Et montre ainsi le « déséquilibre profond » entre les attaques visant le territoire libanais et celles ciblant le sol israélien.

    « Je suis entrée dans le centre de recherche ; tous mes collègues avaient les yeux rivés sur les nouvelles, l’air horrifié. C’est là que nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas simplement regarder : il fallait agir, et le faire du mieux possible », se rappelle Mona Fawaz, professeure d’urbanisme à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et cofondatrice du Beirut Urban Lab, un laboratoire de recherche interdisciplinaire créé en 2018 et spécialisé dans les questions d’#urbanisme et d’#inclusivité.

    Lundi 4 décembre, dans ce centre de recherche logé à l’AUB, près de deux mois après l’attaque sans précédent du groupe militant palestinien Hamas en Israël et le début des bombardements intensifs de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, elle revoit l’élan impérieux qui a alors saisi ses collègues du Beirut Urban Lab, celui de cartographier, documenter et analyser.

    « Certains ont commencé à cartographier les dommages à #Gaza à partir de #photographies_aériennes. Personnellement, j’étais intéressée par la dimension régionale du conflit, afin de montrer comment le projet colonial israélien a déstabilisé l’ensemble de la zone », y compris le Liban.

    La frontière sud du pays est en effet le théâtre d’affrontements violents depuis le 8 octobre entre #Israël et des groupes alliés au #Hamas emmenés par le #Hezbollah, une puissante milice soutenue par l’#Iran. Qualifiés de « #front_de_pression » par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les #combats sur le #front_libanais, qui visent notamment à détourner l’effort militaire israélien contre Gaza, ont tué au moins 107 personnes du côté libanais, dont 14 civils. Du côté israélien, six soldats et trois civils ont été tués.

    C’est ainsi que l’initiative « Cartographier l’escalade de violence à la frontière sud du Liban » est née. Le projet répertorie le nombre de #frappes quotidiennes et leur distance moyenne par rapport à la frontière depuis le début du conflit, en s’appuyant sur les données collectées par l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled : https://acleddata.com). Sur son écran d’ordinateur, Mona Fawaz montre une #carte_interactive, une des seules en son genre, qui révèle un déséquilibre saisissant entre les attaques revendiquées par Israël, au nombre de 985 depuis le début du conflit, et celles menées depuis le Liban : 270 frappes répertoriées sur le sol israélien.

    L’occasion pour Mona Fawaz de questionner les expressions répétées dans les médias, qui façonnent la compréhension du conflit sans remettre en cause leurs présupposés. « On parle de tirs transfrontaliers, par exemple, alors même qu’il y a un déséquilibre profond entre les deux parties impliquées », souligne-t-elle. « Une distorsion médiatique » que la chercheuse dénonce aussi dans la couverture de l’offensive israélienne contre l’enclave palestinienne.

    Une « lutte partagée » avec les Palestiniens

    Pour Mona Fawaz, il est important de documenter un conflit dont les racines vont au-delà des affrontements présents. « La création de l’État d’Israël en 1948 a provoqué une perturbation majeure au sud du Liban, brisant [ses] liens historiques, sociaux, politiques et économiques » avec la Galilée, explique-t-elle.

    Des bouleversements que la chercheuse, originaire du village de Tibnine, dans le sud du pays, connaît bien, puisqu’ils ont marqué son histoire familiale et personnelle. Elle explique que la proximité entre les populations était telle qu’au cours de la « #Nakba » (la « catastrophe », en arabe) en 1948 – l’exode massif de plus de 700 000 Palestinien·nes après la création de l’État d’Israël –, sa mère a été évacuée de son village aux côtés de Palestinien·nes chassés de leurs terres. « Les déplacés ne savaient pas où s’arrêteraient les Israéliens, raconte-t-elle. Dans cette région du Liban, on a grandi sans sentir de différences avec les Palestiniens : il y a une lutte partagée entre nous. »

    En 1982, Mona Fawaz, qui avait alors à peine 9 ans, vit plusieurs mois dans son village sous l’occupation de l’armée israélienne, qui a envahi le pays en pleine guerre civile (1975-1990) afin de chasser du Liban l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Elle se souvient des scènes d’#humiliation, des crosses des fusils israéliens défonçant le mobilier chez son grand-père. « Ce n’est rien par rapport à ce que Gaza vit, mais il y a définitivement un effet d’association pour moi avec cette période », explique-t-elle.

    Dans le petit pays multiconfessionnel et extrêmement polarisé qu’est le Liban, l’expérience de la chercheuse n’est cependant pas générale. Si une partie des Libanais·es, notamment dans le sud, est marquée par la mémoire des guerres contre Israël et de l’occupation encore relativement récente de la région – les troupes israéliennes se sont retirées en 2000 du Sud-Liban –, une autre maintient une défiance tenace contre la #résistance_palestinienne au Liban, notamment tenue responsable de la guerre civile.

    Celle qui a ensuite étudié au Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston (États-Unis), pour y faire son doctorat en aménagement urbain à la fin des années 1990, explique ensuite qu’il a fallu des années aux États-Unis pour réaliser que « même le soldat qui est entré dans notre maison avait été conditionné pour commettre des atrocités ». Si l’ouverture à d’autres réalités est une étape indispensable pour construire la paix, c’est aussi un « luxe », reconnaît la chercheuse, qui semble hors de portée aujourd’hui. « L’horreur des massacres à Gaza a clos toute possibilité d’un avenir juste et pacifique », soupire-t-elle.

    Le tournant de la guerre de 2006

    Peu après son retour au Liban en 2004, Mona Fawaz se concentre sur les questions de l’informalité et de la justice sociale. Un événement majeur vient bouleverser ses recherches : le conflit israélo-libanais de 2006. Les combats entre Israël et le Hezbollah ont causé la mort de plus de 1 200 personnes du côté libanais, principalement des civil·es, en seulement un mois de combat.

    Du côté israélien, plus de 160 personnes, principalement des militaires, ont été tuées. Cette guerre va être une expérience fondatrice pour le Beirut Urban Lab. C’est à ce moment que ses quatre cofondateurs, Mona Fawaz, Ahmad Gharbieh, Howayda Al-Harithy et Mona Harb, chercheurs et chercheuses à l’AUB, commencent leurs premières collaborations sur une série de projets visant à analyser l’#impact de la guerre. L’initiative actuelle de cartographie s’inscrit en continuité directe avec les cartes quotidiennes produites notamment par #Ahmad_Gharbieh en 2006. « Le but était de rendre visible au monde entier le caractère asymétrique et violent des attaques israéliennes contre le Liban », explique Mona Fawaz.

    Dans les années qui suivent, les chercheurs participent à plusieurs projets en commun, notamment sur la militarisation de l’#espace_public, le rôle des réfugié·es en tant que créateurs de la ville ou la #privatisation des #biens_publics_urbains, avec pour objectif de faire de la « donnée un bien public », explique Mona Fawaz, dans un « pays où la collectivité n’existe pas ». « Nos recherches s’inscrivent toujours en réponse à la réalité dans laquelle nous vivons », ajoute-t-elle. Une réalité qui, aujourd’hui dans la région, est de nouveau envahie par la guerre et les destructions.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/121223/guerre-au-proche-orient-beyrouth-mona-fawaz-resiste-par-la-cartographie

    #résistance

    ping @visionscarto @reka

    • #Beirut_Urban_Lab

      The Beirut Urban Lab is a collaborative and interdisciplinary research space. The Lab produces scholarship on urbanization by documenting and analyzing ongoing transformation processes in Lebanon and its region’s natural and built environments. It intervenes as an interlocutor and contributor to academic debates about historical and contemporary urbanization from its position in the Global South. We work towards materializing our vision of an ecosystem of change empowered by critical inquiry and engaged research, and driven by committed urban citizens and collectives aspiring to just, inclusive, and viable cities.

      https://beiruturbanlab.com

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      Mapping Escalation Along Lebanon’s Southern Border Since October 7

      Since October 7, the Middle East has occupied center stage in global media attention. Already rife with uncertainty, subjected to episodic bouts of violence, and severely affected by an ongoing project of ethnic cleansing for 75 years in Historic Palestine, our region is again bearing the weight of global, regional, and local violence. As we witness genocide unfolding and forceful population transfers in Gaza, along with an intensification of settler attacks in the West Bank and Jerusalem and the silencing of Palestinians everywhere, the conflict is also taking critical regional dimensions.

      As part of its effort to contribute to more just tomorrows through the production and dissemination of knowledge, the Beirut Urban Lab is producing a series of maps that document and provide analytical insights to the unfolding events. Our first intervention comes at a time in which bombs are raining on South Lebanon. Titled Escalation along Lebanon’s Southern Border since October 7, the platform monitors military activity between the Israeli Armed Forces and Lebanese factions. Two indicators reflect the varying intensity of the conflict: the number of daily strikes and the average distance of strikes from the border.

      The map uses data from the Armed Conflict Location and Event Data (ACLED) crisis mapping project, which draws upon local reporting to build its dataset. Since ACLED updates their dataset on Mondays, site visitors can expect updates to our mapping and analysis to be released on Tuesday afternoons. Please refer to ACLED’s methodology for questions about data sources and collection.

      As of November 14, the frequency and distribution of strikes reveals a clear asymmetry, with northward aggression far outweighing strikes by Lebanese factions. The dataset also indicates a clear escalation, with the number of incidents increasing day by day, particularly on the Lebanese side of the border.

      We see this contribution as an extension of our previous experiences in mapping conflicts in Lebanon and the region, specifically the 2006 Israeli assault on Lebanon.

      https://beiruturbanlab.com/en/Details/1958/escalation-along-lebanon%E2%80%99s-southern-border-since-october-7
      #cartographie_radicale #cartographie_critique #visualisationi

  • Femme, vie, liberté
    Prix Nobel de la paix : emprisonnée, la militante Narges Mohammadi fustige à distance le « régime religieux tyrannique et misogyne »
    Lauréate du prestigieux prix, l’iranienne Narges Mohammadi s’est exprimée par la voix de ses enfants qui ont reçu la récompense en son nom ce dimanche 10 décembre à Oslo. Et a dit vouloir entamer en parallèle une grève de la faim.

    https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/prix-nobel-de-la-paix-emprisonnee-la-militante-narges-mohammadi-fustige-a

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/13/narges-mohammadi-un-prix-nobel-de-la-paix-aussi-contre-lextreme-droite/#comment-59677

    #international #iran

  • Iran : les exécutions capitales s’intensifient

    Les nouvelles qui nous parviennent d’Iran sont très inquiétantes. Face a la montée de la colère sociale et populaire liée à la crise économique, le régime dictatorial accentue la répression en profitant du détournement de l’opinion publique mondiale vers de l’actuelle guerre à Gaza.

    On note une nette augmentation du nombre d’arrestations d’activistes ouvrier.e.s sous des prétextes fallacieux : les autorités iraniennes ciblent de plus en plus des travailleur/euse.s et retraité.e.s accusé.es d’avoir organisé des manifestations pacifiques contre la cherté de la vie et les arriérés de salaires.

    La liste des arrestations et emprisonnements ne cesse de s’allonger. Parmi les plus récentes on peut mentionner : Reyhaneh ANSARINEZHAD (une militante ouvrière) ; Osman ESMAILI, Esmail GUERAMI et Kamran SAKHTEMANGAR (des ouvriers retraités et anciens détenus) ; Reza Aghdasi AGHDASI (travailleur licencié, invalide, malade et sourd).

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/05/iran-les-executions-capitales-sintensifient

    #international #iran

  • Reza Shahabi : Il est nécessaire de s’organiser et de descendre dans la rue

    Depuis la prison iranienne d’Evin, le syndicaliste des autobus de Téhéran et sa banlieue (VAHED) a fait parvenir le message suivant :

    Ces jours-ci, de nombreux articles parus dans les médias officiels traitent des problèmes de subsistance des travailleurs. Parfois, des salarié-es et des retraité.es sont également interviewés.

    Ce reflet de la situation intolérable des travailleurs/euses dans les médias officiels, qui avaient l’habitude de nier ou de minimiser les problèmes des travailleurs, montre les progrès réalisés par les travailleurs/euses, ainsi que leur capacité à faire entendre leurs revendications.

    Par ailleurs, des militant.es ouvriers ont contribué à faire avancer ces revendications en participant activement aux médias sociaux et aux journaux de diverses manières.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/29/reza-shahabi-il-est-necessaire-de-sorganiser-e

    #international #iran

  • En direct, guerre Israël-Hamas : les 13 otages israéliens ont été remis à la Croix-Rouge et sont en route vers la frontière égyptienne
    https://www.lemonde.fr/international/live/2023/11/24/en-direct-guerre-israel-hamas-la-treve-a-officiellement-commence-israel-doit

    Treize otages, en plus des douze Thaïlandais, ont bien été remis à la Croix-Rouge, annonce un porte-parole de l’ONG

    Un porte-parole de la Croix-Rouge a déclaré sur franceinfo que treize otages avaient été remis à l’ONG, en plus des douze Thaïlandais. Des sources officielles égyptiennes, citées par des médias israéliens, ont confirmé cette information.

    le titre omet 12 otages, puis l’intertitre distingue les otages des thaïlandais. ça doit être la langue de la coalition internationale.

    • Plus d’un otage du 7 octobre sur dix serait ThaÏlandais.
      https://www.lemonde.fr/international/live/2023/11/25/en-direct-guerre-israel-hamas-14-otages-seront-liberes-en-echange-de-42-pris

      Selon la Thaïlande, vingt de ses ressortissants sont encore retenus en otage dans la bande de Gaza

      Alors que dix Thaïlandais figurent parmi les vingt-quatre otages libérés vendredi par le Hamas, le ministère des affaires étrangères thaïlandais « estime maintenant à vingt, le nombre de ressortissants thaïlandais encore détenus » par le mouvement islamiste armé. [« Il reste approximativement 215 otages dans Gaza », a déclaré un porte-parole de l’armée israélienne, Doron Spielman, samedi matin.]

      Parmi les dix otages thaïlandais libérés, quatre personnes n’avaient jamais été confirmées en tant qu’otages par les autorités israéliennes, a précisé le ministère dans un communiqué.

      Les Thaïlandais libérés « resteront à l’hôpital pendant au moins quarante-huit heures, tandis que l’ambassade du royaume thaï prendra toutes les dispositions nécessaires pour leur retour en Thaïlande et celui de leurs familles dès que possible », précise le communiqué, ajoutant que du personnel diplomatique se trouvait avec le groupe d’otages libérés et avait prévenu leurs proches.

      La semaine dernière, le gouvernement thaïlandais avait reçu l’assurance du Hamas que ses ressortissants retenus en otage étaient « saufs ». Outre les #otages, Bangkok a recensé 39 citoyens morts dans l’attaque du 7 octobre, un bilan qui fait de la Thaïlande l’un des pays les plus touchés par le conflit. Le pays a depuis organisé le rapatriement de plus de 8 500 de ses ressortissants, selon le ministère des affaires étrangères.

      Quelque 30 000 Thaïlandais étaient employés en Israël, principalement dans le secteur agricole, le 7 octobre, selon les autorités de Bangkok.


      Des travailleurs thaïlandais pris en otage par le #Hamas, puis libérés dans le cadre d’un accord entre #Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, posent avec un membre de la mission thaïlandaise après un examen médical, à Tel Aviv, en Israël, dans cette image diffusée le 25 novembre 2023. MINISTRY OF FOREIGN AFFAIRS THAILAND / VIA REUTERS

      ils sont d’abord annoncés 12, puis 10 [edit ce qui laisse un ou deux otages à la nationalité inconnue, dont, a priori un Philippin]. ni correcteurs, ni exactitude, incohérence partout. on ne compte plus sur l’attention du lecteur mais sur l’inattention générale. on pourra bien dire ensuite que c’est à l’école que le niveau baisse.

      edit

      Les étrangers, dix Thaïlandais et un Philippin, ont fait l’objet de négociations séparées, à l’écart de celles menées par le gouvernement israélien. Quatre des Thaïlandais n’avaient jamais été officiellement comptabilisés comme otages. Selon le quotidien américain New York Times, le citoyen philippin qui les accompagnait, pris pour l’un des leurs, aurait été libéré par erreur.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/25/israel-entre-soulagement-et-amertume-apres-la-liberation-des-premiers-otages

      #pogrom #7oct #7_octobre_2023 #ouvriers #ouvriers_immigrés #ouvriers_Thaïlandais

    • Pour libérer une partie de ses ressortissants retenus à Gaza, le gouvernement thaïlandais s’est appuyé sur l’Iran, Brice Pedroletti(Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/25/pour-liberer-une-partie-de-ses-ressortissants-retenus-a-gaza-le-gouvernement

      (en comment plus de devoir concéder une trève, Israël se fait refiler des prolos thaïlandais)_

      Bangkok s’est livré à une intense activité diplomatique, principalement avec Téhéran, soutien du Hamas au Proche-Orient, pour récupérer dix des travailleurs agricoles capturés par le Hamas le 7 octobre.

      La libération de dix otages thaïlandais, vendredi 24 novembre, dans le cadre de la #trêve de quatre jours agréée entre Israël et le Hamas, couronne un mois d’activité diplomatique frénétique de la part d’un pays qui se veut neutre et ami de tous mais qui est peu investi au Proche-Orient. Le gouvernement de Srettha Thavisin n’est entré en fonctions que fin août, et la crise des otages a été son baptême du feu. Trente-neuf Thaïlandais sont morts sous les balles du Hamas le 7 octobre. Vingt autres restent à ce jour captifs à Gaza. Tous faisaient partie des 30 000 ouvriers agricoles thaïlandais employés dans des kibboutz israéliens dans le cadre d’un accord entre les deux pays.

      La grande majorité d’entre eux sont originaires de l’Isan, la grande région pauvre du nord-est du pays qui se trouve être le bastion du Pheu Thai (« Parti pour les Thaïlandais »), le parti de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, qui a pris la tête de la coalition formée à l’issue des élections du 14 mai.
      Le gouvernement de M. Thavisin a immédiatement missionné sur ce dossier le nouveau président de l’Assemblée, Wan Muhamad Noor Matha, « Wan Noor », un politique de confession musulmane longtemps représentant des provinces du Sud, peuplées majoritairement de Thaï-Malais, sunnites comme lui, et un proche allié du Pheu Thai. Wan Noor a activé ses réseaux, notamment en #Malaisie, où le Hamas dispose d’une présence.
      Saiyid Sulaiman Husaini, l’influent leader d’une association chiite thaïlandaise, a ensuite organisé le déplacement à Téhéran, le 27 octobre, de conseillers de Wan Noor. L’Iran est le principal soutien politique et financier du Hamas au Proche-Orient. A cette occasion, les émissaires du président de l’Assemblée ont reçu de représentants du Hamas l’assurance que les otages thaïlandais seraient libérés dès qu’Israël consentirait à une trêve.
      Après cette première percée, le ministre des affaires étrangères thaïlandais, Parnpree Bahiddha-Nukara, également premier ministre adjoint, s’est rendu au Qatar le 31 octobre. Il y a rencontré, en sus de son homologue qatari, le ministre des affaires étrangères iranien, Hossein Amir Abdollahian, qui lui a fourni « le soutien total de l’#Iran ».

      Le lendemain, le chef de la diplomatie thaïlandaise a fait une halte au Caire pour s’assurer de la coopération de l’Egypte. Les consultations se sont poursuivies jusqu’à la dernière minute. Wan Nor a accueilli, jeudi 23 novembre, à Bangkok, le ministre adjoint des affaires étrangères iranien, Ali Bagheri Kani, pour discuter là encore du dossier des otages. Vendredi soir, dès l’arrivée des ex-otages thaïlandais en Israël, où ils resteront quarante-huit heures sous surveillance médicale, Bangkok a exprimé ses remerciements à « tous ceux à qui [la Thaïlande] a demandé de l’aide, à savoir les gouvernements du Qatar, d’Israël, d’Égypte, d’Iran, de Malaisie et le Comité international de la Croix-Rouge ».

    • Les ouvriers agricoles thaïlandais, victimes collatérales des attaques du Hamas, 13/10/2023

      Les ressortissants du royaume représentent le premier contingent de travailleurs agricoles étrangers en Israël mais sont souvent particulièrement exposés au danger dans leur travail. Par Brice Pedroletti(Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)


      Un travailleur thaïlandais, qui a pu quitter Israël, arrive à l’aéroport de Bangkok, le 12 octobre 2023. SAKCHAI LALIT / AP

      Avec 21 morts [39, en fait, voir ci-dessus] et 16 personnes présumées kidnappées, la Thaïlande se retrouve au deuxième rang des pays étrangers pour le nombre de victimes derrière les Etats-Unis. Un lourd bilan, qui s’explique par le nombre de #migrants thaïlandais travaillant dans l’#agriculture en Israël : ils sont environ 30 000 à être employés dans des fermes et des kibboutz, dont 5 000 autour de la bande de Gaza. Ce n’est pas la première fois que cette population compte des victimes : deux ouvriers thaïlandais étaient morts, en mai 2021, après des tirs de roquettes.

      La plupart de ces migrants sont des hommes, originaires de l’Isan, la grande région rurale du nord-est de la Thaïlande, la plus pauvre du royaume, comme Somkuan Pansa-ard. Agé de 39 ans et employé dans une plantation de fruits depuis moins d’un an, l’homme avait eu le temps de parler à sa mère samedi 7 octobre alors que des assaillants fondaient sur son lieu d’habitation. Sa famille a appris dimanche qu’il n’avait pas survécu.

      Une partie des travailleurs thaïlandais tués l’auraient été dans le kibboutz Alumim, où la plupart des habitants auraient eu la vie sauve après de longues heures de combat. « Dans ce kibboutz, les gardes ont réussi à tuer un certain nombre de terroristes du Hamas et à les empêcher d’atteindre les principales zones d’habitation. Malheureusement, un groupe de terroristes a réussi à atteindre les quartiers d’habitation de plusieurs travailleurs agricoles thaïlandais et les a massacrés », rapporte le canal Telegram israélien South first responders qui archive les images envoyées par des équipes de premiers secours. Une vidéo montre l’intérieur de baraquements sens dessus dessous, avec d’épaisses traînées de sang sur le sol.

      Des Népalais tués aussi

      Parmi les victimes du kibboutz Alumim figurent aussi dix étudiants #népalais, selon Katmandou. Quatre autres, présents au même endroit ce jour-là, ont survécu. Ils faisaient partie d’un programme de onze mois de stages payés qui concernaient 269 étudiants venus de plusieurs universités du pays. La plupart des 5 000 Népalais vivant en Israël sont eux employés dans les services de santé ou d’aide à la personne.
      La veille de l’attaque, la page Facebook d’un des Népalais qui fait partie de la liste des victimes, Ganesh Nepali, montrait des images du kibboutz, sous le titre « vue nocturne d’Alumim », avec un cœur et deux drapeaux d’Israël : on y voit la haute barrière de sécurité, le ciel qui vire au rose, des allées paisibles bordées de bosquets de fleurs. Ironie du sort, trois jours auparavant, le 3 octobre, il avait écrit un long poste de commentaire sur le couvre-feu qui venait d’être décrété à Nepalgunj, une bourgade népalaise à la frontière indienne, après des incidents entre communautés hindoues et musulmanes locales, en s’accablant de « l’incapacité des personnes religieuses à accepter la culture de l’autre, ce qui conduit à des guerres de religion ».

      Les Thaïlandais font partie des travailleurs étrangers qui ont remplacé les Palestiniens en Israël à mesure que l’emploi de ceux-ci était soumis à des restrictions. Un accord bilatéral en 2012 a formalisé leur recrutement, avec un quota annuel passé à 6 500 ouvriers par an depuis 2022. Ils sont employés pour des contrats de deux ans, renouvelables jusqu’à un maximum de cinq ans et trois mois. Payés environ 1 500 dollars (1 422 euros), ils doivent s’acquitter d’au moins un mois et demi de salaire en « frais d’agence ».

      Pas d’abri contre les roquettes

      Depuis le week-end, l’un de ces travailleurs a livré sur X, anciennement Twitter, sous le pseudonyme de SuperBallAI, le récit de sa fuite avec d’autres migrants. « Plus de vingt-quatre heures se sont écoulées depuis l’incident, et les travailleurs thaïlandais se trouvant dans les zones dangereuses n’ont toujours pas reçu d’aide ni de plan d’évacuation vers une zone sûre », écrit-il le 8 octobre, avant de montrer tout un groupe de migrants qui partent sur un tracteur. Il s’indigne ensuite que son employeur l’ait #revendu à un autre sans son accord.

      S’il a finalement réussi à être rapatrié en Thaïlande par un vol arrivé le 12 octobre, il a par ses tweets rappelé une réalité dérangeante : le traitement parfois désinvolte des droits de ces travailleurs étrangers par leurs employeurs. Dans un rapport datant de 2021 sur les droits bafoués des migrants thaïlandais à la santé, l’ONG israélienne de défense des droits des migrants Kav LaOved déplorait que « dans les zones ciblées par les tirs de roquettes lors des escalades du conflit, récemment dans la région de Gaza, les employeurs demandent souvent aux travailleurs de continuer à travailler dans les champs ou dans la ferme, sans abri, même si cela est interdit par le commandement du front intérieur israélien. Cette situation a entraîné de nombreuses blessures et de nombreux décès parmi les travailleurs. Le rapport demande que des abris soient mis à la disposition de tous les travailleurs situés à proximité des zones de combat. » Rien n’indique que ces recommandations aient été suivies.

      Un deuxième vol de rapatriés thaïlandais, dont certains blessés, est arrivé à Bangkok vendredi 13 octobre, après un premier qui a atterri jeudi. Au moins 5 000 Thaïlandais ont postulé pour quitter le pays depuis les événements de samedi.

  • Crise capitaliste au moyen orient | Guillaume Deloison
    https://guillaumedeloison.wordpress.com/2018/10/08/dawla-crise-capitaliste-au-moyen-orient

    ISRAËL ET PALESTINE – CAPITAL, COLONIES ET ÉTAT

    Le conflit comme Histoire

    A la fin des guerres napoléoniennes, certaines parties du Moyen-Orient se retrouvèrent envahies par le nouveau mode de production capitaliste. Dans cette région, l’industrie textile indigène, surtout en Egypte, fut détruite par les textiles anglais bon marché dans les années 1830. Dès les années 1860, les fabricants britanniques avaient commencé à cultiver le coton le long du Nil. En 1869, on ouvrit le canal de Suez dans le but de faciliter le commerce britannique et français. Conformément à cette modernisation, on peut dater les origines de l’accumulation primitive en #Palestine à la loi de l’#Empire_ottoman de 1858 sur la #propriété_terrienne qui remplaçait la propriété collective par la propriété individuelle de la terre. Les chefs de village tribaux se transformèrent en classe de propriétaires terriens qui vendaient leurs titres aux marchands libanais, syriens, égyptiens et iraniens. Pendant toute cette période, le modèle de développement fut surtout celui d’un développement inégal, avec une bourgeoisie étrangère qui prenait des initiatives et une bourgeoisie indigène, si l’on peut dire, qui restait faible et politiquement inefficace.

    Sous le #Mandat_britannique, de nombreux propriétaires absentéistes furent rachetés par l’Association de colonisation juive, entraînant l’expulsion de métayers et de fermiers palestiniens. Étant donné que les dépossédés devaient devenir #ouvriers_agricoles sur leurs propres terres, une transformation décisive des relations de production commençait, conduisant aux premières apparitions d’un #prolétariat_palestinien. Ce processus eut lieu malgré une violente opposition de la part des #Palestiniens. Le grand tournant dans une succession de #révoltes fut le soulèvement de #1936-1939. Son importance réside dans le fait que « la force motrice de ce soulèvement n’était plus la paysannerie ou la bourgeoisie, mais, pour la première fois, un prolétariat agricole privé de moyens de travail et de subsistance, associé à un embryon de classe ouvrière concentrée principalement dans les ports et dans la raffinerie de pétrole de Haïfa ». Ce soulèvement entraîna des attaques contre des propriétaires palestiniens ainsi que contre des colons anglais et sionistes. C’est dans le même temps que se développa le mouvement des #kibboutz, comme expérience de vie communautaire inspiré notamment par des anarchistes comme Kropotkine, s’inscrivant dans le cadre du sionisme mais opposées au projet d’un état.

    La Seconde Guerre mondiale laissa un héritage que nous avons du mal à imaginer. L’implantation des juifs en Palestine, déjà en cours, mais de faible importance entre 1880 et 1929, connaît une augmentation dans les années 1930 et puis un formidable élan dans l’après-guerre ; de ce processus naquit #Israël. Le nouvel Etat utilisa l’appareil légal du Mandat britannique pour poursuivre l’expropriation des Palestiniens. La #prolétarisation de la paysannerie palestinienne s’étendit encore lors de l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza en 1967. Cette nouvelle vague d’accumulation primitive ne se fit pas sous la seule forme de l’accaparement des #terres. Elle entraîna aussi le contrôle autoritaire des réserves d’#eau de la Cisjordanie par le capital israélien par exemple.

    Après la guerre de 1967, l’Etat israélien se retrouvait non seulement encore entouré d’Etats arabes hostiles, mais aussi dans l’obligation de contrôler la population palestinienne des territoires occupés. Un tiers de la population contrôlée par l’Etat israélien était alors palestinienne. Face à ces menaces internes et externes, la survie permanente de l’Etat sioniste exigeait l’unité de tous les Juifs israéliens, occidentaux et orientaux. Mais unir tous les Juifs derrière l’Etat israélien supposait l’intégration des #Juifs_orientaux, auparavant exclus, au sein d’une vaste colonie de travail sioniste. La politique consistant à établir des colonies juives dans les territoires occupés est un élément important de l’extension de la #colonisation_travailliste sioniste pour inclure les Juifs orientaux auparavant exclus. Bien entendu, le but immédiat de l’installation des #colonies était de consolider le contrôle d’Israël sur les #territoires_occupés. Cependant, la politique de colonisation offrait aussi aux franges pauvres de la #classe_ouvrière_juive un logement et des emplois qui leur permettaient d’échapper à leur position subordonnée en Israël proprement dit. Ceci ne s’est pas fait sans résistance dans la classe ouvrière Israélienne, certain s’y opposaient comme les #Panthéres_noire_israélienne mais l’#Histadrout,« #syndicat » d’Etat et employeur important s’efforçait d’étouffer les luttes de la classe ouvrière israélienne, comme par exemple les violents piquets de grève des cantonniers.

    En 1987, ce sont les habitants du #camp_de_réfugiés de Jabalya à Gaza qui furent à l’origine de l’#Intifada, et non l’#OLP (Organisation de Libération de la Palestine) composé par la bourgeoisie Palestinienne, basée en Tunisie et complètement surprise. Comme plus tard en 2000 avec la seconde intifada, ce fut une réaction de masse spontanée au meurtre de travailleurs palestiniens. A long terme, l’Intifada a permis de parvenir à la réhabilitation diplomatique de l’OLP. Après tout, l’OLP pourrait bien être un moindre mal comparée à l’activité autonome du prolétariat. Cependant, la force de négociation de l’OLP dépendait de sa capacité, en tant que « seul représentant légitime du peuple palestinien », à contrôler sa circonscription, ce qui ne pouvait jamais être garanti, surtout alors que sa stratégie de lutte armée s’était révélée infructueuse. Il était donc difficile pour l’OLP de récupérer un soulèvement à l’initiative des prolétaires, peu intéressés par le nationalisme, et qui haïssaient cette bourgeoisie palestinienne presque autant que l’Etat israélien.

    Quand certaines personnes essayèrent d’affirmer leur autorité en prétendant être des leaders de l’Intifada, on raconte qu’un garçon de quatorze ans montra la pierre qu’il tenait et dit : « C’est ça, le leader de l’Intifada. » Les tentatives actuelles de l’Autorité palestinienne pour militariser l’Intifada d’aujourd’hui sont une tactique pour éviter que cette « anarchie » ne se reproduise. L’utilisation répandue des pierres comme armes contre l’armée israélienne signifiait qu’on avait compris que les Etats arabes étaient incapables de vaincre Israël au moyen d’une guerre conventionnelle, sans parler de la « lutte armée » de l’OLP. Le désordre civil « désarmé » rejetait obligatoirement « la logique de guerre de l’Etat » (bien qu’on puisse aussi le considérer comme une réaction à une situation désespérée, dans laquelle mourir en « martyr » pouvait sembler préférable à vivre dans l’enfer de la situation présente). Jusqu’à un certain point, le fait de lancer des pierres déjouait la puissance armée de l’Etat d’Israël.

    D’autres participants appartenaient à des groupes relativement nouveaux, le #Hamas et le #Jihad_Islamique. Pour essayer de mettre en place un contrepoids à l’OLP, Israël avait encouragé la croissance de la confrérie musulmane au début des années 1980. La confrérie ayant fait preuve de ses sentiments anti-classe ouvrière en brûlant une bibliothèque qu’elle jugeait être un » foyer communiste « , Israël commença à leur fournir des armes.

    D’abord connus comme les « accords Gaza-Jéricho », les accords d’Oslo fit de l’OLP l’autorité palestinienne. Le Hamas a su exploiter ce mécontentement tout en s’adaptant et en faisant des compromis. Ayant rejeté les accords d’Oslo, il avait boycotté les premières élections palestiniennes issues de ces accords en 1996. Ce n’est plus le cas désormais. Comme tous les partis nationalistes, le Hamas avec son discours religieux n’a nullement l’intention de donner le pouvoir au peuple, avec ou sans les apparences de la démocratie bourgeoise. C’est d’ailleurs ce qu’il y a de profondément commun entre ce mouvement et l’OLP dans toutes ses composantes : la mise en place d’un appareil politico-militaire qui se construit au cours de la lutte, au nom du peuple mais clairement au-dessus de lui dès qu’il s’agit de prendre puis d’exercer le pouvoir. Après plusieurs années au gouvernement, le crédit du Hamas est probablement et selon toute apparence bien entamé, sans que personne non plus n’ait envie de revenir dans les bras du Fatah (branche militaire de l’OLP). C’est semble-t-il le scepticisme, voire tout simplement le désespoir et le repli sur soi, qui semblent l’emporter chaque jour un peu plus au sein de la population.

    Le sionisme, un colonialisme comme les autres ?

    Dans cette situation, la question de déterminer les frontières de ce qui délimiterait un État israélien « légitime » est oiseuse, tant il est simplement impossible : la logique de l’accaparement des territoires apparaît inséparable de son existence en tant qu’État-nation. S’interroger dans quelle mesure l’État israélien est plus ou moins « légitime » par rapport à quelque autre État, signifie simplement ignorer comment se constituent toujours les États-nations en tant qu’espaces homogènes.

    Pour comprendre la situation actuelle il faut appréhender la restructuration générale des rapports de classes à partir des années 1970. Parallèlement aux deux « crises pétrolières » de 1973-74 et 1978-80, à la fin du #nationalisme_arabe et l’ascension de l’#islamisme, la structure économique et sociale de l’État d’Israël change radicalement. Le #sionisme, dans son strict sens, fut la protection et la sauvegarde du « travail juif », soit pour le capital israélien, contre la concurrence internationale, soit pour la classe ouvrière contre les prolétaires palestiniens : ce fut en somme, un « compromis fordiste » post-1945, d’enracinement d’une fraction du capital dans dans un État-nation. Le sionisme impliquait qu’il donne alors à l’État et à la société civile une marque de « gauche » dans ce compromis interclassiste et nationaliste. C’est ce compromis que le Likoud a progressivement liquidé ne pouvant plus garantir le même niveau de vie au plus pauvres. Pourtant la définition d’Israël comme « État sioniste » résiste. Agiter des mots comme « sioniste », « lobby », etc. – consciemment ou pas – sert à charger l’existence d’Israël d’une aire d’intrigue, de mystère, de conspiration, d’exceptionnalité, dont il n’est pas difficile de saisir le message subliminal : les Israéliens, c’est-à-dire les Juifs, ne sont pas comme les autres. Alors que le seul secret qu’il y a dans toute cette histoire, c’est le mouvement du capital que peu regardent en face. La concurrence généralisé, qui oppose entre eux « ceux d’en haut » et aussi « ceux d’en bas ». L’aggravation de la situation du prolétariat israélien et la quart-mondialisation du prolétariat palestinien appartiennent bien aux mêmes mutations du capitalisme israélien, mais cela ne nous donne pour autant les conditions de la moindre « solidarité » entre les deux, bien au contraire. Pour le prolétaire israélien, le Palestinien au bas salaire est un danger social et de plus en plus physique, pour le prolétaire palestinien les avantages que l’Israélien peut conserver reposent sur son exploitation, sa relégation accrue et l’accaparement des territoires ».

    La #solidarité est devenue un acte libéral, de conscience, qui se déroule entièrement dans le for intérieur de l’individu. Nous aurons tout au plus quelques slogans, une manifestation, peut-être un tract, deux insultes à un flic… et puis tout le monde rentre chez soi. Splendeur et misère du militantisme. Entre temps, la guerre – traditionnelle ou asymétrique – se fait avec les armes, et la bonne question à se poser est la suivante : d’où viennent-elles ? Qui les paye ? Il fut un temps, les lance-roquettes Katioucha arrivaient avec le « Vent d’Est ». Aujourd’hui, pour les Qassam, il faut dire merci à la #Syrie et à l’#Iran. Il fut un temps où l’on pouvait croire que la Révolution Palestinienne allait enflammer le Tiers Monde et, de là, le monde entier. En réalité le sort des Palestiniens se décidait ailleurs, et ils servirent de chair à canon à l’intérieur des équilibres de la #Guerre_Froide. Réalité et mythe de la « solidarité internationale ».

    Nous savons trop bien comment la #religion peut être « le soupir de la créature opprimée, le sentiment d’un monde sans cœur » (Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel). Mais cette généralité vaut en Palestine, en Italie comme partout ailleurs. Dans le Proche et Moyen-Orient, comme dans la plupart des pays arabes du bassin méditerranéen, l’islamisme n’est pas une idéologie tombée du ciel, elle correspond à l’évolution des luttes entre les classes dans cette zone, à la fin des nationalisme arabe et la nécessité de l’appareil d’état pour assurer l’accumulation capitaliste. Le minimum, je n’ose même pas dire de solidarité, mais de respect pour les prolétaires palestiniens et israeliens, nous impose tout d’abord d’être lucides et sans illusions sur la situation actuelle ; de ne pas considérer le prolétariat palestinien comme des abrutis qui se feraient embobiner par le Hamas ni comme des saints investi par le Mandat du Ciel Prolétarien ; de ne pas considérer le prolétariat israélien comme des abruti qui serait simplement rempli de haine envers les palestinien ni comme des saint dont la situation ne repose pas sur l’exploitation d’autres. L’#antisionisme est une impasse, tout comme l’#antimondialisme (défense du #capital_national contre le capital mondialisé), ou toutes les propositions de gestion alternative du capital, qui font parties du déroulement ordinaire de la lutte des classe sans jamais abolir les classes. Sans pour autant tomber dans un appel à la révolution globale immédiate pour seule solution, il nous faut partir de la réalité concrètes et des divisions existantes du mode de production, pour s’y attaquer. Le communisme n’est pas le fruit d’un choix, c’est un mouvement historique. C’est avec cette approche que nous cherchons à affronter cette question. Il en reste pas moins que désormais – à force de réfléchir a partir de catégories bourgeoises comme « le droit », « la justice » et « le peuple » – il n’est pas seulement difficile d’imaginer une quelconque solution, mais il est devenu quasi impossible de dire des choses sensées à cet égard.

    (version partiellement corrigée de ses erreurs typo et orthographe par moi)

  • La militante Nasrin Sotoudeh arrêtée et “rouée de coups” lors des funérailles d’Armita Garawand
    Dimanche 29 octobre, les autorités iraniennes ont arrêté plusieurs militants des droits de l’homme, dont la célèbre avocate Nasrin Sotoudeh, lors des funérailles d’Armita Garawand. Cette jeune lycéenne est décédée des suites d’une chute dans le métro, imputée par les opposants au régime à une altercation avec la police des mœurs.
    https://www.courrierinternational.com/article/iran-la-militante-nasrin-sotoudeh-arretee-et-rouee-de-coups-l
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/17/iran-entretien-avec-frieda-afary-en-deux-parties/#comment-59261

    #international #iran

  • La guerre de Gaza et la situation mondiale. Vincent Présumey, 23/10/2023
    https://aplutsoc.org/2023/10/24/la-guerre-de-gaza-et-la-situation-mondiale-vincent-presumey-le-23-10-2023

    Il est indispensable d’intégrer ce qui est pour l’instant la #guerre de #Gaza mais pourrait devenir plus et pire, depuis les 7-8 octobre 2023, à l’analyse globale de la crise mondiale contemporaine. Le plus grand danger intellectuel, et par voie de conséquence politique et moral, serait de croire à un feuilleton déjà connu, tant les forces en présence dans cette région du monde sont observées, mythifiées, assimilées dans les consciences depuis des décennies. Ce danger est aggravé par le fait que la question en surplomb dans la situation mondiale, c’est celle de la #guerre_mondiale. Devant un théâtre où tout le monde croit reconnaître les siens, et devant un danger que l’on préfère souvent ne pas nommer, grande est la tentation de fuir sans phrases, fuir la démarche qui consiste à analyser pour trouver comment agir en intégrant le nouveau et pas en répétant seulement le connu ou ce que l’on croit connaître.

    Réciter les slogans et s’y réfugier n’est plus que conservatisme devant la catastrophe et ne conjure rien du tout. Le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté, inséparables, devraient être de rigueur.

    Le tournant du 7 octobre 2023 est l’évènement le plus retentissant, au plan mondial, depuis le 24 février 2022. Il ne nous ramène nullement à l’avant 24 février. Au contraire, il nous engage plus encore dans le XXI° siècle des guerres et des révolutions.

    Plan du texte :

    Le cadre dans lequel cette guerre survient.
    « Sud global » contre « Occident », ou le discours de l’impérialisme multipolaire.
    La balance de la justice, vraiment ?
    Le sens historique des #pogroms des 7-8 octobre.
    La nature de la guerre israélienne contre Gaza.
    La place de l’#Iran.
    A propos du « deux poids deux mesures ».
    Le positionnement de Washington et la possibilité sous-jacente de la guerre mondiale.

    ... Qu’il soit nécessaire, pour analyser la place de la guerre engagée le 7 octobre, d’une analyse mondiale intégrant la guerre en Ukraine et reliant les deux guerres, semble [...] tout à fait inenvisageable, voire impensable. Sud global contre Occident impérialiste, telle est la représentation idéologique qui doit submerger tout autre discours, toute autre réflexion

    ... plus riches des dures leçons de l’histoire et des combats anticolonialistes, sont les réflexions de nos camarades ukrainiens propalestiniens, que les pogroms révulsent et qui s’écrient, comme Hanna Perekhoda : « Notre Hamas, nous l’avons eu ! », c’était l’OUN, et cela pourrait être Azov : ces camarades, aux premiers rangs de la lutte de libération nationale, récusent ces organisations, leurs méthodes et leurs crimes, antisémites et antipolonais, récusent tout amalgame mythique entre leur lutte à eux, la guerre de libération actuelle, et la tradition « bandériste », et savent combien la nation ukrainienne a payé et paie cher ces crimes et cet amalgame, « nazi-ukrainien », cette équation raciste que, s’agissant des Palestiniens, Gilbert Achcar croit conjurer en dénonçant leur « nazification », mais qu’il conforte en fait, en montant un échafaudage idéologique pour nous expliquer que les crimes du Hamas, dans sa petite « balance de la justice » qui ne serait soi-disant « pas métaphysique » et pas occidentale, sont des crimes de bonne qualité puisque ce sont des crimes commis du bon côté.

    .... « S’il y a une leçon à tirer de la guerre de libération algérienne, c’est bien que le terrorisme contre les civils dessert les luttes des opprimés et des exclus (...) » - écrivait Mohamed Harbi, qui sait de quoi il parle, dans Hommes et libertés, n°117, janvier-mars 2002.

    .... Pas plus que le Hamas ne combattait l’oppression nationale et coloniale israélienne les 7 et 8 octobre, l’armée israélienne ne « riposte » ou n’exerce des « représailles » visant à « détruire le Hamas » à Gaza. Il s’agit de la plus monstrueuse opération menée contre cette population civile emprisonnée dans un immense ghetto

    .... Beaucoup de commentateurs parlent d’une « seconde #Nakba ». Là encore soyons clairs : c’est pire. L’histoire n’est pas répétition, et tant que le capitalisme conduit biosphère et genre humain à l’abîme, elle est aggravation. C’est pire parce que de plus grande dimension, parce que la population gazaouie n’a pas où aller, l’Égypte fermant ses portes, l’errance au Sinaï, ce vieux mythe n’est-ce pas, signifiant la décimation, pire aussi parce que le nettoyage ethnique en Cisjordanie pourrait bien être le corollaire.

    ... l’Iran. Engagé dans une fuite en avant par peur de la révolution, peur de « Femmes, Vie, Liberté », la caste oligarchique ultra-réactionnaire des mollahs a un programme, un programme de réaction sur toute la ligne, et le génocide du peuple judéo-israélien en fait partie. Il en fait partie, à côté de la répression sauvage en Iran, de l’écrasement des kurdes, de la vassalisation de l’Irak, de l’inféodation du #Liban aux structures mafieuses du #Hezbollah, et du charcutage de la Syrie avec l’expulsion des arabes sunnites d’une grande partie du territoire.

    ... Le rôle contre- révolutionnaire de l’Iran lui a permis d’avoir la tolérance états-unienne, contre la révolution syrienne, et l’alliance russe. .....

    en pdf
    https://aplutsoc.files.wordpress.com/2023/10/la-guerre-de-gaza-et-la-situation-mondiale_vp_2023-10-23.p

    #campisme #Israël #E-U #U.S.A #impérialisme_multipolaire #guerre_en_Ukraine #internationalisme #Gilbert_Achcar #Franz_Fanon #pogroms (by both sides) #Jewish_Voice_for_Peace #crimes_contre_l’humanité #gazaouis

  • Fariba Adelkhah rentre en France après près de 4 ans de captivité en Iran

    Paris, le 18 octobre 2023 – Sciences Po annonce avec soulagement le retour en France de Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po. Elle a été détenue en Iran de juin 2019 à février 2023.
    Spécialiste reconnue du chiisme et de l’Iran post-révolutionnaire, Fariba Adelkhah avait été condamnée en mai 2020 à une peine de prison de cinq ans. Depuis, les communautés de Sciences Po n’ont eu de cesse de réclamer sa libération.
    Depuis mardi, Fariba Adelkhah est enfin de retour en France. Elle a été accueillie à son arrivée à l’aéroport par Béatrice Hibou, présidente de son comité de soutien, et Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2019/12/27/iran-communique-du-comite-de-soutien-a-fariba-en-greve-de-la-faim-et-de-la-soif/#comment-59162

    #international #iran

  • « Après quatre ans et demi de privation de liberté me voici de retour en France »
    https://academia.hypotheses.org/52956

    Academia reproduit les premiers mots de Fariba Adelkhah, rentrée en France le 17 octobre 2023 Je tiens à remercier du fond du coeur la diplomatie française ; mon avocat qui a aussi été un soutien et une présence amicale incomparables … Continuer la lecture →

    #Actualités_/_News #Asie #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #World_-_Ailleurs_dans_le_monde #Iran

  • Aux #origines de l’#histoire complexe du #Hamas

    Le Hamas replace violemment la question palestinienne sur le devant de la scène géopolitique. Retour aux origines du mouvement islamiste palestinien, fondé lors de la première Intifada et classé organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.

    L’arméeL’armée israélienne a indiqué, samedi 14 octobre, avoir tué deux figures du Hamas qui auraient joué un rôle majeur dans l’attaque terroriste qui a plongé il y a une semaine le peuple israélien dans « les jours les plus traumatiques jamais connus depuis la Shoah », pour reprendre l’expression de la sociologue franco-israélienne Eva Illouz (plus de 1 300 morts, 3 200 blessés ainsi qu’au moins 120 otages, parmi lesquels de nombreux civils).

    Le responsable des Nukhba, les unités d’élite du Hamas, Ali Qadi, aurait été tué, de même que Merad Abou Merad, chef des opérations aériennes dans la ville de Gaza. Dimanche, c’est la mort d’un commandant des Nukhba, Bilal el-Kadra, présenté par l’armée israélienne comme le responsable des massacres du 7 octobre dans les kibboutz de Nirim et de Nir Oz, qui a été annoncée.

    Depuis l’offensive surprise du Hamas, Israël assiège et pilonne en représailles la bande de Gaza. Ses bombardements ont fait en l’espace de quelques jours 2 750 morts, dont plus de 700 enfants, et 9 700 blessés, selon un bilan du ministère palestinien de la santé du Hamas établi lundi matin. « Ce n’est que le début », a prévenu le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui a déclaré : « Le Hamas, c’est Daech et nous allons les écraser et les détruire comme le monde a détruit Daech. »

    S’il est difficile de ne pas convoquer la barbarie de Daech en Syrie, en Irak ou sur le sol européen devant les massacres commis le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien dans la rue, des maisons ou en pleine rave party, la comparaison entre les deux organisations a ses limites.

    « Oui, le Hamas a commis des crimes odieux, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, mais c’est un mouvement nationaliste qui n’a rien à voir avec Daech ou Al-Qaïda, nuance Jean-Paul Chagnollaud, professeur des universités, directeur de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée/Moyen-Orient (iReMMO). Il représente ou représentait largement un bon tiers du peuple palestinien. Si Mahmoud Abbas [chef de l’Autorité palestinienne – ndlr] a annulé les élections il y a deux ans, c’est parce que le Hamas avait des chances d’emporter les législatives. »

    « La comparaison avec Daech a une visée politique qui consiste à enfermer le Hamas dans un rôle de groupe djihadiste, abonde le chercheur Xavier Guignard, spécialiste de la Palestine au sein du centre de recherche indépendant Noria. Je comprends le besoin de caractériser ce qu’il s’est produit, mais cette comparaison nous prive de voir tout ce qu’est aussi le Hamas », un mouvement islamiste de libération nationale, protéiforme, politique et militaire, qui est l’acronyme de « Harakat al-muqawama al-islamiya », qui signifie « Mouvement de la résistance islamique ».

    Considéré comme terroriste par l’Union européenne, les États-Unis ainsi que de nombreux pays occidentaux, le Hamas, dont la branche politique dans la bande de Gaza est dirigée par Yahya Sinouar (qui fut libéré en 2011 après vingt-deux ans dans les geôles israéliennes lors de l’échange de 1 027 prisonniers palestiniens contre le soldat franco-israélien Gilad Shalit), est arrivé au pouvoir lors d’une élection démocratique. Il a remporté les législatives de 2006. L’année suivante, il prend par la force le contrôle de la bande de Gaza au terme d’affrontements sanglants et aux dépens de l’Autorité palestinienne (AP), reconnue par la communauté internationale et dominée par le Fatah (Mouvement national palestinien de libération, non religieux) de Mahmoud Abbas, qui contrôle la Cisjordanie.
    Guerre fratricide

    Cette prise de pouvoir constitue un moment charnière. Elle provoque une guerre fratricide entre les formations palestiniennes et offre à l’État hébreu une occasion de durcir encore, en riposte, le blocus dans la bande de Gaza, en limitant la circulation des personnes et des biens, avec le soutien de l’Égypte. Un blocus dévastateur par terre, air et mer qui asphyxie l’économie et la population depuis plus d’une décennie et a été aggravé par les guerres successives et les destructions sous l’effet des bombardements israéliens.

    Officiellement, pour Israël, qui a décolonisé le territoire en 2005, le blocus vise à empêcher que le Hamas, qui se caractérise par une lutte armée contre l’État hébreu, se fournisse en armes. Créé en décembre 1987 par les Frères musulmans palestiniens (dont la branche a été fondée à Jérusalem en 1946, deux ans avant la proclamation de l’État d’Israël), lors de la première intifada (soit le soulèvement palestinien contre l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza), alors massive et populaire, le mouvement a épousé la lutte armée contre Israël à cette époque.

    « Un profond débat interne » avait alors agité ses fondateurs, comme le raconte sur la plateforme Cairn l’universitaire palestinien Khaled Hroub : « Deux points de vue s’opposent. Les uns poussent à un tournant politique dans le sens d’une résistance à l’occupation, contournant par là les idées anciennes et traditionnelles en fonction desquelles il convient de penser avant tout à l’islamisation de la société. Les autres relèvent de l’école classique des Frères musulmans : “préparer les générations” à une bataille dont la date précise n’est toutefois pas fixée. Avec l’éruption de l’intifada, les tenants de la ligne dure gagnent du terrain, arguant des répercussions très négatives sur le mouvement si les islamistes ne participent pas clairement au soulèvement, sur un même plan que les autres organisations palestiniennes qui y prennent part. »

    Acculé par son « rival plus petit et plus actif », le Jihad islamique, « une organisation de même type – et non pas nationaliste ou de gauche », poursuit Khaled Hroub, le Hamas a fini par accélérer sa transformation interne.

    La transformation de la branche palestinienne des Frères musulmans en Mouvement de la résistance islamique n’est pas allée de soi, et les discussions ont été vives avant que le sheikh Yassin, tout frêle qu’il soit dans son fauteuil roulant de paralytique, ne l’emporte. Une partie des membres tenaient en effet à rester sur la ligne frériste : transformer la société par le prêche, l’éducation et le social. Le nationalisme n’a pas droit de cité dans cette conception, c’est la communauté des croyants qui compte. Le Hamas, lui, rajoute à l’islam politique une dimension nationaliste.

    Sa charte, 36 articles en cinq chapitres, rédigée en 1988, violemment antisémite, est sans équivoque : le Hamas appelle au djihad (guerre sainte) contre les juifs, à la destruction d’Israël et à l’instauration d’un État islamique palestinien. Vingt-neuf ans plus tard, en 2017, une nouvelle charte est publiée sans annuler celle de 1988. Le Hamas accepte l’idée d’un État palestinien limité aux frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale et le droit au retour des réfugié·es, et dit mener un combat contre « les agresseurs sionistes occupants » et non contre les juifs.

    En 1991, la branche du Hamas consacrée au renseignement devient une branche armée, celle des Brigades Izz al-Din al-Qassam. À partir d’avril 1993, l’année des accords d’Oslo signés entre l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) de Yasser Arafat et l’État hébreu, que le Hamas a rejetés estimant qu’il s’agissait d’une capitulation, les Brigades Izz al-Din al-Qassam mènent régulièrement des attaques terroristes contre les soldats et les civils israéliens pour faire échouer le processus de paix. Pendant des années, elles privilégient les attentats-suicides, avant d’opter à partir de 2006 pour les tirs de roquettes et de mortiers depuis Gaza.

    Ces dernières années, le Hamas, critiqué pour sa gestion autoritaire de la bande de Gaza, sa corruption, ses multiples violations des droits humains (il a réprimé en 2019 la colère de la population exténuée par le blocus israélien), était réputé en perte de vitesse, mis face à l’usure du pouvoir.
    Prise de pouvoir de la branche militaire

    Son offensive meurtrière par la terre, les airs et la mer du samedi 7 octobre – cinquante ans, quasiment jour pour jour, après le déclenchement de la guerre de Kippour et à l’heure des accords d’Abraham visant à normaliser les relations entre Israël et plusieurs pays arabes sur le dos des Palestiniens et sous pression des États-Unis – le replace en première ligne. Elle révèle sa nouvelle puissance ainsi qu’un savoir-faire jusque-là inédit dans sa capacité de terrasser l’une des armées les plus puissantes de la région et d’humilier le Mossad et le Shin Bet, les tout-puissants organes du renseignement extérieur et intérieur israélien.

    Elle révèle aussi le pouvoir pris par la branche militaire sur la branche politique d’un mouvement sunnite qui serait fort d’une mini-armée, dotée d’environ 40 000 combattants et de multiples spécialistes, notamment en cybersécurité, selon Reuters. Un mouvement qui peut compter sur ses alliés du « Front de la résistance » pour l’équiper : l’Iran, la Syrie et le groupe islamiste chiite Hezbollah au Liban, avec lesquels il partage le rejet d’Israël.

    Sur les plans militaire, diplomatique et financier, l’Iran chiite est l’un de ses principaux soutiens. Selon un rapport du Département d’État américain de 2020, cité par Reuters, l’Iran fournit environ 100 millions de dollars par an à des groupes palestiniens, notamment au Hamas. Cette aide aurait considérablement augmenté au cours de l’année écoulée, passant à environ 350 millions de dollars, selon Reuters.

    Le Hamas n’est pas seulement un mouvement politique et une organisation combattante, c’est aussi une administration. À ce titre, il lève des impôts et met en place des taxes sur tout ce qui rentre dans la bande de Gaza, soit légalement, par les points de passage avec Israël et avec l’Égypte, soit illégalement. Les revenus qu’il perçoit ainsi sont estimés à près de 12 millions d’euros par mois. Ce qui est peu, finalement, car cette administration doit payer ses fonctionnaires et assurer un minimum de protection sociale, sous forme d’écoles, d’institutions de santé, d’aides aux plus défavorisés. Il est en cela aidé par le Qatar sunnite, avec l’aval du gouvernement israélien. L’émirat a ainsi versé 228 millions d’euros en 2021 et cette somme devait être portée à 342 millions en 2021.

    Le Hamas figurant sur les listes américaine et européenne des mouvements soutenant le terrorisme, le système bancaire international lui est fermé. Aussi, quand cette aide est mise en place, en 2018, ce sont des valises de billets qui arrivent, en provenance du Qatar, à l’aéroport de Tel Aviv et prennent ensuite la route de Gaza où elles pénètrent le plus officiellement du monde. Par la suite, les opérations seront plus discrètes.

    Plus discrets, aussi, d’autres transferts à des fins moins avouables que le paiement du fuel pour la centrale électrique ou des médicaments pour les hôpitaux. Ceux-là arrivent jusqu’au Hamas par des cryptomonnaies. Même si les relations avec l’Iran sont moins bonnes depuis que le Hamas a soutenu la révolution syrienne de 2011, la république islamique reste encore le principal financier de son arsenal, de l’aveu même d’Ismail Hanniyeh. Le chef du bureau politique du Hamas, basé à Doha, a affirmé en mars 2023 que Téhéran avait versé 66 millions d’euros pour l’aider à développer son armement.

    Le Qatar accueille également plusieurs des dirigeants du Hamas. Quand ils ne s’abritent pas au Liban ou dans « le métro » de Gaza, ce dédale de tunnels creusés sous terre depuis l’aube des années 2000, qui servent tout à la fois de planques et d’usines où l’on fabrique ou importe des armes, bombes, mortiers, roquettes, missiles antichar et antiaériens, etc.

    Pour les uns, le Hamas a enterré la cause palestinienne à jamais le 7 octobre 2023 et est le meilleur ennemi des Palestinien·nes. Pour les autres, il a réalisé un acte de résistance, de libération nationale face à la permanence de l’occupation, la mise en danger des lieux saints à Jérusalem, l’occupation en Cisjordanie. « Quand il s’agit de la cause palestinienne, tout mouvement se dressant contre Israël est considéré comme un héraut, quelle que soit son idéologie », constate Mohamed al-Masri, chercheur au Centre arabe de recherches et d’études politiques de Doha, au Qatar, dans un entretien à Mediapart.

    Samedi 7 octobre, c’est Mohammed Deif qui a annoncé le lancement de l’opération « Déluge d’al-Aqsa » contre Israël pour « mettre fin à tous les crimes de l’occupation ». Le nom n’est pas choisi au hasard. Il fait référence à l’emblématique mosquée dans la vieille ville de Jérusalem, symbole de la résistance palestinienne et troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine, d’où le prophète Mahomet s’est élevé dans le ciel pour rencontrer les anciens prophètes, dont Moïse, et se rapprocher de Dieu.

    Mohammed Deif est l’ennemi numéro un de l’État hébreu, le cerveau de ce qui est devenu « le 11-Septembre israélien » : il est le commandant de la branche armée du Hamas. Surnommé le « chat à neuf vies » pour avoir survécu à de multiples tentatives d’assassinat, Mohammed Diab Ibrahim al-Masri, de son vrai nom, serait né en 1965 dans le camp de réfugié·es de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Il doit son surnom de « Deif » – « invité » en arabe – au fait qu’il ne dort jamais au même endroit.

    Il a rejoint le Hamas dans les années 1990, connu la prison israélienne pour cela, avant d’aider ensuite à fonder la branche armée du Hamas dans les pas de son mentor qui lui a appris les rudiments des explosifs, Yahya Ayyash. Après l’assassinat de ce dernier, il a pris les rênes des Brigades Al-Qassam. Israël peut détruire l’appareil du Hamas, avec des assassinats ciblés. D’autres se tiennent prêts à prendre la relève dans l’ombre des maîtres. Deif en est un exemple emblématique.

    « Le Hamas a été promu en sous-main par Nétanyahou, rappelle dans un entretien à Mediapart l’écrivain palestinien et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, Elias Sanbar. J’ai le souvenir, tandis qu’Israël organisait un blocus financier à l’encontre du Fatah et de l’Autorité palestinienne, que les transferts d’argent au Hamas passaient alors par des banques israéliennes ! La créature d’Israël s’est retournée contre lui. Entre-temps, elle s’est nourrie des échecs de l’Autorité palestinienne, dont les représentants sont accusés d’être des naïfs, sinon des traîtres, partant depuis 1993 dans des négociations avec Israël pour en revenir toujours bredouilles. »

    –—

    Sur la charte de 1988 et le document de 2017

    La charte du Hamas, publiée en 1988 (il existe une traduction du texte intégral réalisée par le chercheur Jean-François Legrain, spécialiste du Hamas), reprend les antiennes antisémites européennes. Elle définit le Hamas comme « un des épisodes du djihad mené contre l’invasion sioniste » et affirme notamment que le mouvement « considère que la terre de Palestine [dans cette acceptation Israël, Cisjordanie et bande de Gaza – ndlr] est une terre islamique de waqf [mot arabe signifiant legs pieux et désignant des biens inaliénables dont l’usufruit est consacré à une institution religieuse ou d’utilité publique – ndlr] pour toutes les générations de musulmans jusqu’au jour de la résurrection. Il est illicite d’y renoncer tout ou en partie, de s’en séparer tout ou en partie ».

    Dans son livre Le Grand aveuglement, sur les relations parfois en forme de pas-de-deux, entre les dirigeants israéliens successifs et le Hamas, Charles Enderlin cite de nombreux rapports du Shabak, service de renseignement intérieur de l’État hébreu. Dont celui-ci, dans la foulée de la diffusion de la charte de 1988 : « Le Hamas présente la libération de la Palestine comme liée à trois cercles : palestinien, arabe et islamique. Cela signifie le rejet absolu de toute initiative en faveur d’un accord de paix, car : “Renoncer à une partie de la Palestine équivaut à renoncer à une partie de la religion. La seule solution au problème palestinien c’est le djihad”. »

    Dans la lignée de ce texte, le Hamas, qui n’appartient pas à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dont fait partie le Fatah, parti de Yasser Arafat, rejette évidemment les Accords d’Oslo et toutes les phases de négociations.

    Au fil des années cependant se feront jour des déclarations plus pragmatiques. Le sheikh Yassin lui-même a, avant son assassinat par Israël en 2004, affirmé à plusieurs reprises que le Hamas était près à une hudna (trêve) avec l’État hébreu, laissant aux générations futures le soin de reprendre, ou non, le combat.

    La participation du Hamas aux élections législatives de 2006 est considérée comme une reconnaissance informelle et non dite de l’État d’Israël. Le Hamas accepte en effet un scrutin qui se déroule sur une partie, et une partie seulement, de la Palestine historique, celle des frontières de 1967, ceci en contradiction avec la charte de 1988.

    Dans une longue et savante analyse, l’historien Jean-François Legrain, reconnu comme un des meilleurs spécialistes français du Hamas, explique que la charte de 1988, écrit par un individu anonyme, n’a pas fait consensus dans les instances dirigeantes du Hamas. Elle était très peu citée par ses cadres. Ce qui ne signifie pas que des responsables du Hamas ne tenaient pas des discours antisémites. Lors d’une interview en 2009, Mahmoud al-Zahar, alors important responsable du Hamas dans la bande de Gaza, défendait la véracité du Protocole des sages de Sion, cité dans la charte de 1988.

    Au cours de la décennie qui suit sa victoire aux élections législatives puis sa guerre fratricide avec le Fatah, le Hamas, maître désormais de la bande de Gaza, montrera qu’il ne renonce pas à la lutte armée : s’il semble avoir renoncé aux attentats-suicides, si nombreux de 1993 à 1996 puis entre 2001 et 2005, il lance régulièrement des roquettes Qassam, du nom de sa branche militaire, en direction du territoire israélien.

    Ce sont les civils qui en paient le prix, avec des guerres lancées contre la bande de Gaza en 2008, 2012, 2014 et 2021. Le Hamas, sans abandonner la lutte armée, adopte en 2017 un Document de principes et de politique généraux qui semble aller contre les principes de la charte de 1988. Il ne s’agit plus de lutter contre les Juifs, mais contre les sionistes : « Le Hamas affirme que son conflit porte sur le projet sioniste et non sur les Juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne mène pas une lutte contre les Juifs parce qu’ils sont juifs, mais contre les sionistes qui occupent la Palestine » (article 16). Plus remarqué encore, l’acceptation des frontières de 1967 : « Le Hamas rejette toute alternative à la libération pleine et entière de la Palestine, du fleuve à la mer. Cependant, sans compromettre son rejet de l’entité sioniste et sans renoncer à aucun droit palestinien, le Hamas considère que la création d’un État palestinien pleinement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale, selon les lignes du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs foyers d’où ils ont été expulsés, est une formule qui fait l’objet d’un consensus national » (article 20).

    La charte de 1988 n’est pour autant pas caduque, explique à la chercheuse Leila Seurat Khaled Mechaal, un des membres fondateurs du Hamas : « Le Hamas refuse de se soumettre aux désidératas des autres États. Sa pensée politique n’est jamais le résultat de pressions émanant de l’extérieur. Notre principe c’est : pas de changement de document. Le Hamas n’oublie pas son passé. Néanmoins la charte illustre la période des années 1980 et le document illustre notre politique en 2017. À chaque époque ses textes. Cette évolution ne doit pas être entendue comme un éloignement des principes originels, mais plutôt comme une dérivation (ichtiqaq) de la pensée et des outils pour servir au mieux la cause dans son étape actuelle. »

    Le nouveau document maintient, de toute façon, la lutte armée comme moyen de parvenir à ses fins.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/161023/aux-origines-de-l-histoire-complexe-du-hamas
    #à_lire
    #complexité #Palestine #Israël #Intifada #Gaza #bande_de_Gaza #Daech #Fatah #blocus #lutte_armée #frères_musulmans #nationalisme #islam_politique #djihad #Brigades_Izz al-Din_al-Qassam #terrorisme #corruption #droits_humains #droits_fondamentaux #Iran #Qatar #armes #armement #tunnels #occupation #résistance #libération_nationale #Déluge_d’al-Aqsa #7_octobre_2023 #Mohammed_Deif #Yahya_Ayyash #Brigades_Al-Qassam #Autorité_palestinienne

  • Iran : entretien avec Frieda Afary en deux parties

    Démêler l’écheveau de l’histoire iranienne avec Frieda Afary : droits des femmes, contradictions de classe, fondamentalisme islamique et erreurs des forces de gauche
    La rébellion iranienne, le rôle de la Russie et la responsabilité des intellectuels. Entretien avec Frieda Afary

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/17/iran-entretien-avec-frieda-afary-en-deux-parti

    #international #iran

  • Narges Mohammadi : un prix Nobel de la paix aussi contre l’extrême-droite

    20 ans après le prix Nobel de la paix de Shirin Ebadi, une femme iranienne est une nouvelle fois décorée du prix du comité norvégien. La récompense attribuée à Narges Mohammadi, 51 ans, emprisonnée par le régime des Mollahs pour son militantisme, détonne alors que l’extrême-droite progresse dans de nombreux pays, impliquant un recul des droits des femmes.

    Une lauréate du prix Nobel de la paix au milieu des avancées de l’extrême droite

    Sur l’une des photos illustrant la nouvelle qui la place sous les feux de la rampe en tant que nouvelle lauréate du prix Nobel de la paix, l’activiste et journaliste iranienne Narges Mohammadi, 51 ans, porte un chemisier blanc et son visage est à peine maquillé. Ses lèvres rouges sont peintes en un demi-sourire, ses cheveux sombres et ondulés sont lâchés, dévoilés, sans hijab. Derrière elle, il y a un mur avec un papier peint à rayures claires et un tableau coloré ; il pourrait s’agir d’une pièce d’une maison ou d’un bureau. Dans une autre, on la voit dans la rue, portant un foulard vert qui couvre sa tête mais laisse apparaître une partie de ses cheveux noirs, et elle fait – toujours avec son demi-sourire – le traditionnel V de la victoire avec sa main droite. Sur le compte Instagram qui porte son nom, on trouve une photo postée il y a quelques heures où elle rit, porte une chemise jaune vif, un collier de perles de différentes couleurs et, une fois de plus, ses cheveux ondulés sont libres. Elle est appuyée sur une table ou un bureau et sur le côté, on peut voir une partie d’une bibliothèque avec de nombreux livres.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/13/narges-mohammadi-un-prix-nobel-de-la-paix-auss

    #international #Iran

  • « Une partie de l’opinion palestinienne pourrait se retourner contre le Hamas », Dominique Vidal
    https://basta.media/Israel-Palestine-objectifs-des-attaques-du-Hamas-riposte-israelienne-bombar

    basta ! : Quels sont les objectifs du Hamas ? Pourquoi s’attaquer à des kibboutz ou tuer systématiquement les civils israéliens rencontrés sur le passage de leurs commandos ? Pourquoi ne pas avoir ciblé spécifiquement des objectifs militaires ?

    Dominique Vidal : En préambule, quiconque s’en prend à des civils, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, que ce soit dans les kibboutz dont les habitants ont été massacrés ou sous les bombes israéliennes à Gaza, commet des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité. Quand on dit qu’il ne faut pas deux poids deux mesures, cela s’applique dans les deux sens.

    C’est la première fois depuis 1948 que des combattants armés étrangers pénètrent sur le sol israélien. Cela ne s’était jamais produit, même en 1973 avec la guerre du Kippour – car c’est cette date, 50 ans après, que le Hamas a choisi pour déclencher son attaque. À l’époque, des soldats syriens et égyptiens ont attaqué le plateau du Golan [territoire syrien à l’époque occupé par Israël après la guerre de 1967, ndlr], et le canal de Suez, mais aucun n’a pénétré sur le territoire israélien en tant que tel. Donc ce qui s’est passé ce 7 octobre est vraiment sans précédent.

    Cette opération aussi préparée, massive, brutale et sanglante répond à trois motivations. La première est de traumatiser les Israéliens. C’est à mon avis un raisonnement absurde, qui ne tient pas compte des leçons de l’histoire, y compris de celle du Hamas. Lorsque, pendant la seconde intifada (de 2000 à 2005), le Hamas a mené des attentats kamikazes – environ 600 à 700 Israéliens sont morts dans ces attentats –, cela a contribué à faire basculer une partie de la population israélienne, y compris celle plutôt favorable au « processus de paix », vers la droite et l’#extrême_droite.

    #Palestine #Hamas #Gaza #Marwan_Barghouti #Israël #crimes_de_guerre #Iran #Arabie_Saoudite

    • Pourquoi le Hamas ne s’est-il pas contenté d’obtenir des avancées en négociant avec Israël ?

      C’est ce qu’il a fait jusqu’à ce 7 octobre. De bombardement en bombardement, d’attentat en attentat, on a quand même assisté à une forme d’alliance entre ces deux meilleurs ennemis que sont le Hamas et Israël. Les autorités israéliennes ont facilité la constitution du Hamas dès 1987 puis son développement pour qu’il puisse devenir un concurrent sérieux du Fatah, comme le raconte Charles Enderlin [correspondant de France 2 au Proche-Orient pendant plus de trente ans, ndlr] dans son livre Le grand aveuglement : Israël et l’irrésistible ascension de l’islam radical. L’objectif à l’époque était de diviser les Palestiniens pour les maîtriser plus facilement. Ce jeu s’est poursuivi avec Netanyahou pour affaiblir l’Autorité palestinienne.

    • Israël a avant toute chose créé (et j’estime que cela fut fait sciemment), les conditions d’apparition du Hamas en choisissant d’envahir le Liban pour liquider l’OLP ("paix en Gallilée", 1982), une tâche qui fut pour partie déléguée aux phalangistes libanais (massacres de palestiniens commis à Sabra et Chatila).

      37 ans après, la blague de « Bibi » 2019 (pour être peinards, encourageons le financement du Hamas) n’est que rappel obscène de ce choix, maintenu.

      et c’est ce qui vient de changer.

      #Benyamin_Netanyahou

    • Benyamin Netanyahou . Made in USA
      https://www.monde-diplomatique.fr/mav/98/VIDAL/16573

      Que M. Benyamin Netanyahou soit tombé, enfant, dans la marmite de l’extrême droite ne saurait surprendre : son père avait été le secrétaire du fondateur du mouvement sioniste révisionniste, Zeev Jabotinsky – que Benito Mussolini, un expert, qualifiait de « fasciste ». Réactionnaire, Benzion Netanyahou le fut au point d’abandonner, en 1963, un #Israël jugé « socialiste » pour s’exiler aux Etats-Unis.

      Pour « Bibi » commence une adolescence américaine. Certes, en 1967, à 18 ans, il part pour Israël prendre place, comme son frère Yonathan (qui trouvera la mort lors du sauvetage des otages d’Entebbe), dans l’unité d’élite de l’armée. 1973, retour outre-Atlantique. Sous le patronyme de Ben Nitaï, il devient américain et étudie l’économie au Massachusetts Institute of Technology.

      Après un passage en Israël, où… il vend des meubles, M. Netanyahou revient à New York. Ami de son père, l’ambassadeur israélien d’alors, Moshe Arens, l’appelle en 1982 à ses côtés. Le jeune diplomate – qui a rechangé de citoyenneté – apprend le bon usage des médias. Choyé par les vedettes de la télévision, il gravit les échelons : représentant d’Israël aux Nations unies en 1984, vice-ministre des affaires étrangères d’Israël en 1988, vice-ministre dans le cabinet du premier ministre en 1991.

      La victoire d’Itzhak Rabin met provisoirement fin à son ascension. « Bibi » prend alors la tête du Likoud, auquel il impose ses recettes. Américain, il ne le reste pas seulement par son accent bostonien. Economiquement, il ne jure que par la politique libérale de Milton Friedmann : privatisation des entreprises publiques, réduction du déficit budgétaire au détriment des services publics et des programmes sociaux, abaissement du taux d’imposition des riches comme des entreprises, etc.

      Stratégiquement, il s’inscrit pleinement dans la croisade contre le terrorisme, à laquelle il consacre trois livres. Il y regrette le soutien du président William Clinton à l’autonomie palestinienne, affirmant : « De même que les zones de libre échange stimulent le commerce, la création d’une “zone de libre-terrorisme” ne peut qu’encourager cette pratique. »

      Telle est l’inspiration du programme du gouvernement qu’il dirige à partir de 1996. M. Netanyahou inscrit son pays dans la mondialisation tout en multipliant les provocations contre les accords d’Oslo : ouverture du tunnel au bas de l’esplanade des Mosquées, construction de la colonie de Har Homa, sabotage du miniaccord de Wye River… Battu par M. Ehoud Barak en 1999, il se rabat sur la direction du Likoud, mais y trouve plus à droite que lui : le général Ariel Sharon lui souffle le leadership de l’opposition, avant d’être élu chef du gouvernement. Dès lors, il n’a plus d’autre choix que de participer à celui-ci, tout en jouant la surenchère, dans l’espoir de tirer un jour son épingle du jeu…

      Histoires d’Israël « manière de voir » 2008 un n° coordonné par Dominique Vidal.
      https://www.monde-diplomatique.fr/mav/98
      Week-end portes ouvertes : tous les articles en accès libre !

  • Pierre Razoux, historien : « Le Hamas fait tout pour attirer Israël dans le piège d’une opération terrestre »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/11/le-hamas-fait-tout-pour-attirer-israel-dans-le-piege-d-une-operation-terrest

    Il aurait pu s’agir du teaser d’une nouvelle saison de la série-culte israélienne Fauda [centrée sur les forces spéciales de l’armée], mais les images choquantes qui circulent depuis samedi 7 octobre et le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël reflètent le drame bien réel qui se noue autour de Gaza.

    Ce monsieur, que je ne connais(sais) pas, parle du Moyen-Orient à travers les séries télé (israéliennes) et les jeux vidéo. C’est brillant !...

    Extrait de sa notice Wikipedia : "Il est auditeur de la 67e session nationale « politique de défense » de l’Institut des hautes études de défense nationale (cycle 2014-2015). Il a créé également un jeu de guerre sur plateau qui a été commercialisé en mai 2017. Il est l’auteur d’un autre jeu nommé FITNA, d’après un mot arabe relatif aux rivalités entre musulmans, et pouvant être traduit par « révolte, agitation, sédition », sur les guerres au Moyen-orient."

    • Il est de toute façon très improbable que le Hezbollah prenne le risque de tout perdre en se lançant dans un conflit avec Israël, alors même qu’il s’est imposé comme l’acteur dominant au #Liban. L’#Iran n’a pas non plus intérêt à encourager le Hezbollah à attaquer Israël, alors même que la guerre déclenchée par le Hamas lui permet d’atteindre quatre objectifs importants : neutraliser la tentative de normalisation entre l’#Arabie_saoudite et Israël, focaliser l’attention du gouvernement israélien sur le front intérieur plutôt que sur le front extérieur (notamment au Sud-Caucase), affaiblir la posture dissuasive de Tsahal et donner une idée des dégâts que le #Hezbollah pourrait infliger à Israël en cas de confrontation majeure.

      Au regard d’un tel résultat, il est même légitime de se demander si les Iraniens, excellents joueurs d’échecs, n’ont pas manipulé le Hamas à son insu pour l’envoyer se sacrifier contre #Israël afin de servir leurs intérêts. Il n’est pas certain que le #Hamas, qui a brûlé ses vaisseaux, l’emportera face à la détermination des Israéliens. L’histoire tranchera.
      https://justpaste.it/d37lt

      #Palestine #Gaza

  • Iran : A propos du dernier livre de Chowra Makaremi : « Femme ! Vie ! Liberté ! Échos d’un soulèvement révolutionnaire en Iran » (La Découverte)

    Née peu de temps après l’instauration de la République islamique, Chowra Makaremi est simultanément :
    sociologue au CNRS, où elle travaille depuis plus d’une dizaine d’années sur la société iranienne contemporaine,
    fille d’opposantEs politiques persécutéEs sous le Chah, puis sous les Mollahs,
    féministe, anti-raciste et internationaliste,
    solidaire de longue date des mobilisations populaires en Iran et dans le monde.

    C’est donc tout naturellement que, dès le 16 septembre 2022, elle s’est enthousiasmée pour le soulèvement iranien.

    Pour le vivre au jour le jour, Chowra a contourné l’impossibilité pour elle d’être sur le terrain par une immersion à distance au sein des innombrables échanges ayant lieu en Iran sur les réseaux sociaux.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/10/iran-a-propos-du-dernier-livre-de-chowra-makar

    #international #iran

  • Iran – solidarité & sororité avec les femmes iraniennes (+ autres textes)

    Armita Garawand, lycéenne de 16 ans, est actuellement dans le coma suite à une violente altercation avec la police des mœurs à Téhéran, qui lui reprochait de ne pas porter de voile dans le métro. Cet évènement rappelle la violence systémique de ce régime notamment contre les femmes, qui luttent au quotidien avec courage.

    Le régime iranien redouble de méthodes oppressives pour contrôler et punir les femmes, comme le démontre le projet de loi « le hijab et la chasteté » approuvé mercredi 20 septembre par le Parlement islamique quelques jours après la commémoration du meurtre de Jina Mahsa AMINI. Ce texte prévoit un durcissement des sanctions contre les femmes qui ne portent pas « correctement » le voile dans les lieux publics. Celles qui enfreignent les dispositions prévues dans ce texte risquent entre cinq et dix ans de prison.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/08/iran-solidarite-sororite-avec-les-femmes-irani

    #international #iran #féminisme

  • Prix Nobel de la paix 2023 : Qui est Narges Mohammadi et pourquoi a-t-elle été choisie - BBC News Afrique
    https://www.bbc.com/afrique/monde-67029609

    En annonçant sa décision, le comité Nobel norvégien a déclaré que Mme Mohammadi, 51 ans, était récompensée pour sa lutte contre l’oppression des femmes en #Iran.

    Son combat a eu un « coût personnel énorme », a déclaré la présidente du comité, Berit Reiss-Andersen.

    Elle a précisé que Mme Mohammadi purgeait actuellement une peine de 31 ans de prison en Iran et qu’elle avait reçu 154 coups de fouet.

    Trita Parsi sur X :

    🧵Difficult to think of anyone deserving the Nobel Prize more than #NargesMohammadi!! It’s a major blow against the repressive government in Iran - but also against Diaspora figures who have slandered Mohammadi and sought to hijack the women’s movement in Iran.

    https://twitter.com/tparsi/status/1710293782648807499

  • Un collectif demande l’exclusion des athlètes iraniens dans cinq disciplines olympiques auxquelles les Iraniennes ne sont pas autorisées à participer, selon la République islamique d’Iran

    « La République islamique d’Iran, en plus de nombreuses restrictions faites aux femmes, interdit la participation de toute femme aux compétitions internationales de gymnastique, natation, lutte et volley-plage », ainsi qu’à « toutes les compétitions en boxe », ont dénoncé mercredi 13 septembre, lors d’une conférence de presse, l’ancien champion de boxe Mahyar Monshipour et l’avocat au Conseil d’État Frédéric Thiriez.

    Selon eux, le Comité national olympique de la République islamique d’Iran « devrait être sanctionné en voyant sa participation empêchée dans les cinq disciplines sportives précitées. » Pour Mahyar Monshipour, « si les Iraniennes sont exclues de certaines disciplines olympiques, alors les Iraniens aussi ».

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/04/un-collectif-demande-lexclusion-des-athletes-i

    #international #féminisme #sport #iran