• Irlande du Nord : nouvelle nuit de violences anti-immigrés, des actes « racistes », selon la police
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/12/en-irlande-du-nord-neuf-policiers-blesses-et-six-arrestations-apres-des-viol

    Irlande du Nord : nouvelle nuit de violences anti-immigrés, des actes « racistes », selon la police
    Le Monde avec AFP
    Neuf policiers ont été blessés et six personnes ont été arrêtées, dont trois adolescents, à l’issue d’une troisième nuit de violences anti-immigration en Irlande du Nord, a annoncé, jeudi 12 juin, la police.
    Les heurts se sont principalement produits dans la ville de Ballymena, où des individus s’en sont pris à nouveau aux forces de l’ordre, en jetant vers elles cocktails Molotov, feux d’artifice et autres projectiles, ainsi qu’une hachette, selon la police, qui a de nouveau eu recours à un canon à eau pour disperser la foule.Un centre de loisirs, où des familles déplacées par les émeutes à Ballymena avaient été logées temporairement, a été incendié à Larne, à une trentaine de kilomètres de là, sans qu’aucun blessé soit à déplorer.
    Ballymena est l’épicentre de ces émeutes, provoquées par l’inculpation de deux adolescents pour la tentative de viol d’une jeune fille dans cette ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Belfast.
    La police, qui a qualifié ces violences de « racistes », n’a pas communiqué sur l’origine des deux jeunes. Selon les médias britanniques, ils se sont exprimés par l’intermédiaire d’un interprète roumain lors de leur comparution lundi au tribunal. Les violences, au cours desquelles des habitations ont été incendiées, se sont produites dans un quartier où vit une importante population immigrée. Des incidents ont aussi eu lieu mercredi soir à Carrickfergus et Newtownabbey, non loin de Belfast, ainsi qu’à Coleraine, dans le nord de la province britannique, où le trafic des trains et des bus a dû être interrompu. Des rassemblements ont eu lieu à Belfast, mais se sont déroulés « majoritairement dans le calme », selon la police.
    Six personnes ont été arrêtées pendant la nuit – deux hommes d’une vingtaine d’années, un trentenaire, et trois adolescents – et « d’autres arrestations suivront », a déclaré la police, se disant déterminée à « identifier tous les responsables de ces désordres criminels ». Six personnes avaient déjà été arrêtées lors des nuits précédentes. Neuf policiers ont été légèrement blessés, ont ajouté les forces de l’ordre. Trente-deux autres avaient été blessés précédemment. Ryan Henderson, responsable de la police d’Irlande du Nord, a de nouveau condamné un « comportement criminel complètement inacceptable ». « Ce que nous avons vu hier soir a provoqué de la peur et d’énormes perturbations pour les populations, notamment dans notre réseau de transport », a-t-il souligné.

    #Covid-19#migrant#migration#irlandedunord#immigration#violence#sante

  • L’accélération de l’#IA pose déjà des questions de #pénuries d’#eau et d’#énergie

    Le Royaume-Uni comme les États-Unis viennent de présenter de nouveaux plans pour soutenir la mise en place d’#infrastructures pour l’IA dans leurs territoires. Mais actuellement, aux États-Unis, de nouvelles #centrales au gaz sont ouvertes pour répondre aux demandes d’énergie de l’IA. Au Royaume-Uni, l’implantation par le gouvernement de sa « première zone de croissance de l’IA » près d’un nouveau réservoir pose la question des priorités d’#accès_à_l'eau.

    Ce mardi 14 janvier et six jours avant la passation de pouvoir à Donal Trump, Joe Biden a publié un décret pour l’investissement des États-Unis dans des infrastructures. « Je signe aujourd’hui un décret historique visant à accélérer la vitesse à laquelle nous construisons la prochaine génération d’infrastructures d’IA ici aux États-Unis, de manière à renforcer la compétitivité économique, la sécurité nationale, la sécurité de l’IA et l’énergie propre », affirme-t-il.

    Selon certaines estimations, la consommation énergétique de l’IA devrait être multipliée par 4 à 9 d’ici 2050 et la consommation d’énergie des #data_centers aux États-Unis est déjà très carbonée.

    Le #gaz comme source d’énergie future aux États-Unis

    Mais, malgré les différentes annonces d’investissements dans le nucléaire par les géants du numérique, les États-Unis seraient plutôt à l’aube d’un boom de la construction de #centrales_électriques au gaz naturel, selon le Financial Times. Le journal économique américain explique que « les grandes entreprises technologiques se tournent vers les #combustibles_fossiles pour répondre aux énormes besoins en #électricité de la révolution de l’intelligence artificielle, ce qui met en péril les objectifs en matière de climat ».

    Le journal cite le cabinet de conseil en énergie #Enverus qui prévoit qu’au moins 80 centrales électriques au gaz seront construites aux États-Unis d’ici à 2030. Le Financial Times estime la capacité supplémentaire de ces centrales à 46 gigawatts, « soit la taille du réseau électrique norvégien et près de 20 % de plus que ce qui a été ajouté au cours des cinq dernières années ». Et selon Corianna Mah, analyste pour Enverus interrogée par le journal, « le gaz croît en fait plus rapidement aujourd’hui, et à moyen terme, que jamais auparavant ». Aucun des projets qu’Enverus a listés ne prévoit d’être équipé d’un système de capture de dioxyde de carbone.

    Approvisionnement de l’eau dans un lac de barrage prévu pour la population britannique

    De son côté, le gouvernement du Royaume-Uni vient d’annoncer une stratégie nationale pour faire de son pays un leader en matière d’intelligence artificielle. Dedans, il prévoit entre autres des « Zones de croissance de l’IA » (#IA_growth_zones), « des zones bénéficiant d’un meilleur accès à l’électricité et d’un soutien pour les autorisations de planification, afin d’accélérer la mise en place d’une infrastructure d’IA sur le sol britannique », comme l’explique le communiqué du Secrétariat d’État à la science, à l’innovation et à la technologie.

    Mais des questions se posent sur l’emplacement prévu de la première « #zone_de_croissance ». Situé à Culham, au siège de l’Autorité britannique de l’énergie atomique (UKAEA), cet endroit est aussi celui du premier nouveau lac de barrage construit depuis 30 ans aux Royaume-Uni, « qui était censé fournir de l’eau aux habitants du sud-est de l’Angleterre, qui souffre d’un grave problème d’approvisionnement en eau », explique le Guardian.

    Le journal britannique souligne que cette région est celle qui, selon l’agence environnementale nationale, est la plus sensible du pays aux manques d’eau. Entre les réserves d’eau disponibles et la demande attendue sans compter les data centers, le sud-est du pays sera confronté à un déficit potentiel de plus de 2,5 milliards de litres par jour d’ici 2050.

    Du côté énergétique, le gouvernement britannique a mis en place un Conseil de l’énergie de l’IA qui doit travailler avec les entreprises du secteur pour « pour comprendre les demandes et les défis énergétiques » liés à l’intelligence artificielle. Il parie encore sur la possibilité de mettre en place des #SMR (#réacteurs_nucléaires_modulaires).

    « L’expansion de l’IA a été un sujet de préoccupation pour #National_Grid [entreprise de distribution de l’électricité et du gaz notamment au Royaume-Uni], mais la vitesse à laquelle la demande de calcul de l’IA augmente a pris tout le monde par surprise et, à moins que nous n’équilibrions correctement les compromis ci-dessus, avec des politiques appropriées, toute l’énergie verte et bon marché dont nous disposons sera utilisée par les grandes entreprises technologiques, ce qui privera les familles qui souffrent déjà de la pauvreté énergétique », explique Gopal Ramchurn, chercheur de l’université de Southampton, interrogé par le Guardian.

    La #France s’appuie sur son #nucléaire, mais des tensions sont présentes

    Quant à la France, l’instabilité politique ne permet pas d’y voir très clair dans la politique du pays concernant l’IA. Lors de son discours de politique générale, le premier Ministre François Bayrou a évoqué l’IA lorsqu’il a annoncé la création d’un fonds spécial « entièrement [consacré] à la réforme de l’État ». Ce fonds sera financé par des actifs « en particulier immobiliers, qui appartiennent à la puissance publique, de façon à pouvoir investir, par exemple, dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos services publics ».

    Lors de ses vœux, le Président de la Région Normandie Hervé Morin a évoqué la volonté de sa région d’être référente en matière d’intelligence artificielle et d’accueillir des data centers sur trois ou quatre points du territoire. Il a mis en avant « son potentiel énergétique décarboné », faisant référence aux centrales nucléaires de Flamanville, Paluel et Penly et à l’EPR situé lui aussi à Flamanville.

    Mais RTE tirait récemment un signal d’alarme sur le foisonnement de projets de data centers prévus pour l’IA. Si l’entreprise affirmait en novembre à l’Usine Nouvelle avoir « assez d’électricité pour répondre à la croissance des besoins », elle pointait aussi du doigt une « course à la capacité » et un manque de planification :« plusieurs projets ont été abandonnés en raison de tensions sur la distribution de l’énergie », ajoutait-il.

    https://next.ink/165467/lacceleration-de-lia-pose-deja-des-questions-de-penuries-deau-et-denergie

    #intelligence_artificielle #AI #énergie_nucléaire

    • Pourquoi l’IA générative consomme-t-elle tant d’énergie ?

      #DeepSeek défraye la chronique en proposant un modèle dont les #performances seraient comparables à celles des modèles préexistants, pour un coût très réduit en termes de puissance de calcul et de données, et donc une #consommation_énergétique moindre. Quand on sait que Microsoft a indiqué une hausse de 29,1 % d’émission de carbone sur l’année 2023 et que différentes grandes entreprises du numérique investissent dans des capacités de production d’électricité, le tout en lien avec l’essor de l’#IA_générative, l’enjeu est de taille. Pourquoi l’IA générative consomme-t-elle tant ? Décryptage.

      Les grands modèles de langage (Large Language Models ou LLM), comme ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google/DeepMind) ou encore les modèles génératifs d’images comme #Midjourney, sont devenus en très peu de temps des outils incontournables avec des usages qui ne cessent de s’amplifier et de se diversifier. Il est vrai que la fluidité des échanges avec ChatGPT impressionne, et que les promesses de développement sont enthousiasmantes.

      Néanmoins, ces promesses cachent des coûts de calcul, et donc énergétiques, considérables. Or, aujourd’hui l’idée dominante dans l’industrie des modèles génératifs est : « Plus grand est le modèle, mieux c’est. » Cette compétition s’accompagne d’une croissance de la consommation énergétique et, donc, de l’empreinte écologique qui ne peut plus être ignorée et qui questionne quant à sa pérennité et sa viabilité pour la société.
      Pourquoi un tel coût ?

      Un modèle génératif de texte comme un chatbot est un ensemble de paramètres numériques ajustés à partir de données pour accomplir une tâche spécifique. L’architecture dominante s’appuie sur les « transformers ».

      Les #transformers prennent une séquence en entrée, par exemple un prompt (soit votre question), pour la transformer numériquement. En empilant les couches de transformers, le modèle multiplie ces transformations afin de construire la réponse en prolongeant son entrée. Cet empilement de couches confère au modèle son efficacité et fait croître le nombre de paramètres. C’est pourquoi un modèle tel que GPT-4 contient au moins 1 tera (1 000 milliards) de paramètres et nécessite donc au moins 2 tera octets (To) de mémoire vive pour être utilisable.

      Que ce soit pour l’entraînement, pour le stockage des données et des paramètres, ou pour le calcul d’une réponse, des infrastructures de calcul de plus en plus puissantes sont donc indispensables. En d’autres termes, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas juste pour entraîner le modèle que ces techniques sont très coûteuses.

      Des données émerge la « connaissance »

      Avant tout, un modèle génératif doit être « appris ». Pour cela des données (textes, images, sons, etc.) lui sont présentées à maintes reprises afin d’ajuster ses paramètres. Plus il y a de paramètres, plus la phase d’apprentissage est coûteuse en données, mais aussi en temps et en énergie.

      Ainsi, pour un LLM (grand modèle de langage), on parle par exemple de l’ordre de la dizaine de trillions de données (environ 10 trillions pour GPT-4 et 16 trillions pour Gemini) et aux alentours de trois mois de préapprentissage sur environ 20 000 puces A100 de NVIDIA pour le dernier-né d’OpenAI. Ces modèles les plus performants sont en fait une combinaison de plusieurs énormes modèles (les « Mixture of Experts »), GPT-4 étant ainsi le résultat de 16 experts de 110 milliards de paramètres, selon les rares informations disponibles.

      Après cette phase d’apprentissage, le modèle est déployé afin de répondre aux utilisateurs dans une phase dite d’« inférence ». Pour faire face à la demande (ces systèmes construits pour répondre à plusieurs personnes en même temps) avec un temps de réponse satisfaisant, le modèle est alors dupliqué sur différents clusters de calcul. Un article de recherche constate également que les architectures génératives polyvalentes consomment significativement plus d’énergie à l’inférence que les systèmes spécifiques à une tâche, même à taille de modèle équivalente.

      Ce survol des besoins en termes de calcul donne une idée des ordres de grandeur qui se cachent derrière nos interactions — qui semblent si rapides et efficaces — avec ces énormes modèles. Il permet surtout de poser différemment la question de l’évaluation de ces modèles, en y incluant la question de la soutenabilité en termes énergétiques et écologiques. Des travaux récents proposent ainsi un modèle pour évaluer les impacts environnementaux de la fabrication des cartes graphiques et une analyse multicritère des phases d’entraînement et d’inférence des modèles d’apprentissage automatique.
      Obsolescence et frugalité

      Ainsi les grands modèles génératifs nécessitent des infrastructures matérielles colossales.

      Au-delà de considérations économiques, il a été montré que passé un certain point, les gains de performances ne justifient pas une telle explosion du nombre de paramètres. Toutes les applications ne nécessitent pas d’énormes modèles et des approches plus modestes peuvent être aussi performantes, plus rapides et moins coûteuses.

      Sur le plan environnemental, l’apprentissage et l’inférence de modèles massifs ont un coût énergétique qui nécessitent réflexion. Les travaux de certains auteurs soulignent la complexité de mesurer avec précision l’empreinte carbone de ces grands modèles, tout en montrant leur impact considérable : 50,5 tonnes équivalent CO2 (CO2 eq) pour un modèle de 176 milliards de paramètres, appris en 2023… et pratiquement considéré comme obsolète aujourd’hui. Pour rappel, si un Français moyen rejette actuellement environ 10 tonnes CO2 eq par an, l’objectif à l’horizon 2050 pour respecter l’engagement des accords de Paris est d’environ 2 tonnes CO₂ eq par Français et par an.

      Quant à la phase d’inférence (ou d’utilisation, quand on pose une question à GPT), lorsqu’elle est réalisée des millions de fois par jour, comme c’est le cas pour un assistant conversationnel, elle peut engendrer un coût énergétique considérable, parfois bien supérieur à celui de l’entraînement.

      Ainsi, un outil développé en 2019 a permis d’estimer qu’une inférence de ChatGPT 3.5 produisait environ 4,32 grammes de CO2.

      À l’heure où les assistants conversationnels sont peut-être en passe de remplacer les moteurs de recherche standards (Google, Bing, Qwant), la question de son utilisation se pose, car ces derniers ont un coût 10 à 20 fois moindre (0,2 gramme de CO2 la recherche, d’après Google).

      Enfin, la concentration de pouvoir entre quelques acteurs disposant des ressources nécessaires pour développer ces modèles — data centers, données, compétences — pose des problèmes scientifiques en limitant la diversité des recherches, mais aussi stratégiques et politiques.
      Les recherches en IA frugale

      La frugalité consiste à se fixer dès le départ une enveloppe de ressources (calcul, mémoire, données, énergie) et à concevoir des modèles capables de s’y adapter. L’idée n’est pas de sacrifier les performances, mais de privilégier la sobriété : optimiser chaque étape, du choix de l’architecture à la collecte des données, en passant par des méthodes d’apprentissage plus légères, afin de réduire l’empreinte environnementale, d’élargir l’accès à l’IA et de favoriser des applications réellement utiles.

      La recrudescence de travaux de recherche sur ce thème illustre la volonté de penser l’IA sous l’angle de la sobriété. Il s’agit ainsi de replacer la pertinence, l’impact sociétal et la soutenabilité au cœur de la recherche.

      Concrètement, de nombreuses pistes émergent. Sur le plan de l’apprentissage, il s’agit d’explorer des alternatives algorithmiques au paradigme actuel, hérité du milieu des années 1980 et qui n’a jamais été remis en question alors même que les quantités de données et la puissance de calcul n’ont plus rien à voir avec celles qui prévalaient aux débuts de ces modèles.

      Ainsi, au-delà des optimisations techniques, une réflexion méthodologique de fond s’impose, tant le contexte scientifique a évolué depuis les années 1980. Cette réflexion est au cœur, par exemple, du projet Sharp, financé par le programme France 2030. L’étude d’architectures plus compactes et spécialisées est également abordée avec le projet Adapting du même programme.

      Les mathématiques appliquées peuvent jouer un rôle clé en proposant des « représentations parcimonieuses », des méthodes de factorisation, ou en optimisant l’usage de données faiblement annotées.

      Ainsi, en travaillant avec des contraintes de ressources, ces recherches visent un développement en IA plus frugal et donc durable, ainsi que plus accessible, et indépendant de l’hyperconcentration du marché. Elles limitent les externalités négatives — environnementales, éthiques, économiques — liées à la course effrénée vers le gigantisme.

      Mais pour atteindre ces objectifs, il est aussi important d’avancer sur les critères et les méthodes d’évaluations en IA : avec le paradigme dominant actuel, la dimension de frugalité peine encore à s’imposer, que ce soit du côté de la recherche ou industriel. Il ne faut d’ailleurs pas confondre la récente explosion des outils de DeepSeek avec de la frugalité, les coûts en calcul et en données étant eux aussi extrêmement élevés, avec des méthodes probablement éthiquement répréhensibles.

      Ainsi, le monde académique doit mieux intégrer cette dimension afin d’améliorer la visibilité et la valorisation des travaux qui visent la frugalité.
      L’IA que nous développons est-elle vraiment utile ?

      La frugalité en IA n’est pas un simple concept, mais une nécessité face aux enjeux actuels. Les travaux récents sur son empreinte carbone illustrent l’urgence de repenser nos méthodes. Avant même d’envisager les manières de rendre l’IA plus sobre, il est légitime de se demander si l’IA que nous développons est vraiment utile.

      Une approche plus frugale, mieux pensée et mieux orientée, permettra de construire une IA tournée vers le bien commun, s’appuyant sur des ressources maîtrisées, plutôt que sur la surenchère permanente en taille et en puissance de calcul.

      Cet article a été écrit dans le cadre de la troisième édition des Dauphine Digital Days qui a eu lieu à l’Université Paris Dauphine — PSL, du 18 au 20 novembre 2024.

      https://theconversation.com/pourquoi-lia-generative-consomme-t-elle-tant-denergie-247406

    • IA : un puits sans fond de dépenses en énergie, en #eau et en #CO2

      Emmanuel Macron veut croire que la France a « des #data_centers_propres ». Mais les dégâts environnementaux des industries numériques sont déjà tangibles (consommation d’#électricité, émissions de CO2, besoins en eau et en #minerais, conflits d’usage sur le #foncier) alors que l’idée d’une #IA_verte n’est encore qu’une promesse.

      Si le climat était une intelligence artificielle (IA), le monde serait en train de le sauver. Face au tsunami d’investissements publics et privés programmés pour ses infrastructures, il est tentant de détourner le fameux slogan : « Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé. » Car si ces annonces financières brillent de l’or des profits à venir, elles éclipsent un problème tout aussi exponentiel : les impacts environnementaux désastreux de l’IA.

      109 milliards d’euros en France dans les prochaines années annoncés par Emmanuel Macron, ainsi qu’un projet de méga data center cofinancé par les #Emirats_arabes_unis ; 500 milliards de dollars débloqués pour #Stargate (« la porte des étoiles ») et ses futurs data centers aux États-Unis par #OpenAI et #SoftBank ; 65 milliards de dollars par #Meta, la maison-mère de #Facebook, qui a par ailleurs démoli un centre de données en cours de construction pour le remplacer par un autre adapté aux besoins de l’IA. #Microsoft veut débourser 80 milliards de dollars en divers équipements techniques dans le même objectif.

      Secteur industriel en plein boom ou au bord d’une bulle financière, l’avenir le dira. Mais l’#empreinte_carbone et matérielle de la ruée mondiale vers les #données_numériques est, elle, déjà palpable. Une requête via #ChatGPT consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche Google, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ses expert·es anticipent une explosion de la demande énergétique, équivalente à la consommation actuelle d’un pays comme la Suède ou même l’Allemagne – selon la place du curseur sur la fourchette d’estimation.

      Requêtes énergivores

      Pourquoi ? Deux explications principales semblent faire consensus parmi les spécialistes. D’abord, des raisons strictement matérielles : les #serveurs configurés pour l’#IA_générative utilisent beaucoup plus de courant électrique que leurs prédécesseurs. Notamment parce qu’ils utilisent des puces spécifiques, les #GPU (« # graphics_processing_unit », des #processeurs_graphiques), « qui ont des capacités de #calcul nécessaires à la #technologie d’apprentissage qui permet aux modèles d’IA d’améliorer leur performance, explique Loup Cellard, chercheur associé au médialab de Sciences Po. Une requête sur ChatGPT demande plus de mémoire vive et plus de capacité de #stockage qu’une simple recherche sur un moteur internet ».

      Or, chacun de ces services correspond à des besoins matériels supplémentaires. « Faire une requête ChatGPT pour demander un truc que pourrait donner Google, c’est comme couper votre baguette de pain avec une scie électrique : ça marche mais ça n’est pas la meilleure utilisation que vous pouvez faire des ressources », résume Sylvain Waserman, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), selon qui « il serait absurde de s’opposer à l’IA et il est irresponsable de ne pas s’intéresser à ses impacts ».

      La phase d’entraînement des machines est plus intense en énergie à l’unité, car elles doivent être beaucoup stimulées pour ramasser et distribuer les données. Mais c’est bien sûr celle des usages qui finalement est la plus énergivore, car le nombre des utilisateurs de la technologie dépasse de loin celui des ingénieur·es qui la développent.

      Ainsi « la migration vers le cloud, l’essor de l’IA générative et les #cryptomonnaies sont les trois principaux vecteurs de la reconfiguration en cours des impacts des centres informatiques » selon l’association GreenIT, dont les rapports font référence. Les data centers, les cryptomonnaies et l’intelligence artificielle ont consommé près de 2 % de l’électricité mondiale en 2022, selon l’AIE. Cela peut sembler dérisoire. Mais la quantité d’électricité qu’ils consomment pourrait doubler en 2026 (par rapport à 2022). Il existe aujourd’hui plus de 8 000 centres de données dans le monde, principalement situés aux États-Unis.

      Les data centers adaptés aux besoins de l’intelligence artificielle consomment 18 % de l’électricité des centres informatiques, alors qu’ils n’en représentent que 2 % de la quantité dans le monde, selon les dernières estimations de GreenIT. Ils émettent près de 4 % de tout le CO2 de la filière numérique, soit déjà plus que l’ensemble des ordinateurs portables en circulation. Selon #France_Datacenter, le lobby du secteur, la demande supplémentaire liée à l’IA générative en France d’ici à dix ans sera de 1 gigawatt, l’équivalent d’un petit réacteur nucléaire.

      Mais les opérateurs de data centers n’aiment pas trop aborder le sujet de leurs impacts environnementaux. Interrogé par Mediapart sur ses besoins en électricité pour soutenir le développement de son activité, #Amazon_Web_Service (#AWS), la branche data center du Gafam, répond par la liste très détaillée de ses investissements et créations d’emplois à venir, sans un mot sur ses besoins énergétiques.

      « Avec l’IA, on pourrait changer d’échelle d’ici à 2030 en termes d’impact environnemental car ses serveurs ne représentent que 2 % des équipements et la demande est très importante pour les années à venir, constate Cécile Diguet, spécialiste des infrastructures numériques. Aujourd’hui, le numérique est un des secteurs qui nous mettent dans le rouge quant au respect des limites planétaires : consommation d’énergie, de ressources en minerais et terres rares, en eau. Les technologies et le numérique prétendent régler des problèmes qu’ils aggravent. Grâce à une IA, on pourra peut-être traiter une base de données plus vite ou mieux gérer la complexité de réseaux d’électricité. Mais en définitive, l’accumulation perpétuelle de matériels et de data centers fait que tous les gains en énergie sont consommés derrière. Le numérique n’est pas source de sobriété. »

      C’est particulièrement vrai concernant les quantités de minerais utilisés pour fabriquer les équipements (centres de données mais aussi puces et autres composants) nécessaires à l’IA – et les déchets en résultant. Ils sont la « colonne vertébrale » de l’intelligence artificielle, selon la chercheuse états-unienne Kate Crawford, qui appelle à créer un nouvel atlas du monde pour visualiser les besoins matériels, financiers et politiques de l’IA, qu’elle décrit comme un système « extractiviste » (Contre-Atlas de l’intelligence artificielle, Zulma, 2024).

      En Chine, l’institut de recherche sur le réseau électrique s’attend à ce que la demande en électricité des centres de données double d’ici à 2030 (par rapport à 2020). Cette consommation est dopée par l’expansion rapide de la 5G et de l’Internet des objets. Le concurrent chinois de ChatGPT, #DeepSeek, a été développé à moindre coût économique et avec moins de consommation énergétique, promettent ses fabricants. Mais personne n’est aujourd’hui en mesure de le vérifier.

      En Europe, le cas de l’#Irlande est spectaculaire : les data centers y représentent 17 % de toute la demande en électricité du pays. C’est autant que toute la consommation du résidentiel en ville. Si tous les projets de centres de données qui ont été approuvés sont menés à terme dans les prochaines années, ils utiliseraient 32 % de tout le courant électrique. Au #Danemark, qui mise aussi sur l’économie des data centers tout en soutenant une initiative européenne de réduction du CO2 du numérique, les centres de données pourraient avaler 20 % de l’électricité en 2026. Est-ce soutenable, alors que le Pacte vert européen fixe aux États l’objectif de réduire d’au moins 38 % leur consommation d’énergie finale d’ici à 2050 ? Pour la Commission européenne, la demande en électricité des data centers pourrait augmenter de 30 % dans l’Union entre 2018 et 2030.

      #Bilan_carbone désastreux

      Surtout que, malgré l’essor des énergies dites renouvelables dans le monde, les sources d’électricité du numérique restent globalement très émettrices en carbone. Apple et Google prétendent être neutres en impact climatique, mais c’est parce qu’ils achètent des crédits de compensation carbone, rappelle la chercheuse Kate Crawford. Elle cite l’exemple de la Chine, où l’industrie des centres de données tire à 73 % son électricité du charbon. En France, l’Ademe a dû revoir à la hausse l’empreinte carbone des data centers à 42 % du secteur du numérique, en intégrant les centres de données à l’étranger que font tourner les utilisateurs nationaux.

      En 2022, l’ensemble du secteur numérique a émis autant de CO2 que le secteur des poids lourds (un peu plus de 4 % de tous les rejets de carbone) dans l’Hexagone. Mais grâce à son électricité décarbonée, la France cherche à se positionner sur le marché des usines à données : « Les data centers en France, ce n’est pas comme aux États-Unis où on utilise du pétrole et du gaz. Ce sont des data centers propres », a prétendu Emmanuel Macron dimanche 9 février.

      Ainsi, entraîner le modèle #GPT3 de la firme OpenAI équivaudrait à conduire 112 voitures à essence pendant un an, selon des scientifiques cités dans AOC par les chercheurs Loup Cellard et Christine Parker. Ils y critiquent pourtant les méthodes d’évaluation des impacts de l’intelligence artificielle. Selon eux, les gains écologiques que permettrait « l’IA verte » sont surestimés et potentiels, alors que les impacts sont immédiats et réels. Les projets de récupération de chaleur pour chauffer une piscine, une résidence, une usine, un hôpital sont multiples et s’affrontent à des obstacles : niveau de température de sortie pas toujours assez haut, risque d’intermittence, etc. – voir aussi le rapport de l’ONG Beyond Fossil Fuels sur le sujet.

      « L’IA n’est pas une activité différente des autres, ajoute Loup Cellard. C’est une industrie capitaliste comme une autre, à laquelle se posent les mêmes questions de responsabilité environnementale, de calcul et de mise en visibilité de ses impacts. »

      À titre d’exemple, de nombreux opérateurs de data centers sont des #fonds_d’investissement_immobiliers (#Real_Estate_Investment_Trust, #Digital_Realty, #Equinix), comme le remarque l’Ademe. La multiplication de leurs constructions ainsi que l’augmentation de leur taille posent des problèmes d’#artificialisation et d’#urbanisme : quelle forme de villes annonce la multiplication des centres de données ? Qui a envie de vivre à côté d’un immeuble de serveurs et de ses stocks de fioul inflammable ? En France, un véritable cluster s’est développé à l’ouest de la #Seine-Saint-Denis (La Courneuve, Saint-Denis, Le Bourget, Dugny) et au nord de #Marseille.
      Parmi les effets déjà tangibles aujourd’hui : la consommation en #eau. Car les data centers doivent être refroidis. Plus ils grossissent et produisent de la chaleur, plus la quantité d’eau nécessaire à baisser leur température est importante. Cette question peut s’avérer critique en période de canicule, signale l’Ademe dans un avis de novembre dernier – en France, ses expert·es estiment qu’en fonction de leur système, ils peuvent consommer 2 litres d’eau par kilowattheure. Au prochain épisode de sécheresse, combien de personnes accepteront que leur data center continue d’être alimenté alors que leur eau potable est coupée ? Et qui décidera ?

      Ainsi #Thames_Water, principale compagnie britannique de distribution d’eau, a demandé aux opérateurs de data centers, notamment à #Google_Cloud et #Oracle, un plan de réduction de leur consommation, jugée excessive à l’été 2022 pendant un pic de chaleur. À Amsterdam, Microsoft a dû présenter un plan drastique de réduction de ses besoins en eau. Aux États-Unis, un des plus gros data centers en fonctionnement est celui de l’agence de renseignement NSA, qui s’étend sur plus de 100 000 mètres carrés dans l’Utah, une terre particulièrement exposée à la sécheresse. Il avale à lui tout seul plus de la moitié de la consommation de l’eau de l’État, autour de 60 %, selon une étude.

      Ouvrir le capot des IA ?

      Après avoir longtemps refusé de révéler la quantité de liquide absorbée par son data center, la NSA a finalement fait savoir en 2022 qu’il avait besoin de près de 90 millions de litres d’eau – soit 35 fois la piscine olympique de Paris 2024 – chaque mois. L’Utah mise sur l’industrie des centres de données et leur vend son eau à des prix battant toute concurrence. Les méga hangars à serveurs s’y multiplient – il y en a deux douzaines aujourd’hui. Mais le Grand Lac salé s’en ressent, selon les défenseurs de l’environnement qui s’inquiètent de le voir s’assécher. En novembre 2022, il a atteint son étiage le plus bas, au point de mettre en danger son écosystème, et notamment ses populations de crustacés, dont se nourrissent des millions d’oiseaux migrateurs.

      En France, l’Ademe estime que les data centers pourraient utiliser 6 % de l’électricité en 2050 – aujourd’hui, le numérique en dépense 11 %. Selon RTE, le gestionnaire des réseaux, les data centers en France pourraient tripler leur consommation d’électricité d’ici à 2035, passant d’environ 10 térawattheures aujourd’hui à 28, selon leur plus haute projection. Les demandes de raccordement de nouveaux centres de grande taille sont en très forte hausse depuis quatre à cinq ans, note l’Ademe, et dépassent de 8 gigawatts – soit plus de quatre réacteurs EPR.

      Son président, Sylvain Waserman, veut défendre la thèse « d’une IA française et européenne qui pourrait trouver un avantage concurrentiel en étant plus respectueuse des ressources ». Il estime que ce peut être une piste de différenciation face à des Gafam « qui jamais n’accepteront qu’on ouvre le capot pour étudier leur impact ».

      En attendant, le gouvernement vient de désigner 35 sites privilégiés pour y construire de nouveaux data centers : simplification des procédures administratives, possible dérogation aux obligations de débat public, réduction des délais de recours juridiques… Sans savoir si les industriels accepteront de communiquer sur leur empreinte énergétique, ils bénéficient d’ores et déjà d’une belle offre de dérégulation.

      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/100225/ia-un-puits-sans-fond-de-depenses-en-energie-en-eau-et-en-co2

    • #Antonio_Casilli : « L’intelligence artificielle est l’une des industries extractives de notre époque »

      Professeur de sociologie à Télécom Paris, à l’Institut Polytechnique de Paris, il est l’auteur d’En attendant les robots, enquête sur le travail du clic (Seuil, 2019), dont une version augmentée vient de paraître en anglais aux éditions University of Chicago Press. Antonio Casilli est aussi co-auteur du documentaire Les Sacrifiés de l’IA, qui se penche sur les conditions de production des technologies d’IA utilisées en Occident, et sera diffusé sur France 2 le 11 février.

      À cette occasion, et en parallèle du sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, Next l’a rencontré.

      (#paywall)

      https://next.ink/169487/antonio-casilli-lintelligence-artificielle-est-lune-des-industries-extractives

    • L’IA générative a le potentiel de détruire la planète (mais pas comme vous le pensez)

      Le risque premier avec l’intelligence artificielle n’est pas qu’elle s’attaque aux humains comme dans un scénario de science-fiction. Mais plutôt qu’elle participe à détruire notre #environnement en contribuant au #réchauffement_climatique.

      La course à l’intelligence artificielle (IA) s’intensifie. Le 9 février, veille du sommet de l’IA à Paris, Emmanuel Macron promettait 109 milliards d’euros d’investissements publics et privés dans cette technologie pour les années à venir. Il entend concurrencer les États-Unis sur ce terrain, en faisant référence au programme « #Stargate » promis par Donald Trump, qui prévoit des dépenses de 500 milliards de dollars (484 milliards d’euros) dans l’IA aux États-Unis.

      Des deux côtés de l’Atlantique, ces centaines de milliards seront principalement investis dans la construction de nouveaux centres de données pour entraîner puis faire fonctionner les outils d’intelligence artificielle. Pourtant, les impacts environnementaux de ces « data centers », mis de côté dans ce sprint à l’IA, présentent un danger réel pour notre planète.

      « Plus grand est le modèle, mieux c’est »

      L’ouverture au public de l’agent conversationnel d’OpenAI, ChatGPT, en novembre 2022 a marqué un tournant dans les usages de l’intelligence artificielle. Depuis, des dizaines d’IA génératives sont accessibles avec la capacité de résoudre des problèmes variés, allant de la rédaction d’un email professionnel à des suggestions de recette de tartes, en passant par des lignes de code informatique.

      Ces grands #modèles_de_langage (en anglais, « #Large_language_models », ou #LLM), avec un grand nombre de paramètres, se sont développés ces dernières années, comme #Gemini de #Google, #Le_Chat de l’entreprise française #MistralAI ou #Grok de #X. D’autres modèles permettent de créer de toutes pièces des images – on pense à #Dall-E ou #Midjourney –, des vidéos ou des chansons.

      Si leur utilisation est gratuite (bien que des versions payantes existent), le prix est payé non seulement par les utilisateurs dont les données personnelles sont captées, mais aussi par les populations les plus vulnérables au changement climatique. Avec leurs dizaines voire centaines de milliards de paramètres et des terabytes de données pour les alimenter, faire tourner les systèmes d’IA générative demande beaucoup de #puissance_de_calcul de #serveurs, situés dans des centres de données. Donc beaucoup d’#électricité.

      Ces chiffres ne font qu’augmenter à mesure que les modèles se perfectionnent. « Aujourd’hui, l’idée dominante dans l’industrie des modèles génératifs est : "Plus grand est le modèle, mieux c’est" », résument les chercheurs Paul Caillon et Alexandre Allauzen dans The Conversation. Malgré un manque de transparence des entreprises, la consommation d’électricité de leurs modèles et leur #impact_climatique ont fait l’objet d’estimations par nombre de chercheurs et institutions.

      Combien consomme une requête ChatGPT ?

      On sait déjà que la version de ChatGPT sortie en mars 2023, #GPT-4, a demandé plus de puissance de calcul que la précédente. Le Conseil économique et social (Cese), dans un avis de septembre 2024, cite OpenAI et explique : entraîner la troisième version de son modèle de langage a demandé l’équivalent de l’énergie consommée par 120 foyers américains. La version suivante a multiplié par 40 cette consommation, avoisinant la consommation de 5000 foyers.

      Selon une étude, début 2023, une requête ChatGPT consommait environ 2,9 Wh d’électricité, soit presque dix fois plus qu’une simple recherche Google (0,3 Wh). D’autres études estiment l’impact carbone d’une requête à ChatGPT autour de 4 à 5 grammes d’équivalent CO2.

      Produire une image, c’est pire. La startup #HuggingFace, à l’origine de l’IA #Bloom, a été l’une des premières à estimer les émissions de gaz à effet de serre de ces modèles. Dans une étude co-écrite avec l’Université états-unienne de Carnegie-Mellon, elle montre que la génération d’image est de loin la plus polluante des requêtes formulées à une IA générative (l’étude ne prend pas en compte les vidéos).

      Pour donner un ordre d’idée, générer 1000 images correspondrait à conduire environ 7 kilomètres avec une voiture essence. En comparaison, 1000 textes générés équivalent à moins d’un 1 mètre parcouru avec un même véhicule. Mais leur utilisation massive rend cet impact non négligeable. Selon le PDG d’OpenAI Sam Altman, à la fin de l’année 2024, plus d’un milliard de requêtes étaient envoyées à ChatGPT par jour.

      En janvier 2023, soit quelques mois après qu’elle a été rendue accessible au public, ChatGPT avait accumulé 100 millions d’utilisateurs. Selon une estimation de Data for Good, rien que ce mois-là, l’utilisation de ChatGPT aurait pollué à hauteur de 10 113 tonnes équivalent CO2 – soit environ 5700 allers-retours en avion entre Paris et New York.

      En décembre 2024, selon son PDG, le service avait atteint les 300 millions d’utilisateurs… par semaine. Et ce, avec une version bien plus performante – donc bien plus polluante – que la précédente.

      De plus en plus de personnes utilisent l’IA au quotidien, et pour de plus en plus de tâches. Installés dans nos smartphones, accessibles en ligne ou même intégrés dans les frigos haut de gamme, les outils d’intelligence artificielle sont presque partout.

      Une explosion de la consommation d’électricité

      Selon l’Agence internationale de l’énergie, les centres de données représenteraient aujourd’hui environ 1 % de la consommation d’électricité mondiale. Mais cette consommation risque d’augmenter avec les usages croissants et le développement de nouveaux modèles d’IA. Selon l’agence, la consommation des centres de données pour l’IA et les cryptomonnaies a dépassé 460 TWh en 2022. C’est autant que la consommation de la France. D’ici l’année prochaine, selon les scénarios, cette demande en électricité pourrait augmenter de 35 % (160 TWh en plus) à 130 % (590 TWh) ! « Soit l’équivalent d’au moins une Suède et au maximum une Allemagne » de plus dans le monde en quelques années.

      Une autre étude de l’ONG Beyond Fossils Fuels est encore plus alarmiste : « Au cours des six prochaines années, l’explosion de la demande en énergie des centres de données dans l’UE [Union européenne] pourrait entraîner une hausse de 121 millions de tonnes des émissions de CO2, soit presque l’équivalent des émissions totales de toutes les centrales électriques au gaz d’Italie, d’Allemagne et du Royaume-Uni en 2024 combinées » écrit l’ONG en février 2025.

      Les grandes entreprises de la tech cherchent à faire oublier leurs promesses écologiques. Selon le Financial Times, dans un article d’août 2024, les Gafam tentent de remettre en cause les règles de « zéro carbone net » qui leur permettent de compenser leurs émissions de CO2 par le financement d’énergies renouvelables (des règles déjà critiquées pour leur mode de calcul qui dissimule une grande partie de l’impact carbone réel de leurs consommation d’électricité).

      « Ces géants de la technologie sont sur le point de devenir les plus gros consommateurs d’énergie de demain, dans leur course au développement d’une intelligence artificielle énergivore », écrit le média britannique. Les émissions de gaz à effet de serre de Google augmentent par exemple de 13% par an (selon des chiffres de 2023). Une hausse notamment portée par l’augmentation de la consommation d’énergie de ses centres de données. Les émissions de #Microsoft ont bondi de 29 % entre 2020 et 2023.

      Des investissements massifs aux dépens des populations

      Les chefs d’État des États-Unis comme de la France ont pourtant annoncé des investissements massifs dans l’IA pour les années à venir. L’Union européenne, par la voix d’Ursula von der Leyen, a également annoncé un investissement de 200 milliards en partenariat avec de grands groupes.

      Dans les trois cas, ces centaines de milliards d’euros sur la table serviront majoritairement à construire des centres de données pour permettre l’entraînement puis l’utilisation de ces technologies. En France, en amont du sommet de l’IA, le fonds canadien Brookfield a annoncé investir 15 milliards d’euros dans la construction de centres de données, tandis que les Émirats arabes unis ont mis entre 30 et 50 milliards sur la table pour la construction d’un centre de données géant.

      Il est peu probable que cette consommation d’électricité massive ne se fasse pas au détriment des populations. En Irlande, les centres de données monopolisent une part grandissante de l’électricité du pays, ils représentent aujourd’hui plus de 20 % de sa consommation. Cette situation crée des tensions avec les habitants, qui voient leurs factures augmenter alors que la consommation des ménages n’augmente pas.
      Des engagements « durables » non contraignants

      Aux États-Unis, raconte un article de Vert, Microsoft va rouvrir le premier réacteur de la centrale nucléaire de Three Mile Island, site d’un accident en 1979 qui avait irradié toute cette partie de la Pennsylvanie et traumatisé les habitants. Les géants de la Tech – Google, Amazon et Microsoft en tête – cherchent également à investir dans les « petits réacteurs modulaires » nucléaires, en cours de développement, pour alimenter leurs centres de données, ce qui pose la question de la sûreté d’une multitude de petites installations nucléaires face au risque d’accidents. Autre conséquence : le retour en grâce du charbon, fortement émetteur en gaz à effet de serre. Dans l’État de Géorgie, la promesse faite il y a trois ans de fermer toutes ses centrales à charbon a été abandonnée pour répondre au pic de demande d’électricité créé par les centres de données.

      Face à ces risques pour les populations locales comme pour celles les plus vulnérables au changement climatique dans le monde entier, les actions semblent faibles. Une déclaration d’intention a été signée à l’issue du sommet de l’IA, notamment avec l’Inde et la Chine. Il prévoit entre autres la création d’un observatoire de l’impact énergétique de l’IA, sous la responsabilité de l’Agence internationale de l’énergie. Il planifie également la création d’une « coalition pour l’IA durable » avec de grandes entreprises du secteur.

      Ces engagements en matière d’intelligence artificielle signés par les États et les entreprises présentes ne sont pas contraignants, et ne sont pas tournés vers l’action immédiate. De plus, ni le Royaume-Uni ni les États-Unis, qui concentre un tiers des centres de données du monde, n’ont signé ce texte.

      https://basta.media/l-ia-generative-a-le-potentiel-de-detruire-la-planete-mais-pas-comme-vous-l

      #schéma #visualisation #comparaison

    • Comment l’intelligence artificielle et ses data centers s’accaparent l’eau

      La consommation d’eau de l’intelligence artificielle est souvent oubliée des discussions sur l’impact de cette technologie. Pourtant, les centres de données consomment chaque année des milliards de mètres cubes d’eau – et cela risque d’empirer.

      Google a soif. En 2023, les centres de données et les bureaux de la multinationale du numérique ont à eux seuls englouti 24 milliards de litres d’eau – dont la grande majorité utilisée par les data centers. C’est l’équivalent de la consommation d’eau annuelle d’environ 453 000 Français. La question des besoins en eau est l’un des grands enjeux environnementaux du numérique. Il est amplifié par le développement rapide et incontrôlé de l’intelligence artificielle (IA).

      Chaque année, les grandes entreprises de la tech augmentent de dizaines de pourcents leur consommation d’eau. Entre 2021 et 2022, Microsoft a accru de 34 % la quantité d’eau utilisée pour ses activités, et Google de 20 %. Cela représente des milliards de litres d’eau, en grande partie potable, prélevés en plus chaque année. La course au développement d’intelligences artificielles toujours plus performantes – et donc toujours plus polluantes – participe à cette augmentation. Rien que l’entraînement de GPT-3 (la version en usage jusqu’à mars 2023 du robot conversationnel d’OpenAI) aurait consommé 700 000 litres d’eau dans les centres de données de Microsoft basés aux États-Unis.
      Des centres de données géants dans des régions en proie à la sécheresse

      Les ressources en eau globales sont déjà mises en danger par le réchauffement climatique. De nombreuses régions du monde sont en stress hydrique : l’accès à l’eau y est limité, si ce n’est difficile. Selon des estimations de chercheurs, partagées par The Washington Post, un grand centre de données – comme ceux des Gafam – peut consommer entre 3,8 et 19 millions de litres d’eau par jour.

      Ces millions de litres sont utilisés pour produire l’électricité qui les alimente, mais aussi, pour environ un quart, directement pour le refroidissement des serveurs de ces centres de données. Si cela représente encore une faible partie de la consommation d’eau à l’échelle mondiale, les conséquences locales se font souvent déjà sentir. Le journal américain cite l’exemple de la commune de The Dalles, dans l’Oregon, où Google s’accapare plus d’un quart de l’eau de la petite ville.

      Le refroidissement par l’eau est brandi comme argument écologique par les grandes entreprises. Google, par exemple, s’est vanté d’avoir réduit son empreinte carbone de 300 000 tonnes de CO2 en 2021 grâce à des centres de données refroidis par de l’eau plutôt qu’avec de l’air conditionné. Malgré ses promesses de plus grande responsabilité écologique, deux ans plus tard encore, plus de 30 % de l’eau utilisée venait de zones où les risques de pénurie d’eau sont considérés comme moyens ou élevés.

      En Espagne, à une centaine de kilomètres de Madrid, la ville de Talavera de la Reina s’apprête à accueillir un centre de données de 191 hectares, propriété de Meta (la maison-mère de Facebook et Instagram). Depuis 2022, une trentaine de projets similaires ont été lancés dans le pays, rapporte le média indépendant espagnol elDiario.es. Dans la région de l’Aragón, « la situation est grave : 146 000 hectares ne peuvent être cultivés et 175 000 autres sont gravement endommagés par le manque d’eau ». C’est pourtant là qu’Amazon a décidé d’investir 15,7 milliards d’euros pour installer ses centres de données « hyperscale », autrement dit de très grande taille.
      « 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau en 2027 »

      Amazon tente de montrer patte blanche, promettant un approvisionnement électrique provenant à 100 % d’énergies renouvelables, mais des mouvements écologistes s’opposent vivement à ce projet. « Nous refusons le discours selon lequel cette méga-infrastructure serait bénigne pour les territoires, bien au contraire. Les dégâts écologiques et sociaux causés par le déploiement massif de centres de données peuvent déjà être observés dans d’autres territoires tels que la Virginie (États-Unis), le Mexique, l’Irlande et les Pays-Bas », écrit Tu Nube Seca Mi Río (« Ton nuage assèche ma rivière »).

      « La consommation directe d’eau pour le refroidissement représentera la moitié de la consommation totale d’eau de la ville de Saragosse (plus de 300 000 personnes et ses commerces et entreprises) et aurait permis d’irriguer 170 hectares de terres, [et ce,] si les chiffres avancés par projet sont respectés, ce qui semble fort peu probable. » Le collectif, qui agrège plusieurs associations écologistes espagnoles, dénonce les conséquences multiples qu’auront ces data centers pour l’accès à l’eau dans la région, tant pour l’agriculture, pour les populations que dans la lutte contre les incendies, de plus en plus fréquents. Tu Nube Seca Mi Río alerte aussi sur le danger pour la faune locale.

      Ce risque n’est pas présent qu’à l’étranger. En France, à Marseille, le collectif Le nuage était sous nos pieds – composé notamment de la Quadrature du Net – dénonce « la quasi-absence des enjeux environnementaux et territoriaux des infrastructures du numérique dans le débat public », entre autres quand il est question de la construction de nouveaux data centers. « Le méga-ordinateur surchauffe, renvoie l’air ou l’eau chaude dans une ville déjà trop souvent sujette à la canicule, pompe des quantités astronomiques d’eau et d’électricité sur le réseau public, et ne génère pratiquement aucun emploi direct », résument-ils, face à un nouveau projet de l’entreprise Digital Realty dans la ville.

      Le développement et la massification de l’utilisation de l’intelligence artificielle entraînent les entreprises dans une course effrénée à la construction de centres de données, sans considérer les conséquences écologiques et sociales. Selon une étude menée par des chercheurs et chercheuses de l’Université de Cornell, aux États-Unis, en 2023, « la demande mondiale en IA devrait représenter 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau en 2027, soit plus que le prélèvement annuel total d’eau de quatre à six Danemark ou de la moitié du Royaume-Uni ».

      https://basta.media/comment-intelligence-artificielle-IA-data-centers-gafam-s-accaparent-eau

    • Big tech’s water-guzzling data centers are draining some of the world’s driest regions

      #Amazon, #Google, and #Microsoft are expanding data centers in areas already struggling with drought, raising concerns about their use of local water supplies for cooling massive server farms.

      In short:

      - The three largest cloud companies are building or operating 62 data centers in regions facing water scarcity, including in Spain, #Arizona, and other drought-prone areas across five continents.
      - Amazon’s new centers in Spain’s #Aragon region are licensed to use enough water to irrigate hundreds of acres of farmland annually, and the company has requested a 48% increase in water for its existing sites.
      – Tech firms promise to become “water positive” by 2030, but experts and even internal critics say offsetting water use elsewhere doesn’t solve shortages in the communities where centers operate.

      Key quote:

      “Neither people nor data can live without water. But human life is essential and data isn’t.”

      — Aurora Gómez, Tu Nube Seca Mi Río

      Why this matters:

      Data centers are the invisible engines of the internet — processing everything from emails to AI, video calls to cloud storage — but they come with a physical footprint. That footprint includes massive energy use and a surprising dependence on fresh water to keep machines cool. In places where droughts are worsening with climate change, the demands of these centers are clashing with local needs for drinking water and agriculture. Some of these regions are already edging toward desertification, and water-intensive industries like tech may tip them further. Critics worry that promises of sustainability are greenwashing efforts that mask the environmental costs of maintaining digital infrastructure.

      https://www.dailyclimate.org/big-techs-water-guzzling-data-centers-are-draining-some-of-the-worlds-
      #Espagne

    • Big tech’s new datacentres will take water from the world’s driest areas

      Amazon, Google and Microsoft are building datacentres in water-scarce parts of five continents
      Luke Barratt, Costanza Gambarini and data graphics by Andrew Witherspoon and Aliya Uteuova
      Wed 9 Apr 2025 13.30 CEST
      Last modified on Wed 9 Apr 2025 17.40 CEST

      Amazon, Microsoft and Google are operating datacentres that use vast amounts of water in some of the world’s driest areas and are building many more, the non-profit investigatory organisation SourceMaterial and the Guardian have found.

      With Donald Trump pledging to support them, the three technology giants are planning hundreds of datacentres in the US and across the globe, with a potentially huge impact on populations already living with water scarcity.

      “The question of water is going to become crucial,” said Lorena Jaume-Palasí, founder of the Ethical Tech Society. “Resilience from a resource perspective is going to be very difficult for those communities.”

      Efforts by Amazon, the world’s largest online retailer, to mitigate its water use have sparked opposition from inside the company, SourceMaterial’s investigation found, with one of its own sustainability experts warning that its plans are “not ethical”.

      In response to questions from SourceMaterial and the Guardian, spokespeople for Amazon and Google defended their developments, saying they always take water scarcity into account. Microsoft declined to provide a comment.

      Datacentres, vast warehouses containing networked servers used for the remote storage and processing of data, as well as by information technology companies to train AI models such as ChatGPT, use water for cooling. SourceMaterial’s analysis identified 38 active datacentres owned by the big three tech firms in parts of the world already facing water scarcity, as well as 24 more under development.

      https://www.theguardian.com/environment/2025/apr/09/big-tech-datacentres-water

      Datacentres’ locations are often industry secrets. But by using local news reports and industry sources Baxtel and Data Center Map, SourceMaterial compiled a map of 632 datacentres – either active or under development – owned by Amazon, Microsoft and Google.

      It shows that those companies’ plans involve a 78% increase in the number of datacentres they own worldwide as cloud computing and AI cause a surge in the world’s demand for storage, with construction planned in North America, South America, Europe, Asia, Africa and Australia.

      In parts of the world where water is plentiful, datacentres’ high water usage is less problematic, but in 2023 Microsoft said that 42% of its water came from “areas with water stress”, while Google said 15% of its water consumption was in areas with “high water scarcity”. Amazon did not report a figure.

      Now these companies plan to expand their activities in some of the world’s most arid regions, SourceMaterial and the Guardian’s analysis found.

      “It’s no coincidence they are building in dry areas,” as datacentres have to be built inland, where low humidity reduces the risk of metal corrosion, while seawater also causes corrosion if used for cooling, Jaume-Palasí said.
      ‘Your cloud is drying my river’

      Amazon’s three proposed new datacentres in the Aragon region of northern Spain – each next to an existing Amazon datacentre – are licensed to use an estimated 755,720 cubic metres of water a year, roughly enough to irrigate 233 hectares (576 acres) of corn, one of the region’s main crops.

      In practice, the water usage will be even higher as that figure doesn’t take into account water used to generate the electricity that will power the new installations, said Aaron Wemhoff, an energy efficiency specialist at Villanova University in Pennsylvania.

      Between them, Amazon’s new datacentres in the Aragon region are predicted to use more electricity than the entire region currently consumes. Meanwhile, Amazon in December asked the regional government for permission to increase water consumption at its three existing datacentres by 48%.

      Opponents have accused the company of being undemocratic by trying to rush through its application over the Christmas period. More water is needed because “climate change will lead to an increase in global temperatures and the frequency of extreme weather events, including heat waves”, Amazon wrote in its application.

      “They’re using too much water. They’re using too much energy,” said Aurora Gómez of the campaign group Tu Nube Seca Mi Río – Spanish for “Your cloud is drying my river” – which has called for a moratorium on new datacentres in Spain due to water scarcity.

      Spain has seen rising numbers of heat-related deaths in extreme weather events linked by scientists to the climate crisis. Last month, Aragon’s government asked for EU aid to tackle its drought.

      Farmer Chechu Sánchez said he’s worried the datacentres will use up water he needs for his crops.

      “These datacentres use water that comes from northern Aragon, where I am,” he said. “They consume water – where do they take it from? They take it from you, of course.”

      With 75% of the country already at risk of desertification, the combination of the climate crisis and datacentre expansion is “bringing Spain to the verge of ecological collapse”, Jaume-Palasí said.

      Asked about the decision to approve more datacentres, a spokesperson for the Aragonese government said they would not compromise the region’s water resources because their impact is “imperceptible”.
      Water offsetting

      Amazon does not provide overall figures for the water its datacentres use worldwide. But it does claim that it will be “water positive” by 2030, offsetting its consumption by providing water to communities and ecosystems in areas of scarcity elsewhere.

      Amazon says it is currently offsetting 41% of its water usage in areas it deems unsustainable. But it’s an approach that has already caused controversy inside the company.

      “I raised the issue in all the right places that this is not ethical,” said Nathan Wangusi, a former water sustainability manager at Amazon. “I disagreed quite a lot with that principle coming from a pure sustainability background.”

      Microsoft and Google have also pledged to become “water positive” by 2030 through water offsetting, as well as finding ways to use water more efficiently.

      Water offsetting ca not work in the same way as carbon offsetting, where a tonne of pollutants removed from the atmosphere can cancel out a tonne emitted elsewhere, said Wemhoff, the Villanova University specialist. Improving access to water in one area does nothing to help the community that has lost access to it far away.

      “Carbon is a global problem – water is more localised,” he said.

      Amazon should pursue water accessibility projects “because it’s the right thing to do”, not to offset the company’s usage and make claims about being “water positive”, Wangusi said.

      In March, Amazon announced that it would use AI to help farmers in Aragon use water more efficiently.

      But that is “a deliberate strategy of obfuscation” that distracts from the company’s request to raise water consumption, said Gómez, the campaigner.

      Amazon said its approach shouldn’t be described as offsetting because the projects are in communities where the company operates.

      “We know that water is a precious resource, and we’re committed to doing our part to help solve this challenge,” said Harry Staight, an Amazon spokesperson. “It’s important to remember many of our facilities do not require the ongoing use of water to cool operations.”
      ‘Extreme drought’

      Amazon is by far the biggest owner of datacentres in the world by dint of its Amazon Web Services cloud division, but Google and Microsoft are catching up.

      In the US, which boasts the largest number of datacentres in the world, Google is the most likely to build in dry areas, SourceMaterial’s data shows. It has seven active datacentres in parts of the US facing water scarcity and is building six more.

      “We have to be very, very protective around the growth of large water users,” said Jenn Duff, a council member in Mesa, Arizona, a fast-growing datacentre hub. In January, Meta, the owner of Facebook, WhatsApp and Instagram, opened a $1bn datacentre in the city, and Google is developing two more.

      The surrounding Maricopa county, where Microsoft also has two active datacentres, is facing “extreme drought”, according to the National Oceanic and Atmospheric Administration. In June 2023, Arizona state officials revoked construction permits for some new homes there due to a lack of groundwater.

      Drought has not halted Google’s plans for a second Mesa datacentre, while its first centre has a permit to use 5.5m cubic metres of water a year – about the same quantity used by 23,000 ordinary Arizonans.

      “Is the increase in tax revenue and the relatively paltry number of jobs worth the water?” said Kathryn Sorensen, an Arizona State University professor and a former director of Mesa’s water department. “It is incumbent on city councils to think very carefully and examine the trade-offs.”

      Google said it won’t use the full amount of water in its Mesa permit as it plans to use an air cooling system.

      “Cooling systems are a hyperlocal decision – informed by our data-driven strategy called ‘climate-conscious cooling’ that balances the availability of carbon-free energy and responsibly sourced water to minimise climate impact both today and in the future,” said Google spokesperson Chris Mussett.
      Stargate

      In January at the White House, Trump announced “Project Stargate”, which he called “the largest AI infrastructure project in history”.

      Starting in Texas, the $500bn joint venture between OpenAI, the American software company Oracle, Japan-based SoftBank and Emirati investment firm MGX will finance datacentres across the US.

      The day before the Stargate announcement, Trump’s inauguration date, the Chinese company DeepSeek launched its own AI model, claiming it had used far less computing power – and therefore less water – than its western rivals.

      More recently, Bloomberg has reported that Microsoft is pulling back on some of its plans for new datacentres around the world. Microsoft has also published plans for a “zero water” datacentre, and Google has said it will incorporate air cooling to reduce water use – though it isn’t yet clear how its systems will work.

      “I’ll believe it when I see it,” said Jaume-Palasí. “Most datacentres right now are going from air cooling to water cooling because liquid is more efficient when you try to cool down high-density racks, which are the ones that are mostly being used for AI.”

      And while the Trump administration has pledged to fast-track new energy projects to power these new datacentres, it has so far said nothing about the water they could use up.

      “Neither people nor data can live without water,” said Gómez. “But human life is essential and data isn’t.”

  • Les chansons de la Grande famine irlandaise.

    "La quête désespérée de nourriture devient l’unique préoccupation de tous. Les animaux de compagnie sont dévorés. Les paysans sans terres, ouvriers agricoles, petits fermiers, meurent les premiers. L’hécatombe est encore aggravée par le traitement colonial infligé à l’Irlande par les Britanniques. En vertu de la doctrine du laisser-faire, la Grande-Bretagne rechigne ainsi à financer un plan de sauvetage, qui se limite à la distribution de soupes populaires et à la mise sur pied de chantiers de travaux publics, mal payés. D’aucuns voient dans ce drame, une opportunité pour se débarrasser d’une population rurale misérable, considérée comme un frein au développement de l’agriculture productiviste. Élite capitaliste sans scrupules, propriétaires terriens cyniques, bourgeois avides, entendent protéger leurs intérêts, quitte à laisser mourir une population invisible. Pour ces nantis, la Famine tient du châtiment divin. Elle est envisagée comme une "chance" pour l’Irlande ; une sorte de chemin de rédemption. Une chanson en gaelique, soigneusement transmise depuis le milieu du XIXe siècle, s’élève contre cette assertion. Elle s’appelle « Amhrán na bPrátaí Dubha » (« La chanson des pommes de terre noires ») et a probablement été composée pendant la Grande Famine par Máire Ní Dhroma. Au milieu d’un appel à la miséricorde de Dieu, une phrase dénonce : « Ní hé Dia a cheap riamh an obair seo, Daoine bochta a chur le fuacht is le fán » (« Ce n’était pas l’œuvre de Dieu, d’envoyer les pauvres dans le froid et l’errance »). "

    https://lhistgeobox.blogspot.com/2024/12/les-chansons-de-la-grande-famine.html

  • The Brief – Solidarity replaced by calls for tougher measures in EU migration debate

    The trend appears to include the entire political spectrum, from far-right figures like Geert Wilders to progressive leaders like Olaf Scholz.

    “Since 2015 everyone said that I am an idiot or evil to have this point of view. But at the end of the day everyone is going to agree with me in the end," said Viktor Orbán in Strasbourg last week.

    The Hungarian prime minister’s words are starting to sound more like a prophecy, as we witness a significant shift in how leaders approach and discuss migration policies in the EU.

    The trend appears to encompass the entire political spectrum. From growing calls to opt out of migration policies, led by far-right figures like Geert Wilders in the Netherlands and Viktor Orbán in Hungary, to progressive leaders such as German Chancellor Olaf Scholz, and even from outside the EU, UK Prime Minister Keir Starmer, showing interest in Italy’s controversial offshore migration deal with Albania.

    Questions persist over what drove this shift in the EU’s migration narrative, as the focus on solidarity, responsibility sharing and unity has now been replaced by member states advocating for tougher measures.

    The EU’s migration debate now focuses almost exclusively on combating smugglers, addressing instrumentalisation, tightening border controls, and reinforcing the external dimension of migration.

    Externalisation efforts ramped up following the 2015 migration crisis, which highlighted the weaknesses of the EU’s asylum system and exacerbated internal divisions. This crisis underscored the need for a unified and integrated approach across the Union.

    “This is also a long-term trend,” said #Giuseppe_Campesi, Associate Professor in Law and Society at the Department of Political Sciences of the University of Bari. “Starting with the agreement with Turkey, then the strengthened collaboration between Italy and Tunisia, and now the European Union’s partnership with Tunisia,” he added.

    After the 2015 crisis, the EU has actively pursued reforms to promote a more integrated migration strategy.

    After all, as the most quoted saying of founding father Jean Monnet goes, “Europe will be forged in crisis” and will be the “sum of the solutions adopted for those crises.”

    In May 2020, the newly established von der Leyen Commission announced its plan to introduce the New Pact on Migration and Asylum, which was ultimately approved in April this year amid considerable criticism from both governments and NGOs.

    But it seemed that lessons were learned when, in 2022, following Russia’s invasion of Ukraine, the Council unanimously adopted a resolution to activate the Temporary Protection Directive (TPD), reviving the long-dormant “sleeping beauty” of the EU asylum system to welcome Ukrainians fleeing the conflict.

    Two years later, however, the Ukrainian crisis stands as a unique circumstance that did not indicate a shift in the European Union’s strategy, especially as the political discourse surrounding migration becomes harsher.

    On the eve of the October European Council, which is expected to focus on migration, the push for a stricter migration policy is more evident than ever.

    The Commission’s letter sent to member states on Monday (October 14) outlines plans for innovative strategies to combat illegal migration, explicitly mentioning the “development of #return_hubs outside the EU.”

    In the approved New Pact, “the idea of containment at the border is very strong, particularly the concept of mandatory border procedures involving detention,” Campesi said.

    The new rules will affect border infrastructure by necessitating the establishment of detention centres, imposing significant costs on the countries of first arrival.

    “Until now, border procedures existed, but they were not mandatory and did not necessarily involve detention. However, that will no longer be the case,” he added.

    The letter sent by the Commission also references the “Italy-Albania protocol,” as the EU “will also be able to draw lessons from this experience in practice,” further normalising the offshore model, that now represents a practice from which the EU can learn and potentially expand.

    Just last year, former Council of Europe Commissioner for Human Rights Dunja Mijatović highlighted some controversial aspects of the pact, stating that it raises concerns for human rights “and adds to a worrying European trend towards the externalisation of asylum responsibilities.”

    “It seems that Italy is partially preparing for the implementation of new rules on border asylum procedures and returns, which have yet to be approved but are set to take effect in 2026,” Campesi added.

    https://www.euractiv.com/section/politics/opinion/the-brief-solidarity-replaced-by-calls-for-tougher-measures-in-eu-migratio

    #procédure_à_la_frontière #frontières #migrations #réfugiés #asile #pacte #pacte_européen #enfermement #détention #rétention #centres_de_retour #externalisation #modèle_albanais

    ping @karine4
    –-

    ajouté au fil de discussion:
    Procedura di frontiera: dall’UE arrivano le quote massime per ciascun Paese
    https://seenthis.net/messages/1067127

    ajouté à la métaliste sur #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile:
    https://seenthis.net/messages/1019088

    • Migration : les Européens à la recherche de solutions « innovantes »

      Il faut mettre en place des solutions innovantes pour faire baisser le nombre d’entrées illégales sur le territoire européen. Cette demande se fait de plus en plus pressante aux quatre coins de l’Union européenne. Et qu’importe si de récentes études universitaires comme le projet MIRREM (Measuring Irregular Migration) tendent à démontrer que le nombre d’étrangers en situation irrégulière dans l’UE reste stable depuis 2008 (environ 1% de la population de l’UE), les États membres veulent rajouter des briques dans la forteresse Europe.
      Une pression politique de plus en plus forte

      La pression politique est forte. La poussée de l’extrême droite dans les urnes en France, en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas… donne des sueurs froides aux dirigeants européens. C’est dans ce contexte que le 15 mai dernier, une quinzaine d’États membres de l’UE a demandé à la Commission européenne « d’identifier, d’élaborer et de proposer de nouveaux moyens et des solutions innovantes pour prévenir l’immigration irrégulière en Europe ». Une initiative lancée par le Danemark rejoint par l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, l’Italie, La Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne et la Roumanie. L’annonce avait initialement été accueillie avec un certain scepticisme « Je ne voudrais pas faire partie d’une solution innovante » avait lancé un diplomate européen à ses collègues.

      Aujourd’hui, la donne a changé. L’atmosphère politique s’est tendue. L’Allemagne rétablit les contrôles à ses frontières, les Pays Bas veulent se retirer de la politique d’asile et de migration européenne, la France veut augmenter le nombre d’expulsions… C’est ainsi que les solutions innovantes se sont officiellement retrouvées à l’ordre du jour de la réunion des 27 ministres de l’intérieur ce jeudi à Luxembourg.
      Un concept encore très flou

      Le concept reste encore assez flou mais la plupart des appels vers des solutions innovantes semblent aller dans le sens de la mise en place de « hubs de retour ». Des centres situés hors du territoire de l’Union européenne et vers lesquels seraient renvoyés des migrants en situation irrégulière.

      Ces « hubs » s’inspireraient largement de l’accord passé par le gouvernement de Giorgia Meloni avec l’Albanie où deux centres doivent recevoir les migrants arrêtés dans les eaux italiennes. Ils rappellent aussi le projet (désormais abandonné par Londres) d’expulser au Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume Uni.

      Le flou du projet européen devrait se dissiper sous peu. La Hongrie qui préside le Conseil des ministres de l’Union européenne a promis des initiatives concrètes lors d’une prochaine réunion des 27 ministres de l’intérieur de l’UE. Les solutions innovantes commencent à prendre la forme d’une politique de découragement de l’immigration vers l’Europe et il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour s’en émouvoir.
      La solution innovante alternative de l’Espagne

      Seule l’Espagne prend le contrepied de la majorité des États membres. Depuis des mois, le pays fait face à une hausse des arrivées de migrants illégaux aux îles Canaries. Malgré cette pression, le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez prône une approche ouverte. Et pour lui, ce n’est pas juste une question morale. « L’immigration n’est pas qu’une question d’humanité, même si serait déjà suffisant en soi. Elle est, en plus, nécessaire pour la prospérité de notre économie et le maintien de notre bien-être » a déclaré ce mercredi le chef du gouvernement espagnol.

      Pour défendre sa vision, Pedro Sanchez pointe la place qu’occupent déjà les migrants dans l’économie de son pays. Ils représenteraient déjà 25 à 50% des travailleurs dans le secteur de l’hôtellerie, de l’agriculture ou de la construction. Le Premier ministre souligne aussi les difficultés de recrutement auxquelles les entreprises ibériques font face.

      « Aujourd’hui, plus de la moitié des entreprises espagnoles font état de difficultés pour trouver de la main-d’œuvre et le nombre de postes vacants non pourvus dépasse déjà les 150.000, a-t-il détaillé. Il s’agit d’un niveau record qui, si nous n’agissons pas, se multipliera au cours des prochaines décennies ». Dans la foulée, le chef du gouvernement espagnol a annoncé une réforme de l’accueil des migrants pour éliminer les procédures bureaucratiques inutiles et faciliter leur intégration.
      Avancer la mise en œuvre du pacte européen sur l’asile et la migration

      Pourtant comme les autres Européens, les Espagnols se disent de plus en plus inquiets face à la migration. Selon un sondage publié mardi par le quotidien El Pais, 57% d’entre eux estiment qu’il y a trop d’immigrés dans leur pays et 41% se disent « préoccupés » face à l’immigration, soit 16 points de plus qu’il y a un an et demi.

      Mais face à cette inquiétude Pedro Sanchez refuse la course à l’échalote. Pour lui, les « hubs de retour » ne sont que de la poudre aux yeux. Sa solution innovante, il préfère aller la chercher dans ce qui a déjà été approuvé par les 27 États membres. Le Premier ministre espagnol voudrait avancer d’un an, soit dès l’été prochain, l’entrée en vigueur du pacte européen sur l’asile et la migration. Nul besoin de solution innovante. Tout ce dont les Européens ont besoin y figure déjà : un renforcement des frontières extérieures de l’Union et surtout un mécanisme de solidarité avec les pays qui, comme l’Espagne, sont sous pression migratoire.

      https://www.rtbf.be/article/migration-les-europeens-a-la-recherche-de-solutions-innovantes-11447499

      #innovation

    • UN refugee agency endorses EU ‘#return_hubs’ — but with conditions

      The UN refugee agency (UNHCR) says EU ’return hubs’ in foreign countries may work as an incentive for rejected asylum seekers in Europe to go home.

      The concept aims to forcibly send failed asylum seekers in the EU, who refuse to leave, to centres abroad before final repatriation later on.

      “UNHCR gives preference to voluntary returns,” Jean-Nicolas Beuze, the agency’s representative in Brussels, told EUobserver earlier this week.

      But he also said \"return hubs can work as an incentive for rejected asylum seekers to go back home, because they are no longer on European soil."

      Coupled with reintegration and assistance once back home, the EU would also need to be involved to ensure conditions at the centres are up to human right standards, he said.

      “People should have access to adequate health facilities, education and so on and so forth, pending the time they are able or willing to return to their country of origin” he said.

      The UNHCR has not been consulted on any specific country where return hubs could be located. Instead, Beuze said they are talking with the EU Commission to ensure the centres would “be legally viable in line with international and eventually European law.”

      Asked why foreign-based centres could expedite forced returns when member states are unable to do it themselves, Beuze said there is a belief that the host nation could facilitate communication between the EU and the country of origin.

      “I think that there’s some belief that by having this staged approach, it will give more time for a deal to be made with the receiving country,\” he said.

      ’Catastrophic human cost’

      However, the issue has generated alarm among civil society, which warn similar efforts have either failed to deliver or have been corrupted by massive human rights violations.

      “Every time this kind of scheme has been attempted, it has had a truly catastrophic human cost,” said Olivia Sundberg Diez of Amnesty International.

      “From our perspective, these are not humane. These are not sustainable or even feasible examples to follow,” she said, noting the enormous financial and human costs.

      Unlike return hubs, Italy’s deal aims to process asylum claims of people rescued on the high seas at centres in Albania under Italian jurisdiction.

      But it is also set to cost €670m, or possibly more, over the next five years. And an initial batch of people disembarked at the centres were eventually returned to Italy, following a Rome court decision.

      A UK plan with Rwanda to send asylum seekers arriving on British shores to the central African nation reportedly cost over €800m. The scheme, now scrapped by the new Labour government, managed to send only four people who had volunteered after being offered over €3,000 each

      Australia’s decade-old efforts to offshore people to Nauru, a remote small pacific island, or Papua New Guinea, has led to riots, hunger strikes and suicides

      Whatever the stakes, the current European Commission appears determined to explore such ideas amid pressure from member states to curtail asylum arrivals.

      European Commission president Ursula von der Leyen has tasked commissioner-designate Magnus Brunner, among others, for the task.

      The Austrian national and finance minister is set to become the European Commissioner for internal affairs.

      Brunner made no mention of return hubs in his letter ahead of the hearing with the European Parliament next week, but instead referenced future legislation on returns.

      https://euobserver.com/migration/ar9f2c375e
      #HCR

    • ‘Return hubs’ possible under new EU rules

      The new regulation, seen by Euractiv, is expected to introduce tougher migration rules and facilitate the creation of return hubs.

      The Commission is “aiming to make it possible” for member states to explore innovative ideas, including “return hubs,” in new legislation set to be unveiled today.

      The EU’s new return rules – the so-called “missing piece” of the asylum and migration system – are set to be unveiled during Parliament’s plenary session in Strasbourg today. The new legislation will replace the existing directive, which has been in place since 2008.

      The new text, which as Euractiv previously reported is set to be a regulation, will be directly applicable and binding in all member states, bypassing the need for national implementation.
      The draft regulation seen by Euractiv paves the way for the EU to establish controversial “return hubs” – dedicated deportation centers outside the bloc.
      “I aim to make it possible for member states to think about new, innovative ideas, including return hubs,” EU Commission chief Magnus Brunner said during a closed-door briefing on Monday.

      The issue has been under EU-level discussion for months, with Commission President von der Leyen raising the concept in a letter to member states last October, calling for further exploration.

      The new proposal will outline three return scenarios for individuals: their country of origin, the country they transited from, or a country with a “return hub” agreement with an EU member state, the draft reads.

      According to Brunner, the issue of returns is “existential”. “We try to give people the feeling that they have control over what is happening in Europe”, the Commissioner said. He stressed that if the democratic center parties do not address the issue, “we will lose the trust of our citizens altogether.”
      A unified EU system and harsher rules
      The new rules aim to create a unified return system across member states, addressing inconsistencies in rule interpretation to tackle the EU’s low return rates.

      “Four out of five people with a return decision remain in the European Union,” Brunner said. “That’s not acceptable.”

      As announced by EU Commission President on Sunday, the regulation will propose a new “European return order,” and mutual recognition of return decisions among member states. However the draft says this mutual recognition will not be mandatory.

      The new proposal will introduce tougher rules for individuals with a return decision, particularly those considered security threats. Detention grounds should be expanded to address the risk of absconding, with a possible detention period of up to 24 months. For those deemed security risks, detention is expected to last as long as a judge deems necessary following assessment.

      Entry bans, previously capped at 5 years, could now extend to 10 years, with high-risk individuals facing bans of up to 20 years. The proposal will also introduce new obligations for returnees and removes the fixed 7 to 30-day voluntary departure period, giving member states control over deadlines.

      The text could also pave the way for a broader role for the EU Border Agency Frontex in returns, to be addressed in a future regulatory reshuffle. “We are working on that,” Brunner said.

      European Commission President Ursula von der Leyen’s second-term agenda includes tripling the European Border and Coast Guard to 30,000, a move that will require a major regulatory overhaul.
      The new text forms part of a broader push for stricter rules. The EU migration chief has confirmed plans to fast-track the safe third country review under the new Pact of Migration.

      Last week, the Commission also confirmed that an EU safe country of origin list is in the making, set for completion before June.

      Euractiv has previously reported that the Commission was consulting member states to accelerate the review to March instead of June.

      https://www.euractiv.com/section/politics/news/return-hubs-possible-under-new-eu-rules

    • Le Royaume-Uni envisage des « centres de retour » pour migrants hors de ses frontières

      En déplacement en #Albanie, le Premier ministre britannique #Keir_Starmer a évoqué avoir entamé des discussions pour créer, hors du Royaume-Uni, des « centres de retour » pour les demandeurs d’asile déboutés. Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement travailliste multiplie les annonces visant à lutter contre l’immigration irrégulière.

      https://seenthis.net/messages/1116344

  • Apple Lost a Tax-Dodging Battle, but It’s Winning the War
    https://jacobin.com/2024/10/apple-ireland-tax-avoidance-ecj

    Comment l’Irlande et Apple pillent les autres pays de l’Union Europénne

    2.10.2024 by Brian O’Boyle - Last month, the European Court of Justice issued one of the biggest tax rulings in history, forcing Apple to pay €13 billion to Ireland. But firms like Apple have already teamed up with Irish government officials to devise new ways of avoiding taxes.

    On September 10, the European Court of Justice (ECJ) issued its ruling in the biggest antitrust case in history. Eight years after the European Commission found that Ireland had given illegal tax advantages to Apple, the ECJ confirmed that “Ireland granted Apple illegal state aid which Ireland is now required to recover.”

    This judgment overturned a 2020 decision by the lower European General Court to annul the original ruling by the commission. The ECJ’s ruling is also definitive, meaning that Ireland must now collect €13 billion (plus interest) from profits that were made by an Apple subsidiary known as Apple Sales International (ASI) between 2004 and 2014.

    This is a windfall that most Irish people are more than happy to receive. For the Irish establishment, on the other hand, it comes with a nasty sting in the tail, as it confirms that the state’s Revenue Commissioners allowed the world’s biggest corporation (by stock market valuation) to gain competitive advantages from using Ireland to shelter their profits. In other words, it confirms that Ireland was one of the world’s major tax havens at least until 2015.
    Special Arrangements

    It was to avoid this reputational damage that Ireland originally decided to fight the ruling from the European Commission. Rather than accept the windfall following a long phase of domestic austerity, the Irish government threw more than €10 million of public money into convincing the commission that it was not entitled to any of ASI’s more than €110 billion profits, even though all of the sales were booked through Ireland.

    To make its case, the Irish government sent an ex–attorney general, Paul Gallagher, to argue that the European case was “fundamentally flawed, confused and inconsistent.” Gallagher’s argument centered on the low-value nature of Apple’s manufacturing operation in Cork. He claimed that it was “astonishing” for the commission to allocate taxes from ASI’s non-US profits to Ireland, since the intellectual property in question was produced in the United States while the customers were mostly located in Europe, North Africa, and the Middle East.

    Gallagher went on to argue that by allocating the profits to Ireland in this way, the commission had overreached into Irish taxation policy, breaching Ireland’s national sovereignty in the process. But why were profits that had no economic relationship to Apple’s Irish operation routed through Ireland in the first place, and did the commission actually breach Ireland’s competencies around taxation? Answering these questions brings us into the heart of Apple’s unique arrangement with the Irish establishment.

    The genesis of the European Commission case was a slip of the tongue by Apple CEO Tim Cook in 2013. Appearing before a US Senate committee on Apple’s offshore activities, Cook referred to a special “tax incentive arrangement” that Apple had received from the Irish Revenue Commissioners as far back as 1991 and renewed again in 2007.

    This was an incredible admission to make in public, as it strongly suggested that Apple had a special deal with the Irish tax authorities. It also implied that one of the world’s most successful companies may have received a competitive advantage over its rivals. This set Europe’s competition commissioner, Margrethe Vestager, on the case.

    By the time Cook appeared in front of the Senate committee, it was an open secret that Ireland was allowing major US corporations to avoid their taxes. Most US companies were using a Base Erosion and Profit Shifting (BEPS) tool known as the “Double Irish.” But Apple seemed to have an even better arrangement created in the years before the legal provisions for the “Double Irish” were enacted.
    Race to the Bottom

    Apple’s relationship with Ireland goes back to 1980, when the company was looking for a European base to make their products. At the time, Ireland offered US corporations a 10 percent “Exports Sales Tax Relief Scheme” on their profits. However, when this special rate was challenged in the European courts, Apple found that it could only avail itself of the scheme until 1990.

    In 1991, the company sent three letters to the Revenue Commissioners proposing a new arrangement that would ensure that Apple continued to benefit from unusually low taxes in the Irish Republic. Its aim was to guarantee that its tax liability would never go beyond an agreed limit set in the low single figures. An official memo, issued to the US Senate committee and seen by the European Commission, stated the following:

    Since the early nineties, the government of Ireland has calculated Apple’s taxable income in such a way as to produce an effective rate in the low single digits. . . . The rate has varied from year to year, but since 2003 it has been 2 percent or less.

    This was the smoking gun that Vestager’s team had been looking for. Taking a case against companies using the “Double Irish” would have been next to impossible, as this avoidance strategy was part of Ireland’s taxation policy. The power to determine tax rates and regulations is jealously guarded by European member states who compete for mobile capital flows by offering different rates.

    Larger European states often express frustration at the EU’s tax-haven economies (Ireland, the Netherlands, and Luxembourg). But tax competition has worked overall for Europe’s elites, who have seen their costs fall significantly over the last twenty-five years. While Europe certainly wants more of the value that accrues to mainly US technology corporations, its decision-makers seem willing to tolerate all but the most blatant tax-avoidance strategies, as those strategies drive down the costs of doing business and shift the tax burden away from elites and onto workers. This chart from the International Monetary Fund gives us the general pattern of corporate taxes in the neoliberal era.

    This deal was different, however, as Apple had asked for a special guarantee to artificially calculate their taxes in such a way that they would pay very little to the Revenue Commissioners. This granted them unique competitive advantages over other corporations. The fact that Cook had explained this under oath meant that the European Commission could convict Apple of receiving illegal state aid — and implicitly convict Ireland of being a tax haven in the process.

    Paul Gallagher’s claim that the commission had strayed into Irish taxation law is therefore revealing for what it doesn’t say. Everyone knew that Ireland was offering unfair tax advantages to major corporations, but it was only because Apple deviated from the general “Double Irish” avoidance tool that the commission could convict them.

    There has never been a commission case against Ireland’s use of the “Double Irish,” as this was tolerated as part of Ireland’s taxation offering until it became politically toxic when Apple was exposed. Apple had a side deal from the Revenue Commissioners: since this couldn’t be written into Irish law, it could be defined as illegal state aid and a distortion of the Single Market.
    Double or SIngle?

    The substance of the arrangement was also important. To ensure that Apple received maximum benefit from their “special arrangement,” they set up Apple Operations Europe (AOE), from which they created a subsidiary known as Apple Sales International (ASI). Both had rights to share intellectual property with their American parent, allowing vast profits to be funneled into Ireland without any connection to their Irish manufacturing operation.

    In the ten years from 2004 to 2014, ASI was deemed to have made €110.8 billion in profits from the sale of iPhones that were produced in China using IP that was created in California. It was these profits that the European Commission eventually homed in on. In the traditional “Double Irish,” corporations establish two Irish companies (hence the name). One is responsible for the sales of the parent company’s products outside the United States, while the other owns the non-US intellectual property (IP) of the parent company.

    The arrangement worked because the Revenue Commissioners allowed companies to send their profits out of Ireland if they declared that their “command and control center” was overseas. So, all a corporation had to do was

    Set up two Irish incorporated companies (IRL 1 and IRL 2).
    Funnel the proceeds of their non-US sales into IRL 1 — this held the licenses to sell the products and was usually registered for Irish taxes.
    Turn any profits made by IRL 1 into royalties owed to IRL 2 for IP owned by IRL2 and rented to IRL1.
    Declare that IRL 2 is controlled overseas.
    Move the profits out of IRL 2, usually to a state that charged a zero rate of corporate tax.

    This scheme worked so well because it dovetailed perfectly with the needs of US corporations. The Internal Revenue Service (IRS) changed its rules in 1996 to allow US companies to separate their domestic profits from those made abroad, provided they paid their foreign taxes in a legitimate (non-tax-haven) country. In response, Ireland’s 1997 Taxes and Consolidation Act was designed to allow US firms to incorporate in a “legitimate economy” but still send their profits to a zero-tax destination.

    As far as the IRS was concerned, Irish-incorporated companies paid their taxes in the Republic of Ireland. But the Irish Revenue Commissioners allowed companies controlled from abroad to send their profits overseas (often to a Caribbean island). By 2007, this arrangement was open to Apple as well. Yet the firm chose to establish two branches inside Apple Sales International instead of having two separate companies (IRL 1 and IRL 2) to avoid their taxes. One branch was responsible for most of Apple’s non-US sales, while the other had a license to sell Apple’s intellectual property and held its board meetings in Bermuda.

    If these had been two separate companies, Apple might well have won the case. But since they were two branches of the same company (ASI), the commission could argue that the sales function overrode the fact that the second branch held its board meetings abroad. They were further able to argue that ASI was substantially an Irish company and should therefore pay its taxes in Ireland.

    This brings us back to the arguments of Paul Gallagher, who wanted to argue that the profits should go back to the US headquarters responsible for creating the intellectual property without explaining why they had been routed through Ireland in the first place. Apple thought it had a more secure arrangement that avoided the obvious weaknesses associated with the “Double Irish.” However, it was these special features that made it vulnerable to the charges of illegal state aid.
    Making Allowances

    Apple wrote to the European Commission in the early months of 2015 confirming that it had closed the BEPS tool associated with ASI. They confirmed that the company would no longer be used to funnel profits into Ireland using IP that was primarily held in the US and that they would no longer abuse the discrepancy between Irish law and US law to make their profits effectively “stateless.”

    What they didn’t say, however, was that they were in the process of creating an even more effective BEPS tool by moving their non-US intellectual property fully into Ireland. In the early part of 2015, Apple moved roughly €335 billion worth of IP into Ireland, causing an enormous distortion of the national accounts. Because the Revenue Commissioners defined these assets as capital investment, they obliged the state to declare that Irish GDP had grown by 26.3 percent in 2015 — a figure that later had to be revised upward to 32.4 percent.

    This caused derision among economic commentators, with Paul Krugman famously labeling the announcement as a case of “Leprechaun Economics.” But this momentary reputational damage was a price worth paying, as Apple and Ireland jointly realized that their original mistake was to operate outside the terms of tolerated tax avoidance written into the tax code of a European member state.

    The Irish government once again facilitated Apple in its onshoring maneuver, this time by increasing tax allowances for intangible assets — the very assets that Apple was onshoring — from 80 percent to 100 percent. In other words, Apple now had €335 billion worth of (supposed) investment costs that it could use to obtain tax deductions from the Irish Revenue Commissioners.

    The new Capital Allowances for Intangible Assets (CAIA) works so well because it was created by the Irish state to deal with assets that are extremely hard to value and extremely hard to regulate. Most tax codes allow deductions for investment in capital assets to allow companies to pay their costs before their revenues are defined as profits. If a company buys a piece of machinery for €1 million that will depreciate over a ten-year period, then the company can claim 10 percent of the cost of that asset each year for a decade. But the extension of this principle to intangible assets has proven wide open to abuse.
    Appropriate Structuring

    For one thing, intangible assets are usually produced in one arm of a major corporation and sold to another arm for what is known as a transfer price. These internal prices are notoriously difficult to measure objectively, and they have consistently been (ab)used to shift profits out of higher-tax jurisdictions into lower-tax alternatives.

    Even more important, the value of intangible assets is extremely hard to assess objectively. KPMG informed its investors that companies with a stock market value of €1 billion and tangible assets of €100 million can legitimately argue that the difference is down to their intangible investment:

    A hypothetical company with an equity market capitalisation of €1,000 million, but tangible assets of €100 million, can argue that the gap of €900 million represents its intangible asset base, which can be legally created and appropriately located. . . . Ireland’s Capital Allowances for Intangible Assets Programme enables these intangible assets to be turned into tax deductible charges. . . . With appropriate structuring, the intergroup acquisition financing for the purchase of these intangible assets can also be used to further amplify the quantum of tax deductible charges.

    We have no way of knowing how much Apple actually spent to create the assets they valued at €335 billion. But we do know that they were not created in its Irish operation — remember that Gallagher’s case was based on the Cork operation being low value added — and that they were moved into Ireland for no other reason than to gain deductions in taxation.

    In other words, an ex–attorney general was arguing that Apple should not pay Irish taxes on IP that was not produced in Ireland at the very same time as Apple was claiming tax deductions for these same assets through the Irish tax code. This speaks to the craven nature of the Irish state but also to the ultimate duplicity of the European elites.

    After all, the commission took a case against Apple for receiving state aid until 2014, but not after that point. It did so knowing that the company was subsequently receiving even better advantages from 2015 onward through a CAIA scheme that would not be investigated.
    The Green Jersey

    To increase the attractiveness of its decision, Apple also set up a second holding company, this time in Jersey, which lends money to the Irish operation to purchase its IP from America. Jersey levies no taxes on the interest that Apple’s Irish-based holding company pays to its Jersey-based counterpart — thus giving Apple further deductions and prompting tax justice campaigners to label this new scheme the “Green Jersey.”

    The success of Apple’s CAIA tax avoidance tool is evident in the enormous jump in allowances for capital investment that corporations have been claiming since the scheme was first enacted in 2015. It is also clear from the enormous increase in corporate tax receipts that the Irish government is now collecting. Table 1 captures the details.

    *Note — The Capital Allowances for 2022 are a slightly better measure of the overall intangible assets deduction than previous years as the methodology has been tweaked to exclude more of the nonintangible assets that are part of the deductions for the earlier years.

    The CAIA scheme is better for Ireland and better for its corporate partners. It dispenses with the obvious fiction of allowing companies to incorporate in Ireland while paying taxes in a foreign country. It also gives corporations almost limitless ways to write down their taxes against costs for IP produced anywhere in the world.

    Capital allowances for intangible assets have jumped 700 percent since 2011 while the Irish state’s tax take has increased by 442 percent over the same period. Apple and Ireland may have lost the battle, but they have continued to win the war against legitimate taxation. In the neoliberal era, the ability of elites to use tax competition to drive down the burdens placed on capital has proved to be more important than stamping out the tax avoidance that inevitably goes along with this competition.
    New World Order?

    Ireland responded to the ECJ ruling in typical fashion. Understanding the need to accept the ruling without antagonizing either the European courts or the corporations that benefit from Ireland’s tax regime, the Department of Finance said that it would “respect the judgement” and move to recover the unpaid taxes, even while it rejected the ultimate claims upon which the case had been won.

    These were carefully chosen words. The Irish elites never wanted to collect taxes they had helped Apple to shelter. However, faced with a ruling from the highest court in the European Union, their strategy has been to accept the money with as little fanfare as possible; to downplay any sense that Ireland has benefited from the judgement; and to forcefully claim — in an obviously contradictory manner — that the state has already changed the law to stop the tax avoidance at the center of the case.

    “Nothing to see” and “don’t expect much” were the key elements of the Irish state’s messaging around the issue, as the government’s official statement reveals:

    The Apple case involved an issue that is now of historical relevance only; the Revenue opinions date back to 1991 and 2007 and are no longer in force; and Ireland has already introduced changes to the law regarding corporate residence rules and the attribution of profits to branches of non-resident companies operating in the State.

    This statement is necessarily deceitful, but it could only have been written with the connivance of ruling classes well beyond Ireland itself. Having suffered reputational damage through the ECJ decision, the Department of Finance is desperate to convey the impression that any tax avoidance that may have occurred was inadvertent from its perspective and has not been happening since 2015.

    It also wants to put across the message that the state has moved decisively to close down loopholes that it had no part in creating. In reality, as we have seen, the Revenue Commissioners have exchanged a less effective BEPS tool based on its bogus residency rules for a more effective one based on capital allowances.

    The European Commission knows this, as does every serious analyst of the Irish taxation system. But it will not take effective action against the CAIA scheme without the active involvement of the US authorities. The problem is that the scheme rewards the world’s most powerful corporations — corporations that have their political centers in the US and can use innovations in technology and digitization to strategically place their intellectual property in low-tax jurisdictions.

    Faced with this reality, it seems that the European establishment is torn. The major states (particularly Germany and France) are losing substantial revenues to US shareholders through offshore economies within the EU. European decision-makers also recognize that US corporations have benefited disproportionately from the current system of international taxation.

    This helps explain why the EU initially wanted a 3 percent tax on the entire global sales of major technology corporations, before the Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) BEPS initiative effectively torpedoed this proposal. The “Twin Pillars” of the BEPS agreement are meant to tackle the new reality of transfer pricing and intellectual property by linking the taxes of the world’s biggest corporations more closely to where they perform their economic activity (Pillar One) and by imposing a minimum global tax rate of 15 percent on companies with annual revenue in excess of €750 million (Pillar Two).
    Biden’s Bluff

    Joe Biden has been a vocal supporter of these ideas, but his position often feels more of a rhetorical strategy to differentiate the Democrats from Donald Trump than a genuine move to reduce the advantages enjoyed by US corporations. Both Biden and Kamala Harris have promised that they will stop the global race to the bottom on corporate taxation, and the US system has become marginally less favorable to corporations through the 2017 Global Intangible Low Tax Income (GILTI) measures and the Inflation Reduction Act of 2022. However, the US has yet to sign up to either pillar of the BEPS proposal, even though the agreement is nearly a decade old.

    Any change to the law would require a majority in the House of Representatives as well as the Senate. This means the Democrats can promise change in the run-up to November’s presidential election, secure in the knowledge that their ability to deliver on such pledges will not be tested until after the election is over. At that stage, no matter who comes out on top, neither Harris nor Trump seems likely to have an outright majority in both Houses. With the Republicans implacably opposed to any changes that would disadvantage US corporations, the chances of US lawmakers giving the green light for BEPS are slim.

    Irish policymakers have made roughly the same calculation. While they have signed up to a 15 percent tax as the least bad option for Pillar Two, compared with an EU proposal for a digital tax on sales, they are more confident that Pillar One (which would threaten Ireland’s status as a tax haven) will never see the light of day. This is why they continue hiding in plain sight, offering tax advantages to global corporations as part of their wider strategy to compete for mobile investment and high-paying jobs.

    Apple and Ireland have been compelled to accept that they jointly constructed a tax haven to avoid taxes that should have been paid until 2015. But they have not yet been forced to stop their ongoing practice of tax avoidance in any meaningful way. For that to happen, it will require more than a few tweaks in international corporate law — we will need a far more militant working class that puts our rulers under pressure in Ireland and elsewhere.

    Contributors

    Brian O’Boyle is the author, with Kieran Allen, of Tax Haven Ireland, Durkheim: A Critical Introduction, and Austerity Ireland. He lectures in economics at St Angela College, National University of Ireland, Galway, and is editor of the Irish Marxist Review.

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    #Irlande #Union_Europénnen #EU #USA #évasion_fiscale #capitalisme #mondialisation

  • En Irlande, un excédent budgétaire historique qui dépend du détournement des impôts du reste de l’Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/09/30/en-irlande-un-excedent-budgetaire-historique-qui-depend-du-detournement-des-

    Le problème est que ce spectaculaire succès vient pour partie d’argent « détourné » du reste de l’Europe. Tax Justice Network, une association de lutte contre l’évasion fiscale, calcule pour Le Monde que les multinationales ont transféré artificiellement vers l’Irlande, en 2021, 130 milliards de dollars de profits (116,5 milliards d’euros). De quoi faire perdre 32 milliards de dollars de recettes fiscales aux autres pays de l’Union européenne (UE), dont 3,3 milliards à la France.

    Inversement, profitant de l’imposition plus faible, les multinationales ne versent sur ces bénéfices transférés en Irlande que 13 milliards de dollars d’impôts. « Cela signifie que, pour chaque dollar de recette fiscale gagné par l’Irlande, cela coûte 2,50 dollars en recettes perdues dans le reste de l’Union européenne », détaille Alison Schultz, qui a réalisé ces calculs.

    • Lyra McKee was an investigative journalist from Belfast. She was killed whilst observing a riot in Derry, Northern Ireland in April 2019. She was 29. In her 2017 TED talk she spoke movingly of the moment she came out to her mum. ‘Don’t tell me there’s no hope,’ she said. Her family are still campaigning for #Justice4Lyra. The first three lines are taken from the traditional song The Croppy Boy.


      https://en.wikipedia.org/wiki/Lyra_McKee

      –-

      Was early, early in the spring
      When all the birds did sweetly sing
      They changed their notes from tree to tree*
      And sang their song like they were free

      Last night beneath a rising moon
      Orpheus sang and played his tune
      The sirens sank without a scream
      And there was peace in my dream
      But like a wren caught in a thorn
      I woke crying in the morn
      I knew I’d never hear the like
      Of the song he sang in the night

      There was a girl who lived in shame
      She thought that she was all to blame
      Prayed for her sin to be undone
      Until one night she told someone
      And like a sparrow in a storm
      She came flying in the morn
      She filled her lungs and her voice rang
      And there was peace where’er she sang

      Once upon a tiny screen
      In a place we’ve never been
      A siren screams, a bullet sounds
      A sparrow falls to the ground
      Once there was an open heart
      Now there is a broken heart
      Once there was a raging storm
      Soon a hatchling will be born

      Was early, early in the spring
      All the birds did sweetly sing
      They changed their notes from tree to tree
      And they sang for Lyra McKee

      #chanson #musique #Lyra_McKee #assassinat #journaliste #musique_et_politique #Irlande_du_Nord #The_Young'uns

  • Extinction Rebellion Ireland warns new #Google data centre will be met with ’massive pushback’

    Extinction Rebellion Ireland (ERI) has warned that if a planned new Google Ireland #data_centre gets the planning go-ahead for south Dublin “it will be met with massive local and national pushback and action”.

    In an objection against the planned new data centre expansion by Google Ireland for Grange Castle Business Park in south Dublin, Emer Connolly of Extinction Rebellion Ireland has told the Council: “This expansion is a disaster for local communities, water shortages, transition to a more sustainable economy, and reaching our climate targets.

    Ms Connolly states that “if this planning goes through, it will be met with massive local and national pushback and action”.

    She said: “Environmental groups are watching closely and won’t let this go through easily.”

    In a separate submission, An Taisce has warned that planning for the data centre "would further compromise our ability to achieve compliance with our carbon budget limits and would put additional pressure on renewables capacity to deal with the significant additional power demand”.

    The scheme is the third phase of the Google Ireland data centre campus at Grange Castle Business Park and will involve the creation of 800 construction jobs and 50 jobs when operational.

    The new 72,400 square-metre data storage facility data centre will involve the construction of eight data halls on a 50 acre greenfield/brownfield site.

    However, in the eight-page submission, An Taisce’s Planning Officer, Sean O’Callaghan states that the proliferation of data infrastructure has largely gone unchecked, and data centres now consume 21 per cent of Ireland’s total metred electricity.

    He said that this is up from 5% in 2015 and represents more electricity use than all urban households in Ireland combined.

    Mr O’Callaghan has stated that the planned data centre will put great pressure on an already strained electricity grid in the Dublin region, particularly in light of the large number of existing and proposed data centres already in the area.

    Mr O’Callaghan stated that a projected increase of 0.44 per cent in national emissions from the project "is entirely incompatible with our obligations to reduce emissions”.

    Mr O’Callaghan states: "Also, we consider an increase in national emissions of almost half a percentage point as a result of one singular development to be very significant.”

    He said that granting development consent for the data centre, on its own terms and when considered cumulatively with the high concentration of other data centres, “would greatly risk Ireland’s ability to meet carbon budget and sectoral emissions ceiling obligations for the electricity sector”.

    Head of Policy at Friends of the Earth, Jerry MacEvilly has called on the Council to reject the planning application.

    Mr Mac Evilly states “our concern is that the proposed development would actively undermine the achievement of the state’s carbon budget programme”.

    Dr Colin Doyle has told the council that claims of commitment by Google and Google Ireland Ltd “to decarbonisation amount to greenwashing”.

    He said: “The claims are all based on purchase of renewable electricity. While these purchases can be reported in corporate Green House Gas (GHG) accounting systems, they do not mitigate or offset in any way the physical additional GHG emissions caused by Google’s activities in Ireland.”

    In a separate submission, Gino Kenny TD (People Before Profit Solidarity) along with party colleagues, Cllr Madeleine Johansson and Cllr Darragh Adelaide have told the council that the development “would have an adverse impact on the local community, the electricity grid and on Ireland’s carbon emissions”.

    Raising concerns about possible black-outs in the area from data centre development, the three state that “Grange Castle has seen a significant number of data storage developments, some of which have not yet started operating, and we would be extremely concerned about the capacity of the electricity grid at this time to cope with any further developments”.

    A decision is due on the application later this month.

    https://www.breakingnews.ie/ireland/extinction-rebellion-ireland-warns-google-data-centre-will-be-met-with-
    #Irlande #data_center #résistance #environnement #Grange_Castle_Business_Park #centre_de_données

  • Irlande : quinze arrestations après des violences anti-immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/16/irlande-quinze-arrestations-apres-des-violences-anti-immigration_6250510_321

    Irlande : quinze arrestations après des violences anti-immigration
    Le Monde avec AFP
    Quinze personnes ont été arrêtées lundi 15 juillet à Dublin (Irlande) lors d’affrontements entre la police et des manifestants anti-immigration sur un chantier de construction d’un centre d’hébergement pour demandeurs d’asile. « Personne n’a le droit de brûler des voitures, d’endommager des biens », a fait valoir le premier ministre, Simon Harris. « Ces actes sont criminels et visent à semer la peur et la division », a-t-il ajouté. « Nous ne devrions pas accepter qu’ils soient légitimés de quelque manière que ce soit en les qualifiant de “manifestations”. »
    « Un certain nombre de véhicules de la Garda ont été endommagés », a souligné la police dans un communiqué, en référence à la police nationale irlandaise. Ces affrontements sont les derniers en date sur des sites destinés à accueillir les demandeurs d’asile, où des incendies criminels se multiplient aussi depuis 2022. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des machines et des matériaux de construction en feu sur le site, une ancienne usine située dans le nord de la capitale.
    Les manifestants ont jeté des briques et lancé des feux d’artifice en direction de la police, qui a de son côté fait usage de gaz poivré pour disperser la foule, composée de plus d’une centaine de personnes, essentiellement des hommes. Une vidéo a montré une personne, probablement un travailleur du site, qui devrait être transformé en centre d’hébergement pour 500 demandeurs d’asile, quittant les lieux sur une civière.Les manifestations à l’entrée du site ont retardé le début des travaux « depuis plusieurs mois », a déclaré le ministère de l’intégration. Les violences ont commencé après qu’un « prestataire a tenté de commencer les travaux » tôt lundi, a déclaré le ministère, responsable de l’hébergement des demandeurs d’asile. Le ministère « condamne tout acte de criminalité et d’intimidation à l’encontre des prestataires et de leurs employés ».
    La violence a également été dénoncée par la ministre irlandaise de la justice, Helen McEntee, qui s’est déclarée « consternée » par ces événements. Les personnes impliquées dans ces troubles devront faire face aux « rigueurs de la loi », a-t-elle déclaré au journal Irish Times. L’hébergement des migrants est devenu en Irlande un sujet particulièrement sensible, le manque de logements abordables et la crise du pouvoir d’achat ayant alimenté un fort ressentiment à l’encontre des nouveaux arrivants. Lors de violentes émeutes à Dublin en novembre, déclenchées par une attaque au couteau devant une école, les émeutiers ont également pris pour cible des sites utilisés pour héberger des demandeurs d’asile.

    #Covid-19#migrant#migration#irlande#asile#integration#immigration#logement#hebergement#sante#violence

  • GPA dans le monde : actualités

    Irlande. Juin 2024 : le projet de loi sur la GPA a malheureusement été voté.
    Le projet de loi sur la maternité de substitution voté dans l’indifférence la plus complète des décideurs politiques

    Déclaration. juin 2024

    Nous, la Coalition internationale pour l’abolition de la gestation pour autrui (CIAMS), en tant que défenseurs féministes des droits humains, dont les droits des femmes et des , des enfants que le projet de loi irlandais , tel qu’il a été voté, est incompatible avec les idéaux européens de dignité humaine.

    Lire le texte entier
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/02/ventre-a-louer-une-critique-feministe-de-la-gpa/#comment-61545

    #feminisme #gpa #irlande

  • France : 15 migrants retrouvés dans un camion à bestiaux en route vers l’Irlande du Nord - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57601/france--15-migrants-retrouves-dans-un-camion-a-bestiaux-en-route-vers-

    France : 15 migrants retrouvés dans un camion à bestiaux en route vers l’Irlande du Nord
    Par La rédaction Publié le : 07/06/2024
    Quinze migrants ont été arrêtés le 26 mai sur le port de Cherbourg-en-Cotentin, dans le nord de la France, alors qu’ils se trouvaient dans la remorque d’un camion à bestiaux, indique jeudi le quotidien local Ouest-France. Le poids-lourd, immatriculé en Irlande du Nord, s’apprêtait à traverser la Manche.
    Quinze exilés ont été retrouvés sains et saufs par les autorités françaises sur le port de Cherbourg-en-Cotentin, dans le nord du pays. Ils étaient cachés dans la remoque d’un camion à bestiaux immatriculé en Irlande du Nord, selon une information du quotidien local Ouest-France, jeudi 6 juin.
    Les migrants, découverts le 26 mai, étaient originaires d’Albanie et du Vietnam. Ils espéraient traverser la Manche cachés dans le camion. Les premiers éléments de l’enquête « tendent à établir que c’est à l’insu du chauffeur que les 15 individus se sont dissimulés à l’intérieur du véhicule transportant habituellement des animaux », précise le procureur de la République Pierre-Yves Marot à Ouest-France.
    Depuis le début de l’année, le port de Cherbourg, est activement surveillé par la police aux frontières (PAF) avec l’aide de drones. Et ces contrôles semblent porter leurs fruits : au premier trimestre 2024, les interpellations étaient supérieures à 97% par rapport à l’an dernier, « soit quasiment 100 [personnes] interpellées » à cette période, avait indiqué fin avril au quotidien Hugues Toulliou, le directeur interdépartemental de la PAF.
    Plus au nord aussi, les tentatives de départ vers le Royaume-Uni se poursuivent. Jeudi 6 juin dans la matinée, plus de 70 migrants ont été secourus dans le détroit du Pas-de-Calais, selon un communiqué de la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar). En fin de nuit, les autorités ont dépêché un navire pour vérifier la situation à bord d’une embarcation de 74 personnes qui a pris la mer dans le secteur de Calais. Le canot était « fortement à la dérive », affirme la Premar. « Dans un premier temps, 18 personnes [ont demandé] assistance et [ont été] prises en charge » par les autorités. « Puis quelques temps après, l’embarcation précaire [n’est toujours pas parvenue] à se remettre en route et les 56 naufragés restant [ont] également [été] secourus ». Ils ont été déposés au port de Dunkerque.
    Quelques heures plus tard, en fin de matinée, un drame a été évité de justesse. « Une embarcation de migrants [a fait] naufrage au milieu du détroit du Pas-de-Calais, en secteur britannique », signale le même communiqué. Les autorités britanniques ont pris en charge le canot avec à son bord 80 exilés, dont des enfants. Plusieurs d’entre eux se trouvaient en difficulté dans l’eau à l’arrivée des secours. En parallèle, les forces françaises continuent de sillonner la zone pour retrouver d’éventuelles victimes. « Après plusieurs heures sur place, aucun corps à la dérive n’a été observé dans ce secteur », ajoute la Premar.
    Malgré la multiplication des mesures pour tenter de dissuader les migrants de rejoindre le Royaume-Uni, les traversées depuis les côtes françaises ne faiblissent pas. Depuis janvier, près de 11 000 exilés sont parvenus à traverser la Manche pour atteindre les rives anglaises. Soit une augmentation de 42% des arrivées enregistrées côté britanniques, par rapport à la même période de l’année dernière, et 8% de plus qu’en 2022 – année record du nombre de traversées.

    #Covid-19#migrant#migration#france#dunkerque#pasdecalais#PREMAR#royaumeuni#migrationirreguliere#traversee#irlande#PAF#cherbourg#sante

  • La justice d’Irlande du Nord retoque la loi britannique sur l’expulsion des migrants vers le Rwanda - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57074/la-justice-dirlande-du-nord-retoque-la-loi-britannique-sur-lexpulsion-

    La justice d’Irlande du Nord retoque la loi britannique sur l’expulsion des migrants vers le Rwanda
    Par La rédaction Publié le : 14/05/2024
    La Haute Cour de Belfast a jugé lundi que plusieurs dispositions de la loi britannique autorisant l’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda étaient inapplicables en Irlande du Nord. Selon un juge, plusieurs dispositions du texte affaiblissent les droits des demandeurs d’asile, tels que garantis par l’accord de paix du Vendredi Saint de 1998 et des textes légaux signés récemment pour le protéger.
    Nouvelle embûche pour l’application de la loi britannique prévoyant d’envoyer au Rwanda les demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni. La Haute Cour de Belfast a jugé lundi 13 mai que plusieurs dispositions de la loi britannique autorisant l’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda étaient inapplicables en Irlande du Nord.Le juge Michael Humphreys a estimé que des pans entiers de la loi devraient être « abrogés » avant son application en Irlande du Nord, au nom de la protection des droits humains.
    La justice nord-irlandaise fonctionne indépendamment du système judiciaire anglais. Le magistrat a évoqué dans sa décision l’accord de paix du Vendredi Saint, qui a mis fin en 1998 à trois décennies d’un conflit sanglant autour de la souveraineté britannique dans cette nation, membre du Royaume-Uni et frontalière de la république d’Irlande.Le juge a en effet estimé que plusieurs dispositions du texte affaiblissaient les droits des demandeurs d’asile, tels que garantis par l’accord de paix et des textes légaux signés récemment pour le protéger. Elles violent également des droits protégés par la Convention européenne des droits de l’Homme, dont le Royaume-Uni est signataire, a-t-il estimé.
    Sinead Marmion, avocate d’un demandeur d’asile iranien de 16 ans en partie à l’origine de ce recours, s’est réjouie de cette décision : « Ce jugement envoie un message clair au gouvernement britannique (...) Non seulement les demandeurs d’asile seront les bienvenus en Irlande du Nord, mais ils seront protégés par la loi », a-t- elle déclaré. Cette décision constitue selon elle un « énorme obstacle » à la mise en oeuvre des lois britanniques anti-immigration en Irlande du Nord.De son côté, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a toutefois affirmé que ce jugement ne « changeait rien » à la légalité du texte ou au calendrier de sa mise en oeuvre au Royaume-Uni, de premiers demandeurs d’asile devant être expulsés en juillet.
    Le gouvernement britannique affirme que les dispositions de l’accord du Vendredi Saint « ne doivent pas être étendues à des questions telles que la migration illégale », a-t-il souligné. « Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour défendre cette position, y compris en faisant appel » de la décision judiciaire, a-t-il également assuré.Gavin Robinson, chef par intérim du parti unioniste DUP, attaché au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, s’est lui inquiété que le territoire devienne un « aimant » pour les demandeurs d’asile, si la loi anti-immigration ne s’y appliquait pas.
    Cette loi du gouvernement conservateur britannique, critiquée par l’ONU, l’opposition travailliste et les organisations de défense des droits humains, suscite aussi des tensions entre Londres et Dublin.
    Depuis son entrée en vigueur, de nombreux demandeurs d’asile sont entrés en Irlande en passant par l’Irlande du Nord, espérant échapper à une expulsion au Rwanda. Le Premier ministre irlandais, Simon Harris, a averti que Dublin prendrait des mesures pour endiguer l’afflux, notamment en renvoyant ces demandeurs d’asile vers le Royaume-Uni.Depuis le début du mois de mai, les interpellations de demandeurs d’asile se multiplient au Royaume-Uni. Le gouvernement britannique arrête et place en rétention les personnes susceptibles d’être envoyés au Rwanda dans le cadre du plan d’expulsion adopté le 22 avril par le Parlement.
    Le gouvernement est également confronté à une fronde croissante. D’une part venant des ONG, qui multiplient les actions et les prises de position contre ce plan jugé « inhumain ». Mais la mobilisation vient aussi des exilés eux-mêmes, terrifiés à l’idée d’être envoyés dans un pays qu’ils ne connaissent pas. (...)
    De son côté, le gouvernement britannique maintient son cap. Il a informé la Haute-Cour de Londres qu’il prévoyait de commencer les premières expulsions vers le Rwanda entre le 1er et le 15 juillet. Le gouvernement espère ainsi avoir expulsé au moins 5 700 personnes d’ici la fin de l’année. Mais les opposants au projet n’ont pas non plus dit leur dernier mot. Plusieurs actions en justice lancées par des associations ou des syndicats peuvent ralentir, voire mettre un terme au processus. Le juge Martin Chamberlain, de la Haute-Cour de Londres, a organisé la semaine dernière une audience sur un recours contre le Plan Rwanda déposé par le syndicat FDA, qui représente les fonctionnaires.Le prochain rendez-vous des opposants à la loi est d’ores et déjà fixé. Une grande manifestation nationale, à l’appel d’associations, ONG et syndicats, doit avoir lieu le 29 juin prochain.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#irlandenord#rwanda#expulsion#droit#asile#sante

  • Conor Kostick et Vladyslav Starobubtsev : Un dialogue irlando-ukrainien

    Quels étaient les défis auxquelles vos nations respectives étaient confrontées ?
    CONOR KOSTICK
    L’Irlande a été la première colonie de l’empire britannique. Tout au long des 18e et 19e siècles, le contrôle britannique sur l’Irlande a été exercé avec une brutalité considérable : répression de la religion catholique pratiquée par la majorité des Irlandais, interdiction de l’usage du gaélique, la langue irlandaise, exclusion de la majorité du peuple irlandais de la vie publique et du pouvoir politique. Sur le plan économique, la Grande-Bretagne a empêché toute émergence d’une industrie irlandaise, à l’exception du Nord-Est du pays. Dans les années 1847-1853, elle a conduit le pays à une famine – qui aurait pu être évitée – qui a fait passer la population irlandaise, par la mort et l’émigration, de plus de 8 millions à 3 millions.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/08/conor-kostick-et-vladyslav-starobubtsev-un-dia

    #international #irlande #ukraine

  • Le premier #accident automobile mortel de l’histoire
    https://carfree.fr/index.php/2024/05/07/le-premier-accident-automobile-mortel-de-lhistoire

    Environ 4 000 personnes sont tuées chaque jour sur les routes du monde, soit près d’1,5 millions de morts par an. Mais quand a eu lieu le premier accident mortel Lire la suite...

    #Fin_de_l'automobile #Insécurité_routière #féminisme #histoire #irlande #mort #mortalité #science #sécurité_routière #technique

  • La tension monte entre l’Irlande et le Royaume-Uni au sujet de la migration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/30/la-tension-monte-entre-dublin-et-londres-au-sujet-de-la-migration_6230822_32

    La tension monte entre l’Irlande et le Royaume-Uni au sujet de la migration
    Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
    Les relations entre Londres et Dublin se sont brutalement tendues ces derniers jours, l’Irlande reprochant au cabinet du premier ministre britannique, Rishi Sunak, les effets collatéraux supposés de l’Accord Royaume-Uni - Rwanda, consistant à expulser dans ce pays d’Afrique de l’Est des demandeurs d’asile arrivés au Royaume-Uni. Mardi 30 avril, le gouvernement irlandais de Simon Harris a approuvé un projet de loi d’urgence visant à faciliter le renvoi au Royaume-Uni des demandeurs d’asile arrivés en République d’Irlande depuis l’Irlande du Nord (toujours province britannique).
    La tension est telle entre les deux pays que les autorités irlandaises évoquent la nécessité de surveiller les presque 500 kilomètres de frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord alors que Dublin a bataillé durant toute la négociation du Brexit, entre 2016 et 2019, pour que cette frontière reste totalement virtuelle.
    Tout a commencé par un chiffre avancé par Helen McEntee, la ministre de la justice irlandaise, lors d’une audition de la commission de la justice du Parlement irlandais le 23 avril. Quelque « 80 % des demandeurs d’asile » arrivés en Irlande viennent du Royaume-Uni via Belfast, en profitant de la Common Travel Area (CTA), un accord de libre circulation spécifique entre l’Irlande et le Royaume-Uni, a assuré la ministre, précisant que 5 000 personnes ont demandé l’asile dans la République depuis début 2024, un record.
    Au lieu de déposer une demande d’asile en arrivant dans un aéroport ou un port irlandais depuis un autre pays européen, africain ou asiatique, ces personnes se présentent au Bureau de la protection internationale (International Protection Office, IPO), au cœur de Dublin. Les logements d’urgence pour les héberger sont tellement saturés que des dizaines d’entre elles dorment dans des tentes dressées dans les rues adjacentes à cet organisme.
    Rishi Sunak a repris la balle au bond, se félicitant du chiffre avancé par la ministre McEntee, y voyant la preuve que l’Accord R-U - Rwanda a bien l’« effet dissuasif » escompté – les personnes arrivant en Irlande via Belfast fuiraient la perspective d’être expulsées par les autorités britanniques au Rwanda. Le dirigeant a, le 25 avril, fait adopter par Westminster la loi Safety of Rwanda censée rendre enfin opérationnel l’accord très controversé avec Kigali, toujours virtuel deux ans après sa signature.
    La réponse de Dublin a été rapide et acide : « Il n’est pas question que l’Irlande offre une échappatoire aux défis migratoires d’un autre pays », a réagi, dimanche, Simon Harris, le chef de file du parti centriste Fine Gael et taoiseach (« premier ministre » irlandais) depuis un mois. « Nous n’allons pas commencer à accepter des renvois de [demandeurs d’asile] de l’Union européenne [UE] via l’Irlande quand l’UE refuse les renvois en France [de demandeurs d’asile arrivés au Royaume-Uni en small boats] », a répliqué Rishi Sunak le lendemain, ajoutant n’être « pas intéressé » par un accord de renvoi des migrants avec Dublin.
    La question migratoire entre Londres et Dublin est plus subtile qu’il n’y paraît. Selon le règlement européen dit « de Dublin », les personnes demandant l’asile doivent déposer leur dossier dans le premier pays de l’UE où elles sont rentrées – sauf exceptions, regroupements familiaux, etc. Un pays de l’UE peut théoriquement renvoyer dans un autre pays de l’UE un demandeur d’asile qui y aurait déjà déposé un dossier. Depuis le Brexit, n’étant plus dans l’Union européenne, le Royaume-Uni ne peut plus appliquer le règlement de Dublin.
    Cependant, les gouvernements irlandais et britannique sont convenus, en 2020, de reconduire un accord reproduisant les termes du règlement de Dublin, mais appliqué à leurs deux seuls pays : un demandeur d’asile arrivé du Royaume-Uni en Irlande peut y être reconduit. Mais jusqu’à présent, il n’a quasiment pas été mis en œuvre à cause de la pandémie de Covid-19, a expliqué la ministre de la justice, Helen McEntee, et, depuis mars, d’une décision de la Haute Cour irlandaise. Cette dernière a jugé que le Royaume-Uni n’était « pas sûr » au regard de l’asile, parce que les demandeurs d’asile refoulés risquaient d’y être expulsés vers le Rwanda.
    La législation d’urgence proposée par Mme McEntee consiste à contourner cette décision de justice en assurant que le voisin britannique est un pays « sûr ». Le parallèle entre cette démarche irlandaise et celle du gouvernement britannique est frappant. Le cabinet Sunak a proposé sa législation Safety of Rwanda pour contourner une décision de la Cour suprême britannique, fin 2023, qui concluait que le Rwanda n’était pas sûr au regard de l’asile.
    Ce coup de chauffe entre Dublin et Londres illustre à quel point les questions migratoires sont mondiales, des politiques nationales ayant rapidement des implications régionales. Les frictions entre les deux pays s’expliquent aussi par leurs contextes politiques respectifs. Rishi Sunak, le chef de file des conservateurs, redoute de mauvais résultats aux élections locales du 2 mai, dernier test électoral avant les élections générales, qui auront probablement lieu cet automne. Alors que les tories accusent 20 points de retard dans les sondages sur les travaillistes, l’Accord R-U - Rwanda est l’une des rares politiques du dirigeant qui, si elle produit l’effet dissuasif escompté, peut jouer dans les urnes en faveur de la droite britannique.
    En Irlande, Simon Harris a remplacé Leo Varadkar, démissionnaire, début avril. A 37 ans, cet ex-ministre de la santé n’a que quelques mois pour faire mentir les sondages, qui placent le parti proréunification Sinn Fein en tête, alors que les élections parlementaires irlandaises doivent se tenir au plus tard en février 2025. La migration est par ailleurs devenue un sujet de préoccupation important pour les Irlandais, la coalition de centre droit Fine Gael-Fianna Fail ayant du mal à répondre politiquement et matériellement à l’afflux de demandes d’asile depuis deux ans, dans un pays qui se considérait jusqu’à présent davantage comme une terre d’émigration que d’immigration.

    #Covid-19#migrant#migration#irlande#royaume-uni#immigration#rwanda#brexit#asile#reglementdublin#sante#payssur#politiquemigratoire

  • À un ami qui part faire un tour à vélo en Irlande du Nord.
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Nordirland

    Nordirland (englisch Northern Ireland, irisch Tuaisceart Éireann) ist ein Landesteil des Vereinigten Königreichs Großbritannien. Es besteht aus sechs der neun Grafschaften der historischen irischen Provinz Ulster im Nordosten der Insel Irland. Nordirland ist dichter bevölkert und kleiner als die Republik Irland in der Mitte und im Süden der irischen Insel. Es hat einen höheren Industrialisierungsgrad, aber die Republik Irland hat heute (ab etwa dem Jahr 2000) ein höheres Bruttoinlandsprodukt pro Kopf.

    Je te conseille de lire le lien suivant :

    https://en.wikipedia.org/wiki/Louis_Mountbatten,_1st_Earl_Mountbatten_of_Burma#Assassination


    Il existe également une version allemande de l’article biographique, qui ne mentionne toutefois que brièvement l’attentat contre le dernier roi colonial de l’Empire britannique.

    Fun fact : Wikipedia ne mentionne pas que la chanson des Boomtown Rats « I Don’t Like Mondays », sortie en juillet 1979, est devenue en septembre le numéro un des hits en Irlande du Nord, que tous les nationalistes irlandais et les nationalistes d’Ulster ont joyeusement porté sur leurs lèvres.

    Regarder/écouter :
    https://www.youtube.com/watch?v=-Kobdb37Cwc

    L’explication généralement connue de la chanson est la suivante :

    “Brenda Ann Spencer (16) opens fire at a school in San Diego, California, Her justification for the action, “I don’t like Mondays”, inspires the Boomtown Rats to make a song of the same name.”

    https://en.wikipedia.org/wiki/Cleveland_Elementary_School_shooting_(San_Diego)

    Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est que l’action de Brenda Ann Spencer et l’assassinat commis par Thomas McMahon étaient tous deux l’expression d’une rébellion contre des conditions de vie insupportables.
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Thomas_McMahon_(Irish_republican)

    Thomas McMahon
    Born: 1948 (age 75–76) Monaghan, County Monaghan, Ireland
    Allegiance: Provisional Irish Republican Army
    Years of service: 1970–1990
    Rank: Volunteer
    Conflict: The Troubles

    Pour les catholiques d’Irlande du Nord, qui ont souffert des assassinats et du harcèlement britanniques, la chanson est devenue l’expression du lien entre la rébellion individuelle et politique. Tu pouvais mettre ta propre vie, toujours en danger, et la vie de tiers dans la balance de l’oppression et de la libération. Cette logique était aussi incompréhensible pour les punks de Sham 69 qu’elle l’est restée jusqu’à aujourd’hui pour les critiques occidentaux de l’islamisme et des actes de « terrorisme » commis par les colonisés.

    L’histoire de la réception enthousiaste de la chanson des Boomtown Rats en Irlande du Nord m’a été rapportée par une amie qui revenait d’un long séjour dans le pays à la fin de l’automne 1979.

    Commentaire punk anglais de 1978 :
    Sham 69 - Ulster Boy
    https://www.youtube.com/watch?v=2OPgkiw6ZZk

    Parole
    https://genius.com/Sham-69-ulster-lyrics

    “There ain’t no winners (Ulster)
    ...
    No more fun for you ain’t no more
    You’ve ended like the rest and now you’re dead”

    La justice britannique était et reste un produit de son passé impérial et une justice de classe à l’état pur. Cela n’a rien d’étonnant, car la législation de common law est le plus souvent l’affaire de ces juges et de ces membres de la classe que Friedrich Engels avait déjà décrite de manière pertinente. Au niveau parlementaire, la gentry s’assure jusqu’à aujourd’hui de son influence directement au sein de la Chambre des Lords.

    Autant les punks britanniques du Sham 69 ont fait preuve d’incompréhension à l’égard de la résistance irlandaise, autant ils ont défendu avec engagement les victimes de l’impérialisme britannique.

    Sham 69 - George Davis Is Innocent
    https://www.youtube.com/watch?v=sKpA78cXHZc

    Paroles
    https://genius.com/Sham-69-george-davis-is-innocent-lyrics

    “They’re never gonna leave you alone
    They’re never gonna leave you alone
    They know where you bloody live
    East London is your home”

    Et alors aujourd’hui ?

    Gareth Peirce
    https://de.wikipedia.org/wiki/Gareth_Peirce

    „Ihr Engagement im Falle der Guildford Four wurde auch in der Verfilmung des Falls mit dem Titel Im Namen des Vaters zentral thematisiert. Die Filmrolle der Gareth Peirce übernahm Emma Thompson.“

    En 2010, l’avocate Gareth Peirce décrit le mode de domination britannique, depuis son traitement de l’Irlande à la fin du 19e siècle jusqu’à la fin des « Troubles », et sa continuité dans les procès contre ses clients immigrés. On y reconnaît l’attitude des juges de Julian Assange :

    „We have lost our way in this country. We have entered a new dark age of injustice and it is frightening that we are overwhelmed by it. I know I am representing innocent people; innocent people who know that a jury they face will inevitably be predisposed to find them guilty.“

    Un court message illustré que j’ai reçu aujourd’hui du sud du Pakistan (l’ancien Raj britannique gouverné par Lord Mountbatten) m’a rappelé que le vécu des véritables opprimés nous est totalement fermé. Nous ne pouvons le deviner qu’à travers leur expression culturelle.

    La réalité de la vie des chauffeurs de taxi et de voitures de location à Berlin est déjà totalement inimaginable pour les Allemands qui ont des « conditions de travail normales » sécurisées. Le monde des sujets de l’empire colonial britannique nous est encore plus étranger, que ce soit au Pakistan ou en Irlande du Nord.

    Tu percevras des échos des Troubles. Il y aura peut-être aussi d’autres choses à voir. Ce sera certainement un voyage intéressant.

    Amicalement

    #tourisme #Irlande_du_Nord #histoire #Troubles #guerre #impérialisme

  • Irlande : une « situation d’urgence » pour les demandeurs d’asile, alerte le HCR - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55220/irlande--une-situation-durgence-pour-les-demandeurs-dasile-alerte-le-h

    Irlande : une « situation d’urgence » pour les demandeurs d’asile, alerte le HCR, Par Maïa Courtois Publié le : 15/02/2024
    Dans un rapport paru cette semaine, le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations Unies étrille la politique d’accueil irlandaise. Il appelle le gouvernement à des « mesures extraordinaires » contre le manque grandissant de solutions d’hébergements pour les demandeurs d’asile. Ceux-ci font face, dans le même temps, à un taux de protection de plus en plus faible.
    Près de 600 demandeurs d’asile se sont vu refuser le statut de réfugié par l’Irlande en janvier 2024, d’après les dernières statistiques du ministère de la Justice irlandais. C’est deux fois plus qu’en janvier 2023, souligne The Irish Times, lorsque 261 personnes avaient essuyé un refus. En 2022, le chiffre était encore plus bas, avec 14 refus seulement. Le nombre de demandes a certes augmenté, d’une année à l’autre. Mais cela n’explique que partiellement le phénomène. Il suffit de regarder le taux de refus : celui-ci était de près de 60 % pour toute l’année 2023, sur 5 000 demandes traitées. Tandis qu’en 2022, ce taux de refus n’était que de 18 %, sur 875 demandes traitées. Cette tendance risque de se poursuivre : le gouvernement a annoncé, en début d’année, de nouvelles restrictions sur les demandes d’asile. L’Algérie et le Botswana vont être ajoutés à la liste des « pays sûrs ». Et ce, à l’occasion d’une réforme plus large à venir visant à accélérer les délais de traitement des demandes d’asile, rappelle The Irish Times.
    Cette semaine, le Haut commissariat pour les réfugiés de l’ONU (UNHCR) a épinglé dans un rapport la politique d’accueil irlandaise. L’agence onusienne demande au gouvernement irlandais d’accueillir « immédiatement » les primo-arrivants en s’assurant qu’ils « ne se retrouvent pas dans une situation de sans-abri ou de dénuement ».
    Ce jeudi 15 février, le HCR est auditionné à ce sujet par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies. Cette instance va examiner la politique irlandaise au regard de ses obligations internationales, et émettra à son tour des recommandations.Le sans-abrisme devient en effet un enjeu majeur. Depuis le 4 décembre 2023, le gouvernement a cessé de proposer un hébergement à tous les nouveaux demandeurs d’asile, pourtant bel et bien éligibles à une mise à l’abri, rappelle la RTE, la radio-télévision publique irlandaise. Les premiers pénalisés sont les hommes seuls, sans vulnérabilité particulière. Pourtant, ces hommes seuls constituent la majorité des arrivants. Dans son dernier rapport hebdomadaire, le Service international d’hébergement et de protection enregistre 35 % d’hommes seuls, sur les 326 arrivées lors de la semaine du 5 au 11 février. Un ratio peu ou prou identique à celui de la semaine précédente. Première nationalité de ces arrivants : le Nigeria.Si le HCR salue la priorité donnée aux enfants, femmes et personnes vulnérables, il se dit « profondément préoccupé par le fait que les hommes célibataires se retrouvent sans logement ». Avant de souligner : « Donner la priorité aux candidats les plus vulnérables ne peut justifier le refus des droits humains fondamentaux, tels qu’un abri adéquat, à d’autres candidats ».
    Pour justifier ses restrictions en matière de mise à l’abri, le gouvernement irlandais a mis en avant le manque d’hébergements disponibles. « Malgré des efforts intensifs pour trouver un hébergement d’urgence, le Ministère n’est actuellement pas en mesure de fournir un hébergement à tous les demandeurs de protection internationale en raison de la grave pénurie », indique ainsi le gouvernement.
    Les dernières statistiques officielles indiquent que sur les 1275 demandeurs d’asile qui se sont présentés depuis le 4 décembre pour un hébergement, seuls 144 se sont vus offrir une mise à l’abri.
    Le HCR reconnaît que le pays est confronté à des « défis importants pour garantir un logement convenable aux nouveaux arrivants », mais il rappelle « l’obligation morale et légale de répondre aux besoins fondamentaux des personnes qui viennent en Irlande ».
    Pour l’agence onusienne, il s’agit d’une « situation d’urgence qui exige que le gouvernement prenne des mesures extraordinaires pour garantir qu’il puisse répondre à ces besoins humanitaires fondamentaux ».Au-delà du sans-abrisme, le HCR s’inquiète du fait que « la majorité des demandeurs, soit plus de 17 000, sont hébergés dans des centres d’urgence à travers l’Irlande » alors que ces centres « ne sont pas soumis à des inspections indépendantes ». Le centre Mosney, par exemple, accueille près des centaines de demandeurs d’asile à une trentaine de kilomètres de Dublin, est régulièrement critiqué par les ONG.
    Ce type d’hébergement, les « distribution centers », sont qualifiés de « système odieux » par l’ONG Movement of Asylum Seekers in Ireland (Mouvement des demandeurs d’asile en Irlande, MASI). Les demandeurs d’asile y sont soumis à certaines restrictions comme un couvre-feu ou l’impossibilité de cuisiner par eux-mêmes. Les ONG décrivent aussi les difficultés à être accompagnés vers la recherche d’emploi ou la formation, notamment linguistique, rappelle dans un décryptage le journal University Observer. Ce système d’hébergement, conçu pour l’urgence, est en théorie limité à six mois. En pratique, des nombreux migrants y restent plusieurs années. Depuis un an, l’Irlande est également confrontée à une montée de l’extrême droite. Des rassemblements et manifestations anti-migrants, jusque là rares, se multiplient sur le territoire. Il y a un an, le 7 février 2023, à Dublin, plus de 2 000 personnes sont descendues dans la rue sous le slogan : « L’Irlande est pleine à craquer ».

    #Covid-19#migrant#migration#irlande#nigeria#HCR#asile#sante#hebergement

  • La revue de la semaine :

    #IRLANDE_DU_NORD

    Le Parlement nord-irlandais a désigné samedi dernier comme Première ministre Michelle O’Neill, vice-présidente du Sinn Fein, un parti qui défend la réunion de l’Irlande du Nord (Royaume-Uni) et de la République d’Irlande. Le Parlement nord-irlandais a repris ses travaux le même jour après deux ans de blocage liés aux dispositions commerciales post-Brexit. Michelle O’Neill est la première personnalité du Sinn Fein à être nommée à ce poste.

    #SÉNÉGAL

    Le président du Sénégal, Macky Sall, a annoncé samedi dernier le report de l’élection présidentielle prévue le 25 février dans le pays. Il a expliqué que le processus électoral était entaché de « conditions troubles » qui « pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d’un contentieux pré et post-électoral ». L’Assemblée nationale sénégalaise a adopté dans la nuit de lundi à mardi le projet de loi visant à repousser l’élection présidentielle au 15 décembre. Des heurts entre manifestants opposés au report de l’élection et forces de l’ordre ont eu lieu à plusieurs reprises au cours de la semaine.

    #JUSTICE

    Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé lundi le président du MoDem, François Bayrou, dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires européens. La justice a déterminé qu’il y avait eu détournement de fonds publics, mais « aucun élément » ne permet d’affirmer que François Bayrou en avait connaissance, a affirmé le président du tribunal. Le MoDem a en revanche été condamné à une amende et cinq anciens députés européens du parti à de la prison avec sursis et à des amendes. Après avoir discuté avec le Premier ministre, Gabriel Attal, d’un possible retour au gouvernement, François Bayrou a déclaré mercredi ne pas le souhaiter, faute d’un « accord profond sur la politique à suivre ».

    #PIRATAGE

    Les données de plus de 33 millions de personnes, soit près de la moitié de la population vivant en France, ont été dérobées lors d’une attaque informatique, a annoncé mercredi la Cnil, l’autorité de contrôle en matière de protection des données personnelles. Cette attaque a visé les opérateurs Viamedis et Almerys, qui assurent la gestion du tiers payant pour des complémentaires santé.

    #GOUVERNEMENT L’Élysée a annoncé jeudi la composition de la totalité du gouvernement du Premier ministre, Gabriel Attal, après une première partie présentée le 11 janvier. Au total, en plus du Premier ministre, le gouvernement comprend 35 personnes, dont 13 ministres de plein exercice, 16 ministres délégués et six secrétaires d’État [voir la liste complète]. Amélie Oudéa-Castéra est remplacée au ministère de l’Éducation nationale par Nicole Belloubet, garde des Sceaux de 2017 à 2020, mais conserve le portefeuille des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

    #POLITIQUE

    L’ancien ministre de la Justice Robert Badinter est mort dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’âge de 95 ans. Il avait porté le projet de loi pour l’abolition de la peine de mort, adopté en 1981. Emmanuel Macron a salué sur X (ex-Twitter) « une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français ».

  • Irlande : le soutien à la Palestine nourri par l’histoire coloniale de l’île

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040224/irlande-le-soutien-la-palestine-nourri-par-l-histoire-coloniale-de-l-ile

    À Dublin, les manifestations pour un cessez-le-feu ne faiblissent pas. Les traumas de la colonisation britannique y sont encore vifs et alimentent le sentiment d’une histoire commune avec la Palestine.

    Ludovic Lamant, 4 février 2024

    Elle arbore sur son pull le dessin d’une pastèque aux couleurs du drapeau palestinien : la chair rouge reprend les motifs d’un keffieh, tandis que l’écorce verte, elle, est couverte d’un nœud celtique. Mary-Kate Geraghty, une musicienne connue sous le nom de scène de MayKay, glisse : « Le réveil en Irlande est immense face à ce qu’il arrive en Palestine. »

    Cette Dublinoise née en 1986 est l’une des figures d’un collectif d’artistes en soutien à Gaza, qui multiplie les concerts depuis l’automne. Un spectacle au 3Arena, l’une des plus grandes salles de la capitale, a récolté plus de 200 000 euros en fin d’année dernière, versés à une fondation, l’Aide médicale à la Palestine (MAP).

    Des écrivains de premier plan ont aussi réalisé des lectures dans plusieurs villes du pays, à l’instar de Paul Lynch, lauréat du Booker Prize l’an dernier, ou Sally Rooney, l’autrice du best-seller Normal People (qui avait refusé dès 2021 la publication de l’un de ses livres en hébreu, en signe de boycott des maisons d’éditions basées en Israël).

    Depuis le début des frappes israéliennes en réaction à l’attaque du Hamas du 7 octobre, l’Irlande semble à part en Europe. Les manifestations réclamant un cessez-le-feu immédiat restent très suivies en ce début d’année, au rythme d’un ou deux défilés par semaine dans la capitale. Dans ces défilés, beaucoup d’artistes déjà mobilisé·es sur un tout autre sujet, pour le droit à l’avortement, lors d’un référendum organisé en Irlande en 2018. Mais l’ampleur du mouvement, cette fois, semble inédite.

    Pour MayKay, c’est un séjour en Cisjordanie, en 2022, qui fut le déclic. « J’ai toujours été favorable à la cause palestinienne. Mais cela restait diffus. Je suis revenue changée, en colère », dit-elle. En cette fin janvier, la chanteuse, rencontrée dans un ancien quartier d’entrepôts de la capitale, Smithfield, milite à présent pour faire dérailler la Saint-Patrick, la fête nationale irlandaise.

    Le premier ministre, Leo Varadkar, doit se rendre à Washington ce jour-là, le 17 mars, pour serrer la main du président des États-Unis, Joe Biden. La coutume est ancienne, témoin de l’histoire partagée des deux pays. Mais pour de nombreux activistes, cette entrevue ne doit pas avoir lieu. « Bien sûr qu’il faut parler aux gens avec qui nous ne sommes pas d’accord. Mais les choses, cette fois, sont allées trop loin, insiste-t-elle. Les États-Unis soutiennent sans réserve Israël dans ce génocide. Cela n’est plus possible », avance la chanteuse.

    Boycotter la Maison-Blanche, et son soutien inconditionnel à Israël ? La revendication est revenue en boucle, lors d’une manifestation le 27 janvier en soutien à la Palestine et pour un cessez-le-feu à Gaza, dans les rues de l’hypercentre de Dublin. « No shamrocks for genocide Joe » (« pas de trèfles – le symbole de l’Irlande – pour Joe le génocidaire ») ont ainsi scandé des milliers de participant·es, au moment d’approcher les bâtiments du Parlement irlandais.

    Des boycotts aussi dans le sport

    Rencontré peu après cette manifestation dans un pub du quartier populaire de Phibsborough, non loin du stade où évolue le club de foot qu’il dirige, Daniel Lambert, lui, se félicite d’un autre boycott, a priori plus anecdotique. Cinq des joueuses de l’équipe nationale de basket-ball viennent de déclarer forfait pour un match de qualification pour l’Euro de l’an prochain, qui doit se tenir le 8 février face à Israël.

    « Tout le monde est consterné par ce qu’il se passe. Et cette idée que le sport existe hors du monde, que les sportifs participent à des compétitions dans des bulles apolitiques, c’est totalement absurde », balaie-t-il.

    Lambert, roux aux yeux bleus, sweat Lacoste violet éclatant, est une célébrité locale : il est le patron du club de football le plus politisé d’Europe, à gauche toute, le Bohemian FC. Fonctionnant sous la forme d’une coopérative détenue par ses supporteurs, le club, 134 ans d’histoire derrière lui, a mené des campagnes pour les sans-abri, l’accueil des réfugié·es ou encore le mariage pour toutes et tous. Depuis l’an dernier, ses joueurs revêtent un maillot aux couleurs de la Palestine. « Les autres clubs en Irlande sont détenus par des capitaux privés et ne prennent pas position sur ces sujets. Mais le sport, c’est une tout autre histoire que de gagner ou de perdre », insiste-t-il.

    MayKay, Sally Rooney ou Daniel Lambert ne sont que quelques-uns des visages d’une mobilisation protéiforme de la société civile sur l’île. « La société irlandaise a toujours été mobilisée sur ces enjeux, mais depuis l’automne, les manifestations sont vraiment massives », assure Brian Ó Éigeartaigh, un bibliothécaire de 34 ans, qui est aussi l’une des chevilles ouvrières de la Campagne de solidarité Irlande-Palestine (IPSC).

    Cette structure, mise sur pied au début de la deuxième Intifada en 2001, entre Dublin et Belfast, visait, à l’origine, à relayer les campagnes de boycott à l’égard d’Israël. Son rôle est devenu central au fil des années, pour articuler partis, associations et collectifs d’artistes. « L’IPSC fait très attention à ce que ces manifs ne soient pas perçues comme des défilés de trotskistes ou d’obscurs gauchistes », assure David Landy, sociologue au Trinity College et cofondateur d’un petit collectif baptisé « Juifs pour la Palestine », impliqué dans les manifestations.

    L’universitaire ajoute : « Les défilés que l’on voit à Dublin sont importants, pas seulement parce qu’un génocide est en cours. Ils sont l’aboutissement d’un travail de fond de l’IPSC, bien plus ancien, qui fait que tout le monde se sent à bord. » Marie-Violaine Louvet, de l’université Toulouse-Jean-Jaurès, et qui a consacré un ouvrage à ce sujet, confirme : « La gauche n’a jamais été très importante numériquement en Irlande. Le sentiment propalestinien dépasse largement l’extrême gauche et la gauche. »
    Des siècles de colonisation britannique

    Des militants du mouvement antiguerre, les mêmes qui s’opposent de longue date à l’utilisation par les États-Unis de l’aéroport de Shannon, dans l’ouest de l’île, sont également présents dans les rangs du défilé du 27 janvier. Au-delà, c’est tout une foule de professions qui se trouvent représentées, des travailleurs et travailleuses de la santé aux avocat·es, en passant par les sportifs et sportives, descendu·es dans la rue avec leurs pancartes « pour une Palestine libre ».

    D’où vient cette mobilisation sans pareille ? « L’Irlande est l’un des rares pays d’Europe à avoir subi lui-même la colonisation d’un voisin plus puissant, explique Marie-Violaine Louvet. Cette colonisation par la Grande-Bretagne a démarré au XIIe siècle [en 1169 – ndlr]. Et quand l’Irlande est devenue indépendante dans les années 1920, elle a considéré qu’elle devait rester non alignée, en partie pour marquer son émancipation de la Grande-Bretagne. »

    Friedrich Engels identifiait déjà l’Irlande comme « la première colonie anglaise », dans une lettre envoyée à Karl Marx en 1856. « Quand on parle de colonisation et d’oppression, les gens ici savent, très concrètement, de quoi on parle, renchérit l’ambassadrice pour la Palestine en Irlande, Jilan Wahba Abdalmajid, qui reçoit Mediapart dans ses bureaux de Leeson Street. Ils savent ce que nos souffrances signifient pour les avoir connues pendant 700 ans environ. »

    « Comme la Palestine, l’Irlande a été occupée par la Grande-Bretagne, et une partie de l’Irlande l’est d’ailleurs toujours », avance de son côté l’eurodéputé Chris MacManus, du Sinn Féin, qui plaide pour la réunification de l’Irlande. « La Belgique, la France, l’Allemagne, le Portugal… Tous étaient des pouvoirs coloniaux. Pas nous, résume avec fierté Daniel Lambert. Nous avons expérimenté l’oppression d’une puissance étrangère, et cela a forgé chez nous une manière de penser différente. Sans exagérer, je pense qu’une majorité des Irlandais est conscient de la gravité de ce qu’il se passe en Palestine. »

    Au fil des échanges avec des activistes propalestiniens en Irlande, c’est toute l’histoire de siècles de colonisation irlandaise qui défile, avec un degré de précision parfois déroutant.

    Gary Daly est un ancien boxeur, passé au jujitsu. Installé depuis 2006 comme avocat pour défendre l’accueil des migrant·es à Dublin, il se lance : « Il y a tellement d’échos entre les batailles pour la liberté de l’Irlande, et pour celle de la Palestine. Prenez la déclaration Balfour de 1917 [qui approuve la création d’un « foyer national pour le peuple juif » – ndlr] : cet Arthur Balfour, avant cela, fut secrétaire en chef pour l’Irlande dans les années 1880. Nous, on le connaissait déjà sous le nom de “Bloody Balfour” [« Balfour le sanguinaire » – ndlr], qui expulsait les simples Irlandais au profit des grands propriétaires fonciers. »

    Gary Daly cite encore les « lois pénales », cette batterie de textes adoptés au fil des siècles par les Britanniques aux dépens de la majorité catholique de l’île. Il insiste : « Ma solidarité avec la Palestine vient de ma conscience des injustices provoquées par l’occupation de l’Irlande, et des lois qui y ont été imposées par les Anglais. Je sais à quel point l’occupation peut poser d’innombrables problèmes. »

    La musicienne MayKay, elle, souligne les échanges épistolaires qui ont existé entre prisonniers en grève de la faim, en Irlande du Nord et en Palestine. Elle voit aussi des parallèles évidents, au moment d’évoquer les risques de famine à Gaza : « On nous a longtemps expliqué que la grande famine [entre 1845 et 1852, plus d’un million de morts en Irlande, dont la moitié d’enfants – ndlr] était la conséquence des dégâts du mildiou. Mais ce fut une stratégie préméditée [par Londres – ndlr] pour affamer des gens de la campagne. Savoir que l’on m’a menti là-dessus durant ma jeunesse me fait encore enrager. »

    Quant à Brian Ó Éigeartaigh, il rappelle que la pratique du boycott, décisive à ses yeux pour freiner le gouvernement israélien aujourd’hui, est une invention irlandaise : pour protester, à la fin du XIXe siècle, contre les violences exercées par un certain Charles Cunningham Boycott, un Britannique, à l’égard des paysans locaux.

    Dans une tribune récente, Jane Ohlmeyer, historienne au Trinity College, qui vient de publier un essai de référence sur l’Irlande et l’impérialisme, va même un peu plus loin, dans le jeu des correspondances : « L’Irlande a servi d’exemple en matière de résistance à la domination impériale et a inspiré des combattants de la liberté dans les empires britannique et européens. Aujourd’hui, certains espèrent que l’Irlande, avec sa “solution à deux États”, pourra également servir de modèle pour la paix. » De là à ce que l’accord du Vendredi saint, en 1998, qui a instauré la paix civile en Irlande, soit revisité pour imaginer les chemins de la paix au Proche-Orient ?

    Le numéro d’équilibriste du premier ministre

    Du côté de la scène politique institutionnelle, les partis de gauche et de centre-gauche, tous dans l’opposition, participent aussi, sans surprise, aux défilés : le Sinn Féin, le parti travailliste, mais aussi les Sociaux-démocrates, formation plus récente, lancée en 2015, qui a le vent en poupe, ou encore People before Profit, qui incarne une gauche plus radicale.

    La cheffe du premier parti d’opposition, le Sinn Féin, Mary Lou McDonald, était allée jusqu’à demander l’expulsion de l’ambassadrice israélienne d’Irlande – ce que Leo Varadkar, chef du gouvernement (Fine Gael, droite) s’est refusé à faire. Ce dernier joue les équilibristes, entre une société civile majoritairement propalestinienne, la ligne de son propre parti, plus modérée sur le sujet, et l’équation européenne, qui oblige à des compromis conclus à 27 avec des pays répétant le droit à Israël à se défendre.

    Varadkar avait ainsi été le premier en Europe à critiquer les bombardements israéliens, s’inquiétant dès novembre d’« une action se rapprochant d’une revanche ». Au même moment, son ministre des affaires étrangères, Micheál Martin (Fianna Fáil, droite), qualifiait de « disproportionnées » les frappes.

    Quant au président irlandais Michael Higgins, il avait jugé que le premier déplacement éclair d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en Israël, était « irréfléchi et même imprudent », témoignant d’une position plus pro-israélienne que la ligne officielle des 27.

    Mais le gouvernement de Varadkar (qui gouverne en coalition avec les écologistes) s’est gardé de soutenir officiellement l’Afrique du Sud qui accuse Israël de « génocide » devant la Cour internationale de justice. La pression des mouvements sociaux sur le sujet l’a tout de même conduit, dans une déclaration le 30 janvier, à dire « examiner » cette option.

    Aucun des ministres irlandais ne va jusqu’à reprendre à son compte le terme de « génocide », que l’on a entendu dans la bouche de certains ministres du parti de gauche Podemos en Espagne l’an dernier. Brian Ó Éigeartaigh, de l’IPSC, regrette par ailleurs que plusieurs textes législatifs, dont un projet de loi déposé en 2018 qui vise à interdire tout commerce avec des entreprises impliquées dans la colonisation de la Cisjordanie, soient bloqués par le Parlement.

    Une hausse de l’antisémitisme ?

    Si l’engagement propalestinien s’exprime plus facilement en Irlande que sur le continent, l’île fait-elle face, comme ailleurs, à une montée des actes antisémites ? « Le débat que l’on connaît en France sur l’antisionisme et l’antisémitisme n’existe quasiment pas en Irlande », prévient Marie-Violaine Louvet.

    _ Une communauté juive peu nombreuse

    La vigueur du mouvement propalestinien en Irlande contraste avec la faiblesse numérique de la communauté juive sur l’île. Ils et elles étaient à peine quelque 2 500 (0,05 % de la population), d’après un recensement de 2016. C’est aussi ce qui rend si spécifique en Europe le cas irlandais.

    Dans le paisible quartier de Portobello, autrefois surnommé la Little Jerusalem, il existe un tout petit musée juif, à la façade couverte de briques rouges, logé dans une ancienne synagogue. L’endroit, qui n’ouvre qu’un jour par semaine, déroule cette histoire peu connue. Il revient par exemple sur les origines irlandaises de Chaim Herzog, élevé à Dublin avant de devenir président de

    l’État d’Israël (1983-1993), ou encore sur les innombrables personnages juifs qui peuplent le plus grand des romans irlandais, l’Ulysse de Joyce (1922).

    Il décrit aussi les violences exercées contre des juifs de la ville de Limerick, sur la côte ouest, de 1904 à 1906, ou encore la neutralité adoptée par l’Irlande pendant la Seconde Guerre mondiale (en partie pour se démarquer de la position prise par Londres). Autant d’éléments qui peuvent avoir découragé des juifs de tenter l’exil en Irlande au fil de l’histoire ._

    Dans la manifestation du 27 janvier, plusieurs collectifs entonnaient le slogan controversé « From the river to the Sea, Palestine must be free » (« Du Jourdain à la Méditerranée, la Palestine doit être libre »). Mais sur l’île, cette chanson n’a pas provoqué autant de remous qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne.

    À Londres, un député travailliste a été mis sur pied pour avoir repris ce slogan dans un discours. À Berlin, le slogan a été interdit, considéré comme une incitation à la haine. Les adversaires de ce texte estiment qu’il contient un appel implicite à la destruction d’Israël, et rappellent que le Hamas, auteur des attaques du 7 octobre, l’a aussi repris dans sa rhétorique mortifère contre Israël.

    David Landy, du collectif Juifs pour la Palestine, livre son analyse : « C’est de la pure mauvaise foi. C’est un slogan pour la liberté des Palestiniens. Aucun manifestant ne va vous dire que cela signifie l’extermination des juifs ! » Cet universitaire reconnaît qu’il a mis sur pied cette association juive, précisément pour tenter de désamorcer les critiques sur l’antisémitisme dans le mouvement propalestinien. Il dit encore : « Des juifs sont mal à l’aise avec la situation actuelle. Mais tenter d’évacuer cet inconfort, en dénonçant un antisémitisme croissant, me semble être problématique. »

    Beaucoup des activistes avec qui Mediapart a échangé renvoient, quand on leur pose la question de l’antisémitisme, aux déboires du travailliste Jeremy Corbyn à la tête du Labour à Londres, discrédité dans le débat public pour son manque de fermeté envers des sorties antisémites – avérées – de certains membres du parti. Il avait fini par perdre les élections générales de 2019 face à Boris Johnson.

    #Palestine #Gaza #Israël #Irlande #paix #mobilisations #colonialisme

  • L’Irlande en discussion avec plusieurs États membres sur une révision de l’accord UE-Israël
    Posted on février 3, 2024 | Tony Connelly | Raidió Teilifís Éireann (RTÉ) | Traduction CG pour l’AURDIP – Taoiseach – Aurdip
    https://aurdip.org/lirlande-en-discussion-avec-plusieurs-etats-membres-sur-une-revision-de-lacc

    Le Taoiseach [chef du gouvernement irlandais] a dit que l’Irlande est en discussion avec plusieurs États membres de l’Union européenne qui veulent une révision de l’Accord d’association UE-Israël sur la base qu’Israël violerait la clause de l’accord portant sur les droits humains.

    Leo Varadkar [le Taoiseach] a dit que l’Irlande est aussi en discussion sur la création d’un groupe d’États membres de l’UE pour reconnaître conjointement l’État de Palestine, afin de créer un système de négociations plus équitable avec Israël dans le cadre de l’après-guerre.

    Ses commentaires suivaient un sommet d’urgence de l’UE, aujourd’hui, pendant lequel les dirigeants ont discuté le cas de génocide porté par l’Afrique du Sud à la Cour internationale de justice et les allégations selon lesquelles le personnel de l’UNRWA aurait été impliqué dans les attaques du 7 octobre.

    Il n’y a eu aucun communiqué formel (annonce officielle) après la réunion.

    « Les relations entre l’UE et Israël sont fondés sur un accord qui a une clause concernant les droits humains, et beaucoup d’entre nous croient qu’Israël pourrait l’enfreindre », a-t-il dit aux journalistes. « C’est quelque chose dont nous avons discuté ».

    « Nous ne sommes pas complètement d’accord, mais c’est quelque chose à quoi j’ai appelé aujourd’hui et je l’avais déjà fait en décembre dernier ».

    Il a dit qu’une révision de l’accord exigerait initialement une évaluation de la Commission européenne pour déterminer si oui ou non la clause sur les droits humains avait été violée.

    « Une des valeurs sur lesquelles est fondée l’Union européenne, ce sont les droits humains et d’un pays comme Israël, qui se voit comme une démocratie occidentale et progressiste, nous nous attendons à ce qu’il respecte ces standards », a-t-il déclaré.

    L’Accord d’association entre l’UE et Israël est entré en vigueur en 2000. L’article 2 stipule que les relations entre les parties « seront basées sur le respect des droits humains et les principes démocratiques ». (...)

    #Irlande #IsraelIrlande

  • The largest freshwater lake in the British Isles has been poisoned
    https://www.economist.com/britain/2023/09/21/the-largest-freshwater-lake-in-the-british-isles-has-been-poisoned

    Choc climatique : le Lough Neagh, plus grand lac d’#Irlande en péril • Guide Irlande.com
    https://www.guide-irlande.com/choc-climatique-le-lough-neagh-plus-grand-lac-dirlande-en-peril

    Et ce ne sont pas que la faune et la flore qui sont impactés. Les nord-irlandais subissent de plein fouet l’altération de ce lac. Car le Lough Neagh a toujours servi de réservoir d’#eau potable pour l’Irlande du Nord. Le lac fournit jusqu’à 40% des besoins en eau de la population nord-irlandaise.

    #climat #pollution

  • Comment justifier l’injustifiable ? Le cas de la famine irlandaise

    Cette contribution vient après d’autres dont le fil directeur est cette question : comment légitimer l’existence de « surnuméraires », pauvres ou chômeurs ? Le cas de la famine irlandaise est de ce point de vue exemplaire, parce qu’il combine toutes les justifications, depuis la providence divine jusqu’à une forme d’eugénisme larvé. Les résonances contemporaines sont évidentes : la résurgence du conflit irlandais renvoie à ces racines historiques, et on retrouve aujourd’hui le même hymne à l’effort individuel (1).

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2019/05/22/comment-justifier-linjustifiable-le-cas-de-la-

    #histoire #irlande #colonialisme