• Conseil régional : une femme voilée, l’extrême droite en furie, un enfant en larmes (le JSL)
    https://www.lejsl.com/politique/2019/10/11/conseil-regional-une-femme-voilee-l-extreme-droite-en-furie-un-enfant-en-larm

    Vendredi, les membres du groupe Rassemblement national au conseil régional ont quitté l’hémicycle en raison de la présence d’une femme partiellement voilée dans l’assemblée. Cette dernière accompagnait des enfants venus découvrir le fonctionnement d’une assemblée démocratique.
    […] Une femme qui, comme les élèves qu’elle accompagnait, a finalement quitté la salle peu après l’esclandre des élus du RN. Clôturant une scène qui laissera sans doute une image déplorable aux enfants venus découvrir le fonctionnement d’une assemblée démocratique. Et dont l’un – le fils de la femme ciblée par Julien Odoul – a fini en larmes, dans les couloirs.

    #éducation #EMC #école #islamophobie

  • Affiche sur les mères voilées en sortie scolaire parodiée : la FCPE porte plainte - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/societe/affiche-sur-les-meres-voilees-en-sortie-scolaire-parodiee-la-fcpe-porte-p

    Deux djihadistes, armes à la main. À côté, un slogan : « Oui, je vais en sortie scolaire, et alors ? » Il s’agit de la parodie d’ une affiche de la FCPE qui enflamme la Toile depuis quelques jours. Diffusé par l’extrême droite, le photomontage a également été relayé sur le compte Facebook de Laurent Bouvet, un universitaire nommé l’an dernier par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, au conseil des sages de la laïcité.

    « Nous allons porter plainte contre lui pour incitation à la haine, annonce Rodrigo Arenas, le coprésident de la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, classée à gauche. Comment peut-il s’amuser à ça alors qu’il est censé pacifier la société ? » Sur les réseaux sociaux, la parodie a également déclenché une avalanche de réactions indignées.

    #islamophobie #racisme #clichés_arabes

  • Gérard #Noiriel : « Eric Zemmour légitime une forme de délinquance de la pensée »

    L’historien de l’immigration s’attache dans son dernier livre, « Le Venin dans la plume » (La Découverte), à montrer comment la rhétorique identitaire du polémiste est comparable aux imprécations antisémites d’Edouard Drumont. Il détaille son travail dans un entretien au « Monde ».

    Propos recueillis par Nicolas Truong

    Historien et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Gérard Noiriel est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’immigration en France, sur le #racisme, sur l’histoire de la classe ouvrière et sur les questions interdisciplinaires et épistémologiques en #histoire. Après Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours (Agone, 2018), il publie Le Venin dans la plume . Edouard Drumont, Eric Zemmour et la part sombre de la République (La Découverte, 252 pages, 19 euros, à paraître le 12 septembre), dans lequel il compare la grammaire identitaire des deux pamphlétaires nationalistes.

    On compare souvent la situation politique actuelle à celle des années 1930. Or, dans ce livre, vous expliquez que, pour comprendre la rhétorique réactionnaire d’aujourd’hui, il faut partir des années 1880. Comment avez-vous eu l’idée de croiser ces deux figures que sont Zemmour et Drumont ? Quelles sont les ressemblances qui vous ont le plus frappé et les divergences les plus notables ?

    L’histoire montre que, depuis le XVe siècle et la redécouverte de l’imprimerie en Europe, les révolutions de la communication ont toujours eu des conséquences extrêmement importantes sur la vie économique, sociale et politique. L’explosion de l’Internet, des réseaux sociaux et la multiplication des chaînes d’information en continu illustrent une nouvelle révolution de ce type, comparable à celle que les Français ont connue à la fin du XIXe siècle, lorsque le triomphe de la presse de masse a provoqué une profonde restructuration de l’espace public. Je montre dans ce livre que l’important écho rencontré par des polémistes comme Drumont, à la fin du XIXe siècle, et Zemmour aujourd’hui est la conséquence de ces révolutions communicationnelles. Les années 1930 ont porté au paroxysme les effets politiques du discours antisémite de Drumont et consorts, mais c’est à la fin du XIXe siècle qu’il a été élaboré.

    J’avais déjà beaucoup travaillé sur les écrits d’Edouard Drumont dans mes précédentes recherches. Ce qui m’avait permis de repérer un point commun avec Eric Zemmour : le recours constant aux polémiques, aux scandales pour exister dans l’espace public. Toutefois, c’est seulement lorsque je me suis attelé à la rédaction du présent livre que j’ai comparé minutieusement les discours de ces deux polémistes. J’ai découvert alors, avec stupéfaction, que les points communs allaient bien au-delà de ce que je pensais au départ. Certes, il y a des différences indéniables dans leur prose car, aujourd’hui, on ne peut plus insulter les gens de la même manière que Drumont le faisait au XIXe siècle. Néanmoins, si l’on analyse ce que j’appelle la « grammaire », c’est-à-dire les règles qui sous-tendent leur discours identitaire pour dire le vrai et le faux, on constate qu’elles sont quasiment identiques ; sauf que Drumont s’en prend aux juifs et Zemmour, aux musulmans.

    Peut-on mettre l’antisémitisme de Drumont et l’islamophobie de Zemmour sur le même plan ? Est-il possible de comparer la haine d’un peuple avec la crainte d’une religion ?

    Je sais bien que certains considèrent que le génocide perpétré contre le peuple juif au XXe siècle interdit qu’on puisse comparer l’antisémitisme et l’islamophobie. Mais, dans mon livre, j’utilise le mot « antisémitisme » au sens que lui donnaient les adversaires de Drumont à la fin du XIXe siècle. Notamment Anatole Leroy-Beaulieu, qui définissait l’antisémitisme comme une « doctrine de haine » tournée contre les juifs. J’utilise le mot « islamophobie » pour désigner la « doctrine de haine » qui s’attaque aux musulmans. En ce sens, la comparaison me semble légitime. Je montre que la stigmatisation des musulmans qu’alimente Zemmour dans ses livres mobilise le même genre de rhétorique identitaire que celle de Drumont à l’égard des juifs.

    Quels sont les méthodes, thèmes et exemples récurrents de l’histoire identitaire ? Quelles sont les règles de leur « grammaire identitaire » ?

    Sans pouvoir détailler ici l’analyse que j’ai développée dans le livre, je voudrais insister sur le rôle capital que joue la rhétorique (entendue comme l’art de la persuasion) dans la diffusion du type d’histoire identitaire qu’a inventé Drumont et que Zemmour a adaptée au contexte d’aujourd’hui. Je reproche à mes collègues universitaires qui ont travaillé sur ces questions de se limiter le plus souvent aux arguments avancés par les auteurs réactionnaires, en laissant de côté la réception de ces discours dans le public.

    Les journalistes polémistes comme Drumont ou Zemmour n’ont fait que reprendre à leur compte des thèmes qui ont été mis en circulation par d’autres avant eux. Leur art (on pourrait même dire leur talent) se situe au niveau des techniques de persuasion qu’ils mobilisent pour diffuser ces thèses dans le grand public. Ce qui m’a frappé, c’est qu’Eric Zemmour utilise aujourd’hui les mêmes recettes qu’Edouard Drumont il y a cent trente ans. Il s’agit d’une histoire identitaire qui met en scène des personnages (et non des individus réels) et qui est tout entière centrée sur le clivage entre « eux » (les étrangers) et « nous » (les Français). La France est elle-même présentée comme une personne possédant une identité immuable, cimentée par la religion catholique ; ce qui explique que l’étranger soit défini lui aussi par référence à la religion.

    Cette histoire identitaire prend la forme d’une tragédie. Elle annonce la disparition de la France vaincue par « le parti de l’étranger », en faisant constamment le lien avec l’actualité. Son efficacité tient au fait qu’elle mobilise le sens commun, c’est-à-dire ce que tous les Français savent car ils l’ont lu dans le journal ou qu’ils l’ont vu à la télévision. D’où l’importance capitale accordée aux faits divers, aux crimes, aux attentats, etc. Plutôt que de parler de « racisme », je dirais qu’il s’agit de deux formes de nationalisme : au nationalisme antisémite de Drumont a succédé le nationalisme islamophobe de Zemmour. Il faut toutefois préciser que la force de persuasion de ce type de discours tient aussi au fait que la dénonciation de la menace étrangère s’inscrit dans une vision plus globale de la société, centrée sur le thème de la décadence. Comme on le sait, Zemmour s’en prend aussi aux femmes, aux homosexuels, aux universitaires, etc. Mais on a oublié que Drumont s’attaquait déjà aux mêmes cibles.

    En quoi la « rhétorique de l’inversion » – qui fait des dominés des dominants – est-elle si importante à leur entreprise idéologique ?

    J’ai été frappé, en effet, de constater que nos deux polémistes nationalistes mobilisaient constamment la rhétorique de l’inversion dominants/dominés. Autrement dit, ils ne nient pas l’existence des relations de pouvoir, mais ils les renversent. C’est une pièce maîtresse dans un discours qui vise à avoir toujours le dernier mot. Drumont et Zemmour prétendent élaborer une contre-histoire, qu’ils opposent à « l’histoire officielle ». Elle consiste à présenter les minorités qui ont été persécutées au cours du temps comme des dominants qui mettaient en péril l’identité de la France. Comme Drumont l’avait fait avant lui, Zemmour va jusqu’à justifier la Saint-Barthélemy ou le massacre des protestants de La Rochelle par Richelieu.

    Cette « contre-histoire » a bien sûr pour but de légitimer la politique répressive qu’ils prônent à l’égard des minorités du présent (les juifs pour Drumont, les musulmans pour Zemmour). La rhétorique de l’inversion dominants/dominés permet aussi à ces polémistes omniprésents dans les médias de faire croire à ceux qui les lisent ou qui les écoutent qu’ils sont eux-mêmes des dominés, victimes des universitaires « bien-pensants ». Drumont dénonçait les « élites enjuivées », Zemmour s’en prend aux « islamo-gauchistes » ; les mots ont changé mais la rhétorique est identique. Dans les deux cas, il s’agit de discréditer les vrais savants en les présentant comme des dominants qui ont falsifié l’histoire de France pour servir ce que Zemmour appelle « le parti de l’étranger ». L’analyse que j’ai faite, dans mon livre, des commentaires mis en ligne sur les sites qui font la promotion des thèses de Zemmour montre clairement l’efficacité de cette rhétorique. Tous ceux qui s’efforcent de lutter contre ces discours de haine sont présentés comme des « collabos » au service des islamistes.

    Vous écrivez que ce que vous avez vous-même éprouvé en lisant les pages de Destin français (Albin Michel, 2018) consacrées à votre communauté professionnelle est comparable à « ce que ressentent les membres des communautés musulmanes quand Zemmour discrédite leur religion, ou les homosexuels quand il s’en prend au « lobby gay » ». Quels ont été les ressorts émotionnels de votre indignation ? Pourquoi vous était-il impossible d’entonner personnellement, comme Eric Zemmour, la rengaine du « C’était mieux avant » ? Pourquoi était-il important de parler de vos propres origines sociales ?

    L’autonomie qu’ont acquise progressivement les sciences sociales est indispensable au progrès de la connaissance, mais elle incite les chercheurs à voir la société comme une immense salle de cours. C’est ce qui explique le peu d’attention qu’ils accordent à la réception du savoir. Tous ceux qui se préoccupent de ce qu’on appelle « la fonction civique de l’histoire » devraient pourtant tenir compte du rôle essentiel que jouent les émotions dans l’adhésion ou le rejet d’un discours public.

    C’est ce souci qui m’a incité à commencer le livre en évoquant ma propre trajectoire. Dans les quelques pages de cet avant-propos, je me suis placé finalement sur le même terrain que Zemmour, qui ne cesse de mettre en avant ses origines populaires pour discréditer les universitaires et nous seriner que « c’était mieux avant ». Comme je suis issu d’un milieu plus populaire que le sien, il m’a semblé que j’étais bien placé pour rappeler tous les obstacles qu’ont dû franchir les « transclasses » de ma génération afin d’échapper au destin social que l’école républicaine leur avait fixé. Quand on me dit : « C’était mieux avant », je réponds : « Ça dépend pour qui. » Si nous étions dans un monde où seul compte l’échange d’arguments, je n’aurais pas eu besoin d’évoquer mon parcours. Je l’ai fait parce que je sais que cela aura un impact dans le public, surtout auprès de ceux qui n’ont pas les compétences pour arbitrer les querelles historiographiques.

    C’est ce qui m’a poussé aussi à informer les lecteurs des raisons subjectives qui m’ont conduit à écrire ce livre, à savoir le sentiment d’indignation que j’ai ressenti quand j’ai lu les pages du Destin français où les enseignants-chercheurs de mon genre sont traînés dans la boue. Je ne pouvais pas admettre que le monde savant auquel j’ai eu accès au prix de mille sacrifices et d’efforts soit piétiné sans aucune preuve par un journaliste qui distille continuellement son venin avec la complicité des médias les plus puissants.

    Pourquoi la structuration du champ médiatique est-elle déterminante pour comprendre leur émergence ?

    Ce n’est pas un hasard si La France juive , publié en 1886, a été le premier best-seller des livres politiques de la IIIe République. La presse de masse s’impose à ce moment-là en introduisant la logique capitaliste dans l’univers de la communication. De nouveaux quotidiens voient le jour, qui peuvent toucher jusqu’à un million de lecteurs, tout en se livrant une concurrence acharnée. Les recettes qu’ils inventent pour élargir leur audience sont toujours en vigueur aujourd’hui. Elles relèvent de ce que j’appelle la « fait-diversion de l’actualité ». Les crimes, les catastrophes, les scandales occupent une place de plus en plus grande car ce sont des thèmes porteurs.

    Drumont a été le premier à exploiter cette logique nouvelle. Il fait scandale en insultant ses adversaires pour que ces derniers le provoquent en duel ou le traînent en justice, ce qui alimente sa notoriété et son statut de victime. C’est ainsi que Drumont est devenu un « bon client » pour les journalistes de son temps. La majorité d’entre eux n’étaient sans doute pas antisémites. Mais comme ses scandales à répétition permettaient de gonfler les tirages, la grande presse les a amplement relayés, légitimant du même coup la prose de Drumont. Il faut dire que personne ne pouvait imaginer à cette époque les horreurs auxquelles conduiraient ces délires.

    Eric Zemmour utilise aujourd’hui les mêmes recettes, mais en les adaptant à l’âge d’Internet et des chaînes d’info en continu. Les duels ne se déroulent plus au petit matin dans le bois de Boulogne mais le soir sur les plateaux télévisés. Les journalistes d’aujourd’hui qui relayent complaisamment les obsessions zemmouriennes ne les partagent pas toujours, mais comme c’est bon pour l’Audimat, ils les diffusent eux aussi sans état d’âme.

    De la tuerie de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, à celle de Dayton, aux Etats-Unis, les idées de l’écrivain Renaud Camus sur le « grand remplacement », dont certaines sont partagées par Eric Zemmour, sont lues et revendiquées par des terroristes suprémacistes. Les mots de ces polémistes d’extrême droite sont-ils des mots qui tuent ?

    Curieusement, ceux qui ne cessent d’affirmer que le Coran est la source de tous les attentats commis par les terroristes se réclamant de l’islam réfutent énergiquement ce genre d’arguments quand leurs adversaires accusent Camus ou Zemmour d’inspirer les terroristes suprémacistes. Là encore, le chercheur doit se tenir à distance de ces polémiques pour analyser au cas par cas comment ces criminels s’approprient les discours racistes qui sont à leur portée, le plus souvent pour justifier leurs actes. Il est certain qu’un livre à lui seul ne suffit pas pour déclencher un passage à l’acte. Cela n’empêche pas que les flots de haine qui sont diffusés par ces pamphlétaires et leurs alliés peuvent être reçus par les extrémistes comme une légitimation de la violence à l’égard des « étrangers ».

    Par conséquent, je ne dirais pas que les mots d’Eric Zemmour sont des mots qui tuent, mais je suis bien obligé de constater que, d’un côté, ses propos insultants humilient ceux qui en sont les cibles et que, d’un autre côté, ils confortent la vision du monde de ceux qui sont envahis par la haine de l’autre. Dans mon livre, j’ai fait une petite analyse des commentaires concernant Eric Zemmour mis en ligne sur des sites d’extrême droite comme Riposte laïque. C’est assez terrifiant. On constate que les écrits du polémiste libèrent chez ces lecteurs des pulsions que le droit actuel s’efforce de contenir. En répétant sans cesse qu’il est victime des « bien-pensants », que la liberté d’expression est bafouée par ses contradicteurs, Eric Zemmour légitime une forme de délinquance de la pensée comparable à celle que Drumont légitimait à l’égard des juifs.

    Edouard Drumont a prolongé son engagement de polémiste en se lançant dans la politique active, puisqu’il fut élu député en 1898. Pensez-vous qu’Eric Zemmour suivra la même voie ?

    Ses partisans annoncent « une première grande convention de la droite, qui a vocation à devenir le lieu incontournable des débats philosophiques et politiques de demain » pour le 28 septembre, en présence de Marion Maréchal, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, et d’Eric Zemmour (Le Monde du 5 septembre). On verra ce qu’il en sortira. Mais je doute fort que le polémiste du Figaro franchisse le pas. La tentative de Drumont pour fonder un parti antisémite fut un échec et sa carrière de député prit fin à l’issue de son premier mandat. Plus prudent, Zemmour se contentera sans doute de jouer les éminences grises de cette nouvelle droite extrême.

    Comment contrer Zemmour et ses avatars aujourd’hui ?

    Le principal message que j’ai voulu faire passer dans ce livre est le suivant : je suis absolument convaincu que si nous voulons éviter qu’à brève échéance un Trump, un Johnson, un Salvini ou un Bolsonaro made in France s’installe à la tête de l’Etat, tous ceux qui ont l’immense privilège de pouvoir parler en public – experts, artistes, journalistes, universitaires, politiciens, etc. (je m’inclus évidemment dans le lot) – doivent aujourd’hui s’interroger sans faiblesse sur leur propre rôle.

    Dans son dernier livre, intitulé Destin français , Zemmour a accusé les historiens comme moi d’obéir à une « logique mafieuse », de tenir « les manettes de l’Etat », de manipuler une « grande machinerie » qui « euthanasie la France ». Ce livre a bénéficié, à l’automne 2018, d’une formidable campagne de promotion ; non seulement dans Le Figaro et ses filiales, mais aussi à la radio, sur les chaînes d’info en continu (BFM-TV, CNews, LCI), sur plusieurs chaînes de la TNT. A ma connaissance, aucun de ces journalistes n’a demandé à Zemmour quelles étaient les preuves qu’il pouvait produire à l’appui de ces accusations contre les historiens. Aucun d’entre nous n’a été invité pour défendre la dignité de notre profession face à ces calomnies.

    L’entretien publié dans Le Point pour faire la promotion du livre de Zemmour a repris en titre l’une de ses phrases affirmant : « La plupart des historiens n’assument plus l’histoire de France ». Bel exemple de « fake news », puisque rien qu’entre 2016 et 2018 trois volumineuses histoires de France ont été publiées par des universitaires, notamment la mienne, parue en même temps que l’ouvrage de Zemmour, mais dont Le Point n’a évidemment pas dit un mot. Il s’agit de Les Luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours , de Michelle Zancarini-Fournel (La Découverte, 2016) ; Histoire mondiale de la France , sous la direction de Patrick Boucheron (Seuil, 2017) ; Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours (Agone, 2018).

    Voilà comment ces journalistes conçoivent le pluralisme ! Comment, dans ces conditions, prendre au sérieux leurs propos quand ils affirment combattre le populisme et les fausses nouvelles ?

    Mais le plus inquiétant, c’est que les institutions qui représentent notre communauté professionnelle ne se sont pas mobilisées, elles non plus, pour défendre les enseignants-chercheurs mis en cause par le polémiste. Beaucoup d’universitaires estiment en effet qu’ils n’ont pas à répondre à ce genre de provocations. C’est une lourde erreur car nous ne sommes pas des chercheurs de droit divin. Nous avons des comptes à rendre aux citoyens puisque c’est grâce à leurs impôts que nous percevons nos salaires. Si, comme le dit encore Eric Zemmour, dans Le Figaro, « la plupart des historiens qui se prétendent scientifiques sont devenus de nouveaux prêtres qui servent les nouveaux dieux », autant fermer tous les départements d’histoire dans les universités. Mais si le métier de journaliste se résume à faire la promotion commerciale de la prose des pamphlétaires nationalistes parce que c’est bon pour l’audience, autant fermer aussi les écoles de journalisme et recruter des animateurs en CDD.

    Le grand point commun entre les dirigeants populistes qui sont aujourd’hui au pouvoir dans le monde, c’est que leur nationalisme s’accompagne toujours d’un puissant anti-intellectualisme. Si on laisse le champ libre à Zemmour pour labourer le terrain, il ne faudra pas s’étonner du résultat. Marc Bloch a écrit son Apologie pour l’histoire ou métier d’historien (1949), livre dans lequel il défend le métier d’historien, pendant la Résistance, au moment où il combattait l’occupant nazi les armes à la main. Défendre la science historique était à ses yeux, en effet, une autre manière de résister. Dans ce livre, il déplore le repli de ses collègues universitaires dans leur tour d’ivoire et leur « ésotérisme rébarbatif ». Ce qui conduit « à livrer sans défense la masse des lecteurs aux faux brillants d’une histoire prétendue, dont l’absence de sérieux, le pittoresque de pacotille, les partis pris politiques pensent se racheter par une immodeste assurance ». Et les noms qui s’imposent sous sa plume pour illustrer ce type d’histoire réactionnaire sont Charles #Maurras et Jacques Bainville, les deux « historiens » dont se réclame constamment Eric #Zemmour dans ses livres.

    #antisémitisme #islamophobie

    • Je découvre Henri Peña-Ruiz, un « philosophe » qui ne comprend pas la polysémie des mots et ne définit pas son vocabulaire tout en l’imposant aux autres.
      Il est bien raciste il explique qu’"il faut qu’on s’inspire du soin aux vieux des sociétés dites primitives"
      bien sur il pense pas à dire que c’est les femmes qui se coltinent ce boulot- comme c’est le cas aussi dans notre société primitive.
      #racisme #islamophobie #sexisme #phallosophie

      Sur le racisme, tout le monde fait comme si c’était un mot du vocabulaire biologique, mais pas du tout ca viens de l’élevage, quant on croise des individus pour faire des races à tondre, à traire, à tuer. Appliqué aux etres humains ca veux dire qu’on pense en terme d’elevage, pour mieux tondre, traire, tuer.

  • Des baigneuses en burkini provoquent la fermeture d’une piscine à Paris
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/paris-des-militantes-se-baignent-en-burkini-et-provoquent-la-fermeture-d-un

    Une quinzaine de militantes féministes et musulmanes ont provoqué la fermeture d’une piscine à Paris dimanche après s’être baignées en maillot deux pièces et en burkini, pour protester contre l’interdiction de ce maillot de bain couvrant controversé.

    Le petit groupe a pénétré dans une piscine du 11e arrondissement et cinq femmes musulmanes se sont baignées en burkini, soutenues par d’autres militantes féministes en maillots une ou deux pièces, mais aussi des personnes transgenres et des hommes membres du collectif créé pour l’occasion, a constaté un journaliste de l’AFP.

    « On se baignera, on se baignera ! Même si les racistes veulent pas, nous on se baignera ! » : leurs chants militants ont été accueillis avec des regards tantôt amusés, tantôt indignés des autres nageurs.

    L’opération coup de poing a provoqué l’intervention des maître-nageurs, puis celle de la police, sans aucun heurt. Lors d’une brève altercation, un homme irrité par l’initiative a montré son sexe aux militantes. Après une trentaine de minutes, la direction a fait fermer la piscine et les militantes sont reparties en déployant une banderole avec le slogan, « piscine pour toutes, stop islamophobie ».

    Les femmes n’ont pas le droit au top-less ni au brukini, mais un homme peut librement exhiber son pénis en public.

    #male_gaze #islamophobie #misogynie

  • En #Inde, près de deux millions de citoyens, la plupart #musulmans, déchus de leur #nationalité

    La Cour suprême exclut de nombreux citoyens des registres d’état civil de l’#Etat_de_l’Assam.


    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/31/en-inde-pres-de-deux-millions-de-citoyens-la-plupart-musulmans-dechus-de-leu
    #citoyenneté #apatridie #Assam #apatrides

    –---------

    En 2018, le Courrier international titrait :
    Inde. Quatre millions d’habitants de l’Assam considérés comme apatrides
    https://seenthis.net/messages/712102

    • India builds detention camps for up to 1.9m people ‘stripped of citizenship’ in Assam

      Ten centres ‘planned’ across northeastern state after national register published
      The Indian government is building mass detention camps after almost two million people were told they could be effectively stripped of citizenship.

      Around 1.9m people in the north-eastern state of Assam were excluded when India published the state’s final National Register of Citizens (NRC) list in August.

      Those excluded from the register will have to appeal to prove they are citizens. The UN and other international rights groups have expressed concern that many could be rendered stateless.

      The citizenship list is part of a drive to detect illegal immigrants in Assam.

      The Indian government claims that the migrants have arrived from neighbouring Muslim-majority Bangladesh.

      Critics say that the register has upended the lives of Muslims who have lived legally in the state for decades.

      Record keeping in parts of rural India is poor and many, including those building the camps, have been caught out by the NRC’s stringent requirements.

      “We don’t have birth certificates,” Malati Hajong, one of the labourers working at a site near the village of Goalpara, told the Reuters news agency.

      The Goalpara camp is one of at least 10 planned detention centres, according to local media reports.

      It is around the size of seven football pitches and designed to hold 3,000 people.

      Officials plan to have a school and hospital at the centre, as well as a high boundary wall and watchtowers for the security forces.

      Critics have accused the Modi administration of using the NRC to target Assam’s large Muslim community.

      But the government says it is simply complying with an order from India’s Supreme Court, which said the NRC had been delayed for too long and set a strict deadline for its completion.

      Government sources say those excluded from the list retain their rights and have 120 days to appeal at local “Foreigners Tribunals”. If that fails, they can take their cases to the High Court of Assam and ultimately the Supreme Court. What happens to those who fail at all levels of appeal is yet to be decided, they said.

      Last month the local chapter of India’s ruling Bharatiya Janata Party expressed dismay after it became apparent that many Hindus had also been excluded from the list.

      Officials said the government may pass legislation to protect legitimate citizens.

      The government is already in the process of bringing legislation to grant citizenship to Hindu, Sikh and Buddhist immigrants from neighbouring countries.

      Muslim immigrants are not included in the law.

      The nationalist, hardline Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) group also called for genuine citizens to be included in the list after it emerged that Hindus had been affected. The RSS and BJP are closely affiliated.

      https://www.independent.co.uk/news/world/asia/assam-india-detention-camps-bangladesh-nrc-list-a9099251.html

      #camps_de_détention #détention

    • India Takes Step Toward Blocking Naturalization for Muslims

      A bill establishing a religious test for immigrants has passed the lower house of Parliament, a major step for Prime Minister Narendra Modi’s Hindu-nationalist agenda.

      India took a major step toward the official marginalization of Muslims on Tuesday as one house of Parliament passed a bill that would establish a religious test for migrants who want to become citizens, solidifying Prime Minister Narendra Modi’s Hindu-nationalist agenda.

      The measure would give migrants of all of South Asia’s major religions a clear path to Indian citizenship — except Islam. It is the most significant move yet to profoundly alter India’s secular nature enshrined by its founding leaders when the country gained independence in 1947.

      The bill passed in the lower house, the Lok Sabha, a few minutes after midnight, following a few hours of debate. The vote was 311 to 80. The measure now moves to the upper house, the Rajya Sabha, where Mr. Modi seems to have enough allies that most analysts predict it will soon become law.

      Muslim Indians are deeply unsettled. They see the new measure, called the Citizenship Amendment Bill, as the first step by the governing party to make second-class citizens of India’s 200 million Muslims, one of the largest Muslim populations in the world, and render many of them stateless.
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      “We are heading toward totalitarianism, a fascist state,” said Asaduddin Owaisi, a Muslim lawmaker, who on Monday dramatically tore up a copy of the bill while giving a speech in Parliament. “We are making India a theocratic country.”

      The legislation goes hand in hand with a contentious program that began in the northeastern state of Assam this year, in which all 33 million residents of the state had to prove, with documentary evidence, that they or their ancestors were Indian citizens. Approximately two million people — many of them Muslims, and many of them lifelong residents of India — were left off the state’s citizenship rolls after that exercise.

      Now, Mr. Modi’s Bharatiya Janata Party, or B.J.P., is hoping to expand that kind of citizenship test to other states. And the new legislation would become a guiding principle for who could hope to call themselves Indians.

      Mr. Modi and his party are deeply rooted in an ideology that sees India as a Hindu nation. And since the B.J.P.’s landslide re-election win in May, Mr. Modi’s administration has celebrated one Hindu nationalist victory after another, each a demoralizing drumbeat for Muslims.
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      First came the Assam citizenship tests. Then Mr. Modi stripped away autonomy and statehood for Kashmir, which used to be India’s only Muslim-majority state. And last month, Hindu fundamentalists scored a big court victory allowing them to build a new temple over the ruins of a demolished mosque in the flash point city of Ayodhya.

      With the new citizenship bill, Mr. Modi’s party says it is simply trying to protect persecuted Hindus, Buddhists and Christians (and members of a few smaller religions) who migrate from predominantly Muslim countries such as Pakistan or Afghanistan.

      But the legislation would also make it easier to incarcerate and deport Muslim residents, even those whose families have been in India for generations, if they cannot produce proof of citizenship.

      Under Mr. Modi’s leadership, anti-Muslim sentiment has become blatantly more mainstream and public. Intimidation and attacks against Muslim communities have increased in recent years. And overt displays of Hindu piety and nationalism have become central in pop culture and politics.

      Mr. Modi’s fellow lawmakers in the B.J.P. are unapologetic about their pro-Hindu position.

      “There are Muslim countries, there are Jew countries, everybody has their own identity. And we are a billion-plus, right? We must have one identity,” said Ravi Kishan, a famous action-film hero and member of Parliament who is a central supporter of the citizenship legislation.

      When asked if he was trying to turn India into a Hindu nation, he laughed. “India has always been a Hindu nation,” he said. “The Muslims also are Hindus.” (This is a common Hindu nationalist belief: that India’s Muslims are relatively recent converts, even though Islam arrived in India hundreds of years ago.)

      Even before lawmakers in the Lok Sabha voted, protests were breaking out.

      In Assam, where the citizenship program began last summer, thousands of people have marched in the streets, hoisting placards and torches and shouting out their opposition to the bill.

      People are talking of mass fasts and boycotts of schools and markets. On Monday, some hanged effigies of Mr. Modi and his right-hand man, Amit Shah, the home minister.

      The leaders of the opposition Indian National Congress party are trying to paint the bill as a danger to India’s democracy. After India won its independence, its founding leaders, Mohandas K. Gandhi and Jawaharlal Nehru among them, made a clear decision: Even though the country was 80 percent Hindu, it would not be an officially Hindu nation. Minorities, especially Muslims, would be treated equally.

      Rahul Gandhi, a party leader and great-grandson of Mr. Nehru, said, “India belongs to everybody — all communities, all religions, all cultures.” Shashi Tharoor, the party’s intellectual heavyweight, called the bill an “all-out assault on the very idea of India.”

      But the Congress party is at a low point in its 100-year-plus history. And Mr. Modi’s party has the numbers: With allies, it controls nearly two-thirds of the seats in the lower house.

      Some of Mr. Modi’s critics believe the bill is serving to distract the public from another pressing issue: the economy. For the first time in decades, India’s economy is slowing significantly. It is still huge, but several big industries, like car and motorcycle manufacturing, have seen sales plummet like never before.

      “The economy is in tatters,” said Aman Wadud, a human rights lawyer in Assam. The bill, he said, was “the only issue left to polarize the country and distract people.”

      But forging India into an overtly Hindu nation has been a core goal of Mr. Modi’s party and of the R.S.S., a right-wing volunteer group whose ranks Mr. Modi rose up through and which provides him a backbone of support. And India’s recent moves in Kashmir, along with the Ayodhya temple ruling and the Assam citizenship tests, have been hugely popular with the prime minister’s base.

      Earlier this year, Mr. Modi’s government tried to push similar citizenship legislation. The bill sailed through the lower house but stalled after many politicians in Assam said they did not like the religious dimension the B.J.P. was injecting — or the possibility that a large number of Hindu Bengalis would be made citizens and would be able to legally acquire land in Assam.

      The bill gathered new momentum this fall, after the citizenship test in Assam. Assam has witnessed waves of migration over the years, and many of those people whose citizenship was being questioned were migrants, both Hindus and Muslims, from neighboring Bangladesh.

      Mr. Shah, the home minister and architect of the B.J.P.’s recent political victories, promised to protect the Hindus and other non-Muslims. He has called illegal migrants from Bangladesh “termites,” and along with his other statements made clear that Muslims were his target. Mr. Shah has also promised to impose the citizenship test from Assam on the entire country.

      The citizenship bill is a piece of the campaign to identify and deport Muslims who have been living in India for years, critics of the bill say. It lays out a path to Indian citizenship for migrants from Pakistan, Bangladesh and Afghanistan if they can prove they have been in India for at least five years and ascribe to the specified religions.

      To overcome the resistance from politicians in Assam, who do not want Hindu or Muslim migrants taking their land, the new version of the bill carves out special protections for areas predominated by indigenous people.

      Mr. Modi’s supporters employ a certain logic when defending the bill’s exclusion of Muslims. They say Muslims are not persecuted in Pakistan, Bangladesh or Afghanistan, which is mostly true. They also say that when India and Pakistan were granted independence in 1947, the British carved out Pakistan as a haven for Muslims, while India remained predominantly Hindu. To them, the extension of that process is to ask illegal Muslims migrants to leave India and seek refuge in neighboring, mainly Muslim nations.

      Article 25 of the Indian Constitution says, “All persons are equally entitled to freedom of conscience and the right freely to profess, practice and propagate religion.” Given that, many opponents of the bill say the citizenship legislation is patently unconstitutional. But the Hindu nationalists have an answer for that, as well.

      “We are not talking about citizens,” said Ramesh Shinde, a spokesman for the Hindu Janajagruti Samiti, a Hindu organization that is considered a far-right group. “We are talking about migrants.”

      Both sides agree on one thing: The bill could have far-reaching consequences.

      The Indian government is already racing to build an enormous network of prisons to house thousands of migrants. If immigration law is applied selectively, Hindu migrants who are swept up in raids may be released and allowed to apply for citizenship, while Muslim migrants could instead be sent to detention camps, opponents say.

      “In every state, Muslims are running around for papers,” said Mr. Wadud, the human rights lawyer in Assam. “An environment of fear has been created.”

      Mr. Kishan, the action hero turned politician, said he would next push to change India’s name to Bharat, the traditional Hindi word for India. But he said that he was not anti-Muslim, and that Muslims living in India legally had nothing to fear.

      “How can I be anti-Muslim? My staff in Mumbai is Muslim,” he said.

      “Hindus and Muslims in India are like this,” he said, interlacing his fingers. “But,” he added with a big smile, “I love Hindus.”

      https://www.nytimes.com/2019/12/09/world/asia/india-muslims-citizenship-narendra-modi.html

  • Myths of Christian Zionism Exploded By Daniel Hummel – The Forward
    https://forward.com/culture/430251/why-everything-you-think-you-know-about-christian-zionism-is-wrong

    Très intéressant compte-rendu d’un livre (dont l’auteur s’appelle Daniel Hummel) qui affirme que les chrétiens sionistes ne sont pas du tout des antisémites comme présentés traditionnellement (notamment par des « juifs libéraux »), et sont des sionistes convaincus. Ils partagent avec leurs homologues juifs sionistes leur #ultra-nationalisme, leur #racisme anti-arabe et leur #islamophobie ; ces derniers attributs, affirme l’auteur du compte-rendu, sont probablement les raisons pour lesquelles les « juifs libéraux » préfèrent les présenter comme des chrétiens d’extrême-droite pseudo sionistes et antisémites.

    Hagee and Falwell are no longer the most important Christian Zionist leaders. The center of the movement has shifted overseas. When Hummel visited the “International Christian Embassy’s Feast of Tabernacles celebration,” he heard a Nigerian preacher addressing an international audience, with only a muted American presence. The global movement emphasizes Jewish-Christian “reconciliation” and a shared biblical inheritance, often rejecting end-times prophecies. They also associate Israel with far-right, ultra-nationalist politics, as when the Brazilian Pentacostalist Rene Terra Nova “administered a mass baptism in the Jordan river to a group of Brazilian tourists before leading a chant in support” of fascist leader Jair Bolsanaro — a gathering that reached large Brazilian audiences through social media.

    Hummel has written a masterful, very readable book that manages at once to mount a surprising argument and tell compelling narrative history. Nor is he an apologist for Christian Zionism: he emphasizes repeatedly the “dark underside of reconciliation” between Jews and Christian Zionists in “the erasure of concern for Arab Christians and… Palestinians.” That critique is inescapable and damning, though of course it applies to Graham, Falwell, and Hagee not because they are Christians, but because they are Zionists.

    Reading Hummel, I realized that liberal Jews prefer to imagine Christian Zionists as anti-Jewish because we find it painful to confront the sincerity and integrity of their Zionism. We would prefer to think of their Islamophobia and imperialism as “Christian” and quarantine the American right from Jewish concerns and interests. We would prefer not to reckon with the fact that Israel has become the central symbolic cause of the world’s political right. We would prefer to deny what Christian Zionists announce loudly and repeatedly — that they reject Christian anti-Semitism and love Jews — because we are ashamed to be loved by such people. Progressive Jews caricature Christian Zionism only partly because we so poorly understand evangelicalism. More deeply, we do so because we would rather not understand why Zionism is so attractive to the Christian Right, for to do so would prompt too many questions about our own Zionism .

    #sionisme #évangélistes #évangélisme

  • Un second degré illisible

    « Dans le sillage des piteuses attaques à l’encontre de la militante
    écologiste suédoise Greta Thunberg, un article d’Arrêt sur images
    (média auquel je collabore) épingle un dessin de Riss dans le dernier
    numéro de Charlie, raillant le silence de la jeune fille face au
    pélerinage vers la Mecque. Mentionné par l’intermédiaire d’un tweet du vice-président du mouvement réactionnaire Debout la France, Patrick Mignon, qui se félicite de la dénonciation « du côté très sélectif des indignations de la #PythieàCouettes » (sic), la caricature de Greta Thunberg voisine avec les injures sexistes de Dominique Bussereau, l’ironie lourdement scatologique de Florian Philippot ou les montages malveillants de Régis de Castelnau. »

    (…)

    « Mais, comme le suggère Marylin Maeso, une part du problème posé par le dessin de Riss vient de la position ambigüe du magazine, qui défend le point de vue écologique, tout en participant à la critique du
    spectacle qui accompagne les apparitions de Greta Thunberg. La
    couverture du 24 juillet illustre bien la demi-mesure qui consiste à
    se moquer des ricaneurs, sans soutenir pleinement la militante. Le
    thread de Maeso fait également l’impasse sur l’islamophobie déclarée de Riss, qui a favorisé une lecture au premier degré du dessin, malgré une tentative maladroite de mise à distance (à travers la mention : « comme par hasard »). (…) »

    http://imagesociale.fr/7743

  • En 2009, le groupe de rap électro américain #N.A.S.A sort son premier disque. Depuis, ils sortent des titres de temps en temps, en général avec des invités au chant.

    Leur version de 2014 de I Shot The Sheriff, avec #Karen_O, la chanteuse des Yeah Yeah Yeahs, est déjà passée ici :
    https://seenthis.net/messages/790992
    https://www.youtube.com/watch?v=n8GTewTUQeg

    En 2015 c’est à #Lizzo qu’ils font chanter une version déjantée de Iko Iko :
    https://www.youtube.com/watch?v=wYagu-vGqRs

    Et cette même année, c’est avec le rappeur #KRS_One qu’ils décident d’écrire une chanson contre l’#islamophobie, une chanson qui présente l’#islam de façon positive, et une #jihadiste de l’amour, qui fait exploser l’amour autour d’elle : Jihad Love Squad
    https://www.youtube.com/watch?v=Qdc6faYk3hs

    #Musique #Musique_et_politique #USA

  • L’orientation politique des gays, des bis et des lesbiennes à la veille des élections européennes de 2019 - IFOP
    https://www.ifop.com/publication/lorientation-politique-des-gays-des-bis-et-des-lesbiennes-a-la-veille-des-elec

    L’orientation politique des gays, des bis et des lesbiennes à la veille des élections européennes de 2019

    À quelques jours du scrutin, le magazine Têtu publie une enquête exclusive sur l’orientation politique et le vote des gays, des bis et des lesbiennes aux élections européennes, qui montre notamment un désenchantement à l’égard du macronisme, dans un contexte toujours marqué par le non-respect du président de sa promesse de loi ouvrant la PMA aux couples de femmes.

    LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS

    Premières concernées par la loi sur la PMA, les lesbiennes votent en effet massivement pour des listes de gauche ou d’extrême gauche (54 %) : seuls 12 % des homosexuelles déclarent avoir l’intention de voter pour la liste LREM-MoDem, 15% pour une liste de droite (LR, UDI) et 17 % pour liste de droite radicale ou souverainiste (DLF, RN, LP, UPR).

    En cela, les affinités politiques des lesbiennes se distinguent assez nettement de celles des gays, qui restent encore attachés au macronisme : 30 % des homosexuels voteraient pour la liste conduite par Loiseau, soit un peu moins de 10 points de plus que l’ensemble de l’électorat. On observe cependant une baisse significative de proximité aux forces politiques soutenant l’action du président : seul un quart des gays exprime sa sympathie pour un parti centriste (24 %), contre plus d’un tiers (37%) lors de l’élection présidentielle de 2017.

    Le vote des bisexuels est quant à lui très genré :

    les femmes bisexuelles ont un vote très similaire à celui des lesbiennes, c’est-à-dire très ancré à gauche et à l’extrême gauche.
    les hommes bisexuels votent nettement plus que la moyenne pour la droite radicale (39%, contre 27% des gays et 17% des lesbiennes) : le choix pour certains de ne pas assumer une homosexualité à part entière pouvant sans doute les rendre moins sensibles à la défense des droits LGBT portés par les forces progressistes.

    #masculinité #hommerie #LGBT #racisme #libéralisme #misogynie #fascisme

    J’ai trouvé ce sondage via un blog sur mediapart : https://blogs.mediapart.fr/franck-noir/blog/010819/sondage-ifop-pour-tetu-2019-les-gays-sont-ils-dextreme-droite-1
    Le mec qui écrit ce blog est très probablement un bourgeois blanc misogyne. A ses yeux si les gays votent fascistes et racistes c’est de la faute des féministes et des orgas de la LGBTpride qui n’ont pas mis assez d’hommes blancs en tête de cortège l’année dernière... Par contre il a rien à dire sur Sens commun, son problème c’est les féministes et les gays et bis non blancs. Il compare les féminismes aux masculinismes et recommande de les exclure du mouvement LGBT. Il m’a l’air bien en marche pour le vote RN ce blogueur.

    J’ai d’autres hypothèses à proposer :
    – Si les gay et hommes bi votent fasciste et raciste, c’est que les gays et hommes bis de gauche et ceux qui ne sont pas racistes ont été plus touchés par l’épidémie de #Sida .
    – On peu aussi supposé que la forte fréquentation de milieu très masculin blanc et bourgeois favorise les comportement masculinistes.
    – Mais l’hypothèse qui me semble la plus forte est l’influence du discours islamophobe du RN auprès de ces hommes. Ce qu’on appel l’ #homonationalisme

    #GPA #masculinisme #islamophobie

  • Le foulard des accompagnatrices scolaires : une question plus civique que religieuse
    Anne-Sophie Lamine, The Conversation, le 25 juin 2019
    https://theconversation.com/le-foulard-des-accompagnatrices-scolaires-une-question-plus-civique

    L’interdiction de sorties scolaires aux mères d’élèves qui arborent un signe religieux vient, une fois de plus, de faire l’objet de débats. Un amendement a été voté dans ce sens par le Sénat le 15 mai, puis a été rejeté le 13 juin par la commission mixte paritaire de députés et sénateurs.

    #France #discrimination #islamophobie #femme #mères #mamans #écoles #sorties_scolaires #voile #foulard #signe_religieux #loi

  • Les obsessions islamiques du Point (et de Franz-Olivier Giesbert) - Acrimed | Action Critique Médias
    https://www.acrimed.org/Les-obsessions-islamiques-du-Point-et-de-Franz

    Depuis novembre 2018, cinq Unes du Point ont été consacrées à la menace de l’islamisme, en lien tantôt avec celle des gilets jaunes, de la haine de la police, ou des narcotrafiquants... Rebelote dans son numéro du 20 juin : le magazine de la famille Pinault titre cette fois sur « les services publics face à l’islamisme ». Avec à la clé un édito atterrant de Franz-Olivier Giesbert, qui s’emploie à réhabiliter une théorie largement répandue au sein des milieux d’extrême-droite selon laquelle l’Europe serait en proie à « l’islamisation ».

    #acrimed #islamophobie #éditocrate

  • À Grenoble, les militants du burkini tentent de convaincre les passants
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/a-grenoble-les-militants-du-burkini-tentent-de-convaincre-les-passants-2019

    À Grenoble ce dimanche, l’opération burkini dans les deux piscines municipales n’a pas eu lieu. La contre-opération « Tous à poil » non plus. Après plusieurs incidents dans les bassins et la fermeture des lieux à la demande des agents de la ville, les habitants ont pu se baigner tranquillement à la piscine en plein-air Jean-Bron, comme à celle des Dauphins. En revanche, chacun a dû vider son sac à l’entrée devant des vigiles (en nombre pour l’occasion : + 50% à Jean-Bron, +25% aux Dauphins, selon la mairie), avec pour obligation de montrer son maillot de bain. La police municipale était aussi là, de l’entrée jusqu’aux bassins de Jean-Bron, avec un petit renfort ponctuel de la police nationale. Et il a fallu ranger serviettes et maillots plus vite que d’habitude, puisque les deux établissements municipaux fermaient à 14 heures , au lieu de 19 heures au plus tôt en temps normal.

    Ils sont une quinzaine, ce dimanche midi, réunis à quelques pas de Jean-Bron, pour cette « opération burkini » : certains membres de l’Alliance citoyenne de Grenoble, d’autres venus en soutien sans pour autant afficher clairement leurs couleurs. Parmi eux, trois femmes voilées. Ils savent qu’ils ne vont pas pouvoir se mettre en burkinis, le dispositif de la Ville faisant obstacle. Alors que faire ? Aller à la piscine, payer son ticket d’entrée, et mobiliser les autres clients avant les bassins, c’est-à-dire dans les vestiaires ? Tous ne sont pas d’accord. Leur sortie sera donc minimale : discuter avec les passants devant l’établissement. Avant, ils doivent se préparer, avec des jeux de rôle. Extraits des dialogues, par les femmes voilées : « Nous, on ne peut pas aller à la piscine », « on nous oblige à mettre des maillots deux pièces » , « ce n’est pas normal, on est dans un état laïc ». Il est presque 13 heures quand l’équipée se décide à partir à pied pour la piscine. Dans les rangs, on parle de Tariq Ramadan, de la différence entre laïcité et laïcisme, eux protégeant la première, quand l’autre est le fait de ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.

    « Le religieux n’a pas sa place dans une piscine »

    Ca m’étonnerais que « chacun » ai du vidé son sac et montré son maillot de bain pour prouvé que c’est pas une maillot trop pudique. Seul les femmes sont discriminées ici. Et si le religieux n’as pas sa place à la piscine alors que les mecs soient contrôlés aussi et les circoncis interdit de piscine.

    #discrimination #sexisme #islamophobie #marronnier #laïcité_mon_cul

  • Après l’attaque de Brest, l’inquiétude grandit dans la communauté musulmane
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280619/apres-l-attaque-de-brest-l-inquietude-grandit-dans-la-communaute-musulmane

    Deux personnes ont été blessées jeudi dans l’attaque d’une mosquée à Brest, dont l’imam Rachid Abou Houdeyfa. Celui-ci était à la fois vivement critiqué en France à cause de ses positions réactionnaires et visé par l’État islamique. Le suspect se serait suicidé. Le parquet antiterroriste ne s’est pour l’instant pas saisi de l’affaire.

    #ISLAMOPHOBIE #Mosquée,_attaque,_Brest,_Karl_Foyer,_imam,_Rachid_Abou_Houdeyfa,_A_la_Une

  • "Hacia un pensamiento Islámico decolonial"

    En una mañana de julio en Madrid me encontraba disfrutando de una ponencia del profesor Enrique Dussel y en medio del receso tuve la oportunidad de encontrarme con Sirin Adlbi Sibai a quien había conocido anteriormente por su conferencia “Mas allá del feminismo islámico: hacia un pensamiento islámico decolonial”, la cual, despertó un gran interés en mi por leer y conocer más sobre su trabajo. En sus artículos “Colonialidad, feminismo e Islam” y “Hacia un pensamiento islámico decolonial” Sirin hace un análisis crítico de las bases que sostienen las mayores desigualdades y discriminaciones en el sistema-mundo en el que vivimos hoy y cómo dichas bases se han constituido y han afectado de manera radical a la humanidad; pero sobre todo, cómo el mundo moderno occidentalocéntrico ha afectado a la vida de lxshumanxs (y también la de lxs no humanxs) tanto dentro y fuera de los territorios colonizados. Por todo ello, le manifesté a Sirin mi deseo de entrevistarle para que nos explicase cuestiones que se encuentran en el debate público como lo es el feminismo islámico, la islamofobia y el hiyab de la mujer musulmana, además de que nos cuente un poco de su perspectiva sobre la situación de lxsdesplazadxs por la guerra en Siria y la penosa actitud de los gobiernos europeos ante esta situación.

    Aprovecho este espacio de la entrevista para celebrar y dar a conocer su nuevo libro “La cárcel del feminismo. Hacia un pensamiento Islámico decolonial” publicado en Akal en la colección Inter Pares [1]

    Podrías darnos una breve explicación de qué es el decolonialismo epistémico, para que nos cuentes ¿porqué partes desde estos fundamentos en tus estudios y cual es la importancia, en la actualidad, de promover un conocimiento decolonial? y ¿qué es la violencia epistémica y cómo se ejerce?

    Para comprender qué es la decolonialidad epistémica, tenemos que entender, reconocer y concienciarnos primero de la existencia y práctica estructural, sistémica y sistemática de la violencia colonial epistémica y epistemológica desde hace más de 500 años aproximadamente y hasta la actualidad. También, entender cuáles han sido sus dispositivos de funcionamiento y analizar, visibilizar y denunciar los epistemicidios y los extractivismos epistemológicos que ha generado y sigue haciéndolo.

    La colonialidad es el aparato de poder que se refiere a cómo las jerarquías globales (laborales, epistémicas, lingüísticas, espirituales, etno-raciales, sexuales, culturales, etc.) se imbrican entre sí y se articulan en torno al mercado capitalista global, a la idea de raza y al sistema de sexo-género y constituye el reverso de la modernidad occidentalocéntrica. No hay modernidad sin colonialidad.

    La modernidad occidentalocéntrica se funda y genera entorno a una matriz dualista-negacionista: YO-EL OTRO, dibujada sobre la línea de lo humano: SER-NO SER. Algo que ya dijo Fanon y desarrollan Grosfoguel y Boaventura, caracterizándolo éste último como el pensamiento abismal.

    En contra del mito occidentalocéntrico de una modernidad lineal y auto-instituida (Dussel) que sostiene que la modernidad empieza en una punta de Europa y acaba en la otra: Grecia y Roma hasta llegar a la Revolución Industrial y la Ilustración, la modernidad occidentalocéntrica comienza en 1492, que es cuando Europa se convierte por primera vez verdaderamente en “centro” del mundo con el control de las rutas de comercio internacional y tiene lugar el despliegue del sistema-mundo moderno/colonial.

    Lo que sucede entonces es que una experiencia local y concreta se violenta como imposición universal válida para todo tiempo y lugar y como medida de todo. Ahí podemos empezar a hablar ya del surgimiento del privilegio epistemológico y el epistemicidio. Cuando Europa destruye a las otras civilizaciones y se apropia de todas sus riquezas materiales, culturales, epistemológicas, filosóficas, etc., las interioriza e integra en su proyecto moderno-colonizador-civilizador y usurpa el lugar de un universalismo abstracto invisibilizando y deshumanizando el resto de la existencia y todos los ejercicios de violencia, genocidio, expropiación y apropiación que debe hacer para ubicarse ahí donde lo ha hecho.

    En segundo lugar, la designación de los saberes no occidentales como “tradicionales”, los ubicaba y los ubica hasta el día de hoy, como residuos de un pasado sin futuro, siendo éste propiedad exclusiva de Occidente y estableciéndose por lo tanto la imposibilidad fáctica de acceso por parte de cualquier otra forma cultural, civilizacional, social, política, lingüística o epistemológica, ni al presente, ni al futuro. Condenando, por lo tanto, a todos “los otros” al silencio y a la invisibilización a través de la imposición de un único camino de acceso a los mismos a través de los marcos modernos occidentales, lo cual supone un ejercicio perverso de múltiple anulación y auto-anulación que únicamente perpetúa un monólogo occidental y occidentalocéntrico infinito, que podemos identificar, no sólo como la colonialidad del saber, sino también como otra forma enredada con ella que es la de una colonialidad espacio-temporal.

    Todo esto dibuja, en cierto modo, algunos de los aspectos de lo que yo denomino en mi trabajo la cárcel epistemológico-existencial y espacio-temporal del sistema-mundo moderno/colonial que va a marcar al mundo quién puede hablar, cómo se puede hablar y desde dónde se puede hablar.

    Después de esta muy “breve” introducción es posible intuir cómo los principales conceptos que utilizan las ciencias sociales están impregnados de colonialidad y de violencia epistémica, lo que trunca mediante un macabro ejercicio todas las posibilidades de “pensar”, “hablar” o “ser” de los sujetos colonizados/racializados ubicándolos y re-ubicándolos indefinidamente en el NO SER…en una irracional racionalidad de violencia y aniquilación. De ahí la necesidad ineludible y la urgencia de la descolonización epistemológica, de revisar todos los términos, los conceptos, el uso que hacemos de-con ellos y su trasfondo y cuestionarnos nuestros puntos referenciales de partida, todas y cada una de las categorías que utilizamos. De otro modo, estaremos participando en la reproducción indefinida de la producción de saber y (des)conocimiento colonial con todas las consecuencias, materiales en última instancia, de subalternización y aniquilación de dos terceras partes de la Humanidad.

    Ahora con la oleada de migración de personas sirias, también de países africanos por culpa de los conflictos armados y en medio de la palpable exhibición del racismo de Europa desde su propio seno ¿Cuál es tu perspectiva de todo este panorama cómo mujer proveniente de Siria y como investigadora que ha trabajado la decolonialidad por varios años desde dentro y fuera de Europa?

    Lo que hoy estamos viviendo en Siria, que es la mayor catástrofe y genocidio de los últimos siglos, es consecuencia directa del colonialismo y la colonialidad, que ha mantenido en el poder en los países árabes a mafias corruptas que sirven a los intereses de las principales potencias. Occidente se ha aliado con Rusia (ese héroe de la izquierda marxista-leninista racista y colonial que no duda en apoyar el genocidio de todo el pueblo sirio en nombre de un anti-imperialismo trasnochado) para mantener en el poder al clan de los Asad y no permitir la democratización de Siria que tendría la consecuencia necesaria de la disposición y autodeterminación de los sirios sobre sus bienes y riquezas. Las personas que están muriendo en las fronteras de la Europa enferma, huían de la muerte de las bombas asadíes-ruso-iraníes-occidentales. No nos han dejado vivir en nuestros países con dignidad, libertad y justicia, han desplazado masivamente a la población para seguir implementando sus agendas de saqueo. Nadie querría ir a Europa y abandonar su hogar si puede seguir viviendo dignamente en él, sólo huyen de la muerte para volvérsela a encontrar de frente. Parece que nuestro único destino como infrahumanos es el camino de la muerte y de la aniquilación, en todas su formas. Pero como decía Cesaire, en esta política está inscrita la pérdida de Europa misma, que si no toma precauciones, perecerá por el vacío que creó alrededor de ella.

    Siguiendo con el tema del racismo y colonialidad pero enfocándonos más en el mundo árabe; se habla constantemente en los medios de comunicación sobre islamofobia como la discriminación a las personas que practican el Islam, nos podrías contar ¿qué es el Islam? y ¿cómo nace la islamofobia en occidente?

    Yo defino el Islam como una forma de ser, estar, saber, conocer, sentir y relacionarse en/con la existencia, con la realidad y la naturaleza. El Islam no es una “religión”, este es un concepto cristianocéntrico y occidentalocéntrico que ha sido empleado para la colonización del resto del mundo y de todas las formas plurales de existencia/conocimiento en el mundo. El Islam es una ética y praxis de la más absoluta liberación de todas las formas de esclavitud: el egoísmo, el materialismo, el exhibicionismo, las apariencias, el consumismo. Es un orden de valores y es, como diría AbdelmuminAya, una vuelta a la fitra, naturaleza original y es asumir la deuda que tenemos con la realidad, con la existencia y con todas sus cosas y sus criaturas. El Islam es compasión, humildad, generosidad. Es como dice el filósofo musulmán Taha Abderrahman, una epistemología del Ethos. El componente ético es estructural y transversal y dota de todo sentido y forma al Islam. Así mismo el Islam no es un conjunto de dogmas y doctrinas. En el Islam no hay ninguno de estos dos, sino que es sobre todo una experiencia. No se cree en el Islam, el Islam se experimenta, se vive y se siente y ésas formas, por la naturaleza misma de los seres humanos y de las sociedades, son plurales, multiformes y heterogéneas y es que el Islam es así. Los más de 1600 millones de musulmanes que hay en el mundo, no practican un solo Islam. Pertenecen a todo tipo de culturas y hablan todo tipo de idiomas y por consiguiente tienen también formas muy dispares de experimentar y comprender el Islam.

    La islamofobia es un aparato de poder colonial que hunde sus raíces en el despliegue del sistema-mundo moderno-colonial. Es un dispositivo que específicamente se ocupa de la subhumanización, epistemicidio y aniquilación del Islam y los musulmanes, mediante marcos discursivos y conceptuales que han ido transformándose en las diferentes coyunturas históricas y que en la actualidad se entreteje entorno a los discursos coloniales del desarrollo/el feminismo/el terrorismo/la democratización/la liberalización, etc. Desde aquí se ve ya que trabajo con una concepción alejada del clásico que sostiene muy limitadamente que es una forma de racismo entendido como “el odio al Islam y a los musulmanes”.

    Además la islamofobia, como dispositivo de poder colonial, es triplemente generizada: en el sentido de quién la genera: las instituciones del sistema-mundo moderno/colonial, cómo se genera (a través de qué): del objeto colonial “mujer musulmana con hiyab”; y sobre quién tiene mayor incidencia: las mujeres musulmanas. De este modo estoy planteando una comprensión de la islamofobia que difiere de la sostenida por YasmineZine que habla de un tipo específico de islamofobia que ella denomina como “islamofobia de género”. En mi concepción, la generización no se da en una tipología específica derivada de la islamofobia, sino que atraviesa, estructura, sistematiza y racionaliza todo el aparato de la islamofobia. Es decir, que no hay islamofobia sin género. Esta diferencia es crucial a la hora de concienciarnos, comprender y analizar la fundación-funcionamiento del dispositivo colonial islamófobo y por lo tanto, incide determinantemente en la transformación de los diseños de las resistencias/luchas contra la islamofobia/colonialidad.

    Situándonos en tu trabajo de investigación; sobre la mujer en concreto describes en tus artículos que “la mujer musulmana con hiyab es un argumento islamofóbico que favorece el discurso liberal occidental” ¿podrías explicarnos este argumento?

    Cuando en la respuesta anterior hablo de la triple generización de la islamofobia, me refiero a un tipo de producción de la misma basada en discursos, “la mujer musulmana con hiyab oprimida, subyugada, analfabeta, sumisa” no representa a ningún sujeto real, de hecho, “la mujer musulmana con hiyab” mismamente, así en singular y sin el resto de adjetivos, también es una categoría sumamente problemática. Entonces esa “mujer musulmana con hiyab” es lo que yo denomino un objeto colonial sexuado y feminizado, prototipo supremo de la mujer del Tercer Mundo de la que hablaba Mohanty, un objeto de intervención y clasificación, a través del cual se han colonizado y se sigue colonizando la civilización arabo-islámica: las sociedades y los individuos árabo-musulmanes, sus culturas, sus sociedades, su cosmovisión y todo lo que son. La producción de “la mujer musulmana con hiyab oprimida” se trata del pilar fundamental que va a estructurar todo el edificio islamófobo en sus diferentes vertientes y formas.

    En occidente se considera el hiyab como una institución simbólica del patriarcado árabe, sin embargo las feministas decoloniales lo niegan. ¿Porqué?

    Occidente que se ha autoerigido en portavoz de la humanidad, se ha adueñado de todos los términos y los conceptos, practicando sus violencias y sustracciones epistemológicas. Ha robado la voz de las y los colonizados y el derecho de éstos a desarrollar sus propias formas de ver y entender el mundo. En este contexto, el hiyab es relacionado por parte del colonizador occidental con opresión, sumisión, subyugación o cuanto menos, tradicionalismo, subdesarrollo y retraso, silenciándonos e invisibilizándonos por completo a las mujeres musulmanas que lo vestimos como ejercicio de nuestro pleno derecho a expresarnos del modo y la forma en el que nosotras queramos hacerlo. El colonizador occidental también pretende hacer de policía y salvaguarda de unos derechos y unas libertades que es quien en primera instancia priva al resto de la humanidad de ellos. Ejercemos nuestro pleno derecho a vestir como nosotras consideramos más adecuado, según nuestros valores y nuestra cosmovisión y nos vemos acosadas sistemáticamente por un sistema que pretende mediante la manipulación de los conceptos que demos explicaciones continuas sobre todo lo que hacemos y dejamos de hacer, cómo vestimos, cómo vivimos y casi cómo respiramos. Pero claro que esta práctica de regulación sobre los cuerpos y las vidas de las mujeres no se limita sólo a las mujeres musulmanas, sino a las mujeres en todo el mundo, ya que el sistema es intrínsecamente patriarcal. Solo que las mujeres no occidentales, sufren violencias mucho más complejas, puesto que se hayan intersectadas por la más destructiva y brutal estructura de poder que es la de la colonialidad que Occidente practica contra ellas, reforzando de una manera sistemática los patriarcados y otras estructuras de poder locales que afectan a las vidas de las otras mujeres no occidentales.

    Los patriarcados locales que en las sociedades musulmanas se apropian igualmente del Verbo, de su interpretación y de su puesta en práctica, forzando a las mujeres musulmanas a vestir en ocasiones y en otras a dejar de vestir el hiyab, son reforzados por el patriarcado occidental sobre el Islam. En medio estamos nosotras, las mujeres musulmanas que luchamos por rescatar al Islam de manos de unos y otros para vivirlo en plenitud, lejos de imposiciones y violencias.

    El problema principal respecto a los significados secuestrados del hiyab es que tanto Occidente como algunos sectores patriarcales islámicos obsesionados ambos con los cuerpos de las mujeres y la regulación sobre ellos, han colonizado y limitado, reduciendo hasta el absurdo la ética global islámica extremadamente sofisticada respecto a los cuerpos de los hombres y las mujeres en general, pero más aún, el hiyab se está utilizando de modo que llegue a constituir un verdadero “velo” respecto al significado y el sentido global de todo el Islam, que es en primer lugar, como ya he dicho, una epistemología ética de liberación.

    Ante esto, hay una corriente mayoritaria de mujeres musulmanas (al contrario de la imagen que los medios promueven y promocionan) que deciden llevar el hiyab y lo hacen desde una plena conciencia de su práctica espiritual transgresora y liberadora, frente a todos aquellos que pretenden imponerles tanto sus visiones deformes de una modernidad colonial como sus interpretaciones tergiversadas del Islam.

    Debido a las diferentes formas de discriminación y violencia hacia la mujer árabe, ya no solo desde los prejuicios coloniales occidentales sino desde las propias estructuras patriarcales del mundo árabe, se ha generado una corriente teórica y activista que reivindica los derechos de la mujer, denominándose así misma como feminismo Islámico, ¿cómo se complementa el feminismo con el islam y cuáles son sus principales demandas?

    Bueno, primero habría que aclarar, que las feministas islámicas más destacadas, no son árabes. Aunque sí musulmanas de EEUU, Malasia, Indonesia, Irán o India, entre otros. También me gustaría subrayar (algo sobre lo que espero haber podido arrojar algo de luz en las respuestas anteriores) que no estamos hablando de simples “prejuicios coloniales” sino de estructuras de poder muy profundas institucionales e institucionalizadas.

    El término “feminismo islámico”, tal y como se ha empleado por parte de las académicas y los medios de comunicación encierra no poca confusión y se mezclan y confunden a menudo los feminismos árabes con los autodenominados feminismos islámicos o con cualquier movimiento femenino que surja en los países árabes y/o musulmanes. Lo cierto es que hay una gran diversidad de movimientos y discursos que son sumamente heterogéneos y que pueden ser incluso contradictorios.

    Si nos referimos a los feminismos islámicos como aquellos que primero se autodenominan a sí mismos como tal y que segundo basan su activismo feminista en el Corán, el hadiz (hechos y dichos del Profeta Muhammad, sAaws) y la sunna (biografía del Profeta) y que también presentan lecturas muy diversas según a quién estemos escuchando y según el contexto sociopolítico en el que se elabora dicho discurso, podemos sin embargo, afirmar que efectivamente guardan una base compartida: la de sostener la existencia en el Corán y por tanto en el Islam, de una matriz igualitaria desde la que partir para construir políticas y praxis de liberación de las mujeres musulmanas. Su trabajo, por lo tanto se centra en hacer una revisión de los textos que refuta cualquier discurso misógino, machista y patriarcal que pretenda justificarse en una base islámica, que en todo caso, solo podría hacerse desde la tergiversación de las interpretaciones de los textos islámicos y la historia de la vida y el ejemplo del Profeta Muhammad (sAaws).

    Dicho esto, personalmente no opto por expresarme como “feminista islámica”, como lo hacen otras compañeras mías a las que respeto y admiro. Yo sin embargo, lo hago como “pensadora musulmana decolonial”, y en mi libro La cárcel del feminismo… trato de sostener el por qué. En el mismo, desde la decolonialidad, problematizo los discursos sobre feminismo e Islam y muestro las diversas violencias epistémicas que se enredan en los modos muy particulares de construir estos discursos. Digamos que trato de llevar hasta la última de sus consecuencias la descolonización epistemológica, terminológica y conceptual. Una de mis hipótesis principales es que la producción de los discursos sobre feminismo e Islam, hoy en día, en términos generales e incluida la de los propios discursos de las mujeres musulmanas, aún no han podido trascender la normativa liberal y se hayan encerrados en la cárcel epistemológico-existencial y espacio-temporal. Necesitamos una revolución decolonial en el seno de los diferentes movimientos de mujeres musulmanas que parta de una consciencia plena del epistemicidio occidentalocéntrico, cristianocéntrico, capitalista, blanco, militar, sexista, patriarcal y sus consecuencias para nuestras vidas y por lo tanto, que repiense todos y cada uno de los términos que escogemos para llevar a cabo el ejercicio de la enunciación como sujetos existentes, conscientes y resilientes.

    Dentro de las distintas hermenéuticas que realizan las feministas islámicas al Corán ¿cómo se analiza la figura de Alá desde una perspectiva de género?

    En tu forma de plantear la cuestión hay algunos problemas de partida, en los que mismamente algunas de las compañeras feministas musulmanas han caído. Y esto es por herencia directa de la colonialidad cristianocéntrica. En primer lugar, desde la concepción islámica no podemos hablar de “figura” si nos referimos a Allah, así como tampoco tiene sentido en una lógica islámica aplicar la perspectiva de género (como han hecho algunos trabajos) al estudio de Allah. Ya que en el Islam, Allah no es la figura patriarcal del Dios que existe en la Cristiandad. Allah en el Islam no tiene género, ni número, ni tiempo, ni forma alguna concebible por las capacidades humanas. Allah no es un conjunto de dogmas y conocimientos previos en los que se tiene fe, como sucede con la figura de Dios en la Cristiandad. Allah en el Islam, no es lo que se entiende por Dios en Occidente y no puede traducirse por Dios (AbdelmuminAya). Las y los musulmanes no creemos en Dios, sino que experimentamos a Allah como la existencia misma, y entonces fluimos en esa existencia y en Allah. En su búsqueda a través de la praxis de una epistemología eminentemente Ética.

    Con todo esto, quiero llamar la atención sobre el peso de la colonialidad occidentalocéntrica y cristianocéntrica sobre el resto de epistemologías del mundo, hasta el punto de haber colonizado nuestra propia capacidad de comprendernos a nosotros mismos y a nuestros referentes, nuestra cultura, nuestras maneras (la de todas y todos los sujetos colonizados en su diversidad invisibilizada) de vivir, de ser y de existir.

    Desgraciadamente, las feministas musulmanas que han caído en la trampa de pretender aplicar la perspectiva de género al análisis de Allah no han estado tan alejadas de las formas patriarcales que se imponen en las sociedades árabo-musulmanas, debido, entre otras cosas, a que esas formas patriarcales fueron reforzadas por el patriarcado Occidental sobre el resto del mundo, y en ese ejercicio se envistieron de occidentalocentrismo y cristianocentrismo las formas de opresión patriarcal locales pre-existentes a la colonización. Aplicar por lo tanto, la perspectiva de género al análisis de Allah en vez de mostrar todas las implicaciones de una comprensión tal de Allah, acaba convirtiéndose en un doble ejercicio de subalternidad y colonización de la tradición islámica.

    “El especismo es una forma de discriminación, contra quienes no pertenecen a determinada especie.En la mayoría de sociedades humanas se considera completamente normal discriminar a los animales de otras especies. La manera en que esta discriminación ocurre y su gravedad difiere en cada lugar, y determinados animales son tratados peor en algunos lugares que en otros.” (animal-ethics.org) Algunas feministas occidentales señalan que la propia construcción de la masculinidad patriarcal esta basada en el especismo en la misma medida en que lo está en el sexismo. Dado que debemos oponernos a todas las formas de discriminación y desigualdades injustificadas, incluso cuando las afectadas no son humanas, independientemente del lugar que ocupemos en el sistema-mundo ¿consideras que dentro del feminismo islámico hay cabida para incorporar planteamientos antiespecistas?

    Dentro del Islam es perfectamente posible desarrollar teorizaciones similares. En la concepción occidental capitalista y patriarcal existe un problema original de planteamiento de “la otredad” y de las formas de relacionarse con todo lo que es construido como otredad. Dentro del Islam no existen los mismos problemas de planteamiento. Las y los musulmanes partimos del concepto del TAWHID: la unicidad y unificación de Allah. La unicidad de Allah significa que ya de entrada en nuestra epistemología no existe el dualismo negacionista (Yo-el Otro) de la tradición occidental. La unicidad de Allah es también la unicidad de la Creación de Allah, de la Existencia y en esa existencia todos los seres, humanos y no humanos, las plantas, los animales tienen en el Islam, derechos sobre nosotros. Para ponerte un ejemplo, se relatan en varios hadizes que una persona puede alcanzar el janna-Jardín eterno (mal traducido por paraíso) por haber tratado bien y haber sido compasivo con un animal y lo opuesto, por haberle maltratado.

    https://vientosur.info/spip.php?article11946

    #décolonialisme #décolonial #islam #Sirin_Adlbi_Sibai

    • La cárcel del feminismo

      Inspirándose principalmente en el pensamiento decolonial latinoamericano, en los llamados feminismos de la #Tercera_Ola y en el pensamiento islámico del filósofo marroquí #Taha_Abderrahman, esta obra plantea una crítica profunda a los fundamentos epistemológicos de los feminismos islámicos, a la vez que tantea la urgencia de un pensamiento islámico decolonial como la respuesta y quizás la única, pero no unificada, solución posible a la crisis del pensamiento islámico contemporáneo. Se trata de una invitación a comenzar un recorrido otro de verdadera introspección dialógica intracultural e intracivilizacional islámica cuya premisa básica parte paradójicamente de «la consciencia del No Ser» en el contexto del «imperio de la anulación del Otro» y que nos brinda posibilidades reales de liberación y de regeneración, así como de una reinserción anticapitalista, antisexista, antipatriarcal, antirracista, anticlasista y anticolonial en los presentes y futuros de los que, como sujetos colonizados, hemos sido expulsados.

      Desde una lectura decolonial renovada de la islamofobia como una de las estructuras de poder, control, gobierno y subalternización del Islam y los musulmanes en el sistema-mundo moderno/colonial, esta investigación muestra cómo los discursos feministas islámicos son una respuesta reactiva a la misma. En este sentido, pueden leerse desde lo que Judith Butler ha denominado «la paradoja de la subjetivización», y es que los discursos que resisten tales normas, son en sí mismos habilitados o creados, incluso, por esas mismas normas, lo cual supone una limitación constitutiva que, aunque no anule su capacidad de agencia social, sí los convierte en discursos reiterativos o rearticuladores inherentes al poder.

      https://www.akal.com/libro/la-carcel-del-feminismo_35238
      #féminisme #livre #féminisme_islamique #islamophobie #pouvoir #subjectivisation

  • La méthode Alinsky mise à nue
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1141

    Jusqu’à récemment, nous n’avions pas d’opinion arrêtée au sujet de l’Alliance citoyenne, un groupe grenoblois qui applique la « méthode Alinsky ». Pour ce qu’on voyait, ses membres semblaient défendre des causes légitimes (notamment pour les locataires des HLM) ; ses pratiques nous laissaient davantage perplexes (soirée type patronage évangélique à l’américaine). Vendredi 17 mai 2019, nous avons appris que l’Alliance citoyenne avait accompagné des femmes musulmanes à la piscine municipale, pour imposer un bain en burkini contraire au règlement. En fait, le coup avait été monté par ces militants suivant les préceptes de Saul Alinsky. Une chose est de soutenir des locataires quand ils sont mal chauffés ou quand leur logement est insalubre ; une autre est d’imposer la pudibonderie religieuse dans (...)

    « http://lepoingpresselibertaire.org »
    « http://fa-amiens.org/Pour-en-finir-avec-le-fumiste-Saul-Alinsky.html » #Faits_divers

  • Les femmes qui arborent des tenues provocantes ds le #métro prennent plus de risques que celles qui ont une tenue correcte. La prudence est une vertu cardinale : chacune doit faire en sorte de préserver son intégrité dans des environnements à risque. Question de bon sens ! #RATP


    https://twitter.com/AgnesCerighelli/status/1127534600845131776
    #femmes #habits #habillement #sexisme #harcèlement_sexuel #viol #tenue #risque #transports_publics

    Réponse de Anne Rosencher sur twitter :

    L’irresponsabilité politique de ce genre de tweet me laisse sans voix...

    https://twitter.com/ARosencher/status/1127583400720781313?s=19

    • Déjà condamné pour provocation à la haine contre les musulmans, Renaud Camus vient une nouvelle fois d’être épinglé à la suite d’un tweet : « Une boîte de préservatifs offerte en Afrique, c’est trois noyés en moins en Méditerranée, cent mille euros d’économie pour la Caf, deux cellules de prisons libérées et trois centimètres de banquise préservée », a-t-il tweeté le jeudi 18 avril. En s’affichant à ses côtés, Fiorina Lignier annonce clairement la couleur.

      #islamophobie #racisme #extrême-droite #GJ

  • La radicalisation n’existe pas, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne soit rien

    Les sciences sociales à l’appui d’une nouvelle raison d’État

    Par Hamza Esmili

    Le discours sur la radicalisation s’est amplifié depuis les attentats de 2015 à Paris. Un champ de recherche s’est constitué autour de cette notion confuse, nourri de savoirs produits par des chercheur·es en sciences sociales. Contestables, ces savoirs ont l’avantage d’être prêts à l’emploi pour toutes sortes d’instances, des services sociaux à l’institution pénitentiaire, et sont mobilisés aussi bien dans les discours politiques qu’administratifs.
    Hamza Esmili, doctorant en sociologie, revient sur l’élaboration de ce concept bancal qui permet utilement de dépolitiser la violence qu’il cible et de réaffirmer l’ordre libéral et les contours souverains de la nation.

    https://www.jefklak.org/la-radicalisation-nexiste-pas-ce-qui-ne-veut-pas-dire-quelle-ne-soit-rien

    #radicalisation #islamophobie #prison #discrimination #islam #racisme

  • J’archive cette histoire sur Les Suppliantes à la Sorbonne

    Facebook
    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10157104979755902&set=a.434672170901&type=3&theater&comment

    Voici le texte rose-brun !
    Le texte touche pas à ma racine gréco romaine.
    Le texte qui défend (à raison) la liberté de création mais en profite pour taper sur l’antiracisme. Le texte signé par tant d’ami.e.s que j’en perds mon latin. Le texte pour la défense du blackface pensé comme acte de création (quel talent). Le texte qui te ferait passer la valeur d’égalité pour du politiquement correct, le respect pour de la soumission au communautarisme, La lutte contre le racisme pour de l’identitarisme et la culture pour toutes et tous pour de la servitude volontaire. Si je suis habitué à avoir des ennemi.e.s, il est plus nouveau d’avoir des ami.e.s parmi les signataires qui se trompent autant... ou peut être, simplement se dévoilent : elles et eux qui attendaient qu’un spectacle universitaire amateur soit bloqué par deux ou 3 abrutis (je les condamne pour l’action tout autant que je comprends leur colère) pour monter l’événement en épingle, bien faire mousser, et enfin s’allier aux « on peut plus rien dire-on peut bien rigoler-yapasd’mal à se peindre en bamboula-c’est ma liberté de création-mon point de vu perso est universaliste alors ta gueule sale communautariste » et finalement vomir leur fiel trop longtemps contenu contre l’antiracisme.
    Pour info, contrairement à ce qui est écrit en intro de ce texte, le Cran n’était même pas présent sur ce blocage et ne l’a donc pas appelé de ses vœux. Mais bon, ma bonne dame, on n’est pas à un mensonge près quand on est idéologue.
    Bande de blaireaux !
    Alors oui, cher.e.s signataires (et parmi vous mes potes) vous avez le droit de vous peindre en noir.e.s pour jouer des noir.e.s. si ça vous fait kiffer, si ça vous flatte la liberté. Et personne ne devrait bloquer un spectacle, c’est vrai. Mais moi j’ai aussi le droit de vous dire que le faire, se déguiser en noir, en asiatique, en arabe... aujourd’hui, dans le contexte qui est le nôtre, en pleine conscience... ça fait de vous des ordures.
    C’est politiquement correct ça ?

    #Suppliantes #Eschyle #PrintempsRépublicain #Antiracisme

    • Pour Eschyle » L’almanach » Autour
      https://www.theatre-du-soleil.fr/fr/guetteurs-tocsin/pour-eschyle-103

      L’UNEF n’est pas en reste, qui exige des excuses de l’université, en termes inquisitoriaux : « Dans un contexte de racisme omniprésent à l’échelle nationale dans notre pays, nos campus universitaires restent malheureusement perméables au reste de la société, perpétrant des schémas racistes en leur sein. » Le 28 mars, après les réactions fermes de La Sorbonne, des Ministères de l’Enseignement Supérieur et de la Culture ainsi que d’une partie de la presse, dénonçant une atteinte inacceptable à la liberté de création, les mêmes étudiants commissaires politiques ont sécrété un interminable communiqué en forme de fatwa, exigeant réparation des « injures », entre autres sous forme d’un « colloque sur la question du “blackface” en France » : un programme de rééducation en somme, déjà réclamé par Louis-Georges Tin.

      #Islamophobie #Racisme

    • L’offensive des obsédés de la race, du sexe, du genre, de l’identité…
      https://www.marianne.net/societe/l-offensive-des-obsedes-de-la-race-du-sexe-du-genre-de-l-identite

      Les signaux sont nombreux qui montrent qu’un nouveau militantisme antiraciste confinant au racisme se propage dans notre société. Universités, syndicats, médias, culture, partis politiques… Ce courant de pensée né aux Etats-Unis "colonise" tous les débats.
      Les « racisés » souffrent d’« invisibilisation », ce qui devrait pousser à s’interroger sur les « privilèges blancs » et le « racisme d’Etat » en France. Si la triple relecture de cette phrase ne suffit pas à vous extirper d’un abysse de perplexité, c’est que vous n’avez pas encore fait la connaissance de la mouvance « décoloniale ».

      Vous n’êtes donc probablement pas un familier des organisations de gauche. Depuis plusieurs années, dans un mouvement qui s’accélère ces derniers mois, une idéologie nouvelle gagne ces milieux militants, qu’ils soient universitaires, syndicaux, associatifs, politiques ou artistiques. Sa dernière apparition spectaculaire remonte au 25 mars dernier, à l’entrée de la Sorbonne, sous les bannières de trois associations de défense des droits des personnes noires. Elles ont empêché la représentation d’une adaptation des Suppliantes, la pièce du poète antique Eschyle, dont certains comédiens blancs ont été accusés d’arborer du maquillage et des masques noirs pour interpréter une armée venue d’Afrique. Un blackface, c’est-à-dire un grimage raciste pour moquer les Noirs, ont expliqué ces manifestants. Le metteur en scène, Philippe Brunet, a eu beau rappeler ses engagements humanistes ou plaider pour qu’on puisse « faire jouer Othello [le personnage africain de Shakespeare] par un Noir ou par un Blanc maquillé », rien n’y a fait. « Il n’y a pas un bon et mauvais blackface », a rétorqué Louis-Georges Tin, président d’honneur du Conseil représentatif des associations noires (Cran).

      Sans que le grand public y prête encore attention, ces activistes, dont l’antiracisme confine souvent au racisme, conquièrent régulièrement de nouvelles organisations, comme le Planning familial, Act Up, qui lutte contre le sida, ou le syndicat SUD. Il ressort de l’enquête de Marianne que ces militants pointent également le bout de leur doctrine au Mouvement des jeunes socialistes, à la CGT, à la Ligue des droits de l’homme, dans les médias « progressistes » et dans les départements universitaires de...

      #Paywall (ça vaut peut-être mieux)

    • L’irruption du « classe, race, genre » à la Sorbonne - Libération
      https://www.liberation.fr/debats/2019/04/02/l-irruption-du-classe-race-genre-a-la-sorbonne_1718913

      La mise en scène des Suppliantes peut-elle échapper à la question de l’inscription de cette pièce dans l’Histoire ? Les Suppliantes posent non seulement la question de la représentation des « Noirs » au théâtre, mais celle du désir avec des femmes qui décident d’échapper au pouvoir des mâles, à leur société et qui, s’exilant, se mettent en situation d’émigrées déclassées et fragilisées. Nous sommes donc placés de façon contemporaine devant la question de l’intersectionnalité « classe, race, genre ». Les spectateurs d’aujourd’hui à la Sorbonne ne sont pas les Athéniens de cette époque-là. Ils ne peuvent faire abstraction des traites négrières transatlantiques, du colonialisme, des conceptions racistes sur « les Noirs » de Gobineau jusqu’au nazisme et l’Amérique du Ku Klux Klan, sinon au prix d’une déshistoricisation, dont on voit avec les Euménides qu’elle est une illusion.

      L’appel du Cran à organiser un colloque ouvert à la Sorbonne semble donc une bonne proposition. Il faut entendre ce que nous disent ces étudiants de la Sorbonne.

    • « Blackface », une histoire de regard - Libération
      https://www.liberation.fr/debats/2019/04/10/blackface-une-histoire-de-regard_1720559

      Qui est représenté, par qui, et qui regarde ? C’est à ce nœud-là que renvoie l’affaire des Suppliantes d’Eschyle, spectacle annulé à la Sorbonne le 25 mars sous la pression d’associations noires et de l’Unef, au motif que les actrices jouant les Danaïdes, originaires d’Egypte, étaient grimées. Le metteur en scène, Philippe Brunet, aurait fait la sourde oreille aux alertes répétées des étudiants et des militants depuis un an, puis aurait proposé de remplacer le maquillage par des masques, geste qui s’inscrit dans la tradition grecque et qui permettait de signifier mieux que de représenter. Mais cette option aurait aussi été rejetée par les protestataires. Un certain nombre d’entre eux a empêché la pièce d’être jouée, en s’opposant à l’entrée des acteurs et des actrices dans leurs loges.

      Le Conseil représentatif des associations noires (Cran), et son président d’honneur, Louis-Georges Tin, avaient appelé au boycott de la pièce, ce qui est une façon - et un droit - de protester sans interdire. Mais barrer l’entrée à des artistes, comme l’a fait un petit groupe, c’est faire œuvre de censure, et torpiller d’emblée un débat pourtant très nécessaire en France.

      Ce débat interrogerait la survivance plus ou moins inconsciente ou perverse de l’orientalisme, et de pratiques injurieuses contemporaines de l’esclavage, hors de propos au XXIe ; il poserait aussi la question passionnante des effets du travestissement au théâtre, qui est l’espace par excellence où les plus grandes libertés avec les conventions et avec l’actualité du monde ont été prises. En pleine crise des migrants en Europe, ce débat que n’importe qui devrait appeler de ses vœux relève bien de l’art, de la liberté de création, et des choix politiques qui les accompagnent nécessairement. L’ouvrir et en déplier les enjeux permettrait peut-être de dépasser ce clivage entre un « universalisme de surplomb » (Merleau-Ponty) européo-centré tout aussi crispé idéologiquement que les débordements de la pensée décoloniale. Il autoriserait aussi, qui sait, à trouver une issue à ce constat formulé par Nelson Mandela : « Ce que vous faites pour nous, sans nous, est toujours contre nous. »

    • Isabelle Barbéris : « Eschyle censuré, ou quand la moralisation de l’art tourne au grotesque »
      http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2019/03/28/31006-20190328ARTFIG00044-isabelle-barberis-on-censure-eschyle-pour-crimina

      En creux, cette polémique révèle aussi une stratégie de criminalisation souterraine de la culture gréco-latine, par rétroactivité pénale. C’est une attaque contre la culture humaniste, contre le processus d’émancipation par la relecture des classiques. C’est enfin le symptôme d’une moralisation des arts (l’ « artistiquement correct »), transformant ces derniers en scène de tribunal ou d’expiation, ce qui à terme ne peut que les détruire. Les artistes qui répondent à ces attaques en entrant dans la justification ne comprennent pas que les accusateurs se moquent complètement de leur projet artistique ! Parfois, ils sont même responsables d’enclencher ce cycle infernal : la surenchère actuelle d’œuvres à messages manichéens, à base de postures flagellantes et de bonnes intentions, ne peut que réveiller l’appétit des commissaires du peuple - qui seront toujours mieux pensants qu’eux - et se retourner en censure.

      #grand_remplacement #Printemps_Républicain

    • Irène Bonnaud - Les gens qui animent l’institut dont il est...
      https://www.facebook.com/irene.bonnaud/posts/1137833263058040

      Les gens qui animent l’institut dont il est question ci-dessous sont des nazis, des vrais de vrais. L’article du Monde que je partage est encore bien trop gentil. Et quant à nos ami.e.s qui auraient l’idée de se mettre au diapason d’un Jean-Yves Le Gallou pour déclarer que les militants antiracistes sont racistes, que les militants antifascistes sont fascistes, que le noir est blanc et le blanc est noir, et qu’il faut se dresser pour défendre Eschyle contre l’extrême-gauche, ils feraient mieux de lire cet article, de jeter un œil sur ce site (https://institut-iliade.com) et d’y réfléchir à deux fois. Combien de fois faudra-t-il répéter que les gens du Printemps Républicain travaillent, "à gauche", à l’hégémonie culturelle de l’extrême-droite, aussi sûrement que les néo-conservateurs américains nous ont conduit jusqu’à Trump ? On peut s’engueuler sur les modes et méthodes d’intervention de tel ou tel groupe militant, mais s’aligner sur les thèses du "grand remplacement", même quand elles sont enrobées de vernis culturel, reste inadmissible. Non, la culture gréco-latine n’est pas menacée par l’antiracisme politique. Se livrer aux mêmes manipulations intellectuelles que ces crapules (en feignant de croire par exemple qu’Eschyle était visé à la Sorbonne, alors qu’il s’agissait de choix de mise en scène), c’est leur offrir une aide inespérée.
      –—
      Marion Maréchal, Génération identitaire et les anciens du Grece réunis dans un colloque d’extrême droite
      L’ancienne députée du Front national a participé samedi à Paris au sixième colloque annuel de l’institut Iliade.
      Par Lucie Soullier / Le Monde
      Publié hier à 19h14, mis à jour à 06h24
      Ils doivent avoir vingt ans, ou à peine plus. Se connaissent par des prénoms qui ne sont pas toujours les leurs, parce qu’« on ne sait jamais ». Lui a même supprimé toutes les photos de profil qui pourraient trahir, en ligne, sa véritable identité. Méfiant ? « Prudent. »
      Tous les quatre se sont retrouvés à Paris, en ce samedi 6 avril ensoleillé, pour assister à un colloque d’extrême droite à la Maison de la chimie (7e arrondissement). Loin d’être un rendez-vous clandestin, le sixième colloque annuel de l’institut Iliade a pignon sur la très chic rue Saint-Dominique. A deux pas de l’Assemblée nationale. La file qui s’étire sur des dizaines de mètres peut même admirer la pointe de la Tour Eiffel, pour patienter jusqu’à l’entrée.
      Nos quatre jeunes gens tuent le temps avec quelques convenances. « Ça a été ton trajet ? », s’enquiert la Parisienne en rouge auprès de son ami venu de l’Est. Sac sous le bras, il lui répond « ça va, ça va » avec un « mais » très appuyé : « J’avais le choix de m’asseoir entre un Noir et une personne dirons-nous… marron. » Bras en écharpe et blouson noir, son voisin enchérit tout aussi excédé : « Ah moi, je suis venu en taxi avec un bon gros… » Il ne finira pas sa phrase ; tous quatre s’accordent sur le terme « guadeloupéen ». La fille en rouge soupire, tout en jugeant que « les Noirs des îles, ça va ».
      Différence entre les peuples
      Fouille à l’entrée. Une matraque télescopique repose sur une table, confisquée « juste pour la journée ». Une chouette et un glaive flottent sur les drapeaux, emblèmes de l’institut Iliade. Idéologiquement à l’extrême droite, tendance identitaire européenne, à majorité païenne mais pas que, Iliade est l’héritier du Grece (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne) pensé à la fin des années 1960 comme une « Nouvelle droite » identitaire et nationaliste prêchant la différence entre les peuples.
      Pour les fondateurs d’Iliade, la bataille culturelle est la mère de toutes les autres pour faire triompher ses idées. L’institut d’extrême droite organise donc formations, colloques et tente d’essaimer dans tous les milieux professionnel et politique qui peuvent lui permettre de diffuser son idéologie.
      Marion Maréchal était surtout venue soutenir son compagnon, Vincenzo Sofo, invité à discourir sur « les frontières ou les invasions barbares »
      Pas étonnant donc, finalement, d’y croiser Marion Maréchal, elle qui a tant utilisé la figure du penseur marxiste italien Antonio Gramsci – selon lequel toute victoire politique passerait d’abord par une conquête des esprits – pour expliquer sa décision de quitter la politique électorale en 2017, puis de fonder sa propre école de sciences politiques, à Lyon. En réalité, la jeune « retraitée » de la politique était surtout venue soutenir son compagnon, Vincenzo Sofo, un intellectuel de la Ligue italienne invité à discourir sur « les frontières ou les invasions barbares ».

      #Front_National #GRECE #ILIADE #Extrême_Droite #fascisme

    • Irène Bonnaud - En 2013, j’avais écrit une préface à ma traduction...
      https://www.facebook.com/irene.bonnaud/posts/1132136533627713

      En 2013, j’avais écrit une préface à ma traduction des Suppliantes d’Eschyle, et au texte de Violaine Schwartz, Io 467 (publiés aux Solitaires Intempestifs). Je la poste ici pour les très curieux, et aussi parce que je lis tant de bêtises, y compris accompagnées d’arguments d’autorité ("je suis professeur de Lettres Classiques, et je vous dis, moi, que c’est la culture qu’on assassine..."), que je suis obligée de réagir et d’apporter mon soutien aux étudiantes et étudiants de la Sorbonne qui, après s’être senti.e.s humilié.e.s par un système de représentation raciste, sont à présent insulté.e.s par les plus hautes autorités de l’Etat. Enfin, après 8 heures de Grand Débat avec des intellectuel.le.s, où personne n’a protesté avec la véhémence nécessaire contre l’augmentation de 1400% des droits d’inscription à l’Université pour les étudiant.e.s africain.e.s (parce que c’est de ça dont il s’agit), plus rien ne m’étonne.
      –—
      Passé / présent
      Des tragiques grecs dont on a conservé les pièces‚
      Eschyle est le seul à avoir vécu l’instauration de la
      démocratie à Athènes.
      Enfant‚ il vivait dans une cité qui était bourgade
      de province gouvernée par un despote‚ mais à 20 ans
      il vit Clisthène engager des réformes pour imposer
      le pouvoir des assemblées. À 35 ans il fut héroïque‚
      paraît-il‚ sur le champ de bataille de Marathon‚ puis
      à 45 ans triompha avec la flotte à Salamine : au géant
      perse qui venait envahir la Grèce‚ la petite Athènes‚
      forte de sa nouvelle démocratie et de ses navires‚ avait su
      résister et se retrouvait capitale d’un empire maritime.
      Huit ans plus tard‚ dans sa pièce Les Perses‚ racontant
      Salamine du point de vue des vaincus‚ Eschyle mit en
      scène leur stupéfaction devant ces Grecs « ni esclaves
      ni sujets d’aucun homme ». Et quand‚ en 461‚ Éphialte
      fit passer la réforme des institutions judiciaires pour
      ôter tout pouvoir politique au tribunal de l’Aréopage‚
      tenu par les aristocrates‚ Eschyle écrivit l’Orestie où
      Athéna vient appuyer ce coup de force de toute son
      autorité sacrée.
      Confiance provocatrice en la démocratie et confiance
      dans le théâtre pour raconter les histoires de son
      temps : les pièces d’Eschyle étaient aussi interventions
      directes dans les luttes intestines qui agitaient Athènes‚
      toujours sous la menace d’une restauration oligarchique
      ou d’une guerre civile.
      Les Exilées ne fait pas exception. Premier texte
      de l’histoire où apparaît l’alliance de mots « démocratie
       » pour décrire ce royaume d’Argos « où le
      peuple règne »‚ la pièce d’Eschyle transforme la ville
      des Pélages en démocratie modèle du ve siècle‚ avec
      assemblée des citoyens‚ parole qui persuade et vote à
      main levée. L’anachronisme est saisissant. Les filles de
      Danaos qui pensent s’adresser à un roi (« Seul ton vote
      compte / Un signe de tête suffit ») n’en croient pas leurs
      oreilles‚ avant d’être converties au nouveau système
      politique (« Peuple d’Argos / Conserve ton pouvoir
      sans trembler / Tu diriges la Cité avec prudence / Tu te
      soucies de l’intérêt de tous »).
      On s’est beaucoup trompé au sujet de la date des
      Exilées. De savants professeurs‚ et leurs commentaires
      repris ou réimprimés par beaucoup d’éditions bon
      marché‚ ont affirmé qu’il devait s’agir d’une pièce
      « primitive »‚ de la « jeunesse » de son auteur et des
      « balbutiements » du genre tragique. Pour l’esprit bourgeois
      des xviiie et xixe siècles‚ ce qui n’était pas théâtre
      des individus devait relever d’une « forme archaïque »
      de dramaturgie. Le rôle central du choeur dans la pièce‚
      le simple fait qu’un collectif puisse être au centre de
      l’action‚ paraissait inconcevable au goût littéraire de
      l’époque. C’était aussi le temps où on coupait les pièces
      de Shakespeare pour n’en garder que les tirades des
      protagonistes. Mais les théories sur l’« archaïsme » de
      la pièce d’Eschyle s’effondrèrent d’un coup quand‚
      un jour de 1951‚ un archéologue trouva un bout de
      papyrus au fond du désert égyptien : la pièce datait de
      463 av. J.‑C. et cette année-là‚ Eschyle avait 62 ans
      – comme Athènes‚ il était au sommet de son art.
      On était donc au printemps 463.
      Les démocrates athéniens s’agitaient pour faire
      passer leurs réformes‚ ils préconisaient une alliance
      sacrée avec Argos‚ la cité démocratique du Péloponnèse‚
      rivale de Sparte dans la région. Argos venait
      d’offrir l’asile à un héros d’Eschyle‚ Thémistocle‚ chef
      du parti démocratique au temps de sa jeunesse‚ l’homme
      qui avait osé vider Athènes de ses habitants pour attirer
      les Perses dans le piège de Salamine. Les aristocrates
      avaient poussé Thémistocle à l’exil et intriguaient pour
      qu’Argos livre son réfugié à Sparte‚ mais Argos‚ où
      la démocratie avait été restaurée l’année précédente‚
      tenait bon et ne cédait pas.
      Au même moment‚ en Égypte‚ occupée par l’Empire
      perse dont le gouverneur accablait d’impôts les
      paysans du delta‚ la révolte grondait. Inaros‚ chef des
      tribus libyennes‚ avait soulevé la population contre
      l’occupant et demandé l’aide d’Athènes contre l’oppresseur.
      Cette expédition se terminerait mal‚ mais
      pour l’heure‚ on se passionnait pour l’Égypte où les
      Grecs commerçaient depuis des siècles‚ où des villes
      grecques avaient été fondées dans le delta du Nil‚ où
      une déesse aux cornes de vache rappelait tant la légende
      de Io‚ et un dieu taureau‚ son fils Épaphos.
      Aucun événement historique de l’époque d’Eschyle
      n’apparaît de façon mécanique dans le texte‚ mais on
      voit bien comment un certain climat politique a pu
      le pousser à s’emparer de la légende des Danaïdes.
      Cinquante princesses noires du delta du Nil‚ persécutées
      dans leur pays‚ fuyant un mariage forcé avec
      leurs cousins‚ traversent la Méditerranée et viennent
      demander l’asile à Argos‚ patrie de leur aïeule‚ Io‚ qui
      a fui en sens inverse quelques générations plus tôt.
      Après avoir tergiversé‚ le roi prend fait et cause
      pour les étrangères et convainc les citoyens de voter un
      décret leur assurant asile et protection. On comprend à
      la fin du texte que l’hospitalité accordée à ces femmes
      « venues de loin pour demander l’asile »‚ comme le
      suggère le titre grec de la pièce‚ Hiketides‚ va déclencher
      une guerre entre Argos et les fils d’Égyptos.
      On ne sait pas grand-chose de la suite des événements
      car Les Exilées est la seule partie conservée de
      la trilogie d’Eschyle. D’après la légende et le résumé
      qu’en fait Prométhée dans Prométhée enchaîné‚ les
      fils d’Égyptos gagneront la guerre‚ le roi Pélasgos
      mourra au combat‚ Danaos‚ le vieux roi africain‚
      montera sur le trône d’Argos‚ et feignant de céder‚ il
      donnera ses filles en mariage à leurs ennemis. Mais la
      nuit de noces venue‚ chacune égorgera son chacun‚ à
      l’exception d’une seule qui préférera « être appelée
      lâche que sanguinaire ». Le couple survivant‚ amoureux‚
      héritera du trône d’Argos. C’est ce happy end
      sur fond de cadavres qui explique peut-être le seul
      passage conservé du reste de la trilogie‚ attribué à la
      déesse Aphrodite :
      Le ciel sacré veut pénétrer la terre
      Elle
      Prise de désir
      Attend son étreinte
      Il se couche sur elle
      Et du ciel tombe la pluie et engrosse la terre
      Pour les mortels
      Elle enfante
      Les prairies où paissent les troupeaux
      Les fruits de Déméter
      Et de leur étreinte humide
      Chaque printemps renaît la forêt
      De tout cela je suis la cause
      Le texte même des Exilées est objet de débats‚ des
      passages du manuscrit étant très corrompus : dans la
      scène entre l’éclaireur ennemi et les filles de Danaos
      ne surnagent que des mots épars et c’est comme si
      l’effondrement du texte mimait la panique ressentie
      et la violence de la scène. L’incertitude est grande aussi
      quant au final où le choeur paraît entrer en discussion‚
      et en contradiction‚ avec lui-même‚ peut-être pour
      annoncer l’heureux dénouement de la trilogie.
      Mais les incertitudes philologiques ne peuvent
      seules expliquer pourquoi la seule tragédie grecque
      ayant des femmes noires comme héroïnes est aussi
      l’une des plus méconnues et des moins jouées.
      Même si beaucoup de ses hypothèses sont sujettes
      à caution‚ on peut reconnaître à Martin Bernal et à sa
      Black Athena le mérite d’avoir rappelé l’idéologie
      raciste et coloniale des universités européennes aux
      xviiie et xixe siècles, au moment même où se constituaient
      les « sciences de l’Antiquité ». De la célébration
      des invasions doriennes au caractère « primitif » d’un
      chef-d’oeuvre d’Eschyle‚ la persistance diffuse de cette
      idéologie est d’autant plus grave qu’elle est inconsciente
      et invisible pour les non-spécialistes. Comment comprendre
      autrement que l’africanité du choeur‚ de Danaos‚
      de l’armée des fils d’Égyptos soit si souvent refoulée
      dans les traductions et les rares mises en scène de la
      pièce‚ alors que l’adjectif « noir » apparaît à plusieurs
      reprises et que Danaos‚ craignant un crime raciste‚
      exige une escorte pour entrer dans la ville ?
      Eschyle‚ qui avait déjà su faire parler les vaincus‚
      les barbares‚ les étrangers‚ dans Les Perses‚ confie
      le rôle principal à un choeur de femmes noires qui se
      défendent‚ argumentent‚ menacent‚ sans se laisser
      intimider ni par les conseils paternels (« parler haut
      ne convient pas aux inférieurs ») ni par les moqueries
      du roi d’Argos (« Vous vous pavanez avec des étoffes
      barbares / Des tissus dans les cheveux »).
      Un mariage forcé comme le refus de l’hospitalité
      sont‚ pour elles comme pour Eschyle‚ des impiétés
      qui mettront les dieux en colère :
      Comment serait pur
      Celui qui veut prendre une femme de force
      Contre son gré
      Celui qui fait cela
      Même mort et descendu chez Hadès
      Il sera encore accusé de crime
      Qu’importe les lois d’Égypte‚ puisqu’il s’agit d’une
      de ces « lois non écrites » voulues par les dieux. En
      lisant Eschyle‚ on comprend mal que les commentateurs
      de la pièce aient aussi consacré les trois quarts de leurs
      travaux à inventer les « vraies raisons » de la fuite des
      Danaïdes : rejet de la consanguinité‚ folie de naissance‚
      haine des hommes‚ complot de Danaos craignant un
      gendre assassin… Les hypothèses les plus fantasques
      ont été développées‚ sans qu’une seule ligne du texte
      ne vienne les soutenir‚ comme si le refus d’un mariage
      forcé et la crainte d’un viol n’étaient pas motifs suffisamment
      sérieux et qu’il fallait à toute force en trouver
      d’autres. Quand on compare Eschyle à certains de ses
      spécialistes‚ on s’interroge : qui notre contemporain‚
      qui à ranger au rayon des antiquités…

    • André Markowicz, le black face et le quant-à-soi de l’intelligentsia : Touraine Sereine
      http://tourainesereine.hautetfort.com/archive/2019/04/01/andre-markowicz-le-black-face-et-le-quant-a-soi-de-l-int

      Le blackface ? des dizaines de gens, à qui j’explique depuis plusieurs jours qu’il s’agissait d’une pratique courante dans les spectacles populaires français — au même titre que les publicités représentant des petits Africains se blanchir la peau grâce au savon des gentils Européens —, me rétorquent : « bah, on n’est pas aux Etats-Unis... »
      Bah oui, le racisme et la ségrégation, c’est Rosa Parks et Nelson Mandela. Ça n’a jamais existé chez nous.
      Ainsi, la manipulation à laquelle s’est livrée le metteur en scène Philippe Brunet, qui a tenté in extremis de remplacer par des masques plus conformes à l’esthétique antique le grimage racialiste et raciste d’actrices blanches, aura surtout montré la profonde inculture de l’intelligentsia française. On se sait de gauche, on s’est convaincu pour toujours de ne pas être raciste, et donc, même si des spécialistes de la question viennent vous rappeler que le grimage en noir, sur une scène théâtrale française, est une pratique analogue au black face, on dira que ce n’est pas vrai, que c’est de la censure.
      Notre pays n’a pas réglé sa dette vis-à-vis de son ancien Empire, ce qui permet notamment à la France de continuer à essorer ses anciennes colonies grâce au subterfuge scandaleux du franc CFA. C’est ce qui a permis à l’Etat français d’aider très efficacement au génocide rwandais en 1994. C’est ce qui permet aujourd’hui à tant d’universitaires et de gens de théâtre de s’asseoir sur l’histoire de la colonisation en taxant de « communautaristes » les opposants qui manifestent leur désapprobation quand un spectacle utilise une pratique indissociable d’un crime contre l’humanité.
      Et voilà comment des intellectuels, sans doute de bonne foi, se retrouvent, durant toute une semaine, à justifier le racisme institutionnel, aux cotés des Le Gallou et Zemmour dont ils se prétendent les adversaires.
      Cela me révolte et me révulse, mais cela n’a pas de quoi m’étonner : quoique je n’appartienne pas à une communauté racisée (ou que je ne fasse pas partie d’une minorité visible (aucune de ces formules ne me satisfait)), cela fait vingt-cinq ans que je travaille dans le domaine de la littérature africaine et que j’entends des collègues et des « intellectuels » tenir des propos d’un racisme souvent inconscient mais tout à fait audible. Il y a longtemps que des ami·es me demandent de raconter tout ce que j’ai entendu, mais ce serait le sujet d’une autre chronique.

    • Et encore...

      (1) Pièce d’Eschyle censurée : le contresens d’un antiracisme dévoyé - Libération
      https://www.liberation.fr/debats/2019/04/02/piece-d-eschyle-censuree-le-contresens-d-un-antiracisme-devoye_1718911

      Pièce d’Eschyle censurée : le contresens d’un antiracisme dévoyé
      Par Vigilance Universités

    • J’ai gardé le meilleur pour la fin

      TRIBUNE. Eschyle censuré : « l’UNEF est devenu un syndicat de talibans »
      https://www.nouvelobs.com/les-chroniques-de-pierre-jourde/20190409.OBS11306/tribune-eschyle-censure-l-unef-est-devenu-un-syndicat-de-talibans.html

      Totalitarisme de l’UNEF, qui réclame des camps de rééducation pour ces imbéciles de profs et d’employés universitaires, trop racistes, c’est bien connu, autrement dit la mise en place de « formations sur la question des oppressions systémiques ». Le crétin inculte veut toujours former plus intelligent que lui à son image.

      Je garde le meilleur pour la fin. La section de l’UNEF à la Sorbonne est dirigée par une femme voilée. L’obscurantisme religieux s’ajoute ici à l’obscurantisme culturel. N’oublions jamais que le voile est précisément exigé des femmes par des régimes religieux totalitaires qui leur refusent en même temps d’hériter, de conduire, de sortir seules d’avoir une vie libre et normale. Là-bas, on n’a pas le droit de ne pas le porter. Et les femmes qui cherchent à s’en libérer sont battues et fouettées, ou simplement agressées dans la rue, car une femme non voilée est une putain, bonne pour tout homme. Le voile en pays démocratique est une insulte à la lutte des femmes pour leur libération dans les pays où règne l’Islam le plus rétrograde. Le voile signifie que les cheveux de la femme sont impudiques. Que le corps de la femme est impudique car il risque de provoquer les hommes. On ne se contente pas toujours du voile, il faut que la femme soit entièrement empaquetée de noir jusqu’aux chevilles, et son visage même dissimulé. Ainsi elle n’agressera pas le désir des hommes (qui eux, bien sûr, sont libres d’aller tête nue). Voilée et inclusive à la fois ! Comprend qui peut.

      LIRE AUSSI > Comment peut-on être musulmane et féministe ?

      L’interdiction d’une grande pièce du répertoire antique est exigée par des étudiants à grands coups de fautes d’orthographe. L’égalité et le respect des Noirs sont défendus (hors de propos) par quelqu’un qui porte le signe de l’infériorité des femmes.

      Voilà où en est l’UNEF. Voilà où en sont les luttes étudiantes à la Sorbonne.

      #voile

    • Blackface : le Gouvernement et l’extrême droite sur la même ligne ? ‹ Le CRAN
      http://le-cran.fr/blackface-le-gouvernement-et-lextreme-droite-sur-la-meme-ligne

      « Nous soutenons les associations d’étudiant-e-s, qui demandent à ce qu’une rencontre soit organisée, entre le metteur en scène et le service culturel de la Sorbonne. Afin de s’assurer qu’il n’y aura plus de blackfaces et autres stéréotypes ou outils à connotations racistes, parmi les représentations soutenues ou accueillies par l’université », a déclaré Ghyslain Vedeux, le président du CRAN. M. Le chef du services culturel, mardi dernier (26 mars) a fait comprendre à des étudiants qu’il ne souhaitait pas s’entretenir avec eux. M. Riester et Mme Vidal apportent pourtant leur soutient, tout comme…l’extrême droite. C’est un signal inquiétant qui ne laisse aucun doute car certaines scènes, jouées en l’état, consciemment ou inconsciemment, renvoient à des représentations afrophobes et racistes », a poursuivi le président du CRAN.

      LIRE : Communique-final Réponse des Étudiantes et Étudiants de Sorbonne

      En effet, dans la même journée, plusieurs sites ultra comme « Résistance républicaine » avaient également apporté leur soutien embarrassant à Philippe Brunet. Et face à Louis-Georges Tin, président d’honneur du CRAN, Jean-Yves Le Gallou (ancien membre du FN, théoricien ayant élaboré le concept de « préférence nationale », et proche d’Henry de Lesquen), a affirmé qu’il rejoignait « les ministres macronistes ».

      #blackface #noirs #colonial

    • Blackface : le gouvernement « condamne fermement » l’annulation de la pièce Les Suppliantes - Le Figaro Etudiant
      https://etudiant.lefigaro.fr/article/a-sorbonne-universite-une-piece-de-theatre-antique-annulee-a-cause

      Dans un communiqué, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal et le ministre de la Cuture Franck Riester estiment qu’il s’agit d’une « atteinte sans précédent à la liberté d’expression et de création dans l’espace universitaire ». Ils font part de leur soutien à l’université ainsi qu’au metteur en scène et aux comédiens. Une nouvelle représentation des Suppliantes sera organisée « dans les prochaines semaines et dans de meilleures conditions » au sein du grand amphithéâtre de la Sorbonne, ont-ils également annoncé.

      #Racisme_d'Etat

    • (2) Ligue de défense noire africaine - Accueil
      https://www.facebook.com/liguededefensenoirafricainefrance

      Pour nous La LDNA le problème n’est ni Eschyle ni les Suppliantes mais le metteur en scène qui sous couvert d’antiracisme voulait grimer ses actrices en femmes noires ; puis suite à nos protestations souhaitait leur faire porter des caricatures de masques totémiques qui n’avaient de remarquables que leur laideur !
      Les vraies questions de notre action sur La Sorbonne et la pièce d’Eschyle sont :
      1) pourquoi le metteur en scène a-t-il choisit que les solutions qui outrageaient ?
      2) Pourquoi n’a-t-il pas recruté des actrices noires ?
      3) Pourquoi n’a t il pas utilisé de jolis masques stylisés ?

    • J’avoue ma perplexité devant ce dernier lien et cette remarque sur la joliesse des masques. C’est quoi des « jolis masques stylisés » ?
      Pour cette troupe de théatre de la sorbonne il me semble que c’est des étudiantes qui jouent, en amatrice·urs au sein de leur fac. sachant ceci je ne voie pas comment recruté 50 femmes noires. Est-ce qu’il faut interdire cette pièce pour toutes les compagnies de théâtre qui ne disposent pas de 50 femmes noires ?

    • Pour les masques : ceux envisagés pour le spectacle n’avaient rien à voir avec des masques antiques (à mon sens, ils ressortaient plutôt du style « Y a bon banania », mais comme je n’ai jamais compris comment on collait une image sur seenthis, je ne peux pas le prouver...). Effectivement, des masques absolument abstraits genre Bauhaus / Oskar Schlemmer ou des copies des masques grecs de l’antiquité n’auraient pas provoqué ces réactions. Là, selon l’aveu du metteur en scène lui-même, il s’agissait « d’exagérer les traits du visage ». Quand un metteur en scène blanc avec des actrices blanches décident de représenter des Africaines à l’aide de masques « accentuant les traits du visage », on peut être inquiet du résultat...

      Personne n’a besoin de 50 femmes pour jouer Les Suppliantes - il peut y en avoir deux ou trois, aucune importance, ou 12, comme dans l’Antiquité. C’est du théâtre, pas une reconstitution exacte de la mythologie grecque pour la télé. Il y a beaucoup de débats ces dernières années sur l’invisibilisation des personnes racisées sur les scènes de théâtre - comme le metteur en scène a voulu faire cette pièce, comme il le dit, pour parler du racisme, de l’identité, etc (c’est l’histoire de demandeuses d’asile africaines en Grèce, pour résumer à l’extrême), c’est étrange qu’il n’ait pas songé à trouver 2 ou 3 étudiantes noires à la Sorbonne. Mais admettons qu’il n’y ait aucune étudiante noire à la Sorbonne. La pièce a été mise en scène récemment par Gwenaël Morin à Lyon avec de jeunes comédiennes de toutes les origines, et par Jean-Pierre Vincent avec des amatrices des quartiers de Marseille, et ça n’a suscité aucune protestation parce que personne n’était « grimé en noir ».

    • D’autres photos circulent sur twitter, vraiment pires. Apparemment il y a eu passage d’une version « grimée » l’an passé à une version « masquée » (cette année).

    • Blackface à la Sorbonne : victoire du CRAN et de ses partenaires ‹ Le CRAN
      http://le-cran.fr/blackface-a-la-sorbonne-victoire-du-cran-et-de-ses-partenaires

      A la suite de ce boycott lancé le 21 mars dernier par le CRAN et repris par ses partenaires, les étudiants ont interpellé Philippe Brunet, le metteur en scène de la pièce. Dans un premier temps, il a proposé de faire jouer les scènes concernées avec « un masque noir ». En s’appuyant sur le travail du CRAN (voir site internet www.stopblackface.fr), les étudiants ont aisément démontré que cela ne réglait pas le problème tant les masques restaient grossiers, perpétuant les stéréotypes afrophobes et racistes.

      Puis, dans une seconde tentative peu convaincante, Philippe Brunet s’est hasardé à proposer que la pièce soit jouée avec… « des masques dorés ». Ne se laissant pas amadouer, les étudiants ont demandé à voir ces fameux « masques dorés » ; Philippe Brunet fut bien en peine de leur montrer les objets en question, et finalement, il dut se résoudre à annuler cette représentation.

      « Après notre appel au boycott du 21 mars, relayé par les étudiants et les associations de la Sorbonne, nous avons été entendus. A présent, avec nos partenaires, nous souhaitons que se tienne très bientôt un colloque sur l’histoire du Blackface en présence de ce metteur en scène, de la direction du centre culturel et du doyen de cette université. Ce sera une sorte de réparation », a conclu Ghyslain Vedeux, le président du CRAN.

    • Il y a quelques photos sur le tweet de Rokhaya Diallo

      dont la première datée de 2017

      également ceci au Figaro


      Pour éviter de se grimer en noirs, les comédiens avaient proposé de porter des masques de couleurs.
      Crédits photo : Culture-sorbonne

      (note : le site du Point fonctionne (plus ou moins…))
      EDIT : je vois que tu as essayé de poster cette même image. Tu as mis l’adresse du tweet (ce qui permet de la retrouver), pour avoir l’image il faut l’adresse… de l’image que tu obtiens par un clic droit sur celle-ci.

    • Quel rapport entre la direction de Paris IV et la culture populaire américaine, je voudrais bien le savoir...(pardon, je parle toute seule)

      A propos du « blackface » : politique, mémoire et histoire. – Le populaire dans tous ses états
      https://noiriel.wordpress.com/2019/03/31/a-propos-du-blackface-politique-memoire-et-histoire

      Or les travaux historiques qui ont été publiés récemment sur le blackface montrent que ces spectacles ont toujours été « ambigus ». Pour illustrer ce point, je m’appuierai sur des écrits publiés par des auteurs qu’on ne peut pas soupçonner de la moindre complaisance à l’égard du racisme. Il s’agit du livre de l’historien américain William T. Lhamon, Raising Caïn. Blackface performance from Jim Crow to Hip-Hop, publié par Harvard University Press en 1998. Il a été traduit en français sous le titre Peaux blanches, masques noirs. Performances du blackface de Jim Crow à Michael Jackson, édition Kargo et L’Eclat, 2008, avec une préface du philosophe Jacques Rancière.

      Il est regrettable, mais logique (vu la position hégémonique qu’occupent aujourd’hui dans le champ intellectuel les identitaires de tous poils) que ce très beau livre n’ait pas rencontré plus d’écho dans notre espace public. Dans sa préface, Jacques Rancière a clairement indiqué les raisons pour lesquelles cet ouvrage était important. Les spectacles en blackface, concoctés au début du XIXe siècle par des comédiens blancs grimés en noir dans de petits théâtres populaires new-yorkais, étaient typiques d’une « culture sans propriété ». William Lhamon la définit en réhabilitant un vieux mot anglais : « lore », terme qu’il détache du terme « folk-lore », lequel s’est imposé par la suite pour assigner une culture à un peuple. Rancière enfonce le clou en soulignant qu’une culture n’est la propriété d’aucun groupe ethnique, car elle est « toute entière affaire de circulation ». La circulation d’une pratique culturelle permet non seulement de la faire partager à d’autres publics, mais elle aboutit toujours aussi à des formes d’appropriations multiples et contradictoires. Ce qui fut le cas au début du XIXe siècle, car le public qui assistait à ces représentations était composé d’esclaves et d’ouvriers (blancs et noirs) de toutes origines.

      Pourtant, dès le départ, le spectacle blackface « a fait l’unanimité de tous les bien pensants » contre lui, ajoute Rancière, résumant l’une des thèses centrales du livre. Non seulement les bourgeois cultivés le rejetaient car ils le trouvaient trop vulgaire, mais il était dénoncé également par les antiracistes de l’époque. « Les champions de l’émancipation des Noirs comme Frederick Douglass, relayés plus tard par la tradition de gauche, dénonçant cette appropriation des chants et danses du peuple noir, transformés en caricatures racistes d’un peuple enfoncé dans sa minorité. C’est récemment seulement que les historiens du blackface ont commencé à complexifier cette vision du spectacle de ménestrels comme une caricature issue du Sud esclavagiste donnée par des Blancs pour conforter le racisme de leurs semblables ».

    • Des masques derrière lesquels le racisme ne peut se cacher, de l’art derrière lequel le racisme ne peut se cacher... Le racisme ne peut se cacher, il s’exprime et se subit, c’est tout.
      Je pense aussi à ça :
      https://seenthis.net/messages/772108
      L’"artiste" a déclaré ne pas vouloir se justifier et a fait le lien avec les « Suppliantes ».
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/sete/accuse-racisme-artiste-setois-herve-di-rosa-reagit-vive

    • À noter car @cie813 est trop modeste sa traduction s’intitule “Les Exilées” (aux éditions Solitaires intempestifs, 2013)
      https://www.solitairesintempestifs.com/livres/467-les-exilees-9782846813.html

      Les Exilées, Les Suppliantes sont à vrai dire le même texte d’Eschyle. Irène Bonnaud, metteur en scène et traductrice l’a revisité en le rattachant à l’histoire immédiate de l’Europe vis-à-vis des migrants du sud et en prenant comme texte d’origine le point de vue des femmes. Aujourd’hui, un migrant vient forcément du sud. C’est la tragique loi du système économique mondialisé qui ne cesse de déposer des corps épuisés, échoués après une traversée indicible de malheurs.

      Un extrait et une belle carte chez @vacarme
      https://vacarme.org/article2240.html

    • Oui, ça vient de @reka, bien sûr (je ne comprends pas que Vacarme ne l’ait pas crédité, c’est bizarre - il doit l’être dans la version papier, enfin j’espère). C’est le parcours de Io pourchassée par le taon, la ligne en pointillée c’est le trajet de ses descendantes, les héroïnes des « Suppliantes », qui viennent demander l’asile à Argos, royaume d’origine de leur arrière-arrière grand-mère.
      Mais arrivée dans le delta du Nil, la princesse grecque Io a mis au monde l’enfant de Zeus, Epaphos, qui est noir et fonde les dynasties africaines (d’où la polémique qui nous occupe).

      Eschyle dans « Prométhée enchaîné » (ma traduction aux Solitaires Intempestifs - comme @fil a commencé à faire de la pub, je continue) :

      Il est une cité
      Canope
      Qui se dresse au bout de la terre d’Égypte
      Sur un talus formé d’alluvions du Nil
      Là Zeus te caressera
      Doucement
      Sans te faire peur
      Le geste de sa main te rendra la raison
      Et ce même geste
      Sans étreinte
      Te fécondera
      Tu mettras au monde un fils au visage noir
      Épaphos
      L’enfant-né-d’une-caresse
      Il régnera sur les terres qu’arrose le Nil au large cours

      Eschyle dans « Les Suppliantes / Les Exilées » :

      Choeur.

      Mon récit sera bref
      Mes paroles claires
      Nous sommes d’Argos
      Nous descendons d’une génisse qui enfanta des rois
      C’est la vérité
      Nous pouvons le prouver

      Roi d’Argos.

      Comment vous croire
      Étrangères
      Comment pourriez-vous être d’Argos
      Vous ressemblez à des Libyennes
      Pas aux femmes de ce pays
      Le Nil nourrit des plantes dans votre genre
      Vos traits rappellent aussi les statues de femmes
      Que des sculpteurs fabriquent sur l’île de Chypre
      Et on raconte des histoires sur des Indiennes nomades
      Elles font attacher des selles à dossier sur des chameaux
      S’y prélassent en avançant aussi vite qu’à cheval
      Et se promènent ainsi jusqu’aux villes d’Éthiopie
      Le pays au visage brûlé par le soleil
      Si vous aviez des arcs et des flèches
      Je pourrais vous prendre pour des Amazones
      Les femmes sans hommes
      Mangeuses de chair crue
      Mais instruisez-moi
      Comment votre famille pourrait être d’Argos

      Choeur.
      Tu as entendu parler de Io
      Une jeune fille qui officiait au temple d’Héra
      Ici à Argos

      Roi d’Argos.
      Il y a beaucoup d’histoires à son sujet

      Choeur.
      On raconte que Zeus coucha avec elle

      Roi d’Argos.
      Et qu’Héra les surprit en pleine étreinte

      Choeur.
      Dispute chez les rois de l’Olympe
      Tu sais comment elle finit

      Roi d’Argos.
      La déesse transforma la jeune femme en génisse

      Choeur.
      Mais Zeus retourna la voir
      Elle avait de belles cornes

      Roi d’Argos.
      On le dit
      Zeus prit la forme d’un taureau saillisseur

      Choeur.
      Que fit alors son épouse
      Ivre de fureur

      Roi d’Argos.
      Pour surveiller la génisse
      Elle trouva un gardien aux yeux innombrables

      Choeur.
      Ce bouvier qui pouvait tout voir

      Roi d’Argos.
      S’appelait Argos car il était né de cette terre
      Mais Hermès le tua

      Choeur.
      Quelle torture inventa Héra contre la pauvre génisse

      Roi d’Argos.
      Une mouche qui la poursuivait sans cesse

      Choeur.
      Au bord du Nil
      On l’appelle un taon

      Roi d’Argos.
      Il la chassa d’ici
      L’entraîna dans une longue errance

      Choeur.
      On nous a raconté la même histoire

      Roi d’Argos.
      Enfin elle arriva en Égypte
      À Canope ou à Memphis

      Choeur.
      Et Zeus la caressa
      De sa main il engendra un enfant

      Roi d’Argos.
      Qui était-ce
      Ce fils d’un dieu et d’une génisse

      Choeur.
      Épaphos
      L’enfant né d’une caresse
      Le nom est bien trouvé
      D’Épaphos est née Libye
      Reine de l’Afrique
      Le plus grand des continents

    • Tiens, Lundi AM s’aligne sur les positions de Marianne, on aura tout vu...(le texte n’a pas l’air signé, mais ça doit être un ami d’"Hervé" puisqu’il l’appelle par son prénom)

      Polémique autour d’une représentation des Suppliantes d’Eschyle
      https://lundi.am/Polemique-autour-d-une-representation-des-Suppliantes-d-Eschyle

      Pour ce qui concerne les accusations de perpétuer les représentations associées à l’esclavage et au colonialisme, la polémique la plus célèbre, avant celles concernant la mise en scène des Suppliantes et la toile d’Hervé, était celle dont Brett Bailey, metteur en scène d’Exhibit B, fut la cible, des associations tentant même d’obtenir l’interdiction de l’œuvre en justice.

    • Je perds patience (pourquoi j’ai commencé à archiver ces trucs, je me demande)

      « Quand ils s’en prennent à la création, les anti- “blackfaces” tombent souvent dans le contresens, historique comme esthétique »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/29/quand-ils-s-en-prennent-a-la-creation-les-anti-blackfaces-tombent-souvent-da

      Comment qualifier ce qui s’est passé, lundi 25 mars, à la Sorbonne ? De grotesque ? D’affligeant ? D’inquiétant ? Des étudiants et des militants de la cause noire ont empêché par la force la tenue d’une pièce d’Eschyle, Les Suppliantes, au motif que des acteurs blancs portaient des masques sombres ou étaient grimés de noir. Le metteur en scène de la pièce entendait user d’un artifice ancré dans la tragédie grecque, mais aussi rendre hommage à l’influence de l’Afrique dans la Grèce antique. Mais pour les censeurs, ce blackface est raciste.
      Lire aussi A la Sorbonne, la guerre du « blackface » gagne la tragédie grecque
      Certains diront que ce n’est pas bien méchant, que c’était un spectacle confidentiel. C’est très grave. Pour de multiples raisons. La pièce devait se jouer dans la plus ancienne université française, un emblème de la Nation. Son metteur en scène, Philippe Brunet, est un helléniste respecté – il a essuyé des injures. Et puis cette entrave à la liberté de création n’a pas vraiment fait réagir les milieux culturels, pourtant épidermiques sur le sujet. Il a fallu près de deux jours, et des articles dans la presse, pour que les ministères de la culture et de l’enseignement supérieur publient un communiqué navré, promettant que la pièce se tiendra dans les semaines à venir.
      « Coup » prévisible 
      En fait les milieux culturels sont tétanisés. Ils font corps quand se dresse une censure venant de l’Etat, des cercles d’extrême droite ou catholiques. Mais là, leurs ennemis pourraient être leurs amis. Depuis quelques années, des communautés en France – ici des Noirs – adoptent une posture victimaire, estimant que l’Occident, par nature raciste, n’est pas légitime pour écrire leur histoire, passée et actuelle, et fustigent tout signe d’appropriation culturelle, qu’elle soit vernaculaire ou venant d’artistes blancs et dominants

    • Il ne manquait plus que lui pour notre série : "les bons anti-racistes sont les anti-racistes blancs, les autres sont des sauvages incultes"

      (20+) Eschyle, le « blackface » et la censure - Libération
      https://www.liberation.fr/politiques/2019/04/15/eschyle-le-blackface-et-la-censure_1721447

      Le metteur en scène, Philippe Brunet, proteste de ses convictions ouvertes et égalitaires. Mais c’est un individu éminemment louche puisqu’il est animé de valeurs humanistes et travaille depuis des lustres sur la langue grecque ancienne, cherchant à mettre en lumière – et à réhabiliter – les influences africaines sur la culture grecque de l’Antiquité. Un raciste qui s’ignore, donc, qui a eu la criminelle idée de rappeler que les « Suppliantes » avaient sans doute la peau cuivrée et qu’il a envisagé de leur brunir le visage avec un onguent, avant d’opter pour des masques de cuivre.

      #désinformation #fakenews

    • #merci @christopheld !

      @cie813, c’est effectivement assez désespérant mais la compilation est importante. D’ailleurs, il s’agit de
      • Michel Guerrin, rédacteur en chef au Monde (avec un #paywall)
      • Laurent Joffrin, directeur de la publication de Libération

      Par moment, je ne peux m’empêcher de comparer à la période de recomposition de l’échiquier politique des années 30, où la droite comme la gauche a eu à se situer vis-à-vis des fascismes mussolinien et hitlérien en démarrant des trajectoires qui ont débouché sur les attitudes pendant l’occupation. Aujourd’hui, c’est autour de l’islamophobie et de cette attaque de l’antiracisme que se recomposent droite et gauche. Quel en sera l’aboutissement ? Question plutôt angoissante…

      et donc #merci, @cie813

    • La présentation en partie fausse et lourdement orientée de France Culture (qui ne sait pas orthographier Libye par ailleurs)

      « Les Suppliantes » et le blackface : les nouvelles censures au théâtre
      https://www.franceculture.fr/emissions/signes-des-temps/les-nouvelles-censures-au-theatre


      Lundi 25 mars, la pièce d’Eschyle, Les Suppliantes montée par la compagnie Démodocos et programmée dans l’amphithéâtre Richelieu, à la Sorbonne, a été empêchée de jouer par une cinquantaine de militants de la Ligue de défense noire africaine (LDNA), de la Brigade anti-négrophobie, et du Conseil représentatif des associations noires (Cran), accusant la mise en scène de racisme. Motif : la pièce met en scène le peuple des Danaïdes venu d’Egypte et de Lybie demander asile aux Grecs de la ville d’Argos, les acteurs ont couvert leur visage d’un maquillage par-dessus lequel ils se sont couverts de masques cuivrés et non pas noirs, comme cela se faisait dans la Grèce antique. Cela a suffi pour que les militants crient au « blackface », du nom de ce genre de maquillage théâtral américain du 19ème siècle ou des acteurs blancs se maquillaient pour caricaturer les noirs, et décident d’agir.

      « C’est un procès d’intention et un contresens total », a aussitôt dénoncé la présidence de l’université. « Une partie de la troupe a été séquestrée par des excités venus là pour en découdre », a accusé, de son côté, le metteur en scène et directeur de la compagnie Philippe Brunet, qui dénonce par ailleurs des pressions physiques de la part des militants de la Ligue de défense noire et du Cran sur des actrices en larmes et envisage de porter plainte. Neuf mois après les débats provoqués notamment dans cette émission par les attaques contre la pièce du Canadien Robert Lepage Kanata accusée de racisme, voici que la polémique fait retour sur un nouveau cas de censure et de violence au théâtre.

    • Ah un texte intéressant sur cette affaire, et de quelqu’un qui a vraiment lu la pièce, contrairement à nos républicains qui veulent sauver la culture (et c’est écrit par une universitaire américaine, spécialiste en « gender studies » !)

      Classics at the Intersections : The (Black)Faces of Aeschylus’ Suppliants
      https://rfkclassics.blogspot.com/2019/03/the-blackfaces-of-aeschylus-suppliants.html

      Over the last two weeks, I’ve given a series of talks on Aeschylus’ play and asked myself the question of whether in its original context it was a play about welcoming refugees or about the benefits of the Athenian empire (and so ’colonialist propaganda), or if it was really about the threat and danger of immigrants to Athens. Because audiences aren’t monolithic, I think it probably can legitimately be interpreted as all three, depending on who is in your audience.

      I’ve been trying to think of the play within the context of Athens’ descent in the 460s and 450s into anti-immigrant policies and strict monitoring of citizenship. The play was performed around 463 BCE, around the time that the new category of ’metic’ (translated as ’immigrant’ or ’resident foreigner’) was created and only a decade before Athens began racializing its citizenship with the passage of the law requiring double Athenian parentage for citizenship and emphasizing its autochthonous birth.

      #colonialisme #métèques #migrants #blackface

    • Bon, c’est l’UNI (mais ce qui est inquiétant, c’est le nombre de gens qui s’alignent sur ces délires désormais)

      L’indifférence de militants de l’Unef devant Notre-Dame, ou le vrai visage des enfants de Bourdieu
      http://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-indifference-de-militants-de-l-unef-devant-notre-dame-ou-le-vrai-visage-d

      C’est sous l’influence de cette idéologie que le syndicat défend désormais les séminaires en non-mixité, fait interdire la pièce de théâtre, les Suppliantes d’Eschyle, en se basant sur les concepts décolonialistes de « blackface » et « d’appropriation culturelle », ou encore lance une vaste campagne sur les campus français pour dénoncer « une société organisée pour les blanc.he.s » et « les programmes d’histoire occidentaux-centrés ».

    • « Masques cuivrés », « interdire », « une pièce d’Eschyle » - au concours du plus grand nombre de fake news au centimètre carré, la gagnante est...

      NOTRE-DAME ET LE BRASIER IDENTITAIRE – Caroline Fourest
      https://carolinefourest.wordpress.com/2019/04/25/notre-dame-et-le-brasier-identitaire

      Décidément, les membres de l’Unef méritent leur nouvelle réputation de talibans en culottes courtes. Quand il ne soutient pas le « hijab day » à Sciences-Po, le syndicat se bat pour faire interdire une pièce d’Eschyle à la Sorbonne parce que mettre des masques cuivrés pour raconter la tragédie des migrants – en l’occurrence des Danaïdes – serait un blackface ! Pire que les hébertistes qui brisaient les icônes pendant la Révolution, les iconoclastes d’aujourd’hui sont bigots quand il s’agit de religion et analphabètes quand il s’agit de culture. Exactement comme les identitaires racistes qu’ils dénoncent, mais à qui ils ressemblent comme des frères jumeaux sous un autre masque. A les lire, ce n’est pas seulement notre patrimoine et notre idéal universel qu’il faut protéger de leurs incendies, mais toute une culture politique qu’il faut rebâtir.

    • Pour dire la même chose, on peut compter sur Eugénie Bastié pour Le Figaro/Vox (avec #paywall : si quelqu’un l’a en entier ?)

      Pièce de théâtre interdite, Finkielkraut insulté  : ce sectarisme qui monte à l’université
      http://www.lefigaro.fr/vox/societe/eschyle-interdit-finkielkraut-insulte-sectarisme-a-l-universite-20190424

      Pièce de théâtre interdite, Finkielkraut insulté : ce sectarisme qui monte à l’université

    • Sylvie Chalaye, pédagogue

      Eschyle à la Sorbonne : pourquoi condamner le blackface ? | Africultures
      http://africultures.com/eschyle-a-la-sorbonne-pourquoi-condamner-le-blackface

      Les pratiques anciennes ne sont pas automatiquement légitimes. On doit pouvoir les reconsidérer à la lumière des expériences que l’humanité a traversées depuis cette époque. La traite, l’esclavage, la colonisation… sont passés par là. Ne pas reconnaître l’humiliation qui fait résurgence dans certains gestes dont on ne sait pas la portée et qui touchent les afrodescendants est un manque d’humilité dommageable.

    • « Blackface » ou le théâtre de la question raciale - Libération
      https://www.liberation.fr/debats/2019/05/06/blackface-ou-le-theatre-de-la-question-raciale_1725284

      Pourtant, cette conception de l’autorité créatrice qui fixe le sens de l’œuvre n’a-t-elle pas été remise en cause par la théorie littéraire depuis cinquante ans ? En 1968, Roland Barthes s’attaque à la critique qui « se donne pour tâche importante de découvrir l’Auteur (ou ses hypostases : la société, l’histoire, la psyché, la liberté) sous l’œuvre » ; il lui oppose l’écriture. Et de conclure : « La naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’Auteur. » L’année suivante, Michel Foucault prolongera cette analyse de la « fonction-auteur », qui « est la figure idéologique par laquelle on conjure la prolifération du sens ».

      Pour trancher les conflits d’interprétation, on revient aujourd’hui à l’autorité du metteur en scène, relais de l’auteur. Pourquoi ce retour porte-t-il sur la question raciale ? C’est en réaction à l’évolution de nos conceptions du racisme et de l’antiracisme. Dans les années 80, la montée du FN pouvait s’interpréter selon une définition idéologique du racisme. Mais, à partir des années 90, la prise de conscience des discriminations systémiques amène à penser un racisme structurel. Il n’est plus possible de réduire le racisme à la seule intention ; à partir de ses conséquences, on appréhende le racisme en effet.

      Dès lors, la question n’est plus uniquement de savoir si tel ou telle, au fond, est raciste ; on considère les choses du point de vue des personnes dites « racisées », car assignées à leur couleur ou leur origine par des logiques de racialisation qui dépassent les intentions et idéologies, bonnes ou mauvaises. Pour combattre les violences de genre, on a fini par l’accepter, mieux vaut se placer dans la perspective des victimes. On commence à le comprendre, il en va de même du racisme : l’intention n’est pas tout.

    • Pour une liberté de création partagée par tous – sur l’affaire des Suppliantes | AOC media - Analyse Opinion Critique
      https://aoc.media/opinion/2019/05/03/liberte-de-creation-partagee-laffaire-suppliantes

      THÉÂTRE
      Pour une liberté de création partagée par tous – sur l’affaire des Suppliantes
      Par Bérénice Hamidi-Kim

      SOCIOLOGUE DU THÉÂTRE
      Fin mars à la Sorbonne, des manifestants ont interrompu une représentation des Suppliantes d’Eschyle. En soutien au metteur en scène, l’helléniste Philippe Brunet, de nombreux artistes et intellectuels ont, à l’initiative du Théâtre du Soleil, co-signé une tribune récusant les accusations de blackface. Et si l’on en profitait pour amorcer un débat dans lequel il serait possible d’imaginer davantage que deux points de vue qui s’affrontent ?
      Qu’est-ce qui a eu lieu le 25 mars 2019 à Paris ? « Les faits sont connus », présuppose d’emblée la tribune intitulée « Pour Eschyle » initiée par le théâtre du Soleil, qui parle de « censure » et d’« agression grave », après l’interruption par des manifestants d’une mise en scène des Suppliantes à la Sorbonne. Mais le sont-ils vraiment ? On peut en douter, tant les faits sont en l’occurrence pris à parti pour servir de preuve et d’arme dans un conflit qui oppose, avec une violence assez spectaculaire, deux camps. Et justement, la présentation et la mise en récit des événements joue un rôle décisif pour chacun de ces camps, qui s’en sert pour asseoir la légitimité de sa position et pour qualifier ou plutôt disqualifier le camp adverse. Politique, le conflit est aussi un conflit de valeurs et un conflit de légitimité qui se joue également sous la forme d’un conflit de narrations. Comme au théâtre, justement, le sens découle de la manière de cadrer l’action, de distribuer les rôles, de raconter l’histoire, ou ici, l’Histoire.

      Pour le Soleil et ses soutiens, l’affaire est simple et la cause est entendue. L’événement qui a eu lieu ce jour-là consiste dans l’interruption d’une représentation d’un projet théâtral innocent et même bien intentionné sur les questions raciales : la mise en scène par l’helléniste Philippe Brunet des Suppliantes d’Eschyle, dans le cadre d’un atelier de théâtre antique soucieux de restituer la part méditerranéenne et africaine de l’auguste civilisation grecque et de son théâtre. Et cette agression est doublement brutale, parce qu’elle a recouru à la force physique et parce qu’elle aurait eu lieu sans sommation.

      Au contraire, pour ceux qui se sont opposés au spectacle, et parmi eux ceux qui ont assumé de vouloir empêcher la bonne tenue de la représentation, cette opposition se justifie par le refus de dialoguer dont aurait fait preuve le metteur en scène depuis… un an. Car tout ne se superpose pas de manière aussi simple et binaire que la tribune tend à le faire croire, et les moyens d’action ont fait débat au sein du camp des opposants. L’opposition se justifie aussi par le refus catégorique du metteur en scène d’accréditer leur qualification de son geste artistique : un blackface. Comprendre : que des personnes blanches se maquillent le visage en noir pour caricaturer des personnes noires, les diaboliser ou les tourner en dérision, en tout cas les déshumaniser.

      Pour le Soleil, il ne s’agit pas de blackface pour deux raisons. La première raison est que la mise en scène recourt à des masques – à quoi les opposants rétorquent que dans une première étape de la création, celle qui avait mis (discrètement alors) le feu aux poudres, il s’agissait uniquement de maquillage. Ce n’est de fait que dans un second temps que le metteur en scène a ajouté le port de masques noirs et cuivrés (ornés, en guise de cheveux, d’extensions capillaires de couleur noire) ce qui, pensait-il, était de nature à apaiser les choses. La seconde raison est que le blackface ne serait pas affaire de geste mais d’intention. D’où l’idée, que l’on retrouve dans plusieurs autres textes de soutien à Philippe Brunet, que les opposants feraient un « contresens » total sur le texte d’Eschyle et sur le projet du metteur en scène.

      L’opposition serait donc aussi entre personnes dotées de capacités d’intellection et de culture, et personnes incultes. Pourtant, comme les opposants, le Parlement Européen choisit de ne pas considérer l’intention et de s’en tenir au geste, quand il déclare que « la pratique consistant à se noircir le visage perpétue des idées préconçues bien ancrées au sujet des personnes d’ascendance africaine, et peut ainsi exacerber les discriminations », et manifeste « la persistance de stéréotypes discriminatoires ». Pourquoi ? A cause de ce fait historique qui est que « les injustices à l’égard des Africains et des personnes d’ascendance africaine qui ont jalonné l’histoire, comme la réduction en esclavage, le travail forcé, la ségrégation raciale, les massacres et les génocides qui se sont produits dans le contexte du colonialisme européen et de la traite transatlantique des esclaves, sont très peu reconnues et prises en compte par les institutions des Etats membres ».

      C’est donc à ces institutions – et donc notamment aux institutions culturelles – que le Parlement européen en appelle quand il « invite les Etats membres à dénoncer et à décourager le maintien de traditions racistes et afrophobes ». Un texte émanant des institutions politiques européennes, écrit au nom des valeurs démocratiques, et qui condamne l’usage du blackface quelles que soient les intentions de qui y recourt… voilà qui pourrait ébranler quelques certitudes quant à la simplicité axiologique de la répartition des camps. Avec ce texte, les élus politiques cherchent à agir sur le cours de l’histoire, car c’est à cela aussi que peuvent servir les politiques publiques. Et pour cela, elles s’appuient souvent, faut-il le rappeler, sur les luttes menées auparavant par les mouvements d’émancipation : mouvement ouvrier, suffragettes, Front Populaire, mouvement des droits civiques etc… sans ces luttes et les femmes et les hommes qui se sont battus parfois au péril de leurs vies, pas de droit du travail, pas de droit de vote des femmes, pas de décolonisation, pas de politiques de lutte contre les discriminations, pas d’actualisation des valeurs démocratiques.

      Bref, c’est peu dire que toute cette affaire est complexe. Il faudrait donc prendre le temps d’investiguer les faits, les concepts (blackface[1], mais aussi appropriation culturelle, censure, boycott, liberté de création/d’expression) et plus largement, les formes qu’a pris ce conflit de narration et de légitimité, ce qu’il révèle, et ce qu’il cache. Pour l’heure, je voudrais m’attacher précisément à la tribune rédigée par le Soleil. Pourquoi ? Elle a rassemblé un nombre impressionnant de signataires, artistes et universitaires dont la liste produit un effet de légitimité incontestable – même si une des particularités notables de cette tribune est que parmi les signataires se côtoient des gens qui ont à dire vrai peu de raisons de se rassembler, tant ils tiennent sur les questions brûlantes des discriminations – du racisme, du sexisme et de l’homophobie – des positions divergentes. Serait-ce justement le signe que « l’affaire est grave » et mérite donc un front uni, en l’occurrence un front démocratique et républicain ? Face à quoi ?

      Revendiquant de parler « pour », la tribune est de fait surtout écrite contre. Un premier trouble vient de l’omniprésence d’une rhétorique que le texte dit dénoncer mais qu’il reprend à son compte. « Vocabulaire digne d’un tribunal ecclésiastique médiéval », « juges autoproclamés du Bien et du Mal » : le texte érige comme menace principale sur la démocratie l’intégrisme, mêlant l’intégrisme religieux (le texte cite les mouvements catholiques ayant demandé l’interdiction du spectacle de Castellucci mais parle aussi de « fatwa ») ou l’intégrisme politique, qui serait à l’œuvre ici, au motif que la « logique identitaire » serait « la même » – ce qui reste à démontrer. Il agite aussi en toile de fond d’autres repoussoirs, certains venus du passé : le stalinisme (« commissaire politique ») voire le nazisme (« autodafés »), et un autre qui serait propre à notre présent, « le catéchisme de la société prétendument « inclusive », qui en réalité fixe et cloître chacun dans une « identité » d’appartenance et dicte aux uns et aux autres la place qu’ils ne doivent pas quitter ».

      Dire que le camp d’en face est celui des barbares – littéralement, ceux qui ne comprennent pas notre langue ou celle d’Eschyle, mais aussi, ceux qui sont des « autres », des étrangers aux valeurs de « notre » communauté, n’est-ce pas une façon bien commode de se mettre dans le camp du bien ? Et une façon bien problématique de binariser les oppositions : démocrates contre barbares, esprits des lumières contre obscurantistes, universalistes contre identitaires, laïques contre intégristes, cultivés contre ignares, Printemps républicain contre Parti des Indigènes de la République… nous contre eux…

      Ce qui m’a gênée dans cette tribune, c’est qu’elle m’a semblé faire exactement ce qu’elle dénonce, usant du ton d’un tribunal, condamnant sans souci des faits, et sans même accorder aux accusés un procès équitable. C’est également le fait que ceux qui ont initié la tribune m’ont semblé pour tout dire juge et partie, le spectacle Kanata mis en scène par Robert Lepage avec la troupe du Soleil ayant été au cœur d’une autre polémique – des associations d’artistes autochtones avaient estimé que le spectacle relevait d’une forme « d’appropriation culturelle »[2] puisqu’il représentait leur histoire, et ce faisant se l’appropriait et en tirait des bénéfices économiques et symboliques, sans les inclure et sans les consulter.

      C’est enfin, c’est surtout que les auteurs comme les signataires, dont la liste et les titres ne peuvent qu’impressionner, sont en position de force pour imposer leur conception du partage des rôles et des positions – et font comme s’ils ne le savaient pas. En bref, c’est le fait que cette tribune construit un espace énonciatif d’intimidation, qui empêche et même interdit de penser. S’y exprime un « nous » en majesté et en mode majeur, qui dit défendre la liberté d’expression et de création mais use de tactiques autoritaires, et cherche à faire taire tout doute et toute objection. Je voudrais précisément formuler à présent deux objections, relatives à la caractérisation du « eux » repoussé et à une contradiction dans les valeurs défendues et dans l’appel à la liberté de création en général et du théâtre public en particulier.

      « Le théâtre est le lieu de la métamorphose, pas le refuge des identités. » Philippe Brunet en une phrase exprime l’enjeu de cet art – de tout art : pouvoir se sentir être autre que « soi-même » – à travers des personnages, des histoires, et rejoindre ainsi toute l’humanité », dit la tribune. Or, justement, c’est précisément ce que réclament nombre d’artistes noirs et plus largement non blancs aujourd’hui : d’avoir le droit, eux aussi, de pouvoir incarner l’humanité et de ne pas se voir cantonnés à des rôles stéréotypés toujours dévalorisants[3], écrits et mis en scène par des personnes qui n’ont aucune idée de leurs expériences de vie. Quel mépris, que de dire à ces personnes qu’elles n’auraient rien compris au théâtre. Quelle violence, que de faire semblant de ne pas comprendre qu’il s’agit justement de réclamer le droit à la même part de liberté, à la même possibilité que le théâtre devienne le lieu de la métamorphose, et non une autre scène où se répètent et se redoublent la domination et les discriminations.

      Car le vrai scandale est là : la persistance de discriminations raciales insupportables, dans la société, et donc aussi, bien sûr, dans les mondes artistiques, et dans les représentations. C’est ce scandale qui justifie la recommandation du Parlement Européen, et qui explique sans doute la véhémence du ton de ceux qui subissent ces injustices, parce qu’il n’est jamais facile d’oser prendre la parole en tant que victime, d’autant plus quand sa parole individuelle et collective est si violemment et si continument discréditée. Être noir, aujourd’hui – comme être femme, être homosexuel – renvoie non pas à une identité génomique mais à un statut social : cela signifie être assigné à résidence identitaire, être relégué au rang de l’altérité et du particulier, et ne pouvoir prétendre être intégré au cœur de la communauté qu’à la condition de performer justement sa différence et ses particularismes, comme le montre si bien dans ses travaux Réjane Sénac[4], et jamais en tant que semblable, en tant qu’égal. Et ce n’est pas une situation qui émane de ces « sous »-groupes particuliers, tout simplement parce qu’ils ne sont pas en position d’établir les normes ! Car l’« universel » est encore trop souvent le cache-misère d’une domination par des personnes qui ont la peau blanche et qui sont des hommes, qui pensent pouvoir justement incarner l’humanité toute entière alors qu’ils sont eux aussi, comme les autres, dans une position particulière… une position dont on comprend qu’ils ne veuillent pas la quitter, d’ailleurs, car c’est une position fort plaisante : une position de pouvoir. Pouvoir économique, mais aussi bien sûr pouvoir symbolique : pouvoir d’établir les catégories, de décider (ce) qui est particulier, (ce) qui est raciste et (ce) qui est universel, d’édicter les normes. Etre renvoyé au fait qu’on n’incarne pas l’universel mais la domination est désagréable à entendre, sans doute. Reste que le pointer n’est pas formuler une revendication identitaire. C’est au contraire demander que se concrétisent les valeurs universalistes.

      La tribune nie l’existence des discriminations, de leur histoire, comme elle nie l’histoire des représentations racistes, donc. Mais elle fait également fi de l’histoire théâtrale, traversée de querelles qui ont presque toujours mêlé enjeux esthétiques et enjeux politiques, et où la question de l’autonomie de l’œuvre et de l’artiste à l’égard du contexte dans lequel il crée est complexe. Car c’est bien pour sa valeur politique, civique, que cet art est devenu un « théâtre public » financé avec l’argent de la collectivité. Cette mission politique du théâtre est même une antienne que l’on retrouve dans toutes les plaquettes de saison, dans le discours des artistes comme dans les textes de loi des pouvoirs publics[5]. Le théâtre public se veut un théâtre politique, et se veut même un mode d’action politique. Par les questions qu’il soulève, par le cadre collectif de la représentation qui fait des spectateurs un public qui débat de la chose publique, avec elle-même, par sa capacité à opérer, à l’occasion, comme contre-pouvoir.

      Comment oublier les combats militants menés par Mnouchkine elle-même, dans ses œuvres mais aussi avec d’autres outils de lutte (manifestations, grève de la faim, occupation d’églises) contre les politiques migratoires, contre l’inaction des pouvoirs publics face à la guerre en ex-Yougoslavie, contre la Loi travail ? Elle incarne par là le mythe du théâtre public, qui a construit sa légitimité depuis un demi-siècle en tant qu’il serait une des formes de l’espace public, autrement dit, une des institutions vitales de la démocratie et de la République française. D’où le caractère incongru de la ligne de défense de Brunet consistant à dire « qu’on est libres de se grimer en noir, en cuivre, en rose » et que « le théâtre n’a pas à correspondre à des règles de bienséances morales »[6], comme s’il était question d’une querelle esthétique sans cause ni effet dans le réel d’aujourd’hui. A revendiquer que l’art du théâtre n’a aucun compte à rendre au présent.

      Pour finir, je voudrais en venir à la fameuse « liberté d’expression et de création » que la tribune entend défendre, et à laquelle les opposants au spectacle contreviendraient, faisant donc acte de « censure ». Pour rappeler d’abord, s’agissant du dernier mode d’action choisi par les opposants au spectacle, à savoir la perturbation physique de la représentation, que ce geste, pas plus que l’appel au boycott, ne constitue de manière évidente une entrave à la liberté de création et un acte de censure. Tout simplement car pour censurer, il faut être en position de pouvoir institutionnel. Il peut d’ailleurs sembler étonnant que ce point ait échappé à Ariane Mnouchkine, fondatrice en 1979 de l’AIDA (Association Internationale de Défense des Artistes victimes de la répression dans le monde).

      Certes, certains plaident aujourd’hui pour une redéfinition de la notion de censure, qu’ils voudraient plus ajustée aux menaces qui pèseraient spécifiquement dans nos démocraties, gangrénées par des « censures légales ». L’Observatoire de la liberté de création, créé par la Ligue des Droits de l’Homme, considère ainsi que « censurer la création, c’est porter atteinte à la faculté de chacun de pouvoir jouir des arts et des œuvres, et porter atteinte au débat et à la faculté critique ». Mais ne peut-on discuter cette définition qui fait l’économie de la qualification de ce qui « porte atteinte au débat et à la faculté critique », et de la précision de qui est habilité à juger de ces atteintes ?

      Dans Nouvelles morales, nouvelles censures, le juriste Emmanuel Pierrat en appelle lui aussi à une extension du domaine de la censure, du fait d’un « paradoxe » qui selon lui envahirait nos démocraties, où certaines demandes d’égalité formulées par des groupes discriminés – il donne en exemple les personnes victimes de sexisme (des femmes, donc) et de racisme (des personnes non blanches, donc), pourraient aboutir à des demandes de « censure morale ». Demandes de censure, concède-t-il toutefois, et non acte de censure en soi. Car ces demandes d’élargissement de ce que censurer veut dire butent sur le fait que pour qu’il y ait censure, il faut tout de même que ceux qui cherchent à empêcher l’œuvre ou leurs alliés en aient les moyens légaux. La censure ne peut donc jamais être totalement « privatisée », pour reprendre l’expression de Pierrat, elle doit passer par des personnes morales dotées du pouvoir d’établir des normes et des lois et de les faire appliquer, autrement dit, la censure implique des institutions – l’Etat et/ou l’Eglise par exemple[7].

      Par ailleurs, la tribune choisit d’en appeler non à la simple liberté d’expression mais à la liberté de création, tout en refusant de réfléchir à l’enjeu essentiel de cette création juridique fort récente, consacrée par la loi du 7 juillet 2016. Il faut commencer par rappeler que, comme la liberté d’expression avec laquelle elle présente beaucoup – et, pour de nombreux juristes, trop – de points communs, la liberté de création souffre en France des limites légales, qui interdisent la formulation publique de certains discours racistes, antisémites, sexistes, homophobes, d’apologie du terrorisme, d’incitations à la discrimination, qui ne sont pas de simples opinions mais des délits. Ces limites, qui n’existent pas par exemple aux Etats-Unis, où prévaut le caractère sacré d’une liberté individuelle n’admettant aucune entrave, ont été formulées par le législateur français précisément au nom des valeurs républicaines. Ce qui fait que, par exemple, ce serait un contresens juridique – et une contravention à ces principes – que de considérer qu’une demande d’interdiction d’une œuvre au motif qu’elle serait raciste, serait un acte de censure.

      Par ailleurs, tout l’apport de cette notion tient à ce en quoi elle diffère légèrement de la simple liberté d’expression. Non par le fait que les artistes auraient une liberté d’expression supérieure ou plus sacrée que le reste des citoyens, ce qui serait assez contraire aux valeurs démocratiques. Mais le fait qu’il n’est plus seulement question de la liberté d’expression du sujet individuel professionnellement habilité à créer (l’artiste donc), mais aussi de la liberté collective du public ou plutôt des publics. Car cette loi a aussi et surtout été pensée comme une loi de rénovation des politiques culturelles et, dans la continuité de la loi NOTRe de 2015, elle incorpore – d’une manière que l’on pourrait d’ailleurs discuter – cette norme jusque là absente des politiques culturelles à la française que sont les droits culturels. Or, ceux-ci entendent insister sur le droit du public, c’est-à-dire des différentes composantes de la population, à prendre part à la vie culturelle, comme bénéficiaires, mais aussi comme créateurs. Autrement dit, cette norme juridique renforce la légalité des revendications de celles et ceux qui ne se sentent pas assez représentés dans les œuvres, et qui estiment qu’il y a là un problème.

      Les valeurs au cœur de ces différents textes sont-elles en contradiction ? Qui peut en juger ? Toutes ces questions sont ouvertes. Alors, oui, bien sûr que, comme le demandent les opposants, et y compris pour leur apporter la contradiction, il faut des colloques, il faut des espaces de réflexion et des espaces de débat intellectuel et politique. Réunissant universitaires, artistes et professionnels de la culture, militants, et élus politiques. Un débat où puissent se faire entendre des voix plurielles, bien au-delà des deux camps certes commodément médiatiques, en phase avec l’ère du « clash » où une idée ne vaut que si elle tient en deux mots et si elle est caricaturale, et s’oppose caricaturalement à une autre. Nous avons besoin d’un débat où plus de deux points de vue s’expriment. Et s’affrontent, bien sûr, le cas échéant. Car la démocratie, c’est le débat, musclé, si besoin, agonistique. Mais ce ne saurait être la réduction et la disqualification méprisante des positions avec lesquelles on n’est pas d’accord. Ne pouvons-nous nous accorder sur ce point ? Et sur le fait que cette affaire soulève des questions parmi les plus urgentes de notre présent historique et que, de notre capacité, avant même de chercher des réponses et des solutions, à formuler les questions et les problèmes, dépendra notre possibilité de faire société ? Si oui, au travail. Il est temps.

      [1] W.T. Lhamon Jr Peaux blanches, masques noirs, Paris, L’Eclat, 2008 (Raising Cain. Blackfaces from Jim Crow to hip hop, Harvard University Press, 1998). Voir aussi, sur cette pratique, Sylvie Chalaye, « Eschyle à la Sorbonne : pourquoi condamner le blackface ? », Africultures, 18 avril 2018.

      http://africultures.com/eschyle-a-la-sorbonne-pourquoi-condamner-le-blackface

      [2] Sur les enjeux de la notion d’appropriation culturelle, voir notamment Eric Fassin, « L’appropriation culturelle, c’est lorsqu’un emprunt entre les cultures s’inscrit dans un contexte de domination », entretien, Le Monde, 2 novembre 2018 et Aureliano Tonet, « Dans la culture, des identités sous contrôle », Le Monde, 18 avril 2019.

      [3] Voir à ce sujet Aïssa Maïga (dir.), Noire n’est pas mon métier, Le Seuil, 2018 et le documentaire d’Amandine Gay, La Mort de Danton, Mille et une films, 2011.

      [4] Voir Réjane Sénac, L’égalité sous condition, Presses de Sciences Po, 2015 et L’Egalité sans condition, L’Echiquier, 2019.

      [5] Sur ce point je me permets de renvoyer à mon livre, Les Cités du théâtre politique en France depuis 1989, préface de Luc Boltanski, Montpellier, 2013. Voir aussi Olivier Neveux, Contre le théâtre politique, Paris, La Fabrique, 2019.

      [6] Philippe Brunet in Léa Mormin-Chauvac, « Philippe Brunet, masque de protection », Libération, 18 avril 2019.

      [7] Voir à ce sujet la recension par Jean-Baptiste Amadieu de Robert Darnton, De la censure. Essai d’histoire comparée, Paris, nrf Gallimard, 2016. Jean-Baptiste Amadieu, « Dialogue avec les censeurs », La Vie des idées, 2 mai 2016, ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Dialogue-avec-les-censeurs.html

    • Racisme dans les arts : Lipanda Manifesto, tribune des 343 racisé·e·s | Le Club de Mediapart
      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/270419/racisme-dans-les-arts-lipanda-manifesto-tribune-des-343-racise-e-s

      Les médias se sont formidablement illustrés ces derniers temps comme vitrine des arguments pleurnichards de réactionnaires blancs bourgeois, qui persistent à faire la sourde oreille et aller à l’encontre des revendications féministes et antiracistes, tout en faisant leur pain sur les systèmes de privilèges. On se souvient de la tribune des 100 femmes défendant la « liberté d’importuner ». Cette fois-ci, c’est à la « liberté de création » que s’accrochent misérablement les arguments de la tribune prétendument pour Eschyle.

      Personne n’est libre tant que d’autres personnes sont opprimées. C’est ce dont parle Audre Lorde en 1981 dans son discours L’Utilité de la colère : les femmes répondent au racisme*. Liberté d’importuner, liberté de création, liberté d’expression : génération je fais ce que je veux, quand je veux, comme je veux, et personne n’a le droit de me contredire. Mais quelle est cette liberté qui s’appuie sur le dos de celle.ux qui n’en disposent pas ? On pourrait croire à une mauvaise farce tant ça devient redondant, et pourtant.

      Et pourtant aujourd’hui encore, le monde de l’art et de la culture française s’assoit sur les revendications des personnes racisées.

      Aujourd’hui, nous sommes outré·e·s, mais surtout fatigué·e·s. Nous n’avons pas l’énergie de vous rappeler que la censure est un outil d’Etat, et non pas le fait de quelques militant·e·s usant de leur droit à la protestation et à l’insurrection face à des représentations négrophobes et racistes.

      Nous sommes épuisé·e·s de dire que la tentative d’inversion des responsabilités qui consiste à transformer l’action légitime des militants en « grave agression » est une pratique bien rodée des instances de pouvoir. Et au cas où, la militante britannique Munroe Bergdorf nous le rappelle : « Drawing attention to a social divide is not the same thing as creating one. Activists are often considered to be divisive or troublemakers by those who have become accustomed to the privileges that social divides provide them. »

      Aujourd’hui, nous sommes lassé·e·s de devoir constamment démonter vos hypocrisies : non, pour nous, personnes racisé·e·s, le théâtre n’est pas le « lieu de la métamorphose » pour nous, lorsque nous sommes constamment empêché·e·s de créer par les mécanismes discriminatoires et éliminatoires de ce milieu.

      Oui, nos identités sont des cloîtres, lorsque, montant sur un plateau, nos corps sont des objets exotiques venant d’ailleurs. Non, nous ne pouvons pas créer librement, lorsque l’on nous dénie la possibilité d’être neutre, et que nous sommes perpétuellement et violemment renvoyé·es à la réalité de notre racisation par le système. Oui, le théâtre est « refuge des identités » : lorsque nos scènes françaises sont occupées majoritairement par des spectacles créés par des hommes blancs, avec des hommes blancs, regardés, critiqués ou acclamés par d’autres hommes blancs, on peut clairement parler de communautarisme. Une communauté qui ne se dit, ni ne se voit comme telle, et qui pourtant, monopolise nos scènes, nos récits, et verrouillent les portes à toutes celleux qui n’appartiennent pas à leur monde.

      Aujourd’hui, nous sommes usé·e·s de constater que ce théâtre est celui de privilégié·es, où s’amuser à singer « l’Autre » est un loisir, tout en retirant à cet “autre” son droit légitime — si ce n’est son devoir — de s’insurger contre le spectacle de son identité tournée en mascarade. Ce même théâtre qui se proclame « intellectuel, humaniste, helléniste ». Un théâtre qui a le culot de croire, et de se faire croire, que la culture blanche bourgeoise est universelle. Qu’elle touche à ce qu’il y a de commun en chaque être humain. Mais comment n’avez-vous pas remarqué que vos salles de théâtres étaient si vides de diversité ? Se peut-il sérieusement que vous persistiez à ne pas voir que votre théâtre n’intéresse que celles et ceux à qui il ressemble, cell.eux qui y sont représentés, celle.eux qui peuvent s’y identifier ? Qui sont les citoyen·nes que vous prétendez servir ?

    • Islamo-gauchisme, décolonialisme, théorie du genre... Le grand noyautage des universités
      http://www.lefigaro.fr/actualite-france/enseignement-superieur-le-grand-laboratoire-de-la-deconstruction-20190510

      ENQUÊTE - Infiltrées par les syndicats d’étudiants, noyautées par des groupuscules « indigénistes », paralysées par la lâcheté de la hiérarchie de l’enseignement supérieur, les facultés et certaines grandes écoles sont aujourd’hui le théâtre d’un bras de fer idéologique. Les pressions et menaces y sont fréquentes et tous les coups semblent permis.
      (...)
      Dans un autre registre, Olivier Beaud, professeur de droit public à Panthéon-Assas, vient de dénoncer la campagne d’un groupe d’universitaires et d’étudiants de l’EHESS contre leurs collègues « coupables » d’avoir participé au grand débat organisé le 18 mars à l’Elysée par Emmanuel Macron. En novembre 2018, Le Point a publié un texte dans lequel 80 intellectuels décrivaient le « décolonialisme » comme une « stratégie hégémonique » à l’œuvre dans l’enseignement supérieur. Parmi les signataires, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Pierre Nora et Mona Ozouf. Leur appel a eu bien peu d’écho, tant auprès de Frédérique Vidal que du corps enseignant.
      La ministre n’a pas eu un mot de soutien pour Laurent Bouvet, par exemple, quand ce professeur de science politique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines a eu l’imprudence de tweeter en mai 2018 à propos du voile islamique porté par une dirigeante de l’Unef qui commentait les blocages des facs : « A l’Unef, la convergence des luttes est bien entamée. C’est la présidente du syndicat à l’université Paris-Sorbonne qui le dit. » Aussitôt, l’Unef a sorti un communiqué condamnant « un déferlement de haine raciste, sexiste et islamophobe » et demandant que Laurent Bouvet soit sanctionné. Une vidéo a même circulé, montrant une AG où près de 200 étudiants vociféraient « Ta gueule, Bouvet ! » pendant de longues minutes.

      L’institution marche sur des œufs

      Le politologue, cofondateur du Printemps républicain, est l’une des cibles privilégiées des indigénistes pour avoir théorisé l’« insécurité culturelle » française et dénoncé l’obsession racialiste de la « gauche identitaire ». Le président de l’université l’a assuré de sa sympathie en privé, mais n’a rien fait pour le soutenir publiquement. Aucun de ses collègues ne s’est d’ailleurs manifesté. L’Unef profite de cette lâcheté généralisée pour militer activement en faveur des thèses indigénistes. Récemment, elle s’est jointe à d’autres associations pour empêcher une représentation de la pièce d’Eschyle Les Suppliantes à la Sorbonne. De son côté, le CRAN (Conseil Représentatif des associations noires de France) de Louis-Georges Tin, maître de conférences à l’université d’Orléans, a appelé au boycott de la pièce. Motif : des acteurs blancs portaient des masques noirs, ce que les contestataires assimilaient à la pratique du « blackface » visant à ridiculiser les Noirs. Pour une fois, l’université a condamné la tentative de censure.

    • Deux mois après la polémique sur le « blackface », la pièce « Les Suppliantes » se déroule dans le calme
      https://www.franceculture.fr/theatre/deux-mois-apres-la-polemique-sur-le-blackface-la-piece-les-suppliantes

      « C’est la victoire de l’art, de la liberté d’expression sur la bêtise au front bas, se félicite l’écrivain Pierre Jourde. Ils utilisent une cause juste, l’antiracisme, à des fins stupides. La preuve, c’est que de grands metteurs en scène ont pris la défense de Philippe Brunet. »

      encore une fois #ta-gueule-jourde

    • Je vous ai épargné jusque-là les 6 ou 7 posts d’André Markowicz sur FB, mais vous pourrez les retrouver aisément grâce à cette réponse (en commentaire).

      André Markowicz
      https://www.facebook.com/andre.markowicz

      Adeline Rosenstein :
      Excusez-moi : vous ne vivez donc pas avec des artistes ou des étudiant.e.s qui vous parlent du racisme subi dans les milieux culturels ? Vous ne ressentez pas la colère de vous retrouver impuissant à les défendre tellement les gens bien intentionnés ne voient pas de quoi s’alarmer ? Pourquoi mettre tout votre savoir écrire au service de leur décrédibilisation ? Vous, justement, traducteur, savez mieux que les autres, pourquoi parfois on crie, vous savez tendre l’oreille quand les experts et autres assis discréditent la personne qui apporte une information gênante. Vous savez mieux qu’un autre qu’on dit de la victime qu’elle exagère quand on ne veut pas l’accueillir, qu’elle menace, quand on veut la faire taire, qu’elle est un danger physique, quand on veut que les gendarmes nous en débarrassent. Une injustice hurle à votre porte, demande votre attention et vous la ridiculisez ? ses représentants parlent mal ? mais cette question devrait vous intéresser immédiatement ; vous ne voulez quand-même pas parler comme ce que vous avez toujours combattu : l’ordre - non ?Observez le dédain que vous exprimez à l’endroit de personnes qui en ont juste marre d’être caricaturées sur scène et tenues à l’écart de toute discussion. Comment est-ce possible ? Observons et racontez- moi comment ça marche, comment ça marche, ce scandale, votre dédain, qu’avec Mnouchkine et Vinaver, enfants de l’exil sans accent, vous vous retrouviez côté CRS, ministres, amphi, je ne le conçois pas. C’est pourquoi je vous prie de reconsidérer cette position au nom de tous les personnages que vous avez traduits alors qu’en France, considérant qu’ils ne « savaient pas aligner deux phrases », on voulait les anéantir - on n’avait rien compris, vous vous rappelez ? Reconsidérez ces doutes « ils nous font douter » mais oui car pour moi c’est ça, penser, c’est penser contre soi mais surtout contre le groupe ou l’amphi qui nous enferme avec ministres dedans, d’où on ne on veut pas entendre la plainte. C’était un spectacle d’étudiants mais il y a un autre problème, vous savez, notre environnement, notre lenteur à changer, vous parlez d’une gauche en danger et je vous parle de sa difficulté historique à reconnaître ses erreurs. Les militants antiracistes et les victimes du racisme en milieu culturel ne s’adressent pas à des ennemis politiques mais à des gens de theatre qui veulent pouvoir se dire antiracistes à leur tour et disent je combats à tes côtés, tiens-toi bien là, attends, ôte-toi, ne dis rien, laisse-moi faire, je vais leur dire, laisse-moi finir mon verre, ma blague, mon rôti, ma sieste, mon spectacle antiraciste, mon interview, mes conférences, mes mémoires, ma vie sans toi et je viendrai te chercher.

    • Ce qui est dit ci-dessous n’a pas été raconté sérieusement par aucun journaliste (si j’ai bien compris, on est passé, grâce au rapport de forces instauré par les militants, du grimage noir aux masques noirs grotesques, puis aux masques dorés/cuivrés, etc.) Mais ce qui n’est pas dit, c’est que cette représentation « d’art officiel », déplaçant le fameux spectacle dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, avec deux ministres de sortie et les CRS qui vont avec, applaudie par le tout Paris intellectuel bourgeois blanc, d’A.Bastié à A.Mnouchkine, de R.Enthoven à O.Rollin, est le symptôme de l’hégémonie toujours plus forte de la pensée d’extrême-droite au nom de « la liberté d’expression » ou de « la liberté artistique ». Après la défense forcenée des pires unes de Charlie et la campagne contre les « islamogauchistes », à présent haro sur « les identitaires d’extrême-gauche » et « le fascisme des antifascistes » (comme on l’a entendu en Italie au moment du Salon du Livre de Turin et à l’occasion des meetings chahutés de Salvini).

      Blackface à la Sorbonne. Hier soir, Philippe... - Louis-Georges Tin
      https://www.facebook.com/louisgeorges.tin/posts/10161903836565644?hc_location=ufi

      Blackface à la Sorbonne. Hier soir, Philippe Brunet a joué son spectacle à la Sorbonne, les Suppliantes d’Eschyle. Mais cette fois, pas de déguisements raciaux, pas de Blackface, pas de maquillage en noir pour représenter les Africains : juste des masques dorés. M. Brunet qui avait fièrement clamé qu’il rejouerait son spectacle avec du maquillage en noir a finalement tiré les leçons de l’expérience. Le CRAN qui avait appelé au boycott du spectacle (non au blocage) se réjouit donc de cette victoire collective et définitive. Malgré un mois d’hystérie générale, nous avons tenu bon, et finalement, nous avons obtenu gain de cause. La voix des premiers concernés a été entendue.

    • Quelle salade - selon le Figaro/Vox, voilà l’université menacée par le danger islamo-féministe...

      Carole Talon-Hugon : « Une nouvelle prohibition étend son contrôle sur l’art »
      http://www.lefigaro.fr/vox/culture/carole-talon-hugon-une-nouvelle-prohibition-etend-son-controle-sur-l-art-20

      Traditionnellement, les agents de censure sont politiques ou religieux. Ils sont récemment sournoisement devenus économiques (impératifs d’insertion professionnelle, de recherche appliquée, etc.). Ce qui se passe avec les affaires Chénier ou Eschyle, c’est l’arrivée très préoccupante d’un risque venu d’ailleurs que de ces foyers classiques ou plus récents : de groupes de pression et d’associations communautaires. La liberté académique ne doit certes pas être sans contrôle ; elle est « liberté de poursuivre sa recherche professionnelle à l’intérieur d’une matrice de normes de la discipline définies et appliquées par ceux qui sont compétents pour comprendre et appliquer de telles normes » (O. Beaud). Ce qui revient à dire qu’elle ne connaît qu’une forme de censure légitime, celle réalisable par des pairs à l’intérieur d’un domaine d’expertise partagé, et que toutes celles venues d’ailleurs sont usurpatoires et sapent les fondements de l’université.

    • Une bonne tribune du Monde qui a tout à voir avec ce qui précède

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/28/le-marxisme-culturel-fantasme-prefere-de-l-extreme-droite_5503567_3232.html

      C’est là le lien avec ce que la droite radicale entendra bientôt par « marxisme culturel ». Le terme prend alors une valeur péjorative : il désigne la prétendue volonté des disciples de l’école de Francfort de nuire à la culture occidentale et de s’attaquer à la société traditionnelle en se servant du féminisme, de l’homosexualité et du multiculturalisme. « Au tournant des années 1990, alors que le communisme vient de s’effondrer, les milieux ultra-conservateurs américains voient dans la mondialisation une menace pour l’Occident chrétien, remarque Jérôme Jamin, politiste et philosophe belge, spécialiste des populismes. Ils s’inquiètent aussi de la montée, sur les campus universitaires, du “politiquement correct” qu’ils assimilent à une attaque contre la liberté d’expression ayant pour but d’empêcher les discours ne reconnaissant pas la pleine égalité entre les hommes et les femmes, les Noirs et les Blancs, les hétérosexuels et les homosexuels, etc. » Le terme se diffuse au sein des milieux extrémistes de droite.