• NOUS NE LAISSERONS PAS FAIRE LES OPPOSANTS À L’AVORTEMENT !

    Appel à rassemblement, à l’initiative du Collectif Avortement en Europe, les femmes décident et soutenu par la LDH, le jeudi 22 juin 2023, à 18h30, place de la République, à Paris

    Nous ne laisserons pas faire les opposantes et opposants à l’avortement !

    Ils ont encore frappé : comme le 25 mai, le 15 juin dernier, ils ont collé systématiquement sur des Velib à Paris, des autocollants anti-avortement. Ces militantes et militants anti-avortement remettent toujours en cause, près de 50 ans après, le droit des femmes de décider de leurs grossesses.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/08/ceux-qui-pensent-que-lavortement-nest-pas-menace-en-france-doivent-ouvrir-les-yeux/#comment-57410

    #féminisme #ivg

  • Pénuries de pilules abortives et responsabilité de l’État

    Constatant de nombreuses difficultés sur le terrain, nos organisations alertent sur les pénuries de misoprostol depuis plusieurs semaines déjà. Le ministre de la santé François Braun et l’ANSM ont reconnu le 19 avril des « tensions d’approvisionnement » et avancé qu’une remise à disposition serait effective d’ici fin avril. Malheureusement, comme nous le craignions, il semblerait que ce délai ne puisse être tenu par les autorités sanitaires. Cette situation est extrêmement inquiétante et nous craignons que de nombreuses personnes en subissent les conséquences. Nous demandons à l’État de prendre différentes mesures au plus vite comme le lancement d’une production de misoprostol au niveau national ou européen, et l’importation de génériques. Nous lançons par ailleurs une pétition que nous invitons tous nos alliés à signer et à relayer. Nous refusons que le droit à l’IVG soit mis en danger en raison de la fragilité de la chaîne de production et d’apprivoisement pharmaceutique. L’Etat a les moyens de garantir l’effectivité du droit à l’IVG. Nous demandons donc au gouvernement de prendre les mesures qui s’imposent.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/29/penuries-de-pilules-abortives-et-responsabilit

    #féminisme #ivg

  • Pénurie des pilules abortives à Lille : les intérêts du patronat menacent le droit à l’IVG
    https://www.revolutionpermanente.fr/Penurie-des-pilules-abortives-a-Lille-les-interets-du-patronat-

    Comme le développe Pauline Londeix : « On a été contactés début mars par plusieurs organisations de terrain sans se concerter entre elles pour dire qu’elles entendaient parler de ruptures de misoprostol. Je suis allée voir sur le site de l’ANSM, qui doit tenir un suivi des tensions et des pénuries de médicaments et il y avait une note du fabriquant depuis septembre, qui disait avoir constaté des impuretés dans sa production et avoir dû l’arrêter. Pourquoi n’y a-t-il qu’un seul producteur ? Parce que c’est sous brevet ! La seule firme qui produit le Misoprostol est Norgine, et cela recoupe tous les soucis structurels de l’industrie du médicament, qui est très concentrée et au moindre problème sur un site de production la production peut s’arrêter ! Et en pratique cela peut remettre en cause le droit à l’avortement pendant des mois et des mois. ». En l’occurrence, la pénurie est causée par le fait qu’un seul site en Europe produit le Misoprostol et que le producteur a constaté une impureté dans ses produits et a donc cessé la production en septembre dernier le temps de résoudre le problème.

    #ivg #big_pharma #médicaments #soin

  • Sur la pilule abortive aux États-Unis

    Un juge fédéral au Texas a demandé à la FDA, la Food and Drug Administration (qui a notamment le mandat de permettre la commercialisation des médicaments sur le territoire américain) de suspendre l’autorisation de la Mifepristone, une pilule abortive utilisée aux USA depuis 2000 dans plus de la moitié des avortements.

    Le juge Kacsmaryk, connu par ailleurs pour ses positions homophobes et transphobes, est proche des milieux militants anti-avortement dont « l’argument » est que la Mifepristone n’est pas « sûre » pour la santé des femmes. En gros, un groupe de fanatiques et UN juge s’estiment plus compétents sur le plan scientifique que la plus haute Administration de la santé du pays. En particulier, le juge prétend les femmes seraient démunies sur un plan psychologique après l’utilisation de la pilule abortive. Il faudrait donc leur interdire d’avorter, elles ne savent pas ce qu’elles font, un propos classique chez les anti-choix : « c’est pour leur bien, c’est pour leur santé ». En d’autres termes, les femmes n’auraient pas de libre-arbitre et comme elles n’ont pas de libre-arbitre… imposons-leur nos décisions concernant leur corps tel est le raisonnement.

    Dans son jugement, le juge utilise un vocabulaire qui est directement emprunté aux militants anti-avortement. Il refuse d’utiliser le mot « fœtus », par exemple, et parle systématiquement de « personne à naître », d’« enfant à naître ».

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/18/sur-la-pilule-abortive-aux-etats-unis

    #féminisme #ivg #usa

  • Le Salvador affronte la Cour interaméricaine des droits de l’homme et la France sur la question de l’avortement

    La Cour interaméricaine des droits de l’homme s’apprête à se prononcer sur une affaire historique concernant l’interdiction totale de l’avortement au Salvador. Seuls huit pays dans le monde ont une législation aussi stricte que le Salvador concernant l’avortement, où une femme peut encourir jusqu’à trente ans de prison pour une fausse couche « suspecte ». Cette affaire pourrait ouvrir la voie à une dépénalisation dans la région.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/05/le-salvador-affronte-la-cour-interamericaine-d

    #ivg #salvador

  • Fleuron des droits des femmes, la maternité des Lilas en proie à des accusations de violences | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040423/fleuron-des-droits-des-femmes-la-maternite-des-lilas-en-proie-des-accusati

    En décembre 2020, sept soignantes ont porté plainte contre un anesthésiste de l’établissement. Elles l’accusent de harcèlement et d’agressions sexuelles, et dénoncent le manque de soutien de leur direction. Le Conseil de l’Ordre a rejeté les requêtes de 23 sages-femmes.

    Elsa Sabado

    4 avril 2023 à 11h41

    Accouchement dans le silence, dans le noir ou dans l’eau, chant prénatal... La maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis), qui lutte depuis plusieurs années pour sa survie, promet aux parents un cocon pour accueillir leur nouveau-né dans un environnement exempt de violences. Parce qu’elles poursuivent cette ambition, des soignantes de la maternité (MDL) ont dénoncé les violences qu’elles disent avoir subies au sein de leur propre institution.

    https://jpst.it/3aqbA

    #maternité_des_lilas #accouchement_sans_douleur #accouchement_physiologique #psycho_prophylaxie_obstétricale #orthogénie #planning_familial #IVG #avortement #féminisme #ARS #Agence_régionale_de_Santé #Politique_de_santé #T2A

  • En République dominicaine, la lutte pour le droit à l’avortement est une lutte contre l’anti-négrophobie

    Santo Dominico, République Dominicaine – Il y a une panne d’électricité dans toute la ville. Pas de lampadaires, pas de lumières de magasin, juste des phares de voitures qui passent. « C’est juste un vendredi soir typique », dit Alicia Mendez Medina, et un employé de bodega hoche la tête derrière elle. Alicia lui dit au revoir et nous nous dirigeons vers le Parque Duarte, l’endroit que beaucoup ont décrit comme « l’endroit idéal » pour la vie nocturne à Saint-Domingue. Elle commande du vin.

    « Ce pays est un gâchis », dit-elle en riant, et elle se verse un verre. Je ne peux voir que ses pommettes et ses yeux, son dos éclairé par les lampes de poche du téléphone des passants. Nous reprenons notre conversation, cette fois dans l’obscurité presque complète.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/29/en-republique-dominicaine-la-lutte-pour-le-dro

    #international #republiquedominicaine #ivg #racisme

  • Andorre : pétition et soutien financier à Vanessa Mendoza Cortés, poursuivie par les autorités pour avoir dénoncé l’interdiction de l’IVG

    Une pétition pour défendre l’Andorrane Vanessa Mendoza Cortés va être fortement relayée en ce 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes. Cette militante des droits des femmes est poursuivie depuis 2019 par les autorités de la principauté pour avoir dénoncé l’interdiction du droit à l’avortement en Andorre. Elle témoigne sur France Bleu Roussillon.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/27/andorre-petition-et-soutien-financier-a-vaness

    #féminisme #andorre #ivg

  • La journée des femmes en Pologne 3 ans après la loi anti-avortement

    8 Mars 2023. Trois ans après la décision de l’actuel tribunal constitutionnel polonais d’interdire quasi-totalement l’avortement, les femmes du pays luttent pour accéder aux droits sexuels et reproductifs fondamentaux. L’accès à la contraception en Pologne est le pire d’Europe selon le dernier Atlas européen de la contraception. Dans le même temps, les femmes qui aident d’autres femmes à obtenir un avortement sûr continuent d’être poursuivies. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la FIDH expose la situation autour de l’avortement dans le pays, désormais également confronté à la tragédie des réfugiées qui ont subi des violences sexuelles liées à la guerre.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/22/la-journee-des-femmes-en-pologne-3-ans-apres-l

    #féminisme #ivg #pologne

  • États-Unis – Au Wyoming, interdiction de la RU 486 et de tous moyens d’avorter promus par un Républicain

    Le Wyoming devient le premier État américain à interdire la pilule abortive. C’est une nouvelle victoire pour les conservateurs qui entendent faire reculer l’accès à l’avortement aux États- Unis.
    Le Wyoming est devenu vendredi le premier État américain à interdire la pilule abortive. Le gouverneur du Wyoming (ouest), Mark Gordon, a appelé les législateurs à aller plus loin et inscrire une interdiction totale de l’avortement dans la constitution de cet État et de la soumettre au vote des électeurs.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/04/le-combat-sans-fin-du-droit-a-lavortement-et-autres-textes/#comment-56194

    #usa #ivg

  • #IVG #avortement #Andorre #avortementlesfemmesdécident #féminisme

    🛑 [URGENT] Avortement interdit en Andorre : une militante poursuivie en justice... - Amnesty International France

    En Andorre, la militante Vanessa Mendoza Cortés est poursuivie en justice parce qu’elle défend le droit à l’avortement. Montrons-lui notre soutien en interpellant massivement les autorités du pays.
    Vanessa Mendoza Cortés, psychologue, préside l’association de défense des droits des femmes «  Stop Violence  » («   Associació Stop Violències   » en catalan). Avec son association, elle lutte contre les violences fondées sur le genre et défend l’avortement sûr et légal en Andorre (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.amnesty.fr/droits-sexuels/actualites/avortement-interdit-en-andorre-une-militante-poursuivie-en-justice

  • Inscrire l’IVG dans la Constitution en ces termes ? Non merci !

    Inspirée par un recul du droit à l’IVG survenu aux États Unis, la proposition de loi constitutionnelle avait pour objectif de rendre plus difficile une atteinte à ce droit. Très dégradée au fil des discussions parlementaires, la révision de la Constitution actuellement prévue serait loin d’être un progrès vers l’objectif initialement visé. Inutile, elle signerait plutôt une avancée conservatrice.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/28/inscrire-livg-dans-la-constitution-en-ces-term

    #IVG

  • Inscrire l’IVG dans la Constitution en ces termes ? Non merci !
    par Odile Fillod

    https://blogs.mediapart.fr/odile-fillod/blog/240223/inscrire-l-ivg-dans-la-constitution-en-ces-termes-non-merci?userid=b


    Inspirée par un recul du droit à l’IVG survenu aux États Unis, la proposition de loi constitutionnelle avait pour objectif de rendre plus difficile une atteinte à ce droit. Très dégradée au fil des discussions parlementaires, la révision de la Constitution actuellement prévue serait loin d’être un progrès vers l’objectif initialement visé. Inutile, elle signerait plutôt une avancée conservatrice.

    L’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême des Etats-Unis protégeait depuis 1973 le droit à l’avortement en affirmant que le droit à la vie privée garanti par la Constitution s’étendait à la décision d’une femme de poursuivre ou non sa grossesse – tout en précisant que la réglementation de l’avortement devait être mise en balance avec la protection de la « potentialité de vie humaine », ainsi que celle de la santé de la femme concernée.

    Sur cette base, une loi votée en avril 2019 par l’Etat de Georgie (HB 481) avait été suspendue car jugée inconstitutionnelle. Cette loi, qui sauf exceptions [1] interdisait l’avortement à partir du moment où une activité cardiaque de « l’enfant à naître » (« unborn child ») pouvait être détectée – soit potentiellement dès la sixième semaine de grossesse –, donnait en outre au fœtus le même statut juridique que n’importe quel habitant de l’Etat sous cette condition d’activité cardiaque, faisant de l’avortement passé ce délai un « homicide ». De même, c’est sur le fondement de l’arrêt Roe v. Wade qu’avait été empêchée l’entrée en vigueur d’une loi restreignant l’avortement aux seuls cas où le fœtus ou la vie de la gestatrice étaient en danger, votée par l’Alabama également en avril 2019 (HB 314).

    En juin 2022, la Cour suprême a infirmé l’arrêt Roe v. Wade au motif qu’il était infondé : pour cette Cour désormais majoritairement conservatrice, non seulement la Constitution des Etats-Unis ne fait aucune référence à l’avortement mais aucun de ses articles ne le protège implicitement. A la suite de la suppression de cette protection existant au niveau fédéral, une dizaine d’Etats ont immédiatement restreint le droit à l’avortement, bientôt suivis par d’autres. En particulier, des lois interdisant l’avortement sans exception (y compris en cas de viol, par exemple) ont pu entrer en vigueur au Texas et dans le Tennessee, de même que les deux lois qui avaient été suspendues en Georgie et en Alabama.

    En réaction à cette actualité états-unienne, l’idée d’inscrire le droit à l’avortement dans notre Constitution a été réactivée – des propositions avaient déjà été faites en ce sens en 2018 et 2019 mais rejetées par la majorité présidentielle, qui prétendait alors que c’était inutile [2]. L’objectif est de rendre plus difficile pour le législateur la suppression de ce droit ou sa restriction drastique. En effet, une loi régressive pourrait bien être votée par le Parlement, mais le Conseil constitutionnel pourrait alors être saisi et empêcher son entrée en vigueur en s’appuyant sur la mention protectrice ajoutée dans la Constitution. Pour supprimer cet obstacle, il faudrait réviser à nouveau la Constitution, ce qui nécessiterait soit l’approbation de cette révision par référendum, soit l’accord d’une part plus importante des membres du Parlement [3].

    Si l’idée est bonne sur le papier – bien que sur les questions dites de société telles que celle-ci, le Conseil constitutionnel se soit plus d’une fois défaussé de son rôle en laissant au législateur une marge d’interprétation excessivement large [4] –, encore faut-il que la mention ajoutée dans la Constitution réponde effectivement à l’objectif visé.

    Est-ce le cas de ce qui est proposé, à savoir l’introduction prévue à l’article 34 de la Constitution, i.e. au sein du Titre V consacré aux « rapports entre le Parlement et le Gouvernement », d’un alinéa disposant que « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse » ?

    Une mention qui n’ajoute rien à la protection constitutionnelle de la liberté d’avorter
    Soulignons tout d’abord que cette disposition, en ne précisant aucune des conditions dans lesquelles s’exerce la liberté d’avorter, n’empêcherait pas le législateur de revenir sur diverses conditions d’accès ou d’effectivité : réduction du délai dans lequel l’avortement est autorisé, rétablissement d’un entretien préalable et de l’obligation de remettre un dossier guide à visée dissuasive (supprimés en 2001), retour du délai de réflexion imposé (supprimé en 2016), diminution des moyens mis en œuvre par l’Etat pour permettre l’accès effectif à l’avortement, par exemple via la suppression de la possibilité pour les sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses (créée 2016) ou instrumentales (votée en mars 2022, mais en attente de textes d’application eux-mêmes soumis à la réalisation d’une expérimentation préalable), remise en question du remboursement systématique, etc.

    En fait, tel que cet alinéa est rédigé et positionné dans la Constitution, on ne voit pas ce qu’il ajouterait à la protection constitutionnelle dont la liberté d’avorter bénéficie déjà. Car pour mémoire, la liberté d’interrompre sa grossesse a été reconnue le 27 juin 2001 par le Conseil constitutionnel en tant que composante de la « liberté de la femme qui découle de l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen [5] ». De plus, le Conseil constitutionnel a renforcé le 16 mars 2017 cette interprétation en jugeant que l’objet d’une disposition législative étendant le délit d’entrave à l’IVG était de « garantir la liberté de la femme qui découle de l’article 2 de la Déclaration de 1789 ».

    On peut toujours arguer que mentionner dans la Constitution « la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse » consacre cette liberté, comme l’a fait Philippe Bas, le sénateur LR à l’origine de la formulation actuelle. Reste que concrètement, si une loi restreignant les conditions d’exercice de cette liberté venait à être votée, on ne voit pas comment au motif que « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse », le Conseil constitutionnel pourrait juger qu’une loi qui détermine les conditions dans lesquelles s’exerce cette liberté n’est pas conforme à la Constitution… Il est possible (et on l’espère probable) qu’il ne juge pas conforme à la Constitution une loi restreignant fortement l’IVG, mais le cas échéant, il le ferait au motif qu’elle priverait de garanties légales cette « liberté de la femme qui découle de l’article 2 de la Déclaration de 1789 », et non en invoquant ce nouvel alinéa de l’article 34, assurément vain en l’occurrence [6].

    En remplaçant « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse » (formulation votée par l’Assemblée nationale déjà marquée par une dégradation issue de la recherche d’un compromis [7]) par « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse », le Sénat a considérablement diminué et dénaturé la proposition de loi : il n’est plus affirmé que la loi garantit quoi que ce soit, les notions d’effectivité et d’égal accès ont disparu, le « droit » est devenu une « liberté », cette liberté est maintenant spécifiquement celle de « la femme », l’accent est mis sur l’existence de conditions à l’exercice de cette liberté…

    Sous plusieurs aspects, l’ajout dans la Constitution de cette mention purement symbolique puisqu’inutile sur le plan juridique (comme le reconnaissent d’ailleurs les promoteur∙ices de la proposition de loi actuelle) serait nuisible, et ce précisément sur le plan symbolique.

    Un ajout nuisible notamment sur le plan symbolique
    On peut déjà relever que dans la proposition de loi constitutionnelle reformulée par le Sénat, la mention du droit à l’IVG a été remplacée par celle de la liberté de mettre fin à sa grossesse. L’enjeu de cette modification n’est pas juridique car cela ne change rien au pouvoir de censure par le Conseil constitutionnel d’une loi restreignant exagérément ce droit ou cette liberté [8]. L’enjeu était en fait symbolique : il s’agissait pour les parlementaires conservateurs (majoritaires au Sénat) d’éviter qu’un droit fondamental à l’avortement soit symboliquement consacré, au même titre que le sont par exemple le « droit de propriété » (dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, art. 2 et 17) et le « droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé » (proclamé par la Charte de l’environnement de 2004, et reconnu par le Conseil d’Etat le 20 septembre 2022 comme « présent[ant] le caractère d’une liberté fondamentale »). Ainsi, loin de consacrer un droit fondamental à l’avortement, l’inscription dans la Constitution de la mention proposée peut se lire au contraire en creux comme conservant la trace d’un refus de le faire.

    Par ailleurs, la motivation de ce refus est éminemment problématique. Pour reprendre les mots prononcés par Philippe Bas le 1er février 2023, lors de la défense en séance publique de cette formulation dont il est l’auteur, « il n’y a pas de droit absolu ; il y a une liberté déjà reconnue et que nous pouvons écrire dans la Constitution, mais à la condition que soient conciliés les droits de la femme enceinte de mettre fin à sa grossesse et la protection de l’enfant à naître après l’achèvement d’un certain délai ». Ce qui doit retenir l’attention ici n’est pas seulement l’affirmation que le droit d’avorter ne saurait être absolu (précision inutile car aucun droit ne l’est, pas plus qu’aucune liberté) mais la mention de la « protection de l’enfant à naître après l’achèvement d’un certain délai ».

    En effet, il est ici affirmé que l’embryon ou fœtus est un « enfant à naître » à partir d’une certaine durée de gestation et qu’il doit à ce titre être protégé. Voilà qui nous tire bien plus en direction de la loi de l’Etat de Georgie évoquée plus haut que vers une affirmation du droit fondamental d’interrompre sa grossesse (qui secondairement, implique de ne jamais transformer en enfant la potentialité d’enfant que constitue l’embryon ou fœtus qu’on porte). Voilà qui nous éloigne également de la recommandation faite par l’Organisation mondiale de la santé de ne pas fixer de durée de gestation au-delà de laquelle l’avortement serait interdit – et de dépénaliser complètement celui-ci [9].

    Par ailleurs, comme l’avait soutenu un ensemble d’associations, collectifs et personnalités notamment féministes dans une tribune publiée en novembre 2022, préciser dans la Constitution le sexe des personnes concernées pose deux problèmes. D’une part, affirmer la relativité de cette liberté en la conditionnant à une caractéristique des personnes revient à contredire son caractère fondamental. D’autre part, la référence à la liberté de « la femme » pourrait priver du bénéfice de cette disposition les personnes susceptibles de recourir à un avortement sans être des femmes à l’état civil, qu’il s’agisse d’hommes intersexes, d’hommes trans ou de personnes étrangères bénéficiant d’une mention de sexe « neutre » ou « autre ».

    Cependant, ici encore l’enjeu est surtout symbolique car on doute qu’une personne n’étant pas de sexe féminin à l’état civil se voie concrètement refuser le droit d’avorter dans les mêmes conditions qu’une autre du « bon sexe » : c’est hélas plutôt l’idée qu’une telle personne puisse mener à terme une grossesse qui dérange certain∙es… En restreignant aux femmes cet ajout proposé à la Constitution – et a fortiori en parlant de « la femme » –, la droite conservatrice renforce symboliquement l’idée que seule une personne de sexe féminin à l’état civil peut être dotée de la capacité de gestation (bien que la réalité la démente), et ce n’est évidemment pas fortuit. Cette reformulation s’inscrit dans le cadre d’un combat politique réactionnaire auquel cet ajout apporterait une petite victoire.

    Et puis, ne voit-on pas qu’en mettant l’accent sur l’idée que la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté d’avorter, on inscrit symboliquement dans la Constitution avant tout le principe d’un encadrement de cette liberté ? Finalement, en forçant le trait, c’est un peu comme si au lieu d’inscrire dans la Constitution l’idée que la France assure l’égalité des citoyens devant la loi sans distinction d’origine ou de « race », on avait tenu à marquer symboliquement l’attachement de la France à l’égalité des droits en inscrivant quelque chose du style : « La loi détermine les conditions dans lesquelles le Français d’origine étrangère [ou de race non blanche] accède aux mêmes droits que le Français de souche [ou le Blanc] ».

    Pourquoi faire de telles concessions à la droite conservatrice alors même que cet ajout dans la Constitution de 1958 ne protègera ni n’affermira en rien le droit à l’avortement ? Quelle est la contrepartie ? Pouvoir se vanter d’avoir fait de la France l’un des premiers Etats à avoir inscrit l’avortement dans sa constitution, peu importe de quelle manière ? Pouvoir se féliciter d’avoir fait avancer une revendication féministe en dépassant les oppositions partisanes, quitte à ce qu’il n’y ait là qu’un trompe-l’œil ? Pire qu’inutile, cette inscription dans la Constitution enregistrerait une défaite face au camp conservateur. L’idée était bonne mais les conditions n’ont pas été réunies pour la concrétiser correctement [10], dont acte. Plutôt que de faire vite et mal, attendons qu’elles le soient.

    Odile Fillod

    #IVG #femmes #backlash #féminisme

  • Le Planning familial de la Gironde ciblé par un groupuscule d’extrême droite pour la deuxième fois en deux semaines
    Un message contre le droit à l’avortement a été inscrit en rouge sur la façade des locaux à Bordeaux. L’association a déposé une nouvelle plainte « pour délit d’entrave à l’IVG ».

    https://www.francetvinfo.fr/societe/ivg/le-planning-familial-de-la-gironde-cible-par-un-groupuscule-d-extreme-d

    Article rédigé par
    franceinfo avec AFP
    France Télévisions
    Publié le 24/02/2023 07:19 Mis à jour le 24/02/2023 07:40

    « Ces attaques sont inadmissibles et choquantes. » Pour la deuxième fois en deux semaines, le Planning familial de la Gironde a été vandalisé par un #groupuscule_d'extrême_droite, a annoncé l’association, jeudi 23 février, dans un communiqué. Cette dernière a déposé une plainte « pour délit d’entrave à l’IVG », comme la première fois.

    Dans la nuit de mardi à mercredi, « une inscription en lettres rouges, ciblant l’#IVG, revendiquée par ’#Action_directe_identitaire' et une Croix de Lorraine » ont été inscrits sur la façade de nos locaux à Bordeaux, a précisé à l’AFP Annie Carraretto, coprésidente du Planning familial dans le département. D’après elle, le précédent message découvert sur la devanture le 8 février « visait, lui, les actions menées en faveur de la #contraception_masculine ».

    « Faire front commun face à ces attaques incessantes »

    « Si l’inscription diffère, le message reste le même : nos actions pour défendre les #droits_sexuels
    _ et_reproductifs dérangent. Mais nous ne nous laisserons jamais impressionner ni par ces méthodes, ni par ces personnes. Attaquer notre devanture, c’est aussi tenter d’intimider nos publics par des actions ’choquantes’ », écrit le Planning familial.

    Ces « attaques » sont « la traduction d’une extrême droite de plus en plus implantée et décomplexée sur notre territoire, comme en témoigne le grand nombre d’élus locaux attachés au Rassemblement national. Elles sont aussi l’expression d’un conservatisme anti-choix, anti-IVG, anti-LGBT fort sur notre ville de #Bordeaux », estime le #Planning_familial. Afin de « faire front commun face à ces attaques incessantes », l’association appelle à un rassemblement de soutien le 1er mars à 17h30 à Bordeaux.

    De son côté, le maire de la ville, Pierre Hurmic, a condamné « avec la plus grande fermeté », sur Twitter, cette « attaque inadmissible qui démontre la décomplexion de ces idées nauséabondes ».

  • Google targets low-income women with ads for anti-abortion pregnancy centers, study shows
    https://www.theguardian.com/world/2023/feb/07/google-targets-low-income-women-anti-abortion-pregnancy-center-study

    Low-income women in some cities are more likely than their wealthier counterparts to be targeted by Google ads promoting anti-abortion crisis pregnancy centers when they search for abortion care, researchers at the Tech Transparency Project have found.

    #IVG

  • Nancy Howell Lee : une pionnière dans l’analyse des chaînes relationnelles – Mondes Sociaux
    https://sms.hypotheses.org/33475

    Dans les années 1960, alors que l’avortement était illégal aux Etats-Unis, la sociologue Nancy Howell Lee a mené une analyse pionnière des chaînes de relations personnelles permettant aux femmes de trouver quelqu’un pouvant les aider à avorter. Aujourd’hui l’analyse des chaînes relationnelles est au cœur de travaux de sociologues sur des questions variées, notamment l’accès au marché du travail, aux ressources mobilisées par des malades, ou pour créer une entreprise.

    Au Texas, depuis 2021, l’avortement est à nouveau illégal. L’aide à l’avortement est également condamnée, la délation est même encouragée par des primes. Les femmes n’auront pu avorter dans des conditions légales que pendant 50 ans. Dans les années 60, l’avortement était illégal aux Etats-Unis comme en France, et pourtant des centaines de milliers de femmes étaient contraintes d’y avoir recours.

    En 1969, Nancy Howell Lee, une chercheuse américaine a étudié ce phénomène dans le cadre de sa thèse, s’intéressant aux circonstances des grossesses involontaires et de la prise de décision conduisant à un avortement, à la recherche d’une personne pratiquant l’avortement, à la manière dont l’avortement s’est déroulé, aux suites physiques, psychologiques et dans les relations avec le partenaire masculin ou avec les autres personnes. Il s’agissait aussi de comprendre la circulation d’information, et surtout les inégalités sociales. Elle a publié ensuite un ouvrage qui n’a jamais été traduit en français

    #avortement #ivg #socio

  • Avortement : Paul Milliez, le témoin courageux qui a bouleversé le procès de Bobigny en 1972
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/11/08/avortement-la-courageuse-conversion-du-docteur-paul-milliez-au-proces-de-bob

    Un article extraordinaire sur une personne (une belle personne) que je ne connaissais pas. J’ai toujours été fasciné par les gens qui gardaient une droiture de leurs idées devant la pression de leur propre groupe social. Et je m’interroge depuis longtemps sur les qualités propres de ceux que l’on a appelé dans les années 1970 les « gaullistes de gauche ». Souvent bien plus de gauche avec leur droiture et leur dévouement que la gauche officielle.
    En tout cas, l’article est d’une grande beauté, d’une force de conviction qui tire les larmes.
    C’est d’autant plus important que ce que l’on croyait acquis concernant le droit des femmes est aujourd’hui largement remis en cause dans le monde entier. Il faudra que des gens honnêtes basculent de nouveau dans le camp de la liberté pour que l’on puisse revenir sur cette tendance mortifère.
    Chapeau bas Monsieur Milliez.

    Récit
    Il y a cinquante ans, le procès de Bobigny ouvrait la voie à la dépénalisation de l’avortement en France. L’avocate Gisèle Halimi y obtint la clémence pour des femmes mises en cause grâce à l’engagement de ce professeur de médecine. Un acte de courage qui allait contre ses convictions catholiques.
    Cet article peut être écouté dans l’application « La Matinale du Monde »

    C’est l’un des héros méconnus du procès de Bobigny. L’un de ses « grands témoins » dont la déposition, le 8 novembre 1972, a eu un impact considérable et fait – peut-être – basculer l’opinion du tribunal vers un jugement historique de clémence à l’égard de quatre femmes mises en cause dans un avortement. « Un humaniste d’exception », dira l’avocate Gisèle Halimi, qui savait ce qu’il en avait coûté à ce professeur de médecine, catholique fervent, profondément hostile à l’avortement, de venir témoigner dans ce procès destiné à torpiller la loi de 1920 interdisant l’interruption de grossesse. « Un chevalier, se souvient Bernard Kouchner, impérial et fraternel, sincère et terriblement humain. Il savait qu’il paierait très cher son engagement à Bobigny. Mais comme toujours, il a choisi le courage. Et nous autres, jeunes médecins, nous lui vouions une admiration sans bornes. » Robert Badinter en garde lui aussi un souvenir vibrant : « Milliez ! dit-il. Cet homme sans peur, toujours au service des justes causes ! C’était un chrétien de gauche qui savait combien l’humanité est à la fois souffrante et souffrance. Je le ressens comme frère d’esprit. »

    C’est le professeur Jacques Monod qui avait conseillé à Me Halimi de contacter Paul Milliez. Révolté par l’histoire de Marie-Claire Chevalier, violée à 16 ans et dénoncée par son violeur à la police pour s’être fait avorter, le Prix Nobel de physiologie et de médecine avait en effet décidé de soutenir l’avocate dans sa volonté d’entreprendre, à partir de cette affaire, « le grand procès de l’avortement ». Un procès qui n’aurait pas comme seul but de défendre les inculpées (la jeune fille, sa mère et trois « complices » de l’avortement), mais viserait à secouer la société tout entière, provoquer des débats, ébranler les consciences, briser le tabou de l’avortement et dénoncer la législation en vigueur. Un procès qui obligerait les pouvoirs publics à regarder en face un phénomène qui concernait chaque année près d’un million de Françaises et faisait de nombreuses victimes. Un procès qui pointerait l’hypocrisie d’un système dans lequel les plus riches s’en sortaient sans problème, au prix de voyages à l’étranger ou de séjours en clinique privée, tandis que les plus pauvres, soumises aux « faiseuses d’anges », risquaient leur vie et affrontaient les tourments de la justice. Bref, il fallait un procès politique. Le mot ne faisait pas peur à Gisèle Halimi. Le droit était son instrument, l’insoumission sa marque de fabrique, et son métier d’avocate un levier pour changer le monde.

    La règle de base d’un procès politique était claire : il fallait dépasser les faits eux-mêmes, passer par-dessus la tête des juges pour s’adresser à l’opinion publique et la prendre à témoin. La législation était injuste, dépassée, inapplicable, inappliquée : Il fallait la changer. En conséquence, les accusées ne devaient pas nier les faits, ne pas demander pardon, ne pas réclamer l’indulgence. D’accusées, elles se feraient accusatrices de la loi et de tout un système. Et autour d’elles, de « grands témoins », hommes et femmes à la stature morale irréprochable, interviendraient pour resituer le sujet sur différents plans : médical, scientifique, sociologique, politique, philosophique. L’audience deviendrait tribune. Gisèle Halimi avait conçu un plan de bataille.
    Simone de Beauvoir bien sûr

    Dans sa manche, il y avait bien sûr plusieurs de ses amies féministes, adhérentes de l’association Choisir, et signataires un an plus tôt du « Manifeste des 343 » paru dans Le Nouvel Observateur, où elles déclaraient publiquement avoir eu recours à l’avortement : Simone de Beauvoir bien sûr, statue du commandeur ; la journaliste Claude Servan-Schreiber ; et puis les actrices Delphine Seyrig et Françoise Fabian, volontaires pour raconter leur propre avortement. Il y avait aussi des politiques : Michel Rocard, fondateur du Parti socialiste unifié, et le gaulliste de gauche Louis Vallon. Des scientifiques devaient jouer un rôle majeur : le biologiste Jean Rostand, les deux Prix Nobel de médecine Jacques Monod et François Jacob. Et puis Simone Iff, la présidente du Planning familial. Mais il manquait « une grande conscience », proche de l’Eglise catholique, dont l’influence était encore majeure dans la France des années 1970. C’était bien sûr une gageure, tant l’Eglise et l’épiscopat n’avaient cessé de répéter leur opposition radicale à l’avortement. Mais l’avocate s’est mis en tête de rallier le professeur Milliez, doyen de la faculté de médecine Broussais-Hôtel-Dieu, résistant de la première heure, connu pour son sens de l’éthique et ses engagements humanitaires, mais aussi pour sa foi chrétienne qui lui avait fait, un temps, songer à la prêtrise. Ce serait, si l’on ose dire, sa plus belle prise.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Droit à l’avortement : « J’avais en moi une rage, une force sauvage, je voulais me sauver », explique Gisèle Halimi

    Alors un soir de la fin de l’été 1972, elle sonne au domicile du professeur Milliez, dans le 8e arrondissement de Paris. Il la reçoit avec courtoisie, regard fiévreux, silhouette de cathédrale. Elle lui explique l’affaire « Marie-Claire Chevalier », ce cas flagrant d’injustice, de maltraitance, de discrimination sociale. Elle raconte la détresse de la mère, une femme remarquable d’honnêteté et de dignité, employée de la RATP, qui élève seule ses trois filles qu’un père a abandonnées sans prendre le temps de les reconnaître. Elle parle de la solidarité qui, dans ce milieu si modeste, a conduit des collègues du métro à chercher « une adresse » pour soulager la lycéenne qui refusait à tout prix cette grossesse contrainte. Elle évoque l’avortement raté et le chèque sans provision déposé par la mère angoissée à l’entrée d’une clinique privée chargée de rattraper les dégâts causés par l’avorteuse et sauver la vie de Marie-Claire. Elle décrit enfin la descente des policiers, au petit matin, dans l’appartement HLM des Chevalier, pour embarquer la mère et la fille dénoncées par le violeur…

    Paul Milliez, alors âgé de 60 ans, écoute avec gravité, ses longues mains croisées sous le menton. Mais il tient à être clair vis-à-vis de l’avocate : il est viscéralement contre l’avortement, crime absolu, crime odieux. Il le dit. Il le martèle. Elle l’entend et se lève. « Dans ces conditions, je ne peux pas vous demander de venir témoigner… » Elle saisit son cartable, attrape son manteau et se dirige déjà vers la porte. Le professeur est debout, comme désemparé. « Je pourrais écrire une lettre au tribunal… », dit-il, presque à lui-même. Son visage, racontera l’avocate, trahit une lutte intérieure. Une tension entre ses convictions religieuses, sa détestation de l’injustice et sa compassion naturelle pour les femmes en détresse. Au moment où elle ouvre la porte et se dirige vers l’ascenseur, il la rattrape : « Restez ! Cette affaire est injuste, insupportable. Je ne peux l’ignorer. Je ne peux pas me dérober. J’irai témoigner à Bobigny. »
    Le tourment, la détermination et la révolte

    La fille aînée de Paul Milliez assiste par hasard à la scène. Jeune médecin de 34 ans, mère de famille, Françoise Guize-Milliez est passée ce soir-là embrasser ses parents, qui sont ses voisins. Elle connaît bien son père. Elle lit sur son visage. Il saisit à la fois le tourment, la détermination et la révolte. Elle se doute qu’il s’agit d’un moment crucial. « C’était à la fois spectaculaire et émouvant, se souvient-elle. Mon père ne s’engageait jamais légèrement. Il se doutait que sa décision était de nature à bouleverser sa vie. Mais je pense qu’il ne savait pas à quel point. »

    Le médecin invite l’avocate à revenir dans son bureau. Elle le regarde, étonnée et reconnaissante, mais ne veut pas qu’il y ait entre eux le moindre malentendu. « Professeur, je vous demanderai publiquement à la barre : “Si Marie-Claire était venue vous consulter, qu’auriez-vous fait ?” » Il la fixe dans les yeux : « Je l’aurais avortée. » Elle insiste : « Je vous demanderai aussi : “Si votre fille, à 17 ans, était venue vous dire qu’elle était enceinte.” » Il ne baisse pas le regard : « J’aurais essayé de la convaincre de mener sa grossesse à terme. Si elle avait refusé, je l’aurais fait avorter. » C’est ainsi, dira Gisèle Halimi, que « Paul Milliez est devenu mon témoin capital ». Elle savait qu’en dépit de multiples pressions il ne se dégonflerait pas.
    Le 22 novembre 1972, à l’issue du procès de Bobigny, Gisèle Halimi (à gauche), avocate de la jeune Marie-Claire Chevalier (au 1er plan) accompagnée de sa mère (derrière elle), parle aux journalistes. Le verdict de ce procès, à savoir la relaxe de la jeune fille et de 3 autres femmes qui se sont fait avorter, est l’acte déclencheur du processus qui conduit au droit à l’avortement en 1974 en France.
    Le 22 novembre 1972, à l’issue du procès de Bobigny, Gisèle Halimi (à gauche), avocate de la jeune Marie-Claire Chevalier (au 1er plan) accompagnée de sa mère (derrière elle), parle aux journalistes. Le verdict de ce procès, à savoir la relaxe de la jeune fille et de 3 autres femmes qui se sont fait avorter, est l’acte déclencheur du processus qui conduit au droit à l’avortement en 1974 en France. KEYSTONE-FRANCE / KEYSTONE-FRANCE

    Le jour J, ce 8 novembre 1972, il est donc là. A Bobigny. Les abords du tribunal correctionnel ont été pris d’assaut par des groupes de militantes du Mouvement de libération des femmes et de Choisir qui manifestent bruyamment leur soutien aux quatre accusées, galvanisées par la relaxe de Marie-Claire, obtenue trois semaines plus tôt au tribunal pour enfants. Une victoire éclatante pour Gisèle Halimi qui sait cependant que la bataille la plus importante reste à livrer. Car ce jour, c’est la mère de Marie-Claire et ses trois complices qui vont être jugées. Et la compassion dont avait fait preuve le premier tribunal ne sera plus à l’ordre du jour.

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    « Mon devoir était d’aider cette femme »

    Le professeur Milliez est appelé, après Michel Rocard, à la barre des témoins. Et d’emblée, sans même qu’on lui pose la question, il affirme, d’une voix ferme, qu’il aurait aidé Mme Chevalier, si elle était venue le consulter, et qu’il aurait fait son « devoir », comme il l’a toujours fait lorsqu’il s’est trouvé confronté à « des cas dramatiques » similaires. Il va même plus loin en confiant avoir personnellement réalisé un avortement, à l’âge de 19 ans, alors qu’il était externe à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne. La femme – une mère de quatre enfants abandonnée par son mari – était arrivée exsangue à l’hôpital après une tentative d’avortement ratée.

    « Cela n’est pas faire acte d’avortement, c’est réparer les conséquences », avance le président du tribunal. Non, rétorque Milliez. « Si je n’étais pas intervenu, sa grossesse se serait poursuivie. Je ne peux pas vous dire que j’ai fait cela sans troubles de conscience. J’étais alors catholique pratiquant. Mais j’ai considéré que mon devoir était d’aider cette femme dans la situation difficile où elle se trouvait. » Dans un livre d’entretiens écrit avec Igor Barrère en 1980 (Médecin de la liberté, Seuil), le professeur reviendra sur le cas de cette ouvrière désespérée qui avait introduit des queues de persil dans son vagin, espérant atteindre l’utérus, mais n’avait nullement enrayé sa grossesse. « Si vous ne l’avortez pas, savez-vous ce qu’elle va faire ?, lui avait dit alors son infirmière. Elle n’a plus qu’à aller se jeter dans la Seine. Enceinte, elle va perdre son emploi, n’aura aucun moyen de subsistance, ne pourra plus nourrir ses quatre petits… » La situation avait paru insoluble au jeune externe qui l’avait donc avortée.
    Lire aussi Gisèle Halimi, défenseuse passionnée de la cause des femmes, est morte

    « Depuis, continue le professeur à la barre des témoins, j’ai favorisé un certain nombre d’avortements, pas seulement thérapeutiques mais aussi sociaux. » Cela concerne notamment les filles violées qu’il choisit d’aider systématiquement (comme les nombreuses victimes d’inceste, « des gamines enceintes de leur père », précisera-t-il plus tard à Igor Barrère). Mais aussi d’autres femmes en situation de détresse financière. Car l’injustice sociale le révulse. « Il n’est pas d’exemple qu’une Française riche ne puisse se faire avorter, soit très simplement en France, soit à l’étranger. On a toujours assez d’argent dans ces cas-là pour un avortement fait dans de bonnes conditions. Les femmes pauvres, je ne les voyais qu’une fois qu’elles avaient fait leur tentative d’avortement. Mais quelle tentative et dans quelles conditions ! J’ai vu mourir des dizaines de femmes après des avortements clandestins. » Et le médecin de raconter, avec colère, la situation avant-guerre d’une de ces ouvrières de chez Renault « qui donnait deux mois de salaire à un médecin marron pour faire commencer l’avortement que je terminais douloureusement, à l’hôpital, sans anesthésie, parce que mon patron chirurgien, bien que socialiste très mondain, jugeait qu’il fallait que la femme s’en souvienne ».
    Conseils aux avorteurs

    Le président lui demande alors ce qu’il pense des avorteuses professionnelles. Paul Milliez répond qu’il désapprouve celles qui en tirent profit mais que les médecins français devraient comprendre qu’ils ont précisément là « un devoir à remplir ». Et il va plus loin dans la confidence : lui, médecin « foncièrement hostile » par principe à l’avortement, a prodigué pendant des années ses conseils aux avorteurs. « Comme je voyais mourir à Broussais des femmes avortées par des gens qui n’étaient pas qualifiés, j’ai bien été obligé de faire de l’enseignement ! J’ai répété à mes infirmiers, à mes étudiants, pendant des mois, qu’on n’avait pas le droit de faire un avortement sans faire de la pénicilline parce qu’une femme qui est avortée sans antiseptique a de grands risques de faire un accident. » Faire preuve de pragmatisme, affronter la réalité, tendre la main aux femmes… et se résoudre à l’avortement « quand il n’y a pas d’autre possibilité ».

    La solution, dit-il, est indiscutablement la contraception. « Il faut permettre aux femmes qui ne veulent pas d’enfants de ne pas attendre d’enfants. C’est à la femme de choisir. Ce n’est pas à nous d’imposer nos conceptions d’hommes, et d’hommes riches. » Quant à la loi de 1920, « inique », « mal faite », elle devrait d’urgence être changée. « Il faut que les femmes puissent avoir recours à la contraception et que, dans certains cas, elles puissent se faire avorter. Voilà la position du chrétien que je suis. »

    Le professeur était donc allé bien au-delà de ce que pouvait espérer l’avocate. Elle posera pourtant les questions qu’elle lui avait annoncées le soir de leur première entrevue. Et aux deux, il répondra positivement, avouant toutefois son déplaisir à comparaître dans ce procès – « Ne croyez pas, Me Halimi, que cette déposition ne me coûte pas, elle me coûte lourdement » – en même temps qu’un sentiment de devoir à l’égard de Marie-Claire. « Si ma femme avait été veuve, sans argent, avec des enfants, je suis sûr qu’elle aurait pris la même attitude que Mme Chevalier. Elle aurait fait avorter sa fille de 16 ans et elle aurait eu raison. »
    Blâme public au professeur

    Voilà. Un grand catho élevé chez les jésuites, père de six enfants, avait exposé la caducité d’une législation répressive totalement déconnectée de la réalité. Il avait confié ses tourments et scrupules en décrivant avec justesse l’hypocrisie d’un système mortifère. Une déferlante allait s’abattre sur sa tête.

    D’abord, il fut convoqué par le ministre de la santé, Jean Foyer, en présence du président du conseil national de l’ordre des médecins. Le ministre, lui-même très catholique, tenait à lui exprimer sa désapprobation à l’égard des propos tenus à Bobigny. Milliez s’est cabré : comment accepter l’injustice ? Comment se satisfaire d’une situation dans laquelle les femmes pauvres restent démunies et traquées, quand les femmes riches peuvent avorter sans risques dans des pays voisins ? « Ce n’est pas une raison pour que le vice des riches devienne le vice des pauvres », rétorqua Jean Foyer. Dès le lendemain, le conseil de l’ordre des médecins infligeait un blâme public au professeur qui en fut stupéfait – aucune procédure habituelle n’avait été respectée – et atteint.
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    « Il ne regrettait rien, bien sûr, affirme sa fille Françoise. Il avait agi en son âme et conscience. Et nous, sa famille, adhérions à son éthique et le soutenions avec admiration. Oui, j’avais ressenti un certain choc en entendant qu’il aurait fait avorter sa propre fille si elle avait connu la détresse d’une grossesse non voulue. C’était… si étonnant cet aveu dans un tribunal ! Si personnel ! Mais justement. Cela prouvait son amour et sa profonde sincérité. »

    Jacques Milliez, son fils, né en 1943, avait passé l’oral de l’internat de médecine en 1967 en planchant sur la question : « Complications des avortements criminels ». Un sujet auquel il avait lui aussi été confronté, très tôt, en voyant débarquer aux urgences de l’hôpital des femmes sauvagement avortées. Lui-même, gynécologue, dit avoir pratiqué des avortements clandestins, dans les années 1970, lors de ses nuits et week-ends de garde, en liaison avec le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. « Tous les copains le faisaient, dit-il. Notre obsession était moins la liberté des femmes à disposer de leur corps que l’urgence de réduire la mortalité maternelle et les séquelles abominables d’avortements clandestins. »
    Réaction outrée des bourgeois

    Des discussions avec son père ? Non, il ne s’en souvient pas. Il avait quitté le nid familial et plongé avec fougue dans son métier. Mais des répercussions de Bobigny, oui ! De la hargne de grands patrons jaloux et hypocrites qui envoyaient leurs maîtresses avorter en Suisse mais reprochaient à Milliez sa compassion pour les femmes pauvres. De la réaction outrée des milieux bourgeois, ultraconservateurs et bien-pensants, qui tournèrent le dos à Milliez, forcément influencé, selon eux, par ses amis communistes (depuis la Résistance) et gauchistes. Et de la rancœur d’une partie de l’Eglise qui ne pardonnait pas au professeur son éloignement du dogme et cette phrase, prononcée dans un entretien au Monde, trois semaines après Bobigny : « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l’ensemble des Français. »
    Lire aussi un entretien avec Paul Milliez (1972) : Article réservé à nos abonnés « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l’ensemble des Français », déclare le professeur Paul Milliez

    « Un jour où je remontais les Champs-Elysées pour aller au cinéma avec mon mari, se rappelle Françoise Guize-Milliez, la manchette d’un journal populaire affichée sur un kiosque m’a horrifiée : “Le professeur Milliez avoue avoir fait 1 000 avortements.” C’était dingue. Tout et n’importe quoi était décidément colporté. Ma grand-mère, qui vivait alors dans une pension de famille à Neuilly, retrouvait sous sa porte des messages accusant son fils d’être un assassin. Cela a plongé mon père dans un grand désarroi. » En 1973, l’Académie de médecine lui refusa une place à laquelle il pouvait naturellement prétendre. En 1974, il reçut un nouveau blâme du conseil de l’ordre sous un prétexte fallacieux, suscitant la réaction indignée de médecins anciens résistants qui dénoncèrent « une machination » destinée à faire taire ou abattre « un médecin de réputation mondiale, homme de cœur, de progrès et de courage ».

    Pendant ce temps, des Françaises de tous âges et de toutes conditions, alertées par le tumulte autour de Bobigny, se tournaient vers le professeur pour avoir de l’aide. Des centaines de lettres lui parvinrent à l’hôpital Broussais ou à son domicile, qui étaient autant d’appels au secours. Il répondait comme il pouvait, conseillait, rassurait. Il adressait telle patiente enceinte à un gynécologue de ses connaissances, fixait en urgence un rendez-vous à telle autre qu’il pressentait en grand danger. Ces lettres qu’il a remises un jour à Gisèle Halimi, conscient de leur intérêt historique, et qui sont, pour certaines, publiées sur le site de Choisir, dressent le tableau d’une époque où l’éducation sexuelle et la contraception n’existaient pas, ou peu ; où les femmes pauvres souffraient d’un grand isolement et d’un manque quasi total d’information ; et où l’annonce d’une grossesse non désirée suscitait panique et désespoir.

    22 novembre 1972

    Monsieur,

    Je m’excuse de vous déranger, mais peut-être êtes-vous mon salut, mon seul refuge, de vous dépend ma vie. Voici : je suis enceinte et ne veux absolument pas de cet enfant, en ayant déjà cinq et un mari malade du cœur. J’ai fait tout ce que je pouvais pour faire une fausse couche mais rien n’y fait. J’ai donc pris une assurance-vie et ainsi, je pourrai me suicider sans laisser mon mari et mes enfants dans le besoin du moins dans l’immédiat car n’étant pas riche, je n’ai pu prendre une assurance-vie de plus de 3 200 000, j’écris en anciens francs. Mais ce qui m’ennuie le plus dans ce projet, c’est mon petit garçon de 3 ans. Il est toujours derrière moi et dès qu’il ne me voit plus, il m’appelle et me cherche partout (…) Aussi, je vous demanderai si vous pouvez quelque chose pour moi SVP, ou si vous ne pouvez pas, ce que je comprends très bien à cause de la loi, pouvez-vous me donner l’adresse et le montant d’une clinique en Angleterre SVP. Je vous en prie, Professeur, essayez. Seulement je vous demanderais de me répondre vite SVP, car la 24e semaine se termine le 10 décembre. (…)

    Réponse du professeur

    Madame,

    Venez me voir le plus rapidement possible, dès samedi matin 2 décembre, si ma lettre vous arrive à temps. Avec mes sentiments dévoués.

    26 novembre 1972

    Docteur,

    J’ai 21 ans et je suis enceinte de cinq mois et demi, je travaille dans la ferme avec mes parents. Je viens vous demander de me faire avorter, je ne voudrais pas avoir des inconvénients avec ma santé plus tard. (…) S’il vous plaît, merci de me dire le nombre de jours d’hospitalisation et le prix que je dois verser. Ou alors s’il y a un médicament à prendre pour provoquer une fausse couche. (…)

    Réponse du professeur

    Mademoiselle,

    Il n’est pas question, à cinq mois et demi, de vous faire avorter. Ce serait folie. On risquerait de vous tuer et de tuer un enfant vivant. Réfléchissez à ce crime. Je suis naturellement prêt à vous voir dans mon bureau à l’hôpital Broussais. Avec mes sentiments dévoués.

    29 novembre 1972

    Docteur,

    Je viens par ce petit mot vous faire part de mon problème. Voilà, je suis enceinte de trois semaines. J’ai déjà trois garçons et je n’ai que 25 ans. Je ne voudrais pas le garder, car trois, j’estime que j’en ai assez. Mon mari ne le sait pas. Je viens voir si vous pourriez pas m’avorter. Dites-moi combien vous prenez, car, vous savez, je ne suis pas bien riche. (…)

    Réponse du professeur

    Madame,

    Je ne suis pas un avorteur, et je n’ai pas coutume de faire payer des malades qui sont dans une situation modeste. Il faut vous adresser à (…).

    Recevez, Madame, l’expression de mes respectueux hommages

    8 mars 1973

    Professeur,

    Je vous écris car j’ai lu un de vos articles dans Détective sur l’avortement et je suis de ce cas-là. Je suis fille mère, j’ai déjà deux petites filles de 4 et 2 ans. Je ne veux pas du troisième que je porte. Je suis enceinte de deux mois et demi. Professeur, pouvez-vous faire quelque chose pour moi ? Car je suis bien embêtée, je travaille en usine, mais je n’arrive pas assez à gagner ma vie pour moi et mes deux gosses. Pouvez-vous me répondre, Professeur, ou me donner un RDV ? Pouvez-vous me le faire passer ? (…)

    Réponse du professeur

    Mademoiselle,

    Il faut que je vous voie le plus vite possible. Venez le samedi matin 17 mars à 8 h 45 à mon bureau de l’hôpital Broussais. Avec mes sentiments dévoués.

    En décembre 1974, Paul Milliez fut victime d’un accident opératoire qui le plongea dans le coma. Soigné avec ferveur par ses élèves, il revint à lui mais dut lutter plusieurs années pour retrouver l’usage total de son corps, ce qui ne l’empêcha pas de continuer ses consultations à Broussais, de poursuivre ses recherches en demeurant l’un des plus grands spécialistes de l’hypertension artérielle, d’être appelé en consultation auprès de nombreux chefs d’Etat étrangers, de dénoncer aux côtés des étudiants et des infirmières la misère des hôpitaux, de défendre « la fonction sociale du médecin-citoyen » et de mener une multitude de combats dans de nombreux pays du monde, fidèle notamment à la Palestine et au Liban. Quand il s’est éteint, en 1994, à l’âge de 82 ans, Le Monde publia un long article d’hommage intitulé « Le courage du croisé ». C’est l’image qu’en gardait Gisèle Halimi, à jamais reconnaissante à ce médecin ardent de son intervention décisive à Bobigny.

    Annick Cojean

    #Paul_Milliez #Avortement #Procès_Bobigny

  • Accouchement physiologique : quel avenir ? – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/10/19/accouchement-physiologique-quel-avenir

    Ce texte a été mis en ligne le 19 octobre 2022, soit, à un moment où l’on sait que la maternité des Lilas échappe à la menace de la fusion avec la clinique Vauban de Livry-Gargan et que l’on connaît le nouveau schéma général imposé par l’ARS.

    Selon ce schéma, le service d’orthogénie reste aux Lilas et le service d’accouchement est adossé à une structure médicale d’une autre ville.

    Fait nouveau, qui mérite d’être souligné, il est prévu que cet adossement se fasse auprès d’un établissement public. Deux hypothèses, au titre de nouveau prétendant au mariage forcé, sont à nouveau sorties du tiroir de l’ARS : d’une part, le grand retour du CHI André Grégoire de Montreuil et, d’autre part, la clinique des Bluets, réputée pour être historiquement proche de la maternité des Lilas, du point de vue des méthodes d’accouchement physiologique1.

    Les menaces sur la fin du bail de la maternité semblent levées mais les problèmes posés par les dérives de gestion de l’association Naissance (qui représente officiellement la maternité des Lilas) restent entiers2.

    Je tâcherai, dans un autre texte, de comprendre comment et pourquoi nous en sommes arrivés là. Pour l’heure, il me semble que la priorité devrait être de permettre à la maternité de « sortir de la nasse ».

    En rédigeant les lignes qui suivent, je me suis humblement donné comme but, de contribuer à cet objectif. J’aurais, bien entendu l’occasion de défendre ces positions, lors de la prochaine réunion publique du collectif de soutien à la maternité des Lilas.
    Analyse de la situation, à chaud

    Les informations fournies en octobre 2022 permettent de lever le doute sur les hypothèses des plus inquiétantes que j’ai évoquées après la parution de l’article du Monde du 28 août 2022.

    La maternité dispose donc encore d’un répit supplémentaire, ce qui n’est pas du luxe.

    On pourra dire, comme cela a été évoqué en réunion, que le « recul » de l’ARS représente une victoire, faisant suite à la mobilisation qui s’est mise en place depuis le printemps dernier (rassemblements, pétitions, articles de presse, etc.). Sans aucun doute !

    Néanmoins, il me semble indispensable de rester lucide :

    Primo, depuis plus de dix ans, ce n’est pas la première fois que l’ARS revient sur ce qu’elle a dit ; d’une certaine manière, cela constitue même sa spécialité.

    Quels que soient les obstacles rencontrés, en dépit de ses contradictions ou de ses propres revirements, l’agence régionale de Santé Île-de-France, tel le gros matou d’un dessin animé, retombe toujours sur ses pattes pour finalement parvenir à ses fins.

    Qui pourrait honnêtement prétendre que la situation actuelle de la maternité des Lilas représente une avancée par rapport à celle de juin 2011 ?

    Si l’on regarde sur le temps long, ces multiples revirements s’orientent toujours vers le même but : celui d’empêcher la maternité de continuer d’exister selon les principes féministes inscrits dans ses pratiques professionnelles.

    Secundo, on est bien obligé de reconnaître que le nouveau projet de l’ARS se présente ni plus ni moins sous la forme brutale d’une mutilation. On connaissait la vente à la découpe, nous avons ici affaire ni plus ni moins à une forme de « restructuration publique à la découpe ».

    #maternité_des_lilas #accouchement_physiologique #orthogénie #planning_familial #IVG #avortement #féminisme #ARS #Agence_régionale_de_Santé #Politique_de_santé #injonctions_de_l_État #adossement_administratif #déficit_hôpitaux #patrimoine_féministe_professionnel

  • IVG
    Le Sénat rejette l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution
    https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/le-senat-rejette-linscription-du-droit-a-lavortement-dans-la-constitution

    Avec 172 voix contre et 139 pour, la Chambre haute rejette, sans surprise, l’entrée du droit à l’IVG dans la loi fondamentale. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, et la ministre chargée de l’Egalité, Isabelle Rome, ont affirmé leur soutien à cette initiative parlementaire.

    #paywall #IVG #femmes

  • Mise à jour, suite à la réunion du 11/10/2022

    Chronologie de la maternité des Lilas – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/10/07/chronologie-commentee-de-la-maternite-des-lilas

    Septembre 2022 : des rencontres ont lieu au cours desquelles l’ARS précise ses positions auprès des représentants de la maternité et du maire des Lilas.

    Le 11 octobre 2022, lors de la réunion du collectif de soutien, de nouvelles informations, provenant, pour l’essentiel, de ces rencontres avec l’ARS, sont mises à la connaissance du public :

    L’ARS se prononce contre le projet d’intégration à la clinique Vauban du groupe Avec, à Livry-Gargan.
    L’adossement à un établissement public serait désormais privilégié.
    L’ARS admet que le fonctionnement d’un service d’accouchement physiologique, tel qu’il a lieu aux Lilas, est nécessairement déficitaire mais elle estime que le montant du déficit actuel (4,5 M€ annuel) est trop important.
    Selon plusieurs témoignages (le maires des Lilas et des salariées), l’ARS aurait clairement affirmé que le service d’accouchement physiologique ne restera pas aux Lilas. Même l’hypothèse d’un déménagement sur un autre site de la ville serait exclu.
    Le schéma général de l’ARS semble se dessiner ainsi : d’une part, le service d’orthogénie (planning familial et IVG) resterait aux Lilas et, d’autre part, le service d’accouchement serait déplacé sur une autre structure publique, dans une autre ville, à proximité.
    L’orthogénie, qui resterait donc aux Lilas, serait éventuellement complétée par d’autres formes de services, telle qu’une « maison des naissances ».
    Concernant l’accouchement, L’ARS ne se prononce pas clairement pour savoir s’il s’agirait de maintenir une maternité de « niveau 1 », tel qu’à la maternité des Lilas, ou si cela aurait pour conséquence de fusionner vers des maternités de niveaux 2 ou 3. Cette question est centrale depuis 2011, car le fait de revendiquer le maintien du niveau 1 équivaut à garantir le maintien de l’accouchement physiologique, tel qu’il est pratiqué à la maternité des Lilas.
    Deux pistes principales d’adossement semblent être mises sur la table : la clinique des Bluets et, à nouveau, le CHI André Grégoire à Montreuil mais, cette fois-ci, il ne s’agirait plus d’occuper un local désaffecté, comme en 2013. Le maire a également évoqué la possibilité de l’hôpital Robert-Debré mais cette hypothèse a été catégoriquement rejetée par plusieurs professionnel·les.
    La menace qui pesait sur le non-renouvellement du bail semble levée. Par contre, la direction de l’association Naissance, qui pose de sérieux problèmes de confiance et de crédibilité, est dénoncée pour les différentes formes de dérives qui ont émaillé sa gouvernance. L’association Naissance semble être reconnue de façon unanime comme étant une facteur d’aggravation de la crise qui touche la maternité des Lilas alors qu’elle est censée la représenter officiellement.

    #maternité_des_lilas #accouchement_sans_douleur #accouchement_physiologique #psycho_prophylaxie_obstétricale #orthogénie #planning_familial #IVG #avortement #féminisme #ARS #Agence_régionale_de_Santé #Politique_de_santé #T2A

  • Chronologie de la maternité des Lilas – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/10/07/chronologie-commentee-de-la-maternite-des-lilas

    L’histoire récente de la maternité des Lilas a été marquée par un nouveau rebondissement au printemps 2022. L’incroyable succession de péripéties, que cet établissement a rencontré depuis plus de dix ans pour continuer à exercer son activité, semblait d’ailleurs continuer à s’emballer en août dernier.

    Militant de la CGT des agents territoriaux des Lilas, comme beaucoup de personnes, j’ai participé localement aux mobilisations sociales qui se sont déroulées dans la ville pour « soutenir la mater », notamment de 2011 à 2014.

    Précision importante : je considère que je n’étais qu’un militant de base, plutôt en retrait et beaucoup moins impliqué que bien d’autres personnes dans cette lutte (y compris dans mon syndicat, où Jean-Pierre Blouch, était en permanence sur la brèche). Néanmoins je considère, qu’avec les moyens du bord, je me suis réellement investi sur la mater et qu’il s’agit d’une expérience importante.

    Mes motivations militantes dans cette implication étaient et demeurent d’une extrême simplicité : défendre localement, au sein de mon Union locale, les intérêts des salarié·e·s contre leur patron et contre l’État ; se battre contre la délocalisation et la perte d’emplois ; soutenir les conquêtes féministes que sont l’accouchement physiologique, le droits des femmes à disposer de leur corps, le planning familial et l’IVG.

    Je n’ai jamais été regardant sur mon investissement militant quand je suis convaincu qu’il faut défendre une cause. Toutefois, j’ai été saisi d’un malaise en avril dernier, quand j’ai vu que les choses s’emballaient à nouveau. Ce sentiment s’est accentué en août.

    Repartir comme en 40, tel qu’on me l’a gentiment suggéré, me semblait inconcevable. J’avais tout un tas de bonnes raisons pour ne pas m’associer « aux mobilisations sur la défense de la mater » du printemps dernier, mais ce détachement, en définitive, m’a poursuivi et je n’y ai pas retrouvé mon compte, non plus.

    Alors, plutôt que de foncer tête baissée, d’un côté ou de l’autre, il m’a semblé indispensable d’établir une chronologie, pour me remettre en mémoire le mieux possible les enchaînements des faits. Ce n’est qu’au prix de cet effort de reconstitution, parfois, accompagnée d’analyses que nous avions déjà formulées, qu’il me sera possible, de me positionner correctement sur ce qui se passe aujourd’hui autour de la mater.

    Cela commence par tâcher de savoir s’il s’agit encore d’une lutte, au sens, en tout cas, où je l’entends.

    Cette chronologie commentée se définit clairement comme étant partisane, mais je me suis efforcé qu’elle soit construite à partir de faits incontestables et sourcés sur le web.

    Je propose de partager ce travail car il est probable que d’autres personnes doivent éprouver la même nécessité que moi de redéployer les multiples étapes de cette lutte, après l’avoir côtoyée, même de loin. Gageons qu’au-delà de ce type de motivation, on puisse aussi trouver, dans ce document, toute forme possible d’intérêt.

    Les contributions permettant de corriger ou de compléter les informations qui figurent dans cette chronologie, à partir d’éléments factuels et sourcés, seront les bienvenues.

    #maternité_des_lilas #accouchement_sans_douleur #accouchement_physiologique #psycho_prophylaxie_obstétricale #orthogénie #planning_familial #IVG #avortement #féminisme #ARS #Agence_régionale_de_Santé #Politique_de_santé #T2A #tarification_à_l'activité #promesses_non_tenues_François_Hollande

  • L’obiezione è un’incoscienza. Se non vuoi praticare aborti, puoi fare il dermatologo.

    Pochi giorni fa è stata data notizia che a luglio un medico obiettore di Napoli è stato licenziato dalla Asl in cui lavorava dopo che si è rifiutato di prestare cure mediche a una donna alla 18esima settimana di gravidanza. La donna è arrivata al presidio in travaglio, con il feto già privo di battito cardiaco e necessitava di un aborto farmacologico, che il ginecologo non ha voluto praticare appellandosi all’obiezione di coscienza. La paziente è stata salvata da un altro medico, chiamato di urgenza da un’ostetrica. L’Asl di Napoli ha licenziato l’obiettore per omissione di assistenza, e presto il caso passerà alla Procura e all’Ordine dei Medici. In Italia, 7 ginecologi che operano negli ospedali su 10 sono obiettori. La percentuale di obiezione supera l’80% in ben sette regioni, arrivando al 96,9% in Basilicata, senza contare gli anestesisti (48.8%) e il personale non medico (44%). A questo si aggiunge la galassia sommersa di “farmacisti obiettori”. Le virgolette sono obbligatorie, dato che secondo la legge 194/78 (la legge che ha depenalizzato l’aborto in Italia, promulgata nel 1978), “L’obiezione di coscienza esonera il personale sanitario ed esercente le attività ausiliarie dal compimento delle procedure e delle attività specificamente e necessariamente dirette a determinare l’interruzione della gravidanza”. Ma, come specificato dall’OMS, la pillola del giorno dopo e dei cinque giorni dopo – che spesso i farmacisti si rifiutano di vendere adducendo fantasiose giustificazioni su ricette mancanti (che non sono obbligatorie per le maggiorenni) o il grande classico: “Mi spiace ma l’abbiamo finita”, guarda caso quando serve a te – non ha alcun effetto abortivo, pertanto l’obiezione non si può applicare. In Germania gli obiettori sono il 6%, in Francia il 3% mentre in Svezia e in Finlandia non esistono nemmeno.

    Il problema dell’obiezione di coscienza è che rende molto difficile per una donna ottenere l’IVG (interruzione volontaria di gravidanza) entro i tempi previsti dalla legge, cioè entro 90 giorni dal concepimento, conteggiati dal primo giorno dell’ultima mestruazione. Posto che non tutte le donne si accorgono subito di essere incinte e che la legge prevede la cosiddetta “pausa di riflessione” di sette giorni tra il rilascio del certificato medico che autorizza l’IVG e la conferma dell’appuntamento, tre mesi non sono poi così tanti, soprattutto se tutto questo percorso già abbastanza complesso da un punto di vista psicologico e pratico viene ostacolato da medici, infermieri, psicologi, personale sanitario e sistema burocratico. Per non parlare di quelli che si mettono fuori dagli ospedali o dalle università con vangeli, immagini di feti photoshoppati male e crocifissi per terrorizzare le donne che vogliono praticare un aborto. Per quanto la legge 194 tuteli l’obiezione di coscienza, essa sancisce chiaramente che “Gli enti ospedalieri e le case di cura autorizzate sono tenuti in ogni caso ad assicurare l’espletamento delle procedure”. Questo, però, spesso non avviene. L’antropologa Silvia De Zordo ha condotto una ricerca negli ospedali di Roma e Milano per cercare di spiegare le cause della diffusione dell’obiezione di coscienza in Italia. I motivi religiosi, infatti, giustificano solo in parte questo fenomeno. La religione cristiana, ponendo l’accento sulla sacralità della vita sin dal concepimento, equipara l’aborto all’omicidio. Ma in casi come quello di Napoli, l’ostinazione a preservare la vita del feto (per altro già privo di battito cardiaco) ha quasi causato il decesso della madre. La legge 194 protegge l’obiezione di coscienza, ma ancor più la sicurezza delle donne. È stata fatta innanzitutto per contrastare le tecniche di aborto clandestine, a cui le donne ricorrevano per disperazione e che prevedevano pratiche molto pericolose come l’inserimento di ganci nell’utero, l’intossicazione tramite farmaci o erbe velenose, che in molti casi potevano portare a infezioni, perforazioni e quindi a emorragie e non difficilmente alla morte. L’accesso a tecniche mediche sicure per interrompere la gravidanza ha salvato moltissime vite. Ci sono molte altre specializzazioni di medicina altrettanto remunerative che un medico obiettore può intraprendere, se non ha a cuore la vita delle persone che esistono già perché preferisce quelle che devono ancora nascere. Dopotutto, un cristiano ortodosso che considera immorale prelevare organi dai cadaveri non si specializza di certo in trapianti. Storicamente, l’obiezione di coscienza era un atto di coraggio per contrastare un divieto o una legge che si riteneva sbagliata, e le conseguenze potevano essere molto pesanti. Un uomo che rifiutava la leva obbligatoria, ad esempio, veniva punito come un disertore: in tempo di guerra, rischiava la fucilazione. In Italia, l’obiezione di coscienza diventa un diritto dal 1972, anno in cui viene introdotta la legge n. 772. Da questo momento il concetto cambia: il servizio civile (quindi il modo in cui si esercita l’obiezione) è un’alternativa al servizio militare, una scelta. Semplificando, il danno procurato alla collettività per non aver svolto la naja, veniva ripagato con un altro lavoro di utilità sociale. Nel caso dell’aborto, però, non c’è un’alternativa, ma soltanto un enorme squilibrio. Chi fa obiezione per l’aborto non offre un’alternativa all’IVG, ma sottrae a una donna un diritto che per legge le è garantito.

    Non solo: l’obiezione di coscienza del singolo ricade anche sulla gestione del lavoro dell’intero reparto, con conseguenze gravi anche sui non obiettori. L’IVG infatti è una pratica abbastanza semplice e monotona e viene considerata generalmente un lavoro poco gratificante. Questo è dovuto al fatto che i pochi ginecologi non obiettori si ritrovano a praticare da soli tutti gli aborti, che vengono percepiti come un lavoro “accessorio”, nonostante siano la pratica medico-ginecologica più diffusa dopo il parto. I medici intervistati da De Zordo aggiungono anche il fatto che manchi un’adeguata formazione sulle nuove tecniche di aborto, come la D&E (dilatazione ed evacuazione strumentale) che all’estero viene praticata in anestesia totale dopo la diciassettesima settimana, mentre in Italia si preferisce ancora il travaglio indotto, obbligando la donna a un parto che non vuole fare. In generale, secondo De Zordo, il lavoro dei ginecologi che esercitano nell’ambito prenatale enfatizza molto il ruolo del feto e dell’embrione, che diventa quasi l’unico “paziente” a discapito della madre. Per questo motivo, molti medici si avvicinano a posizioni obiettanti. In alcuni ospedali, poi, l’obiezione è una scelta di comodo. Molti medici non obiettori si sentono stigmatizzati o esclusi da parte dei colleghi anti-abortisti. Quando questi ultimi occupano posizioni di prestigio all’interno degli ospedali, la carriera dei non obiettori può arenarsi proprio sulla pratica dell’IVG. Negli ospedali del Nord Italia, ad esempio, gli esponenti cattolici hanno un potere vastissimo: gran parte della sanità lombarda è dominata dal gruppo Comunione e Liberazione, che in alcuni casi, come la discussione sull’adozione della pillola abortiva Ru486, ha interferito con le decisioni del Pirellone, allora guidato da Roberto Formigoni, esponente di CL. All’interno di sei strutture lombarde, inoltre, è presente una sede del Movimento per la vita che sulla porta espone un’immagine di un feto con la scritta: “Mamma, ti voglio bene, non uccidermi”. Molte donne hanno raccontato di essere state indirizzate nei loro uffici dopo aver richiesto un IVG in un ospedale pubblico.

    C’è poi la questione economica. L’IVG si può praticare in ospedali pubblici, gratuitamente, sia in cliniche private. Per la sanità pubblica, l’aborto non può rientrare nelle procedure ospedaliere intra moenia, cioè nelle prestazioni di libera professione erogate nelle strutture ambulatoriali dell’ospedale. Questo legittima molti medici a dichiararsi obiettori per il SSN, ma poi eseguire l’IVG a pagamento nei propri ambulatori. Secondo i medici intervistati da De Zordo ci sarebbe una situazione fuori controllo per quanto riguarda gli “obiettori di comodo” o “falsi obiettori”, e inserire l’aborto tra le pratiche intra moenia potrebbe effettivamente incentivare molti ginecologi obiettori per motivi non religiosi (quindi quelli che rinunciano a praticare IVG per non restare indietro con la carriera) a prestare questo servizio anche nelle strutture pubbliche. A quarant’anni dalla sua approvazione, la legge 194 dovrebbe essere aggiornata. Quel testo fu l’esito di una lunghissima negoziazione con le forze cattoliche, evidente sin dal primo articolo (“Lo Stato garantisce il diritto alla procreazione cosciente e responsabile, riconosce il valore sociale della maternità e tutela la vita umana dal suo inizio”). Le cose nel nostro Paese sono molto cambiate dal 1978: calano i cattolici praticanti, mentre aumentano gli obiettori e, come denuncia LAIGA (Libera Associazione Italiana Ginecologi per l’Applicazione della legge 194/78), l’età media dei non obiettori è alta e non sta avvenendo un ricambio generazionale. Questo perché, evidentemente, l’obiezione non è dettata tanto dalla coscienza, ma da interessi di altro tipo. L’obiezione andrebbe quindi regolamentata in modo chiaro e la specializzazione in ginecologia sconsigliata a chi non vuole praticare aborti: l’Italia ha già ricevuto due sanzioni dall’Unione Europea perché, nonostante la 194 imponga la garanzia del diritto all’IVG anche in presenza di medici obiettori, questo nei fatti non viene garantito. Una soluzione potrebbe essere quella di assicurare il 50% di personale non obiettore in tutte le strutture, oppure quella più drastica, già attuata dall’ospedale San Camillo di Roma, di non assumere medici obiettori. Finché avremo questo governo, pensare di cambiare la legge è un’idea un po’ troppo ottimistica. Visto l’attuale clima reazionario, ultracattolico e nemico dei diritti, è già tanto se riusciremo ancora ad avere diritto all’interruzione di gravidanza.

    https://thevision.com/attualita/aborto-obiettore-di-coscienza

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