• Jacques Tati | INA
    https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cpf86642783/jacques-tati

    Interview de Jacques TATI (dans un jardin, assis) à propos de « Mon Oncle » : ses personnages, HULOT, les ARPEL, famille « moderne » dont le fils s’ennuie. Il trouve qu’on a moins de contacts dans cet univers standardisé, que c’est grave de voir détruire de vieux immeubles à Paris. Il ne se prend pas très au sérieux, mais il pense qu’il y a autre chose que l’effet comique dans ce film.

    Jacques Tati « Play Time »
    https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i00004020/jacques-tati-play-time

    Sur des images du décor de « Play Time » que l’on démonte, Jacques TATI explique à Charles CHABOUD, qu’il aurait aimé que ce décor serve aux jeunes réalisateurs plutôt que d’être démonté. Son travail est d’apporter de la fantaisie, de l’humour et non pas de critiquer l’architecture moderne. Il réagit aux critiques qui lui sont souvent faites sur le côut de ses films et le temps qu’il met à les tourner : « la défense du cinéma c’est la défense des auteurs qui prennent des risques et qui peuvent se tromper. » Il dit faire passer le cinéma avant sa vie privée et critique ceux qui signent des films pour pouvoir changer de voiture. Il explique sa conception du comique et son désir de faire sortir de l’oubli les « petits personnages ». Nombreuses images de Jacques TATI pendant le tournage de « Play Time », mimant des personnages.

    #Jacques_Tati #Mon_oncle #Playtime #comique #satire #cinéma

  • Les sans culottes à la conquête de Paris - Jacques Pauwels

    Jacques Pauwels, historien, politologue et essayiste belgo-canadien expliquera comment la Révolution française se résuma à maints égards à une conquête de Paris par le petit peuple de la capitale, qui habitait majoritairement dans le faubourg Saint-Antoine. Éliminant un obstacle symbolique mais également physique, la Bastille, les « sans-culottes » faubouriens ont envahi la capitale et s’en sont rendus maîtres. Ils ont « déroyalisé » « décléricalisé » et, enfin de compte, « révolutionné » et « républicanisé » ce qui avait été une « ville royale », évoquant l’Ancien Régime avec ses palais fleurdelisés, sa surabondance d’édifices religieux et ses orgueilleux hôtels aristocratiques. Mais c’est la (haute) bourgeoisie qui, grâce surtout à Bonaparte, a pu cueillir les fruits des efforts révolutionnaires des sans-culottes. Par conséquent, Paris transformé non pas en une ville appartenant au petit peuple mais en une Babylone de la bourgeoisie, une métropole saupoudrée de monuments glorifiant le bienfaiteur primordial de cette classe.

    https://www.youtube.com/watch?v=fJMxYdtxgOQ


    #Histoire #Paris

  • Bacchus en Gaule Par Jacques Pauwels

    Qu’il s’agisse d’un grand cru bourguignon ou d’un coup de rouge anonyme : boire du vin est un plaisir. Mais il est encore plus agréable de le faire si vous connaissez un peu l’histoire de cette boisson des dieux, qui est esquissée dans ce livre richement illustré. L’épopée commence dans le Caucase, où la viniculture a été « inventée » il y a dix mille ans. Via les Grecs et les Romains, la viticulture a atteint la Gaule, la « terre promise » de Bacchus. Le dieu du vin y a connu des moments forts, comme au Moyen Âge où il n’y avait pas de concurrence du café ou des boissons gazeuses et où l’on plantait même des vignes à l’extrême nord du royaume de France, le comté de Flandre. Mais il y a eu aussi des moments creux, comme la crise désastreuse vers 1900, causée par le phylloxéra venu d’Amérique. Et il y a eu des épisodes ambivalents, comme au début de la période moderne, où Bacchus a perdu du terrain d’un côté, mais de l’autre a donné à la France de nouvelles sortes de nectar, comme le champagne. Un livre à « déguster ».

    https://www.youtube.com/watch?v=KixZpX9LBRs

    Jacques Pauwels est né en 1946 à Gand et est un historien, politologue et essayiste belgo-canadien. Parmi ses ouvrages, Le Mythe de la bonne guerre, Big Business avec Hitler. Les éditions Delga ont déjà publié 1914-1918. La grande guerre de classe et Le Paris des sans-culottes. Cet ouvrage sur l’histoire du vin français est le fruit d’un enseignement de cinq ans donné à l’université de Guelph en Ontario — et de nombreuses explorations dans les régions viticoles de France !

    Source : https://www.librairie-tropiques.fr/2022/09/bacchus-en-gaule.html

    #Histoire #France #Social #Agriculture #vin #Librairie #Librairie_Tropiques #Révolution_Française #Jacques_Pauwels #Jack_Pauwels

  • La guerre froide de 100 ans ... Le Mythe de la bonne guerre - impérialiste - Libraire Tropique
    https://www.librairie-tropiques.fr/2022/09/la-guerre-froide-de-100-ans.html

    La guerre froide aura bientôt 100 ans. Selon certains on a même de bonnes raisons de penser qu’elle les a déjà ; puisque pour l’impérialisme américain, naissant sous sa forme moderne sur les décombres des « empires centraux » et coloniaux qui s’étaient auto-détruit ( sous les encouragements de l’Oncle Sam ) pendant la première guerre mondiale, les années 20 du siècle dernier furent aussi celles de la grippe espagnole et de « l’invasion communiste » venue de la Russie « judéo bolchévique » d’alors.

    https://www.youtube.com/watch?v=5l19Hrg_c_E&feature=emb_logo

     L’actualité géopolitique et le comportement inique et absurde de notre classe dirigeante, comme de l’appareil idéologique qu’elle appointe dans la représentation politique (aussi bien que dans l’appareil d’état), et de l’ensemble de nos médias, sous la houlette des plus grosses fortunes de France, s’inscrivent dans cette « guerre froide de 100 ans ».


     C’est ce conflit, provoqué par les prétentions impériales du capitalisme étasunien, qui doit être remis dans la perspective de lutte mondialisée des classes, et ses épisodes militaires, pour comprendre pourquoi et comment cette classe dominante et ses agents les plus zélés s’appliquent encore à produire une rhétorique de légitimation de cette « juste cause ». Une logomachie destinée à accompagner la soumission et la servitude des vieilles nations européennes, désormais ramenées au rôle de « proxies » accomplissant la sale besogne, voire de « chair à canon » au profit des stratèges du Pentagone, comme de Wall Street et leurs « amis » occidentaux.

     La récente visite de l’éminent historien Jacques Pauwels nous a donc donné l’occasion de remettre à l’affiche le livre ( épuisé chez son éditeur, mais les derniers exemplaires sont disponibles à la librairie) qu’il avait consacré naguère au « Mythe de la Bonne guerre » ... impérialiste. Un mythe tenace et qui marque cette Guerre froide de 100 ans ...

    A écouter : Jacques R. Pauwels : 1914 1918 La grande guerre des classes
    https://www.campuslille.com/index.php/entry/jacques-r-pauwels-en-direct-sur-radio-campus-lille-ce-samedi-25-octobre

    #histoire #guerre #livre #Jacques_Pauwels #Jack_Pauwels #impérialisme #usa #Ukraine #Impérialisme #Communisme #guerre_froide #Stratégie_du_Chaos,

  • Jack Chirac Street

    via @reka (mais il y a longtemps :-)) qui a lui-même reçu de Benjamen Barthe, avec ce commentaire : Chirac héros des Palestiniens après le « you want me to go back to my plane »

    Autour de cette citation :
    What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France ?

    « What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France ? » (« Qu’est-ce que vous voulez ? Que, moi, je retourne dans mon avion et que je rentre en France ? ») est l’extrait d’une apostrophe prononcée, en anglais, par Jacques Chirac, président de la République française, à des membres de la sécurité israëlienne, lors d’un voyage officiel à Jérusalem, le #22_octobre_1996.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/What_do_you_want%3F_Me_to_go_back_to_my_plane_and_go_back_to_France%3F

    #toponymie #toponymie_politique #Ramallah #Palestine #Israël #noms_de_rue #Jack_Chirac #Chirac #Jacques_Chirac

  • Éthiques pour un milieu technique
    https://topophile.net/savoir/ethiques-pour-un-milieu-technique

    1982, Jacques Ellul poursuit sa réflexion sur la technique entamée quelques décennies plus tôt. Celle-ci n’est plus un objet ou une machine, elle est devenue le facteur déterminant de notre société, de notre civilisation. Elle est dorénavant une médiation généralisée entre nous et le milieu, à tel point que le milieu est devenu technique. Sa... Voir l’article

  • Quand Médiapart censure un collaborateur du Grand Soir
    Mediapart et ses gros ciseaux Ahmed BENSAADA
    https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=617:mediapart-et-ses-gro
    https://www.legrandsoir.info/mediapart-et-ses-gros-ciseaux.html

    Le saviez-vous ? Médiapart a de gros ciseaux. Aussi gros que la bêtise, l’information biaisée et le manque d’éthique professionnelle, tous réunis dans le même lieu. Oui, Mediapart, le canard du moustachu trotskyste, celui-là même dont les pratiques journalistiques très louches ont été étalées dans « La Face cachée du Monde » et qui ont mené à sa démission de la direction du Monde. Celui-là même dont on disait :
    « En matière d’investigation, il ne faisait rien d’autre que de recopier les fiches des renseignements généraux et reprendre les matériaux que ses amis syndicalistes policiers lui amenaient régulièrement ».


    C’est dans son journal, Mediapart, transformé par je ne sais quelle escroquerie intellectuelle en « temple de la déontologie », qu’une géante paire de ciseaux a été érigée en totem de la censure.

    https://www.youtube.com/watch?v=RH54U6qnE1Q

    Et cet outil a été récemment utilisé à l’occasion d’un piteux article signé par Rachida El Azzouzi, une journaleuse qui a fait du Hirak algérien un fonds de commerce lucratif (on y reviendra dans un article plus approfondi). La disciple du moustachu trotskyste titra, sans cligner des yeux et en bombant le torse : « En Algérie, le journalisme continue de mener en prison » https://www.mediapart.fr/journal/international/080622/en-algerie-le-journalisme-continue-de-mener-en-prison .

    Bien que je sois personnellement contre l’emprisonnement des journalistes dans le cadre de l’exercice de leur fonction, il est quand même étonnant de constater les nombreuses lacunes qui jonchent son texte. Et en journalisme cela porte un nom : « mensonge par omission ».

    Tout d’abord, elle passe sous silence le fait que Radio M, dirigée par Ihsane El Kadi, un autre moustachu trotskyste (bizarre, bizarre, comme c’est étrange...) a été financée par le Quai d’Orsay et, de ce fait, sert directement ou indirectement les intérêts français. Cela a été explicité de manière détaillée dans un de mes articles. Mme El Azzouzi pourrait-elle nous dire dans quel pays occidental un média supposé national peut être largement financé par une puissance étrangère ? Et dans quel but ?

    Ensuite, elle omet sciemment de dire que le mouvement Rachad a été classé comme organisation terroriste par le gouvernement algérien, alors que cela est de notoriété publique.

    Finalement, dans sa diatribe contre l’Algérie, elle fait intervenir l’organisation fantoche « Reporters sans frontières » (RSF). En effet, le rôle de ce « machin » autoproclamé « défenseur de la liberté de la presse et des journalistes » a été très souvent trainé dans la boue. Rappelons que RSF a été (est encore ?) largement financé par la United States Agency for International Development (USAID) et la National Endowment for Democracy (NED), deux organisations étatiques étasuniennes qualifiées de « paravents de la CIA », spécialisées dans les changements de régime « regime change » à travers le monde. Et cela, sans compter l’Open Society Institute de George Soros et d’autres officines du même acabit.

    Alors, Mme El Azzouzi, le mensonge par omission, cela mène à quoi d’après vous ?

    Mais revenons à notre paire de ciseaux, si chère à Mediapart.

    Répondant au titre provocateur d’El Azzouzi qui était « En Algérie, le journalisme continue de mener en prison », mon ami le journaliste Jacques-Marie Bourget commenta son article avec six petits mots :

    « Et en Israël à la mort » https://www.legrandsoir.info/il-est-scientifiquement-prouve-qu-une-balle-dans-la-tete-fait-taire-un .

    Son commentaire fut immédiatement censuré par les gardiens du « totem du ciseau » qui se fendirent d’une explication abracadabrante enveloppée dans un ridicule galimatias.


    Pourquoi l’avoir censuré ? Le journalisme ne mène-t-il pas à la mort en Israël ? Depuis l’an 2000, pas moins de 55 journalistes palestiniens ont été tués par l’armée israélienne. La dernière en date est Shirine Abou Aqleh (Paix sur son âme) qui a été abattue par l’ignoble soldatesque israélienne. Y a-t-il un autre pays qui peut se « vanter » d’un tel record ?

    Et Jacques-Marie Bourget n’a-t-il pas été ciblé par l’État hébreu dans l’exercice de ses fonctions ? Il ne doit sa survie qu’à un extraordinaire miracle. Ce n’est que par hasard qu’en Israël, le journalisme ne l’ait pas conduit, lui aussi, à la mort tout comme ses 55 collègues.

    Et il peut en parler lui. Hier, aujourd’hui et demain. Car il n’est pas un journaliste de canapé comme El Azzouzi qui griffonne ses articles bidons en sirotant sa camomille. Il l’a sentie, lui, cette balle du sniper israélien qui a traversé sa chair pour chercher son cœur.

    Et qu’a fait cette perfide association nommée RSF pour défendre sa cause ? Rien, absolument rien.

    À ce sujet, Jacques-Marie Bourget est clair :
    « Si RSF ne m’a pas défendu, c’est pour ne pas offenser l’Etat d’Israël auteur d’une tentative d’assassinat contre moi. Entre le soutien de Tel -Aviv et moi, le choix a été vite fait. C’était Israël ».

    Alors, ne peut-on pas dire que le comité de censure de Mediapart a fait la même chose avec le commentaire de Jacques-Marie Bourget ? N’a-t-il pas tiré sur ses six mots afin de ne pas « offenser » Israël ?

    Où est donc passée la solidarité d’un média français avec un journaliste français qui a failli succomber aux balles des assassins de la liberté d’expression ? Où sont passées l’éthique et la déontologie journalistiques dont on nous bassine les yeux et dont on nous rebat les oreilles à longueur de pixels et de vocalises ?


    Après 55 décès, Rachida El Azzouzi (ainsi que tous les trotskystes de ce monde, moustachus ou pas) aura-t-elle le courage de pleurer Shirine Abou Aqleh et d’accuser Israël de sa mort en titrant :

    « En Israël, le journalisme continue de mener à la mort » ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, sans cligner des yeux et en bombant le torse ?

    Note du GS (1) Allusion à l’assassinat de Shireen Abu Akleh par un sniper israélien le 11 mai 2022 à Ramallah. Voir : https://www.legrandsoir.info/il-est-scientifiquement-prouve-qu-une-bal... ]

    #médiapart #information #censure #enfumage #imposture #merdias #médias #propagande #journullistes #mass_merdias #médiacrates #journulliste #presse #france #Jacques-Marie_Bourget #Shirine_Abou_Aqleh #rsf

    • Notre démocratie est-elle à bout ? Avec une abstention record et une absence de majorité claire, ces législatives mettent en lumière l’épuisement de notre régime politique. Nous avons demandé à Jacques Rancière quel était son regard sur ce scrutin. Esprit original, ancien élève d’Althusser et militant de la Gauche prolétarienne, le philosophe travaille sur l’articulation de l’art, de la politique et la pensée de l’émancipation. Défenseur de « ceux qui ne sont rien », il a publié en début d’année « les Trente Inglorieuses », recueil des interventions qu’il a consacrées à la vie politique de 1991 à 2021.

      L’OBS. Lorsque nous vous avons rencontré en début d’année, vous n’attendiez rien de la Présidentielle, que vous inspirent les scrutins qui viennent de s’achever ?

      Jacques Rancière. Je n’en attendais rien, cela ne veut pas dire que je n’en espérais rien personnellement mais, plus radicalement que cette élection ne laissait pas de place à l’inattendu : le scénario du candidat de droite rempart contre l’extrême droite est bien rodé et son déroulement a été totalement conforme aux prévisions. Il découle de la logique de l’ordre consensuel : depuis que les partis de gauche se sont ralliés à la « nécessité objective » imposée par le capitalisme absolutisé, le TINA (there is no alternative), abusivement nommé « libéralisme », l’opposition droite-gauche ne peut plus fournir son contenu à la machine électorale présidentielle. Reste l’opposition entre ceux qui vivent bien dans cet ordre et ceux qui le vivent mal et cherchent un bouc émissaire comme responsable de leur mal-être. Mais cette opposition n’est elle-même qu’un partage des rôles : le parti consensuel au pouvoir lève les barrières à la circulation des capitaux et ferme les frontières par où veulent passer les humains indésirables. L’extrême droite, elle, assure la gestion imaginaire de cette indésirabilité.

      En sommes-nous au triomphe de l’extrême droite ou bien la Nupes peut-elle ranimer une opposition de gauch e ?

      Quand on parle de triomphe de l’extrême droite, il faut bien s’entendre. Cette fois comme les précédentes, l’extrême droite institutionnelle a été battue sur le plan des résultats électoraux. Mais, depuis vingt ans que se joue ce scénario du « front républicain », on a pu constater qu’elle ne cessait de progresser et, surtout, que ses idées se sont largement imposées non seulement dans la droite modérée mais aussi dans la gauche socialiste et parmi l’intelligentsia qui se dit républicaine. Pour ce qui est de la Nupes, il s’agit pour l’instant d’un rassemblement électoral, formé dans la logique de notre système présidentiel. En dehors des sièges que ses différentes composantes ont pu conserver ou gagner, sa fonction est essentiellement celle d’un substitut. Substitut aux forces de gauche d’hier, enracinées dans la logique du développement industriel et du progrès social ; substitut à la constitution d’une force politique nouvelle qui déterminerait elle-même ses objectifs et ses moyens d’action et serait capable de diriger sur le terrain des actions de masse contre l’ordre capitaliste global et ses retombées locales. De l’émergence d’une telle force, la Nupes peut tout au plus entretenir le rêve, si elle ne devient pas un moyen de l’étouffer dans les querelles d’amendements qui sont l’amusement ordinaire de nos oppositions parlementaires. Je serais heureux de me tromper. Mais l’histoire de la gauche chez nous n’incite pas à l’optimisme.

      « C’est nous, ou le désastre »

      La Nupes s’est vue taxée pendant toute la campagne de dangereuse « extrême », par un Président qui qualifie lui-même sa ligne « d’extrême centre »…

      Ce Président n’a pas fait un gros effort d’imagination. La lutte contre les extrêmes appartient de longue date à la rhétorique des partis de droite qui désirent passer pour centristes. Mais elle a pris des accents nouveaux dans la logique du consensus. Le consensus s’est donné un adversaire bien défini : l’insécurité et il nous présente un monde où nous sommes sans cesse menacés de tomber dans ce gouffre. L’insécurité, c’est tout ce qui nous menace si nous n’obéissons pas à la logique consensuelle qui prétend elle-même se confondre avec la simple nécessité objective. Et finalement c’est tout ce qui n’est pas exactement conforme à cette logique consensuelle. Tout cela revient à dire : c’est nous, ou le désastre.

      Quelle légitimité pour un pouvoir choisi par si peu d’électeurs, surtout parmi les moins de trente ans ?

      Il y a bien longtemps déjà que notre système gouvernemental fonctionne selon une logique de double légitimité, celle qui vient du peuple – c’est-à-dire tel que la façonne le système représentatif et celle qui vient de la science – c’est-à-dire de la science officielle, celle qui transforme en nécessité objective les réquisits du capitalisme absolutisé. La tendance actuelle dans le monde est partout au renforcement de pouvoirs oligarchiques, dont la légitimité essentielle est simplement d’être là et de représenter l’ordre normal des choses, un ordre éventuellement sanctifié par Dieu, Marx ou le CAC 40. Le problème ne tient pas donc au nombre de gens qui votent pour les candidats officiels. C’est celui de la constitution de forces étrangères à cet ordre normal des choses et capables de lutter contre lui.

      Un Président prétendant incarner seul « la raison » et la République, comme vous le pointiez depuis longtemps et n’hésitant pas à tancer ou faire tancer le petit peuple, comme cette lycéenne du Tarn, c’est l’attitude d’un monarque ne tolérant pas d’opposition ?

      Notre système constitutionnel est clairement de coloration monarchiste et cette tendance n’a cessé d’être accentuée par les politiciens de droite ou de gauche qui ont occupé les sommets de l’Etat depuis De Gaulle. Rappelez-vous Fabius signifiant à Chirac, lors d’un débat électoral, qu’il fallait contrôler son langage lorsqu’on parlait au « Premier ministre de la France ». Alors, une simple lycéenne, trente-cinq ans plus tard… Cela dit, l’incroyable intervention de la gendarmerie au lycée le lendemain est un bon révélateur du rôle aujourd’hui donné aux forces de police. Les manifestants de 1968 qui scandaient « A bas l’Etat policier » n’avaient encore rien vu. A l’époque, l’on pouvait légalement refuser un contrôle d’identité, et celui-ci devait être légitimé par une situation de flagrant délit. Nous pouvons mesurer à quel point l’Etat policier s’est renforcé avec les progrès de l’ordre consensuel et « libéral ». Celui-ci ne cesse de donner à la police des pouvoirs d’intervention nouveaux, y compris celui de réprimer toute tentative, non seulement de critiquer son action, mais simplement de la filmer et d’en témoigner.

      Pourquoi la ruine de nos services publics, hôpital, école avec un effondrement des candidats au métier d’enseignant dont le salaire de départ a été quasi ramené au SMIC, ne nous mobilise-t-elle pas tous ?

      C’est la logique même de cet ordre consensuel, non seulement de supprimer les prestations sociales et les services publics soustraits à la loi du marché, mais de produire dans les têtes des aspirations à une vie de plus en conforme à la logique du marché, de plus en plus privatisée. Entre l’offensive contre les retraites de 1995 et la restriction actuelle du service public de la BNF, en passant par les démantèlements et privatisations de toutes sortes, ce parcours a été long et insidieux, pas toujours clairement perceptible dans sa durée et sa visée complète. C’est ce qui a permis d’isoler les luttes et de trouver, du même coup, des alliés contre leur particularisme. De fait, ce processus a su trouver, à chaque étape, des complicités actives ou passives du côté de la gauche. Cela a commencé par la mobilisation de la CFDT et des intellectuels d’« Esprit » contre les grévistes de 1995, dont la logique a été peu à peu adoptée par l’ensemble de la gauche dite de gouvernement. De son côté, l’extrême gauche prétendument radicale a volontiers repris le mépris léniniste vis-à-vis des revendications simplement économiques et jugé que le démantèlement des formes de protection sociale ouvrait la voie à l’affrontement enfin radical contre le capitalisme démocratique. Ceux qui se présentent comme républicains ont préféré imposer leur conception de la laïcité plutôt que réclamer des conditions décentes pour le métier d’enseignant. Et les écologistes ont choisi le vélo et la trottinette plutôt que de lutter contre la dégradation des transports publics. Le salut de la planète a remplacé le sens de l’histoire en tant que destinée collective primant sur ces mesquines affaires de services publics en difficulté. C’est en somme, l’égalité et son effectivité dans les conditions de la vie qui s’est trouvée reléguée à gauche comme une préoccupation de second plan, tandis qu’elle est, à droite, un objet de haine franche.

      La rentrée s’annonce explosive, entre la réforme des retraites qu’Emmanuel Macron qualifie de « promesse de campagne », une inflation qui fait plonger le pouvoir d’achat… Croyez-vous à un mouvement social d’ampleur ?

      On annonce rituellement des automnes chauds, à quoi s’ajoute, en période électorale, la promesse d’un troisième tour social. Mais le mouvement social ne suit pas les rythmes de la rentrée des classes. C’est même le propre de tout mouvement démocratique d’ampleur que d’être inattendu, de rompre avec les emplois du temps consacrés, qu’ils soient ceux des agendas gouvernementaux ou de la négociation syndicale. Seules sont chaudes les saisons qui créent leur propre temporalité et leur propre rythme d’action. Cela implique aussi de mettre un terme à la scission entre luttes économiques et luttes politiques. Les mouvements anti CPE ou anti-loi travail, les rassemblements de Nuit debout ou les actions des Gilets jaunes, en dépit de toutes leurs limitations, ont clairement montré la nécessité de dépasser ces cloisonnements pour constituer un espace démocratique nouveau.

      Que reste-t-il de notre démocratie, comment la rebâtir ?

      Poser la question ainsi, c’est toujours supposer que la démocratie existe comme un état de choses : un système institutionnel, un ensemble de mœurs politiques et de manières de vivre. Mais notre système institutionnel n’est pas une démocratie. A strictement parler, aucun pays au monde ne connaît un régime démocratique. Ce que l’on nomme aujourd’hui ainsi, c’est le régime représentatif, qui a viré fortement chez nous, à la fois vers la monarchie à travers la cinquième République, et à la fois vers l’oligarchie par l’intrication de plus en plus intime de la puissance étatique et des puissances financières. La démocratie n’est pas un cadre institutionnel qu’il faudrait revitaliser. C’est une pratique, une manière de faire exister un monde de l’égalité, un monde fondé sur le présupposé de l’égale capacité de tous. Des militants la font vivre aujourd’hui dans de nombreux domaines – éducation, santé, écologie, aide aux migrants et bien d’autres, faisant exister, un peu partout autour de nous, des fragments de monde égal et solidaire. Ceux-ci ont du mal à s’assembler, non pas, comme le croient les imbéciles, par manque de stratégie, mais simplement parce que la pratique de l’égalité est infiniment plus exigeante, plus fatigante que la routine inégalitaire. Mais c’est seulement sur ce terrain qu’existent aujourd’hui les ferments d’une démocratie authentique. Plus que jamais nous percevons que le conflit n’est pas entre des forces mais entre des manières de faire monde.

      #Jacques_Rancière

  • " #Severance" : un chef d’œuvre de #série qui n’a pas fini de nous embarquer

    Dès les premières images, on le sent, « Severance », c’est une œuvre totale, croisement atypique d’un « Playtime » de #Jacques_Tati et d’un « Bienvenue à Gattaca » d’Andrew Niccol. Elle réunit entre autres #Adams_Scott, #John_Turturro, #Patricia_Arquette, #Christopher_Walken.

    [...]

    Et ça se ressent. Il est rare de voir se développer au fil de neuf épisodes, un récit qui parvienne à ce point à être à la hauteur de son concept. Car oui, au-delà de l’intrigue plus classique du grain de sable dans les rouages de comment toute cette entreprise si rodée, glaciale, va petit à petit se déliter, « Severance » n’oublie jamais l’intime. Jusqu’où peut-on s’oublier dans le #travail ? Quelle place et quelle importance doit-il encore avoir dans nos vies ? Et surtout, à l’heure où les multinationales montrent leurs limites morales et systémiques, jusqu’où peut-on séparer nos convictions et notre gagne-pain ?

    Créée par #Dan_Erickson et réalisée par #Ben_Stiller

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/22926-19.05.2022-ITEMA_23031319-2022F46555S0139-22.mp3

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-cine-de-leo-karmann/la-chronique-cine-de-leo-karmann-du-jeudi-19-mai-2022-5725438

    https://www.youtube.com/watch?v=St62ATN0cCg

    Même le générique d’ouverture est une réussite

    https://www.youtube.com/watch?v=NmS3m0OG-Ug

  • Macron Watch : Recensement des mesures et prises de parole du gouvernement Macron portant atteinte aux avancées sociales ou écologiques.
    https://macron.watch/2022/04/08/le-recap-du-08-04-2022

    AFFAIRES
    • Le Parquet National Financier a ouvert une enquête pour des soupçons de « blanchiment aggravé de fraude fiscale » concernant le cabinet de conseil McKinsey proche du gouvernement, qui a bénéficié depuis 2017 de contrats contestés avec l’État, sans avoir payé d’impôt sur les sociétés (source) (source)
    • Les révélations continuent sur les montants dépensés pendant le quinquennat auprès de cabinets de conseil, pour des réalisations contestées (voir nos précédents récap ici et là) :
    ◦ Ainsi, en 2019, l’exécutif a confié une mission à 18 experts de la petite enfance (dont le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik) sur les 1000 premiers jours de l’enfant, alors qu’au même moment il a fait appel, sans leur dire, à un cabinet privé pour réaliser la même étude en doublon pour plus de 400 000 euros d’argent public (source)
    • On l’évoquait en février, les enquêteurs du Parquet National Financier ont désormais ouvert une enquête visant la préfète Régine Engström, nommée par E. Macron il y a un an et réputée proche de lui, sur un potentiel conflit d’intérêts concernant un projet immobilier mené par son ancien employeur, le promoteur Nexity. (source) (source)
    • On l’évoquait en juillet 2020, des écoutes judiciaires confirment désormais que contrairement à ce qu’avait affirmé l’Élysée, la situation judiciaire de Michel Platini a bien été évoquée lors d’une rencontre avec E. Macron (source) (source)
    ◦ Ces écoutes confirment également l’implication d’un haut magistrat en poste à la Cour de cassation et proche d’E. Macron dans cette affaire (source) (source)
    ◦ Pour rappel, E. Macron a ensuite soutenu publiquement Michel Platini, alors en proie avec la justice, au mépris de la séparation des pouvoirs (source)
    • Le ministre de l’éducation Jean Michel Blanquer a cherché à joindre Laurent Bigorgne pendant sa garde à vue (voir notre précédent Récap pour les détails de cette affaire) (source)

    ECONOMIE / INEGALITES
    • La réforme de la CAF, qui a été pilotée par le cabinet McKinsey pour un coût de 4 millions d’euros d’argent public, et qui était censée simplifier les démarches a eu l’effet contraire : entrée en vigueur il y a un an, le délai de traitement des dossiers s’est encore allongé (source)
    • En cas de réélection, plutôt que d’augmenter le smic, E. Macron promet une « prime allant jusqu’à 6 000 euros, sans charges ni impôts ». En réalité, il s’agit d’une nouvelle version de la « prime Macron » laissée au bon vouloir des employeurs, et sous conditions : (source)
    ◦ Pour espérer la toucher, il faudra non seulement travailler pour une entreprise disposant d’un accord d’intéressement, mais aussi et surtout que l’employeur ait envie de débourser cette somme (source)
    ◦ Pour rappel, la précédente « prime Macron » n’a été versée qu’à un salarié du privé sur cinq ; et pour ces rares personnes qui en ont bénéficié, le montant a été deux fois moindre que le plafond (source)
    ◦ Par ailleurs, il convient de rappeler que ces primes « sans charges ni impôts » (sic) constituent des éléments de rémunération ne donnant pas de droit à la retraite ou au chômage, et contribuent de fait au dé-financement de la sécurité sociale (source)
    • En cas de réélection, la mesure d’E. Macron visant à permettre aux conjoints en union libre de déclarer ensemble leurs revenus pourrait coûter 800 millions d’euros par an à l’État, et profiterait d’abord aux ménages les plus riches. (source)
    ◦ Pour information, ce mécanisme actuellement appliqué pour les conjoints pacsés ou mariés, ampute déjà de 11,1 milliards d’euros les recettes fiscales de l’État (soit deux fois le budget de la justice) au profit des ménages les plus riches (chiffres 2017) (source) (source)

    RETRAITES
    • En cas de réélection, E. Macron promet « d’indexer les retraites sur l’inflation dès cet été » au lieu d’attendre le 1er janvier 2023, alors que le décalage de dates, ainsi que la désindexation ont notamment eues lieu sous son quinquennat : (source)
    ◦ En 2018, le gouvernement décidait que la revalorisation prévue au 1er octobre était reportée au 1er janvier de l’année suivante ; en 2019 et 2020, le gouvernement décidait de ne pas indexer les retraites sur l’inflation (source) (source)

    LIBERTES / SECURITE
    • En cas de réélection, E. Macron souhaite la « privation de droits civiques pour ceux qui s’en prennent aux dépositaires de l’autorité publique » – ce qui inclut le droit de vote : or les plaintes abusives des forces de l’ordre pour rébellion ou outrage sont nombreuses et en hausse, d’autant plus qu’elles sont difficilement contestables – des avocats dénonçant même un véritable « business » (source) (source) (source) (source) (source)
    • La police place des micros dans une bibliothèque anarchiste (source)

    VIOLENCES POLICIERES
    • Une étude indépendante des soignants bénévoles dans les manifestations chiffre à 25700 blessés lors des manifestations des Gilets Jaunes, soit plus de dix fois plus que le chiffre avancé par le gouvernement (2495 blessés) qui ne comptabilise en réalité que les personnes prises en charge par les sapeurs-pompiers (source)
    ◦ Les personnes affectées par les gaz lacrymogènes est quant à lui estimé à 275000 (source)
    ◦ Le mouvement « Retraites » comptabilisent à eux seuls 2100 blessés supplémentaires, et 36000 personnes affectées par les gaz lacrymogènes (source)
    ◦ Parmi toutes ces victimes, deux tiers des atteintes sont des blessures traumatiques, et plus d’une blessure sur six (18.1%) concerne des blessures traumatiques à la tête, alors que la frappe de la tête est normalement proscrite (source)
    • Contrairement aux discours des autorités à l’époque, une expertise judiciaire appuie la responsabilité de la police dans la chute ayant provoqué la mort de Steve Maia Caniço à Nantes lors de la fête de la musique en 2019 (source)
    ◦ Les explications du commissaire pour justifier l’emploi de grenades lacrymogènes sont également démenties par l’expertise judiciaire (source)

    EDUCATION / RECHERCHE
    • E. Macron rétropédale sur ses propos concernant l’apprentissage dès l’âge de 12 ans : il accuse ses opposants de relayer une prétendue « fake news », en prétendant ne pas avoir tenu de tels propos, alors que c’est le compte officiel En Marche qui a relayé la vidéo dans laquelle E. Macron promet « alternance, apprentissage, et orientation dès la 5ème » (sic) (source) (source) (source) (source)
    • La plateforme de sélection aux études supérieures Parcoursup est hors service pour le dernier jour de dépôt des dossiers de candidature – un délai supplémentaire de 24h a du être accordé (source)
    • La plateforme de dépôt de candidatures de l’enseignement supérieur est hors service pendant cinq jours (source)

    SANTE
    • Dans plusieurs villes de France (Metz, Le Mans, Orléans, Pontarlier, etc.), l’hôpital est de nouveau sous très forte tension en raison à la fois d’un afflux de patients et de l’insuffisance des effectifs – le « plan blanc » y est réactivé (source)
    • Le manque de personnel est également pointé du doigt dans plusieurs décès en hôpital ces dernières semaines : la victime d’une bavure policière est morte après avoir été envoyée vers un autre hôpital faute de pouvoir être prise en charge dans le premier ; une personne est morte après être restée 12h aux urgences sans avoir pu être prise en charge (source) (Canard enchaîné du 06/04/2022)
    MEDIAS
    • Des médias se voient refuser l’entrée à l’unique meeting de campagne d’E. Macron (source) (source)
    • E. Macron ne participera pas à « Elysée 2022 », la dernière grande émission politique avant le premier tour de la présidentielle. Il sera donc le seul candidat à la présidentielle à ne pas s’y rendre (source) (source)
    ◦ Pour des questions de temps de parole, France 2 se retrouve contrainte à diffuser des images du meeting d’Emmanuel Macron, avec applaudissements et hourras du public, sans possibilité de relance ou contradiction de journalistes (source) (source)

    CAMPAGNE PRESIDENTIELLE
    • Alors que les établissements scolaires ont l’obligation de neutralité, ces derniers ont reçu un courrier puis un email émanant d’un collectif se présentant comme l’équipe de campagne d’E. Macron (source)
    • Après le fiasco de la distribution des plis électoraux aux dernières élections confiée à une entreprise privée (voir nos précédents récap ici, là et là), le gouvernement a confié une mission de supervision de la distribution des professions de foi pour l’élection présidentielle au cabinet de conseil Sémaphores (qui appartient à un proche d’E. Macron) pour près de 290 000 € (source) (source)
    ◦ A quatre jours des élections, plus de la moitié des électeurs n’avaient toujours pas reçu les professions de foi électorales des candidats ; cela concernait toujours près d’un tiers des électeurs à trois jours de l’échéance (source) (source)

  • Pandémie et (in)égalité, avec Jacque Rancière et Judith Butler, depuis le Site Pouchet du CNRS
    https://www.canal-u.tv/chaines/cnrspouchet/pandemie-et-inegalite

    Avec la pandémie et la globalisation du coronavirus l’affirmation selon laquelle le care s’appliquerait seulement aux êtres dépendants apparaît dépourvue de sens : nous sommes tous vulnérables, et la pandémie montre l’interdépendance entre les êtres humains. Les questions de l’égalité par rapport aux inégalités de classe, raciales et de genre ; de l’interdépendance, par rapport au « principe d’indépendance » sont centrales. Judith Butler et Jacques Rancière interrogent les notions de « pandémie » et d’« interdépendance », d’« égalité » et d’« inégalité » face au coronavirus. #Judith_Butler évoque la pandémie à la lumière de la phénoménologie des sens, et la manière dont elle éclaire l’inégalité, l’interdépendance et les nouvelles violences du monde. Elle met aussi en relation les vies précaires et la crise sanitaire actuelle. #Jacques_Rancière analyse la façon dont la gestion de la pandémie confirme la logique du consensus qui est aussi celle de la présupposition inégalitaire. Le confinement nous fait interroger le sens du travail au sein d’un monde commun. Et une question finale : peut-on penser à l’après la pandémie ?

    edit avec bien des conneries, mais pas que. pas fan de Butler, si ce n’est que cette dernière, malgré ses gargarismes sur le commun et l’éthique, est moins éloignée d’une prise en compte de la pandémie (et du laisser mourir, oublié par tous les autres qui décidément n’ont rien vu) et des pratiques sociales qu’i s’y sont collé. Rancière, un peu insouciant des choses (endémie tient-il à dire...), liquéfie les thèses d’Agamben. parmi les intervenants des délires parfois ("avec la fin de la pandémie") et aussi du bon ("pourquoi parler de pandémie alors que cela ne vise pas tout le monde ?")

    #pandémie #Agamben #égalité #vulnérabilité #VIH #science #biopolitique

  • Des enseignants attaqués par l’extrême droite, sanctionnés par l’Education nationale
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2022/04/07042022Article637849103918637276.aspx

    A quoi joue le Dasen de #Seine_Saint-Denis ? Traités de « #terroristes » et trainés dans la boue par un magazine d’#extrême_droite, des #enseignants de l’école Pasteur de Saint Denis espéraient la protection fonctionnelle de l’#Education_nationale. Ils récoltent des mutations « dans l’intérêt du service ». L’éducation nationale valide ainsi la campagne d’extrême droite contre l’école et contre le syndicat #Sud_93, auquel appartiennent seulement quelques uns des déplacés. Une intersyndicale crie au scandale et appelle à la grève le 12 avril pour soutenir ces 6 enseignants.

    [...]

    Tout allait bien jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle directrice, nommée sur poste à profil, par le Dasen. Venue tout droit du privé, avec seulement trois années d’expérience dans l’Education nationale, elle se retrouve à la tête de cette grande école particulièrement difficile. Et ça ne se passe pas bien. Pour Catherine Da Silva, responsable du Snuipp Fsu sur Saint Denis, « elle ne faisait pas son travail de directrice ». Cela créé des tensions avec une équipe très investie dans le fonctionnement de l’école.

    Accusés de terrorisme par l’extrême droite

    La réponse de la directrice c’est de témoigner spontanément dans un magazine d’extrême droite, #L'incorrect (n°49 janvier 2022). Dans cet article, où tous les enseignants sont présentés comme des « extrémistes fanatisés » de Sud 93 (alors qu’ils appartiennent à plusieurs syndicats), elle se plaint que « la hiérarchie n’existait pas à l’école ». L’article est redoublé d’une vidéo du même magazine poste sur Youtube. Ces enseignants d’une école Rep+ sont traités de « terroristes ». Ils « ne se préoccupent pas de la surveillance des enfants dans la cour ». Les maitres « fument des joints sur le parking de l’école ». Ils empêchent les enfants d’apprendre à lire. « Le lobby LGBT a ses entrées dans l’école » déplore L’incorrect, allusion probable au projet pédagogique sur l’égalité filles et garçons. La vidéo laisse deviner le numero de téléphone d’une enseignante. Les prénoms sont à peine altérés, voire pas du tout.

    L’éducation nationale refuse la protection et déplace

    Après cette publication insultante et menaçante, les enseignants ont demandé la protection fonctionnelle du ministère de l’éducation nationale. Ils ont multiplié les saisines du registre santé sécurité au travail.

    La réponse vient de tomber. « Une enquête administrative sur le fonctionnement de l’école a été diligentée à l’automne 2021 », nous dit le Dasen de Seine Saint-Denis. « La commission d’enquête vient d’adresser son rapport à monsieur le recteur, et dans lequel les conclusions formulent six mesures de mutation dans l’intérêt du service et une mesure de retrait de fonction, afin de restaurer un climat de sérénité dans l’école, propice aux apprentissages. Les enseignants concernés en ont été informés par courrier le lundi 4 avril et la procédure contradictoire s’applique. Par ailleurs, les demandes de protection fonctionnelles que nous avons reçues sont en cours d’instruction ».

    Le poids de l’extrême droite

    « C’est une injustice sans nom », nous dit Marie. « On va mettre des contractuels à notre place. On aidait les jeunes collègues à maintenir le cap dans l’école. Ca va être difficile pour eux maintenant. Les élèves sont en colère de nous voir partir. Des parents pleurent. Je ne comprends pas. J’ai l’impression que mes supérieurs ne sont pas attachés à un service public de qualité ».

    « A la veille des élections on sait le poids de l’extrême droite », nous rappelle Catherine Da Silva. Mais pour elle le conflit est surtout hiérarchique. « Personne n’a voulu voir que cette directrice, choisie par le Dasen, n’est pas capable de tenir cette charge de direction. On ne choisit pas quelqu’un qui n’a que 3 ans d’ancienneté pour diriger cette école ». On peut se demander si la campagne, totalement ratée, de #Jean-Michel_Blanquer contre le syndicat Sud n’a pas joué aussi dans la décision du Dasen.

    [...]

  • Damien Saez - Ana Moreau : Enlève ton masque que je t’embrasse
    NDR Eux, ils ont enlevé leur !

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=GchQtltVFrI

    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Tant pis si c’est la fin du monde
    Y’a qu’à l’remettre si on se lasse
    Tous les deux sous la pluie qui tombe Tu m’dis qu’tu m’aimes ça sert à quoi ?
    Y’a que d’la haine autour du monde
    Moi j’voudrais m’barrer loin d’chez moi
    Autant qu’ma chanson sur les ondes Enlève ton masque
    Enlève ton masque
    Enlève ton masque
    Enlève ton masque J’voudrais partir un autre monde

    Loin de leur monde oublier tout
    Où y’aurait qu’moi et puis ma blonde
    Je crois qu’le monde est devenu fou J’préfère encore m’barrer dans l’sud
    Me faire ma plage abandonnée
    Avec mes chiens pour compagnie
    Et qui voudra bien m’enlacer Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque

    Cheveux au vent cœur liberté
    Moi j’veux faire le tour de la Terre
    Puisque vivre c’est transgresser
    L’horizon sera nos frontières Ils nous ont pris nos 18 ans
    Ils nous ont pris nos libertés
    Mais la vie c’est suivre le vent
    Même quand le coeur est prisonnier Je marche habillée de nos rêves
    Moi j’voudrais juste vivre nue
    Regarder le jour qui se lève
    Perdue dans un monde perdu Faut s’barrer à l’autre bout du monde
    Faut faire l’amour sans s’arrêter

    S’embrasser sous la pluie qui tombe
    Se perdre pour se retrouver J’ai pas la thune mais c’est pas grave
    Je dormirai en boîte de nuit
    Ou j’me ferai un feu sur une plage
    Avec mes chiens pour compagnie On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque) On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque)

    On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque) On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque)

    #chanson Leur #Haine #Libération #covid-19 #violence inutiles #coronavirus #france #masques #santé #travail #confinement #masque #sante #pandémie #politique #crise_sanitaire #LREM #emmanuel_macon

    • En chanson avec Klorokine : « Confinement » À la suivante, Au suivant )

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=EuaLBdXxg28

      Au suivant, au suivant, au suivant
      Ruiné, sans mon salaire
      
Qui m’suffisait à peine

      J’avais le rouge au front

      Et le #test à la main

      Au suivant, au suivant

      J’avais juste un p’tit rhume

      Et nous étions 120

      A être le faux #cas
      Qu’ils pouvaient ajouter

      Au suivant, au suivant

      C’était juste un éternuement

      Et j’ai été compté

      Au bordel environnant
      
D’une armée de #médias
      Confinement, on nous ment !

      Moi j’aurais bien aimé

      Un peu plus de tendresse

      Ou alors un toubib

      Ou bien un vrai traitement

      Mais #Doliprane, c’est suffisant

      Ce n’fut pas sous Sarko non
      
Ni même sous Flamby

      Ce fut l’heure où l’on r’grette

      D’avoir voté l’Guignol
      
Confinement, Re-confinement

      Mais je jure que d’entendre

      Ce #président qui nous les presse
      
C’est des coups à vous faire

      Des armées de #dissidents
      Confinement, confinement

      Je jure sur la tête 
De ma première vérole

      Que cette voix depuis je l’entends

      Tout le temps

      #Confinement, Re-confinement

      Cette voix qui sent le #fake
      Et la mauvaise foi

      C’est la #manipulation
      
Et c’est la voix des #tout-puissants
      Confinement, Re-confinement

      Et depuis chaque chaîne

      A l’heure du grand JT

      Avec leurs chiffres obscènes

      Pour nous culpabiliser

      Confinement, Re-confinement …

      Tous les dupés du monde

      Devraient s’donner la main
      
Voilà ce que la nuit,
Je crie dans mon délire

      Confinement, déconfinement

      Et quand je n’délire pas

      J’en arrive à me dire

      Qu’il est bien plus flippant leur #couvre_feu
      Que leur confinement

      Confinement, Re-re confinement

      Un jour, plus de resto

      Plus de #culture, plus de plaisir

      Même après l’vaccin

      Qui nous rendra tous stériles

      Confinement, Re-confinement

      #Jacques_Brel

    • Effet de bord du #pass_vaccinal : Le Forum littoral de l’emploi saisonnier du Grau-du-Roi se prend un râteau
      https://www.lefigaro.fr/societes/en-languedoc-le-forum-littoral-de-l-emploi-saisonnier-fait-un-flop-20220217

      Aussi vide que la plage un jour de pluie ! L’absence de candidats au Forum littoral de l’emploi saisonnier, organisé en début de semaine dans la station balnéaire du Grau-du-Roi, illustre les difficultés que les professionnels de la restauration auront à recruter cet été. Les entreprises du Gard et de l’Hérault avaient pourtant joué le jeu : 145 recruteurs étaient présents, avec 1655 offres d’emplois à pourvoir pour la saison à venir… Las, beaucoup ont perdu leur matinée puisque quelques dizaines de candidats seulement se sont rendus sur place !


      « Il n’y avait pas un chat. C’est catastrophique pour la profession », se désole Jacques Mestre, président du syndicat professionnel Umih 34 et patron du restaurant Le Clipper’s à La Grande-Motte. Pour ce professionnel, qui emploie 17 salariés en saison, la restauration paie les pots cassés des fermetures liées au Covid. « Quand on a tiré la sonnette d’alarme en préfecture il y a presque deux ans, on nous a dit que nous n’étions que des râleurs… Voilà aujourd’hui le résultat ! Même en proposant un salaire net de 2000 euros en salle, et de la formation, on n’a pas de candidat », renchérit-il, avec la crainte de voir les établissements contraints de baisser en gamme par manque de personnel.

      Ce forum aura également mis en exergue le décalage de certains avec les obligations sanitaires actuelles. « Le passe vaccinal était demandé à l’entrée. Du coup, beaucoup de gens n’ont pas pu y accéder et sont venus déposer leur CV à l’accueil » , explique-t-on au Camping du Boucanet, où travaillent environ 70 saisonniers.

      #Travail #covid-19 #vaccination #en_vedette #coronavirus #pandémie #covid #santé_publique #pass_sanitaire #vaccins #crise_sanitaire #actualités_françaises #vaccin #sars-cov-2 #france #surveillance

    • Mince alors... En plus j’étais encore rêveur que la majeur (meilleure) partie de la population française était multi vaccinées et autorisées à sortir comme iels veulent.

      😏

    • Pass, pas pass, forum, pas forum, quoi qu’ils fassent, les employeurs peinent à recruter des saisonniers par ici. Ainsi, l’été dernier, une bonne partie des restaurants ont été contraints de réduire leur période d’ouverture, ne pouvant recruter la main d’œuvre pour assurer les services. Et ça ne s’annonce pas mieux pour l’été prochain.

      Les saisonniers se permettent dorénavant d’avoir des exigences et, en premier, l’été dernier, la multiplication de celles et ceux qui refusent de travailler deux mois de suite et souhaitent, après l’année éprouvante qu’iels ont subie, bénéficier d’un mois de vacances. Parallèlement, l’envolée du foncier et l’explosion de la location de courte durée ont pratiquement asséché les possibilités d’hébergement de saisonniers qui n’acceptent plus des conditions précaires en camping (sur 2 mois…) Loger les saisonniers est devenu pour les employeurs la condition sine qua non pour pouvoir en recruter…

      Certainement, des contre-coups de la crise sanitaire, mais le pass n’y est pour pas grand chose.

    • La tête de ces 145 recruteurs, j’aurai bien voulu la voir.
      Celles et ceux qu’ils doivent recruter, ne croient plus à leurs #fables.

      « La vie s’écoule » Fanchon Daemers - Paroles Raoul Vaneigem - Musique : Francis Lemonnier

      https://www.dailymotion.com/video/x15bmlw

      La vie s’écoule, la vie s’enfuit
      Les jours défilent au pas de l’ennui
      Parti des rouges, parti des gris
      Nos révolutions sont trahies

      Le travail tue, le travail paie
      Le temps s’achète au supermarché
      Le temps payé ne revient plus
      La jeunesse meurt de temps perdu

      Les yeux faits pour l’amour d’aimer
      Sont le reflet d’un monde d’objets
      Sans rêve et sans réalité
      Aux images nous sommes condamnés

      Les fusillés, les affamés
      Viennent vers nous du fond du passé
      Rien n’a changé mais tout commence
      Et va mûrir dans la violence

      Brûlez, repaires de curés,
      Nids de marchands, de policiers
      Au vent qui sème la tempête
      Se récoltent les jours de fête

      Les fusils sur nous dirigés
      Contre les chefs vont se retourner
      Plus de dirigeants, plus d’Etat
      Pour profiter de nos combats

      Pour information, Raoul Vaneigem, en ce moment est en Catalogne.

  • Échec de l’Euro, sabotage de l’industrie : jusqu’où va t-on sombrer ?
    https://www.les-crises.fr/echec-de-l-euro-sabotage-de-l-industrie-jusqu-ou-va-t-on-sombrer-jacques-

    Jacques SAPIR est un économiste, chercheur à l’EHESS, spécialiste des questions monétaires, de la mondialisation et du #protectionnisme. Très critique de l’euro, une monnaie qui a fait la preuve de son échec, #Jacques_Sapir explique notamment en quoi le protectionnisme est la voie la plus logique vers un système économique fonctionnel, assurant notre sécurité et […]

    #Vidéo #euro #Vidéo,_euro,_Jacques_Sapir,_protectionnisme

  • « Je n’attends plus rien de cette élection », entretien avec Jacques Rancière, 16 Janvier 2022 (titre bidon, mal extrait)

    Les thèses d’extrême droite ont contaminé l’ensemble de la classe politique, estime le philosophe. Et la logique du barrage ne parviendrait qu’à les renforcer. Dans « les Trente Inglorieuses », il analyse les causes de cette dérive.

    Après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, beaucoup crurent au triomphe solide des démocraties. Philosophe influent en France et aux Etats-Unis, Jacques Rancière, lui, a très tôt perçu les failles et les dangers de ce nouvel ordre du monde. Esprit original, ancien élève d’Althusser et militant de la Gauche prolétarienne, il travaille sur l’articulation de l’art, de la politique et la pensée de l’émancipation. Défenseur de « ceux qui ne sont rien », il publie cette semaine « les Trente Inglorieuses », recueil des interventions qu’il a consacrées à la vie politique de 1991 à 2021. De la guerre du Golfe à l’actuelle pandémie, en passant par les « gilets jaunes », il y dissèque nos pulsions inégalitaires et s’élève contre le discrédit jeté sur les luttes sociales et les mouvements d’émancipation.

    L’OBS. Vous semble-t-il encore permis d’espérer que ce scrutin connaisse une issue positive, d’une manière ou d’une autre ?

    Jacques Rancière. Je ne vois pas comment il le pourrait. Tout d’abord, l’élection d’un président de la République n’est pas une institution démocratique ; elle a été inventée par les monarchistes en 1848 pour contrecarrer la puissance populaire. De Gaulle l’a rétablie en 1962, pour républicaniser le concept royaliste : un seul individu concentrant la puissance publique censé servir de guide à toute la communauté. Ce simulacre de démocratie a fini par devenir une arme contre tout mouvement réellement émancipateur. Regardez comment, en 2017, l’énergie de Nuit Debout a été balayée par le bulldozer de la machine électorale. Deux mille vingt-deux s’annonce comme un nouvel épisode de la comédie déjà jouée en 2002 et 2017, où la gauche vertueuse appelait à voter pour le candidat de la droite « raisonnable », pour faire barrage à l’extrême droite raciste. Je me suis d’emblée opposé à cette prétendue logique du moins pire et j’ai montré qu’elle conduit, en réalité, à renforcer l’extrême droite. Cette dernière pèse aujourd’hui beaucoup plus qu’il y a vingt ans, et l’emprise de ses idées ne cesse de s’étendre sur cette droite dite républicaine, qui ne s’en distingue plus guère, et sur une gauche socialiste qui ne se différencie non plus guère de la droite.

    Pourquoi se rassembler autour d’un candidat, au nom du « front républicain », ne fait-il, selon vous, qu’encourager les idées contraires à l’idéal de la République ?

    J’ai publié, il y a vingt-cinq ans, « Sept règles pour aider à la diffusion des idées racistes en France » https://blogs.mediapart.fr/guillemin-rodary/blog/190421/sept-regles-pour-aider-la-diffusion-des-idees-racistes-en-france. J’y montrais déjà comment les dénonciations indignées contre l’extrême droite ne font que renforcer celle-ci en popularisant ses idées et en leur conférant l’irrésistible parfum du scandale et la palme du martyre. Je constate que rien n’a changé. De fait, les thèses racistes et xénophobes sont à peu près les seules à être débattues au cours de cette campagne. Et le prétendu idéal républicain que brandissent les tenants du front du même nom est devenu, en lui-même, identitaire et intolérant, comme on le voit avec l’instrumentalisation forcenée de la laïcité détournée de son sens historique pour devenir un moyen de stigmatisation d’une partie de la population. Il s’agit d’une véritable spirale de radicalisation. J’avais déclaré dans vos pages, lors de la présidentielle de 2017, qu’en 2022, on nous appellerait à voter pour la bonne républicaine Marine Le Pen contre sa nièce extrémiste Marion Maréchal. N’y sommes-nous pas aujourd’hui à peu près, mais avec Eric Zemmour ? Je n’attends rien de l’élection qui vient, si ce n’est la confirmation de cette mécanique délétère qui confère le rôle de rempart contre l’extrême droite à une classe politicienne de plus en plus gagnée par ses concepts.

    Pourquoi voyez-vous en Emmanuel Macron la figure par excellence du pompier pyromane ?

    N’ayant lui-même aucun arrière-fond idéologique, n’appartenant à aucune des familles politiques traditionnelles, Emmanuel Macron n’est qu’un arriviste arrivé. Par conséquent, il est quelqu’un qui peut manipuler les idées à sa guise, un personnage en quelque sorte absolument blanc. Il peut se présenter solennellement comme un rempart de la République, tout en déléguant à son ministre de l’Education le soin de faire de la lutte contre l’islamo-gauchisme la plus grande urgence de notre université ou à celui de l’Intérieur de tonitruer contre les flux de l’immigration. Il représente une sorte de condensé de la circulation et du traitement des idées dans une classe politicienne où la distance entre droite et extrême droite s’amenuise à la même vitesse que celle entre la gauche et la droite.

    Pas encore candidat officiellement, Emmanuel Macron n’a pour l’instant annoncé qu’une « indispensable » réforme des retraites dans son futur programme. Pourquoi selon vous ?

    Briser ce système par répartition, fondé sur la solidarité, pour le remplacer par des assurances privées individuelles est l’un des objectifs majeurs du capitalisme absolutisé. Il combine une visée pratique : réduire la dépense publique – même s’il est bien difficile de dire quelles sommes seraient réellement économisées – et un objectif hautement symbolique. Notre système de retraite témoigne d’une époque où existait une organisation solidaire de la vie, qui donnait aux gens ordinaires la capacité de gérer le rapport entre-temps de travail et temps personnel. La destruction de toutes les formes de solidarité sociale et, en même temps, celle des structures, des lieux de délibération auxquelles participaient les représentants des travailleurs répond à un enjeu fondamental dans une logique capitaliste qui, sous couvert de lutter contre « l’Etat-providence », instaure un face-à-face direct entre l’Etat et des individus entièrement isolés.

    Quel parti, quel projet vous semblent-ils aujourd’hui à même de formuler une alternative à ce projet capitaliste, qui selon vous unit l’essentiel du spectre politique actuel ?

    L’idée d’une telle alternative a longtemps été liée à la tradition marxiste. Même si les Etats dits socialistes ou communistes trahissaient toutes leurs promesses d’émancipation, la vision marxiste de l’histoire restait vivante. Elle était soutenue par l’existence d’une puissante classe ouvrière, qui était à la fois un groupe social, une force combattante et une forme de préfiguration d’un monde à venir. La gauche partageait encore largement cette vision de l’histoire où le capitalisme produisait la classe destinée à le détruire. Or, c’est le contraire qui s’est produit : le capitalisme a détruit la classe ouvrière. La disparition du parc industriel dans les pays riches, avec les fermetures d’usines et les délocalisations, n’a pas seulement représenté une manière de rendre le travail moins coûteux et la marchandise moins chère. Il a également permis de balayer la classe ouvrière comme telle, avec son potentiel de lutte et ses formes de solidarité, et de la remplacer par un vivier de travailleurs dispersés et précarisés, seuls et dépourvus face au capital financier. Les importants mouvements populaires d’auto-affirmation démocratique, qui ont eu lieu, comme les mouvements des places, les « indignés » de Madrid, Occupy Wall Street, Nuit Debout ou les « gilets jaunes », ne peuvent plus prendre appui sur cette force sociale déterminée ni sur une vision historique porteuse d’espoir.

    L’écologie ne peut-elle représenter ce nouvel horizon, le rassemblement autour de biens et d’objectifs communs ?

    Plutôt que d’ouvrir un nouvel horizon d’espérance, l’écologie nous place devant la catastrophe imminente. Au There is no alternative de la nécessité capitaliste que nous martèlent nos gouvernements, elle oppose une autre logique de la nécessité et de l’urgence : la course de vitesse pour sauver la planète. On nous dit qu’il n’y a qu’une seule chose à faire. Mais toute la question est : qui va la faire ? La plupart des discours écologistes veulent se situer au-delà des vieux clivages politiques en énonçant les conditions de survie de la planète, mais ils court-circuitent ainsi la question du sujet politique : quelles forces combattantes, quelles formes de lutte peuvent faire de l’écologie la cause de tous et non celles d’experts s’en remettant au bon vouloir des maîtres du monde ?

    Pourtant, ceux qui luttent pour le climat dénoncent aussi les inégalités, les plus riches provoquant l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre. Les causes écologistes et sociales ne se rejoignent-elles pas ?

    On peut dire que le capitalisme est responsable de la catastrophe écologique comme il l’est de l’exploitation économique et de l’inégalité sociale. Mais donner une cause commune à tous les maux ne produit par soi-même aucun bien. Et le fait de dénoncer jusqu’à plus soif les inégalités ne fait pas avancer d’un pouce cette cause. Seul le développement de mouvements réellement égalitaires peut changer les choses. On peut toujours sommer les dirigeants du G20 de sauver l’Amazonie, seuls les peuples qui l’habitent combattent réellement pour la défendre. Ils luttent pour la sauvegarder, mais aussi pour montrer au monde qu’ils sont parfaitement capables de comprendre ce qu’est le réchauffement climatique ou la biodiversité. L’égalité ne progresse que lorsque ceux qu’on juge incapables de s’occuper des affaires du monde s’emparent d’elles. En revanche, la démonstration continuelle des injustices finit par faire partie intégrante de l’ordre inégalitaire.

    Comment sortir de cette logique paralysante ?

    Je ne vois pas d’autre voie que l’extension de ces mouvements démocratiques autonomes. L’internationale capitaliste est d’une efficacité extraordinaire, serons-nous capables de constituer une « internationale des mouvements égalitaires » pour lui répondre ? Sur le fond, rien ne sépare plus réellement les grandes puissances d’aujourd’hui, Etats-Unis, Chine, Russie ou Europe, dans leur conception du monde, hormis la défense de leurs propres intérêts, la lutte pour leur puissance. Mais partout, il reste des gens qui s’opposent et se rebellent, que ce soient les manifestants de Santiago, de Hongkong, les paysans sans terre du Brésil ou les agriculteurs opposés au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Et de nouvelles formes de résistance s’inventent. Pensons, par exemple, à la manière dont #MeToo a créé un mode de lutte efficace contre des formes de violence qui restaient enfouies dans le domaine de la vie privée.

    Mais pourquoi un mouvement comme celui des « gilets jaunes », par exemple, n’a-t-il pas fait tache d’huile ?

    Les « gilets jaunes » nous ont montré comment des gens, censés avoir peur de bouger et n’être préoccupés que par leurs petites affaires, peuvent se mettre à faire exactement le contraire. Ils se sont rassemblés et ont inventé des formes de mobilisation inattendues, témoignant que la capacité de penser et d’agir en égaux subsiste bel et bien en chacun de nous, quand bien même le système semble nous condamner à l’isolement. Lorsque l’on est porté par la perspective d’un monde plus vivable, on peut renoncer à ce qu’on possède et même se mettre en danger. Le potentiel d’extension était très fort au début de ce mouvement : à Paris, dans la rue à côté de chez moi, les collégiens ont commencé à dresser de petites barricades, certes symboliques. Le gouvernement l’a brutalement réprimé et, plus généralement, a fait en sorte qu’il soit maintenant dangereux de manifester dans la rue. Mais, à mes yeux, ce qui explique le ralentissement du mouvement, c’est moins cette répression et la peur qu’elle peut inspirer, que l’impossibilité de croire en un monde où l’on vive autrement.

    Mais n’est-ce pas aussi que nous jouissons à la fois d’un confort nouveau et de plus grandes libertés de mœurs, dans la société actuelle ?

    Ces libertés, là où elles existent, ne sont pas le résultat de ce développement synchrone qu’on appelait jadis progrès, où la production des techniques, des biens de consommation et des libertés personnelles semblaient avancer d’un même pas. Elles ont été conquises par des combats contre des forces répressives. En 1968, la société n’était pas moins hiérarchisée qu’aujourd’hui, mais, à l’époque, les gens se sentaient égaux et agissaient en conséquence. La hausse du niveau de vie ou les avancées technologiques n’ont pas empêché que se perpétuent la culture du viol et toutes les formes de domination subies par les femmes, mais c’est bien le développement de luttes collectives où celles-ci ont manifesté une puissance d’égalité en acte qui ont fait bouger les lignes.

    Sommes-nous en panne d’horizon ?

    Je ne crois pas à la puissance inspiratrice d’un modèle. Nous en avons eu en pagaille et cela a fini en désastre. L’avenir ne s’écrit pas en appliquant des programmes, il est le résultat de dynamiques présentes. Au Chili, la mobilisation populaire est partie d’une augmentation du prix des transports pour aboutir à la liquidation de la constitution héritée de Pinochet, en passant par l’émergence d’un fort mouvement féministe et par la lutte pour les droits du peuple mapuche. A travers le monde, des mouvements existent et peuvent nous faire réfléchir, nous inspirer, plutôt que de nous perdre dans la quête des bonnes recettes.

    https://www.nouvelobs.com/idees/20220116.OBS53286/jacques-ranciere-je-n-attends-plus-rien-de-cette-election.html

    #présidentielle #élections #extrême_droite #démocratie #retraites #solidarité_sociale #État #vies_séparées #classe_ouvrière #précarisation #écologie #sujet_politique #espérance #formes_de_lutte
    #experts #mouvements_égalitaires #gilets_jaunes #Jacques_Rancière

  • Quelle #hospitalité est encore possible aujourd’hui ?

    À partir de quelques traits saillants de la définition de l’hospitalité, une analyse des pratiques d’hospitalité à l’épreuve du contexte politique actuel.

    Il existe plusieurs manières de définir l’hospitalité et l’une d’elles consiste à y voir un rapport positif à l’étranger. Autant dire un contre-courant radical des tendances du moment. L’action des gouvernements récents relèvent davantage d’une police des populations exilées, érigée en #politique mais qui précisément n’a rien de politique. Il s’agit d’une gestion, souvent violente et toujours anti-migratoire, des personnes, pour reprendre une idée empruntée à Étienne Tassin.

    Certes il existe une opposition à cette #gestion, mais elle ne forme pas un ensemble homogène. Elle est au contraire traversée de tensions et de conflits qui trouvent leurs racines dans des conceptions, moyens et temporalités différentes. Ce champ conflictuel met régulièrement en scène, pour les opposer, le milieu militant et les collectivités territoriales, pourtant rares à être volontaires pour entreprendre des #politiques_d’accueil*.

    L’#inconditionnalité de l’#accueil et la #réciprocité dans l’hospitalité sont deux piliers de ces pratiques. Elles nous aident à comprendre certaines tensions et certains écueils. Prenons-les pour guides dans une analyse des pratiques actuelles dites d’hospitalité, qu’elles soient privées ou institutionnelles.

    Inconditionnalité

    L’hospitalité se définit notamment par son inconditionnalité. Elle prévoit donc d’accueillir toute personne, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne et quelle que soit la raison de sa présence.

    Il est d’ailleurs intéressant de voir combien, dans la diversité des traditions d’hospitalité, cette question de l’origine de la personne accueillie est très différemment traitée. Certaines traditions interdisent simplement de questionner l’étranger·e accueilli·e sur qui ielle est et d’où ielle vient ; d’autres au contraire le prévoient, sans que cela conditionne ou détermine les modalités de l’hospitalité. Dans ce cas-là, il s’agit plutôt d’une pratique d’ordre protocolaire.

    Aujourd’hui, l’équivalent de cette question porte, outre le pays d’origine, sur le statut administratif de la personne accueillie, c’est-à-dire sur la légalité ou non de son séjour sur le territoire. Le pays d’origine nourrit un certain nombre de préjugés que peuvent refléter les offres d’hospitalité privée quand les volontaires à l’accueil expriment une préférence en matière de nationalité. Ces #préjugés sont très largement nourris par la médiatisation comme le révèlent les contextes de 2015 au plus fort de l’exil des Syrien·nes ou plus récemment à la fin de l’été 2021 après la prise de pouvoir par les Talibans à Kaboul. La médiatisation des crises façonne la perception des personnes en besoin d’hospitalité au point parfois de déterminer l’offre. Le #statut_administratif conditionne de façon plus significative l’accueil et il peut devenir un critère ; autant du côté des collectifs citoyens d’accueil que des institutions dont les moyens financiers sont généralement conditionnés par le profil du public bénéficiaire et la régularité du statut.

    Qui organise aujourd’hui un accueil inconditionnel ?

    Une enquête récente (dont quelques résultats sont publiés dans cet article : https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2021-3-page-65.htm) montre que les institutions et les collectivités territoriales rencontrent des contraintes qui entravent la mise en œuvre d’un accueil inconditionnel : la #catégorisation des publics destinataires distingués bien souvent par leur statut administratif et les territoires d’intervention en font partie. Les #collectifs_citoyens étudiés dans cette enquête réussissent à mettre ces contraintes à distance. Il faut préciser qu’à leur création, tous ne s’inscrivent pas dans un choix clair et conscient pour l’accueil inconditionnel mais c’est la pratique et ce qu’elle leur permet de comprendre du traitement administratif des populations exilées qui produit cet effet de mise à distance des contraintes. Le lien personnel créé par l’accueil explique également qu’il se poursuit au-delà des limites dans lesquelles le collectif s’est créé (statut administratif ; temporalité). Plusieurs collectifs montrent qu’un accueil inconditionnel a été effectivement mis en pratique, non sans débat, gestion de désaccords et disputes parfois, et grâce aux moyens à la disposition du collectif, à la capacité d’invention de ses membres et à l’indignation générée par le traitement administratif et politique des personnes et de la migration en général.

    Réciprocité

    « L’hospitalité, quoique asymétrique, rime avec réciprocité » (Anne Gotman)

    La réciprocité est un autre des éléments constitutifs fondamentaux de l’hospitalité. Comme le souligne #Anne_Gotman (Le sens de l’hospitalité), l’hospitalité pour s’exercer doit résoudre la contradiction entre la nécessaire réciprocité et l’#asymétrie évidente de la situation entre un besoin et une possibilité d’offre. Et c’est le décalage dans le temps qui permet cela : la réciprocité est mise en œuvre par la promesse d’accueil. On accueille inconditionnellement parce que tout le monde a besoin de savoir qu’ielle pourra être accueilli·e, sans faille, lorqu’ielle en aura besoin. Si l’on admet de considérer l’hospitalité comme une pratique de #don, la réciprocité est le #contre-don différé dans le temps.

    Cette interdépendance tient à un contexte où les circulations humaines et les voyages dépendaient de l’hospitalité sans laquelle il était impossible de trouver à se loger et se nourrir. Il s’agissait bien souvent d’un enjeu de survie dans des environnements hostiles. Si chacun·e a besoin de pouvoir compter sur l’hospitalité, chacun·e accueille. Aujourd’hui pourtant, la répartition des richesses et des pouvoirs au niveau global fait que ceux et celles qui voyagent n’ont plus besoin de l’hospitalité parce que cette fonction est devenue marchande et les voyageurs achètent l’« hospitalité » dont ielles ont besoin ; ce qui alors lui retire toute valeur d’hospitalité. Cette réalité crée une asymétrie, abyssale en réalité. Elle tire ses origines des fondations du capitalisme qui a construit l’Europe comme centre global et a posé les bases de la puissance et de la modernité occidentales.

    Aujourd’hui et dans le contexte français, cette asymétrie se retrouve dans une distribution de positions : celles et ceux qui sont les acteurs et actrices de l’hospitalité ne s’inscrivent plus dans ce système d’interdépendance dans lequel se situait l’hospitalité, ou se situe encore dans d’autres régions du monde. Ielles accueillent pour d’autres raisons. La #rencontre est souvent évoquée dans les enquêtes ethnographiques parmi les motivations principales des personnes engagées dans l’accueil des personnes venues chercher un refuge. Pourtant les personnes accueillies ne sont pas forcément dans cette démarche. Au contraire, parfois, elles se révèlent même fuyantes, renfermées par besoin de se protéger quand elles ont été abîmées par le voyage. Cette soif de rencontre qui anime les personnes offrant leur hospitalité n’est pas toujours partagée.

    Dans ce contexte, nous comprenons que l’hospitalité telle qu’elle est mise en œuvre aujourd’hui autour de nous, et du fait de l’asymétrie des positions, pose une relation d’#aide. Or celle-ci est elle-même fortement asymétrique car elle peut se révéler prolonger et reproduire, dans une autre modalité, la relation de #domination. La #relation_d’aide est dominante quand elle ne conscientise pas l’asymétrie justement des positions et des moyens des personnes qu’elle met en jeu. Elle sortira de cet écueil de prolonger la domination en trouvant une place pour la réciprocité. C’est #Paulo_Freire qui nous a appris que l’#aide_authentique est celle qui permet à toutes les personnes impliquées de s’aider mutuellement. Cela permet que l’acte d’aider ne se transforme pas en domination de celle ou celui qui aide sur celle ou celui aidé·e.

    Pour éviter de rejouer une relation de domination, l’hospitalité qu’elle soit privée ou institutionnelle doit trouver ou créer un espace pour l’#aide_mutuelle. Dans les pratiques actuelles de l’hospitalité, les situations d’asymétrie sont nombreuses.

    Les deux parties réunies autour la pratique de l’accueil ne disposent pas d’une répartition égale de l’information sur chacune. En effet, les personnes accueillies disposent généralement de très peu, voire pas du tout, d’information sur les personnes qui les accueillent. Alors que les hébergeur·ses connaissent les nom, prénom, date de naissance et pays d’origine, et parfois des détails du parcours de la personne qu’ielles accueillent. Cette asymétrie de connaissance organise bien différemment la rencontre, en fonction du côté duquel on se trouve. Sans information, ce sont les représentations déjà construites qui s’imposent et plusieurs personnes accueillies témoignent de la peur qu’elles ont à l’arrivée, à la première rencontre, une peur du mauvais traitement qui peu à peu cède la place à l’étonnement face à la générosité, parfois à l’abnégation, des personnes accueillantes. On comprend qu’il contraste fortement avec les représentations premières.

    Une autre asymétrie, créant une forte dépendance, repose sur le fait de posséder un #espace_intime, un #foyer. Les personnes accueillies n’en ont plus ; elles l’ont perdu. Et aucun autre ne leur est offert dans cette configuration. En étant accueilli·es, ielles ne peuvent se projeter à long terme dans un espace intime où ielles peuvent déposer leur bagage en sécurité, inviter des ami·es, offrir l’hospitalité. L’#hébergement est généralement, au moins au début, pensé comme #temporaire. Ielles n’ont pas la maîtrise de leur habitat d’une manière générale et plus particulièrement quand des heures d’entrée et de sortie de l’habitation sont fixées, quand ielles ne disposent pas des clés, quand ielles ne sont pas autorisé·es à rester seul·es.

    Enfin cette relation dissymétrique s’exprime également dans les #attentes perçues par les personnes accueillies et qui sont ressenties comme pesantes. Le récit de soi fait partie de ces attentes implicites. Les personnes accueillies parlent de peur de décevoir leurs hôtes. Ielles perçoivent l’accueil qui leur est fait comme très fragile et craignent de retourner à la rue à tout moment. Cette #précarité rend par ailleurs impossible d’évoquer des choses mal comprises ou qui ne se passent pas bien, et ainsi d’éluder des malentendus, de s’ajuster mutuellement.

    Cette asymétrie finalement dessine les contours d’une relation unilatérale de l’accueil [peut-on encore parler d’hospitalité ?]. Les personnes et les entités (les institutions qu’elles soient publiques – collectivités territoriales – ou privées – associations) qui organisent une offre d’hospitalité, ne laissant pas de place à la réciprocité. Cela signifie que cette offre produit de la #dépendance et une grande incertitude : on peut en bénéficier quand l’offre existe mais on est dépendant de son existence. Par exemple, certains dispositifs publics ont des saisonnalité ; ils ouvrent, ils ferment. De même que l’hospitalité privée peut prendre fin : les collectifs citoyens peuvent se trouver à bout de ressources et ne plus pouvoir accueillir. Ou de manière moins absolue : les règles de l’accueil, dans le cas de l’hébergement en famille, sont fixées unilatéralement par les personnes qui accueillent : les heures d’arrivée et de retour ; les conditions de la présence dans le foyer etc. Cette asymétrie nous semble renforcée dans le cas de l’hospitalité institutionnelle où l’apparition du lien personnel qui peut produire de la réciprocité par le fait de se rendre mutuellement des services par exemple, a plus de mal à trouver une place.

    On le voit, il est nécessaire d’imaginer la forme et les modalités que pourraient prendre la réciprocité dans le cadre de l’hospitalité institutionnelle où elle ne peut surgir naturellement, mais également s’assurer qu’elle trouve un espace dans les initiatives citoyennes.

    Michel Agier voit dans le #récit_de_soi, livré par les personnes accueillies, une pratique de la réciprocité. L’accueil trouvé auprès d’une famille ou d’un foyer par une personne venue chercher un refuge en Europe ce serait le don. L’histoire de son exil racontée à ses hôtes serait le contre-don. Pourtant une analyse différente peut être faite : dans ces circonstances, le récit entendu par les hôtes relève d’une injonction supplémentaire adressée aux personnes venues chercher un refuge. Qu’elle soit implicite ou ouvertement exprimée, cette injonction structure la relation de domination qu’ielles trouvent à leur arrivée. C’est pourquoi le #récit ne peut représenter cette réciprocité nécessaire à l’instauration de l’égalité.

    La place de la réciprocité et l’égalité dans les relations qui se nouent autour des actes d’hospitalité se jouent à n’en pas douter autour des représentations de personnes auxquelles ces pratiques s’adressent : les discours dominants, qu’ils soient médiatiques ou politiques, construisent les personnes venues chercher un refuge comme des #victimes. S’il serait injuste de ne pas les voir comme telles, en revanche, ce serait une #instrumentalisation de ne les voir que par ce prisme-là. Ce sont avant tout des personnes autonomes et non des victimes à assister. L’#autonomie respective des protagonistes de l’acte d’hospitalité ouvre l’espace pour la réciprocité.

    #Politisation

    Le 21 décembre 1996, au Théâtre des Amandiers de Nanterre où avait été organisée une soirée de soutien à la lutte des « sans papiers », #Jacques_Derrida s’émeut de l’invention de l’expression « #délit_d’hospitalité » et appelle à la #désobéissance_civile. Suite à l’adoption d’une loi qui prévoit un tel délit et des sanctions jusqu’à l’emprisonnement, le philosophe invite à défier le gouvernement en jugeant librement de l’hospitalité que nous voulons apporter aux personnes irrégularisées. Avec cet appel, il transforme une opposition binaire qui mettait face à face dans ce conflit l’État et des immigré·es, en un triangle avec l’intervention des citoyens. Il appelle à la politisation de l’hospitalité.

    De son côté, Anne Gotman reconnaît le sens politique de la sphère privée quand elle devient refuge. Cette politisation s’exprime également par la mutation du geste d’hospitalité initial qui est action #humanitaire et d’#urgence à la fin de l’été 2015, quand les citoyen·nes ouvrent leur maison, offrent un lit et un repas chaud. En réalité, ielles créent les conditions d’un accueil que l’État se refusent à endosser dans l’objectif de dégrader les conditions de vie des personnes venues chercher un refuge pour les décourager. L’action citoyenne est de ce point de vue une #opposition ou une #résistance. Cette #dimension_politique devient consciente quand les citoyen·nes côtoient le quotidien des personnes en recherche de refuge et découvrent le traitement administratif qu’ils et elles reçoivent. Cette découverte crée une réaction d’#indignation et pose les bases d’actes de résistance conscients, de l’ordre de la #désobéissance.

    –-

    * Ceci dit, l’association des villes et territoires accueillants, l’ANVITA, a vu récemment le nombre de ses adhérents considérablement augmenter : en novembre 2021, elle compte 52 membres-villes et 46 membres élu·es.

    –-> Intervention présentée à la semaine de l’Hospitalité, organisée entre le 13 et le 23 octobre par la métropole du Grand Lyon

    Références :

    – « Philosophie /et/ politique de la migration », Étienne Tassin, éditions Raison publique, 2017/1 n°21, p197-215

    – Le sens de l’hospitalité. Essai sur les fondements sociaux de l’accueil à l’autre, Anne Gotman, PUF 2001

    – Lettres à la Guinée-Bissau sur l’alphabétisation : une expérience en cours de réalisation, Paulo Freire, Maspero, 1978

    – Hospitalité en France : Mobilités intimes et politiques, Bibliothèque des frontières, Babels, Le passager clandestin, 2019, coordonné par Michel Agier, Marjorie Gerbier-Aublanc et Evangéline Masson Diaz

    – « Quand j’ai entendu l’expression “délit d’hospitalité”… », Jacques Derrida, Intervention retranscrite, 21/12/1996 au Théâtre des Amandiers ; http://www.gisti.org/spip.php?article3736

    https://blogs.mediapart.fr/modop/blog/221121/quelle-hospitalite-est-encore-possible-aujourd-hui

    ping @karine4 @isskein

  • Comment faire baisser le prix de l’électricité et du gaz ? Jacques FOOS - Professeur Honoraire au Conservatoire National des Arts et Métiers
    http://www.librairie-tropiques.fr/2021/11/ecoloscopie.html
     
     
    Il y a 10 ans, j’ai obtenu le « Prix de l’impertinence 2011 » créé par le Cercle des Entrepreneurs du Futur, pour un article que j’avais commis sur le thème : « Énergie : le nucléaire en plein séisme ». Ce prix me fut remis parce que j’avais écrit qu’il fallait mettre des éoliennes là où il y a du vent et des panneaux photovoltaïques là où il y a du soleil (comme l’avait écrit justement un élève dans sa copie : « le problème avec le solaire, c’est qu’il y a des jours où il fait nuit ! »).

    Lors de la remise du Prix, je n’avais pas manqué de souligner que je ne voyais pas ce qu’il y avait, dans ces propos, d’impertinent, si ce n’est que la remarque pouvait sembler politico-écologico incorrecte car on voit bien où il faut mettre ces éoliennes et ces panneaux solaires et surtout pas en Europe, par exemple. Et, en ce sens, cette affirmation peut passer pour impertinente.

    Ceci justifie les sommes colossales qui doivent subvenir à la production d’électricité par ces sources intermittentes dans notre pays pour les rendre acceptables, si on peut dire !

    Aujourd’hui, on voit une explosion des prix du gaz et des énergies en général, car le prix dépend de la demande, de plus en plus forte actuellement. Ainsi, au moment le plus drastique du confinement à l’échelle mondiale, le prix de l’essence était très bas mais personne ne pouvait rouler. Aujourd’hui alors qu’il est enfin possible de rouler, le prix des carburants atteint des sommets inégalés et ce n’est pas fini.

    La hausse des carburants, liée à celle du gaz et de l’électricité émeut nos concitoyens (et c’est un euphémisme !). Face à cette forte augmentation des prix de l’énergie, le Premier Ministre, Jean Castex propose un « bouclier tarifaire » avec le blocage du tarif réglementé du gaz jusqu’en avril et la limitation de la hausse de l’électricité, répondant comme dans d’autres pays européens à la flambée des prix de l’énergie. Ainsi, après l’augmentation de 12,6% du gaz fin septembre, son prix sera bloqué jusqu’en avril 2022 (date des élections présidentielles). Des options sont suggérées à destination du prochain gouvernement dont celle de faire payer alors aux consommateurs le gaz un peu plus cher que les cours du marché, qui devraient avoir baissé d’ici là, la saison du chauffage étant passée et donc avec une demande moins forte. Cela signifie toutefois que le consommateur paiera ces augmentations : c’est juste reculer pour mieux sauter !

    Or, il y a moyen de faire baisser drastiquement le prix de l’électricité et du gaz.
    Pour l’électricité , l’introduction de taxes, inexistantes au début de ce siècle doublent aujourd’hui le prix du kWh comme le montre ce tableau (Prix du kWh en France (en abscisse : le(s) dernier(s) chiffre(s) du millésime de ce siècle soit de 2001 à 2019). S’y ajoute la TVA !!). En 2021, le prix moyen du kWh TTC dépasse 0,19 euro (données Eurostat).
     



    Vous trouvez que mon impertinence frappe trop fort ? Regardez votre facture d’électricité. Elle présente quatre registres. Le premier est le prix du kWh. Le second indique le coût de l’abonnement payé à l’opérateur qui dépend essentiellement de la puissance installée. Le dernier correspond à la TVA.

    Le troisième registre s’intitule « Taxes et Contributions ». Là, le changement est important. Depuis 2002, une taxe est imposée au consommateur. Jusqu’en 2010, cette taxe appelée CSPE : Contribution au Service Public d’Électricité a peu augmenté, passant de 4 à 6% du prix du kWh : 0,9 c€/kWh (voir schéma). Cette taxe reflète essentiellement le surcoût associé aux politiques de soutien aux énergies renouvelables et à la cogénération selon les termes de la loi du 10 février 2000, même si d’autres rubriques en particulier sur le plan de la Solidarité, s’y rajoutent. Ainsi, en 2021, le montant de cette taxe est de 2,25 c€/kWh, soit une augmentation de 250% en dix ans (et il faut ajouter la TVA à 20% bien sûr !). Elle est destinée à 51% aux investissements dans le photovoltaïque (32%) et l’éolien (19%) !).

    Il suffirait donc tout simplement de supprimer ces subventions qui bénéficient pour une part importante aux sociétés étrangères qui installent ces centres de production électrique dans notre pays, pour voir notre facture d’électricité diminuer dans des proportions importantes. Par ailleurs, le développement de ces sources d’énergie intermittentes que sont le solaire et l’éolien nécessite un recours important aux centrales à gaz lorsqu’elles sont impuissantes à fournir du courant faute de vent ou de soleil. Ainsi, entre 2018 et 2019, la production thermique (gaz, fuel, charbon : tout ce qui rejette des gaz à effet de serre !!) est passée de 39,5 TWh à 42,5 TWh soit + 7,6% alors que notre pays s’est engagé, lors de la COP21 qu’elle a elle-même organisée à Paris, à baisser ses rejets de gaz à effet de serre ! Ainsi, alors que leur arrêt était prévu dans un avenir proche, les centrales à charbon ont repris du service depuis la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en 2020 qui, elle, comme toutes les autres centrales nucléaires, n’émettait pas de gaz à effet de serre. On pourrait revenir sur cette erreur néfaste pour le réchauffement de la planète en la remettant en service et en tout cas, il ne faut pas arrêter comme cela est prévu 12 autres réacteurs nucléaires sous le prétexte qu’ils sont trop vieux après 30 ou 40 ans de service. C’est à l’Autorité indépendante de sûreté française de décider de la fermeture ou du maintien en service des réacteurs (pour la centrale de Fessenheim, elle avait autorisé son fonctionnement pour 10 ans de plus !). Les États-Unis et le Canada prolonge ainsi la durée de vie de leurs centrales jusqu’à 80 ans de fonctionnement pour certaines d’entre elles !

    Ces centrales nucléaires en parfait état de marche voient leur financement amorti et donc le coût de production de l’électricité devient particulièrement bas. Ainsi, si on se compare à nos proches voisins européens, le coût du kWh au Royaume-Uni est 23% plus cher, +35% en Italie, +41% en Espagne, +65% en Belgique, +76% au Danemark et +82% en Allemagne1. Ainsi, les pays qui ont le plus recours aux énergies renouvelables, éolien et solaire, paient leur électricité beaucoup plus chère que nous et rejettent, pour leur production électrique, plus de gaz à effet de serre que les Français23 : c’est une mauvaise note sur toutes les lignes ! Comparaison n’est pas raison : on vient de voir que la suppression de certaines subventions irait aussi dans le bon sens pour le consommateur !

    Comme on le voit, le recours aux énergies renouvelables va à contre-sens de ce que l’on attend. C’est ce qu’ont très bien compris les producteurs de gaz qui, après avoir dit ne pas s’intéresser aux énergies intermittentes, les soutiennent maintenant puisque leur non-fonctionnement pendant près de 80% du temps4, conduit à un recours au gaz lorsqu’elles sont non-productives !

    Ainsi, en qualité de Chef d’un État imaginaire, si vous avez l’intention d’installer une centrale à gaz pour la production d’électricité de puissance de 10 000 MW, vous ne pouvez décemment pas annoncer à vos concitoyens ce projet qui va susciter un rejet écologico-à la mode. Vous annoncez alors que votre projet est d’installer 10 000 MW d’énergies éolienne et solaire. La foule congratule et pleure d’émotion !!

    Mais, ajoutez-vous, « le problème est l’intermittence de ces sources de production et si nous installons 10 000 MW de celles-ci, dans la mesure où elles ne produiront que pendant 20% du temps, il nous faut une autre source électrogène pour pallier les déficiences et voilà pourquoi nous devons installer en parallèle, mes chers concitoyens, 10 000 MW de gaz ».

    Banco, c’est gagné !

    Et c’est ce qui se passe un peu partout sur la planète ! Vous avez dit : diminution des rejets de CO2 ?

    En fait, ces rejets continuent d’augmenter !
     
    _ Parlons du gaz , justement (et là, l’impertinent va encore frapper !) : Son prix dépend fortement du pays producteur qui fixe son prix de vente en fonction de la demande et parfois aussi pour des raisons politiques. Or, nous pouvons nous affranchir de ces contraintes car nous possédons, en France, une réserve gigantesque de gaz de schiste : les estimations les plus sérieuses aujourd’hui conduisent à plus de 5 000 milliards de m3 (soit 4,3 Gtep au minimum : 25 ans de notre consommation d’énergie primaire, toutes sources confondues !).

    Comme le disait Michel Rocard : « La France est bénie des Dieux ! ». L’exploiter reviendrait à bénéficier de gaz gratuit. Certes il resterait les coûts d’extraction et de distribution mais le prix de notre gaz serait, chez le consommateur, beaucoup moins cher et constant dans le temps car non soumis aux contraintes évoquées plus haut.

    Nous ne sommes pas le seul pays à en avoir dans son sous-sol ; la Chine, les États-Unis, le Canada, l’Argentine, le Mexique et l’Afrique du Sud en possède des réserves encore plus abondantes. Mais, en Europe, c’est surtout la France et la Pologne qui se partagent les gisements les plus riches.

    Or, la France est le seul pays, non seulement à ne pas l’exploiter, mais encore à ne même pas envisager un essai d’exploitation, ne serait-ce que sur 1 km2 ! Il faut dire aussi que nous sommes les seuls à avoir inscrit le « principe de précaution » dans notre Constitution et que c’est à ce titre que nous ne bougeons pas dans ce domaine. À défaut d’être exportateur de gaz, on pourrait ainsi s’affranchir des dizaines de milliards d’euros que nous coûtent nos importations de gaz (et cette facture augmente actuellement de façon vertigineuse). En effet, rien qu’aux USA, selon M. Porter5, économiste à l’Université de Harvard, l’exploitation des gisements de gaz naturel en 2015 dans ce pays contribuait à hauteur de 430 milliards de dollars par an à l’économie américaine grâce à la baisse de la facture énergétique et aux revenus des 2,7 millions d’emplois créés dans cette industrie. Même si il y a une différence d’un facteur 5 entre la population américaine et la population française, de tels chiffres devraient faire rêver nos politiques !!

    Oui mais NON !

    Cela ne nous empêche pas de nous intéresser à cette exploitation de gaz … chez les autres ! Ainsi, il y a quelques années, Laurent Fabius est allé négocier en Algérie l’aide de la France à la prospection du gaz de schiste. De deux choses l’une : ou bien il n’y a aucun risque à exploiter cette source d’énergie et alors il faut le faire, ou bien cette exploitation est dangereuse à en croire les écologistes et il ne faut surtout pas encourager d’autres pays à le faire en particulier en les aidant à prospecter, voire en leur en achetant.

    Cherchez la logique ! En attendant, nous allons continuer à payer notre énergie de plus en plus chère ! Et pourtant, comme on vient de le voir, des solutions existent et qui ne peuvent avoir qu’un impact positif sur le budget des Français (et en termes de création d’emplois) pour plusieurs décennies ! 

    Qui aura le courage de prendre les bonnes décisions ?
     
    2 novembre 2021 *

     #escrologie #Jacques_Foos #éoliennes #train_des_primeurs #transition_énergétique #énergie #électricité #éoliennes_industrielles #énergie_éolienne #éolien #environnement #écologie #énergie_renouvelable #éolienne #edf #nucléaire #france #climat #nucléaire

    1 D’après la revue « Capital » du 7 octobre dernier.
    2 Émissions de gaz à effet de serre en grammes par kilowattheure d’électricité consommé en 2019 : France : 44 ; Belgique : 134 ; Danemark : 175 ; Royaume-Uni : 177 ; Espagne : 197 ; Italie : 264 ; Allemagne :
    3 (soit exactement 3 fois plus que la France !!) Source : European Environement Agency
    4 D’après le rapport RTE sur la production électrique de 2020, la puissance installée (éolien+solaire) a été de 28 GW (soit un potentiel de production électrique égal à 245,95 TWh) et la production n’a été que de 52,3 TWh, ce qui conduit à un « rendement » (le terme exact est « facteur de charge ») de 21,26% !
    5 Relevé dans la revue « L’Express n° 3337 du 17 juin 2015

    • Écoloscopie 2
       
      Ma chronique 441, qui reprenait les conclusions de la COP21, avait pour sous-titre : Écoloscopie. Je reprends cette formule ici au sujet de deux événements qui ont attiré mon attention.
       
      Le "train des primeurs"

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=38&v=dw6VjFLXnuY

       
       On nous a présenté, en cette fin d’octobre 2021, avec une émotion à peine contenue de la part des journalistes et des politiques de toute obédience, « le train des primeurs ». 
       
      Il s’agit de trains composés de 12 wagons dans lesquels on charge directement des palettes de fruits et légumes surtout venus d’Espagne et du Maroc et qui partiront cinq fois par semaine en fin d’après-midi de Perpignan, pour arriver avant l’aube à Rungis.
       
       Le journal « Le Figaro » du 19 octobre signale même que la CGT-Cheminots, qui s’est beaucoup mobilisée pour le retour du train des primeurs, appelle à « fêter la victoire » jeudi (21 octobre) à Perpignan en présence de son secrétaire général Laurent Brun et du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Quelle victoire ? Comment sont arrivés jusqu’à Perpignan les primeurs venus du Maroc et d’Espagne ? Doit-on se réjouir quand on sait que les producteurs étrangers sont soumis à moins de contraintes pour la production de leurs fruits et légumes que nos producteurs français ce qui rend ces derniers moins compétitifs ? Pour qui nous prend-on ?
       
       
      Le projet éolien de Saint Brieuc
       
       Dans ce projet, du fait de la richesse écologique du site et de la présence de nombreuses espèces protégées, la société espagnole Iberdrola Ailes Marines SAS a dû demander de nombreuses dérogations pour la destruction et la perturbation intentionnelles d’espèces protégées concernant 54 espèces d’oiseaux, 5 espèces de mammifères marins mais également pour la destruction de leurs habitats.
      Mais oui, c’est possible !!
       
       En avril 2017, le préfet des Côtes-d’Armor accorde les autorisations nécessaires à la filiale d’Iberdrola avec l’aval de la ministre de l’Écologie en poste (plus pour très longtemps !) sous la présidence de François Hollande : Madame Ségolène Royal.
      Les experts du « Conseil National Pour la Protection de la Nature » qui se sont autosaisis du sujet ont publié en juillet dernier2 un rapport dont les conclusions sont les suivantes :
       
      « La Commission supérieure des sites, perspectives et paysages s’inquiète du développement des projets éoliens offshore tels que proposés par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, et du potentiel jusqu’à 57 GW suite aux propositions de la Commission Européenne pour 2050, qu’elle juge disproportionnés eu égard aux enjeux de préservation du patrimoine naturel et paysager. La Commission estime que la transition énergétique ne doit pas conduire à porter gravement atteinte au littoral français dont la valeur paysagère, artistique, mémorielle et touristique est au premier plan en Europe, sous peine de remettre en cause plus d’un siècle d’efforts constants de protection du littoral par l’État. »
       
       Apparemment, l’avis de cette Institution, pourtant rattachée au ministère français de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, n’empêche nullement la société espagnole d’entreprendre ses travaux qui se sont illustrés, de plus, par une « pollution d’ampleur significative » (dixit la Préfecture maritime qui a saisi le parquet) en baie de Saint-Brieuc. Cette pollution a provoqué, en effet, une nappe d’huile de 15,9 km de long sur 2,8 km de large !
       
       Le cas de Saint-Brieuc n’est pas unique, pratiquement tous les projets déjà autorisés dans des zones capitales pour la biodiversité posent des problèmes similaires (Dunkerque, Le Tréport - voir video ci-dessous, Courseulles-sur-Mer, Belle-Île-en-Mer, Île de Groix, Banc de Guérande, Oléron…) et « provoquent un cumul d’impacts incompatibles avec la survie des oiseaux marins » souligne l’ONG Sea Sheperd.
       
       Et tout ça, au nom d’un engagement pour lutter contre le réchauffement climatique. On rêve !!
       
      https://www.youtube.com/watch?time_continue=2339&v=4_FOnjRbQeY


       
       Est-ce que l’ambition, légitime au demeurant, de lutter contre le réchauffement prévu (et même déjà constaté, sur la planète !), doit autoriser l’extinction d’espèces et la destruction d’habitats indispensables au bon fonctionnement de tout un écosystème fragile et extrêmement complexe ? En tout cas, cela n’émeut guère la plus grande majorité des associations dites écologistes. Celles-ci sont pourtant très actives contre quelques chasseurs qui tentent de conserver des coutumes ancestrales. En revanche, que l’on accorde des dérogations à des sociétés étrangères afin de leur permettre, dans nos eaux territoriales qui plus est, de détruire de façon intentionnelle (!) 54 espèces d’oiseaux protégés, ne leur pose aucuns problèmes !!
       
       Vous allez me trouver bien naïf mais il m’a fallu atteindre un âge avancé pour apprendre que l’on pouvait obtenir en toute légalité et avec la bénédiction de quasi tous les écolos, des autorisations pour la destruction et la perturbation d’espèces protégées.
       
       Mais c’est le genre de connaissances dont on aurait préféré s’affranchir ! Décidément, comme aurait pu le dire Michel Audiard, les écolos ça ose tout ; c’est même à ça qu’on les reconnaît !
       
      2 novembre 2021
       
      1 Publiée dans mon dernier ouvrage : « Regard sur la Société d’aujourd’hui pour préparer efficacement celle de demain. Chroniques du XXIe siècle. » (Éditions HDiffusion - Paris - mai 2019).
      2 http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn

  • Pour introduire une discussion avec Jacques Rancière

    Voici quelques questions, qui nous semble en résonance avec la pensée de Jacques Rancière, sur lesquelles nous aimerions pouvoir échanger avec lui à l’occasion de la rencontre sur écologie et politique que nous organisons le 25 septembre

    https://communaux.cc/2021/09/pour-introduire-une-discussion-avec-jacques-ranciere

    #écologie #politique #Jacques_Rancière

  • Écologies populaires : quel renouvellement du politique ?

    L’association Le Sens de l’Humus et Les Communaux, s’associent pour inviter Jacques Rancière, le samedi 25 septembre, à un moment d’échanges sur les nouvelles formes d’émergence du politique autour des pratiques d’écologie populaire.

    https://communaux.cc/2021/09/ecologies-populaires-quel-renouvellement-du-politique

    #écologie #politique #Jacques_Rancière

  • #Harcèlement à #Lyon-2 : #contre-enquête sur la #relaxe d’un professeur

    Suspendu en 2018 suite à des accusations de harcèlement formulées par une doctorante, un professeur de Lyon-2 a obtenu gain de cause en appel devant le #conseil_national_de_l’enseignement_supérieur_et_de_la_recherche. Problème : selon les informations de Mediacités, la décision repose sur des éléments faux ou sujets à caution.

    « Comment est-ce possible en #France ? Cette décision est scandaleuse. Le conseil a tranché alors qu’il disposait de #preuves contraires. J’accepte de témoigner pour qu’aucune femme n’ait plus à endurer ce que j’ai vécu. » Comme toujours, Lina* est calme. Mais sous sa voix posée gronde une colère sourde. En 2017, alors étudiante à Lyon-2, elle dénonce le harcèlement de son directeur de thèse, un professeur très reconnu dans le milieu universitaire. Conséquence, en 2018, Lyon-2 décide de le suspendre avec privation de salaire pendant un an. L’affaire avait à l’époque fait du bruit. Elle était loin d’être terminée…

    Le 10 septembre 2020, en appel, la #section_disciplinaire du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (#Cneser) a relaxé le professeur en question, qui n’a jamais repris ses cours à Lyon-2 (il est aujourd’hui professeur invité à l’université canadienne de Dubaï). La décision passe alors inaperçue, malgré la médiatisation de l’affaire deux ans plus tôt. Or, comme nous l’avons découvert au cours de notre enquête, dans son analyse du dossier, le Cneser s’est appliqué à décrédibiliser le témoignage de l’étudiante sur la base d’éléments faux.

    Après la libération de la parole et les errements de la direction à l’École normale supérieure de Lyon (ENS) [lire les enquêtes de Mediacités ici : https://www.mediacites.fr/enquete/lyon/2021/03/22/violences-sexuelles-a-lens-de-lyon-une-si-laborieuse-et-tardive-prise-de- et là : https://www.mediacites.fr/complement-denquete/lyon/2021/06/14/violences-sexuelles-a-lens-de-lyon-la-mediatisation-a-fait-bouger-les-choses/], après la gestion laborieuse d’un étudiant de Science Po Lyon accusé de viols par plusieurs femmes dévoilée par Mediacités (https://www.mediacites.fr/enquete/lyon/2021/03/02/violences-sexuelles-les-errements-de-sciences-po-lyon), après les récentes révélations de Rue89Lyon (https://www.rue89lyon.fr/2021/09/06/sous-emprise-monsieur-cinema-universite-lyon-2) sur le harcèlement subi par plusieurs étudiantes de #Jacques_Gerstenkorn à Lyon-2 (https://www.mediacites.fr/revue-de-presse/lyon/2021/09/06/jacques-gerstenkorn-monsieur-cinema-de-luniversite-lyon-2-accuse-de-harce), notre contre-enquête éclaire sous un autre jour la question des violences sexistes et sexuelles au sein de l’#enseignement_supérieur. Elle illustre le décalage entre un discours officiel qui encourage les victimes à dévoiler les harcèlements dont elles font l’objet et des procédures disciplinaires lentes et archaïques incapables de leur rendre justice.

    (#paywall)

    https://www.mediacites.fr/enquete/lyon/2021/09/14/harcelement-a-lyon-2-contre-enquete-sur-la-relaxe-dun-professeur

    #justice (really ?) #ESR #université #violences_sexistes #violences_sexuelles

    –-

    ajouté à la métaliste sur le harcèlement à l’université :
    https://seenthis.net/messages/863594

    ping @_kg_

    • Violences sexuelles à l’ENS de Lyon : le rapport d’enquête épingle la présidence

      Après des violences sexuelles et sexistes au sein de l’École normale supérieure (ENS) de Lyon, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche avait diligenté une enquête. Et les inspecteurs se montrent sévère avec la présidence de l’ENS, dans un rapport d’enquête publié mercredi 27 octobre, estimant que l’établissement « n’avait pas suffisamment pris la mesure du problème ».

      L’enquête menée par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), à la suite de révélations dans la presse, a permis de reconstituer « une liste anonymisée de 27 situations de violences sexuelles et sexistes, dont la première remonte à 2017 ».

      Neuf cas « relèveraient de la qualification de viol », d’après la synthèse du rapport, précisant que les victimes sont des étudiantes, à l’exception d’un cas masculin. « Les personnes mises en cause sont pour la moitié d’entre elles des étudiants, ajoutent les inspecteurs. Pour l’autre moitié, il s’agit de cinq enseignants, de cinq autres personnels de l’ENS, de quatre personnes extérieures ou non identifiées. »
      Le « peu d’empressement à agir » de la direction

      La présidence de l’ENS n’était informée que de 15 de ces situations et « hormis une situation très récente, sur les 14 situations traitées par la présidence, une seule a donné lieu à une procédure disciplinaire », relèvent les enquêteurs de l’IGESR. « Toutes les autres sont demeurées sans décision formalisée de la part de l’ENS. »

      Selon le rapport d’enquête, « le manque de cohérence dans le traitement des situations, le peu d’empressement à agir, a conduit à une impossibilité de clôturer les instructions » et « a contribué à construire un sentiment d’incertitude, de peur et de défiance qui s’est installé chez les victimes présumées ».

      L’enquête a révélé « 27 situations de violences sexuelles et sexistes » depuis 2017. Elle pointe le « manque de cohérence » de la direction lorsqu’elle a été informée.

      https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/violences-sexuelles-a-l-ens-de-lyon-le-rapport-d-enquete-epingle-la-pre

  • Einheits-Gesichter statt Kalter-Krieg-Köppe
    https://taz.de/Einheits-Gesichter-statt-Kalter-Krieg-Koeppe/!1740599
    Es war einmal eine Zeit, in der das SFB-Fernsehen der politische Arm der CDU war (ist die erzkonservative Abendschau das heute nicht?), und der US-Stadtkommandant die politischen Spitzen Berlins zum wöchentlichen Rapport nach Dahlem bestellte. Von wegen „Freies Berlin“ im Sender oder in der Politik. Die Nachwende-Nachfolge bei der Berliner Abenschau trat dann Ulrike (mit damals noch schamhaft verschwiegenem „von“) Möllendorff als Moderatorin an. Wer waren noch einmal diese von Möllendorffs?

    Eine Straße widmet Ihnen liebevoll und immer um zeitgemäße Schreibweisen bemüht der Bezirk Lichtenberg, Vor 1878 bis 1910 hieß sie, nomen est omen, einfach Dorfstraße . 1910 dann wollte das aufstrebene Lichtenberg seine Verbundenheit mit den Großen der Preußen zeigen. Da paßte Dorfstraße nicht mehr, und so beförderte man sie zur Möllendorffstraße. 1921 schlug dann eine der beliebten Rechtschreibreformen zu und vertrieb das Doppel-F. Ab 1922 waren Straßenverzeichnisse, Stadtpläne und Adreßbücher auf Möllendorfstraße mit Einfach-F umgestellt. Am 3.5.1935 rückten die Nazis die Verhältnisse wieder zurecht und die Anwohner durften ihre Briefköpfen um ein F bereichern. Das fiel kaum auf, rollten doch seit drei Jahren nicht nur Briefköpfe.

    Das Doppel-F blieb, bis die Führung der DDR im Jahr 1976 diesen freundlichen älteren Herren ehrte, der im Vorjahr getorben war. Ab da gab es die Jacques-Duclos-Straße, und der olle Möllendorff interessierte nicht mehr


    Jacques Duclos hatte es faustdick hinter den Ohren. Von 1926 bis zu seinem Tod war er französischer Parlamentarier, nur durfte er während der deutschen Besatzung Frankreichs und den Zeiten im Untergrund seine Mandate nicht ausüben. Die bürgerliche Justiz des Vorkriegs-Frankreich verurteilte den kommunistischen Parlamentarier Duclos unter immer neuen Vorwänden zu insgesamt 47 Jahren Zuchthaus.

    Während der Besatzungszeit folgte er der Linie Moskaus und ermöglichte durch seine Weigerung, die Partei unmittelbar nach Sieg der Deutschen in die Klandestinität zu führen, zahlreiche Verhaftungen von Kommunisten durch die französische Polizei im Auftrag der Besatzungsmacht. Nach dem Überfall der Naziarmeen auf die Sowjetunion leitete Jacques Duclos die kommunistische Résistance und mit ihr verbundene Widerstandskräfte.

    Sogar nach dem Krieg wurde er verhaftet, als die Polizei in seinem Auto bei der Jagd erlegte Tauben fand. Die wurden von der Staatsnwaltschaft flink zu Spionage-Brieftauben aus Moskau erklärt, und Duclos verschand für die Dauer der affaire des pigeons in Untersuchungsfaft.

    1969 erhielt Jacques. Duclos als kommunistischer Präsidentschaftskandidat 4,8 Millionen oder 21,3 % der abgegebenen Stimmen. Dank der starken KPF unter Jacques Duclos gab es enge nenschliche, politische und wirtschaftliche Verbindungen zwischen Frankreichs und der DDR, so daß er nach seinem Tod vom antifaschistischen Deutschland mit der Widmung einer Straße geehrt wurde, die bis dahin an die die Elite des preußischen Militarismus erinnerte.

    Die Bewunderer Preußens strichen 1992 den Kommunisten Duclos aus dem Stadtbild und setzten die Möllendorff-Ehrung fort. Ulrike von Möllendorff starb im Jahr 2017. Dafür leitet heute Gabriele von Moltke die Berliner Redaktion der Abendschau.
    Noblesse oblige.
    01.09.2017: https://www.rbb-online.de/unternehmen/presse/presseinformationen/unternehmen/2017/08/20170830_v_moltke_leitet_Abendschau.html

    14. 12. 1990 von kotte, TAZ Ausgabe 3286 - Bei der Berliner »Abendschau« wird wieder einmal der Versuch unternommen, zu einer wahrhaftigen Metropolen-Sendung zu mutieren/ Statt der altbewährten Frontstadt-Moderatorenschar soll ein Duo die Sendungen wie bei den »Tagesthemen« leiten

    Masurenallee. Bei der SFB- Abendschau, der Lieblingsfernsehsendung aller Durchhalte-BerlinerInnen, sollen nun endlich die Köpfe des Kalten Krieges gegen Einheits- Gesichter ausgetauscht werden. Ab Januar 1991, so hat es SFB-Regionalchefin Barbara Friedrichs geplant, sollen die alte ModeratorInnen-Riege um Hans-Werner Kock (Macht’s gut, Nachbarn!) und das provinzielle Outfit der erzkonservativen Abendsendung weg. Keine betulich-rosa bestrickte Evelyn Lazar mehr und kein streng rechtsstaatlicher, immer nadelgestreifter Gerhard Lenz. Statt dessen sollen dann Abendschau-Reporter Friedrich Moll und die ZDF-Nachrichtenredakteurin Ulrike von Möllendorff moderieren.

    Die beiden werden sich dabei wöchentlich abwechseln, ganz so wie dies auch bei der ARD-Nachrichtensendung Tagesthemen üblich ist. Möllendorff hatte bereits zehn Jahre für die SFB-Abendschau gearbeitet, bis sie das ZDF zunächst zur Drehscheibe und dann zur Nachrichtensendung heute holte. Bei heute ist die in Hamburg lebende und aus Berlin stammende Möllendorff als freie Mitarbeiterin tätig.

    Auch die Dekoration und die inhaltliche Konzeption der Abendschau sollen reformiert werden — allerdings bleibt fraglich, ob das schon ab 2. Januar 1991 klappen wird. Die SFB-Pressestelle und Regional-Chefin Friedrichs jedenfalls halten sich noch sehr bedeckt — ebenso wie die designierten Moderatoren Moll und Möllendorff. Beim SFB räumt man bisher nur ein, daß konzeptionell gearbeitet werde (»in Abstimmung mit der Abendschau-Redaktion«) und daß mit Ulrike Möllendorf noch verhandelt wird. Im Ungewissen läßt der SFB öffentlich auch noch, ob sich bei den Abendschau-Reportern Veränderungen ergeben. Muß etwa Hans-Joachim Lorenz, genannt »das schwarze Loch«, seinen Hut nehmen? Und ist der verschlafene Siegfried Schenk noch zeitgemäß? Ebenso unklar ist weiterhin, in welche Sendungen die angestammten Frontstadt-ModeratorInnenschar der Abendschau (Marianne Behland, Hans-Werner Kock, Evelyn Lazar, Gerhard Lenz, Angelika Neumann und Jeanette Schiemann) abwandern könnte oder müßte — eine Möglickeit wäre die in diesem Jahr etablierte Regionalsendung Berlin-Brandenburg. Oder spielen inhaltliche und politische Gründe womöglich gar keine Rolle bei den Abendschau-Reformen, geht es nur um zwei neue Gesichter?

    Im Gegensatz zu ihren Chefs jedenfalls hat die alte Abendschau- Garde bereits rege öffentliche Tätigkeit entfaltet. In der Springerpresse sind seit Tagen Meldungen zu lesen, die die beiden neuen Moderatoren Moll und Möllendorf madig machen sollen. Eine bewährte Strategie des Uraltteams, das auf diese Weise schon des öfteren Reformen bei der Abendschau torpediert hat. Da wird einmal im Verein mit den Springer- Blättern ’Morgenpost‘ und ’Bild‘ (die ganz besonders) Abendschau- Reporter Moll als bekannter »linker Scharfmacher« tituliert — mit der Begründung, daß Moll sich gegen die penetrante CDU-Lastigkeit bei der Auswahl von Interviewpartnern gewendet habe. In einem Artikel der ’Bildzeitung‘ wird sich über angeblich zu hohe Gagen der Moderatoren (pro Sendung 1.000 Mark) aufgeregt — mit der Nebenbemerkung, daß der SFB im Jahre 1990 mindestens 13 Millionen Mark Minus mache. Eine völlig schwachsinnige Empörung, denn die ModeratorInnen der Abendsendung von RIAS-TV beispielsweise bekommen nach Informationen der taz pro Sendung mindestens ebensoviel, wenn nicht mehr an Honoraren.

    Und die von Möllendorffs? Die sind uninteressant, nicht vom Kaliber eines Moltke oder Bismarck.

    08.10.2017, Frühere ZDF-Moderatorin Ulrike von Möllendorff gestorben
    https://www.br.de/nachrichten/kultur/fruehere-zdf-moderatorin-ulrike-von-moellendorff-gestorben

    Kaupert und Wikipedia wissen genug über die von Möllendorffs.
    https://m.kauperts.de/Strassen/Moellendorffstrasse-10367-Berlin
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/M%C3%B6llendorf

    Die Moderatoren der Abendschau - Ein Rückblick
    https://www.rbb-online.de/abendschau/55_jahre_abendschau/abendschau_chronik/die_moderatoren_der.html

    Harald Karas (1958-1984)
    Günther Piecho (1958, 1959)
    Alexander von Bentheim (1958-1978, 1981-1984, 1988)
    Hans Werner Kock (1962-1991)
    Wolfgang Hanel (1963-1984)
    Gerhard Lenz (1970-1992)
    Arvid Wahl (1970-1991)
    Heinz Deutschendorf (1970-1974,1998)
    Alexander Kulpok (1971-1975, 1988)
    Evelyn Lazar (1971-1991)
    Richard Schneider (1973-1984)
    Roderich Boes (1975-1984)
    Werner Thies (1980-1988)
    Irene Collyer (1981-1984)
    Klaus Strebe (1981-1983,1987)
    Gert Ellinghaus (1984-1987)
    Marianne Beland (1985-1991)
    Jeanette Enders-Schiemann (1985-1991)
    Angelika Neumann (1986-1998)
    Winfried Göpfert (1986,1988-1989)
    Jochen Sprentzel (1987-1989)
    Barbara Friedrichs (1989-1990)
    Friedrich Moll (1990-2007)
    Ulrike von Möllendorff (1991-1997)
    Raiko Thal (seit 1992)
    Olaf Krieger (1994-1995)
    Harald Prokosch (1994-1998)
    Cathrin Böhme (seit 1997)
    Ellen Arnhold (1999)
    Jan Lerch (1999-2004)
    Sascha Hingst (seit 2007)
    Eva-Maria Lemke (seit 2018)

    Stand vom 24.10.2013

    Das Organigramm des Senders RBB von 2020
    https://www.rbb-online.de/unternehmen/der_rbb/struktur/organigramm-rbb.file.html/rbb.pdf

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