• La Ville bidon, film de Jacques Baratier
    https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ville_bidon

    La Ville bidon est un film français réalisé par Jacques Baratier, sorti en 19761. Il s’agit de la reprise du téléfilm La Décharge, tourné en 1968 et 1970, réalisé en 1971 mais censuré et donc non diffusé sous ce format. Le fim a été réédité en DVD en 2008 par Doriane Films2. Ce film satirique est une critique de l’urbanisme des villes nouvelles dans la banlieue parisienne, dont il stigmatise l’affairisme et l’idéalisme hypocrite, tout en soulignant la violence du démantèlement des bidonvilles et l’absurdité de vie dans les grands ensembles, dans un contexte de montée de la société de consommation. La réception du film a été contrastée.

    J’ai vu hier ce film en DVD. Grand plaisir filmique. Un film à montrer aux apprentis urbanistes et aux architectes. A notre époque caractérisée par de nouveaux bidonvilles que nous écrasons aux bulldozers exactement comme en 1970 - mais sans proposer aux Rroms qui les habitent les sinistres cités de transit ou les HLM mises en scène dans le film, il y a des parallèles intéressants à tirer sur la violence que constitue toujours l’urbanisme, le déni de liberté qu’il opère et l’imposition de normes arbitraires qu’il met en œuvre - au nom du bonheur. Scène extraordinaire vue dans le film : le sociologue qui demande à l’épaviste rebelle : pourquoi refusez vous le bonheur ? Et l’on voit ces scènes merveilleuses où les trois casseurs font des courses en se faisant tirer sur des capots de voiture accrochés à de vieilles bagnoles, dans une recherche de la jouissance sans entrave ni limite. La scène finale où l’un des héros se renverse et meurt évoque James Dean dans la La Fureur de vivre.
    Une flopée de sites en parle et fournissent des éléments sur la réception du film. J’ai mis à jour la fiche wikipedia du film pour rassembler tout cela.
    En bonus sur le DVD se trouve un documentaire de 1956 dont le ton tranche complètement avec ce film. Basé sur des rapports officiels, il dresse un état des lieux de la situation dramatique du logement au moment même du lancement de l’appel de l’abbé Pierre. Le ton est misérabiliste, et le document est un appel technocratique et moralisateur à démolir le vieux Paris insalubre et les bidonvilles de France et de Navarre pour les remplacer par un urbanisme propret (on voit un exemple de cité jardin) perçu comme une voie régénération de la France. La seule fois qu’une voix d’habitant se fait entendre, c’est une lettre dramatique d’une femme adressée à l’abbé Pierre justement, mais on complètement dans le pathos. Bref, le contraste entre les deux documents, à quinze ans d’écart, est saisissant...
    #urbanisme #France #1970 #1956 #Abbé_Pierre