Ce qu’il y a de nouveau, c’est la grille de lecture par le #pétrole. Oui, le capitalisme exploite, confisque, détruit, etc. Mais la croissance exponentielle de la population, de la richesse et du gâchis s’est concentrée en très peu de temps à l’échelle même de notre histoire et encore plus de notre espèce, simplement parce que nous avons eu du pétrole : une énorme source d’énergie très efficace et très bon marché... jusqu’à présent. La quasi-totalité du système actuel repose uniquement sur le rendement énergétique et la plasticité du pétrole. Tout le reste a vocation à s’effondrer brutalement en cas de rupture de l’approvisionnement. La crise réelle actuelle, c’est la redistribution des cartes en fonction de cet unique facteur.
Ce qu’il y a de bien avec la grille de lecture du pétrole, c’est que dès qu’on l’applique, des tas de décisions, d’événements, de tendances, face auxquelles on ne voyait aucune cohérence, aucune ligne directrice, que l’on pouvait trouver absurdes, illogiques, deviennent brutalement totalement rationnelles.
Même le despotisme hydraulique (l’accès à l’eau est le second enjeu majeur en cours de notre civilisation) dépend largement de l’accès au pétrole, comme j’ai pu le tester lors de la tempête Klaus.
La fin du pétrole bon marché implique 3 scénarios possibles :
Anticipation totale : on décide de piloter le changement de paradigme en amont et pour la totalité de la population. Cela signifie, concrètement, qu’on devrait déjà, à l’heure actuelle, avoir consacré le gros de nos ressources financières, intellectuelles et énergétiques à développer de nouvelles solutions en vue d’une transition énergétique globale et un atterrissage en douceur. Personnellement, je ne vois rien de tel.
Aucune anticipation : on ne voit rien, on ne décide de rien et on continue sur la même lancée, jusqu’au décrochage des prix des matières premières. Là, c’est une correction brutale, globale et le retour rapide à la société pré-pétrole... sauf qu’il n’y pas de retour possible, parce que le pétrole a créé la dépendance à l’énergie facile et abondante, à la chimie, à la mobilité forcenée. Autrement dit, beaucoup des savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre de l’époque antérieure au pétrole sont perdus et là, c’est la méga merde comme vous ne l’avez jamais envisagé dans le pire de vos cauchemars. À côté, The Walking Dead, ça fait piquenique à la sauce Teletubbies. Cela dit, si c’était le cas, le monde ne serait qu’un vaste supermarché hédoniste lancé à tombeau ouvert vers le précipice. Bon, c’est peut-être le cas, mais c’est précisément la « crise » actuelle, les guerres en cours et l’explosion des écarts de patrimoines qui me font penser le contraire.
L’anticipation ciblée ou le syndrome de l’arche de Noé. Ça c’est l’hypothèse héritée du fonctionnement intrinsèque de la mentalité capitaliste : les plus méritants doivent être sauvés. La classe dominante et dirigeante n’a pas grand intérêt à piloter l’adaptation globale, puisque, concrètement, c’est elle qui a le plus à perdre. Elle n’a pas non plus intérêt à se mettre la tête sous le sable, surtout quand l’anticipation du basculement est proche, c’est-à-dire pour la génération en cours. Le plan, c’est qu’on n’a pas trouvé mieux que le pétrole pour faire tout ce que peut faire le pétrole et que donc, on ne peut s’en passer. Les générations futures le devront, mais le capitalisme n’est pas connu pour ses grandes capacités d’anticipation au-delà de l’intérêt immédiat et supérieur de ses classes possédantes et dirigeantes. Donc, si on ne peut pas remplacer le pétrole ni s’en passer, la réponse est évidente, limpide et sans appel : on réserve son accès et son usage à ceux qui le méritent.
Ce qui implique de trier et hiérarchiser les populations humaines en fonction de leur utilité pour les classes dominantes et de repousser les surnuméraires au-delà des confins de la civilisation du pétrole.
Pour l’instant, c’est la gueule que ça prend.