• Jean Paul Belmondo, élu président du Syndicat français des acteurs CGT en 1963 par Claude Liscia
    https://maitron.fr/spip.php?article16181

    Né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 6 septembre 2021 ; comédien ; président du syndicat français des acteurs (CGT).

    Fils du sculpteur Paul Belmondo, Jean-Paul Belmondo fut scolarisé à l’École alsacienne, une des meilleures écoles privées de Paris, dont il fut renvoyé pour indiscipline. Il réussit le concours d’entrée au Conservatoire national d’art dramatique dont il suivit les cours jusqu’en 1956.

    Encore étudiant, il fut découvert par Henri Aisner, à la recherche d’un jeune comédien qui ne parût pas issu de milieux bourgeois, pour un film commandé par la CGT. Les Copains du dimanche fut ainsi tourné en 1956, au lendemain de l’invasion de la Hongrie par les chars soviétiques et du rapport Khrouchtchev dénonçant les crimes de Staline. Confrontée à une forte baisse de ses adhérents, la CGT voulait que ce film constitue une propagande en faveur des comités d’entreprise, encore peu développés dix ans après leur création. Jean-Paul Belmondo incarna un ouvrier métallurgiste de dix-huit ans, ayant perdu son père à la guerre, travaillant 55 heures par semaine et habitant avec sa mère en banlieue ; son seul luxe : une guitare. Entraîné par un camarade dans la création d’un aéroclub ouvrier, le personnage se range du côté d’une jeunesse ouvrière honnête, laborieuse, solidaire, opposé à une jeunesse dorée, oisive et immorale. Le film décrit le double piège de division syndicale et de récupération patronale pour conclure en exaltant la force de l’union des syndicats et des générations.

    Le film ne fut pas projeté en salles, car le syndicat des producteurs fit pression sur celui des distributeurs pour empêcher sa diffusion ; irrités par son plaidoyer en faveur de l’ouverture vers les autres syndicats, certains militants de la CGT n’en furent pas mécontents. Cependant le réalisateur Marcel Carné vit le film, y remarqua le comédien et le fit tourner dans Les Tricheurs, film sur la jeunesse dorée sorti en 1958. Rapidement, Jean-Paul Belmondo devint l’acteur fétiche des jeunes réalisateurs de la Nouvelle Vague en train d’émerger et qui devait marquer fortement l’histoire du cinéma français. En 1960, avec A bout de souffle de Jean-Luc Godard, il acquit une célébrité durable.

    Comptant sur cette aura de modernité pour servir sa cause, le Syndicat français des acteurs (SFA) l’élut le 5 novembre 1963 à sa présidence pour remplacer Michel Etcheverry, qui assuma désormais avec Michel Piccoli la vice-présidence. Le syndicat espérait renouveler l’aventure menée en 1957 avec Gérard Philipe* qui, sollicité presque par hasard, s’était beaucoup investi dans ce rôle, son prestige rejaillissant sur la lutte syndicale. Or, quatre ans après le décès prématuré de Gérard Philipe, il s’adressait à celui-là même dont le tempérament et le style marquaient une rupture avec l’acteur culte de l’après-guerre. En effet, critiques aux Cahiers du cinéma dans les années cinquante, les réalisateurs de la Nouvelle Vague avaient été les seules voix discordantes, acerbes même, à l’égard de Gérard Philipe, de son jeu, du mythe qu’il devenait ; en utilisant Jean-Paul Belmondo pour incarner un héros voyou et désinvolte, beau gosse sans pathétisme, ils imposaient un style d’acteur différent. Les deux comédiens divergeaient également sur le plan politique. Engagé dans le combat pour la paix, Gérard Philipe avait été un compagnon de route du Parti communiste jusqu’à l’entrée des chars russes dans Budapest. Jean-Paul Belmondo se défiait du communisme et accepta, mais non sans réticence la présidence du SFA, affilié à la CGT. Néanmoins, à l’occasion de sa ré-élection en septembre 1965, il confia : « Si nous faisons tous partie de la CGT, c’est parce que c’est le seul syndicat qui nous soutienne. »

    Il se révéla peu disponible. Aussi Robert Sandrey, le délégué général, le tenait-il scrupuleusement au courant de la vie interne et externe du SFA, et lui soumettait-il lettres et documents à signer, insistant pour que le comédien ne soit présent qu’en cas de nécessité extrême - et n’y réussissant pas toujours. Malgré tout, dans ces limites-là, Jean-Paul Belmondo se plia au jeu, défendant publiquement le syndicat, le mentionnant dans ses interviews. Ainsi s’exprimait-il en décembre 1964 dans La Vie ouvrière, l’hebdomadaire de la CGT : « C’est un syndicat comme les autres. Je sais que vous allez penser aux vedettes, aux gros cachets... Nous sommes quoi, une dizaine peut-être ? N’en parlons pas, car là il ne s’agit plus à proprement parler de notre métier d’acteur. Nous sommes traités à ce niveau non pas comme des comédiens, mais comme des marques de pâte dentifrice. Ce n’est pas ça le spectacle. Le spectacle, ce sont les quelque vingt mille comédiens, acteurs de cinéma, de théâtre, de télé, qui travaillent quand on veut bien leur en donner l’occasion et dont beaucoup ont bien du mal à vivre de leur métier, ce métier qu’ils ont choisi et qu’ils aiment. Et ceux-là, je vous assure, ils ont besoin d’être syndiqués et de se battre pour la vie. J’ai des tas d’amis qui travaillent trois mois par an et moins parfois. Mais il faut manger pendant douze mois. Les sources d’emploi, voilà le problème. » Car, en ces années, le souci majeur du syndicat était l’exploitation des comédiens par la télévision, qui n’était pas encore astreinte à la législation du travail en vigueur dans le cinéma et le théâtre ; aussi, des pourparlers furent-ils engagés pour assurer aux acteurs un paiement en cas de rediffusion. Le déclin du théâtre, concurrencé par le cinéma et la télévision, constitua une autre préoccupation du syndicat qui, pour y remédier, apporta son soutien au Comité de sauvegarde du théâtre.

    En 1965, Jean-Paul Belmondo fut reconduit à la présidence du SFA tout en demeurant très sollicité par le cinéma et par son propre vedettariat. Son absentéisme chronique finit par générer une certaine amertume. En particulier, il fut critiqué - sur la forme plus que sur le fond, lui précisa Robert Sandrey - à la suite d’un entretien avec Michel Cournot dans Le Nouvel Observateur, où il se montrait caustique à l’égard du Conservatoire d’art dramatique. Le syndicat lui demandant un rectificatif, il refusa ; peu après il annonçait sa démission, rendue officielle en septembre 1966 : « La profession dans la période de trouble si grave qu’elle traverse, disait-il, avait besoin d’un président plus actif, et surtout plus présent. » Dès lors il poursuivit une carrrière de premier plan.

    #CGT #Syndicalisme #Jean_Paul_Belmondo #école_alsacienne #luttes

    • Pendant qu’on y est

      L’école du gotha - Enquête sur l’Alsacienne par Lucas Bretonnier, Editions du Seuil
      https://www.seuil.com/ouvrage/l-ecole-du-gotha-lucas-bretonnier/9782021451139

      Salamé ? Présente. Starck ? Présent. Pinault, Seydoux, Badinter, Goldman ? Présents ! Faire l’appel des anciens élèves de l’École alsacienne, c’est passer en revue des milliers de patronymes illustres dans tous les domaines : politique, affaires, médias, édition ou encore cinéma.

      Si une grande majorité des Français n’en a jamais entendu parler, à Saint-Germain-des-Prés, tout le monde connaît cette école qui plaît aux intellos chics notamment pour sa pédagogie progressiste et humaniste.

      L’École de la rue d’Assas a su de longue date cultiver les exigences de l’époque : épanouissement de l’élève, rapport horizontal à l’autorité, valorisation des pratiques artistiques, etc. Mais cet établissement de rêve n’est pas pour tous. L’Alsacienne déjà ultra sélective est victime de son succès.

      Difficile, voire impossible d’y faire entrer son enfant si l’on n’a ni les codes ni un solide carnet d’adresses. Comment est-on passé d’une école d’avant-garde à la forteresse de l’entre-soi d’une élite éclairée ?

      Dans cet ouvrage, on croise des protestants alsaciens, des rejetons de ministres, d’acteurs, ou d’écrivains, des parents qui réseautent aux goûters d’anniversaires, Gabriel Attal et Juan Branco en frères ennemis…

      À partir d’une centaine d’entretiens, la première grande enquête sur l’École alsacienne décrypte les mécanismes d’un autre séparatisme scolaire et social qui ne dit pas son nom.

      Lucas Bretonnier est journaliste indépendant. L’École du gotha est son premier livre.

      #école_alsacienne #gotha #haute_bourgeoisie #bourgeoisie (qui s’y croit) #politique #france #inégalités #domination

  • J.B. Fressoz et D. Pestre, Risque et société du risque depuis deux siècles, 2011
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/09/03/fressoz-pestre-risque

    Le but de cet article n’est pas de nier tout changement, de dire que les continuités sont plus fortes que les ruptures, mais de questionner le hiatus trop hâtivement établi entre ce passé aveugle et nous. Les sociétés européennes du XIXe siècle ont certes largement pollué et enclenché la carbonification de notre économie et de notre atmosphère et, en cela, elles ne semblent pas « réflexives ». Mais cela n’implique pas qu’elles ne se sont jamais posées de questions – ni que notre prise de conscience actuelle nous mène vers un développement qualitativement différent. Notre but est donc double. Il est de pointer les faiblesses historiques d’une thèse qui a construit un passé imaginaire fait d’insouciance et de risques ignorés, mais aussi de revenir sur cette « réflexivité » qui, symétriquement, nous définirait comme tout différents. Notre souci, en remplaçant l’opposition binaire entre « eux » et « nous » par un récit historique plus complexe est donc de donner à « la société du risque » la généalogie qui lui manque, une généalogie qui peut seule permettre de dire comment nous en sommes arrivés à cette évidence que nous sommes aujourd’hui dans des sociétés autres, de miner l’illusion réconfortante de notre exceptionnelle conscience des choses – et d’ainsi mieux se préparer aux défis réels auxquels nous faisons face.

    #Histoire #modernité #pollution #risque #société_du_risque #Ulrich_Beck #Jean-Baptiste_Fressoz #Dominique_Pestre

  • HYPERTROPHIE DU GROTESQUE : Mr AILLAGON COMMENTE TROIS ŒUVRES DE LA COLLECTION PINAULT par Nicole Esterolle (Billet d’humeur)
    https://levadrouilleururbain.wordpress.com/2021/08/29/hypertrophie-du-grotesque-mr-aillagon-commente-trois

    Mr Aillagon (Directeur de la collection Pinault, ex-ministre de la culture, ex- directeur du Château de Versailles et du Centre Pompidou) est assurément la figure la plus emblématique de cette hystérisation du vide , de cette fellation compulsive du rien, de l’intellectualisation de la niaiserie crasse, de la surqualification de l’incompétence, propres au monde de l’art dit « contemporain » et de sa critique flagorneuse tétanisée par tant d’imbécilité. …. « La conjuration des imbéciles » disait Jean Baudrillard, de l’AC…

    1 -« Cette grande œuvre de Jeff Koons, représente l’artiste lui-même avec son épouse de l’époque, la star porno italienne Ilona Staller, dite « la Cicciolina ». Il se représente ainsi le jour de leur mariage, en train de s’embrasser. C’est une illustration de la joie nuptiale hypertrophiée, exagérée  » , , explique Jean-Jacques Aillagon…

    2 – « L’artiste Cattelan représente ici des corps drapés, qui à l’observation s’avèrent anatomiquement absurdes, tant la position de leurs membres est peu conventionnelle »  , explique le même Aillagon…

    3 – Au sujet de Bear and Rabbit On a Rock,  oeuvre de papy pervers chocolat plug anal giga-merde Paul McCarthy (clou de l’expo Pinaullt) figurant l’étreinte sexuelle de deux grandes peluches anthropomorphes d’une lapine blanche et d’un ours brun. Le re-même Aillagon s’est encore une fois surpassé aux bords de l’épectase, en déclarant tout de go que la bouche béante de la lapine lui rappellerait l’Extase de sainte Thérèse  du Bernin…Oui, il l’a dit…

    #fumisterie avec l’ #argent_public #flagornerie #niaiserie #incompétence #perversité #EnMarche #france #en_vedette #art_contemporain #art_contemporien #vide_intellectuel #élites_intellectuelles #Aillagon #Jean-Jacques_Aillagon #escroquerie #hystérisation #incompétence #fellation_du_vide #pinault
     #françois_pinault #Paul_McCarthy #élites

  • The 1980s’ video games that made France’s game industry - Polygon
    https://www.polygon.com/videos/22633055/weird-french-adventure-games-polygon-video

    France plays an outsized role in the global game industry. It’s the second-largest producer of video games in the world, and the road there is paved with weird little adventure games. Before the industry went global, before AAA games really even existed, French developers were making offbeat, sexy, political games that reflected their own reality.

    Retour sur des jeux français atypiques des années 1980 et 1990.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #culture #france #french_touch #nostalgie #histoire #jeu_vidéo_la_femme_qui_ne_supportait_pas_les_ordinateurs #chine_lanzmann #jeu_vidéo_la_femma #années_1980 #années_1990 #froggy_software #jean-louis_le_breton #fabrice_gille #jacques_chirac #jeu_vidéo_le_mur_de_berlin_va_sauter #jeu_vidéo_far_cry #mai_1968 #année_1968 #muriel_tramis #aérospatiale #année_1986 #cocktel_vision #jeu_vidéo_la_bosse_des_maths #jeu_vidéo_gobliins #jeu_vidéo_emmanuelle #jeu_vidéo_fascination #full_motion_vidéo #fms #jeu_vidéo_urban_runner #jeu_vidéo_méwilo #jeu_vidéo_freedom #patrick_chamoiseau #année_1902 #année_1988 #ministère_de_la_culture #jeu_vidéo_freedom_rebels_in_the_darkness #martinique #vivendi #année_2003 #avantilles #ubisoft #jeu_vidéo_haven #jeu_vidéo_dordogne

  • Sociologues ou gardiens de la doxa ? Qui entache la réputation de notre discipline ? La réponse de Laurent Mucchielli
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/220821/sociologues-ou-gardiens-de-la-doxa-qui-entache-la-reputation-de-notr

    Huit sociologues qui n’ont jamais publié le moindre travail empirique sur l’analyse de la crise sanitaire, ni sur la pharmacovigilance, m’injurient par voie de presse, sur le fondement d’un seul argument (je ne comprendrais rien à la causalité) et de sources douteuses. Voici ma réponse.

    Le 19 août 2021, 8 collègues sociologues parisiens ont cru bon de publier dans le journal Le Monde une très courte tribune https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/19/vaccination-contre-le-covid-19-la-sociologie-ne-consiste-pas-a-manipuler-des toute entière dirigée contre ma personne, m’insultant, me diffamant et demandant au CNRS de me sanctionner. Il s’agit de Gérald Bronner, Alain Ehrenberg, Jean-Louis Fabiani, Olivier Galland, Nathalie Heinich, Jean-Claude Kaufmann, Pierre-Michel Menger et Dominique Schnapper. On trouvera ici ma réponse qui :

    1) rappelle l’argumentation de nos huit éminents collègues,
    2) montre qu’ils valorisent la censure de Mediapart en ignorant les arguments des journalistes et des intellectuels qui ont republié nos articles,
    3) montre que, en réalité, ils ne m’ont pas lu et ne connaissent manifestement pas grand chose au sujet,
    4) s’interroge sur leurs motivations et leurs présupposés,
    5) défend effectivement une autre conception de la sociologie que la leur.

    L’argumentation des censeurs
    Selon ces 8 éminents collègues, il est heureux que Mediapart m’ait interdit de publier sur les effets indésirables des vaccins anti-covid car je tromperais mes lecteurs en me parant de mon titre professionnel de directeur de recherche au CNRS et ainsi en « présentant comme scientifique » une analyse qui procéderait « au mieux, d’une erreur d’interprétation inadmissible et, au pire, d’une falsification de données » . Et voici leur explication : mon analyse « confond les décès intervenus durant une période consécutive à une vaccination avec ceux causés par la vaccination – une causalité qui, bien sûr, n’a été nullement avérée, et dont la probabilité est infinitésimale » . La conclusion arrive immédiatement : « C’est là un exemple de la confusion classique entre concomitance et causalité. Une faute de raisonnement qui ferait sourire de la part d’étudiants en première année mais qui, commise par un chercheur au CNRS, constitue une démonstration d’incompétence professionnelle » .
    Fichtre ! Une telle agressivité surprend !

    Et ce n’est pas tout. Non content d’être un imbécile, je serais de surcroît un dangereux complotiste. En témoignerait « la multiplication de publications complotistes commises par ce même sociologue depuis le début de la crise épidémique, et que recense avec précision le site Conspiracy Watch - L’observatoire du conspirationnisme, dans un article du 6 août ».

    Tout d’un coup, ce n’est donc plus un article qui est contestable mais tout mon travail depuis un an et demi qui est qualifié de « douteuse production ». Je ne ferais qu’étaler une « position idéologique » qui « n’a rien à voir avec de soi-disant travaux de recherche indigents, voire frauduleux ». Et ils concluent que j’incarnerais une « dérive » qui « entache la réputation de notre discipline » dont eux prétendent défendre « l’honneur » . Rien de moins !

    Ainsi, l’argumentation de nos éminents collègues tient en tout et pour tout dans deux affirmations :
    1) je ne comprends rien à l’imputabilité des effets indésirables des vaccins,
    2) je suis de toutes façons un affreux complotiste, ce mot discréditant à lui seul l’ensemble de mon travail. Et la messe (d’enterrement) serait dite.

    Mediapart est libre d’adopter la doxa, d’autres ne le font pas
    Ces collègues ignorent que je n’ai pas publié un mais deux articles sur le sujet (voir https://altermidi.org/2021/08/06/le-texte-de-laurent-mucchielli-depublier-par-mediapart et https://www.ardeur.net/2021/08/la-dangerosite-des-nouveaux-vaccins-anti-covid-est-un-fait-historique ).
    Le premier (celui « dépublié » par Mediapart – puisque mes critiques n’assument pas le mot « censure ») a été republié notamment sur un site d’information générale (AlterMidi) , créé par des journalistes indépendants qui ont de surcroît motivé leur décision en écrivant fort intelligemment ceci : « Nous ne sommes pas compétents pour établir la vérité, mais nous constatons que toutes les formes de pouvoir s’arment aujourd’hui de la vérité scientifique pour imposer une marche à suivre et que la science produit des vérités en fonction du contexte social. Voilà pourquoi, avec l’aimable autorisation de son auteur, nous prenons le parti de publier ci-dessous le volet refusé en laissant aux lecteurs la liberté de fonder leurs propres opinions ».

    Le second a été publié notamment sur le site de L’ardeur , où l’équipe rédactionnelle (des intellectuels de gauche, militants de l’éducation populaire) a également longuement expliqué http://www.ardeur.net/2021/08/pourquoi-nous-publions-un-article-de-laurent-mucchielli pourquoi elle s’engageait en nous publiant. Nos éminents critiques ne les ayant naturellement pas lus non plus, je leur fais un résumé : « L’argument selon lequel sa légitimité pourrait être mise en question par le fait qu’il intervient aujourd’hui dans le domaine sanitaire, pour lequel ‘il n’a pas de compétence universitaire ou scientifique particulière’, nous semble spécieux et inquiétant. Car c’est à une question bien plus large que le seul aspect sanitaire que nous sommes confrontés. (…)

    Nous entrons aujourd’hui, sous couvert d’un ‘état d’urgence sanitaire’, dans une phase de contrôle total de la population, un nouvel ‘ordre sanitaire’ calqué sur la mise en place de ‘l’ordre sécuritaire’ (…). Après l’instrumentalisation et la stigmatisation du jeune, forcément de banlieue, celle du ‘non-vacciné’. Ainsi que l’ont montré les philosophes Barbara Stiegler et Grégoire Chamayou, les penseurs du néo-libéralisme, de Lippman à Hayek, ont théorisé le principe d’un État fort, policier et carcéral, pour maintenir sous contrôle des populations qui risqueraient de ne pas comprendre ou accepter la condition qui leur est assignée. Nous nous y dirigeons à grands pas et, une nouvelle fois, celle qui se nomme encore la gauche, dans sa quasi-totalité, fait allégeance ». En outre, ils estiment que « L’argumentation de Mediapart est par ailleurs fallacieuse car elle repose sur l’idée que le texte de Laurent Mucchielli diffuserait de ‘fausses informations’ : la rédaction de Mediapart peut contester l’interprétation que le sociologue fait des chiffres qui appuient sa démonstration, il n’empêche que ceux-ci sont officiels (…). Nous savons le pouvoir des mots : étendre la notion de ‘fausses nouvelles’, jusque-là réservée aux faits eux-mêmes, à leur interprétation est porteur des dérives potentielles les plus graves ».
    Et les auteurs de conclure que la censure par Mediapart est « un geste proprement inouï : nous revendiquons de pouvoir lire des analyses critiques de la politique sanitaire dans des médias « de gauche ». Mediapart rejoint dans ce geste de censure Facebook, YouTube et l’ensemble des médias de propagande gouvernementale ».
    On le voit, il est permis de penser autrement que dans le béat conformisme ambiant. Et nous sommes très nombreux dans ce cas.

    A propos de l’innocuité des vaccins anti-Covid
    Même en s’y mettant à huit, mes éminents collègues ne m’ont manifestement pas lu, ce qui certes permet de gagner beaucoup de temps, mais est tout de même un peu gênant lorsque l’on se permet de proférer en public de telles injures.

    Les deux articles sur la pharmacovigilance sont signés par six personnes et non une seule. Les cinq autres auteurs sont deux collègues universitaires en informatique (Emmanuelle Darles) et en mathématique (Vincent Pavan), une biologiste ancienne chercheuse à l’INSERM (Hélène Banoun), un médecin généraliste (Éric Ménat) et un pharmacien hospitalier (Amine Umlil) qui est spécialiste de pharmacovigilance. Mon nom apparaît en premier car je suis le principal rédacteur, mais les cinq autres signatures ne sont pas là pour faire tapisserie. Elles traduisent le fruit du travail d’un petit groupe, comme pour la plupart des articles que j’ai publiés sur la crise sanitaire depuis un an et demi. Mon enquête sur la gestion politico-sanitaire de la crise du Covid a débutée en mars 2020.
    J’ai publié une soixantaine d’articles (que j’appelle les « épisodes » de la série) et une trentaine de collègues universitaires (de toutes disciplines) et de professionnels de santé (ambulatoires ou hospitaliers). Je suis également le rédacteur principal de cinq tribunes collectives, publiées entre septembre 2020 et janvier 2021, qui ont rassemblé à chaque fois entre 200 et 600 signataires, essentiellement des universitaires et des professionnels de la santé, du droit, de l’éducation et de la culture. Tout ceci est indiqué sur la page du site Internet https://www.lames.cnrs.fr/spip.php?article1536 de mon laboratoire sur laquelle il suffit de cliquer. Mais il est évidemment infiniment plus facile de se défouler en quelques lignes et en recopiant des sources de seconde voire de troisième main plutôt que d’étudier un peu sérieusement un dossier qui fait en réalité plusieurs centaines de pages.

    Venons-en à ce défoulement. Mes huit critiques n’ont en tout et pour tout qu’un seul argument intellectuel : je ne comprendrais rien à l’imputabilité des effets indésirables des vaccins, mon raisonnement ne serait donc même pas digne d’un étudiant de première année de sociologie. Tiens donc. Vérifions alors. Relisons ce que nous avons écrit dans ces deux articles qui discutent en réalité à chaque fois la question complexe de l’imputabilité. N’importe quel lecteur honnête peut y constater que nous avançons six arguments que je copie-colle simplement ici :

    1- « Sur tous les sites de pharmacovigilance du monde, on trouve les mêmes précautions d’interprétation indiquant que les déclarations d’effets indésirables imputées à tel ou tel médicament ne sont qu’une présomption de causalité (imputabilité). Cette présomption est cependant considérablement renforcée lorsque les décès surviennent très rapidement après la vaccination, ce qui est le cas comme on le verra avec les données américaines ».

    2- « Il est évident qu’il est très difficile de déterminer la cause exacte d’un effet indésirable grave lorsque le malade présente (ou présentait s’il est décédé) des comorbidités importantes, ou lorsque son dossier médical est insuffisamment connu. Le raisonnement vaut d’ailleurs aussi pour les morts réputés causées par la covid [morts de la covid ou avec la covid ?]. Et c’est aussi pour cette même raison que, quel que soit le médicament concerné (vaccin ou autre), il ne faut jamais l’administrer uniformément mais bien au cas par cas en fonction de l’état de santé général de la personne et des éventuelles spécificités de son histoire médicale ».

    3- « En matière de mortalité, la preuve ultime de l’imputabilité qu’est la répétition du même symptôme à la suite de la même médication ne peut par définition pas être fournie (on ne meurt qu’une fois…) ».

    4- Qu’on le veuille ou non, « il existe des faits (des effets indésirables graves sont constatés dans les heures et les jours qui suivent un acte médical) et il n’est pas possible de s’en débarrasser d’un revers de la main au prétexte que la causalité directe (a fortiori unique) n’est pas établie. C’est un peu comme si on voulait contester l’existence d’un homicide au motif que l’on n’a pas encore trouvé le coupable. Les déclarations de pharmacovigilance relatives aux effets indésirables graves de la vaccination sont là, il faut les interpréter et non tenter de les cacher sous le tapis ».

    5- « On verra que la comparaison avec d’autre médicaments montre qu’il se passe bel et bien quelque chose d’inédit pour ces vaccins génétiques anti-covid ». Car nous avons également prouvé par la comparaison avec d’autres pays et avec les vaccins contre la grippe saisonnière.

    6- « Autre exemple saisissant de parti-pris : à la fin du mois de mars 2020, il avait suffi de 3 cas de décès (liés en réalité à des auto-médications surdosées) remontés par la pharmacovigilance pour déclencher en France une tempête politico-médiatique sur le thème de la dangerosité de l’hydroxychloroquine. En d’autres termes, pour la plupart des journalistes [et de certains sociologues, donc], les statistiques sanitaires sont indiscutables quand elles vont dans le sens de la narration officielle, mais elles deviennent soudainement discutables lorsqu’elles contredisent cette même narration. Cette malhonnêteté intellectuelle devrait sauter aux yeux ».

    J’ai beau réfléchir, je ne vois pas quoi ajouter. En revanche, je serais curieux de connaître les publications scientifiques m’ayant manifestement échappées, qui permettant à mes éminents collègues d’affirmer que la probabilité (que les effets indésirables graves voire mortels déclarés par les médecins à la pharmacovigilance et attribués aux vaccins le soient effectivement) est « infinitésimale » . Cela me rassurerait sur leur « compétence professionnelle ».

    Quand la sociologie de salon perd le contact avec le réel
    Je terminerai par quatre arguments que je crois importants.

    1) Sur la civilité qui fait tellement défaut à ce genre de diatribe
    « Incompétence professionnelle », même pas « le niveau d’un étudiant de première année », grave atteinte à « la réputation de notre discipline », « fraude », « balivernes »… Pourquoi m’insulter, cher(e)s collègues ? Ne savez-vous donc pas parler normalement ? Comme des gens civilisés ? Accessoirement, connaissez-vous mon CV avant de me traîner dans la boue ? Ce langage est effarant, il traduit une grave et révélatrice incapacité à maîtriser ses émotions. On y reviendra.

    Drapés dans leur hautain mépris, mes huit éminents détracteurs ne respectent donc pas les règles déontologiques élémentaires de la disputatio scientifique. Ont-ils pris réellement connaissance de mon travail ? On vient de voir que non. M’ont-ils écrit pour m’interroger sur mon travail ? Jamais. Ont-ils manifesté l’envie de débattre dans un séminaire ou un autre cénacle universitaire quelconque ? Jamais. A l’image des journalistes sans doute trop heureux de les publier (on sait combien j’ai critiqué https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/150721/la-crise-sanitaire-revele-l-inquietant-declin-du-journalisme le traitement de la crise sanitaire par le journal Le Monde notamment, et ce journal s’est bien gardé de me prévenir et de me proposer un droit de réponse), mes collègues pratiquent la tentative d’assassinat à distance. C’est tellement plus confortable. Ce faisant, ils se mettent au niveau de ce qui s’étale tous les jours sur des réseaux sociaux comme Twitter devenus le lieu d’une lutte d’influence sauvage où tous les coups sont permis. Cette façon de faire bafoue les règles les plus élémentaires de la civilité et de la déontologie universitaire.

    2) Sur le « complotisme »
    Mes savants donneurs de leçons pratiquent allègrement le procès d’intention et l’invective gratuite. Me voilà donc « complotiste ». Je me permets de leur conseiller la lecture de mon article du 16 novembre 2020 https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/161120/le-complotisme-pour-les-nuls-l-occasion-d-un-recent-documentaire intitulé « Le complotisme pour les nuls ». Cette expression est devenue à la fois un fourre-tout pour caser toute forme de critique et une sorte de point Godwin qui sert à discréditer globalement une personne pour mieux éviter d’avoir à discuter précisément ses arguments. L’étape suivante consiste à suggérer que la personne a des accointances avec l’extrême droite, quand les prétendus débatteurs n’utilisent pas l’arme ultime consistant à accuser les gens d’antisémitisme (comme certains s’amusent actuellement à le faire sur la page que me consacre le site wikipedia). Tout ceci non seulement n’est pas sérieux, mais est de surcroît insultant et diffamatoire. Le vrai conspirationnisme est une forme de pensée magique visant à expliquer le réel par le jeu de forces occultes cachées. Ceci n’a strictement rien à voir avec l’analyse sociologique que je développe pour analyser la construction de la narration officielle que j’appelle « la doxa du covid » et dont j’analyse les acteurs et les discours dans un autre épisode (central) de la série (21 février 2021) https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/210221/qui-construit-la-doxa-du-covid .

    3) Sur les sources d’information de mes détracteurs
    J’aimerais demander à mes huit savants accusateurs quelles sont leurs sources pour mettre ainsi en cause mon travail. Leur article n’en mentionne que trois, deux sources journalistiques (une dépêche type fact-check de l’ #AFP et la déclaration de la rédaction de Mediapart contre mon article) et un article https://www.conspiracywatch.info/laurent-mucchielli-de-mediapart-a-francesoir.html d’un site Internet intitulé Conspiracy Watch. Ce site m’a en effet consacré tout un article à charge pour m’assimiler en fin de compte à l’extrême droite sous prétexte qu’untel ou untel reprendrait ici ou là tel ou tel de mes propos. De la part d’un site qui a soutenu depuis un an et demi (avec d’autres https://www.leparisien.fr/societe/covid-19-plus-d-un-quart-des-francais-pensent-que-le-coronavirus-a-ete-fa comme Jérôme Fourquet, directeur du pôle opinion et stratégies d’entreprises à l’IFOP) que l’hypothèse de l’accident de laboratoire à Wuhan relevait du complotisme, cela fait sourire (voir notre analyse https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/100521/l-epidemie-de-coronavirus-probablement-pour-origine-un-accident-de-l ). Il s’agit d’un site assurant manifestement avant tout la promotion personnelle de son créateur, un certain Rudy Reichstadt que l’Observatoire du néo-conservatisme présentait en 2013 https://anticons.wordpress.com/2013/09/09/rudy-reichstadt-opportuniste-neo-conservateur comme « un opportuniste de la galaxie néo-conservatrice », un « expert autoproclamé », « proche de BHL », « disciple de Pierre-André Taguieff et très proche de Caroline Fourest », « c’est surtout le jeu des réseaux qui lui a permis d’exister ». Plus récemment, Le Monde Diplomatique a raconté également https://www.monde-diplomatique.fr/mav/158/BREVILLE/58491 comment « il s’impose dans les médias en tant qu’expert ès théories du complot. Il multiplie les entretiens et les tribunes dans Le Monde, Libération, Le Parisien, etc. Quand les universitaires Gérald Bronner et Pierre-André Taguieff ne sont pas libres, c’est lui qu’on invite pour commenter les dernières élucubrations sur tel ou tel attentat ». Pascal Boniface, Frédéric Lordon, Jean Ziegler et bien d’autres ont ainsi eu à subir ses attaques généralement pleines de mauvaise foi et d’amalgames. Chacun jugera si M. Reichstadt est ou non plus crédible que moi en matière de lutte contre l’extrême droite.

    J’en profite pour dire de façon générale que ce chantage permanent à l’extrême droite est non seulement profondément ridicule me concernant (j’ai combattu l’extrême droite toute ma vie, mon dernier livre https://www.fayard.fr/documents-temoignages/la-france-telle-quelle-est-9782213716800 paru en mars 2020 est tout entier dirigé contre cette idéologie) mais aussi et surtout très dangereux sur le double plan intellectuel et politique.

    Il s’agit en réalité de la stratégie du pouvoir exécutif actuel que de se poser pour 2022, comme il l’a déjà fait en 2017, en rempart contre l’extrême droite. Se dire de gauche et reprendre à son compte cette rhétorique revient donc à se tirer une balle dans le pied. De gauche intellectuelle et politique, il n’y en aura bientôt plus du tout si chacun se jette ainsi dans les bras du pouvoir actuel. Que des intellectuels se droitisent en vieillissant n’est hélas pas original. Mais que la direction d’un syndicat comme Sud Éducation (qui titre un communiqué récent https://www.sudeducation.org/communiques/pour-la-vaccination-contre-lextreme-droite « Pour la vaccination, contre l’extrême droite ») ne le comprenne pas est juste atterrant. Et il n’est pas le seul.

    4) Sur la sociologie de salon et « la réputation de notre discipline »
    Résumons : huit sociologues qui n’ont jamais publié le moindre travail empirique sur l’analyse de la crise sanitaire et de sa gestion politique, ni sur la pharmacovigilance, m’injurient et me diffament sur le fondement d’un seul argument (je ne comprends rien à la causalité) et des informations tirées de deux coupures de presse et d’un article d’un site Internet qui ne vaut pas tripette. Oserais-je dire que c’est très faible intellectuellement ? Et que cela ressemble davantage à un règlement de compte qu’à une critique scientifique ?

    Que vous ai-je donc fait de si insupportable, cher(e)s collègues ?

    Certes, bien que n’étant nullement opposé à la vaccination en soi , je critique en revanche ce que j’appelle l’idéologie vaccinale https://wonderfulnews.world/mucchielli qui, comme toute idéologie, divise stupidement le monde en amis en ennemis (pro et anti). Certes encore, je critique ce laisser-passer sanitaire incroyablement discriminatoire https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/170821/le-laisser-passer-sanitaire-un-dispositif-discriminatoire-au-sens-de (principe d’égalité entre les citoyens) en indiquant de surcroît qu’il n’a aucun fondement épidémiologique puisque la vaccination ARNm ne garantit pas de la contamination ni de la transmission du virus (ce qui est juste un fait, que l’on connaît, ou pas).

    Certes enfin, je soutiens que les quatre vaccins ARNm fabriqués en urgence par les industriels pour profiter de l’aubaine financière ont des effets indésirables plus nombreux et plus graves qu’aucun autre vaccin utilisé massivement ces trente dernières années. Et j’en conclus que la moindre des précautions serait donc de réserver ces vaccins aux personnes réellement menacées par les formes graves de Covid et de décréter de toute urgence un moratoire pour toutes les autres catégories de la population, dans l’attente de données et d’analyses plus approfondies. Je l’ai écrit, je le maintiens et je suis prêt à le défendre devant n’importe qui.

    Alors, est-ce un crime, un sacrilège, qui justifie que l’on souhaite me brûler en place publique ? Peut-être après tout, mais dans ce cas ces sociologues me permettront de leur répondre qu’ils ne font à mes yeux qu’incarner les mécanismes de domination idéologique des élites et les pressions de conformité que je mets en lumière dans mon analyse, qu’ils sont ainsi de bons petits soldats de la doxa, et qu’ils rejoignent la liste de ces intellectuels (voire une précédente polémique https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/261020/doxa-anti-raoultiste-et-police-de-la-pensee ) prenant le risque d’être peut-être considérés dans le futur comme ayant été en quelque sorte les idiots utiles d’une vaste opération idéologico-commerciale.

    Mais peut-être aussi y a-t-il autre chose qui permette de comprendre cette haine ? A vrai dire, pour certains, je me doute de la réponse. J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais de la sociologie de salon de l’un d’entre eux (voilà qu’il me fait à mon tour le coup du « danger sociologique » ! https://www.puf.com/content/Le_danger_sociologique ). Certains sont probablement par ailleurs des soutiens politiques de l’actuel président de la République (je remarque que trois d’entre eux https://www.liberation.fr/checknews/2019/03/19/qui-sont-les-intellectuels-qui-ont-refuse-l-invitation-a-debattre-avec-ma étaient au fameux dîner de l’Élysée le 18 mars 2019, y servant de décor ou de caution), ce qui est évidemment leur droit mais n’est pas mon cas. Enfin, j’ai sans doute aussi le malheur de m’inspirer régulièrement de Pierre Bourdieu pour analyser doxas et sociodicées dans cette affaire. Or chacun sait combien au moins quatre autres de mes huit accusateurs ne cessent de régler leurs comptes avec Bourdieu même longtemps après sa mort. Et l’on devinera que je trouve cela pitoyable. Je n’ai pas connu Bourdieu et je ne suis pas de votre génération. Je tente simplement de faire mon métier de sociologue et mon devoir d’intellectuel engagé sur la gestion politico-sanitaire de cette crise, comme je l’avais fait auparavant à plusieurs reprises, par exemple sur les émeutes de 2005 ou sur le mouvement des gilets jaunes de 2018-2019.

    Comme plusieurs d’entre vous, je ne me suis jamais senti cantonné à un micro-domaine de spécialité. Mais je ne pratique pas la sociologie de salon. Au cours de mon enquête en cours, comme déjà dit, j’ai interviewé une cinquantaine de médecins et de chercheurs, publié une soixantaine d’articles et une bonne trentaine de collègues (tous « complotistes » et « incompétents » aussi du coup ?), passé des semaines à analyser des données statistiques. Bref, j’ai beaucoup travaillé sur la gestion politico-sanitaire de cette crise. Pas vous que je sache (mais j’attends avec grand intérêt vos publications sur le sujet). Alors la moindre des honnêtetés intellectuelles et des civilités serait de prendre au sérieux ce travail avant de prétendre porter sur lui un jugement global, a fortiori aussi caricaturalement lapidaire. A vrai dire, j’aimerais beaucoup pouvoir débattre davantage avec des collègues sociologues, dans le cadre d’un séminaire de recherche par exemple.

    Mais là, franchement, avec un langage aussi violent, des sources aussi superficielles et une argumentation aussi faible, croyez-vous être crédibles dans votre prétention à sauvegarder la « réputation de notre discipline » ? Je crains fort, au contraire, que ce genre de règlements de compte ne convainque que celles et ceux qui partagent vos petites émotions hargneuses, et fasse en définitive plus de tort que de bien à notre discipline.

    #sociologue_de_salon : #Gérald_Bronner, #Alain_Ehrenberg, #Jean-Louis_Fabiani, #Olivier_Galland, #Nathalie_Heinich, #Jean-Claude_Kaufmann, #Pierre-Michel_Menger et #Dominique_Schnapper

    #Conspiracy_Watch #agression #complotisme #censure #analyse_critique #politique_sanitaire #médias #conformisme #analyse_sociologique
    la #doxa du #covid #Jérôme_Fourquet #IFOP #Rudy_Reichstadt #Pierre-André_Taguieff #Caroline_Fourest #crise sanitaire #pharmacovigilance #police_de_la_pensée #Bourdieu #sociologie #Laurent_Mucchielli

  • « La sécurité des Français est une priorité absolue de ce quinquennat. », explique le gugusse qui a meerrrrdé le premier déconfinement, merrrrdé la deuxième vague, tellement pas résorbée qu’elle est devenue une trrrroisième vague sans qu’on s’en rende compte, et qui a mis en place le « pari » de laisser deux ou trois avions d’écraser chaque jour pendant plusieurs mois, merrrrdé le déconfinement qui a suivi pour immédiatement merrrrrder la quatrième vague (et qui n’a aucune idée de comment il va te me sécuriser les écoles de mes gamins à la rentrée) :
    https://twitter.com/JeanCASTEX/status/1419700053585719296

    La sécurité des Français est une priorité absolue de ce quinquennat.
    Un priorité qui se traduit par des actes forts et des choix résolus.
    ➜ 10 000 postes de policiers et gendarmes créés entre 2017 et 2022
    ➜ budget 2022 du ministère de l’Intérieur en hausse de 900 millions €.

  • Affaire Lafarge : une note prouve que l’Etat était informé des versements d’argent à Daech – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/affaire-lafarge-une-note-prouve-que-letat-etait-informe-des-versements-da

    Un document de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), que révèle « Libération », atteste que l’Etat avait connaissance d’un accord passé entre le cimentier et l’organisation terroriste dès l’été 2014. La Cour de cassation doit se prononcer jeudi sur la mise en examen de l’entreprise.

    C’est une note qui ne laisse plus de place au doute. L’Etat, à travers la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), était bien au courant des conditions dans lesquelles Lafarge maintenait son activité en Syrie en territoire en partie occupé par l’Etat islamique (EI). Le document que révèle Libération, émane de la direction de la stratégie de ce service de renseignement, est daté du 26 août 2014 et estampillé « confidentiel défense ». Il y est consigné qu’un « agreement [accord en français, ndlr] » a été trouvé entre le cimentier et l’EI pour la poursuite de l’activité commerciale.

    #Hollande #Macron #Lafarge #Daech

    • La date de cette note a son importance. Elle est rédigée à un moment où Lafarge avait toujours le contrôle de son usine [...] La région de l’usine est alors en proie à des combats menés par plusieurs groupes armés dont l’EI. Les précédentes notes des services de renseignement versées à la procédure judiciaire, et révélées par Libération, décrivaient jusque-là les relations avec le groupe terroriste après la prise de l’usine par l’ #EI, le 19 septembre 2014. Le nouveau document prouve que la DGSE avait connaissance de la situation avant cette date cruciale.

      « Daech vient de les autoriser à reprendre les activités commerciales et donc transiter sur les routes du nord de la Syrie entre Membij, Aïn Issa, Raqqah, Deir ez Zor et Qamishli. Derrière cette autorisation il y a un “agreement” », expose la DGSE dans la note. Le service de renseignement obtient alors ses informations sur la situation de Lafarge en Syrie auprès de son « correspondant » dont le nom n’apparaît pas. Cet accord trouvé avec le groupe terroriste « bien entendu » a un coût, peut-on lire dans le même document : « L’agreement consiste bien entendu à fixer un prix fixe et une variable à la tonne transportée. »

      L’ #État_islamique administre alors la vie économique dans la région de l’usine. « Des volumes conséquents mais non contrôlés circulent actuellement entre la #Turquie, la #Syrie et l’ #Irak. Ces transits sont contrôlés par #Daech », indique également le document

      [...]

      Les interrogations sur le rôle de l’Etat dans cette affaire ne sont pas nouvelles. Lors de ses auditions devant l’une des juges d’instruction, l’ancien directeur sûreté de Lafarge, #Jean-Claude_Veillard, avait détaillé ses relations avec les services de renseignement français. A l’appui de ses déclarations, l’ancien militaire avait notamment communiqué les dates des nombreux rendez-vous avec la #DGSE mais aussi avec la Direction générale de la sécurité intérieure (#DGSI) et la Direction du renseignement militaire (#DRM). A la question de savoir quelles informations transmettait Jean-Claude Veillard, l’ancien directeur sûreté du cimentier avait répondu sans détour : « Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignements […]. Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations. »

      [...]

      Outre l’argent obtenu grâce à l’activité commerciale de Lafarge, l’organisation terroriste s’est aussi enrichie en mettant la main sur l’usine. Des milliers de tonnes de ciment sont alors encore dans les cuves. Des notes de la direction du renseignement militaire, déjà révélées par Libération, permettent de saisir l’ampleur des bénéfices réalisés : « 65 000 tonnes ont déjà été accaparées par Daech pour une valeur estimée à 6,5 millions USD [dollars] », et un « reliquat de 50 000 tonnes fait/fera l’objet d’un “contrat” […] pour une valeur estimée à 5 millions USD », observe la DRM à la fin de l’année 2014. Le service de renseignement suit au jour le jour les négociations en cours. « On comprend que le démantèlement de l’usine Lafarge en Syrie se poursuit au bénéfice financier à la fois de Daech et des hommes d’affaires impliqués », conclut la même note.

      Au regard de la note de la DGSE datée elle du 26 août 2014, le rôle joué par la diplomatie française est d’autant plus troublant. Comme l’avait révélé Libération, des mails échangés entre le ­cabinet du ministre des Affaires étrangères de l’époque, #Laurent_Fabius et l’ambassadeur de France pour la Syrie, #Franck_Gellet, attestent de l’implication de la diplomatie française dans le dossier. L’ambassadeur Gellet est notamment en contact étroit avec Jean-Claude Veillard.

      Dès le 19 septembre 2014, Gellet contacte le cabinet de Laurent Fabius face à l’arrivée de l’EI dans l’usine. Lafarge craint alors que sa cimenterie soit frappée par un bombardement de la coalition pilotée par les Etats-Unis. L’ambassadeur œuvre pour empêcher ce scénario. « Il convient de protéger cet investissement français […] pour le cas où, Daech en faisant une possible source de lucre, les Américains envisageraient un jour de le bombarder », expose l’ambassadeur Franck Gellet. Le message est reçu par l’un des plus proches collaborateurs de Laurent Fabius, Martin Briens, et transmis au ­ministère de la Défense pour « qu’ils puissent en parler aux Américains ».

      Quelques jours plus tard, dans un mail de l’ambassade de #France aux Etats-Unis, Franck Gellet apprend que le sujet a « bien été évoqué par nos militaires auprès de leurs collègues américains », et que l’usine de Lafarge est « désormais sur la liste appropriée ».

      Nouvelle crainte le 27 janvier 2015. Ce jour-là, Franck Gellet ­s’inquiète d’une possible frappe des #États-Unis sur la cimenterie dans un mail envoyé au cabinet de Laurent Fabius. « Lafarge sait, par le réseau des distributeurs, que Daech a besoin de ciment pour Mossoul », écrit l’ambassadeur et prévient qu’« il ne faudrait pas que cela conduise les #Américains à frapper l’usine dans le cadre de la lutte contre les sources de financement de Daech ». Franck Gellet obtient alors gain de cause.

      #Rassemblement_national #Wallerand_de_Saint-Just #Marine_Le_Pen

  • « L’écoféminisme invite à dépasser les dualismes », entretien avec Jeanne Burgart Goutal | Tiphaine Guéret
    http://cqfd-journal.org/L-ecofeminisme-invite-a-depasser

    Au sein des luttes pour la défense des terres, une constante : la présence massive de femmes. Et parmi elles, des écoféministes considérant qu’il existe un lien tangible entre domination patriarcale et accaparement des terres. Autrement dit : on n’aurait pas « affaire à des phénomènes sans aucun rapport, mais plutôt à deux aspects d’un seul et même système » Source : CQFD

  • #Fond_documentaire Jean-Paul Bozonnet

    #Jean-Paul_Bozonnet

    Né en 1948 à Bourg-en-Bresse et décédé à La Tronche le 25 mai 2019.

    Sociologue, Jean-Paul Bozonnet est spécialiste des #imaginaires_sociaux, des pratiques et représentations culturelles, et de #sociologie_de_l’environnement.

    Il est l’auteur d’une thèse de doctorat (Orologiques. Sociologie et mythe de la montagne, sous la direction de Gilbert Durand) soutenue en 1984 puis publiée en 1992 aux Presses Universitaires de Grenoble sous le titre Des monts et des mythes. L’imaginaire social de la montagne.

    D’abord Maître de conférences au département de sociologie de l’Université des Sciences Sociales de Grenoble, il est recruté au début des années 90 sur le premier poste de sociologue crée à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble. C’est au sein de cet établissement qu’il participe à la création du DESS « Direction de projets culturels » dont il assure la direction de 1992 à 2002. Son implication dans cette formation le conduit à orienter une partie de ses recherches vers la question des pratiques culturelles. Outre de nombreux articles, c’est l’ouvrage remarqué Pratiques et représentations culturelles des Grenoblois (éditions de l’Aube, 2008) qui rend le mieux compte de cette activité de recherche.

    Membre du laboratoire de recherche Pacte (ex CIDSP), il fait partie de l’équipe en charge du volet français des European Value Survey, et intègre l’analyse de ces enquêtes quantitatives internationales dans ses travaux de recherche. A partir de la fin des années 90, une grande partie de ses travaux est centrée sur la sociologie de l’environnement et la sociologie politique de l’#écologisme. Il est co-auteur en 2012 du Manuel de sociologie de l’environnement paru aux Presses de l’Université de Laval et seul manuel existant sur ce sujet en langue française, et dirige avec Joël Jakubec l’ouvrage L’écologisme à l’aube du XXIe siècle, de la rupture à la banalisation ? (Georg, 2000).

    Parmi les chercheurs de sa génération en sociologie de l’environnement, il est un des rares à être pleinement intégré dans les réseaux de recherches internationaux et à intervenir fréquemment dans les colloques étrangers en dehors de la sphère francophone (voir « L’environnement, domaine sociologique », Philippe Boudes, thèse de doctorat de sociologie, université de Bordeaux 2, 2008, pp.355-361).

    Attaché à la qualité de la démarche méthodologique, tant au niveau de ses activités de recherche que dans la formation des étudiants, il fait partie, de 1975 jusqu’à sa retraite en 2014, de l’équipe encadrant les enseignements de méthodes des sciences sociales à Sciences Po Grenoble.

    https://www.archivesecolo.org/fonds-collections/jean-paul-bozonnet
    #écologie_politique #environnement

  • La « croissance verte », ou le projet de marchandiser la nature

    Notre collègue et amie, Hélène Tordjman, vient de publier La croissance verte contre la nature, Critique de l’écologie marchande. Ce livre fera date parce qu’il rassemble une documentation très à jour sur la conceptualisation et la mise en pièces de la nature par un capitalisme menant au bord de l’asphyxie planétaire, pour la nature mais aussi pour les humains. Maintenant que la crise écologique est avérée, que le réchauffement du climat n’est plus discuté et que les alarmes sur la perte de biodiversité se multiplient, on pourrait croire que tout est dit. Peut-être, mais réunir en un volume une synthèse aussi détaillée, précise et référencée à la fois sur les multiples atteintes à la nature et sur les fausses solutions qui y sont apportées est une belle réussite.

    Note sur : Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature, Critique de l’écologie marchande

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/07/06/la-croissance-verte-ou-le-projet-de-marchandiser-la-nat

    #écologie #capitalisme

  • #Désintégration - Journal d’un conseiller à Matignon

    Pendant dix-huit mois, #Matthieu_Angotti a travaillé aux côtés du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et c’est ce qu’il raconte ici, dans un récit percutant qui tente le pari fou de nous mettre dans la peau d’un #conseiller_politique.« Le jour de mon entrée au cabinet du Premier ministre, j’ai commencé à prendre des notes, le temps que durerait l’aventure. Les voici mises en images, dessinant le quotidien d’un #conseiller, avec ses hauts et ses bas, ses #espoirs, ses #découragements, sa #solitude parfois... Ce livre raconte la #réforme manquée de la #politique_d'intégration, comme une lucarne sur les rouages du sommet de l’état, du côté de ses discrets artisans... »

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-desintegration-journal-d-un-conseiller-matignon/album-desintegration-journal-d-un-conseiller-matignon
    #BD #bande_dessinée #livre
    #plan_de_lutte_contre_la_pauvreté #François_Hollande #Jean-Marc_Ayrault #pauvreté #intégration #étrangers #Thierry_Tuot #rapport_Tuot #France

    ping @isskein @karine4

  • https://lhistgeobox.blogspot.com/2020/06/quand-la-bataille-des-ondes-se-menait.html

    Quand la bataille des ondes se menait en musique : la chanson des V.

    « Le 17 juin 1940, dans un discours radiodiffusé, le maréchal Pétain annonce sa demande d’armistice aux Allemands. Le lendemain, le général de Gaulle lance son appel à la résistance depuis les studios de la BBC, à Londres. Dans une France divisée en deux zones, l’une occupée par les Allemands, l’autre sous l’autorité du gouvernement de Vichy, les nouvelles autorités placent toutes les sources d’information sous contrôle. De chaque côté de la Manche, la maîtrise des ondes devient un enjeu crucial pour la France libre comme pour Vichy et les Allemands. Une guerre des ondes franco-française s’engage alors. »

  • Les biorégions, une alternative écologique aux régions administratives
    https://reporterre.net/Les-bioregions-une-alternative-ecologique-aux-regions-administratives

    Il est possible d’imaginer de nouveaux espaces politiques, plus ancrés et plus habités. Des #territoires découpés « non par la législature mais par la #nature ». C’est ce que propose la théorie biorégionaliste. Ses tenants rappellent que la question écologique est une affaire d’échelle et de sensibilité au vivant.

    #biorégion #biorégionalisme #eau #bassin_versant

    • ça rejoint la vision de Jean-François Billeter, qui expose dans « Pourquoi l’Europe », sa vision d’une Europe , non pas basée sur des découpages administratifs mais sur des cultures régionales. Son livre est tout petit et plein d’espoirs.

    • J’avais un peu étudié la question du biorégionalisme pour ma thèse... et ça peut avoir des dérives très ennuyeuses.

      Il y a un petit chapitre dans le livre tiré de ma thèse : Linking up the Alps. How networks of local political actors build the pan-Alpine region
      https://www.peterlang.com/view/title/36326?tab=aboutauthor

      Un des textes fondateurs de ce courant :
      "Reinhabiting California" de Berg et Dasmann (1977)
      (j’ai le texte si quelqu’un·e est intéressé·e)

      –-> cité ici : https://metropolitiques.eu/Aux-origines-de-la-bioregion.html

      Terme repris par le courant de la #deep_ecology, courant repris par des penseurs l’#extrême_droite.

      #découpages_administratifs #Peter_Berg #Raymond_Dasmann #découpage

      #ressources_pédagogiques

    • Pourquoi l’Europe, Réflexions d’un sinologue

      ‘‘Pendant des années, j’ai accumulé sur l’histoire de Chine des connaissances éparses. Un jour, à ma surprise­, elles ont commencé à se présenter à moi comme un grand panorama, pareil aux rouleaux que peignaient les peintres chinois d’autrefois et que l’on déroulait devant soi sur la table. Par la suite, je me suis demandé ce que c’est qu’être européen face à la Chine et ce que c’est qu’être chinois, ce qui m’a conduit à m’interroger sur la causalité dans l’histoire. Il fallait la prendre en enfilade, comme une suite de causes et d’effets menant jusqu’au présent.’’
      La Chine et l’Europe relèvent de deux traditions politiques différentes, dont Jean François Billeter retrace de manière condensée l’histoire, des origines jusqu’à aujourd’hui. En soutenant la comparaison entre ces deux traditions, il en arrive à une compréhension profonde de l’une comme de l’autre, précisément au moment où elles se rencontrent et se heurtent.
      En Chine même, elles s’affrontent depuis un siècle, période où les forces du progrès se sont continûment inspirées de la tradition politique européenne et ont essuyé défaite sur défaite. Cette suite d’échecs est ce que Jean François Billeter appelle la “tragédie chinoise”. L’ambition du pouvoir actuel est de vaincre ces forces une fois pour toutes, en Chine, mais aussi d’entraver l’action de celles qui leur ressemblent partout ailleurs. Quand le pouvoir se réclame de la grandeur passée de la Chine, il lance un défi à l’Europe : elle ne pourra le relever que si elle en tire, pour elle-même en premier lieu, un nouveau projet politique et philosophique.

      https://www.editions-allia.com/fr/livre/858/pourquoi-l-europe-reflexions-d-un-sinologue

      #Jean_François_Billeter

  • Bernard Friot ou la stratégie de l’incantation Par Michel Husson

    À propos de : Vaincre Macron de Bernard Friot, Paris, La Dispute, 2017.
    https://alencontre.org/societe/debat-bernard-friot-ou-la-strategie-de-lincantation.html

    Le projet de « salaire à vie » de Bernard Friot peut aujourd’hui apparaître à certains comme le nec plus ultra du radicalisme. En réalité, il ne saurait dépasser le stade de l’incantation, non seulement parce que ce projet est incomplet, mais surtout parce qu’il est intrinsèquement dépourvu de toute stratégie de transformation sociale.

    Une histoire de déjà-là
    Près de la moitié du dernier livre de Bernard Friot, Vaincre Macron[1] , est consacrée à un récit qui lui permet d’inscrire son projet dans la continuité de la « révolution communiste du travail » opérée par les fondateurs de la Sécurité sociale[2]. Il faut s’appuyer sur cet existant, ce « déjà-là » anticapitaliste, qui a été en partie vidé de son contenu par les contre-réformes successives. Le salaire à vie existerait déjà pour les fonctionnaires, pour les retraités et même pour un certain nombre de salariés qualifiés de l’industrie. Il suffirait d’étendre cette logique et de renouer ainsi avec la dynamique initiale.

    Mais cette lecture, où l’œuvre des ministres communistes est longuement soulignée, est difficilement généralisable à d’autres pays voisins qui disposent eux aussi d’un État social, par ailleurs grignoté par les « réformes » comme en France. C’est souvent à l’initiative des sociaux-démocrates que les systèmes de protection sociale ont été mis en place et, horreur, certains sont financés par l’impôt plutôt que par la cotisation vertueuse. Il est difficile d’en faire des implants anti-capitalistes plutôt que les produits d’un compromis entre capital et travail, sous la pression des luttes sociales, dans une conjoncture historique sans doute révolue. Mais cette lecture a une fonction : elle sert à fonder l’idée que le passage au modèle de société que promeut Friot pourrait se faire par simple extension du « déjà là », moyennant une prise de conscience des travailleurs. La mise en avant des spécificités de l’histoire sociale de la France conduit à une absence de toute réflexion sur la situation dans les autres pays européens : le projet de Friot reste contenu dans les frontières nationales.

    La fable des retraités créateurs de richesse
    Dans son livre L’enjeu des retraites, publié en 2010, Friot explique que le doublement du PIB d’ici à 2040 permettra de financer facilement les pensions, malgré l’augmentation prévisible du nombre de retraités. Il reprend le même argumentaire trois ans plus tard :

    « On oublie toujours, quand on raisonne sur l’avenir des retraites, que le PIB progresse d’environ 1,6 % par an en volume, et donc qu’il double, à monnaie constante, en 40 ans. C’est pourquoi nous avons pu multiplier par 4,5 les dépenses de pensions depuis 1960 tout en doublant presque le revenu disponible pour les actifs ou l’investissement. Nous pourrons évidemment plus que tripler les dépenses de pensions d’ici 2040 sans que cela empêche le reste du PIB d’être multiplié par 1,8[3] ».

    Quelques années plus tard, dans sa réponse à une chronique où Jean Gadrey lui reprochait de tout attendre de la croissance[4], Friot proteste en affirmant que cette critique repose sur une « totale méprise ». Il se serait borné à prendre au mot les projections du COR (Conseil d’orientation des retraites)
    « pour dire qu’il sera plus facile de consacrer aux retraites 18 % d’un PIB de 4000 milliards d’euros qu’il ne l’est aujourd’hui d’y consacrer 13 % d’un PIB de 2000 ».

    La réalité est que Friot est passé d’une position à une autre. La première consistait à rappeler une évidence :
    « Nous finançons les pensions par un partage immédiat de la valeur ajoutée (une fraction de celle-ci, à hauteur de 25% du salaire brut, va à une cotisation sociale immédiatement transformée en pensions) ».

    La seconde constitue la découverte théorique de Friot :

    « Ce sont les retraités qui produisent les biens et services correspondant à la valeur attribuée à leur travail à travers leur salaire continué : leur pension n’est pas prise sur la valeur attribuée au travail des actifs ».

    Il devrait être clair que ces deux assertions sont contradictoires : la première dit que les pensions sont une fraction du PIB qui est immédiatement transmise aux retraités ; la seconde affirme que les pensions ne sont pas « prises » sur la valeur créée par les actifs. Et pourtant ces deux propositions figurent dans un même entretien[5] où Friot exposait les principales thèses de son livre.

    Friot a ainsi poussé jusqu’à l’absurde[6] son programme de recherche sur la cotisation parce qu’il en avait besoin pour construire son concept de salaire à vie. Cette dérive « théoriciste » le conduit finalement à abjurer son analyse initiale pour se rabattre sur la théorie de la pension comme rémunération de l’activité du retraité :

    « la monnaie distribuée aux retraités correspond non pas à une part de la richesse créée par les actifs, mais à la richesse créée par les retraités eux-mêmes[7] ».

    Même Jean-Marie Harribey qui insiste par ailleurs sur la création de valeur par les fonctionnaires ne peut suivre Friot sur ce terrain[8].

    Un modèle de socialisme inachevé
    Bernard Friot renoue avec le débat sur les « modèles de socialisme » dont il faut bien reconnaître qu’il a perdu de son actualité et qu’il est au point mort depuis au moins deux décennies. C’est assurément à mettre à son crédit mais Friot ne fait aucune référence aux débats passés sur ce sujet[9] et présente un projet incomplet, voire incohérent.

    Friot se borne souvent à construire un lexique spécifique pour désigner des notions déjà largement travaillées. Il parle par exemple de propriété « lucrative » au lieu de propriété privée des moyens de production. De telles élégances de langage ne changent rien au concept mais permettent de poser Friot en innovateur théorique. Friot utilise une notion de « valeur économique » censée prolonger l’appareil théorique marxiste sans rien lui apporter sinon un certain obscurcissement[10]. Il parle de « convention capitaliste du travail » plutôt que de rapports capitalistes de production. La « cotisation investissement » ne fait que recycler la vieille idée de « fonds d’accumulation » qui est un enjeu important des débats ignorés par Friot.

    Cette dernière remarque conduit à une deuxième critique qui va plus au fond : le modèle de Friot ne dit rien de l’articulation entre plan et marché ou plutôt entre la socialisation de l’investissement et les décisions individuelles des entreprises. Friot se borne à couper la poire en deux :

    « on peut envisager que les entreprises conservent 15 % de leur valeur ajoutée pour de l’autofinancement et qu’une cotisation progressivement portée à 15 % aille à des caisses d’investissement[11] ».

    Friot pense-t-il réellement que cette règle – qui évoque irrésistiblement Saint-Martin coupant son manteau en deux pour le partager – répond à la question-clé de la socialisation de l’investissement ? Quel est le moyen de rendre compatible les choix de la société avec la moitié du profit qui reste à la disposition des entreprises ? Comment éviter l’« égoïsme d’entreprise ? Et quid de l’autogestion ?

    Dans les débats sur les modèles de socialisme, une autre question-clé porte sur le calcul économique et en particulier sur la formation des prix. Dans une économie planifiée, il peut s’agir de « quasi-prix », de « pseudo-prix », de « prix administrés », ou encore d’« évaluations objectivement déterminées », pour reprendre le terme de Kantorovitch. Quel que soit le nom qu’on leur donne, leur fonction est de permettre un calcul économique qui prenne en compte les priorités de la société qui sont déterminées autrement que selon des mécanismes de marché. Du coup la distorsion par rapport aux prix de marché est l’instrument
    des choix politiques.
    Sur ce point, la proposition de Friot est pour le moins déroutante :

    « on pourrait décider que tout prix soit la multiplication par 1,25 du prix des consommations intermédiaires[12] ».

    Ce « on pourrait décider » souligne les imprécisions du modèle. Pourquoi 25 % ? Mais surtout comment sont fixés les prix des consommations intermédiaires, autrement dit le prix des marchandises achetées par une entreprise à d’autres ? Cette bourde montre que Friot n’a pas travaillé des questions qui ont pourtant occupé les théoriciens du socialisme depuis Marx et Engels. Plus grave, peut-être, elle révèle en creux l’absolue indifférence de Friot à la question écologique.

    Beaucoup d’autres questions restent sans réponse dans la construction de Friot, et notamment l’insertion dans l’économie mondiale. Sur ce point pourtant crucial et actuel pour tout projet de transformation sociale, Friot botte en touche :

    « Bien des questions demeurent, dont celle de l’exportation d’une telle organisation économique dans d’autres pays, ainsi que de sa compatibilité avec le libre-échange et les contraintes européennes[13] ».

    Le document du réseau salariat est encore plus évasif :

    « Concernant les échanges purement marchands, ils continueraient à se faire comme aujourd’hui au « prix du marché », avec les mêmes conséquences ou risques en termes de balance commerciale[14] ».

    Enfin le droit à l’emploi n’est pas affirmé, et Friot, même s’il récuse un tel rapprochement, se heurte aux mêmes objections que les projets de revenu universel : et si un grand nombre de personnes décide de ne rien faire du tout ? A cette question qui lui est posée dans un entretien excellemment mené[15], Friot répond :

    « les personnes qui décident de ne rien faire, moi je n’y crois pas. Parce que notre humanisation dépend de notre contribution à la production de valeur économique ».

    Mais c’est vrai aussi dans la société d’aujourd’hui, avec ses 10% de chômeurs, et cette réponse est contradictoire avec l’idée que le salaire à vie rémunère une activité autovalidée (comme celle des retraités).

    L’interrogation doit donc aller plus loin : y aura-t-il des emplois pour tout le monde et comment se réalisera la correspondance entre postes de travail et candidats à l’emploi ? Il y a là un des éléments les plus problématiques de tous les projets de société post-capitaliste. Friot répond ainsi :

    « Soit vous voulez monter une boîte et on vous dit « eh bien écoutez non, cela existe déjà, on ne subventionne pas », soit vous entrez dans une entreprise et là ça n’est pas vous qui allez décider tout seul de ce que vous allez faire, vous entrez dans un collectif qui va partager les tâches avec vous. Donc vous allez toujours vous inscrire dans des besoins exprimés par la société. Et s’il y avait pénurie sur des tâches de nuit par exemple, qui seraient indispensables dans des industries de process ou dans les hôpitaux, on pourvoirait ces postes en assurant une promotion plus rapide de ceux qui les accepteraient pour un temps limité ».

    Cette réponse est insatisfaisante parce qu’on ne sait pas qui décide aux différentes étapes décrites par Friot. Qui par exemple jouerait le rôle d’une sorte de « marché du travail » permettant d’attirer des salariés par la perspective d’une promotion plus rapide, par ailleurs contradictoire avec le principe d’un salaire uniquement lié à la qualification ?

    L’incantation comme stratégie
    Comment articuler les luttes sociales actuelles avec le projet fondé sur le « salaire à vie » ? C’est là que Friot dérape en raison de ce que l’on pourrait appeler la compacité de son projet qui le conduit à des formules provocatrices comme celle-ci :

    « Se battre pour l’emploi, c’est se tirer une balle dans le pied[16] ».

    La lutte pour un meilleur partage de la valeur équivaut pour lui à « éviter la lutte de classes » alors qu’il faudrait « changer la valeur ». Bref, Friot dénonce tous les axes actuels de mobilisation sociale comme autant de « conduites d’évitement » parce qu’ils ont le tort de ne pas reprendre son projet. C’est ce que montre ce passage assez hallucinant qui mérite d’être cité in extenso :

    « Parmi les conduites d’évitement, je viens d’évoquer la revendication d’un meilleur partage de la valeur, mais il y en a bien d’autres qui vont faire l’objet de cet entretien. Si on n’assume pas le conflit sur la valeur, on se bat non pas pour la suppression du marché du travail, mais pour le plein-emploi. Non pas pour la fonction publique, mais pour le service public. Non pas pour le salaire à vie et la copropriété d’usage des entreprises, mais pour le revenu de base, la sécurité emploi-formation ou l’allocation d’autonomie pour la jeunesse. Non pas pour une autre mesure de la valeur que le temps de travail et le refus de la productivité capitaliste, mais pour la réduction du temps de travail. Non pas pour la suppression du crédit par cotisation économique subventionnant l’investissement, mais pour un pôle public bancaire, pour un financement des emprunts publics par la Banque centrale. Non pas pour une généralisation de la cotisation à tout le PIB, mais pour une révolution fiscale. Non pas pour une pratique salariale de la valeur, mais pour la suppression du travail et de la monnaie dans une illusoire société de l’activité vouée à la seule valeur d’usage. Non pas pour la révolution tout court, mais pour la révolution informationnelle. Non pas pour l’émancipation du travail de la folie capitaliste, mais pour un développement durable. Face à la détermination offensive de la classe dirigeante depuis quarante ans, toutes ces conduites d’évitement sont autant d’erreurs stratégiques qui mènent le mouvement populaire à la défaite[17] ».

    Dans Vaincre Macron, Friot enfonce le clou en décrétant que

    « travailler moins pour travailler tous est un mot d’ordre réactionnaire qui naturalise la pratique capitaliste du travail et sa réduction aux seules activités valorisant le capital ».

    Et il va encore plus loin quand il écrit que ce serait

    « admettre que le travail est par nature en quantité limitée, et qu’il ne faut pas trop d’étrangers pour le partager ».

    Il reprend ainsi à son compte l’amalgame (injurieux et ignorant) du prix « Nobel » Jean Tirole :

    « paradoxalement, l’hypothèse sous-jacente à la fixité de l’emploi et donc à la politique de réduction du temps de travail afin de permettre un partage de l’emploi est la même que celle qui sous-tend le discours des partis d’extrême droite quand ils soutiennent que les immigrants « prendraient » le travail des résidents nationaux au motif que cet emploi serait en quantité fixe[18] ».

    Bref, militer pour la réduction du temps de travail, défendre les services publics, etc. sont autant d’« erreurs stratégiques ». Au-delà des règlements de compte avec les économistes du PCF (sécurité emploi formation, révolution informationnelle) ces insultes adressées aux revendications et aux luttes réellement existantes fonctionnent comme une injonction : soit vous basculez intégralement et immédiatement dans mon système, soit vous êtes condamnés à la défaite.

    Plus récemment, Friot s’est prêté pour l’Humanité à un exercice programmatique a priori plus immédiat. Voilà ce qu’il propose et qui mérite aussi d’être cité longuement :

    « J’évoque à la suite de la CGT le maintien du salaire entre deux emplois jusqu’à ce qu’on retrouve un emploi à salaire au moins égal ou la titularisation de tous les agents contractuels des services publics. J’évoque aussi l’abaissement de l’âge de la retraite à 50 ans à 100 % du salaire net des six meilleurs mois, et cela indépendamment de la durée de cotisation (ces travailleurs ainsi payés par la caisse de retraite pouvant mettre leur savoir-faire au service d’entreprises marchandes, propriété de leurs salariés), le paiement par l’Unedic pendant trois ans des salaires des salariés reprenant leur entreprise en Scop, l’attribution aux 10 cohortes suivant la majorité (les 18-27 ans) du premier niveau de qualification et donc de salaire à vie (par exemple, 1500 euros par mois). Amorcer ainsi la pompe de la généralisation du salaire suppose que les entreprises versent à la caisse des salaires (l’Unedic, transformée et gérée par les seuls travailleurs) une cotisation nouvelle de l’ordre de 15 % de leur valeur ajoutée, étant entendu qu’elles n’auraient plus à payer, elles, les travailleurs payés par la caisse. Cette cotisation nouvelle serait compensée en totalité par le non-versement de dividendes et le non-remboursement de dettes contractées pour investir dans l’outil de travail : les dettes privées pour financer l’investissement sont aussi illégitimes que la dette publique, et les dividendes doivent disparaître[19] ». _

    Évidemment, ça décoiffe ! Friot pense pourtant qu’il ne fait que prolonger les implications du « déjà-là » hérité de l’action des ministres communistes dans l’immédiat après-guerre. Mais un tel programme équivaut à socialiser une grande partie de l’économie : le système financier d’abord puisqu’on annule toutes les actions (plus de dividendes) et une bonne partie de l’actif des banques (plus de dettes), les entreprises ensuite, avec 15 % de leur valeur ajoutée qui passent à l’Unedic, sans parler de l’augmentation de cotisation pour financer la retraite à 50 ans à 100 % du salaire net. Cette surenchère ne peut convaincre qu’une frange de disciples et elle ne dessine pas une trajectoire crédible de transformation sociale.

    La démarche de Friot est en réalité un obstacle à l’élaboration d’un projet alternatif doté d’une logique de transition ou de bifurcation vers un autre modèle. Une bonne partie de son activité (ainsi que celle de ses disciples du Réseau salariat) consiste d’ailleurs à déconsidérer – voire insulter comme on l’a vu – tout projet qui n’a pas le salaire à vie comme objectif.

    En appelant à se projeter dans un futur indistinct, Friot ignore toute mesure d’urgence comme l’augmentation du salaire minimum et des minima sociaux. Il s’oppose violemment à la réduction de la durée de travail comme instrument de lutte contre le chômage au profit d’une « autre mesure de la valeur que le temps de travail et le refus de la productivité capitaliste » ce qui n’a rien à voir, à moins d’assimiler de manière malhonnête le projet de travailler tou(te)s pour travailler moins avec l’intensification capitaliste du travail.

    En faisant miroiter un salaire à vie le projet de Friot contourne toute élaboration d’une version radicale de la sécurité sociale professionnelle[20]. La renonciation ou en tout cas l’absence de priorité accordée au plein-emploi empêche d’envisager une logique d’Etat « employeur en dernier ressort ». Quant à la nécessité de faire face au défi climatique, elle est totalement absente du modèle.

    L’unique chemin
    Dans le dernier chapitre de Vaincre Macron, Bernard Friot propose de « poursuivre le geste de création du régime général en 1946 » et rappelle sans rien y ajouter les grandes lignes de son programme. Le livre se termine par cette interrogation légitime : « Que répondre au lecteur qui trouve le projet enthousiasmant et le chemin impossible ? ». La réponse de Friot est que « le projet est le chemin » et que c’est le seul :
    « l’alternative communiste ne viendra que par l’alternative communiste, et l’affermissement des prémices de cette alternative est l’unique chemin ».

    Cette idée d’un chemin unique en dit long sur la fermeture du système-Friot. Le salariat est confronté à un choix binaire : soit se rallier à son programme, par exemple en refusant « le remboursement des dettes d’investissement et le versement des dividendes », en organisant « la hausse des cotisations et [la création] des caisses d’investissement », soit, encore une fois, se condamner à de nouvelles défaites. Bref, c’est tout ou rien :

    « tout atermoiement dans la poursuite du déjà-là laisse du champ à la bourgeoisie et désarme le salariat ».

    Cette stupéfiante prétention à tracer « l’unique chemin » dans un vide stratégique abyssal conduit à reprendre en conclusion ce commentaire sévère de Mateo Alaluf :

     « En ce qui concerne l’engagement politique, un tel système théorique désincarné se traduit par des pratiques sectaires. Le droit politique au salaire, revendiqué par ses disciples, ne revêt en conséquence qu’une portée incantatoire[21] ». (17 janvier 2018)

    Notes
    [1] Bernard Friot, Vaincre Macron, La Dispute, 2017.
    [2] Pour une critique de ce récit, voir Jean-Claude Mamet, « Autour du dernier livre de Bernard Friot : Vaincre Macron », Entre les lignes entre les mots, 24 décembre 2017,
    [3] Bernard Friot, « Financement des retraites : l’enjeu des cotisations patronales », Autisme-economie.org, 16 mai 2003.
    [4] Jean Gadrey, « Retraites : les curieuses thèses de Bernard Friot » (1), 28 août 2013 ; Bernard Friot, « Premier commentaire », 30 août 2013.
    [5] Bernard Friot, « La retraite ? un salaire continué », Alternative libertaire, mai 2010.
    [6] L’auteur de ces lignes (un retraité) crée assurément une richesse considérable en écrivant cet article, mais en serait-il de même s’il se consacrait à l’audition de l’intégrale des Chaussettes noires ?
    [7] Bernard Friot, L’enjeu des retraites, La Dispute, 2010.
    [8] Jean-Marie Harribey, « Les retraités créent-ils la valeur monétaire qu’ils perçoivent ? », Revue française de socio-économie, n° 6, 2010. Voir aussi Henri Sterdyniak, « A propos de Bernard Friot, quelques remarques », blog Mediapart, 3 juin 2016 ; Pierre Khalfa, « Des théorisations fragiles aux implications politiques hasardeuses », Les Possibles n° 11, automne 2016.
    [9] Voir par exemple : Thomas Coutrot, « Socialisme, marchés, autogestion : un état du débat », séminaire Matisse « Hétérodoxies », 18 octobre 2002, et les textes réunis sur le site du défunt « Groupe d’études un socialisme pour demain ».
    [10] Alain Bihr, « Universaliser le salaire ou supprimer le salariat ? », A l’encontre, 13 juin 2013.
    [11] Bernard Friot, « La cotisation, levier d’émancipation », Monde diplomatique, février 2012.
    [12] Bernard Friot, Emanciper le travail, La dispute, 2014.
    [13] Bernard Friot, « En finir avec les luttes défensives », Le Monde diplomatique, novembre 2017.
    [14] Réseau salariat, Caisses d’investissement et monnaie, août 2016.
    [15] Bernard Friot, « Nous pouvons organiser nous-mêmes le travail, sans employeurs, ni prêteurs », Le Comptoir, 6 octobre 2017. Propos recueillis par Luc Toupense.
    [16] Bernard Friot, Emanciper le travail, La dispute, 2014, pp.105-106.
    [17] Bernard Friot, idem, pp.100-101.
    [18] Jean Tirole, Economie du bien commun, 2016. Pour une critique, voir Michel Husson, « Les anti-RTT : arrogance et gros sabots », Alternatives économiques, 25 mai 2016.
    [19] Bernard Friot, « Le salaire universel, droit politique », L’Humanité, 20 Juin 2016.
    [20] Laurent Garrouste, Michel Husson, Claude Jacquin, Henri Wilno, Supprimer les licenciements, Syllepse, 2006.
    [21] Mateo Alaluf, « La solidarité est-elle contre révolutionnaire ? », Ensemble ! n° 88, septembre 2015.

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  • Le système Macron est un simulacre. - Vu du Droit Régis de Castelnau

    La République est donc en danger, la France d’en haut nous le serine sans désemparer depuis quelques jours. En cause évidemment l’incident survenu à Tain-l’Hermitage où devant des caméras, Emmanuel Macron a été l’objet d’une tentative de gifle. Il faut rappeler que celui-ci est en tournée électorale a priori illégale pour soutenir les candidats de son pauvre parti aux élections régionales et départementales, dont on sait bien qu’elles risquent pour eux d’être cuisantes. De façon tout à fait calculée il s’est précipité tout sourire, affichant un salut bouddhiste et en bras de chemise, pour une séance de serrage de main des populations rassemblées pour l’acclamer. Comme d’habitude, les angles de prise de vue ont été choisis pour transformer visuellement une poignée de spectateurs en foule délirante. Il s’est alors malheureusement trouvé un hurluberlu pour vaguement souffleter le bateleur en inscrivant dans la réalité une envie qui démange au moins la moitié des Français, qui fort heureusement savent très bien qu’il ne faut surtout pas passer à l’acte.


    C’est alors que le bloc élitaire s’est précipité avec une jubilation trop visible sur cet incident pour annoncer les barbares aux portes et la République en danger. Le spectacle des informations télévisées témoignait de façon caricaturale l’homogénéité de ce bloc, où l’on voyait quelles que soient leurs tendances, politiques, journalistes, intellectuels tout occupés à rendre crédible un récit entretenant portant des rapports fort lointains avec la réalité. Séquence très intéressante dans la mesure où se déployait le paroxysme du simulacre auquel la France est confrontée depuis l’élection d’Emmanuel Macron. L’arrivée de celui-ci à la magistrature suprême de la Ve République n’a pu se réaliser que grâce à une opération s’apparentant à une forme de coup d’État au cours duquel toutes les règles garantissant la sincérité d’un scrutin ont été violées et où la justice est directement intervenue dans le processus électoral pour le fausser. Dès le départ la légitimité juridique et politique d’Emmanuel Macron était faible, et malheureusement son exercice du pouvoir n’a fait qu’aggraver cette situation problématique pour une démocratie comme la France. On a naturellement parlé de la théorie des deux corps du Roi et du comportement de Macron passant son temps à désacraliser sa fonction. Cela étant, il n’est pas le premier, Nicolas Sarkozy l’a abaissé, François Hollande l’a avili, mais Emmanuel Macron lui a fait les deux. Et si cela ne justifie pas de le frapper, cela explique pourquoi les réactions outrées et souvent ridicules du mainstream n’ont pas trouvé grand écho sur les réseaux, où l’on ressentait, mon dieu quelle horreur, une certaine joie mauvaise voire parfois de la jubilation.

    La question du simulacre s’est posée face à cette volonté unanime des commentateurs de la France d’en haut de dramatiser ce qui était répétons-le un incident, certes déplorable, mais un incident. Avec cette volonté de le transformer en un horrible attentat visant quasiment à renverser la république. Or ce qui caractérise le mandat d’Emmanuel Macron c’est que nous sommes en présence d’un mensonge. Non pas que celui-ci soit lui-même un imposteur, mais c’est tout son système qui est une imposture. Parfait inconnu sorti de nulle part, candidat choisi par la haute fonction publique d’État, adoubé par l’oligarchie, il n’avait absolument rien fait de significatif dans sa vie d’avant. Il a pourtant été propulsé à la tête de l’État par un concours de circonstances et depuis ce moment toutes les élites s’ingénient à faire comme si.

    Comme si la France avait à sa tête un vrai chef d’État, on commente doctement ses prises de position contradictoires, on lui prête des pensées et une réflexion que manifestement il n’a pas. On décrit ses actions aussi avilissantes soient-elles comme autant de d’opérations de communication maîtrisées, et on commente ses incontinences verbales à l’égal de sentences philosophiques. Ne parlons pas de son premier ministre et de ses efforts désespérés et infructueux pour échapper au ridicule, ou de ces membres du gouvernement proférant de façon métronomique âneries sur âneries. Avec naturellement une mention spéciale pour Dupond Moretti et Darmanin ministres d’État chargés des fonctions régaliennes démontrant avoir perdu tout sens de la réalité. Épargnons la pauvre Marlène Schiappa à qui on ne peut pas reprocher d’avoir perdu le sens du ridicule, elle ne l’a jamais eu.

    Malgré cela, on fait semblant, comme si la France disposait d’un chef de l’État digne de ce nom. Prosternation, dramatisation, solennité, appels furieux à la répression, le traitement de la séquence de Tain-l’Hermitage par les hommes politiques, les grands médias et les commentateurs a atteint un sommet.

    Sur ce point, mention particulière pour Jean-Luc Mélenchon, embarrassé par des collections de déclarations hors-sol, et exploitant sans vergogne sur la diversion provoquée par le geste imbécile.

    Le patron de la France insoumise n’a pas été le dernier à hurler avec les loups : « Les barbares sont aux portes ! Intolérable violence ! La république en danger ! No pasaran ! » Entre autres inepties, il s’est fendu d’un tweet où tout est catastrophique : « cette fois-ci vous commencez à comprendre que les violents passent à l’acte ? Je suis solidaire du président » . Texte calamiteux, avec l’invention d’un danger fasciste, ce que son patron Lionel Jospin qualifiait de « théâtre », et le ralliement soi-disant républicain au fake-président. Il faut dire qu’il en avait grand besoin de cette diversion, après l’interview à France Inter, plus que maladroite avec ses parallèles hasardeux, voire pour certain carrément indécents. À laquelle est venu s’ajouter une déclaration sur sa chaîne YouTube. Dans laquelle il prétendait que la panne géante sur les serveurs Orange qui avait perturbé l’utilisation entre autres, des numéros d’urgence, était probablement volontaire et destinée à justifier la privatisation de la société Orange ! Société déjà complètement privée depuis, 2004 à la fin d’un processus enclenché par Lionel Jospin dont Jean-Luc Mélenchon était un des ministres ! Pour tenter de faire oublier ces impairs, première diversion avec la dénonciation d’une vidéo humoristique débile, prétendant y voir un appel au meurtre de sa personne. Ensuite ce sera la transformation de l’incident de Tain l’Hermitage en tentative de coup d’État fasciste. Cette surestimation de la violence est quand même un peu étrange pour quelqu’un qui n’a que Robespierre et la grande Révolution Française à la bouche. Dont on n’a pourtant pas le souvenir que sections parisiennes et sans-culottes furent d’une tendresse particulière avec leurs adversaires. J’ai eu le privilège de bien connaître d’abord des résistants à l’occupation nazie et ensuite de vrais révolutionnaires latino-américains dont certains y ont laissé leur peau, et avec lesquels Jean-Luc Mélenchon prétend une proximité. Sans vouloir faire parler les morts, j’imagine pourtant ce qu’ils auraient pensé de cette débauche de qualificatifs pour dénoncer ce qui n’est qu’un incident passablement ridicule. Et de cette façon de faire allégeance à un système et à son chef que l’on prétend combattre.

    Mais finalement le plus dérisoire, c’est de voir Jean-Luc Mélenchon faire exactement ce qu’il reprochait au « système », c’est-à-dire utiliser et instrumentaliser incidents et faits divers (Merah !) à des fins électorales. Le voilà qui s’empare et monte en épingle ce qui n’est cette fois-ci réellement qu’un incident, pour le transformer en drame national, essayer de se retaper au plan électoral en faisant oublier ses interviews calamiteuses et se posant en victime.

    Après Macron le fake président, Mélenchon le fake opposant ?

    Source : https://www.vududroit.com/2021/06/le-systeme-macron-est-un-simulacre

    #République #emmanuel_macron #macron #jean_luc_mélenchon #mélenchon #ridicule #simulacre #fake #Gifle #tournée_électorale #faits_divers

  • Deux demandeurs d’asile portent plainte contre Frontex après des renvois illégaux

    Refoulés en mer Egée, ils accusent l’agence européenne de complicité de violations des droits de l’homme. La #Cour_de_justice de l’UE est saisie de l’affaire dont « Libération » a pu consulter des documents.

    #Jeancy_Kimbenga parle d’une voix calme. Son débit est posé. Sous la pluie battante d’Istanbul, ce vendredi 21 mai, le jeune homme s’abrite dans un magasin dont on entend les jingles incessants dans son téléphone. « Il n’y a pas de réseau à l’hôtel », explique-t-il. Le demandeur d’asile congolais de 17 ans est toujours coincé en Turquie, pays où il a été contraint de s’établir après un périple migratoire tourmenté : une escale en Ethiopie, un changement d’avion puis direction la Turquie et les rivages de la mer Egée, l’eldorado pour de nombreux migrants qui rêvent d’Europe.

    Par trois fois, Jeancy, qui a fui son pays après avoir subi la torture de son propre oncle, un colonel de l’armée, a tenté de rallier les côtes grecques dans un canot pneumatique. Aujourd’hui, il vit à Istanbul dans l’attente de réunir la somme nécessaire à une nouvelle traversée. Le 28 novembre 2020, il a même touché au but : son petit bateau a accosté à #Kratigou, à 10 kilomètres au sud de #Mytilène, la principale ville de la petite île grecque de Lesbos. Là, Jeancy et ses camarades se sont cachés toute une nuit avant de sortir au petit matin.

    C’était compter sans les policiers grecs qui l’arrêtent, selon son récit à Libération, avant de l’emmener en mer où il est abandonné à la merci des flots dans un bateau gonflable. Un renvoi illégal, ou « pushback ». Quelques heures plus tard, le gamin et ses compagnons d’infortune sont interceptés par les gardes-côtes turques qui les ramènent en Turquie. Sur son téléphone, Jeancy garde précieusement les preuves de son cheminement en terre hellène : des vidéos, des photos, des localisations GPS qu’il a partagées immédiatement sur Whatsapp avec amis et membres d’ONGs : « Je me suis dit qu’il pourrait se passer quelque chose. Je n’avais pas confiance. »

    Première plainte de ce genre

    Ces éléments sont la base d’une plainte que le jeune homme a déposée le vendredi 21 mai 2021, devant la cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) contre Frontex, aux côtés d’une demandeuse d’asile burundaise, elle aussi victime de deux pushbacks. C’est la première du genre. « Je veux porter cette voix pour que cela puisse cesser. C’est vraiment très grave ce qu’il se passe ». Ils exigent le retrait de Frontex de la région.

    Les deux exilés ont été épaulés pour l’occasion par Omer Shatz et Iftach Cohen, deux avocats spécialisés en droit international, qui avaient déjà intenté une action préliminaire contre la super agence de garde-frontières et de garde-côtes au nom de #Front-lex, structure créée spécialement pour ce contentieux. « C’est la première fois que Frontex est face au tribunal pour des violations des droits de l’homme, assure Omer Shatz : nous allons faire respecter le droit au frontière extérieure de l’union Européenne ».

    Dans un réquisitoire long d’une soixantaine de pages que Libération a pu consulter, l’équipe d’avocats (complétée par Loica Lambert et Mieke Van den Broeck pour l’ONG Progress Law Network, et soutenu par l’ONG Greek Helsinki Monitor) s’attarde sur les récits des violations des droits de l’homme ainsi que sur le manque de mécanismes de contrôle de l’agence européenne de garde-côtes. Aux frontières extérieures de l’UE, Frontex, censé être le garant du respect des traités, ne remplit pas son rôle. Selon Omer Shatz, c’est sous sa responsabilité que des violences, à l’instar des « pushbacks » subis par Jeancy, se déroulent : « Non seulement la Grèce n’aurait pas pu mettre en place cette politique sans Frontex. Mais qui plus est, légalement parlant, tout cela fait partie d’une opération conjointe entre l’agence et le gouvernement grec. »

    Contestation en interne

    Selon sa régulation interne (et son article 46), Frontex a pourtant l’obligation de faire cesser, séance tenante, toute action qui irait à l’encontre du respect des droits de l’homme. Dès lors, la demande des avocats est simple : Frontex doit retirer ses moyens (avions, bateaux, hélicoptères ou drones) qui patrouillent dans la zone. A la Cour de trancher. Du côté de la direction de l’agence, le leitmotiv est toujours le même. Le directeur français, Fabrice Leggeri, affirme tantôt que les agissements des Grecs ne sont pas établis. Tantôt qu’ils ne constituent pas une violation claire des droits de l’homme. Et ce en dépit des nombreuses preuves amassées tant par les médias que par des ONGs.

    De surcroît, les positions du directeur sont depuis peu contestées en interne. Des documents internes à Frontex, que Libération, ses partenaires du média d’investigation Lighthouse Reports et du Spiegel ont pu consulter, en attestent. Les preuves de ces renvois sont « solides » est-il écrit dans un rapport de Frontex, daté de janvier 2021 et rédigé par le bureau des droits fondamentaux, un organe interne de contrôle. « Cette note est une compilation de sources disponibles en ligne. Elle a été écrite avant même deux enquêtes internes, qui n’ont trouvé aucune preuve de violations des droits de l’homme lors d’activités de Frontex », oppose le porte-parole de l’agence, joint par Libération.

    La politique de l’agence est de plus en plus remise en question par ses propres employés. Le 30 octobre 2020, un bateau grec, avec une trentaine de migrants à son bord, vogue vers les eaux territoriales turques, sous les yeux de policiers suédois, en mission pour Frontex. « Ce qui m’a surpris, c’est que les garde-côtes grecs n’ont pas escorté le bateau vers le port, mais dans la direction opposée », explique l’une d’entre elles, interrogée dans le cadre d’une enquête interne le 8 décembre 2020, dans un procès-verbal consulté par Libération. « Avez-vous considéré cette manœuvre comme étant un pushback ? », relance l’enquêteur. La réponse est sans appel : « Oui, c’était un pushback. »

    https://www.liberation.fr/international/info-libe-deux-demandeurs-dasile-portent-plainte-contre-frontex-apres-des-pushbacks-20210525_X5OL2DRRZFCDNKRAFRL4EHJXF4/?redirected=1

    #CJUE #justice #asile #migrations #réfugiés #frontières #push-backs #refoulements #Mer_Egée #Egée #Grèce

    –—

    Sur les push-backs en Mer Egée :
    https://seenthis.net/messages/882952

    Plus sur Front-Lex et ses actions légales :
    https://seenthis.net/messages/902069

    ping @isskein @karine4

    • — Communiqué de presse —

      Pour la première fois dans l’histoire de l’agence, une #action_légale pour violations des droits de l’Homme a été intentée contre FRONTEX auprès de la Cour de justice de l’UE.

      FRONTEX n’a pas mis fin à ses opérations en Grèce en dépit de violations graves, systématiques et étendues des droits fondamentaux garantis par le droit de l’UE.

      Les avocats #Omer_Shatz et #Iftach_Cohen de front-LEX, les avocats #Loica_Lambert et #Mieke_Van_den_Broeck du #Progress_Lawyers_Network, avec l’appui de Monsieur Panayote Dimitras et de Madame Leonie Scheffenbichler du Greek Helsinki Monitor, ainsi que Monsieur Gabriel Green de front-LEX ont intenté une action légale sans précédent contre l’agence Frontex devant la Cour de justice de l’Union Européenne. L’affaire a été déposée au nom de deux demandeurs d’asile, un mineur non accompagné et une femme. Pendant qu’ils cherchaient asile sur le territoire de l’UE (Lesbos), les deux victimes ont été violemment encerclées, agressées, volées, enlevées, détenues et transférées vers la mer pour être expulsées collectivement et finalement abandonnées sur des radeaux, sans moteur, ni eau, ni nourriture. En plus des violences subies, les deux requérants ont été victimes d’autres opérations de « push-back » alors qu’ils cherchaient une protection dans l’UE.

      En dépit de faits avérés et de preuves manifestes quant à des violations graves et persistantes des droits fondamentaux, FRONTEX et son directeur exécutif Fabrice Leggeri n’ont pas mis fin aux activités de l’agence en Mer Égée, en infraction patente au droit européen, en particulier à la Charte des droits fondamentaux de l’UE, au Traité sur le fonctionnement de l’UE, et au règlement de l’agence Frontex elle-même. En accord avec les autorités politiques de la Grèce, Frontex a pour objectif d’arrêter la « migration » à tout prix. Ces attaques systématiques et étendues contre les demandeurs d’asile constituent une violation du droit d’asile, des interdictions de refoulement et d’expulsions collectives, et constituent également des crimes contre l’humanité, notamment la déportation. Pour la première fois depuis le début de ses opérations il y a 17 ans, l’agence FRONTEX est poursuivie en justice pour des violations des droits de l’Homme. Nous demandons des comptes à l’UE. Nous entendons rétablir le droit aux frontières de l’UE.

      Omer Shatz and Iftach Cohen de Front-LEX déclarent : « Nous avons visionné des vidéos montrant les pires crimes que l’humanité ait imaginés. Nous avons entendu le Directeur de Frontex affirmer devant le Parlement européen et devant la Commission de l’UE que ce que nous voyons dans ces vidéos ne correspond pas à la réalité. Néanmoins, 10 000 victimes l’attestent : ces crimes sont commis, quotidiennement, sur le territoire de l’UE, par une agence de l’UE. La Cour de justice de l’UE a la responsabilité de protéger la législation des droits fondamentaux de l’UE. À ce jour, la Cour n’a jamais examiné les pratiques de Frontex ni offert de recours à ses innombrables victimes. Nous faisons confiance à la Cour pour entendre les victimes, pour voir ce que tout le monde voit, pour demander des comptes à l’agence européenne des frontières et pour rétablir l’État de droit sur les espaces terrestres et maritimes de l’UE. »

      https://www.front-lex.eu/fr/2021/05/25/action-en-justice-contre-frontex-soumise

    • L’action légale de Front-lex contre Frontex jugée #recevable par la Cour Générale de l’UE

      en grec :
      Ιστορική δίκη κατά της Frontex

      Στο Δικαστήριο της Ε.Ε. εισάγεται προσφυγή ολλανδικής ΜΚΟ για λογαριασμό δύο προσφύγων που έπεσαν θύματα βίαιης συμπεριφοράς και επαναπροώθησης στη Λέσβο ● Παραδεκτή κρίθηκε η προσφυγή, « αδειάζοντας » τη Frontex που απαξίωνε τη νομική της υπόσταση ● Πρώτη φορά στα 17 χρόνια λειτουργίας της η Ευρωπαϊκή Συνοροφυλακή παραπέμπεται στο Ευρωδικαστήριο, σε μια υπόθεση που εκθέτει και την Ελλάδα και την πολιτική της κυβέρνησης

      Για πρώτη φορά στα 17 χρόνια λειτουργίας της, η FRONTEX παραπέμπεται στο Ευρωπαϊκό Δικαστήριο για προσβολή των ανθρωπίνων δικαιωμάτων, εξαιτίας της αποστολής της στην Ελλάδα. Η υπόθεση εκθέτει τη χώρα μας και την κυβέρνηση Μητσοτάκη για τις συστηματικές επαναπροωθήσεις προσφύγων στο Αιγαίο.

      Το Γενικό Δικαστήριο της Ε.Ε. έκρινε παραδεκτή υπόθεση που κατέθεσε ολλανδική ΜΚΟ εκ μέρους δύο αιτούντων άσυλο, οι οποίοι καταγγέλλουν ότι υπήρξαν θύματα βάναυσης συμπεριφοράς στη Λέσβο. Η εισαγωγή της προσφυγής στο Δικαστήριο « αδειάζει » την Frontex, εκπρόσωπος της οποίας, όταν είχε γίνει γνωστή η κατάθεση της προσφυγής, είχε κάνει λόγο για « ακτιβιστική ατζέντα που προσποιείται τη νομική υπόθεση, με σκοπό να υπονομεύσει την αποφασιστικότητα της Ε.Ε. να προστατεύσει τα σύνορά της ». Η « Εφ.Συν. » είχε γράψει αναλυτικά για την υπόθεση (31/5/2021 « Εμποδίζουν καταθέσεις για τις επαναπροωθήσεις της Frontex »).

      Η προσφυγή κατατέθηκε με την υποστήριξη της μη κερδοσκοπικής οργάνωσης νομικής βοήθειας Front-Lex, με έδρα το Αμστερνταμ, για λογαριασμό ενός ασυνόδευτου ανηλίκου και μιας γυναίκας. Καταγγέλλουν ότι, ενώ ζητούσαν άσυλο στο έδαφος της Ε.Ε., στη Λέσβο, συνελήφθησαν βίαια, κακοποιήθηκαν, ληστεύτηκαν, απήχθησαν, κρατήθηκαν, μεταφέρθηκαν βίαια πίσω στη θάλασσα, απελάθηκαν συλλογικά και τελικά εγκαταλείφθηκαν σε σχεδίες χωρίς πλοήγηση, φαγητό ή νερό. Οι αιτούντες άσυλο ήταν θύματα και άλλων επιχειρήσεων επαναπροώθησης στην προσπάθεια να βρουν προστασία στην Ε.Ε.

      Το Δικαστήριο καλείται να κρίνει ότι η παράλειψη της Frontex να ενεργήσει με τρόπο που προστατεύει τα θεμελιώδη δικαιώματα συνιστά παράβαση των Συνθηκών (άρθρο 265 της Συνθήκης για τη Λειτουργία της Ε.Ε.).

      Η προσφυγή τεκμηριώνεται σε τρεις νομικούς λόγους :

      ● Πρώτον, στην ύπαρξη σοβαρών και συνεχών παραβιάσεων θεμελιωδών δικαιωμάτων και παραβιάσεων υποχρεώσεων διεθνούς προστασίας στην περιοχή του Αιγαίου, σχετιζόμενων με τις δραστηριότητες της Frontex. Σύμφωνα με τους προσφεύγοντες, ο εκτελεστικός διευθυντής του Οργανισμού είχε την υποχρέωση να αναστείλει ή να τερματίσει τις εν λόγω δραστηριότητες, σύμφωνα με το άρθρο 46 του κανονισμού για την Ευρωπαϊκή Συνοριοφυλακή και Ακτοφυλακή. Κατά τους προσφεύγοντες, η « νέα τακτική » που εφαρμόζεται στο πλαίσιο των επιχειρήσεων ελέγχου των συνόρων στο Αιγαίο, η οποία εγκαινιάσθηκε τον Μάρτιο του 2020, ισοδυναμεί με πολιτική συστηματικής και εκτεταμένης επίθεσης, τόσο σε επίπεδο κράτους (Ελλάδα) όσο και σε επίπεδο οργανισμού (Frontex), εναντίον πολιτών οι οποίοι ζητούν άσυλο στην Ε.Ε., πράγμα που συνιστά, μεταξύ άλλων, προσβολή του δικαιώματος στη ζωή, παραβίαση της απαγόρευσης της συλλογικής απέλασης, παραβίαση της αρχής της μη επαναπροωθήσεως και προσβολή του δικαιώματος ασύλου. Η υποχρέωση της Frontex να εξετάσει την αναστολή ή τον τερματισμό της παρουσίας της στην Ελλάδα επισημάνθηκε και στο πρόσφατο πόρισμα του Ευρωκοινοβουλίου που εξέτασε τον ρόλο της Frontex στις επαναπροωθήσεις των ελληνικών αρχών, ενώ σχετικό αίτημα έχει υιοθετήσει και η Διεθνής Αμνηστία σε πρόσφατη σχετική έκθεσή της.

      ● Δεύτερον, οι προσφεύγοντες προβάλλουν ότι η Frontex δεν εκπλήρωσε τις υποχρεώσεις της βάσει του Χάρτη Θεμελιωδών Δικαιωμάτων όσον αφορά την πρόληψη και αποτροπή παραβιάσεων των δικαιωμάτων αυτών στην περιοχή του Αιγαίου, στο πλαίσιο της λειτουργίας της.

      ● Τρίτον, υποστηρίζουν ότι η παράλειψη της Frontex να ενεργήσει στο πλαίσιο του άρθρου 265 ΣΛΕΕ τους αφορά άμεσα και ατομικά, αφού η κατάστασή τους έχει ήδη επηρεαστεί πολλαπλώς από τη νέα πολιτική συστηματικών και εκτεταμένων πρακτικών, τόσο σε επίπεδο κράτους όσο και σε επίπεδο οργανισμού. Πρακτικών που περιλαμβάνουν απαγωγές από το έδαφος της Ε.Ε. και βίαιη επαναφορά στη θάλασσα, αναχαιτίσεις ή εγκατάλειψη στη θάλασσα σε επικίνδυνα σκάφη που θέτουν τη ζωή σε σοβαρό κίνδυνο, παράνομες επαναπροωθήσεις, συλλογικές απελάσεις και παρεμπόδιση της πρόσβασης στο άσυλο.

      « Οι δύο πρόσφυγες έχουν φτάσει στη Λέσβο περισσότερες από μία φορές, συναντήθηκαν με τοπικό πανεπιστημιακό, έχουν φωτογραφηθεί σε γνωστούς δρόμους του νησιού. Ωστόσο, οι ελληνικές δυνάμεις τούς απέλασαν βίαια από το νησί με επίβλεψη της Frontex, όπως ισχυρίζεται η Ελλάδα. Τα προσφεύγοντα άτομα δεν θα δικαιωθούν στην Ελλάδα, όπου δεν υπάρχει κράτος δικαίου. Αξίζουν να δικαιωθούν στην Ευρώπη, εάν η τελευταία θέλει να ισχυρίζεται ότι σέβεται το κράτος δικαίου », σχολίασαν ο Παναγιώτης Δημητράς και η Λεονί Σεφενμπίχλερ από το Ελληνικό Παρατηρητήριο των Συμφωνιών του Ελσίνκι, που συμμετέχει στην προσφυγή, όπως και η ομάδα Progress Lawyers Network.

      « Στην Ε.Ε. και στα σύνορά της, οι μετανάστες και οι άνθρωποι που τους βοηθούν διώκονται ποινικά άδικα. Ταυτόχρονα και στα ίδια σύνορα, η Frontex διαπράττει σοβαρές παραβιάσεις του διεθνούς και του ευρωπαϊκού δικαίου εδώ και χρόνια, αποφεύγοντας τη δίωξη. Είναι καιρός η Frontex να λογοδοτήσει για τα εγκλήματα που διαπράττει εναντίον ανθρώπων που ζητούν προστασία και που αναγκάζονται να διακινδυνεύσουν τη ζωή τους στη θάλασσα λόγω έλλειψης ασφαλών και νόμιμων διόδων μετανάστευσης », τόνισαν οι δικηγόροι Λόικα Λάμπερντ και Μίκε Βαν Ντεν Μπρουκ από το Progress Lawyers Network.

      https://www.efsyn.gr/kosmos/eyropi/303601_istoriki-diki-kata-tis-frontex

      Traduction reçue via la mailing-list Migreurop :

      L’action légale introduite par Front-lex contre Frontex a été jugée recevable par la Cour Générale de l’UE

      Pour la première fois en 17 ans d’existence, FRONTEX est déféré devant la Cour européenne pour violation des droits de l’homme pendant sa mission en Grèce. L’affaire expose la Grèce et le gouvernement Mitsotakis pour les refoulements systématiques des réfugiés en la mer Égée.

      Le Tribunal de l’UE a jugé recevable un dossier déposé par une ONG néerlandaise au nom de deux demandeurs d’asile, qui se plaignent d’avoir été victimes de comportements brutaux à Lesbos. Le dépôt de l’action en justice devant la Cour est un camouflet pour Frontex, dont le représentant, lors du dépôt de l’action en justice, avait déclaré qu’il s’agissait d’un "agenda activiste qui se prétend légal, afin de saper la détermination de l’UE" de protéger ses frontières ».

  • Des chants de la Commune ont résonné dans l’infâme Sacré-Cœur

    La Chorale des Pétroleuses

    https://lavoiedujaguar.net/Des-chants-de-la-Commune-ont-resonne-dans-l-infame-Sacre-Coeur

    https://paris-luttes.info/des-chants-de-la-commune-ont-15065

    Que vivent la Commune et la Coustique ! Ou Le Temps des cerises à l’heure des prunes... La Chorale des Pétroleuses vous salue bien !

    Oui, en ce 22 mai 2021, Les Canuts, La Danse des bombes et La Semaine sanglante ont retenti sous les voûtes du Sacré-Cœur, cette ignoble meringue, construite « là où la Commune a commencé », comme le disait lors de la pose de la première pierre Hubert de Fleury, l’un des initiateurs du funeste projet. Ainsi, dominant Paris pour des siècles et des siècles, l’horrible bâtisse, véritable doigt d’honneur des vainqueurs aux vaincus, rappellerait ce qu’il en coûte à celles et ceux qui voudraient se gouverner eux-mêmes et lutter pour un monde meilleur. À l’heure où le gouvernement fait de la laïcité un fondamentalisme quasi religieux destiné à mieux stigmatiser des populations entières, qui pourrait s’offusquer que des chants révolutionnaires résonnent dans un bâtiment appartenant à l’État ?

    Quatorze heures ayant sonné, les choristes, notoirement habillé·e·s voire masqué·e·s, chantent qu’ils·elles « n’iront plus nus » ; où l’on reconnaît les accents musicaux quasi religieux de la chanson Les Canuts, appropriée donc pour une douce entrée en matière. Cependant, au bout d’une minute de clameur, la sécurité s’énerve déjà — « S’il vous plaît arrêtez de chanter ! » : il ne saurait être question de rompre la ferveur et le recueillement des prières par un tel faste sonore, lequel nous transporte. S’invitent alors la barbarie des lions, des voix faisant littéralement exploser la voûte... c’est La Danse des bombes écrite par Louise Michel. La sécurité s’énerve encore et arrache quelques livrets de paroles... Mais l’heure est venue de faire résonner La Semaine sanglante, trop bien connue pour qu’il soit besoin d’y jeter ne serait-ce qu’un œil. (...)

    #Commune #Paris #chorale #pétroleuses #Louise_Michel #Aristide_Bruant #Jean-Baptiste_Clément #Sacré-Cœur

  • #CNews, première chaîne d’#intox de France… avec le soutien de l’Élysée

    La semaine dernière, CNews a pour la première fois dépassé #BFMTV en audience. Récompense suprême pour la chaîne qui propage des #fake_news sur des #controverses montées de toutes pièces : documentaire censuré à Orléans, #écriture_inclusive imposée à l’école, #Blanche-Neige victime de la “#cancel_culture”… Plus courageux encore, #Pascal_Praud désigne à la vindicte de la #fachosphère des responsables de services publics. Une action civique qui vaut à l’animateur d’être chouchouté par l’Élysée.

    « Merci à vous tous, chers téléspectateurs, salue #Sonia_Mabrouk mardi dernier. Vous avez placé hier CNews leader des chaînes d’information de France. » Devant BFMTV, et sans que cette dernière perde de part d’audience. La chaîne de #Bolloré a donc su attirer un nouveau public. « C’est une confiance qui nous honore, merci encore. » Une confiance de laquelle Sonia Mabrouk sait se rendre digne. « La guerre contre l’écriture inclusive menée par #Jean-Michel_Blanquer qui veut l’interdire à l’école, annonce-t-elle au sommaire de Midi news. L’écriture inclusive, une attaque contre notre langue et derrière, une idéologie. » Rappelons que Sonia Mabrouk, elle, est dépourvue d’idéologie. « Et puis nous parlerons de tags anti-police et donc anti-France d’une violence inouïe. » Ils ont causé des dizaines de blessés parmi les forces de l’ordre.

    « J’ai remercié les téléspectateurs qui ont placé hier CNews comme la chaîne leader des chaînes d’information, rappelle Sonia Mabrouk après le journal. Je remercie également les invités. De tous bords, c’est très important, chaque jour il y a la diversité des sujets et surtout des tendances. » De la droite extrême à l’extrême droite en passant par la gauche d’extrême droite, comme nous allons le vérifier. « Le ministre de l’Éducation a dit : Ça suffit ! Stop l’écriture inclusive à l’école !, relaie la présentatrice. — Il faut savoir l’enfer qu’on vit dans beaucoup de collectivités, gémit #Rudolph_Granier conseiller LR de Paris. À Grenoble, ils ont décidé de la rendre obligatoire dans les délibérations, c’est déjà le cas à la mairie de Paris. » Il faudrait mettre en place une cellule de soutien psychologique pour Rudolph Granier et ses collègues. « Moi, je pense aux personnes qui sont dyslexiques, qui sont aveugles. » Les aveugles ? Ils n’ont pas grand-chose à voir dans cette histoire.

    https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/assets/images/capture_decran_2021-05-07_a_11.28.07.png?itok=tR4Ym5_J

    « Ça concerne les universités, Sciences Po, l’EHESS, Normale Sup, énumère Élisabeth Lévy. La triade des sciences humaines s’adonne à ça. Et si des profs ne mettent pas leurs demandes de financement en écriture inclusive, ils ont toutes les chances de se faire retoquer. » Information inventée de source sûre. « On est encore l’otage de groupuscules. » Terroristes. Le seul invité de tous bords de gauche prend la parole. « Autant je suis pour qu’on dise “madame la ministre”, revendique #Philippe_Doucet, du PS, mais je suis contre cette histoire d’écriture inclusive. » Ouf, les « socialistes » ne cèdent pas à la pression des preneurs d’otages. « Mais pourquoi le ministre de l’Éducation fait cela ? » s’auto-interroge Sonia Mabrouk pour mieux s’auto-répondre : « L’écriture inclusive et la théorie du #genre ont pris le dessus par exemple au #CNRS, c’est ce que vise le ministre. » Philippe Doucet fait assaut de bonne volonté : « Je suis contre la #culture_woke et pour la République. » Rappelons que l’écriture inclusive menace la République, ses partisans étant notoirement friands de dictature militaire.

    https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/assets/images/capture_decran_2021-05-07_a_11.30.14.png?itok=cwli7tg3

    Sonia Mabrouk psalmodie : « Écriture inclusive, #femellisme, disent certains, mais aussi discours décoloniaux… » Sans oublier l’#islamo-gauchisme racialiste. « Il y a des militants, il faut les appeler ainsi, qui pensent tordre le cou au réel et changer la cité en corrigeant les #mots. » Rappelons que Sonia Mabrouk, elle, n’est pas militante. « Ces révolutionnaires de salon me font sourire, commente #Ludovic_Mendes, de LREM. Quand on dit à un gamin de CP qui a des difficultés parce qu’il est en apprentissage de la lecture qu’on va lui rajouter l’écriture inclusive… » Information fantasmée de source sûre : partout en France, les élèves de CP sont contraints par les professeurs des écoles d’apprendre l’écriture inclusive.

    Sonia Mabrouk résume : « En gros, vous êtes tous d’accord. » Magie de la « diversité des tendances » des « invités de tous bords ». « L’écriture inclusive, vous dites : absurdité et non-sens linguistique. Mais je voudrais vous pousser plus loin. » Un peu plus à droite, si c’est possible. Élisabeth Lévy ne se fait pas prier. « La question, c’est : de quelle minorité sommes-nous otages ? Y compris chez les socialistes, chez les Verts, dans toute l’extrême gauche 3décolonialo-indigéno-je-ne-sais-quoi. On est #otages de gens qui représentent des #groupuscules. — Oui mais parfois les #minorités font l’histoire, alerte Sonia Mabrouk. Quand vous êtes à des postes très élevés, ça peut ruisseler. — Ça peut infuser », confirme Philippe Doucet. C’est d’autant plus dangereux que, selon Élisabeth Lévy, « le combat de la place des femmes dans la société, il est gagné ». L’emploi de l’écriture inclusive conduirait tout droit à une #dictature_féminazie.

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    « Avant de parler de beaucoup d’informations sur la violence qui règne dans nos villes, annonce Pascal Praud la veille au soir, l’écriture inclusive. Vous savez qu’on essaye de mener modestement ce débat. » Cette #croisade. « Dans une interview au JDD, Jean-Michel Blanquer a rappelé l’existence de la circulaire d’Édouard Philippe qui en 2017 interdisait l’usage administratif de l’écriture dite “#épicène”. » Épicène, vraiment ? L’adjectif désigne un mot qui s’écrit au masculin comme au féminin. Blanquer va donc interdire l’emploi du mot « élève », un comble pour un ministre de l’Éducation… Mais puisque c’est une information vérifiée par Pascal Praud… « Et il demande que l’écriture inclusive ne soit pas utilisée à l’école. J’ai envie de dire : Enfin ! Enfin, il se réveille ! » Il a dû regarder CNews, où Pascal Praud mène un combat quotidien contre l’écriture inclusive.

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    L’animateur relaie scrupuleusement les arguments du ministre : « Mettre des points au milieu des mots est un barrage à la transmission de notre langue pour tous, par exemple pour les élèves dyslexiques. » En revanche, apprendre à écrire « du cidre et des crêpes bretons » est une facilité pour les élèves dyslexiques. « Je rappelle que la mairie de Paris fait ses communiqués en écriture inclusive. Je rappelle que le site de France 2 est en écriture inclusive. — L’université est en écriture inclusive, chouine #Ivan_Rioufol. — L’université, quand t’écris pas ta thèse en écriture inclusive, t’es mis dehors ! » Information inventée de source sûre.

    « Vous êtes injuste, proteste toutefois Ivan Rioufol, il me semble avoir entendu Blanquer le dire plusieurs fois. — Y a que nous qui le disons ! À l’université, c’est un scandale ! Tu peux prendre des sanctions, quand même ! » Condamner les profs à des peines de prison. « Pourquoi le président de la République n’a rien dit sur ce coup-là ?, s’étonne #Jean-Claude_Dassier — Il dit rien, le ministre de la Culture non plus… Tous les thèmes qui fâchent, de toute façon ! » À peine s’ils dénoncent l’islamo-gauchisme. « Je crois savoir que c’est assez marginal, tente l’avocate Sophie Obadia. — C’est pas du tout marginal à l’université, réplique Pascal Praud. — En #sciences_sociales, précise Ivan Rioufol. — C’est la terreur ! » Selon des témoignages fabriqués de source sûre.

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    Sophie Obadia se range à la diversité des tendances des invités de tous bords : « Que ce soit enseigné, malheureusement, oui. Mais les étudiants n’y parviennent pas. C’est d’une complexité effarante. — C’est moralement illisible, ajoute Ivan Rioufol. — Sur le plan cognitif, c’est improbable, insiste l’avocate. — Ça devrait être considéré comme nul et non avenu, tranche Jean-Claude Dassier. — Le féminin d’entraîneur, c’est quoi ?, demande Jean-Louis Burgat. — Entraîneuse, répond Jean-Claude Dassier. — Vous voyez, y a des choses qui sont impraticables. — Ce qui est très inquiétant, geint Ivan Rioufol, c’est de voir à quel point une #moutonnerie peut amener à un #conformisme. » Les participants à L’heure des pros, eux, sont aussi anticonformistes que Jean-Michel Blanquer. « En sciences sociales, dans les universités, si vous ne faites pas de thèse en écriture inclusive, vous n’êtes pas lu ou vous avez deux points. » Information fabulée de source sûre. Pascal Praud en ajoute une : « Y a des profs qui ne répondent pas aux mails des étudiants quand ils ne sont pas en écriture inclusive. — Et Mme Vidal ne dit rien, peste Jean-Claude Dassier. — C’est peut-être pas la priorité, tente Sophie Obadia. — Mais c’est la priorité !, rage Pascal Praud. — Ah ben si, c’est la priorité ! », appuie Ivan Rioufol.

    La priorité de mercredi est tout aussi anticonformiste. « Est-ce que dans Blanche-Neige, vous vous souvenez de la fameuse scène du baiser, quand le prince charmant se penche sur Blanche-Neige pour la réveiller ?, demande Sonia Mabrouk. Est-ce que vous y avez vu un baiser non consenti ? » #Olivier_Dartigolles réagit : « La polémique est ridicule » Tellement ridicule qu’elle a été montée de toutes pièces par la fachosphère et relayée par #FoxNews à partir d’un obscur blog qui faisait la promotion d’une nouvelle attraction de Disneyland. Mais, pour Sonia Mabrouk, « ça va loin. Parce que Disney se demande que faire de cette scène, est-ce qu’il ne faut pas la couper ». Information supputée de source sûre. « Évidemment on crie tout de suite à la cancel culture. » Sur CNews.

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    « Qu’est-ce que vous en pensez, #Laurent_Jacobelli ? — Je pense que c’est ridicule », répond le porte-parole du RN. Qui suggère illico la prochaine fake news susceptible de provoquer de passionnants débats ridicules : « En plus, dans le nom Blanche-Neige, il y a “blanche” donc on va nous demander de le changer. Est-ce qu’on doit ridiculiser le débat, l’amoindrir à ce niveau au point de chercher le mal partout ? » Sur CNews, oui, c’est même un credo. « Arrêtons avec cette #censure permanente. » Voyez comme les bobards des journalistes de CNews sont affreusement censurés. « La moindre image, le moindre mot donne lieu à un procès. » Sans parler des terribles remontrances du CSA.

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    « Mais jusqu’où on va aller ?, insiste Sonia Mabrouk Jusqu’où cet activisme peut aller pour effacer… parce qu’il y a de véritables pressions… » À son tour, la journaliste imagine une fake news susceptible de provoquer de passionnants débats ridicules : « Peut-être que la prochaine étape, c’est de dire que les sept nains, c’est un gang bang… » Et Bambi une victime du lobby de la chasse. « Faut-il voir derrière les tenants de l’idéologie intersectionnelle, de la cancel culture, etc. ? » Sur CNews, oui. « Ou est-ce que vous dites : on prête trop d’attention à ces minorités ? » Sur CNews, c’est certain. « Il y a un véritable engagement politique derrière cela. » De l’extrême gauche décolonialo-indigéno-je-ne-sais-quoi, a démontré Élisabeth Lévy.

    #Kevin_Bossuet, enseignant et coqueluche de la fachosphère, s’insurge, absence de preuves à l’appui : « On veut tout dénaturer, tout détruire, tout ce qui constitue le socle de notre identité et de notre civilisation. » Selon nos informations forgées de toutes pièces. « On pointe l’œuvre du #patriarcat partout, c’est profondément ridicule et dangereux. » Il faut sauver le patriarcat. « Le débat sur l’écriture inclusive, c’est exactement le même processus. » Effectivement : on monte en épingle une menace imaginaire pour pouvoir propager des idées réactionnaires. « Vous avez des manuels scolaires, des enseignants qui utilisent de l’écriture inclusive … » Information rêvée de source sûre. « On peut se poser des questions sur l’#idéologie de ces personnes. » En revanche, pas la peine de se poser des questions sur l’idéologie de toutes tendances des invités de tous bords de CNews.

    « On est en train de recréer la censure, se désespère Laurent Jacobelli, de restreindre la possibilité d’exprimer une opinion, on le voit sur les plateaux télé. » Surtout sur CNews. « Il faut arrêter qu’une toute petite minorité impose sa #dictature_intellectuelle à une grande majorité. » D’invités de CNews. L’avocat Carbon de Sèze conclut « C’est pas à des amateurs de révision des œuvres artistiques d’imposer les thèmes de discussion. » Non, c’est à des amateurs de révisionnisme de les imposer sur le fondement de fausses informations.

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    Le 30 avril, Pascal Praud impose un autre « débat » sur un nouveau scandale fantasmé, « l’#affaire_d’Orléans. L’histoire extravagante du programme financé par la mairie qui devait passer sur France 3 Centre-Val-de-Loire et qui finalement est censuré. — Oui, il est censuré », confirme #Serge_Grouard, maire LR d’Orléans et habitué de L’heure des pros. Le bandeau le clame, « France 3 censure un programme sur #Jeanne_d’Arc ». En réalité, comme l’a très bien raconté cet article d’Arrêt sur images, France 3 a renoncé à programmer un #documentaire sur les « #fêtes_johanniques » (qu’elle ne s’était jamais engagée à diffuser) quand elle s’est aperçue qu’il s’agissait d’un film promotionnel réalisé par la municipalité et commenté par la voix de #Charlotte_d’Ornellas, journaliste de Valeurs actuelles, figure de la fachosphère abonnée aux plateaux de CNews.

    Pascal Praud, comme Sonia Mabrouk, préfère « crier à la cancel culture » d’inspiration soviétique : « Qu’il y ait des petits commissaires du peuple dans le service public d’information et notamment à France 3 n’étonnera personne. Ça s’appelle des petits commissaires du peuple, insiste-t-il. Dans le service public, ce sont les rois. » L’animateur s’adonne alors à l’une de ses méthodes favorites : désigner le nom du coupable à la vindicte de centaines de milliers de téléspectateurs nourris de fausses informations.

    « On est en train d’essayer d’appeler M. Basier, il veut pas répondre. » Le lâche. « Jean-Jacques Basier, je vais donner son nom plusieurs fois. Jean-Jacques Basier, directeur régional de France 3 Centre-Val-de-Loire. » Son adresse et son numéro de téléphone, peut-être ? « C’est une police de la pensée, s’insurge Serge Grouard. — Ils ont des mentalités d’épurateurs, ajoute Ivan Rioufol. — Exactement, c’est les mêmes qui auraient tondu à la Libération. » Puisque Rioufol et Praud me tendent la perche du point Godwin, qu’il me soit permis de subodorer que ces Praud et Rioufol sont les mêmes qui auraient dénoncé des juifs sous l’Occupation. Quoiqu’il en soit, leur lynchage public a des effets dans la vie réelle : le directeur régional de France 3 est l’objet d’une campagne de #harcèlement sur les réseaux sociaux mais aussi sur sa propre messagerie vocale. Avec d’explicites #menaces_de_mort, rapporte un communiqué syndical.

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    Une autre affaire montre que ce goût pour la #délation peut avoir de graves conséquences sur les personnes désignées à la furie de la fachosphère.. Jeudi soir, l’émission À l’air libre, réalisée par Mediapart, reçoit #Anne-Laure_Amilhat_Szary, directrice à Grenoble du laboratoire Pacte du CNRS. Je conseille vivement de regarder son témoignage (en accès libre) pour prendre la mesure de la gravité des agissements de M. Pascal Praud. Ce dernier a mis en cause l’universitaire lors de l’affichage des noms de deux professeurs de Sciences Po Grenoble accusés d’islamophobie. Affichage que l’intéressée a toujours vigoureusement condamné. Affichage consécutif à une controverse entre un prof militant et une chercheuse de son laboratoire qu’Anne-Laure Amilhat-Szary a défendue dans un communiqué ensuite falsifié par #Klaus_Kinzler, le prof en question.

    Pascal Praud s’est empressé d’inviter ce professeur, qui déclare alors : « Un grand chercheur directeur de laboratoire de recherche se met en dehors de la science. Il ne comprend même pas, c’est une femme d’ailleurs, elle ne comprend même pas ce que c’est, la science. — Ce laboratoire, Pacte, avec cette dame…, rebondit Pascal Praud. Je vais citer son nom, Anne-Laure Amilhat-Sza… Szaa… Szary. » La délation est un métier. « Cette dame-là, c’est la directrice du laboratoire mais cette dame, c’est une militante. — C’est une militante. C’est des gens qui ne réfléchissent même pas. — Oui mais qui se croient tout permis et qui avancent avec le sentiment d’impunité. C’est très révélateur, on voit le #terrorisme_intellectuel qui existe dans l’université à travers leur exemple. »

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    Sur le plateau de Mediapart, Anne-Laure Amilhat-Szary raconte la suite. « La ministre de l’Enseignement supérieur dit que c’est insensé de livrer des noms d’enseignants-chercheurs à la vindicte des réseaux sociaux, or ça a été mon cas. J’ai fait l’objet d’une campagne diffamatoire avec menaces de mort nombreuses et répétées. » Au point de devoir porter plainte pour « #cyber-harcèlement et menaces de mort ». « Comment vous avez vécu tout ça ?, demande Mathieu Magnaudeix. — Mal. Et comme la preuve que l’intersectionnalité est une bonne grille d’analyse puisque j’ai fait l’objet d’insultes islamophobes, antisémites, sexistes, avec une critique de mon physique avec mon portrait transformé… Je vous laisse imaginer le pire. » Le pire sciemment provoqué par Pascal Praud.

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    « Je n’ai pas de protection judiciaire, regrette Anne-Laure Amilhat-Szary. Elle a été demandée et on n’en a plus jamais entendu parler. La ministre a défendu des personnes qui ont effectivement été mises en danger par des affichages criminels et moi, je me débrouille toute seule. » Comme se débrouillent toutes seules les journalistes #Morgan_Large et #Nadiya_Lazzouni, respectivement victimes d’#intimidations (dont un sabotage de voiture) et de menaces de mort, sans qu’elles obtiennent la #protection_policière demandée — et soutenues par de nombreuses organisations de journalistes.

    En revanche, Emmanuel Macron n’hésite pas à téléphoner à #Eric_Zemmour, quand il est agressé dans la rue, pour l’assurer de son soutien. De même, #Christine_Kelly, la faire-valoir de #Zemmour, est promptement reçue à l’Élysée quand elle reçoit des menaces de mort (évidemment inadmissibles, quoiqu’on pense de son travail).

    Quant à Pascal Praud… Non seulement ses délits de « mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle » (que le gouvernement se vante d’avoir inclus dans la loi Séparatisme) n’entraînent aucune poursuite, mais ils lui valent le soutien enamouré du pouvoir. Dans un article du Monde, Ariane Chemin raconte comment le journaliste de CNews est reçu avec les honneurs à Matignon, à la questure de l’Assemblée (où le reçoit le député Florian Bachelier, habitué de ses émissions) et même à l’Élysée. Emmanuel Macron et son conseiller #Bruno_Roger-Petit entretiennent des contacts réguliers avec Pascal Praud, allant jusqu’à lui livrer des infos en direct. Ariane Chemin explique que Bruno Roger-Petit, « le “M. Triangulation” de l’Élysée, scrute depuis longtemps CNews, qui relaie souvent les obsessions de l’extrême droite et a pour lui le même avantage que Valeurs actuelles : cliver l’opinion en deux camps sans laisser beaucoup de place à d’autres courants de pensée ».

    Ainsi, le pouvoir actuel, et jusqu’à son plus haut sommet, utilise et protège un délinquant d’extrême droite propagateur de fausses nouvelles. La campagne pour la présidentielle s’annonce terrifian… pardon, passionnante.

    https://www.telerama.fr/ecrans/cnews-premiere-chaine-dintox-de-france...-avec-le-soutien-de-lelysee-687576

    #infox

    –—

    ajouté au fil de discussion sur l’#affaire_de_Grenoble :
    https://seenthis.net/messages/905509

    ping @isskein @karine4

    signalé ici aussi :
    https://seenthis.net/messages/915057

  • Jean Oury
    http://www.weck.fr/2021/05/16/jean-oury

    Jean Oury faisait des conférences depuis… toujours, dans un amphithéâtre de l’hôpital Saint-Anne. Ça faisait bien longtemps que j’avais envie d’y aller. On était en hiver, il faisait froid, j’étais arrivé en avance et je regardai les gens arriver, essayant de deviner qui ils étaient, à quels groupes sociaux ils appartenaient, etc. La conférence commença […]

    #Portraits

  • Die glänzende Glaspyramide hat Risse bekommen Von Marc Zitzmann, Paris
    https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/louvre-direktor-jean-luc-martinez-bleibt-er-im-amt-17337175.html

    Das zweite Mandat für den Louvre-Direktor Jean-Luc Martinez ist am 13. April ausgelaufen. Wird es nochmals verlängert werden? Die Bilanz der letzten Jahre spricht dagegen.

    Was für ein Nervenkitzel. Seit Monaten sollte Jean-Luc Martinez als président-directeur des Louvre im Amt verlängert oder abgelöst werden. Doch obwohl sein zweites Mandat seit dem 13. April ausgelaufen ist, steht der Entscheid noch immer offen. Das liegt zum einen daran, dass die Leiterinnen und Leiter der großen staatlichen Kulturinstitutionen in Frankreich durch den Präsidenten höchstselbst ernannt werden – und dieser meist Dringlicheres auf der Tagesordnung stehen hat. Es hat zum andern aber auch damit zu tun, dass im vorliegenden Fall Emmanuel Macron anscheinend Zweifel gekommen sind und er den Rat seiner Kulturministerin, welche Martinez unterstützt, nicht blind zu befolgen gewillt scheint.
    Der Verzug hat immerhin den Vorteil, dass eine Handvoll Medienorgane aufgewacht sind und die überfällige kritische Bilanz wenigstens skizziert haben. Die Tatsache, dass seit Jahren fast einzig Didier Rykner in seiner spezialisierten Online-Zeitung La Tribune de l’Art Missstände im größten Museum der Welt geißelt, wirft ein grelles Schlaglicht auf den durch die chronische Pressekrise bewirkten Niedergang der Kunstberichterstattung in Frankreich. Jetzt haben zumindest Le Canard enchaîné, Mediapart und Le Monde ebenfalls kritische Berichte vorgelegt, die freilich großteils auf Rykners Recherchen aufbauen.

    Chaos im Louvre
    Die Kritikpunkte lassen sich in drei Punkten zusammenfassen. Erstens wird Martinez vorgeworfen, ein schlechter Organisator zu sein. Anfang 2017 ließ er so Seite an Seite eine Jan Vermeer und eine Valentin de Boulogne gewidmete Ausstellung ausrichten – mit gemeinsamem Ticket und Eingang. Die Folge war – völlig voraussehbar, und durch die Unzulänglichkeit des Reservierungssystems noch verstärkt – ein namenloses Chaos, stürzten sich doch alle auf den Niederländer, während nur wenige den ebenfalls sehenswerten Franzosen sehen wollten.

    2019 zeitigte die temporäre Umsiedlung der Mona Lisa in den Saal, wo Rubens’ Medici-Zyklus hängt, noch gravierendere Störungen. Fluten von Selfiesüchtigen, mehr schlecht als recht kanalisiert, überschwemmten alle Zugangswege zum Gral der Kunstbanausen und machten über Monate hinweg namentlich die Abteilung für flämische Malerei fast unzugänglich. Auch die Ausrichtung von Werkschauen der Maler Le Brun und später Le Nain im Louvre-Ableger in Lens war keine Glanz-Idee. Diese französischen Künstler des siebzehnten Jahrhunderts ziehen ein Publikum von Kennern an, welche sich in Paris ungleich zahlreicher gefunden hätten als in einem 30.000-Seelen-Städtchen nahe der belgischen Grenze. „Le Mystère Le Nain“ zog 2017 so sechseinhalbmal weniger Besucher an als die letzte Retrospektive in Paris vor vier Jahrzehnten. Schließlich mehrt sich seit Martinez’ Amtsantritt 2013 die Zahl der Louvre-Säle, die punktuell oder über längere Zeit hinweg geschlossen sind. Wegen Bauarbeiten, schwindelt das Museum seinen Besuchern vor – in Wahrheit, weil es an Saalwächtern fehlt.

    #Jean_luc_martinez #art #EnMarche #louvre #musée #culture #france

    • Un Louvre toujours plus fermé

      Après 203 jours de fermeture, un record du monde contrairement à ce qu’ose prétendre la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, les musées français vont enfin pouvoir rouvrir au public. Oui, mais certains moins que d’autres. C’est ainsi que le Louvre, une fois de plus, se distingue dans la médiocrité et dans le mépris du public.


      Johannes Vermeer (1632-1675), L’Astronome, Huile sur toile - 51 x 45 cm, Invisible au Louvre depuis au moins le 17 mars 2019 (à l’exception du mois d’octobre), Photo : Wikipedia (domaine public)

      Rappelons d’abord qu’à la fin du premier confinement, et alors qu’il avait rouvert seulement début juillet avec beaucoup de retard sur les autres musées, une très grande partie de ses salles étaient restées fermées, notamment tout le second étage avec les peintures nordiques et les peintures françaises des XVIIIe et XIXe siècle.
Lors de cette nouvelle réouverture, le 19 mai, et alors que l’instauration d’une jauge réduite devrait au contraire inciter à ouvrir largement les galeries, un très grand nombre de celles-ci demeurera clos (ill. 1).

      Fort heureusement, les peintures françaises au deuxième étage vont enfin rouvrir, après un an et deux mois sans que personne ait pu les visiter. Mais il n’en ira pas de même pour les peintures nordiques, pour Rubens et Rembrandt, pour Van Dyck et Vermeer…. . . .

      La suite : https://www.latribunedelart.com/un-louvre-toujours-plus-ferme

  • #Pierre_Lescure, directeur-fondateur de #Canal_plus

    Journaliste curieux de tout, homme de #radio et de #télévision, enfant du #jazz et père des #Enfants_du_rock, Pierre Lescure naît en 1945. Issu d’une famille communiste, il grandit avec deux parents journalistes.

    Au lycée il fait des journaux, et admet lui-même qu’il n’a « jamais rêvé d’être pompier, mais journaliste. » Il découvre la radio avec #Jean-Michel_Desjeunes et entre à ce qui s’appellera bientôt #RTL. Il continue à naviguer dans les différents médias radio et télé : #Antenne_2, #Radio_Monte_Carlo, #Europe_1. Avec son équipe, il invente progressivement « l’#infotainement » : « tout était bon pour vendre le mieux possible l’info, dès lors que l’information dans son sérieux n’est jamais en dessous de 51% ».

    Lors de la création de Canal + au début des années 80, #André_Rousselet lui propose de rejoindre la chaîne en patron d’antenne. Voyant dans le projet une ambition de devenir le #HBO français, Lescure accepte en seulement 20 minutes d’entretien. Il a carte blanche pour créer ce qui sera appelé à postériori « l’#esprit_canal ». Il appelle #Alain_Chabat, #Antoine_de_Caunes, #Michel_Denisot et d’autres de ses amis pour le rejoindre. Il leur transmet son enthousiasme pour la création d’un nouveau ton. Il se définit lui-même comme un « accélérateur », ce qui donne en version non cryptée : « On accélérait la naissance et le déploiement des hommes et des femmes avec qui on avait envie de bosser, et c’était notre plus grand orgueil, notre plus grande fierté. »

    https://www.arteradio.com/son/61664888/pierre_lescure_directeur_fondateur_de_canal

    https://download.www.arte.tv/permanent/arteradio/sites/default/files/sons//04pierre_lescure_hq_fr.mp3

    • À 76 ans, il a son rond de serviette dans l’émission « des popotes » d’Anne-Elisabeth Lemoine sur France 5.
      https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/video-pierre-lescure-paye-8000-euros-dans-c-a-vous-il-parle-sans-tabou_449029

      « Vous gagnez combien quand vous faites C à vous, Pierre Lescure ? ». Le principal intéressé a alors répondu en toute transparence : « C à vous, je crois que c’est un contrat de 8 000 euros par mois ».

      8 000 boules par mois croit-il ! À la louche quoi ! l’argent n’est pas un problème pour ce petit vieux, il en a fait gagner, aussi, à beaucoup d’actionnaires.

      Je préfère les freaks, les losers magnifiques, les mecs héroïques et foireux en même temps.
      https://www.arteradio.com/son/61666149/jb_born_bad_guillot_la_revanche_des_perdants
      https://download.www.arte.tv/permanent/arteradio/sites/default/files/sons//07transmissionjbguillot_hq_fr.mp3


      https://shop.bornbadrecords.net

    • Tous les mois, « Transmission » propose un tête-à-tête d’une heure avec des parcours singuliers, défricheurs et inspirants (Brigitte Fontaine, Marsu (Bérurier Noir), Patrice Leconte, Pierre Lescure, Lio...) pour réconcilier boomers et millennials. Une production ARTE Radio.

      La programmation est pas antipathique mais le ratio de femmes (2 sur 10 pour les invité·es et 2 sur 7 pour les intervieweur·euses) ou de personnes racisées (0/10 et 0/7) est pas fameux si l’ambition est vraiment de réconcilier boomers et millennials.

    • « On veut la juste moitié du gâteau » : à Arte, mobilisation pour une parité pleine et entière
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/14/on-veut-la-juste-moitie-du-gateau-mobilisation-a-arte-pour-une-parite-pleine
      Une pétition lancée par un groupe anonyme de collaboratrices, et soutenue par bon nombre de salariés, réclame la nomination de deux femmes, sur quatre membres, au sein du comité de gérance de la chaîne.

      La revendication est amicale, mais ferme, voire sans appel. Alors que deux postes stratégiques se libèrent au sommet des instances du groupement économique d’intérêt européen (GEIE) d’Arte, le siège social de la chaîne franco-allemande installé à Strasbourg, il est hors de question que ces deux fonctions ne reviennent pas à deux femmes. C’est en tout cas ainsi qu’un groupe anonyme de collaboratrices de la chaîne voient les choses, de même qu’un nombre conséquent de salariés qui se sont ralliés à leur panache paritaire. Leur raisonnement est élémentaire : puisque le comité de gérance qui accueillera bientôt ces nouveaux membres, l’un à la direction de la gestion, l’autre à la direction des programmes, est composé de quatre personnes dont deux hommes déjà en poste, deux directrices doivent s’installer à leurs côtés. « On veut la juste moitié du gâteau », résume une pétitionnaire.

      Le sujet a commencé à monter en février, lorsque sept collègues (dont certaines investies de responsabilités, et qui ne réclament aucune promotion pour elles-mêmes) ont résumé la problématique dans une lettre ouverte largement distribuée en interne. Signée par 442 salariés, dont 110 hommes (le GEIE compte 470 équivalents temps plein, Arte France, 250), la missive a été approuvée par les élus au comité social et économique, qui s’en sont fait l’écho lors de réunions du CSE et en assemblée générale, avant d’être directement transmise aux dirigeants de la chaîne.62,5 % de l’effectif global.
      Un funambule sur son fil

      « Bruno Patino a répondu à plusieurs reprises qu’il trouvait notre démarche légitime », reconnaissent trois des initiatrices de la démarche. Heureuse nouvelle, puisque le président d’Arte France, également président du GEIE depuis janvier et, à ce titre, membre du comité de gérance, doit procéder à l’une des deux nominations, à la direction des programmes. L’Allemand Peter Weber, vice-président du GEIE, a, lui, la responsabilité de proposer un nom pour la direction de la gestion. « On sait que Peter Weber cherche une femme », assure l’une des autrices de la lettre, qui y voit un premier acquis. Reste l’autre poste, pour lequel Bruno Patino est scruté comme un funambule sur son fil. « Il risque de nommer un homme, et d’estimer atteindre la parité en nommant des femmes à des postes d’adjointes », croit savoir une revendicatrice. L’identité des personnes pressenties sera connue fin mai, soit quelques jours avant l’assemblée générale du 9 juin censée approuver les nominations, pour une prise de fonction au premier janvier 2022.

      #parité #boysclub