Mais nul ne la gardera qu’elle-même, que son courage lorsque le loup surgira du soir précoce, rougeoyant de janvier, à trois pas d’elle, la bête aux yeux obliques, flamboyants qui n’est pas seulement un personnage de récit, qui joue toujours son rôle dans la réalité. S’il jette son dévolu sur une brebis et l’emporte, ce n’est pas à cause des sabots que la fillette entrechoque désespérément. Il l’a jugée trop maigre. Et c’est dix jours plus tard, seulement,que celle-ci, à qui la terreur a coupé la gorge, recouvrera sa voix, racontera son aventure.
Pierre Bergounioux, « Millevaches », dans Un peu de bleu dans le paysage, Verdier, 2001, p. 74-75
Les sabots qu’on entrechoque...évoqués par Jean Giraudoux dans Suzanne et le Pacifique (▻https://geoculture.fr/j-avais-dix-huit-ans) :
Une bergère qui faisait claquer ses deux sabots l’un contre l’autre : c’était voilà vingt ans l’appel contre les loups, il servait maintenant contre les renards, dans vingt ans il ne servirait plus que contre les fouines.
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