#jeportelemasque

  • Je reviens sur ma remarque d’il y a deux mois, quand on avait soutenu et participé aux manifestations des enseignants : je remarquais à l’époque que les slogans ambigus ne permettaient pas de savoir si on manifestait contre le #protocole_tous_infectés, ou contre toute forme de protocole (et donc au contraire en faveur du protocole tous infectés) :
    https://seenthis.net/messages/944010

    Mais clairement, le gros point douteux, c’étaient les omniprésents slogans « les protocoles on n’en veut pas », en évitant purement et simplement de dire ce qu’on veut à la place (à part « des moyens », mais sans jamais évoquer non plus capteurs et aération).

    Du coup, en tant que parent, avec mes gamins, j’ai manifesté pour qu’on sécurise les écoles, ou pour qu’on « laisse circuler Omicron, yaka filer des masques aux enseignants » ? C’est tout de même très gênant de se pointer à une manif, avec l’idée qu’on veut sécuriser le truc, et de se rendre compte que tout est fait pour satisfaire les gens qui, au contraire, souhaitent qu’il n’y ait plus aucun protocole qui leur casse les pieds, leur complique au boulot, parce qu’Omicron c’est qu’un rhume et qu’on s’en fiche si les enfants l’attrapent.

    Là on vient de récupérer les petits (qu’on ne met toujours pas à la cantine) :
    – ils sont bien les seuls à porter un masque dans leur classe
    – à l’arrivée à l’école ce matin, la directrice et la maîtresse ont joyeusement annoncé que maintenant c’était plus la peine ; et air un peu déçu « ah, vous préférez qu’ils le gardent » ;
    – la maîtresse ne porte pas de masque en classe, alors qu’elle était à la manif (dont une des revendications était que c’était à Blanquer de leur commander et de leur filer des masques).

    Comme ça c’est clair : en fait on avait manifesté en faveur du protocole tous infectés.

    • Il y a une personne très rationnelle (d’habitude) qui m’a dit qu’elle avait beaucoup suivi les épidémiologistes, notamment sur twitter mais que maintenant elle ne voulait plus savoir, elle voulait que l’épidémie soit finie et qu’elle considérait que ce serait comme tel dorénavant.

      Est ce que c’est une limite psychologique atteinte ? Un raz le bol parce qu’on a trop impacté les habitudes et le confort ?
      Est ce que ces gens ont été influencés par la gestion catastrophique de notre gouvernement ?
      Est ce que le gouvernement a levé toutes les « barrières » parce que la population n’en voulait plus ou est ce que la population a été influencée par une communication mal adaptée sur l’immunité collective et la (soit disant) faible dangerosité des derniers variants ?
      Est ce que tous ces éléments s’alimentent les uns les autres ?

      J’espère qu’il y aura une ou plusieurs études sérieuses qui se pencheront sur tout ça un jour.
      En attendant ces questions me hantent...

    • Oui, bonnes questions.

      Je pense essentiellement qu’on a décidé dès le début de communiquer sur le masque sous l’angle de l’insupportable sacrifice qu’on ferait tous, au lieu d’en faire un geste prophylactique à la fois anodin et solidaire (à la manière des pays asiatiques chaque hiver).

      Ce qui me fait aller dans le sens d’un discours « venu d’en haut » qui influe sur la « perception » du masque « en bas », c’est un étude qui, de mémoire, démontre que les gamins qui se sentent épouvantablement gênés par le port du masque à l’école ont déjà des parents qui trouvent que le masque c’est une gêne insupportable ; et que les gamins dont les parents considèrent que le masque est une habitude assez anodine à prendre n’ont aucun mal à le porter.

      Je pense que ce modèle d’« influence » peut assez facilement se transposer aux adultes.

      La question qui vient ensuite, c’est : pourquoi on a décidé de communiquer sur le masque sur ce mode systématiquement dramatique ? Est-ce par connerie ou par calcul ? (Mon côté conspi me fait penser que c’est avant tout par calcul : soit parce qu’un communicant du « nudge » s’est dit qu’en « symbolisant » la maladie via le masque, le retrait du masque permettrait de rendre visible la victoire d’Épidémiologiste 1er sur le virus ; soit pour tellement tout dramatiser que seul le retour vers le monde d’avant sera acceptable, l’instauration durable d’un monde d’après plus solidaire et moins eugéniste n’étant pas souhaitable ; dans les deux cas le masque étant le symbole de l’indispensable hiérarchisation de notre société, qu’il ne faut surtout pas remettre en cause.)

    • Objectivement, l’humanité peut se permettre 5000 morts quotidiens du Covid. On se le permet bien pour la tuberculose et quelques autres maladies. C’est juste, que comme je le disais hier pendant une conversation, on a 20000 personnes en France à l’hôpital pour cette maladie, ce qui représente une belle petite ville tout de même, on fabrique des éclopés en encore plus grosse quantité et qui s’ignorent à la pelle du fait du covid long, et enfin, on emmerde les chinois pour qu’ils ne viennent plus nous enquiquiner dans notre partie du monde, enfin !

      Tu mélanges tout ça, et tu crées une vraie cassure entre les gens, et entre les peuples. J’ai vaguement l’impression que dans les prochaines semaines, je vais opérer un nouveau tri dans les connaissances.

      Tu relis l’Histoire , et tu ne peux t’empêcher de penser qu’en fait, ce qu’on te présente comme une Histoire héroïque n’est qu’une succession de décisions pourries prises par des médiocres, pour les mauvaises raisons et aux pires moments. Mais par la magie de la réécriture permanente, personne ne s’en souvient.

    • Rappelons que pour les masques, depuis 2020, leur stratégie est de faire oublier qu’ils ont sciemment diminué et détruit toutes les réserves stratégiques de masques jusqu’à fin 2019, pour faire des économies, et qu’en conséquence, il n’a pas été possible d’en fournir avant des mois en 2020. Leur stratégie depuis a été de systématiquement maintenir cette idée que jamais les masques n’ont été utiles, afin que jamais on ne puisse leur reprocher qu’ils étaient conscients d’avoir une quelconque responsabilité dans ce désastre. Qu’il y ait d’autres usages opportunistes de cette doctrine en cours de route est possible, évidemment... on ne prend pas des armées de consultants anglo-saxons pour uniquement regarder les évènements se produire...

    • Autre question sympa : si là « juste » pour des masques, on a déjà une réaction conne du gouvernement et à la suite des gens qui veulent absolument revenir à la « vie d’avant » en étant dans le déni complet de la situation réelle actuelle (plein de morts de cette unique cause + maladies chroniques par millions ensuite)… alors même que pendant cette vie masquée, on avait toujours tout le confort industriel occidental, voiture, internet, netflix, restos (livrés par uber), etc… alors qu’est-ce que ça va être quand on aura vraiment plus de pétrole et de gaz, et qu’il n’y aura vraiment plus de possibilité de cette vie là ? Le niveau de déni et de non solidarité qu’il y aura ? (wait and see)

    • Tu peux arrêter marielle de poster des trucs sans AUCUN rapport avec le fil de départ ? Tu mets ça sur un fil qui parle des manifs de profs pour ou contre les mesures de protections (masques, CO2 etc), donc quel rapport ? Tu lis ce que les autres écrivent ou tu postes au hasard à tout va juste pour avoir des lecteurs ?

    • Je répondais à ça :

      Objectivement, l’humanité peut se permettre 5000 morts quotidiens du Covid. On se le permet bien pour la tuberculose et quelques autres maladies. C’est juste, que comme je le disais hier pendant une conversation, on a 20000 personnes en France à l’hôpital pour cette maladie, ce qui représente une belle petite ville tout de même...

      Je lis donc bien ce que les autres écrivent @biggrizzly et « avoir des lecteurs » ne m’intéresse absolument pas. :p

      Si on accepte pas que les conversations puissent dériver un peu sur Seenthis c’est alors (hum, hum) comment dire...

      Bien à toi, @rastapopoulos ! #JePorteLeMasque et toujours pas chopé le covid !

  • Covid-19 : « On sacrifie les vulnérables sur l’autel de la vie d’avant »

    Christian Lehmann (...) revient sur l’échec du pass vaccinal et donne la parole à David Simard, spécialiste de la philosophie de la médecine et de la santé.

    Je croyais être vacciné contre l’instrumentalisation des données de la science au gré des visées politiques. Et puis j’ai lu ce tweet d’Olivier Véran en date du 11 février : « Le pass vaccinal nous permet dans un contexte où la pression épidémique se réduit fortement, et comme nous l’avons déjà fait avant cette vague, de supprimer l’obligation de port du masque dans les établissements recevant du public dès le 28 février prochain. » Depuis plusieurs jours, Gabriel Attal annonçait la bonne nouvelle à venir, la fin prochaine des restrictions et l’extinction du pass vaccinal vers le mois d’avril, juste avant les élections présidentielles. D’un porte-parole du gouvernement, la manœuvre politique, transparente, était attendue. Mais, éternel naïf, je n’aurais pas imaginé qu’un médecin oserait énoncer de telles contre-vérités. Si les chiffres de la contamination, qui avaient atteint des sommets, redescendent enfin, nous enregistrons encore 120 000 contaminations et 300 morts par jour. « La pression épidémique se réduit fortement » pourrait être traduit de la langue de bois en français par « maintenant que nous avons laissé contaminer 11 millions de personnes en six semaines, le nombre quotidien de nouveaux infectés commence à baisser ».

    Le pass vaccinal n’a rien résolu. S’il a braqué un peu plus les réfractaires, que le Président s’est vanté d’« emmerder », il a engendré peu de conversions, et les centres vaccinaux n’ont pas connu un afflux suite à sa mise en place. Son échec patent et sa faible acceptabilité ont donc amené le gouvernement à décider de le faire disparaître au plus vite. L’annoncer dès maintenant pour engranger des bons points électoraux signe son décès à l’avance, les réfractaires étant confortés dans leur décision d’attendre. Et comme chaque déclaration politique induit en elle-même des modifications de comportement, l’insistance des politiques, dont le ministre de la Santé, sur le fait que nous aurions passé un cap et puissions enfin profiter des jours meilleurs, a pour effet de ringardiser ceux qui voient encore dans le masque un moyen de protection à l’échelle individuelle, pour les enfants, pour les immunodéprimés, pour les personnes fragiles. Rappelons-le : sans masque, le pass vaccinal ne résout pas la question des contaminations. Les variants plus contagieux ont contourné la protection vaccinale, et il est possible d’être infecté et contagieux malgré un schéma vaccinal complet, même si le vaccin heureusement continue à protéger les personnes sans comorbidité des formes graves, par rapport aux non-vaccinés. Il n’empêche : à distance des doses vaccinales, au-delà de dix semaines, la protection contre l’infection baisse, et l’abandon du port du masque, si elle peut réjouir des gens en bonne santé, met en danger, à ce stade, les personnes fragiles et les immunodéprimés, invisibilisés, parfois même tournés en ridicule.

    David Simard, 49 ans, docteur en philosophie spécialisé en philosophie de la médecine et de la santé, s’en émeut :

    « Les personnes vulnérables, vaccinées mais immunodéprimées, ou atteintes de maladies chroniques, de ces fameuses comorbidités dont on parle tant, sont sacrifiées sur l’autel du retour à la vie d’avant. De longue date, les comorbidités servent à minimiser les hospitalisations et décès avec diagnostic Covid-19, y compris plus récemment chez les enfants non-vaccinés mais massivement infectés, selon une hiérarchie de la valeur des vies humaines, en fonction du fait qu’il s’agit de personnes supposées en pleine santé ou non. Des enfants meurent ? Ah, mais ces enfants avaient certainement des comorbidités, un diabète, un asthme, une maladie rare. C’est bien triste, ma pauvre Lucette, mais c’est la loi naturelle… Ces comorbidités sont donc très tôt devenues un fétiche au sens quasi-psychanalytique du terme, un objet qui permet le déni de la pandémie, ou sa minimisation, en récusant la fragilité et la finitude humaines, considérées comme consignées chez les fragiles. Elles sont, pourrait-on dire, le cordon sanitaire qui protège les bien portants, dont les figures en miroir s’incarnent soit dans les “premiers de cordée”, vaccinés, soit dans le virilisme populaire de l’infection naturelle. Les deux voies de l’immunité du soi ont fait des fragiles leur non-soi absolu, les seuls “emmerdés” pour de bon par les uns et les autres.

    « Celles et ceux qui ne survivent pas, ou qui sortent abîmé·es du Covid, sont renvoyé·es au rang de vies qui ne valaient ou ne valent pas la peine d’être vécues, sur fond de “sélection naturelle” d’un darwinisme mal digéré. Seuls les plus aptes ont vocation à revenir dans la vie d’avant, produisant ainsi le perfectionnement des populations.

    « L’âge avancé, l’obésité, la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, le diabète, les cancers, le fait de vivre avec un organe transplanté, etc., tout cela est renvoyé dans les limbes des sous-vies qui n’ont pas vocation à perdurer.

    « Il y a là un fond eugéniste que l’on pourrait qualifier de post-natal, car il n’intervient pas directement en contrôlant les naissances comme les campagnes de stérilisation contraintes menées dans la première moitié du XXe siècle aux Etats-Unis et en Europe. Ce fond eugéniste de celles et ceux qui se croient invincibles n’est pas fortuit. Il ne fait que révéler le mépris de la vie écorchée – autant dire de la vie tout court – qui hante nos sociétés obsédées d’excellence, où ce qui importe est le fonctionnement habile, le comment comme voile du pourquoi, l’ingénierie d’une politique techniciste des processus fondamentaux du vivant au niveau populationnel exprimés sous forme de statistiques – une des formes de ce que Michel Foucault a appelé “biopolitique”.

    « Entendons-nous bien. La gestion d’une pandémie est irréductiblement biopolitique, et à bon droit. Que la maladie et la mort fassent l’objet de stratégies politiques est souhaitable. Mais pas sans des objectifs de santé publique partagés, pas sans prévention, pas en faisant de la vie des vulnérables – et toute vie est vulnérable in fine – une variable d’ajustement pour un bien qui n’est pas commun. Nous n’en prenons malheureusement pas le chemin. En levant les mesures sanitaires au motif que l’épidémie serait terminée, il s’agit de faire vivre les uns et de laisser par-là même mourir les autres. “La mort fait partie de la vie”, a-t-il été répété à l’envi. Mais surtout de la vie des non-soi. »

    https://www.liberation.fr/societe/sante/covid-19-on-sacrifie-les-vulnerables-sur-lautel-de-la-vie-davant-20220214

    #covid-19 #masques #eugénisme_post-natal #santé_publique #laisser_mourir #biopolitique

    • Le pass vaccinal n’a rien résolu. S’il a braqué un peu plus les réfractaires, que le Président s’est vanté d’« emmerder », il a engendré peu de conversions, et les centres vaccinaux n’ont pas connu un afflux suite à sa mise en place. Son échec patent et sa faible acceptabilité ont donc amené le gouvernement à décider de le faire disparaître au plus vite. L’annoncer dès maintenant pour engranger des bons points électoraux signe son décès à l’avance, les réfractaires étant confortés dans leur décision d’attendre.

      Qui peut croire que ce gouvernement veut notre bien ?

      « Olivier Véran refuse d’intégrer l’#endométriose à l’ALD30 (qui ouvre au remboursement des soins pour les formes les + graves). Cette reconnaissance votée à l’unanimité par l’Assemblée, demandée par les assos et 91% des Français, ne compte pas pour le camp de l’austérité. »
      Clémentine Autain

      Entre les soignants, pompiers et personnels suspendus et les 5 millions de nouveaux désactivés ce jour, je comprends que le drapeau français soit un symbole menaçant au pays vide du macronistan !

      #pass-vaccinal-de-la-Honte #JePorteLeMasque !

    • David Simard et d’autres avec lui qui m’ont sorti cet argument, semble donc découvrir « l’eugénisme » qui a cours en temps ordinaire dans la société capitaliste et industrielle !

      Il y a environ 150 000 morts du cancer par an depuis des décennies, mais personne ne criait jusqu’alors à « l’eugénisme » ...

      Il est vrai que les cancéreux n’avaient pas le mauvais goût de transmettre leur maladie par aérosols ni d’encombrer les services de réanimation ...

      Bienvenu dans le #retour_à_l'anormal !

    • De manière assez flagrante, les groupes qui revendiquent une politique de santé communautaire, de zéro covid, de prévention des risques, etc, sont quasiment tous des gens qui posent en même temps la question de l’origine anthropique et mondialisée des zoonoses, qui posent la question du mode de vie dégradé (pour les humains et pour le reste des non humains), et donc qui ont donc aussi une critique écolo et au moins en partie anti-industriel (et parfois complètement).

      La réciproque n’étant absolument pas vraie (apprendre la logique avec le covid : A ⊂ B, n’implique pas la symétrique).

      Légende :
      B => les anti-capitalistes, critiques du mode de vie industriel cancérigène, écolo, etc
      A => les groupes qui revendiquent une santé communautaire zéro covid, pour un emmentalisme anti eugéniste (je tiens un concept là)