• dans la foulée annonce de 500 millions de plus pour les bourses :-)
      le SNU en 2023 c’est 140 M€, avant de devenir obligatoire oour un budget prévisionnel approximé de 2 milliards, montant dont le sénat avait souligné l’importance de manière critique (mais cette fois ça ira, le reliquat non dévolu au x bourses ira à du gaz lacrymo et des GM2L et des heures supp et des primes de risques pour les schmidts)
      #SNU #Bourses #étudiants #Lycéens #jeunes #revenu

      édit titre de gauche stupide chez Politesse, c’est pas tant la pression de la jeunesse que la menace latente de voir le thème émerger comme conflictuel. une précaution, une anticipation, liée à la mobilisation actuelle, plutôt qu’une réponse, la modification des bourses avec budget augmentée est une réponse à la scandalisation rampante de la pauvreté des étudiant (les files au distribution alimentaire, quelques chiffres rendus publics, peu d’actions de lutte en tant que telles)

    • SNU obligatoire : simple report ou renoncement ?
      https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2023/03/30/snu-obligatoire-simple-report-ou-renoncement

      Comme les médias s’en font écho, l’annonce du caractère obligatoire du SNU est reportée sine die. En tous cas le président de la République a annulé le déplacement prévu à Toulon (comme l’annonce BFM Var) où il devait l’officialiser, concrétisant ses annonces précédentes.

      On comprend bien que cette annonce était inopportune au moment où les jeunes se mobilisent de plus en plus dans la rue, étoffant les effectifs des manifestants en relayant des salariés que la succession des journées de grève met en difficulté financière

      En tous cas, les Armées qui ne voulaient pas s’impliquer dans ce qui n’avait qu’une apparence militaire, l’uniforme et la levée des couleurs, sans avoir aucun apport à une mission de défense semblent avoir gagné, leur investissement dans le SNU ne devrait pas figurer dans la loi de la programmation militaire.

      Le caractère obligatoire reviendra-t-il à l’ordre du jour alors que les questions de faisabilité apparaissent difficilement surmontables, comme l’a montré le rapport du Sénat (voir Le Sénat met en exergue les difficultés à vaincre pour pouvoir généraliser le SNU) et que l’engagement d’une dépense nouvelle importante n’apparait pas en phase avec la volonté de réduction de la dépense publique affichée ? On peut en douter

      En attendant le SNU volontaire peine toujours à recruter, 32 000 jeunes seulement s’étant présentés pour pourvoir les 50 000 postes disponibles. L’opération de promotion concoctée par Sarah El Haïry, dont le Canard enchainé du 29 mars 2023 se fait écho sous le titre « Le SNU se met à nu »

      La caravane qui sillonne la France et s’installera dans 25 villes pour promouvoir ce SNU semble avoir un succès mitigé si on en croit Sud-Ouest qui titre « Service national universel : la caravane du SNU n’a pas attiré les foules à Périgueux » et mentionne « une cinquantaine de jeunes sont venus se renseigner et cinq volontaires se sont inscrits dans la journée, d’après les organisateurs »

      edit

  • Mardi 28, et après, on continue, aussi nombreux et déterminés !

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/mardi-28-et-apres-continue-aussi-nombreux-et-determines-573412.html

    Éditorial des bulletins d’entreprise LO

    En recourant au 49.3 et en étalant sa morgue, Macron a donné un second souffle à la mobilisation. Depuis dix jours, les #manifestations spontanées, les rassemblements de soutien aux grévistes des raffineries ou du nettoyage, les opérations de tractage et les #débrayages dans les entreprises se multiplient.

    La journée de jeudi 23 a confirmé ce regain de #colère. Après plus de deux mois de contestation et neuf journées de mobilisation, les cortèges ont partout été massifs et renforcés par la présence de la #jeunesse, atteignant parfois un record de participation. Tous ceux qui ont manifesté étaient fiers de répondre comme il le fallait au passage en force de #Macron.

    Le retour des #black_blocs a nourri les chaînes de télé, avides d’images spectaculaires. Pour ces chaînes, qui appartiennent pour la plupart à la #grande_bourgeoisie et servent ses intérêts, c’était l’occasion rêvée pour dénigrer la #mobilisation, assimiler les manifestants à des casseurs et surtout faire peur. Autrement dit, pour servir la soupe à Macron.

    Mais l’essentiel à retenir de cette journée, ce ne sont pas les poubelles en feu et les affrontements avec les forces de répression en marge des cortèges syndicaux. Le plus important est que le sentiment d’injustice et de colère grandit dans le monde du travail. C’est que de plus en plus de travailleuses et de travailleurs rejoignent la mobilisation et s’opposent à la politique férocement antiouvrière du gouvernement et du #grand_patronat.

    La #grève des #éboueurs en est le symbole. Bas salaires, absence de reconnaissance, mauvaises conditions de travail, faibles possibilités d’évolution… les éboueurs représentent une des catégories les plus exploitées du monde ouvrier. Eh bien, ils nous montrent comment relever la tête !

    Ils nous rappellent la force que représentent les travailleurs qui font tourner la société. Une minorité richissime peut trôner au sommet et acheter à peu près tout ce qu’elle veut grâce à ses milliards, mais s’il n’y a personne pour ramasser ses poubelles, son monde peut vite devenir un enfer.

    La radicalité n’est pas de mettre le feu aux poubelles, c’est de ne pas les ramasser tant que les travailleurs n’ont pas obtenu satisfaction. Pour se faire respecter, à la fois de Macron et du grand patronat, rien n’est plus radical et efficace que de se mettre en grève, d’arrêter la machine à profit des capitalistes et d’occuper les lieux de travail.

    Aujourd’hui, le pouvoir mise sur la #répression, les coups de matraques, les #violences_policières et les réquisitions de grévistes pour mettre un terme à ce mouvement. Cela lui serait impossible avec une grève qui se propage à toutes les entreprises. Aucune compagnie de #CRS ne serait en mesure de déloger les millions de grévistes et encore moins de les remplacer à leurs postes de travail.

    C’est la grève qui peut nous donner la force de faire plier Macron. Pour l’instant, il joue les inflexibles. Il a néanmoins dû renoncer aux fastes de Versailles et au dîner royal prévu avec Charles III. Pour le reste, il n’a pas bougé d’un centimètre. Il s’est même moqué des chefs syndicaux en se disant à leur disposition pour discuter de tout, sauf de la retraite à 64 ans !

    Son attitude ne s’explique pas seulement par une mégalomanie aiguë. Macron est dans son rôle. Il gouverne pour la bourgeoisie, c’est-à-dire contre les travailleurs.

    Macron l’a expliqué dans son interview au JT de 13h : « Il n’y a pas 36 solutions pour équilibrer le régime des retraites ». C’est vrai, il y en a deux : faire payer la grande bourgeoisie dont les coffres forts débordent ou prendre sur la retraite des travailleurs.

    Alors, le bras de fer est là, il faut le mener jusqu’au bout. Le combat n’est pas facile car la bourgeoisie, même richissime, est déterminée à ne rien céder. Malgré des profits et des dividendes record, elle est toujours sur le pied de guerre pour aggraver l’exploitation, baisser les salaires et écraser les droits des travailleurs. Car il lui faut conserver son rang et, donc, accumuler toujours plus et plus vite que ses concurrents, cela dans une situation économique qui se tend avec la crise, les faillites bancaires et les menaces de guerre.

    Alors, oui, la bourgeoisie et Macron ne veulent pas céder. Eh bien, à nous de faire preuve d’autant de détermination dans le combat !

    Avec cette contestation, une brèche a été ouverte. Profitons-en pour nous regrouper et exprimer nos revendications dans chaque entreprise. Partout, discutons et organisons-nous. Et mardi, retrouvons-nous à plusieurs millions dans la rue.

    Ce que le gouvernement fait, les travailleurs en grève peuvent le défaire !

  • « Le conflit de générations est réactivé par l’urgence écologique » : la journaliste Salomé Saqué déconstruit les stéréotypes sur les moins de 30 ans
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/03/25/le-conflit-de-generations-est-reactive-par-l-urgence-ecologique-la-journalis

    La journaliste de « Blast » dépeint dans son premier livre les attentes et les souffrances d’une génération – la sienne – marquée par la crise écologique et la montée des inégalités sociales.
    Propos recueillis par Marine Miller

    « Connasse ! Crève et fais pas chier ! » Ainsi commence le livre de Salomé Saqué, Sois jeune et tais-toi (Payot, 2023). Une insulte choc prononcée par un actionnaire de TotalEnergies âgé d’une soixantaine d’années à une jeune militante pour le climat bloquant l’entrée de l’assemblée générale du groupe. La séquence de cette altercation violente, filmée le 25 mai 2022, a fait le tour des réseaux sociaux et mis en exergue un fragment du conflit de générations et du mépris à l’égard des jeunes qui s’exprime ici et là dans la société française.

    La vidéo a aussitôt été envoyée par des jeunes followers directement à la journaliste de Blast, provoquant un sentiment de révolte. « Au départ, je me suis dit : ce n’est pas possible, j’ai voulu vérifier auprès des personnes présentes, qui ont confirmé qu’il ne s’était rien passé d’hostile avant. Imaginons la situation inverse, si un jeune militant s’en était pris à une personne âgée en l’insultant avec cette même violence… » De cette scène Salomé Saqué, 27 ans, tire une motivation pour accélérer son projet de livre sur la jeunesse et pour ne pas « laisser passer » ce sujet hors du débat public.

    Dans cette enquête, qui s’appuie sur les travaux de chercheurs en économie et en sociologie, sur les témoignages de jeunes de 18 à 30 ans, et sur sa propre expérience, Salomé Saqué défend sa génération des préjugés qui l’accablent : les jeunes seraient paresseux, narcissiques, craintifs, incultes, individualistes et sans engagement. Et dresse le portrait nuancé d’une jeunesse française soumise aux crises écologiques et économiques, en évitant de déclarer la guerre aux « boomeurs ».

    • De plus, les jeunes peuvent incarner de parfaits boucs émissaires en temps de crise. La pandémie a ainsi été l’occasion de les accabler pour leur « irresponsabilité », de pointer du doigt ceux qui ne respectaient pas les restrictions, alors que l’immense majorité d’entre eux se sont confinés en se pliant aux règles sanitaires. La free party en Bretagne en décembre 2021, par exemple, a été couverte quasi en continu par plusieurs chaînes de télé comme un événement politique.

      Vous rappelez que les conditions d’#emploi des #jeunes sont beaucoup plus difficiles que celles des générations précédentes. Quelles sont les conséquences ?

      C’est une première cause d’incompréhension entre les générations. De nombreux parents et grands-parents ont l’impression que les jeunes ne veulent pas travailler. On les entend parfois dire « moi aussi de mon temps c’était difficile ». Il ne s’agit pas de nier ces difficultés, mais il faut rappeler que la situation en matière d’emploi s’est nettement dégradée. La quête d’un CDI est aujourd’hui un parcours du combattant. Les chiffres sont édifiants, le taux d’emploi précaire des 15-24 ans est passé de 17,3 % en 1982 à 52,6 % en 2020.

      https://justpaste.it/8a2do

    • ces mauvaises conditions créent ce que les sociologues appellent un « effet cicatrice » qui ne se résorbe pas avec le temps : les jeunes sont de moins en moins bien payés, en #salaire d’entrée et en progression salariale. Le niveau d’éducation ne constitue plus une protection contre cette #précarisation. A diplôme égal, on ne dispose plus des mêmes chances que ses parents d’obtenir un #emploi correct, c’est une forme de déclassement ! Quand on fait l’addition : marché de l’emploi saturé, explosion du #chômage, baisse des salaires d’entrée, dégradation de la qualité de l’emploi, allongement de la durée des études, les jeunes subissent plus que les autres les difficultés financières. En 2018, le taux de précarité était de 38 % pour les 18-29 ans, contre 7 % pour les plus de 50 ans. Ils sont aussi les premiers abonnés à l’extrême #pauvreté. En 2019, plus de la moitié des bénéficiaires des Restos du cœur avaient moins de 26 ans.
      (...) il y a un déclin général du vote, et chez les jeunes il y a une diversification des modes d’engagement, qui passe par les manifestations (un jeune sur deux déclarait avoir déjà manifesté en 2019, ils n’étaient qu’un sur trois en 1981)

      (...) On observe une implication croissante des jeunes dans la contestation en cours : leur nombre grossit dans les cortèges, et ils sont de plus en plus bruyants sur les réseaux sociaux.
      Ils le font pour leur entourage proche de la retraite, pour qui ils s’inquiètent, puisqu’ils constatent les effets du travail sur leur santé, mais leurs revendications vont souvent au-delà de la réforme. On a vu apparaître des slogans tels que « Tu nous mets 64, on t’met 68 », ou encore « #Retraites, planète, même combat ». Le débat qui s’est ouvert est plus large, il concerne désormais la place que nous accordons au #travail dans nos vies, les conditions de travail, on retrouve même des revendications parlant de la précarité étudiante ou de la sortie du modèle productiviste, considéré comme incompatible avec l’urgence écologique par les scientifiques.

      #écologie #écologie_sociale

  • [Les Promesses de l’Aube] #elles_tournent, quinzième édition
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/elles-tournent-quinzieme-edition

    Ce mercredi j’aurai le grand plaisir de parler de la 15ème édition du #festival Elles Tournent. Pour cela, j’aurai le plaisir d’accueillir Jacqueline Brau, administratrice de l’asbl Elles Tournent et membre active de l’équipe programmation, Alizée Loumaye, pour parler du projet Graines de Cinéastes, qui comprend à l’intérieur du Festival deux séances de courts-métrages et différents événements professionnels qui soutiennent les #femmes qui débutent dans le milieu audiovisuel belge, et Numa Jardin, la réalisatrice de « Fluid ».

    Programmation musicale :

    My Queen is Nanny of the Maroons - Sons of Kemet Psychedelic Women - Honny & The Bees Band A bas l’état policier - Dominique Grange / Accordzéâm A bas l’Etat Policier - Strike Sisters Le Seigneur des Mouches - Juliette Big in Japan - Ane Brun Les (...)

    #cinéma #jeunes #film #visibilités #cinéma,jeunes,femmes,festival,film,elles_tournent,visibilités
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/elles-tournent-quinzieme-edition_15501__1.mp3

  • Pendant ce temps-là, les puissances occidentales mettent en ordre de bataille les esprits et transforment à vitesse accélérée leurs économies en «  économies de guerre  »

    Contre la guerre en Ukraine et sa généralisation
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/02/25/contre-la-guerre-en-ukraine-et-sa-generalisation_521781.html

    Poutine, qui nie jusqu’à l’existence d’une nation ukrainienne, aura, par son sanglant mépris des peuples, contribué à ce que s’affirme le sentiment d’appartenir à l’Ukraine, alors qu’il peinait à prendre corps malgré les efforts du pouvoir et des nationalistes.

    L’échec relatif de Poutine résulte, entend-on souvent, de la mobilisation d’un peuple dressé pour défendre sa patrie, rien de tel ne motivant les soldats russes. Certes. Mais ce n’est qu’une partie de la réalité. Si l’Ukraine a tenu bon, malgré une industrie et une armée a priori moins fortes que celles du Kremlin, elle le doit avant tout à la trentaine de membres de l’OTAN, dont les États-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, qui l’ont armée, financée et soutenue de bien des façons. Et ils ne cessent de surenchérir en ce domaine, tel Biden encore le 20 février à Kiev.

    Quand les pays de l’OTAN livrent à l’Ukraine des armements de plus en plus sophistiqués, de plus en plus efficaces, ils poursuivent un objectif immédiat proclamé  : éviter la défaite de l’Ukraine et faire durer la guerre afin d’affaiblir la Russie, et si possible la mettre à genoux.

    Cela pour montrer au monde entier ce qu’il en coûte de ne pas s’incliner devant l’ordre impérialiste. Les propos de Biden à Varsovie  : «  L’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie  », son refus affiché de toute négociation avec Poutine, le fait que les dirigeants occidentaux ont tous adopté la même posture et le même langage ces derniers temps, tout cela va dans le même sens.

    Le conflit en cours n’est pas la principale raison d’une escalade que l’Occident mène tambour battant. Il fait aussi office de toile de fond pour une mise en ordre de bataille des esprits, ne serait-ce que par la banalisation d’une guerre qui s’installe pour durer, dans une Europe qui n’en avait plus connu depuis 1945, exception faite des bombardements de la Serbie par l’OTAN, il y a un quart de siècle.

    Une mise sur le pied de guerre qui vaut aussi pour les économies de chaque pays, dans un monde capitaliste qui s’enfonce dans la crise sans que ses dirigeants y voient d’issue. Certes, les dirigeants du monde capitaliste n’ont pas encore choisi la fuite en avant vers une conflagration généralisée, comme celle qui conduisit à la Première et à la Deuxième Guerre mondiale, mais rien ne garantit que le conflit ukrainien ne risque pas, à tout moment, de précipiter l’humanité dans une nouvelle guerre mondiale.

    Le conflit en Ukraine sert déjà de terrain d’entraînement aux États impérialistes pour préparer l’éventualité d’un affrontement dit de haute intensité, que les états-majors militaires et politiques envisagent explicitement. Il sert aussi aux chefs de file de l’impérialisme à renforcer des blocs d’États alliés, avec leurs réseaux de bases sur le pourtour de la Russie et de la Chine.

    sommant les autres États de se rallier à ces alliances militaires et d’adopter des trains de sanctions contre la Russie, même quand cela va à l’encontre de leurs intérêts et de ceux, sonnants et trébuchants, de leurs capitalistes. On le constate pour l’arrêt des importations de gaz et de pétrole russes, l’interdiction de commercer avec la Russie, d’y maintenir des activités industrielles, ce qui pénalise des pays européens, dont l’Allemagne et la France, mais profite aux États-Unis.

    Si un fait nouveau, capital pour l’avenir de l’humanité, s’est fait jour au feu de cette guerre, c’est l’évolution rapide de la situation mondiale dans le sens de sa #militarisation.

    Poutine a répondu de façon monstrueuse à la pression continue de l’impérialisme en Europe de l’Est en lançant ses missiles et ses tanks sur l’Ukraine le 24 février 2022. Mais c’est l’impérialisme qui s’est préparé depuis longtemps à aller à la confrontation.

    ... à plonger tôt ou tard l’Ukraine dans la guerre, donc à faire de ses habitants les otages d’une rivalité qui les dépasse, car elle oppose le camp mené par les États-Unis à la Russie, avec son dictateur, ses bureaucrates et ses oligarques pillards. D’un côté ou de l’autre, il n’y a nulle place pour le droit des peuples à décider de leur destinée, même si on veut nous le faire croire.

    L’ex-chancelière Angela Merkel n’en croit rien. Elle le dit dans une interview où elle revient sur la crise qui s’ouvrit en février 2014, quand le président ukrainien d’alors, contesté par la rue et surtout lâché par des secteurs de la bureaucratie et de l’oligarchie, dut s’enfuir. Le pouvoir issu du #Maïdan s’alignant sur les États-Unis, Poutine récupéra alors la #Crimée et poussa le Donbass à faire sécession. Les accords de Minsk, que Merkel parrainait avec Hollande et auxquels avaient souscrit Moscou et Kiev, devaient régler pacifiquement le différend, prétendait-elle à l’époque. Elle avoue désormais qu’il s’agissait d’un leurre. «  Poutine, explique-t-elle, aurait [alors] pu facilement gagner. Et je doute fortement que l’OTAN aurait eu la capacité d’aider l’Ukraine comme elle le fait aujourd’hui. […] Il était évident pour nous tous que le conflit allait être gelé, que le problème n’était pas réglé, mais cela a justement donné un temps précieux à l’Ukraine.  » Et à l’OTAN pour préparer l’affrontement avec Moscou.

    Le conflit couvait depuis l’effondrement de l’#URSS en 1991. Dès ce moment-là, États-Unis et Union européenne furent à la manœuvre pour aspirer l’Europe de l’Est dans l’orbite de l’OTAN. Des conseillers de la Maison-Blanche expliquaient qu’il fallait détacher l’Ukraine de la Russie, pour que celle-ci n’ait plus les moyens de redevenir une grande puissance.

    Or, après les années Eltsine (1991-1999), d’effondrement économique, d’éclatement de l’État et de vassalisation humiliante du pays par l’Occident, Poutine et la bureaucratie russe voulaient restaurer la #Grande_Russie.

    Une première tentative de l’Occident pour aspirer l’Ukraine eut lieu en 2004 sous l’égide du tandem ­Iouchtchenko­-­Timochenko, tombeur du pro-russe Ianoukovitch. Elle tourna court, la population, dégoûtée, finissant par rappeler Ianoukovitch. Elle allait le chasser à nouveau en 2014. Cette fois fut la bonne pour le camp occidental et signifiait la guerre  : dans le #Donbass, que l’armée de Kiev et des troupes d’extrême droite disputaient aux séparatistes, elle fit 18 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés. Huit ans plus tard, tout le pays bascula dans l’horreur.

    Les dirigeants américains et européens savaient que Moscou ne pouvait accepter une Ukraine devenue la base avancée de l’OTAN. Ils savaient quels risques mortels leur politique impliquait pour les Ukrainiens, et pour la jeunesse russe que Poutine enverrait tuer et se faire tuer. Cette guerre, l’OTAN l’avait rendue inéluctable depuis 2014, en armant, entraînant, conseillant l’#armée_ukrainienne et les troupes des nationalistes fascisants.

    Les dirigeants occidentaux n’en avaient cure, car faire la guerre avec la peau des peuples est une constante de la politique des puissances coloniales, puis impérialistes. On le vérifie encore une fois dans le sang et la boue des tranchées en #Ukraine, dans les ruines des HLM de #Kharkiv, #Kherson ou #Donetsk que les missiles des uns ou des autres ont fait s’effondrer sur leurs habitants. N’en déplaise aux médias d’ici qui ressassent la fable d’un conflit soudain opposant le petit David ukrainien isolé et désarmé qu’agresserait sans raison le grand méchant Goliath russe.

    À l’occasion du premier l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, on a eu droit au rouleau compresseur d’une #propagande sans fard dans les #médias. Il y aurait le camp du Mal (la Russie, l’Iran et surtout la Chine), face au camp du Bien, celui des puissances qui, dominant la planète, y garantissent la pérennité du système d’exploitation capitaliste au nom de la démocratie ou de la sauvegarde de pays comme l’Ukraine, dès lors qu’ils leur font allégeance.

    Cette propagande massive vise à s’assurer que l’opinion publique adhère sans réserve à ce qu’on lui présente comme la défense d’un peuple agressé, en fait, à la guerre que mènent les grandes puissances par Ukrainiens interposés. Car, au-delà de ce qu’il adviendra de la Russie et du régime de Poutine – une des préoccupations contradictoires des États impérialistes, qui disent vouloir la victoire de Kiev tout en craignant qu’une défaite de Poutine déstabilise de façon incontrôlable la Russie et son «  étranger proche  » – ces mêmes États visent un objectif au moins aussi important pour eux. Ils veulent enchaîner à leur char de guerre leur propre population, dans le cadre ukrainien, tout en ayant en vue des conflits plus larges à venir.

    En fait, le conflit ukrainien a tout du prologue d’un affrontement plus ou moins généralisé, dont politiques, généraux et commentateurs désignent déjà la cible principale  : la Chine. Ainsi, Les Échos du 15 février a mis à sa une un article qui titrait  : «  Pour l’Amérique, la Chine redevient l’ennemi numéro un  », après que «  la guerre en Ukraine [avait un temps détourné son attention] de la confrontation  » avec la Chine.

    Déjà, les steppes, les villes et le ciel d’Ukraine servent autant aux états-majors et industriels occidentaux à affronter la #Russie, par soldats ukrainiens interposés, qu’à tester sur le vif leurs #blindés, pièces d’#artillerie, #systèmes_de_commandement, de communication, d’interception, de renseignement, et à en tirer les leçons voulues. Ils y voient aussi une aubaine pour se débarrasser de #munitions et d’engins plus ou moins anciens que les combats vont consommer . Conséquence favorable pour eux, cela justifie l’escalade des livraisons d’armes et, de ce fait, l’explosion des #budgets_militaires afin de doper les #industries_de_guerre.

    Cette conjoncture permet à des États d’engranger des commandes, parfois énormes, de pays dépendants de protecteurs plus puissants et des leaders des marchés de l’#armement.

    Ainsi, Varsovie a envisagé de donner à Kiev des vieux Mig-29 de conception soviétique pour les remplacer par des F-16 américains, et promis de lui livrer d’anciens chars Leopard, qu’elle remplacera par de nouveaux modèles. Évidemment, cela ne fait l’affaire ni de Dassault ni du char Leclerc français qui peine à trouver preneur. C’est que, même alliés au sein de l’OTAN, voire soucieux d’afficher leur unité, comme Biden l’a souligné lors de la promesse que lui et Scholtz ont voulue simultanée de livrer des tanks à Kiev, les États impérialistes restent rivaux sur ce terrain, comme sur d’autres. Les États-Unis se réservent la part du lion, avec des commandes d’armement qui ont doublé en 2022, à la mesure de leur puissance industrielle, de leur suprématie militaire… et des guerres à venir.

    Ces commandes d’armes pour l’Ukraine, qui s’ajoutent à celles que l’on dit destinées à remettre à niveau chaque armée occidentale, servent autant à tenir la dragée haute à #Poutine qu’à transformer à vitesse accélérée les #économies occidentales en «  #économies_de_guerre  », selon les termes même du programme que se sont fixé les ministres de la Défense des pays de l’#OTAN, lors de leur sommet des 14-15 février à Bruxelles. Depuis des mois, les dirigeants politiques occidentaux et plus encore les chefs de leurs armées discutent publiquement et concrètement d’une guerre généralisée qu’ils savent s’approcher. Ainsi, à Brest, l’#amiral_Vandier, chef d’état-major de la Marine, a lancé à la nouvelle promotion d’élèves-­officiers  : «  Vous entrez dans une Marine qui va probablement connaître le feu à la mer.  » Certains avancent même une date pour cela, tel le général Minihan, chef des opérations aériennes aux #États-Unis  : «  J’espère me tromper, mais mon intuition me dit que nous nous affronterons en 2025  » avec la #Chine.

    Ukraine  : un effroyable bilan humain, social et économique

    En attendant, la guerre en Ukraine a déjà tué ou blessé 180 000 militaires russes, à peine moins de soldats ukrainiens, et tué plus de 30 000 civils, estime le chef de l’armée norvégienne, membre de l’OTAN. 7,5 millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Pologne, Slovaquie, Autriche, etc., et en Russie. Parmi eux se trouvent une écrasante majorité de femmes et d’enfants, car les hommes de 18 à 60 ans, mobilisables, ont l’interdiction de quitter le territoire. Il y a aussi plusieurs millions de déplacés dans le pays même.

    De nombreuses villes, grandes ou petites, ont été bombardées, parfois rasées, les infrastructures énergétiques partout frappées, ce qui a plongé la population dans l’obscurité et le froid. Le montant des destructions de routes, ponts, voies ferrées, ports, aéroports, entreprises, écoles, hôpitaux, logements… atteignait 326 milliards de dollars, selon ce qu’estimait le Premier ministre en septembre dernier. Ce montant, déjà colossal, n’a pu que croître depuis, ne serait-ce que parce qu’il s’accompagne d’énormes détournements qu’ont effectués et que vont effectuer ministres, généraux, bureaucrates et oligarques ukrainiens.

    Zelensky a reconnu la corruption de l’appareil d’État jusqu’au sommet quand il a limogé une partie de son gouvernement, dont les ministres de la Défense et de la Reconstruction, et plusieurs très hauts dirigeants. Cela ne change rien à la nature d’un État qui, source principale des nantis comme en Russie, est l’un des plus corrompus au monde  : plus que l’État russe, dit-on, ce qui n’est pas rien. En fait, Zelensky n’avait pas le choix  : une commission américaine de haut niveau avait débarqué à Kiev pour vérifier ce que devenait l’aide colossale fournie par l’oncle d’Amérique. Après tout, même si l’État américain est richissime, il a aussi ses bonnes œuvres (industriels de l’armement, financiers, capitalistes de haut vol) et ne veut pas qu’une trop grosse part des profits de guerre file dans poches des bureaucrates, oligarques et maffieux ukrainiens.

    Et puis, au moment même où l’Occident annonçait fournir des tanks à l’État ukrainien, il ne s’agissait pas que le régime apparaisse pour ce qu’il est  : celui de bandits prospérant sur le dos de la population. Cela s’adressait moins à l’opinion occidentale, qui ne connaît de la situation que ce qu’en disent les médias, qu’à la population ukrainienne.

    Victime des bombardements et exactions de l’armée russe, elle se rend compte qu’elle est aussi la victime des parasites de la haute bureaucratie, des ministres véreux ou des généraux voleurs. Et l’union sacrée n’a pas fait disparaître les passe-droits qui permettent aux nantis de profiter en paix de leur fortune à l’étranger, tandis que leurs sbires de la police raflent les hommes, valides ou pas, pour le front. Les résistances que cela provoque ici ou là n’ont rien pour étonner dans un tel contexte, d’autant que, si l’armée a d’abord pu compter sur des volontaires, ceux qu’elle mobilise maintenant n’en font, par définition, pas partie.

    Tout à leurs commentaires dithyrambiques sur un régime censé incarner la démocratie et l’unité d’un peuple derrière ses dirigeants, les médias français préfèrent tirer un voile pudique sur des faits qui pourraient gâcher leur tableau mensonger.

    [...] Le régime de la bureaucratie russe et de ses oligarques milliardaires, lui-même bien mal en point socialement et économiquement, corrompu, policier et antiouvrier, ne peut représenter aucun avenir pour la population ukrainienne, même russophone.

    Quant au régime qu’incarne Zelensky, ce chargé de pouvoir des grandes puissances et de leurs trusts qui lorgnent sur les richesses agricoles et minières de l’Ukraine ainsi que sur sa main-d’œuvre qualifiée, afin de l’exploiter avec des salaires misérables , ce qui a commencé dès 2014, le conflit lui a sans doute sauvé la mise, au moins dans un premier temps. Comme dans toute guerre, la population s’est retrouvée bon gré mal gré derrière un pouvoir qui se faisait fort de la défendre. Mais gageons que de larges pans des classes populaires n’ont pas oublié pour autant ce qu’avait fini par leur inspirer cet acteur devenu président, qui avait joué au «  serviteur du peuple  » pour mieux préserver les intérêts des nantis.

    S’affrontant sur le terrain par peuples interposés, les dirigeants occidentaux, représentants d’une bourgeoisie impérialiste qui domine le monde, les dirigeants russes, représentants des parasites qui exploitent les travailleurs de Russie, les dirigeants ukrainiens, représentants de leurs oligarques autant que des trusts occidentaux, sont tous des ennemis des classes populaires, de la classe ouvrière.

    Et les travailleurs, où qu’ils se trouvent, quelle que soit leur nationalité, leur langue ou leur origine, n’ont aucune solidarité à avoir, sous quelque prétexte que ce soit, avec «  l’ennemi principal qui est toujours dans notre propre pays  », comme disait le révolutionnaire allemand Karl Liebknecht en 1916, en pleine Première Guerre mondiale.

    Partout, la marche à une économie de guerre

    Le 6 février, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU [...] : «   Le monde se dirige les yeux grand ouverts [vers] une guerre plus large .  »

    On vient d’en avoir la confirmation au sommet des ministres de la Défense des membres de l’OTAN. Il leur a été demandé, selon Les Échos, «  de passer en #économie_de_guerre  », de relancer et activer la #production_d’armements, et d’abord d’#obus, de #chars et de pièces d’artillerie, pour faire face à «  une #guerre_d’usure  » en Ukraine. Et de préciser que si, il y a dix ans, les États-Unis demandaient à leurs alliés de monter leurs #dépenses_militaires à 2 % de leur produit intérieur brut, ce chiffre est désormais considéré comme un plancher que beaucoup ont dépassé. La conférence sur la sécurité en Europe qui a suivi, à Munich, a réuni la plupart des dirigeants européens et mondiaux pour aller dans le même sens.

    C’est ce qu’ils font en cherchant à persuader leur population de l’inéluctabilité de la guerre  ; en lui désignant comme ennemis certains pays, au premier rang desquels la Russie et la Chine  ; en déployant une propagande insidieuse mais permanente dans les médias autour de thèmes guerriers  ; en mettant l’accent sur la préparation de la #jeunesse à servir «  sa  » nation, à la défendre, sans jamais dire qu’il s’agira de la transformer en #chair_à_canon pour les intérêts des classes possédantes. Le gouvernement français s’en charge avec son #Service_national_universel, qui vise à apprendre à des jeunes à marcher au pas, avec des reportages télévisés plus ou moins suscités sur le service à bord de navires de guerre, sur des régions sinistrées (Saint-Étienne) où la reprise de la production d’armes ferait reculer le chômage. Le nouveau ministre allemand de la Défense se situe sur le même terrain, lui qui veut rétablir le service militaire et faire de la Bundeswehr la première armée du continent grâce aux 100 milliards de hausse de son #budget.

    En juin dernier, Macron avait annoncé la couleur avec son plan Économie de guerre doté par l’État de 413 milliards sur sept ans. Il fallait «  aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges, pour pouvoir reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos #armées, pour nos alliés ou pour celles [comme en Ukraine] que nous voulons aider  ». Et, s’adressant aux dirigeants de l’organisme qui regroupe les 4 000 entreprises du secteur militaire, il leur avait promis des décisions et, surtout, des #investissements. Pour les #profits, la guerre est belle…

    Bien au-delà du conflit ukrainien, la cause profonde de l’envolée des budgets militaires est à chercher dans la crise du système capitaliste mondial, qui va s’aggravant sans que quiconque dans les milieux dirigeants de la bourgeoisie en Europe et en Amérique sache comment y faire face.

    Comme à chaque fois que le monde se trouve confronté à une telle situation, la bourgeoisie et ses États en appellent à l’industrie d’armement pour relancer l’économie. Car, grâce au budget militaire des États, elle échappe à la chute de la demande qui affecte les secteurs frappés par la baisse du pouvoir d’achat des couches populaires et, en dopant le reste de l’économie par des commandes de machines, de logiciels, de matériaux, de matières premières, etc., la bourgeoisie peut espérer que cela l’aidera à maintenir le taux de profit général.

    [...] même quand certains prétendent chercher une solution de paix à une guerre que leur politique a suscitée, la logique de leur politique d’armement continu de l’un des deux camps sur le terrain, celle de la militarisation de l’économie de nombreux pays sur fond d’une crise générale dont l’évolution leur échappe, tout cela fait que, de la guerre en Ukraine à un conflit plus large, la distance pourrait être bien plus courte qu’on ne le croit.

    Contrairement à ce qu’affirme Guterres, ce n’est pas toute l’humanité qui avance vers l’abîme les yeux grands ouverts. Les dirigeants politiques de la bourgeoisie ne peuvent pas ne pas voir ce qu’ils trament, eux, et dans quels intérêts, ceux de la bourgeoisie. Cela, ils le discernent en tout cas bien mieux que les masses du monde entier, auxquelles on masque la réalité, ses enjeux et son évolution qui s’accélère.

    Oui, en Ukraine, en Russie, comme partout ailleurs, le niveau de la conscience et de l’organisation de la classe ouvrière est très en retard sur cette course à la guerre dans laquelle la bourgeoisie engage l’humanité. Et plus encore au regard de ce qu’il faudrait pour l’enrayer, la transformer en guerre de classe pour l’émancipation des travailleurs du monde entier.

    C’est ce que firent les bolcheviks en Russie en 1917, en pleine guerre mondiale. C’est sur cette voie qu’il faut que s’engagent, en communistes révolutionnaires et internationalistes, en militants de la seule classe porteuse d’avenir, le prolétariat, toutes celles et tous ceux qui veulent changer le monde avant qu’il ne précipite à nouveau l’humanité dans la barbarie. Alors, pour paraphraser ce que Lénine disait de la révolution d’Octobre  : «  Après des millénaires d’esclavage, les esclaves dont les maîtres veulent la guerre leur [répondront]  : Votre guerre pour le butin, nous en ferons la guerre de tous les esclaves contre tous les maîtres.  »

    #guerre_en_ukraine #capitalisme #crise

    • Royaume-Uni : hausse significative du budget militaire

      A l’occasion de la mise à jour de sa doctrine de politique étrangère, le Royaume-Uni a annoncé son intention de porter à terme son #budget_défense à 2,5 % du PIB.

      Face aux « nouvelles menaces », le #Royaume-Uni va investir cinq milliards de livres supplémentaires dans sa politique de défense. Cette rallonge va porter ce budget à 2,25 % du PIB à horizon 2025, un redressement jamais vu depuis la guerre froide.
      Cette enveloppe doit permettre de « reconstituer et de renforcer les stocks de #munitions, de moderniser l’entreprise nucléaire britannique et de financer la prochaine phase du programme de #sous-marins_Aukus », a souligné Downing Street dans un communiqué, le jour même de la signature à San Diego du contrat entre l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. A terme, l’objectif est de revenir à des dépenses militaires équivalentes à 2,5 % du PIB, bien au-dessus de l’engagement pris au niveau de l’#Otan (2 % du PIB).

      Ces annonces interviennent au moment où le Royaume-Uni met à jour sa doctrine de politique étrangère dans un document de 63 pages qui fait la synthèse des principaux risques pour la sécurité du pays. La dernière mouture, publiée il y a trois ans, exposait les ambitions de la « Global Britain » de Boris Johnson au lendemain du Brexit. La #Russie y était identifiée comme la principale menace pour la sécurité. La #Chine était qualifiée de « défi systémique » et le document annonçait un « pivot » du Royaume-Uni vers l’axe Indo-Pacifique.
      Les tendances observées sont toujours les mêmes, mais « elles se sont accélérées ces deux dernières années », observe cette nouvelle revue. « Nous sommes maintenant dans une période de risques renforcés et de volatilité qui va probablement durer au-delà des années 2030 », note le rapport.

      (Les Échos)

      #militarisation #impérialisme

    • Les importations d’armes en Europe en forte hausse

      Les #achats_d'armement ont quasiment doublé l’an dernier sur le sol européen

      Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Europe s’arme massivement. C’est ce que confirme le dernier rapport de l’#Institut_international_de_recherche_sur_la_paix_de_Stockholm (Sipri), publié lundi. Hors Ukraine, les #importations_d'armements sur le Vieux Continent se sont envolées de 35 % en 2022. En intégrant les livraisons massives d’#armes à l’Ukraine, elles affichent une hausse de 93 %.

      […] Sur la période 2018-2022, privilégiée par le #Sipri pour identifier les tendances de fond, les importations d’armes européennes affichent ainsi une hausse de 47 % par rapport aux cinq années précédentes, alors qu’au niveau mondial, les transferts internationaux d’armes ont diminué de 5,1 % sur cette période. Un contraste majeur qui témoigne de la volonté des Européens d’« importer plus d’armes, plus rapidement », explique Pieter ​Wezeman, coauteur du rapport.
      Dans cette optique, outre les industriels locaux, les Européens comptent sur les #Etats-Unis. Sur la période 2018-2022, ces derniers ont représenté 56 % des #importations_d'armes de la région. Le premier importateur en #Europe a été le Royaume-Uni, suivi de l’#Ukraine et de la Norvège.
      […]

      En France, #Emmanuel_Macron a proposé une augmentation de 100 milliards d’euros pour la loi de programmation militaire 2024-2030 par rapport à la période 2019-2025. Le Premier ministre britannique, #Rishi_Sunak, vient pour sa part d’annoncer que le #Royaume-Uni allait investir 5 milliards de livres (5,6 milliards d’euros) supplémentaires dans la défense, dans un contexte de « nouvelles menaces venues de #Russie et de #Chine ». Plus symbolique encore, l’Allemagne du chancelier #Olaf_Scholz a annoncé, en mai 2022, le lancement d’un fonds spécial de 100 milliards pour moderniser son armée et rompre avec des décennies de sous-investissement.

      (Les Échos)

      #militarisation

    • La France s’apprête à relocaliser sur son sol une vingtaine de productions industrielles militaires , révèle mardi franceinfo. Ces relocalisations sont une déclinaison de « l’économie de guerre » réclamée par l’Élysée.

      Le mois dernier, on a appris que la France s’apprêtait à relocaliser la production de #poudre pour ses obus d’artillerie (de 155mm). Selon nos informations, en tout, il y aura une vingtaine de relocalisations stratégiques en France.

      Dans le détail, la France va donc de nouveaux produire sur son territoire des #coques de bateaux produites jusqu’à présent dans les pays de l’Est, des explosifs pour gros calibres produits en Suède, Italie ou encore Allemagne, mais, surtout, des pièces jugées « critiques » pour certains moteurs d’hélicoptères. On parle ici précisément des disques des turbines haute-pression des bi-moteurs RTM322. Jusqu’à présent, ces pièces étaient élaborées aux Etats-Unis puis forgées en Angleterre. Bientôt, l’élaboration et la forge seront faites en France dans l’usine #Aubert_et_Duval située dans le Puy-de-Dôme. […]

      (France Info)

      #militarisation #relocalisation #industrie_de_la_défense

    • Emmanuel Chiva est à la tête (de l’emploi) de la direction générale de l’armement (DGA). Son sale boulot : mettre en œuvre l’« économie de guerre » voulue par Macron.

      Un type qui pratique au quotidien "l’argent magique" et un "pognon de dingue" (public) au service des capitalistes de l’armement. Le principe : un vol à grande échelle des fruits du travail de millions de travailleurs pour produire en masse du matériel de destruction massive.

      Pour nous en faire accepter les conséquences (les futures baisses du pouvoir d’achat, les hôpitaux fermés, les écoles surchargées, les enseignants en sous-effectif, les transports dégradés, un budget de l’État écrasé par la dette, etc.), Le Monde lui tend ses colonnes : « Nous sommes entrés dans l’économie de guerre »
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/03/15/emmanuel-chiva-dga-nous-sommes-entres-dans-l-economie-de-guerre_6165595_3210

    • La marche vers un économie de guerre
      https://lutte-ouvriere.be/la-marche-vers-un-economie-de-guerre

      [...] Les USA augmentent fortement leur budget militaire, l’Allemagne débloque 100 milliards pour l’armée, la France annonce plus de 400 milliards de budget pour les prochaines années et en Belgique, 14 milliards de dépenses guerrières supplémentaires sont prévues d’ici 2030.

      Pour faire accepter l’envolée des dépenses militaires, alors que partout les besoins des populations sont criants, les dirigeants des pays capitalistes cherchent à persuader de l’inéluctabilité de la guerre. Ils désignent comme ennemis certains pays, au premier rang desquels la Russie et la Chine, et déploient une propagande insidieuse mais permanente dans les médias autour de thèmes guerriers.

      Les gouvernements mettent aussi l’accent sur la préparation de la jeunesse qu’ils comptent utiliser comme chair à canon. L’Etat belge s’en est chargé en ouvrant cette année, dans 13 écoles de la fédération Wallonie Bruxelles, une option « métiers de la Défense et de la sécurité » dans laquelle des jeunes sont préparés à devenir agent de sécurité, policier ou militaire, à partir de la quatrième secondaire technique !

      Au-delà du conflit ukrainien, la cause profonde de l’envolée des budgets militaires est à chercher dans la crise du système capitaliste mondial qui ne fait que s’aggraver.

    • Vers un doublement du budget militaire / Le Japon tourne la page du pacifisme
      https://www.monde-diplomatique.fr/2023/03/POUILLE/65605

      Ce samedi 27 novembre 2021, le premier ministre japonais Kishida Fumio effectue une visite matinale des troupes de défense terrestre sur la base d’Asaka, au nord de Tokyo. Après un petit tour en char d’assaut, il prononce un discours de rupture : « Désormais, je vais envisager toutes les options, y compris celles de posséder des capacités d’attaque de bases ennemies, de continuer le renforcement de la puissance militaire japonaise. » Selon le chef du gouvernement, « la situation sécuritaire autour du Japon change à une vitesse sans précédent. Des choses qui ne se produisaient que dans des romans de science-fiction sont devenues notre réalité ». Un an plus tard, M. Kishida annonce le doublement des dépenses de #défense et débloque l’équivalent de 315 milliards de dollars sur cinq ans. Le #Japon va ainsi disposer du troisième budget militaire du monde derrière ceux des États-Unis et de la Chine. Il représentera 2 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui correspond à l’engagement pris en 2014 par les vingt-huit membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (#OTAN)… dont il ne fait pourtant pas partie.

      Ces décisions — qui s’inscrivent dans le cadre de la nouvelle « stratégie de sécurité nationale » dévoilée en août 2022 — changent profondément les missions des forces d’autodéfense, le nom officiel de l’#armée_nippone. Elles ne s’en tiendront plus, en effet, à défendre le pays mais disposeront des moyens de contre-attaquer. Et même de détruire des bases militaires adverses.

      Cette #militarisation et cette imbrication renforcée avec les États-Unis sonnent, pour la presse chinoise, comme dune dangereuse alerte. Certes, les rapports sino-japonais s’étaient déjà dégradés quand Tokyo avait acheté, le 11 septembre 2012, trois des îles Senkaku/Diaoyu à leur propriétaire privé et que, dans la foulée, Pékin avait multiplié les incursions dans la zone (8). Les visites régulières d’Abe au sanctuaire Yasukuni, qui honore la mémoire des criminels de guerre durant la seconde guerre mondiale, n’avaient rien arrangé.

      Mais le climat s’était plutôt apaisé dans la dernière période. « J’étais parvenu à un consensus important [avec Abe] sur la construction de relations sino-japonaises répondant aux exigences de la nouvelle ère (9) », a même témoigné le président chinois après l’assassinat de l’ex-premier ministre, en juillet 2022. Depuis l’annonce de la nouvelle stratégie de défense, le ton a changé.

      [...] en tournant le dos brutalement à sa politique pacifiste, le Japon se place en première ligne face à Pékin et éloigne tout espoir d’autonomie vis-à-vis des États-Unis. Cette impossible entrée dans l’après-guerre froide cohabite pourtant avec un dynamisme régional haletant où, de Hanoï à Colombo, ce pays vieillissant a construit les leviers de sa future croissance. Il y est en concurrence directe avec la Chine, très présente. Déjà, la plupart des pays asiatiques refusent de choisir entre Pékin et Washington, qui leur promet la sécurité. Et avec Tokyo ?

      (Le Monde diplomatique, mars 2023)

      #budget_militaire

    • Le géant de l’armement Rheinmetall surfe sur la remilitarisation de l’Europe (Les Échos)

      L’entrée au DAX, lundi, du premier producteur de munitions et constructeur de chars en Europe consacre le retour en force des combats conventionnels terrestres. Après une année 2022 record, Rheinmetall s’attend à faire mieux encore en 2023.

      Ce lundi, Armin Papperger, le patron de Rheinmetall, se fera un plaisir de sonner la cloche de la Bourse de Francfort pour marquer l’entrée de son groupe dans le Dax après une année record. Son cours a doublé et sa valorisation avoisine 10,5 milliards d’euros. « Le changement d’ère et la guerre en Europe ont ouvert une nouvelle page pour #Rheinmetall », a-t-il déclaré jeudi, lors de la présentation des résultats du premier producteur de munitions et constructeur de chars en Europe.

      Le retour des combats conventionnels terrestres a dopé le résultat net de ce dernier : il a bondi de 61 %, à 469 millions d’euros pour un chiffre d’affaires record de 6,4 milliards d’euros, en hausse de 13,25 %. Le résultat opérationnel (Ebit hors effets exceptionnels) a, lui, progressé de 27 %, à 754 millions d’euros. Et ce n’est qu’un début : « Je m’attends à ce que l’année 2023 soit de loin la meilleure année de l’histoire de l’entreprise en termes de commandes », a annoncé Armin Papperger.

      Carnet de commandes record

      Il a plusieurs fois loué devant la presse l’efficacité du nouveau ministre de la Défense Boris Pistorius, qui devrait, selon lui, permettre de débloquer enfin les 100 milliards du fonds de modernisation de l’armée allemande. Sur cette enveloppe, le patron de Rheinmetall estime pouvoir capter 38 milliards d’euros d’ici à 2030, dont 20 milliards répartis à parts équivalentes entre les chars et la numérisation des forces terrestres, et 8 milliards pour les munitions. A ces montants s’ajoute la hausse prévisible du budget de la défense allemande : Boris Pistorius a réclamé 10 milliards de plus par an et il faudrait même 10 milliards supplémentaires pour atteindre les 2 % du PIB. Un objectif pour tous les membres de l’Otan qui devrait rapidement devenir un prérequis minimum. Le réarmement généralisé des pays de l’Alliance atlantique ne peut donc que profiter à Rheinmetall. Il vient en outre d’élargir sa palette en s’invitant dans la fabrication du fuselage central du F-35 américain qui devrait lui rapporter plusieurs milliards d’euros. Le groupe, qui affichait déjà l’an dernier un carnet de commandes record de 24 milliards d’euros, estime avoir les capacités pour faire bien davantage.

      600.000 obus

      En Ukraine, Rheinmetall assure ainsi pouvoir livrer un peu moins de la moitié des besoins de la production d’artillerie. Avec l’achat du fabricant espagnol Expal Systems, qui devrait être bouclé dans l’année, la capacité annuelle du groupe passe à environ 450.000 obus, voire 600.000 d’ici à deux ans.

      Rheinmetall est en train d’agrandir une usine en Hongrie et souhaite en ouvrir une de poudre en Saxe avec la participation financière de Berlin. Selon Armin Papperger, l’intégration verticale de l’entreprise, qui produit elle-même ses composants, la met par ailleurs à l’abri d’un chantage éventuel de la Chine sur les matières premières. Quant à la main-d’oeuvre, elle ne manquerait pas : le groupe se dit « inondé de candidatures », il a recruté 3.000 personnes l’an dernier et compte en faire autant cette année. Toutes les planètes sont donc alignées aux yeux de Rheinmetall pour pousser les feux. Le groupe vise un chiffre d’affaires de 7,4 à 7,6 milliards d’euros en 2023, ce qui représenterait une nouvelle hausse de 15,5 % à 18,7 %. Sa marge opérationnelle devrait passer de 11,8 % à 12 % environ.

      #militarisation #militarisme #capitalisme #troisième_guerre_mondiale

    • La guerre en Ukraine accélère la militarisation

      La guerre en Ukraine accélère la militarisation de l’Europe. Tragédie pour les populations ukrainienne et russe qui ont déjà payé cette guerre de 30 000 morts, elle est une aubaine pour les militaires et les marchands d’armes. Première guerre dite «  de haute intensité  » en Europe depuis 1945, sur un front de plus de 1 000 kilomètres, elle permet aux militaires de tester leurs matériels, de valider ou adapter leurs doctrines d’utilisation. Elle offre un marché inespéré pour les marchands d’armes appelés à fournir munitions et missiles, drones ou chars détruits en grande quantité. Elle accélère la hausse des budgets militaires de tous les États.

      Une militarisation engagée avant la guerre en Ukraine

      La hausse des dépenses militaires dans le monde était engagée avant l’invasion russe de l’Ukraine. Selon le dernier rapport du Sipri, l’Institut international pour la paix de Stockholm, publié le 25 avril, les dépenses militaires dans le monde ont dépassé en 2021, pour la première fois, la barre des 2 000 milliards de dollars, avec 2 113 milliards de dollars, soit 2,2 % du PIB mondial. C’est la septième année consécutive de hausse des dépenses militaires dans le monde selon ce rapport, qui précise  : «  Malgré les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, les dépenses militaires mondiales ont atteint des niveaux records.  »

      Si la Russie, présentée comme le seul agresseur et va-t-en-guerre, a augmenté son budget militaire en 2021, qui atteint 66 milliards de dollars et 4 % de son PIB, elle n’arrive qu’en cinquième position dans le classement des puissances les plus dépensières, derrière les États-Unis, la Chine, l’Inde et la Grande-Bretagne.

      En Grande-Bretagne, avec 68,3 milliards de dollars, les dépenses militaires sont en hausse de 11,1 %. Après le Brexit, Boris Johnson a multiplié les investissements, en particulier dans la marine. Peu avant sa démission, il affirmait vouloir restaurer l’impérialisme britannique en tant que «  première puissance navale en Europe  » et marquait à la culotte les autres puissances impérialistes du continent. Il a été l’un des premiers dirigeants européens à se rendre à Kiev pour afficher son soutien à Zelensky. Toute une brochette de politiciens britanniques milite pour que les dépenses militaires augmentent plus vite encore dans les années à venir. Ainsi, Nile Gardiner, ancien collaborateur de Thatcher, affirmait en mars au Daily Express : «  Les dépenses de défense devraient doubler, de deux à quatre pour cent [du PIB] dans les années à venir si la Grande-Bretagne veut sérieusement redevenir une puissance mondiale.  »

      Johnson a renforcé par divers canaux sa coopération militaire avec les États-Unis. Ces liens étroits entre les impérialismes britannique et américain ont été illustrés par l’alliance #Aukus (acronyme anglais pour Australie, Royaume-Uni et États-Unis) contre la Chine. Cette alliance s’est concrétisée par la commande australienne de huit sous-marins à propulsion nucléaire, pour la somme de 128 milliards de dollars. Déjà en hausse de 4 % en 2021 par rapport à 2020, les dépenses militaires de l’Australie sont donc appelées à augmenter. C’est aussi la politique occidentale agressive vis-à-vis de la Chine, et les pressions américaines, qui ont poussé le Japon à dépenser 7 milliards de dollars de plus en 2021 pour ses armées, la plus forte hausse depuis 1972.

      Selon le rapport du #Sipri, dès 2021, donc avant la guerre en Ukraine, huit pays européens membres de l’#Otan avaient porté leurs dépenses militaires à 2 % de leur PIB, ce que réclament depuis longtemps les États-Unis à leurs alliés. Avec 56,6 milliards de dollars (51 milliards d’euros) dépensés en 2021, la France est passée de la huitième à la ­sixième place des États pour leurs dépenses en armement. La loi de programmation militaire 2019-2025 avait déjà prévu un budget de 295 milliards d’euros sur six ans, pour arriver à plus de 2,5 % du PIB en 2025.

      La guerre en Ukraine a donc éclaté dans ce contexte d’augmentation générale des dépenses d’armement, qu’elle ne peut qu’accélérer et renforcer.

      Les leçons de la guerre en Ukraine

      Pour les états-majors et les experts, la #guerre_en_Ukraine n’est pas une tragédie mais d’abord un formidable terrain d’expérimentation des matériels de guerre et des conditions de leur mise en œuvre. Chaque épisode – offensive contrariée des armées russes au début de la #guerre, retrait du nord de l’#Ukraine puis offensive dans le #Donbass, destruction méthodique des villes – et les diverses façons d’utiliser l’artillerie, les drones, l’aviation, les moyens de communication et de renseignement sont étudiés pour en tirer le maximum de leçons. Depuis six mois, des milliers d’experts et d’ingénieurs chez #Thales, #Dassault, #Nexter, MBDA (ex-Matra), #Naval_Group ou chez leurs concurrents américains #Lockheed_Martin, #Boeing ou #Northrop_Grumman, étudient en détail comment cette guerre met en lumière «  la #numérisation du champ de bataille, les besoins de munitions guidées, le rôle crucial du secteur spatial, le recours accru aux drones, robotisation, cybersécurité, etc.  » (Les Échos du 13 juin 2022). Ces experts ont confronté leurs points de vue et leurs solutions technologiques à l’occasion de l’immense salon de l’#armement et de la sécurité qui a réuni, début juin à Satory en région parisienne, 1 500 #marchands_d’armes venus du monde entier. Un record historique, paraît-il  !

      Les leçons de la guerre en Ukraine ne sont pas seulement technologiques. Comme l’écrivait le journal Les Échos du 1er avril 2022, «  la guerre entre grands États est de retour en Europe. » Cette guerre n’a plus rien à voir avec «  les “petites guerres” comme celles de Bosnie ou du Kosovo, ni les opérations extérieures contre des groupes terroristes (Al Qaida, Daech) ou des États effondrés (Libye, 2011)  ». Pour les militaires, cette guerre n’est plus «  une guerre échantillonnaire mais une guerre de masse  », tant du point de vue du nombre de soldats tués ou blessés au combat que du nombre de munitions tirées et du matériel détruit.

      Entre février et juin, selon les estimations réalisées malgré la censure et les mensonges de chaque camp, cette guerre aurait fait 30 000 morts russes et ukrainiens, plusieurs centaines par jour. L’Ukraine rappelle que la guerre est une boucherie, que les combats exigent sans cesse leur chair à canon, avec des soldats qui pourrissent et meurent dans des tranchées, brûlent dans des chars ou sont tués ou estropiés par des obus et des missiles. Leur guerre «  de haute intensité  », c’est avant tout des morts, parmi les militaires comme les civils. Préparer les esprits à accepter de «  mourir pour nos valeurs démocratiques  », autre déclinaison du «  mourir pour la patrie  », est l’un des objectifs de la #propagande des gouvernements occidentaux qui mettent en scène la guerre en Ukraine.

      Côté matériel, les armées russes ont perdu plusieurs centaines de chars. Les États-Unis et leurs alliés ont livré plusieurs dizaines de milliers de missiles sol-sol ou sol-air de type Javelin ou Stinger, à 75 000 dollars pièce. Une semaine après le début de l’invasion russe, le colonel en retraite Michel Goya, auteur d’ouvrages sur les guerres contemporaines, écrivait  : «  L’#armée_de_terre française n’aurait plus aucun équipement majeur au bout de quarante jours  » (véhicules de combat, pièces d’artillerie…). La conclusion de tous ces gens-là est évidente, unanime  : il faut «  des forces plus nombreuses, plus lourdement équipées [qui] exigeront des budgets de défense accrus  » (Les Échos, 1er avril 2022). Augmenter les budgets militaires, drainer toujours plus d’argent public vers l’industrie militaire ou sécuritaire, c’est à quoi s’emploient les ministres et les parlementaires, de tous les partis, depuis des années.

      Des complexes militaro-industriels concurrents

      La guerre en Ukraine, avec l’augmentation spectaculaire des #budgets_militaires qu’elle accélère, est une aubaine pour les marchands d’armes. Mais elle intensifie en même temps la guerre que se livrent ces industriels. L’annonce par le chancelier allemand, fin février, d’un emprunt de 100 milliards d’euros pour remettre à niveau la #Bundeswehr, autrement dit pour réarmer l’Allemagne, a déclenché des polémiques dans l’#Union_européenne. Le journal Les Échos du 30 mai constatait avec dépit  : «  L’#armée_allemande a annoncé une liste de courses longue comme le bras, qui bénéficiera essentiellement aux industries américaines  : achat de #F-35 à Lockheed Martin, d’hélicoptères #Chinook à Boeing, d’avions P8 à Boeing, de boucliers antimissiles à Israël, etc.  » Au grand dam des militaristes tricolores ou europhiles, le complexe militaro-industriel américain profitera bien davantage des commandes allemandes que les divers marchands de mort européens.

      Il en est ainsi depuis la naissance de l’Union européenne  : il n’y a pas une «  #défense_européenne  » commune car il n’y a pas un #impérialisme européen unique, avec un appareil d’État unique défendant les intérêts fondamentaux d’une #grande_bourgeoisie européenne. Il y a des impérialismes européens concurrents, représentant des capitalistes nationaux, aux intérêts économiques complexes, parfois communs, souvent opposés. L’#impérialisme_britannique est plus atlantiste que les autres puissances européennes et très tourné vers son vaste ex-­empire colonial. L’#impérialisme_français a développé ses armées et sa marine pour assurer sa mainmise sur son pré carré ex-colonial, en particulier en Afrique. L’impérialisme allemand, qui s’est retranché pendant des décennies derrière la contrition à l’égard des années hitlériennes pour limiter ses dépenses militaires, en se plaçant sous l’égide de l’Otan et des #États-Unis, a pu consacrer les sommes économisées à son développement économique en Europe centrale et orientale. Les interventions militaires ou diplomatiques n’étant que la continuation des tractations et des rivalités commerciales et économiques, il n’a jamais pu y avoir de défense européenne commune.

      Les rivalités permanentes entre Dassault, Airbus, #BAE, #Safran ont empêché la construction d’un avion de combat européen. La prépondérance des États-Unis dans l’Otan et leur rôle majeur en Europe de l’Est et dans la guerre en Ukraine renforcent encore les chances du #secteur_militaro-industriel américain d’emporter les futurs marchés. Ces industriels américains vendent 54 % du matériel militaire dans le monde et réalisent 29 % des exportations. L’aubaine constituée par les futures dépenses va aiguiser les appétits et les rivalités.

      Bien sûr, les diverses instances européennes s’agitent pour essayer de ne pas céder tout le terrain aux Américains. Ainsi, le commissaire européen au Commerce et ex-ministre français de l’Économie, Thierry Breton, vient de débloquer 6 milliards d’euros pour accélérer le lancement de 250 satellites de communication de basse orbite, indispensables pour disposer d’un réseau de communication et de renseignement européen. Jusqu’à présent, les diverses armées européennes sont dépendantes des États-Unis pour leurs renseignements militaires, y compris sur le sol européen.

      À ce jour, chaque pays européen envoie en Ukraine ses propres armes, plus ou moins compatibles entre elles, selon son propre calendrier et sa volonté politique. Les champs de bataille du Donbass servent de terrain de démonstration pour les canons automoteurs français Caesar, dont les journaux télévisés vantent régulièrement les mérites, et les #chars allemands Gepard, anciens, ou Leopard, plus récents. La seule intervention commune de l’Union européenne a été le déblocage d’une enveloppe de financement des livraisons d’armes à l’Ukraine, d’un montant de 5,6 milliards sur six ans, dans laquelle chaque État membre peut puiser. C’est une façon de faciliter l’envoi d’armes en Ukraine aux pays de l’UE les moins riches. Avec l’hypocrisie commune aux fauteurs de guerre, les dirigeants de l’UE ont appelé cette enveloppe «  la facilité européenne pour la paix  »  !

      Vers une économie de guerre  ?

      Pour passer d’une «  guerre échantillonnaire  » à une «  guerre de masse  », la production d’armes doit changer d’échelle. Pour ne parler que d’eux, les fameux canons Caesar de 155 millimètres sont produits en nombre réduit, une grosse dizaine par an, dans les usines #Nexter de Bourges, pour la somme de 5 millions d’euros l’unité. Pour en livrer une douzaine à l’Ukraine, le gouvernement a dû les prélever sur la dotation de l’armée française, qui n’en a plus que 64 en service. Juste avant le début de la guerre en Ukraine, Hervé Grandjean, le porte-parole des armées, rappelait les objectifs de l’armée française pour 2025  : «  200 chars Leclerc, dont 80 rénovés, 135 #blindés_Jaguar, 3 300 #blindés_légers, 147 hélicoptères de reconnaissance et d’attaque dont 67 Tigre, 115 #hélicoptères de manœuvre, 109 #canons de 155 et 20 drones tactiques notamment  ». En comparaison, et même si les chars des différentes armées n’ont ni les mêmes caractéristiques ni la même valeur, en trois mois de guerre en Ukraine, plus de 600 chars russes ont été détruits ou mis hors service.

      La guerre en Ukraine devrait donc permettre aux militaires d’obtenir davantage de coûteux joujoux. Ils ont reçu le soutien inconditionnel du président de la Cour des comptes, l’ex-socialiste Pierre Moscovici, pour qui «  l’aptitude des armées à conduire dans la durée un combat de haute intensité n’est pas encore restaurée  ». Et dans son discours du 14 juillet, Macron a confirmé une rallonge de 3 milliards d’euros par an pour le budget de l’armée. Mais pour rééquiper en masse les armées européennes, il faut que les capacités de production suivent. Le 13 juin, Le Monde titrait  : «  Le ministère de la Défense réfléchit à réquisitionner du matériel du secteur civil pour refaire ses stocks d’armes  », et précisait  : «  L’État pourrait demander à une PME de mécanique de précision qui ne travaille pas pour le secteur de la défense de se mettre à disposition d’un industriel de l’armement pour accélérer ses cadences.  » Et comme toujours, l’État s’apprête à prendre en charge lui-même «  les capacités de production de certaines PME de la défense, en payant par exemple des machines-outils  ». Les capitalistes n’étant jamais si bien servis que par eux-mêmes, le chef de l’UIMM, le syndicat des patrons de la métallurgie, est désormais #Éric_Trappier, le PDG de Dassault.

      Produire plus massivement du matériel militaire coûtera des dizaines, et même des centaines, de milliards d’euros par an. Il ne suffira pas de réduire encore plus les budgets de la santé ou de l’école. Les sommes engagées seront d’un tout autre niveau. Pour y faire face, les États devront s’endetter à une échelle supérieure. Les gouvernements européens n’ont peut-être pas encore explicitement décidé un tel tournant vers la production en masse de ce matériel militaire, mais les plus lucides de leurs intellectuels s’y préparent. L’économiste et banquier Patrick Artus envisageait dans Les Échos du 8 avril le passage à une telle «  #économie_de_guerre  ». Pour lui, cela aurait trois conséquences  : une hausse des #dépenses_publiques financées par le déficit du budget de l’État avec le soutien des #banques_centrales  ; une forte inflation à cause de la forte demande en énergie et en métaux parce que les #dépenses_militaires et d’infrastructures augmentent  ; enfin la rupture des interdépendances entre les économies des différents pays à cause des ruptures dans les voies d’approvisionnement.

      Avant même que les économies européennes ne soient devenues «  des économies de guerre  », les dépenses publiques au service des capitalistes ne cessent d’augmenter, l’inflation revient en force, aggravée par la spéculation sur les pénuries ou les difficultés d’approvisionnement de telle ou telle matière première. L’#économie_capitaliste est dans une impasse. Elle est incapable de surmonter les contradictions qui la tenaillent, et se heurte une fois de plus aux limites du marché solvable et à la concurrence entre capitalistes, qui engendrent les rivalités entre les puissances impérialistes  ; à la destruction des ressources  ; et à son incapacité génétique d’en planifier l’utilisation rationnelle au service de l’humanité. La course au militarisme est inexorable, car elle est la seule réponse à cette impasse qui soit envisageable par la grande bourgeoisie. Cela ne dépend absolument pas de la couleur politique de ceux qui dirigent les gouvernements. Le militarisme est inscrit dans les gènes du capitalisme.

      Le #militarisme, une fuite en avant inexorable

      Il y a plus d’un siècle, #Rosa_Luxemburg notait que le militarisme avait accompagné toutes les phases d’accumulation du #capitalisme  : «  Il est pour le capital un moyen privilégié de réaliser la plus-value.  » Dans toutes les périodes de crise, quand la rivalité entre groupes de capitalistes pour s’approprier marchés et matières premières se tend, quand le marché solvable se rétrécit, le militarisme a toujours représenté un «  champ d’accumulation  » idéal pour les capitalistes. C’est un marché régulier, quasi illimité et protégé  : «  L’#industrie_des_armements est douée d’une capacité d’expansion illimitée, […] d’une régularité presque automatique, d’une croissance rythmique  » (L’accumulation du capital, 1913). Pour la société dans son ensemble, le militarisme est un immense gâchis de force de travail et de ressources, et une fuite en avant vers la guerre généralisée.

      Pour les travailleurs, le militarisme est d’abord un vol à grande échelle des fruits de leur travail. La production en masse de matériel de destruction massive, ce sont des impôts de plus en plus écrasants pour les classes populaires qui vont réduire leur pouvoir d’achat, ce sont des hôpitaux fermés, des écoles surchargées, des enseignants en sous-effectif, des transports dégradés, c’est un budget de l’État écrasé par la charge de la dette. Pour la #jeunesse, le militarisme, c’est le retour au service militaire, volontaire ou forcé, c’est l’embrigadement derrière le nationalisme, l’utilisation de la guerre en Ukraine pour redonner «  le sens du tragique et de l’histoire  », selon la formule du chef d’état-major des armées, Thierry Burkhard.

      L’évolution ultime du militarisme, c’est la #guerre_généralisée avec la #mobilisation_générale de millions de combattants, la militarisation de la production, la #destruction méthodique de pays entiers, de villes, d’infrastructures, de forces productives immenses, de vies humaines innombrables. La guerre en Ukraine, après celles en Irak, en Syrie, au Yémen et ailleurs, donne un petit aperçu de cette barbarie. La seule voie pour éviter une barbarie plus grande encore, qui frapperait l’ensemble des pays de la planète, c’est d’arracher aux capitalistes la direction de la société.

      Un an avant l’éclatement de la Première Guerre mondiale, #Rosa_Luxemburg concluait son chapitre sur le militarisme par la phrase  : «  À un certain degré de développement, la contradiction [du capitalisme] ne peut être résolue que par l’application des principes du socialisme, c’est-à-dire par une forme économique qui est par définition une forme mondiale, un système harmonieux en lui-même, fondé non sur l’accumulation mais sur la satisfaction des besoins de l’humanité travailleuse et donc sur l’épanouissement de toutes les forces productives de la terre.  » Ni Rosa Luxemburg, ni #Lénine, ni aucun des dirigeants de la Deuxième Internationale restés marxistes, c’est-à-dire communistes, révolutionnaires et internationalistes, n’ont pu empêcher l’éclatement de la guerre mondiale et la transformation de l’Europe en un gigantesque champ de bataille sanglant. Mais cette guerre a engendré la plus grande vague révolutionnaire de l’histoire au cours de laquelle les soldats, ouvriers et paysans insurgés ont mis un terme à la guerre et menacé sérieusement la domination du capital sur la société. L’issue est de ce côté-là.

    • France. Militaires et industriels doutent d’être suffisamment gavés

      Les « promesses déjà annoncées : une hausse de 5 milliards d’euros pour combler le retard dans les drones, un bond de 60 % des budgets des trois agences de renseignement, une relance des commandes dans la défense sol-air , la reconstitution des stocks de munitions. Il a aussi promis plus de navires et de satellites pour l’Outre-Mer, des avancées dans la cyberdéfense, le spatial, la surveillance des fonds marins, le doublement du budget des forces spéciales, et enfin une progression de 40 % des budgets pour la maintenance des équipements, afin d’en accroître les taux de disponibilité.

      Ajouter à cette liste un doublement de la réserve, une participation potentiellement accrue au service national universel, la promesse de dégager 10 milliards pour l’innovation... « Toutes les lignes budgétaires vont augmenter, sauf la provision pour les opérations extérieures », a déclaré le ministre. Selon lui, les dépenses pour aider l’armée ukrainienne ne seront pas imputées sur le budget des armées. Ce dont beaucoup de militaires doutent. Un partage des frais entre ministères est plus probable.

      (Les Échos)

    • Pour eux, la guerre n’est pas une tragédie, mais une aubaine.

      Entre 2018 et 2022, la France a vu sa part dans les ventes mondiales d’armes passer de 7 à 11 %.

      Actuellement 3e sur le marché de l’armement, elle se rapproche de la 2e place. Un record qui contribue à la surenchère guerrière, en Ukraine et ailleurs, et qui alimente les profits des marchands d’armes.

    • La nouvelle #loi_de_programmation_militaire a été présentée en Conseil des ministres ce mardi 4 avril. Un budget de la défense en hausse de 40 % par rapport à la #LPM 2019-2025. Un montant historique

      D’autant que la LPM 2024-2030 n’inclura pas le montant de l’aide militaire à l’#Ukraine

      La politique de l’actuel président de la République contraste avec celle de ses prédécesseurs. Comme beaucoup de ses voisins, la France a vu ses dépenses de défense diminuer depuis la fin de la #guerre_froide

      Réarmement spectaculaire de la #Pologne par le biais de la Corée du Sud

      « Ce pays est en première ligne et sera potentiellement une grande puissance militaire en 2030 », a affirmé Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique lors de son audition au Sénat. Le 30 janvier dernier, le Premier ministre polonais a ainsi annoncé que le budget de la défense atteindrait 4 % du PIB en 2023.

      #militarisation #budget_de_la_défense

    • On ne prépare une guerre qu’à la condition de pouvoir la gagner. Et en l’état, les occidentaux commencent tout juste à comprendre que ce qu’ils pensaient assuré (première frappe nucléaire et bouclier ABM) de la part des américains, n’est finalement pas du tout si assuré que cela et que même, ma foi, la guerre est peut-être déjà perdue.

    • En l’état, ce n’est pas la guerre. Mais, oui, ils s’y préparent.

      Et cette nouvelle guerre mondiale ne sera pas déclenchée nécessairement quand ils seront certains de « pouvoir la gagner ».

    • L’Union européenne et ses obus : un petit pas de plus vers une économie de guerre
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/05/10/lunion-europeenne-et-ses-obus-un-petit-pas-de-plus-vers-une-

      Mercredi 3 mai, le commissaire européen Thierry Breton a présenté son plan pour produire un million de munitions lourdes par an. Les industries d’armement européennes ne sont plus adaptées au rythme de production nécessaire pour des guerres de « haute intensité », ou même simplement telle que celle en Ukraine.

      Alors que l’armée ukrainienne tire 5 000 obus d’artillerie par jour de combat, la production annuelle du fabricant français Nexter ne permettrait de tenir ce rythme... que huit jours. Thierry Breton a annoncé une enveloppe de 500 millions d’euros pour stimuler dans ce sens les industriels de l’Union européenne. Elle fait partie d’un plan de deux milliards d’euros annoncé fin mars pour fournir des obus à l’armée de Kiev, sous prétexte « d’aider » l’Ukraine. Il s’agit d’abord de puiser dans les stocks nationaux, puis de passer des commandes, et enfin de remplir les caisses des industriels pour qu’ils produisent plus vite.

      Les sommes déployées par l’UE sont très marginales par rapport aux dépenses faites par chaque puissance impérialiste pour financer son propre armement et enrichir ses capitalistes de l’armement. Ainsi, la programmation militaire française a augmenté de 100 milliards d’euros, tandis que le gouvernement allemand promet, lui, 100 milliards pour moderniser son armée.

      L’annonce européenne vise sans doute surtout à afficher à l’échelle du continent, donc aux yeux d’un demi-milliard d’Européens, que l’on va vers une économie de guerre et qu’il faut s’y adapter dès maintenant. Dans ce qu’a déclaré Thierry Breton, il y a aussi l’idée de s’attaquer à tous les goulots d’étranglement qui bloquent cette marche vers une économie de guerre. Il prévoit des dérogations aux règles européennes, déjà peu contraignantes, sur le temps de travail, c’est-à-dire de donner carte blanche aux patrons pour allonger la journée de travail dans les usines concernées. Le flot d’argent public dépensé en armement, que ce soit au niveau des États ou de l’Union européenne, sera pris sur la population d’une façon ou une autre. Chaque milliard en plus pour les obus signifiera un hôpital en moins demain.

  • Il y a 180 ans — 1843-1844, adhésion de Marx au communisme

    Avec les #Jeunes-Hégéliens, il avait cru que l’Allemagne pourrait connaître une révolution semblable à ce qu’avait été la #Révolution_française de #1789. A Paris, il voit les choses autrement, en constatant que la haute #bourgeoisie au pouvoir sous #Louis-Philippe n’a plus rien de révolutionnaire, et que l’impulsion libératrice vient désormais d’une nouvelle classe, celle des travailleurs salariés que les socialistes et les communistes appellent le #prolétariat.

    Au cours de l’année 1844, l’#Allemagne est ébranlée ou, pour le moins, secouée par le soulèvement des tisserands silésiens qui, en proie au chômage et menacés de famine, organisent de grandes grèves et s’en prennent aux patrons, à leurs biens et à leurs livres de comptes jusqu’à ce que les troupes prussiennes viennent les écraser. #Heine écrit alors son #Chant_des_tisserands à l’inspiration duquel son ami Marx a peut-être eu une part.

    Dans le Vorwärts (En avant), revue d’émigrés allemands de Paris, Marx déclare : « Qu’on se rappelle d’abord le Chant des tisserands, cet audacieux mot d’ordre de combat où de prime abord le prolétariat crie d’une manière saisissante, brutale, violente, son opposition à la société fondée sur la #propriété_privée. La révolte silésienne commence précisément au point où s’achèvent les mouvements ouvriers français et anglais, c’est-à-dire la prise de #conscience_de_classe du prolétariat. D’où le caractère supérieur de l’action menée par ces #tisserands. Non seulement, ils détruisent les machines, ces rivales des ouvriers, mais aussi les #livres_des_comptes, ces titres de propriété, et tandis que tous les autres mouvements se dirigeaient tout d’abord et exclusivement contre l’#industriel, l’ennemi visible, ce mouvement s’est dirigé en même temps contre le #banquier, l’ennemi invisible. Enfin, aucune révolte ouvrière anglaise n’avait été menée avec un tel courage, une telle maturité d’esprit et une telle persévérance. »

    Ainsi, #Marx dépasse son ancienne position de démocrate radical pour adhérer à la cause du communisme. Ce dépassement s’effectue à partir de l’idée que la bourgeoisie a cessé d’être une force révolutionnaire et qu’elle est désormais incapable d’accomplir en Allemagne les tâches démocratiques qu’elle a autrefois remplies en Angleterre et, encore plus, en France. La nouvelle force révolutionnaire, capable de libérer la société des différentes formes de l’oppression, réside maintenant dans le prolétariat, à condition que celui-ci prenne conscience de ses #intérêts_de_classe et agisse de façon organisée, comme l’ont montré les tisserands silésiens.

    Il reste que Marx n’est pas satisfait par les doctrines socialistes des #saint-simoniens et des #fouriéristes qui sont plutôt des rêves d’organisation sociale que des instruments théoriques au service du prolétariat dans sa lutte contre la bourgeoisie. Il porte un jugement plus favorable à l’égard des partisans du communisme, comme le Français Cabet et l’Allemand Weitling, mais il leur reproche de réduire le #communisme à un idéal d’égalité et de #justice_sociale et de ne pas l’intégrer au devenir historique des sociétés.

    Dans ses #Manuscrits_économico-philosophiques de #1844 auxquels Marx n’a pas donné une forme achevée et qui ne devaient être publiés qu’en 1932, on peut lire une définition du communisme, « en tant que dépassement positif de la propriété privée, donc de l’auto-aliénation humaine »...

    « Ce communisme est un #naturalisme achevé, et comme tel un humanisme ; en tant qu’#humanisme achevé il est un naturalisme ; il est la vraie solution du conflit de l’homme avec la nature, de l’homme avec l’homme, la vraie solution de la lutte entre l’existence et l’essence, entre l’objectivation et l’affirmation de soi, entre la liberté et la nécessité, entre l’individu et l’espèce. »

    L’adhésion de Marx au communisme est ici exprimée en termes philosophiques. Mais, à travers leur lyrisme, il est à la recherche d’une connaissance objective qui permettrait au #socialisme et au communisme de passer de leur stade utopique au stade scientifique.

    [source : Marx, de Pierre Fougeyrollas, épuisé et non-réédité]

    #karl_marx #révolution_sociale #révolution_prolétarienne

    • À ce moment-là (1842-1843), le prolétariat anglais s’organise dans un puissant mouvement syndical et politique que l’on nomme le #chartisme, en raison de sa charte qui revendique simultanément la journée de travail de dix heures et le suffrage universel.

      #Engels rapporte de son séjour britannique son premier livre, La situation des classes laborieuses en Angleterre, dans lequel il écrit : « Seule est vraiment respectable cette partie de la nation anglaise inconnue du continent, les ouvriers, les parias de l’Angleterre, les - pauvres, malgré toute leur grossièreté et leur absence de morale. C’est d’eux quil faut attendre le salut de l’Angleterre. »

      Ainsi la connaissance des révolutions politiques de la France et celle de la révolution industrielle de l’Angleterre ont respectivement conduit Marx et Engels à des conclusions convergentes relativement au rôle historique révolutionnaire que le prolétariat commençait alors à assumer. C’est ce qui leur est sûrement apparu durant leurs entretiens parisiens de 1844.

      [source : idem]

  • Raphaëlle Bacqué, le jeûne et le « je »
    https://larevuedesmedias.ina.fr/raphaelle-bacque-m-le-monde-jeune-naturopathe-celeste-candido-f

    Tout début 2023, Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde, racontait son expérience du jeûne dans un long récit publié dans le magazine sur papier glacé. Sans le vouloir, la journaliste a relayé des pratiques plébiscitées par les naturopathes, mais potentiellement dangereuses. Malaise ?

  • Perché in Italia i giovani scappano dall’agricoltura

    Un report dell’associazione Terra! racconta il calo degli under 40 nel settore e analizza come le misure nazionali ed europee siano insufficienti ed escludenti. Così gli unici giovani che ce la fanno sono quelli che ereditano l’attività di famiglia. Ci sono però alcune soluzioni: aprire i criteri per l’accesso ai fondi e assegnare terre pubbliche

    In Italia sempre meno giovani scelgono di lavorare nel settore agricolo. È la denuncia contenuta nel report “Gioventù frustrata. Se l’agricoltura italiana perde il treno del ricambio generazionale”, curato dall’associazione Terra! e presentato a Roma il 15 febbraio insieme al Consiglio per la ricerca in agricoltura e l’analisi dell’economia agraria (Crea).

    Lo studio parte da una domanda: “Il ritorno alla terra dei giovani spesso narrato dai media è reale? Purtroppo, al di là delle singole esperienze positive, i dati più recenti ci dicono che non è così”, spiega Francesco Panié, ricercatore di Terra! Lo ha rilevato l’Istat: tra il 2010 e il 2020 i capi azienda sotto i 40 anni sono calati dall’11,5% al 9,3%, con una flessione più marcata al Sud e nelle isole dove si sono quasi dimezzati. In numeri assoluti parliamo di 104mila persone contro le 186mila del censimento precedente. Oggi gli over 60 che occupano lo stesso ruolo sono sei volte di più. Inoltre, sottolinea il report, il calo è avvenuto nonostante nello stesso periodo di tempo il totale delle aziende attive in Italia è crollato del 30 per cento. “Con questo trend -commenta il ricercatore- le produzioni saranno sempre più estese e standardizzate mentre quella galassia di agricolture contadine che ha sempre contraddistinto l’Italia andrà perduta”. Una galassia che invece verrebbe favorita dal ricambio generazionale: per Terra! sono proprio i giovani la “chiave imprescindibile” per la transizione all’agroecologia.

    In Italia però le condizioni non sono “favorevoli allo sviluppo dell’imprenditoria giovanile in agricoltura”, si legge nel rapporto. Secondo il Crea, la terra costa mediamente il doppio della Germania e il triplo della Francia. L’affitto è il più caro d’Europa. I salari, invece, dal 1990 sono diminuiti e nel 2020 il reddito agricolo è calato tre volte di più rispetto alla media europea. Questo spiega perché la maggior parte dei giovani che entrano in agricoltura ha alle spalle famiglie con attività legate al settore. “Senza risparmi, terreni, macchinari, casali, mezzi di produzione a disposizione, è quasi impossibile avviare un’attività agricola”, sintetizza Panié.

    Il problema, per Terra!, è legato anche alla “inadeguatezza degli strumenti normativi che dovrebbero sostenere il ricambio generazionale e dei fondi connessi”, in particolare delle risorse della Politica agricola comune (Pac), che ammontano a 387 miliardi di euro in sette anni, pari a un terzo del bilancio europeo. Con il nuovo regolamento approvato nel 2021, i pagamenti diretti ai giovani agricoltori dovrebbero passare dal 2% degli anni scorsi ad almeno il 3%, sotto forma di sostegno al reddito, agli investimenti o di aiuti per l’avvio dell’attività. In totale, stimano i ricercatori, tra fondi europei e cofinanziamento nazionale si dovrebbe superare di poco il miliardo di euro.

    Questi fondi andranno, in parte, al sostegno complementare al reddito per i giovani agricoltori. Per l’associazione le cifre stanziate non solo sono insufficienti, ma vengono anche distribuite con criteri non “ideali per rendere il supporto realmente efficace”, facilitando l’erogazione a “chi ha già un terreno, senza favorire l’accesso alla terra”. Lo ha rilevato anche la Corte dei Conti europea nel 2017: “Il sostegno si basa su una logica di intervento poco definita” e “in assenza di una valutazione del fabbisogno è erogato in forma standardizzata (pagamento annuo per ettaro)”. Per Terra! bisognerebbe abbassare a 20 o 30 ettari la soglia massima per poter accedere al sostegno, che oggi è invece fissata a 90 ettari. Il motivo: “È improbabile che un agricoltore entri nel settore con un’azienda molto più grande, a meno che non subentri al proprio genitore o parente”. Non sostengono il ricambio nemmeno i fondi del cosiddetto premio di “primo insediamento”, destinato agli agricoltori under 40: insufficienti per chi deve reperire sia la terra sia i mezzi di produzione ed erogati in ritardo e con criteri escludenti. “Per accedere a questi fondi bisogna presentare un piano aziendale a garanzia di una produzione standard, aprire una partita Iva e iscriversi all’Inps come imprenditore agricolo professionale. Sono stati inseriti per scoraggiare i ‘finti insediamenti’ ma allontanano i giovani senza mezzi di partenza ai quali viene impedito di sperimentarsi part time, in attesa che l’azienda raggiunga la sostenibilità economica”, spiega Panié.

    Infine c’è il capitolo delle misure nazionali, come gli strumenti messi in campo dall’Istituto di servizi per il mercato agricolo e alimentare (Ismea) per agevolare l’acquisto delle terre: “Anche in questo caso i dati ci dicono che a comprare è soprattutto chi ha un capitale da investire”, spiega Panié che conclude: “Il potenziale inespresso del settore sono le terre pubbliche”. Anche qui c’è un problema: manca un censimento nazionale. Per questo Terra! ha invitato il governo a finanziarlo: “Potrebbero essere offerte in affitto a canone agevolato ai giovani agricoltori con progetti di agroecologia convincenti”.

    https://altreconomia.it/perche-in-italia-i-giovani-scappano-dallagricoltura
    #Italie #jeunes #jeunesse #agriculture #jeunes_agriculteur

    • "Gioventù frustrata". Il report di Terra! sul mancato ricambio generazionale in agricoltura

      Decine di volte in questi anni abbiamo letto di un ritorno dei giovani alla terra, della loro vocazione alla sostenibilità, del desiderio di recuperare un contatto con la natura che diventa volano di economia per i territori rurali. Storie che accendono una fiammella di speranza, dipingendo un controesodo verso le campagne in costante spopolamento.

      Purtroppo, però, questa è soltanto una favola. La verità è che il ricambio generazionale nel settore agricolo è fermo al palo.

      Cosa impedisce ai giovani di entrare in agricoltura?
      Quali politiche sono state costruite per facilitarli?
      Perché non stanno funzionando?

      A tutte queste domande rispondiamo nel nostro rapporto «Gioventù frustrata», in cui raccogliamo dati e analisi per comprendere davvero il fenomeno del ritorno alla terra, e il rischio che un mancato ricambio generazionale può rappresentare per l’agricoltura italiana e la transizione ecologica dei sistemi alimentari.

      https://www.associazioneterra.it/cosa-facciamo/cambiamenti-climatici/giovani-agricoltori
      #rapport

  • 20 février 1938 : « Léon Sédov, le fils – l’ami – le militant — dédié à la jeunesse prolétarienne » (Léon Trotsky)

    A l’instant où j’écris ces lignes, à côté de la mère de Léon Sédov, des télégrammes me parviennent de divers pays, m’apportant l’expression de condoléances. Et chacun de ces télégrammes suscite la même et insupportable question :

    « Ainsi tous nos amis de France, de Hollande, d’Angleterre, des Etats-Unis et du Canada et d’ici, au Mexique, considèrent comme définitif le fait que Sédov ne soit plus ? »
    Chaque télégramme est une preuve nouvelle de sa mort. Et pourtant, nous ne pouvons encore y croire. Et non pas seulement parce qu’il est notre fils, fidèle, dévoué, aimant. Mais avant tout, parce que plus que quiconque au monde, il est entré dans notre vie, s’y est lié avec ses racines, comme camarade d’idées, comme collaborateur, comme gardien, comme conseiller, comme ami.

    De cette génération aînée, dans les rangs de laquelle nous sommes entrés à la fin du siècle dernier, sur la route de la Révolution, tous, sans exception, ont été balayés de la scène. Ce que n’ont pu faire les bagnes du tsar, la déportation rigoureuse, les besoins des années d’émigration, la guerre civile et les maladies, Staline l’a fait au cours des dernières années, comme le fléau le plus malfaisant de la révolution. Après la génération aînée, a été anéantie la meilleure partie de la génération moyenne, c’est-à-dire celle qu’a suscitée 1917 et qui a reçu sa formation dans les 24 armées du front révolutionnaire. Piétinée sans traces la meilleure partie de la jeunesse, de la génération de Léon. Lui-même n’y a échappé que par miracle : grâce au fait qu’il nous a accompagnés en déportation et ensuite en Turquie. Au cours des années de notre dernière émigration, nous avons acquis de nombreux amis, et quelques-uns d’entre eux sont entrés étroitement dans la vie de notre famille, jusqu’à pouvoir être considérés comme ses membres. Mais tous nous ont approchés pour la première fois seulement dans ces dernières années, quand nous avons atteint le seuil de la vieillesse. Seul Léon nous a connu jeunes, et a participé à notre existence depuis le temps, où il a pris conscience de lui-même. Demeuré jeune, il fut comme de notre génération.

    Il a traversé avec nous notre deuxième émigration : Vienne, Zurich, Paris, Barcelone, New Amherst (le camp de concentration canadien) et, finalement, Pétrograd.

    Encore tout enfant – il allait sur ses douze ans – il avait à sa manière assimilé consciemment le passage de la révolution de février à celle d’octobre. Son adolescence s’est passée sous une haute pression. Il s’est ajouté une année pour entrer plus vite aux Jeunesses Communistes, qui brûlaient alors de toutes les ardeurs d’une jeunesse éveillée. Les jeunes boulangers, au milieu desquels il menait sa propagande, le gratifiaient d’un petit pain frais, et il le rapportait joyeusement sous le pan déchiré de sa veste. Ce furent des années brûlantes et froides, grandioses et affamées.

    De sa propre volonté, Léon quitta le Kremlin pour le logis en commun des étudiants prolétariens, afin de ne pas se distinguer des autres. Il refusait de s’asseoir avec nous dans l’auto, afin de ne pas jouir des privilèges des bureaucrates. En revanche, il prenait jalousement sa part dans tous les « samedis communistes » et autres « mobilisations de travail », il nettoyait la neige dans les rues de Moscou, « liquidait » l’analphabétisme, déchargeait le pain et le bois des wagons, et ensuite, en qualité d’élève polytechnicien, réparait les locomotives. Il ne s’est pas trouvé sur le front des opérations, c’est seulement parce que l’addition de deux et même trois années supplémentaires n’aurait pu l’aider : la guerre civile s’est terminée quand il avait seulement quinze ans. Mais plusieurs fois, il m’avait accompagné sur le front, s’imprégnant d’impressions sévères (rudes), et connaissait fermement le pourquoi de cette lutte sanglante.

    Les derniers télégrammes d’agence ont appris que Sédov vivait à Paris « dans les conditions les plus modestes ». Ajoutons, beaucoup plus modestes que celles des ouvriers qualifiés. Mais à Moscou, dons ces années où son père et sa mère occupaient de hautes fonctions, il ne vivait guère mieux que ces derniers temps à Paris, plutôt moins bien. Etait-ce une règle parmi la jeunesse bureaucratique ? Non, alors déjà, c’était une exception.

    Dans ce garçon, et plus tard dans l’adolescent, et dans le jeune homme, le sentiment du devoir et du sacrifice s’est éveillé de bonne heure.

    En 1923, Léon s’est brusquement et entièrement plongé dans le travail de l’opposition. II serait injuste de voir là seulement l’influence de ses parents. II avait quitté le bel appartement du Kremlin pour le logement en commun, froid, sale et sans pain, non seulement sans intervention de notre part, mais contre notre volonté.

    Son orientation politique a été déterminée par ce même instinct qui l’incitait à préférer les tramways surchargés de monde aux limousines du Kremlin. La plate-forme de l’Opposition a seulement donné une expression politique aux traits organiques de son caractère. Léon rompait inflexiblement avec les étudiants amis, que leurs pères bureaucrates arrachaient à coups de griffes du « trotskysme », et retrouvait le chemin de ses amis boulangers.

    Ainsi, à 17 ans, a commencé sa vie pleinement consciente de révolutionnaire. Il a vite assimilé l’art de la conspiration, des réunions illégales, de la presse secrète et de la diffusion des écrits oppositionnels.

    Le Komsomol a rapidement formé les cadres de ses chefs oppositionnels.

    Léon se distinguait par des qualités remarquables de mathématicien. Il venait infatigablement en aide aux étudiants prolétariens, n’ayant pas fait d’études secondaires. Et, dans ce travail, il mettait toute son ardeur, corrigeait, poussait en avant, grondant les paresseux. II considérait son jeune enseignement comme un service consacré à sa classe. Ses propres études à l’Institut technique supérieur se poursuivaient avec succès. Mais elles ne prenaient qu’une partie de sa journée de travail. La plus grande partie de son temps, il la donnait avec ses forces et son âme, à la cause de la révolution.

    En hiver 1927, quand commença la destruction politique de l’Opposition, Léon achevait sa vingt-deuxième année. Il avait déjà un enfant qu’il venait nous montrer avec fierté au Kremlin. Sons une minute d’hésitation, il s’est arraché à sa jeune famille et à son école, pour partager notre sort en Asie Centrale. II agissait non seulement comme un fils mais, avant tout, comme un camarade d’idées ; il fallait avant tout assurer notre liaison avec Moscou.

    Son travail à Alma-Ata, pendant toute une année, fut, en toute sincérité, incomparable. Nous le nommâmes ministre des Affaires étrangères, ministre de la police, ministre des P.T.T. Et, dans toutes ces fonctions, il fut obligé de s’appuyer sur un appareil illégal. Sur les instructions du Centre Oppositionnel de Moscou, le camarade X..., très dévoué et très sûr, avait acquis une voiture et une troïka de chevaux et travaillait en qualité de cocher indépendant entre Alma-Ata et Frounzé (Pichpek) alors station terminale de la ligne de chemin de fer.

    Le travail qui lui était dévolu était de nous apporter, toutes les deux semaines, le courrier secret de Moscou et de rapporter nos lettres et manuscrits à Frounzé où l’attendait le courrier de Moscou. Parfois, des courriers spéciaux nous arrivaient de Moscou. Les rencontrer n’était pas une chose facile à faire.

    Nous étions logés dans une maison de tous côtés entourée d’organisations de la Guépéou et des appartements de ses agents. Les rapports extérieurs reposaient sur Léon. Il quittait le logis par les nuits profondes, pluvieuses ou neigeuses, ou, trompant la vigilance des espions, il s’échappait dans la journée de la bibliothèque, retrouvant les agents de liaison à l’établissement des bains publics, ou dans les fourrés profonds, aux environs de la ville, ou encore au marché oriental où les Kirghizes grouillaient en foule, avec les chevaux, les ânes et les marchandises.

    Chaque fois, il revenait frémissant et heureux, avec une flamme guerrière dans les yeux et avec des acquisitions précieuses cachées sous le linge. Ainsi, pendant une année, il fut imprenable à l’adversaire.

    Et mieux que cela, il entretenait avec ces ennemis, « camarades » d’hier, les rapports les plus « corrects », presque « amicaux », montrant un self-contrôle et un tact constant et nous protégeant soigneusement de tout conflit avec l’extérieur.

    La vie idéologique de l’opposition était alors à son apogée. C’était l’année du 6º Congrès du Komintern. Dans les colis de Moscou arrivaient des dizaines de lettres, articles, thèses de célébrités et d’inconnus.

    Dans les premiers mois, jusqu’au changement brutal de la politique de la guépéou, de nombreuses lettres arrivaient aussi par la poste officielle des différents lieux de déportation.

    Dans ce matériel varié, il fallait opérer une soigneuse discrimination. Et là, je ne me convainquais qu’avec étonnement comment, d’une manière pour moi imperceptible, cet enfant avait eu le temps de mûrir, comme il savait bien choisir parmi les hommes, il connaissait une quantité beaucoup supérieure d’oppositionnels que moi. Combien sûr était son instinct révolutionnaire, lui permettant de distinguer sans hésitation le vrai du faux, le réel du superficiel. Les yeux de sa mère, qui connaissait davantage son fils, s’illuminaient de fierté à nos entretiens.

    D’avril à octobre, il nous arriva près de 1000 lettres politiques et documents et près de 700 télégrammes. Nous avons expédié, pour la même période, 800 lettres politiques, et, dans cette quantité, une série de travaux considérables comme la critique du programme du Komintern, etc. Sans mon fils, je n’aurais pu accomplir la moitié du travail.

    Une aussi étroite collaboration ne signifiait pas, toutefois, que des frictions ne s’élevaient pas entre nous, et parfois des différents aigus.

    Mes rapports avec Léon, pas plus à ce moment-là que plus tard, dans l’émigration, ne se distinguaient particulièrement – loin de là – par un caractère égal ni dépourvu d’aspérités.

    Je ne m’élevais pas seulement contre ses appréciations catégoriques à l’égard de certains « vieux » de l’opposition par des rectifications et des semonces énergiques, mais encore, je laissais apparaître, dans mes rapports avec lui, l’exigence et le formalisme qui me sont inhérents dans les questions pratiques.

    Ces traits peut-être utiles et même indispensables pour un travail de grande envergure, mais assez insupportables dans les relations privées, ont rendu la tâche difficile aux êtres qui me furent le plus proche. Et comme le plus proche d’entre tous les jeunes était mon fils, il a eu ordinairement plus à supporter que tous les autres. A un oeil superficiel, il pouvait même sembler que nos rapports étaient empreints de sévérité ou d’indifférence. Mais sous cette apparence existait un profond attachement réciproque, fondé sur quelque chose d’incomparablement plus grand que la communauté du sang : la communauté de vues et des jugements, les sympathies et les haines, les joies et les souffrances vécues ensemble, et les mêmes et grandes espérances. Et cet attachement mutuel s’illumina de temps à autre de flammes tellement vives, qu’elles récompensaient nos trois destins de la médiocre usure du quotidien.

    Ainsi nous vécûmes à 4000 Kms de Moscou, à 250 Kms de la voie ferrée, une année difficile et inoubliable, qui est restée toute entière sous le signe de Léon, ou plus exactement de « Lévik » ou de « Levoussetki », comme nous l’appelions.

    En janvier 1929, le bureau politique décréta mon bannissement « au-delà des limites de l’#URSS » et, comme il s’est avéré, en Turquie.

    Aux membres de ma famille fut laissé le droit de m’accompagner. De nouveau sans hésitation, Léon décida de nous suivre en exil, se séparant à jamais de sa femme et de son fils qu’il aimait beaucoup.

    Dans notre vie s’ouvrit un nouveau chapitre, avec une page presque vierge : relations, amitiés, liaisons, il fallut nouer tout cela à nouveau. Et de nouveau notre fils devint pour nous tous l’intermédiaire dans les rapports avec le monde extérieur, le gardien, le collaborateur, le secrétaire, comme à #Alma-Ata, mais sur un plan de beaucoup plus vaste. Les langues étrangères qu’il possédait, étant enfant, mieux que le russe, se trouvèrent presque oubliées dans la fièvre des années révolutionnaires.

    II fallut les étudier à nouveau. On commença un travail littéraire approprié. Les archives et la bibliothèque étaient entièrement dans les mains de Léon. Il connaissait bien les oeuvres de Marx, d’Engels et de #Lénine, il connaissait à merveille mes livres et manuscrits, l’histoire du parti et de la révolution, l’histoire des falsifications thermidoriennes. Dans le chaos même de la bibliothèque publique d’Alma-Ata, il avait étudié les collections de la Pravda des années soviétiques et avait tiré d’elles, avec un esprit d’investigation sans faille, les citations et les extraits indispensables. Sans cette documentation précieuse et sans les recherches ultérieures faites par Léon dans les archives et les bibliothèques, d’abord en #Turquie, ensuite à Berlin, finalement à Paris, pas un des travaux que j’ai écrits au cours de ces dix dernières années n’eut été possible, et en partie L’Histoire de la Révolution Russe. Sa collaboration, incalculable par sa quantité, n’avait pourtant pas qu’un caractère « technique ». Le choix personnel des faits, des citations, des caractéristiques, prédéterminait ma méthode de développement, ainsi que les conclusions. Dans #la_Révolution_Trahie, il y a pas mal de pages écrites par moi sur les données de quelques lignes extraites des lettres de mon fils et des illustrations tirées par lui des journaux soviétiques qui m’étaient inaccessibles. Encore plus de matériaux m’ont été fournis par lui pour la biographie de Lénine. Une telle collaboration était seulement possible parce que notre solidarité idéologique était entrée dans le sang et dons les nerfs. Presque tous mes livres à partir de l’année 1928 devraient en toute justice porter le nom de mon fils à côté du mien.

    A Moscou, il restait à Léon une année et demie jusqu’à l’achèvement de sa formation d’ingénieur. Nous insistions avec sa mère pour qu’il revint à l’étranger aux études abandonnées. Une nouvelle équipe de jeunes collaborateurs de tous les pays avait eu entre temps le loisir de se former à Prinkipo, en étroite collaboration avec mon fils. Léon ne consentit au départ que sous la pression du fait que, en Allemagne, il pouvait rendre d’inappréciables services à l’#Opposition_de_gauche internationale

    Ayant repris à Berlin ses occupations estudiantines (il fallut repartir au commencement), Léon en même temps s’était consacré tout entier au travail révolutionnaire. Bientôt il entra au Secrétariat International en qualité de représentant de la section russe. Ses lettres d’alors à sa mère démontrent avec quelle rapidité il s’était assimilé à l’atmosphère politique de l’Allemagne et de l’Europe Occidentale, comme il savait bien distinguer parmi les hommes et discerner parmi leurs divergences et les nombreux conflits de cette période infantile de notre mouvement. Son instinct révolutionnaire, enrichi déjà d’une sérieuse expérience, l’aidait à trouver la voie juste dans presque tous les cas, d’une manière indépendante. Comme nous nous réjouissions de trouver dans ses lettres fraîchement décachetées, les mêmes raisonnements et conclusions que je recommandais la veille à son attention. Et combien, passionnément et sobrement, se réjouissait-il de telles rencontres dans nos idées. Le recueil des lettres de Léon constituera indubitablement une des sources les plus précieuses pour l’étude de la préhistoire intérieure de la Quatrième Internationale.

    Mais les affaires russes demeuraient au centre de ses préoccupations. Encore à Prinkipo, il devint l’éditeur effectif du Bulletin de l’Opposition russe dès son apparition (mi-1929 et avait complètement pris en charge ce travail dans ses mains depuis son départ à Berlin ( début 1931 ), d’où le Bulletin fut transféré à sa suite à Paris. La dernière lettre de Léon que nous avons reçue, écrite le 4 Février 1938, douze jours avant sa mort, commence par ces mots :

    « Je vous envoie les épreuves du Bulletin, car le prochain bateau ne partira pas de sitôt, et le Bulletin ne sera prêt que demain matin. »
    La sortie de chaque numéro fut un petit événement dans sa vie – petit événement qui coûtait de grands efforts –. La composition du Bulletin, la finition des matériaux bruts, la rédaction des articles, une correction minutieuse, l’expédition, la correspondance avec les amis et les correspondants et ce qui ne vient pas à la dernière place, ce qui n’était pas le moins important la recherche des moyens financiers. En revanche, comme il s’enorgueillissait de chaque numéro « réussi ». Dans les premières années de l’émigration, il entretenait une correspondance considérable avec les oppositionnels en U.R.S.S. Mais en 1932, la Guépéou rompit presque tous nos liens.

    II fallut chercher des informations fraîches par des voies détournées.

    Léon était toujours sur le « qui-vive », cherchant avidement des tuyaux de Russie, s’emparant des touristes revenus d’U.R.S.S., des étudiants soviétiques en mission et des fonctionnaires sympathisants des Représentations à l’étranger. Il parcourait Berlin pendant des heures entières et ensuite Paris, pour semer les agents de la Guépéou à sa poursuite et ne pas compromettre ses informateurs. Pendant toutes ces années, il n’y eut pas un cas où quelqu’un eût à souffrir de son manque de vigilance, de son inattention ou de son manque de discernement.

    Sur les rapports de la #Guépéou, il figurait sous le sobriquet de « fiston », ainsi que nous en informait l’infortuné Reiss ; on a dit plus d’une fois à la Lublianka :

    "Le « Fiston » travaille habilement, le « Vieux » l’aurait dure sans lui."
    C’était la vérité. La tâche n’eût pas été facile sans lui ! Justement pour cette raison, les agents de la Guépéou, pénétrant aussi dans les organisations de l’Opposition, entouraient Léon d’un filet épais d’observations, d’intrigues, de pièges. Dans les procès de Moscou, son nom figurait invariablement à côté du mien. Moscou cherchait le moyen d’en finir à tout prix avec lui.

    Après l’arrivée de Hitler au pouvoir, le Bulletin de l’Opposition fut immédiatement interdit. Léon passa en Allemagne encore quelques semaines, menant un travail illégal et se cachant de la Gestapo dans les appartements étrangers. Nous sonnâmes l’alarme avec sa mère, insistant sur un départ immédiat de l’Allemagne. Au printemps 1933, Léon se décida enfin à abandonner un pays qu’il avait eu le temps de connaître et d’aimer et se logea à Paris où le suivit le Bulletin. Ici, Léon recommença ses études à nouveau : il fallut passer un examen dans une école française d’enseignement secondaire, ensuite, pour la troisième fois, recommencer en Sorbonne, depuis le début, ses études de Physique et de Mathématiques à la Faculté des Sciences. Il vivait à Paris dans des conditions difficiles, dans le besoin, s’occupant par à-coups de ses études universitaires, mais, grâce à des dispositions remarquables, il put mener ses études à bonne fin, c’est-à-dire jusqu’au diplôme.

    Ses principaux efforts, à Paris, étaient consacrés, encore plus qu’à Berlin à la #révolution et à une collaboration littéraire avec moi. Dans les dernières années, Léon commença à écrire lui-même plus systématiquement pour la presse de la Quatrième Internationale. A des signes divers, notamment à la rédaction de ses mémoires, pour mon autobiographie, j’ai commencé à soupçonner en lui, encore à Prinkipo, des dispositions littéraires. Mais il était surchargé par toutes sortes d’autres travaux, et, comme les idées et les thèmes nous étaient communs, il me consacrait toujours son activité d’écrivain.

    En Turquie, il écrivit, à ce qu’il m’en souvient, seulement un article de dimensions plus importantes : « Staline et l’Armée Rouge ou comment on écrit l’histoire », sous la signature de Markine, matelot révolutionnaire, auquel l’unissait, dans ses années d’enfance, une amitié colorée d’une véritable adoration. Ce travail entra dans mon livre « Les crimes de Staline ». Ultérieurement, ses articles ont paru toujours plus fréquemment, dans les pages du Bulletin et autres publications de la Quatrième Internationale, chaque fois sous la pression des nécessités. Léon écrivit seulement quand il avait quelque chose à dire et qu’il savait que nul autre ne pourrait l’exprimer mieux. Dans la période norvégienne de notre vie, je recevais de divers côtés des lettres me demandant d’analyser le mouvement stakhanoviste, qui atteignit, dans une certaine mesure, notre mouvement à l’improviste. Quand il apparut que le prolongement de ma maladie ne pourrait me permettre de faire face à ce problème, Léon me fit parvenir le projet de son article sur le stakhanovisme avec une lettre d’introduction très modeste. Le travail me parut, par son sérieux et par sa pénétration, embrasser la question sous tous ses aspects, plein de concision et de relief dans l’argumentation.

    Je me souviens quelle joie causa mon approbation chaleureuse à Léon. L’article fut imprimé en plusieurs langues et établit immédiatement un point de vue juste sur l’édification socialiste sous le fouet de la bureaucratie. Des dizaines d’articles ultérieurs n’ont rien ajouté de concret à cette analyse.

    Le principal ouvrage littéraire de Léon fut toutefois son livre « Le Procès de Moscou », consacré au procès des seize (Zinoviev, Kamenev et autres) et publié en français et en allemand. Nous nous trouvions alors, avec ma femme, dans la prison norvégienne, pieds et mains liés, sous les coups de la plus monstrueuse des calomnies. A certains degrés de la paralysie, les êtres voient, entendent et comprennent tout, mais sont incapables de remuer le petit doigt pour écarter un danger mortel.

    Le gouvernement « socialiste » norvégien nous contraignit à cette paralysie politique. Dans ces conditions, le livre de Léon fut pour nous un présent inappréciable, première et cinglante réplique aux falsifications du Kremlin. Je me souviens que les premières pages m’en parurent plutôt pâles ; ceci parce qu’elles répétaient une appréciation politique de l’ensemble de la situation en U.R.S.S. déjà faite précédemment.

    Mais à partir du moment où l’auteur a abordé l’analyse personnelle du procès lui-même, je me suis senti tout à fait entraîné. Chaque nouveau chapitre me paraissait meilleur que le précédent. « Bravo, Levoussetka, » nous disions nous avec ma femme. « Nous avons un défenseur ! » Comme ses yeux devaient briller joyeusement en lisant nos louanges chaleureuses !

    Dans certains journaux, et en partie dans l’organe central de la social-démocratie danoise, on émettait la conviction que, malgré les conditions rigoureuses de l’internement, j’avais visiblement trouvé le moyen de prendre part à l’ouvrage paru sous le nom de Sédov. « On sent la main de Trotsky ». Tout cela, inventions ! Dans le livre, il n’y a pas une ligne de moi.

    Beaucoup de camarades qui étaient enclins à considérer Sédov seulement comme le fils de Trotsky – comme en Karl Liebknecht, on n’a vu pendant longtemps que le fils de Wilhelm Liebknecht – ont eu la possibilité de se convaincre, ne fut-ce QUE PAR ce livre, qu’il représentait une personnalité indépendante, mais une personnalité d’envergure.

    Léon écrivait comme il faisait tout le reste, c’est-à-dire consciencieusement : il étudiait, réfléchissait, vérifiait. La gloire littéraire lui était étrangère. Les déclamations de propagande ne le séduisaient guère. En même temps, chaque ligne écrite par lui est illuminée par une flamme vivante dont la source était son rare tempérament révolutionnaire.

    Les événements de sa vie privée et familiale de notre époque, ont formé son caractère et l’ont trempé. En 1905, sa mère attendait sa naissance dans une prison de Pétersbourg.

    Le vent de libéralisme l’en a fait sortir en automne. l’enfant est venu au monde en février de l’année suivante. A ce moment-là, j’étais déjà en prison. Voir mon fils pour la première fois ne me fut possible que treize mois après, lors de l’évasion de Sibérie. Ses toutes premières impressions furent imprégnées du souffle de la première révolution russe, dont la défaite nous jeta en Autriche. La guerre frappa la conscience de ce garçon de huit ans, en nous rejetant en Suisse. Mon expulsion fut la seconde de ses grandes leçons.

    Sur le paquebot, il tenait des conversations révolutionnaires mimées avec le chauffeur catalan. La révolution signifiait pour lui tous les biens et, avant tout, le retour en Russie. Sur la route du retour d’Amérique, à Halifax, Lévik, âgé de douze ans, avait frappé du poing un officier britannique. II savait qui frapper : non les matelots qui m’emportaient du navire, mais l’officier qui commandait. Au Canada, au moment de mon internement au camp de concentration Léon apprit à dissimuler et à jeter furtivement à la boite les lettres non contrôlées par la police. A Pétrograd, il fut brusquement plongé dans une atmosphère de poursuite anti-bolchévique.

    A l’école bourgeoise où il se trouva d’abord, les fils de libéraux et des S.R. le battaient parce que fils de Trotsky.

    Il vint un jour au Syndicat des ouvriers du bois où travaillait sa mère, avec la main ensanglantée ; c’était le résultat d’une explication politique avec les fils des kérenskystes. Il se joignait dans la rue à toutes les manifestations et se cachait dans les portes cochères des forces armées du Front Populaire de l’époque (coalition des cadets, des S.R. et des menchéviks). Après les journées de juillet, amaigri et pâle il me rendait visite dans la prison de Kérenski et de Tséretelli. Dans la famille d’un colonel ami, au cours d’un déjeuner, Léon et Serge se jetèrent armés de couteaux sur un officier qui avait déclaré que les bolchéviks étaient des agents du Kaiser. Ils répondirent d’une manière à peu près analogue à l’ingénieur Sérébrowsky, plus tard membre du C.C. stalinien qui essaya de les persuader que Lénine était un espion allemand.

    Lévik apprit tôt à faire grincer ses jeunes dents à la lecture de la calomnie des journaux. Il passa les journées d’Octobre avec le matelot Markine qui, à ses heures de loisir, lui enseignait l’art du tir, dans la cave.

    Ainsi s’est formé le futur militant. La révolution n’était pas pour lui une abstraction, oh, non ! Elle le pénétrait par les pores de sa peau. C’est pourquoi il agissait sérieusement avec le devoir révolutionnaire commençant par les volontaires des samedis communistes et finissant par les traînards. C’est pourquoi plus tard, il est entré si ardemment dans la lutte contre la bureaucratie. En automne 1927, Léon accomplissait un voyage oppositionnel à travers l’Oural, en compagnie de Mratchkowsky et de Deloborodov. Au retour tous deux parlaient avec un enthousiasme sincère de la conduite de Léon, au cours d’une lutte aiguë et sans espoir, de ses interventions sans compromis aux réunions de la jeunesse, de son courage physique devant les bandes d’apaches suscitées par la bureaucratie, de sa virilité morale, lui permettant de subir la défaite en portant haut sa jeune tête. Quand il revint de l’Oural, devenu homme en six semaines, j’étais déjà exclu. II fallait s’apprêter pour la déportation.

    Il n’y avait en lui aucun manque de discernement, ni aucune forfanterie, loin de là. Mais il savait que le danger était l’essence de la révolution comme de la guerre. Il savait, quand il le fallait, et il le fallait souvent, aller au devant du danger. Sa vie, en France, où la Guépéou a des amis à tous les étages de l’édifice étatique, était une chaîne ininterrompue de dangers. Des assassins professionnels étaient sans relâche à ses trousses. Ils vivaient à côté de son appartement. Ils volaient ses lettres, ses archives et écoutaient ses conversations téléphoniques. Quand après sa maladie, il passa deux semaines sur les bords de la Méditerranée, son seul repos au cours de longues années, les agents du Guépéou prirent pension au même hôtel. Quand il se prépara à partir pour Mulhouse afin de rencontrer l’avocat suisse, à propos de l’affaire des calomnies staliniennes dans la presse, toute une bande de la Guépéou l’attendait à la gare de Mulhouse, celle-là même qui, plus tard assassina Ignace REISS. Léon échappa à une perte certaine, seulement grâce à ce que, tombé malade la veille, il ne pouvait quitter Paris avec une température de 40º. Tous ces faits sont établis par les autorités judiciaires de France et de Suisse. Et combien de secrets restent-ils non encore dévoilés ? Ses amis les plus proches nous écrivaient il y a trois mois, qu’à Paris, il courait un trop grand danger, et insistaient pour son départ pour le Mexique. Léon répondait que le danger était certain à Paris, mais que c’était un poste de combat trop important et que l’abandonner serait criminel. II ne restait qu’à s’incliner devant cette raison.

    Quand, à l’automne de l’année dernière, commença une série de rupture entre les agents soviétiques à l’étranger, le Kremlin et la Guépéou, Léon se trouva au centre de ces événements. Certains amis protestaient contre ses relations avec ces nouveaux alliés non encore « éprouvés » : une provocation était possible. Léon répliquait : le risque est indéniable, mais impossible de développer ce mouvement important en restant à l’écart. Il fallait prendre Léon, cette fois encore, tel que l’avaient fait la nature et les circonstances politiques. Comme un vrai révolutionnaire, il appréciait la vie seulement dans la mesure où elle servait la lutte libératrice du prolétariat.

    Le 16 février, les journaux mexicains du soir imprimèrent un court télégramme annonçant la mort de Léon Sédov à la suite d’une intervention chirurgicale. Pris par un travail urgent, je n’avais pas vu ces journaux. Diégo Rivera contrôla par radio de sa propre initiative et vint m’apporter la terrible nouvelle. Au bout d’une heure, j’ai appris la mort de notre fils à Natalia – dans ce même mois de février où, 32 ans plus tôt, elle m’avait appris en prison sa naissance. Ainsi s’acheva ce 16 février, la journée la plus noire de notre vie privée.

    Nous nous attendions à beaucoup, presque à tout, mais pas à cela. C’est que très peu de temps avant, Léon nous avait fait part de son intention d’entrer comme ouvrier dans une usine. En même temps, il exprimait l’espoir d’écrire, pour un centre d’études, l’histoire de l’opposition russe. II était rempli de projet. Seulement deux jours avant que la nouvelle de sa mort ne nous parvint, nous reçûmes de lui une lettre énergique et pleine de vie, datée du 4 février. Elle est devant moi. « Nous nous préparons au procès en Suisse ; l’affaire concerne la mise en jugement des participants à l’assassinat d’Ignace Reiss, écrivait-il l’atmosphère y est très favorable en ce qui concerne l’opinion publique et aussi l’attitude des autorités. » Il énumérait une série d’autres faits et symptômes favorables. « En somme, nous marquons des points. » La lettre respirait la confiance dans l’avenir. D’où provenait donc ce mal et cette mort fulgurante au bout de 12 jours ?

    Première et essentielle supposition : le poison. Trouver accès auprès de Léon, de ses vêtements, de sa nourriture n’offrait guère de difficultés aux agents de Staline. Est-ce qu’une enquête judiciaire, même libérée des raisons diplomatiques peut, à cet égard, parvenir à la pleine lumière ? En relation avec la guerre, la chimie et l’art de l’empoisonnement ont atteint, ces temps derniers, un développement tout particulier. Les secrets de cet art sont à vrai dire inaccessibles aux simples mortels. Mais aux empoisonneurs de la Guépéou tout est accessible. Il est tout à fait possible d’admettre qu’un tel poison, ne laissant pas de traces après le décès, même à la plus minutieuse des analyses. Et où sont les garanties de la minutie ?

    Ou bien l’ont-ils tué sans le secours de la chimie ? Il a fallu trop supporter à ce jeune être, très sensible et très tendre, dans les profondeurs de sa nature. Une campagne de plusieurs années déjà contre son père et les meilleurs de ses camarades aînés, que Léon s’est habitué dès l’enfance à respecter et à aimer, avait profondément secoué son organisme moral. Une longue suite de capitulations des participants de l’opposition ne lui a pas porté un coup moins rude. Ensuite suivit le suicide à Berlin de Zina, ma fille aînée, que Staline avait traîtreusement, par pure vengeance, arrachée de ses enfants, de sa famille, de son milieu. Léon se trouva sur les bras le cadavre de sa soeur aînée et un enfant de 6 ans. Il résolut d’essayer d’obtenir une communication téléphonique avec son frère cadet, Serge, à Moscou. Est-ce que la Guépéou avait perdu la tête devant le suicide de Zina, ou espérait-elle surprendre quelque secret, le fait est que la communication fut établie, contre toute attente, et Léon réussit à communiquer de vive voix la nouvelle tragique à Moscou. Telle fut l’ultime conversation des deux frères, condamnés déjà, sur le corps encore chaud de leur soeur. Les communications de Léon à Prinkipo sur ce qu’il venait de vivre furent courtes, avares, mesurées. Il nous épargnait trop. Mais sous chaque ligne se sentait l’insupportable tension morale.

    Les difficultés matérielles et les privations, Léon les supportait facilement, comme un vrai prolétaire, en plaisantant mais elles aussi, naturellement, laissèrent leur trace. Infiniment plus destructives furent les épreuves morales ultérieures. Le procès des seize à Moscou, le caractère monstrueux de l’accusation, les dépositions hallucinantes des accusés, et dans ce monde Smirnov et Mratchkowsky, que Léon connaissait bien et aimait, l’internement inattendu de son père et de sa mère en Norvège, quatre mois sans nouvelles, le vol des archives, notre déportation secrète avec ma femme au Mexique, le deuxième procès de Moscou, avec des accusations et des aveux encore plus délirants, la disparition de son frère Serge, sous l’accusation « d’empoisonnement d’ouvriers », les innombrables exécutions d’hommes qui furent autrefois des amis proches ou qui le restèrent jusqu’au bout, les poursuites et lès attentats de la Guépéou en France, l’assassinat de Reiss en Suisse, le mensonge, la bassesse, la trahison et les pièges – non, le « stalinisme » – était pour Léon autre chose qu’un phénomène politique abstrait, mais une série ininterrompue de coups moraux et de défaites psychiques. Fallut-il aux spécialistes moscovites recourir à la chimie afin de parachever leur oeuvre, ou suffisait-il de tout ce qu’ils avaient fomenté auparavant, le résultat demeure le même : ILS L’ONT ASSASSINÉ. Et la nouvelle de sa mort fut marqué comme un grand triomphe au calendrier thermidorien.

    Avant de le tuer, ils firent tout pour calomnier et noircir notre fils aux yeux des contemporains et des générations à venir. Caïn-Djougachvili et ses acolytes essayèrent de transformer Léon en agent du fascisme et en partisan secret d’une restauration capitaliste en URSS, en organisateur de catastrophes de chemin de fer et en assassin d’ouvriers. Grands furent les efforts de ces crapules ! Des tonnes de boue thermidorienne tombent sur sa jeune image sans y laisser une seule tâche. Léon était essentiellement un être humain d’une propreté et d’une honnêteté transparentes. II pouvait raconter sa vie à n’importe quelle assemblée ouvrière, sa vie brève par ses jours comme court est mon récit.

    II n’avait rien à se reprocher, rien à sceller. L’honnêteté morale était le fil conducteur de son caractère. II servait sans fléchir la cause des opprimés et, en cela, il restait fidèle à lui-même. Des mains de la nature et de l’histoire, il est issu homme d’une trempe héroïque. Les grands et terribles événements qui s’approchent de nous auront besoin de tels êtres. Si Léon avait vécu jusqu’à ces événements, il aurait montré sa vraie mesure. Mais il ne les a pas atteints. Notre Léon n’est plus, notre enfant, notre fils et militant héroïque !

    Avec sa mère, qui fut pour lui l’être le plus proche en ce monde, nous vivons ces heures terribles, évoquant son image, trait pour trait, ne pouvant croire qu’il n’est plus, et pleurons car il n’est plus possible de ne pas le croire.

    Comment nous habituer à cette idée qu’est disparu, sur l’étendue terrestre, le lumineux point humain, qui nous fut lié par les fils indestructibles des souvenirs communs, de la compréhension mutuelle et d’un tendre attachement. Personne ne nous connaissait ni ne nous connaît comme lui, avec nos côtés forts et nos côtés faibles. II était une part, la part jeune de nous deux. Pour cent raisons, nos pensées et nos sentiments allaient chaque jour vers lui, à Paris. Avec notre garçon est mort tout ce qui demeurait en nous de jeune.

    Adieu, Léon ! Adieu, cher et incomparable ami ! Nous ne pensions pas, avec ta mère, nous ne nous attendions pas à ce que le sort nous chargeât de cette terrible tâche : écrire ta nécrologie. Nous vivions avec la ferme certitude que longtemps après nous encore, tu serais le continuateur de l’oeuvre commune. Mais nous n’avons pas su te protéger. Adieu Léon ! Nous léguons ta pure mémoire à la jeune génération ouvrière de ce monde. Tu auras droit de cité dans les oeuvres de ceux qui travaillent, souffrent et luttent pour un monde meilleur.

    JEUNESSE RÉVOLUTIONNAIRE DE TOUS LES PAYS, PRENDS NOUS LE SOUVENIR DE NOTRE LÉON, ADOPTE LE, IL LE MÉRITE ET QUE, DÉSORMAIS, IL PARTICIPE INVISIBLE A TES LUTTES, PUISQUE LE SORT LUI A REFUSÉ LE BONHEUR DE PRENDRE PART A LA VICTOIRE FINALE.

    LÉON TROTSKY
    20 février 1938 – COYOACAN (Mexique)

    #Léon_Sédov #Léon_Trotsky #assassinat #Staline #stalinisme #jeunesse_révolutionnaire #révolution _sociale #procès_de_moscou

  • Following a Two-Year Decline, Suicide Rates Rose Again in 2021 - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/02/11/health/suicide-rates-cdc.html?te=1&nl=science-times&emc=edit_sc_20230214

    A two-year decline in yearly suicides ended in 2021, as suicide rates rose among younger Americans and people of color, according to a new report from the Centers for Disease Control and Prevention.

    For decades, suicide rates among Black and Hispanic Americans were comparatively low, around a third the rate recorded among white Americans. But a gradual shift is underway, as suicide rates rise in populations most affected by the pandemic.

    Between 2018 and 2021, the suicide rate among Black people increased by 19.2 percent, from 7.3 to 8.7 per 100,000. The swiftest rise took place among some of the youngest Black people, those ages 10 to 24. The suicide rate in that group rose by 36.6 percent, from 8.2 to 11.2 per 100,000.

    Among people ages 25 to 44, suicide rates rose 5 percent overall, and even more significantly among Black, Hispanic, multiracial and American Indian or Alaska Native people. The suicide rate remained highest among Native American and Alaska Native people, increasing by 26 percent, from 22.3 to 28.1 per 100,000, in that period.

    The only racial group that saw a decrease in suicide rates across age cohorts was non-Hispanic white people. That population saw a decline of 3.9 percent, from 18.1 to 17.4 per 100,000. Suicide deaths in the white population numbered 36,681, more than three-quarters of the total number.

    The study did not examine reasons for the divergence in suicide rates among racial groups, but suicide may be influenced by financial stress, social isolation, substance use, barriers to health care and access to lethal means like firearms, among other factors, said Deborah Stone, lead behavioral scientist at the C.D.C.
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    The number of suicides has been climbing for decades and reached its highest point, 48,344, in 2018. Many expected the pandemic to cause a spike in suicides, but in 2020 the numbers dropped for the second year in a row, to 45,979.

    That dip seemed to come to an end in 2021, with a total of 48,183 suicides.

    Previous pandemics, wars and natural disasters have also seen a temporary drop in suicide rates, as communities mobilize to weather a crisis, said Dr. Christine Moutier, the chief medical officer of the American Foundation for Suicide Prevention.

    Collective emergencies bring a “retrenching, with psychological girding and resilience and working against a common enemy,” Dr. Moutier said. “That will wane, and then you will see rebounding in suicide rates. That is, in fact, what we feared would happen. And it has happened, at least in 2021.”

    One factor in rising suicide rates in younger age groups is the “remarkable weakening of our mental health response system,” which has made it extraordinarily challenging to get care for children and adolescents in crisis, said Mitch Prinstein, the chief science officer of the American Psychological Association.

    He offered the example of a friend, who, alarmed when their child expressed suicidal thoughts, waited 36 hours in an emergency room, was sent home after a ten-minute examination “with no resources whatsoever,” and then waited weeks for admission to an outpatient program.

    “It’s just become completely untenable,” he said. “We shouldn’t be surprised that some kids are experiencing a worsening of their symptoms to the point where suicide is more common.”

    #Suicide #Etats-Unis #Jeunesse #Santé_publique

  • Un jeune sur quatre vit sous le seuil de pauvreté | Mediapart | 10.02.23

    https://www.mediapart.fr/journal/france/100223/un-jeune-sur-quatre-vit-sous-le-seuil-de-pauvrete

    Une étude de la Dress publiée ce vendredi [revisite des données de 2014 et] indique que 26 % des jeunes de 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté. En mobilisant plusieurs outils de mesure, l’organisme démontre que le taux de pauvreté monétaire grimpe à 40 % pour ceux qui sont étudiants et habitent seuls. Un phénomène jugé « très largement structurel ».

    Dress = Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques

    https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/les-dossiers-de-la-drees/mesurer-le-niveau-de-vie-et-la-pauvrete

    Calculer la précarité des jeunes reste un défi, indique la Drees qui a voulu produire une radiographie, plus fine et plus sensible. Pour ce faire, elle a compilé et interprété les données issues de l’« enquête nationale sur les ressources des jeunes » (ENRJ) réalisée en 2014.

    Si les chiffres sont anciens, la Drees propose une nouvelle mesure du niveau de pauvreté des jeunes adultes en embrassant trois dimensions : monétaire, en conditions de vie et subjective. Cela permet de ne pas sous-estimer le nombre de jeunes adultes pauvres et de prendre en compte « l’hétérogénéité » de leurs ressources.
    [...]
    L’autre enseignement intéressant de cette étude concerne la dimension genrée de la pauvreté. Être une femme, pour les jeunes de 18 à 24 ans, n’entraîne pas de risques supérieurs d’être sous le seuil de pauvreté que les hommes du même âge. « L’entrée dans la vie adulte constitue une période d’instabilité économique qui touche les femmes comme les hommes : les écarts de niveau de vie selon le sexe sont encore faibles, une fois contrôlées les trajectoires éducatives, les situations professionnelle et résidentielle. »

    • Iran : face à une dictature obscurantiste, élément de l’ordre impérialiste

      Cercle Léon Trotsky n°170 (#archiveLO, 5 février 2023)

      Le texte : https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/iran-face-une-dictature-obscurantiste-element-de-lordre-imperialiste

      Sommaire :

      – Introduction
      – Sous la tutelle impérialiste
      – L’impact de la #révolution_russe
      – De la tutelle britannique à celle des #États-Unis, l’échec de #Mossadegh
      – Le #chah, un dictateur au service de l’#impérialisme américain
      – L’opposition politique au chah
      – La montée révolutionnaire de 1978-79
      – La #république_islamique, une dictature réactionnaire, anti-ouvrière et garante de l’ordre social
      #Nationalisme et #anti-impérialisme exacerbés
      – La république islamique, élément de l’ordre impérialiste au #Moyen-Orient
      – Une puissante économie régionale
      – Les tribulations de l’accord sur le nucléaire
      – Une population éduquée qui s’enfonce dans la crise
      – Une classe dirigeante privilégiée et corrompue
      – De la révolte de 2009 à celle de 2019
      – Une classe ouvrière combative
      – La #révolte actuelle
      – L’attitude de la #classe_ouvrière
      – La politique du régime
      – Quelle direction ? Quelle perspective ?

      Introduction

      La révolte qui secoue l’Iran depuis l’assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs, le 16 septembre dernier, impressionne par la détermination et l’engagement des femmes et des hommes qui l’animent. Elle frappe par le très jeune âge de ceux qui se révoltent.

      Désormais des dizaines de milliers de #femmes sortent sans voile et tiennent tête à ceux qui les agressent. Hier encore, comme chaque vendredi, une nouvelle manifestation a eu lieu à #Zahedan, la capitale du #Baloutchistan. Depuis cinq mois, les manifestations étant dispersées dans la plupart des autres villes, des rassemblements ont été improvisés, des locaux de la police attaqués. Ces actions se terminent par des charges policières meurtrières, des #exécutions en pleine rue et des arrestations massives. Mais des femmes et des hommes recommencent les jours suivants. Les quelque 20 000 arrestations, 500 morts, les dizaines de condamnations à mort pour avoir simplement manifesté, les exécutions publiques de quatre jeunes, tous des travailleurs, tout cela a renforcé la rage contre la république islamique.

      La #jeunesse est en première ligne mais elle est soutenue par tout un peuple : par les #classes_populaires privées de viande, d’oeufs et de tant d’autres produits de base, à cause de l’inflation et de la spéculation ; par les travailleurs, en particulier ceux du pétrole et du gaz, de la métallurgie, des transports ou de l’enseignement qui ont multiplié les grèves ces dernières années pour obtenir #augmentations_de_salaires ou titularisation des précaires ; par la #petite-bourgeoise appauvrie par la crise et privée d’avenir avec l’#embargo_américain ; par les milieux intellectuels, artistiques ou sportifs qui dénoncent aujourd’hui ce régime « tueur d’enfants ». L’enjeu a dépassé la liberté des femmes et même la liberté tout court, c’est le système lui-même qui est contesté.

      Ce mouvement de contestation n’est pas le premier en Iran. Rien que dans les cinq dernières années, deux révoltes ont éclaté contre le pouvoir. Les deux fois, la dictature et ses sbires les ont étouffé en déployant une répression impitoyable. A chaque fois les dirigeants occidentaux l’ont dénoncée du bout des lèvres car ils ne veulent surtout pas que ce régime soit renversé par une révolution populaire.

      La révolte actuelle est plus profonde que les précédentes. Elle l’est par sa durée, parce qu’elle touche toutes les couches sociales du pays et parce que la rupture entre la société et les dirigeants de république islamique semble irrémédiable. Va-t-elle trouver les voies et le courage de rebondir malgré la répression ? Finira-t-elle par faire tomber cette dictature obscurantiste et anti-ouvrière ? Nous ne pouvons évidemment que l’espérer !

      Mais il ne suffit pas aux opprimés de renverser une dictature pour changer leur sort. La population iranienne l’a cruellement expérimenté à ses dépens : le régime des mollahs aujourd’hui haï est arrivé au pouvoir en s’appuyant, en 1978-79, sur la révolte de tout un peuple contre la dictature pro-américaine du chah d’Iran. Né en prétendant défendre les pauvres contre les riches et en exploitant les sentiments anti-impérialistes de la population, ce régime est aujourd’hui le défenseur sanglant des privilégiés iraniens. Il est aussi, de fait, un gardien de l’#ordre_mondial.

      Pour qu’il en soit autrement, la seule voie est que la classe des travailleurs prenne consciemment la tête de la révolte, avec sa propre organisation et ses propres objectifs politiques. Dans cette puissance régionale qu’est l’Iran, avec ses 87 millions d’habitants, sa longue histoire de révoltes sociales, son industrie développée et sa classe ouvrière combative, une telle perspective n’est pas une chimère : c’est un programme !

      #lutte_de_classe #analyse_de_classe #marxisme #histoire

  • Être maire à #Berlin ...

    https://www.berliner-zeitung.de/open-source/berlin-silvester-krawalle-bezirksbuergermeister-martin-hikel-spd-br

    Das Problem von Neukölln sind nicht die Jugendlichen – sondern die Politiker

    Seit Silvester redet Bezirksbürgermeister Martin Hikel von Brennpunktkiezen – für die er seit Jahren verantwortlich ist. Wieso wird geredet statt gehandelt? Ein Gastkommentar.

    Nach der Silvesternacht in Neukölln geben sich Politiker in den Redaktionen reihenweise die Klinke in die Hand. Und alle geben ihre Betroffenheit und gleich noch eine schnelle Lösung zum Besten. Das erstaunt schon deshalb, weil die Auswertungen der Polizei und Feuerwehr noch gar nicht vorliegen.

    So denkt der Bezirksbürgermeister Martin Hikel in einem Gastbeitrag über „Brennpunktkieze“ in Neukölln nach: „Also müssen wir darüber sprechen, was dort zu tun ist.“ Hier fragt man sich, warum Hikel, der seit 2018 Verantwortlicher ebendieser Kieze ist, nicht auf die Expertise seiner Verwaltung hört.

    So stellt das Jugendamt schon länger fest, dass jungen Menschen in Neukölln Rückzugsorte und altersgerechte Angebote fehlen. Erst recht an Feiertagen. Dass die Pandemie hier als Brandbeschleuniger für das Abgehängtsein von Jugendlichen (und Alten) gewirkt hat, darauf hat sein Gesundheitsamt hingewiesen, mittlerweile liegen hierzu viele Studien vor. Schon lange fehlen den Jugendeinrichtungen Personal und Geld. Die Jugendstadträtin fällt seit Monaten krankheitsbedingt aus. Das alles weiß Hikel sicher.

    Noch so eine beliebte Floskel ist: „das Strafmaß ausreizen“. Und die Strafe muss auf dem Fuße folgen, am besten mit einem noch schärferen Strafrecht. Nun wurde ja in ebendiesen Bezirk das Neuköllner Modell entwickelt, um Intensivtätern schneller und damit präventiv zu begegnen.

    Nur gilt für einen demokratischen Staat, dass Ermittlungen von Polizei und Strafanwaltschaft den Gerichten vorgeschaltet sind. Und das ist auch gut so. Dem Neuköllner Modell sind rechtsstaatlich enge Grenzen gesetzt. Das Strafmaß wird von Gerichten individuell festgelegt. Und da spielen Alter, Vorstrafen oder verminderte Schuldfähigkeit eine wesentliche Rolle.

    Gerade bei Jugendlichen ist die Strafverfolgung mit Stigmatisierung verbunden, die sich negativ auf die weitere Sozialisierung niederschlagen und eine Marginalisierung weiter befördern können. Auch hier liegen Evidenzen aus der Forschung vor. Das Strafrecht ist in diesem Bereich aus Sicht von Tobias Singelnstein, Professor für Strafrecht, schon sehr scharf.

    Hikel macht den Eindruck, dass er in dieser Materie weniger bewandert ist. Gut, dafür hat ja Hikel den Posten für das Ordnungsamt der Stadträtin Sarah Nagel von den Linken gegeben. Ausgerechnet Nagel entging gerade knapp einem Abwahlantrag. Der Abwahlantrag beruhte auf der Entscheidung Nagels, die Teilnahme des Ordnungsamts an Verbundeinsätzen, sogenannten Razzias gegen Shishabars zu untersagen.

    Man wird den Eindruck nicht los, dass in Neukölln eine Verantwortungsdiffusion herrscht. Hikel hält sich an Allgemeinplätzen fest und bedient gegenwärtige Betroffenheitsrhetorik. Hinter Hikel stehen mehr als 2400 Mitarbeitende der Bezirksverwaltung mit Expertise, die sich jeden Tag den Herausforderungen Neuköllns stellen. Diese zu nutzen, wäre die eigentliche Aufgabe des Bezirksbürgermeisters.

    Mesut Yavuz ist Prozess- und Organisationsberater. In der Pandemie hat er Berliner Behörden in der Modernisierung und Digitalisierung unterstützt.

    #politique #jeunesse

  • « Penser le 9-3 » : un nouveau podcast veut changer la vision de la Seine-Saint-Denis
    https://www.ouest-france.fr/ile-de-france/seine-saint-denis/penser-le-9-3-un-nouveau-podcast-veut-changer-la-vision-de-la-seine-sai
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMzAxM2E4NWIwNTgyZTUzY2Y2YWUwN2Q4YTAxYjkzOTQyMDI?width=1260&he

    Le podcast « Penser le 9-3 » est officiellement sorti mercredi 25 janvier 2023 sur les plateformes de streaming. Créé par le réseau Profession banlieue, le programme ambitionne de changer la vision et les mentalités sur la Seine-Saint-Denis, afin de montrer le département « autrement ».

    Profession banlieue, réseau professionnel sur la politique de la ville, a lancé mercredi 25 janvier 2023 son podcast « Penser le 9-3 ». Avec quatre épisodes d’environ 35 minutes, le programme a pour ambition de « montrer la Seine-Saint-Denis autrement » via le regard de chercheurs et d’habitants.

    Le journaliste Antoine Tricot ira à la découverte d’Aubervilliers, Villetaneuse et Saint-Denis. Le podcast prend comme point de départ les travaux des chercheurs du conseil scientifique de l’association Profession banlieue. Dans le premier épisode, la sociologue Marie-Hélène Bacqué aborde le sujet des nouvelles formes de politisation des jeunes dans les quartiers populaires.

    Apporter un « regard contrasté » sur le département

    Le deuxième épisode est consacré à la rénovation urbaine avec le politiste Renaud Epstein et le troisième épisode porte sur les jardins avec la géographe Flaminia Paddeu. Dans le dernier épisode, la sociologue Christine Bellavoine rencontre le responsable de structure jeunesse Mamadou Soumaré sur le thème des animateurs.

    « La Seine-Saint-Denis est un territoire jeune, extrêmement bouillonnant et créatif. Cette dimension-là est rarement montrée, explique Marie-Hélène Bacqué à propos du département. On est pris entre deux écueils : d’un côté une forme de stigmatisation et de l’autre, quelques fois, un regard un peu naïf. […] La question est de donner à voir ce regard contrasté. »

    Un réseau de réflexion sur la politique urbaine

    Dans les épisodes, les chercheurs sont accompagnés d’habitants et d’associatifs. Le journaliste donne une description imagée des lieux de déambulation tandis que le chercheur rend accessible certains concepts. « On avait cette idée de montrer la Seine-Saint-Denis autrement », résume Vincent Havage, directeur de Profession banlieue, qui espère la production d’autres saisons.

    Créé en 1993, Profession Banlieue est un réseau professionnel des acteurs des quartiers populaires en Seine-Saint-Denis et un centre de ressources cherchant à contribuer à la réflexion nationale sur les questions de politique de la ville. L’association propose régulièrement des séminaires et visites sur les thématiques de transition urbaine, d’égalité ou encore de patrimoine


    (on retrouvera le livre complet à : https://cfeditions.com/jdq)

    #Jeunes_de_quartier #Marie-Hélène_Bacqué #Podcast

  • Les trajectoires scolaires des jeunes des quartiers populaires, entre parcours d’obstacles et aspirations à la réussite | scolarité | Epoch Times
    https://www.epochtimes.fr/les-trajectoires-scolaires-des-jeunes-des-quartiers-populaires-entre-parc

    Quel est le rapport des jeunes de quartiers populaires à l’école ? Comment ces personnes racontent-elles leur orientation scolaire quand les difficultés économiques limitent le champ des possibles ? Que signifie à leurs yeux « réussir », et quel rôle leur scolarité joue-t-elle dans cette trajectoire ? Ce sont des questions que nous avons documentées au cours de la recherche participative Pop-Part (2017-2022), qui portait plus largement sur les pratiques et les représentations des jeunes de quartiers populaires dans dix villes franciliennes.


    (on retrouvera le livre complet à : https://cfeditions.com/jdq)

    #Jeunes_de_Quartier #Jeanne_Demoulin #Leïla_Frouillou

  • Wir sind alle Hippies oder Anzugträger : Was ist nur mit meiner Generation los ?
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/hippies-oder-anzugtraeger-was-ist-nur-mit-meiner-generation-los-li.

    Dans les quartiers huppés de Berlin la jeunesse préfère les verts et les libéraux. Les messages des partis sont généralement acceptés par les enfants de la couche sociale qu’on appelle l’élite de fonction. On y apprécie la liberté et l’écologie mais on n’aime guère les partis désunis.

    18.1.2023 - Dante Gutiérrez Janssen - Der Schüler Dante aus Prenzlauer Berg wundert sich, warum sich sein Freundeskreis in zwei Lager spalten: in FDP- und Grünen-Wähler. Eine Partei liegt vorn. 

    Mein Berliner Freundeskreis ist gespalten in zwei Lager. Sie sind fast deckungsgleich mit zwei Parteien: der FDP und den Grünen. Während sich die einen meiner Freunde vor allem um die Zukunft des Klimas und der Natur sorgen, sind die anderen interessierter an der wirtschaftlichen Zukunft unseres Landes und an der Erhaltung einer „freien Demokratie“. Zwar ist diese Spaltung nicht repräsentativ oder wissenschaftlich abgesichert, aber bei meinen Freunden ist sie dennoch Fakt.

    Und dass dies nicht nur für meinen Bekanntenkreis gilt, sondern möglicherweise für meine ganze Generation, zeigte sich auch bei der letzten Bundestagswahl im Jahr 2021. Da schnitten sowohl die FDP als auch die Grünen bei den Erstwählern mit jeweils 23 Prozent besser ab als alle anderen Parteien. Und viele fragten sich: Ist die Jugend jetzt grün oder liberal?

    Ich persönlich konnte damals die Polarisierung in diese zwei doch sehr gegensätzlichen Lager nicht so gut nachvollziehen. Trotzdem hat mich die Frage nach dem „Warum“ nicht losgelassen. Jetzt, vier Wochen vor der Wiederholung der Berlin-Wahl, wollte ich noch einmal genauer verstehen, was meine Freunde in die eine oder andere Richtung treibt. Ich startete eine Umfrage: Wie würden Menschen im Alter zwischen 14 und 16 Jahren heute wählen und warum? Die Namen meiner Freunde habe ich geändert, aber hier sind einige Zitate:

    Anja, 14, wählt die Grünen: „Weil mir die Umwelt wichtig ist und wir hier auf dem Planeten noch ein bisschen leben wollen.“
    Christian, 15, wählt die FDP: „Ich mag keine Verbote wie bei den Grünen, die FDP lässt die Bürger ihr Leben leben.“
    Xaver, 16, wählt die FDP: „Zu 100 Prozent die FDP, weil die Grünen doof sind.“
    Sally, 15, wählt die Grünen: „Die FDP und vor allem Lindner sind furchtbar.“

    Eine Partei liegt knapp vor der anderen

    Mit einem Vorsprung von genau einer Stimme liegen bei meiner Umfrage die Grünen vor der FDP: 14 zu 13 ist das Endergebnis. Wenn ich das hochrechne, dann ist meine Generation im gleichen Maße besorgt um Wirtschaft und Freiheit wie um die Umwelt. Besteht Deutschland in Zukunft also zur einen Hälfte aus Hippies und zur anderen aus Anzugträgern?

    Ganz so einfach ist es nicht. Zunächst, weil ich in der Umfrage nur die Wahl zwischen zwei Parteien gelassen habe. Bei einer richtigen Wahl gibt es natürlich sehr viel mehr mögliche Ergebnisse. Und zweitens stimmen viele der bekannten Klischees sowieso nicht. Nicht nur die jungen Grünen-Wähler gehen in ihrer Freizeit auf Klimademonstrationen und leben vegan. Einige meiner Freunde, die genau das alles tun, haben mich überrascht, weil sie trotzdem die FDP wählen wollen. Bei ihren Entscheidungen scheinen auch ganz aktuelle Geschehnisse eine Rolle zu spielen.

    Der Wohnort spielt eine Rolle – und wie die Eltern wählen

    Lutz, 14, wählt die FDP: „Die Grünen haben mich mit ihrer Entscheidung bezüglich Lützerath zutiefst enttäuscht und ich will ihnen keine Stimme geben, bis sie diesen innerparteilichen Streit geklärt haben.“

    Pia, 15, wählt die FDP: „Ich würde eher die FDP wählen, da mir eine Partei lieber ist, die sich um den Wohlstand und die soziale Gerechtigkeit kümmert, als eine, die sich nur um ein Thema kümmert, das außer Reichweite liegt.“
    Frida, 16, wählt die Grünen: „Prinzipiell keine von beiden Parteien, aber im Vergleich auf jeden Fall die Grünen, da die FDP in der Regierung nur im Weg steht.“

    Ich persönlich möchte mich momentan auf keine der beiden Parteien festlegen, im Grunde bin ich jedoch eher ein Grünen-Wähler, da meine Eltern auch eher die Grünen als die FDP wählen. Ich merke, dass dies auch auf meine Freunde zutrifft: Wenn die Eltern ihre Stimme einer bestimmten Partei geben, tun es meistens auch ihre Kinder. Und auch der Wohnort meiner Freunde scheint eine Rolle zu spielen. Diejenigen, die in den äußeren Bezirken von Berlin leben, etwa in Grunewald oder Zehlendorf, wählten häufiger die FDP. Und die, die eher im Stadtzentrum wohnen, tendieren zu den Grünen.

    Letztendlich denke ich, dass es in beiden Lagern eine gesunde Mischung aus Vision und Vorsicht gibt. Ich hoffe, dass sich daher alle in meiner Generation weiterhin ihre eigene Meinung bilden können, sich nicht von der Mehrheit unbedacht mitreißen oder sich gar politisch manipulieren lassen. Denn ohne die Möglichkeit, sich eine eigene politische Meinung zu bilden, die früheren Generationen häufig fehlte, besteht die Gefahr, dass unsere Demokratie zugrunde geht.

    Mitarbeit: Ludwig Sohn

    Hinweis: Dante Gutiérrez Janssen absolviert ein Schülerpraktikum im Lokalteil der Berliner Zeitung. Dieser Text ist im Rahmen des Praktikums entstanden.

    #Berlin #Prenzlauer_Berg #jeunesse #politique #jeunesse_dorée

  • La mésinformation scientifique des jeunes à l’heure des réseaux sociaux - Fondation Jean-Jaurès
    https://www.jean-jaures.org/publication/la-mesinformation-scientifique-des-jeunes-a-lheure-des-reseaux-sociaux

    À l’heure où TikTok s’impose comme le réseau social préféré des jeunes français, que sait-on de l’impact de cette plateforme sur ses utilisateurs, qui sont de plus en plus nombreux à l’utiliser pour se divertir, mais aussi pour s’informer ? François Kraus livre son analyse d’une enquête qui fait le point sur le sujet ; elle est suivie des points de vue de Rudy Reichstadt et de Helen Lee Bouygues.

    #EMI #Sciences #ReseauxSociaux #Jeunesse #Information #CDI

  • cool Stages de jeûne : Le Monde ouvre la porte aux dérives – L’Extracteur
    https://www.lextracteur.fr/stages-de-jeune-le-monde-ouvre-la-porte-aux-derives

    Dans son supplément, #Le Monde_Magazine étale sur sept pages une sorte de publicité gé(n)ante pour le #jeûne et la détox, le tout déguisé en un récit exalté par la plume de Raphaëlle Bacqué. Décryptons un peu ça.

    pas cool Un homme, se présentant comme « naturopathe », et son fils mis en examen après plusieurs morts
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/01/13/un-homme-se-presentant-comme-naturopathe-et-son-fils-mis-en-examen-apres-plu

    Selon le parquet de Tours, les stages de jeûne proposés par Eric Gandon consistaient « à ne pas absorber d’aliments solides durant une à plusieurs semaines sans qu’aucun suivi médical ne soit assuré ni prévu ».

    #naturopathie et patatras

    • de l’extracteur :

      Sans le vouloir, cet article illustre parfaitement une mutation que nous tentons souvent d’expliquer. Autrefois nées chez des marginaux, au sein de communautés loin du système, ces croyances et pratiques alternatives sont aujourd’hui devenues chic et tendance. On assiste à une gentrification de ces méthodes. Elles sont à la mode et toute la presse féminine et pseudo-scientifique les vante, mais il faut avoir le temps et les moyens financiers pour pouvoir montrer aux autres que l’on prend soin de soi, de son corps, de sa santé.

    • ah oui #Guy_Claude_Burger...

      gourou de l’instinctothérapie, qui sollicite à l’intention de ses disciples, les thèses freudiennes de l’enfant pervers polymorphe, pour justifier les parents incestueux : « Pourquoi ne laisserions-nous pas nos enfants exprimer les pulsions incestueuses de cette période œdipienne ? Le problème serait fondamentalement résolu ».

      #instinct

    • Le problème, c’est que ce format correspond en tout point à ce que les gens séduits par ces pratiques adorent : des expériences personnelles, à hauteur d’humain, du vécu, raconté avec le cœur. Les désinformateurs de la santé répètent d’ailleurs régulièrement de faire confiance à nos sens. Ils nous lancent souvent par défi : “Faites votre propre expérience de la santé, n’écoutez pas les scientifiques, les médecins ou les médias. Écoutez votre corps.”

    • Les nathuropathes souhaitent une réglementation plus stricte de leur profession
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/01/13/les-nathuropathes-souhaitent-une-reglementation-plus-stricte-de-leur-profess

      Soucieux de faire le tri dans ses rangs entre vrais praticiens et charlatans, le secteur de la naturopathie a, par la voix de son Syndicat des professionnels de la naturopathie (SPN), appelé l’Etat à réglementer la profession, vendredi 13 janvier.
      Le syndicat, qui revendique 3 300 adhérents sur 6 500 naturopathes répertoriés en France, demande à l’Etat d’« agir vite pour faire reconnaître le métier », avec, entre autres mesures, la mise en œuvre de « titres certifiés », selon un communiqué.
      « Il y a du ménage à faire, c’est évident. Nous avons déjà alerté sur des organismes de formation qui ne sont pas assez exemplaires sur l’éthique de notre métier », souligne Alexandra Attalauziti, la présidente du SPN, citée dans le communiqué. « Nous voulons réguler, organiser, écrémer, c’est une urgence. Nous devons travailler de concert avec les autorités compétentes pour que la naturopathie soit reconnue comme une pratique de la prévention, complémentaire à notre médecine », ajoute Mme Attalauziti.

      #naturopathie

    • Si on me demande je te réglemente ça très simplement : interdiction des naturopathes. Mais ils sont malins là, virer les plus dingues d’entre eux pour conserver la manne et apparaître comme respectables... Ça a marché pour l’ostéopathie, pourquoi pas pour eux ?

  • Juin 2022, Les quartiers populaires au prisme de la jeunesse | Radio nomade [podcast autour du livre « Jeunes de quartier »]
    http://www.radionomade.fr/juin-2022-les-quartiers-populaires-au-prisme-de-la-jeunesse

    Invité(e)s : Marie-Hélène Bacqué, sociologue, professeure d’études urbaines à l’Université Paris Nanterre, à l’origine avec Jeanne Demoulin, professeur en sciences de l’éducation, du projet de recherche participative Pop Part. Fanny Salane, maîtresse de conférence en science de l’éducation également à l’Université Paris Nanterre, et participante sur le projet Pop Part, Thibaut Noël, jeune habitant de Pantin, membre du collectif Traces d’aide à l’accueil des populations exilées, Mira Hannachi, jeune habitante de Nanterre, Karim Yazi, responsable du Kygel Théâtre, Guy Lafrance, du Kygel théâtre, metteur en scène du spectacle “Vivaces”, monté à partir de textes tirés du livre et du site “Jeunes de quartier, le pouvoir des mots”, résultat de la recherche participative Pop Part.

    Qu’est-ce qu’être jeune d’un quartier populaire ? À quelle expérience sociale, urbaine, familiale, à quelles visions de sa place dans la société et dans le territoire cela renvoie-t-il ?

    Ces questions ont guidé la recherche participative Pop-Part conduite dans dix villes ou quartiers de l’Île-de-France et associant 120 jeunes, une quinzaine de professionnels de la jeunesse et une quinzaine de chercheur(e)s appartenant à différentes disciplines : sociologie, science de l’éducation, Histoire, géographie, urbanisme… ainsi que certains étudiants de ces mêmes disciplines….

    Pourquoi une telle recherche ? Quelle en est la motivation ? Quels objectifs se donnent-elle ? mais aussi comment cette démarche s’est-elle construite ? Sur quels territoires ? quartiers ? A partir de quels choix ? Voilà quelques unes des premières questions que nous pourrons poser à nos invités.

    Mais finalement y-a-t-il une spécificité du vécu des jeunes des quartiers populaires au regard de la jeunesse en général ? Qu’est-ce que le lien entretenu avec leur quartier spécifique révèle sur des sujets aussi divers que l’engagement, les médias, les filles et les garçons, le changement urbain, la politique, le sport, l’Histoire, les discriminations, la culture… 27 sujets ont ainsi été abordés dans cette recherche, regroupés sous la forme d’un abécédaire. Finalement y-a-t-il un vécu commun à la jeunesse des quartiers populaires tout en partageant dans le même temps les questionnements propres à toute la jeunesse ? Les chercheuses Marie-Hélène Bacqué, et Fanny Salane et les jeunes participant(e)s Thibaut Noël et Mira Hannachi, de cette recherche pourront répondre à nos interrogations.

    Enfin suite à la publication en 2021 de cette recherche sous la forme d’un livre et d’un site intitulés “Jeunes de quartier, le pouvoir des mots”, la compagnie Kygel Théâtre s’est emparée d’un ensemble de textes de cet ouvrage, pour monter le spectacle “Vivaces”, dont les représentations ont commencé en avril 2022. Karim Yazi, responsable du Kygel Théâtre et Guy Lafrance, metteur en scène du spectacle nous raconterons leur travail autour de ces textes et la rencontre du spectacle avec son public.

    #Jeunes_de_quartier #Marie_Hélène_Bacqué #Jeanne_Demoulin

  • ‘Luddite’ Teens Don’t Want Your Likes
    https://www.nytimes.com/2022/12/15/style/teens-social-media.html

    Dec. 15, 2022 - When the only thing better than a flip phone is no phone at all.

    “When I got my flip phone, things instantly changed,” a Luddite Club member said. “I started using my brain.”Credit...Scott Rossi for The New York Times

    On a brisk recent Sunday, a band of teenagers met on the steps of Central Library on Grand Army Plaza in Brooklyn to start the weekly meeting of the Luddite Club, a high school group that promotes a lifestyle of self-liberation from social media and technology. As the dozen teens headed into Prospect Park, they hid away their iPhones — or, in the case of the most devout members, their flip phones, which some had decorated with stickers and nail polish.

    They marched up a hill toward their usual spot, a dirt mound located far from the park’s crowds. Among them was Odille Zexter-Kaiser, a senior at Edward R. Murrow High School in Midwood, who trudged through leaves in Doc Martens and mismatched wool socks.

    “It’s a little frowned on if someone doesn’t show up,” Odille said. “We’re here every Sunday, rain or shine, even snow. We don’t keep in touch with each other, so you have to show up.”

    After the club members gathered logs to form a circle, they sat and withdrew into a bubble of serenity.

    Some drew in sketchbooks. Others painted with a watercolor kit. One of them closed their eyes to listen to the wind. Many read intently — the books in their satchels included Dostoevsky’s “Crime and Punishment,” Art Spiegelman’s “Maus II” and “The Consolation of Philosophy” by Boethius. The club members cite libertine writers like Hunter S. Thompson and Jack Kerouac as heroes, and they have a fondness for works condemning technology, like “Player Piano” by Kurt Vonnegut. Arthur, the bespectacled PBS aardvark, is their mascot.

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    Three teenagers sit in a woodsy portion of Prospect Park with their books. Two of them are reading and one is looking off into the distance.
    Clementine Karlin-Pustilnik, Odille Zexter-Kaiser and Jameson Butler at a recent gathering of the Luddite Club in Prospect Park in Brooklyn.

    “Lots of us have read this book called ‘Into the Wild,’” said Lola Shub, a senior at Essex Street Academy, referring to Jon Krakauer’s 1996 nonfiction book about the nomad Chris McCandless, who died while trying to live off the land in the Alaskan wilderness. “We’ve all got this theory that we’re not just meant to be confined to buildings and work. And that guy was experiencing life. Real life. Social media and phones are not real life.”

    “When I got my flip phone, things instantly changed,” Lola continued. “I started using my brain. It made me observe myself as a person. I’ve been trying to write a book, too. It’s like 12 pages now.”

    Briefly, the club members discussed how the spreading of their Luddite gospel was going. Founded last year by another Murrow High School student, Logan Lane, the club is named after Ned Ludd, the folkloric 18th-century English textile worker who supposedly smashed up a mechanized loom, inspiring others to take up his name and riot against industrialization.

    “I just held the first successful Luddite meeting at Beacon,” said Biruk Watling, a senior at Beacon High School in Manhattan, who uses a green-painted flip phone with a picture of a Fugees-era Lauryn Hill pasted to it.

    “I hear there’s talk of it spreading at Brooklyn Tech,” someone else said.

    A few members took a moment to extol the benefits of going Luddite.

    Jameson Butler, a student in a Black Flag T-shirt who was carving a piece of wood with a pocketknife, explained: “I’ve weeded out who I want to be friends with. Now it takes work for me to maintain friendships. Some reached out when I got off the iPhone and said, ‘I don’t like texting with you anymore because your texts are green.’ That told me a lot.”

    Vee De La Cruz, who had a copy of “The Souls of Black Folk” by W.E.B. Du Bois, said: “You post something on social media, you don’t get enough likes, then you don’t feel good about yourself. That shouldn’t have to happen to anyone. Being in this club reminds me we’re all living on a floating rock and that it’s all going to be OK.”

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    The Luddite Club has been gathering once a week in Prospect Park. “It’s a little frowned on if someone doesn’t show up,” one member said.

    A few days before the gathering, after the 3 p.m. dismissal at Murrow High School, a flood of students emerged from the building onto the street. Many of them were staring at their smartphones, but not Logan, the 17-year-old founder of the Luddite Club.

    Down the block from the school, she sat for an interview at a Chock full o’Nuts coffee shop. She wore a baggy corduroy jacket and quilted jeans that she had stitched herself using a Singer sewing machine.

    “We have trouble recruiting members,” she said, “but we don’t really mind it. All of us have bonded over this unique cause. To be in the Luddite Club, there’s a level of being a misfit to it.” She added: “But I wasn’t always a Luddite, of course.”

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    Logan Lane, the club’s founder, in her room. The movement she started at Murrow High School in Brooklyn has spread to other New York schools.

    It all began during lockdown, she said, when her social media use took a troubling turn.

    “I became completely consumed,” she said. “I couldn’t not post a good picture if I had one. And I had this online personality of, ‘I don’t care,’ but I actually did. I was definitely still watching everything.”

    Eventually, too burned out to scroll past yet one more picture-perfect Instagram selfie, she deleted the app.

    “But that wasn’t enough,” she said. “So I put my phone in a box.”

    For the first time, she experienced life in the city as a teenager without an iPhone. She borrowed novels from the library and read them alone in the park. She started admiring graffiti when she rode the subway, then fell in with some teens who taught her how to spray-paint in a freight train yard in Queens. And she began waking up without an alarm clock at 7 a.m., no longer falling asleep to the glow of her phone at midnight. Once, as she later wrote in a text titled the “Luddite Manifesto,” she fantasized about tossing her iPhone into the Gowanus Canal.

    While Logan’s parents appreciated her metamorphosis, particularly that she was regularly coming home for dinner to recount her wanderings, they grew distressed that they couldn’t check in on their daughter on a Friday night. And after she conveniently lost the smartphone they had asked her to take to Paris for a summer abroad program, they were distraught. Eventually, they insisted that she at least start carrying a flip phone.

    “I still long to have no phone at all,” she said. “My parents are so addicted. My mom got on Twitter, and I’ve seen it tear her apart. But I guess I also like it, because I get to feel a little superior to them.”

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    Odille, Clementine, Jameson, Logan and Max Frackman on the way to their weekly meeting.

    At an all-ages punk show, she met a teen with a flip phone, and they bonded over their worldview. “She was just a freshman, and I couldn’t believe how well read she was,” Logan said. “We walked in the park with apple cider and doughnuts and shared our Luddite experiences. That was the first meeting of the Luddite Club.” This early compatriot, Jameson Butler, remains a member.

    When school was back in session, Logan began preaching her evangel in the fluorescent-lit halls of Murrow. First she convinced Odille to go Luddite. Then Max. Then Clem. She hung homemade posters recounting the tale of Ned Ludd onto corridors and classroom walls.

    At a club fair, her enlistment table remained quiet all day, but little by little the group began to grow. Today, the club has about 25 members, and the Murrow branch convenes at the school each Tuesday. It welcomes students who have yet to give up their iPhones, offering them the challenge of ignoring their devices for the hourlong meeting (lest they draw scowls from the die-hards). At the Sunday park gatherings, Luddites often set up hammocks to read in when the weather is nice.

    As Logan recounted the club’s origin story over an almond croissant at the coffee shop, a new member, Julian, stopped in. Although he hadn’t yet made the switch to a flip phone, he said he was already benefiting from the group’s message. Then he ribbed Logan regarding a criticism one student had made about the club.

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    A poster for the Luddite Club in Logan Lane’s room featuring the club’s slogan “Don’t be a phoney.”

    “One kid said it’s classist,” he said. “I think the club’s nice, because I get a break from my phone, but I get their point. Some of us need technology to be included in society. Some of us need a phone.”

    “We get backlash,” Logan replied. “The argument I’ve heard is we’re a bunch of rich kids and expecting everyone to drop their phones is privileged.”

    After Julian left, Logan admitted that she had wrestled with the matter and that the topic had spurred some heated debate among club members.

    “I was really discouraged when I heard the classist thing and almost ready to say goodbye to the club,” she said. “I talked to my adviser, though, and he told me most revolutions actually start with people from industrious backgrounds, like Che Guevara. We’re not expecting everyone to have a flip phone. We just see a problem with mental health and screen use.”

    Logan needed to get home to meet with a tutor, so she headed to the subway. With the end of her senior year in sight, and the pressures of adulthood looming, she has also pondered what leaving high school might mean for her Luddite ways.

    “If now is the only time I get do this in my life, then I’m going to make it count,” she said. “But I really hope it won’t end.”

    On a leafy street in Cobble Hill, she stepped into her family’s townhouse, where she was greeted by a goldendoodle named Phoebe, and she rushed upstairs to her room. The décor reflected her interests: There were stacks of books, graffitied walls and, in addition to the sewing machine, a manual Royal typewriter and a Sony cassette player.

    In the living room downstairs, her father, Seth Lane, an executive who works in I.T., sat beside a fireplace and offered thoughts on his daughter’s journey.

    “I’m proud of her and what the club represents,” he said. “But there’s also the parent part of it, and we don’t know where our kid is. You follow your kids now. You track them. It’s a little Orwellian, I guess, but we’re the helicopter parent generation. So when she got rid of the iPhone, that presented a problem for us, initially.”

    He’d heard about the Luddite Club’s hand-wringing over questions of privilege.

    “Well, it’s classist to make people need to have smartphones, too, right?” Mr. Lane said. “I think it’s a great conversation they’re having. There’s no right answer.”

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    “To be in the Luddite Club, there’s a level of being a misfit to it,” Logan said .

    A couple days later, as the Sunday meeting of the Luddite Club was coming to an end in Prospect Park, a few of the teens put away their sketchbooks and dog-eared paperbacks while others stomped out a tiny fire they had lit. It was the 17th birthday of Clementine Karlin-Pustilnik and, to celebrate, the club wanted to take her for dinner at a Thai restaurant on Fort Hamilton Parkway.

    Night was falling on the park as the teens walked in the cold and traded high school gossip. But a note of tension seemed to form in the air when the topic of college admissions came up. The club members exchanged updates about the schools they had applied to across the country. Odille reported getting into the State University of New York at Purchase.

    “You could totally start a Luddite Club there, I bet,” said Elena Scherer, a Murrow senior.

    Taking a shortcut, they headed down a lonely path that had no park lamps. Their talk livened when they discussed the poetry of Lewis Carroll, the piano compositions of Ravel and the evils of TikTok. Elena pointed at the night sky.

    “Look,” she said. “That’s a waxing gibbous. That means it’s going to get bigger.”

    As they marched through the dark, the only light glowing on their faces was that of the moon.

    Images by Scott Rossi for The New York Times

    #USA #New_York #jeunesse #culture #techno-scepticisme

  • #Suisse : Hausse sans précédent des troubles mentaux chez les jeunes filles ats/vajo - RTS
    https://www.rts.ch/info/suisse/13620818-hausse-sans-precedent-des-troubles-mentaux-chez-les-jeunes-filles.html

    La santé mentale des jeunes a beaucoup souffert durant les années de pandémie, surtout côté féminin. Entre 2020 et 2021, les hospitalisations des filles et jeunes femmes de 10 à 24 ans pour troubles mentaux et du comportement a bondi de 26%.

    Chez les plus jeunes filles de 10 à 14 ans, la hausse a même atteint 52% entre 2020 et 2021, a annoncé lundi l’Office fédéral de la statistique. La poussée a été plus contenue côté masculin. Chez les hommes âgés entre 10 et 24 ans, elle a atteint 6%.

    Les troubles mentaux constituent pour la première fois la première cause des hospitalisations des 10 à 24 ans, avec 19’532 cas, devant les blessures (19’243 cas), précise l’OFS.

    Troubles dépressifs en forte hausse
    En 2020, lors de la première année de pandémie de Covid-19, les troubles qui ont le plus fortement émergé sont les troubles de l’humeur (dépressions essentiellement) chez les jeunes femmes (+14%) et ceux liés à l’utilisation de substances psychoactives chez les jeunes hommes (+8%).

    En 2021, les jeunes hommes ont à leur tour connu une augmentation importante des troubles de l’humeur (+14%), tandis que les jeunes femmes enregistraient pour le même diagnostic une hausse exceptionnelle de 42%.

    Les cas de troubles névrotiques, survenant en présence d’un facteur de stress, ont surtout augmenté en 2021 (+22% chez les jeunes femmes, +13% chez les jeunes hommes). La catégorie regroupant les autres troubles, comprenant les troubles de la personnalité et ceux de l’alimentation, a crû en 2021 de 24% chez les jeunes femmes.

    Les jeunes femmes davantage concernées
    En 2021, on a enregistré 3124 hospitalisations de jeunes de 10-24 ans dues à des lésions auto-infligées ou tentatives de suicide, ce qui représente une hausse de 26% par rapport à 2020.

    Et 70% de ces hospitalisations sont attribuées à des patientes de sexe féminin. Les jeunes femmes de 15 à 19 ans ont été les plus nombreuses à avoir commis un acte auto-agressif (1240 cas en 2021), mais ce sont les filles de 10 à 14 ans qui ont connu la plus forte augmentation (+60%). Avec 458 cas en 2021, les filles de 10 à 14 ans ont été onze fois plus souvent hospitalisées pour ce motif que les garçons du même âge.

    Record de nouveaux cas
    Les 20’000 hospitalisations pour troubles mentaux recensées en 2021 sont attribuées à 12’923 personnes de 10 à 24 ans, dont 30% ont effectué plus d’un séjour en cours d’année. Parmi ces quelque 13’000 personnes, presque la moitié d’entre elles (6465) n’avaient jamais été hospitalisées auparavant en raison de troubles psychiques.

    Ce nombre de premières hospitalisations est de 29% supérieur à celui enregistré en 2020, soit très en dessus de la progression annuelle moyenne de 6% pour les années 2016 à 2020.

    Une intervention de crise, correspondant à une prise en charge rapide du patient ou de la patiente en proie à une souffrance psychique aiguë, a été nécessaire dans 34% des cas. Les séjours hospitaliers ont duré 27 jours en moyenne.

    Traitements ambulatoires aussi en augmentation
    Le nombre de traitements ambulatoires psychiatriques, prodigués à l’hôpital mais sans hospitalisation, a également connu chez les 10-24 ans une hausse soutenue, de 4% en 2020, puis de 16% en 2021.

    Au total, 55’825 jeunes de 10 à 24 ans ont eu recours auprès d’un hôpital à au moins une prestation ambulatoire en psychiatrie en 2021. Ils ont occasionné 27% de toutes les consultations psychiatriques ambulatoires dans les hôpitaux.

    Dans le domaine ambulatoire comme dans le stationnaire, ce sont parmi la population en général les jeunes femmes de 15 à 19 ans qui ont le plus sollicité de soins psychiatriques en 2021.

    #Jeunes_filles #soins_psychiatriques #psychiatrie #confinement #enfermement #Covid-19, #santé_mentale #hospitalisations #souffrance_psychique #Hôpitaux #suicide

  • La Fin des rois

    « Il n’y a pas de papa ? » Des femmes isolées espèrent un habitat digne pour leurs familles, la mairie les aide comme elle peut. Des footeuses préparent un tournoi à Clairefontaine, temple du football masculin. Des lycéens inventent un spectacle de théâtre autour de l’assassinat de Chilpéric dans la forêt voisine ; ils font des personnages féminins les moteurs de la pièce. Des enfants naissent, les filles et les garçons de demain.
    Portrait de Clichy-sous-Bois en 2019, La Fin des rois raconte l’état et les évolutions du rapport de genres dans une ville de grande banlieue.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64317_0
    #film #documentaire #film_documentaire
    #Clichy-sous-bois #banlieue #France #jeunes #genre

  • Beschreibung eines Sommers - 1962
    https://www.youtube.com/watch?v=tdiVR1859dM

    C’est la chronique d’un été socialiste d’après le livre du même titre dont 500.000 exemplaires ont été vendu entre 1961 et 2008.

    Beschreibung eines Sommers ist ein deutscher Liebesfilm der DEFA von Ralf Kirsten aus dem Jahr 1962. Er entstand nach dem gleichnamigen Roman von Karl-Heinz Jakobs.

    Produktionsland DDR
    Originalsprache Deutsch
    Erscheinungsjahr 1962
    Länge 80 Minuten
    Stab
    Regie Ralf Kirsten
    Drehbuch Gudrun Deubener
    Produktion DEFA, Künstlerische Arbeitsgruppe „60“
    Musik Wolfgang Lesser
    Kamera Hans Heinrich
    Schnitt Christel Röhl
    Besetzung
    Manfred Krug: Tom Breitsprecher
    Christel Bodenstein: Grit
    Günther Grabbert: Schibulla
    Johanna Clas: Lilo
    Marita Böhme: Regine
    Peter Reusse: Dschick
    Horst Jonischkan: Grell
    Erik Veldre: Kamernnus
    Hans-Peter Reinicke: Tenser
    Ernst Forstreuter: Jugendlicher
    Heinz Lyschik: Jugendlicher
    Liska Merbach: Wirtin
    Helga von Wangenheim-Haeussler: Mädchen in der Bar
    Achim Wenk: Jugendlicher

    https://de.wikipedia.org/wiki/Beschreibung_eines_Sommers

    #DDR #film #jeunesse