#johannes_vogele

  • Préface d’Anselm Jappe et Johannes Vogele pour L’Effondrement de la modernisation de Robert Kurz

    http://www.palim-psao.fr/2021/04/preface-d-anselm-jappe-et-johannes-vogele-pour-l-effondrement-de-la-moder

    Robert Kurz [...] ne livrait pas seulement une explication marxiste de la faillite inévitable du « socialisme réel » bien différente des analyses courantes proposées à gauche, mais affirmait aussi crânement que la fin de l’URSS n’était qu’une étape de l’écroulement mondial de la société marchande, dont les pays « socialistes » ne constituaient qu’une branche mineure.

    La révolution russe de 1917, indépendamment de la volonté de ses chefs, n’avait pas – et ne pouvait pas avoir, selon Kurz – comme horizon le « communisme », mais une « modernisation de rattrapage », c’est-à-dire une version accélérée de l’installation des formes sociales de bases du capitalisme, notamment en réagençant les vieilles structures sociales prémodernes pour y imposer la socialisation des individus par le travail

    • L’« Effondrement de la modernisation » ‒ 30 ans après
      https://lundi.am/L-Effondrement-de-la-modernisation-30-ans-apres

      À l’occasion de la traduction de L’effondrement de la modernisation. De l’écroulement du socialisme de caserne à la crise de la mondialisation, de Robert Kurz (aux éditions Crise et Critique), nous publions ici un entretien avec ce dernier datant d’octobre 2004 pour le magazine Reportagem de São Paulo. Il revient sur l’émergence du courant désormais appelé « critique de la valeur », qui débute avec la publication en allemand de ce même livre en 1991. Théoriquement, il s’agissait de se dégager du marxisme traditionnel, tout en revenant à Marx, pour refuser en bloc toute la logique de la valeur et du travail. Il indique ensuite l’apport essentiel de la critique de la dissociation, apporté par Roswitha Scholtz (« La valeur, c’est le mâle », 1996), qui insiste sur le tout structurellement scindé formé par la valeur, la marchandise et le travail abstrait (qui prétendent à la totalité) d’un côté et le travail reproductif souvent « déclassé » et attribué aux femmes de l’autre (et que la totalité ne parvient jamais à subsumer totalement). Enfin, il explique les tensions au sein du groupe Krisis qui se scinde au début des années 2000 avec la formation de la revue Exit ! et termine par des considérations sur la crise mondiale de la modernisation à laquelle n’échapperont pas, selon lui, les pays alors en pleine croissance comme la Chine de l’époque.

    • @tranbert : certes ; mais peut-être qu’un quart de siècle est encore une période trop courte ? Ou alors, c’est l’#effondrisme qui, par son impatience à voir la « catastrophe » advenir, a tendance à se contenter de vues à court terme ?
      Comment appelle-t-on déjà ce comportement biaisé qui consiste à se réjouir d’une catastrophe en train de se produire ?

    • La critique de la valeur n’annonce pas un effondrement à venir, mais constate une décomposition en cours (dont l’URSS représentait justement une étape). Il n’est pas très pertinent d’attendre la « chute » du capitalisme, que tout le monde se représente par ailleurs triomphant, car il s’agit déjà d’un mort-vivant, mais ce pourrissement n’a rien d’émancipateur en soi.

    • Ni rien de réjouissant : les élites dominantes feront tout pour s’accrocher à leurs prérogatives et leurs brutalités n’iront qu’en augmentant en fréquence et en intensité.
      J’observe avec une grande attention ce qui se passe au Mexique : ce pays connait depuis un quart de siècle une violence économique et politique de grande intensité et la brutalité inouïe des rapports de domination imposés par les cartels illustre bien le genre de pourrissement auquel il faut s’attendre.

    • @ktche @sombre Je crois que comme avec la collapsologie, la WerttKritik fait une confusion entre la dynamique du système capitaliste et ce que ce système inflige aux humains et à la nature. On assiste pas à « l’écroulement mondial de la société marchande » ni au « pourrissement du capitalisme » qui au contraire fonctionnent très bien.
      Ce qui s’écroule, ce sont les conditions de la vie.
      Ce qui pourrit, c’est la société du genre humain.
      Et la production de marchandises prospère sur cette destruction et sur cette dépossession.
      Le capitalisme ne « crée » pas de la valeur, il détruit et corrompt tout ce qui permettait de se passer de ses ersatz empoissonnés et mortifères. Et c’est cela qu’il importe de dénoncer et de combattre.

    • Ça fait des années que tu répètes la même critique @tranbert :)
      « ce courant annonce la fin du capitalisme qui va se faire tout seul mais ça n’arrive jamais » … mais ce n’est jamais ce que ça dit, ça n’annonce rien de bien, ça explique que le capitalisme à force d’augmentation de la productivité (et donc encore plus depuis la robotisation + informatisation) détruit son noyau : la création de valeur.

      Mais ça peut très bien prendre très longtemps car c’est une compétition toujours mondiale donc il reste toujours quelques pays qui concentrent ce qui reste de valeur. Nous on vit justement en France, dans un de ces derniers centres occidentaux, mais non non, la production de marchandises ne prospère pas du tout quand on regarde le monde entier. Et même dans ces derniers centres, tout cela ne tient quasi que par l’expansion monstrueuse de la finance : pas du tout parce que la production prospère.

      + surtout ça n’indique absolument aucune émancipation particulière du tout ! Par défaut c’est même plutôt le contraire et que la wertkritik le dit pourtant assez explicitement (y compris dès ce premier livre) : si les mouvements d’émancipation et d’autonomie ne deviennent pas plus importants, alors par défaut cette décomposition du capitalisme aboutit plutôt à la barbarie, pas du tout à l’émancipation du genre humain… (ce que montre bien aussi La société autophage, plus particulièrement)

      Cette préface ne masque pas non plus l’évolution graduelle, en 91, il y avait aussi encore des scories de marxisme traditionnel dans ce livre, une idée transhistorique du travail, un progressisme, etc. Qui ont disparu de ce courant au fil des années, des auto-critiques, des approfondissements.

      En conséquence de quoi il n’y a rien à « attendre » magiquement (personne n’a jamais dit ça dans ce courant), il faut bien participer à construire d’autres manières de penser et de vivre (au pluriel), non basées sur la création de valeur.

      Enfin bon, plutôt que des piques régulières de mécompréhension sur les internets au fil des années, ça serait vraiment plus utile de mettre à plat les choses en discutant vraiment en face à face lors d’une rencontre avec les participant⋅es francophones (comme Renaud Garcia qui était à la rencontre l’année dernière il me semble). Quitte à ne pas être d’accord, mais au moins en dissipant les incompréhensions et quiproquos qui peuvent monter en épingle quand il n’y a que de l’écrit.
      Mais bon je dis ça… je dis rien :)

    • Ce qui s’écroule, ce sont les conditions de la vie.
      Ce qui pourrit, c’est la société du genre humain.

      Tout à fait. A condition de préciser que le « genre humain » dont il est question n’est pas une donnée transhistorique. Car c’est bien parce que le capitalisme (c’est-à-dire la forme de vie fétiche sur laquelle nous nous appuyons pour produire et reproduire la société depuis peu, comparé à la diversité et à l’histoire des formes de vie qui la précède), est lui-même en cours de décomposition, que les catégories qui le fondent et nous semblent évidentes et « naturelles » se décomposent avec lui, à commencer par la plus centrale : le travail (qui, du coup, ne fait pas partie des « conditions de la vie », mais bien de la dynamique du capital lui-même).

      Le capitalisme ne « fonctionne » pas bien. A bien des égards, il n’a jamais « bien fonctionné » puisque c’est une dynamique folle qui sape les conditions-même de sa propre reproduction, induisant par là les nuisances constatées tout au long de son histoire, et pas seulement dans ses phases les plus récentes. Dénoncer les nuisances et oublier (ou se méprendre sur) ses ressorts est une demi-mesure, du genre de celles qu’ont adoptées jusqu’à l’absurdité ceux qui voulaient rattraper la modernité plutôt que de repartir sur d’autres bases.

      Vouloir fixer la modernité à un moment particulier de son histoire, tenter de rattraper son retard pour ceux qui ne sont pas partis dans la course en tête de peloton, ou prolonger coute que coute cette trajectoire irrationnelle pour ceux qui en sont les ultimes et relatifs bénéficiaires, sont autant de façon de « croire » dans la viabilité d’un fétiche délétère.

      Dans sa phase en cours, ce n’est pas parce que le capitalisme nous écrase qu’il triomphe, mais c’est parce qu’il se décompose (et qu’on continue de l’imaginer éternel ou maitrisable) qu’il nous écrase.

  • Essai d’une (auto)critique de la gauche
    politique, économique et alternative

    Johannes Vogele

    https://lavoiedujaguar.net/Essai-d-une-auto-critique-de-la-gauche-politique-economique-et-alter

    Se poser aujourd’hui la question de la mondialisation, nous emmène forcément sur un terrain beaucoup plus vaste, qui est celui du capitalisme, son évolution historique, sa crise et la possibilité de son dépassement. D’une manière plus générale, c’est le problème de la civilisation occidentale et de sa suprématie totalitaire qui est en cause.

    Lutter contre la mondialisation du capital au nom du travail, contre la globalisation de la spéculation financière au nom de l’argent « honnête », contre la dérégulation néolibérale au nom de l’État, fût-il démocratique, contre la globalisation au nom d’identités exclusives — n’est-ce pas rester dans les formes immanentes, les contradictions constituées et constituantes du système capitaliste ? La mondialisation néolibérale et la crise ne sont-elles pas les derniers stades d’évolution de la « société de marchandises » ? Cette civilisation, car il s’agit bien plus de cela qu’uniquement d’un système économique ou politique, n’est-elle pas entrée, avec la révolution micro-électronique, dans une phase d’autodestruction massive, une sorte de contradiction mortelle, qui, tout en libérant des potentialités énormes, risque d’engendrer une néobarbarie postmoderne ingérable ? (...)

    #mondialisation #Attac #critique_de_la_valeur #Robert_Kurz #Krisis #travail #capital #civilisation