• Corona Chroniques, #Jour35 - davduf.net
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    Sur toutes les chaines, le même désastre depuis Matignon, deux pupitres, deux Shadoks qui pompent, deux ministres, l’un que l’on dit Premier, l’autre, de la Santé, réduits au rôle ingrat de Pipeau et Pipelette. En chefs de rayon hexagonal, Edouard #Philippe et Olivier #Véran comblent le vide (de masques, de tests, de vision, de dates, de perspectives, de lits, de décisions, de certitudes, de respirateurs, de sur-blouses, de charlottes, d’écouvillons, de franchise). Sur Twitter-le-cruel, un éditeur (Johan Faerbe) note : « Olivier Véran nous raconte ses coups de fil. J’ai téléphoné en Inde. J’ai eu un collègue au téléphone l’autre jour. J’épelle un numéro vert. Oliver Véran, ministre des Télecoms. »

    Leurs visages disent ce que leurs bouches voudraient masquer — leur dépassement total, et complet : le blanc qui gagne la barbe de Philippe, inexorablement ; comme les cernes de Véran, qui creusent le trou dans lequel il est — et nous avec. C’est un discours de disette, de confineMENT, en apparence peu clair mais dont on finit par comprendre au contraire qui l’est foutrement : s’ils n’ont rien à dire, c’est que ceux deux-là ne gèrent pas la pandémie mais la pénurie.

    Je les écoute sans plaisir — leur désarroi est le nôtre —, rétrogradant dans leurs rétropédalages intenables : minute après minute, ils s’enfoncent un peu plus bas dans leur parking à eux, de plus en plus humide, et sombre, froid comme un néon qui grésille. Deux gars dans un garage, sans huile et sans outils. Je les regarde et je me demande quelle mécanique les pousse à rester là, au sixième sous-sol d’un pays richissime mais incapable de produire le minimum vital ? Quelle force pour nous et se mentir à ce point ? Quelles perspectives, peut-être ? Quelle destination, pour l’un, pour l’autre ? Un raclement de gorge de Véran, la voix blanche de Philippe, et parfois, on se dit, ils vont sortir de là, prendre l’escalier de secours, et le courage de la fuite. Mais non. D’un trait, ils achèvent cette conférence de presse sans presse comme on débranche un respirateur à l’hôpital. Décès constaté, humanité dévastée, courage politique zéro.