#pourunjihad2proximité, un dialogue très intéressant chez @lundimatin
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Camille2 : Oui ... Mais ce qui est terrible, c’est que Charlie/pas Charlie est en soi un dispositif qui fait disparaître d’autres positions, notamment des positions révolutionnaires. De manière générale, les forces qui avaient commencé à s’esquisser dans les protestations antipolice à l’automne, qui rentraient en écho avec ce qui se passait aux USA, au Mexique, en Israël, tout ça a été recouvert par la question de l’islamisme, par la question Charlie ou pas Charlie.
Si tu regardes un peu de loin, c’est assez souvent que la question révolutionnaire, même à un niveau minimal d’élaboration, est recouverte par la psychose à deux faces, terrorisme/antiterrorisme. C’est arrivé de toute évidence pendant le Printemps arabe, mais même en 2001, où les questions et les inquiétudes ouvertes par Gênes ont été anéanties par l’évènement du 11 septembre.
Surtout depuis le Printemps arabe, on a l’impression que, grosso modo, quatre forces cherchent à s’organiser à une échelle mondiale, transnationale : la police, les fascistes, les djihadistes et les révolutionnaires. Les polices trouent le plan étatique ou national, collaborent ou se font la guerre entre elles, s’échangent renseignements, financements. Les fascistes, notamment en Europe, se font écho, en Ukraine, en Grèce, en Hongrie.
J’ai parlé plus haut de la constitution souple d’un parti du djihad. La séquence qui commence en Grèce en 2008 et se poursuit avec les Printemps arabes, les grèves au Brésil ou au Québec, les émeutes à Téhéran, Londres, ou en Suède, les prises de places en Espagne ou en Turquie, témoigne à mon sens de la constitution d’un parti révolutionnaire à l’échelle mondiale, ou plutôt d’une position révolutionnaire générale qui se donne de plein de manières différentes dans pas mal d’endroits inattendus.
Sauf que, et c’est là le problème, de ces quatre forces, trois sortent renforcées de la surenchère djihad/réaction policière. La police est acclamée, comme on l’a vu à Boston après l’attentat au marathon, ou à Paris le 11 janvier. Les fascistes recrutent tranquillement, se chauffent sur quelques mosquées, et guettent leur heure. Les djihadistes, comme on l’a dit plus haut, poussent leur agenda étrange, très médiatique, très spectaculaire. Mais nous, les révolutionnaires, nous peinons à exister dans ces périodes post-traumatiques. Nous ne savons pas quoi dire, ni comment le dire, et quand nous avons une parole à porter, elle s’entend à peine dans le brouhaha névrotique que le terrorisme, comme l’antiterrorisme, cherchent à produire. Il ne s’agit pas de se plaindre de l’absence de minute de silence en l’honneur de Rémi Fraisse, mais simplement de remarquer que depuis les attentats, souffle un vent d’hiver dont tout le monde profite, sauf nous.