#justice_

  • ENQUÊTE FRANCE 2. Quand des policiers et gendarmes agressent les femmes venues porter plainte
    Publié le 17/06/2025 21:01 Mis à jour le 18/06/2025 11:04
    https://www.franceinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/enquete-france-2-quand-des-policiers-et-gendarmes-agressent-les-femmes-ve

    C’est vers eux que les femmes se tournent pour être protégées en cas de violences sexuelles. Mais que se passe-t-il quand les policiers et gendarmes deviennent eux-mêmes les agresseurs ? Une enquête de « L’Œil du 20 heures » en collaboration avec Disclose.

    Il a profité de son statut de gendarme pour obtenir des relations sexuelles avec neuf plaignantes. En mai 2024, le major de gendarmerie Olivier P. a été condamné pour abus de faiblesse à trois ans de prison, dont six mois ferme. Combien de femmes venues porter plainte ont été victimes de violences similaires en France ? A notre connaissance, aucune enquête officielle n’a été réalisée sur ces plaignantes. Les journalistes du média d’investigation Disclose(Nouvelle fenêtre) en ont retrouvé 57 qui racontent avoir été harcelées, agressées ou violées par des membres des forces de l’ordre, entre 2012 et 2025. Une victime a accepté de témoigner pour « L’Œil du 20 Heures », mardi 17 juin. (...)

    #violences_policières

  • [Je signe ✍️] Le 12 juin au #Sénat, #taxons_les_ultra-riches - #Attac France
    https://france.attac.org/se-mobiliser/superprofits-ultra-riches-mega-injustices/article/je-signe-%E2%9C%8D%EF%B8%8F-le-12-juin-au-senat-taxons-les-ultra-riche

    Lettre ouverte aux #sénateurs et #sénatrices

    Madame, Monsieur,

    Le 12 juin, vous aurez l’opportunité de voter une proposition de loi essentielle qui peut faire une vraie différence dans la vie des Français et Françaises : la mise en place d’un impôt minimum sur les grandes fortunes. Ce texte vise à assurer une contribution plus équitablement répartie pour faire face aux défis que nous devons relever ensemble, en étant fidèle au principe d’#égalité_devant_l’impôt consacré par la #Constitution française.

    Notre pays fait face à une crise du financement des services publics, à un besoin impératif d’investissement dans la transition écologique et à une demande légitime des citoyennes et des #citoyens pour plus de #justice_fiscale. Dans ce contexte, la taxation des personnes les plus fortunées, détenant à minima 100 millions d’euros, est une mesure pragmatique et nécessaire qui permettrait de rapporter entre 15 et 25 milliards d’euros par an.

    Elle est plébiscitée par des #économistes de renom, y compris par des institutions financières internationales, afin notamment de collecter le manque à gagner fiscal auprès des acteurs aujourd’hui sous-imposés. Aujourd’hui, les ultra-riches paient proportionnellement moins d’impôts : chez les 0,1 % les plus riches, le taux peut chuter jusqu’à 0,2 % de leurs revenus. Il est urgent d’agir pour que chacun contribue à hauteur de ses moyens.
    Vous avez presque terminé  ! Passez à l’étape suivante.

    Merci d’avoir signé ! Vous pouvez amplifier notre mobilisation pour la justice fiscale en diffusant cette pétition autour de vous. Partagez cet appel en utilisant les boutons ci-dessous 👇🙏
    [Je signe ✍️] Le 12 juin au Sénat, taxons les ultra-richesAttac France

    Le 12 juin, c’est au tour du Sénat d’examiner la proposition d’impôt plancher sur la fortune des 0,01 % des contribuables les plus riches. Attac France, 350.org et Oxfam France lancent une campagne conjointe : nous comptons sur vous pour signer et relayer la lettre ouverte aux sénateurs et sénatrices avant le vote !

    Ce texte ne pénalise ni l’investissement ni l’entrepreneuriat, et ne risque pas d’engendrer d’exil fiscal à grande échelle mais au contraire assure que les contributions fiscales soient proportionnelles aux ressources de chacun·e. C’est un enjeu de responsabilité et d’efficacité économique : un système fiscal plus juste permet de renforcer la stabilité sociale et économique du pays à court et moyen terme.

    Nous nous adressons à vous, sénateurs et sénatrices, car nous savons que vous partagez cette ambition d’un modèle économique durable et de solutions pérennes aux crises auxquelles fait face le pays et celles à venir. Soutenir cette loi, c’est envoyer un signal fort : celui d’un engagement en faveur de la responsabilité économique et de la cohésion sociale.

    Votre vote du 12 juin sera décisif. Nous comptons sur vous pour prendre une décision courageuse et juste, qui répond aux attentes des citoyennes et des citoyens et qui prépare la France aux défis de demain.

    Dans l’attente de votre réponse et de votre action, recevez, Madame, Monsieur, l’expression de notre considération.

    kit de com : https://france.attac.org/IMG/pdf/taxonslesultrariches-versionattac.pdf

  • Des PV majorés de 500% pour les riches !

    C’est une petite révolution qui mijote de l’autre côté des Pyrénées : en Espagne, le gouvernement envisage de faire payer beaucoup plus cher les #infractions_routières... aux #automobilistes les plus aisés. Fini le ticket à 100 € indolore pour ceux qui gagnent dix fois plus que le salaire moyen ! Inspirée du modèle suisse, cette réforme vise à rendre les #sanctions plus justes, en les adaptant aux revenus de chacun. Une manière de lutter contre une #injustice trop souvent ignorée : la loi est la même pour tous, mais son poids, lui, dépend de votre fiche de paie.

    C’est le genre d’annonce qui fait grincer des dents dans les beaux quartiers de Madrid. Le parti espagnol Sumar, membre de la coalition gouvernementale, souhaite que les sanctions pour infractions au Code de la route soient indexées sur les revenus des contrevenants. Le principe est simple : plus vous gagnez, plus votre amende sera élevée. Et on ne parle pas de quelques euros supplémentaires, mais bien d’une #majoration pouvant atteindre 500 % pour les conducteurs les plus #riches.

    Concrètement, si une #infraction vous coûte aujourd’hui 100 €, elle pourrait grimper à 600 € si vous gagnez plus de 100 000 € bruts par an. Le ministre des Droits sociaux, Pablo Bustinduy, soutient cette proposition, la qualifiant de « louable » et « nécessaire pour réduire les inégalités ».

    Une #justice_routière à plusieurs vitesses

    Actuellement, en Espagne comme dans la plupart des pays, les amendes sont fixes, quelle que soit la #situation_financière du contrevenant. Un cadre supérieur peut donc se permettre d’ignorer une #contravention pour stationnement gênant ou excès de vitesse, là où un smicard y laissera une grosse part de son budget mensuel.

    La réforme s’appuie sur un principe déjà appliqué dans certains pays nordiques, et notamment en Suisse, où les amendes sont déjà proportionnelles aux revenus. Là-bas, rouler à 200 km/h peut coûter... plus d’un million d’euros. Un record mondial détenu par un conducteur suédois en 2010, épinglé pour grand excès de vitesse. Chez les Helvètes, on ne rigole pas avec les limitations.

    Les riches ciblés, les modestes soulagés ?

    La proposition espagnole va plus loin qu’une simple #surtaxe pour les hauts revenus. Elle prévoit aussi des #réductions_de_peine pour les conducteurs aux ressources modestes. Ceux qui gagnent moins de 1,5 fois le SMIC espagnol pourraient bénéficier d’un #rabais de 30 % sur leurs amendes, et ceux entre 1,5 et 2,5 fois le SMIC d’une réduction de 15 %.

    L’idée est de restaurer un semblant d’#égalité devant la loi, en évitant qu’une sanction ne soit dérisoire pour les uns et écrasante pour les autres.

    Une réforme qui fait débat

    Évidemment, la mesure ne fait pas l’unanimité. Certains dénoncent une « punition fiscale déguisée », d’autres y voient une dérive vers une justice à géométrie variable. Le gouvernement, lui, défend une approche plus équitable, dans un contexte où les écarts de richesse ne cessent de se creuser.

    Pour l’instant, la proposition doit encore être débattue au Congrès des députés espagnol. Mais elle pourrait bien faire école ailleurs en Europe, où les inégalités de traitement devant la loi sont de plus en plus critiquées.

    Vers une Europe des PV sur mesure ?

    Et si cette initiative espagnole n’était que le début d’un mouvement plus large ? Difficile de dire si la France ou d’autres pays suivront le pas. Mais à l’heure où les radars automatiques fleurissent et où l’écologie impose de nouvelles restrictions à la conduite, la question de l’équité financière dans les sanctions mérite d’être posée.

    Faire payer davantage ceux qui ont les moyens n’est peut-être pas si choquant. Après tout, payer une amende, ce n’est pas censé être un simple désagrément : c’est censé faire réfléchir.

    https://www.automobile-magazine.fr/insolite/article/48173-des-pv-majores-de-500-pour-les-riches
    #Espagne #amendes

  • #Léviathan

    Le #théâtre comme #contre-espace pour interroger le fonctionnement du #système_judiciaire, penser ses alternatives et imaginer d’autres #rituels symboliques.

    Créé après une longue immersion au cœur du système pénal, notamment des procédures de #comparution_immédiate, Léviathan interroge la justesse de la #justice_institutionnelle. En collaboration avec l’auteur #Guillaume_Poix, #Lorraine_de_Sagazan s’inspire des pratiques de la justice dite transformatrice et autres alternatives au schéma traditionnel juger-punir-enfermer. Sous un chapiteau dressé comme un #tribunal_de_fortune, en écho à l’installation présentée à la Collection Lambert, Léviathan cherche à comprendre – au-delà du bien et du mal – les liens entre le système juridique et les #inégalités qui régissent notre société, renversant au passage certaines évidences. À travers la figure biblique du Léviathan, le spectacle nous confronte à la #violence et à sa #régulation par le #droit, nous posant cette question cruciale : qui est le #monstre ?

    https://festival-avignon.com/fr/edition-2024/programmation/leviathan-348606
    #justice #théâtre #alternative #justice_transformatrice

    ping @karine4

    • #Léviathan

      Dans ce spectacle, Lorraine de Sagazan pense le théâtre comme un contre-espace pour interroger le fonctionnement du système judiciaire, ses béances, ses alternatives. Le Léviathan, figure biblique ambivalente, à l’immense héritage philosophique et littéraire pose la question suivante : qui est le monstre  ?
      Se confrontant à la construction instituée du droit, son organisation ; la #détention de l’#autorité et de la violence dite légitime, le spectacle tente, usant de registres divers, de renverser certaines évidences et d’opérer des points de bascules par delà le bien et le mal.

      Note d’intention

      Fruit de nombreuses rencontres avec avocats, magistrats, victimes et détenus, le spectacle s’intéresse aux lacunes de la justice institutionnelle. Parce qu’elle organise les rapports et régule les conflits entre les membres d’une société, la justice est la clef de voûte du schéma social et civique. Pourtant, si chacun s’entend sur sa vocation et sur sa mission, les opinions divergent quant à son application. La France, comme d’autres pays d’Europe, connait actuellement une crise de confiance sans précédent à l’égard de cette institution.

      Pendant plusieurs mois, une partie de l’équipe artistique s’est immergée dans la 23e chambre du Tribunal de Paris où ont lieu les procédures de comparution immédiate. Cette procédure simplifiée et expéditive, qui est une exception française, juge l’auteur présumé d’une infraction à sa sortie de garde à vue. Publique et durant, en moyenne, moins de trente minutes, elle est de plus en plus répandue et favorise largement l’incarcération puisque 70% des peines prononcées correspondent à des peines de prison ferme.
      En comparution immédiate, l’ordre juridique ne fonctionne pas comme une instance d’intégration et d’organisation collective, il s’inscrit dans les conflits politiques et reproduit des rapports de force. Nous avons pu y observer qu’un. e prévenu.e fait rarement face à sa victime mais fait face à un procureur qui pose la société comme la victime de l’infraction. Nous posons alors la question  : est-ce le code pénal qui fait le crime ou la présence d’une victime  ? Est-ce le code pénal qui réclame la justice ou la blessure et sa réparation  ? Pourquoi un droit répressif plutôt qu’un droit restitutif qui prendrait en charge la réparation du préjudice subi  ?
      Nous nous sommes intéressés à la justice transformatrice et à l’abolitionnisme pénal. Ces mouvements consistent à remettre en question le système pénal dans son ensemble (tribunaux, police et prisons) et à imaginer des alternatives. Il s’agit alors d’envisager une véritable confrontation des parties, créer les conditions d’un véritable «  débat politique  » au sein d’un tribunal où la victime et les besoins que celle-ci peut manifester est au centre des considérations et des décisions.

      Organisé autour de trois comparutions significatives, Léviathan interroge la validité de cette procédure et ménage une rencontre avec un témoin plusieurs fois jugé dans ce cadre. Sous un chapiteau imaginé comme un tribunal de fortune, le contre-espace théâtral se fait chambre de mémoire, avec huit interprètes dont un acteur amateur qui se porte garant de notre récit au même titre qu’il l’incite,.et confronte notre idéal de justice aux béances du système pénal contemporain. Léviathan tente de renverser certaines évidences et d’opérer des points de bascule par-delà le bien et le mal nous confrontant au dilemme de la violence, à son exercice légitime et à sa régulation par le droit.

      https://www.lorrainedesagazan.com/projets/leviathan
      #violence_légitime

  • Data Ecofeminism

    #Generative_Artificial_Intelligence (#GenAI) is driving significant environmental impacts. The rapid development and deployment of increasingly larger algorithmic models capable of analysing vast amounts of data are contributing to rising carbon emissions, water withdrawal, and waste generation. Generative models often consume substantially more energy than traditional models, with major tech firms increasingly turning to nuclear power to sustain these systems — an approach that could have profound environmental consequences.
    This paper introduces seven data ecofeminist principles delineating a pathway for developing technological alternatives of eco-societal transformations within the AI research context. Rooted in #data_feminism and ecofeminist frameworks, which interrogate about the historical and social construction of epistemologies underlying the hegemonic development of science and technology that disrupt communities and nature, these principles emphasise the integration of social and environmental justice within a critical AI agenda. The paper calls for an urgent reassessment of the GenAI innovation race, advocating for ecofeminist algorithmic and infrastructural projects that prioritise and respect life, the people, and the planet.

    https://arxiv.org/abs/2502.11086
    #données #écoféminisme #article_scientifique #IA #AI #intelligence_artificielle #écologie #environnement #féminisme #algorithmes #énergie #technologie #justice_sociale #justice_environnementale

    ping @fil

  • La guerre à l’#accès_aux_droits des étrangers

    Pour les avocats spécialisés en #droit_des_étrangers, la tâche est ardue. Ils occupent une position dominée dans leur champ, les lois évoluent très vite, et une nouvelle forme de #violence se fait jour, y compris contre les magistrats : des campagnes diffamatoires par des médias d’extrême droite – jusqu’à rendre publics les noms des « coupables de l’invasion migratoire ».
    Le gouvernement Bayrou, dans une continuité incrémentale avec l’orientation répressive déjà actée par les gouvernements Attal puis Barnier, est entré dans une #guerre ouverte contre les étrangers.

    L’arsenal lexical et juridique déployé en témoigne : de la #rhétorique de la « #submersion » à l’enterrement du #droit_du_sol à #Mayotte, en passant par la restriction drastique des conditions pour l’#admission_exceptionnelle_auséjour, l’attitude belliqueuse de l’exécutif et de ses alliés dans l’hémicycle n’a de cesse de s’affirmer et de s’assumer, quitte à remettre en cause l’#État_de_droit qui, selon Bruno Retailleau, ne serait désormais ni « intangible, ni sacré ».

    Il faut dire aussi que le vent xénophobe qui souffle sur l’Europe ne fait qu’encourager ces choix nationaux décomplexés : le Nouveau Pacte européen sur l’asile et l’immigration, adopté au printemps 2024 et dont le Plan français de mise en œuvre n’a pas été rendu public malgré les diverses sollicitations associatives, a déjà entériné le renforcement des contrôles aux frontières extérieures, la banalisation de l’#enfermement et du #fichage des étrangers[1],dans un souci de résister « aux situations de #crise et de #force_majeure ».

    C’est donc dans ce contexte politique hostile, caractérisé entre autres par une effervescence législative remarquable qui les oblige à se former constamment, que les avocats exercent leur métier. Ainsi, défendre les droits des personnes étrangères est difficile, d’abord et avant tout parce qu’ils en ont de moins en moins.

    Deuxièmement, les conditions pour exercer le métier afin de défendre ce qui reste de ces #droits peuvent être difficiles, notamment à cause des contraintes multiples d’ordre économique, symbolique ou encore procédural. Tout d’abord, ces professionnels savent qu’ils pratiquent un droit doublement « des pauvres » : d’une part, cette matière est plutôt dépréciée par une grande partie des collègues et magistrats, car souvent perçue comme un droit politique et de second rang, donnant lieu à des contentieux « de masse » répétitifs et donc inintéressants (on aurait plutôt envie de dire « déshumanisants ») ; d’autre part, ces mêmes clients ont souvent réellement des difficultés financières, ce qui explique que la rémunération de leur avocat passe fréquemment par l’#Aide_Juridictionnelle (AJ), dont le montant est loin d’évoluer suivant le taux d’inflation.

    Concernant les obstacles d’ordre procédural, la liste est longue. Que ce soit pour contester une décision d’éloignement du territoire ou une expulsion de terrain devenu lieu de vie informel, le travail de l’avocat doit se faire vite. Souvent, il ne peut être réalisé dans les temps que grâce aux collaborations avec des bénévoles associatifs déjà débordés et à bout de souffle, mais proches des situations de terrain, et donc seuls à même de collecter les nombreuses pièces à déposer pour la demande de l’AJ ou encore pour apporter les preuves des violences subies par les justiciables lors d’évacuations ou d’interpellations musclées. Pour gagner ? Pas autant de fois qu’espéré : les décisions de #justice décevantes sont légion, soit parce qu’elles interviennent ex post, lorsque la #réparation du tort n’est plus possible, soit parce qu’elles entérinent l’#impunité des responsables d’abus, soit parce que, même lorsqu’elles donnent raison aux plaignants, elles ne sont pas exécutées par les préfectures, ou encore elles ont peu de pouvoir dissuasif sur des pratiques policières ou administratives récidivantes.

    Enfin, même lorsque des droits des étrangers existent toujours sur le papier, en faire jouir les titulaires est un parcours du combattant : l’exemple de la #dématérialisation des services publics est un exemple flagrant. Assurément, Franz Kafka en aurait été très inspiré : toutes les démarches liées au #droit_au_séjour des étrangers doivent désormais se faire en ligne, alors que dans certaines préfectures l’impossibilité de prendre un rendez-vous en des temps compatibles avec le renouvellement du #titre_de_séjour fait plonger dans l’#irrégularité beaucoup de personnes parfois durablement installées et insérées professionnellement en France.

    Même la Défenseure des droits, dans un rapport rendu public le 11 décembre 2024, a épinglé l’#Administration_numérique_des_étrangers_en_France (#ANEF) en pointant du doigt sa #responsabilité en matière d’« #atteintes_massives » aux droits des usagers. Parmi ces derniers, les étrangers sont de plus en plus nombreux à faire appel à des avocats censés demander justice en cas de risque ou de perte du droit au séjour à la suite des couacs divers en #préfecture, dans sa version numérique ou non, comme dans le cas des « #refus_de_guichet ». Et encore une fois, pour les avocats il s’agit d’intenter des #procédures_d’urgence (les #référés), qui engorgent la #justice_administrative à cause de dysfonctionnements généralisés dont les responsables sont pourtant les guichets de ce qui reste du #service_public.

    Ces dysfonctionnements sont au cœur d’une stratégie sournoise et très efficace de #fabrication_de_sans-papiers, et les craintes des personnes étrangères sont d’ailleurs bien fondées : avec l’entrée en vigueur de la nouvelle #loi_immigration, dite Darmanin, les refus ou pertes de titre de séjours sont assorties d’obligations de quitter le territoire français (#OQTF), avec, à la clé, le risque d’enfermement en #Centre_de_Rétention_Administrative (#CRA) et d’#éloignement_du_territoire.

    Au vu du nombre grandissant d’étrangers déjà en situation irrégulière ou craignant de le devenir, des nouvelles entreprises privées y ont vu un marché lucratif : elles vendent en effet à ces clients potentiels des démarches censées faciliter leur #régularisation ou encore l’accès à la nationalité française. À coup de pubs sur les réseaux sociaux et dans le métro, puis de slogans aguicheurs (« Devenez citoyen français et démarrez une nouvelle vie ! ») et de visuels bleu-blanc-rouges, ces entreprises facturent des prestations de préparation de dossier à plusieurs centaines voire milliers d’euros, sans toutefois vérifier systématiquement l’éligibilité de la personne au titre demandé et donc sans même garantir le dépôt effectif du dossier[2].Qui sont donc ces magiciens autoproclamés des procédures, qui se font payer à prix d’or ? Les équipes sont présentées sur les sites de ces entreprises comme étant composées d’« experts spécialisés en démarches administratives », et encore de « conseillers dévoués ». Si l’accompagnement d’un avocat est nécessaire ou souhaité, mieux vaut aller voir ailleurs avant d’avoir signé le premier chèque…

    Les temps sont donc troubles. Et ils le sont aussi parce que les vrais professionnels du droit, celles et ceux qui ne cessent de se mettre à jour des derniers changements législatifs ou procéduraux, et de travailler en essayant de tenir les délais de plus en plus serrés de la justice (au rabais) des étrangers, sont ouvertement menacés.

    Le cas du hors-série n° 1 du magazine Frontières est exemplaire d’une attitude fascisante et décomplexée, déterminée à jeter le discrédit sur les avocats, les #magistrats et les #auxiliaires_de_justice (accompagnés bien sûr des ONG, associations, et universitaires « woke »), coupables de défendre les droits de celles et ceux que la fachosphère voudrait bien rayer de la catégorie de justiciables : les #étrangers. Discrédit qui devient #menace et #mise_en_danger, lorsque les noms, les prénoms, la fonction et le lieu d’exercice de ces maîtres à abattre sont rendus publics : en effet, ces supposés coupables du « #chaos_migratoire » sont explicitement identifiés dans ces pages. Plus précisément, plusieurs dizaines d’« #avocats_militants », profitant des dossiers de l’aide juridictionnelle pour « passer des vacances au soleil toute l’année », sont nommément pris à parti. Les magistrats ne sont pas épargnés dans cette cabale, et le magazine les épingle également.

    Plusieurs sonnettes d’alarme ont été tirées, du Conseil des barreaux européens (CCBE) au Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel (CSTA) : cette dernière instance relevant du Conseil d’État, généralement très discrète, s’est exprimée publiquement le 11 février dernier pour dénoncer sans ambiguïté les injures et menaces proférées nominativement à l’encontre d’avocats et #juges, ainsi que la mise en cause de l’#indépendance et de l’#impartialité de la justice administrative, estimant que « toutes les suites pénales susceptibles d’être engagées doivent l’être ». La matière pour le faire ne semble pas manquer, et des #plaintes avec constitution de partie civile ont déjà été déposées par le passé par des magistrats, donnant lieu à des contentieux pénaux dont certains sont encore en cours. Mais face à la montée des récriminations violentes contre les juges « rouges », plusieurs juridictions s’organisent pour attribuer la #protection_fonctionnelle à leur personnel.
    Et ce n’est pas bon signe.

    Malgré le soutien de #Gérald_Darmanin aux magistrats menacés, dans ses nouvelles fonctions de Ministre de la Justice, son homologue de l’Intérieur a repris un vieux cheval de bataille qui revient à fustiger la supposée « #confiscation_du_pouvoir_normatif » par les juridictions européennes ou nationales : en défendant la légitimité du #non-respect_du_droit lorsqu’il est considéré incompatible avec les principes nationaux, une brèche de plus a été ouverte par #Bruno_Retailleau pour qui « on doit changer la loi. Aujourd’hui, on a quantité de règles juridiques qui ne protègent pas la société française ».

    En réalité, Gérald Darmanin doit en partager le raisonnement, puisque, lorsqu’il était lui-même à l’Intérieur, il avait osé autoriser l’expulsion d’un ressortissant Ouzbèke soupçonné de radicalisation malgré la décision contraire de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), pour ensuite être débouté par le juge des référés du Conseil d’État qui avait enjoint sa réadmission. Ce #contrôle_juridictionnel est considéré par un nombre croissant d’élus, et d’internautes violents, comme excessif et nuisible à l’efficacité du maintien de l’ordre. De là à traiter les avocats et magistrats « fautifs » de trop brider les ambitions sécuritaires du gouvernement comme des ennemis intérieurs, il n’y a qu’un pas.

    Les plus optimistes pourront toujours considérer le #Conseil_Constitutionnel comme le dernier rempart vis-à-vis des risques d’ingérence de l’exécutif sur le judiciaire. Mais que peut-on attendre de cette institution et de son #impartialité, lorsque l’on sait que les « Sages » sont souvent d’anciens professionnels de la politique, peu ou pas formés au droit, dont #Richard_Ferrand, à peine nommé, est un exemple parfait ?

    L’histoire nous le dira. En attendant, il serait opportun de penser à faire front.

    https://aoc.media/analyse/2025/03/16/la-guerre-a-lacces-aux-droits-des-etrangers
    #mots #vocabulaire #terminologie #Etat_de_droit #xénophobie #contrôles_frontaliers #avocats #juges_rouges
    ping @reka @isskein @karine4

  • Il balance tout sur la #corruption et les magouilles des politiques

    https://www.youtube.com/watch?v=eqNpAVgoLsc

    Délinquance financière : la commission d’enquête du Sénat lance ses travaux

    La commission d’enquête constituée aux fins d’évaluer les outils de la #lutte contre la délinquance financière, la #criminalité_organisée et le contournement des #sanctions_internationales, en France et en Europe, et de proposer des mesures face aux nouveaux défis, créée à l’initiative du groupe Union Centriste, s’est réunie le 29 janvier 2025 pour constituer son bureau et lancer ses travaux.

    La prise de conscience de la réalité de l’emprise de la criminalité organisée en France est récente. Elle l’est plus encore s’agissant de l’ampleur des masses financières liées aux activités criminelles et à l’impact de ces sommes sur l’économie et la société. Des sujets aussi variés que la traite des êtres humains, la contrefaçon, le recours aux cryptomonnaies et la vente d’or se trouvent liés par le recours aux réseaux financiers criminels.

    La commission d’enquête se penchera sur la question du blanchiment et du financement de la criminalité organisée. Quels en sont les instruments ? Quels sont les moyens de prévention et d’entrave dont dispose la France ? Quelle est leur efficacité ? Comment s’articulent luttes au niveau national et au niveau international ? Tels sont les thèmes sur lesquels se penchera la commission d’enquête dans les mois à venir, dans le prolongement des travaux récents du Sénat.

    La commission d’enquête engagera ses auditions dès le 6 février 2025 et achèvera ses travaux au plus tard le 18 juin 2025.

    Elle a composé son bureau comme suit :

    Président :

    – Raphaël Daubet (Rassemblement Démocratique et Social Européen)

    Rapporteur :

    – Nathalie Goulet (Union Centriste)

    Vice-présidents :

    - Marc-Philippe Daubresse (Les Républicains)
    - Nadine Bellurot (Les Républicains)
    - André Reichardt (Les Républicains)
    - Hussein Bourgi (Socialiste, Écologiste et Républicain)
    - Patrice Joly (Socialiste, Écologiste et Républicain)
    - Sylvie Vermeillet (Union Centriste)
    - Dominique Theophile (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants)
    - Pascal Savoldelli (Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky)
    - Dany Wattebled (Les Indépendants – République et Territoires)
    - Grégory Blanc (Écologiste – Solidarité et Territoires)

    https://www.senat.fr/salle-de-presse/communiques-de-presse/presse/29-01-2025/delinquance-financiere-la-commission-denquete-du-senat-lance-ses-travaux.html

    #Fabrice_Arfi #condamnations #France #politiques #pouvoir #justice #commission_d'enquête #délinquance_financière #cour_de_justice_de_la_République #tribunal_d'exception #argent #médias #procès_de_la_justice #détournement_de_fonds_publics #République_des_juges #sentiment_d'impunité #fraudes_fiscales #crime_financier #délit_financier #atteintes_à_la_probité #justice_financière #criminalité_financière #paradis_fiscaux #syndrome_des_silos #hybridation #mafia #narcotrafic

  • La #Serbie à contre-courant
    https://laviedesidees.fr/La-Serbie-a-contre-courant

    Alors que tant de pays du monde se tournent vers des extrêmes droites populistes, ce sont des exigences d’intégrité morale, de #justice_sociale et de démocratie directe qui se font entendre dans ce pays des Balkans, embrasé depuis l’automne par une #révolte qui n’en finit pas de s’étendre.

    #International #populisme #jeunesse #extrême_droite #manifestations
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250304_serbie.pdf

  • Le #sentiment_d’injustice, c’est ce qui peut faire basculer entre une #souffrance acceptable et une souffrance inacceptable. Un travailleur peut ressentir acceptable ce qu’il vit s’il estime que c’est juste, et alors rester engagé. Au contraire, si l’on prend l’exemple d’une promotion qu’il n’aurait pas eu au bénéfice d’un collègue moins méritant, son sentiment d’injustice intense peut rendre cette souffrance inacceptable.

    Voici les résultats d’une revue systématique canadienne sur 11 études prospectives. La justice procédurale et la justice relationnelle au travail étaient associées avec des problèmes de santé mentale (pour la plupart) :
    👉🏼 #Justice_relationnelle (10 études) : risque de morbidité psychiatrique augmenté jusqu’à 60 % et absentéisme (maladie) augmenté de 20 %
    👉🏼 #Justice_procédurale (8) : risque de morbidité psy augmenté de 40 à 90 %

    ⁉️ Mais 𝙆𝙀𝙕𝘼𝙆𝙊 ces différents types de justice ⚖️ 👇🏼

    La justice organisationnelle fait référence à l’équité dans les règles sociales des entreprises et comporte 3 dimensions :
    ➛ distributive : répartition des ressources/bénéfices
    ➛ procédurale : #équité des #procédures conditionnant cette #répartition
    ➛ interactionnelle : équité des #relations_interpersonnelles composée elle-même de 2 dimensions : #justice_relationnelle (degré de respect reçu par le N+1) et #justice_informationnelle (explications données par le #management sur les nouvelles procédures)

    💡 Les changements de justice relationnelle au fil du temps ont également un effet :
    ➛ changement favorable associé à un risque moindre de détérioration
    ➛ changement défavorable associé à une augmentation du risque de 80 %

    💡 La justice organisationnelle serait un meilleur prédicteur comparé à d’autres indicateurs comme la charge de travail ou la latitude décisionnelle :
    ➛ la justice relationnelle pour l’#absentéisme (+ 22 %)
    ➛ la justice procédurale pour la #morbidité_psychiatrique (+ 44 %)👇🏼

    La conception prospective des études suggère une relation causale entre la justice organisationnelle et les problèmes de santé mentale. Ces associations sont restées significatives même après avoir contrôlé selon les modèles de Karasek* et de Siegrist**.

    La dimension distributive, bien que celle qui est le + souvent attendue, ne serait pas forcément celle qui a le plus d’impact sur la santé mentale. Les 2 autres dimensions (procédurale et interactionnelle) seraient donc + "impactantes" 👇🏼

    ⚠️ Parmi les limites de cette revue systématique : la justice informationnelle n’a pas été évaluée.

    *Le modèle de Karasek permet d’évaluer pour chaque travailleur l’intensité de sa demande psychologique, sa latitude décisionnelle et le soutien social qu’il reçoit.
    **Le modèle de Siegrist permet de scorer le déséquilibre « efforts/récompenses ».

    #santé_mentale

    https://mastodon.social/@dr_jeancaron/114074439102771955
    #acceptabilité #inacceptabilité #travail

  • [Clisson] Rencontre avec Ana Pich autour de autour de “Garde à vue : Petit guide pratique pour celles et ceux qui luttent pour leurs droits”
    https://nantes.indymedia.org/events/138643/rencontre-avec-ana-pich-autour-de-autour-de-garde-a-vue-petit-guid

    Rencontre avec Ana Pich autour de son dernier livre Garde à vue : Petit guide pratique pour celles et ceux qui luttent pour leurs droits, aux éditions Massot, mais aussi de son précédent Chroniques de l’injustice ordinaire, chez le même éditeur. Ce guide pratique dessiné s’appuie sur des expériences vécues…

    #GAV #Justice_de_classe #Rencontres #Répression #librairie_les_villes_invisibles_clisson

  • Après la mort d’Elias, 14 ans : [La Réunion] coupe les allocations familiales aux parents de jeunes délinquants
    https://econostrum.info/departement-supprime-allocations-familiales

    Face à une montée des actes de violence dans certains quartiers de #La_Réunion, le #préfet Patrice Laffont a annoncé un plan visant à renforcer la responsabilisation des familles. L’une des mesures phares de ce dispositif consiste en une surveillance accrue des droits aux #allocations_familiales, avec la possibilité de leur suppression si des négligences parentales sont avérées. L’objectif est d’inciter les parents à mieux encadrer leurs enfants et à éviter qu’ils basculent dans la délinquance.

    Des contrôles renforcés de la #CAF

    Le préfet a précisé que des #contrôles_ciblés seront menés [au flashball] auprès des bénéficiaires de la CAF, en particulier ceux accueillant des #mineurs_délinquants. Il s’agit notamment de vérifier si les personnes en charge remplissent correctement leurs obligations éducatives et financières. Cette approche vise aussi les jeunes #mineurs_isolés, souvent confiés à des proches, afin de s’assurer que les aides perçues sont utilisées à bon escient.

    Suspendre les aides sociales en cas de délinquance juvénile soulève des interrogations. Certains estiment que cette mesure pourrait fragiliser davantage les familles précaires, au risque d’aggraver la situation des jeunes concernés. D’autres y voient un levier efficace pour impliquer davantage les parents dans l’éducation et la surveillance de leurs enfants. Ce débat fait écho à une proposition de loi récemment déposée à l’Assemblée nationale, qui vise à généraliser cette approche à l’échelle du pays.

    D’autres sanctions en plus de l’arrêt des allocations familiales ?

    Au-delà de la suspension des allocations, le préfet de La Réunion envisage des sanctions plus lourdes pour les familles de jeunes délinquants. Il a évoqué la possibilité d’#expulsions de logements sociaux pour les parents dont les enfants seraient impliqués dans des troubles répétés. Par ailleurs, la suppression ou la dégradation des titres de séjour pourrait être envisagée pour les parents étrangers dont les enfants seraient identifiés comme auteurs de violences.

    Les ordonnances de 1945 sur la justice des mineurs craquent de partout, ici avec des sanctions administratives et sociales, demain avec un projet de loi promis par Darmanin.

    #logement_social #droit_au_séjour #étrangers #justice_des_mineurs

    • Punir les femmes : 

      Surtout, cette solidarité se poursuit au-delà du divorce ou de la séparation, et même si le régime marital était celui de la séparation des biens.

      « Dans 90 % des cas, ce sont des femmes qui se retrouvent à payer la dette fiscale , majorée des pénalités et intérêts de retard, déplore Marie-Cécile Sergent, 62 ans, adhérente, comme Gabrielle, du Collectif des femmes divorcées victimes de la solidarité fiscale, fondé à Lyon en 2019. 81 % de ces dettes sont issues des redressements fiscaux liés aux activités professionnelles de l’ex-conjoint, auxquelles elles n’ont jamais participé. »

      L’ex-époux organise son insolvabilité, fuit à l’étranger ou se cache, la femme se voit confisquer ses biens patrimoniaux, saisir ses comptes bancaires ainsi que son salaire par un Trésor acharné à recouvrer l’intégralité de la dette.

    • « même si le régime marital était celui de la séparation des biens. »

      De la nécessité, y compris pour les impôts, d’être chacun de son
      côté. Une sorte d’éloge de l’individualisme. Ne pas bénéficier des avantages de la déclaration commune, pour ne pas risquer de se retrouver à payer les frasques fiscales du conjoint. Si j’en parle à ma compagne, à coup sûr, on va stopper net la déclaration commune :-)))

    • J’avoue qu’à la lecture de cet article, j’en suis resté comme deux ronds de flan ...

      C’est le principe même de la solidarité fiscale qu’il faut supprimer pour en finir avec cette violence économique ahurissante, juge Lise Chatain, professeure de droit fiscal à l’université de Bourgogne :

      « La solidarité fiscale offre au Trésor une garantie de recouvrement de l’impôt, mais c’est un mécanisme qui fait fi à la fois du droit civil, puisqu’il l’emporte sur le régime marital de la séparation des biens, et de la justice : aux yeux de l’administration, peu importe qui a généré la fraude. »

      Ce dispositif, instauré en 1938, est aujourd’hui justifié par la conjugalisation de l’impôt, mais il repose sur une conception dépassée de la famille, où l’on encourageait la femme à ne pas travailler, et sur le principe du partage absolu de toutes les ressources du couple.

      « Cela lèse déjà les femmes durant la vie commune car elles ont généralement moins de patrimoine que les hommes, et dans un couple leurs revenus sont inférieurs de 42 % à ceux du mari. Après le divorce, c’est pire puisque s’ajoute une baisse de revenus et de niveau de vie : entre 20 % et 30 % pour les ex-épouses alors qu’elle est de 3 % pour les ex-maris », poursuit la juriste.

      Comme beaucoup d’autres dispositions du code des impôts, observe Lise Chatain, « la solidarité fiscale est apparemment neutre, s’appliquant aux époux hommes ou femmes, mais dans les faits, son application est genrée et s’avère très défavorable à l’épouse ».

      #justice_genrée

  • Pourquoi acceptons-nous l’inacceptable ?

    Et comment construire une #santé_mentale_collective ?

    Les #injustices_sociales en France, comme la réforme des retraites, les discriminations raciales et la violence policière, sont exacerbées par des politiques migratoires répressives et des discours xénophobes. Les communautés LGBTQIA+, notamment les personnes trans, subissent aussi des attaques violentes et des régressions législatives. Ces inégalités sont systématiques et marginalisent des millions de personnes. Cependant, malgré ces luttes et mobilisations, une #résignation collective persiste, en partie à cause de mécanismes psychologiques invisibles qui rendent l’inacceptable acceptable.

    Malgré ces défis, des mouvements comme les Gilets jaunes ou les luttes féministes et antiracistes/décoloniales montrent que la #colère et la #résistance existent. Mais pourquoi ces élans s’essoufflent-ils ? Cette question dépasse les seules causes économiques et politiques, elle touche à des mécanismes psychologiques profonds. Ces mécanismes qui nous poussent à accepter l’inacceptable peuvent être déconstruits. En repensant la #santé_mentale comme un enjeu collectif, nous pouvons transformer notre manière de percevoir l’#injustice, en créant des espaces de #solidarité et d’#action commune. C’est à travers cette réinvention de notre rapport à l’autre et à la société que nous pourrons espérer changer les choses.

    Les mécanismes psychologiques de l’acceptation de l’inacceptable

    S’habituer à l’inacceptable ou le biais d’#adaptation

    Imaginez un bruit constant dans votre environnement, comme celui d’un ventilateur. Au début, ce bruit vous dérange, mais à mesure qu’il persiste, votre cerveau l’intègre et vous finissez par ne plus le remarquer. Ce phénomène, appelé #biais_d’adaptation, joue un rôle similaire face aux conditions de vie dégradées.

    Dans les sociétés contemporaines, ce biais se manifeste par l’#acceptation progressive de situations pourtant insupportables : précarité croissante, dégradation des services publics, ou explosion des prix de l’énergie. Par exemple, en France, le démantèlement progressif des hôpitaux publics, documenté par des sociologues comme Pierre-André Juven (La casse du siècle : À propos des réformes de l’hôpital public), a conduit à une pénurie de soignants et de lits. Pourtant, cette réalité est perçue comme une « #nouvelle_normalité » à laquelle il faudrait s’adapter, et non comme un #problème_systémique à résoudre.

    Ce phénomène se retrouve également dans des sphères plus personnelles. Prenons l’exemple du monde professionnel : un travailleur qui, année après année, voit ses #conditions_de_travail se dégrader – une #surcharge de tâches, des heures supplémentaires non payées, ou des #pressions_managériales croissantes – finit souvent par intégrer ces contraintes comme faisant partie du « métier ». Il rationalise : « C’est comme ça partout » ou « Je dois m’estimer chanceux d’avoir un emploi. » Pourtant, ces #ajustements_psychologiques masquent souvent une #souffrance profonde. En acceptant ces conditions, le salarié s’adapte à un #environnement_hostile sans remettre en question la structure qui en est responsable.

    De la même manière, les personnes racisées développent des #stratégies_d’adaptation face aux discriminations systémiques. Un exemple frappant est celui des #contrôles_au_faciès. Pour beaucoup, cette pratique récurrente devient une « #routine » : éviter certains quartiers, anticiper les interactions avec la police en préparant leurs papiers, ou encore minimiser l’expérience en se disant que « cela aurait pu être pire ». Ces #stratégies_d’ajustement sont des #mécanismes_de_survie, mais elles renforcent également la #banalisation de l’#injustice. Comme le souligne le sociologue Abdellali Hajjat dans ses travaux sur l’islamophobie et les discriminations, cette #normalisation contribue à invisibiliser les #violences_structurelles, car les individus finissent par intégrer ces traitements comme des faits inévitables de leur quotidien.

    D’un point de vue psychologique, cette #capacité_d’adaptation est un #mécanisme_de_protection : notre cerveau tend à minimiser les #chocs_émotionnels en « normalisant » ce qui devrait être exceptionnel. Mais cette adaptation, si elle nous protège individuellement, nous empêche collectivement de reconnaître l’#urgence_d’agir et peut paralyser l’#action_collective.

    L’#effet_de_normalisation : rendre l’injustice ordinaire

    Autre mécanisme à l’œuvre : l’effet de #normalisation. Les inégalités sociales, souvent présentées comme inévitables dans les discours politiques et médiatiques, finissent par être acceptées comme un état de fait.

    Prenons l’exemple des écarts de richesse. Lorsqu’un PDG gagne 400 fois le salaire moyen de ses employés, cette réalité devrait susciter l’indignation. Mais les récits dominants – comme celui de la « méritocratie » ou du « risque entrepreneurial » – transforment ces écarts en phénomènes normaux, voire légitimes. Les médias jouent ici un rôle central : en valorisant des figures comme Elon Musk ou Jeff Bezos, ils participent à cette construction idéologique. Comme l’explique le sociologue Pierre Bourdieu dans Sur la télévision, les médias ne se contentent pas de relater les faits : ils contribuent à modeler notre perception de ce qui est acceptable ou non.

    Cet effet de normalisation s’étend aussi à d’autres domaines. Les politiques d’#austérité, par exemple, sont souvent présentées comme des « nécessités économiques », rendant leurs conséquences – licenciements, fermetures de services publics – moins contestables. Les #discours_politiques insistent obstinément sur des #impératifs comme « réduire la dette publique » ou « améliorer la compétitivité », occultant les impacts humains et sociaux de ces choix. En nous habituant à ces récits, nous acceptons ce qui devrait être combattu.

    Cependant, il est essentiel de souligner que cette normalisation n’est ni totale ni irréversible. De nombreux travailleurs et travailleuses refusent ces conditions et s’organisent pour les contester. Les mouvements sociaux, les grèves et les luttes syndicales témoignent d’une résistance active face à cette normalisation.

    On peut par exemple observer le cas des femmes de chambre de l’hôtel Radisson Blu à Marseille déjà traitée par mon collègue Guillaume Etievant dans son article dédié. Après plusieurs mois de grève en 2024, ces travailleuses ont obtenu des augmentations salariales, une réduction des horaires de travail, et des compensations pour les heures supplémentaires. Elles ont ainsi mis en lumière les conditions de travail inacceptables qui étaient perçues comme normales dans l’industrie hôtelière, et ont prouvé qu’une organisation collective peut renverser cette « normalité ». En comparaison, la #lutte du personnel de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, bien qu’elle ait pris fin, illustre également comment les conditions de travail dégradées peuvent être confrontées par la mobilisation collective.

    Ces #grèves illustrent un point crucial : en conscientisant les mécanismes de normalisation, il devient possible d’agir collectivement. Identifier ces récits qui banalisent l’injustice, les déconstruire, et s’organiser pour les contester sont des étapes indispensables pour transformer une indignation individuelle en une action collective. Ainsi, si l’effet de normalisation est puissant, il n’est pas insurmontable. Les #résistances_collectives montrent qu’il est possible de refuser l’inacceptable et de poser les bases d’une société plus juste.

    Le biais d’#impuissance apprise : quand l’échec paralyse

    Enfin, le #biais_d’impuissance_apprise joue un rôle crucial dans notre passivité face aux injustices. Décrit par le psychologue #Martin_Seligman dans les années 1960, ce biais se développe lorsqu’un individu, confronté à des situations où ses efforts ne produisent aucun effet, finit par croire qu’il est incapable de changer quoi que ce soit.

    Sur le plan collectif, ce biais se manifeste après des mouvements sociaux réprimés ou qui échouent à obtenir des victoires significatives. Les manifestations massives contre la réforme des retraites en France en 2023, bien qu’intenses, n’ont pas empêché son adoption. Pour beaucoup, ce type d’échec renforce un sentiment d’inutilité de l’#action_politique. Cette #impuissance_apprise n’est pas seulement un phénomène individuel : elle est renforcée par des stratégies institutionnelles. La #répression_policière, les discours dénigrant les grèves ou les mobilisations, ou encore la lenteur des changements politiques contribuent à installer ce #sentiment_d’impuissance. Ces mécanismes participent à la #reproduction_des_inégalités en paralysant toute velléité de contestation comme l’indique la sociologue Monique Pinçon-Charlot.

    Ces #biais_cognitifs – l’adaptation, la normalisation et l’impuissance apprise – agissent de manière insidieuse pour nous maintenir dans l’acceptation de l’inacceptable. Les comprendre, c’est déjà commencer à s’en libérer. Mais ces mécanismes ne suffisent pas à expliquer la #passivité_collective : ils s’articulent à des structures sociales et économiques qui les renforcent.

    La #charge_psychologique_individuelle dans un système oppressif

    L’#individualisation des #problèmes_sociaux

    Beaucoup de personnes se retrouvent à vivre des situations difficiles, comme le chômage ou la pauvreté, dans la solitude, se sentant souvent responsables de leur propre sort. Cette #culpabilisation est renforcée par un #discours_dominant qui fait porter la faute sur l’individu, et non sur le système qui produit ces inégalités. C’est désormais bien connu, il suffit de “#traverser_la_rue” pour trouver du travail. Pourtant, il n’y a pas de honte à être confronté à des difficultés qui échappent à notre contrôle. Le #chômage, par exemple, est largement le résultat d’un marché du travail précarisé et d’une économie qui valorise l’exploitation plutôt que le bien-être. Il est essentiel de rappeler qu’il n’y a aucun aveu d’échec à se retrouver dans une situation où les structures économiques et sociales sont défaillantes. Ce n’est pas un échec personnel, mais bien une conséquence de l’organisation injuste du travail et des ressources.

    Le #capitalisme_émotionnel : une #aliénation des sentiments

    Le “capitalisme émotionnel” désigne la manière dont notre société capitaliste transforme nos #émotions en une #responsabilité_personnelle et une marchandise. Dans ce système, il nous est constamment demandé de « rester positif », de « faire face » et de « réussir malgré les difficultés », en particulier dans des contextes d’injustice sociale et économique. L’idée de la « #résilience », souvent véhiculée par les médias et les institutions, devient un impératif moral : si vous échouez à être heureux malgré les adversités, c’est de votre faute. Cette pression constante pour gérer nos émotions comme une #performance_individuelle fait partie d’un processus plus large d’#aliénation_émotionnelle. En d’autres termes, nous sommes poussés à croire que nos émotions et notre bien-être sont des éléments que nous pouvons maîtriser par la #volonté seule, alors qu’ils sont en réalité fortement influencés par les conditions sociales et économiques. Cela nous empêche de voir que nos luttes intérieures ne sont pas des défaillances, mais des réponses normales à des systèmes qui ne répondent pas aux besoins fondamentaux des individus.
    Le #capitalisme_émotionnel est donc un outil de contrôle social, car il détourne notre attention des causes profondes de notre #mal-être (injustices sociales, précarité, discriminations) et nous fait croire que notre souffrance est une question d’#aptitude_personnelle à surmonter les épreuves. Cela crée un sentiment de culpabilité, car on nous fait porter la #responsabilité de nos émotions et de notre résilience, sans jamais questionner les #structures_sociales qui alimentent cette #souffrance.

    Construire une santé mentale collective : la santé mentale comme #bien_commun

    Pour dépasser les limites de l’individualisme, il est essentiel de repenser la santé mentale comme un bien commun. Plusieurs initiatives inspirées des luttes féministes et des communautés marginalisées ont démontré que des structures communautaires de soutien peuvent offrir des solutions alternatives. Par exemple, les centres sociaux autogérés ou les réseaux d’entraide pour les travailleurs précaires permettent de créer des espaces où les personnes peuvent partager leurs expériences et trouver du soutien, loin des logiques de consommation des soins traditionnels. Ces espaces permettent de reconstruire des liens sociaux, de se soutenir mutuellement et de remettre en question l’#isolement imposé par les structures capitalistes.

    Dépolitiser l’#aide_psychologique individuelle pour la repolitiser

    L’accès aux #soins_psychologiques n’est pas égalitaire. Pour beaucoup, les thérapies sont hors de portée, soit en raison des coûts, soit à cause de l’absence de structures accessibles dans certains quartiers ou pour certaines populations. De plus, tous les thérapeutes ne partagent pas nécessairement une vision progressiste ou collective de la #santé_mentale. Il est donc essentiel de ne pas considérer la #thérapie comme une solution unique ou universelle à des problèmes sociaux qui sont avant tout politiques.
    Plutôt que de pathologiser systématiquement les effets du système sur les individus, il est plus pertinent de reconnaître que les #souffrances_psychologiques, dans de nombreux cas, sont des réponses normales à des conditions sociales et économiques injustes. Cependant, cela ne veut pas dire que la santé mentale doit être entièrement politisée de manière simpliste ou que l’on doit jouer aux « apprentis sorciers » de la #psychiatrie. L’enjeu est de comprendre qu’un #soutien_psychologique efficace doit tenir compte du contexte social et des inégalités qui peuvent fragiliser un individu. Les modèles de soutien collectifs, comme les #thérapies_communautaires ou les initiatives de santé mentale qui se nourrissent des #luttes_sociales (féministes, anticapitalistes, etc.), offrent des alternatives intéressantes. Elles ne visent pas à remplacer les #soins_individuels mais à compléter une approche qui permet de sortir de l’isolement, de reconnaître la dimension sociale des souffrances et d’offrir des #espaces_d’entraide où les individus peuvent se sentir soutenus collectivement.

    L’action politique comme remède à l’impuissance

    Redonner un sens à l’action collective est essentiel pour contrer le #sentiment_d’impuissance que beaucoup de personnes ressentent face aux injustices sociales. Participer à des #mouvements_sociaux peut être un moyen puissant de reconstruire l’#espoir et de lutter contre l’isolement. Cependant, il est important de souligner qu’il n’y a aucune culpabilité à ne pas être impliqué dans ces actions. Chacun évolue à son rythme, et l’#engagement_politique ne doit pas être un fardeau supplémentaire. Ce qui est essentiel, c’est d’être conscient des dynamiques collectives et de comprendre que, même si l’engagement direct dans les luttes peut sembler difficile ou épuisant, il existe des façons diverses et variées de soutenir la justice sociale. Il n’est pas nécessaire de répondre à une injonction de « se bouger le cul » pour se sentir utile. Beaucoup de personnes, éssoré.e.s par des oppressions systémiques telles que la toxicité managériale, le racisme, le validisme ou les violences faites aux personnes LGBTQIA+, peuvent se retrouver dans une situation de souffrance où chaque geste peut sembler trop lourd. La #solidarité ne se limite pas à l’action visible ; elle peut aussi passer par la création d’espaces de soutien, le partage d’informations, ou simplement par l’écoute et la compréhension. L’important est de trouver des moyens de participer, à son rythme et selon ses capacités.

    Les victoires obtenues par des mouvements sociaux, comme l’augmentation du salaire minimum ou la reconnaissance des droits des travailleurs, ont un impact psychologique direct : elles brisent le sentiment d’impuissance et rappellent qu’il est possible de transformer la réalité. Ces victoires, bien qu’elles puissent sembler petites à l’échelle globale, nourrissent l’espoir et renforcent la solidarité. Faire de la #justice_sociale une condition de la santé mentale implique de revendiquer des #politiques_publiques qui réduisent les inégalités et permettent à chacun de vivre dignement. Des propositions telles que l’accès gratuit aux soins psychologiques sont des leviers importants pour garantir une santé mentale collective et émancipée.

    Les mécanismes psychologiques qui nous poussent à #accepter_l’inacceptable ne sont ni inévitables ni figés. En comprenant mieux ces biais, en décryptant l’effet de normalisation et en reconnaissant l’impact de l’individualisation des problèmes sociaux, nous pouvons démystifier cette #résignation_collective. Nous avons le pouvoir de déconstruire ces dynamiques à travers l’éducation, la solidarité et, surtout, l’action collective. Ce processus n’est pas facile, mais il est possible. Changer de regard sur les inégalités, c’est déjà commencer à les transformer. Ce n’est pas un effort solitaire, mais une démarche collective, qui commence par la reconnaissance des souffrances et la volonté d’agir ensemble pour y remédier.

    https://www.frustrationmagazine.fr/pourquoi-acceptons-nous-l-inacceptable

    #invisibilisation #accès_aux_soins #psychologie

    déjà signalé par @gorekhaa :
    https://seenthis.net/messages/1092977

  • Géographie de la justice spatiale en France

    Arnaud Brennetot

    https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7283002423701340160

    En France, la “circulation invisible des richesses” (Davezies) en faveur des territoires les plus fragiles continue à garantir une forme d’équité spatiale

    En France métropolitaine, l’impôt sur le revenu, les prélèvements sociaux (CSG, CRDS) ainsi que les diverses prestations sociales (pour les familles, le logement, l’autonomie, etc.) redistribuent une partie des revenus perçus par les ménages les plus aisés et les reversent aux ménages les moins fortunés. Cette redistribution se traduit géographiquement par des flux de revenus depuis les territoires habités par des populations plus riches que la moyenne nationale vers les territoires dont la population a, en moyenne, des revenus plus faibles

    #France
    #justice_spatiale
    #économie
    #revenus
    #inégalités
    #cartoexperiment_2025

    • Selon l’importance qu’on accorde aux inégalités, on pourra trouver cette politique de redistribution spatiale des revenus, pour les uns, excessive et, pour les autres, insuffisante. Au cours des dernières années, la fragilisation des impôts sélectifs (ISF, taxe d’habitation) au profit d’impôts à taux uniques (TVA, TICPE, prélèvement forfaitaire sur les revenus du capital) et l’évasion fiscale ont compromis ces mécanismes redistributifs et la cohésion sociale et territoriale qui en découle. Or, en votant fortement pour le RN, les citoyens habitant les territoires les moins riches (Nord, Nord-Est, Languedoc) font le choix d’une politique anti-fiscale qui, si elle était appliquée, reviendrait à réduire les mécanismes redistributifs dont ils sont pourtant parmi les principaux bénéficiaires, exposant leurs bassins de vie à un régime de concurrence qui les fragiliserait encore plus qu’ils ne le sont déjà. Seule une ambitieuse politique d’aménagement du territoire serait à même de répondre à leurs attentes mais celle-ci ne figure ni dans le programme du RN, ni dans la réorientation idéologique en cours des forces d’extrême-droites, désormais ouvertement favorables à la dérégulation et à l’individualisme.

  • L’art au renfort de la justice
    https://laviedesidees.fr/L-art-au-renfort-de-la-justice

    Lors de tout procès qui se tient à la Cour Pénale Internationale, les juges traitent des centaines d’éléments de preuve afin de rendre leur verdict. Les œuvres-outils tranchent dans la masse des données et offrent un raccourci artistique et visuel indispensable à l’administration de la justice.

    #International #Arts #sociologie #poésie #justice_internationale #art_contemporain
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20241227_muzungu_docm.pdf

  • Auch dank Infosperber kommt Unfallopfer wieder zur Rente
    https://www.infosperber.ch/gesellschaft/sozialversicherungen/allianz-versicherungen-perfide-tricks-unfallrente-dank-infosperber-bunde

    Les assuranve privées somt connues pour leur maîtrise de l’art d’éviter les remboursements. En suisse l’assurance Allianz a cessé le versement de retraites quand ses employés trouvaient un vice de forme dans le passé pour lequel l’assurance était reponsable. La cour de justice Bundesgericht vient de corriger sa décision qui a rendu possible pendant sept ans cet abus au dépens des victimes d’accidents.

    18.12.2024 von Andres Eberhard - Die «Allianz» hatte mit perfiden Tricks viele Opfer um eine Rente geprellt. Jetzt vollzog das Bundesgericht eine Kehrtwende.

    Die Allianz Suisse ist Opfer ihrer eigenen Unverschämtheit geworden. Sieben Jahre lang hat die Versicherung systematisch kleine Unfallrenten aufgehoben, wie Infosperber vor zwei Jahren aufdeckte. Sie argumentierte dabei mit angeblichen Formfehlern beim 10 oder 20 Jahre zurückliegenden Rentenentscheid – Fehler wohlweislich, die sie selbst verschuldet hat. Stossend war das Vorgehen der Versicherung auch darum, weil die Allianz für einen Grossteil der geschuldeten Renten vorgängig entschädigt wurde. Von der Haftpflichtversicherung erhielt sie teilweise mehrere Hunderttausende Franken pro Fall. Die Versicherung machte also potenziell Gewinn zulasten von Unfallopfern.

    Nun aber ist die Allianz offenbar zu weit gegangen. Denn das Bundesgericht hat eine für seine Verhältnisse äusserst ungewöhnliche Kehrtwende vollzogen und die Praxis gestoppt. Es hiess die Beschwerde einer 68-jährigen Frau gut, die vor 20 Jahren von einem Auto angefahren wurde und noch heute daran leidet. In seinem Urteil verweist das höchste Gericht auch auf die Recherchen des Infosperbers.

    «Sündenfall» des Bundesgerichts

    Vor dem neusten Urteil hatten etliche andere Unfallopfer gegen die Allianz geklagt. Bis dato erfolglos, weil das höchste Gericht selbst die Tricksereien der Versicherung möglich gemacht hatte. Im Jahr 2017 hatte es einen Leitentscheid gefällt, den der Gerichtspräsident selber Jahre später reumütig als «Sündenfall» bezeichnen sollte. In dem Entscheid befand das Bundesgericht, dass die Allianz Renten zu Recht aufhebt, wenn nicht nachweislich geprüft wurde, ob ein «adäquater» kausaler Zusammenhang zwischen Unfall und Beschwerden besteht.

    Für geprellte Unfallopfer bedeutete der damalige Entscheid des höchsten Gerichts: Wer sich gegen die Aufhebung seiner Rente wehren möchte, muss beweisen können, dass die Versicherung vor 10 oder 20 Jahren korrekt gearbeitet hat. Wie grotesk das ist, zeigte sich auch im aktuellen Fall vor Bundesgericht. «Wir mussten anhand der Akten der Unfallversicherung, auf deren Vollständigkeit die Versicherten keinen Einfluss haben, beweisen, dass die Versicherung eine Prüfung gemacht hat, die sie ohnehin hätte machen müssen», sagt Rechtsanwältin Anouck Zehntner vom Advokaturbüro indemnis Basel auf Anfrage. Zehntner vertrat im aktuellen Fall die Frau vor Bundesgericht (siehe auch Kasten am Ende des Artikels).

    Versichertenanwälte sind erleichtert…

    Nun kehrt das Bundesgericht zu seiner ursprünglichen Rechtssprechung zurück. Es geht davon aus, dass die erforderliche «Adäquanzprüfung» erfolgt ist – ob nun mündlich oder schriftlich. Es betritt damit wieder den Pfad des gesunden Menschenverstandes: «Es darf nämlich davon ausgegangen werden, dass die Unfallversicherung die Leistungsanforderungen kennt und diese prüft, bevor sie eine Rente oder Integritätsentschädigung zuspricht», schreibt das Gericht im Urteil lapidar. Dazu muss man wissen: Dass nicht alles 20 Jahre in Aktenschränken überdauert, hat auch damit zu tun, dass sich die Parteien in der Praxis oft auf mündlich getroffene Vergleiche einigten.

    Nach dem Urteil atmen Anwälte von Versicherten auf. «Endlich schiebt das Bundesgericht der Praxis der Allianz, langjährige Rentenleistungen mit scheinheiliger Begründung zu streichen, einen Riegel», kommentiert Rainer Deecke vom Verband Versicherte Schweiz. Der Luzerner Anwalt Christian Haag betreute selbst mehrere ähnliche Fälle. Er schätzt die Zahl Betroffener auf mehrere Hundert. Haag sagt, dass viele in die Abhängigkeit von Ergänzungsleistungen oder Sozialhilfe abgedrängt wurden. «Nachdem sie beruflich komplett desintegriert waren, strich die Versicherung die jahrzehntelange Berentung aus heiterem Himmel.» Für sie kommt die Einsicht des Bundesgerichtes zu spät: Die Chancen, in Revision gehen zu können, sind klein.

    …den höchsten Richtern ist es peinlich

    Für die pensionierte Sachbearbeiterin, deren Beschwerde das Bundesgericht gutgeheissen hat, nimmt der jahrelange Rechtsstreit ein gutes Ende. Sie erhält rückwirkend und auch in Zukunft die Leistungen für die 30%-Rente, welche ihr die Allianz im Jahr 2015 gestrichen hatte. Trotz jahrelanger Therapie leidet sie nach wie vor an Schmerzen im Kopf, Nacken, Gesicht und Knie.

    Dem Bundesgericht wiederum scheint der Fall peinlich zu sein. Erst vor zwei Jahren hatte die Mehrheit der Bundesrichter das Vorgehen der Allianz vor Publikum vehement als rechtens verteidigt. Nun wurde das angeblich einstimmig gefällte Urteil den Parteien auf dem Postweg eröffnet. Publiziert werden soll es nicht.

    Die Allianz wollte zu den im Artikel erhobenen Vorwürfen keine Stellung nehmen.

    Versicherungen halten häufig Akten zurück

    Anouck Zehntner ist die Anwältin der Frau, deren Fall kürzlich vor Bundesgericht verhandelt wurde. Sie sagt, sie habe während des Verfahrens anhand von Hinweisen festgestellt, dass Akten fehlten, und deswegen mehrfach intervenieren müssen. Da die Akten nicht digitalisiert waren, musste sie teils wochenlang auf die Zustellung warten. Vor Gericht habe die Versicherung dann plötzlich 19 weitere Aktenstücke präsentiert, welche sich in den zuvor zugestellten Akten nicht befanden. Trotzdem fehlte am Ende nachweislich eine möglicherweise entscheidende Aktennotiz eines Telefongesprächs. Diese Tatsachen erlaubten es der Anwältin, dem Bundesgericht aufzuzeigen, zu welch stossender Beweisproblematik dessen Rechtssprechung führte.

    Zehntner, die auf Unfälle und Versicherungsfragen spezialisiert ist, stellt allgemein fest, dass bestimmte Unfallversicherungen immer wieder Akten zurückhalten. Auch vor Gericht wollen sie diese nicht herausgeben. «Begründet wird das sogar mit dem Datenschutz», sagt Zehntner. «Doch es ist nicht die Aufgabe der Versicherung zu beurteilen, welche Akten für das Verfahren massgeblich sind. Vielmehr ist sie verpflichtet, vor Gericht die gesamten Akten zu editieren.»
    Themenbezogene Interessenbindung der Autorin/des Autors

    #Suisse #assurances #retraites #justice #justice_de_classe

  • Manifestation nationale pour exiger la libération de Georges Abdallah ! 21/12/2024 à 14h, Place de la République - Paris
    https://bellaciao.org/Manifestation-nationale-pour-exiger-la-liberation-de-Georges-Abdallah-21-

    Appel du parquet et après ? Tous unis à Paris pour une nouvelle manifestation nationale ! Georges Abdallah doit être libre maintenant ou maintenant ! « Par décision en date du jour, le tribunal d’application des peines a admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître » (Décision du tribunal d’application des peines) Le 15 novembre dernier, (…) #Contributions

    / #Manifestations, #Justice_-_Droit, #Paris_-_IDF

  • Le torture in Libia davanti ai tribunali italiani

    Le gravi violazioni dei diritti umani da tempo perpetrate nei confronti di migranti in Libia rendono sempre più urgente la riflessione sul ruolo della giustizia penale internazionale, in particolare della Corte Penale Internazionale.Secondo recenti Comunicazioni inviate al Procuratore della Corte Penale Internazionale da parte di alcune organizzazioni non governative, i crimini commessi nei centri di detenzione libici e lungo la rotta del Mediterraneo centrale potrebbero configurare crimini internazionali.Sebbene i risultati ottenuti siano finora limitati, ciò non implica una paralisi del sistema della giustizia penale internazionale. Un ruolo decisivo è affidato ai tribunali nazionali, come quelli italiani, che tuttavia si confrontano con le lacune e i limiti del proprio ordinamento giuridico.Claudia Biffali (Università degli Studi della Campania “Luigi Vanvitelli”) ne discute con Piergiorgio Weiss ed Ettore Zanoni, entrambi avvocati che si sono occupati di crimini contro migranti in Libia (Episodio registrato il 27 novembre 2024).

    FONTI:

    - La voce dell’inserto audio è di #Karim_Khan, attuale Procuratore della Corte Penale Internazionale, nell’ambito del suo ultimo briefing al Consiglio di Sicurezza delle Nazioni Unite: https://www.youtube.com/watch?v=38U2xkUD5MM


    – Per saperne di più sulla Comunicazione inviata al Procuratore della Corte Penale Internazionale nel 2021 da parte di European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), International Federation for Human Rights (FIDH) e Lawyers for Justice in Libya (LFJL): https://www.ecchr.eu/fileadmin/user_upload/Trafficking_Report_IT_WEB.pdf
    - Per saperne di più sulla Comunicazione inviata al Procuratore della Corte Penale Internazionale nel 2022 da parte di European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) https://www.ecchr.eu/fileadmin/user_upload/20221130_-_Executive_Summary_-_Italiano.pdf

    https://www.spreaker.com/episode/episodio-6-le-torture-in-libia-davanti-ai-tribunali-italiani--63299193

    #podcast #audio
    #Libye #torture #migrations #réfugiés #justice #justice_pénale #justice_internationale #justice_pénale_internationale #cour_pénale_internationale (#CPI) #crimes #détention #prisons #prisons_libyennes

  • Kündigung eines DDR-Altmietvertrags wegen Eigenbedarfs ist möglich
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/kuendigung-eines-ddr-altmietvertrags-wegen-eigenbedarfs-ist-moeglic

    Voici une épisode tardif de l’histoire de désappropriation du peuple après la dissolution de l’état socialiste allemand. La plus haute cour de justice allemande en dessous du tribunal constitutionnel décide que l’acheteur d’un appartement peut mettre à la porte son locataire même si celui a un contrat de location qui l’exclut à cause du contexte juridique en vigeur au moment de sa signature.

    Jusque hier le droit socialiste sur la location d’appartements définissait les droits des locataires qui habitent un appartement depuis le temps de la RDA. Le Bundesgerichtshof vient de renverser cette règle malgé le principe que les nouvelles lois ne s’appliquent en général que pour les nouveau contrats.

    En RDA les expulsioms n’étaient possibles que pour des raisons justifiées par l’intérêt de la société comme la construction d’une voie ferroviaire. Le droit au.logement étant inscrit dans la constitution il fallait en plus reloger les personned expulsées. Ils étaient donc prioritaires pour l’attribution d’un appartement moderne peu cher.

    Là un tribunal capitaliste vient de juger plus important le droit à la propriété privée que le droit au logement qui cesse alors d’exister par cette décision.

    16.12.2024 - Der Bundesgerichtshof entscheidet zugunsten des Vermieters, der Eigenbedarf angemeldet hatte.

    Der Bundesgerichtshof (BGH) hat eine richtungsweisende Entscheidung hinsichtlich DDR-Altmietverträge und Eigenbedarfskündigungen bekannt gegeben. Der Vermieter kann gegen den Mieter kündigen, wenn der Bedarf gemäß Bürgerlichem Gesetzbuch nachgewiesen wird.

    Am 13. November 2024 urteilte der VIII. Zivilsenat des Bundesgerichtshofs zur Kündigung eines DDR-Altmietvertrags aufgrund von Eigenbedarf. Das teilte der BGH am Montag in einer Pressemitteilung mit. Die Entscheidung war nötig, da ein Streitfall zu einem Mietvertrag aus Ost-Berlin vorlag, der unter den Regeln des Zivilgesetzbuchs der Deutschen Demokratischen Republik (ZGB-DDR) geschlossen wurde.

    Der Sachverhalt stellt sich wie folgt dar: Die Beklagten bewohnten seit Juli 1990 eine Dreizimmerwohnung in Ost-Berlin, basierend auf einem Formularmietvertrag mit dem Volkseigenen Betrieb (VEB) Kommunale Wohnungsverwaltung Prenzlauer Berg. Der Vertrag, auf unbestimmte Zeit geschlossen, folgte den damals geltenden Regelungen des ZGB-DDR. Diese sahen vor, dass eine Beendigung der Mietverhältnisse durch Vereinbarung, Kündigung oder gerichtliche Aufhebung möglich sei. Im Jahr 2020 und erneut 2022 erklärte der Kläger, der durch Eigentumserwerb Vermieter geworden war, die Kündigung des Mietverhältnisses wegen Eigenbedarfs.

    Neue Zahlen: Jeder dritte Berliner Haushalt kann sich die Miete nicht leisten

    Erster Ansatzpunkt im Prozess war die Räumungsklage des Vermieters, der auf der Grundlage des Eigenbedarfs kündigte. Das Amtsgericht gab der Klage statt, wohingegen das Landgericht Berlin auf Berufung der Mieter die Klage abwies. Begründet wurde dies durch die Berufung auf die DDR-spezifischen Vorschriften, die eine Eigenbedarfskündigung nur bei gesellschaftlich gerechtfertigten Gründen erlaubten.

    Mit der zugelassenen Revision strebte der Vermieter die Wiederherstellung des Urteils der ersten Instanz an. Der Bundesgerichtshof hob schließlich das Urteil des Landgerichts auf. Jedoch wurde das Verfahren zur weiteren Verhandlung und Entscheidung zurück an das Berufungsgericht verwiesen. Hier soll geprüft werden, ob der klägerische Eigenbedarf tatsächlich besteht. Diese Vorschrift sieht vor, dass ein berechtigtes Interesse des Vermieters vorliegt, wenn die Räume für den eigenen Bedarf oder den seiner Familienangehörigen und Haushaltsmitglieder benötigt werden.

    Die Entscheidung hebt hervor, dass eine Eigenbedarfskündigung nach dem Bürgerlichen Gesetzbuch erfolgen kann, auch wenn der Vertrag ursprünglich dem ZGB-DDR unterlag. Der Gesetzgeber hat dies durch spezielle Schutzvorschriften im Zuge des Beitritts der DDR zur Bundesrepublik modifiziert. Demnach gilt, dass der bundesdeutsche Gesetzgeber abschließend die Kündigungsmöglichkeiten regelt, auch im Kontext von DDR-Altverträgen. Der BGH schreibt in seiner Begründung: „Der (bundesdeutsche) Gesetzgeber hat im Zusammenhang mit dem Wirksamwerden des Beitritts für das Gebiet der DDR die Befugnis des Vermieters zur Beendigung eines bestehenden Wohnraummietvertrags gegen den Willen des Mieters durch die spezielle gesetzliche Vorschrift in Art. 232 § 2 EGBGB und die darin angeordnete Geltung der (mietrechtlichen) Vorschriften des Bürgerlichen Gesetzbuchs – für eine Übergangszeit modifiziert durch besondere, auf einer umfassenden Abwägung der Interessen von Vermieter und Mieter beruhende Schutzvorschriften – vollständig und abschließend geregelt. Mit dieser Regelungssystematik sowie mit dem sich aus den Gesetzesmaterialien ergebenden Sinn und Zweck der gesetzlichen (Übergangs-) Bestimmungen wäre es nicht vereinbar, wäre gleich- oder sogar vorrangig zu diesen eine aus der Zeit vor dem Beitritt stammende, in einem DDR-Altmietvertrag enthaltene Regelung der Parteien zur Beendigungsbefugnis des Vermieters maßgeblich, welche – wie im Streitfall – demgegenüber auf die frühere Rechtslage abstellt.“

    Die vom Berufungsgericht genutzte Argumentation, die vom Vermieter angeführte Gründe nicht als „dringend“ im gesellschaftlichen Sinne zu bewerten, wurde somit verworfen. Dies macht deutlich, dass der geltende rechtliche Rahmen den Vertragsbedingungen von DDR-Mietverträgen übergeordnet ist, insbesondere bei einer Eigenbedarfskündigung.

    Quelle: BGH

    Bei der Erstellung des Artikels wurden KI-Technologien eingesetzt.

    Eine Geschichte sozialer Wohnpolitik
    https://www.jacobin.de/artikel/andrej-holm-deutsche-wohnen-enteignen-vergesellschaftung-verstaatlichung-kom

    8.3.2021 Von Andrej Holm
    Mit dem in der Verfassung verankerten Recht auf Wohnen und einer restriktiven Mietbegrenzung war die DDR von sozial sicheren Wohnverhältnissen geprägt. Räumungen waren nur bei Zuweisung anderer Wohngelegenheiten möglich und die Mietbelastung lag in den 1980er Jahren bei etwa 5 Prozent der durchschnittlichen Einkommen.

    Recht auf Urlaub, Kita, Wohnung : So sozial war die DDR
    https://www.mdr.de/geschichte/ddr/alltag/familie/so-sozial-war-die-ddr-102.html

    Recht auf Wohnen
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Recht_auf_Wohnen

    In der DDR war das Recht auf Wohnen in der Verfassung vom 6. April 1968 verankert.

    Verfassung der Deutschen Demokratischen Republik vom 6. April 1968 (in der Fassung vom 7. Oktober 1974)
    http://www.documentarchiv.de/ddr/verfddr.html

    Artikel 37
    1 Jeder Bürger der Deutschen Demokratischen Republik hat das Recht auf Wohnraum für sich und seine Familie entsprechend den volkswirtschaftlichen Möglichkeiten und örtlichen Bedingungen. Der Staat ist verpflichtet, dieses Recht durch die Förderung des Wohnungsbaus, die Werterhaltung vorhanden Wohnraums und die öffentliche Kontrolle über die gerechte Verteilung des Wohnraums zu verwirklichen.
    2 Es besteht Rechtsschutz bei Kündigungen.
    3 Jeder Bürger hat das Recht auf Unverletzbarkeit seiner Wohnung.

    Mietrecht : die Besonderheiten von Altbauwohnungen der ehemaligen DDR
    https://www.mietrechtslexikon.de/a1lexikon2/m1/minderung_ddr.htm

    Gelten Bestimmungen der DDR-Mietverträge noch ?
    https://www.nd-aktuell.de/artikel/818861.gelten-bestimmungen-der-ddr-mietvertraege-noch.html

    Mietvertrag DDR, Neuer Mietvertrag
    https://www.wohnung.net/mietrecht/mietvertrag-ddr-neuer-mietvertrag.html

    #DDR #RDA #droit #logement #justice_de_classe #capitalisme

    • De ce que je comprends, le nouveau propriétaire a acheté le logement en 2020, sachant parfaitement qu’il était occupé et, à ce moment-là, encore dépendant de la loi protégeant les locataires de RDA. Donc il achète un bien dont il sait que ça va être problématique. Pourquoi ?

      Est-ce qu’on peut suspecter qu’il a acheté le logement, justement à cause de cela, très en-dessous du prix du marché ?

      [Sinon, accessoirement, est-ce qu’on sait qui sont les locataires ? Parce que locataire de RDA depuis 34 ans dans le même logement, il y a des chances que ce soient des gens pas bien riches et pas bien jeunes…]

    • Je crois que c’est comme tu le dis et que le nouveau propriétaire a spéculé que les tribunaux lui fassent une fleur en prenant une décision comnme celle qui vient d’être prise. Ce qui en rajoute à la gravité du cas est que le perdant dans ce genre de contentieux doit payer tous les frais de procédure et les avocats des deux partis.
      Le jugement a d’ailleurs été cité par des centaines de pages web tellement il est fondamental.

  • Vers une territorialisation de la prise en charge de la précarité énergétique en #Europe ?
    https://metropolitiques.eu/Vers-une-territorialisation-de-la-prise-en-charge-de-la-precarite-en

    La #précarité_énergétique n’épargne désormais aucun pays de l’Union européenne. Rachel Guyet souligne combien la lutte contre ce phénomène dépend d’une action combinée des institutions européennes et des territoires locaux. La précarité énergétique, définie comme l’incapacité d’un ménage à accéder à des services énergétiques socialement et matériellement adaptés à leurs besoins dans le logement (Bouzarovski et Petrova 2015), est un sujet complexe en raison de son caractère multidimensionnel. Elle pose des défis en #Débats

    / Europe, #justice_énergétique, #droit, #Union_européenne, précarité énergétique, #énergie

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-guyet.pdf

  • #Violences_sexuelles : peut-on faire le pari de la #justice_restaurative ?

    Inscrite dans la loi depuis 2014, la justice restaurative en France peine à se faire une place. Si certains acteurs plaident pour un recours à ces mesures, notamment dans le cadre des affaires de violences sexuelles, que sait-on des effets de la justice restaurative en la matière ?

    Portée par les féministes depuis les années 60 pour pallier aux défaillances du système de justice pénale, la justice restaurative est souvent avancée comme une approche plus adéquate pour répondre aux besoins spécifiques des victimes de violences sexuelles. Dans une vaste enquête sociologique publiée en mai 2024 (https://gip-ierdj.fr/fr/publications/pratiques-et-effets-de-la-justice-restaurative-en-france), deux sociologues se sont attachées à faire le bilan des effets de la justice restaurative en France. Quels sont les effets de ces mesures sur les victimes et sur les auteurs de violences sexuelles ? Comment expliquer qu’un faible pourcentage de victimes aillent au bout du processus ? Assistons-nous à des phénomènes de « #re-traumatisation » chez les victimes ? Quelles sont les limites de la justice restaurative identifiées à ce jour ?

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-question-du-jour/violences-sexuelles-peut-on-faire-le-pari-de-la-justice-restaurative-311
    #justice #Sandrine_Lefranc #médiations_restauratives #dispositif #reconnaissance #dialogue #justice_pénale #colère #victimes #isolement #médiation

    • Pratiques et effets de la justice restaurative en France

      Alors que son développement international remonte aux années 1990, la justice restaurative connaît un engouement en France depuis moins d’une dizaine d’années. Expérimentée tout d’abord dans le champ des majeurs (à la maison centrale de Poissy, en 2010), puis consacrée dans le régime de droit commun en 2014, elle est désormais, sous des aspects variés, dans une phase de généralisation sur l’ensemble du territoire national. Sur le plan normatif, la loi n° 2014-896 du 15 août 2014 et la circulaire dédiée du 15 mars 2017 ont, les premières, permis aux auteurs d’infractions et aux victimes de se voir proposer une « mesure de justice restaurative », « à l’occasion de toutes procédures pénales et à tous les stades de la procédure, y compris lors de l’exécution de la peine ». Expérimentée sur plusieurs territoires pilotes de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) entre 2018 et 2020, elle se généralise aujourd’hui également chez les mineurs. Entré en vigueur en 2021, le Code de la justice pénale des mineurs (CJPM) l’intègre en différents endroits : en tant que principe général, et aux articles L. 13-4, de manière autonome à la procédure sur le modèle de l’article 10-1 du Code de procédure pénale (CPP), et L. 112-8, intégrée aux modules de réparation pénale.

      Cette recherche s’est donné pour but de comprendre et de documenter le fonctionnement de la justice restaurative en France, dans sa triple dimension de politique publique menée par le gouvernement et l’institution judiciaire, de processus mobilisant des professionnel·les et des bénévoles, et de pratiques engageant les justiciables. Elle entend cerner les effets de différentes formes de dispositifs sur les participant·es (personnes victimes et personnes auteurs, leurs proches, leurs familles et, plus largement, leur environnement social). D’une part, elle permet de faire avancer la réflexion sur les méthodes d’évaluation, à partir d’une discussion approfondie de la littérature internationale et des premières évaluations produites localement qui met en évidence la diversité des protocoles évaluatifs, leurs soubassements théoriques, leurs apports et leurs limites comparés. D’autre part, elle fait le pari de produire, avec les outils ordinaires des sciences sociales et une épistémologie de recherche fondamentale, des résultats originaux sur ce qu’il se passe à l’intérieur même des dispositifs de justice restaurative les plus répandus en France et sur leurs effets sur les participant·es.

      La recherche s’inscrit dans la continuité des travaux amorcés par les différents partenaires du projet qui sont à la fois chercheur·ses et praticien·nes, mais également chercheur·ses non praticien·nes issu.es de disciplines variées (droit, criminologie, psychologie, sociologie, science politique). Nous avons toutefois innové en faisant dialoguer des praticien·nes, des acteur·rices et des chercheur·ses qui ne partagent pas tous les mêmes positionnements et points de vue. Ce dialogue s’est principalement ancré dans des ateliers de réflexion conjoints sur l’évaluation des dispositifs de justice restaurative, mais également dans la pratique. En effet, une part de l’enquête de terrain – les focus groups – a directement associé des chercheur·ses du CNRS, des institutions spécialisées que sont l’École national de la protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) et l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) et des associations spécialisées que sont l’Association de recherche en criminologie appliquée (ARCA) et l’Institut français pour la justice restaurative (IFJR).

      La suite de l’enquête, menée entre 2022 et 2023 en collaboration avec d’autres chercheuses (Émeline Fourment, Johanna Lauret), a consisté en une série d’observations directes et d’entretiens semi-directifs. Nous avons observé des mesures en situation (rencontres entre groupes d’auteurs et de victimes, médiations, pratiques restauratives) et produit tout un travail en amont (réunions des groupes-projets, comités de pilotage avec les juridictions, événements de sensibilisation, etc.). Nous avons réalisé des entretiens semi-directifs avec des participant·es (auteurs et victimes) et des encadrant.es (animateur·rices, coordinateur·rices, accompagnant. es, membres de la communauté), sur cinq terrains disséminés en France. Un terrain supplémentaire a également été mené pour approfondir notre compréhension de la justice restaurative en France en tant que politique publique et l’articuler à nos observations sur le terrain (observation de la journée de lancement de l’expérimentation nationale à la cour d’appel d’Aix-en-Provence, échanges avec des représentants du ministère de la Justice, entretiens avec des membres des directions ministérielles investies dans la justice restaurative). Sur ces bases, ce rapport dresse le portrait d’une justice restaurative fragile, voire fragilisée, à l’échelle nationale, mais active sur certains territoires bien délimités localement. Il voit à travers la justice restaurative une forme de reconnexion, certes limitée, des participant·es avec l’État – un État qui donne du temps, de l’écoute, de la reconnaissance, une aide pratique, à des personnes qui en étaient éloignées et ont souvent été éprouvées par l’expérience de la justice pénale. Les contenus et effets des mesures, longuement décrits en partie 4, restent disparates. Néanmoins, le rapport donne à voir certains traits communs, dont notamment les effets systématiquement produits (au moins à court terme) sur l’estime de soi et les sociabilités des individus qui y participent, autant que sur celles des personnes qui les mettent en œuvre.

      https://gip-ierdj.fr/fr/publications/pratiques-et-effets-de-la-justice-restaurative-en-france

      #rapport

  • "Le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi."

    Renée Dickason, professeure en civilisation et histoire contemporaine à l’Université Rennes 2, porte le projet aLPHa, lauréat en février 2023 de l’appel émergence TISSAGE. Ce financement va permettre de franchir une première étape dans l’impulsion d’un projet de création de #Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. #Denis_Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2.

    Votre projet, aLPHa, est lauréat de l’appel émergence TISSAGE (https://www.univ-rennes.fr/saps-tissage). C’est le premier jalon d’un projet plus vaste de création de « Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s », sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix. De quoi s’agit-il précisément ?

    Renée Dickason. Notre projet porte sur une réalité sociale lourde : les viols et les #violences faites aux femmes, aux enfants, aux vulnérables, abordés à travers les #témoignages de survivant·e·s (terme de Denis Mukwege) dans des situations de #guerres, de #conflits et de #paix.

    Face à ce problème de société prégnant, aux enjeux multiples, nous avons souhaité développer un agir collectif qui fasse société en nous concentrant sur la #libération_des_paroles, le #recueil des #mots substantialisant les #maux et la nécessaire #mise_en_mémoire de ces témoignages dans l’écriture d’une histoire singulière, plurielle et tout à la fois universelle.

    C’est dans ce cadre que nous avons déposé une réponse à l’appel à projets « émergence » de recherches participatives TISSAGE (Triptyque Science Société pour Agir Ensemble) : le projet aLPHa, qui a été retenu par le jury. Suite à la signature d’une convention bipartite, il est prévu que nous bénéficions d’un accompagnement financier d’amorçage d’un montant de 3 000 euros.

    aLPHa s’inscrit dans une dynamique globale autour de la lutte contre les #violences_genrées, en particulier celles à l’encontre des femmes, quel que soit le contexte culturel, géopolitique, social ou sociétal considéré, le phénomène étant universel.

    aLPHa a été imaginé comme un laboratoire co-partenarial d’expérimentations à ciel ouvert, qui constitue, en effet, un premier jalon, assez modeste car naissant, mais utile pour impulser un projet d’une envergure plus large qui nécessitera des financements pérennes, celui de la création progressive d’un Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2 (octobre 2022).

    Dans le cadre du projet aLPHa, nous espérons tisser des liens, recueillir des soutiens et ouvrir nos collaborations à des acteurs locaux et régionaux de la société civile, à des associations sur les droits humains et/ou qui interviennent à différents stades de la #réparation, de la #reconstruction ou de l’#accompagnement des #victimes / survivant·e·s de viol(ence)s, ou encore à des entreprises responsables et sincères, des responsables du secteur privé sur le territoire breton et des élus locaux…

    Phénomènes malheureusement universels, les violences sexuelles sont des expériences banalisées et souvent réduites au silence. Elles présentent des similarités malgré la pluralité des contextes où elles ont lieu. Dans le cadre d’aLPHa, nous allons entamer une série d’entretiens de survivant·e·s, réfugié·e·s, exilé·e·s, migrant·e·s, accompagné·e·s et suivi·e·s dans différentes structures, à Rennes. Nous allons aussi organiser, avec plusieurs membres fondateurs de notre projet, un « atelier témoignages » avec des survivant·e·s congolaises et certain·e·s de celles et ceux qui les aident et les accompagnent.

    En prolongement, et dans un autre périmètre que celui du projet aLPHa, le recueil de témoignages se fera aussi sur les lieux des exactions ou dans des zones de tension ou dans des structures de prise en soins, de formation ou de réinsertion, dans un but cathartique individuel et collectif, et avec une visée de reconstruction personnelle et/ou historique des faits. Tous ces aspects sont à l’étude avec des collègues médecins et psychologues, dont l’expertise permettra de se prémunir des risques (non souhaités, à l’évidence) de re-traumatisations des victimes.

    Colliger des témoignages de survivant·e·s déplacé·e·s dans leur pays, des survivant·e·s ayant vécu ou vivant dans des camps et/ou recueilli·e·s dans des centres d’accueil ou de réinsertion nécessite des partenariats multiples, qui vont s’engager en parallèle et dans la poursuite d’aLPHa. Nous avons, à cet égard, commencé à établir des conventions de recherche entre l’Université Rennes 2 et des centres en République Démocratique du Congo et au Kenya. Cette dimension du projet est soutenue et sera cofinancée par plusieurs laboratoires de l’Université Rennes 2 (ACE, ERIMIT, LIDILE, LP3C, Tempora).
    Pourquoi est-il important de mettre en mémoire la parole des survivant·es ? Comment cette mémorialisation se construit-elle ?

    R. D. Pour les victimes, les survivant·e·s de violences sexuelles (excision, viol, esclavage…), celles qui font face à des contextes de conflits notamment, il s’agit de chercher à s’échapper en s’engageant sur les chemins de l’exil et à s’extraire du trauma(tisme) ; ceci alors que viennent s’entretisser plusieurs trajectoires de violences et de vulnérabilités. Le poids du trauma(tisme) est alourdi par la souffrance psychique surajoutée qui découle de prises en soins parcellaires, de handicaps cumulés, ou encore du déracinement, de l’arrachement, voire de l’errance culturels… une pluralité de facteurs renforçant le silence, l’impossible communicabilité autour des expériences vécues.

    Il nous est apparu, après plusieurs échanges avec des personnes ayant subi des violences sexuelles et après plusieurs rencontres et discussions avec le Professeur Docteur Denis Mukwege, que le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi, que ce soit de manière individuelle ou collective.

    Mettre en mémoire la #parole des survivant·e·s est donc une étape nécessaire qui s’ajoute à d’autres mécanismes et préoccupations qui caractérisent, par exemple, la #justice_transitionnelle et les initiatives déployées dans la quête d’une #vérité_réparatrice, le plus souvent essentiellement basée sur la reconnaissance des exactions, des violations des #droits_humains.

    La #mémorialisation se construit en plusieurs phases : dévoilement, collecte, partage, puis analyse des témoignages.

    Étape indispensable pour contribuer à la fabrique de l’Histoire face aux omerta multiples, la mise en mots des maux, la « re-visibilisation » d’une histoire invisibilisée, occultée, la libération d’une parole enfouie, cachée, parfois interdite, prolongent un cheminement personnel thérapeutique.

    Vous l’avez compris, une partie de notre projet global réside dans la collecte mais aussi dans la création d’« archives vivantes », où les témoignages de rescapé·e·s, de survivant·e·s (toujours en vie, et c’est un point d’importance !) auront une place centrale. Quatre mots-clés sous-tendent toutes leurs trajectoires : trauma(tisme), réparation, reconstruction, mémoire.

    La mise en mémoire, la mémorialisation des expériences vécues des victimes, survivant·e·s de violences sexuelles dans le contexte d’une histoire « en train de s’écrire » seront croisées avec le regard des chercheurs impliqués.

    En révélant leur #vérité_subjective, les victimes qui témoignent seront actives dans leur processus de reconstruction et dans la mise en récit d’une histoire à la fois intime, personnelle et commune. Livrant leur #vécu et celui de leurs semblables, ces #personnes-histoires-témoins contribueront, ipso facto, outre à reprendre #confiance en elles-mêmes, à faire évoluer les mentalités et les regards portés sur les survivant·e·s et les violences. Ceci d’autant que ces témoignages auront vocation à être accessibles, à terme, à un public élargi, à travers le Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s.

    Pouvez-vous nous expliquer en quoi votre recherche est interdisciplinaire et participative ?

    R. D. Nous sommes un groupe d’universitaires, de psychologues et de médecins, venant de divers horizons disciplinaires et de différents secteurs. Nos travaux, par essence, interdisciplinaires (histoire et civilisation, anthropologie, littérature, psychologie, traductologie, médecine…) ont une finalité réflexive et éducative. Notre but est de contribuer à assurer la transmission, la bascule vers une dynamique collective de mise en partage et en expression des #expériences_vécues, afin de construire une #transition_sociale pleinement partagée, vertueuse et inclusive.

    Nos intérêts communs convergent autour d’objectifs à visée transformationnelle, des objectifs de responsabilité sociale et de développement durable tels qu’identifiés par l’ONU, des objectifs centrés sur le respect de la dignité et des droits humains, la lutte contre les violences genrées, la bonne santé et le bien-être, l’égalité de traitement et de prises en soins, une éducation de qualité, une paix responsable et pérenne.

    La nature de nos objets de recherche nous amène à nous pencher sur les interactions entre sciences et société et sur les interactions avec le tissu socio-économique et culturel, la société civile, tant pour essaimer les résultats de nos travaux que pour éveiller à certaines réalités troublantes et nécessitant une prise de conscience citoyenne, première étape dans la résolution des problèmes. Cette dimension participative est, d’ailleurs, centrale au projet aLPHa.

    Soucieux de faire évoluer les regards, les comportements et les mentalités relatifs aux questions complexes des violences sexuelles, conformément aux termes de la Charte des sciences et recherches participatives en France, nous sommes toujours sensibles à la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons réflexifs, de développer diverses formes de production de connaissances scientifiques, que ce soit par le truchement des arts ou par le relai d’espaces de paroles ponctuels et/ou de rencontres plus systématiques ou grâce à des collaborations entre la communauté scientifique et la société civile, telles que définies par l’UNESCO ou par le Comité économique et social européen.

    Autre précision, nos travaux sont régis par une charte éthique. Les données personnelles collectées nécessitent, en effet, une vigilance particulière du fait de leur caractère sensible, voire intime, afin de protéger la vie privée des survivant·e·s et de recueillir leur consentement et leur accord informé.

    Dans ce projet de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·es – qui n’est pas sans évoquer le travail journalistique –, qu’est-ce que l’expertise des chercheur·ses vient apporter ?

    R. D. Question vaste et très intéressante qui soulève une réflexion complexe quant à la porosité des apports du travail des journalistes d’investigation, ici, face à celui des chercheurs toutes disciplines confondues… Outre le fait que les missions des uns et des autres évoluent, les attentes que l’on peut avoir d’un article rédigé par un journaliste diffèrent de celles que suscite la contribution d’un chercheur… le dialogue entre le journaliste et le chercheur enrichit indéniablement les débats et aide à faire avancer nos pensées… Le travail journalistique peut ainsi venir en complément de celui du chercheur et surtout aider à la diffusion des résultats.

    Au gré des registres abordés, de la maïeutique discursive mobilisée, des mots à appréhender, de la finesse des ressentis exprimés et de la nature des maux à guérir, la recherche au sens large du terme est protéiforme. Le travail journalistique permet, en somme de « prendre le pouls » des sujets porteurs de sens, investis par les chercheurs et/ou la société civile, de donner à voir et de questionner la diversité des perspectives dans la modalité du traitement des sujets.

    Pour faire simple, et de manière générale, dans ce type de problématique sanitaire, humanitaire, humaniste, sociétale, des correspondances peuvent se faire jour entre travail journalistique d’investigation et travail de recherche. Cela passe, par exemple, par des méthodes d’observation, de recueil de données, de conduite d’enquêtes... Par contre, les modalités d’analyse et de diffusion diffèrent. Sensibiliser, documenter, analyser, informer, alerter font certes partie du travail du chercheur, mais sa focale n’est pas la même que celle du journaliste. Ceci d’autant que la posture du chercheur, son approche, ne sont pas les mêmes selon le champ d’expertise. L’ampleur des dispositifs mis en œuvre est aussi à souligner car si le chercheur peut travailler seul, généralement, ses résultats sont ceux d’un travail d’équipe et le travail mené s’inscrit dans le temps long. Ce temps long de la recherche est, à l’évidence, un marqueur de nos réflexions de recherche autour de la mémorialisation.

    Dans une démarche de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·e·s, victimes de trauma(tisme)s, des précautions s’imposent. Il s’agit pour nous de conduire des entretiens en équipe interdisciplinaire comprenant la présence de médecins et de psychologues. Au-delà de la transmission d’informations, d’analyses et de connaissances, les recherches, se nourrissant de croisements disciplinaires multiples, peuvent ouvrir des horizons et être vecteurs d’innovation grâce aux propositions/préconisations émergeant du travail mené.

    Enfin, le travail de recherche se nourrit de la confrontation à l’expertise d’autres chercheurs, d’autres cadres analytiques. Dans cette perspective, les échanges lors de divers types de manifestations scientifiques (séminaires, colloques...) ainsi que la mise en dialogue par écrits interposés (publication d’articles, de monographies) contribuent à nourrir le perfectionnement des outils d’analyse et à renouveler les questionnements. Un autre niveau est celui des productions à destination d’un public élargi (vulgarisation, « traduction » du travail de recherche par les journalistes) qui, par les allers-et-retours générés, viennent alimenter la réflexion sur la pertinence, la justesse de la démarche de recherche.
    Au-delà de sa dimension de recherche, votre projet ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·es de violences. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

    R. D. Notre projet global, au-delà d’aLPHa donc et en complément du Mémorial, ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·e·s de violences, une formation à visée holistique (la perspective holistique est, d’ailleurs, au cœur du modèle Panzi

    de Denis Mukwege). Selon les financements que nous pourrons réunir, il nous semble important de donner à ces victimes, ces témoins, ces survivant·e·s, des outils pratiques pouvant les aider à évoluer dans leur parcours personnel, à différents stades, dans leur cheminement, leur reconstruction et leur permettre de se prendre en charge, de faire entendre leur voix, de co-construire leur histoire individuelle et collective, d’écrire une histoire des survivant·e·s de violences, de faire évoluer les mentalités et les comportements…

    En d’autres termes, l’idée ici est d’encourager et d’outiller les survivant·e·s, de leur donner des clés pour développer un empowerment et un leadership au féminin.

    Face à l’empire du silence, il s’agirait de leur donner la chance, que certains ont voulu briser…

    … de se relever

    … de reprendre confiance en elles/eux

    … de s’émanciper

    … de faire entendre leur voix

    … d’affirmer leur place dans la société

    … de devenir des leaders de demain

    …et ainsi pour citer Denis Mukwege, « de changer le cours de l’Histoire ».

    https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/travail-memoire-est-etape-fondamentale-dans-reconstruction-so
    #viols #violence #survivants #VSS

    ping @karine4 @_kg_ @cede

  • Autoconsommation collective d’électricité et #justice énergétique : des usagers vulnérabilisés ?
    https://metropolitiques.eu/Autoconsommation-collective-d-electricite-et-justice-energetique-des

    Le développement de l’autoconsommation collective d’électricité véhicule l’image d’un consommateur doté d’une plus grande capacité d’actions. L’article montre que, du fait des zones d’ombre laissées par le #droit, cette plus grande liberté d’action peut aller à l’encontre de la #justice_énergétique. L’atténuation du changement climatique commande le recours aux sources d’énergie renouvelables et de récupération (ENR&R). Présentes sur l’ensemble du territoire, elles permettent une maîtrise locale et #Essais

    / justice, justice énergétique, #Europe, droit, #consommation, électricité, #énergie

    #électricité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-lormeteau.pdf

  • Amos Goldberg, historien israélien : « Ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/29/amos-goldberg-historien-israelien-ce-qui-se-passe-a-gaza-est-un-genocide-car

    Amos Goldberg, historien israélien. YANN LEGENDRE
    L’historien Amos Goldberg, titulaire de la chaire Jonah M. Machover d’études sur la Shoah à l’Université hébraïque de Jérusalem, a publié, en avril, dans le magazine en ligne Local Call (Siha Mekomit en hébreu), un article accusant Israël de commettre un « génocide » à Gaza. Il s’en explique dans un entretien au « Monde ».

    En avril, vous avez accusé votre pays de commettre un « génocide » à Gaza. Comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion, six mois après le début de la guerre ?
    Cela m’a pris du temps. Le 7-Octobre a été un choc, une tragédie, une attaque horrible. Cela a été douloureux et criminel, d’une magnitude telle que nous n’en avions jamais connue. Quelque 850 civils [1 200 personnes au total] ont été tués en un jour. Des hommes, des femmes, des enfants, et même des bébés et des personnes âgées ont été pris en otage. Des kibboutz ont été totalement détruits. Puis les témoignages ont commencé à affluer sur la cruauté de l’attaque, les violences sexuelles, les destructions commises par le Hamas. Je connais personnellement des gens, certains très proches, qui ont été touchés. Il y en a qui ont été tués, d’autres ont été pris en otage, certains ont tout juste survécu. Je n’avais pas les mots pour expliquer cet événement, pour le digérer, pour en faire le deuil. C’était révoltant, traumatisant, personnel.

    Je comprenais bien le contexte de l’occupation, de l’apartheid [en Cisjordanie], du siège [de Gaza], mais, même si cela pouvait expliquer ce qu’il se passait, cela ne pouvait pas justifier de telles atrocités. Immédiatement après l’attaque, les bombardements israéliens massifs ont commencé et, en quelques semaines, des milliers de civils gazaouis sont morts. Et il n’y avait pas seulement les bombardements. Une rhétorique génocidaire est apparue et a dominé dans les médias, l’opinion publique et la sphère politique : « Nous devons les supprimer [les Palestiniens], ce sont des animaux humains » [Yoav Gallant, ministre de la défense, le 10 octobre 2023] ; « C’est toute une nation qui est responsable » [Isaac Herzog, président d’Israël, le 14 octobre 2023] ; « Nous devrions larguer une bombe nucléaire sur Gaza » [Amichai Eliyahu, ministre du patrimoine, le 5 novembre 2023] ; « C’est la Nakba de Gaza 2023 » [Avi Dichter, ministre de l’agriculture, le 11 novembre 2023, en référence au déplacement forcé et à l’expulsion de 700 000 Palestiniens, pendant la guerre de 1948, après la création d’Israël]. Ces propos étaient tellement choquants que, pour cela non plus, je n’avais pas de mots.

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’accusation de génocide à Gaza, une épreuve sans précédent pour la justice internationale

    En janvier, j’ai signé une lettre, avec 50 autres universitaires spécialistes de la Shoah et des études juives, demandant à Yad Vashem [Institut international pour la mémoire de la Shoah, à Jérusalem] de condamner les discours, explicites ou implicites, qui, en Israël, appelaient au génocide à Gaza. Si ce n’est pas quelque chose que nous avons appris de la Shoah, alors qu’avons-nous appris ? Un des premiers textes adoptés par Israël à sa création fut la convention sur le génocide [le 9 décembre 1948]. Dont l’une des clauses précise que le génocide n’est pas uniquement constitué des crimes commis, mais aussi des incitations à les commettre. Et c’était clairement le cas. Yad Vashem a refusé de condamner ces discours.

    Alors j’ai commencé à écrire, comprenant qu’un immense désastre humain et politique se déployait sous nos yeux. En avril, j’ai écrit, en hébreu : « Oui, c’est un génocide. » Le texte a été traduit en anglais et lu par beaucoup à travers le monde.

    Comment en êtes-vous arrivé à cette accusation contre un pays qui, comme vous le rappelez, fut « créé en réponse à la Shoah » ?
    Tout d’abord, je tiens à dire que c’est extrêmement douloureux, car j’accuse ma propre société, je m’accuse moi-même. Je lutte contre l’occupation et l’apartheid depuis des années, et je sais qu’Israël a commis des crimes dans les territoires occupés, mais je n’aurais jamais imaginé que nous puissions atteindre un tel bain de sang et une telle cruauté, même après le 7-Octobre.

    Il existe une définition légale du génocide que les Nations unies ont adoptée dans la convention sur le génocide, et, même si je ne suis pas un expert en droit, de nombreux juristes à travers le monde sont convaincus qu’Israël a franchi le seuil du génocide, et je suis d’accord avec eux. En janvier, la Cour internationale de justice [CIJ] a affirmé que l’accusation de génocide était « plausible ». En mars, Francesca Albanese [rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires occupés] concluait son rapport en indiquant qu’il y avait des fondements raisonnables de penser que le seuil indiquant qu’Israël avait commis un génocide avait été franchi. Plusieurs lettres ouvertes signées par des centaines d’universitaires, dont des juristes, ont émis les mêmes inquiétudes.

    A mes yeux, Israël a le droit absolu de se défendre après le 7-Octobre, mais il a surréagi de manière criminelle. Quel est le fondement du génocide ? Selon la convention sur le génocide, il s’agit de l’annihilation délibérée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe national, ethnique, religieux ou racial. L’accent est mis sur la destruction du groupe, pas sur la mort de tous ses membres. Il n’est pas besoin de tuer tous les membres d’un groupe pour qu’il s’agisse d’un génocide. Ce qui est arrivé à Srebrenica, où « seuls » 8 000 hommes furent tués, a été reconnu comme un génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Les Etats-Unis ont reconnu, en mars 2023, que ce que la Birmanie a fait aux Rohingya est un génocide, même si la plupart d’entre eux furent « seulement » expulsés et que « seuls » 10 000 d’entre eux ont été tués, selon le département d’Etat. Ces exemples diffèrent de la Shoah ou du génocide arménien, où il y eut une tentative de tuer tout, ou presque tout un groupe. Les Israéliens et beaucoup d’autres pensent que tous les génocides doivent ressembler à la Shoah, mais c’est faux.

    Ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus. Le territoire a été totalement détruit. Le niveau et le rythme de tueries indiscriminées touchant un nombre énorme de personnes innocentes, y compris dans des lieux définis par Israël comme des zones sûres, la destruction de maisons, d’infrastructures, de presque tous les hôpitaux et universités, les déplacements de masse, la famine organisée, l’écrasement des élites et la déshumanisation étendue des Palestiniens dessinent l’image globale d’un génocide.

    Donc, nous avons la destruction, l’intention et un modèle récurrent d’extrême violence contre les civils. Nous ne savons toujours pas ce que la CIJ décidera dans le dossier porté par l’Afrique du Sud contre Israël, mais si nous lisons Raphael Lemkin [1900-1959], le juriste juif polonais qui a forgé le terme et fut l’initiateur principal de l’instauration de la convention sur le génocide, c’est exactement ce qu’il avait en tête lorsqu’il parlait de génocide.

    Ce débat est-il possible en Israël ?
    Pas encore. Mais même si elles n’utilisent pas le terme de « génocide » et si elles ne pensent pas qu’un génocide est commis, un nombre croissant de personnes ont des doutes sur la logique et les objectifs de cette guerre. Beaucoup s’opposent à la poursuite de celle-ci, car elles comprennent que l’arrêter est une condition pour le retour des otages. Seule une petite minorité s’oppose à la guerre pour des raisons morales, mais il pourrait y avoir un peu plus d’espace pour des voix isolées comme la mienne ; toutefois, il se peut que je sois démenti.

    La guerre doit cesser. Maintenant. Etendre la guerre au Liban est désastreux pour les deux camps. Il s’agit d’une condamnation à mort pour les otages et pour des milliers de personnes dans la région.

    La violence de l’Etat et des colons en Cisjordanie est toujours aussi cruelle et mortelle. Israël n’a aucune solution à aucun de ces problèmes, si ce n’est la force brutale. La seule solution, qu’Israël refuse, est de reconnaître les Palestiniens et leurs droits. Nous ne pouvons pas attendre la décision de la CIJ. Pour les Palestiniens de Gaza, pour les Israéliens, pour le peuple libanais et pour les otages, cela va être trop tard. Lorsque l’on a autant de preuves, nous devons prendre le risque de dire que l’on est face à un génocide, avant même la décision de justice, sinon quel est l’intérêt d’avoir étudié la notion de génocide, si c’est pour dire seulement de manière rétroactive : « Ah oui, il s’agissait bien d’un génocide » ? C’est ainsi que l’histoire jugera ce qui est en train de se passer.

    Je pense qu’il y a de bonnes chances pour que la CIJ reconnaisse que le crime de génocide ou tout au moins des actes génocidaires, tels que l’attaque sur l’hôpital Al-Shifa ou le fait d’affamer délibérément des centaines de milliers de personnes, ont été commis. Et pour ceux qui ne pensent pas qu’il s’agit d’un génocide, je voudrais ajouter : le fait est, sans aucun doute, que de graves crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis. C’est déjà grave !

    Depuis le 7-Octobre, des peurs existentielles ont été réactivées des deux côtés : la Shoah pour les juifs, la Nakba pour les Palestiniens. Sont-elles justifiées ?
    Il n’y a pas de symétrie. Il ne s’agit pas d’un holocauste pour les juifs, car Israël a l’une des armées les plus puissantes au monde. Israël a subi un immense coup, mais il ne s’agit pas d’une menace comparable à la Shoah. Pour les Palestiniens, la Nakba est en cours depuis 1948. Et il faudra des générations pour se remettre de ces attaques sur Gaza.

    Il s’agit en effet d’une seconde Nakba. Les Palestiniens traversent une situation très traumatisante, qui menace leur existence même. Nous, les Israéliens, traversons aussi une situation très traumatisante, mais, selon moi, [nous ne sommes] pas [face à] une menace existentielle.

    La violence des crimes commis le 7-Octobre est sans précédent. L’ampleur de la riposte israélienne aussi. Comment expliquer cette déshumanisation dans les deux camps ?
    Je ne suis pas un spécialiste de la société palestinienne. Je ne peux répondre sur ce point. Mais les guerres ont toujours provoqué la déshumanisation de l’autre camp. Et nous sommes en guerre depuis des décennies, depuis 1948. Israël ne peut justifier la Nakba, l’occupation, l’apartheid, et maintenant la guerre génocidaire à Gaza, sans déshumaniser les Palestiniens. Si nous reconnaissons qu’ils sont des êtres humains, nous ne pouvons pas leur faire subir cela. En raison de sa cruauté et de son ampleur épouvantable, le 7-Octobre a accéléré ce processus.

    En déshumanisant l’autre, vous vous autorisez à agir de manière inhumaine. Et ce phénomène est pire encore chez les jeunes. Plusieurs générations sont nées après 1967 et n’ont connu Israël que [comme un Etat] pratiquant l’occupation ; y compris moi-même, qui suis né en 1966. Mais, pour ceux nés après la deuxième intifada [2000-2005], l’idée de paix est totalement étrangère. Il n’y a même pas eu de discussions de paix ou de négociations sérieuses pendant leur âge adulte, un mur de séparation a été construit… Et, après tant d’années de gouvernements de droite, dirigés en partie par Benyamin Nétanyahou, vous voyez les conséquences.

    Il y a aussi l’idée qu’Israël est fort – du moins jusqu’au 7-Octobre –, aussi pourquoi devrait-il faire des concessions et renoncer à ses privilèges ? En 2018, Israël a instauré la loi sur l’« Etat-nation » [qui précise que le droit à l’autodétermination dans l’Etat d’Israël est réservé au peuple juif], un texte qui ne concerne que nous [les juifs]. Les Palestiniens ne font pas partie de la nation dont se revendique l’Etat et, par conséquent, ils seront toujours discriminés, même dans l’Etat d’Israël. Dans ce contexte, il est difficile pour les jeunes [juifs] d’humaniser les Palestiniens, et c’est une immense tragédie.

    Dans votre livre « The Holocaust and the Nakba. A New Grammar of Trauma and History », coécrit avec le politiste Bashir Bashir (Columbia University Press, 2018, non traduit), vous plaidez pour une empathie mutuelle entre Israéliens et Palestiniens. Est-ce toujours possible ?
    Avec mon ami Bashir Bashir, on suggère une vision : le « binationalisme égalitaire » dans lequel juifs et Palestiniens pourraient vivre ensemble entre « la rivière et la mer », sur la base d’une égalité totale, dans laquelle les deux jouiraient de tous leurs droits individuels. Aucun des deux camps ne jouirait de privilèges, comme c’est le cas aujourd’hui pour les juifs. Nous n’avons pas seulement besoin d’empathie, mais d’un « vacillement empathique » dans lequel votre empathie pour la souffrance de l’autre vous amène à reconsidérer vos propres fondamentaux. Dans ce bain de sang, de telles idées semblent de la science-fiction.

    Qu’attendez-vous des prochaines années ?
    Du sang, du sang, du sang. Je ne vois rien d’autre qu’un avenir terrible. Mais on doit s’accrocher à notre humanité partagée et espérer qu’un jour, qui n’est pas encore en vue, les choses changeront.