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  • Révolte populaire à Beyrouth : le meilleur et le pire, espoirs de changement et risques de dérive – Karim Emile Bitar
    http://www.iris-france.org/62654-revolte-populaire-a-beyrouth-le-meilleur-et-le-pire-espoirs-de-ch

    Chacun des deux camps soupçonne l’autre de manipuler la révolte citoyenne. La confusion règne. Le ministre de l’Intérieur, proche de l’Arabie saoudite, a accusé le Qatar de soutenir les manifestants. Des proches du Hezbollah ont insinué que certains des organisateurs étaient proches des Etats-Unis. Le général Aoun les a carrément accusé de lui avoir « volé ses slogans ». Le mouvement du 14 mars craint quant à lui que le Hezbollah ne profite du désordre ambiant pour emmener le pays vers une nouvelle assemblée constituante qui sortirait des accords de Taëf et chercherait à renégocier les quotas communautaires.

    A ce stade, les manifestants ont intelligemment rejeté toute récupération et ont refusé toute participation des responsables politiques à leurs mouvements. Les seuls hommes politiques qui trouvent grâce aux yeux de la jeunesse en colère sont Ziyad Baroud et Charbel Nahas, deux anciens ministres réformateurs qui ont incarné, chacun à sa manière, une nouvelle façon de faire de la politique, en rupture avec l’esprit milicien, le féodalisme, le clientélisme et l’affairisme ambiants.

    Mais la société civile elle-même est profondément divisée. Il ne faut pas céder à la tentation de voir dans la société civile libanaise un chevalier blanc sans peur et sans reproche qui ferait face à une classe politique corrompue. Cette société civile est à l’image de la société libanaise, avec beaucoup de qualités, une résilience remarquable, mais aussi beaucoup de défauts, beaucoup de contradictions et beaucoup de frustrations.