#kasparov

  • L’Ukraine annonce avoir mis en scène l’assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko, qui est bien vivant
    https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/05/30/l-ukraine-annonce-avoir-mis-en-scene-l-assassinat-du-journaliste-russe-arkad

    « Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime par les services spéciaux russes », a déclaré Vasily Gritsak, aux côtés du journaliste, précisant que cette « provocation » consistait à assassiner M. Babtchenko.

    Il est mort ? C’est la Russie !
    Finalement, euh... il est pas mort ? C’est la Russie !

    • M. Babtchenko, 41 ans, a également pris la parole pour s’excuser auprès de sa femme et de ses enfants d’avoir dû garder le secret, indiquant avoir appris l’existence d’un projet d’assassinat contre lui il y a un mois.
      […]
      Depuis un an, il animait une émission sur la chaîne de télévision ukrainienne ATR, chaîne historique des Tatars de Crimée désormais installée à Kiev. Il continuait aussi de collaborer à plusieurs journaux et écrivait de façon indépendante sur les réseaux sociaux, notamment sur le conflit toujours en cours dans le Donbass.

      indépendant ? à ce stade, quels que soient ses mérites et son parcours préalable, il semble surtout être une marionette des services secrets…

    • L’incroyable opération Babtchenko - L’Express
      https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/l-incroyable-operation-babtchenko_2013477.html

      Arkady Babtchenko eut un sort plus heureux. Le tueur à gages, un membre de Pravy Sektor (parti d’extrême-droite ukrainien) et ancien combattant dans le Donbass, Alexeï Tsymbaliuk, ayant reçu une avance pour l’assassinat de Babtchenko, a décidé de se rendre au SBU (services de sécurité ukrainiens). Dès lors, il feignait la préparation du meurtre sous contrôle du SBU. Il a dévoilé, bien entendu, le nom du commanditaire : un certain Boris Guerman, directeur exécutif de l’entreprise germano-ukrainienne, Schmeisser, qui produit des armes de haute qualité pour l’armée ukrainienne. Guerman a payé 15 000 dollars à Tsymbaliuk, et il devait lui verser le même montant après l’exécution de la commande confirmée par les médias. 

      Tsymbaliuk savait que Guerman n’avait aucun intérêt personnel dans la liquidation de Babtchenko : il s’agissait d’une commande venant de Russie. Après l’assassinat de Babtchenko, qui devait servir de ballon d’essai, Guerman avait l’intention d’engager Tsymbaliuk pour d’autres meurtres. Dans une conversation enregistrée, il parle d’une liste de 30 personnes à éliminer. Tsymbaliuk était également censé acheter, avec de l’argent qui devait être fourni ultérieurement par ses commanditaires, une quantité importante d’armements : 300 fusils Kalachnikov et quelques centaines de kilos d’explosifs à mettre dans des cachettes à Kiev, pour des troubles futurs... 

      Tout était donc fait pour qu’aucune trace ne mène vers la Russie en cas de capture de Tsymbaliuk et même de Guerman : dans les deux cas, il s’agit de « patriotes » à priori insoupçonnables. Ce que les commanditaires n’ont pas prévu, c’est la « trahison » de Tsymbaliuk qui a permis in fine d’attraper Guerman la main dans la poche : au moment où il payait le solde au tueur.

    • Ach Schmeisser ! c’est pratiquement devenu un nom commun…

      Comme le dit leur site…

      en anglais

      … building [the AR15 guns] ourselves to the very highest Teutonic quality standards, of which Hugo Schmeisser would have been proud of.

      en allemand

      … eine AR15 Made in Germany zu bauen.

    • Ce qu’on sait (ou pas, il y a des doutes) sur le commanditaire B. German.

      Юрист из «Шмайсера». Краткая биография Бориса Германа — предполагаемого организатора покушения на Аркадия Бабченко

      — Meduza
      https://meduza.io/feature/2018/05/31/yurist-iz-shmaysera-chto-izvestno-o-borise-germane-predpolagaemom-organizator
      https://meduza.io/imgly/share/1527802249/feature/2018/05/31/yurist-iz-shmaysera-chto-izvestno-o-borise-germane-predpolagaemom-organizator

      31 мая Шевченковский районный суд Киева назвал имя предполагаемого организатора покушения на журналиста Аркадия Бабченко. «Медуза» рассказывает, что известно о Борисе Львовиче Германе из открытых источников.
      В аккаунте Германа на mail.ru сказано, что ему 50 лет. Его отец — влиятельный украинский бизнесмен Лев Беркович Герман.

      Герман-младший учился в двух украинских вузах (Киевском национальном экономическом университете имени В. Гетьмана и Межрегиональной академии управления персоналом); адвокат мужчины Евгений Солодко называет его «юристом по образованию». В конце 80-х годов Герман служил в армии, — судя по номеру части, на атомной подводной лодке К-21, которая базировалась в Мурманске.

      Есть и другая версия биографии предпринимателя. По данным украинского издания Trust.ua, Борис Львович Герман родился в Новороссийске и окончил Ленинградское высшее военное училище железнодорожных войск. Правда, это издание не дает никаких ссылок на источники информации.

      Герман — совладелец и руководитель нескольких украинских компаний. Был совладельцем российской компании «Старбейс» вместе со своим бизнес-партнером Александром Заецом; в качестве основного вида деятельности фирма указывала оптовую торговлю одеждой и обувью. Компанию учредили в 2015 году, а за два месяца до задержания Германа украинскими спецслужбами она перестала существовать.

      Кроме того, Герман — миноритарный акционер украинско-немецкого совместного предприятия «Шмайсер». По словам адвоката Германа, «Шмайсер» — единственная украинская негосударственная компания, которая занимается производством оружия. В прошлом году украинская полиция, прокуратура и СБУ задержали сотрудников компании за продажу боевого оружия со спиленными номерами.

      Аккаунт Бориса Германа на mail.ru тоже почти полностью посвящен оружию, хотя иногда он высказывался и по поводу актуальных новостей. В некоторых постах в 2014 году Герман критиковал российского президента Владимира Путина и называл его, вслед за многими украинцами, **** (никчемным человеком).

      Герман был помощником двух украинских народных депутатов. Помимо отца, у него есть и другие влиятельные родственники: Герман — шурин Дмитрия Притыки, бывшего председателя Высшего арбитражного суда Украины, который в 2006–2012 годах дважды избирался в Верховную раду от Партии регионов (ее лидером был Виктор Янукович). В 2005 году украинский депутат обвинял Притыку в коррупционных связях с разными влиятельными людьми, среди которых называл Льва Германа и Виктора Медведчука. Медведчук возглавляет пророссийское движение «Украинский выбор» и как спецпредставитель Украины участвует в переговорах с представителями Донецка и Луганска об обмене пленными. По данным СМИ, Владимир Путин — крестный отец его дочери.

    • Et cette mise à jour, B. German a déclaré agir sous le contrôle du contre-espionnage ukrainien…

      À quel étage s’arrête la chaîne des agents doubles (plus, si affinités) : le néo-nazi de #Secteur_Droit, le juriste-entrepreneur russo-ukrainien ou ukraino-russe, fournisseur de flingues haut de gamme à la police ukrainienne, l’officier traitant des « organes » ukrainiens, l’un de ses supérieurs,… ?

      Vertige des #barbouzeries !

      Обновление. На заседании суда 31 мая Борис Герман заявил, что работает на украинскую контрразведку. По его утверждению, он начал делать это после того, как с ним связался его знакомый Вячеслав Пивоварник, отвечающий в «частном фонде Путина» за организацию беспорядков на Украине. Организация покушения на Бабченко, утверждает Герман, проходила под контролем контрразведки — для того, чтобы «получить доверие» заказчиков. Прокуратура заявила, что показания Германа — неправда.

      Évidemment, pour le procureur de Kiev, c’est rien que des mensonges.

    • Premier article du Monde après la révélation du fake. Sans surprise, reprise des « explications » ukrainiennes, aucun autre détail sur l’exécutant et le commanditaire.

      Affaire Babtchenko : Kiev assure avoir découvert une liste de 47 cibles d’assassinat potentielles
      https://www.lemonde.fr/international/article/2018/06/02/affaire-babtchenko-kiev-assure-avoir-decouvert-une-liste-de-47-cibles-d-assa

      Le SBU et le parquet général ont alors révélé que l’annonce de sa mort, confirmée par les plus hautes autorités ukrainiennes, et qui avait suscité une vive émotion au-delà de l’Ukraine et la Russie, était une mise en scène. Le procédé a été présenté comme nécessaire pour déjouer une tentative d’assassinat bien réelle organisée, selon Kiev, par les services secrets russes, visant M. Babtchenko mais aussi d’autres personnes, en remontant de l’exécutant aux commanditaires.

    • Courrier International (même groupe, lien en marge, l’article est de la rédaction à Paris) en donne pourtant de croquignolets…

      Affaire Babtchenko. “Le commanditaire, l’intermédiaire et le tueur” | Courrier international
      https://www.courrierinternational.com/article/affaire-babtchenko-le-commanditaire-lintermediaire-et-le-tueu

      Commençons par l’éxécutant. Selon le site d’information Oukraïnskaïa Pravda, ce dernier a fait lui-même son “coming out”, en rédigeant un petit mot sur le réseau social Facebook. Il s’agit d’Alexeï Tsimbaliouk, un personnage haut en couleur - et connu du public - à cause de son engagement au sein de plusieurs organisations de volontaires ukrainiens dans la guerre du Donbass, dont le sulfureux Secteur droit. Il est aussi diacre au sein de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine (Patriarcat de Moscou). Selon la version officielle, il aurait immédiatement alerté le SBU de cette “commande”, en échange de quoi il n’intervient dans l’enquête en cours qu’en sa qualité de “témoin”. La révélation de son rôle dans cette histoire a provoqué, dans un premier temps l’hilarité, de la porte-parole du SBU, la très médiatique Elena Guitlianskaïa. “T’es qui, toi ?”, a-t-elle réagi en publiant sur Twitter une photo du “tueur en soutane” et en qualifiant cette information de “fake”. Pour s’excuser ensuite : ça aussi, c’était dans l’intérêt de l’enquête.

      Marchand d’armes diabétique
      Le “citoyen ukrainien G”, lui, a été arrêté dans la rue lors d’une opération filmée par le SBU (une spécialité de la maison). Il s’agit d’un petit homme replet de 50 ans, qui répond au nom de Boris Guerman. Il est, à ce jour, le seul qui a été présenté à un juge à Kiev, lors d’une audience “particulièrement animée” à laquelle a pu assister la correspondante du célèbre hebdomadaire d’opposition russe, Novaïa Gazeta. Boris Guerman est PDG d’une petite entreprise d’import-export d’armes et de munitions, Schmeisser. Lors de son interrogatoire par le juge, le prévenu a immédiatement précisé qu’il émargeait lui-même au sein du “contre-espionnage ukrainien”, et qu’il aurait joué le jeu pour mieux identifier le commanditaire russe de cet assassinat. Boris Guerman suggère également que, dans cette affaire, le contre-espionnage et le SBU tireraient chacun “la couverture à soi”. Il a mis en garde contre l’existence de nombreuses “taupes” russes au sein du SBU. Quant à “l’assassinat” de Babtchenko, “on savait que c’était pour de faux. On a fait ça dans l’intérêt du pays. On ne veut pas que l’Ukraine devienne comme la Russie”, s’est-il défendu. Son avocat a appelé à sa libération immédiate, arguant du mauvais état de santé de son client qui serait diabétique.

      Le long bras de Moscou ?
      Selon Boris Guerman, il aurait reçu un coup de fil il y a quelque six mois d’une vieille connaissance à lui, un Ukrainien qui vit à Moscou, Viatcheslav Pivovarnik, qu’il désigne comme le commanditaire de l’assassinat. Ce dernier travaillerait pour une organisation mystérieuse, le “fond personnel de Vladimir Poutine chargé d’organiser les troubles en Ukraine”. Plusieurs limiers de la presse russe et ukrainienne ont immédiatement cherché à en savoir plus sur cet homme. Le journal en ligne The Bell de Moscou, spécialisé dans l’information économique, a fouillé les registres de commerce et les réseaux sociaux russes. À cette identité répond un homme de 34 ans, patron de cinq boîtes qui font des affaires entre l’Ukraine et la Russie. Certaines sont spécialisées dans la “sécurité” et sont décrites comme proches des milieux nationalistes russes.

      Le lien entre ces trois personnages - qui sont tous de nationalité ukrainienne - avec la Russie est évident. Mais il ne constitue pas pour autant une preuve devant le tribunal”, précise Oukraïnskaïa Pravda. “On ne peut qu’espérer que le SBU et le Parquet gardent en réserve des arguments beaucoup plus solides sur l’implication des services russes dans cette affaire”, conclut le journal. Vendredi 1er juin, ces deux institutions ont reçu une dizaine de diplomates occidentaux en poste à Kiev pour leur fournir des informations supplémentaires dans cette affaire. Et tenter de les rassurer, eux-aussi. Cette réunion s’est déroulée à huis clos.

      Visiblement, la presse ukrainienne avale un peu moins facilement les bobards du gouvernement que la presse de référence française…

      Et donc, sur fond de #guerre_des_polices ukrainiennes, on a enfin trouvé la preuve de l’existence du #fonds_personnel_de_VVP_pour_la_déstabilisation_de_l'Ukraine ! #rhaaaa !

    • Précision sur Schmeisser Ukraine : l’entreprise ne commercialise que des pistolets pour le maintien de l’ordre et l’autodéfense privée, tirant des balles en caoutchouc, efficaces de 3,5 mètres à 10 mètres (la limite inférieure, c’est parce qu’en dessous, l’emploi n’est pas autorisé).

      Пистолеты, пистолет, средства активной обороны, револьверы, револьвер, производство, продажа, цены, калибр 9мм, упругая пуля
      http://www.schmeisser.com.ua/prod/art_list/name=defence

      Средства активной обороны (пистолеты, револьверы) предназначены для оснащения правоохранительных органов при охране общественного порядка, а также для самообороны лиц, которые имеют право на их применение, ношение и хранение согласно действующего законодательства.
      Средства активной обороны используются для отстрела патронов, снаряженных поражающими элементами несмертельного действия – так называемыми резиновыми пулями.

      Минимально допустимая дальность применения по живой цели – 3,5м, эффективная дистанция применения – (3,5 – 10)м.

    • Point de vue de Garry #Kasparov

      Ukraine has struck a blow at Putin’s assassins. Why aren’t we celebrating? - The Washington Post
      https://www.washingtonpost.com/news/democracy-post/wp/2018/06/02/ukraine-has-struck-a-blow-at-putins-assassins-why-arent-we-celebrati


      Diplomats from Germany, Canada, the United States, France, Britain, Italy and Japan, leave a meeting at Ukraine’s General Prosecutor office on Friday to brief them on Kiev’s decision to stage a contract-style killing of Russian journalist Arkady Babchenko.
      Genya Savilov/AFP/Getty Images

      At a news conference, Babchenko apologized for the pain he had caused his friends. (He hadn’t even told his wife, so his health may still be in danger!) He accepted responsibility and said that he would never have taken such desperate measures if the situation weren’t so dire. Those of us forced into exile by Putin’s crackdown on dissent are in a perpetual state of mourning for our colleagues, and so I cannot be anything but happy that Arkady is alive. I have lost too many friends to bullets and beatings to spend my anger on anyone other than the assassins and the man in Moscow who commands them.

  • Email from Russia
    http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/russia/1311163/Email-from-Russia.html

    HE may be an outstanding grandmaster and possess one of the brightest minds on the planet but Garry Kasparov’s new obsession threatens to eclipse his genius for the game of chess.

    With the fervour of a newly converted missionary, Mr #Kasparov has embarked on a crusade to persuade the world that traditional history is bunk and that the past is less ancient than it seems. “If we are correct in ten percent of what we are saying, this will be the most important thing I have been involved in,” he told me last week. “We must prove that ten percent. But if we do, it’s like a house of cards. Remove one and the whole thing collapses.”

    After years of mulling over what he calls “hundreds and hundreds of discrepancies, accidents and small gaps” in conventional history, Mr Kasparov has emerged as the most famous supporter of the school of Anatoly Fomenko.

    (...)

    It is dizzy-making stuff. All classical and mediaeval literature is a forgery produced after the Renaissance, they maintain. Troy, Jerusalem, Constantinople and London were originally one and the same place and King Arthur was a Russian prince.

    The Old and New Testaments describe the same events. Jesus did exist but was also the Prophet Elijah and Pope Gregory VII rolled into one and lived in the 11th century in what is now Istanbul. There was no Mongol conquest of Russia in the Middle Ages, but a huge Russian empire which covered the entire Eurasian landmass and the British Isles instead.

    My favourite “proof” of their theories was the derivation of the word “Thames”. It supposedly comes from “sound”, as in Bosphorus Sound, its consonants spelt backwards and pronounced Arab-style.

    Utter nonsense, you are thinking. But the shelves of the history sections of Moscow bookstores are groaning with this “research”. Slowly, it is acquiring a fringe intellectual respectability, not least thanks to Mr Kasparov.

    "#révision #histoire #faillite_intellectuelle

  • Super article sur #Magnus_Carlsen

    http://abonnes.lemonde.fr/sport/article/2014/04/05/magnus-carlsen-terreur-et-legende-des-echecs_4395332_3242.html

    Il pleut sur Oslo ce jour-là et, dans les luxueux locaux de la banque d’investissement Arctic Securities, un feu agréable brûle. A côté du foyer, un échiquier rappelle que l’établissement s’enorgueillit d’être un des sponsors du nouveau champion du monde d’échecs, Magnus Carlsen, 23 ans. Ce dernier, affalé sur un canapé, un pan de la chemise sorti du pantalon, picore des cacahuètes. Avec son éternelle moue renfrognée, effet d’un important prognathisme, il attend la première question du journaliste.

    On l’avait laissé en 2008 adolescent et grand espoir du jeu, « Mozart des échecs » selon la formule du Washington Post. Ecrire son portrait, à l’époque, c’était retracer la trajectoire classique d’un enfant prodige doté d’une mémoire phénoménale. Il venait de gagner un des plus forts tournois de la planète, à Wijk-aan-Zee (Pays-Bas), un exploit que personne n’avait jamais réalisé à 17 ans. L’ancien champion du monde russe Vladimir Kramnik osait une prédiction : « A mon avis, la question n’est pas de savoir si Carlsen sera champion du monde, mais juste de savoir quand il le deviendra. »

    On retrouve en 2014 un Magnus Carlsen adulte qui, en battant l’Indien Viswanathan Anand, le 22 novembre 2013, a accompli la prophétie de Kramnik. Comme si les choses écrites devaient toujours se produire. Pourtant, devenir numéro un mondial n’a pas été si simple. Dans la deuxième moitié de 2008, les résultats de Mozart ne sont plus aussi prodigieux. Et un an plus tard, curieusement, tout repart.

    UNE COLLABORATION AVEC GARRY KASPAROV

    Dans l’intervalle, le Norvégien a utilisé son joker. Un certain Garry Kasparov. Le contact avec le meilleur joueur d’échecs du XXe siècle, champion du monde entre 1985 et 2000, est noué fin 2008 par l’intermédiaire de Frederic Friedel, patron de ChessBase, société allemande spécialisée dans les logiciels d’échecs. « Cela faisait longtemps qu’il incitait Garry à m’entraîner mais celui-ci n’était pas convaincu par cette idée », explique Magnus Carlsen. L’ancien champion russe et son ego surdimensionné ont toujours eu du mal à se dire que leur temps était passé. D’un autre côté, accepter l’offre, c’était, pour Garry Kasparov, montrer au petit monde des 64 cases quel joueur était vraiment digne de lui succéder dans l’histoire. Et puis un très gros chèque, à 5 voire 6 zéros, a fini de le convaincre.

    L’agent de Magnus Carlsen, Espen Agdestein, se démène pour trouver des sponsors afin de financer la demi-douzaine de sessions d’entraînement qui s’étaleront tout au long de 2009. Pendant plusieurs mois, la collaboration reste secrète. Puis, l’info sort en septembre 2009. ChessBase publie des photos du stage que Magnus Carlsen a effectué dans la résidence d’été de Garry Kasparov en Croatie. On y voit un Garry Kasparov en tee-shirt Marcel, les poils des épaules au garde-à-vous, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur en train de vérifier les variantes, tandis que Magnus Carlsen et son cerveau triment devant l’échiquier.

    Pendant ces séances avec Garry Kasparov, Magnus Carlsen travaille ce qu’il n’a jamais vraiment creusé à fond, les ouvertures. Mais, surtout, le Russe lui ouvre sa boîte à trésors, son analyse de la psychologie des autres grands maîtres. « J’étais parfois surpris de voir à quel point il connaissait ses adversaires, avoue Magnus Carlsen. Même chez des joueurs considérés comme imprévisibles comme le Russe Morozevitch ou l’Ukrainien Ivantchouk, il arrivait à trouver des tendances dans leur jeu. Et avec des champions de premier plan comme Kramnik ou Anand, il savait quelle position ils aimaient jouer et celles où ils ne se sentaient pas à l’aise. »

    A l’ère des logiciels qui aplanissent les différences ayant pu jadis exister entre les préparations des champions, on voit que les joueurs ont changé de méthode. Il ne s’agit plus tant de submerger l’autre par des variantes répétées à la maison que de l’emmener dans sa zone d’inconfort, là où il commettra la petite erreur de trop.

    « ON N’A JAMAIS VU UN JOUEUR FAIRE AUSSI PEU DE FAUTES »

    Cette approche convient au style de Magnus Carlsen, que décortique le numéro un français Maxime Vachier-Lagrave : « Il est très patient ! C’est un joueur universel qui s’adapte à tous. Il ne va pas forcément chercher le K.-O. mais plutôt construire méthodiquement sa position. Il crée un problème à droite, un problème à gauche pour provoquer la faute et vous faire craquer sous la pression. Et en plus de cela, il commet très peu d’erreurs lui-même. En fait, je crois qu’on n’a jamais vu un joueur faire aussi peu de fautes. »

    Magnus Carlsen ne peut qu’acquiescer, lui qui résume sa stratégie ainsi : « J’essaie de jouer 40 ou 50 bons coups et je défie mon adversaire d’en faire autant. Même si la position est simple ou semble simple, je tente de rester concentré et créatif, de trouver les possibilités qui s’y cachent. » Il conclut : « Je fais juste la même chose que les autres, mais en un peu mieux. » Pour le grand maître français Laurent Fressinet, qui a aidé Magnus Carlsen en 2013 à se préparer pour le championnat du monde, il ne faut voir nulle arrogance dans cette phrase mais l’expression d’une confiance inébranlable : « En plus d’un talent extraordinaire pour sentir où les pièces doivent se placer, ce qui fait la différence, c’est ce mental exceptionnel qu’il a. C’est un mental de tueur : s’il pense qu’il peut gagner, il n’aura aucune pitié pour ses adversaires. »

    En 2009, Kasparov remet donc Carlsen sur les rails et celui-ci ne va plus en sortir. Le 1er janvier 2010, il s’installe en tête du classement par points. Il ne lui reste plus qu’une épreuve : arracher le titre suprême à Vishy Anand qui, né en 1969, pourrait être son père. Ce sera presque une formalité. Alors que la compétition se dispute dans sa ville natale, à Chennai, et que son adversaire n’a aucune expérience des matches en un contre un, l’Indien, sur le déclin depuis quelques années, joue la peur au ventre. Il est parti pour un marathon de souffrance car il sait que Magnus Carlsen ne lâche jamais rien, qu’il est capable de faire saigner une pierre en la serrant dans son poing. Vishy Anand a perdu avant de commencer.

     SA RÉPUTATION, UN ATOUT

    Si le Norvégien fait aujourd’hui figure de joueur hors norme, c’est aussi pour cette raison. Contre lui, certains joueurs semblent partir avec un handicap. Tout comme Bobby Fischer et Garry Kasparov écrasaient les autres par leur simple présence devant l’échiquier, il y a un neuvième pion dans la manche de Magnus Carlsen : sa réputation. Ainsi que le résume le grand maître néerlandais Anish Giri, aux échecs, « d’abord vous jouez pour votre nom, ensuite votre nom joue pour vous ». Magnus Carlsen est-il conscient de cette aura ? « Ce n’est pas mon problème. C’est celui de mes adversaires. »

    A 23 ans, Magnus Carlsen est donc déjà une terreur et une légende. Au point que le grand maître américain Hikaru Nakamura l’a surnommé Sauron, ce personnage maléfique du Seigneur des anneaux, représenté dans les films de Peter Jackson par un oeil immense dans le ciel, qui voit tout. En février, au tournoi de Zurich, Hikaru Nakamura a la possibilité de terrasser Sauron. Dans une partie où il a pris trop de risques, Magnus Carlsen est confronté à une attaque dévastatrice. Comme un boxeur groggy, il tente de tenir un coup de plus, puis un autre, de ne jeter l’éponge que quand la défaite sera flagrante. L’Américain sait qu’il tient le champion du monde.

    Mais la pendule tourne et Magnus Carlsen, bien que dans les cordes, tend toujours des pièges. L’erreur est là, tentante, attendant d’être commise et, comme c’est si souvent le cas face au Norvégien, elle s’impose à Hikaru Nakamura. Il entrebâille la porte de secours et Magnus Carlsen s’y engouffre avec une contre-attaque précise, impitoyable. Le combat était perdu, le voilà gagné. La marque des grands est de savoir provoquer la chance ou, au moins, en extraire tout le jus quand elle se présente.

    UN HOMME « NORMAL »

    Lorsqu’on l’interroge sur lui, Magnus Carlsen se voit comme « un homme normal ». Depuis septembre, il n’habite plus chez papa-maman. Son père, Henrik, a depuis des années quitté son travail dans l’industrie pétrolière pour s’occuper de Magnus Chess, la société qui gère la carrière et les avoirs du fiston. Il ne voit pas de grand changement avec le Magnus d’avant : « Il passe du temps avec ses amis, il fait beaucoup de sport. Il n’a pas besoin de travailler trop ses échecs : il les a toujours à l’esprit et ses idées mûrissent sans qu’il y pense réellement. »

    Après son titre, Magnus Carlsen est entré dans le maelström des vedettes. Il est mannequin pour une marque de vêtements. Il a donné le coup d’envoi d’un match de football du Real Madrid, une leçon d’échecs à Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, et une raclée à Bill Gates. Le fondateur de Microsoft a été humilié, maté en 9 coups et seulement 79 secondes. Mais Magnus Carlsen, s’il sait que les médias peuvent populariser son sport, ne court pas après le ramdam. Il pense plutôt à son prochain défi : remettre sa couronne en jeu. Après tout, il ne sait rien faire d’autre qu’être roi du jeu des rois, l’homme normal. En novembre, il affrontera de nouveau Viswanathan Anand qui est rené de ses cendres en remportant le tournoi des candidats le 29 mars.

    L’entretien est fini. Magnus Carlsen regarde une émission de sport sur un ordinateur en attendant la prochaine interview. Espen Agdestein me présente une application pour téléphone portable avec laquelle on peut jouer contre Magnus à différents âges. Sans lever les yeux de son écran, le champion du monde dit : « A 8 ans, je suis encore prenable facilement. » Sous-entendu par un « patzer », un joueur du dimanche tel que ce journaliste doit l’être. La partie se déroule rapidement et se termine par un avantage écrasant. « Magnus, je crains bien de vous avoir battu. » Il ne relève pas. Oui Magnus, je vous ai battu, et c’est bon.

    #echecs #kasparov #anand #paywall

  • I hope Putin has taken adequate protections. Now that he is a Russian journalist his life may be in grave danger !

    Kasparov hits hard on Putin’s stunningly hypocritical “we must stop using the language of force” op-ed in the New York Times:
    http://www.thedailybeast.com/articles/2013/09/12/garry-kasparov-tees-off-on-putin-and-the-new-york-times.html
    #Putin #NYT #Syria #Kasparov

  • Pussy Riot : Kasparov risque cinq ans de camp « pour avoir mordu un policier » - Libération
    http://www.liberation.fr/monde/2012/08/20/pussy-riot-kasparov-risque-cinq-ans-de-camp-pour-avoir-mordu-un-policier_

    L’ancien champion du monde d’échec a été arrêté vendredi alors qu’il manifestait en soutien des punkettes russes.

    L’opposant russe et ancien champion du monde d’échecs Garry Kasparov a annoncé être convoqué lundi par la police qui l’accuse d’avoir mordu un policier vendredi dernier à Moscou, un délit passible de cinq ans de camp.

    5 ans pour une morsure, c’est pas énorme, vu que le tarif, c’est 2 ans pour une chanson... #troll #Kasparov #Russie #Pussy_Riot

  • Quelle sorte de cyborg voulez-vous être ? | Xavier Delaporte
    http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-voulez-vous-etre

    Qui, de l’homme ou de la machine, est le plus intelligent ? Cette question fondamentale mérite d’être reformulée, en prenant en compte le fait que c’est la collaboration entre les deux qui s’avère le plus efficace.

    #Science #Cyborg #Deep_Blue #échecs #IBM #Kasparov #wired