#keny_arkana

  • Bethina Gohio - Pas là pour plaire ! [Partie 1]

    Émission du 21 janvier 2021, nous avons invité Bethina Gohio. Voici la deuxième partie  ; On parlera encore de #Diam’s, mais aussi de #Casey et de #Keny_Arkana, « qui représentent chacune une facette différente de la rappeuse, et des héritières pour lesquelles l’urgence est dans la libération des femmes et se ressent aussi bien dans leurs textes que dans leur attitude. »
    #rap #radio #offensivesonore #hiphop #féminisme

    https://offensivesonore.blogspot.com/2022/01/pas-la-pour-plaire-partie-2.html

  • “Complotisme en général et pandémie en particulier”, Théorie communiste
    https://dndf.org/?p=19292

    Dans le mode de production capitaliste, la population n’est pas un fait de « nature », sa production, reproduction, gestion et les catégories qui la constituent sont le produit de rapports de classe et de genre qui en structurent la mise en forme et l’évolution. Cette population n’existe socialement et ne se reproduit que comme fonction du capital. Il n’y a pas de substrat intact ou pur pouvant servir de préfiguration de quoique ce soit, il n’y pas de bonheur ou de souffrance, de bonne santé ou de maladie, de manière de vivre ou de mourir qui puissent se comprendre autrement que comme une expression de ces rapports de classe et de genre. Il faut ajouter, vu le sujet, que cette expression sans cesse renouvelée – car produit historique – du rapport de classe et de genre existe dans le quotidien de la pensée et de l’action pour toutes les classes, et encore plus à l’insu (mais « de leur plein gré ») de ses acteurs pour ce qui concerne les classes dominantes ou supérieures.

    Cette reproduction n’est pas une mécanique idéale et froide des rapports de production mettant en mouvement ses propres matériaux idéaux. Les rapports de classe et de genre comme rapports de production ne se donnent pas en clair, ils existent dans une complexité qui peut être comprise conceptuellement comme un déploiement dynamique des catégories de l’exploitation (rapport surtravail / travail nécessaire) sur tous les pans de l’existence que le mode de production capitaliste met en mouvement de par son caractère total. Ainsi la population est produite et existe bien sûr dans les rapports de production à proprement parler, mais, par là, dans l’existence quotidienne à travers laquelle se constitue la (re)production du rapport d’exploitation dans son ensemble comme condition d’existence de ces rapports de production stricts (à travers idéologies, pensées, affectivité, sociabilité, loisirs, santé, rapport à l’habitat, nourriture, symptômes, inscription institutionnelle, 1 ou 2 sur la carte de sécu…).

    Faire tenir ces éléments apparemment disparates ou hétérogènes n’est pas l’affaire d’un Macron ou d’un lobby même puissant et elle n’est pas non plus le fruit du hasard ni dénuée d’intentions, de volontés et de décisions. Mais toujours les structures dominent les individus ou groupes d’individus et leurs actions, pensées, idéologies, etc. sont elles-mêmes l’expression de ces rapports de classes et de genre qu’ils produisent et, les reproduisant naturellement, qui les reproduisent1.

    Partons d’une idée simple, même simpliste.

    Aucun Etat, aucune bourgeoisie ne foutra en l’air son économie (déjà pas brillante) dans le but de renforcer le « contrôle » et « l’asservissement » de la population ou pour favoriser les laboratoires et autres Gafa. A la limite cela peut être une opportunité mais à manipuler avec d’extrêmes précautions par cette classe dominante pour en éviter les effets pervers sur le travail, la production générale, la reproduction de la force de travail, la circulation, la consommation et de façon globale la vie sociale quotidienne qui nourrit le mode de production.

    Passons à un niveau un peu plus élaboré, relatif à la mécanique du discours complotiste (ou conspirationniste).

    Ne jamais accuser l’institution, le pouvoir, la cible en général, de « complot ». Ne pas employer le terme.

    Se positionner en avant-garde éclairée.

    S’appuyer sur la science et la raison (prolifération des notes de bas de page, références universitaires absconses, liens hypertextes, graphiques, cartes, etc.).

    Toujours poser la question : « à qui profite le crime ? ». Désigner pour chaque événement un responsable, une organisation (si possible groupe occulte), et une cause unique. Ainsi on pourrait dire que puisque la révolution bolchévique de 1917 a été en partie possible dans les conditions de la première guerre mondiale, le nationaliste serbe qui assassinat l’archiduc d’Autriche à Sarajevo était un agent de Lénine.

    Accumuler des « détails troublants » en les connectant.

    Refuser le hasard, ne voir que des corrélations nécessaires (« Savez-vous que … ? » ; « Ce n’est pas un hasard si … »)

    S’appuyer sur l’histoire et trouver toutes sortes d’événements semblables aussi disparates que possible, mais « ressemblant ».

    #complotisme #pandémie #Keny_Arkana #conspirationnisme

  • Bethina Gohio - Pas là pour plaire ! [Partie 1]

    Émission du 7 janvier 2021, nous avons invité Bethina Gohio. On parlera des « pionnières, des figures incontournables que sont #Diams, #Casey et #Keny_Arkana, qui représentent chacune une facette différente de la #rappeuse, et des héritières pour lesquelles l’urgence est dans la libération des femmes et se ressent aussi bien dans leurs textes que dans leur attitude. »

    #rap #radio #offensivesonore #hiphop #féminisme

    https://offensivesonore.blogspot.com/2022/01/pas-la-pour-plaire-partie-1.html

  • Avant l’Exode | Ferarock
    https://ferarock.org/sur-les-antennes/decouvertes/avant-l-exode

    En 2021, le #rap_français est enfin devenu populaire. Le prix à payer ? Pour certains, l’abandon des utopies, d’un certain esprit hip-hop. Mais gare à ceux qui voudraient réduire le rap à une zumba opportuniste : Ils ont oublié que cette musique reste le champ d’action d’artistes sincères, entiers, révoltés. #Keny_Arkana, on le sait depuis longtemps, fait partie de ces MCs aux discours engagés, mais qui jamais n’oublient la performance.

    https://www.keny-arkana.com

    • le complotiste Akhenaton hospitalisé pour covid-19
      https://www.bfmtv.com/marseille/le-rappeur-akhenaton-positif-au-covid-19-hospitalise-pour-detresse-respiratoi

      On a toujours écrit avec IAM des morceaux où on se pose des questions. Je me pose des questions. Je ne dis pas que le masque est inutile mais il est utile en février, en mars, en avril, au début de l’épidémie. Aujourd’hui, vous prenez vos boîtes de masques, vous prenez les masques que vous avez là, Europe 1, et regardez, il y a marqué ’Ne protège pas des virus’ dessus." (...) le masque a des effets beaucoup plus nocifs, parce que le masque que vous portez 5 heures sur le visage fait baisser le taux d’oxygène que vous avez dans votre sang ou engendre d’autres pathologies parce que dans votre nez, vous avez un staphylocoque doré, d’autres bactéries, et vous les respirez en boucle."

      https://www.purepeople.com/article/akhenaton-les-masques-nocifs-la-star-d-iam-choque-et-est-taxe-de-complotiste_a400235/1

      Raoultite aigue : « Je doute de la vraie dangerosité de ce virus-là », affirme Akhenaton (août 2020)
      https://www.europe1.fr/culture/akhenaton-je-doute-de-la-vraie-dangerosite-de-ce-virus-3985564

      début d’une série qui va permettre de rendre les non vaccinés responsables de la quatrième vague, et qui vient à l’appui d’une des fonctions premières du passe non sanitaire (on s’occupe bien de vous, fallait pas refuser

      Marseille c’est le top, de l’élite locale Raoult, Ruberola, Fouché, aux porte drapeaux d’une culture jeune révoltée (nawak) à la Arkana, Akhenaton

      Bon, « la gauche » a une belle responsabilité de n’avoir pas tenu un discours de vérité sur l’épidémie et les mesures à lui opposer. Et quant on voit que pas une organisation de soignants n’a saisi depuis les questions de prévention et de santé publique le conseil d’état sur le passe non sanitaire...

    • « la gauche » a une belle responsabilité

      C’est évidemment un gros euphémisme, puisque « la gauche » à Marseille c’est pas rien, puisque c’est la mairie : la maire EELV élue Michèle Rubirola (désormais en retrait), homéopathe (déjà c’était mal parti), et surtout sa très bruyante alliée « socialiste » Samia Ghali, dont un des coups d’éclat a été de jouer de la posture anti-vax en septembre 2020 (depuis il semble qu’on lui ait demandé de la mettre en sourdine). Notamment concours de populisme pour jouer, sur le Covid, la carte de Marseille victime de la malveillance parisienne tout en courant derrière la droite pour s’acoquiner avec Raoult.

      Covid-19 : Samia Ghali dit ne pas vouloir se faire vacciner, le Pr Gilbert Deray dénonce des propos "dramatiques" de la part d’une élue
      https://www.bfmtv.com/sante/covid-19-samia-ghali-dit-ne-pas-vouloir-se-faire-vacciner-le-pr-gilbert-deray

      « Je vais vous dire la vérité, je ne vais pas être hypocrite, c’est ce que je pense, je le dis franchement : je ne ferai pas demain un vaccin contre le Covid, ça c’est clair, net et précis. Je l’assume », a affirmé la deuxième adjointe à Marseille (divers gauche) Samia Ghali à notre micro.

      « Je ne le ferais pas faire à mes enfants, notamment à mon fils qui est mineur, je le déconseillerai à mes enfants, c’est sûr. C’est mon droit aussi de le penser. Je ne servirai pas de cobaye, ça c’est sûr. Après chacun fera comme il voudra mais moi je donne mon point de vue », a-t-elle encore expliqué.

    • le complotisme de Keny Arkana à Akhenaton, le rap de Marseille bascule dans la fachosphère ???
      Pour tes liens sur IAM @colporteur 3 en un seul message : BFMtv, Europe1 et purepeople je ne sais pas si Akhenaton vénère le fada de Marseille mais je dirai que c’est de la colportite aigue.
      à mon avis tu as besoin de vacances.

    • Arkana fait clairement du Soral. Akhenaton, qui a choisi de causer dans ces organes, a son petit complotisme à lui, et sa grosse confusion. Les théories de la caste, c’est une très bonne manière de croire tout piger à coups d’omnipotence supposée, plus besoin de s’emmerder à analyser des rapports sociaux, des situations concrètes (une pandémie, par exemple), on sait tout d’où ça vient et à qui ça sert, suffit de pas se laisser berner, etc..
      Ils sont pas plus épargnés que ce malheureux Mucchielli.

      Tes Illuminati dirigent déjà la terre
      Ils foncent là sous nos yeux sans faire aucun mystère
      Contrôlent banques, Etats, industries et militaires
      Crétin ! Ça s’appelle des milliardaires

      (sans compter l’iconographie qui joue souvent avec les symboles complotos)

    • Keny Arkana et Karine Lacombe règlent leur compte sur Twitter. Cette dernière attend des excuses publiques ou elle l’attaque pour diffamation.
      https://twitter.com/kenyarkana/status/1421411362148868104

      Sauf que cette chanson n’a pas de clip officiel.
      La vidéo dont vous parlez est un montage fait par un anonyme.
      Vérifiez vos sources, avant de relayer n’importe quoi - et de me salir par la même occasion.
      Vous faites pareil dans votre domaine ? Relayer sans vérifier ?

      son portrait dans Libé 28/7/2021 [paywall]
      https://www.liberation.fr/culture/musique/keny-arkana-la-terre-est-son-monde-20210728_B23B4VH4DRHK3FOHML63QDP6JA

      La rappeuse altermondialiste, voyageuse insaisissable, pense à quitter la France à cause du pass sanitaire.

      une longue itw dans l’Abcdrduson 6/6/2017
      https://www.abcdrduson.com/interviews/lenergie-solaire-de-keny-arkana

      Douze ans après sa première mixtape, Keny Arkana sort L’Esquisse vol.3, annonciatrice d’un troisième album. Profondément marseillaise, mais définitivement nomade, la rappeuse continue de voyager, de militer, et d’écrire son histoire, lumineuse.

      #abcdrduson

    • https://www.franceculture.fr/emissions/affaires-culturelles/akhenaton-na-pas-mis-de-personnages-entre-nos-disques-et-nous-memes

      En avril 2021, Akhenaton, rappeur du groupe IAM, revenait au micro d’Arnaud Laporte sur son univers artistique, et ses méthodes de travail et de création à l’occasion de la publication de son pamphlet La faim de leur monde, toujours disponible aux éditions de L’Iconoclaste (coll. Iconopop).

      Il parle de complot mais c’est à propos du crack !

    • J’avais raté ce seen.

      Ça fait déjà plusieurs années même avant le covid que plusieurs personnalités du rap dévient peu à peu vers le complotisme de bas étage. Or le complotisme est une des portes d’entrée importante pour finir lié à l’extrême-droite, ça c’est quand même assez avéré. Arkana a toujours fait dans l’ésotérisme puis mélangé à de plus en plus de complotisme : exactement comme Rockin’squat d’Assassin.

      Ce dernier étant la locomotive, la figure de proue de tous les complotistes dans le rap. Or comme c’est une légende incontestée dans le rap FR, personne ne le critique alors qu’il dit vraiment des conneries incroyables : c’est le spécialiste du mille feuille argumentatif = mélanger plein de conneries à des trucs parfaitement vrais sur le capitalisme, les manipulations, l’industrie, ce qui fait passer les conneries chez plein de jeunes qui ne s’informent pas sur les détails. Je suis d’ailleurs bien deg que Nikkfurie de La Caution continue invariablement de le soutenir à fond, càd en produisant ses beats + en feat + relai sur ses réseaux. Arkana est vraiment sa fille spirituelle autant pour le contenu que pour le mille feuille.

      Pour le covid en particulier, le monde complet de la culture est en général assez négationniste, rassuriste, car prendre au sérieux toutes les implications veut forcément dire péter tout leur mode de vie : concert, théâtre, cirque, etc, et ça ils sont dans le déni complet du coup. Mais dans le rap j’ai l’impression que c’est encore pire que dans les autres arts et les autres en musique, peut-être parce que c’est juste plus mis en avant, vu que c’est un art revendicatif et que du coup ces artistes là gueulent leur complotisme plus fort que les autres. En tout cas vu que j’en suis quand même pas mal dans le rap indé, une énorme parti soutiens totalement les conneries de Rockin’squat. :(

      Donc @vanderling, je corrobore totalement ce que dis @colporteur malheureusement…

    • [Tribune] Cher Akhenaton et le groupe IAM
      https://factandfurious.com/tribunes/tribune-cher-akhenaton-et-le-groupe-iam

      Je suis aujourd’hui choqué d’entendre votre voix être en harmonie avec celles que vous attaquez depuis 30 ans, celles de l’extrême droite, du fascisme, du populisme.

      Je vous prie d’écouter les mêmes médecins qui manifestent depuis 20 ans pour leurs hôpitaux, qui aujourd’hui n’ont pas le temps de le faire car ils sont pris à l’hôpital depuis presque 2 ans pour une crise qu’ils n’auraient jamais imaginé vivre et qui n’en finit pas. Ce sont les mêmes que je vous demande d’écouter.

      Vous indiquez le rapport de l’ATIH, mais vous oubliez les parties les plus importantes, 20% des jours de réanimations en 2020 (plus en réalité) n’ont été le fait que d’une seule maladie. Pendant les vagues, entre 50% et 100% des lits ont été occupés par des patients COVID, pour des durées bien supérieures aux autres convalescences. Malgré toutes les mesures prises, malgré la réorganisation et la mobilisation de l’hôpital. Et de ceux-là, les 2/3 ont survécu. La majorité des décédés n’ont pas eu cette chance de pouvoir passer en réanimation.

      #blablachierinyourmind

  • Entretien intéressant de Keny Arkana sur Reporterre.net
    https://www.reporterre.net/Sans-un-effort-de-bienveillance-la-guerre-civile-nous-attend

    Réalisé par @vslonskamalvaud et Barnabé Binctin

    Mais que faire face aux violences policières  ?

    J’en ai parfois parlé avec mes amis militants, qui me traitent d’ailleurs de grosse naïve, mais je pense qu’il faudrait faire des actions de sensibilisation dans les commissariats. Sensibiliser les policiers et leur expliquer pourquoi nos luttes sont justes, et pourquoi elles les concernent eux et leurs enfants. Aller dans les commissariats et discuter, parce que, face aux barricades, chacun est dans son rôle, ça devient compliqué. T’imagines si demain, en pleine manifestation, un CRS décidait, devant ses collègues, d’arrêter, de poser son casque et de passer de notre côté  ? Ça casserait une division à laquelle on veut nous faire croire. C’est le truc qui ferait le plus peur au gouvernement.

    Mais j’espère juste qu’à ce moment-là, il n’y aurait pas un lâche qui en profiterait pour aller savater le flic. Parce qu’à un moment, la lutte n’est pas seulement politique et sociale, elle est aussi humaine. Et il faut savoir où est vraiment ton ennemi et où est vraiment ton camarade. Bien sûr qu’on a toutes les raisons d’avoir la haine des flics surtout lorsqu’on a subi ses violences — moi, j’avais 13 ans lors de mon premier passage à tabac, ils m’ont frappée pendant des heures et j’avais la rage. Mais veut-on se venger ou veut-on changer les choses  ? Il faut savoir avaler sa rancœur, la transmuter, pour l’intérêt général et collectif.

    De toute façon, on ne gagnera pas dans le rapport de force d’aujourd’hui. Et même si on y arrivait, on reproduirait les mêmes schémas après. Parce que, malheureusement, la plupart des gens n’ont pas fait ce travail intérieur de changement de conscience, au service de la bienveillance.

    (…) Pour moi, le meilleur moyen de se faire entendre dans le rapport de force, c’est de bloquer l’économie. C’est l’exemple des piqueteros en Argentine : ils ont réussi à le faire dans un pays qui fait huit fois la France. La France, c’est petit : il y a cinq autoroutes principales… C’est Vinci, l’ennemi : on pourrait faire une action « péages gratuits », des concerts et des teufs sur les autoroutes pour les bloquer. Si tu bloques ne serait-ce qu’une journée, tu bloques toute l’économie du pays, et tu fais perdre des millions à Vinci  ! Il y a de vraies actions à faire, et quand tu touches au nerf de la guerre, on t’écoute un peu plus.

    (…)

    La grande difficulté des mouvements de contestation aujourd’hui, c’est de toucher les classes populaires…

    C’est compliqué. Un mec de quartier a toujours été exclu, pourquoi il se sentirait concerné ? Qui est là pour lutter à ses cotés contre la discrimination, la ghettoïsation, les abus policiers et toutes les portes qu’on lui ferme à la gueule ? En voyant les manifs, il peut se dire que c’est les bourgeois contre les bourgeois, que ces mêmes gens qui militent n’en ont jamais rien eu à faire de lui. Il y a un désintérêt du fait de l’exclusion. Le manque d’humanité pousse au manque d’humanité, c’est un cercle infernal. Et puis, il y a aussi toute cette pression capitaliste, dans les quartiers, une sorte de culte de l’argent. Quand ta famille a tout sacrifié, qu’elle a quitté son pays, ses proches, pour pouvoir t’offrir une situation et un certain confort de vie, c’est difficile de mettre une croix sur toute cette douleur et tout cet espoir sous prétexte qu’il faut faire la « révolution ». C’est dans les quartiers qu’on subi toutes les pires galères dans ce pays. Quand ton grand-père s’est battu pour la France et que, trois générations après, on te parle encore de rentrer chez toi, il y a de quoi cultiver quelques rancœurs. Ça rend la convergence beaucoup plus compliquée. Je pense qu’il va falloir une génération ou deux encore, pour faire évoluer cette situation.

    Forcément, ceux qui viennent de la classe moyenne n’ont pas tout cet héritage, ils sont forcément plus libres. Et puis, en France, il y a toujours eu ce côté élitiste chez les militants. Leurs brochures, c’est pas donné à tout le monde de les lire. Quand tu vas en Grèce, il y a un truc beaucoup plus populaire dans le militantisme. Il n’y a pas la même histoire d’immigration aussi, parce qu’il n’y a pas toute cette histoire des colonies. C’est compliqué, la France, et c’est pour ça que, tant qu’il n’y aura pas eu des guérisons entre les gens, j’ai peur que pousser à la révolte ne rapporte que la guerre civile. Et ne fasse le jeu des identitaires, qui prennent à fond du galon depuis quelques années.

    Certains mouvements d’extrême droite noyautent les quartiers populaires, autour de Dieudonné ou de Soral, par exemple. Le FN a déjà tenté à certains moments de récupérer tes chansons. Que fait-on face à cela  ?

    Je suis pour l’humain et donc pour le débat. Pas avec des Marine Le Pen, parce que c’est des manipulateurs, ces gens-là. Mais avec les petites gens. Souvent, les gens qui ont les idéologies et les pensées les plus nauséabondes ont aussi des blessures de ouf. Est-ce qu’on continue à alimenter cette blessure  ? Je veux que les gens comprennent bien mon discours, sans faire d’amalgame, parce que c’est subtil ce que je raconte. Je pense qu’on se trompe à faire des camps. L’exclusion ne fait que renforcer les fractures.

    Franchement, si demain, avec mes potes du quartier, on voit débarquer des fachos, plutôt que d’aller se «  fighter  », je préférerais dire : « Venez, on se pose et on discute, c’est quoi le problème en fait  ? Elle vient d’où, toute cette haine  ? Pourquoi  ? Tu connais l’histoire  ? La France, si c’est un pays riche, c’est grâce aux minerais de l’Afrique noire, encore aujourd’hui. Vous êtes sûrs de vouloir faire chacun chez soi  ? Parce que c’est vous les perdants  ! »

    Dans l’histoire de la France, on ne peut pas enlever la colonisation. S’il y a une dette, c’est les pays coloniaux qui doivent beaucoup… Je me dis qu’il faut parler, aller au fond des choses, mettre les mecs face à leur contradiction. Alors que dans le rejet, tu donnes raison à l’autre. On est semblable dans nos cœurs. Tu vois, même le raciste, peut-être que si tu connais son histoire et que tu as un peu de compassion, tu peux te dire : «  Ah, okay, il en est arrivé là, pour ça, il a eu telle expérience de vie.  » La compassion, c’est important pour notre guérison générale. Parce que vraiment, on est tous un peu malade. Il faut être tolérant. Et ne pas être comme ceux que l’on combat.

    • Keny Arkana ou la vie sauvage | StreetPress via @baroug
      http://www.streetpress.com/sujet/1466331150-keny-arkana-interview-lacrim-marcos-zad

      Oui. A partir de 15 ans, j’ai voyagé dans toute l’Europe. Les premiers endroits militants que j’ai fréquenté, c’était en Italie, avant Berlusconi. Je dormais dans des gros centres sociaux autonomes. Au moment du contre-sommet de Gênes, j’étais à Rome. Il y avait des convois qui partaient du centre où j’étais. Moi je rapportais de l’argent que je prenais tranquillement en karaté karaté dans les bus. Je mettais la main à la pâte avec ce que je savais faire. Et puis c’est facile à Rome, dans les bus tout le monde est collé. En fait, il n’y avait même pas besoin de faire karaté.

      Quand je faisais ça, je donnais souvent plus de la moitié de ce que j’avais pris à un mec dehors. Ça me déculpabilisait. Même s’il n’y avait pas d’agression, je savais que ce n’était pas bien. Et en même temps, j’étais à la rue, j’avais faim. Donner, c’était histoire de dire au bon Dieu que je faisais quelque chose de bien.

    • Par contre, je ne crois vraiment pas à la convergence des luttes. Pour moi les quartiers ne s’engageront jamais avec les étudiants ou les syndicats. Quand tu fais partie des vrais exclus et qu’on a jamais lutté pour toi, c’est difficile de rejoindre un mouvement comme celui-là, qui peut paraître bobo ou bourgeois. Dans les quartiers, beaucoup de jeunes sont aussi hyper capitalistes. Quand tes parents ont pris des risques pour t’offrir une vie meilleure, c’est difficile de renier tout ça. Et quand un militant vient t’expliquer que tout ça, le capitalisme, c’est de la merde, ça passe mal.

    • Est-ce que tu es allée à Nuit Debout ?

      J’y suis allée un peu en scred’ (elle fait mine de se cacher sous sa capuche, ndlr.). Ça m’a mis du baume au cœur de voir une assemblée de 600 personnes qui veulent s’engager sans entrer dans un syndicat ou un parti politique. C’est puissant comme truc quand même : place de la République, en plein Paname. Je devais jouer pour le 1er mai mais ça ne s’est pas fait. Beaucoup de ceux qui militent là-bas sont aussi des gens que je côtoie depuis des années : les BDS, les désobéissants…