• #Violences et fabrique de la #subalternité_foncière à #Sihanoukville, Cambodge

    Depuis le milieu des années 2010, la ville de Sihanoukville au Cambodge, principal #port du pays et petit centre de villégiature, fait l’objet d’un #développement_urbain éclair porté par la construction de nouvelles infrastructures de transport et de zones logistiques, de casinos (plus de 150 nouveaux casinos depuis 2015) et la mise en place de #mégaprojets_immobiliers à vocation touristique qui nourrissent une #spéculation_foncière galopante. Ces transformations territoriales sont notamment le fruit d’une coopération technique, politique et économique entre le Cambodge et la #Chine au nom de la #Belt_and_Road_Initiative, la nouvelle politique étrangère globale chinoise lancée en 2013 par #Xi_Jinping. Pour le gouvernement cambodgien, Sihanoukville et sa région doivent devenir, au cours de la prochaine décennie, la seconde plateforme économique, logistique et industrielle du pays après Phnom Penh, la capitale (Royal Government of Cambodia, 2015). Ce développement urbain très rapide a entraîné une évolution concomitante des logiques d’échange et de valorisation des #ressources_foncières. Comme le relève régulièrement la presse internationale, il nourrit d’importants #conflits_fonciers, souvent violents, dont pâtissent en premier lieu les habitants les plus pauvres.

    Cette recherche veut comprendre la place et le rôle de la violence dans le déploiement des mécanismes d’#exclusion_foncière à Sihanoukville. Pour reprendre les mots de Fernand Braudel (2013 [1963]), alors que ces #conflits_fonciers semblent surgir de manière « précipitée », notre recherche montre qu’ils s’inscrivent aussi dans les « pas lents » des relations foncières et de la fabrique du territoire urbain. Dans ce contexte, le jaillissement des tensions foncières convoque des temporalités et des échelles variées dont la prise en compte permet de mieux penser le rôle de la violence dans la production de l’espace.

    Les processus d’exclusion foncière au Cambodge s’inscrivent dans une trajectoire historique particulière. Le #génocide et l’#urbicide [1] #khmers_rouges entre 1975 et 1979, l’abolition de la #propriété_privée entre 1975 et 1989 et la #libéralisation très rapide de l’économie du pays à partir des années 1990 ont posé les jalons de rapports fonciers particulièrement conflictuels, tant dans les espaces ruraux qu’urbains (Blot, 2013 ; Fauveaud, 2015 ; Loughlin et Milne, 2021). Ainsi, l’#appropriation, l’#accaparement et la #valorisation des ressources foncières au Cambodge, et en Asie du Sud-Est en général, s’accompagnent d’une importante « #violence_foncière » tant physique (évictions et répression) que sociale (précarisation des plus pauvres, exclusion sociale), politique (criminalisation et dépossession des droits juridiques) et économique (dépossession des biens fonciers et précarisation).

    Cet article souhaite ainsi proposer une lecture transversale de la violence associée aux enjeux fonciers. Si la notion de violence traverse la littérature académique portant sur les logiques d’exclusion foncière en Asie du Sud-Est (Hall, Hirsch et Li, 2011 ; Harms, 2016) ou dans le Sud global plus généralement (Peluso et Lund, 2011 ; Zoomers, 2010), peu de recherches la placent au cœur de leurs analyses, malgré quelques exceptions (sur le Cambodge, voir notamment Springer, 2015). Par ailleurs, la violence est souvent étudiée en fonction d’ancrages théoriques fragmentés. Ceux-ci restent très divisés entre : 1) des travaux centrés sur le rôle de l’État et des systèmes de régulation (notamment économiques) dans le déploiement de la violence foncière (Hall, 2011 ; Springer, 2013) ; 2) des analyses politico-économiques des formes de dépossession liées aux modes de privatisation du foncier, à la propriété et à l’accumulation du capital, parfois resituées dans une lecture historique des sociétés coloniales et postcoloniales (voir par exemple Rhoads, 2018) ; 3) des approches considérant la violence comme stratégie ou outil mobilisés dans la réalisation de l’accaparement foncier et la répression des mouvements sociaux (voir par exemple Leitner and Sheppard, 2018) ; 4) des analyses plus ontologiques explorant les processus corporels, émotionnels et identitaires (comme le genre) qui découlent des violences foncières ou conditionnent les mobilisations sociales (voir par exemple Brickell, 2014 ; Schoenberger et Beban, 2018).

    Malgré la diversité de ces approches, la notion de violence reste principalement attachée au processus de #dépossession_foncière, tout en étant analysée à une échelle temporelle courte, centrée sur le moment de l’#éviction proprement dit. Dans cet article et à la suite de Marina Kolovou Kouri et al. (2021), nous défendons au contraire une approche multidimensionnelle des violences foncières analysées à des échelles temporelles et spatiales variées. Une telle transversalité semble indispensable pour mieux saisir les différentes forces qui participent de la construction des violences et de l’exclusion foncières. En effet, si les conflits fonciers sont traversés par diverses formes de violences, celles-ci ne découlent pas automatiquement d’eux et sont également déterminées par le contexte social, économique et politique qui leur sert de moule. Ces violences restent ainsi attachées aux différents #rapports_de_domination qui organisent les #rapports_sociaux en général (Bourdieu, 2018 [1972]), tout en représentant une forme d’#oppression à part entière participant des #inégalités et #injustices sociales sur le temps long (Young, 2011).

    Nous voyons, dans cet article, comment des formes de violence variées structurent les rapports de pouvoir qui se jouent dans l’appropriation et la valorisation des ressources foncières, ainsi que dans la régulation des rapports fonciers. Nous montrons que ces violences servent non seulement d’instrument d’oppression envers certains groupes de populations considérés comme « indésirables », mais aussi qu’elles les maintiennent dans ce que nous nommons une « subalternité foncière ». En prenant appui sur Chakravorty Spivak Gayatri (2005) et Ananya Roy (2011), nous définissons cette dernière comme la mise en place, sur le temps long et par la violence, d’une oppression systémique des citadins les plus pauvres par leur #invisibilisation, leur #criminalisation et l’#informalisation constante de leurs modes d’occupations de l’espace. La #subalternité foncière représente en ce sens une forme d’oppression dont la violence est l’un des dispositifs centraux.

    Cet article s’appuie sur des recherches ethnographiques menées à Phnom Penh et à Sihanoukville, entre 2019 et 2021. Elles comprennent un important travail d’observation, la collecte et l’analyse de documents officiels, de rapports techniques, d’articles de presse et de discours politiques, ainsi que la réalisation de près de soixante-dix entretiens semi-directifs (effectués en khmer principalement, parfois en mandarin, et retranscrits en anglais) auprès d’habitants de Sihanoukville, de représentants territoriaux locaux, d’experts et de membres de groupes criminels. Dans ce texte, le codage des entretiens suit la dénomination suivante : « OF » désigne les employés publics, « EX » des experts ayant une connaissance privilégiée du sujet, « RE » les résidents des zones d’habitat précaire et « F » les acteurs de la criminalité ; le numéro qui suit la lettre est aléatoire et sert à distinguer les personnes ayant répondu à l’enquête ; vient ensuite l’année de réalisation de l’entretien. De nombreux entretiens avec les habitants ont été conduits en groupe.

    https://www.jssj.org/article/violences-et-fabrique-de-la-subalternite-fonciere

    #foncier #Cambodge #Chine #violence

  • ★ Mao, Balladur, Jean-Paul II | Le blog de Floréal

    Séduit lui aussi par la folie maoïste qui s’empara de nombre d’intellectuels occidentaux dans les années 70, et qui alla jusqu’à transformer le « grand quotidien de référence » en feuille prochinoise des plus grotesques, Philippe Sollers apporta alors sa contribution au délire : « Notre thèse est qu’ils [les essais philosophiques de Mao] constituent par rapport à la ligne massive des textes de Marx, Engels, Lénine, un « bond en avant » considérable et complètement original de la théorie matérialiste dialectique. » Reconnaissons toutefois, même si sa défense de la veuve Mao ne fit rien pour atténuer ce délire, qu’il lui fallut un peu moins de temps pour reconnaître ses errements que n’en mit Badiou, autre spécimen de l’intellectuel français « engagé », pour exprimer de timides regrets quant à ses propos obscènes sur ses amis les Khmers rouges.
    Plus tard, on vit l’écrivain ex-maoïste s’engager dans la campagne présidentielle de 1995 au côté d’Edouard Balladur, cet autre meneur d’hommes qui toutefois échoua, malgré ce soutien de poids, dans sa tentative de petit bond en avant vers le palais de l’Elysée.

    En 2000, sans qu’on sache bien si la foi venait de lui tomber dessus ou s’il venait simplement demander un petit coup de pouce à Jean-Paul II pour l’aider à être mieux inspiré dans le choix des hommes politiques à soutenir, Philippe Sollers alla s’agenouiller au Vatican pour baiser l’anneau du pêcheur porté par le Saint-Père.
    Etre passé de Mao à Jean-Paul II, après tout, bon. D’autres avant lui ont connu de ces revirements extravagants qui n’empêchent nullement les girouettes d’occuper sans cesse le devant de la scène et font le délice des coteries littéraires parisiennes. Mais passer par Balladur, c’est là où Sollers était très fort et indispensable. Il nous manque déjà.

    #Philippe_Sollers #Mao #maoïsme #Khmers_rouges #Badiou #Balladur #Jean_Paul2...

    ⏩ Le Blog de Floréal Melgar

    ▶️ https://florealanar.wordpress.com/2023/05/07/mao-balladur-jean-paul-ii

  • Twenty years after Pol Pot died a broken man, his memory looms large | Phnom Penh Post
    https://phnompenhpost.com/national-post-depth/twenty-years-after-pol-pot-died-broken-man-his-memory-looms-large

    13.4.2018

    Two decades have passed, but Mea Chron still stands by Pol Pot. Most days he also stands by the mass murderer’s cremation site, keeping guard in the Khmer Rouge’s last stronghold of Anlong Veng.

    Pol Pot, the widely reviled despot who spearheaded the Khmer Rouge regime that presided over the deaths of at least 1.7 million people, died 20 years ago on Sunday. Today, despite the horrors of the killing fields having long since been brought to light, he remains a revered figure for some.

    “I regret that when Pol Pot died, I could not go to the funeral,” said Chron, now 65. The former chief of a Khmer Rouge bodyguard unit, Chron found Pol Pot a strict operator, but one he considered a close companion whose ideology he admired.

    “Pol Pot’s opinion is not bad – he liked to help people and he did not want to discriminate between poor and rich. Everyone has a fair life,” he said. “But the lower level cadre started killing people. That’s why [the movement] became bad.”

    Rampant paranoia and factional splintering ultimately led to the movement turning on the man who created it.

    Ever an enigmatic figure, some mystery still shrouds the circumstances of his death, which came hours after the Khmer Rouge leadership had decided to hand him over to an international tribunal.

    What was sceptically reported as a “heart attack” was later reported as a suicide by a nevertheless ailing and finished man, according to journalist Nate Thayer.

    Thayer, who covered a 1997 jungle show trial in which Pol Pot was convicted of ordering a hit on senior Khmer Rouge figure Son Sen and his family, went on to conduct the first interview with Pol Pot in 18 years.

    “He was an old and frail and broken and defeated man who had seen his life’s work and his life’s vision rejected by his own people,” Thayer said this week.

    Hearing reports of the dictator’s death, Thayer crossed the Thai border to view the body. He stuck his hand in the mouth of the deceased and pulled out two front false teeth. Thayer had no doubt this was Pol Pot.

    Pol Pot’s movement to drive people out of the cities to fulfil the dream of an agrarian utopia, which ultimately amounted to forced labour and mass murder, had ultimately boiled down to “a bloated corpse in the tropical heat”.

    “What a waste,” Thayer said. “Twenty years later, Cambodians have never felt anything remotely acceptable to justice.”

    After a deal was brokered to bring the remnants of the Khmer Rouge back into the fold in the late 1990s, ex-cadres were instated in government positions. They were essentially back in power in the areas they had continued to rule, Thayer said.

    “It sends a terrible message to people who maybe want to commit crimes against humanity, genocide, war crimes, torture, and other abominations and violations of international law – that maybe they can do it and get away with it too.”

    Pol Pot, born Saloth Sar in 1925, was the son of relatively well-off rice farmers.

    As a child, he lived for a time in a Phnom Penh Buddhist monastery near the royal palace, where his cousin was a dancer in the royal ballet and his sister was a concubine at the royal court.

    He attended a French Catholic school before turning his hand to carpentry. A scholarship to study radio technology took him to Paris, where he became involved in the communist party and met like-minded Cambodians.

    After flunking his studies, he returned to Cambodia and became a teacher before he began building support from ethnic minorities in the east, many of whom had been displaced by American bombing related to the Vietnam War.

    Despite reports of coercion and fear during this time, Phi Phoun, a now-deceased Jarai man who served as a bodyguard to Pol Pot in Ratanakkiri in the 1970s, said people from the province “respected him and loved him very much”.

    “I was filled with a sense of responsibility and I loved him. I considered him a comrade in arms,” he said. “His words were mesmerising and revealing his goodness, while showing a lot of modesty. We had full confidence in him and were ready to put our lives back into his hands.”

    In 1970, then-Prince Norodom Sihanouk was overthrown by US-backed Lon Nol and simmering guerrilla warfare erupted into all-out civil war. It was during this period that the Khmer Rouge cemented and expanded its supporter base after a radio call from Sihanouk for the people to support the guerrilla group. Pol Pot took Phnom Penh on April 17, 1975. Immediately, he implemented “Year Zero”.

    City-dwellers were evacuated from the capital and so began a regime of enslavement and forced agricultural work. Former members of Lon Nol’s forces were targeted for execution, as were the educated and the wealthy.

    His was a secretive leadership. His own siblings, one of whom lost a son to the regime, did not know their brother Saloth Sar was the mastermind of their suffering until 1978, towards the end of the regime, when a portrait of Pol Pot was released.

    More than 12,000 people, many of them Khmer Rouge cadre accused as traitors, were tortured and killed at the regime’s most notorious prison, S-21, a bloody pattern that was replicated across the country.

    Elizabeth Becker was one of the only journalists to gain entry into the isolated country during Pol Pot’s reign, on a trip in which a fellow traveller, academic Malcolm Caldwell, was shot dead after a private audience with the dictator.

    “Pol Pot is a reminder of the menace of rulers who amass total power over a state. When I interviewed him he was a dictator who exuded more than a hint of megalomania,” she said this week. “He was also charming and confident that he would rule Cambodia for decades to come.”

    He was overthrown by the Vietnamese army and force of Khmer Rouge defectors, led by current Prime Minister Hun Sen, just a few weeks later, on January 7, 1979. He was sentenced to death in absentia in a show trial that same year.

    Pol Pot’s forces fled to the Thai border and regrouped, continuing to wreak havoc on the country from their Anlong Veng stronghold during the 1980s and early 1990s.

    “When Pol Pot died it was as if the world had already moved on and considered him a monster of the past,” Becker said. “I would say he is rightfully the embodiment of the horror of Democratic Kampuchea.”

    The fact he died before facing an international tribunal was “a gross injustice perpetrated by geopolitics”, Becker said. China supported Pol Pot, while the Soviet Union supported Vietnam. The UN, Europe and the US for years continued to recognise Pol Pot as the legitimate ruler of Cambodia despite the mass murder committed by his regime.

    “I can’t help but imagine that Cambodian history if Pol Pot had been arrested and tried. Transitional justice would have been achieved at the beginning of peace,” she said in an email. “Revisionist history would have been difficult. The world would have acknowledged Cambodia’s suffering rather than put it under the rug for decades. That would have greatly aided Cambodians’ difficult recovery.”

    Political analyst Ou Virak agreed that Cambodia’s tragedy had been largely forgotten.

    “Given that the vast majority of the people are born after that period, I fear history could repeat itself,” he said. “It’s a huge opportunity to try to learn a very tragic and important lesson and to commit to prevent it from happening again.”

    While Hun Sen’s government often justifies its actions, including arrests of political opponents, as necessary to prevent a return to civil war, this is also a “double-edged sword for the ruling party”, Virak said.

    “They want to be seen as the saviour for ending it but their connection to the Khmer Rouge past as well as communism itself could undermine their narrative,” he said in a message.

    Both Hun Sen and Funcinpec leader Prince Norodom Ranariddh, the joint prime ministers in the 1990s, were courting the Khmer Rouge bloc in order to oust each other.

    Ever paranoid, Pol Pot suspected his comrades Son Sen and Ta Mok of making alliances with the Cambodian government. Son Sen and at least 10 of his family members, including children, were shot dead and run over by trucks.

    As Pol Pot, aged and ailing, fled into the jungle on a stretcher, Ta Mok seized power and put him on trial in an ad hoc “people’s tribunal”. Pol Pot was kept under house arrest.

    By this time, Pol Pot was a diminished man. He’d had a stroke, was blind in one eye and was plagued by heart problems. The Post at the time questioned whether the Khmer Rouge had “cut off the head to save the body”. Historian David Chandler penned an article on the dictator under a headline reading: “A small, muddled, erratic, frightened man.”

    Yet the soft-spoken, even “gentle” Pol Pot still cut a charismatic figure, and without him, the Khmer Rouge as a movement was ultimately proved untenable.

    But Pol Pot was hardly a lone wolf, and his “Brother Number Two”, Nuon Chea, and head of state, Khieu Samphan, have since been convicted of crimes against humanity, as has S-21 prison operator Kaing Guek Eav, better known as Duch.

    “Even though Pol Pot has passed away 20 years ago without a fair trial of what he did to nearly 2 million Cambodians who lost their lives under his rule, he remains in the hearts of many of his former comrades,” said Youk Chhang, executive director of the Documentation Centre of Cambodia.

    That was not true for former soldier Sou Nat, 65, who had few words for the man who caused such a rupture in Cambodia’s psyche that the ripples of the damage are felt even now.

    “I never heard of anyone regretting his death. I never heard anyone crying,” he said.

    Reflecting that same mood, former Post reporter Peter Sainsbury described Pol Pot’s cremation in Anlong Veng on a hot April day as a “rubbish fire” – a makeshift coffin piled high with car tyres and scrap wood, a heap bearing little resemblance to the funeral pyre of a beloved leader.

    “Pol Pot died empty,” he wrote 20 years ago. “He had long ago rid himself of humanity and compassion.”

    Read Sainsbury’s account here

    For Youk Chhang, it is important to remember Pol Pot and the monster he created.

    “It is a risk if we failed to educate our young generations about what happened during his rule,” he said in an email. “Sometimes, we just cannot escape from such a terrible memory; though we should not be enslaved by it.”

    Additional reporting by Yon Sineat and Kong Meta

    #Cambodge #khmer_rouge #histoire #Asie

  • Au Cambodge, les faux sourires des victimes des Khmers rouges choqu...
    https://diasp.eu/p/12750541

    Au Cambodge, les faux sourires des victimes des Khmers rouges choquent

    Un artiste a retouché les clichés de prisonniers de la célèbre prison khmère rouge S-21 : en les colorisant, il leur a ajouté un sourire. Une modification digitale dénoncée par de nombreux Cambodgiens pour qui la mémoire du génocide est toujours vive.

    Un article publié vendredi 9 avril sur le site anglophone du magazine Vice a provoqué une onde de choc. Il s’agit d’une interview du coloriste irlandais Matt Loughrey accompagnée de sept photographies en couleur de détenus de la prison S-21 : les clichés, censés « humaniser » les victimes selon l’artiste, montrent de très jeunes hommes et femmes, certains avec une carnation étonnement pâle, des traits lissés, et surtout de bien étranges sourires.

    Interrogé à ce sujet, Matt Loughrey les (...)

  • Documenter la douleur des autres : #souvenirs, #identités et #appartenance dans les imaginaires diasporiques des #Teochew

    La #mémoire_traumatique est un héritage avec lequel les descendants des #rescapés du #génocide_cambodgien doivent négocier pour trouver leur place dans une #histoire rompue, celle de leurs parents, et en France, pays où ils sont nés. Pour certains d’entre eux, l’#art et la #littérature sont un moyen de réparer les #blessures.

    La #migration s’accompagne invariablement d’une expérience de bouleversement, mais les circonstances du déplacement des #réfugiés du Cambodge – dont un nombre important de Chinois originaires du sud de la #Chine, les Teochew – équivaut à une réelle rupture. Le génocide mené par les #Khmers_rouges qui a anéanti près d’un quart de la population a laissé une génération dépourvue d’anciens et une fracture qui n’a pas été refermée quatre décennies plus tard. Pour les #réfugiés_cambodgiens, cette #séparation forcée est accentuée par l’apparente permanence de l’#exil. Comme pour tous les réfugiés et survivants cambodgiens, cette expérience du génocide est au cœur de la #mémoire_diasporique des Teochew, une mémoire déjà compliquée par l’histoire de #déplacements répétés (de la Chine au Cambodge et du Cambodge à la #France) et par un rapport ambivalent non seulement envers le Cambodge et son passé génocidaire mais aussi envers la Chine qui est restée silencieuse face à la persécution de ses diasporas.

    Comme mes recherches l’ont montré, ces histoires sont largement cryptées dans le #silence qui hante les familles de réfugiés, projetant les ombres du passé génocidaire à travers les générations. Les réflexions sur le travail de mémoire sino-cambodgien éclairent la relation entre lieux – de vie et d’appartenance –, mémoire et identité diasporique. Elles éclairent les conditions qui facilitent ou entravent la #transmission_intergénérationnelle ainsi que les luttes des générations post-réfugiées – celles qui n’ont pas vécu les #traumatismes mais qui sont néanmoins hantées par eux – pour récupérer cette histoire, et, à travers elle, leur place et leur appartenance à de multiples espaces de connexion.

    Ce texte fait référence aux prises de paroles de descendants de réfugiés cambodgiens (Jenny Teng, Mathieu Pheng et Lana Chhor) lors de la conférence « Générations Post-refugié.e.s » organisée à Sciences Po en décembre 2018. L’analyse de leur parole démontre à quel point le silence autour de la mémoire du génocide des Khmers rouges est un élément constitutif des identités des descendants nés et éduqués en France.

    Les générations post-génocide face au silence

    Dans ses réflexions sur le silence « post-génocide », Jenny Teng, cinéaste française d’origine cambodgienne Teochew, souligne qu’il existe « une culture du récit, de l’histoire, de la transmission des mots, qui est fondatrice de la diaspora et la culture juive » qu’on ne retrouve pas chez les Sino-cambodgiens, ce qui rend le témoignage encore plus difficile. Liant le silence à la honte et la culpabilité des survivants face à de telles violences et de telles pertes, elle note : « Les témoignages viennent ouvrir quelque chose qui était très secret. Et c’est peut-être parce que, dans ce secret, il y a une forme de culpabilité et une honte que ces enfants, que cette deuxième génération porte depuis l’enfance. » Pour Lana Chhor, auteure d’origine sino-cambodgienne, le silence engendre des effets dévastateurs non seulement « pour celui qui porte le silence mais aussi pour ceux à qui il est imposé. » Soulignant l’effet du silence qui, de manière simultanée, lie et fracture, elle compare la famille enveloppée par le silence à une « prison » où « chacun [se trouve] dans des cellules individuelles ». Les générations suivantes se retrouvent ainsi sans les outils nécessaires pour reconstruire et comprendre ces histoires et ces récits non seulement au sens linguistique mais aussi culturel et expérientiel. Comme le note Lana Chhor, « il est douloureux de grandir dans le silence car les mêmes questions reviennent, mais toujours sans réponses. »

    « Quelle place on donne aux disparus, aux défunts qui n’ont pas reçu de sépultures ? Les survivants ont en mémoire et au quotidien gardé une place, quelle est cette place ? »

    #Jenny_Teng, cinéaste et chercheure

    Le credo républicain de l’assimilation en France ne laisse pas de place à la pluralité des histoires, ce qui invisibilise non seulement les histoires des communautés diasporiques en France mais aussi les enchevêtrements de ces histoires avec l’histoire coloniale et post-coloniale de la France. Cet effacement permet à la France de ne considérer les réfugiés que comme des personnes à sauver et les politiques d’asile comme une action humanitariste plutôt que comme une responsabilité. Pour beaucoup, comme l’exprime Jenny Teng, le vide créé par l’inconnu et le non reconnu provoque un questionnement existentiel : « où se sent-on chez soi, physiquement, symboliquement ? » Pour les générations post-réfugiées, historiciser leur identité est donc un moyen d’affirmer leur humanité et individualité (personhood) et, comme le dit Lana Chhor, « d’enlever les étiquettes que la société nous met malgré nous ». En récupérant ces histoires enfouies et désavouées, ils récupèrent un lien avec un passé, et à travers ce passé une place dans le présent – au Cambodge, en Chine, en France – et une identité collective qui s’oppose à l’invisibilisation, à l’altérité, et à un « entre-deux » qui signifie essentiellement être à l’extérieur.
    Les générations post-génocide face à la mémoire

    Comme pour d’autres histoires traumatiques, avec le passage des générations, les questions de transmission et de conservation de la mémoire acquièrent une certaine urgence. Écrivant sur la transmission de la « tutelle de l’Holocauste », l’écrivaine Eva Hoffman décrit la deuxième génération comme « la génération charnière dans laquelle les connaissances reçues et transférées des événements sont transformées en histoire ou en mythe1. Comment les générations « postmémoire », ainsi que les appelle une autre écrivaine, Marianne Hirsch, reçoivent-elles et négocient-elles ces « expériences puissantes, souvent traumatisantes, qui ont précédé leur naissance mais qui leur ont pourtant été si profondément transmises qu’elles semblent constituer des souvenirs pleins ? » Comment raconter et aborder la « douleur des autres sans se l’approprier » comme la philosophe Susan Sontag l’a si bien décrit ? Et comment faire cela avec seulement des fragments de souvenirs, glanés ici et là, et à distance depuis son perchoir générationnel ? Quelles sont, le cas échéant, les négociations entre éthique et esthétique de la mémoire ?

    « Le credo républicain de l’assimilation en France ne laisse pas de place à la pluralité des histoires, ce qui invisibilise non seulement les histoires des communautés diasporiques en France mais aussi les enchevêtrements de ces histoires avec l’histoire coloniale et post-coloniale de la France. »

    Khatharya Um

    Significativement, à partir de leur « proximité distanciée », les générations post-réfugiées peuvent s’engager dans cette histoire traumatisante d’une manière impossible pour les survivants de la première génération. Les « entre-deux » spatiaux, temporels et générationnels, des lieux que #Mathieu_Pheng, documentariste d’origine franco-cambodgienne, décrit comme « les endroits où ça frictionne » – ne sont pas seulement des espaces de tension mais aussi de possibilité, où la distance générationnelle offre de nouvelles perspectives, un sentiment d’urgence renouvelé, où le créatif et le critique peuvent émerger des ruines de la guerre, du génocide et de l’exil. Pour Jenny Teng, qui centre ses œuvres sur cette notion d’« entre », la création est un pont entre le passé et le présent, et la caméra une fenêtre vers un passé douloureux qui « permet à la personne qui témoigne, de se constituer en témoin dans le sens premier, c’est-à-dire qu’elle va dire ce qu’elle a vu, ce qu’elle a connu pour l’inscrire dans l’histoire. Le documentaire a cette force-là, qui est de sortir du cercle familial et de l’affect, peut-être trop chargé, pour s’adresser à la fenêtre qu’ouvre la caméra. » Les documentaires offrent également une opportunité de dialogue intergénérationnel et de co-création qu’elle considère comme ouvrant la voie « pour sortir du tabou familial » même si cela prend du temps.

    Si l’art et l’écriture ont leur rôle dans la promotion des liens intergénérationnels et de la guérison, ils ne peuvent ni consoler ni restaurer les pertes subies par les réfugiés. Pour Jenny Teng, la possibilité offerte par la création artistique n’est pas forcément la récupération, qu’elle juge impossible, mais un moyen de « permettre à la solitude d’être un petit peu apaisée… Donc c’est vraiment consoler la souffrance de la souffrance, pas la souffrance en elle-même. » Également investie dans la potentialité réparatrice de l’art, Lana Chhor voit les mots comme aidant à suturer le vide et la blessure engendrés par le silence spectral de l’histoire : « Autant qu’ils peuvent blesser, je suis intimement convaincue que les mots peuvent réparer. »

    http://icmigrations.fr/2020/11/18/defacto-023-03

    #diaspora #douleur #mémoire #Cambodge #génocide

  • Douch, symbole total
    https://www.justiceinfo.net/fr/tribunaux/tribunaux-mixtes/45263-douch-symbole-total.html

    Kaing Guek Eav, mieux connu sous son surnom révolutionnaire Douch, est mort à Phnom Penh, le 2 septembre. L’ancien directeur de la sinistre prison S-21 sous le régime de Pol Pot était devenu le symbole malgré lui du crime de masse commis par les Khmers rouges. Sa mort intervient alors que le maigre effort de justice accompli sur la tragédie cambodgienne est lui-même à bout de souffle.

    23 ans de prison, plus de 25 ans d’une vie de révolutionnaire, dont 8 années à superviser la torture et l’exécution de milliers d’ennemis présumés et le plus souvent imaginaires, ont finalement eu raison de la robustesse de Kaing Guek Eav, alias Douch. L’ancien tortionnaire khmer rouge, condamné à la prison à vie en 2012, est mort dans un hôpital de la capitale cambodgienne, peu après minuit, le 2 septembre, à l’âge de 77 (...)

    #Tribunaux_mixtes

  • Douch, le dernier silence du bourreau
    https://www.justiceinfo.net/fr/les-debats-justiceinfo/opinions/45278-douch-le-dernier-silence-du-bourreau.html

    Au lendemain de la mort de Douch, ancien tortionnaire khmer rouge condamné pour crimes contre l’humanité, l’écrivain Antoine Audouard se penche sur le crime et le châtiment, les questions souvent insolubles que pose le parcours d’un révolutionnaire meurtrier mais « conscient et enthousiaste », et le sens ou l’impasse de son procès.

    A ceux que rassure la pensée d’un bourreau barbare ou pathologiquement amoureux de la souffrance, il faut rappeler quelques données biographiques concernant Kaing Kek leu, alias Douch, l’ancien tortionnaire en chef de la prison khmer rouge S-21, qui vient de mourir à Phnom Penh, à l’âge de soixante-dix sept ans. Sans avoir fréquenté les universités parisiennes comme plusieurs futurs leaders de la « révolution de l’Angkar », ce fils de paysan avait comme Pol Pot, à force de (...)

    #Opinions

    • Oh non mon dieu les khmers verts, les ayatollah du compost… Ce mec tombe invariablement à côté de la plaque dès qu’il ne parle pas d’informatique.

      Et le mec a étudié l’Histoire on dirait…

      Mais personne ne réfléchit qu’il y’a une raison toute simple pour laquelle nous sommes passé à l’industrialisation. Ce n’est pas par plaisir que l’homme a construit des usines. Mais parce que c’est plus efficace, plus performant. Que cela a permit à la majorité de l’humanité de ne plus crever de faim et de misère.

      LOL.

      L’industrie ou la bougie. Le mec le plus cliché du monde (comme la plupart des choses qu’il écrit en fait, très souvent clichées).

      Nous pouvons accepter la situation comme un fait, utiliser notre intelligence pour prévoir, mettre en place les infrastructures qui rendront le réchauffement moins tragique en réduisant le nombre de morts.

      Ces infrastructures sont tant techniques (eau, électricité, internet) que politiques et morales. En créant des outils de gouvernance décentralisés, nous pouvons augmenter la résilience de la société, nous pouvons asseoir les principes collaboratifs qui nous feront vivre au lieu de survivre.

      Spoiler : c’est littéralement mot pour mot ce que disent ceux qui ont lancé le mot « collapsologie » qu’il utilise péjorativement, Servigne etc. :D

      Pourquoi consommons-nous autant de ressources ? Parce que nous y sommes poussés par la publicité. Pourquoi y sommes-nous poussés ? Pour faire tourner l’économie et créer des emplois ? Pourquoi voulons nous créer des emplois ? Pour consommer ce que nous croyons vouloir à cause de la publicité. Nous devons sortir de ce cercle vicieux, le casser.

      Gros malin, c’est une partie de la description du « concept arbitrairement vague » de « capitalisme » que tu viens de critiquer juste avant.

      Non mais really, ce mec a toujours écrit que des trucs gentillement libéraux et techno-progressistes… Ce mec a toujours écrit des trucs individualistes dans son coin, et je suis à peu près sûr qu’il connait pas grand chose au militantisme (que ce soit écolo, gaucho, féministe, etc). Je suis sûr qu’il était ya quelques années du genre à dire « non mais moi je suis pas extrémiss, pour le féminisme hein, moi je suis pour l’égalité avec les femmes ». Wait…

      Bref j’arrête, à chaque fois que je le lis, il me désespère.

      #khmers_verts #progressisme #techno-béat #gnangnan

  • Le numéro 0 de la revue #Nunatak , Revue d’histoires, cultures et #luttes des #montagnes...


    Sommaire :

    La revue est disponible en ligne :
    https://revuenunatak.noblogs.org/files/2016/09/nunatakzero.pdf

    Je mettrai ci-dessous des mots-clés et citations des articles...

    –-----

    métaliste des numéros recensés sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/926433

    #revue #montagne #Alpes #montagnes

  • #Jon_Swain, la traversée des #Khmers_rouges

    Le Cambodge déchiré est au cœur des mémoires du reporter britannique qui narre la décennie 1970-1979, en proie à la peur, à la folie et à une « tristesse majestueuse ».

    La déflagration approche. La glissade a déjà commencé. Quand Jon Swain débarque à l’aéroport Pochentong de Phnom Penh, l’Indochine est presque déjà un souvenir. Elle hante encore les discussions, nourrit l’imaginaire et sert de toile de fond au chaos qui surgit. Jon Swain a alors « à peine plus de vingt ans », la foi des aventuriers et l’envie des rêveurs d’ailleurs, égarés dans le conformisme et la grise monotonie de l’Occident. Par un matin froid de 1970, le journaliste quitte son desk anglais de l’AFP à Paris pour rejoindre les rives du Mékong. Il ne quittera plus le « spectacle vraiment grandiose » de ce fleuve, écrit-il en empruntant à Henri Mouhot, naturaliste et explorateur français du XIXe siècle qui l’accompagne dans ce voyage sans réel retour. Marqué à vie par la « tristesse majestueuse d’un pays torturé mais magnifique ».

    Jon Swain va s’immerger sans sombrer, malgré de terribles remous. Il arrive dans un « Cambodge sans avenir ». Epaulé par les Etats-Unis, le maréchal Lon Nol vient de chasser du pouvoir Norodom Sihanouk. La guerre du Vietnam déborde dans le trop petit, trop fragile et trop divisé royaume khmer. Les combats sont déjà aux portes de Phnom Penh. Swain passe son baptême du feu comme reporter embarqué dans les rangs de l’armée cambodgienne du général Dien Del. Ses hommes luttent contre les vietcongs, un boudha sculpté autour du cou pour gri-gri antiballes, des baskets aux pieds et des chapelets de grenade comme des pommes à leur ceinture. Les Khmers rouges, casquette Mao et sandales Ho Chi Minh, sortent de la forêt.

    Rêvasseries opiacées.
    Swain découvre combien la « guerre nous rend aussi romantiques que cyniques ». Quelques pages avec des rêvasseries opiacées dans les antichambres des bordels, des « beautés exotiques aux yeux en amande et à la peau caramel » fleurent bon le folklore de pacotille à la mode du Mal jaune de Lartéguy. Même si l’on comprend que le « sexe et l’opium ont été des exutoires essentiels à la survie », rappelle Swain qui a trouvé l’amour dans les bras de Jacqueline et l’amitié indéfectible aux côtés des reporters et photographes.

    Hormis ces passages, ces mémoires, pour la première fois traduits en France, sont un témoignage rare et un récit prenant, parfois effrayant, d’un monde qui sombre, de Saigon à Phnom Penh, de Hanoi au golfe de Thailande, dans cette décennie (1970-1979) qui a été un bain de sang en Asie du Sud-Est. Dans la galerie de personnages côtoyés (tenancières, diplomates, patron de bar, combattants, villageois, écrivains et journalistes), dans ces scènes qui racontent la dérobade au bord de l’abîme, on voit la « peur gagner du terrain ». Swain campe comment les Cambodgiens « vivaient simplement, naturellement. Sans la moindre idée du désastre à venir. […] Avec une foi puérile dans la capacité des Occidentaux à résoudre leurs problèmes ». Le Cambodge est au cœur du livre, en proie aux déchirures.

    Capitale ratissée.
    Swain est à Phnom Penh quand la capitale est prise par les Khmers rouges, le 17 avril 1975. Il est bientôt minuit dans le Royaume. « La folie semblait prendre le pouvoir », note le reporter du Sunday Times. Le 17 avril 1975, il est braqué par des « gamins, les yeux injectés de haine, la bouche écumante. […] Des petits paysans avec la mort au bout des doigts. […] J’étais encore assez jeune pour penser que la mort, même au Cambodge, n’arrivait qu’aux autres. Là, j’avais le sentiment qu’elle me tendait les bras. » Grâce à Dith Pran, le fixeur cambodgien du New York Times, il échappe à l’exécution. L’histoire sera au cœur de la Déchirure, le film de Roland Joffé en 1985.

    Swain est l’un des très rares journalistes présents à l’ambassade de France, dernier îlot de liberté dans une capitale ratissée par des Khmers rouges vindicatifs et sanguinaires. « Mais que pouvait la souveraineté française au milieu de ce fatras révolutionnaire et du pouvoir absurde des armes ? » Le récit de ces jours « sombres entre tristesse et effroi » (Libération du 29 juin 2010) est quasi unique. River of Time raconte le dilemme des autorités françaises qui ont dû livrer des centaines de Cambodgiens aux mains de leurs futurs bourreaux. Et rappelle le rôle joué par François Bizot, alors anthropologue, qui, lui aussi, a consigné ces moments terribles dans le Portail.

    Puis l’ambassade est évacuée, Swain transféré vers la Thaïlande. Il parcourt le Laos, le Vietnam où le nord communiste finit par avaler pour de bon le sud du pays. Dans des pages terrifiantes et noires comme de l’encre, il croise la route de boat people vietnamiens, survivants des viols, des tortures, du cannibalisme. Raconte la tragédie d’un peuple qui « supporte l’insupportable ». Funeste parabole d’un monde englouti.

    https://next.liberation.fr/livres/2019/07/03/jon-swain-la-traversee-des-khmers-rouges_1737792
    #livre #histoire #génocide #Cambodge

    ping @albertocampiphoto

    • River of time

      « Le formidable livre de Jon Swain va bien plus loin que tout ce que j’ai lu sur le tragique conflit d’Indochine. C’est à la fois une lettre d’amour à un pays qu’il adore et une introspection sans concession. River of Time est le témoignage d’événements terribles et douloureux. Ce livre est d’une honnêteté désarmante. C’est une étude brillante et perturbante sur les liens ancestraux entre la beauté, la mort, la violence et l’imagination qui se sont mêlés au Vietnam comme nulle part ailleurs. » J. G. Ballard, Sunday Times. 1970. Jon Swain a vingt-deux ans. Il couvre la guerre du Vietnam et est l’un des rares journalistes présents à Phnom Penh quand la ville tombe aux mains des Khmers rouges. Capturé, il échappe de peu à l’exécution grâce à l’interprète cambodgien du New York Times, Dith Pran. Cette histoire bouleversante a inspiré le célèbre film de Roland Joffé, La Déchirure (The Killing Fields). « Le livre de Jon Swain conjugue plus qu’aucun autre la poésie avec une description précise et rigoureuse des faits. » François Bizot, auteur du Portail. « L’un des meilleurs livres sur les guerres d’Indochine écrits par un correspondant de presse avec ceux de Michael Herr ou de Neil Sheehan. » Rémy Ourdan, Le Monde.


      https://editionsdesequateurs.fr/Actualites/Catalogue/RiverOfTime

  • Cambodge, La révolution meurtrière – CR de lecture par Damien Corneloup | Mémoires d’Indochine
    https://indomemoires.hypotheses.org/33737

    The Murderous Revolution : Life and Death in Pol Pot’s Kampuchea est un ouvrage publié en 1985 aux éditions Orchid Press1. Il est écrit par le professeur et journaliste australien Martin Stuart-Fox, spécialiste de l’Asie du Sud-Est qui a couvert les conflits en Indochine dans les années 1960 et 1970. Martin Stuart-Fox raconte dans cet ouvrage la vie de Bunheang Ung, illustrateur et caricaturiste cambodgien, survivant du régime des Khmers Rouges (1975-1979). Le livre est agrémenté de nombreuses caricatures dessinées par Bunheang Ung lui-même, qui illustrent plusieurs épisodes de sa vie sous la dictature de Pol Pot. L’intérêt de cet ouvrage réside donc à la fois dans le témoignage écrit qui nous est compté par Martin Stuart-Fox ainsi que dans le témoignage visuel, illustré par Bunheang Ung.

    Il convient également d’ajouter que ce livre revêt une importance particulière pour deux raisons supplémentaires : publié en 1985, c’est l’un des premiers texte à décrire et analyser avec tant de précision les horreurs du régime Khmer Rouge et c’est également l’un des premiers à posséder un tel support visuel de première main. En effet, les témoignages photographiques ou cinématographiques sont extrêmement rares pour cette période, et l’inclusion d’illustrations permet de mettre des images sur les épreuves vécues non seulement par Bunheang Ung, mais également des millions de Cambodgiens.

  • #Génocide au #Cambodge : où en est la #justice 40 ans après ?

    Vendredi, le Tribunal International chargé de juger les crimes commis par les #khmers_rouges au Cambodge entre 1975 et 1979, a condamné à la prison à vie deux hauts dirigeants de l’époque pour « génocide ».


    https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/genocide-au-cambodge-ou-en-est-la-justice-40-ans-apres
    #condamnation #procès #Nuon_Chea

  • 30 people deported by United States arrive in Cambodia

    Thirty Cambodians who had been living in the United States arrived in Cambodia on Wednesday after being deported under a U.S. law that allows the repatriation of immigrants who have been convicted of felonies and have not become American citizens.

    The group is the latest to be sent to Cambodia under a 2002 bilateral agreement. More than 500 other Cambodians have already been repatriated.

    The program is controversial because it breaks up families, and in some cases the returnees have never lived in Cambodia, having been born to refugees who fled to camps in Thailand to escape the genocidal Khmer Rouge regime that ruled Cambodia in 1975-79.

    https://www.cambodiadaily.com/news/30-people-deported-by-united-states-arrive-in-cambodia-139775
    #USA #Etats-Unis #Cambodge #renvois #expulsions #réfugiés #réfugiés_cambodgiens #asile #migrations #accord_bilatéral #Khmers_Rouges

  • Rencontrés par hasard à #Sen_Monorom, au #Cambodge... couple suisso-cambodgien... qui ont cherché le dialogue avec nous... et qui, après quelques minutes nous ont dit « nous sommes missionnaires, nous voulons aider les enfants pauvres du Cambodge »...

    Je ne résiste pas à vous les faire connaître, à travers leur site internet :
    Association Pour des #Enfants Libres Khmer (au Cambodge)

    Nous sommes un couple Suisse Chrétien. Je suis Suisse et je parle français et anglais. Ma femme est Cambodgienne et parle les deux langues locales : le Khmer et le Vietnamien, en plus du français et de l’anglais.

    –-> deux #langues locales : #Khmer et #vietnamien... mmmhhhh... à Sen Monorom ils oublient juste le #Punong... par exemple : https://en.wikipedia.org/wiki/Pnong_people
    #peuples_autochtones

    Nous avons créer une association pour l’aide aux enfants Cambodgiens : la APELK = Fondation Pour des Enfants Libres Khmer. (Cambodge – Kambodgia)

    Notre projet est de faire fleurir notre aide pour enfants et adolescents, lequel comprend 7 points :

    un Centre de soins gratuit pour enfants et adultes pauvres, (les gens pauvres ne vont pas chez le médecin, ils n’en ont pas les moyens)
    une aide aux #Orphelins,
    un Centre de Formation, pour donner un métier ou une occupation aux enfants adolescents.
    formation d’Eglises et une #éducation_chrétienne aux enfants des villages pauvres,
    une éducation scolaire (principalement cours d’anglais) et éducation aussi des parents sur le besoin de scolarisation des enfants.
    il nous arrive aussi d’organiser des distribution de riz ou de repas dans les villages très pauvre.
    notre dernier projet venant d’en haut et d’aller trouver les écoles et de leur proposer de donner une #éducation_biblique gratuite aux enfants de l’école.

    Notre but est lié à l’#évangélisation de ces enfants et leur apporter de l’espoir à travers la #prière et la #foi ainsi qu’un travail en leur montrant qu’ils n’ont pas besoin de se prostituer ou d’être esclave afin de gagner leur vie par exemple.

    Notre intention était aussi d’aller à la rencontre de certaines prostituées et leur proposer une formation pour sortir de cet enfer, mais cela sur un second plan, car il n’y a pas de prostitution a Mondolkiri ou nous habitons actuellement.

    –-> mmmmmhhhhhhhhh....

    Les choses ont changé depuis la VDO.

    Sous l’onglet, #Eglises au Cambodge :

    Eglises au Cambodge. Une mission pas forcément facile à réaliser !.

    50’000 Chrétiens, 0,37% de la population

    Par exemple : 6000 chrétiens Adventistes, mais pas beaucoup d’églises, sauf dans les grandes villes. Il est très difficile de trouver un terrain pour une église dans un pays à 96% bouddhiste.

    Nous n’avons pas les chiffres pour les autres églises, mais il y a des églises catholiques en majorité (les vietnamiens sont catholiques), des églises protestantes et évangéliques en petit nombre. Par exemple, A Sihanoukville, il y a 40 églises pour 600 croyants actifs.

    http://apelk.com/association-pour-des-enfants-libres-khmer-au-cambodge

    Oui !!! ça existe encore ce genre de personnes...
    Présentation vidéo du couple et son projet...
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=535&v=0L5mPzrpkX4

    #aide #charité #missionnaires #religion #prosélytisme #catholicisme #prostitution

    Vidéos d’évangélisation...
    https://www.youtube.com/watch?v=UV1d1ygWqXw


    https://www.youtube.com/watch?v=Ak8qhEVIEXw

    https://www.youtube.com/watch?v=XvX3j6ERpk0

  • Opening the doors to a Khmer impressionist’s treasure trove

    In a quiet alleyway just off busy Sothearos Boulevard sits a three-storey guesthouse, a sprawling but cosy modern structure connected by open-air walkways. From the outside there is no indication that the building houses what may be the most complete collection of Cambodian impressionism, untouched by the ravages of war. Around 70 of the 225 pieces by the late impressionist painter You Khin are kept inside, lovingly tended to by his widow You Muoy. On the ground floor is a small gallery of impressionist paintings of women, their faces obscured, hard at work. Paintings in a similar style line the rest of the walls of the guesthouse.


    http://www.phnompenhpost.com/post-weekend/opening-doors-khmer-impressionists-treasure-trove

    #art #khmer #peinture #Cambodge
    via @albertocampiphoto

  • Le passé des Khmers – CR de lecture par Elisabeth Beauvallet | Mémoires d’Indochine
    https://indomemoires.hypotheses.org/24804

    L’ouvrage soumis à notre étude est un ouvrage récent, édité pour la première fois en septembre 2016. Sous la direction des historiens Nasir Abdoul-Carime et Grégory Mickaelian ainsi que du linguiste Joseph Thach, des spécialistes du Cambodge, de l’Inde et de la France issus de diverses branches universitaires (ethnologie, Histoire, linguistique) s’associent pour offrir des regards croisés sur ce qui fait la spécificité de la mémoire collective au Cambodge.

    #ouvrage #Khmers

  • Children’s Book Recounts Khmer Rouge’s Theft of Childhood

    Hok Sothik was 7 years old when the Khmer Rouge seized control of the country in April 1975, he writes in his recently released children’s book, “#Sothik.”

    Sent to a children’s camp, he longed to return to his parents’ house. So one day, he pretended to be sick and the minute the other children and their guards left for the rice field, he ran home. But he found the house empty, and was soon caught by the Khmer Rouge camp chief.


    https://www.cambodiadaily.com/news/childrens-book-recounts-khmer-rouges-theft-of-childhood-126484
    #livre #livre_pour_enfants #khmers_rouges #cambodge #histoire #dessins
    via @albertocampiphoto

  • #Hidden_photos

    Forty years after the Khmer Rouge regime:

    Kim Hak, a young and talented Cambodian photographer looks for a new imaginary of his country.

    His career starts from some family pictures his mother hid underground before the war and retrieved just after the defeat of the Khmer Rouge.

    Hak’s images will take us to a new Cambodia, far from stereotypes.

    #Nhem_En, as photographer enrolled in the Khmer Rouge regime, took more than 14.000 mugshots of the Tuol Sleng prison victims.

    He’s trying to establish himself as entrepreneur of the socalled dark tourism.

    One of his ideas on how to profit from the thousands of genocide pictures will bitterly surprise us.

    Every day, a cleaner and an audio guide clean up Cambodian history in the only wax sculptures museum of the country.

    Which image to choose to represent our own country?

    But, above all, what to do with it?


    http://www.alexanderfontana.com/documentary-film-hidden-photos.html
    #mémoire #photographie #Khmers_Rouges #Cambodge #film #documentaire

  • Trouvé ce matin sur Internet en faisant une recherche sur le peuple #punong (ou #Pounong ou #pnong or #Bunong)

    Indigenous People in Northeast Cambodia Fight to Protect Their Cultures and Lands Against The Lower Sesan 2 Dam


    https://cambodia.oxfam.org/indigenous-people-northeast-cambodia-fight-protect-their-cultures-an

    Ici une carte indiquant où se trouve le fleuve #Tonlé_San:

    Tonlé San, also known as Tonlé Se San or #Sesan_River, is a river that flows through central Vietnam and north-east Cambodia. It is a major tributary of the Mekong River. A short portion of the river forms a part of the international border between Cambodia and Vietnam.


    https://en.wikipedia.org/wiki/Tonl%C3%A9_San

    #peuples_autochtones #Cambodge #digue #énergie #fleuve #Se_San #barrage #barrage_hydro-électrique
    cc @albertocampiphoto

  • Le fotografie nascoste della Cambogia

    #Hidden_Photos è il primo #film di #Davide_Grotta, un giovane regista siciliano che ha vissuto a lungo in Cambogia, dove ha deciso di seguire la storia di #Kim_Hak. Hak è un giovane fotografo che ama riflettere sulla storia del suo Paese e sull’immaginario che essa produce ancora oggi. Il suo desiderio di costruire un immaginario collettivo che superi il cliché iconografico legato all’Angkor Wat o alla violenza dei khmer rossi l’ha spinto a intraprendere il progetto “Alive”, con cui ha ha esplorato il suo universo familiare ricorrendo alle fotografie che la madre ha salvato dalla distruzione del regime. Hak ha vinto numerosi premi ed è oggi tra i fotografi cambogiani emergenti più noti a livello internazionale.

    http://wots.eu/2017/01/17/hidden-photos-cambogia
    #Cambodge #photographie #Khmers_Rouges #dark_tourism #tourisme_noir #tourisme_de_guerre #Nhem_En #identité #images
    cc @albertocampiphoto

  • Au #Cambodge, le #business de la #mémoire

    Le jour suivant, lors de la visite des « killing fields » (les camps d’extermination le plus secret du régime des #Khmers_Rouges), à quelques kilomètres de Phnom Penh, l’hypothèse du business de la mémoire a pris le dessus dans mes réflexions. En effectuant des recherches sur le mémorial, je tombe sur la référence à un article publié en 2005 dans l’édition du Pacifique Sud du Time International. Il rapporte un plan secret pour privatiser les « killing fields ». Un accord à hauteur de 15000 dollars par an sur 30 ans a été passé entre la municipalité de Phnom Penh et une entreprise japonaise, la #JC_Royal Co.


    https://www.lacite.info/reportages/cambodge-business-memoire
    #S-21 #mémoriel #mémoire #killing_fields #génocide

  • Quelques #cartes vues au #musée et #mémoriel du #génocide cambodgien (1975-1979)

    L’expulsion de la population de la ville de Phnom Pehn a eu lieu en 3 jours. En 3 jours seulement pratiquement aucune personne ne vivait plus à Phnom Pehn, les #Khmer_Rouges avaient organisé l’expulsion dans les campagnes. L’#homme_nouveau devait renaître de là, des campagnes. Il ne faut pas oublier qu’après des années de bombardements sur le Camodge de la part de l’armée des Etats-Unis, un nombre important de réfugiés s’étaient réfugiés dans la capitale. La ville étaient donc peuplée de personnes nées à Phnom Pehn plus un nombre important de déplacés internes. Tout ce monde a été évacué en 3 jours.

    #Phnom_Pehn #S-21 #camp_d'extermination #prison #migrations_forcées #expulsions #cartographie #visualisation #flèches #génocide_cambodgien
    #Cambodge

    #Tuol_sleng genocide museum


    http://www.tuolslenggenocidemuseum.com