(...) Mon nom est Khorasan
Il y a de quoi tenir les F-22 en haleine. Ou peut-être pas. Les frappes à coup de Tomahawk venaient à peine de commencer qu’un missile patriot israélien Made in USA abattait un Su-24 syrien ayant prétendument « violé » l’espace aérien israélien au-dessus des hauteurs du Golan. Comme illustration explicite d’une étroite coordination avec le Pentagone, on peut difficilement faire mieux.
C’est que bombarder le calife n’est pas une fin en soi. Ce n’est que le prélude discret au bombardement de Bachar el-Assad et de ses forces armées. Sur ces entrefaites, on apprend le bombardement (huit frappes à l’ouest d’Alep) d’un fantôme appelé Khorasan, une mystérieuse cellule d’Al-Qaïda.
De quoi étonner les fans du monde entier de l’école de géopolitique de Marvel Comics. Deux méchants en même temps ? Ouaip. Et le second méchant est encore plus immonde que le calife.
Ce parangon de médiocrité qu’est Ben Rhodes, le conseiller national adjoint à la sécurité nationale d’Obama, a défini Khorasan comme « un groupe d’extrémistes formé d’un nombre d’individus que nous suivons depuis longtemps ».
Le novlangue répété à l’unisson dans l’administration Obama est que Khorasan comprend d’anciens membres d’Al-Qaïda provenant de tout le Moyen-Orient, y compris d’Al-Qaïda en Irak et de Jabhat al-Nosra, mais aussi du Pakistan, qui en ferait une branche ultra-radicale des talibans pakistanais.
Quel fouillis. Al-Qaïda en Irak est l’embryon de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), devenu depuis l’État islamique (EI). Le Jabhat al-Nosra est la franchise d’Al-Qaïda en Syrie, avec l’assentiment de son PDG Ayman al-Zaouahiri. Ces deux groupes se détestent et pourtant, Khorasan se distingue pour avoir réuni les brutes du calife avec celles d’Al-Qaïda. Qui plus est, Washington tend à qualifier le Jabhat al-Nosra de rebelles « modérés » (tant que ce sont « nos salauds » !). Vous ne vous y retrouvez pas ? Qu’à cela ne tienne ! En cas de doute, on bombarde tout le monde.
Le calife, c’est déjà chose du passé. Les brutes fantomatiques de Khorasan, c’est du solide. Khorasan est tellement malveillant qu’il a réussi à convaincre le Pentagone qu’il est « proche de la phase d’exécution » d’un nouveau 11 septembre.
Le fantôme dans la machine de Guerre mondiale contre le terrorisme
Khorasan est le fantôme idéal dans la machine de Guerre mondiale contre le terrorisme, la cible d’une guerre à l’intérieur d’une guerre. Car Obama a en effet déclenché deux guerres, puisqu’il a transmis deux notifications distinctes au Congrès en vertu de la Loi sur les pouvoirs de guerre, pour viser à la fois le calife et Khorasan.
Qu’est-ce qui se cache derrière ce nom ? Une nouvelle diabolisation à peine voilée de l’Iran (Pourquoi pas ?), car le Khorasan historique, l’ancienne Partie, englobait principalement l’Iran et une partie de l’Afghanistan. (...)