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    « Les trafiquants sont partis, nous laissant pour morts » : 25 migrants décédés dans un naufrage au large des Comores
    Par La rédaction Publié le : 05/11/2024
    Au moins 25 personnes sont mortes dans la nuit de vendredi à samedi dans l’océan Indien en tentant de rejoindre l’île française de Mayotte depuis l’archipel des Comores. Selon l’un des cinq survivants, le naufrage a été provoqué par des passeurs qui ont coulé l’embarcation, avant de prendre la fuite.
    Dans la nuit de vendredi 1er à samedi 2 novembre, une embarcation avec une trentaine de migrants a fait naufrage dans l’océan Indien, entre l’archipel des Comores et l’île française de Mayotte, a indiqué l’Organisation internationale des migrations (OIM) dans un communiqué publié lundi. À bord du canot en route vers le territoire française se trouvaient sept femmes, quatre mineurs dont deux enfants de six et deux ans, et deux nourrissons.
    Seules cinq personnes ont été secourues par des pêcheurs samedi matin, et ramenées aux Comores. Au moins 25 autres sont mortes « après que leur bateau a été délibérément coulé par des trafiquants », a précisé l’agence onusienne.
    Parmi les survivants, figure un jeune Comorien de 19 ans voulant retourner à Mayotte où il a vécu six ans avant d’en être expulsé en mai. Il dit avoir eu la vie sauve parce qu’il sait nager. « Le moteur de l’embarcation était éteint, les trafiquants ont dit que le moteur était en panne et ils ont refusé d’appeler à l’aide. Le bateau était en train de couler quand il a été retourné par une grosse vague », a ajouté le jeune homme qui veut rester anonyme. Selon lui, « les trafiquants sont partis sur une autre vedette, nous laissant pour morts »."Par chance, je sais nager, j’ai donc pu me maintenir à flot. Et j’ai pu aider deux autres personnes à s’accrocher à la coque. C’est le lendemain que des pêcheurs nous ont repérés", a poursuivi le jeune homme. « J’aimerais qu’ils soient retrouvés et jugés parce qu’à cause d’eux, beaucoup de personnes sont mortes. »
    Il ne souhaite en revanche pas porter plainte : « J’ai peur de ce qui pourrait m’arriver si je me présentais à la gendarmerie ou à la police »."La traversée m’a coûté cher, j’ai payé 300 euros. Je ne sais pas si je vais tenter de nouveau la traversée pour Mayotte", où vivent également ses frères."Je vais bien, même si mes jambes sont brûlées à cause de l’essence", a déclaré le jeune Comorien. Une photo montrant une grande plaie rouge sur sa jambe a été envoyée à l’AFP par une personne hébergeant l’adolescent à Anjouan.
    Selon Fatima Ahamada, la porte-parole du gouvernement comorien, « les autorités sont en train de collecter des informations pour comprendre ce qu’il s’est passé » et « une enquête formelle sera diligentée ». Le procureur de Mutsamudu, aux Comores, a indiqué à l’AFP qu’"une enquête est déjà ouverte". Chaque année, des milliers de migrants prennent la mer depuis l’archipel des Comores pour rejoindre l’île française de Mayotte. Mais le bras de mer de 70km séparant les deux territoires est une route migratoire particulièrement meurtrière. Deux autres naufrages de « kwassa kwassa », du nom des pirogues comoriennes, ont eu lieu ces trois derniers mois dans la même zone. En septembre, « un bateau avec 12 personnes à bord avait quitté les côtes d’Anjouan et n’avait jamais atteint Mayotte », signale l’OIM. En août, « huit personnes avaient perdu la vie dans un incident similaire, dont un garçon de 12 ans ».

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  • Aux Comores, des migrants suspendus à la fin du droit du sol à Mayotte
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/02/19/aux-comores-des-migrants-suspendus-a-la-fin-du-droit-du-sol-a-mayotte_621732

    Aux Comores, des migrants suspendus à la fin du droit du sol à Mayotte
    Le Monde avec AFP
    Perché sur les montagnes de l’île d’Anjouan, le village de Kangani, aux Comores, est la dernière étape pour des milliers de migrants africains tentant de rejoindre clandestinement le département français de Mayotte. Mais ces temps-ci, les barques restent à quai : la France a annoncé un nouveau tour de vis contre l’immigration illégale.Kangani est à seulement un bras de mer et quelque 70 km du 101e département français, 310 000 habitants (selon des chiffres officiels probablement largement sous-estimés) dont 48 % d’immigrés. L’île, avec ses écoles et ses hôpitaux, fait figure d’eldorado pour de nombreux Comoriens, même si le territoire est le plus pauvre de France.
    Familles en quête d’une vie meilleure, mais aussi cigarettes et bétail sont habituellement chargés plusieurs fois par jour sur des barques en bois traditionnellement utilisées pour la pêche et appelées « kwassa-kwassa ». Toute l’économie du village tourne autour de ces traversées hasardeuses et les échanges se font par liasses de billets d’euros.Mais depuis plusieurs semaines, des habitants en colère contre l’insécurité et l’immigration illégale érigent des barrages à Mayotte, et Paris a récemment annoncé une mesure controversée visant à supprimer le droit du sol sur l’île pour endiguer l’afflux de migrants. Depuis, les rues sinueuses de Kangani sont tombées dans un calme tendu. « Les barrages nous affectent tous, il n’y a plus de départ de kwassa-kwassa en attendant un retour à la normale », peste Chadhuli Tafsir, un jeune homme d’une trentaine d’années originaire de Kangani. « La suppression du droit du sol, c’est une mauvaise idée pour tout le monde », assène-t-il en poursuivant un débat animé avec les hommes rassemblés sur la place du village.
    Derrière les modestes maisons en briques du bourg de quelque 6 000 âmes, des jeunes font des allers-retours sur des motos pétaradantes. Certains portent fièrement chevelure blonde décolorée et tatouages. « Tous ces gosses viennent de Mayotte et attendent de retenter le passage », chuchote un villageois. Interceptés par les gardes-côtes ou renvoyés par la police française, de nombreux refoulés retentent la traversée sitôt de retour sur le sol comorien.
    Ousseni, un petit homme sec âgé d’une cinquantaine d’années, ne donne que son prénom. Le « pêcheur-passeur » fait payer entre 400 et 500 euros par personne et par tentative pour rejoindre l’île d’en face. Une petite fortune dans cet archipel pauvre de 870 000 habitants, où le salaire moyen mensuel équivaut à une centaine d’euros. Selon lui, la gronde à Mayotte et les débats autour du droit du sol lui « font perdre du temps et de l’argent ».
    Jusqu’ici, son plus gros problème était « les garde-côtes comoriens, qui rackettent au moins 200 euros par traversée ». « La dernière fois, je transportais un malade, ils m’ont empêché de passer. J’ai dû revenir sur la terre ferme. Le malade est mort peu après », raconte-t-il sans trop d’états d’âme. Il pense avant tout à honorer ses commandes : « Des Mahorais sont dans l’attente de la livraison d’un bœuf pour un mariage. Il leur a coûté 10 000 euros, c’est beaucoup mais toujours moins que chez eux. »
    Il faut parfois attendre plusieurs jours pour tenter la traversée sur une mer clémente. Les embarcations chavirent régulièrement et de nombreux migrants ont disparu en mer entre les Comores et la France. Sans doute des milliers, mais il n’y a pas de chiffre officiel. « Personne ne prendrait le risque d’aller à Mayotte, mais nous n’avons pas le choix. Prendre la mer, c’est notre seule option », dit d’un ton résigné Jeansi, qui attend le prochain départ d’un bateau pour la France.

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