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  • Comment résoudre le chaos syrien - Matthieu Rey - L’Orient-Le Jour
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    Une partition impossible

    Créer un État, redessiner une frontière, c’est extrêmement compliqué. Prenons par exemple, les accords secrets Cambon-Grey dit « Sykes-Picot » du 16 mai 1916 par les Français et les Britanniques, précisant les buts de guerre, anticipant le démantèlement de l’Empire ottoman et établissant des zones d’influence dans plusieurs régions du Proche-Orient. Ces deux super puissances de l’époque, qui considéraient ces territoires mineurs, ont mis près de dix ans pour les partager.

    Autre exemple, l’Irak : Mossoul, l’ancienne Ninive, n’est intégrée à l’Irak, alors sous mandat britannique, qu’en 1927, soit onze ans après que les Français ont abandonné l’administration de la ville aux Britanniques. Pour la Syrie, c’est le cas de la Cilicie, cette ancienne région d’Asie Mineure, occupée par les Français en 1919, qui fut cédée à la Turquie en 1921, la France redessinant ainsi la frontière turco-syrienne.

    Cette idée de partition est une idée profondément européenne, un mode de résolution des conflits depuis 1945. On prend des populations, on les déplace et on crée un ordre nouveau. Après les « réussites » s’il faut les qualifier ainsi, en Europe occidentale et orientale, au sein des Indes et enfin en Palestine, cette technique de résolution de conflit disparaît un temps. Depuis le milieu des années 1990, cette idée de partition monte à nouveau en puissance dans les agences internationales.

    Le premier terrain d’expérimentation fut les Balkans. Le deuxième terrain fut, on le sait moins, le Rwanda où le projet de partition n’a pas été appliqué malgré le génocide. À l’époque déjà, on se disait : créons un Tutsiland et un Hutuland et les affaires seront réglées. Tout le problème repose sur l’adéquation pensée entre « ethnie », « confession » et État, c’est-à-dire entre un élément de l’identité personnelle (qui en croise plusieurs) et un statut politique. Et bien souvent, non, les populations refusent de se définir selon des identités qu’on leur prête. Elles préfèrent agencer, dans des ensembles politiques nouveaux, leurs propres identités, leurs propres gestions.

    #Syrie #L'Orientlejour #partition