• Aie !
    Condamnée à rembourser 10 000 € à sa CAF, à cause de ses ventes sur Vinted
    https://leparticulier.lefigaro.fr/aides-allocations-sociales/condamnee-a-rembourser-10-000-a-sa-caf-a-cause-de-ses-ventes-

    Le #tribunal de Nîmes vient de rappeler que les #allocataires du RSA doivent déclarer leurs ressources, y compris celles issues des ventes d’objets de #seconde_main sur Ebay, LeBonCoin ou Vinted.
     
    L’absence de déclaration justifiée par moins de 20 ventes par an et moins de 3 000 € générés est une #légende_urbaine [alimentée par 1000 sites qui se goinfrent de clics en prétendant aider les pauvres à survivre, connaître leurs droits, bricoler, etc., ndc]

    Pendant deux ans Julie* a perçu chaque mois sur son compte bancaire le RSA (Revenu de solidarité active), ainsi que la prime de Noël, en fin d’année. Et, un beau jour, avec stupéfaction, cette jeune femme de 35 ans a reçu une demande de remboursement de sa CAF (Caisse d’allocations familiales) pour un montant avoisinant 10 000 €. La raison ? Elle n’avait pas déclaré des ventes d’objets personnels sur des plateformes en ligne telle que Vinted ou Momox, ainsi que des #virements_bancaires [don’t do that ! ndc] effectués par des proches et par elle-même [ceux en provenance des ventes en ligne ? à éviter absolument : les plates formes concernées ont d’ailleurs créées des "portes monnaie" en ligne pour éviter de tels mouvements vers les comptes bancaires : acheter sur le site, pour soi, voir acheter pour d’autres, sans créditer son compte bancaire, reste, avant une éventuelle jurisprudence hostile, une précaution possible].

    Mécontente et estimant n’avoir pas bénéficié d’un « accompagnement personnalisé dans la compréhension et le suivi de ses droits » [utiliser les déclarations de l’ennemi à propos de ses bonnes intentions est souvent indispensable, mais pas toujours suffisant], Julie a saisi le tribunal de Nîmes pour obtenir l’annulation de la décision de la CAF.

    La bonne foi n’évite pas la restitution de l’indu

    Selon l’instruction, le remboursement demandé par la #CAF à Julie résulte de l’absence de déclaration de l’intégralité de ses #ressources. Elle n’avait notamment pas mentionné sur ses déclarations trimestrielles de RSA, l’argent généré par des ventes d’objets personnels, réalisées sur des plateformes en ligne.

    Pour sa défense, Julie soutient qu’elle a déclaré de bonne foi ses ressources trimestrielles et que ses #ventes_en_ligne n’avaient pas à être prises en compte dans le calcul de ses droits au RSA, dès lors qu’elle s’était livrée à moins de 20 transactions par an pour un montant annuel inférieur à 3000 €.

    Le seuil de déclaration des plateformes en ligne n’est pas celui du #RSA

    Les valeurs seuils invoquées « ne concernent pas l’obligation de déclaration par un particulier de ses ressources aux organismes chargés du service des prestations sociales, mais l’obligation qui incombe aux plateformes de vente en ligne dans leurs relations avec l’administration fiscale », lui a répondu le tribunal administratif de Nîmes.

    Donc, en première intention, si on est contraint à faire le vendeur, ne pas arrondir ses fins de mois qui commencent le 10 par des mouvements bancaires, tenter plutôt soit de laisser l’argent en ligne puis de l’utiliser à cet endroit, soit de bénéficier d’un lien de solidarité avec quelqu’un qui ne dépend en rien de prestations CAF qui permette de réaliser avec son accord ces ventes sous prête nom, ce qui suppose là-aussi de rester cohérent, de ne fabriquer le moins de preuves possible contre soi, sachant que l’on a pas affaire ici aux moyens alloués à des enquêtes criminelles.

    #paywall #propagande #contrôle #justice

    • La CAF met en garde les utilisateurs de Vinted et d’autres plateformes de seconde main. Les ventes en ligne doivent être déclarées même en étant au RSA, sous peine de devoir rembourser des milliers d’euros d’allocations.

      https://www.clubic.com/actualite-552530-au-rsa-il-faut-declarer-ses-revenus-vinted-et-leboncoin-a-l

      Le tribunal administratif de Nîmes vient de rendre un jugement qui pourrait bien inquiéter la communauté des vendeurs sur #Vinted, #Leboncoin et les autres #plateformes_de_seconde_main. Une allocataire du RSA a été condamnée à rembourser près de 10 000 euros à la CAF pour ne pas avoir déclaré ses revenus issus de ventes en ligne. La décision rappelle que même les petites sommes doivent être déclarées, contrairement à ce que l’on pourrait croire.

      Les fausses croyances sur Vinted, Leboncoin et le RSA enfin démystifiées

      Les réseaux sociaux regorgent hélas de conseils erronés sur les seuils en dessous desquels il ne serait pas nécessaire de déclarer ses revenus issus des plateformes de revente. Une utilisatrice de Vinted, comme nous l’apprend Le Figaro, en a fait les frais.

      Cette dernière pensait, à tort, que ses ventes, inférieures à 3 000 euros par an et limitées à moins de 20 transactions, n’avaient pas à être déclarées. Ces seuils correspondent en réalité à l’#obligation_fiscale des plateformes vis-à-vis de l’administration, et non aux obligations des bénéficiaires du RSA.

      Car oui, les plateformes sont tenues de déclarer aux impôts les informations relatives aux transactions de leurs utilisateurs au-delà de ces seuils. Les vendeurs qui les dépassent sur une année calendaire font donc l’objet d’une transmission de leurs données aux services des impôts.

      Mais du point de vue des particuliers, le tribunal a été très clair. Tous les revenus, quelle que soit leur origine, doivent être mentionnés dans les déclarations trimestrielles.

      La CAF peut aussi surveiller vos virements issus des plateformes de second main

      La CAF dispose d’outils de contrôle de plus en plus sophistiqués pour détecter les #mouvements_bancaires suspects. Dans cette affaire, ce sont les #virements réguliers provenant des plateformes de vente qui ont alerté les services. Une enquête approfondie sur les revenus non déclarés fut alors lancée.

      La décision de justice rendue par le juge administratif aura probablement un impact sur les pratiques des allocataires du RSA qui utilisent les plateformes de revente. Le montant du remboursement, environ 10 000 euros, montre aussi que les conséquences financières peuvent être très lourdes pour des personnes déjà en situation de précarité.

      Quant aux plateformes comme Vinted, dont le succès est incontestable, elles devront sans doute renforcer leur communication sur les obligations déclaratives. Cette clarification juridique pourrait aussi pousser certains utilisateurs à revoir leur façon de vendre en ligne.

      Le jugement rappelle que le RSA est une allocation différentielle. Cela veut dire que son montant est calculé pour compléter les revenus existants jusqu’à un certain seuil (actuellement 635,71 euros pour une personne seule). Les gains issus de la revente en ligne doivent donc forcément être intégrés dans ce calcul, au même titre que les autres sources de revenus. Tout le monde sait à quoi s’en tenir désormais.

      #indu #trop_perçu

    • Ce qui me semble contestable c’est la notion de revenu pour ces sommes issues de la vente de seconde main. Alors qu’en réalité en liquidant son patrimoine il n’y a aucun gain

    • « L’ensemble des ressources du foyer, y compris celles qui sont mentionnées à l’article L. 132-1, est pris en compte pour le calcul du revenu de solidarité active, dans des conditions fixées par un décret en Conseil d’Etat qui détermine notamment :
      « 1° Les ressources ayant le caractère de revenus professionnels ou qui en tiennent lieu ;
      « 2° Les modalités d’évaluation des ressources, y compris les avantages en nature. L’avantage en nature lié à la disposition d’un logement à titre gratuit est déterminé de manière forfaitaire ;
      « 3° Les prestations et aides sociales qui sont évaluées de manière forfaitaire, notamment celles affectées au logement mentionnées à l’article L. 821-1 du code de la construction et de l’habitation ;
      « 4° Les prestations et aides sociales qui ne sont pas incluses dans le calcul des ressources à raison de leur finalité sociale particulière. ».
      24. L’article L.132-1 du CASF, visé par ce dernier texte, dispose en son premier alinéa qu’« Il est tenu compte, pour l’appréciation des ressources des postulants à l’aide sociale, des revenus professionnels et autres et de la valeur en capital des biens non productifs de revenu, qui est évaluée dans les conditions fixées par voie réglementaire ».
      25. À ce titre, l’article R.132-1 du CASF énonce : « Pour l’appréciation des ressources des postulants prévus à l’article L. 132-1, les biens non productifs de revenu, à l’exclusion de ceux constituant l’habitation principale du demandeur, sont considérés comme procurant un revenu annuel égal à 50 % de leur valeur locative s’il s’agit d’immeubles bâtis, à 80 % de cette valeur s’il s’agit de terrains non bâtis et à 3 % du montant des capitaux ».
      26. Il résulte de ces textes que lorsqu’un allocataire du RSA possède un capital placé, celui-ci est pris en compte dans l’évaluation des ressources, soit à hauteur du revenu qu’il produit, soit en l’absence d’un tel revenu, pour un montant annuel de 3% de sa valeur.

      https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=22205

      [A.N] Question écrite n° 16118 :Revenus de ventes occasionnelles entre particuliers pour le calcul du RSA
      https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-16118QE.htm

      M. Olivier Falorni attire l’attention de Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités sur les ventes occasionnelles entre particuliers qui entrent en compte pour le calcul du revenu de solidarité active. Selon l’article R. 262-6 du code de l’action sociale et des familles, le montant du revenu de solidarité Active (RSA) se calcule ainsi : « Les ressources prises en compte pour la détermination du montant du revenu de solidarité active comprennent, sous les réserves et selon les modalités figurant au présent chapitre, l’ensemble des ressources, de quelque nature qu’elles soient, de toutes les personnes composant le foyer et notamment les avantages en nature [cf. "forfait logement"] ainsi que les revenus procurés par des biens mobiliers et immobiliers et par des capitaux ». Le montant du RSA dépend en effet des revenus de l’allocataire, qui est tenu à une obligation de déclaration trimestrielle de ses ressources. Cette dernière peut engendrer une révision à la baisse du montant de l’allocation en raison des ressources perçues. Ainsi une personne seule percevant 598,54 euros de RSA peut être amenée, afin de faire face à une difficulté ponctuelle, à vendre quelques objets sur des plateformes de seconde main comme LeBonCoin ou Vinted. Ces revenus sont pris en compte par la CAF et le montant du RSA est ainsi modifié à la baisse, sans préavis. Les textes ne distinguent donc pas l’argent issu de la vente d’un bien neuf, qui procure au vendeur un bénéfice, de l’argent issu de la vente occasionnelle d’un bien usagé, soit une vente à perte. Le calcul de ce montant net social intègre donc des éléments qui n’étaient auparavant pas pris en compte dans le calcul ouvrant droit à certaines prestations [dont les allocations familiales]. Ceci est d’autant plus incompréhensible que la lutte contre le gaspillage est une priorité affichée du Gouvernement, qui encourage l’économie circulaire. Il est évident que ces petites ventes d’objets,dont le prix de vente est inférieur de beaucoup au prix d’achat, ne changent pas de façon définitive le niveau de vie des allocataires du RSA. [sauf lorsqu’il s’agit d’une activité régulière ou pas, par exemple, de récup, de vol, d’achat en vide grenier ou ailleurs, suivi de revente, because il faut bien compléter le revenu minimum, ndc] La vente d’objets personnels n’est d’ailleurs pas imposable du moment où l’on vend des biens à une valeur inférieure au prix où on les a achetés . Aussi, il lui demande si le Gouvernement envisage d’ajouter l’exclusion des revenus issus de la vente occasionnelle de biens personnels dans les ressources prises en compte pour le calcul du montant du RSA.

      voom voom voom dans mon SUV avec chauffeur, un avertissement aux pauvres plus cheb
      https://www.tiktok.com/@lassistantesociale/video/7400473686672723232

      #code_de_l'action_sociale_et_des_familles #DTR

    • 25. À ce titre, l’article R.132-1 du CASF énonce : « Pour l’appréciation des ressources des postulants prévus à l’article L. 132-1, les biens non productifs de revenu, à l’exclusion de ceux constituant l’habitation principale du demandeur sont considérés comme procurant un revenu annuel égal à 50 % de leur valeur locative s’il s’agit d’immeubles bâtis, à 80 % de cette valeur s’il s’agit de terrains non bâtis et à 3 % du montant des capitaux ».

      pourtant quand tu déclares être propriétaire de ton logement la CAF minore tes allocations, considérant que le loyer que tu ne payes pas est là aussi un « revenu » !

    • Ben, les deux. C’est disposer d’un logement, comme proprio, locataire ou hébergé (mieux vaut alors être prêt à déclarer que l’hébergement est administratif, pour recevoir son courrier, et que l’on navigue par-ci par-là, situation très fréquente de fait) qui entraine une diminution du montant du RSA de 12% par un forfait logement appliqué à plus de 90 ou 95% des allocataires car c’est considéré comme un avantage en nature. Pour y échapper faut être/se déclarer sans-domicile, se faire domicilier administrativement dans une asso...
      Quant au 3% de taux d’intérêt forfaitaire sur le capital détenu, ça a plutôt été une clarification « protectrice » face aux essais (qui ne cessent pas) des CAF d’évincer du RSA les personnes ayant des économies.

      À 3%, il faut détenir plus de 280 000€ pour se faire sucrer le RSA. Bien sûr, si on hérite de 50 000€ ou plus, par exemple, il vaut mieux en dépenser une partie (quitte, là aussi, à compter sur des proches de confiance sans CAF pour les restituer en cash). Par ailleurs, il semble que soit toléré de ne pas déclarer (ce qui reste heureusement très courant !) jusqu’à 30 OOO balles. De toute manière, dire que l’absence de déclaration de réserves financières est un oubli évitera la case fraude avec coupure et pénalités. Le « droit à l’erreur », bien qu’il s’applique peu aux soucis de pauvres, est venu le confirmer.

      Plus ces contrôles sont effectifs, plus il est nécessaire d’être inséré dans un tissu de relations qui ne comporte pas que des pauvres ah ah ah.

    • 13,6 M€ de fraude aux prestations sociales dans l’Hérault : comment la CAF développe de nouveaux outils de contrôle
      https://www.midilibre.fr/2025/03/11/136-meur-de-fraude-aux-prestations-sociales-dans-lherault-comment-la-caf-d

      La dématérialisation des informations est une mine d’or en termes de données et… de contrôles possibles. La Caf ne se prive pas de puiser dans cette manne numérique qu’elle passe à la moulinette de l’analyse analytique pour en extraire les informations utiles (processus du #Data_mining). Ainsi, pour lutter contre la fraude à la résidence, réseaux sociaux, adresse IP, relevés bancaires, présence des enfants dans leurs établissements scolaires… sont autant de faisceaux
      d’indices à même de définir si la présence du prestataire sur son lieu de résidence est réelle ou fictive.

      Une autre fraude qui est aussi dans son collimateur est celle liée aux usurpations des coordonnées bancaires. Pour la traquer, et à l’instar d’un pare-feu contre un virus sur votre ordinateur, une base de données commune à tous les organismes de protection sociale a été créée répertoriant tous les RIB frauduleux identifiés.

      De plus, à nouvelle activité ou source de #revenu, nouveaux critères. Jusqu’ici, les ressources générées par l’économie collaborative (ventes sur Internet, Airbnb ou autre plate-forme dite collaborative…) n’étaient pas prises en compte dans le calcul des prestations, car elles n’étaient pas déclarées. Le Code général des impôts a changé les règles, toutes ces plateformes doivent désormais transmettre leurs ressources à l’#administration_fiscale. Conséquence : elles seront donc prises en compte dans les prestations versées par la CAF.

    • La suspicion de fraude au RSA après quelques ventes de vêtements [défenseur des droits]

      Un délégué [du défenseur des droits] a été saisi en juillet 2024 par une allocataire de prestations sociales, vivant seule avec son fils adulte sans activité. Elle a été contrôlée par la caisse qui lui verse ses allocations. Lors de ce contrôle, l’agent a relevé qu’elle n’avait pas déclaré des revenus provenant des intérêts de livrets et de ventes sur des plateformes en ligne. Sans détails précis, l’agent a annoncé que ces montants seraient intégrés à ses ressources pour recalculer ses droits au RSA et à l’aide au logement. Quelques jours plus tard, elle a reçu une notification indiquant une dette de 3 483,13 € à rembourser sous 20 jours, ce qu’elle ne comprenait pas. Elle a alors sollicité une remise de dette, ce qui a suspendu le recouvrement.
      Le délégué a constaté plusieurs manquements dans la procédure. D’une part, les documents de la caisse, comme le rapport d’enquête, ne précisaient ni les dates, ni les montants exacts des ventes en ligne retenues, rendant impossible toute contestation. D’autre part, l’examen des relevés bancaires de l’allocataire montrait que les ventes concernaient des objets personnels (livres, bibelots) pour un montant total de 1 713 € sur deux ans, bien loin de la somme retenue par la caisse. En raison d’une procédure de contrôle expéditive, la caisse n’a ainsi pas été en mesure de prendre en compte la situation personnelle de la réclamante qui, dans une situation de précarité, avait dû se séparer de certains de ses biens.
      Grâce aux interventions répétées du délégué et au dialogue rétabli avec la caisse, l’allocataire a enfin reçu la liste détaillée des montants retenus et demandé alors une rectification. Elle a bénéficié d’une remise de dette à hauteur de 50 % des montants considérés comme indus, sans que la qualification de fraude soit retenue.

      https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/2025-03/ddd_rapport-annuel-2024_20250305.pdf

      #calcul

  • #Mishtamishk, la #légende du #castor_géant

    Montage audiovisuel réalisé dans le cadre du projet numérique #Uelutshiun de la Société d’histoire et d’archéologie de #Mashteuiatsh. Légende #ilnu racontée en nehlueun par Jack Germain avec la narration française par Alain Connolly. L’illustration et l’animation ont été réalisée par l’artiste Sophie Kurtness.

    https://www.youtube.com/watch?v=fJFU1_uz_-k

    #castor #peuples_autochtones #animation #film_d'animation #castors

  • #Alexandre_Grothendieck, #légende #rebelle des mathématiques : un podcast à écouter en ligne | #France_Culture

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-alexandre-grothendieck-legende-rebelle-des-mathematiques

    #podcast
    #maths
    #mathematiques

    L’histoire d’Alexandre Grothendieck commence à Berlin en 1928 dans une famille anarchiste. Son enfance est dès le début marquée par les grands tremblements historiques du 20ᵉ siècle : la montée du nazisme, la guerre d’Espagne, les camps de concentration français. Il découvre la mystérieuse beauté des mathématiques alors qu’il est interné dans un camp, puis caché avec d’autres enfants juifs au Chambon sur Lignon. Après la Libération, la passion des mathématiques et la persévérance mènent cet étudiant apatride au cœur de l’émulation intellectuelle de son époque. En moins de quinze ans, il révolutionne les mathématiques : elles ne seront plus jamais les mêmes après son passage. Mais la guerre du Vietnam fait éclater sa bulle d’abstraction : c’est là que commencent son engagement antimilitariste, écologique et sa critique des technosciences, l’isolant peu à peu des cercles académiques. Il termine sa carrière à l’université de Montpellier et peu de temps après sa retraite en 1990, il coupe les ponts avec la société et disparaît. À sa mort en 2014, des dizaines de milliers de pages sont découvertes dans sa maison en Ariège, fruit de 23 années de travail en solitaire. Elles restent encore à déchiffrer.

    Il laisse au monde une œuvre mathématique et littéraire immense, aussi bien citée et explorée par les chercheurs en mathématiques fondamentales que par des ingénieurs de Huawei, convaincus d’y trouver les nouveaux secrets de l’intelligence artificielle. Son nom sert également de point de ralliement aux écologistes pour dénoncer les dérives de la science.

    Avec les témoignages de ses proches, de ses anciens élèves et de celles et ceux qui ont croisé sa route ou son œuvre, cette Grande Traversée retrace le parcours du plus grand génie des mathématiques du 20ᵉ siècle et d’un pionnier de la pensée écologique et technocritique.

    Une Grande Traversée de Marie Durrieu réalisée par Gaël Gillon et et Rafik Zénine.

    Textes lus par Jean Christophe Quenon et Daniel Kenigsberg

    Prise de son : Martin Troadec, Christophe Papon, Pierre Henry et Antoine Viossat.

    Mixage : Pierric Charles

    Documentation INA : Isabelle Fort Rendu

    Coordination : Christine Bernard

  • #Mastodon #alt_text
    Un témoignage très intéressant d’une personne aveugle et de sa possibilité de « voir » les images grâce à cet outil de Mastodon :

    As a Blind person i never thought i would be on social media savoring photos. But the communal Mastodon alt text game is so strong that sweet, poetic or silly descriptions abound on my timeline. Thanks to legions of people who take time to write a meaningful description of the ephemera they post, i learn so much about insects, plants, buildings, memes — all dispatches from a dimension of the world that i otherwise wouldn’t experience. If you’re wondering whether anybody reads these things: YES.

    https://mas.to/@ChanceyFleet/112906727542341272
    #cécité #réseaux_sociaux #images #légende #description #texte #description_textuelle

    • How do I make posts more accessible to blind people on Mastodon and the #Fediverse?

      Blind and partially-sighted people on Mastodon and the Fediverse use special apps called “screen readers” that read text out loud, so they can tell what is on the screen.

      There are many things that sighted people can do to make their posts more accessible to people using screen readers:

      - Add text descriptions (“Alt Texts”) describing the visuals to images and videos you’re posting. To do this, click on the “edit” or “caption” button (or write directly on top of the image on some apps) and then add a text description of what is visible. Read it to yourself afterwards, and see if you are able to imagine the important parts of the picture from what you have written. When you’ve finished, remember to click the “Apply” button if if necessary.
      - If you forget to add a description, you can go back and edit the post to add a description.
      - When posting hashtags, use CamelCase (where each word begins with a capital letter), for example #DogsOfMastodon instead of #dogsofmastodon. The capital letters allow screen reader apps to separate the words correctly and read the hashtag out loud properly. This also makes the tag easier for sighted people to read!
      - Don’t do that “sarcastic text” thing where you make fun of someone by having random letters as capitals, because random capitals prevent a screen reader from working properly.
      - If you’re sighted and you see the hashtag #Alt4Me underneath an image post, it means a disabled person wants someone to write a description of the image. Reply to the post with the tag #Alt4You and a description.
      - Also, if you’re a sighted person and you see a remarkable image that doesn’t have a descrption and no one has requested one yet, you can be be pro-active and reply with a description using the tag #Alt4You.
      – Don’t use long strings of emoji, as these sound really annoying when read out loud by screen readers. It’s okay to use emoji, it’s just the huge groups of emoji all bunched together that cause problems.
      - Don’t use deliberately obscure characters for your username, these can sound like gibberish when a screen reader reads them out (click here for an example ⧉). Standard characters work much, much better with screen readers.

      How do I remember to add descriptions to my media posts?

      There is an automatic reminder service called #PleaseCaption which will remind you by DM if you forget to add an alt text description.
      Should I be criticising people who haven’t added alt text?

      It’s important to add descriptions to images so that they’re accessible, but it’s also important not to criticise those who are unable to add alt texts due to their own disability. If someone has written #Alt4Me alongside the image that means they cannot add descriptions themselves. Don’t criticise them or comment on the lack of description, just help them out by replying with an #Alt4You post which includes your own alt text for the image.

      If there’s no #Alt4Me tag on the undescribed image, it’s still worth being polite as no one wants bad feelings generated around the topic of descriptions. You might want to just reply with a description and #Alt4You tag, and if they’re abled they will hopefully get the message that descriptions are preferred.
      How do I fit the image descriptions into my post without breaking the character limit?

      As long as you’re adding the description in the image’s own Alt Text section, it will not count towards your main post’s character limit. There is a much larger limit for descriptions, so you shouldn’t run out of room.

      https://fedi.tips/how-do-i-make-posts-more-accessible-to-blind-people-on-mastodon-and-the-fediv

  • Mars 1921 : un tournant pour le mouvement révolutionnaire. Focus sur Cronstadt.

    –-----------

    La vérité sur Cronstadt, par Joseph Vanzler alias Wright
    https://www.paperblog.fr/2349148/la-verite-sur-cronstadt-par-joseph-vanzler-alias-wright

    Des membres du Forum des amis de LO ont traduit ce texte. L’original en anglais se trouve ici, sur le site marxists.org : https://www.marxists.org/history/etol/writers/wright/1938/02/kronstadt.htm (John G. Wright, The Truth about Kronstadt, February 1938)

    –-----------

    Beaucoup de tapage autour de Cronstadt
    (Léon Trotsky, 15 janvier 1938)
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/01/lt19380115.htm

    – Un « front populaire » d’accusateurs
    – Les groupements sociaux et politiques à Cronstadt
    – Les modifications intervenues pendant les années de la guerre civile
    – Les causes sociales du soulèvement
    – Le caractère contre-révolutionnaire de la rébellion de Cronstadt
    – La Nep et l’insurrection de Cronstadt
    – Les « insurgés de Cronstadt » sans forteresse

    –-----------

    Encore sur la #répression de Cronstadt
    (Léon Trotsky, 6 juillet 1938)
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/07/lt19380706.htm

    –-----------

    L’insurrection de Cronstadt

    – Mars 1921 en Allemagne
    – La NEP : une retraite indispensable
    – Adresse à #Max_Hoeltz

    #archiveLO (23 mars 1871)

    –-----------

    Cronstadt, de Jean-Jacques Marie (494 p.)

    – 1917 : Cronstadt la rouge
    – L’agonie du communisme de guerre
    – Les premières lueurs de l’incendie
    – Les premiers signes de l’orage
    – Chronique d’une #révolte annoncée
    – Un cocktail explosif
    – Au bord du Rubicon
    – Les « privilèges des commissaires »
    – Le passage du Rubicon
    – Les balbutiements de l’insurrection
    – Les ouvriers de Petrograd et l’insurrection
    – Qui sont les insurgés ?
    – L’attente
    – Le comité révolutionnaire provisoire
    – Premier branle-bas de combat
    – L’assaut manqué
    – Cronstadt et l’#émigration
    #Lénine, #Cronstadt et le Xe congrès du parti communiste
    – Une « troisième révolution » ?
    – Vers l’assaut final
    – Le comité révolutionnaire en action
    – L’assaut final
    – Les raisons de l’échec
    – La répression
    – Reprise en main et réorganisation
    – L’exil finlandais
    – Nouvelles alliances
    – Le commencement de la fin
    – Derniers soubresauts
    – Fin de partie
    – Interprétations

    [...] Avec la #NEP, l’#insurrection_de_Cronstadt sort du domaine de la politique pour entrer dans celui de l’histoire. Les #SR_de_droite et de gauche qui l’appuyaient disparaissent. Seuls les #anarchistes revendiquent son héritage ; ils se contentent en général de paraphraser les proclamations, déclarations et appels, pris au pied de la lettre, sans analyser la réalité sociale du mouvement, comme si l’on pouvait étudier l’activité d’un groupe d’hommes en prenant ce qu’ils disent d’eux-mêmes comme critère de vérité. L’impact international de la révolution russe, son influence, le choc en son sein entre le socialisme (national) dans un seul pays de Staline et la révolution internationale incarnée par Trotsky, le plan quinquennal, la collectivisation, tout cela éclipse Cronstadt, qui sombre dans l’oubli, comme #Makhno, mort de tuberculose et d’épuisement dans un hôpital parisien en 1934. La Révolution inconnue de l’anarchiste russe #Voline, consacrée pour un bon quart à Cronstadt, ne sera publiée qu’en 1947, deux ans après sa mort.

    Trotsky a longtemps accordé peu d’attention à l’insurrection. Dans un discours du 28 juillet 1924 sur la situation mondiale Trotsky évoque Cronstadt comme exemple d’explosion sociale « Rationner un pays affamé, écrit-il, est chose difficile, nous le savons par expérience [...]. Nous avons pu constater que le régime de la ration de famine était lié à des troubles croissants qui ont amené en fin de compte l’insurrection de Cronstadt 7 », ainsi présentée comme une conséquence des rigueurs du communisme de guerre. Dans Ma Vie, publiée en 1929, il n’y consacre qu’une demi-ligne. Dans #La_Révolution_trahie, rédigée et publiée en 1936, Trotsky évoque tout aussi brièvement cette révolte, « qui entraîna pas mal de bolcheviks ».

    La guerre civile espagnole qui éclate en juillet 1936 et les procès de Moscou, dont le premier est organisé en août 1936, replacent Cronstadt sous la lumière de l’actualité. En Catalogne et en Aragon, où les anarchistes de la Confederacion National del Trabajo (la #CNT) sont très puissants, les ouvriers et les paysans, qui à peu près seul sont mis en échec le putsch franquiste, créent des comités, collectivisent les fabriques et la terre, forment des milices et constituent un Comité central de milices antifascistes qui rassemblent ouvriers et paysans en armes. Les partisans de l’ordre existant, le PC stalinisé en tête, exigent la dissolution de ces organismes populaires autonomes. La CNT l’avalise et envoie trois ministres au gouvernement, qui proclame l’intangibilité de la propriété privée des moyens de production et de la terre. Un anarchiste, Garcia Oliver, se retrouve ainsi ministre de la Justice, à la tête de l’appareil qui a longtemps persécuté les militants de son #organisation. Pour répondre aux critiques, les dirigeants anarchistes accompagnent leur collaboration gouvernementale avec le PC espagnol d’articles exaltant l’insurrection anti bolchevik de Cronstadt, dont ils se proclament les héritiers. Il est plus aisé d’exalter Makhno et Cronstadt àBarcelone que d’y combattre la politique de Staline. En décembre 1937, Trotsky leur répond : face à Cronstadt et à Makhno « nous avions défendu la révolution prolétarienne contre la #contre-révolution paysanne. Les anarchistes espagnols ont défendu et défendent encore la contre-révolution bourgeoise contre la révolution prolétarienne ».

    Les procès de Moscou d’août 1936, janvier 1937 et mars 1938 dénoncent en Trotsky un terroriste à la solde des nazis. Réfugié au Mexique, Trotsky tente de mettre sur pied une commission d’enquête sur les procès de Moscou. Un ancien député communiste allemand, #Wendelin_Thomas, réfugié aux États-Unis, membre dela sous-commission américaine, l’interpelle publiquement sur Cronstadt et #Makhno, en suggérant que l’attitude des bolcheviks dans ces deux cas annonce Staline et le #stalinisme.

    Trotsky lui répond par une brève lettre où il souligne que les marins de 1917 s’étant disséminés sur les divers fronts, restait à Cronstadt « la masse grise avec de grandes prétentions, mais sans éducation politique et pas prête aux sacrifices révolutionnaires. Le pays était affamé. Ceux de Cronstadt exigeaient des privilèges. L’insurrection fut dictée par le désir de recevoir une ration de privilégié ». Après ce raccourci saisissant, Trotsky affirme : la victoire des insurgés aurait débouché sur celle de la contre-révolution, « indépendamment des idées qui pouvaient être dans la tête des marins », qu’il juge, par ailleurs, « profondément réactionnaires : elles reflétaient l’hostilité de la paysannerie arriérée à l’ouvrier, l’#arrogance du soldat ou du marin pour Pétersbourg “civil”,la haine du #petit-bourgeois pour la #discipline_révolutionnaire ». Une fois maîtres de la forteresse, les insurgés ne pouvaient être réduits que par les armes.

    Un mois plus tard, il écrit dans une lettre à Erwin Wolf : « Ma réponse est beaucoup trop courte, insuffisante. » En septembre 1937, Victor Serge publie un article très critique sur l’attitude des bolcheviks face à Cronstadt. Informé, Trotsky écrit le 15 octobre un bref mot au trotskiste américain Wasserman des éditions Pionners Publishers. Il y affirme nécessaire de clarifier l’histoire de Cronstadt afin de pouvoir discuter avec les anarchistes, mais ajoute : « Cependant pour beaucoup de raisons, je ne puis écrire un article sur cette question » et affirme qu’il a proposé à son fils, Léon Sedov, d’écrire un travail détaillé et documenté qu’il préfacerait. #Wasserman insiste. Trotsky lui répond le 14 novembre qu’il comprend son insistance, mais il n’a en ce moment, répond-il, ni « les matériaux nécessaires ni le temps d’un article [...] absolument exhaustif ». Si Léon Sedov peut faire ce travail, Trotsky l’utilisera pour un article. Cinq jours plus tard, il écrit à son fils : « Il est absolument nécessaire d’écrire sur Cronstadt. » Il insiste sur un point : « Les matelots paysans, guidés par les éléments les plus anti prolétariens, n’auraient rien pu faire du pouvoir, même si on le leur avait abandonné. Leur pouvoir n’aurait été qu’un pont, et un pont bien court, vers le pouvoir bourgeois. » Soulignant néanmoins que « le mécontentement était très grand », il conclut : « les #matelots en rébellion représentaient le #Thermidor_paysan », ce qui n’est pas la même chose que la réduction de la révolte à la volonté d’obtenir des privilèges. #Léon_Sedov se met au travail.

    Trotsky y revient le 16 décembre dans une lettre au trotskyste américain Wright qui vient de terminer un article sur la révolte. Il prend la question sous un angle un peu différent. Il récuse l’idée que les soldats et les marins se soient insurgés pour le mot d’ordre politique des soviets libres. « Le reste de la #garnison de Cronstadt, affirme-t-il, était composé d’hommes arriérés et passifs qui ne pouvaient être utilisés dans la guerre civile. Ces gens ne pouvaient être entraînés dans une insurrection que par de profonds besoins et intérêts économiques. [...] ceux des pères et frères de ces marins et soldats, c’est-à-dire des paysans, marchands de produits alimentaires et de matières premières. En d’autres termes, la mutinerie était l’expression de la réaction de la petite bourgeoisie contre les difficultés et privations imposées par la révolution prolétarienne. »

    Confronté à une campagne sur Cronstadt qui entrave sa bataille difficile contre les falsifications des #procès_de_Moscou, il précise enfin son analyse dans deux articles : Beaucoup de bruit autour de Cronstadt (15 janvier 1938) et Encore une fois à propos de la répression de Cronstadt (6 juillet 1938). L’insurrection, précise-t-il d’abord, exprime la révolte des paysans contre la réquisition de leur production. Les marins, en grande majorité d’origine paysanne, furent les porte-parole « de la réaction armée de la petite bourgeoisie [la paysannerie] contre les difficultés de la révolution socialiste et la rigueur de la dictature prolétarienne. C’est précisément ce que signifiait le mot d’ordre de Cronstadt “Les soviets sans communistes” ».Il affirme ensuite n’avoir personnellement pris aucune part à l’écrasement de l’insurrection, ni à la répression qui suivit, ce qui n’a à ses yeux aucune signification politique, puisque, membre du gouvernement, il a jugé nécessaire la liquidation de la révolte, a participé à la décision d’y procéder si les négociations et l’ultimatum lancé restaient sans résultat et en assume donc la responsabilité politique.

    Il y revient une dernière fois dans son Staline inachevé écrit en 1939-1940, où il range Cronstadt parmi les « #légendes reposant sur l’#ignorance et le #sentimentalisme [...]. Ce que le gouvernement soviétique fit à contrecœur à Cronstadt fut une nécessité tragique ; évidemment le gouvernement révolutionnaire ne pouvait pas “faire cadeau” aux #marins insurgés de la forteresse qui protégeait #Petrograd, simplement parce que quelques anarchistes et #socialistes-révolutionnaires douteux patronnaient une poignée de paysans réactionnaires et de soldats mutinés ». À quelques nuances près, Trotsky, de 1921 à sa mort, maintint donc la même analyse de l’insurrection.

    Tout au long des soixante-dix ans d’#Union_soviétique (#URSS) l’insurrection de Cronstadt fut (à la rare exception des discours de Lénine au Xe congrès du parti communiste) présentée comme une simple émeute contre-révolutionnaire. Le Précis d’histoire du parti communiste publié en1938, revu et corrigé personnellement par Staline, consacre plus d’une page à cet épisode. Tout en reconnaissant le mécontentement de la paysannerie à l’égard des réquisitions, il voit dans « l’émeute contre-révolutionnaire de Cronstadt un exemple patent de la nouvelle tactique de l’ennemi de classe qui se camoufla en empruntant les couleurs soviétiques ; au lieu du vieux mot d’ordre avorté “À bas les soviets !”, il lança un mot d’ordre nouveau : « Pour les soviets, mais sans les communistes” ». Qui s’était soulevé, qui étaient les émeutiers, le lecteur de ce Précis très imprécis ne pouvait pas le savoir. Ses auteurs plaçaient les « gardes blancs, les SR et les mencheviks »à la tête d’une émeute aux insurgés sans visage et sans identité. Le tome 23 de la Grande Encyclopédie soviétique publié en 1953, l’année même où mourut #Staline, reprend l’antienne en y ajoutant les manœuvres des « traîtres trotsko-zinoviévistes » vrais responsables de l’insurrection, oubliés par Staline lui-même en 1938. […]

    #Kronstadt #anarchisme #mythologie

  • COVID Deniers Have an Absurd New Conspiracy Theory About Omicron

    #moronic -> débile #anagramme
    (moron -> crétin)

    https://www.thedailybeast.com/covid-deniers-have-an-absurd-new-conspiracy-theory-about-omicron

    COVID-19 deniers are seizing on ridiculous new theories on social media about the virus’ latest Omicron variant, suggesting that it is part of a government hoax because a rearrangement of its letters can be used to spell the word “moronic.” Australian celebrity chef Pete Evans, who was banned from Facebook and Instagram last year after spewing COVID misinformation, also posted an alt-right conspiracy theory to Telegram on Sunday that the variant was an anagram for the ‘oncomir’—which are RNA molecules linked to cancer.

  • Ernest du Laurens de la Barre
    Trémeur ou l’Homme sans tête
    Fantômes bretons, C. Dillet, 1879 (p. 137-150).
    https://fr.wikisource.org/wiki/Fant%C3%B4mes_bretons/Tr%C3%A9meur_ou_l%E2%80%99Homme_sans_t%C3%AAte

    L’homme sans tête ! voilà un titre étonnant, direz-vous peut-être. Mais on prétend qu’il y a dans tout pays des hommes (que l’on me pardonne de m’exprimer ainsi) ! des hommes, hélas ! et des femmes sans tête ; c’est connu. Mais comme le mien, non, l’histoire n’en mentionne pas d’autre, si ce n’est saint Denis, qui n’en approche pas ; et le conteur breton qui m’a rapporté ceci, mérite, à mon avis, un brevet d’invention.

    C’est le conteur lui-même qui va parler devant vous. Je l’ai connu jadis à Poullaouen, où il cumulait les emplois fort disparates de tailleur et de bedeau ; de plus on le disait lettré pour un sonneur de cloches, vu que, dans ses récits, il aimait à citer des noms mythologiques. Il racontait, tout en réparant des soutanes, et, comme bedeau, se donnait des airs de sermonneur. Puis, mettant la bride sur le cou à sa verve comique, le tailleur risquait des détails que le pieux bedeau eût pu désavouer. C’était un conteur en partie double. Son excuse est dans la naïve morale qu’il essayait de répandre au milieu de ses tableaux fantastiques.

    I

    Il y avait autrefois, du côté de Plouguer, là-bas, sur le bord de l’Aulne, au-dessous de Carhaix, un village habité par des païens qui adoraient des dieux, des demi-dieux, des déesses, des diablesses, et un tas de vilaines choses. J’ai entendu dire par des savants que leurs chefs s’appelaient Druides. C’étaient des magiciens ou sorciers qui, pour savoir l’avenir, coupaient du gui sur les chênes avec des faucilles d’or. Mais, pour deviner l’avenir, ces affreux sorciers ne se contentaient pas de cueillir du gui, ils faisaient mourir sur les tables de pierre, que l’on voit encore sur nos landes, des victimes humaines, des chrétiens surtout, qui étaient leurs plus grands ennemis.

    Dans ce temps-là, la croix de Notre-Seigneur n’avait pas encore trois cents ans. Vous voyez que mon histoire est plus vieille que Mathusalem : n’importe, les vieilles choses valent bien les neuves, comme disait le vieux Bornik, sacristain et fossoyeur du monastère.

    Le druide, chef du village de Plouguer, s’appelait Comorre. Il avait un fils, guerrier généreux, nommé Trémeur, qui ne voyait qu’avec pitié les cérémonies de ces maudits païens.

    Un soir, après une bataille, on amena des prisonniers au village. Ils furent enfermés dans des grottes de pierre, au fond desquelles on les enchaîna. Ce soir-là, l’orage grondait. Cependant, comme il avait vu enfermer un vieillard à longue barbe blanche, Trémeur s’en vint, à la nuit, rôder autour de la caverne et entendit une voix qui disait : « Seigneur, prenez votre serviteur, mais que son sang serve du moins à la conversion des païens ! ».

    Ces paroles étonnèrent Trémeur, et, renversant la porte de pierre, il entra résolûment dans le cachot. Alors il vit le vieillard à genoux : ses mains chargées de chaînes étaient levées vers la voûte sombre, et la lueur des éclairs, passant entre les rochers, illuminait par intervalles son front chauve et blanc.

    Je ne puis vous rapporter ce qu’ils se dirent. Ce qu’il y a de certain, c’est que Trémeur brisa avec sa hache les fers qui serraient les mains du captif, et qu’ils sortirent ensemble de la caverne.

    La nuit et l’orage auraient pu cacher leur fuite. Par malheur, comme ils allaient quitter le village, voilà qu’un druide les aperçut et, se mettant au milieu du chemin, vint leur barrer le passage. Trémeur reconnut en tremblant Comorre, son terrible père, qui d’une voix courroucée, lui demanda où il allait.

    Trémeur, qui ne connaissait ni la crainte ni le mensonge, répondit sans hésiter : — Laissez-nous passer, mon père ; ma résolution est prise : je veux sauver ce vieillard innocent et me faire chrétien.

    -- Toi, chrétien ! s’écria Comorre d’une voix formidable, en brandissant sa hache. Non ! non ! par la barbe du grand Hu, chrétien tu ne seras pas !

    Et, en disant cela, il porta un coup si violent à son fils, qu’il lui trancha la tête. — Voilà l’homme sans tête. — Mais, comme Trémeur était d’une force prodigieuse, il retint, sans broncher, sa tête contre sa poitrine. Au même instant, il y eut un grand coup de tonnerre ; un zigzag de feu passa entre nos trois hommes, et, si le tonnerre fait souvent du mal, cette fois il fit un bon coup, car Comorre avait reçu la bordée et ne remuait plus ni pied ni patte. — Voilà qui va bien ! — Nos deux amis ne restèrent pas à le regarder longtemps, et prirent le large, le prisonnier remorquant Trémeur, qui suivait aussi bien que possible, en portant sa tête sur son estomac… Ça devait être assez drôle, tout de même, de voir marcher un homme sans tête ?

    Il faut vous dire que le vieillard n’était autre que saint Herbot, l’ermite. Vous connaissez sans doute de réputation saint Herbot, l’ami des laitières, un saint plus doux que le beurre frais.

    Enfin, quand ils furent rendus un peu loin, l’ermite, voyant que son compagnon suait à grosses gouttes à porter ainsi sa tête sur son cœur, lui offrit d’abord de la porter à son tour, pour le reposer. Mais aussitôt il réfléchit que, s’il lui tirait tout à fait sa tête, il était probable que le pauvre diable ne s’en trouverait pas mieux. Et pourtant on dit qu’il y a bien des gens qui seraient meilleurs sans leur mauvaise tête. N’importe, il vint tout à coup une fameuse idée à saint Herbot. Vous allez voir.

    On passait alors devant une ferme, et la ménagère barattait du lait sur le seuil de sa maison.

    -- Vous faites là de beau beurre, dit l’ermite.

    -- Ma foi non, mille malheurs ! répondit la fermière en jurant un peu. Ce fichu lait ne lève pas du tout ; à cause de l’orage, apparemment.

    -- Bah ! fit le saint en riant ; c’est que vous ne vous y prenez pas bien, bonne femme.

    -- Ah ! répliqua celle-ci, je ne m’y prends pas bien ! Voilà qui est fort ! moi, la meilleure du pays pour le beurre ! Vous radotez, vieux bonhomme.

    -- Par les cornes de ma vache ! dit saint Herbot. Tenez, bonne femme, je parie qu’en trois coups je fais lever toute votre barattée, si vous voulez m’en donner un petit morceau après.

    -- Un morceau je vous donnerai, dit-elle, mais quant à faire lever mon beurre en trois coups… vous plaisantez.

    -- Possible, mais laissez-moi faire.

    Et, en disant cela, l’ermite prit le manche du ribot, frappa trois bons coups, ni plus ni moins, et dit à la fermière : — Regardez-y vous-même.

    En vérité, le beurre était fait, et du beau encore ! C’était merveilleux, et la fermière ne savait trop qu’en penser. Elle pensait, je crois, qu’il y avait du sorcier là-dessous, surtout quand elle vit l’ermite prendre du beurre dans ses mains ; puis, après avoir bien beurré le cou de Trémeur avec son couteau, lui replacer la tête entre les deux épaules et lui dire :

    -- Maintenant, mon ami, te voilà restauré ; ta tête est assez solide, tu peux courir le monde. Seulement gare au feu et à la chandelle ! Prends garde aux coups de soleil, car du beurre, vois-tu, ça fond à la chaleur, et adieu ta pauvre tête, mon garçon ! Te voilà prévenu. Mais avant que je te quitte, mets-toi à genoux, afin que je te baptise au nom de la Trinité.

    Trémeur se mit donc à genoux, et saint Herbot lui versa de l’eau sur le crâne, en disant : Ego te baptiso. Ce qui veut dire, si vous savez le latin : « Je te baptise avec de l’eau. »

    Voilà qui va bien, très-bien, si bien que saint Herbot vira de son côté et laissa Trémeur bien recollé, bien redressé et non moins étonné. Quant au reste du beurre, la fermière, le regardant comme ensorcelé, l’offrit, la bonne âme, à Trémeur, qui l’accepta et le mit dans sa poche pour son souper, vu que l’appétit commençait à lui revenir.

    Désormais notre homme pouvait voyager sans trop de crainte, par le temps couvert ; et, en prenant quelques précautions, sa tête, à la rigueur, valait autant que celle de bien des gens. Il est vrai que ses yeux étaient un peu fixes et hagards, et qu’il ne pouvait plus tourner le cou ; mais quand on a été sur le point de perdre à jamais la boule, on ne doit pas y regarder d’aussi près.

    II

    Trémeur eut, dit-on, de belles aventures. Comme il aimait la guerre, il tua plusieurs géants, ogres et bêtes féroces qui désolaient le pays.

    Il est bon de vous dire qu’il avait juré de ne pas se marier, et, en cela, il n’avait peut-être pas tort, vu que, si une beauté lui eût tourné la tête, adieu la colle et le reste… Vous comprenez.

    Pourtant le diable, celui qu’on nomme chez nous le vieux Guillaume, non pas le lugubre Satan, mais un diable comique, tendre et bon enfant ; donc, ce farceur de diable-là avait aussi juré de jouer un tour à Trémeur, parce que Trémeur, en se convertissant, lui en avait joué un autre. Satan voulait le rendre amoureux, naturellement, pour lui faire perdre la tête une seconde fois.

    Voilà donc qu’un jour notre homme, en passant dans une forêt, rencontra un vieillard tout à fait vénérable, et qui pleurait comme une Madeleine, sauf qu’il avait une vilaine barbe rouge.

    -- Qu’avez-vous donc, vieux père ? lui dit-il avec compassion. Pourquoi pleurez-vous ?

    -- J’ai bien sujet de pleurer, répondit l’autre, en grinçant. Voyez-vous, là-bas, les hautes murailles d’un manoir maudit ? Eh ! bien, ma fille unique est là, prisonnière d’un méchant ogre, qui doit la manger ou l’épouser demain ; ce qui est à peu près la même chose.

    -- Ah ! fit Trémeur, je ne dis pas non ; mais je n’aime pas à me mêler à des aventures où il y a des femmes ; ça ne vaut jamais rien.

    -- Oh ! oh ! s’écria le tentateur, vous êtes un drôle de corps ! mais ma fille n’en sera pas moins mangée, puisque vous, qui avez l’air si vaillant, vous n’avez pas le cœur de…

    -- Halte-là, mon vieux ! On n’a jamais dit que Trémeur fût un lâche : pour la tête, passe encore, mais le cœur est fort ; ainsi donc, vu que le temps est couvert, je m’en vais la chercher, votre fille. En attendant, vous, priez pour moi.

    L’homme rouge fit entendre une sorte de rugissement à ces mots ; mais Trémeur était déjà en route, et comme il ne pouvait détourner la tête, il ne vit pas le vieux coquin faire une gambade sur ses pieds fourchus et une grimace de possédé.

    Voilà qui va bien, comme disait le sacristain.

    Je ne perdrai pas de temps à vous raconter comment le fils de Comorre fendit l’ogre en deux, d’un seul coup de hache, et sauva la fille du diable. Ah ! ce n’est pas ce qu’il fit de mieux, en vérité ; car on dit que la fille du diable court encore par le monde et que ses petites-filles, les mauvaises pensées, volent et s’étendent comme d’horribles vapeurs sur la triste humanité… Toujours est-il qu’une heure après, il revint dans la forêt, vers l’endroit où il avait laissé l’homme rouge. La jeune demoiselle étant trop faible pour marcher, se laissait porter par Trémeur, que ça n’arrangeait pas trop, vu qu’elle se cramponnait à son pauvre cou et qu’elle était diablement jolie. Trémeur avait beau chercher ; impossible de retrouver le vieux père. Il suait à grosses gouttes ; le soleil passait par endroits à travers le feuillage. Il s’aperçut bientôt avec effroi que le beurre commençait à couler sur sa poitrine, et déposa malgré elle la jeune fille sur la terre.

    -- Vous n’allez pas m’abandonner, au moins ? dit la belle en pleurnichant.

    -- Comment faire ? répondit Trémeur, assez inquiet. Je vous ai sauvée, ma belle dame, pour vous rendre à votre père. Où est-il ? dites-le : je vous conduirai n’importe où…, si le temps est couvert.

    -- C’est inutile, reprit la commère ; mon père ne me recevra plus chez lui, parce qu’un chrétien m’a portée dans ses bras. Je suis perdue ! Ah ! ah ! ah !…

    Et puis des larmes, en veux-tu ? en voilà.

    Le bon Trémeur, dans cette terrible passe, éprouvait, comme on dit, une fière suée, si bien que le beurre fondait, fondait toujours de plus en plus. Voilà qui va mal ! Encore quelques minutes, et sa tête, qui branlait déjà, allait glisser de dessus ses épaules…

    Par bonheur, il se rappela que saint Herbot lui avait dit de faire le signe de la croix, quand il se verrait en mauvaise veine. Ayant donc fait son signe de croix fort à propos, il ressentit subitement une sorte de frisson ; la colle cessa de fondre, et, à la place où la jeune fille avait été assise, il ne vit plus rien, rien du tout, que le gazon fumant et roussi… Il comprit que le diable était là-dessous et jura de plus belle que dorénavant on ne l’y prendrait plus, à se mêler d’aventures concernant fille, femme ou veuve.

    Après une telle affaire, — et vous conviendrez qu’elle avait été chaude pour lui, — Trémeur devait avoir une furieuse soif. Voyant le temps couvert et orageux, il se hasarda à sortir de la forêt. Une grosse pluie ne tarda pas à tomber, et notre camarade, qui avait oublié son parasol, fut bientôt trempé jusqu’aux os. Pourtant, il continua sa route et aperçut enfin une maison, une chapelle à l’enseigne de gui, comme c’était déjà la mode dans ce temps-là. La vue de cette enseigne de malheur augmenta encore sa soif, si bien que le voyageur s’approcha sans défiance de la porte de ce cabaret. Alors il remarqua qu’une femme se tenait assise au comptoir, sur lequel on voyait alignés des verres, des chopines, des pichets de vin et de cidre ; et tout cela était bien tentant pour un homme aussi altéré. Mais, à la vue d’une femme, il recula en soupirant, et, raffermissant sa pauvre tête qui en avait tremblé, il se disposait à se remettre en route, quand on le toucha à l’épaule.

    -- Eh bien ! l’ami, lui dit un homme un peu rouge, mais aimable, on passe devant la boutique à Bacchus sans dire bonjour ? La vieille Proserpina, mon épouse, que vous voyez là, verse pourtant bonne mesure aux pratiques, quoiqu’elle ait cent ans sonnés. Hé, hé, hé !!.....

    En entendant parler de cent ans, Trémeur se sentit rassuré, le malheureux ! Il ignorait qu’il y a des vieilles plus rouées que des jeunes. Il revint donc et entra dans le cabaret.

    Il aurait dû se méfier autant du cabaret que des femmes, jeunes ou vieilles ; mais la soif, la terrible soif, la pluie qui tombait, la vue des pichets de cidre, rien que la main à tendre et deux sous à donner ; ah ! un Breton, un vrai Breton n’y saurait tenir !

    Voilà qui va mal !… très-mal !…

    Trémeur entra donc, et, la langue épaisse, comme de raison, il demanda à boire un bon coup de sistr’- mad. La vieille lui en versa à pleins bords, dans un énorme pichet ; notre voyageur était tout trempé. L’homme rouge ralluma naturellement le feu, et fit asseoir Trémeur le plus près possible du foyer. Trémeur tenant le pichet sous son menton, se mit à boire avec délices, sans voir la sorcière qui riait, le feu qui flambait par derrière, et le beurre qui fondait rapidement sur son pauvre cou…

    Soudain le diable s’en mêla, pour sûr, car la tête décollée roula dans le grand pichet que le buveur tenait à deux mains. Or, le sacristain, qui était un fameux farceur, quoique fossoyeur de son état, disait que Trémeur continua à boire son cidre, avec tant d’ardeur, qu’il avala… (En vérité ceci est trop dur à avaler, tout de même) ! Mais que voulez-vous ? Il disait donc que Trémeur avait avalé sa tête, sa propre tête, et qu’il ne s’en aperçut qu’au moment de payer la dépense et de dire kenavo, bonsoir à la compagnie…

    Rassurez-vous : nous ne suivrons pas ce farceur de sacristain dans cette affreuse plaisanterie, et je vais vous dire la vraie vérité :

    Pour lors, le chef décollé ayant roulé dans le fond du pichet, l’homme rouge, qui se tordait de rire, attacha le pichet, avec une ficelle, sur le dos de Trémeur, et lui dit qu’on n’avait plus besoin, dans un cabaret, d’un imbécile sans tête, et par conséquent sans bouche, pour consommer le bon cidre. C’était assez naturel, et le pauvre Trémeur le comprit. Il se mit donc en route avec son pichet et sa tête sur son dos, et résolut d’aller trouver saint Herbot, son parrain, dans l’ermitage où il demeurait, près de la cascade qui porte son nom.

    -- Toc, toc. — Qui va là ? — Pas de réponse.

    Saint Herbot, ayant regardé par la lucarne, s’écria : — Voilà un drôle de vagabond, sans figure. Ah ! je parie que c’est mon filleul !… Tu t’es mis au soleil, ou trop près du feu, mon garçon : le beurre a fondu, et…

    -- Et ma tête a filé, et je viens vous la redemander, mon parrain.

    Trémeur ne répondit pas ainsi, comme de raison ; mais il essaya de le faire comprendre, à la manière des muets, en remuant ses épaules et son pichet.

    Ceci n’est pas trop clair, dit l’ermite ; il faudrait d’abord me dire où elle est, ta diable de tête.

    Alors, en secouant plus fort le grand pichet où le cidre clapotait joliment, Trémeur réussit à saisir la ficelle et fit signe à l’ermite de regarder dedans.

    -- Par les cornes de ma vache ! s’écria le patron du bon beurre, en examinant le pichet fatal, voilà sa tête, sa tête noyée dans du cidre ! Ah ! c’est un gros péché d’ivrognerie, et cette fois, mon pauvre garçon, il n’y a que notre Saint-Père le Pape qui peut t’absoudre et te restaurer, si c’est un effet de la volonté de Dieu. En attendant, mon fils, entre ici et causons un peu.

    -- Vous plaisantez, mon parrain. Comment voulez-vous que je cause ? avait l’air de dire Trémeur, au moyen de contorsions pitoyables.

    -- Ah ! c’est juste, dit saint Herbot en riant. Alors, repose-toi, mon garçon, tu partiras ensuite. À défaut de tête, je vois que tu as du cœur, et ça vaut tout autant, et même davantage.

    Trémeur vint donc s’asseoir dans la grotte ; puis, après s’être reposé, il se leva, fit ses adieux comme il put à son vieux patron, et partit par la route du Huelgoat, pour aller à Rome demander au Pape le pardon de ses péchés, et sa tête, s’il était possible de la rafistoler.

    Mais vous pensez bien que l’on ne peut aller à Rome sans boire ni manger, comme un aveugle qui va de Gourin à Carhaix. Aller à Rome ! Seigneur Dieu !! Épouvanter le pape et les cardinaux, en leur montrant un tel fantôme ambulant, avec sa tête dans un pichet sur son dos !… Non, non, cela n’était pas possible ! Dieu, qui lui laissait la vie, ne pouvait le permettre ; en sorte que le malheureux, marcheur infatigable, resta dans le pays breton, où il ne cessait d’errer au hasard, allant et venant, pour se rendre à Rome où tendaient tous ses vœux.

    Spectre horrible ! il marchait ainsi nuit et jour, comme l’ombre du trépas, priant d’intention, priant sans cesse, et demandant à Dieu d’abréger son épreuve. Il marchait depuis si longtemps, qu’il devait se croire bien près de son but. Ses forces commençaient à s’épuiser. Enfin, un soir, après avoir monté la grande côte de Carhaix, l’homme sans tête, accablé de fatigue, voulut s’appuyer contre le mur du cimetière ; mais il manqua son coup : le maudit pichet donna contre une pierre et fut mis en pièces, si bien que la malheureuse caboche roula dans la poussière du chemin, où le décapité essaya, durant la moitié de la nuit, de la retrouver à tâtons. Par malheur, sa tête avait roulé trop loin sur la pente ; il lui fut impossible de la rattraper, et il tomba mourant dans la douve du chemin.

    En vérité, on en mourrait à moins, comme disait le fossoyeur en riant.

    Voilà l’histoire de l’homme sans tête. Elle m’a été racontée par mon grand-père, qui la tenait du vieux Bornik, sacristain du monastère.

    Finalement, je vous engage à aller vous promener du côté de Carhaix, si vous ne connaissez pas ce beau pays : vous y verrez le saint sans tête. Il est toujours là, à la place où il tomba jadis, couché contre le talus du cimetière de Saint-Trémeur ; seulement il est changé en pierre, naturellement, pour durer davantage sous le soleil et la pluie, et pour rappeler au monde cette histoire surprenante et surtout véritable.

    Pour moi, je dis en finissant que, si Trémeur avait perdu sa tête, il avait gardé un cœur fort ; ce qui prouve peut-être que le cœur vaut mieux que la tête.

    -- Et nous, mes amis, nous pensons absolument comme notre naïf conteur ; car c’est le cœur, en effet, c’est-à-dire le dévouement, l’abnégation et la charité qui font ici-bas les héros et les saints.

    Lu au Congrès d’Auray, le 29 août 1878.

    #légende #Bretagne #saint #beurre #fantôme

  • Cartographie numérique : La carte, objet éminemment politique : vers un déconfinement différencié par départements
    http://cartonumerique.blogspot.com/2020/05/la-carte-du-deconfinement.html

    Le gouvernement français a fait connaître la carte destinée à préparer le déconfinement qui sera mis en oeuvre à partir du 11 mai 2020. Il s’agit d’un déconfinement progressif qui sera différencié en fonction des départements. Il s’agit d’une situation inédite qui introduit une différenciation, voire une inéquité entre les territoires de la République. Cette carte, en apparence assez simple avec ses trois couleurs vert-orange-rouge, pose question sur le plan sémiologique. Elle interroge quant au choix des données et au sens général à lui accorder. Aussi peu scientifique que pédagogique, la carte du déconfinement s’est transformée en mème sur les réseaux sociaux où elle fait l’objet de détournements humoristiques.

    #cartographie #covid-19

    • Covid-19 : des cartes très politiques

      Le système de #classement des #départements utilisé par le #gouvernement pour préparer le #déconfinement n’a que l’apparence d’une démarche scientifique.

      Lors de sa conférence de presse de jeudi, le ministre de la Santé a présenté trois cartes « reflétant l’activité virale du Covid-19 » dans les départements français, sur lesquelles sera en partie fondée la stratégie de déconfinement à partir du 11 mai.

      Avec leur classement en trois catégories des départements, elles apparaissent comme la garantie que les décisions du gouvernement seront fondées sur une analyse statistique objective. Pourtant, les cartes ne sont pas des images « scientifiques » indiscutables (1), surtout lorsqu’elles sont utilisées par des politiques en temps de crise. Il est donc important de déconstruire l’idée qu’il existe des départements rouges, orange et verts.

      Un #titre, une #légende

      Une carte n’est vraiment lisible que si elle comprend au moins un titre et une légende qui explique les choix graphiques opérés. Celles qui ont été diffusées jeudi comportaient des légendes lacunaires : pas de précision sur les pourcentages décrivant la « circulation active de l’épidémie » (carte 1), pas de description de la « capacité » des hôpitaux pour analyser la « tension hospitalière » (carte 2), pas d’information sur la façon dont la « synthèse » est établie (carte 3).

      Quelles sont les sources, la date ou la période de référence ? Aucune réponse à ces questions, même si les jours suivants, une précision sur les pourcentages a été ajoutée sur la première et la deuxième carte. Pour leur défense, elles sont issues d’une conférence de presse où Olivier Véran donnait des explications plus précises, mais il est étonnant qu’aucun document plus explicite n’ait été diffusé ensuite.

      Le titre de la première carte est problématique : ce qui est montré sur celle-ci ne correspond que très partiellement à « la circulation active du virus », car cela impliquerait de rendre compte d’un mouvement sur une certaine durée. On attendrait donc un indicateur dynamique montrant un flux ou comparant un état à deux dates précises. Or nous avons ici la représentation d’une moyenne de pourcentages statiques, à savoir la part de suspicion de cas de Covid-19 parmi les passages aux urgences par jour et par département.
      Problème de données

      C’est pourtant ce critère qui a valu au Cher, à la Haute-Corse et au Lot d’être classés rouges alors que leurs voisins étaient souvent verts. Le gouvernement a remédié à cette « erreur » dès le lendemain. Comment ? On ne sait pas : d’après les chiffres publiés les jours suivants (2), certains départements passés du rouge au vert possèdent toujours des parts importantes de suspicion de Covid-19 parmi leurs passages aux urgences (plus de 20% de moyenne sur sept jours pour la Haute-Corse jusqu’à dimanche, par exemple).

      Cette erreur de comptage révèle un autre problème fondamental : l’indicateur choisi pour exprimer la circulation du virus est apparemment trop réducteur, car trop sensible aux infimes fluctuations qui peuvent être enregistrées d’un jour à l’autre dans les départements les moins touchés et les moins peuplés. Des particularités liées au jour de l’enregistrement (il y a moins de passage aux urgences les dimanches) ou une erreur de saisie ou de calcul seront très visibles dans les pourcentages produits à partir d’une petite population comme dans le Lot (81 passages par jour en moyenne), alors qu’elles seront presque totalement lissées avec une population importante comme à Paris (885 passages).

      Le dimanche 26 avril, 52 passages aux urgences ont par exemple été enregistrés dans le Lot, dont 2 étaient dus à une suspicion de Covid-19 (soit 3,8%). Avec ce mode de calcul, il aurait suffi de 4 personnes de plus avec suspicion de Covid-19 ce jour-là pour que le pourcentage monte à 11,5%, et que le département tombe dans la catégorie rouge. En comparaison, 4 passages de plus n’auraient provoqué que 0,5% d’augmentation de la part des suspicions Covid-19 aux urgences à Paris. Le lendemain, il y a eu 102 passages dans le Lot dont 11 pour une suspicion Covid-19, soit une « circulation active du virus » de 10,8%… Bien que les cartes du gouvernement fassent une moyenne sur sept jours (ce qui ne lisse que partiellement ces fluctuations), il est clair qu’un tel indicateur n’est pas assez stable ni assez complexe pour fonder la stratégie de déconfinement (3).
      Discrétisation

      Un autre problème tient à la manière dont les catégories (vert, orange, rouge) ont été construites. Admettons que la carte de « la circulation active du virus » publiée mercredi soit fondée sur les moyennes de la part quotidienne de passages aux urgences dus au coronavirus entre le 22 et le 28 avril. Sur cette période, 33,8% des passages aux urgences dans le Cher sont dus à une suspicion de Covid-19, il y en a 10,2% dans la Nièvre et 9,7% dans l’Yonne. Selon les catégories du gouvernement, la Nièvre et le Cher, qui ont plus de 20% d’écart, sont englobés dans la même catégorie rouge (supérieur à 10%), alors que l’Yonne est dans la catégorie orange (de 6 à 10%).

      Injuste semble-t-il ? Ceci correspond au problème de la discrétisation, qui désigne la répartition des valeurs en catégories, effectivement nécessaire à la lisibilité de ce type de carte. Pour choisir les seuils qui les déterminent, il existe plusieurs méthodes statistiques. Ici, il y a eu discrétisation, mais on ne sait pas comment. A quoi correspond donc ce seuil de 10% qui risque de prendre beaucoup d’importance dans nos vies les prochaines semaines ? Un seuil épidémiologique établi scientifiquement ou statistiquement ? Un nombre choisi pour sa rondeur ?

      Autre problème : le nombre de catégories. Suivant les règles habituelles de représentation des données (la sémiologie graphique) (4), un nombre minimum de quatre catégories – idéalement cinq – serait préconisé. Ici, les raisons politiques ont dicté un résumé de la réalité en trois catégories simplificatrices ; il devrait n’en rester plus que deux en fin de semaine.

      Problème de #sémiologie

      Pour signifier visuellement la progression continue de pourcentages, la sémiologie préconise d’utiliser une même gamme de couleur, du clair au foncé. Selon ces règles, les cartes de la « circulation active du virus » et de la « tension hospitalière » sont donc fausses, car elles passent du vert, à l’orange, au rouge. Aucun cartographe n’est tenu d’appliquer absolument ces règles. Toutefois, cette entorse révèle un choix graphique à but politique : elle sert à faire correspondre les cartes à l’opposition binaire entre « vert » et « rouge » exposée quelques jours plus tôt par le Premier ministre devant le Parlement.

      C’est l’application visuelle d’une rhétorique politique, dont l’efficacité est renforcée par les connotations des deux couleurs choisies : vert = bien, sécurité ; rouge = mal, danger. Cela nous force à lire une séparation radicale entre les départements alors qu’il n’en est rien dans les données de départ. C’est peut-être pour cette raison que les cartes de jeudi ont provoqué la colère des habitants du Lot, de la Haute-Corse ou du Cher, choqués de se découvrir rouges.

      Ces cartes ne sont pas justes. Elles ne sont pas non plus complètement fausses. Elles constituent en revanche de parfaits (et très grossiers) exemples d’utilisation politique de cartes statistiques, qui jouent sur les nombreuses alternatives offertes aux cartographes. Les cartes sont des discours et doivent donc être contextualisées, datées, sourcées, signées et, en retour, critiquées. C’est à ce prix qu’elles peuvent être comprises pour ce qu’elles sont : au mieux de merveilleux outils heuristiques et pédagogiques, au pire des images de propagande potentiellement dangereuses.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/05/05/covid-19-des-cartes-tres-politiques_1787381

    • Exemples d’autres cartes possibles avec les mêmes données :
      https://signaletbruit.substack.com/p/ce-que-le-dbat-autour-de-stopcovid

      Illustration de notre premier numéro sur la mise en données du COVID-19, cette cartographie montre l’impact des conventions de représentation sur notre appréhension d’une réalité. En gardant le même indicateur (hospitalisations pour 10000 habitants) et les mêmes données, mais en faisant varier la taille des catégories utilisées, on obtient 4 cartes très différentes. L’auteur n’a malheureusement rien pu faire pour la Côte-d’Or et le Doubs.

  • Du camembert normand aux bêtises de Cambrai, en passant par le cassoulet toulousain et la choucroute alsacienne : retour sur les légendes culinaires ! Ou comment la cuisine devient un élément du patrimoine national…

    #histoire #patrimoine #légendes #cuisine #alimentation

    https://sms.hypotheses.org/22355

    Top Chef , Cauchemar en cuisine , Masterchef : la multiplication des émissions culinaires nous abreuve d’anecdotes sur l’origine des recettes ou de certains produits. Que ce soit la galette des rois à la frangipane, les cannelés de Bordeaux, les bêtises de Cambrai, ou encore le Roquefort – sans oublier la tarte tatin – tous s’appuient sur une légende censée être valorisante. Un rapide tour d’horizon montre toutefois que nombre de ces légendes sont souvent assez improbables ou juste totalement fausses.

    Loic Bienassis, chercheur associé en histoire à l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation, s’intéresse à l’origine de ces légendes en France. Ce faisant, il cherche à comprendre pourquoi elles suscitent autant d’enthousiasme et quel est leur rôle dans l’établissement du patrimoine gastronomique (...)

    • Du brie de Charlemagne à la tarte renversée des sœurs Tatin : essai d’analyse des légendes culinaires et de leurs usages
      https://journals.openedition.org/insitu/25298

      Tentons tout d’abord d’apporter un peu de clarté dans le maquis des généalogies fantasmées. Il semble possible d’identifier trois familles de récits. La première d’entre elles regroupe ceux construits autour du motif de l’heureux accident – ce que traduit le concept, désormais consacré, de sérendipité2. Au sein de cette catégorie, on trouve le « manqué », ce riche gâteau en pâte à biscuit, doré et souvent parsemé d’amandes. En 1842, après avoir raté la neige de blancs d’œufs pour faire un biscuit de Savoie, un ouvrier-pâtissier parisien aurait ajouté du beurre pour se rattraper et lancé cette nouvelle recette3. On reste toutefois sceptique puisque les gourmets du xviiie siècle mangeaient déjà des « biscuits manqués », d’un type certes fort différent, et que l’on repère depuis les années 1820 au moins4 des recettes très proches de celle que nous connaissons.

      Deuxième origine classiquement invoquée : l’importation. Prenons la frangipane. On lit généralement qu’un noble italien de la famille des Frangipani a donné son nom à un parfum de son invention, parfum utilisé pour les gants avant qu’il n’entre dans la composition de la crème de nos galettes des Rois10. Une lettre de Guez de Balzac de mai 1634 vante effectivement la réputation des « gants de Frangipani » et attribue cette invention au marquis Pompeo Frangipani, son contemporain. On ne sait pas grand-chose de la composition originelle de ce parfum et si l’appellation a très vite gagné la cuisine, l’appareil des « tourtes de frangipane » ne comportait pas nécessairement d’amandes. La préparation canonique moderne ne se stabilisera qu’au xxe siècle. En clair, il s’agit d’une pâtisserie bien française au nom italianisant11.

      Mais nous touchons ici au troisième type de récit, qui se caractérise non par une structure récurrente mais par un contenu similaire : la référence à l’histoire avec un H majuscule. Dans un premier cas de figure, le motif de l’importation se superpose à cet arrière-plan. On vient de le noter pour les croisades, toile de fond sur laquelle se déploient plusieurs légendes.

      Ces contes font florès en raison des fonctions qu’ils remplissent. La première est celle de l’ennoblissement. Questionnant la véracité des légendes historiques, le folkloriste Arnold Van Gennep relevait qu’elles sont l’objet d’un déplacement temporel – alors que, contrairement au conte, elles se rapportent à des événements datés. Il s’agit soit d’un vieillissement, qui consiste à décaler un événement de plusieurs siècles en arrière ou, plus souvent, à le reporter dans un passé indéterminé et lointain, soit d’un rajeunissement, un événement ancien étant rattaché à un personnage ou à un épisode plus récent, et Van Gennep de citer les constructions, ruines, armes et ossements enfouis, attribués aux armées de Napoléon en de nombreux pays d’Europe23.

      Dans le cas qui nous occupe, sans exclure que des rajeunissements soient parfois opérés, le processus de vieillissement domine de très loin.

      Ces récits remplissent aussi une fonction d’intelligibilité. Une date est fixée, un créateur identifié. L’importation, le raté réussi ou l’invention simplifient le réel, apportent des réponses claires. Ils rendent compte de l’innovation et de la rupture. Le voyageur ou l’accident sont à même de générer de l’inédit. On laisse de côté toute idée de tâtonnement, les avancées incertaines, les évolutions mal datées. Un processus complexe, diffus, est remplacé par un découvreur unique, tel Dom Pérignon à qui l’on attribue, à tort, la mise au point du vin de Champagne pétillant28. En cela, ces récits sont en concordance avec les nombreux mythes qui jalonnent l’histoire des techniques en général, qu’ils portent sur la diffusion de celles-ci ou sur quelques inventeurs plus ou moins célèbres29.

      La promotion d’anonymes n’est que le reflet de la moindre dignité du champ culinaire et l’enrôlement de noms fameux qui n’y peuvent mais peut passer pour un moyen d’y remédier. L’histoire gastronomique écrite depuis plus de deux siècles se retrouve peuplée d’inconnus n’ayant jamais existé ou de grands personnages embrigadés sans raison. Très rares sont les authentiques obscurs qui, comme Marie Harel, accèdent à une petite notoriété grâce à la création dont on les crédite.

      #invention #sciences #techniques #cuisine #histoire

  • Des légendes urbaines en URSS - Interview avec Anna Kirziuk et Alexandra Arkhipova - Spokus
    https://spokus.eu/legendes-urbaines-urss-anna-kirziuk-alexandra-arkhipova

    Les folkloristes russes Anna Kirziuk et Alexandra Arkhipova publient le premier ouvrage consacré aux légendes urbaines en URSS. Cadavres dans le kvas, signes cachés par les « ennemis du peuple » ou kidnappings en Black Volga … ces récits sont-ils le reflet des peurs soviétiques ? Que penser des plus récentes rumeurs autour du Blue Whale Challenge ? Nous restituons ici le fruit d’un échange passionnant, entre France et Russie, avec ces deux chercheuses et spécialistes des légendes urbaines !

    #urss #légendes_urbaines #urban_matter #littérature

  • De l’anneau unique à Smaug : comment Tolkien a puisé son inspiration dans les légendes scandinaves
    https://www.franceculture.fr/litterature/anneau-unique-smaug-terre-du-milieu-comment-tolkien-a-puise-son-inspir

    Gandalf et Saroumane ? Des facettes d’Odin. Les noms de lieux ? Traduits du vieux norrois. L’anneau unique ? Inspiré de la Völsunga Saga... Professeur d’anglais médiéval passionné par la mythologie germano-scandinave, Tolkien a beaucoup puisé dans les anciens récits nordiques pour créer son univers.

    #Tolkien #légendes #mythologies #seigneur-des-anneaux

  • A lire absolument : Que reste-t-il du champ des possibles ouvert par la zad ?
    https://iaata.info/Que-reste-t-il-du-champ-des-possibles-ouvert-par-la-zad-3477.html
    https://iaata.info/home/chroot_ml/ml-toulouse/ml-toulouse/public_html/local/cache-vignettes/L200xH200/arton3477-583cb.jpg?1560969595

    Une critique de la normalisation des activités à la zad, et du déploiement du fonds de dotation visant à acheter terres et bâtis.

    Particulièrement pour celleux qui pensaient trouver une auto-analyse critique dans la traduction de Pour l’amour de la victoire : lettre ouverte à Extinction Rebellion de ZADIBAO, presenté comme une mise en garde autour de la victoire

    Mais je sais aussi ce que l’on ressent quand le système, réalisant que nos victoires sont une menace pour sa survie, se retourne contre nous. Je sais que l’on n’est jamais prêt-e à faire face à la véritable répression quand elle s’abat sur nous. Elle prend parfois la forme de la criminalisation médiatique ou celle du bruit des matraques s’abattant sur nos crânes. Mais souvent elle se faufile par-derrière, dans une stratégie d’assimilation et d’incorporation qui transforme nos actions en leurs mots, mots qui deviennent alors des outils pour se donner des airs écologiques ou construire leurs slogans électoraux. Ceci est donc autant une lettre de mise en garde qu’une lettre d’amour, ou plutôt une lettre qui parle d’amour et du fait que peut être l’une des meilleures manières d’être rebelle aujourd’hui implique de tomber amoureux-se de quelque part, de s’y attacher si profondément que l’on est prêt-e à tout pour défendre la vie qui s’y trouve. Ceci est un appel à habiter pleinement, passionnément.

    ... et alléché comme moi à cause de la photo « TELL THE TRUTH » qui l’illustre ! https://zadibao.net/2019/06/21/pour-lamour-de-la-victoire-lettre-ouverte-a-extinction-rebellion

    #ZaD #NDdL #XR #Extinction_Rebellion #victoire #compromis #légende #histoire

    • L’excellente analyse parue sur Iaata, sans haine et avec une sérieuse projection politique, a été publiée de manière résumée (et donc moins précise) sur Reporterre :
      L’achat des terres à l’État signe la « mort politique » de la Zad de Notre-Dame-des-Landes : https://reporterre.net/L-achat-des-terres-a-l-Etat-signe-la-mort-politique-de-la-Zad-de-Notre-D

      De manière assez surprenante, Reporterre ne donne pas de lien vers la source du texte complet mais a, par contre, ajouté un lien vers la réponse qui lui a été faite, à cette tribune donc, par le groupe "légaliste" de la zad. Ça donne un texte assez bizarre, très "comptable", sur la défensive et peu axé sur le sensible où, encore une fois, ne sont exprimés ni doutes, ni regrets, et encore moins la rage de s’être fait berner... chose logique pour un groupe qui doit absolument "vendre" la levée de fonds pour sauver des terres...
      Voici donc la réponse : Notre-Dame-des-Landes : La Zad est bien vivante et fait vivre l’alternative
      https://reporterre.net/Notre-Dame-des-Landes-La-Zad-est-bien-vivante-et-fait-vivre-l-alternativ

      Le site zad.nadir a décidé de consacrer une page à ce débat. On retrouve donc les deux textes :
      Que reste-t-il du champ des possibles ouvert... , pour lequel le site fait une note préliminaire où, par un habile retournement, il fait passer l’action de boycott du site comme cause du manque d’information (alors que le boycott en était la résultante !) ce qui, pour le coup, situe la suite de la réponse préliminaire : https://zad.nadir.org/spip.php?article6583
      – le texte de réponse à la tribune de Reporterre ne présente, quand à lui, aucune note préliminaire du site : Réponse à ceux qui voudraient fermer le champ des possibles sur la zad de NDDL  : https://zad.nadir.org/spip.php?article6584

      Comme le zad.nadir cite / critique indymedia, je mets aussi le lien vers l’analyse "enrichie" de multiples commentaires sur indymedia nantes : Que reste-t-il du champ des possibles ouvert par la zad ?  : https://nantes.indymedia.org/articles/45879

    • Voici une troisième vision sur le thème. Cette fois-ci c’est un autre groupe qui répond, et qui me semble, pour le coup, bien plus en phase avec la réalité de la zad que la première réponse. En tout cas elle est beaucoup plus humble, bien plus hésitante, ne nie pas les problèmes et constate même certains échecs dont une désertion de soutiens précieux à cause de la légalisation :
      Un an après les expulsions, qu’est-ce qu’on fait encore sur la ZAD ? : https://zad.nadir.org/spip.php?article6586

      Il y a plus d’un an que les expulsions et l’abandon de l’aéroport on transformé ce qui se vivait sur la ZAD. Tout a été bousculé et depuis ces évènements on entend souvent qu’il est difficile de savoir ce qu’il se passe sur la ZAD. Il y a peu de récits qui sortent, et ce qui sort représente souvent une vision très manichéenne : soit on lit que tout est merveilleux et qu’on a tout gagné, soit on lit que toutes les personnes qui y restent encore sont des traîtres. Ce qu’on y vit est bien plus complexe. On est un petit groupe de gens d’affinités semblables. Quelques personnes parmi nous sont impliquées dans des structures collectives depuis longtemps, et d’ autres sont arrivées plus récemment. Notre position est plutôt celle de personnes qui habitent là et qui y suivent encore des activités. Avec ce texte on essaie donc de raconter un peu où ça en est pour nous.

    • Merci pour le lien vers ce chouette texte ! Comme ça ne se présente pas en « réponse à », je comptais en faire une publication à part entière dans la soirée mais y’a tant et tant d’infos importantes que j’aurai pu oublier de le faire comme hier soir déjà (mais c’était sur facebeurk donc ça compte pas !)
      J’ajoute un lien vers https://web.archive.org/web/20190710113158/https://nantes.indymedia.org/articles/45989 parce que je sais pas pour les autres mais chez moi c’est une galère sans nom d’aller sur indymedia depuis quelques semaines... Et puis, comme je l’ai dit ailleurs, au moins comme ça l’article est précieusement conservé quoi qu’il arrive.
      Quand à la « réalité de la zad » elle ne peut évidemment être, comme toute réalité, que multiple, ça va sans dire, et c’est précisément ce possible des multiples qui m’a fait la défendre, et lorsque j’utilise cette expression ça ne parle que de la zad que je ... connaissais, puisque je n’y vais plus.

  • Quelques extraits de la #BD
    #Humains, #La_Roya est une fleuve , dont il a déjà été question ici :


    https://seenthis.net/messages/693475

    Extraits :


    #ligne #ligne_frontalière #zone_frontalière #frontière_mobile


    #histoire #Giraude #grillage #barrières_frontalières


    #walls_don't_work


    #pas_de_la_mort #campement


    #tunnel #refoulement #push-back #risque


    #légende_de_mamadou #passeurs #vêtements


    #ouverture_des_frontières


    #Roya_citoyenne #délit_de_solidarité #business #armée #militarisation_des_frontières #drones


    #jeu_de_l'oie #migrerrance


    #Bella_ciao #fête


    #Méditerranée #mer_Méditerranée


    #memoria_delle_Alpi


    #20_km #20_kilomètres #Sospel #PAF #police_aux_frontières


    #illégalité #légalité


    #sans-papiers #papiers


    #Francesco_Biamonti


    #Briançon #Hautes-Alpes


    #ouvrir_les_frontières


    #inhumanité


    #mourir_aux_frontières #décès #mort


    #invisibilité #invisibilisation


    #neige #froid

    #bande_dessinée #livre #frontière_sud-alpine #solidarité #frontières #asile #migrations #réfugiés #Cédric_Herrou #Vintimille #Italie #France #Menton #Alpes #montagne

    ping @nepthys @reka

    • Dans la BD on cite le #livre
      "Les Paroles la nuit" de Francesco Biamonti

      Dans l’obscurité de la nuit, sur les sentiers des collines ligures battues par le vent, parmi ces terres arides, de roches et d’argile, de ronces, d’oliviers et de mimosas, erre une humanité inquiète en proie à la violence qui règne sur les côtes : ce sont les laissés-pour-compte de la modernité occidentale, attirés par la frontière française, à la recherche d’une terre d’accueil.

      Des coups de feu, un bruissement dans les arbres, les restes d’un bivouac, des traces de sang, un cadavre retrouvé au petit matin sont les signes du passage de ces hordes de damnés, incarnés par deux personnages poignants, un homme et une petite fille kurdes qu’un implacable destin poursuit.

      Donnant voix aux silences de Leonardo et de ses amis, à leurs remords, à leur perception des événements et des choses, l’auteur nous livre des tranches d’existence qui se détachent sur un paysage à la lumière changeante ; la dérive de notre monde malade revient sans cesse dans une conversation suspendue au-dessus de l’abîme.

      http://www.seuil.com/ouvrage/les-paroles-la-nuit-francesco-biamonti/9782020350105

  • #Penan Community Mapping: Putting the Penan on the map
    https://www.youtube.com/watch?v=KwGdEzh1e3w


    #cartographie #visualisation #peuples_autochtones

    #vidéo reçue via la mailing-list du Bruno Manser Fonds (26.12.2018):

    Chères amies, chers amis du Bruno Manser Fonds,

    Que diriez-vous d’une brève pause durant les fêtes ? Alors prenez-vous 12 minutes et apprenez comment les Penan sauvent la forêt pluviale avec des cartes topographiques.

    Avec la publication de 23 #cartes_topographiques de la forêt pluviale par le Bruno Manser Fonds, soudainement les Penan prennent vie sur la carte. Sur les documents du gouvernement, les rivières dans la zone penane n’ont pas de nom et les arbres utilisés par les Penan pour récolter le poison à flèches ou pour fabriquer des sarbacanes ne sont même pas signalés. Pour le gouvernement, les Penan ne disposent d’aucun droit sur leur forêt traditionnelle. C’est là qu’interviennent les cartes que nous avons publiées : elles démontrent les #droits_territoriaux des Penan et constituent un précieux instrument dans la lutte contre les sociétés forestières, qui défrichent illégalement la #forêt.

    Apprenez dans le bref #documentaire comment ces cartes servent la #forêt_pluviale et les autochtones ! Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à visionner la vidéo !

    Notre travail de cartographie a éveillé un grand enthousiasme en #Malaisie. D’autres villages de Penan, de même que d’autres groupes ethniques, se sont adressés à nous en nous demandant également de soutenir la cartographie de leur forêt pluviale. Ils souhaitent, au moyen des cartes, faire cesser les défrichages et la mise en place de plantations de #palmiers_à_huile sur leurs terres.

    #déforestation #cartographie_participative #huile_de_palme #cartographie_communautaire #résistance #Bornéo #visibilité #Sarawak #Baram #biodiversité #répression #community_mapping #empowerment

    –-------------

    Quelques citations tirées de la vidéo...

    Rainer Weisshaidinger, of the Bruno Manser Fonds:

    “When we came to the Penan area, the maps we had were from the British. They were quite good in telling us the topography, but there were no names. It was empty maps. The British cartographers did not have the chance to go to the communities, so very few rivers had names in these maps”

    #toponymie #géographie_du_vide #vide #cartographie_coloniale #colonialisme #post-colonialisme #exploitation

    “Joining the Federation of Malaysia on 16th of September 1963, Sarawak was granted self-government free from the British colonial administration. However, the government undertook no effort to map the interior areas. This lead to unfair and unsustainable #exploitation of the land and its people”
    #terre #terres

    Voici un exemple des cartes officielles:


    Comme on dit dans la vidéo: il n’y avait pas de mention des rivières ou des montagnes, ou des noms de villages...

    Simon Kaelin, of the Bruno Manser Founds:

    “The perspective from the government for this area... It was an empty area, for logging activity, for palm oil activity. Open for concessions and open for making big money”

    #extractivisme #concessions #déforestation

    Lukas Straumann, of the Bruno Manser Founds:

    “If you have a map with every river, having names (...) you see that it has been used for hundered years, it makes a really big difference”
    "The Penan started mapping their lands back in the 1990s, when they heard from indigenous people in #Canada that they have been very successful in claiming back their lands from the Canadian government, with maps

    Rainer Weisshaidinger, of the Bruno Manser Fonds:

    “To understand why these maps are important for the Penan community, it is because there is the Penan knowledge inside these maps”

    #savoir #connaissance

    Bateudah, community mapper:

    “Our work is to map the land. This is very important because it makes our community’s boundaries visibile”

    Rose Melai, community mapper:

    "All that is important in the forest is on the maps.

    The Penan worked about 15 years on their map...
    Au total, ils ont produit 23 cartes.
    Voici le coffret avec les cartes:

    Sophie Schwer, of the Bruno Manser Fonds:
    When they started, they relied in easy techniques, like skatch mapping and just the compass:

    But in the end they used the state-of-the art mapping #drones to present and show where their settlements are, so that they could no longer be neglected by the government.

    Le “mapping drone”:

    Peter Kallang, indigenous activist:

    “Community mapping can help to eliminate or reduce the #corruption, because you have everything there in black and white. It is so transparent. So when the government gives timber licences, when it overlaps with these, we can see from the map”

    #transparence

    Rainer Weisshaidinger, of the Bruno Manser Fonds:
    “The map of the government, they represent the government’s perspective, which means: nobody is in this area. The Penan map represents the Penan perspective on their own area. If you look at these maps, you will see that the Penan are living in this area. On each of these maps, it’s not only a topographic knowledge, there is a small history specific of this area. Below that, the drone images are very important, because it is very easy to mark one point. In order to give credibility to these maps, it was very important for the Penan to also be able to fly over their own villages to get the images of their villages.”


    L’histoire du village marquée sur la carte:

    L’image prise par les drones:

    Les cartes sont signées par les #empreintes_digitales des cartographes autochtones:

    Les empreintes digitales servent aussi à “valider” (c’est le mot utilisé dans le documentaire) les cartes.

    Un cartographe autochtone:

    “With these maps we document our history. Our myths and legends stay alive. The next generation will remember our way of life long after our elders have passed on”.

    #mythes #légendes #histoire #mémoire

    #ressources_pédagogiques (mais malheureusement la vidéo est disponible uniquement avec des sous-titres en anglais)
    #géographie_politique

    ping @reka @odilon

    Et je suis sure que ça intéresse aussi @_kg_

  • Trentino and Yugoslavia narrated through a legend: roots of Marshal Josip Broz #Tito in #Vallarsa

    In Trentino there is a valley where the surname Broz is widely diffused. During the second half of the 20th century, a peculiar legend took shape among these mountains. We are in Vallarsa, a few kilometers from the town of Rovereto, where – according to many locals – the origins of Josip Broz, that history will remember as Tito, are to be found. The Yugoslav Marshal was one of the most peculiar and controversial figures of the 20th century: Partisan leader, head of the communist state that split with the Soviet Union, a prominent figure on the international political scene and, above all, leader and symbol of a country that disintegrated violently shortly after his death. The relationship between Marshal Tito and the Vallarsa Valley is being talked about for some time, and not only in Trentino, so that the page dedicated to Tito on the Italian Wikipedia refers to him as “the seventh of fifteen children of Franjo, a Croat who probably originated from Vallarsa”.
    A legend from Obra

    The story originates in the area around the village of Obra, in the Vallarsa Valley, where there is a small settlement called Brozzi. It is said that the Broz surname has been present in the area for centuries. Transmitted orally, the legend spread and evolved over time, assuming different shapes and contours. There is however a version which is more or less codified. It is narrated that a family of the future Yugoslav president lived in a place called Maso Geche, a bit isolated from Obra and nearby settlements. Valentino Broz, “Tito’s grandfather”, took over an old house, transforming it in a family cottage. Valentino had four children. One of them died at a tender age, while Ferdinando, Giuseppe and Vigilio started contributing to the household by working in the fields and as lumberjacks, integrating these activities, as much as possible, with other occasional jobs. Just like for all the other families in that area, emigration was always an option.

    Parochial registers confirm the structure of Valentino Broz’s family. What we learn from memories passed down through the generations is that Giuseppe (according to archives, Giuseppe Filippo Broz, born on August 29, 1853) and Ferdinando (Luigi Ferdinando Broz, born on April 13, 1848) – or, according to other versions of the story, Vigilio (Vigilio Andrea Broz, born on November 27, 1843) – emigrated from Vallarsa to Croatia between the 1870s and the 1880s, most probably in 1878 or 1879. At that time, both territories were part of Austria-Hungary, and in those years many people from Trentino emigrated in the eastern parts of the monarchy. The story of foundation of the village of Štivor, in Bosnia Herzegovina, is probably the best known. According to legend, the Broz brothers were driven to emigrate by the possibility of being engaged in the construction of railway Vienna-Zagreb-Belgrade. Indeed, in those years a new railway line, connecting Bosanski Brod to Sarajevo, was under construction. The first portion was completed in February 1879, and the last one in October 1882.

    Some time later, Ferdinando (or Vigilio) returned to Vallarsa, while Giuseppe married a Slovenian girl, and in 1892 they gave birth to Josip Broz, who became known to the whole world as Tito. The news about Giuseppes’s fate reached the valley, mainly thanks to the information his brother brought home.
    Tito between history and conspiracy

    The legend from Vallarsa is not an isolated case. Since the end of the Second World War in Yugoslavia, but not only, speculations began circulating that Tito might have (had) Russian, Polish, Austrian or Jewish roots. His life, marked from a young age by participation in illegal activities of the Communist Party, sudden movings and use of false names, offered an ideal breeding ground for speculations and conspiracy theories. The doubts about Tito’s true identity, particularly diffused during the 1990s, recently have been reactualized due to publication of declassified CIA document that puts in doubt Tito’s knowledge of the Serbo-Croatian language.

    Apart from dozens of newspaper articles and many publicistic texts, the question of Tito’s origins has never been the subject of proper historiographic research. None of the scholars who seriously occupy themselves with history of Yugoslavia has ever shown any particular interest in this issue. Even the most recent Tito’s biographies, written by world-renowned historians such as Geoffrey Swain and Jože Pirjevec, don’t contain any reference to different theories about his origins, only a traditional version whereby Tito was the son of Franjo Broz, a Croat from Kumrovec in Zagorje, and Marija Javeršek, originally from village of Podreda, in Slovenia. The only partial exception is represented by considerations made by Vladimir Dedijer in his monumental biography of Tito, published in 1981. A former member of the League of Communists of Yugoslavia, sacked at the time of the Affaire Djilas, becoming a professional historian, in his book Dedijer attempts to refute speculations about Tito’s origins, reinvigorated after his death in May 1980.
    The birth and life of a legend

    In attempting to clarify the question, Vladimir Dedijer also makes reference to the Trentine case which, few months earlier, has been reactualized in Italy in an article appeared in the weekly Gente. The article has been published few days after Tito’s death, relying on a story transmitted orally over the years, according to some since the end of the Second World War, when the name of Josip Broz began to appear in the newspapers around the world. In addition to photos of the Vallarsa Valley and Maso Geche, the article contained statements of descendants of the family of Valentino Broz. Don Giuseppe Rippa, the then parson of Vallarsa, played an important role in defining the contours of the story, contributing to a process of consolidation of its credibility.

    It is possible that Vladimir Dedijer has come to know about the Trentin legend thanks to attention given to it in the newspapers of the Italian minority in Yugoslavia. Shortly after the publication of the above mentioned article on the weekly Gente, the weekly newspaper Panorama from Rijeka started showing interest in the story, sending a crew to Vallarsa to find out more details. After talking to Don Rippa and some other local personalities, such as writer Sandra Frizzera, and studying parish registers, journalists from Rijeka have come to a conclusion that there was no evidence of a relationship between Trentin and Yugoslav Brozes. Vladimir Dedijer reacted by publishing Tito’s family tree, compiled by Andrija Lukinović, archivist from the Historical Archive of Zagreb [now called the Croatian State Archive], on the basis of preserved parish registers. Using available data, Lukinović reconstructed the paternal-line geneaology of the Broz family from the beginning of the 17th century, when parish registers were started in Kumrovec. As far as the previous period is concerned, Dedijer remains cautious, nevertheless quoting different sayings whereby the Broz family originated in Bosnia, Herzegovina, Spain, Istria, France or even Italy. In any case, we are talking about the possible settlement in Zagorje more than four centuries ago.

    However, these information have not reached Trentino, where a word began to spread that in the whole Yugoslavia there have been no trace of the Broz surname. The descendents of the family of Valentino Broz continued releasing interviews, telling family stories and anecdotes. Also, it is narrated that representatives of Yugoslav government came to Obra, maybe even Tito himself. Many newspaper articles and reportage talked about physiognomic proximity, claiming that the Trentin Brozes bore a “remarkable resemblance” to Yugoslav leader.

    In 1984 it was decided to create a commission, as part of “The Popular Committee of Obra di Vallarsa”, composed of historians, journalists and the then major, with the aim of clarifying the question through meticulous researches and investigations. However, no definite answer nor concrete evidence has been reached. Did Tito have Trentin origins or not? Over the years, the same information continued to circulate, but the story became gradually consolidated.

    In the same period, the credibility of the story has been publicly recognized by some prominent personalities, such as politician Flaminio Piccoli, who has stated, on the occasion of a congress held in Rome in 1991, that Tito’s ancestors were from Trentino. Representative of the Italian Christian Democratic party (DC) in Trentino at the time, Piccoli asserted that he had “great respect” for Marshal Tito, because “his great grandfather was Trentin, originally from the region around Rovereto”. The story changes again – it was not Tito’s father, but rather his great grandfather who was from Trentino – but it is told by a prominent politician who met Tito personally.

    What also contributed to building credibility of the story were numerous publications dedicated to emigration from Trentino, an issue that, since the 1980s, has attracted increasing interest. Already in 1984, Bonifacio Bolognani – Franciscan friar and scholar originally from Trentino who moved to the United States – mentioned a legend from Obra in his book about emigration from Trentino, published in English. The local writers and historians are those who paid greatest attention to the story: Daniella Stoffella refers to it in her book about emigration from Vallarsa, while Renzo Grosselli mentions it in a study about emigrants from Trentino which is widely read. Remo Bussolon and Aldina Martini revived it in the most important work about the history of Vallarsa. The theory of Tito’s Trentin origins is also being mentioned in different academic essays published in other countries (Frédéric Spagnoli, 2009). We are talking about more or less precise publications, some of which treat the argument with caution, but that, often citing each other, contribute to strengthening the authoritativness of the legend.

    In the meantime, a local section of RAI [Italian public radio and television broadcaster] started to show an interest in the story, relaunching it periodically through tv reports. In 2008, a special program was dedicated to the legend of Obra, and on that occasion journalists from Trentino went to Croatia for the first time to hear the other side of the story. They went to Kumrovec, where they visited the birth house of Yugoslav leader and studied parish registers, trying to learn more about the history of Tito’s family and about his “Croatian father” Franjo Broz. But the question remained: Is it possible that Marija’s marriage with Franjo was her second wedding? Or rather, did she married Franjo after she gave birth to Tito and after Giuseppe Broz died?

    In the summer of 2015, a visit of Tito’s granddaughter Svetlana Broz to Vallarsa, invited to a culture festival to present her book about the Yugoslav wars, becomes the occasion to discuss the issue. Asked during an interview to comment on the theory about Tito’s Trentin roots, Svetlana Broz responded vaguely and compliantly, saying: “That theory is just a theory. I have documentation that proves that my grandfather was born in the Croatian village of Kumrovec, as stated in his official biography. However, I can neither confirm nor deny anything about his ancestors”. In such ambivalent spaces, the legend from Vallarsa continues to live. Narrated and repeated mostly in Trentino, from time to time it arouses the interest of a wider public.
    A story about Trentino and Yugoslavia

    Of all the legends about the origins of the Yugoslav president, the Trentin one is probably most closely related to the history and identity of a local community, unlike the others, often inspired by different conspiracy ideas. It evocates the history of the territory profoundly marked by the migration phenomenon and is paradigmatic of a broader history of emigration from Trentino at the end of the 19th century and of pervasiveness of collective memories in those valleys. Its diffusion beyond the borders of Vallarsa, began in the 1980s, followed a gradual opening-up of Trentino to the international processes and reinforcement of consciousness about its “place in the world”. Above all, it is an integral part of the process of ri-elaboration of the traumatic experience of migration which profoundly marked local community: discovery of illustrious ancestors can help in making a sense of loss.

    At the same time, this legend makes us think about the image socialist Yugoslavia projected abroad, about its perception in Italy and among inhabitants of one of the most remote valleys of Trentino. Considered a hostile country in the post-war period, over the following decades Yugoslavia was increasingly perceived by the Italian public as a close neighbor, so that relationships with the political leadership of socialist country were considered a question of public interest. It is narrated that inhabitants of the Vallarsa Valley had been deeply moved by Tito’s death in May 1980 and that a local parson “had recited the prayer for Josip Broz”. A few years later, when asked for his opinion about Marshal Tito, an inhabitant of the valley pointed out a change of perception: “There is no way to reconcile obscure and bloody events from his early years, ambition, will to power, sectarianism and violence of the first Tito with wise and prudent politician, magnanimous towards his enemies, which was the second Tito”.

    The Trentin roots of Yugoslav Marshal remain a legend. In all those years, no proof has emerged that confirms that Giuseppe Broz, who probably emigrated to Croatia and Bosnia in search of work, was Tito’s real father. On the other hand, the official version of Tito’s biography remains undisputed. But like all legends, regardless of their adherence to reality, the one about “Trentin” Tito immerse us in perceptions, imaginings and memories deposited at the intersection of personal life stories, local vicissitudes and the Great History.


    https://www.balcanicaucaso.org/eng/Areas/Italy/Tito-and-Vallarsa-The-history-of-a-legend-190146

    #histoire #légende #Trentino #Italie #ex-Yougoslavie #Yougoslavie #Obra

    #vidéo:
    https://www.balcanicaucaso.org/eng/Media/Multimedia/Marshal-Tito-and-Vallarsa
    #film

    ping @albertocampiphoto @wizo —> articolo disponibile anche in italiano: https://www.balcanicaucaso.org/aree/Italia/Compa-esano-Tito!-Storia-di-una-leggenda-190146

  • Les #situationnistes, ou l’esprit de #mai_1968

    L’#Internationale_Situationniste (IS) a la force d’un mythe. Il s’agit dans le #film L’Internationale Situationniste – de l’Histoire au #mythe de l’histoire d’une organisation et d’un homme, #Guy_Debord, qui prennent a posteriori l’aspect de pères spirituels de mai-juin 1968. Il s’agit de l’histoire de la construction d’un mouvement subversif, ainsi que de l’édification de son histoire, de sa #mémoire, de sa #légende. Il s’agit enfin de l’histoire de l’embaumement de contestataires par une société qu’ils étaient censés vouloir renverser.


    https://sms.hypotheses.org/13472

    #situationnistes #mai_68 #Debord

    L’Internationale Situationniste - de l’#Histoire au mythe
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=kMZ7NexbXpI

    #Livre :
    L’Internationale situationniste


    https://www.puf.com/content/LInternationale_situationniste

  • Gala, la muse de Salvador Dali, « à l’heure de #metoo »
    https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/08/24/gala-la-muse-de-salvador-dali-a-l-heure-de-metoo_5345571_3214.html

    Le Musée national d’art de Catalogne (MNAC), à Barcelone, dédie ces jours-ci une exposition à Gala, l’épouse et la muse de Salvador Dali. En jetant une lumière nouvelle sur son parcours personnel et artistique, il se pose la question de savoir si cette femme mystérieuse et ambitieuse qui déchaîna tant de passions a été injustement traitée par l’histoire.

    « Oui, sans aucun doute » assure, catégorique, Estrella de Diego, commissaire de l’exposition et professeur d’histoire de l’art à l’Académie des Beaux-Arts de San Fernando, à Madrid. « Nous en avons gardé l’image de ses contemporains, pas toujours flatteuse, alors qu’elle était un personnage beaucoup plus complexe et beaucoup plus intéressant », explique Mme de Diego.

    L’historienne, qui s’est donné pour mission « de sauver les femmes artistes victimes des préjugés du passé » étudie le personnage de Gala depuis presque vingt ans. La date de l’exposition, fixée depuis longtemps, est plutôt bien tombée : « C’est un peu Gala à l’heure de #metoo » dit-elle en souriant.
    Haine tenace

    Pas facile pourtant de lutter contre les images laissées par le temps. Luis Buñuel et André Breton ne supportaient pas Gala. Ils l’accusaient de leur avoir volé leur ami. La sœur de Dali, Anna María, lui vouait une haine tenace. La collectionneuse Peggy Guggenheim la considérait « jolie mais trop artificielle pour être agréable ». Quand à Coco Chanel, dont Gala était une fidèle cliente, elle disait du couple qu’il ressemblait « à des petits oiseaux qui se racontaient des histoires obscènes ».

    Je comprend pas le rapport avec #metoo je présume que c’est utilisé ici pour ne pas dire le mot féminisme. Ca fait 20 ans que cette historienne bosse sur ce sujet, que viens faire #metoo dans cette histoire ?
    #historicisation #femmes #légende_noir #paywall (si une personne peut le franchir et me faire profiter du txt ca serait super)

  • Image et narration (notes) – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/6363

    par André Gunther

    Opposer image et langage n’est pas une réponse satisfaisante pour décrire les usages communicationnels des images. La notion indispensable à cette description est la notion de narration, qui permet de dépasser l’approche essentialiste, au profit d’une compréhension intégrée des compositions qui, depuis les temps les pus reculés, proposent des supports de récit hybrides (chant, théâtre, opéra, illustration, publicité, cinéma, bande dessinée, journalisme visuel, etc.). Un récit est une forme symbolique qui comporte nécessairement une part énoncée ou énonçable. Mais le succès des récits hybrides indique que l’accompagnement visuel ou musical présente des avantages qu’il convient d’analyser.

    #Images #Narration #Légende

  • Notes anthropologiques (XV)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XV

    Bref éloge du cannibalisme (suite et fin)
    Seconde partie, la légende

    Dans les notes anthropologiques précédentes j’ai cherché à saisir le cannibalisme sous son aspect culturel, comme pratique sociale liée au défi et au don, comme une sorte de potlatch extrême au cours duquel on s’offre comme nourriture à l’autre. Le cannibalisme vu sous cet angle devient alors une pratique hautement spirituelle : nourrir l’autre de son humanité. Ce cannibalisme, en tant que sceau d’une civilisation reposant sur la vendetta au cours de laquelle la réciprocité est toujours à prendre, a marqué bien des sociétés guerrières et tribales sur tous les continents. Nous le retrouvons sur le mode d’un sacrifice propitiatoire aux dieux dans les sociétés plus complexes reposant sur la domination d’un peuple guerrier sur des peuples paysans, comme dans le cas des Mexica.

    L’opprobre jeté par notre civilisation chrétienne et hypocrite sur cette pratique interdit la plupart du temps d’en reconnaître sereinement la dimension culturelle. Nous la saisissons comme une dépravation des mœurs, comme un retour à l’état de nature. (...)

    #anthropologie #cannibalisme #transgression #ogres #Sade #légende #Kwakiutl #grizzly #Dionysos

  • Quand on cherche les traces de la #Résistance dans des #récits oubliés ou peu connus, on rencontre des visions de la Résistance éloignées des clichés. Ils sont le hors-champ de nombreux livres d’#histoire.

    http://sms.hypotheses.org/10339

    #résistance, #histoire, #seconde_guerre_mondiale, #guerre, #France, #lieu_commun, #imaginaire, #légende, #fait, #témoin, #témoignage, #récit, #stéréotype, #solidarité