#la_précarité_c'est_pas_du_cinéma

    • Lors de la soirée d’ouverture du cycle consacré à Depardieu, j’ai appris que la passation de direction serait effective le 1er Février. Lors de cette soirée, Monsieur Toubiana, vous évoquiez « la perte de l’insouciance » qui est, selon vous « une chose rare et précieuse ». Vous m’avez donc décidé à raconter mon expérience de la perte de cette chose rare et précieuse. Je profite de votre départ et de l’arrivée de Monsieur Bonnaud pour témoigner d’une indifférence voire d’un mépris du « petit personnel », ces gens qui font tourner la Cinémathèque et dont les conditions de travail sont déplorables. Alors, plutôt que de contenir ma tristesse je vais tenter d’en faire un acte politique, en soutien à toutes les personnes qui ont connu ou qui vivent encore cette situation. (...)

      A 18 ans, je rentre à l’université – université uniquement choisie pour sa proximité avec la Cinémathèque – je prends une carte d’abonnement et passe mes journées les fesses collées aux sièges des salles. J’apprends la vie par les films. Je découvre des cinéastes dont le cortège invisible accompagnent depuis mes jours. J’observe aussi avec admiration et envie les gens de l’accueil, ouvreurs, caissiers. Ouvreuse à la Cinémathèque, un rêve ultime. Un jour, j’ose enfin me renseigner et j’apprends que l’accueil de la Cinémathèque est géré par une société de sous-traitance . « Sous-traitance qu’est-ce que c’est ? ». Cette information ne me préoccupe pas car tout ce que je veux, c’est travailler à la Cinémathèque. Je suis prête à faire n’importe quoi pour cela. Finalement, après avoir passé un entretien d’embauche avec ladite société de sous-traitance, en novembre 2011, je suis rappelée en février 2012. Je suis euphorique. On me dit que j’aurais des contrats ponctuels. Je ne sais pas ce que c’est, moi « un contrat ponctuel » J’apprends donc que « ponctuel » correspond à un contrat à la journée ou à la semaine, renouvelable. Les 5 mois qui suivent, je m’évertue à gérer les files d’attentes d’une foule agitée et pas forcément agréable. C’est le moment de l’exposition Tim Burton, qui rencontre un succès fantastique. Tous les week-ends debout, dehors de 9h30 à 19h00 pendant 5 mois, par tous les temps. Le boulot est fatigant, pénible mais je suis heureuse. Plus rien ne compte car je suis très éprise de mon lieu de travail...

      Le texte de cette lettre filmée, son patron ex-mao, sa manageuse Mussolini, sa « caisse coffre fort »...
      https://www.fichier-pdf.fr/2016/02/01/lettre-ouverte-a-la-cinematheque-francaise/preview/page/1

      Une des tâches de la politique aujourd’hui serait de rendre visible ce qui est invisible. Ce pour quoi nous sommes à Cannes. Ce pour quoi nous avons besoin du cinéma. Dans le bunker du festival de Cannes, lors de la conférence de presse de Godard à Cannes (18 mai 2004)
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=1624

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    • Maj

      le 3 février, Frédéric Bonnaud, nouveau directeur de la Cinémathèque française a fait parvenir à la presse ce communiqué : « J’ai pris mes fonctions de Directeur général de la Cinémathèque française le 1er février 2016. Du 3 au 7 février se tient, à la Cinémathèque française et hors les murs, le Festival du film restauré Toute la mémoire du monde. Cependant, dès le 2 février, rendez-vous a été pris avec les dirigeants de la société #Cityone mardi 10 février. A l’issue de cette réunion, La Cinémathèque française prendra toutes les mesures qui s’imposent. »

      Maj le 14/2
      http://seenthis.net/messages/460858