• Les virements bancaires bloqués pendant plusieurs jours dans toutes les banques
    https://www.linternaute.com/argent/magazine/4801291-article-virements-impossibles

    C’est une période qu’il vaut mieux marquer dans son calendrier. Dans quelques jours, la plupart des virements bancaires va être bloquée, pour une durée de quatre jours. Si vous attendez un versement ou si vous devez envoyer de l’argent, mieux vaut donc anticiper et le faire à l’avance ou prévenir que la somme arrivera avec un léger décalage. Personne, ou presque, ne pourra échapper à ce blocage.

    Ce n’est pas une nouveauté, loin de là, mais le grand public l’ignore souvent : il n’est pas toujours possible qu’un virement arrive auprès de son destinataire dans les 24 heures habituelles. Chaque année, le système qui permet de gérer les transferts d’argent est fermé durant quelques jours, toujours aux mêmes dates. Et tous les pays ayant l’Euro sont concernés puisqu’il s’agit d’un système commun aux 20 états de la monnaie commune.

    Si cela ne se produit en principe qu’un jour de temps à autre -jour de l’An, Fête du Travail et Noël-, la période de Pâques est la principale concernée, où l’impossibilité de faire des virements est la plus longue. Cette année, du vendredi 29 mars au lundi 1er avril 2024 inclus, aucun transfert entre deux banques ne pourra être effectué. L’argent n’arrivera sur les comptes qu’à partir du mardi 2 avril. Plus exactement, ce sont tous les virements effectués à partir du jeudi 28 mars après 16h30 qui ne parviendront que la semaine suivante, détaille la Banque de France.

    Cela vous concerne si vous effectuez un virement vers un établissement autre que le vôtre, par exemple depuis votre compte BNP vers un compte CIC, Banque Populaire, Société générale ou autre. En revanche, tout virement entre deux comptes d’une même banque pourra être reçu dans les délais habituels. Ainsi, renflouer son compte courant grâce à un versement depuis son livret A sera tout à fait possible, tout comme verser de l’argent à une personne du même réseau bancaire.

  • Le dévoiement identitaire et discriminatoire de la laïcité

    A l’occasion des vingt ans de la loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école, le sociologue Roland Pfefferkorn nous livre une série de 4 articles sans concession sur le dévoiement identitaire et discriminatoire de la laïcité.
    CAALAP (Coordination Antifasciste pour l’Affirmation des Libertés Académiques et Pédagogiques)

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    L’aspiration émancipatrice vers la liberté et l’égalité qui sous-tendait la laïcité historique s’est métamorphosée au cours des dernières décennies en son contraire. Après avoir, dès les lendemains de la Grande guerre, évolué vers une catho-laïcité, elle se transforme désormais aussi en une néo-laïcité identitaire et discriminante. Cette reconfiguration vise principalement à discriminer les musulmans, et parmi eux en premier lieu les femmes. Elle tourne clairement le dos aux principes de liberté et d’égalité et à la séparation des Églises et de l’État qui ont été aux fondements même de la laïcité historique.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/20/le-devoiement-identitaire-et-discriminatoire-d

    #politique #laicité

  • Le conseil municipal d’Étrépigny (Ardennes) refuse d’honorer la mémoire de sa plus célèbre personnalité historique !
    Mondialement connu et reconnu comme le premier penseur de l’athéisme, Jean MESLIER (1664- 1729, curé d’Étrépigny de 1689 à sa mort) est la célébrité historique du village d’Étrépigny.

    L’association des Amis de Jean Meslier, dont le siège est à la mairie du village, avait le projet d’ériger une stèle en son honneur, qu’elle prendrait entièrement en charge du point de vue matériel et financier.

    Le 16 février 2024, le Conseil municipal d’Étrépigny en a cependant étonnamment rejeté l’idée.

    Après avoir été « aux abonnés absents », sans même s’excuser, lors de la réunion d’information qui avait été organisée avec le concours de la mairie pour les Sterpiniens le 20 octobre 2023, les conseillers municipaux ont refusé par 6 voix contre et 2 voix pour.

    L’association des Amis de Jean Meslier constate et déplore :

    – Que rien n’a changé depuis Louis XIV et Louis XV : Jean Meslier, qui était un homme de bien et avait passé sa vie à aider ses paroissiens, est toujours persona non grata pour les autorités de son village ; 


    – Que Jean Meslier, dans le village même où il a vécu il y a 3 siècles, est toujours contraint de rester dans l’ombre, comme si la Révolution française, qu’il annonçait pourtant, ne s’était jamais produite ; 


    – Que, alors même qu’il est un penseur hors pair, dont l’œuvre est maintenant traduite dans plusieurs langues et de plus en plus étudiée, une majorité de conseillers municipaux le considère toujours comme un banni ; 


    – Qu’une majorité de conseillers municipaux refusent d’honorer leur village, car le projet d’érection de cette stèle s’inscrivait dans un projet plus large de balisage du chemin du curé Meslier qui le relie à Balaives avec des plaques informatives sur l’histoire locale ;

    – Que ce refus n’est nullement motivé, la majorité des conseillers municipaux se contentant, sans même daigner le justifier, de marquer leur refus d’une œuvre de mémoire qui valoriserait leur village ; 


    – Que le projet de stèle à Étrépigny aurait été le seul monument qui aurait honoré sa mémoire depuis que (excusez du peu !) Poutine lui-même ait ordonné en 2013 la démolition du seul monument où figurait, avec une vingtaine d’autres, le nom de Meslier (l’obélisque de Moscou aux précurseurs du socialisme) ; 


    – Que le conseil municipal d’Étrépigny confirme pour Jean Meslier la maxime « Nul n’est prophète en son pays », sauf que Meslier n’était pas un prophète mais un penseur et un philosophe précurseur des Lumières. 


    En conséquence, l’association des Amis de Jean Meslier décide d’informer le plus largement possible l’opinion publique sur cet acte particulièrement décevant et qui démontre la méconnaissance de l’importance de Meslier par le Conseil municipal du village où il a vécu.

    Communiqué de presse - 6 mars 2024 Association des Amis de Jean Meslier

    #Laïcité #religion #Étrépigny #Jean_Meslier #Ardennes #Histoire

    Source : http://federations.fnlp.fr/spip.php?article2291

  • badinter était pour la peine de mort des Palestiniens Abdalouahad Bouchal -

    Quatre jours après sa disparition et les louanges médiatiques qui l’ont accompagnée, il est utile de rappeler que robert badinter ne fût pas « que » l’infatigable abolitionniste de la peine de mort. Comme le décline l’analyste Abdalouahad Bouchal qui - à rebours des médias français - n’a pas la mémoire courte... en plein génocide perpétré contre les Palestiniens par l’État colonial d’israël, co-financé par la France et les États-Unis (I’A).


    
On peut s’être battu pour l’abolition de la peine de mort, en France, et être favorable à la mise à mort de tout un peuple, en Palestine. C’est ce que n’a cessé de nous démontrer robert #badinter en venant, sans discontinuer, au secours d’israël.

    Un soutien à un régime d’apartheid au demeurant moins étonnant que les arguments de cet éminent avocat s’articulant en faveur de Tel-Aviv, de façon aussi odieuse que stupide.

    Tout d’abord, fin décembre 2019, devant la Cour Pénale Internationale (CPI), badinter s’est évertué à défendre l’État d’israël pointé par une « enquête sur les éventuels crimes de guerre commis depuis juin 2014 en israël-Palestine ».

    A l’époque, selon badinter, israël et ses dirigeants ne pouvaient être traduits devant la CPI au prétexte que la partie requérante ne serait pas… un pays. A savoir, la Palestine. Or, bien que l’État de Palestine ne dispose que d’un statut d’observateur à l’assemblée des Nations-Unies, l’État palestinien est reconnu comme un État à part entière par les autres États signataires du statut de Rome et membres de la CPI.

    En effet, de 1988 à 2015, la Palestine a été reconnue par 138 États dont deux membres permanents du Conseil de sécurité (Russie et Chine). On pouvait donc, en 2019, être pour le moins perplexe à l’écoute des « arguments » de l’ancien garde des sceaux.

    Quels étaient les arguments de ce technicien du droit sur la recevabilité de la requête déposée jadis par l’Autorité palestinienne de Ramallah ? En voici le résumé, in extenso, dans un billet du chirurgien français Christophe Oberlin ( https://blogs.mediapart.fr/christophe-oberlin/blog/200220/cour-penale-internationale-face-aux-palestiniens-badinter-defend-net ) :

    « La Cour Pénale Internationale n’a pas juridiction sur les crimes prétendus avoir été commis en Cisjordanie, incluant Jérusalem Est et la bande de Gaza. Le terme « État » selon l’article 12(2) (a) du Statut de la Cour signifie que l’État est souverain, or la Palestine ne l’est pas. La Palestine n’est pas un « État » au regard de l’article 12 (2) (a) du Statut par sa simple adhésion au Statut de Rome. Ce n’est pas à la CPI de déterminer si la Palestine est un État souverain selon le droit international, ou si l’enquête en question s’applique « sur le territoire de » la Palestine alors que les parties sont engagées à trouver une solution négociée sur le statut d’état et les frontières. La Palestine ne remplit pas les critères d’un État selon le droit international. Et la seule façon d’enquêter sur des crimes commis dans ce cadre est constituée par la saisine de la CPI par le Conseil de sécurité. Les accords d’Oslo s’imposent à la juridiction de la Cour. » 

    Pour les sceptiques, Oberlin enfonce le clou : « Le résumé de l’argumentaire de robert badinter, présenté en tête de son texte, est identique mot pour mot aux déclarations récentes du Premier ministre israélien #benjamin_netanyahou. Et la suite du document ne fait qu’insister à la fois sur l’illégalité des plaintes palestiniennes, et de la Cour Pénale Internationale à les prendre en compte. Le professeur badinter commet ainsi de remarquables erreurs de droit et d’éthique. »

    Bref, en 2020, robert badinter conduisait une armée de tabellions rémunérés par le gouvernement de l’époque de #benjamin_netanyahu, futur génocidaire en 2023-2024. Il y a 4 ans, israël a finalement été débouté par la présidente ougandaise de la CPI et l’affaire a fait « pschiiiiit ! »

    La France, patrie des lumières blafardes et des droits de l’homme blanc, brille quelques fois d’un bien mauvais éclat. Qu’à cela ne tienne, les lumières, même les plus amoindries, attireront toujours les insectes…

    Protéger certains collabos français 
Plus loin dans le temps, on peut aussi rappeler qu’en 1975, robert badinter s’était violemment opposé à la fameuse Résolution 242 des Nations-Unies https://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2004_2009/documents/fd/unresolutions_/unresolutions_fr.pdf . Celle-ci ordonnait, en son article premier :
    1) le « Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés » ;
    2) la « Cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues ».

    Aux plus distraits, cette opposition résolue de badinter indique que ce n’est pas d’hier que « Bob » s’est positionné en ennemi de la cause palestinienne.

    Ensuite, pour les cacahuètes du pousse-café, on rajoutera que l’avocat et ex-ministre de la Justice avait vertement engueulé les français juifs venus huer le président François mitterrand lors d’une cérémonie de commémoration du Vélodrome d’Hiver https://www.youtube.com/watch?v=AkebDVjaPjk&t=5s&ab_channel=C%C3%A0vous

    (1992). La cause de cette hostilité citoyenne ? Le refus persistant du monarque mitterrand à reconnaître la responsabilité de la France dans la période de Vichy (1940-1944).

    Voilà donc un bien curieux personnage que ce badinter. S’il s’est incontestablement investi dans l’abolition de la peine de mort, en France et à travers le monde, il a aussi, par fidélité (ou intérêt ?), su se mettre en colère pour protéger « le père François » ; collaborateur du régime de Vichy dans la France occupée de la Seconde Guerre mondiale.

    Par ailleurs, le premier des abolitionnistes français protégera encore#rené bousquet https://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/Mitter00296/les-relations-de-francois-mitterrand-et-rene-bousquet.html, antisémite et collabo de l’occupant nazi et… « ami » proche de mitterrand. Cela, jusqu’à ce que – le 8 Juin 1993 – un illuminé vienne tirer 5 balles dans le buffet de l’ex-directeur général de la police de Vichy ET superviseur de « la rafle du Vel d’Hiv’ » [Vélodrome d’Hiver]. Le bilan du haut fonctionnaire bousquet d’avril 1942 à décembre 1943 ? Plus de 60.000 juifs arrêtés par ou avec le concours de la police française pour être déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz…

    L’assassinat de bousquet évitera à mitterrand et son clan « socialiste », la tenue d’un Procès bousquet qui aurait été – comme chacun le sait – très encombrant.

    Enfin, dans la famille badinter, on n’est pas à une contradiction près.

    La veuve de Robert, par exemple, qui, en bonne FÉMINISTE, porte toujours le patronyme de feu son époux, élisabeth_badinter, a été et demeure une pasionaria du féminisme islamophobe. Sans que cela interroge ou énerve quiconque durant sa carrière de présidente au sein du groupe Publicis, dont l’un des très gros clients n’était autre que l’Arabie Saoudite ; pays longtemps soutien inconditionnel de l’État d’israël.



    Abdalaouhad Bouchal

    Source : https://investigaction.net/badinter-etait-pour-la-peine-de-mort-des-palestiniens

    #Palestine #vichy #israël #collaboration #france #elisabeth_badinter #laïcité #islamophobie #badinter #politique #justice #Auschwitz #robert_badinter

    • Des rappels qu’il semble effectivement important de rappeler, sans minimiser le rôle de la personne qui a incarné (en France, donc) l’abolition de la peine de mort, un sujet qui reste malheureusement toujours autant d’actualité. Notamment, en Israël.

      Juste une remarque quelque peu décentrée par rapport au contenu essentiel de ce texte : à propos d’Élisabeth Badinter (on pourra s’étonner que certains patronymes soient privés de majuscules), une féministe,certes, old school , à qui l’on reproche d’avoir conservé le nom de son époux.

      Pour les femmes de cette génération, de toute façon, elles n’avaient pas le choix : c’était soit le nom du mari, soit le nom du père. Pour certaines femmes, choisir le nom du père était une manière de s’affranchir de l’emprise du mari. Et inversement. Dans tous les cas, tant qu’il n’a pas été possible de choisir le nom de la mère ou d’inventer ex nihilo son propre patronyme, il s’agit d’un non-choix, puisque cette expression de la filiation reste la marque symbolique forte du patriarcat.

    • @biggrizzly Alors, s’il n’est pas nécessaire de discuter la question biaisée de la filiation patronymique, on se demande bien ce que vient faire l’évocation de cette personne dans un texte qui concerne son époux, si ce n’est de rattacher, dans leurs identités respectives, l’une à l’autre, respectant ainsi le schéma patriarcal. Le caractère islamophobe et réactionnaire des positionnements politiques d’Élisabeth Badinter ne justifie pas ce type de raccourcis et d’amalgame.

      @mfmb tout à fait d’accord, c’est la raison pour laquelle il me semble que la seule façon de sortir vraiment du truc est la création d’un patronyme.

    • Probablement d’accord, mais alors si l’on critique les positions politiques d’Élisabeth Badinter on le traite dans un sujet qui concerne la personne elle-même ; pas en tant que pièce rapportée d’un texte qui concerne son mari.

  • L’#Europe et la fabrique de l’étranger

    Les discours sur l’ « #européanité » illustrent la prégnance d’une conception identitaire de la construction de l’Union, de ses #frontières, et de ceux qu’elle entend assimiler ou, au contraire, exclure au nom de la protection de ses #valeurs particulières.

    Longtemps absente de la vie démocratique de l’#Union_européenne (#UE), la question identitaire s’y est durablement installée depuis les années 2000. Si la volonté d’affirmer officiellement ce que « nous, Européens » sommes authentiquement n’est pas nouvelle, elle concernait jusqu’alors surtout – à l’instar de la Déclaration sur l’identité européenne de 1973 – les relations extérieures et la place de la « Communauté européenne » au sein du système international. À présent, elle renvoie à une quête d’« Européanité » (« Europeanness »), c’est-à-dire la recherche et la manifestation des #trait_identitaires (héritages, valeurs, mœurs, etc.) tenus, à tort ou à raison, pour caractéristiques de ce que signifie être « Européens ». Cette quête est largement tournée vers l’intérieur : elle concerne le rapport de « nous, Européens » à « nous-mêmes » ainsi que le rapport de « nous » aux « autres », ces étrangers et étrangères qui viennent et s’installent « chez nous ».

    C’est sous cet aspect identitaire qu’est le plus fréquemment et vivement discuté ce que l’on nomme la « #crise_des_réfugiés » et la « #crise_migratoire »

    L’enjeu qui ferait de l’#accueil des exilés et de l’#intégration des migrants une « #crise » concerne, en effet, l’attitude que les Européens devraient adopter à l’égard de celles et ceux qui leur sont « #étrangers » à double titre : en tant qu’individus ne disposant pas de la #citoyenneté de l’Union, mais également en tant que personnes vues comme les dépositaires d’une #altérité_identitaire les situant à l’extérieur du « #nous » – au moins à leur arrivée.

    D’un point de vue politique, le traitement que l’Union européenne réserve aux étrangères et étrangers se donne à voir dans le vaste ensemble de #discours, #décisions et #dispositifs régissant l’#accès_au_territoire, l’accueil et le #séjour de ces derniers, en particulier les accords communautaires et agences européennes dévolus à « une gestion efficace des flux migratoires » ainsi que les #politiques_publiques en matière d’immigration, d’intégration et de #naturalisation qui restent du ressort de ses États membres.

    Fortement guidées par des considérations identitaires dont la logique est de différencier entre « nous » et « eux », de telles politiques soulèvent une interrogation sur leurs dynamiques d’exclusion des « #autres » ; cependant, elles sont aussi à examiner au regard de l’#homogénéisation induite, en retour, sur le « nous ». C’est ce double questionnement que je propose de mener ici.

    En quête d’« Européanité » : affirmer la frontière entre « nous » et « eux »

    La question de savoir s’il est souhaitable et nécessaire que les contours de l’UE en tant que #communauté_politique soient tracés suivant des #lignes_identitaires donne lieu à une opposition philosophique très tranchée entre les partisans d’une défense sans faille de « l’#identité_européenne » et ceux qui plaident, à l’inverse, pour une « #indéfinition » résolue de l’Europe. Loin d’être purement théorique, cette opposition se rejoue sur le plan politique, sous une forme tout aussi dichotomique, dans le débat sur le traitement des étrangers.

    Les enjeux pratiques soulevés par la volonté de définir et sécuriser « notre » commune « Européanité » ont été au cœur de la controverse publique qu’a suscitée, en septembre 2019, l’annonce faite par #Ursula_von_der_Leyen de la nomination d’un commissaire à la « #Protection_du_mode_de_vie_européen », mission requalifiée – face aux critiques – en « #Promotion_de_notre_mode_de_vie_européen ». Dans ce portefeuille, on trouve plusieurs finalités d’action publique dont l’association même n’a pas manqué de soulever de vives inquiétudes, en dépit de la requalification opérée : à l’affirmation publique d’un « #mode_de_vie » spécifiquement « nôtre », lui-même corrélé à la défense de « l’#État_de_droit », « de l’#égalité, de la #tolérance et de la #justice_sociale », se trouvent conjoints la gestion de « #frontières_solides », de l’asile et la migration ainsi que la #sécurité, le tout placé sous l’objectif explicite de « protéger nos citoyens et nos valeurs ».

    Politiquement, cette « priorité » pour la période 2019-2024 s’inscrit dans la droite ligne des appels déjà anciens à doter l’Union d’un « supplément d’âme
     » ou à lui « donner sa chair » pour qu’elle advienne enfin en tant que « #communauté_de_valeurs ». De tels appels à un surcroît de substance spirituelle et morale à l’appui d’un projet européen qui se devrait d’être à la fois « politique et culturel » visaient et visent encore à répondre à certains problèmes pendants de la construction européenne, depuis le déficit de #légitimité_démocratique de l’UE, si discuté lors de la séquence constitutionnelle de 2005, jusqu’au défaut de stabilité culminant dans la crainte d’une désintégration européenne, rendue tangible en 2020 par le Brexit.

    Précisément, c’est de la #crise_existentielle de l’Europe que s’autorisent les positions intellectuelles qui, poussant la quête d’« Européanité » bien au-delà des objectifs politiques évoqués ci-dessus, la déclinent dans un registre résolument civilisationnel et défensif. Le geste philosophique consiste, en l’espèce, à appliquer à l’UE une approche « communautarienne », c’est-à-dire à faire entièrement reposer l’UE, comme ensemble de règles, de normes et d’institutions juridiques et politiques, sur une « #communauté_morale » façonnée par des visions du bien et du monde spécifiques à un groupe culturel. Une fois complétée par une rhétorique de « l’#enracinement » desdites « #valeurs_européennes » dans un patrimoine historique (et religieux) particulier, la promotion de « notre mode de vie européen » peut dès lors être orientée vers l’éloge de ce qui « nous » singularise à l’égard d’« autres », de « ces mérites qui nous distinguent » et que nous devons être fiers d’avoir diffusés au monde entier.

    À travers l’affirmation de « notre » commune « Européanité », ce n’est pas seulement la reconnaissance de « l’#exception_européenne » qui est recherchée ; à suivre celles et ceux qui portent cette entreprise, le but n’est autre que la survie. Selon #Chantal_Delsol, « il en va de l’existence même de l’Europe qui, si elle n’ose pas s’identifier ni nommer ses caractères, finit par se diluer dans le rien. » Par cette #identification européenne, des frontières sont tracées. Superposant Europe historique et Europe politique, Alain Besançon les énonce ainsi : « l’Europe s’arrête là où elle s’arrêtait au XVIIe siècle, c’est-à-dire quand elle rencontre une autre civilisation, un régime d’une autre nature et une religion qui ne veut pas d’elle. »

    Cette façon de délimiter un « #nous_européen » est à l’exact opposé de la conception de la frontière présente chez les partisans d’une « indéfinition » et d’une « désappropriation » de l’Europe. De ce côté-ci de l’échiquier philosophique, l’enjeu est au contraire de penser « un au-delà de l’identité ou de l’identification de l’Europe », étant entendu que le seul « crédit » que l’on puisse « encore accorder » à l’Europe serait « celui de désigner un espace de circulation symbolique excédant l’ordre de l’identification subjective et, plus encore, celui de la #crispation_identitaire ». Au lieu de chercher à « circonscri[re] l’identité en traçant une frontière stricte entre “ce qui est européen” et “ce qui ne l’est pas, ne peut pas l’être ou ne doit pas l’être” », il s’agit, comme le propose #Marc_Crépon, de valoriser la « #composition » avec les « #altérités » internes et externes. Animé par cette « #multiplicité_d’Europes », le principe, thématisé par #Etienne_Balibar, d’une « Europe comme #Borderland », où les frontières se superposent et se déplacent sans cesse, est d’aller vers ce qui est au-delà d’elle-même, vers ce qui l’excède toujours.

    Tout autre est néanmoins la dynamique impulsée, depuis une vingtaine d’années, par les politiques européennes d’#asile et d’immigration.

    La gouvernance européenne des étrangers : l’intégration conditionnée par les « valeurs communes »

    La question du traitement public des étrangers connaît, sur le plan des politiques publiques mises en œuvre par les États membres de l’UE, une forme d’européanisation. Celle-ci est discutée dans les recherches en sciences sociales sous le nom de « #tournant_civique ». Le terme de « tournant » renvoie au fait qu’à partir des années 2000, plusieurs pays européens, dont certains étaient considérés comme observant jusque-là une approche plus ou moins multiculturaliste (tels que le Royaume-Uni ou les Pays-Bas), ont développé des politiques de plus en plus « robustes » en ce qui concerne la sélection des personnes autorisées à séjourner durablement sur leur territoire et à intégrer la communauté nationale, notamment par voie de naturalisation. Quant au qualificatif de « civique », il marque le fait que soient ajoutés aux #conditions_matérielles (ressources, logement, etc.) des critères de sélection des « désirables » – et, donc, de détection des « indésirables » – qui étendent les exigences relatives à une « #bonne_citoyenneté » aux conduites et valeurs personnelles. Moyennant son #intervention_morale, voire disciplinaire, l’État se borne à inculquer à l’étranger les traits de caractère propices à la réussite de son intégration, charge à lui de démontrer qu’il conforme ses convictions et comportements, y compris dans sa vie privée, aux « valeurs » de la société d’accueil. Cette approche, centrée sur un critère de #compatibilité_identitaire, fait peser la responsabilité de l’#inclusion (ou de l’#exclusion) sur les personnes étrangères, et non sur les institutions publiques : si elles échouent à leur assimilation « éthique » au terme de leur « #parcours_d’intégration », et a fortiori si elles s’y refusent, alors elles sont considérées comme se plaçant elles-mêmes en situation d’être exclues.

    Les termes de « tournant » comme de « civique » sont à complexifier : le premier car, pour certains pays comme la France, les dispositifs en question manifestent peu de nouveauté, et certainement pas une rupture, par rapport aux politiques antérieures, et le second parce que le caractère « civique » de ces mesures et dispositifs d’intégration est nettement moins évident que leur orientation morale et culturelle, en un mot, identitaire.

    En l’occurrence, c’est bien plutôt la notion d’intégration « éthique », telle que la définit #Jürgen_Habermas, qui s’avère ici pertinente pour qualifier ces politiques : « éthique » est, selon lui, une conception de l’intégration fondée sur la stabilisation d’un consensus d’arrière-plan sur des « valeurs » morales et culturelles ainsi que sur le maintien, sinon la sécurisation, de l’identité et du mode de vie majoritaires qui en sont issus. Cette conception se distingue de l’intégration « politique » qui est fondée sur l’observance par toutes et tous des normes juridico-politiques et des principes constitutionnels de l’État de droit démocratique. Tandis que l’intégration « éthique » requiert des étrangers qu’ils adhèrent aux « valeurs » particulières du groupe majoritaire, l’intégration « politique » leur demande de se conformer aux lois et d’observer les règles de la participation et de la délibération démocratiques.

    Or, les politiques d’immigration, d’intégration et de naturalisation actuellement développées en Europe sont bel et bien sous-tendues par cette conception « éthique » de l’intégration. Elles conditionnent l’accès au « nous » à l’adhésion à un socle de « valeurs » officiellement déclarées comme étant déjà « communes ». Pour reprendre un exemple français, cette approche ressort de la manière dont sont conçus et mis en œuvre les « #contrats_d’intégration » (depuis le #Contrat_d’accueil_et_d’intégration rendu obligatoire en 2006 jusqu’à l’actuel #Contrat_d’intégration_républicaine) qui scellent l’engagement de l’étranger souhaitant s’installer durablement en France à faire siennes les « #valeurs_de_la_République » et à les « respecter » à travers ses agissements. On retrouve la même approche s’agissant de la naturalisation, la « #condition_d’assimilation » propre à cette politique donnant lieu à des pratiques administratives d’enquête et de vérification quant à la profondeur et la sincérité de l’adhésion des étrangers auxdites « valeurs communes », la #laïcité et l’#égalité_femmes-hommes étant les deux « valeurs » systématiquement mises en avant. L’étude de ces pratiques, notamment les « #entretiens_d’assimilation », et de la jurisprudence en la matière montre qu’elles ciblent tout particulièrement les personnes de religion et/ou de culture musulmanes – ou perçues comme telles – en tant qu’elles sont d’emblée associées à des « valeurs » non seulement différentes, mais opposées aux « nôtres ».

    Portées par un discours d’affrontement entre « systèmes de valeurs » qui n’est pas sans rappeler le « #choc_des_civilisations » thématisé par #Samuel_Huntington, ces politiques, censées « intégrer », concourent pourtant à radicaliser l’altérité « éthique » de l’étranger ou de l’étrangère : elles construisent la figure d’un « autre » appartenant – ou suspecté d’appartenir – à un système de « valeurs » qui s’écarterait à tel point du « nôtre » que son inclusion dans le « nous » réclamerait, de notre part, une vigilance spéciale pour préserver notre #identité_collective et, de sa part, une mise en conformité de son #identité_personnelle avec « nos valeurs », telles qu’elles s’incarneraient dans « notre mode de vie ».

    Exclusion des « autres » et homogénéisation du « nous » : les risques d’une « #Europe_des_valeurs »

    Le recours aux « valeurs communes », pour définir les « autres » et les conditions de leur entrée dans le « nous », n’est pas spécifique aux politiques migratoires des États nationaux. L’UE, dont on a vu qu’elle tenait à s’affirmer en tant que « communauté morale », a substitué en 2009 au terme de « #principes » celui de « valeurs ». Dès lors, le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État de droit sont érigés en « valeurs » sur lesquelles « l’Union est fondée » (art. 2 du Traité sur l’Union européenne) et revêtent un caractère obligatoire pour tout État souhaitant devenir et rester membre de l’UE (art. 49 sur les conditions d’adhésion et art. 7 sur les sanctions).

    Reste-t-on ici dans le périmètre d’une « intégration politique », au sens où la définit Habermas, ou franchit-on le cap d’une « intégration éthique » qui donnerait au projet de l’UE – celui d’une intégration toujours plus étroite entre les États, les peuples et les citoyens européens, selon la formule des traités – une portée résolument identitaire, en en faisant un instrument pour sauvegarder la « #civilisation_européenne » face à d’« autres » qui la menaceraient ? La seconde hypothèse n’a certes rien de problématique aux yeux des partisans de la quête d’« Européanité », pour qui le projet européen n’a de sens que s’il est tout entier tourné vers la défense de la « substance » identitaire de la « civilisation européenne ».

    En revanche, le passage à une « intégration éthique », tel que le suggère l’exhortation à s’en remettre à une « Europe des valeurs » plutôt que des droits ou de la citoyenneté, comporte des risques importants pour celles et ceux qui souhaitent maintenir l’Union dans le giron d’une « intégration politique », fondée sur le respect prioritaire des principes démocratiques, de l’État de droit et des libertés fondamentales. D’où également les craintes que concourt à attiser l’association explicite des « valeurs de l’Union » à un « mode de vie » à préserver de ses « autres éthiques ». Deux risques principaux semblent, à cet égard, devoir être mentionnés.

    En premier lieu, le risque d’exclusion des « autres » est intensifié par la généralisation de politiques imposant un critère de #compatibilité_identitaire à celles et ceux que leur altérité « éthique », réelle ou supposée, concourt à placer à l’extérieur d’une « communauté de valeurs » enracinée dans des traditions particulières, notamment religieuses. Fondé sur ces bases identitaires, le traitement des étrangers en Europe manifesterait, selon #Etienne_Tassin, l’autocontradiction d’une Union se prévalant « de la raison philosophique, de l’esprit d’universalité, de la culture humaniste, du règne des droits de l’homme, du souci pour le monde dans l’ouverture aux autres », mais échouant lamentablement à son « test cosmopolitique et démocratique ». Loin de représenter un simple « dommage collatéral » des politiques migratoires de l’UE, les processus d’exclusion touchant les étrangers constitueraient, d’après lui, « leur centre ». Même position de la part d’Étienne Balibar qui n’hésite pas à dénoncer le « statut d’#apartheid » affectant « l’immigration “extracommunautaire” », signifiant par là l’« isolement postcolonial des populations “autochtones” et des populations “allogènes” » ainsi que la construction d’une catégorie d’« étrangers plus qu’étrangers » traités comme « radicalement “autres”, dissemblables et inassimilables ».

    Le second risque que fait courir la valorisation d’un « nous » européen désireux de préserver son intégrité « éthique », touche au respect du #pluralisme. Si l’exclusion des « autres » entre assez clairement en tension avec les « valeurs » proclamées par l’Union, les tendances à l’homogénéisation résultant de l’affirmation d’un consensus fort sur des valeurs déclarées comme étant « toujours déjà » communes aux Européens ne sont pas moins susceptibles de contredire le sens – à la fois la signification et l’orientation – du projet européen. Pris au sérieux, le respect du pluralisme implique que soit tolérée et même reconnue une diversité légitime de « valeurs », de visions du bien et du monde, dans les limites fixées par l’égale liberté et les droits fondamentaux. Ce « fait du pluralisme raisonnable », avec les désaccords « éthiques » incontournables qui l’animent, est le « résultat normal » d’un exercice du pouvoir respectant les libertés individuelles. Avec son insistance sur le partage de convictions morales s’incarnant dans un mode de vie culturel, « l’Europe des valeurs » risque de produire une « substantialisation rampante » du « nous » européen, et d’entériner « la prédominance d’une culture majoritaire qui abuse d’un pouvoir de définition historiquement acquis pour définir à elle seule, selon ses propres critères, ce qui doit être considéré comme la culture politique obligatoire de la société pluraliste ».

    Soumis aux attentes de reproduction d’une identité aux frontières « éthiques », le projet européen est, en fin de compte, dévié de sa trajectoire, en ce qui concerne aussi bien l’inclusion des « autres » que la possibilité d’un « nous » qui puisse s’unir « dans la diversité ».

    https://laviedesidees.fr/L-Europe-et-la-fabrique-de-l-etranger
    #identité #altérité #intégration_éthique #intégration_politique #religion #islam

    • Politique de l’exclusion

      Notion aussi usitée que contestée, souvent réduite à sa dimension socio-économique, l’exclusion occupe pourtant une place centrale dans l’histoire de la politique moderne. Les universitaires réunis autour de cette question abordent la dimension constituante de l’exclusion en faisant dialoguer leurs disciplines (droit, histoire, science politique, sociologie). Remontant à la naissance de la citoyenneté moderne, leurs analyses retracent l’invention de l’espace civique, avec ses frontières, ses marges et ses zones d’exclusion, jusqu’à l’élaboration actuelle d’un corpus de valeurs européennes, et l’émergence de nouvelles mobilisations contre les injustices redessinant les frontières du politique.

      Tout en discutant des usages du concept d’exclusion en tenant compte des apports critiques, ce livre explore la manière dont la notion éclaire les dilemmes et les complexités contemporaines du rapport à l’autre. Il entend ainsi dévoiler l’envers de l’ordre civique, en révélant la permanence d’une gouvernementalité par l’exclusion.

      https://www.puf.com/politique-de-lexclusion

      #livre

  • La charia catholique ou l’Etat dans l’Etat

    Ni Mélenchon ni Macron ne savent ce qu’est la laïcité. Et les journalistes non plus. Ainsi Mélenchon croît que « l’école » est soumise à « la laïcité ». Non : les enseignants le sont parce qu’ils sont fonctionnaires, mais pas les usagers que sont les élèves. Ce pour quoi la loi de 2004 interdisant le foulard n’est pas conforme à la loi de 1905. Macron semble ignorer que le Conseil d’Etat a déclaré invalides les arrêtés « anti-burkini » pris par des maires l’été dernier ; il prétend que « certains de ces arrêtés sont justifiés » – parce qu’ils ne « visent pas une affaire cultuelle, mais une affaire d’ordre public ». Quel « ordre public » ? Les femmes qui portent un burkini dérangent-elles l’ordre public ? Non. Ce sont ceux et celles qui les insultent qui dérangent l’ordre public : ce ne sont pas les victimes qu’il faut pénaliser.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/03/25/la-charia-catholique-ou-letat-dans-letat

    #laïcité

  • La Barre face au Sacré-Coeur Vidéo

    La FNLP a décidé de replacer d’une manière symbolique la statue originelle du chevalier de la Barre, martyre victime de l’Eglise, à sa place originelle face au Sacré-Coeur. Histoire de cette initiative.

    https://www.youtube.com/watch?v=ihMKClbS-8o

    Le Chevalier de la Barre est devenu le symbole de la liberté de conscience et de la Libre Pensée . Cette statue inaugurée, lors du Congrès mondial de la Libre Pensée en 1905 à Paris au moment du vote de la loi de Séparation des Églises et de l’État , devant une foule de 25 000 manifestants, a toujours été insupportable pour les suppôts de la Réaction .

    Ainsi l’ Evêché de Paris la fit déplacer en 1926 dans le square Nadar en contrebas de la Butte Montmartre . En 1941, les nazis avec le soutien du Régime de Vichy la déboulonnèrent avec toutes les statues des Humanistes, des Laïques, des Philosophes des Lumières , des Francs-Maçons, pour faire du bronze récupéré pour les canons. Mais les statues des « saints » et de _ Jeanne d’Arc _ furent épargnées par la furie fasciste et corporatiste.

    Un public important de libres penseurs et de laïques, devant une foule de touristes très intéressés et dûment informés par un dépliant de la Libre Pensée en plusieurs langues expliquant le sens du rassemblement, se pressait devant la statue à nouveau érigée en hommage à François-Jean Lefebvre de la Barre .

    Source : https://www.fnlp.fr/2024/01/21/le-7-avril-2023-la-fnlp-remettait-symboliquement-a-sa-place-originelle-la-statu

    #Histoire #paris #montparnasse #chevalier_de_la_Barre #commune #bucher #liberté_de_Penser #statues #Laïcité #religion #FNLP #LP #église #intolérance #statue

  • Goodbye #Lénine ?... :-D :-D :-D

    #poltique #changement #société #liberté #égalité #fraternité #solidarité #laïcité #paix #monde #progrès #humanité #seenthis #vangauguin

    " Le 21 janvier sera célébré le centenaire de la mort de Lénine. Nous avons tous en tête cette figure du « dictateur » qui harangue les foules lorsqu’il prend le pouvoir, en 1917. Image fausse et monolithique puisqu’en 1921 il revient sur son « communisme de guerre » et glisse vers un socialisme économique.

    Quand Lénine prend le pouvoir, en octobre 1917, la situation de la Russie est effroyable. Les masses russes, qui vivent encore sous le joug de l’autocratie du tsar, souffrent de la faim, de la guerre contre l’Allemagne et revendiquent l’accès à la terre. Lénine leur promet du pain, la liberté, des terres. C’est dans ces conditions peu propices qu’il tente d’édifier le « communisme de guerre », assuré qu’il est d’une réussite rapide, croyant pouvoir compter sur une révolution mondiale ! (...)"

    https://www.marianne.net/agora/nouvelle-politique-economique-il-y-a-100-ans-le-21-janvier-1924-lenine-dis

  • Fête religieuse à l’Elysée ?

    Si un Président de la République peut participer à une cérémonie religieuse mais sans marquer d’adhésion au culte, le bâtiment public qu’est l’Élysée, dans ses espaces non privatifs, ne peut pas avoir pour destination une cérémonie religieuse. Selon les déclarations de certains présents, l’allumage d’une bougie pour la fête religieuse d’Hanouka, la récitation d’une prière et d’un chant religieux se seraient produits de façon imprévue à l’occasion d’une remise d’un prix contre l’antisémitisme au Président de la République. Il reste que la prudence doit être de mise dans un lieu si symbolique de la République et dans le contexte international et national que l’on connaît.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/25/les-atteintes-a-la-laicite-que-lon-veut-imposer/#comment-59656

    #laïcité

  • 9 décembre 1905, vote de la Loi séparation des Eglises et de l’Etat. Pourquoi les crèches comme tout signe ou emblème religieux n’ont pas leur place dans les bâtiments publics

    Comme la LDH (Ligue des droits de l’Homme) a déjà pu s’en expliquer : Elle n’est en rien opposée aux crèches de Noël ni d’ailleurs à tout mode d’expression religieuse

    Elle entend en revanche poursuivre son combat pour permettre le respect du principe de laïcité qui impose à l’Etat et aux collectivités publiques la neutralité vis-à-vis de toutes les religions et interdit les signes ou emblèmes religieux au sein des bâtiments abritant le siège d’une collectivité publique, comme a pu en juger le Conseil d’Etat en 2016.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/25/les-atteintes-a-la-laicite-que-lon-veut-imposer/#comment-59654

    #laïcité

  • Les Aventures de Rabbi Macron à l’Elysée... :-D :-D :-D

    "Hanouka à l’Elysée, on se pince" : le jour où Macron a perdu toute crédibilité sur la laïcité

    "La vidéo du grand rabbin de France Haïm Korsia allumant la première bougie d’Hanouka dans la salle des fêtes de l’Élysée a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. De la gauche à la droite, les opposants d’Emmanuel Macron ont dénoncé une atteinte grave à la laïcité, et une « cécité volontaire » des ministres qui le défendent. (...)"

    https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/hanouka-a-l-elysee-on-se-pince-le-jour-ou-macron-a-perdu-toute-credibilite

    #politique #religion #laïcité #démagogie #hanouka #Macron #république #dévoiement #société

  • Le 7 décembre 2023, une scène surréaliste s’est déroulée avec l’allumage de la première bougie de Hanouka au cœur du Palais de l’Élysée. Le Grand Rabbin de France, tout en prière, a orchestré la cérémonie en présence du président Macron. Cette scène contraste avec le déboulonnage de la statue de la Sainte Vierge et les interdictions de crèches.

    #Laïcité #Soutien_inconditionnel

  • On vient de recevoir le journal du lycée de notre grande, dont le principe est de présenter « l’actu par les lycéens, pour les lycéens ». Et évidemment on n’échappe pas à ceci :

    Le Hamas : En 1987 naît le mouvement islamiste issu du mouvement des frères musulmans fondé par le Cheikh Hamed Yassine ; son but est l’éradication de l’État d’Israël (comme indiqué dans sa charte fondatrice de 1988) qu’il ne reconnaît pas pour créer un État palestinien religieux.

    Au risque de sacrifier la population gazaouie, le Hamas préfère perpétuer le conflit israélo-palestinien afin d’éviter la normalisation des deux États par de nouveaux partenaires d’Israel comme l’Arabie saoudite, élément déclencheur de l’attentat du Hamas du 7 septembre souvent considéré comme un 11 septembre israélien.

    […]

    Une attaque terrestre de grande ampleur est alors imminente et Israël appelle la population gazaouie à migrer vers le Sud pendant que le Hamas demande à la population de ne pas partir en prétextant des routes trop dangereuses. Les civils sont utilisés. Se moquant de la valeur de la vie humaine, les membres du Hamas se protègent en se mêlant à la population, faisant subir à la population gazaouie un risque mortel.

    […]

    Aidé financièrement par le jihad islamique palestinien ainsi que le hezbollah (mouvement islamiste libanais) soutenu par l’Iran, le Hamas a récolté près de 100M de dollars en cryptomonnaies afin de renforcer ses arsenaux de guerre. Pendant ce temps, 70% des habitants à Gaza dépendent de l’aide humanitaire pour vivre les populations se réfugient dans les quelque 88 écoles des Nations Unies.

    […]

    En France, le rassemblement des partis de gauche, dirigé par J.L. Melenchon, se divise à la suite d’un refus de condamnation de l’attentat du Hamas du 7 septembre par le groupe LFI .

    (Il y a des passages moins problématiques dans ces trois pages, mais l’impression finale est tout de même navrante.)

    Et ça c’est dans un quartier qui a voté LFI à plus de 40% au premier tour des législatives de 2022 (63% au second tour). Et à vue de nez, dans le lycée, une bonne partie des jeunes sont d’origine arabe. Donc on se fait un devoir de venir nous insulter jusque dans notre collège, et chacun a bien le sentiment qu’il ne faudrait pas trop que nos gamins viennent contester cette version autorisée (à Montpellier le préfet a porté plainte contre un manifestant qui avait qualifié de Hamas de « résistance » – hop apologie du terrorisme).

    • Après, je dois dire que je suis plutôt content qu’il existe un tel journal d’« actu » fait par des élèves dans ce lycée, et envoyé à tout le monde, ce serait même assez courageux d’avoir un tel support (parce que même sans massacres en cours, l’« actu » est forcément sujette à polémiques). Qu’est-ce qu’ils ont publié sur la réforme des retraites, sur les gilets jaunes, sur les violences policières… ? Je l’ignore, mais l’idée que le lycée accepte ce « risque » de publier sur l’« actu », malgré les travers, je trouve ça positif.

      Mais pour le coup, le résultat est très problématique, et au minimum un peu de vérification des infos serait bienvenu. (Mais qu’est-ce que vous voulez que des profs encadrant sans doute bénévolement le truc aille faire un boulot que nos éditorialistes ne font pas.)

      En l’occurence, ce qui me chagrine, c’est qu’on a assez lourdement le sentiment, sur ces sujets, qu’il vaut mieux fermer sa gueule et ne pas inviter la gamine à exprimer un avis différent. Ne serait-ce que parce que, avec un avis un peu hétérodoxe, le moindre faux-pas, exagération, inexactitude, lui serait lourdement reproché. (Et si en plus c’est le fait d’un jeune arabe du collège, c’est la voie toute tracée pour être dénoncé aux autorités, comptabilisé dans les atteintes à la laïcité du ministère, ou publiquement culpabilisé sur le Web.) Alors que clairement, écrire des conneries en restant dans la doxa médiatique, quitte à insulter l’intelligence des camarades qui discutent en famille de ces sujets, ça n’entraîne aucune conséquence.

    • que ce soit des élèves ou des profs, il est certain que des visions moins doxiques et superficielles étaient potentiellement disponibles, pouvaient être suscitées. l’éduc nat est juste une machine à stériliser. là où la réalisation d’un journal était une occasion d’apprentissage et de coopération (Freinet) on fait (parfois) des journaux pour la montre.

    • Ils n’ont fait que répéter ce qu’ils entendent. Que les terroristes sont méchants, que les islamistes sont méchants, que les gentils se défendent, et que Mélenchon est le dictateur de la gauche et qu’il est antisémite.

      Au moins Colporteur, pourras-tu constater que les pogroms de LFI seront déjoués, le message est passé, il n’y a plus guère que quelques illuminés pour être dans le déni des complots antisémites de l’ultragauche.

    • Il faudrait proposer à ta fille d’écrire dans ce journal un article sur l’écologie en France. Je suis certaine qu’elle pourra ainsi démontrer que la réchauffement climatique est dû à l’usage accru du vélo et que le gaspillage de l’eau quand on se brosse les dents assèche les rivières.

  • Pourquoi l’histoire est devenue la discipline la plus honnie des fanatiques religieux
    https://www.nouvelobs.com/opinions/20231016.OBS79595/pourquoi-l-histoire-est-devenue-la-discipline-la-plus-honnie-des-fanatiqu

    C’est que l’histoire inscrit l’homme dans le temps. Or, l’idée même de Dieu s’accommode très mal de toute temporalité. Où était Allah avant le VIIe siècle ? Qu’attendait #Dieu pour envoyer son fils sur Terre pendant les 3 000 ou les 300 000 ans qui l’ont précédé ? Pourquoi Yahvé ressemble-t-il autant à certaines divinités égyptiennes, sinon parce qu’il n’en était au départ qu’une déclinaison parmi d’autres ? En d’autres termes : pourquoi avoir autant tardé à se manifester, au lieu de s’imposer dès l’aube des temps, avec la force de l’évidence, à toute l’humanité ?

    Pourquoi Dieu tout-puissant aurait-il toléré ces siècles, ces millénaires de paganisme débridé, sinon parce qu’il n’avait pas encore été inventé. Et voilà le danger de l’#histoire. L’histoire révèle Dieu pour ce qu’il est : une création humaine, souvent même assez précisément datée dans le temps. L’histoire des religions recense des milliers, des dizaines de milliers de dieux divers et variés, parmi lesquels un nombre non négligeable de dieux uniques. Le Dieu de nos religions monothéistes est censé être absolu mais, justement, l’histoire relativise : il y a là une incompatibilité irréconciliable.

    Blasphème

    Quant aux dogmes, la remise en question est encore plus frontale : on sait, grâce aux recherches historiques les plus documentées, que les livres sacrés, loin d’avoir jailli d’une révélation fulgurante, se sont laborieusement constitués à l’issue d’une longue sélection au cours de laquelle ont été recalés, ici ou là, des évangiles « apocryphes » ou des versets « sataniques ». Là encore, c’est l’historicité avérée des textes qui ruine la fable de leur origine divine : ce n’est pas Dieu qui a décidé de ce qu’on gardait ou de ce qu’on jetait dans la Bible, mais tel ou tel pape, tel ou tel concile, au fil des siècles. (Certains apocryphes étaient d’ailleurs encore présents dans la Vulgate au Moyen Age. Ce qui était vrai pour le croyant d’hier ne l’est donc plus pour le croyant d’aujourd’hui. On n’est pas plus brouillon.)

    Bref, voilà ce que nous apprend l’histoire : les dieux sont mortels, et pour cause. Aucune parole n’est jamais tombée du ciel. Dieu est au mieux un symbole, une allégorie, l’expression d’un surmoi collectif fondé sur des mythes que l’anthropologie structurale nous a appris à repérer et à classer. Rien de plus. Pour le « vrai » croyant, celui pour qui toute remise en cause du dogme auquel il adhère constitue une offense impardonnable (une « blessure », disent certains), l’affaire est donc assez grave. On voit comment le #blasphème en l’état est constitutif de la discipline historique même : à trop fouiller dans le passé, on en vient vite à remettre en question l’éternité.

    tout cela est fondamentalement vrai si ce n’est que ce discours dénote d’un manque d’attention au présent. depuis 2015 les profs d’histoire sont (avec d’autres) chargés d’un #enseignement « moral et civique » qui instruit les élèves des « valeurs de la république » (ton père), dont une #laïcité qui a connu de dommageables inflexions légales (loi de 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques).

  • [L’actualité en 3D] Le financement public des cultes a-t-il encore un avenir ?
    https://www.radiopanik.org/emissions/lactualite-en-3d/le-financement-public-des-cultes-a-t-il-encore-un-avenir

    Dans ce nouvel épisode de l’Actualité en 3D, on revient sur une thématique qui, tel un serpent de mer, revient régulièrement à la une de l’actualité belge : le système du financement public des cultes belge et plus généralement la façon dont nos autorités politiques gèrent le fait religieux ou philosophique. Une thématique que nous avions déjà abordée en février 2019, puis développée en nous attardant à la situation de l’Islam en Belgique ou aux débats entourant le principe de laïcité et au mouvement qui le défend. Pourquoi en reparler aujourd’hui ? Parce que, ces derniers mois, il est peu de dire que la question de la reconnaissance et du financement des cultes a refait surface, de façon d’ailleurs assez confuse sinon paradoxale. C’est tout d’abord le retour du scandale des #abus_sexuels commis au sein (...)

    #religions #laïcité #régions #autorité_fédérale #bouddhisme #ministre_de_la_justice #exécutif_des_musulmans #église #religions,laïcité,régions,autorité_fédérale,bouddhisme,ministre_de_la_justice,abus_sexuels,exécutif_des_musulmans,église
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/lactualite-en-3d/le-financement-public-des-cultes-a-t-il-encore-un-avenir_16581__1.mp3

  • [L’actualité en 3D] Vocabulaire politique : Financement public des cultes - Le financement public des cultes a-t-il encore un avenir ?
    https://www.radiopanik.org/emissions/lactualite-en-3d/le-financement-public-des-cultes-a-t-il-encore-un-avenir/#16572

    Vocabulaire politique : Financement public des cultes

    Dans ce nouvel épisode de l’Actualité en 3D, on revient sur une thématique qui, tel un serpent de mer, revient régulièrement à la une de l’actualité belge : le système du financement public des cultes belge et plus généralement la façon dont nos autorités politiques gèrent le fait religieux ou philosophique. Une thématique que nous avions déjà abordée en février 2019, puis développée en nous attardant à la situation de l’Islam en Belgique ou aux débats entourant le principe de laïcité et au mouvement qui le défend. Pourquoi en reparler aujourd’hui ? Parce que, ces derniers mois, il est peu de dire que la question de la reconnaissance et du financement des cultes a refait surface, de façon d’ailleurs assez confuse (...)

    #religions #laïcité #régions #autorité_fédérale #bouddhisme #ministre_de_la_justice #abus_sexuels #exécutif_des_musulmans #église #religions,laïcité,régions,autorité_fédérale,bouddhisme,ministre_de_la_justice,abus_sexuels,exécutif_des_musulmans,église
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/lactualite-en-3d/le-financement-public-des-cultes-a-t-il-encore-un-avenir_16572__0.mp3

  • Iannis Roder et la laïcité : contre-vérité falsifiant la loi de 1905

    Plusieurs personnes favorables à l’interdiction de l’abaya se sont référées à la loi de 1905 séparant les Eglises et l’Etat. Cela a été le cas, notamment, du maire PS de Saint-Nazaire et, surtout, de Iannis Roder (Le Monde 5 septembre), prof d’histoire-géo et membre du Conseil des Sages, chargé de conseiller le ministre en matière de laïcité. Or si chacun·e a, naturellement, le droit d’avoir sa propre position et de la défendre, se réclamer de la loi de 1905 pour cautionner une telle mesure n’est rien moins qu’une véritable fake-news. Cela constitue une grave « atteinte à la laïcité » car celle-ci suppose de ne pas énoncer des propos qui sont à l’histoire ce que le créationnisme est aux sciences de la vie.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/08/iannis-roder-et-la-laicite-contre-verite-falsi

    #politique #laicité

  • L’interdiction de l’abaya, symptôme d’une France en pleine panique identitaire, Carine fouteau

    Dit autrement, la #laïcité est une pratique vivante, au cas par cas, qui suppose de comprendre le sens que donnent les élèves à leur tenue et d’apporter une appréciation sur leur caractère « manifestement ostentatoire ». Sa mise en œuvre implique avant tout dialogue et échange – c’est ce qui a lieu dans l’immense majorité des établissements. L’interdiction telle qu’elle a été édictée va immanquablement conduire les proviseur·es à décider, a priori, sans tenir compte de la parole des élèves. Comment vont-ils s’y prendre pour différencier une abaya d’une robe longue ordinaire ? Ils risquent de se référer, plus ou moins consciemment, à l’idée qu’ils se font de l’identité religieuse des jeunes femmes, de la couleur de leur peau ou de la consonance de leur nom, autrement dit cela pourrait se traduire par des pratiques discriminatoires. 
    L’exécutif est entré dans une spirale infernale. Chaque nouvelle interdiction en appellera mécaniquement d’autres. Initialement conçue comme une « loi de liberté », la laïcité devient un outil d’humiliation, de contrôle et d’exclusion. La traduction judiciaire de cette interdiction ne s’est d’ailleurs pas fait attendre : dans une circulaire du 5 septembre adressée aux procureur·es, le ministre de la justice Éric Dupond-Moretti demande « une réponse pénale ferme, rapide et systématique » en cas d’atteinte grave à la loi dans les établissements scolaires.
    Emmanuel Macron, qui citait Aristide Briand en 2016, aurait dû relire ses mises en garde, qui s’inscrivent dans l’histoire de France puisqu’il est l’un des principaux concepteurs de la loi originelle de 1905. La question des vêtements s’était déjà posée à l’époque. Et Aristide Briand avait pris parti contre l’interdiction du port de la soutane : il estimait tout d’abord que, par principe, la loi de 1905 ne devait pas « interdire à un citoyen de s’habiller de telle ou telle manière » et il considérait ensuite, par souci d’efficacité, que le résultat serait « plus que problématique » : la soutane interdite, on pourrait compter sur « l’ingéniosité combinée des prêtres et des tailleurs » pour créer un « vêtement nouveau ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/060923/l-interdiction-de-l-abaya-symptome-d-une-france-en-pleine-panique-identita
    https://justpaste.it/cbzgn

    #abaya #interdiction #école #racisme #sexisme #police_du_vêtement

    • Depuis l’interdiction de l’abaya, des élèves humiliées et déjà des dérives
      https://www.mediapart.fr/journal/france/070923/depuis-l-interdiction-de-l-abaya-des-eleves-humiliees-et-deja-des-derives

      Plusieurs témoignages et documents recueillis par Mediapart montrent que des chefs d’établissement ne se contentent pas de refuser les élèves se présentant avec des abayas. Des parents dénoncent des « humiliations » et « une véritable stigmatisation ».
      David Perrotin
      , 7 septembre 2023


      Il y a ces chiffres que le ministre de l’éducation Gabriel Attal annonce fièrement et que les médias reprennent en chœur : au moins 298 élèves se sont présentées en abaya lors de cette rentrée scolaire et 67 auraient refusé de la retirer. Mais derrière ces données, il y a la parole des personnes concernées bien souvent absente du débat médiatique, et des dérives que Mediapart a pu documenter.
      Plus d’une dizaine de témoignages pointent ainsi la « police du vêtement », dénoncée par certaines familles, qui a été mise en place dans certains établissements. Dans plusieurs cas, ce ne sont pas seulement des abayas ou des #qamis qui sont prohibés (lire le parti pris de Carine Fouteau). Notre enquête montre que des élèves présumées musulmanes sont refusées parce qu’elles portent d’autres vêtements qui ont pour seul défaut d’être trop « couvrants » ou trop amples.

      Comment s’habiller pour la rentrée ? Aminata*, 17 ans, y a longuement réfléchi avant d’arriver devant son lycée de la région parisienne mercredi matin. « J’ai mis une jupe en jean, un T-shirt blanc rentré à l’intérieur et un kimono par dessus. J’étais sûre que tout irait bien », raconte la jeune fille à Mediapart. Elle a d’abord passé le filtre des surveillants à la porte de l’établissement, avant qu’un autre responsable ne lui demande finalement de le suivre. Elle refuse. « Deux hommes sont arrivés vers moi et m’ont barré le passage avec leurs bras pour que je ne puisse plus avancer. J’ai dû les suivre pour m’entretenir avec des “référents laïcité”. » Elle leur explique qu’il ne s’agit pas pour elle de « montrer sa religion en s’habillant ainsi ». Eux estiment qu’elle contrevient à l’interdiction en vigueur.
      Dans cette note de service largement commentée depuis, le « port de tenues de type abaya ou qamis » n’est plus toléré. Depuis quinze jours, le gouvernement défend ce texte controversé et jure que cela ne concerne que ces deux vêtements qui auraient « incontestablement une dimension religieuse ».
      « J’ai ensuite été convoquée par le proviseur et j’ai expliqué pourquoi cela n’avait rien à voir avec une abaya mais il n’a rien voulu entendre. Soit je retirais mon kimono, soit je devais rentrer chez moi et louper ma rentrée », poursuit Aminata, qui a opté pour la seconde injonction. « Pour les jours suivants, je suis à deux doigts de leur envoyer une tenue choisie à l’avance par mail pour qu’ils la valident ».

      Lors de sa rentrée en seconde, Assma*, 14 ans, a d’abord été questionnée par son proviseur à l’entrée de son lycée du sud de la France. Un véritable interrogatoire. « Il m’a demandé si ma tenue avait une connotation religieuse, j’ai dit que non. Il m’a aussi questionnée sur mon collier car le pendentif est une lune, puis m’a laissée entrer. » C’est finalement un professeur qui aurait décidé que sa tenue noire – colle en V et pantalon large – était proscrite. La jeune fille a expliqué qu’elle « ne portait même pas le voile » et qu’elle « aimait juste cette tenue ». En vain. Elle est invitée à rendre des comptes devant la conseillère principale d’éducation (#CPE).
      « La CPE m’a dit que c’était assimilé à quelque chose de religieux et a convoqué ma mère. Elles ont discuté pendant que je pleurais et j’ai finalement pu aller en classe très en retard, raconte-t-elle, encore émue. C’était très humiliant car quand je suis arrivée en classe avec la même tenue, le professeur ne m’a pas crue et a rappelé la CPE pour qu’elle confirme que je pouvais rester. Tout ça s’est passé devant tous mes nouveaux camarades. » À la fin de cette première journée, le professeur en question serait revenu la voir pour détailler ce qu’elle devait plutôt choisir pour se vêtir : « Il m’a dit que je pouvais rester pudique en mettant des habits à la française. »
      Pour Yasmine*, 14 ans, l’histoire est similaire. Lors de sa rentrée en classe de seconde, son établissement de la région parisienne a tiqué sur son pantalon beige et sa tunique blanc cassé. « Le proviseur lui a demandé si elle savait ce que voulait dire le mot laïcité et lui a expliqué que sa tenue allait à l’encontre de ce terme », raconte sa mère, assistante de direction.

      Le #proviseur lui aurait dit qu’elle ne pouvait plus revenir comme cela la prochaine fois. « Sa tenue n’avait rien de connoté religieusement. Elle était coiffée librement, elle avait des bijoux, elle était très coquette. J’ai été stupéfaite », ajoute sa mère, qui ne comprend pas pourquoi il lui a été dit « de porter des vêtements pas larges ». « Elle vit très mal les choses. Elle pleure encore, accuse la famille de Yasmine. Ils vont juste dégoûter les gamins d’aller à l’école, alors que c’est une bonne élève. »

      Des jupes, des robes et des kimonos interdits
      Dans d’autres cas rapportés par la presse ou sur les réseaux sociaux, des jeunes filles visées ont été tout simplement renvoyées chez elles. C’est le cas de deux élèves habillées en robes blanche et colorée à Nanterre, d’une autre en pull et pantalon blancs à Lyon ou de deux autres à Grande-Synthe. Pour ces dernières, l’affaire révélée par BFMTV a été l’occasion pour la chaîne de livrer une interview particulièrement sexiste et indécente. Dans tous ces cas, les tenues visées n’étaient pas des abayas.
      À Nice, par exemple, Sonia*, 16 ans, a été « choquée » de lire dans la presse une partie de son histoire. « Hier, dans la ville de Nice, nous avons eu deux cas d’élèves connues du lycée en question qui se sont vu refuser l’accès à la classe », expliquait la rectrice de la région à BFMTV, avant de prétendre que l’interdiction de « ce type de tenue est interdit depuis toujours puisqu’elle est interdite depuis la loi de 2004 ». Dans Var Matin, le rectorat a également précisé avoir invité la famille à se présenter au lycée pour que les raisons de la décision prise lui soient expliquées. « À notre connaissance les parents n’ont pas donné suite à notre proposition. »
      « Faux », rétorque sa mère, conseillère d’insertion professionnelle. Dans un mail qu’elle a envoyé au proviseur de l’établissement et consulté par Mediapart, elle résumait d’ailleurs la situation après avoir échangé téléphoniquement avec lui. « Lors de sa rentrée scolaire qui a eu lieu hier, ma fille, qui portait alors une jupe plissée et une chemise, a été convoquée concernant sa tenue, jugée alors par vous et l’équipe qui vous accompagnait, ostentatoire. J’en ai été informée par message vocal et vous ai rappelé dès que possible », peut-on lire dans ce courrier. « Vous m’avez répondu trouver la jupe trop couvrante. Je vous ai demandé de m’expliquer sur quels critères vous vous basiez pour affirmer cela. Je n’ai pas eu de réponse, simplement que c’était à vous d’en juger », ajoutait-elle, avant de solliciter un retour écrit et une « demande d’entretien ».
      « Je ne comprends pas pourquoi ils ont refusé la tenue de ma fille et l’ont traitée ainsi. Elle a pleuré toute la soirée du lundi », dénonce-t-elle. « Moi je ne porte pas le voile mais elle a décidé de le porter l’an dernier et a remplacé ses jeans par des tenues plus amples. Ce ne sont pas des abayas, alors pourquoi elle n’a pas pu faire sa rentrée comme tout le monde ? », s’interroge la mère de Sonia, qui dit toujours attendre une réponse à son courrier. Elle ne digère pas non plus les propos du proviseur qui lui aurait suggéré de « mettre sa fille dans le privé ». « Avec 1 800 euros pour élever seule mes trois enfants, je n’ai pas les moyens. Et cela veut dire quoi de proposer ça ? »

      Mardi, c’est Alicia*, 16 ans, qui a raté sa rentrée en classe de première et a dû attendre que sa mère interrompe son travail pour venir la chercher. En cause : son jean, son débardeur blanc et surtout son kimono bleu.
      Devant la CPE, sa mère explique que c’est du « zèle » et qu’il y a une « surinterprétation de la circulaire du gouvernement ». « Je n’ai pas apprécié qu’ils inventent une nouvelle interdiction et surtout qu’ils humilient ma fille en l’interpellant devant tous les élèves. Elle s’est sentie vraiment mal », explique-t-elle. Résultat ? « Elle n’y retournera pas, et j’essaye désormais de la faire changer de lycée », précise sa mère, qui a depuis alerté le rectorat. « J’ai hésité à courber l’échine et à lui faire changer de tenue, mais je trouve cela proprement inacceptable. Je ne peux pas accepter une telle injustice. C’est une traque, non pas des abayas, mais des élèves musulmanes. »
      Comme de nombreux parents interrogés, elle ne comprend pas ce qui est véritablement interdit. « On applique la laïcité ou on souhaite plutôt stigmatiser les musulmans ? »

      Mardi, à Paris, Hassina*, 14 ans, et sa demi-soeur ont fait leur rentrée dans un lycée parisien. La première a été renvoyée chez elle quand la seconde a pu aller en cours. La première était vêtue d’un large pull et d’un large pantalon bleus, quand la seconde y est allée en leggins. « L’établissement a dit à ma fille que ses vêtements représentaient une atteinte à la laïcité et elle a été renvoyée à la maison », témoigne son père, qui dénonce « une grave discrimination ». « Elle ne porte pas le voile, ils n’ont pu que s’appuyer sur son nom pour estimer que son vêtement était religieux. » Et d’enchaîner : « Ce qui est dingue, c’est que nous, ses parents, la laissons s’habiller comme elle veut. C’est un proviseur qui vient imposer une police du vêtement et qui tient le rôle de physionomiste, comme si c’était une boîte de nuit. »
      Des filles repérées lorsqu’elles retirent leur voile
      Sandra*, enfin, 18 ans, n’a pas non plus passé le barrage de son établissement d’Île-de-France. Devant son pantalon noir, son T-shirt et sa longue veste beiges, le proviseur y aurait aussi vu une abaya. « Comme j’ai refusé de me changer, j’ai totalement raté ma rentrée. Ils ont exigé que je retourne chez moi sans même que je puisse récupérer des documents ou mon planning », déplore l’élève. Sur la base de quoi ses vêtements étaient-ils jugés ostentatoires ? « La CPE m’a vue retirer mon voile avant d’entrer dans le lycée », présume Sandra, qui y voit « un pur délit de faciès ».
      Lors d’une procédure entamée par l’ADM mardi devant le #Conseil_d’Etat, l’association, qui demandait à l’institution de suspendre cette interdiction, a finalement perdu. Ce jeudi, le juge des référés du Conseil d’État a en effet rejeté leur #référé, estimant que l’interdiction du port de ces vêtements ne portait pas « une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ». Lors de cette audience racontée par Mediapart, le représentant du ministère de l’éducation avait longuement insisté sur deux points, pourtant démentis par les témoignages récoltés par Mediapart.
      Le dialogue et le suivi pédagogique étaient supposés être systématiquement privilégiés et aucun élève n’était censé être purement et simplement renvoyé sans informations ni documents pédagogiques chez lui.

      Surtout, l’interdiction était supposée parfaitement claire et le gouvernement jurait ne pas avoir besoin d’apporter de précisions sur les vêtement véritablement interdits. Rien ne serait « #arbitraire » et les établissements sauraient parfaitement ce qu’est une abaya, expliquait le directeur juridique du ministère mardi.
      Ces multiples cas montrent l’inverse. Dans un enregistrement que s’est procuré Mediapart, une responsable de vie scolaire d’un établissement explique d’ailleurs très clairement à un parent que les abayas ne sont pas les seuls vêtements interdits. « Les kimonos ne sont pas acceptés », dit-elle notamment, sans être capable de préciser ses critères d’appréciation.

      Interrogé pour comprendre ce qui était véritablement proscrit, le ministère de Gabriel Attal nous a renvoyés vers la note de service. Qu’a-t-il à dire sur ces nombreuses jeunes filles contraintes d’interrompre leur rentrée scolaire et le suivi pédagogique qui va avec ? Auprès de Mediapart, la Rue de Grenelle élude : « Si “nombreuses” correspond aux 67 élèves rentrées chez elles lundi, l’objectif des établissements est de toujours maintenir le dialogue pour permettre un retour rapide en classe des élèves concernées. »
      Mercredi, Mediapart se demandait comment le personnel éducatif allait s’y prendre pour différencier une abaya d’une robe longue ordinaire. « Ils risquent de se référer, plus ou moins consciemment, à l’idée qu’ils se font de l’identité religieuse des jeunes femmes, de la couleur de leur peau ou de la consonance de leur nom, autrement dit cela pourrait se traduire par des pratiques discriminatoires », écrivions-nous. Nous y sommes.

      #musulmanes_présumées #musulmans_présumés

  • Interdiction de l’#abaya :

    Des #équipes_Valeurs_de_la_République et des #équipes_mobiles_académiques_de_sécurité (#Emas) seront déployées dans les collèges. "Malheureusement, cela ne réglera pas les petites transgressions quotidiennes comme les longs gilets, les écharpes, les bandeaux" dit une proviseure". J’ai l’impression d’être catapultée en #Iran...

    Dès ce lundi, les équipes « Valeurs de la république » seront déployées dans les collèges et lycées qui pourraient en avoir besoin. Ces équipes sont constituées de personnels de l’éducation nationale chargés tout au long de l’année d’accompagner et soutenir les chefs d’établissement confrontés à des difficultés pour faire appliquer les principes de la laïcité.

    L’information n’est pas officielle, mais les équipes mobiles académiques de sécurité (Emas) seront aussi postées près des établissements sensibles. Celles-ci comprennent des personnels de l’Éducation nationale, du ministère de l’Intérieur et de psychologues qui interviennent dans les établissements en prévention ou en règlement de situation de crise. « En cas de problème, on peut aussi prévenir le cabinet du recteur, nous explique Julie, la proviseure, qui doute encore de l’entière efficacité de l’interdiction. Malheureusement, cela ne réglera pas les petites transgressions quotidiennes comme les longs gilets, les écharpes, les bandeaux… et le jeu permanent avec les codes. »

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    Source :

    Interdiction de l’#abaya à l’école : comment devront réagir les établissements « en cas de problème »

    Alors que la #rentrée_scolaire, ce lundi 4 septembre, est marquée par la mise en place de l’interdiction l’abaya, les chefs d’établissements oscillent entre le soulagement de pouvoir enfin s’appuyer sur une #règle_claire et l’#inquiétude de voir apparaître des tensions.

    Comme l’ensemble de ses collègues, Julie (le prénom a été changé), proviseure dans un lycée technologique de Paris, a glissé deux nouveaux documents dans son cartable avant de faire sa rentrée scolaire, ce lundi 4 septembre. « Notre hiérarchie nous a transmis une #note_de_service, où il est stipulé qu’une élève ne peut pas aller en cours avec une abaya. Et nous avons également une lettre type signée de la main du ministre de l’Éducation nationale à envoyer aux familles », explique cette cheffe d’établissement.

    Pour l’ensemble des personnels de direction, cette rentrée est placée sous le signe de l’#interdiction_de_l’abaya, même si seuls un peu plus de 150 établissements sont concernés, parmi les 6 980 collèges et 3 710 lycées que comptent le pays. À Paris et ailleurs, les recteurs ont réuni les principaux et les proviseurs pour les informer des mesures à prendre si un élève se présente avec un #qamis (longue tunique portée par les hommes dans les pays musulmans) ou une élève avec une abaya (longue robe ample religieuse pour certains, culturelle pour d’autres).

    En ces premiers jours de classe, seront privilégiés le dialogue « dans un temps resserré » et les explications sur le respect des règles de #laïcité à l’école. « Après les annonces du ministre, nous nous sommes mis en relation avec les quelques établissements scolaires potentiellement concernés, très peu en réalité, pour leur apporter le soutien et l’accompagnement nécessaires au bon déroulement de cette rentrée », nous explique-t-on à l’académie d’Amiens.

    « Ça risque d’être compliqué »

    Dès ce lundi, les équipes « #Valeurs_de_la république » seront déployées dans les collèges et lycées qui pourraient en avoir besoin. Ces équipes sont constituées de personnels de l’#éducation_nationale chargés tout au long de l’année d’accompagner et soutenir les chefs d’établissement confrontés à des difficultés pour faire appliquer les principes de la laïcité.

    L’information n’est pas officielle, mais les équipes mobiles académiques de sécurité (Emas) seront aussi postées près des établissements sensibles. Celles-ci comprennent des personnels de l’Éducation nationale, du ministère de l’Intérieur et de psychologues qui interviennent dans les établissements en prévention ou en règlement de situation de crise. « En cas de problème, on peut aussi prévenir le cabinet du recteur, nous explique Julie, la proviseure, qui doute encore de l’entière efficacité de l’interdiction. Malheureusement, cela ne réglera pas les petites transgressions quotidiennes comme les longs gilets, les écharpes, les bandeaux… et le jeu permanent avec les codes. »

    Ces premiers jours vont en tout cas faire office de test pour les personnels de direction et le ministère, qui n’a pas hésité à ouvrir huit établissements aux médias. « Il y aura des tentatives de détournement de la règle. On voit bien que, sur TikTok, certains encouragent les jeunes filles à aller acheter des vêtements amples, et ensuite à nous présenter la facture pour prouver que ce n’est pas une abaya », prévient Carole Zerbib, proviseure du lycée Vauquelin, dans le XIIIe arrondissement de Paris et membre du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN.

    « Certains élèves cherchent des #variantes, donc ça risque d’être compliqué, poursuit-elle. Mais à côté de ça, on sent une démarche volontariste du ministère, on se sent moins seuls. » En cas de refus persistant de l’élève de se conformer aux principes de la laïcité, les personnels de direction ont pour consigne d’engager une #procédure_disciplinaire à son encontre.

    https://www.leparisien.fr/societe/interdiction-de-labaya-a-lecole-comment-devront-reagir-les-etablissements

    #école #France

  • Abaya, ne laissons pas instrumentaliser la laïcité

    Une fois de plus la question de la laïcité revient sur le devant de scène avec l’interdiction du port de l’abaya à l’école. On aurait pu penser qu’il y avait d’autres priorités à mettre en avant comme le manque persistant d’enseignant.es, les classes surchargées, les inégalité sociales qui se développent et pèsent sur l’avenir de nos enfants. On aurait aussi pu penser qu’après les mouvements de révolte qui ont touché les banlieues, les priorités auraient été autres qu’une nouvelle mesure qui sera inévitablement vécue comme vexatoire. Mais non, le gouvernement a décidé d’une annonce choc : l’abaya, voilà le problème qu’il faut traiter sans attendre, alors même que ce phénomène reste marginal, touchant 145 établissements sur les 55 000 établissements scolaires concernés. Outre la diversion bienvenue par rapport aux problèmes que rencontrent nos concitoyen.es et un clin d’œil vis-à-vis de l’électorat de droite et d’extrême droite, cette annonce a pour le gouvernement l’immense mérite de semer le trouble à gauche où certains ne veulent pas être pris en défaut de laïcité. Il faut donc une fois de plus revenir aux fondamentaux en la matière.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/04/abaya-ne-laissons-pas-instrumentaliser-la-laic

    #politique #laicité

  • L’école, Gabriel Attal et la laïcité « geignarde »

    C’est la rentrée scolaire : les médias causent sur l’école et le ministre de l’Education Nationale s’exprime. A les écouter ou à les lire, le problème ne serait pas le fait que l’institution scolaire aggrave les inégalités sociales (ce qu’une rentrée au 20 août, concernant certains élèves, ne résoudra guère), ni les classes surchargées, ni les suppressions de postes, ni les promesses non tenues de revalorisation des enseignants… Non, l’actu ce sont les fameuses « atteintes à la laïcité », qui auraient explosé. Elles auraient augmenté de 120% en un an, selon les statistiques du Ministère de la rue de Grenelle. On frémit ! Sauf qu’il faudrait distinguer entre certaines « atteintes », qui peuvent être sérieuses et d’autres qui le sont beaucoup moins et, qu’au lieu de geindre, l’institution scolaire devrait réfléchir sérieusement à son rapport à la laïcité. Les propos de Gabriel Attal ne sont pas à la hauteur des enjeux. Examinons pourquoi.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/30/lecole-gabriel-attal-et-la-laicite-geignarde

    #ecole #laicité

  • L’école, Gabriel Attal et la laïcité « geignarde » | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/jean-bauberot/blog/280823/l-ecole-gabriel-attal-et-la-laicite-geignarde

    Je propose que l’on étudie dans les différentes classes, dès la journée de rentrée, les deux premiers articles de la loi de 1905 et les propos d’Aristide Briand, rapporteur de la Commission parlementaire, présentant cette loi : il s’agit, indiquait-il, de proclamer « solennellement que, non seulement la République ne saurait opprimer les consciences ou gêner dans ses formes multiples l’expression extérieure des sentiments religieux, mais encore qu’elle entend respecter et faire respecter la liberté de conscience et la liberté des cultes. »

    Quand au vêtement, Briand s’est montré, à ce sujet, on ne peut plus clair : il a refusé l’interdiction du port de la soutane pour deux raisons : d’abord, fondamentalement, parce que la loi de 1905 est une « loi de liberté » et qu’en conséquence, elle ne doit pas « interdire à un citoyen de s’habiller de telle ou telle manière » ; ensuite, parce que le résultat serait « plus que problématique » : la soutane interdite, on pourrait compter sur « l’ingéniosité combinée des prêtres et des tailleurs » pour créer un « vêtement nouveau ». La loi de 1905 = la liberté de conscience + le refus de jouer au chat et à la souris. Intelligence des principes et intelligence de la stratégie.

    • Pour rappel, l’épisode « piscine » de mes petits à #Montpellier, conséquence totalement crétine de ce jeu du « chat et de la souris » :
      https://seenthis.net/messages/987740

      Les ceusses qui, sur les réseaux, croient qu’on va juger la longueur des jupes en fonction de la religion supposée de l’élève se gourent. C’est effectivement ce qui se faisait déjà, mais maintenant que c’est une règle « officielle » du ministère, rapidement l’aspect raciste sera indéfendable (c’est-à-dire attaqué devant des tribunaux), donc on tentera des définitions « techniques » du vêtement incriminé, et de toute façon on connaît déjà la solution des nostalgiques de l’école idéale du cinéma en noir et blanc : c’est l’uniforme pour tout le monde. Les dog whistle racistes inapplicables ou illégaux, la Macronie a l’habitude, il suffit de revenir quelques temps plus tard sur le thème « on peut jamais rien faire » et donc proposer une mesure plus réactionnaire (quoi que sur ce coup-là, le conseil d’État n’a pas trop de mal à valider les mesures racistes parce que c’est pour ton bien, donc cette histoire d’abaya, si des juges locaux l’invalident, en montant suffisamment haut ça sera validé in fine).

      Encore un ou deux ministres de l’éducation et on y sera, à l’uniforme (avantage de l’idée : en plus ça fout le bordel dans la gauche, bien plus divisée que la droite à ce propos). La Ministre de la jeunesse et du SNU sera simplement rebaptisée « Ministre de la jeunesse en uniforme, bien dégagé derrière les oreilles ».

    • Ce que dit le texte, c’est qu’il n’existe pas d’ultra-laïcité. La laïcité, c’est la liberté de conscience pour les citoyens et l’état neutre vis à vis de la liberté de conscience. Le dévoiement actuel est de considérer que l’élève qui va à l’école fait partie intégrante de l’état, et qu’il doit donc être lui aussi « neutre » (mais pas à la façon de l’état évidemment, qui file quelques milliards à l’enseignement catholique). Ça n’a jamais été l’objet de cette loi, la neutralité des élèves relativement à la liberté de conscience. La loi de 2004 aurait dû être censurée par le CC, pour conflit frontal avec la loi de 1905, mais la loi de 1905 est une loi, et pas un article de la constitution, et donc, pas de possibilité pour le CC de s’engager dans cette voie j’imagine, d’autant qu’il se peut qu’il n’y avait pas non plus de volonté de, évidemment, le CC ne statuant pas forcément en droit, puisque rien ne l’y oblige.

    • L’abaya, l’arbre qui cache la forêt ?
      https://www.cafepedagogique.net/2023/06/15/labaya-larbre-qui-cache-la-foret

      Jean-Fabien Spitz est spécialiste de philosophie politique. Dans cet entretien qu’il accorde au Café pédagogique, il revient sur les récentes polémiques autour du port de l’abaya par certaines élèves et sur le principe des « signes religieux par destination »

      Aujourd’hui, il y a tout un débat sur les tenues vestimentaires par destination. Selon vous, c’est contraire même à l’essence de la loi sur la laïcité. Pourquoi ?

      L’idée même d’un vêtement « religieux » est une absurdité. Dans une république laïque, aucun vêtement n’est musulman, ni juif, ni chrétien. Lors du débat consacré à la loi de 1905, certains députés, qui avaient évoqué la possibilité d’interdire le port de la soutane dans l’espace public se sont attirés cette réponse d’Aristide Briand : « Ce costume n’existe plus pour nous avec son caractère officiel… La soutane devient un vêtement comme un autre, accessible à tous les citoyens, prêtres ou non ». Mais l’idée d’un vêtement religieux « par destination » est deux fois plus absurde. Cela voudrait dire qu’un vêtement changerait de sens en fonction de l’intention de celui qui le porte, ce qui justifierait son interdiction lorsqu’il est avéré que celui ou celle qui le porte a l’intention de lui conférer une signification religieuse. Mais comment s’assurer de la réalité de l’intention si le porteur du vêtement prétend le porter pour des raisons non religieuses, ou si, tout simplement, il refuse, comme il en a le droit, d’être interrogé et jugé sur ses intentions ? Car dans un État qui prétend être respectueux des droits des individus, on ne juge pas les intentions mais les actes. L’idée d’un vêtement religieux par destination conduirait à juger différemment un seul et même acte – le port d’une robe longue – en fonction de l’intention de celle qui l’accomplit. C’est la définition même de l’arbitraire, car un État de droit applique une règle uniforme à des actes extérieurement identiques. C’est aussi la porte ouverte à une dérive sans fin car tout signe, tout vêtement peut devenir « religieux par destination ». Il suffit pour cela que les autorités – le proviseur du lycée, le principal, le législateur – décident qu’ils revêtent une intention dont les autorités elles-mêmes sont les juges en dernière instance. Quel est le recours des citoyens face à un tel abus ?

    • Quand je parle d’ultra laïcité, c’est bien sûr pour pointer le dévoiement et l’instrumentalisation politique de la loi de 1905. Je pourrais aussi parler d’ultra républicanisme ou de national-républicanisme pour désigner en fait ce qu’il convient d’appeler une attitude autoritaire dictée par la complaisance envers les thèses fascisantes de l’extrême-droite pétainiste et de l’intégrisme catholique.
      Dans cette logique, Blanquer n’avait pas hésité à recommander une « tenue républicaine » pour les élèves (surtout au féminin) qui fréquentent l’école publique.

      Et donc #dog_whistle (ou #appel_du_pied) puisque la seule issue de la Macronie est de rassembler lors du deuxième tour de l’élection présidentielle les électeur·rices de la droite la plus molle ou la plus dure.

    • N’ayant aucun rapport avec le culte musulman, avec le Coran, c’est un vêtement venant des pays de culture arabe.

      Les journalistes, même quand ils tentent de piquer un peu les politiques en leur demandant « comment vous ferez la distinction entre une ado qui portent une robe longue, et une ado qui porte une abaya pour la religion ? » ne vont jamais jusqu’au bout alors que c’est clairement l’éléphant au milieu de la salle de classe : c’est pas une loi contre les musulmans, mais bien là encore plus explicitement une loi anti arabe.

      Les chef⋅fes d’établissement vont avoir pour seul protocole : si t’as une tête d’arabe (ou parfois noire), c’est une abaya, si t’es blanche, c’est une robe longue. Point.

      En 2023, on en est encore là, avec la guerre d’Algérie et les décolonisations toujours pas digérées, à faire des lois explicitement racistes et anti-arabes (et qui utilisent les femmes comme instrument pour ça, le dévoilement etc, toujours la même histoire).

    • Et voilà, on est donc déjà arrivés, avec Sabrina Agresti-Roubache (sous-ministre de la ville), à l’idée-qu’elle-est-bonne de coller un uniforme aux gamins :
      https://twitter.com/SabrinaRoubache/status/1696437030488572062

      Pour réduire les inégalités et enlever une charge mentale à tous les parents, je suis favorable à l’expérimentation d’une « tenue scolaire » dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

      Perso je pense qu’il faudrait réintroduire les coups de règle sur les doigts et différentes formes de punitions corporelles, et autoriser les profs à fumer dans la cours pendant les récrés.

    • Je suis sûr qu’il y aura moyen de porter l’uniforme d’une manière ostentatoire et insupportable.

  • Quand, pour combattre le Conseil d’Etat, Marianne contredit Briand en prétendant le citer
    Anne-Hélène Le Cornec Ubertini publie une tribune dans Marianne où elle s’oppose à l’arrêt du Conseil d’Etat refusant d’interdire le burkini sur la plage. C’est, bien sûr, son droit le plus strict. Le problème est que, pour appuyer son argumentation, elle cite longuement Aristide Briand, lors des débats parlementaires sur la loi de 1905, en lui faisant dire le contraire de ce qu’il a déclaré.
    https://blogs.mediapart.fr/jean-bauberot/blog/030823/quand-pour-combattre-le-conseil-d-etat-marianne-contredit-briand-en-
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/04/25/les-atteintes-a-la-laicite-que-lon-veut-imposer/#comment-58305

    #politique #laicité

  • 1 070 nouveaux rabbins qui coûteraient des millions de shekels aux contribuables Canaan LIDOR - Time of #israel

    Un nouveau projet de loi présenté rapidement par la coalition pourrait coûter aux contribuables 120 millions de shekels par an, voire le double, en salaires pour des centaines de nouveaux rabbins orthodoxes municipaux au service du Grand-Rabbinat.

    Ce chiffre, publié mercredi dans une analyse du journal financier Calacalist, est une estimation prudente du coût du projet de loi sur les services religieux juifs, présenté en juin par le député Simcha Rothman (HaTzionout HaDatit) et le député Erez Malul (Shas).

    S’il est adopté, ce projet de loi controversé permettra au gouvernement de nommer 1 070 nouveaux rabbins orthodoxes municipaux, probablement au détriment du budget des municipalités. Ces nouveaux rabbins viendraient s’ajouter aux 491 rabbins municipaux actuellement employés à travers le pays.


    Erez Malul, un député du Shas, assistant à la cérémonie d’investiture du rabbin Yehuda Cohen dans une synagogue de Jérusalem, le 13 juillet 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

    Le projet de loi, dont le libellé exclut littéralement l’embauche de rabbins non-orthodoxes, limiterait également le pouvoir discrétionnaire des rabbins municipaux, les rendant plus subordonnés au Grand-Rabbinat ultra-orthodoxe qu’ils ne le sont aujourd’hui.

    Le projet de loi, qui se heurte à l’opposition des libéraux et même de certains partisans de la ligne radicale, donnerait plus de pouvoir au rabbinat conservateur à un moment où la nation est divisée et secouée par des manifestations de grande ampleur contre la refonte judiciaire de la coalition d’extrême-droite et religieuse qui la soutient.

    Selon le projet de loi, le ministère des Affaires religieuses serait en mesure de nommer pas moins de 1 070 nouveaux rabbins, d’après une analyse récente de l’Institut israélien de la démocratie (IDI). Mais le ministère se prépare actuellement à n’embaucher que 514 nouveaux rabbins au cours des deux ans et demi à venir, a révélé Calcalist. Cet ajout coûterait au moins 120 millions de shekels par an, a déterminé le journal, en se basant sur l’évaluation du salaire moyen et du champ d’activité des rabbins municipaux. Recruter l’ensemble de la liste pourrait doubler ce chiffre.


    Le président de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset, le député Simcha Rothman, dirigeant une réunion de commission sur un projet de loi visant à limiter sévèrement l’utilisation par les tribunaux de la norme du « caractère raisonnable », le 16 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

    Le financement public est controversé parce qu’il pourrait obliger les municipalités qui n’ont pas de rabbin – il y en a plus de 30 dans le pays – à en nommer et à en embaucher au moins un, malgré l’opposition idéologique généralisée de nombreux résidents à l’implication du Rabbinat dans le gouvernement.

    Tel Aviv et Haïfa seraient obligés d’engager deux rabbins municipaux : un séfarade et un ashkénaze. Actuellement, aucun rabbin municipal n’est employé par l’une ou l’autre de ces villes, qui comptent de nombreux résidents musulmans et chrétiens ainsi qu’une masse électorale de Juifs plutôt très laïcs. Deux rabbins municipaux seraient également nommés à Beer Sheva, qui ne compte actuellement qu’un seul rabbin. Jérusalem compte déjà des rabbins séfarades et ashkénazes.

    Le ministère des Affaires religieuses, actuellement dirigé par Michael Malkieli (Shas), pourrait également nommer des rabbins salariés dans des quartiers spécifiques, même s’il n’y a pas de demande locale.

    Tous les rabbins municipaux « sont soumis aux directives du Grand Conseil Rabbinique d’Israël, qui est l’autorité religieuse, halakhique et spirituelle ultime sur toutes les questions relatives à la fonction », stipule le projet de loi.


    Le député Shas Michael Malkieli arrivant pour participer aux négociations de la coalition, dans un hôtel de Jérusalem, le 17 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

    Cette formulation est nettement plus restrictive que la loi actuelle sur les rabbins municipaux, qui stipule simplement qu’ils « agiront conformément aux décisions du rabbinat local et du Grand-Rabbinat ».

    Lors d’une discussion en commission mardi, Rothman a défendu cette disposition comme une garantie d’uniformité « et pour éviter le genre de conflits qui ont parfois déchiré l’establishment rabbinique en lambeaux », a-t-il déclaré. Rothman a cité en exemple le Get de Clèves, une controverse rabbinique du XVIIIe siècle en Allemagne qui, selon certains historiens, a ouvert la voie au mouvement Haskalah et à l’assimilation.

    L’exclusion des rabbins non-orthodoxes se retrouve dans les clauses du projet de loi stipulant que tous les candidats au poste de rabbin municipal doivent être approuvés par le Grand-Rabbinat – qui ne reconnaît que le judaïsme orthodoxe – et accepter son autorité.

    La procédure de nomination présente une autre controverse majeure, puisqu’elle vise à donner au ministère un plus grand droit de regard sur l’élection des rabbins municipaux, au détriment des électeurs locaux.


    Des manifestants rassemblés pour les droits des femmes au rabbinat de Tel Aviv, le 18 juillet 2023 (Crédit : Yaël Gadot)

    Les rabbins municipaux doivent être élus par un conseil électoral ad hoc dont la moitié des délégués sont nommés par le ministre des Affaires religieuses, selon le projet de loi. La moitié des délégués nommés par le ministre doivent être des femmes. Les 16 membres du Conseil du Grand-Rabbinat font également partie du comité électoral, de même que les conseillers de la municipalité concernée et le chef de son conseil religieux, qui est le bureau local du Grand-Rabbinat.

    Rothman, un éminent député du parti HaTzionout HaDatit qui a co-rédigé le projet de loi et qui est l’un des principaux architectes de la refonte judiciaire du gouvernement, a déclaré qu’il modifierait le projet de loi afin d’augmenter la représentation des collectivités locales au sein de l’organe d’élection des rabbins municipaux. Rothman fait avancer le projet de loi en sa qualité de président de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset.

    Le rabbin, député Gilad Kariv (Avoda) et directeur du Mouvement israélien pour le judaïsme réformé et progressiste, a protesté contre cette loi lors des débats, la qualifiant de « saisie d’emplois » et de « corruption gouvernementale légalisée ». Si la loi est adoptée, Kariv a affirmé qu’elle ne survivrait pas à l’examen juridique de la Cour suprême, qu’il s’est engagé à saisir parce que la loi est discriminatoire à l’égard des non-orthodoxes.

    Mais le projet de loi s’attire également les foudres des milieux conservateurs, et même d’autres députés de la coalition, dont Tally Gotliv (Likud), qui est une autre ardente promotrice de la refonte judiciaire.


    Le député Gilad Kariv pendant une réunion de la commission parlementaire de la Constitution, du Droit et de la Justice, sur le projet de loi sur la « raisonnabilité », le 17 juillet 2023. (Crédit : Danny Shem Tov/porte-parole de la Knesset)

    Mardi, lors de la dernière discussion en commission sur le projet de loi, Gotliv et Rothman ont échangé des mots durs à ce sujet. Gotliv a accusé Rothman d’avoir fait passer le projet de loi sans véritable débat. Rothman a suggéré que Gotliv ne pouvait pas être prise au sérieux.

    La prise de bec a mis en évidence la portée du projet de loi peu discuté et a mis à nu certaines animosités et frustrations qui divisent les principaux acteurs de la coalition dans un contexte d’opposition féroce à leurs politiques.

    « Ce n’est pas comme si quelqu’un allait m’écouter, tout ici a été prédéterminé », a déclaré Gotliv, députée du parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

    Il s’agissait probablement d’une référence au style largement autoritaire de Rothman en tant que président, mais peut-être aussi à l’hypothèse largement répandue selon laquelle le projet de loi est le résultat d’un pacte passé entre le Shas et HaTzionout HaDatit – des partis dont les points de vue sont contradictoires sur d’essentielles questions politiques et idéologiques.


    La députée Tally Gotliv escortée hors d’une audience de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice, le 25 juin 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

    Le mois dernier, certains des plus éminents rabbins du parti HaTzionout HaDatit, dont Dov Lior, Haïm Steiner et Yaakov Ariel, ont demandé au parti d’arrêter le projet de loi, a rapporté le site web religieux Israel National News. Les rabbins n’ont pas analysé la politique qui sous-tend le projet de loi et se sont contentés de remettre en question le soutien public dont il bénéficie, ajoutant qu’eux-mêmes et d’autres rabbins n’avaient pas été consultés.


    Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, à gauche, et le chef du Shas Aryeh Deri assistant à une conférence de presse de la Knesset avant le vote du budget de l’État 2023-2024, le 23 mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

    Une théorie populaire sur le pacte politique qui sous-tend le projet de loi est qu’il profite grandement au Shas, qui a une influence considérable sur le Grand-Rabbinat et dispose d’un réseau d’apparatchiks très dévoués et robustes. Un pacte entre le Shas, dont le député le plus ancien est Aryeh Deri, et HaTzionout HaDatit, dirigé par le ministre des Finances Bezalel Smotrich, permettrait au Shas d’installer des centaines de fidèles du parti à des postes relativement bien rémunérés : les salaires mensuels des rabbins municipaux se situent entre 9 000 et 43 000 shekels.

    Selon le rabbin Ido Pachter, coordinateur de la religion et de l’État à Ne’emanei Torah VeAvodah, un mouvement sioniste religieux relativement docile, l’intérêt du parti HaTzionout HaDatit à s’engager dans cette voie est moins évident.

    « Il s’agit d’un accord politique dont les détails sont inconnus », a déclaré Pachter au Time of Israel. « Peut-être qu’en échange de sa coopération, le Shas permettra à HaTzionout HaDatit de nommer son propre grand rabbin. Peut-être y aurait-il d’autres nominations. »


    Le rabbin Ido Pachter. (Crédit : Liron Moldovan)

    Mais cela signifierait que les dirigeants du parti HaTzionout HaDatit « vendent le droit d’aînesse de leurs électeurs pour un plat de lentilles », a déclaré Pachter, faisant référence à l’histoire biblique d’Ésaü et de Jacob. « Pour quelques petites réalisations, ils cèdent effectivement l’establishment rabbinique au Shas et aux haredim, tout en s’aliénant le camp laïc dans le processus. »

    Le projet de loi devrait être discuté à la Knesset à deux reprises la semaine prochaine, avant une première lecture en séance plénière, qui devrait avoir lieu au cours de la prochaine session d’hiver.

    #israel #Laïcité (à la poubelle) #religions #religion #haredims #ultra-orthodoxe #ultra-orthodoxes #patriarcat #rabbinats #apparatchiks #rabbins #rabbins_municipaux

    Source : https://fr.timesofisrael.com/1-070-nouveaux-rabbins-qui-couteraient-des-millions-de-shekels-aux