#laitcailléducinéma

  • n’est pas idolâtre pour un rond, vous savez, elle est certes une contemplative dans l’âme mais l’admiration est une notion qui lui reste parfaitement étrangère. Par exemple, elle serait incapable de donner un seul nom si on lui demandait quel·le est son acteurice contemporain·e favori·te — parmi celleux de son époque à elle elle aurait éventuellement désigné Arletty mais parmi celleux d’aujourd’hui elle ne sait pas, elle n’en connaît pas beaucoup, elle n’est pas très cinéphile.

    Chez les jeunettes il y en a cependant une qu’elle remarque et dont le jeu la fascine à chaque fois qu’elle l’aperçoit, c’est Kiberlain — on ne peut nier qu’elle a un truc, Kiberlain, une tension silencieuse, quelque chose comme ça. La meuf vous la plantez toute seule immobile au milieu d’un décor vide, et même sans prononcer un seul mot elle fait tout passer, on dirait qu’elle va imploser. On pourrait s’agacer de ce qu’elle a toujours l’air au bord des larmes et ne se départ jamais de son regard de cocker, chez n’importe qui ce serait insupportable mais pas chez elle : elle est fondamentalement une comédienne de la retenue, sans rien faire elle rend les non-dits extrêmement lisibles et chope la lumière.

    Voilà. C’est rare, hein, que dans un dazibao la vieille Garreau ne dise pas du mal de quelqu’un·e ? Rassurez-vous, ça n’arrivera plus, là c’est juste parce qu’elle a regardé hier soir « Mademoiselle Chambon » (sur Arte, on ne précise plus) et que si l’on ne décroche pas une seule seconde de ce film pas très révolutionnaire dans lequel il ne se passe pas grand-chose c’est uniquement parce que cette actrice le porte à bouts de bras. Quasiment sans un geste. Juste en étant là, avec sa silhouette dégingandée et sa mine de vase en porcelaine qui va tomber de l’étagère d’un instant à l’autre.

    Alors, son acteurice contemporain·e préféré·e ? Elle ne sait toujours pas mais peut-être qu’elle commence à avoir une petite idée.

    #LaitCailléDuCinéma.

  • est déçue : pas déçue-déçue mais quand même un tantinet déçue. Non parce que même si elle n’y connaît rien en cinématographe normalement elle aime vraiment bien les films de Dumont — elle pense notamment aux ébouriffants « P’tit Quinquin » et « Coincoin et les z-Inhumains » ainsi qu’au poétique « Ma Loute ». Il y a une vraie signature, ça foisonne, c’est inattendu, c’est décalé, ça ne ressemble à rien d’autre, les décors et la lumière du Pas-de-Calais sont fantastiques, ça s’intéresse à la gueusaille, les personnages ont des trognes pas possibles, on se contrefiche de la vraisemblance et on entre dans ces univers comme dans d’un peu malsains contes de fées (les mauvaises langues argueront que c’est un pléonasme).

    Mais là, devant son long-métrage « France » (1), ça fait pschitt, le cinéaste s’est comme... normalisé. Ce n’est pas affreux, hein, il y a encore des trucs mais ces moments sont plus fugaces, l’ensemble est plus lisse, plus « déjà vu ». Des personnages comme celui de cette journaliste parisienne mi-ripou mi-névrosée on les a déjà croisés dans une quantité astronomique de bouquins et de films, celui-ci n’apporte pas grand-chose au propos. Qui plus outre Dumont s’y fait démonstratif, ce qu’il avait réussi à éviter jusqu’alors, et puis franchement filmer la ville avec de vrai·e·s acteurices ne lui réussit pas : son cinéma est taillé pour les comédien·ne·s amateurices et trisomiques errant sur les rivages semi-désertiques de la Mer du Nord.

    Zyva, heureusement que la Garreau n’est pas critique cinématographique parce qu’elle a du mal à camoufler qu’elle n’a rien à dire.

    #LaitCailléDuCinéma.

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    (1) C’est le prénom de l’héroïne, hein, pas le nom d’une petite république fascisante qui ne se sent plus pisser.