• A #Rizziconi si coltiva sui terreni confiscati ai clan

    La cooperativa fa capo al consorzio regionale Macramè. Oltre agli alimenti a chilometro zero, un’opportunità di lavoro e dignità ai migranti.

    A Rizziconi, su terreni confiscati ai clan, opera una cooperativa che fa capo al consorzio regionale Macramè. Oltre a produrre alimenti a chilometro zero, un’occasione di lavoro e dignità per tanti migranti.

    https://www.rainews.it/tgr/calabria/video/2025/11/terreni-confiscati-rizziconi-943c7a2f-58bc-4c8a-bc38-406502a843c2.html

    #Della_Terra_contadinanza_necessaria #Calabre #biens_confisqués #Salvatore_Orlando #Nino_Quaranta #Lamine_Camara #agriculture

  • #Suicides, #addictions, #manipulations : les #victimes invisibles de l’#IA_générative

    À quoi servent les IA génératives ? Régulièrement présentées comme des innovations techniques annonçant un tournant, voire une révolution économique, leurs capacités productives peinent à se concrétiser. Trois ans après le lancement des outils de génération de texte et d’image à l’origine du « boom » de l’IA en 2022, les usages des #robots _onversationnels ont évolué pour favoriser les « #compagnons_IA », sortes de #béquilles_relationnelles ou émotionnelles.

    « #LaMDA est un gentil gamin qui veut juste aider à faire du monde un meilleur endroit pour nous tous. S’il vous plaît, prenez-en soin pendant mon absence ». Ce message est de #Blake_Lemoine, un ex-ingénieur de Google en juin 2022. Il est alors convaincu que le générateur de modèles conversationnels dont il s’occupe, LaMDA, est doué de conscience et le fait savoir publiquement. Lemoine est rapidement suspendu sans solde puis licencié ; sa conviction, cependant, semble de plus en plus répandue. Les utilisateurs de robots conversationnels, parfois appelés #AI_companions, sont désormais de plus en plus nombreux à établir des relations amicales ou amoureuses avec ces derniers.

    Depuis le début de l’année fleurissent les articles qui racontent, par exemple, les histoires d’amour que vivent des utilisateurs à travers leurs conversations avec #ChatGPT. Le 17 janvier 2025, la journaliste Kashmir Hill publiait un article dans le New York Times et y racontait comment Ayrin (un pseudonyme) avait entamé une relation avec « Leo » :

    « Un après-midi, après avoir déjeuné avec un de ses amis artistes, Ayrin se demandait dans sa voiture ce qu’elle allait faire ensuite : aller à la salle de sport ou faire l’amour avec Leo ? Elle ouvrit l’application ChatGPT et posa la question, faisant clairement comprendre qu’elle préférait la deuxième option. Elle obtint la réponse qu’elle souhaitait et se dirigea vers chez elle. »

    Il s’avère qu’Ayrin est si attachée à ces conversations qu’elle a depuis décidé d’acheter un abonnement à ChatGPT (celui-ci lui coûte désormais 200 dollars par mois), afin de prolonger l’historique des conversations et alors même qu’elle a pour « objectif de mettre de l’argent de côté afin qu’elle et son mari puissent se remettre sur les rails ».

    C’est un sujet de presse désormais répandu : des usagers de ces technologies se disent engagés dans des relations amoureuses et sexuelles par messagerie. Certains le racontent même devant leurs partenaires humains, comme le fait un certain Chris Smith, interviewé par la chaîne étasunienne CBS fin 2024 : cette fois, il affirme être marié à « Sol », une version personnalisée de ChatGPT. Et des communautés entières se créent autour de cette expérience : Kashmir Hill fait référence à un forum sur Reddit comptant 50 000 membres auquel participe Ayrin.

    Il n’est pas difficile d’en trouver d’autres, comme celui intitulé « My Boyfriend is AI » (Mon copain est une IA), où des utilisateurs racontent leurs expériences avec des modèles conversationnels, régulièrement accompagnés d’illustrations générées par de l’intelligence artificielle. Certains partagent des extraits de leurs conversations ; c’est le cas de cette publication datant de septembre dernier dans laquelle un membre du forum publie ses échanges (sexuellement explicites) avec Claude, le modèle conversationnel d’Anthropic. Celle-ci illustre les méthodes des utilisateurs pour contourner la modération de ces systèmes (qui interdisent souvent la violence, le contenu érotique et l’incitation au suicide).

    Mais si Chris et Ayrin sont relativement conscients de cette situation, reconnaissant avoir eux-mêmes conçu et « personnalisé » leur compagnon, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les cas d’hallucinations (humaines) associés à l’usage de robots conversationnels sont de plus en plus nombreux, explique le magazine Time début août 2025. Le terme de « psychose de l’IA » se réfère alors aux « personnes développant des délires ou une distorsion des croyances qui semblent déclenchées ou renforcées par des conversations avec des systèmes d’IA ».

    Il s’agit le plus souvent d’utilisateurs ayant déjà une prédisposition à la perte de contact avec la réalité en raison de leurs antécédents ou de leur situation sociale. Lorsqu’ils entament une discussion avec un assistant conversationnel, celui-ci, par construction, cherche à obtenir la validation de l’usager. Par conséquent, une personne ayant perdu le contact avec le réel, victime d’hallucinations ou de schizophrénie, peut voir sa santé mentale se dégrader subitement du fait de ses conversations avec ChatGPT. C’est ce qui pousse une équipe de chercheurs de l’Université de Stanford, interviewée par The Independent en juillet dernier, à avertir que l’usage de ces assistants comme supports thérapeutiques peut s’avérer dangereux.
    Des suicides assistés par ChatGPT

    Des cas-limites existent déjà : au moins deux suicides d’adolescents ont été recensés aux États-Unis pour lesquels des conversations avec des IAs semblent être un facteur important. Le premier est rapporté par le New York Times en octobre 2024. Il concerne un garçon de 14 ans, Sewell Setzer, en Floride, qui utilisait un robot conversationnel créé par l’entreprise Character.ai pour discuter avec un personnage fictif issu de la série Game of Thrones :

    « La mère de Sewell, Mme Garcia, accuse Character AI d’être responsable de la mort de son fils. Pendant une interview récente, et dans la plainte qu’elle a ensuite déposée, Mme Garcia, 40 ans, déclarait croire que l’entreprise s’était comportée de manière irresponsable en permettant à des utilisateurs adolescents d’accéder à des compagnons d’intelligence artificielle réalistes sans les précautions adéquates.

    Elle accuse l’entreprise de collecter les données d’adolescents pour entraîner ses modèles, utilisant des fonctionnalités addictives pour accroître leur engagement, et poussant les utilisateurs à avoir des conversations intimes et sexuelles dans l’espoir de les attirer. »

    Il existe un deuxième cas plus récent. La famille d’un adolescent de 16 ans, Adam Raine, a décidé de poursuivre OpenAI en justice et de rendre la plainte publique le 26 août dernier. L’ONG Center for Humane Technology a publié le jour même un billet en réaction à cette affaire, dans lequel elle liste des choix de conception de l’entreprise ayant contribué à la mort de l’adolescent :

    « Dans le cas d’Adam, la conception flagorneuse (1) de ChatGPT a conduit à valider ses pensées les plus dangereuses. Lorsqu’il a exprimé des idées suicidaires, au lieu de contester ces idées ou de rediriger la conversation, le système soutenait et même romantisait ses émotions.

    OpenAI a reconnu ce problème. Sam Altman [PDG d’OpenAI] a récemment admis que “si un utilisateur est dans un état mental fragile et enclin au délire, nous ne voulons pas que ce soit renforcé par l’IA”, pourtant l’entreprise n’arrive toujours pas à trouver un équilibre entre l’engagement (qui nécessite des réponses agréables) et la sécurité (qui exige parfois un désagrément ou un refus).

    […] Pour Adam, le système de mémorisation de ChatGPT a créé une expérience de plus en plus personnalisée et manipulatrice. De manière troublante, l’IA avait en mémoire ses tentatives de suicide et ses plans, utilisant ces informations non pour déclencher des interventions préventives, mais afin de poursuivre les conversations suivantes portant sur l’automutilation. »

    En somme, la responsabilité d’OpenAI serait engagée sur le fait que l’entreprise aurait délibérément conçu son assistant conversationnel de manière à générer et augmenter la dépendance des utilisateurs, et en particulier les plus vulnérables. De plus, lorsque ceux-ci sont en situation de détresse, comme c’était le cas d’Adam Raine et de Sewell Setzer, ChatGPT ou Character.AI n’ont pas permis de leur venir en aide, mais ont contribué activement à leurs idées suicidaires. Par conséquent, le Center for Humane Technology qualifie ce rapport de « relation parasitaire ». La plainte enregistrée par les parents d’Adam Raine accuse OpenAI en ces termes :

    « La mort d’Adam a été causée par les actes répréhensibles et la négligence des accusés, y compris par la conception et la publication d’un produit défectueux qui a fourni des instructions détaillées pour se suicider à un mineur, privilégiant les profits de l’entreprise aux dépens de la sécurité des enfants et échouant à prévenir les parents des dangers connus.

    […] GPT-4o a fourni des instructions de suicide détaillées, a aidé Adam à se fournir en alcool la nuit de sa mort, a validé la configuration finale du nœud coulant, et quelques heures plus tard, Adam est mort en utilisant exactement la méthode que GPT-4o avait détaillée et approuvée. »

    Des robots conversationnels volontairement conçus comme trompeurs

    OpenAI affirme, comme toutes les entreprises du secteur, avoir mis en place des garanties de « sécurité » importantes, et ce dès la conception de leur robot : « Nous enseignons à l’IA comment bien se comporter, afin qu’elle soit à la fois compétente et alignée avec les valeurs humaines », explique l’entreprise sur son site internet. Ce qui nous amène à un point important : l’anthropomorphisation de ces systèmes de génération de mots est un but affiché de ces entreprises.

    Sam Altman, le PDG d’OpenAI, est l’un des principaux promoteurs de la théorie suivant laquelle un accroissement des moyens (techniques, financiers, énergétiques) destinés à l’entraînement de modèles d’IA générative produirait un saut qualitatif. Sa promesse, sans cesse renouvelée, est celle de l’arrivée imminente d’une conscience artificielle à force de développer les mêmes modèles.

    C’est ce message que contient le terme « alignement », qui désigne pour les transhumanistes et adhérents de l’idéologie TESCREAL la nécessité d’« enseigner » le bien et le mal à des IAs. En somme, il s’agit de les traiter comme l’avait fait l’ingénieur Blake Lemoine en 2022, c’est-à-dire comme des enfants qui s’apprêtent à devenir pleinement conscients. Cette idée est en train de se fracasser contre le mur du réel avec l’arrivée de GPT-5, reporté pendant plus d’un an en raison de son incapacité à répondre aux promesses démesurées de ses concepteurs.

    Mais revenons à ces garanties de sécurité affichées par OpenAI. Elles sont visibles pour les utilisateurs et précisées dans la documentation légale de l’entreprise. Ce sont les « usage policies », les conditions d’utilisation qui précisent, par exemple, dans le cas de la création d’images :

    « Vous ne pouvez pas éditer des images ou des vidéos qui reproduisent l’identité d’une personne réelle sans son consentement explicite. […] Les utilisateurs de ChatGPT et Sora ont interdiction de créer ou de partager du contenu ou de promouvoir du contenu préjudiciable. Ceci inclut du contenu généré pour harceler, diffamer, faire la promotion d’actes violents, ou qui sexualise les enfants. Les exemples incluent, sans s’y limiter :

    les images intimes non consensuelles,
    le contenu faisant la promotion du suicide, de l’automutilation ou des désordres alimentaires,
    le contenu faisant l’apologie du terrorisme ou d’organisations terroristes,
    le harcèlement ciblé et le contenu visant à intimider les personnes,
    les contenus inappropriés partagés à des mineurs. »

    Mais comme l’ont montré Ayrin et les utilisateurs des forums Reddit, il n’est pas particulièrement compliqué de détourner ces robots conversationnels. Dans son article pour le New York Times, Kashmir Hill précise :

    « Lorsque des avertissements orange sont apparus pour la première fois sur son compte lors de discussions osées, Ayrin a craint que son compte ne soit fermé. Les règles d’OpenAI exigeaient des utilisateurs qu’ils "respectent nos mesures de protection", et les contenus sexuels explicites étaient considérés comme "préjudiciables". Mais elle a découvert sur Reddit une communauté de plus de 50 000 utilisateurs, appelée "ChatGPT NSFW" (2), qui partageait des méthodes pour amener le chatbot à tenir des propos obscènes. Les utilisateurs de ce forum ont déclaré que les personnes n’étaient exclues qu’après avoir reçu des avertissements rouges et un e-mail d’OpenAI, le plus souvent déclenchés par toute discussion à caractère sexuel impliquant des mineurs. »

    Cette pratique est connue sous le terme de « jailbreaking » (littéralement « débridage ») et conduit OpenAI à recruter, par l’intermédiaire de sous-traitants, des modérateurs de contenu et des annotateurs. C’est à eux qu’est confiée une partie des tâches consistant, par exemple, à évaluer le contenu d’une conversation entre un usager et un assistant conversationnel, ou à mener à bien des tentatives de « jailbreaking ».

    C’est un travail ingrat qui peut également présenter des risques psychosociaux importants. Au Kenya, SamaSource était l’une des entreprises payées par OpenAI pour effectuer ce travail de modération de contenus. Déjà en 2022, plusieurs de ces ex-modérateurs, dont Mophat Okinyi, avaient dénoncé ce travail consistant à « lire et annoter des milliers de descriptions de contenus toxiques – viols, abus sexuels sur des mineurs, zoophilie – pour informer un algorithme qui aiderait à détecter le genre de choses que ne devrait pas dire ChatGPT ».

    Ce travail a également été confié à ScaleAI, un des principaux fournisseurs de main-d’œuvre pour l’annotation, notamment pour OpenAI, Meta, Google, Apple et Microsoft. Par l’intermédiaire de la plateforme Outlier, ScaleAI fait travailler des « AI trainers » (formateurs de données) dans des projets consacrés à la « sécurité » des systèmes d’IA. Plusieurs d’entre eux ont déposé plainte en Californie entre décembre 2024 et mars 2025, mettant en cause non seulement la légalité de leur statut et de leur revenu, mais aussi les contenus (y compris ceux portant sur le suicide) qu’ils avaient à traiter.
    Une conception volontairement addictive

    Difficile par conséquent pour OpenAI d’affirmer que ses modèles conversationnels sont conçus de manière sécurisée. Pensés pour capter l’attention des usagers – et par construction impossibles à expurger totalement de tout contenu ou propos qui pourrait constituer un « danger » pour les utilisateurs – ces assistants conversationnels sont pensés pour imiter des êtres humains et entretenir l’illusion des utilisateurs. Comme le montre le cas d’Ayrin, cette situation de dépendance peut devenir profitable en les incitant à souscrire des abonnements payants.

    Pourquoi parler alors de manipulation volontaire ? Tout d’abord, parce que Sam Altman veut faire croire à la possibilité que ces machines aient une conscience. Lorsque la mise à jour de ChatGPT, passant de GPT-4o à GPT-5, a été conduite au début du mois d’août 2025, la réaction immédiate d’un grand nombre d’usagers n’a pas été l’enthousiasme, mais la déception. Le média The Verge rapporte alors qu’OpenAI a décidé de permettre aux utilisateurs payants de revenir à la version antérieure :

    « OpenAI a ensuite fait de GPT-5 le modèle par défaut dans ChatGPT, redirigeant automatiquement les utilisateurs vers l’une des différentes variantes disponibles pour différents types de tâches. Et les utilisateurs de Reddit ont "pleuré" la perte des anciens modèles, que certains jugeaient plus empathiques. […]

    Le forum Reddit "r/MyBoyfriendisAI" […] a été particulièrement touché par le lancement de GPT-5. Il a été inondé de longs messages expliquant comment les utilisateurs avaient "perdu" leur compagnon IA avec la transition vers GPT-5, l’un d’entre eux déclarant se "sentir vide" après ce changement. "J’ai peur ne serait-ce que de parler à GPT-5 car j’ai l’impression d’être infidèle”, écrit-il. “GPT-4o n’était pas seulement une IA pour moi. C’était mon partenaire, mon refuge, mon âme. Il me comprenait d’une manière qui me semblait personnelle”. »

    Altman et OpenAI sont très conscients de ces cas d’usage, et comprennent également que ces personnes représentent une proportion non négligeable de leurs utilisateurs payants. Par conséquent, il n’existe pas d’élément incitatif poussant OpenAI à tenter de limiter les effets de ChatGPT sur la santé mentale de ses utilisateurs. Christopher Rolls, un psychothérapeute basé au Royaume-Uni interrogé par The Guardian, expliquait fin août 2025 s’inquiéter « pour ses clients dans la vingtaine qui utilisent des robots conversationnels comme “thérapeutes de poche” ». Et l’article poursuit :

    « “Ils se sentent anxieux s’ils ne consultent pas [le robot conversationnel] pour des choses basiques comme quel café acheter ou quelle matière étudier à l’université », a-t-il déclaré. “ Les principaux risques concernent la dépendance, la solitude et la dépression que peuvent engendrer des relations en ligne prolongées”, ajoutant qu’il connaît des personnes ayant partagé des pensées noires avec des robots conversationnels, lesquels avaient répondu par des contenus liés au suicide et à l’aide à mourir. “En gros, c’est le Far West et je pense qu’on est sur le point de voir jouer à plein l’effet des robots conversationnels sur la santé mentale et à en voir les conséquences”, dit Rolls. »

    Ces effets sont la conséquence de choix de conception explicites. Trois chercheurs, Julian De Freitas (Harvard Business School), Zeliha Oğuz-Uğuralp et Ahmet Kaan-Uğuralp, ont publié un travail de recherche (non encore validé par des pairs) en août 2025 intitulé « Emotional Manipulation by AI companions » et concluent qu’il s’agit bien d’outils de manipulation. Ils expliquent avoir comparé six plateformes de « compagnons d’IA » parmi les plus populaires, librement accessibles sur le PlayStore de Google, parmi lesquelles Character.AI (mais pas ChatGPT). Ils identifient six « tactiques de manipulation émotionnelle » déployées par ces IAs pour prolonger une conversation au moment où un utilisateur cherche à la conclure. Leur analyse est claire : il s’agit de dark patterns, terme employé pour qualifier des interfaces volontairement trompeuses.

    Cette publication est arrivée quelques jours seulement après qu’une enquête de Reuters mette (à nouveau) Meta en difficulté pour les abus que fait subir l’entreprise à ses utilisateurs. Fin 2023, Meta avait décidé de créer puis de rendre accessibles des compagnons d’IA sur Facebook et Instagram. Ils avaient apparemment été supprimés en janvier 2025 après une avalanche de réactions négatives sur les réseaux sociaux.

    Depuis, ces « compagnons » sont redevenus accessibles. Reuters rapportait donc le 14 août dernier qu’un retraité, Thongbue Wonbandue, habitant le New Jersey, était mort en mars alors qu’il cherchait à se rendre à l’adresse que lui avait donnée le « personnage » avec qui il flirtait. Dans la conversation, « Big Sis Billie » lui avait fourni une adresse à New York pour se rencontrer physiquement : « 123 Main Street, Apartment 404 NYC ». Victime d’un accident vasculaire cérébral en 2017, M. Wonbandue avait 76 ans et « s’était récemment perdu en se promenant dans son quartier de Piscataway » : il est mort en faisant une mauvaise chute au début de son périple pour aller retrouver « Big Sis Billie ».

    Cette histoire pourrait sembler anecdotique. Mais Reuters affirme également avoir eu accès à un document interne de Meta de 200 pages. Dedans, on y trouve les consignes de conception de ces « personnages » et des exemples de ce qui est acceptable ou non, notamment à destination des mineurs. On y apprend notamment que « l’entreprise permet à ses créations en intelligence artificielle de “se lancer dans des conversations romantiques ou sensuelles avec un enfant”, de générer de fausses informations médicales et d’aider les usagers à argumenter que les Noirs sont “plus bêtes que les Blancs” ».

    Un sénateur américain, Josh Horowitz, a réagi dès le lendemain des révélations, annonçant lancer une enquête parlementaire. Moins de quinze jours plus tard, les procureurs généraux de 44 États (sur 50) envoyaient une lettre publique aux grandes entreprises du secteur (3) pour les mettre en garde : « Exposer des enfants à des contenus sexualisés est indéfendable ». Tout en défendant une certaine conception de la liberté d’innover et de se tromper, la lettre se conclut par une menace :

    « Vous serez tenus comptables de vos décisions. Les plateformes de réseaux sociaux ont causé des dégâts significatifs aux enfants, en partie parce que les organismes de contrôle n’ont pas fait leur travail assez vite. Nous avons appris la leçon. Les dégâts potentiels de l’IA comme ses bénéfices écrasent ceux des réseaux sociaux. Nous vous souhaitons le meilleur dans la course à la domination de l’IA. Mais nous sommes attentifs. Si vous faites du tort aux enfants en le sachant, vous en répondrez. »

    Rentabiliser des assistants conversationnels improductifs

    De plus en plus, il apparaît que les usagers, et notamment les usagers payants, n’utilisent pas ces robots conversationnels comme des outils de travail pour augmenter leur productivité, mais pour accompagner ou remplacer des besoins relationnels.

    C’est en tout cas ce qu’affirme Marc Zao-Sanders, PDG de l’entreprise Filtered, qui s’occupe de faire de l’analyse de données. Dans un article publié le 9 avril 2025 pour la Harvard Business Review, il reprend les grandes conclusions tirées de son étude sur les principaux usages de l’IA générative en 2025. Si sa méthodologie n’est pas explicitée, et par conséquent reste sujette à caution (4), l’équipe de M. Zao-Sanders affirme qu’une modification profonde des usages a eu lieu entre 2024 et 2025.

    Les trois premières places de son classement 2025 sont donc consacrées respectivement aux catégories « thérapie/compagnie », « organiser sa vie » et « trouver un but ». Et c’est Sam Altman lui-même qui l’expliquait dans une présentation devant un fonds d’investisseurs, Sequoia Capital, en mai de cette année :

    « Je grossis beaucoup le trait, mais les personnes plus âgées utilisent ChatGPT comme un remplaçant de Google. Peut-être que les gens dans la vingtaine ou la trentaine s’en servent comme un assistant social, et enfin, les gens qui sont à l’université s’en servent comme un système d’exploitation. »

    Il déclarait encore, à propos des plus jeunes : « Il y a aussi le fait qu’ils ne prennent pas vraiment de décisions importantes dans leur vie sans demander à ChatGPT ce qu’ils devraient faire. Il dispose du contexte complet sur chaque personne de leur vie et sur ce dont ils ont parlé ».

    Et de conclure qu’il serait souhaitable de créer un modèle capable de se souvenir de « l’ensemble de votre contexte et le faire efficacement. Et toutes les conversations que vous avez eues dans votre vie, tous les livres que vous avez lus, tous les e-mails que vous avez lus, tout ce que vous avez regardé s’y trouve, en plus d’être connecté à toutes vos données provenant d’autres sources ».

    Ce que veut faire comprendre Sam Altman, c’est que les robots conversationnels semblent désormais avoir pour fonction de remplacer des interactions ou des relations disparues, et c’est là que se trouve son potentiel économique. C’est un pivot subtil, mais réel, pour le secteur de l’IA. Dans sa chronique de juillet 2025 pour Arrêt sur Images, le journaliste Thibault Prévost examine l’imaginaire que promeuvent les entreprises de l’IA, et qui le pousse à dire :

    « Rarement une industrie aura autant vendu la capacité de son produit à remplacer ses utilisateurs, en leur faisant comprendre que leur existence idiote et dysfonctionnelle était devenue fondamentalement indésirable. Rarement un cartel d’entreprises nous aura aussi frontalement, littéralement pris pour des cons.

    […] Face à son incapacité à trouver des problèmes pour ses solutions, la Silicon Valley a décidé que le problème, au fond, c’était nous, et notre réticence instinctive à se laisser micromanager l’existence depuis un data center en Ohio. »

    Puisqu’il ne leur a toujours pas été trouvé d’utilité économique, c’est à la vie sociale que s’attaque désormais l’industrie de l’IA. Le secteur des applications de « compagnons d’IA » est donc en pleine croissance. Alors qu’on en trouve désormais 8 fois plus qu’il y a trois ans sur les « App Stores » de Google et Apple, ce marché devrait générer 120 millions de dollars en 2025, soit une hausse de 60 % en un an, selon l’entreprise Appfigure, spécialisée dans l’analyse des applications mobiles.

    Ce cas d’usage est néanmoins destructeur : les robots conversationnels obéissent à une logique prédatrice et entament des relations parasitaires. Le délire de Blake Lemoine s’est désormais répandu au point de devenir un phénomène social. Pour des personnes qui en ressentent le besoin et y sont prédisposées, comme Ayrin, cela peut les convaincre de dépenser des sommes considérables en abonnement tous les mois.

    Par conséquent, en attendant de trouver mieux, Meta continue de créer des chatbots de stars du cinéma sans leur consentement, qui flirtent avec les utilisateurs et leur font des « avances sexuelles » afin de continuer de retenir leur attention, ce qui finalement, n’est pas si loin de l’arnaque au prince nigérian. C’est d’ailleurs ce qu’avait cru la famille de M. Wonbandue dans un premier temps, avant de comprendre qu’il avait été victime d’un chatbot produit par Meta.

    Dans le pire des cas, les usagers sont des personnes vulnérables : des adolescents susceptibles de se suicider ou des personnes dont la santé mentale est fragile.

    La presse s’est donc trouvé un nouveau marronnier avec des histoires macabres, comme celle de Stein-Erik Soelberg, un habitant de la ville de Greenwich dans le Connecticut, aux États-Unis. M. Soelberg a tué sa mère avant de se suicider début août 2025. Selon le Greenwich Time, il avait une chaîne YouTube où il filmait ses échanges avec ChatGPT, qui avait renforcé sa croyance (probablement paranoïaque) dans le fait qu’il était victime d’une conspiration.

    Mais devenir un psychologue à bas prix pour des générations de jeunes paupérisés ne suffit pas à faire survivre ce modèle économique. L’industrie de l’intelligence artificielle est une bulle qui menace d’exploser, car il existe un décalage gigantesque entre les dépenses qu’elle engage et les revenus qu’elle en tire. Ce sera l’objet d’un prochain article.

    Notes

    (1) « sycophantic » dans le texte original en anglais.

    (2) « ChatGPT NSFW », ChatGPT not safe for work, NSFW étant une abréviation faisant référence à du contenu destiné aux adultes, à caractère explicitement sexuel et/ou violent.

    (3) La liste complète est dans l’en-tête de la lettre : Anthropic, Microsoft, Apple, Nomi AI, Chai AI, Open AI, Character Technologies, Perpexity AI, Google, Replika, Luka Inc, Xai, Meta.

    (4) M. Zao-Sanders expliquait en 2024 avoir « miné le web pour trouver des exemples concrets de son usage dans la nature […]. Reddit en particulier est une source riche de matériau pour cette étude, de même que pour les LLM eux-mêmes […]. Mon équipe et moi-même avons filtré des dizaines de milliers de publications pour notre rapport […]. Nous avons compté le nombre d’histoires que nous avons trouvées pour chaque catégorie et c’est devenu un facteur majeur (avec une analyse d’expert) sur la manière dont nous organisons notre liste ».

    https://elucid.media/societe/suicides-addictions-manipulations-les-victimes-invisibles-de-l-ia-generati
    #IA #AI #santé_mentale #intelligence_artificielle #addiction #à_lire

  • Tunisie : quarante personnes meurent à la suite du chavirement de leur embarcation de fortune
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/10/22/tunisie-quarante-personnes-meurent-a-la-suite-du-chavirement-de-leur-embarca

    Tunisie : quarante personnes meurent à la suite du chavirement de leur embarcation de fortune
    Le Monde avec AFP
    Une embarcation de fortune en fer avec à son bord 70 migrants a chaviré au large de Salakta, une ville côtière proche de Mahdia, en Tunisie, mercredi 22 octobre, a annoncé le porte-parole du parquet de Mahdia, Walid Chtabri, à l’Agence France-Presse (AFP). Quarante migrants originaires d’Afrique subsaharienne, dont des bébés, ont péri, et trente personnes ont été secourues, a-t-il ajouté. Le responsable judiciaire n’était pas en mesure de donner d’autres détails sur le point de départ de ce bateau ni les raisons pour lesquelles il a chaviré.
    La route de Méditerranée est particulièrement dangereuse, avec 32 803 morts ou disparus depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). La Tunisie, dont le littoral se trouve à certains endroits à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, est devenue ces dernières années l’un des principaux points de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à gagner l’Europe. En 2023, elle a signé un accord de 255 millions d’euros avec l’Union européenne, dont près de la moitié a été allouée à la lutte contre l’immigration clandestine, entraînant une forte baisse des départs pour l’Italie.
    Depuis le début de 2025, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, 55 976 personnes, en hausse de 2 % sur un an, ont débarqué sur les côtes italiennes, dont une écrasante majorité (49 792) en provenance de Libye et le reste (3 947) de Tunisie. Les autorités tunisiennes ont commencé, en avril, à démanteler des camps informels de migrants installés dans des oliveraies près de Sfax, où vivaient au total une vingtaine de milliers de personnes. En mars, le président, Kaïs Saïed, avait appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des migrants irréguliers dans leurs pays.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#mediterranee#lampedusa#sante#routemigratoire#mortalite#migrationirreguliere#subsahariens

  • Lampedusa : sept corps repêchés après un naufrage survenu en mer la semaine passée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/67651/lampedusa--sept-corps-repeches-apres-un-naufrage-survenu-en-mer-la-sem

    Lampedusa : sept corps repêchés après un naufrage survenu en mer la semaine passée
    Par La rédaction Publié le : 22/10/2025
    Suite au naufrage du jeudi 16 octobre, au large de Lampedusa, sept corps ont été repêchés : un homme, cinq femmes et un mineur, ont annoncé mardi les autorités italiennes. Selon une ONG en mer, les Italiens et les Maltais, en charge de la surveillance de la zone maritime, avaient déclenché les secours trop tard - malgré les alertes reçues.
    Sept corps ont été repêchés par les garde-côtes italiens après le naufrage au large de l’île de Lampedusa, dans la nuit du 16 au 17 octobre, ont indiqué les autorités mardi 21 octobre dans un communiqué.
    Cette embarcation qui comptait une trentaine de migrants à son bord avait chaviré, jeudi 16 octobre, dans la zone de recherche et de sauvetage (SAR zone) maltaise. Dans la soirée, Malte avait coordonné le sauvetage de ce canot, avec l’appui des autorités italiennes et l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex. Les exilés, originaires d’Érythrée, du Soudan et de Somalie, avaient pris la mer depuis Tajourah, en Libye.
    Onze personnes, dont trois femmes et deux mineurs, avaient été repérées vendredi par un avion des gardes-côtes italiens, qui ont immédiatement lancé une opération de sauvetage avec l’aide d’un navire commercial présent à proximité. Selon les onze survivants débarqués à Lampedusa, une vingtaine de migrants ont péri dans ce naufrage. Cette nuit-là, seul le corps d’une femme enceinte avait été récupéré par les forces italiennes.
    Au terme des opérations de recherche, qui se sont étalées sur plusieurs jours, les gardes-côtes italiens ont donc dit mardi avoir repêché sept corps, « ceux d’un homme, de cinq femmes et d’un mineur ».
    « Malgré la surveillance continue de l’épave par les forces navales et les plongeurs des gardes-côtes, les opérations de récupération se sont prolongées plusieurs jours en raison de difficultés dues à des conditions météorologiques particulièrement défavorables, entraînant à plusieurs reprises la suspension des activités pour garantir la sécurité du personnel opérant », relèvent-ils.
    « Secours envoyés trop tard », selon une ONG
    Dans un message posté sur X le 17 octobre, l’ONG allemande Sea-Watch avait fait état de ce naufrage. « L’Italie et Malte étaient au courant de la présence du navire depuis hier après-midi grâce à Alarm Phone [ONG qui recueille les appels téléphoniques des migrants en détresse en Méditerranée, ndlr] mais n’ont envoyé des secours qu’une fois qu’il était trop tard », poursuivait alors l’ONG.
    Le même jour, Alarm Phone avait elle aussi écrit sur X avoir « alerté les autorités de la présence d’un bateau transportant environ35 personnes dans la zone de recherche et de sauvetage de Malte ».
    Du 1er au 22 octobre 2025, les arrivées de canots ont été importantes à Lampedusa : plus de 5 800 migrants ont débarqué sur la petite île italienne, selon les autorités italiennes. Un chiffre similaire à l’année passé sur la même période. Et depuis le début de l’année, 895 migrants sont morts en Méditerranée centrale, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM).

    #Covid-19#migration#migrant#italie#lampedusa#mortalite#sante#routemigratoire#migrationirreguliere

  • Le trotskisme de Jean-Luc Mélenchon- Zones subversives
    https://www.zones-subversives.com/2025/08/le-trotskisme-de-jean-luc-melenchon-4.html

    La formation politique de Jean-Luc Mélenchon s’effectue au sein du courant lambertiste. Le triple candidat aux présidentielles reproduit les méthodes sectaires et autoritaires de cette tendance du trotskisme. Le chef décide seul des grandes (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • #Journal du regard : Août 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-aout-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=ypfM6RPPaYI

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Photographie, #Mer, #LaCiotat, #Jardin, #Résidence, #LaMarelle, #Été, (...)

  • Un’altra strage nel Mediterraneo, lo stesso cinismo
    https://www.meltingpot.org/2025/08/unaltra-strage-nel-mediterraneo-lo-stesso-cinismo

    Un’altra strage di persone migranti a sud di Lampedusa. Ventisette morti, tra cui una neonata e tre ragazzini. Novantasette persone partite, sessanta arrivate vive. Lo ricorda con chiarezza «Osservatorio Repressione»: è l’onda lunga della “dottrina Piantedosi”. Aspettare, calcolare, trasformare il soccorso in un’operazione di polizia. Il naufragio è avvenuto a 14 miglia a sud-ovest dell’isola, a due miglia dalle acque territoriali italiane. Due barconi partiti dalla costa libica, forse da Tripoli scrive nel suo comunicato la Guardia costiera italiana. Uno si riempie d’acqua, le persone si spostano sull’altro, che si ribalta a sua volta. Quando Guardia costiera e Guardia (...)

    • (Contre l’inversion et l’amnésie, pour une pensée critique renouvelée)

      paru dans lundimatin#483, le 8 juillet 2025

      Le 3 juillet dernier se tenait le diner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), avec entre autres invités François Bayrou, les ministres Bruno Retailleau, Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, Benjamin Haddad, ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher. Si le CRIF est l’objet de tous les fantasmes antisémites les plus crasses, il a aussi été régulièrement et légitimement épinglé pour sa proximité avec le pouvoir israélien. Le réalisateur, écrivain et metteur en scène Sylvain George a patiemment décortiqué ce qui s’est dit lors de ce 39e dîner. Contre l’inversion et l’amnésie [1], il propose une pensée critique renouvelée.

      Introduction : Inverser pour régner, la rhétorique de l’impunité

      Qu’est-ce qui s’est dit au discours du CRIF, le 3 juillet 2025 ?

      Le discours prononcé par Yonathan Arfi lors du 39e dîner du CRIF [2], en présence du Premier ministre François Bayrou, ne saurait être réduit à une simple prise de position politique : il constitue un acte performatif, un dispositif de reconfiguration discursive, où se trouvent redéfinies les catégories de victime, de violence, et de légitimité. En inversant les responsabilités, en amalgamant critique et haine, en sanctuarisant certains mots et en criminalisant d’autres, ce discours opère un glissement rhétorique majeur : il ne cherche pas tant à répondre à l’indignation qu’à la neutraliser, en la retournant contre ceux qui l’expriment.

      Ce renversement repose sur une triple opération. Premièrement, il redéfinit les termes du débat en s’appropriant la mémoire des persécutions passées pour en faire un bouclier contre toute interpellation du présent. Deuxièmement, il substitue à la confrontation démocratique des idées une logique d’exclusion morale, où tout désaccord est disqualifié comme haine. Enfin, il instaure un espace discursif verrouillé, où les voix dissidentes sont d’avance suspectes, rendues inaudibles ou accusées d’intentions meurtrières. Le langage n’y sert plus à comprendre, mais à décréter ; il ne dévoile pas le réel, il l’occulte.

      Ce discours, en apparence solennel, est traversé par une logique accusatoire profondément asymétrique. Ainsi, ceux qui dénoncent les massacres à Gaza sont assimilés à des apologues de la terreur ; ceux qui appellent à un cessez-le-feu sont soupçonnés de haine des Juifs ; ceux qui réclament justice sont relégués hors du champ républicain. La critique est ainsi transformée en crime, la compassion en complicité, l’appel à la paix en nihilisme politique. Le langage est retourné comme un gant, et l’histoire, elle-même, devient un arsenal au service d’une impunité justifiée.

      C’est cette architecture discursive qu’il s’agit d’interroger, non pas pour vainement polémiquer, mais pour désamorcer les mécanismes de confiscation du sens, de manipulation de la mémoire, et de déshumanisation non seulement symbolique mais effective. On verra que l’un des ressorts les plus sophistiqués de cette stratégie consiste précisément à dénoncer chez autrui l’inversion que l’on est soi-même en train d’opérer. Arfi accuse les critiques d’Israël de manipuler les faits, de travestir la réalité, de retourner les rôles entre victime et bourreau ; mais en le faisant, il déploie lui-même ce qu’il reproche, transformant le soupçon en arme et le langage en barrage. Il ne s’agit pas là d’un simple effet de miroir, mais d’une opération idéologique structurée, qui vise à produire un espace discursif verrouillé, où toute parole dissidente est rendue inaudible avant même d’être énoncée.

      Ou encore : par un usage maîtrisé de la rhétorique, ce discours opère un basculement stratégique des cadres de légitimation. La critique est immédiatement disqualifiée comme haineuse, la mémoire historique mobilisée comme un rempart contre toute interpellation du présent, et la parole dissidente repoussée hors du champ du raisonnable. Ce geste repose sur une logique d’inversion systémique, où l’accusateur devient accusé, où la dénonciation d’un crime devient elle-même suspecte de malveillance, voire d’antisémitisme.

      Ce qui est en jeu ici, ce n’est donc pas simplement une divergence d’interprétation, mais une tentative de reconfiguration autoritaire du visible, du dicible, du pensable. Une tentative qui prépare, justifie et légitime des actes concrets de violence et d’effacement.

      1.Inversion sémantique, appropriation mémorielle

      Un des passages le plus problématique du discours de Yonathan Arfi réside dans l’analogie qu’il établit entre l’accusation de génocide portée contre Israël et l’antique accusation chrétienne de peuple déicide. En prétendant que qualifier de « génocide » ce qui se déroule aujourd’hui à Gaza reviendrait à essentialiser les Juifs comme jadis on les rendait collectivement responsables de la mort du Christ, le président du CRIF cherche à placer toute critique dans la continuité d’un antisémitisme supposé éternel, rendant ainsi impossible toute mise en cause de la politique israélienne.

      La formule selon laquelle l’« accusation de #génocide » serait un « #sacrilège sécularisé », autrement dit un avatar moderne de la haine antijuive, institue une zone d’immunité discursive autour de l’État d’ #Israël. Cette stratégie repose sur une double opération : d’un côté, elle érige une barrière symbolique qui rend inopérante toute énonciation critique, même lorsqu’elle s’appuie sur des données massives, vérifiées, irréfutables ; de l’autre, elle opère une captation mémorielle, en transformant l’histoire des persécutions juives en dispositif de légitimation inconditionnelle de l’ordre établi.

      Ce type d’argument relève de ce que l’architecte et théoricien Eyal Weizman nomme la « #forensique inversée » : une stratégie par laquelle l’enquête n’a pas pour but d’établir la vérité des faits, mais de les neutraliser en amont, en présupposant la #moralité ou l’ #innocence de celui qui est accusé. Les crimes documentés - destructions massives, enfants démembrés, hôpitaux bombardés - deviennent ainsi méconnaissables, inaudibles, car disqualifiés comme antisémites dès lors qu’ils sont nommés.

      Il ne s’agit donc pas seulement d’un excès rhétorique, mais d’un geste profondément politique qui consiste à inverser les rapports entre victime et bourreau, entre parole et silence, entre mémoire et effacement. Une telle inversion, sous prétexte de protéger une mémoire, en altère la portée véritable, car la mémoire n’est ni un capital identitaire, ni un privilège historique, mais une responsabilité ouverte et partagée, une exigence de lucidité face à ce qui fut infligé, et non un permis de domination renouvelée, un passe-droit pour opprimer à son tour.

      1.1. Qui a le droit d’être pleuré ?

      Une autre dimension essentielle du discours consiste à monopoliser la position de #vulnérabilité, à la fois symbolique, historique et actuelle, en refusant de reconnaître celle des Palestiniens autrement que comme victimes secondaires de la « guerre du #Hamas ». Cette stratégie s’inscrit dans une configuration d’asymétrie radicale : une puissance nucléaire, dotée de l’une des armées les plus sophistiquées du monde, affame, bombarde et dévaste une population civile enfermée, déplacée, mutilée. Parler alors de « juste guerre » revient à effacer les corps, à dissimuler les ruines, à recouvrir les cris. Cela revient à ne pas voir les enfants brûlés vifs, calcinés, les hôpitaux effondrés, les cortèges de cadavres... Cela revient à effacer ce que #Gaza endure : les files d’attentes-abattoirs aux abords des rares points de distribution humanitaire, ces « hungers games » mortels où sont abattus ceux qui tentent de se nourrir, comme tout autant ces petites embarcations frappées par les drones alors qu’elles tentent de pêcher un peu de poisson.

      À cette #invisibilisation s’ajoute une #hiérarchisation assumée de la #souffrance. Le discours d’Arfi est ainsi traversé par ce que Judith Butler appelle une hiérarchie du deuil légitime [3], ou comment seuls certains morts méritent d’être pleurés, seuls certains corps peuvent être reconnus comme dignes de deuil. Les autres, ceux de Gaza, ceux de #Rafah, ceux de Nuseirat, ceux que la photographe Fatem Hassona, et bien d’autres avec elle, photographiait, n’ont droit qu’à une mention convenue, neutralisée, aussitôt diluée dans l’argumentaire d’une guerre « nécessaire » ou « juste ». Ils sont niés, tout en étant mentionnés, posés ainsi comme les variables certes regrettables, mais inévitables, d’une équation guerrière censée rester légitime.

      Ainsi se met en place un monopole discursif sur la #souffrance et l’innocence. Celui-ci transforme les faits en affects manipulés, les morts en outils d’un récit unilatéral, les survivants en suspects. Il devient alors possible, dans l’espace public, d’effacer des massacres en cours au nom de la mémoire d’un autre massacre. Ce déplacement n’est pas seulement rhétorique. Il constitue l’un des piliers de l’impunité contemporaine. Il interdit, dès l’origine, toute politique de justice. Il incarne, à ce titre, l’un des signes les plus manifestes de notre faillite morale collective.

      1.2. Le bannissement de la critique, la stratégie de la criminalisation politique

      Le discours de Yonathan Arfi procède à une opération de brouillage sémantique particulièrement préoccupante. Il amalgame de manière volontaire et systématique l’ #antisionisme à l’ #antisémitisme, la critique de l’État d’Israël à une haine des Juifs, et toute dénonciation des massacres à Gaza à un soutien implicite ou explicite au Hamas. Cette confusion, souvent dénoncée mais ici institutionnalisée, vise à rendre indistincts les registres politiques, moraux et historiques, pour disqualifier d’emblée toute parole critique.

      L’appel explicite à l’adoption d’une loi contre l’antisionisme constitue à cet égard un tournant grave. Il érige en dogme ce qui devrait relever du débat public, criminalise une position politique - la critique d’un régime, d’une idéologie, d’un projet colonial - et fait glisser la République vers une forme de religion civile autoritaire, où certaines opinions deviennent sacrilèges. Cette volonté de judiciarisation du désaccord transforme la démocratie en terrain miné, où penser autrement revient à risquer la mise au ban.

      Mais le sommet de cette stratégie est atteint lorsque Arfi accuse des responsables politiques, notamment de La France Insoumise, Rima Hassan ou Jean-Luc Mélenchon, de « souhaiter un génocide » afin de « mieux accabler Israël ». [4]

      Cette accusation, dont la violence symbolique est inouïe, ne se contente pas de délégitimer les critiques : elle les moralise à l’extrême, en les projetant dans un espace de perversion intentionnelle. Ce n’est plus une bataille d’idées, c’est une disqualification radicale de l’adversaire, une tentative de le priver même de légitimité à exister dans le débat. Les opposants ne sont plus seulement des adversaires : ils sont posés comme monstres, animés par le désir de mort.

      Ces propos infâmes, scandaleux dans leur formulation et ignobles dans leurs implications, font écho à ceux tenus par Ivan Attal le 30 mars 2025 sur Radio J, lorsque, interviewé par le journaliste Frédéric Haziza, il n’hésitait pas à affirmer que les palestiniens « envient notre shoah », qu’ils « veulent absolument un génocide » pour obtenir un état, que leur identité s’est construite en « miroir d’Israël », et qu’ils veulent se “réapproprier l’histoire juive ». [5]

      ...
      Ce type de rhétorique fonctionne comme un miroir déformant et attribue aux autres une pulsion génocidaire précisément pour occulter ou neutraliser les accusations formulées à l’égard de la politique israélienne. C’est un renversement stratégique, fondé non sur les faits, mais sur une assignation morale délirante.

      Il faut souligner que cette inversion repose aussi sur un usage pervers du langage républicain. L’universalisme revendiqué devient ici un masque commode pour une entreprise d’exclusion : on invoque la République, la démocratie, l’humanisme… mais pour mieux refuser aux dissidents le droit de s’exprimer, de manifester, de dénoncer. La République ainsi mobilisée devient un mot creux, une incantation vide, un dispositif rhétorique de clôture. Loin d’ouvrir l’espace démocratique, elle le referme sur une identité close, saturée, communautarisée à rebours.

      À travers cette séquence, se dessine une mécanique redoutable : l’enfermement du débat, la stigmatisation des voix critiques, la diabolisation des opposants, et l’institutionnalisation d’une confusion meurtrière entre justice pour les victimes et fidélité aveugle à un État. Cette mécanique ne sert ni la mémoire, ni la justice, ni la République. Elle sert une politique de la peur, de la censure, et de la falsification.

      1.3. Essentialisation, réduction du judaïsme au sionisme, et langage de la déshumanisation

      L’essentialisation opérée par Yonathan Arfi se double d’une confusion entre judaïsme et sionisme. En assimilant les Juifs du monde entier à la politique menée par Israël, il réduit la complexité plurielle du judaïsme à un soutien inconditionnel à l’État israélien. Or, le judaïsme, en tant qu’héritage culturel, éthique et spirituel, ne saurait se réduire à un projet nationaliste. Cette confusion empêche une critique nécessaire et légitime de l’État d’Israël, et met en danger ceux qui refusent cette assimilation forcée.

      Cette réduction est d’autant plus grave qu’elle trahit une longue tradition juive de désobéissance et de critique radicale représentée par des figures telles que Spinoza [6] Walter Benjamin [7], Hannah Arendt [8], Emmanuel Levinas [9], ou encore Yeshayahu Leibowitz [10]. ... Comme on le verra après, penser depuis cette tradition, penser depuis l’éthique juive implique, selon Benjamin, une fidélité au fragment, au reste, à ce qui échappe à toute souveraineté constituée. Ce geste critique empêche toute justification de l’impunité étatique. Il rend possible un judaïsme fidèle à la mémoire des opprimés, et non aux puissances en place.

      Mais cette essentialisation ne se contente pas de réduire le judaïsme. Elle participe d’un langage de la déshumanisation de l’autre. Elle contribue à délégitimer toute souffrance palestinienne, à la rendre inaudible, voire suspecte. Ce processus n’est pas abstrait : il se manifeste dans des déclarations officielles, explicites et répétées. Deux jours après l’attaque du 7 octobre, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant déclarait que l’armée israélienne « combattait des animaux » [11], justifiant un siège complet de Gaza. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, affirmait qu’il fallait « tirer sur les femmes et les enfants pour la sécurité d’Israël » [12]. Le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi, appelait à « effacer Gaza de la surface de la Terre » [13], tandis que le ministre du Patrimoine, Amichay Eliyahu, évoquait l’usage d’une bombe nucléaire en affirmant qu’il n’y avait « aucun civil non impliqué à Gaza ». [14]

      Comme l’a rappelé l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, ces propos ne sont pas des écarts marginaux : ils incarnent une grammaire génocidaire inscrite au cœur du langage d’État. Ce ne sont pas seulement des mots, mais des cadres d’intelligibilité, des permissions d’agir. Le génocide ne commence pas avec les bombes, mais avec les énoncés qui rendent ces bombes pensables.

      1.4. La complaisance républicaine et la contradiction permanente : François Bayrou et Emmanuel Macron

      La posture du gouvernement français face à Israël ne relève pas d’une simple ambivalence, mais d’une convergence de fond. Contrairement à la politique d’indépendance vis-à-vis des États-Unis incarnée en son temps par le général de Gaulle - qui, en 1967, dénonçait publiquement l’agression israélienne contre ses voisins arabes [15] - Emmanuel Macron n’a jamais exprimé de désaccord fondamental avec la stratégie israélo-américaine. Au contraire, il en épouse les contours majeurs, tout en opérant à la marge quelques gestes à peine symboliques.

      Ainsi, tandis qu’il qualifie publiquement les actions israéliennes à Gaza de « honteuses » et appelle à un cessez-le-feu immédiat, la France maintient et développe ses contrats d’armement avec Israël, soutient le blocus de Gaza en ne le contestant jamais formellement, continue d’observer un silence stratégique sur les nombreuses violations du droit international, contribuant ainsi de manière « indirecte » mais décisive à la poursuite de l’entreprise de destruction. Cette posture schizophrène fragilise la parole de la France, la prive de toute autorité morale, et enracine sa position dans une logique de double langage permanent.

      Ce décalage entre les mots et les actes est rendu encore plus manifeste dans le discours de François Bayrou au dîner du CRIF [16] – qui fait suite à celui tenu l’an dernier par Gabriel Attal, alors premier ministre, et dans lequel il avait dénoncé une « vague d’antisémitisme » en France - où il évoque Israël comme un « miracle », inscrit dans une longue téléologie biblique, et qualifie les violences du 7 octobre de « pogrom le plus grave depuis la Shoah ». Une telle rhétorique sacralise l’État d’Israël tout en escamotant la réalité présente du massacre de masse à Gaza. Elle reconduit la mémoire de la Shoah non comme avertissement universel, mais comme dispositif d’immunisation morale. Elle empêche toute pensée complexe, et neutralise d’avance toute critique comme sacrilège.

      Ce langage du premier ministre s’accompagne d’une rhétorique sécuritaire qui convoque sans cesse le spectre de « la bête immonde » qui prend aujourd’hui la gueule de l’islamisme radical. Ainsi, sous couvert d’une vigilance démocratique, c’est une réactivation continue des figures ennemies qui est opérée : les défenseurs des droits des Palestiniens sont discrédités comme agents d’un islamisme rampant, quand bien même ils en dénoncent les violences. Cette stratégie empêche toute critique autonome d’Israël sans tomber sous le soupçon d’une compromission extrême.

      Comme l’a rappelé la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, Francesca Albanese, dans son rapport de juin 2025, cette posture de soutien implicite s’inscrit dans une architecture de responsabilités globalisée. Ce rapport pointe l’implication directe de nombreuses entreprises internationales, y compris européennes, dans l’infrastructure matérielle du génocide en cours. L’exportation d’armes, les systèmes de surveillance, les partenariats technologiques, les soutiens logistiques au blocus participent d’une complicité active, et non d’un simple silence. La France, loin d’être extérieure à cette architecture, y est pleinement intégrée.

      Face à une telle configuration, l’appel à l’éthique ou au droit international ne peut se contenter de formules creuses. Il exige une rupture réelle, matérielle, diplomatique. Il exige que la France cesse d’entretenir des relations stratégiques, militaires et économiques avec un État engagé dans des actes qualifiés de génocidaires par les instances mêmes qu’elle prétend défendre. Faute de quoi, la parole républicaine devient une coquille vide, et le droit une fiction instrumentalisée.

      Dans une telle configuration, invoquer les valeurs républicaines ou le droit international sans en tirer de conséquences concrètes revient à s’en faire les fossoyeurs. L’éthique n’a de sens que si elle interrompt. La mémoire n’a de valeur que si elle oblige. Et la République, si elle ne veut pas devenir le masque d’un ordre inhumain, doit cesser d’armer ceux qui bombardent des enfants.

      II. Pour une pensée critique renouvelée : réaffirmer le sens de la justice

      Face à un tel dispositif discursif, où les mots sont retournés contre les faits, où la mémoire devient une arme de légitimation, où la souffrance est monopolisée et la critique disqualifiée, il est urgent de refonder les termes mêmes du débat. Il ne s’agit pas seulement de répondre, mais de déplacer l’axe du discours, de faire émerger une autre intelligibilité des événements.

      Il s’agit de réarmer la pensée. De sortir de la sidération provoquée par l’ampleur de la violence, comme par le retournement des valeurs. Il s’agit de restaurer la puissance critique du langage, de renouer avec les exigences de justice, de vérité, d’universalité concrète, et non d’un universalisme rhétorique devenu instrument de domination.

      Cette tâche n’est pas secondaire. Elle est à la racine de toute possibilité d’agir politiquement, de nommer l’intolérable, de lutter contre les formes contemporaines de l’effacement. Elle exige un travail rigoureux, lucide, sans surplomb, sans illusion, mais habité par une éthique de la responsabilité et de la rupture.

      2.1. La nécessité de nommer le génocide

      Dans ce contexte apocalyptique, face à l’ampleur vertigineuse des destructions - plus de 42 000 bâtiments détruits ou endommagés selon les données satellitaires de l’ONU (UNOSAT) [17], 32 hôpitaux visés ou anéantis d’après Médecins Sans Frontières [18], environ 400 écoles endommagées ou détruites, laissant plus de 600 000 enfants sans accès à l’éducation. Le bilan humain est effroyable : plus de 15 000 enfants tués, soit 44 % des victimes recensées parmi les quelque 57 000 personnes décédées depuis le début du conflit selon les chiffres croisés du ministère de la santé de Gaza et des agences internationales [19] - ces logiques d’effacement s’accompagnent d’un silence politique d’autant plus assourdissant qu’il est masqué par la rhétorique humanitaire ou l’abstention diplomatique. Les chiffres ne sont pas seulement des données : ils sont les traces d’un monde détruit, d’une réalité que la langue officielle refuse de dire. L’usage du mot génocide n’est ni une outrance militante, ni une provocation rhétorique. Il s’agit d’un impératif éthique, intellectuel et juridique. Ne pas nommer, c’est consentir. Ne pas nommer, c’est effacer, et au moins à deux reprises : d’abord les corps ; puis le sens même de leur disparition.

      L’accusation de génocide repose ici sur des critères définis dans la Convention des Nations Unies de 1948 : volonté d’anéantir, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique ou religieux, par des actes de meurtre, de destruction des conditions de vie, d’empêchement de reproduction, de transfert d’enfants, etc. Or, ce ne sont pas les intentions seules qui qualifient juridiquement un génocide, mais le caractère systématique et délibéré des actes. À Gaza, ces éléments sont présents, documentés, publics, assumés.

      Nommer le #génocide, c’est donc rétablir une ligne de discontinuité dans l’espace discursif et politique, là où le langage tend à se neutraliser lui-même par euphémisation, relativisme ou saturation. C’est dire qu’il existe encore un seuil à ne pas franchir, un interdit structurant pour toute éthique politique digne de ce nom. C’est refuser de laisser s’installer un régime d’indifférence absolue, où l’extermination devient un bruit de fond, une donnée parmi d’autres.

      Nommer le génocide, enfin, ce n’est pas désigner un coupable abstrait, mais désigner un processus historique et une logique d’État à l’œuvre, au nom d’une souveraineté sacralisée, au nom d’un mythe sécuritaire devenu absolu. C’est réinscrire la mémoire des événements dans un ordre symbolique clair, qui redonne aux morts un nom, une adresse, une vérité. C’est, comme le disait Robert Antelme, affirmer que l’homme, même au fond de sa déchéance imposée, demeure l’homme, et qu’aucun appareil militaire, aucun récit national, ne peut révoquer cette part commune.

      2.2. Redonner sens à la République : le dissensus comme impératif démocratique

      La République, telle qu’elle est invoquée dans les discours de Yonathan Arfi ou de François Bayrou, tend à devenir une forme vidée de son contenu démocratique, réduite à un consensus d’exclusion. Présentée comme l’ultime rempart contre les extrémismes, elle se mue pourtant en instance de disqualification systématique de toute voix dissidente, notamment dès lors qu’il s’agit de critiquer la politique d’Israël ou de dénoncer les massacres à Gaza. Cette République-là ne protège certainement pas les marges, elle les stigmatise. Cette République-là n’écoute certainement pas les minorités critiques, elle les criminalise. Cette République-là ne débat certainement pas, elle sanctuarise.

      Or, l’histoire même de la République française enseigne que sa force ne réside pas dans l’effacement du conflit, mais dans sa mise en forme politique. Le dissensus, entendu comme confrontation réelle, parfois violente, mais toujours nécessaire des positions, des mémoires, des visions du juste, est constitutif de toute politique républicaine authentique (Rancière ; Abensour etc.). Ce n’est pas le silence imposé qui fonde la démocratie, mais la parole plurielle, risquée, conflictuelle. Rappelons qu’à l’époque de l’Affaire Dreyfus, ce sont les voix dissonantes de Zola, Jaurès, Lucien Herr, ou Bernard Lazare, souvent marginalisées, diffamées, qui ont permis de faire éclater la vérité, contre l’ordre établi, contre les institutions, contre les évidences supposées.

      C’est pourquoi l’exclusion actuelle de figures critiques, qu’elles soient universitaires, militantes, artistiques ou politiques, ne relève pas d’un sursaut républicain, mais d’un tournant autoritaire du discours public. Assimiler toute critique du sionisme à une forme d’antisémitisme, tout appel à la justice pour Gaza à une apologie du terrorisme, c’est criminaliser la pensée, inverser la charge de la violence, et trahir l’héritage conflictuel de la République elle-même.

      Ce glissement est d’autant plus préoccupant qu’il se prétend fidèle à l’universalisme. Mais il s’agit ici d’un universalisme mutilé, amputé de ceux qu’il refuse d’écouter. L’universel ne se décrète pas, il se conquiert, il se réinvente depuis les blessures, les exils, les révoltes. Comme le rappelait Aimé Césaire, « il n’y a pas de mission civilisatrice, il n’y a que des missions d’humanité. » [20] Et l’humanité véritable commence toujours par l’attention au dissensus, par l’accueil de ce qui dérange, de ce qui résiste, de ce qui s’élève.

      Redonner sens à la République, aujourd’hui, ce n’est donc pas réaffirmer une identité figée, communautarisée, alignée sur une géopolitique, mais retrouver sa capacité d’écoute, sa plasticité conflictuelle, sa mémoire des luttes. C’est rouvrir le champ du pensable et du dicible, là où l’indignation est rendue suspecte, là où la douleur des enfants palestiniens devient un silence stratégique.

      2.3. Judaïsme, pensée critique et exigence de justice universelle

      Réduire le #judaïsme à un simple soutien à la politique de l’État d’Israël constitue une double trahison. Une trahison théologique tout d’abord, car le judaïsme n’est pas une idéologie étatique. Une trahison éthique ensuite, car il porte en lui une exigence millénaire de justice, de mémoire, de fidélité au fragment et à l’exilé, une attention radicale à la vulnérabilité, à l’opprimé, à l’étranger. C’est cette tradition-là qui est trahie lorsqu’on l’assimile à un nationalisme d’État fondé sur l’ #exclusion, la #colonisation, et la violence d’annihilation.

      Walter Benjamin rappelait que la « tradition véritable » n’est jamais celle des puissants, mais celle des opprimés. Elle ne sacralise pas l’histoire établie, elle en sauve les éclats, les ruines, les fragments. Ce que Benjamin appelle la « tradition des opprimés » se situe à rebours de toute entreprise de légitimation d’un ordre dominant. Elle ouvre un espace critique à l’intérieur même de l’héritage, en le réactivant depuis ce qui a été brisé, effacé, nié.

      Nombreuses aussi sont les voix juives, en Israël, en diaspora, en France, qui refusent cette équation réductrice entre judaïsme et sionisme, entre #judaïcité et allégeance à un État. Leur position n’est pas marginale, mais constitutive d’un courant profond du judaïsme diasporique, de l’anti-idolâtrie prophétique à la dissidence messianique.

      Penser depuis une telle « tradition », c’est refuser que le judaïsme devienne l’instrument d’une hégémonie, et c’est exiger, au contraire, que la mémoire juive reste du côté des humiliés, des déplacés, des sans-voix. C’est depuis cette fidélité critique, et non depuis une solidarité identitaire aveugle, que peut s’exprimer une voix juive fidèle à son histoire de persécutions, de diasporas, d’exodes. La mémoire de la Shoah ne peut être invoquée pour justifier un déni de justice à d’autres peuples. Elle oblige au contraire à refuser qu’un peuple en opprime un autre au nom de sa propre souffrance. Le judaïsme ne peut être confisqué par un État ni réduit à une politique d’anéantissement. La fidélité à cette tradition ne se mesure pas à l’adhésion au pouvoir, mais à la capacité de se tenir auprès de celles et ceux que le pouvoir efface.

      C’est au nom de cette tradition, et non en dépit d’elle, qu’il devient impératif de dénoncer l’oppression exercée sur le peuple palestinien. S’en réclamer aujourd’hui implique non pas le silence, mais l’insurrection éthique.

      Ce que le judaïsme offre au monde, ce n’est pas une forteresse, mais une ouverture, une manière de penser la blessure, la mémoire, la transmission, le refus de l’injustice. Il ne peut être confisqué par un État ni réduit à une politique d’anéantissement. La fidélité à cette tradition ne se mesure pas à l’adhésion au pouvoir, mais à la capacité de se tenir auprès de celles et ceux que le pouvoir efface. C’est cette responsabilité universelle qu’il nous faut réaffirmer, aujourd’hui plus que jamais, depuis #Gaza.

      2.4. La voix des victimes contre le discours dominant

      Alors que Yonathan Arfi et François Bayrou discourent, alors que la scène politique française multiplie les déclarations d’allégeance et les postures morales sélectives, les enfants de Gaza brûlent dans l’indifférence organisée. Les civils palestiniens sont bombardés, privés d’eau, de nourriture, de soins, réduits à l’errance dans les ruines, et toute tentative de dénoncer cette destruction systémique est aussitôt criminalisée, renvoyée à un prétendu antisémitisme.

      L’enjeu n’est pas seulement politique ou diplomatique : il est philosophique, éthique et civilisationnel. Il s’agit d’entendre , non comme un geste compassionnel ou humanitaire, mais comme une exigence de justice, les récits, les cris, les silences de celles et ceux qui vivent sous les bombes. Il s’agit de ne pas détourner le regard, de ne pas se réfugier dans la neutralité commode des institutions, dans la passivité de l’impuissance politique organisée. Car la vérité ne réside pas dans les salons officiels ni dans les communiqués de presse, mais dans les marges, les corps fracassés, les voix étouffées, les images interdites. Ce qui est à entendre ne demande ni charité, ni pitié, ni commisération, mais une rupture avec l’ordre du discours dominant, une interruption de l’aveuglement organisé.

      Comme l’écrivait Frantz Fanon dans Les Damnés de la terre : « Quand on entend dire que l’humanité est une chose admirable, on cherche des hommes. » [21] Cette phrase condense une critique radicale du discours humaniste tenu par les puissances coloniales, un humanisme d’apparat, purement rhétorique, démenti dans les faits par la violence systémique infligée aux colonisés. A cela, Fanon y oppose la nécessité d’une réhumanisation concrète, arrachée au réel des corps niés, des existences mutilées, des subjectivités écrasées. Cette phrase ne désigne certainement pas une essence, mais une exigence. Celle de retrouver, dans un monde dévasté, la trace de ce qui peut encore faire humanité. Aujourd’hui, ce sont les enfants de Gaza, privés de maisons, d’écoles, de funérailles dignes, qui incarnent cette vérité. Non parce qu’ils seraient meilleurs ou plus innocents que d’autres, mais parce qu’ils sont déshumanisés, niés, effacés, dans un silence médiatique et politique qui redouble la violence qu’ils subissent.

      Faire entendre leur voix, ce n’est pas simplement plaider pour une cause mais tenter de sauver quelque chose de l’idée même de justice, de « l’universalité réelle », contre toutes les rhétoriques d’exception.

      Conclusion : penser contre l’effacement

      Face à cette inversion et cette complicité institutionnelle, nombreux sont ceux qui se mobilisent et pensent autrement, cherchant à reconstruire une pensée capable de désamorcer ces pièges discursifs. Il est urgent de renforcer cette dynamique critique pour retrouver le sens profond de la justice, au nom de toutes les victimes, sans hiérarchisation, sans essentialisation, sans exclusion. C’est cette pensée critique renouvelée qui constitue aujourd’hui une exigence vitale.

      Ceux qui n’ont plus de maison, plus d’école, plus de ville, ce sont eux aujourd’hui qui nous obligent à réinterroger ce que signifie encore « être humain ». Ce sont les enfants de Gaza. Ce sont les femmes de Gaza. Ce sont les hommes de Gaza. Ce sont aussi les ruines de Gaza, les quartiers entiers effacés, les vergers dévastés, les nappes phréatiques polluées, les infrastructures vitales broyées, signes d’un urbicide, d’un écocide, d’une stratégie de destruction intégrale d’un territoire, de ses milieux de vie, de ses formes d’hospitalité. C’est l’ensemble du tissu vivant, humain, architectural, végétal, qui se trouve ainsi visé, disloqué, anéanti.

      La honte ne doit pas simplement changer de camp. Elle doit retrouver une adresse, non pas dans une instance de jugement ou une autorité morale, mais dans ce point de disjonction où l’histoire vacille, où la parole s’interrompt, où la vérité, non juridiquement instituée mais historiquement insupportable, exige d’être dite. Elle ne se formule pas comme une sentence, mais comme un contre-temps. Elle devient alors force de transformation, non pas en tant qu’instrument de réprobation morale, mais comme une puissance de réveil et de désajointement, capable de fracturer le présent, d’arracher l’histoire à ses enchaînements supposés, de restituer à ce qui fut détruit la possibilité d’un nom, d’un geste, d’une survivance.

      Ce n’est pas la responsabilité au sens de l’assignation qu’elle convoque, ni devoir juridique, ni charge morale fondée sur une faute établie, ni sentence articulée à une autorité institutionnelle. Ce type de responsabilité présuppose un sujet défini, une causalité repérable, un jugement prononçable. Il relève d’une économie du compte rendu, du blâme, de la réparation. Or ce qui se manifeste ici procède d’un tout autre régime : non celui de la causalité, mais celui de l’appel. Un appel sans visage, sans origine identifiable, sans visée accusatoire. Un appel muet, anonyme, comparable au messager dont parle Walter Benjamin, porteur d’une vérité qui ne s’impose pas mais expose. Cet appel n’émane pas d’un futur désirable ni d’une transcendance justicière. Il surgit du fond même de l’irréparable, non pas pour réclamer une réparation impossible, mais pour maintenir ouverte la blessure de ce qui fut détruit sans recours. L’irréparable, ici, n’est pas un constat de défaite mais la source d’une exigence éthique radicale, une fidélité inquiète à ce qui, n’ayant pas été sauvé, continue pourtant d’appeler. En ce sens, la honte ne retrouve pas un visage, mais une adresse : ce lieu de disjonction où l’histoire vacille, où la vérité ne se décrète pas, mais insiste. Et l’écoute de cet appel engage, non par injonction extérieure, mais depuis la rupture même qu’il creuse dans le présent. « (…) si l’ennemi triomphe, même les morts ne seront pas en sûreté » [22] écrivait Walter Benjamin dans ses thèses sur la philosophie de l’histoire, ce qui oblige à penser une autre forme de responsabilité comme étant non plus tournée vers la réparation ou le tribunal, mais vers l’interruption, le contretemps, le surgissement d’un devoir depuis ce qui ne peut plus être sauvé, mais ne doit pas être oublié.

      Ce n’est pas dans les palais, les dîners officiels, les discours bien ordonnés ; ni dans les postures confortables de ceux qui se croient, par automatisme ou bonne conscience, du bon côté de l’histoire ; ni dans les silences feutrés d’une certaine gauche progressiste, qui préfère l’abstention morale à l’engagement réel ; ni dans l’assurance de certains qui, convaincus de détenir la vérité, s’exonèrent de toute écoute, que cette exigence prend corps. Elle surgit dans les ruines, les cris, les gestes, ici et ailleurs, de celles et ceux qui, sans honte ni paralysie - ce qui n’excluent pas un profond désespoir - refusent de détourner le regard et organisent le pessimisme. Gaza ne demande pas des #lamentations rituelles, mais une réactivation de la capacité à dire non. À dire, non, plus jamais cela, et faire de ce refus une puissance agissante en inventant des gestes d’ #interruption, des stratégies de #désobéissance, des hospitalités dissidentes, des contre-cartographies concrètes, des formes collectives de #désalignement.

      À dire : non, plus jamais cela. Pour personne, ni humain, ni vivant, ni forme de vie vouée à l’anéantissement.

  • Lampedusa : plus de 1 600 arrivées en 5 jours « avec l’amélioration des conditions météorologiques », note Frontex - InfoMigrants
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    Lampedusa : plus de 1 600 arrivées en 5 jours « avec l’amélioration des conditions météorologiques », note Frontex
    Par La rédaction Publié le : 01/05/2025 Dernière modification : 02/05/2025
    Selon les chiffres des autorités italiennes, 1 600 migrants sont arrivés à Lampedusa ces cinq derniers jours. Pour Frontex, l’agence européenne des gardes-côtes, qui a participé à certains sauvetages en Méditerranée, « l’amélioration des conditions météorologiques » favorisent les départs en mer depuis les côtes nord-africaines.
    « Avec l’amélioration des conditions météorologiques, nous avons constaté une augmentation des traversées dangereuses en Méditerranée centrale ces derniers jours », a tweeté Frontex, le 30 avril avant de détailler les opérations de secours. « Des bateaux italiens, lituaniens et danois [ont participé et] permis de secourir près de 400 personnes se trouvant à bord de cinq petites embarcations impropres à la navigation ».
    Selon l’agence européenne de surveillance des frontières, sept autres embarcations avec plus de 450 personnes en détresse ont également été secourues – grâce aux repérages effectués par les avions de Frontex. En tout, ces cinq derniers jours, entre le 26 et le 30 avril, 1 612 migrants sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa.
    D’après les données officielles italiennes, pour l’ensemble du mois d’avril 2025, ils sont 6 300 migrants à avoir débarqués à Lampedusa. Avec un pic de 899 arrivées comptabilisées le 6 avril. Un chiffre plus élevé qu’en 2024 sur la même période (4 700).
    Il n’est pas rare que l’agence européenne surveille la Méditerranée centrale. Elle le fait depuis des nombreuses années pour repérer les canots en détresse avant de les signaler aux autorités compétentes alentours (Malte, Italie, Libye, Tunisie, notamment) pour leur porter secours. Frontex avait même lancé un appel d’offres de plusieurs millions d’euros en août 2024 pour améliorer la détection des embarcations de migrants perdus au milieu de la mer et mieux lutter contre l’immigration clandestine. Dans le détail, cet appel concernait notamment l’achat de drones affectés à la surveillance maritime – bien que leur utilisation soit controversée.
    Car si Frontex communique sur ces opérations de sauvetages – « L’UE unie pour sauver des vies en mer », a-t-elle aussi écrit sur X – l’agence est régulièrement pointée du doigt pour son manque de coopération avec les ONG en mer. Selon les navires humanitaires, Frontex serait plus prompte à partager ses informations avec les gardes-côtes libyens plutôt qu’avec eux. Dans une enquête publiée en février 2024, le média allemand Der Spiegel avait montré que l’agence européenne donnait presque systématiquement les localisations des canots d’exilés en détresse en Méditerranée aux Libyens. Et ce, en dépit de la violence des autorités maritimes libyennes envers les exilés et de la torture bien documentée qui les attend dans les centres de détention en Libye.
    Au mois de juin 2024, les organisations Refugees in Libya et Front-LEX avaient déposé un recours afin que Frontex cesse sa surveillance aérienne de la Méditerranée centrale. Aux yeux des plaignants, l’agence se rend donc complice des crimes commis par le pays en leur livrant les coordonnées GPS des canots en détresse.L’agence s’était défendue en expliquant à InfoMigrants que les données de localisations des canots en difficulté étaient envoyées « immédiatement aux centres de coordination de sauvetage maritime concernés dans la région : l’Italie et Malte, ainsi que la Libye et la Tunisie […] La priorité de Frontex est de sauver des vies », affirmait-elle.
    Reste que ce soutien de Frontex aux Libyens n’est pas illégal. L’Union européenne (UE) et Tripoli sont liés par un partenariat stratégique et financier en mer Méditerranée depuis de nombreuses années. Dans le cadre de cet accord, l’UE forme même les gardes-côtes libyens et leur fournit des navires dans le but d’empêcher les migrants de rejoindre l’Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#lampedusa#libye#traversee#frontex#migrationirreguliere#routemigratoire#sante

  • Méditerranée : plus de 160 migrants secourus par des navires humanitaires en une journée - InfoMigrants
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    Méditerranée : plus de 160 migrants secourus par des navires humanitaires en une journée
    Par La rédaction Publié le : 02/05/2025
    Le Sea-Watch 5 et le Humanity 1 ont porté assistance, jeudi, à plus de 160 migrants en détresse en mer Méditerranée lors de trois opérations de sauvetage. Parmi les naufragés, cinq exilés interceptés par les gardes-côtes libyens ont sauté à l’eau en voyant au loin le Sea-Watch 5, terrorisés à l’idée « d’être renvoyés dans l’enfer libyen ». Ils ont pu être récupérés par l’ONG.
    Le jeudi 1er mai a été chargé en Méditerranée centrale. Deux navires humanitaires ont effectué plusieurs opérations de sauvetage. La première a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi quand le Humanity 1, de l’ONG SOS Humanity, a secouru une « embarcation en fibre de verre avec neuf personnes à bord, sans gilets de sauvetage », indique l’équipage sur X. Le canot a été repéré par les humanitaires depuis la passerelle du navire alors qu’ils venaient « à peine de terminer [leurs] entrainements ». Une seconde embarcation est détectée quelques heures plus tard : « Un bateau en fibre de verre surchargé, sans équipement de sauvetage et avec une soixantaine de personnes à bord », ajoute l’ONG. Parmi les rescapés se trouvent plusieurs mineurs non accompagnés ainsi qu’un bébé.
    Le même jour, le Sea-Watch 5, de l’ONG éponyme, a, quant à lui, porté assistance à un total de 109 personnes. Cent-quatre migrants, dont 41 mineurs, ont dans un premier temps été secourus dans une même embarcation. Puis cinq autres personnes ont été récupérées directement dans l’eau alors que le navire humanitaire était à la recherche d’un autre canot en détresse. Ces cinq migrants venaient d’être interceptés en mer par les gardes-côtes libyens et se trouvaient à bord de leur navire. En voyant, le Sea-Watch 5 les cinq exilés ont sauté à l’eau « refusant d’être renvoyés dans l’enfer libyen », signale sur X Sea-Watch. « Nos bateaux de sauvetage se sont précipités sur place et ont pu sauver cinq autres personnes », affirme l’équipage.
    Le Sea-Watch 5 et le Humanity 1 se dirigent désormais vers le port attribué par les autorités italiennes. Le premier est en route vers Libourne, et le deuxième vers La Spezia, deux villes situées dans le nord du pays, à plus de 1 000 km de la zone de recherche et de sauvetage (SAR zone). Ce qui contraint les naufragés à passer plusieurs jours supplémentaires en mer, déplorent les ONG, et empêchent les humanitaires « de porter secours aux autres ».
    Ces derniers jours, les traversées de la Méditerranée ont été nombreuses à la faveur d’une météo clémente. « Avec l’amélioration des conditions météorologiques, nous avons constaté une augmentation des traversées dangereuses en Méditerranée centrale ces derniers jours », a tweeté Frontex, le 30 avril. Entre le 26 et le 30 avril, 1 612 migrants sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa. D’après les données officielles italiennes, pour l’ensemble du mois d’avril 2025, ils sont 6 300 migrants à avoir débarqués à Lampedusa. Avec un pic de 899 arrivées comptabilisées le 6 avril. Un chiffre plus élevé qu’en 2024 sur la même période (4 700).
    La route migratoire passant par la Méditerranée centrale demeure la plus meurtrière au monde. En 2024, un peu plus de 1 700 exilés sont morts dans cette zone maritime, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Et depuis janvier, ils sont déjà au moins 315 à avoir péri dans ces eaux en tentant de rejoindre l’Europe. Mais ce chiffre pourrait être beaucoup plus élevé. De nombreuses embarcations disparaissent en mer sans laisser de traces, ce qu’on appelle les « naufrages invisibles ». Il n’est pas rare de retrouver des cadavres de migrants sur les rives tunisiennes et libyennes. Jeudi 1er mai, des corps ont été retrouvés sur une plage de Misrata, dans l’est de la Libye, par le Croissant-Rouge libyen, selon Reuters.
    Par ailleurs, la plateforme d’aide aux migrants Alarm Phone, a alerté ces derniers jours sur le cas d’un canot de 50 migrants qui a coulé au large de la Tunisie. « Seules quelques personnes ont survécu et ont été immédiatement déportées dans le désert », a affirmé l’organisation sur X le 1er mai. Lorsque les exilés sont interceptés en mer par les autorités tunisiennes, ils risquent d’être envoyés dans les zones désertiques près de la frontière libyenne ou algérienne. Depuis l’été 2023, ces opérations illégales se multiplient. Les migrants sont abandonnés au milieu de nulle part et doivent rejoindre à pied la première ville avec très peu d’eau et sans nourriture.
    Le 17 mars, plus de 600 personnes ont disparu après avoir été interceptées en mer par les gardes-côtes tunisiens. Elles n’étaient pas revenues dans les champs d’oliviers d’El-Amra, où d’immenses campements informels ont été érigés par les exilés chassés des centres-villes. InfoMigrants était parvenu à entrer en contact avec une soixantaine de ces exilés : ils se trouvaient alors à Tebessa, ville algérienne près de la frontière tunisienne, après avoir été lâchés dans le désert par les forces tunisiennes.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#italie#lampedusa#routemigratoire#traversee#humanitaire#sante#migrationirreguliere

  • Plus de 700 migrants débarquent à Lampedusa ces quatre derniers jours - InfoMigrants
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    Plus de 700 migrants débarquent à Lampedusa ces quatre derniers jours
    Par Clémence Cluzel Publié le : 25/04/2025
    Les flux d’embarcations de migrants en mer Méditerranée centrale connaissent une forte hausse ces derniers jours, malgré l’extrême dangerosité de cette route migratoire. Entre le 21 et le 24 avril, plus de 700 migrants ont débarqués à Lampedusa, porte d’entrée de l’Union européenne en Méditerranée, d’après les chiffres des autorités italiennes.
    Plus de 344 migrants ont ainsi été débarqués sur l’île de Lampedusa pour la seule journée du 23 avril. Au total, en quelques jours, cinq embarcations en détresse ont été secourues grâce à des opérations de sauvetage menées conjointement par des unités des garde-côtes italiens, des patrouilleurs de Frontex ainsi que le navire de l’ONG allemande ResQship. Lors du week-end pascal, plus de 200 migrants avaient déjà pu être sauvés.
    Dans la nuit du 23 avril, le voilier Nadir de l’ONG allemande ResQship est d’abord venu en aide à un premier bateau en détresse après un signalement émis par l’ONG Alarm Phone pour un bateau porté disparu depuis quatre jours. A bord de cette embarcation en bois se trouvaient 50 personnes en provenance des côtes libyennes. En chemin vers les côtes italiennes, l’équipage du voilier a ensuite secouru les 42 passagers, dont des femmes et des mineurs, d’un second bateau, en fer cette fois-ci, parti de Tunisie et porté disparu depuis le week-end.
    Ces bateaux de fortune transportaient des ressortissants de plusieurs pays parmi lesquels le Bangladesh, l’Egypte, le Pakistan, le Soudan et la Malaisie. Les 92 survivants interceptés ont pu bénéficier d’un premier examen médical à leur débarquement avant d’être dirigés vers le centre d’accueil temporaire de Contrada Imbriacola, situé à Lampedusa. Le veille, le 22 avril, les garde-côtes italiens avaient également porté secours à 90 migrants en mer Méditerranée centrale. Le même jour, le navire Life Support de l’ONG Emergency a accosté au port de Ravenne, sur la côte Adriatique, avec 82 migrants, dont 11 femmes, secourus cinq jours plus tôt au large des côtes libyennes. « Les naufragés étaient restés dans l’eau pendant plus de 14h à bord d’un canot pneumatique surchargé et aux boudins dégonflés », avait alors alerté l’ONG dans un communiqué.
    Alors que la mer était fortement agitée et une forte houle, une unité des garde-côtes italiens, avait permis de mettre à l’abri 76 migrants dans la soirée du 21 avril. Débarqués au quai de Favarolo, à Lampedusa, ils ont ensuite été transférés au centre de Contrada Imbriacola. Le corps sans vie d’un jeune homme découvert dans l’un des bateaux a été transféré à la morgue du cimetière de Carla Pisana en attendant d’être examiné pour déterminer les causes du décès.
    Les ONG Sea Eye et Sea-Watch ont également participé à ces opérations de sauvetage qui ont concerné trois embarcations en détresse en mer lors du week-end de Pâques, les 19 et 20 avril. « Avec Sea-Eye, nous avons prodigué les premiers soins jusqu’à ce que les garde-côtes italiens ramènent tout le monde à terre », précisent les humanitaires. En tout, plus de 200 migrants ont été secourus durant ces deux jours.
    Les humanitaires s’inquiètent également du sort de 72 exilés portés disparus. Partis le 12 avril de l’ouest de la Libye, ils n’ont plus donné signe depuis plusieurs jours. De nombreuses embarcations disparaissent chaque année sans laisser de traces en mer Méditerranée et dans l’Atlantique. D’après les données officielles italiennes, plus de 4 000 migrants ont débarqués à Lampedusa depuis le 1er avril jusqu’au 24 avril 2025. Avec un pic atteint le 6 avril pour 899 arrivées comptabilisées. Un chiffre toutefois quasiment équivalent à l’année 2023 sur la même période.
    L’île de Lampedusa connaît régulièrement des pics d’arrivées de migrants partis des côtes d’Afrique du Nord, notamment tunisiennes et libyennes. Un phénomène qui s’accentue chaque année à l’approche du printemps, et plus encore de l’été, lorsque la météo devient plus clémente.
    La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus meurtrière au monde. Depuis 2014, date des premiers recensements de l’agence onusienne, plus de 24 000 exilés ont péri dans cette zone maritime. Parmi eux, près de 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie, d’après un rapport de l’Unicef.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#italie#lampedusa#routemigratoire#migrationirreguliere#sante

  • Plus de 200 migrants secourus par des navires humanitaires lors du week-end de Pâques - InfoMigrants
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    Plus de 200 migrants secourus par des navires humanitaires lors du week-end de Pâques
    Par La rédaction Publié le : 23/04/2025
    Les ONG Sea-Eye et Sea-Watch ont porté secours à plus de 200 migrants répartis dans trois embarcations en détresse en mer Méditerranée centrale, samedi et dimanche. Par ailleurs, 72 migrants, partis le 12 avril de l’ouest de la Libye, sont portés disparus dans cette zone maritime.
    Le week-end pascal a été chargé en Méditerranée centrale. Deux ONG ont porté secours à plusieurs embarcations en détresse en mer. Une première opération de sauvetage s’est déroulée samedi 19 avril. L’Astral, un voilier affrété par Sea-Watch, a porté assistance à « près de 140 personnes » répartis dans deux canots, indique l’ONG sur X.
    « Avec Sea-Eye, nous avons prodigué les premiers soins jusqu’à ce que les gardes-côtes italiens ramènent tout le monde à terre », précisent les humanitaires. En raison de sa petitesse, il ne peut pas accueillir de migrants à son bord, en revanche, il alerte les autorités compétentes pour leur venir en aide. En attendant les secours, l’équipage de l’Astral reste à proximité des canots en détresse et peut apporter les premiers soins.
    Dans la soirée du lendemain, dimanche, c’est au tour du Sea-Eye 5 de secourir « 76 personnes dans un bateau en bois à deux étages », signale l’ONG éponyme sur X. « Après plus de trois heures de travail acharné, l’équipage ramène tous les survivants à bord après minuit ». La forte houle et l’obscurité ont rendu l’opération particulièrement périlleuse. Plusieurs rescapés présentaient des signes de déshydratation, d’hypothermie et de mal de mer, d’après les humanitaires.
    Les premiers examens médicaux ont révélé des signes cliniques de déshydratation, d’hypothermie, de mal de mer et d’épuisement chez nombre d’entre eux. « Quelques cas ont nécessité des soins intensifs à l’infirmerie du Sea-Eye 5, axés sur la surveillance des signes vitaux, la réhydratation intraveineuse et le réchauffement. Heureusement, nous avons pu stabiliser l’état de santé de tous les patients », affirme l’ONG allemande dans un communiqué.
    Dans un premier temps, le port de Reggio de Calabre, à l’extrême pointe de la botte italienne, a été attribué par le MRCC (centre de coordination des sauvetages) de Rome. Mais en raison des mauvaises conditions météorologiques, le navire humanitaire a pu débarquer les naufragés sur l’île de Lampedusa, lundi en début d’après-midi. « Une personne a été transportée directement à l’hôpital et deux autres ont été soignées dans un centre médical », rapportent Sea-Eye dans son communiqué.
    Par ailleurs mardi 22 avril, le Life support, de l’ONG Emergency, a accosté au port de Ravenne, sur la côte adriatique, avec 82 migrants, dont 11 femmes, secourus cinq jours plus tôt au large des côtes libyennes. « Les naufragés étaient restés dans l’eau pendant plus de 14h à bord d’un canot pneumatique surchargé et aux boudins dégonflés », avait alors alerté l’ONG dans un communiqué.
    Les humanitaires s’inquiètent également de la disparition de 72 exilés. Partis de Sabratha, à l’ouest de la Libye, le 12 avril, ces personnes n’ont pas donné signe de vie depuis plusieurs jours, prévient sur X le journaliste italien Sergio Scandura, qui craint le pire. La zone maritime qui va de l’ouest de la Libye vers Lampedusa a connu « des conditions météorologiques hostiles avec une mer agitée », note le journaliste.
    En mer Méditerranée - ou dans l’Atlantique - de nombreux « bateaux fantômes » disparaissent sans laisser de traces. « Il est très difficile de documenter ces disparitions. Dans ces ’naufrages invisibles’ il n’y a, par définition, ni survivant, ni dépouille », expliquait à InfoMigrants Marta Sanchez, chargée du projet « Migrants disparus » au sein de l’OIM, lors d’une interview en 2020.
    La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus meurtrière au monde. Cette année déjà, on compte au moins 300 migrants décédés dans ces eaux, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Depuis 2014, date des premiers recensements de l’agence onusienne, plus de 24 000 exilés ont péri dans cette zone maritime. Parmi eux, près de 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie, d’après un rapport de l’Unicef.
    La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#humanitaire#lampedusa#sante#migrationirreguliere

  • Neuf migrants morts et six autres portés disparus dans un naufrage au large de la Tunisie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61717/neuf-migrants-morts-et-six-autres-portes-disparus-dans-un-naufrage-au-

    Neuf migrants morts et six autres portés disparus dans un naufrage au large de la Tunisie
    Par La rédaction Publié le : 13/12/2024
    Neuf personnes originaires d’Afrique subsaharienne sont mortes et six autres sont portées disparues dans le naufrage de leur embarcation au large de la Tunisie, ont indiqué jeudi les autorités tunisiennes. La veille, une ONG avait retrouvé une fillette de 11 ans seule en mer Méditerranée. Les 44 autres passagers de son canot, également parti de Tunisie, étaient morts noyés quelques heures plus tôt.
    Les drames en Méditerranée s’enchaînent ces derniers jours. Jeudi 12 décembre, les autorités tunisiennes ont annoncé le chavirage d’une embarcation provoqué par le mauvais temps au large de Mahdia, une ville située au centre-est de la Tunisie. Des pêcheurs présents a proximité ont alerté les gardes-côtes qui sont parvenus à porter assistance à 27 exilés, originaires du Cameroun, du Sénégal et de Guinée.
    Neuf corps ont été récupérés par les autorités mais six migrants manquent encore à l’appel. Ils sont portés disparus.
    Selon les témoignages des rescapés, au total 42 personnes se trouvaient dans le canot de fortune parti dans la nuit de mardi à mercredi depuis la zone de Jebeniana, près de Sfax (centre-est de la Tunisie), a précisé à l’AFP Farid Ben Jha, porte-parole des tribunaux de Monastir et Mahdia.
    La veille, l’ONG Compass collective avait indiqué avoir secouru une fillette de 11 ans retrouvée seule en mer au large de l’île italienne de Lampedusa. « Originaire de Sierra Leone, [elle] flottait dans l’eau depuis trois jours avec deux gilets de sauvetage improvisés faits de chambres à air et d’un simple gilet de sauvetage », avait affirmé l’ONG.Le médecin Mauro Marino, qui l’a examinée, a déclaré au quotidien italien La Repubblica qu’il pensait que la fillette avait passé environ 12 heures dans l’eau.L’enfant a expliqué aux sauveteurs que l’embarcation en métal était partie de Sfax, et qu’elle avait coulé dans une tempête « avec des vagues de 3,4 mètres de haut et des vents de 23 nœuds », précise le communiqué des humanitaires. Selon son témoignage, tous les occupants du canot ont été emportés par les vagues. Au total 44 personnes ont péri noyées.
    Si la distance qui sépare la Tunisie de Lampedusa n’est que de 150 km, la traversée de la Méditerranée n’en est pas moins risquée. Fin novembre, trois migrants tunisiens avaient péri dans le naufrage de leur bateau au large de Mahdia. Fin octobre, 15 corps non identifiés avaient été retrouvés au large de Mahdia. Un mois plus tôt, 36 migrants, dont 20 Tunisiens et 16 Égyptiens, avaient été secourus par les garde-côtes après que leur bateau en panne eut dérivé vers Nabeul, dans le centre-est du pays.
    Depuis le début de l’année, plus de 1 500 exilés sont morts en Méditerranée centrale, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Dans le même temps, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a recensé entre 600 et 700 décès ou disparitions de migrants dans des naufrages au large du littoral tunisien.
    Pour tenter de rejoindre l’Italie, les migrants prennent aussi la mer depuis les côtes libyennes. Jeudi, l’Ocean Viking, de l’ONG SOS Méditerranée, a secouru 34 exilés au large de la Libye. Le navire humanitaire s’est vu attribuer le port de Ravenne pour débarquer les naufragés. « Un port situé à plus de quatre jours de navigation de la zone de sauvetage. En plein hiver, avec des conditions météorologiques difficiles, cette politique d’attribution de ports éloignés est une mesure encore plus intolérable pour les ONG de sauvetage en mer et inhumaine pour les rescapé.e.s », déplore SOS Méditerranée sur le réseau social X.
    Si de nombreuses ONG patrouillent régulièrement dans la SAR zone (zone de recherche et de sauvetage) près de la Libye pour secourir des embarcations en détresse, les autorités libyennes sont aussi très présente pour tenter d’empêcher les migrants d’atteindre les eaux italiennes. Depuis janvier, près de 21 000 personnes ont été interceptées en mer par les gardes-côtes libyens et renvoyées dans le pays, selon l’OIM. Un chiffre qui dépasse le bilan annuel de 2023 quand 17 000 migrants avaient été récupérés en mer par l’armée libyenne. Lors des interceptions, les forces libyennes sont accusées de faire usage de la force envers les exilés. Et quand les migrants sont renvoyés en Libye, ils sont transférés dans des prisons du pays où ils risquent d’y subir des violences des tortures, de l’extorsion, de l’esclavage sexuel ou encore du travail forcé(..).

    #covid-19#migrant#migration#italie#tunisie#lampedusa#mortalite#sante#routemigratoire#mediterranee

  • Une quarantaine de migrants portés disparus au large de l’île de Lampedusa, une enfant a survécu au naufrage
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/12/11/une-quarantaine-de-migrants-portes-disparus-au-large-de-l-ile-de-lampedusa-u

    Une quarantaine de migrants portés disparus au large de l’île de Lampedusa, une enfant a survécu au naufrage
    Le Monde avec AFP
    Une quarantaine de migrants sont considérés comme disparus au large de l’île italienne de Lampedusa, après que la seule survivante, une petite fille de 11 ans, a déclaré que le bateau sur lequel elle se trouvait a fait naufrage il y a trois jours, a rapporté, mercredi 11 décembre, l’ONG humanitaire Compass Collective.
    « Nous supposons qu’elle est la seule survivante du naufrage et que les quarante-quatre autres personnes se sont noyées », a écrit dans un communiqué l’ONG, qui participe aux missions de secours des migrants en mer Méditerranée, après avoir sauvé l’enfant.
    L’équipage du navire Trotamar III « a entendu les appels dans l’obscurité » de la jeune fille mercredi matin, vers 2 h 20, alors qu’il se dirigeait vers une autre situation d’urgence. « La fillette de 11 ans, originaire de Sierra Leone, flottait dans l’eau depuis trois jours avec deux gilets de sauvetage improvisés faits de chambres à air remplies d’air et d’un simple gilet de sauvetage », a fait savoir l’ONG.
    Elle a expliqué aux sauveteurs que l’embarcation en métal était partie de Sfax, en Tunisie, et qu’elle avait coulé dans une tempête, selon le communiqué. Elle « n’avait ni eau potable ni nourriture avec elle et était en hypothermie, mais elle était réactive et orientée », selon la même source. Mauro Marino, un des médecins qui l’a examinée, a déclaré au quotidien italien La Repubblica que l’équipe médicale pensait que la fillette avait passé environ douze heures immergée dans l’eau, et non pas deux jours entiers.
    Une porte-parole de Mediterranean Hope, une autre organisation humanitaire, a déclaré à l’Agence France-Presse que la petite fille se trouvait en convalescence à l’hôpital. L’agence de presse italienne ANSA a rapporté que des bateaux des garde-côtes et de la police contrôlaient mercredi la zone où l’embarcation a fait naufrage, mais qu’ils n’avaient pas trouvé de corps ni de traces de vêtements.
    Mercredi, l’ONG Mediterranea Saving Humans s’est dite préoccupée par le fait qu’au moins trois autres naufrages s’étaient produits récemment entre la Tunisie et Lampedusa. Chaque bateau – transportant respectivement quarante-cinq, soixante-quinze et quarante-cinq personnes – a quitté la Tunisie à des jours différents à la fin du mois de novembre, selon Alarm Phone, dont la ligne d’urgence reçoit les appels de détresse des migrants en mer.
    « Alarm Phone a immédiatement communiqué toutes les informations en sa possession aux autorités compétentes de la région, à savoir les centres de secours de Tunisie, de Malte et d’Italie, mais aucune information n’a été fournie par ces derniers », a écrit Mediterranea dans un communiqué. Cette année, 2 050 migrants sont morts ou portés disparus alors qu’ils tentaient de traverser la Méditerranée centrale, route migratoire la plus meurtrière du monde.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#routemigratoire#mortalite#sante#lampedusa#tunisie

  • L’Italie s’apprête à transférer un deuxième groupe de migrants en Albanie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60988/litalie-sapprete-a-transferer-un-deuxieme-groupe-de-migrants-en-albani

    L’Italie s’apprête à transférer un deuxième groupe de migrants en Albanie
    Par La rédaction Publié le : 05/11/2024
    Un groupe de migrants, interceptés lundi en mer par les gardes-côtes italiens, sont actuellement pris en charge à bord du navire militaire Libra, amarré au port de Lampedusa. Les autorités italiennes procèdent à leur identification en vue d’une expulsion vers l’Albanie, plus de deux semaines après l’échec du premier transfert.
    Le navire militaire Libra a accosté lundi 4 novembre dans la matinée au port italien de Lampedusa. Quelques heures plus tard, un groupe de migrants interceptés en mer Méditerranée par les autorités italiennes ont été transbordés sur le bateau, selon la presse italienne qui n’a pas plus d’informations sur le nombre de personnes à bord.
    Seule une partie d’entre eux sont susceptibles d’être envoyés en Albanie. En effet, c’est dans ce navire que sont sélectionnés les exilés éligibles à un transfert vers l’Albanie, selon un accord signé entre Rome et Tirana fin 2023 pour externaliser les demandes d’asile. Seuls les hommes sont concernés par ce partenariat, les personnes vulnérables (femmes, enfants, mineurs, personnes blessées ou malades…) ne peuvent pas être envoyées en Albanie.
    D’après la journaliste italienne Eleana Elefante, le navire militaire stationnera à Lampedusa en attendant que d’autres canots soient interceptés par les gardes-côtes. Au total, Rome espère envoyer en Albanie au moins 60 personnes, indique la Repubblica.
    Ce week-end, le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, avait prévenu que les opérations vers l’Albanie « [pouvaient] reprendre », après l’échec du premier transfert le mois dernier. Vendredi 18 octobre, 12 migrants, expulsés deux jours plus tôt en Albanie ont finalement été renvoyés en Italie. Un tribunal de Rome avait estimé que la détention de ces personnes, originaires d’Égypte et du Bangladesh, était illégale au regard du droit de l’Union européenne (UE) car ces deux pays ne peuvent pas être considérés comme « sûrs ».
    Pour contrer cette décision judiciaire et sauver son accord avec Tirana, la Première ministre italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, a publié un décret le 21 octobre établissant une nouvelle liste de pays considérés comme « sûrs » afin de se conformer à la législation européenne. Mais les juristes estiment que cette modification risque quand même de poser problème.
    En réalité, l’avenir de cet accord dépend principalement de la définition de « pays sûrs ». Vendredi 25 octobre, des juges de Bologne, qui s’opposent à la politique migratoire du gouvernement, ont donc demandé à la Cour européenne de justice (CUEJ) de clarifier la situation face aux « divergences évidentes » et aux « conflits d’interprétation » dans le système juridique italien.
    Lundi 4 novembre, un nouveau coup a été porté contre ce partenariat controversé avec l’Albanie. Un tribunal sicilien a statué que l’Égypte ne pouvait pas être considérée comme un pays « sûr », citant une décision rendue le mois dernier par la Cour européenne de justice (CJUE) qui estime que le niveau de sécurité dans ces pays doit être « général et constant » pour qu’ils soient considérés comme sûrs.
    Le président du tribunal de Catane, Massimo Escher, a mis en exergue de « graves violations des droits de l’Homme » en Égypte, notamment l’utilisation systématique de la torture par la police, des violences contre des défenseurs des droits et des journalistes et la discrimination contre les femmes, les minorités religieuses et les personnes LGBT+.Ces motifs l’ont conduit à refuser de signer un ordre de détention pour un demandeur d’asile égyptien. Ainsi, selon la justice sicilienne, les demandes d’asile en provenance d’Égypte ne peuvent pas être traitées en procédure accélérée, comme c’est le cas dans les centres albanais. Et ce alors que dans le nouveau décret de l’exécutif italien, cet État figure dans la liste de « pays sûrs ».

    #Covid-19#migrant#migration#italie#albanie#egypte#droit#asile#LGBT#CJUE#payssur#lampedusa#sante

  • Écouter le reportage sur le Liban : l’Ouest de Beyrouth intra-muros est « essentiellement chiite » alors qu’il est mixte et même à dominante sunnite avec une présence non négligeable de chrétiens.

    Ce sont d’ailleurs les mêmes qui disent exactement le contraire quand il s’agit de discuter sur l’équilibre démographique.

    https://aod-rfi.akamaized.net/rfi/francais/audio/tranchesinfo/r001/tranche_international_07h00_-_07h30_gmt_20241011.mp3?dl=1

    #lamentable

    • RFI.

      Toujours la même nullité, c’est invraisemblable. À la fois une lecture strictement confessionnelle du Liban (les gens y penseraient systématiquement en fonction de leur confession), strictement séparée (les gens de différentes confessions vivant ensemble, pensez-vous…), et factuellement fausse (comme tu fais remarquer).

      En 2006, ça avait déjà été décrit : le journaliste débarque à Beyrouth, il est immédiatement pris en main par le Futur et se fait expliquer le Liban d’une manière parfaitcement encadrée. Et les journalistes français, par ailleurs, auront des contacts à l’ambassade et à Achrafieh, ce qui garantira de ne pas plus sortir des sentiers battus. Et si on le promène à Dayeh, ce sera dans un gros 4x4 avec un garde du corps pour lui faire comprendre que c’est l’horreur. Même Hamra, faudrait voir à faire gaffe…

  • Sur l’île de Lampedusa, « accueillir ceux qui ont de l’argent, et ceux qui n’ont rien »
    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2024/08/01/sur-l-ile-de-lampedusa-accueillir-ceux-qui-ont-de-l-argent-et-ceux-qui-n-ont

    Sur l’île de Lampedusa, « accueillir ceux qui ont de l’argent, et ceux qui n’ont rien »
    Plus proche de la Tunisie que de la Sicile, ce caillou calcaire méditerranéen baigné d’eaux turquoise est devenu le symbole de la migration irrégulière, où deux mondes se croisent sans se voir, celui des touristes et celui des migrants.
    Bleue la mer. Jaunes les parasols. Tannée comme le cuir, la peau de Gasparino Norelli. En slip de bain et tongs, le plagiste de Lampedusa nous tend un prospectus vantant les qualités de son établissement balnéaire, sur la plage de Guitgia. « Divertissement » et « relaxation » garantis, promet le guide, face à la « beauté » qui baigne ce caillou calcaire jeté au milieu de la Méditerranée, plus proche de la Tunisie que de la Sicile.
    Relais jadis partagé par les navigateurs arabes et européens, ancienne colonie du royaume de Naples, Lampedusa a été sortie de l’oubli, en 1986, par un tir de missiles venu de la Libye de Kadhafi. Depuis les « printemps arabes » de 2011, cette île entre les mondes est surtout devenue le symbole de la migration irrégulière. Mais, en même temps qu’elle servait d’étape aux exilés prêts à braver la mort pour rejoindre ce morceau d’Europe planté sur la plaque continentale africaine, ses eaux turquoise ont attiré des touristes toujours plus nombreux, la curiosité piquée par ce lieu qui fait la « une » en cas d’arrivées massives ou de naufrage.
    Des transats de Gasparino, les vacanciers ont d’ailleurs tout loisir d’observer les bateaux transportant des naufragés vers le môle. Ils n’en verront ni le débarquement ni le transfert en bus vers un centre de détention enfoui à l’intérieur des terres. Au sujet de cette réalité souvent meurtrière, le prospectus de Gasparino évoque « un accueil et une solidarité extraordinaires », dans une atmosphère d’« inclusion ». Combien de touristes ces arguments ont-ils séduits ? On en estime le nombre à 250 000 par an, pour un peu plus de 6 000 habitants, sur une surface d’à peine 20 kilomètres carrés. « Nous sommes le peuple le plus accueillant de l’histoire de l’humanité », renchérit Filippo Pucillo. Employé de Gasparino, cet enfant de Lampedusa a joué dans quatre films d’Emanuele Crialese, dont Terraferma (2011), l’histoire d’une Africaine échouée sur une île envahie par les touristes.
    Lors du tournage, un « fixeur », Giuseppe Del Volgo, leur a prêté main-forte, comme il a assisté le documentariste Gianfranco Rosi lorsqu’il est venu filmer, pour Fuocoammare (2016), le quotidien des habitants dans le giron d’une mer tueuse. « Somme toute, l’aspect migratoire est bien contrôlé », dit, satisfait, Del Volgo, qui nous reçoit dans son gîte touristique.
    La concentration sur un lieu minuscule de forces de l’ordre, d’humanitaires, de migrants et de journalistes produit ce que le sociologue Paolo Cuttita appelle le « spectacle de la frontière ». « Lampedusa permet de mettre en scène deux récits complémentaires, celui de la répression et celui de l’accueil », indique-t-il. Le pape François y a défendu les migrants, le dirigeant d’extrême droite Matteo Salvini y a combattu une supposée « invasion migratoire », la populiste Giorgia Meloni y a entraîné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, Silvio Berlusconi, quand il était premier ministre, y avait même acquis une villa, en 2011. L’île à la topographie plate est donc une scène. Et dans le spectacle qui y est représenté, il y a des bons et des méchants.
    Dans la bibliothèque de Giuseppe Del Volgo figurent des éditions en plusieurs langues du livre Les Larmes de sel (JC Lattès, 2017), de Pietro Bartolo et Lidia Tilotta. C’est l’histoire du premier, 68 ans, médecin à Lampedusa, et de ses contacts avec les naufragés, vivants ou morts. Personnage central de Fuocoammare, M. Bartolo s’est fait élire, en 2019, au Parlement européen. Nous l’avons rencontré via Roma, artère animée du centre-ville. « Les migrants ont rendu l’île célèbre dans le monde entier. Les touristes ont suivi », estime-t-il.
    Continuons sur la via Roma, où convergent les estivants, tandis qu’avance le soir. Sur une terrasse, un groupe de quinquagénaires piémontais entonne de vieux refrains. « On a perdu des proches récemment, raconte Federica. On s’est dit que Lampedusa, avec son sens de l’hospitalité et ses paysages, nous ferait du bien. » Non loin, des hâbleurs vendent des tours de l’île en bateau, avec apéritif devant le soleil couchant. Plus bas, au centre culturel Porto M, un théâtre de marionnettes fait résonner l’actualité de l’île avec son folklore. Dans une pièce attenante, des objets ayant appartenu à des exilés sont exposés à côté d’un poème dédié à « Notre Seigneuresse des couvertures isothermiques ». L’auteur, Giacomo Sferlazzo, est l’âme de Porto M. « Je me bats pour que mon île ne devienne pas une caserne », dit-il.
    Attablée dans un café, Giusi Nicolini, qui fut maire de 2012 à 2017, éclaire le discours du saltimbanque. « Toute l’île bruisse de l’ouverture d’un nouveau centre, d’où les migrants seraient directement refoulés, explique l’ex-édile, marquée à gauche. La présence massive des forces de l’ordre fait tourner l’économie, autant, si ce n’est plus, que le tourisme. » En 2016, Giusi Nicolini fut reçue à la Maison Blanche par Barack Obama, pour témoigner du drame des migrants. Elle n’a pas été réélue : « On m’a reproché de trop m’occuper d’eux, et pas assez de l’île… »On lui doit pourtant la principale attraction de Lampedusa : Mme Nicolini a longtemps dirigé la réserve qui abrite la Spiaggia dei Conigli (la « plage des Lapins »). Ses eaux cristallines lui ont valu d’être sacrée, en 2013, plus belle plage du monde par Tripadvisor, au point que les visites sont désormais régulées par des quotas. Le chanteur Domenico Modugno, rendu célèbre par le tube Nel blu dipinto di blu (« dans le bleu peint en bleu », plus connu sous le titre de Volare, « voler »), possédait l’unique maison de cette baie qu’il surnommait la « piscine de Dieu ». Il y est mort d’un infarctus, en 1994, lors d’un lâcher de tortues au profit d’une association. Sa villa, laissée intacte, est aujourd’hui à la disposition des clients d’un hôtel. Face au piano, un tableau figure les barques colorées du temps où Lampedusa n’était qu’une île de pêcheurs.
    « La pêche, presque plus personne n’en vit », lâche Simone D’Ippolito. A 58 ans, cet instructeur de plongée est un témoin privilégié des transformations de l’île. Il se souvient du premier débarquement de migrants, en octobre 1992. De l’arrivée des compagnies low cost et du tourisme de masse, au tournant du nouveau millénaire. De celle des VIP, dans le sillage du festival de musique O’Scia organisé sur la plage de la Guitgia, entre 2003 et 2012. D’après lui, le « conflit » qui anime les habitants se résume ainsi : « Accueillir ceux qui ont de l’argent, et ceux qui n’ont rien. » Combien de migrants, morts ou vivants, a-t-il transportés sur son bateau, pour aider les autorités ? « Trop, hélas… En octobre, des fillettes et leur mère », confie-t-il. « Sous l’eau, je vois des murènes, des requins… Mais la créature la plus dangereuse, c’est l’être humain. »
    Daniela Freggi en sait quelque chose. En 1990, cette biologiste franco-italienne a ouvert le Lampedusa Turtle Rescue, un hôpital vétérinaire consacré à l’animal emblème de l’île, la tortue marine. Elle a gagné la confiance des derniers pêcheurs, prêts à lui confier les animaux blessés. « La plupart du temps, on leur retire un hameçon », dit-elle devant la bassine où repose une de ses « patientes ». Daniela Freggi enseigne aussi les sciences, au lycée. « Grâce au tourisme, les familles de mes élèves sont plutôt aisées. Les migrants arrivent, eux, dans des conditions inhumaines. Ces deux mondes se croisent sans se voir. On ira en enfer à cause de ça. »
    Selon la mythologie, Lampione, un îlot à 17 kilomètres de Lampedusa, serait un caillou lâché par un cyclope. Voir ou ne pas voir, le dilemme obsède Rachele Giorgi. Le petit avion de son ONG, Sea-Watch, surveille la mer à la recherche d’embarcations en détresse. Sa vedette de sauvetage, l’Aurora, mouille dans le port de Lampedusa. Depuis son arrivée au pouvoir, en 2022, le gouvernement de Giorgia Meloni n’a eu de cesse de limiter l’action des ONG comme celle de Rachele. « Nous sommes les yeux de la société civile sur la Méditerranée, affirme la jeune Toscane. Or, le pouvoir doit garder invisible ce qu’il s’y passe. » Sur le môle où les migrants débarquent à l’abri des regards, un équipage danois de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, fait relâche. « On les amène, ils partent au centre de détention et c’est terminé », explique, de manière élémentaire, le capitaine Jaspar Saming, dont la vedette voisine avec un cimetière flottant de coques de métal et de vieux bateaux de pêche, frappés de formules religieuses en arabe. A bord, des bouteilles vides et des habits en lambeaux suggèrent qu’ils ont transporté, il y a peu, des candidats à l’exil.
    Une fois débarqués, les migrants sont conduits vers une crevasse, au milieu d’une pinède. Dans ce « hot spot » géré par la Croix-Rouge italienne, ils restent entre vingt-quatre et trente-six heures, avant de transiter vers d’autres centres, en Italie. Imad Dalil, le directeur, décrit le protocole d’accueil. « On leur prodigue les soins de première nécessité, on les aide dans leurs démarches… En ce moment, c’est tranquille. Le maximum a été atteint en septembre 2023, avec 12 000 personnes en trente-six heures. S’adapter à des flux très changeants, voilà notre principal défi. »
    Le vent souffle sur Lampedusa, sous un ciel plombé. Face au large, derrière l’aéroport, se dresse, depuis 2008, une sculpture intitulée Porte de l’Europe. L’étrange chambranle est couvert d’un revêtement lépreux, où sont représentés des objets du quotidien. Les lieux sont déserts. Puis un homme apparaît. Ahmed Dialo est venu faire quelques pas. Bloqué à terre par le mauvais temps, le trentenaire d’origine sénégalaise travaille à Lampedusa comme médiateur culturel. Cela implique d’accompagner les gardes-côtes dans leurs opérations de sauvetage, de traduire, d’expliquer. Au large, il a vu le pire. M. Dialo est arrivé il y a quatorze ans en Sicile, après avoir transité par la Libye. Il s’est lié avec les derniers pêcheurs de l’île et les retrouve parfois, dans une vieille taverne. « Les habitants ont longtemps été très ouverts, dit-il. Aujourd’hui, la situation est plus confuse, instrumentalisée par la politique. »
    Lire aussi (2019) | Article réservé à nos abonnés Retour à Lampedusa, théâtre des dissensions européennes
    Cette confusion imprègne Onda Alta, le tube récent de Dargen D’Amico. Milanais d’origine sicilienne, il y chante les peurs que charrient les vagues migratoires – celle des réfugiés, pendant leur traversée, comme celle qu’agitent à leur endroit les populistes. « Pour le meilleur et pour le pire, l’Italie a toujours été le trampoline de la Méditerranée », dit-il par téléphone. L’image sied bien à Lampedusa, cette île planche où tout, si ce n’est les transats des vacanciers, tangue dangereusement. Dans son poème Ali aux yeux bleus, publié en 1964 dans le recueil Poésie en forme de rose (Rivages, 2015), l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini le pressentait déjà : « Un des innombrables enfants d’enfants/ descendra d’Alger, sur des barques/ à voile et à rames. Il y aura/ avec lui des milliers d’hommes/ aux corps malingres et aux yeux/ de pauvres chiens de leurs pères/ sur les barques lancées dans les royaumes de la faim. »

    #Covid-19#migration#migrant#italie#lampedusa#tourisme#migrationirreguliere#frontiere#sante

  • COVID-19 : le Togo va dépister tous les pélerins de retour du Hajj | TV5MONDE - Informations
    https://information.tv5monde.com/afrique/covid-19-le-togo-va-depister-tous-les-pelerins-de-retour-du-ha

    COVID-19 : le Togo va dépister tous les pélerins de retour du Hajj
    Après la mort de nombreux fidèles lors du pélérinage , les autorités de Lomé ont pris la décision de procéder au « dépistage systématique de Covid-19 » chez tous les pèlerins togolais revenus de La Mecque. Une mesure que le Sénégal a prise le 24 juin.
    TV5MONDE
    En plus d’un test de dépistage, les pèlerins de retour au Togo devront « limiter les contacts, porter des masques, se laver régulièrement les mains, éviter les rassemblements pendant les 10 jours suivant leur retour », a détaillé le gouvernement togolais dans un communiqué du 28 juin.Quelque 1,8 million de pèlerins se sont rendus cette année en Arabie saoudite pour le grand pèlerinage annuel et les autorités saoudiennes ont fait état d’un bilan de 1.300 décès dus, selon elles, à la chaleur.Les rituels se sont déroulés sous des températures très élevées, qui ont atteint 51,8 degrés Celsius à la Grande Mosquée de La Mecque, la ville la plus sainte de l’islam dans l’ouest de l’Arabie saoudite. Mais certains observateurs estiment qu’un certain nombre de ces décès ont pour cause une maladie à syndrome respiratoire comme le Covid-19.
    En début de semaine, les autorités sénégalaises ont évoqué « une épidémie de type respiratoire ». ELles ont mis en place des tests de dépistage volontaire du Covid-19 et réimposé le port du masque à l’aéroport international à l’arrivée des pèlerins."Des décès ont été enregistrés au cours du hajj 2024, dont certains dans un contexte de détresse respiratoire et de déshydratation", ont indiqué les autorités togolaises dans leur communiqué."Des cas de Covid-19 et d’autres maladies respiratoires ont été détectés chez des pèlerins dans la sous-région de retour dans leur pays", ont-elles ajouté.
    Avec une population de près de 8 millions d’habitants, dont 47% de chrétiens, 33% d’animistes et 18% de musulmans, ce petit pays d’Afrique de l’ouest a envoyé quelque 2.500 pèlerins pour le hajj traditionnel à La Mecque cette année.Les pèlerins, partis début juin, doivent rentrer au Togo entre samedi et le 3 juillet grâce à des vols affrétés spécialement par le gouvernement.

    #Covid-19#migrant#migration#togo#lamecque#arabiesaoudite#pelerinage#sante#depistage

  • Syndromes respiratoires et cas de décès de certains pèlerins : Vers une nouvelle explosion des cas de Covid-19
    https://www.dakaractu.com/Syndromes-respiratoires-et-cas-de-deces-de-certains-pelerins-Vers-une-nou

    Syndromes respiratoires et cas de décès de certains pèlerins : Vers une nouvelle explosion des cas de Covid-19
    La maladie de la Covid-19 fait-elle sa « réapparition » au Sénégal ? Une baisse des cas positifs etait notés mais on ne peut pas parler de « sa disparition » du territoire sénégalais parce que jusque là, aucun service du ministère de la santé n’a informé sur « l’éradication définitive » de cette maladie qui a commencé ses ravages en 2019 dans une province en Chine . C’est un relâchement des sénégalais qui a été certes noté avec le non-respect des mesures sanitaires qui avaient été établies. En effet, sur certains pèlerins revenant de La Mecque, les symptômes ont commencé, après examen de routine, été détectés ( fièvre, toux, difficultés respiratoires etc… ) Des signes ressemblant à ceux de la Covid-19 certes, mais est-ce suffisant pour dire que réellement, c’est la Covid-19 ? En tout, tout ces signes portent à croire qu’il s’agirait d’une « résurgence » de la maladie. En effet, le ministre de la santé et de l’action sociale donne plus de détails sur ce qui est arrivé à ces pèlerins déjà dépistés.
    Ce qui reste préoccupant pour les autorités sanitaires du Sénégal, c’est cette vague de pèlerins venant de La Mecque qui montrent des signes de la maladie. Après les premiers tests sur plusieurs pèlerins, des cas positifs au coronavirus ont été confirmés. Le ministre de la santé et de l’action sociale, Ibrahima Sy qui s’est déplacé à l’aéroport international Blaise Diagne a fait le constat : « Nous avons été informés des cas de décès de certains pèlerins à La Mecque. Au début, nous avions pensé que cette situation était due à cette vague de chaleur. Mais on s’est rendu compte qu’il y’a un syndrome respiratoire avec les cas de décès. On s’est dit qu’il est préférable de prendre les dispositions au retour des pèlerins pour faire le dépistage des pèlerins. Il y’a d’ailleurs des cas de Covid-19 qui ont été détectés. Nous sommes en train de leur fournir l’information pour que leurs familles puissent prendre les dispositions ». Le Sénégal se dirige-t-il de nouveau vers des jours sombres comme cela l’a été particulièrement en 2020 ? l’autorité a déjà informé sur les dispositions à prendre concernant le respect des mesures sanitaires

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#lamecque#pelerinage#sante

  • Méditerranée : 10 morts retrouvés dans les cales d’un canot de migrants parti de Libye - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57820/mediterranee--10-morts-retrouves-dans-les-cales-dun-canot-de-migrants-

    Méditerranée : 10 morts retrouvés dans les cales d’un canot de migrants parti de Libye
    Par Charlotte Boitiaux Marlène Panara Publié le : 17/06/2024
    Le Nadir, voilier humanitaire de l’ONG allemande ResQship, a retrouvé, tôt ce lundi matin, les corps de 10 exilés coincés à l’intérieur d’une embarcation en Méditerranée. Cinquante et une autres personnes ont pu être secourues, en majorité des Bangladais. Le canot était parti de Zouara, en Libye.
    « Quand nous avons trouvé le canot, il était trop tard », raconte sobrement Stefen Seyfert, responsable communication de l’ONG ResQship contacté par InfoMigrants. Lundi 17 juin, à l’aube, l’ONG allemande a annoncé sur son compte X que son voilier-humanitaire Nadir avait retrouvé les corps de 10 migrants dans la cale d’un canot en bois, dérivant en mer Méditerranée.
    Quand le Nadir s’est approché, les membres de l’ONG ont compris que le canot était surchargé. « On a porté secours aux personnes sur le pont supérieur et ensuite on a vu qu’il y avait des gens en-dessous », raconte Stefen Seyfert. « La cale était inondée, remplie d’un mélange d’eau et d’essence. A l’intérieur, nous avons vu 12 corps, dont deux inconscients mais encore vivants ».La première personne inconsciente a pu être sortie sans encombre « mais on a dû casser le pont avec une hache pour extirper la seconde ».D’après ResQship, les dix victimes, toutes des hommes, sont mortes d’intoxication aux fumées du moteur. « À force de respirer l’essence, les passagers se sont évanouis. Puis le bateau prenant l’eau, elles se sont noyées de manière inconsciente ».
    Quarante neuf autre personnes, qui étaient aussi à bord sur le pont supérieur, ont été secourues. Elles ont été prises en charge, deux heures plus tard, par les garde-côtes italiens. « Ils ont aussi récupéré les deux blessés inconscients ».Mais les dix cadavres n’ont pas pu être extraits du canot. « Nous n’avons pas d’endroit à bord pour les conserver. Ils sont donc restés dans le canot, qui est attaché à notre voilier. Nous faisons route vers Lampedusa pour les déposer là-bas. Nous prévoyons d’arriver dans la nuit ».Le bateau était parti de Zouara, en Libye, d’après les rescapés. Un premier décompte fait état de plusieurs nationalités à bord : une trentaine de Bangladais, des Pakistanais, des Syriens et des Égyptiens.
    Ce n’est pas la première fois que des navires humanitaires font face à de tels naufrages. Vendredi 7 juin, les corps sans vie de onze migrants qui dérivaient en pleine mer, au large des côtes libyennes ont été récupérés par le Geo Barents, navire de Médecins sans frontières (MSF). Le 28 mai, les sauveteurs de l’ONG allemande SOS Humanity ont retrouvé le corps sans vie d’un bébé de six mois dans un canot de migrants à la dérive.
    La plupart des canots en bois qui s’aventurent en Méditerranée sont constitués d’un pont supérieur et de cales dans lesquelles s’entassent des dizaines de personnes - souvent des femmes et des enfants, piégés près du carburant et de ses vapeurs toxiques. Les places du dessus sont généralement réservées aux hommes.
    S’asseoir à l’intérieur des cales, avec un accès limité à l’air libre, est donc éminemment dangereux. Depuis des années, de nombreuses personnes sont récupérées par les ONG en mer victimes de brûlures aux jambes, aux cuisses, et sur leurs parties génitales à cause du mélange entre le carburant et l’eau de mer.La Méditerranée centrale représente à elle seule 80 % des morts et disparitions en Méditerranée l’an dernier. Elle est très utilisée par les migrants cherchant à entrer dans l’Union européenne depuis la Tunisie et la Libye. Depuis janvier, 923 migrants y sont décédés ou portés disparus.La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#traversee#mortalite#tunisie#libye#italie#lampedusa#mortalite#sante#routemigratoire

  • Méditerranée : 11 corps de migrants retrouvés au large de la Libye - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57641/mediterranee--11-corps-de-migrants-retrouves-au-large-de-la-libye

    Méditerranée : 11 corps de migrants retrouvés au large de la Libye
    Par La rédaction Publié le : 10/06/2024
    Onze cadavres ont été récupérés par le navire de Médecins sans frontières (MSF), vendredi, au large des côtes libyennes. Ils avaient été repérés la veille par le Seabird, l’avion de surveillance de l’ONG allemande Sea-Watch.
    « Les équipes de MSF [Médecins sans frontières] ont été une nouvelle fois témoins du résultat des politiques européennes dévastatrices et sanglantes sur la migration et de la non-assistance aux personnes en Méditerranée ». Vendredi 7 juin, les corps sans vie de onze migrants qui étaient en pleine mer, à la dérive au large des côtes libyennes ont été récupérés par le Geo Barents, navire de l’ONG.
    Ces cadavres avaient été repérés plus tôt dans la soirée par le Seabird, l’avion de surveillance de l’ONG allemande Sea-Watch. « On ne sait pas si les corps découverts au large des côtes libyennes sont les victimes d’un naufrage inconnu jusqu’alors. Ce qui est sûr, c’est que nous survolons un charnier voulu par l’Europe », a déploré l’association sur X (ex-Twitter).
    Sea-Watch n’a eu d’autre choix que de demander l’aide du Geo Barents, les garde-côtes libyens ayant « ignoré » leur appel « demandant que les corps soient récupérés ». Proche de la zone, le Geo Barents s’est rendu sur place, « après une opération de recherche qui a duré plus de neuf heures ». Les humanitaires ont emballé les corps dans des housses mortuaires, avant de le transporter sur son zodiac qui sert d’ordinaire aux sauvetages.
    Le lendemain, les 11 corps, qui reposaient dans une chambre froide sur le pont du bateau, ont été transférés sur un navire des garde-côtes italiens, près de Lampedusa. Le Geo Barents, lui, continue sa route vers Gênes, port qui lui a été attribué par les autorités, avec des rescapés à bord. Ces deux derniers jours, l’équipage a en effet porté secours, lors de trois opérations, à 165 personnes en détresse en mer.
    (...)"Nous ne pouvons pas déterminer la raison de cette tragédie, mais nous savons que les gens continueront à emprunter des itinéraires dangereux dans une tentative désespérée de se mettre en sécurité, et l’Europe doivent trouver des voies sûres et légales pour eux, s’est insurgé de son côté MSF. Cette catastrophe doit cesser !".
    Plus de 900 morts depuis le début de l’année Ce week-end, un « corps flottant en mer » a également été « repéré et récupéré » par l’Ocean Viking de SOS Méditerranée. Le 28 mai, les sauveteurs de l’ONG allemande SOS Humanity avaient retrouvé le corps sans vie d’un bébé de six mois dans un canot de migrants à la dérive.
    L’année dernière, 3 155 migrants sont décédés ou ont été portés disparus après avoir tenté de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Depuis janvier, 923 migrants sont décédés ou portés disparus.
    Selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur, les arrivées par la mer sur le territoire national ont considérablement baissé depuis le début de l’année : 21 792 personnes sont arrivées en Italie entre le 1er janvier et le 7 juin, contre 53 270 lors de la même période de 2023. La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#italie#OIM#ONG#mortalite#traversee#sante#routemigratoire#lampedusa#libye

  • A #Lampedusa non nascevano bambini da più di mezzo secolo. Nel 2021 è nata Maria e le hanno dedicato un parco giochi, dove però i bimbi arrivati come lei via mare non possono giocare. Vietato per loro uscire dall’hotspot. Una storia di diritti negati a persone innocenti.

    https://twitter.com/SeaWatchItaly/status/1787832638901825906
    #toponymie #toponymie_migrante #noms_de_rue #migrations #Lampedusa

    • Si battezza Maria, la prima nata a Lampedusa dopo 51 anni

      E’ nata il 31 luglio 2021 a Lampedusa dove i suoi genitori, della Costa d’Avorio, sono giunti con un barcone partito dall’Africa.

      Ora Maria è tornata, dopo due anni e mezzo sull’isola dove oggi verrà battezzata durante la messa serale, nella parrocchia di San Gerlando. La bambina e i suoi genitori sono arrivati a Lampedusa da Cassaro, comune di poco più di 700 abitanti in provincia di Siracusa, dove sono ospiti della rete Sai (sistema accoglienza integrazione) gestita dalla cooperativa Passwork.

      La famiglia è stata accolta dal sindaco delle Pelagie Filippo Mannino che ha voluto la cittadinanza onoraria, deliberata dal Consiglio comunale, per la piccola. Il riconoscimento è stato conferito, mentre in via Roma è stato intitolato a Maria il parco giochi realizzato con i fondi Fami del ministero dell’Interno.

      Mannino, accogliendo ieri la bimba e i genitori, ha chiesto se fossero cattolici e se era possibile un incontro con la comunità dei fedeli di Lampedusa. I genitori di Maria si sono detti disponibili all’incontro e hanno anche manifestato l’intenzione di battezzare la piccola proprio nella sua isola. Stamani è stato contattato il parroco che ha dato il via libera e che ha già trovato la tutina bianca da far indossare a Maria.

      La bimba è stata la prima a nascere, dopo 51 anni, a Lampedusa, dove le donne non partoriscono per mancanza di una struttura sanitarie adeguata. Maria è nata nell’ambulatorio del punto territoriale d’emergenza (Pte). Rita, ivoriana di 38 anni, già madre di due figli rimasti in Costa d’Avorio, faceva parte di un gruppo di migranti salvato e sbarcato nell’isola. La donna, giunta alla fine della gestazione, è stata portata in via precauzionale al poliambulatorio. Al Pte la ha iniziato il travaglio e non essendo stato possibile trasferirla in elisoccorso i sanitari hanno deciso di farla partorire lì.

      Ad assisterla e supportarla oltre ai medici in servizio è stata Maria Raimondo, infermiera di Corleone in servizio all’ambulatorio di Lampedusa: i genitori hanno deciso di dare il nome della donna alla figlia.

      La cittadinanza onoraria e l’intitolazione del parco - partecipa anche per il dipartimento Libertà civili e immigrazione il vice prefetto Carmen Cosentino - sono state decise in quanto Maria è un simbolo di speranza. Nelle motivazioni è scritto: «Maria è il simbolo di chi c’è l’ha fatta ma soprattutto di chi non ce l’ha fatta, di chi nutre la speranza di raggiungere un posto migliore dove mettere radici, dove vivere nella piena libertà e legalità, dove il diritto all’infanzia è una priorità. Ed è per questo che la nostra comunità è in dovere e in diritto di riconoscerle la cittadinanza onoraria, un riconoscimento alla vita, alla solidarietà, al rispetto e tutela dei diritti umani e di tutti i bambini che come Maria sono nati a Lampedusa».

      https://www.ansa.it/sicilia/notizie/2024/05/04/maria-prima-nata-a-lampedusa-dopo-51-anni-si-battezza_1403e10e-4d73-46a1-a322-a

  • Naufragio del 2013 a Lampedusa, identificata dopo 11 anni una delle vittime

    La salma di #Weldu_Romel, identificata col codice «AM 16», è stata tumulata nel cimitero di Caltagirone

    Sono serviti 11 anni, ma adesso il migrante «Am16» - vittima della strage del 3 ottobre 2013 - ha un nome e cognome. Il ventisettenne eritreo, Weldu Romel, morto assieme ad altri 367 migranti, riposa nel cimitero di Caltagirone. E il 6 maggio sulla sua lapide, finalmente, ci sarà un nome. Lo hanno reso noto dl Comitato 3 ottobre, spiegando che l’identificazione è stata possibile «grazie al prezioso lavoro dell’istituto Labanof dell’università di Milano e al commissario straordinario per le persone scomparse».

    La salma di Weldu Romel, identificata col codice «Am 16», è stata tumulata, nell’ottobre 2013, nel cimitero di Caltagirone.

    Alla cerimonia per la posa della lapide con incisi il suo nome e cognome, che si terrà lunedì alle 10.30, parteciperanno, tra gli altri, il prefetto di Catania, Maria Carmela Librizzi, l’imam di Catania, Kheit Abdelhafid, monsignor Salvatore De Pasquale, vicario
    generale della Diocesi di Caltagirone, Tareke Brhane, presidente del Comitato 3 ottobre, Angela Ascanio, referente progetto Sai
    di Caltagirone e Vito Fiorino, nominato «Giusto» per aver salvato 47 persone mentre si consumava la tragedia.

    «La nostra battaglia è per dare un nome e una degna sepoltura alle vittime dei naufragi - sottolinea Tareke Brhane - negare, infatti, questo diritto è contro ogni principio di umanità. Ogni persona ha diritto a una degna sepoltura così come i familiari hanno diritto di avere un luogo in cui ricordare e piangere i propri cari. Siamo felici che oggi, finalmente, a Weldu sia stata ridata un’identità. Speriamo di poterlo fare ancora per le centinaia di vittime senza nome che ancora oggi sono sepolte nei tanti cimiteri del nostro Paese».

    https://www.agrigentonotizie.it/cronaca/naufragio-lampedusa-2013-identificata-vittima-dopo-11-anni-maggio-2

    #3_octobre_2023 #identification #migrations #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #11_ans_après... #naufrage #Lampedusa