Médicaments : les lanceurs d’alerte enfin écoutés ? - 08/02/2019 - midilibre.fr
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"C’est sans doute à ce type d’adresse mail que j’aurais pu écrire en 2010 pour dénoncer le scandale du Médiator si l’Agence (Afssaps à l’époque, NDLR) avait été moins gangrénée par les conflits d’intérêt avec Servier", indique le Dr Irène Frachon. La mise en place de cette adresse mail "est une bonne chose dans l’absolu et cette démarche montre une évolution considérable des mentalités depuis 2010", estime-t-elle.
"Je suis persuadée que cela part d’un bon sentiment, mais la dénonciation de dysfonctionnements bouscule toujours des systèmes", soulève-t-elle. Or l’ANSM est chargée de la pharmacovigilance et du contrôle du système entier des médicaments et produits de santé. "Quand les contrôles sont pris en flagrant délit de défaillance, sa responsabilité est impliquée », poursuit le Dr Frachon. « Une dénonciation par un lanceur d’alerte peut potentiellement mettre en cause l’Agence pour sa passivité, pour son inertie…"
Pour Marine Martin, de l’Apesac, lanceuse d’alerte de la Dépakine, la situation n’a pas tellement changé. "Beaucoup de gens essayent d’alerter sur des problématiques mais ne sont pas entendus car les laboratoires ont toute l’attention des politiques. Ils ont un énorme pouvoir car ils financent beaucoup d’études".
L’indépendance de l’ANSM est donc encore remise en question. Irène Frachon, elle, fait preuve d’optimisme. "L’ANSM a pris conscience que la simple pharmacovigilance ne suffisait pas. Qu’il existe une pharmacodélinquance, constituée de faits délictueux".