• #Mélanie_Vogel sur l’#écriture_inclusive, 31.10.2023 :

    "Vous nous racontez depuis tout à l’heure que l’écriture inclusive est une opération militante. La réalité c’est que vous êtes, et vous devez l’assumer enfin, les héritières et les héritiers de militants du 17e siècle qui ont eu comme #projet_politique de masculiniser la langue française. Quand on a dit, ça vous a été répété plusieurs fois : ’Le #genre_masculin étant le plus noble, il doit prédominer toutes les fois où le #masculin et le #féminin se rencontrent’. Quelle affirmation d’une #neutralité absolue ! Quand on a décidé de supprimer les termes de mairesse, doctoresse, poétesse, mais de conserver caissière, femme de ménage, nourrice, servante. Mais qui pourrait y voir là l’expression d’un projet politique sexiste ? Franchement, qui ? Donc oui, c’est vrai, la langue est un véhicule de nos #valeurs et elle décrit au fond le monde tel qu’on voudrait le voir. Et donc que celles et ceux qui militent pour que le masculin l’emporte sur le féminin participent de véhiculer un monde qu’ils veulent être sexiste. Et oui, celles et ceux qui qui militent pour que l’écriture soit inclusive, pour que toute les personnes se sentent représentées quand on parle, militent pour une société plus égalitaire et plus juste et nous l’assumons pleinement.

    https://twitter.com/Melanie_Vogel_/status/1719270589909684506
    #militantisme #France #langue #français #langue_française #masculinisation #histoire #sexisme

  • La phobite du #point_médian

    Psychanalyse de la phobie du point médian. Lecture 15 secondes.

    Français neutre, Françaises neutralisées.

    Le français va très bien, merci. Les Françaises beaucoup moins.

    Les #femmes prennent des poings dans la gueule pendant que les #hommes s’offusquent du point médian.

    « Peu de pays ont des débats aussi passionnés sur leur #langue. » Dit macron à la cité de la langue des Français Neutres.

    Bah évidemment ! Une langue aussi masculiniste, dont le seul objectif est de tout emporter sur son passage, aussi zobstinée, aussi peu souple, aussi rigide et destructrice comme un gode en bois mal poncé, ne peut faire que des ébats dont les femmes tentent de sextirper.

    Cela dénote tout de même d’une phobie pathologique intriguante.

    Alors, je me dis que quand je sera grande, je sera psychanalyste, pour essayer de pénétrer (aïe) la phobie des zobs (désolée, je suis enrhubée) contre les points médians. Tous les points médians.

    J’ai l’intuition que ça ressemblera à quelque chose comme ça.

    https://blogs.mediapart.fr/annabel-b/blog/311023/la-phobite-du-point-median
    #écriture_inclusive #phobie #français #langue_française

    • Emmanuel Macron affirme (https://twitter.com/BFMTV/status/1718960210902237424) qu’en langue française, “le #masculin fait le #neutre, on n’a pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre lisible”. Pour le CNRS, en français, “pour le cerveau, le neutre n’est pas neutre”.

      Il est désormais bien établi que l’utilisation du #masculin_générique engendre des #représentations_mentales déséquilibrées en faveur du masculin. Pour autant, toutes les formes d’écriture inclusive sont-elles aussi efficaces pour contrer ce biais ? Dans une étude récente parue dans la revue Frontiers in Psychology, une équipe de scientifiques a démontré que les #formulations_neutres, sans marque de #genre_grammatical, ne permettent pas d’éliminer complètement le #biais vers le masculin, au contraire des formes doubles qui mentionnent à la fois le masculin et le féminin (https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full).

      Pour éclairer le débat, lire Spinelli E., Chevrot J-P., Varnet L. 2023, Neutral is not fair enough : testing the efficiency of different language gender-fair strategies, Frontiers in Psychology ou son compte rendu sur la lettre du CNRS.

      #écriture_inclusive #Macron #Emmanuel_Macron #CNRS #langue #français #langue_française

    • Le rêve d’un abruti sur tout les fronts, ça me rappelle les Ceaucescus qui se targuaient de savoir et de science faux diplômes à l’appui mais n’avaient que la securitate pour s’imposer.

      les misérables à l’œuvre partout s’épaulent pour leurs crimes, du simple langage aux meurtres des enfants

      Bien dit :
      « A travers les mains de ceux qui la bite »

      PS
      Il ne dit pas ’des choses pour la rendre lisible’ mais ’des choses pour la rendre illisible’ et là il est tellement content qu’il boit un verre de vodka pendant que son auditoire de vieux chnocks et chnokesses, jackLang au premier rang applaudit.

      EDIT
      D’ailleurs quelques jours après, en relisant le post, il doit quand même être morveux de sortir une énormité pareille puisqu’il bafouille et noie ensuite ses mots dans son verre de vodka·eau. De fait, c’est comique puisqu’il bafouille « illisible » qui devient dans les médias « lisible » preuve qu’il est inaudible, et est incapable de parler distinctement le français !

    • #Interdiction de l’écriture inclusive : les ressorts d’un procès politique

      Pour une fois, les hommes et les femmes de la chambre haute se sont pressées pour proposer une loi visant à interdire l’écriture inclusive. Mais l’application de cette #prohibition, purement idéologique, ne serait pas sans lourdes conséquences administratives.

      Lundi 30 octobre 2023, les sénateurs et sénatrices françaises (double flexion inclusive avec accord de proximité certifié de tradition française multiséculaire) ont adopté à 221 voix pour et 82 contre une #proposition_de_loi de droite particulièrement intrusive et extensive visant à « protéger la langue française des #dérives de l’écriture dite inclusive » et interdisant, sous peine de nullité, l’usage de certains traits d’inclusivité – le point médian, perçu comme un comédon typographique, est évidemment ciblé – dans les actes juridiques, les modes d’emploi, les contrats de travail ou les règlements intérieurs d’entreprise.

      Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est fort opportunément coordonné avec les débats et le vote depuis Villers-Cotterêts, où il inaugurait la Cité internationale de la langue française. S’évertuant à remplir les amples chausses de François Ier, il a tenu à faire part de sa « pensée complexe » en la matière. Il a appelé – leçon de girouette politique – à ne pas « céder aux airs du temps » et rappelé doctement, avec un sens admirable de la précision, que dans la langue française, dont la perfection, l’état d’achèvement ne sont plus à démontrer, « le masculin fait le neutre » et qu’« on n’a pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre lisible ».

      On eût aimé que les un·es et les autres, dans leurs « travaux » et gloses diverses sur cette langue divinisée que le monde entier nous envie, se renseignassent un minimum auprès des linguistes et des philologues, des praticien·nes et historien·nes de « la langue », avant de proférer, en l’occasion, les énormités qui constituent la récolte ordinaire du marronnier régulièrement secoué par Le Figaro.

      Mais qu’attendre, en vérité, d’un personnel politique de droite, d’extrême droite et d’extrême centre qui, à l’oral comme à l’écrit, passe sa vie, dans les hémicycles, sur les réseaux sociaux, sur les plateaux de télévision ou dans les studios de radio, à écorcher, appauvrir, atrophier et faire rancir le sacro-saint français ; qui nous bassine avec ses néologismes publicitaires à forte valeur non ajoutée (« start-up nation ») ou ses interdicteurs de pensée et de débat (« islamogauchisme », « wokisme ») ?

      Nous serons assez charitables pour rappeler au président de la République que l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) ne se réduit pas à l’image d’Épinal du bon père de la Nation qui généralise l’emploi du français, déjà bien présent depuis le Moyen Âge dans les actes notariés dans tout son nuancier dialectal, à l’ensemble des actes administratifs.

      D’abord, de portée très limitée (si on la compare au projet de loi sénatorial), elle ne s’appliquait qu’aux documents de justice ; ensuite, dans un pays fait de plusieurs « nations » (au sens de l’Ancien Régime), dont certaines d’arrimage récent (Bretagne), le français n’était qu’un « langage maternel » parmi d’autres, et ces autres se sont pour une bonne part maintenus, en s’appuyant sur ladite ordonnance, la promotion du « langage maternel françoys » étant entendue comme celle du « langage maternel ou françoys ». L’essentiel était alors que les actes de justice, rédigés en langue vernaculaire, fussent compréhensibles par les habitant·es de la province et non par les seuls hommes de l’art, francophones ou pas.

      Nous signalerons tout aussi charitablement aux sénatrices et sénateurs que le vieux ressort argumentatif rouillé d’une inclusivité non inclusive à l’endroit des personnes dyslexiques et dysorthographiques rendrait un autre son si étaient exigées dans la foulée l’abolition des mots composés et des abréviations, ainsi que la simplification réelle et la mise en cohérence effective de l’orthographie française. Mais telle n’est pas leur ambition. En revanche, l’emploi du mot « dérives » et la distance sanitaire signifiée par l’expression « écriture dite inclusive » nous disent très bien leur présupposé. L’inclusivité elle-même est en sursis probatoire.

      La proposition de loi sénatoriale, si elle était définitivement adoptée, pourrait entraîner des bouleversements considérables, qui plus est rétroactifs, sachant que l’administration n’a pas attendu les « airs du temps » pour pratiquer l’inclusivité. Elle utilise depuis des lustres le banal trait d’union à la place du point médian et la double flexion (elle tolérée par le Palais du Luxembourg).

      Nos arbitres des élégances typographiques se souviennent-ils seulement des bouleversements considérables occasionnés par la dernière « grosse » réforme de modernisation de l’orthographie à avoir été réellement mise en œuvre, en 1835 ? Guizot, alors à la tête du ministère de l’instruction publique, voulait traduire en actes les préconisations de la sixième édition du Dictionnaire de l’Académie française. Les trois principales mesures de cette réforme, déjà poussées en son temps par Voltaire, étaient celles-ci :

      – on passe de [oi] à [ai] là où on prononçait déjà le son \ɛ\, la graphie [oi] étant réservée au son \wa\ (typiquement françois/français, mais sont aussi touchées une bonne partie des formes verbales) ;

      – les mots se terminant jusque-là par [-nt] au singulier et faisant [-ns] au pluriel, comme parent/parens, se finissent désormais en [-nts] ;

      – l’esperluette [&] est remplacée par [et] (un petit mot de rien mais surabondant).

      Point de cris d’orfraie, à l’époque, dans les rangs des assemblées, pourtant encore bien réactionnaires, contre cet « air du temps » là. Adoptée sans opposition notable, cette (petite) révolution en différé, initiée – une fois n’est pas coutume – par l’Académie elle-même, obligea à réimprimer une bonne partie de la littérature du temps et des temps passés (un Armageddon paperassier régulièrement brandi par les contempteurs et contemptrices de l’écriture inclusive). Trois mesurettes, dont la première en forme de rattrapage phonétique, mais conséquences maousses.

      Vu l’accroissement considérable du volume depuis l’époque de Guizot, la proposition de loi du Sénat ressemble fort à une usine à gaz chronophage et dévoreuse de ressources, plus susceptible de mettre le zbeul que de mettre bon ordre à une orthographie officielle qui, nonobstant plusieurs propositions réformatrices de savants et de ministres, a globalement peu bougé depuis 1835, soit près de deux siècles – c’est dire la vigueur des attaques qu’elle a subies.
      Force de frappe idéologique

      À défaut de protéger « la langue », quintessence à jamais inaccessible et assurément fumeuse, la droite sénatoriale et son caudataire présidentiel montrent surtout l’étendue et de leur ignorance et de leurs préjugés. Objectivement, ce n’est pas tant l’inclusivité qui les gêne, celle-ci étant pratiquée diversement en français depuis le Moyen Âge, ainsi que le pôle Correction de Mediapart le rappelait dans ce billet, et même en partie entérinée par l’Académie française elle-même pour les noms de métier.

      Non, ce qui les gêne, c’est que certains milieux militants, notamment féministes mais pas que, s’en soient emparés dès les années 1970, en jouent, continuent de la faire vivre, lui donnent une force de frappe idéologique perceptible, à l’heure des grandes régressions sociales et sociétales, sans réclamer nécessairement, du reste – ce qui serait contradictoire avec la plasticité recherchée – son institutionnalisation, sa normalisation, sa glaciation.

      Pendant qu’on ergote et chicane sans fin sur les effets de graphie, dont la plupart des écrivain·es, des éditeurs et éditrices se sont soucié·es pendant des siècles comme de leur première chemise, y compris aux époques (eh oui, c’est cyclique, mesdames messieurs les déclinistes) du rayonnement international de la lingua franca, on ne travaille pas sur les effets de lexique et de sens (l’inclusivité se loge aussi là), autrement délicats, où se nouent, pour l’essentiel, les rapports de force politiques, voire géopolitiques, de sexe, de classe ou de race, où les discriminations s’expriment et se résolvent parfois.

      Les progrès de l’inclusivité sont encore, au plan éditorial, largement marginaux, nul ne songeant à l’imposer à coups de règle, comme du reste la dernière réformette orthographique de 1990, ce qui rend l’alarme sénatoriale et présidentielle d’autant plus pathétique, pour ne pas dire risible. À la fin des fins, la pratique ordinaire tranchera. Une large partie de l’expression langagière, par nature dérivante (non au plan moral mais au plan linguistique), échappe, hors contexte totalitaire, aux tentatives d’arraisonnement et d’encagement, et ce depuis que notre langue est langue. Mais cela, les intelligences artificielles de certain·es de nos représentant·es et dirigeant·es ont du mal à le concevoir.

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021123/interdiction-de-l-ecriture-inclusive-les-ressorts-d-un-proces-politique

    • Communiqué de presse : « Le masculin fait le neutre… » ou pas

      Dans son discours d’inauguration de la Cité internationale de la langue française prononcé le lundi 30 octobre 2023 à Villers-Cotterêts, le Président de la République a pris position contre « l’écriture inclusive », en affirmant : « le masculin fait le neutre, on n’a pas besoin d’y rajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre illisible ».

      La position surplombante du président donne l’impression de vouloir édicter une règle une fois pour toutes qu’il imposerait, par sa seule parole, à des millions de francophones, en France et hors de France, à rebours du symbole que représente la Cité inaugurée ce jour-là.

      Nous rappelons, en tant que scientifiques spécialistes du langage et des langues – et de la langue française en particulier – que les règles se forment au fil du temps par les pratiques des locuteurs et locutrices, et que c’est l’usage qui finit par s’imposer, et non la volonté d’une autorité, fût-elle académique, ministérielle ou présidentielle. Si les questions d’enseignement et d’orthographe nécessitent des décisions politiques, elles ne sauraient être tranchées par une seule personne, aussi puissante soit-elle.

      Emmanuel Macron semble se positionner contre le point médian et d’autres formes abrégées. Beaucoup, comme lui, feignent de réduire l’écriture inclusive à un seul procédé, au milieu de nombreuses autres possibilités (accord de proximité, mots épicènes…). D’ailleurs, il utilise lui-même des procédés inclusifs dans le discours du 30 octobre comme dans ses autres prises de parole. Les doublets complets (« Françaises, Français… ») existent depuis longtemps, et la littérature classique regorge de rois et reines, de princes et princesses plutôt que rois ou princes quand il s’agit de personnes des deux sexes : ils ressortissent du langage inclusif. En outre, certaines formes abrégées présentes depuis des décennies sur les documents officiels de la République française (dont la carte d’identité ou des formulaires administratifs : « né(e) le… », « domicilié(e) à… ») ne posent aucun problème. Les doublets complets ou abrégés se déploient aujourd’hui sur de nombreux supports (privés, publics, papier, numériques, sites, presse, cartels de musées…) sans être l’apanage d’une poignée de militants ou de militantes, contrairement à l’idée fausse qui est véhiculée. Il ne s’agit pas d’un système d’écriture figé ni imposé, mais d’une série de pratiques dont l’un des objectifs premiers est de préciser la composition de groupes humains.

      La formule « le masculin fait le neutre » est contredite par de nombreux travaux scientifiques qui montrent, à partir de données et d’expérimentations, que le sens premier du masculin, pour les humains, est de désigner des hommes, et que l’emploi dit générique est source d’ambigüité. Moins de femmes répondent aux offres d’emploi rédigées au masculin par exemple. Tout ceci est documenté.

      Le jour de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, il eût été important de ne pas oublier ces choses élémentaires, de faire davantage appel aux travaux scientifiques, et sans doute encore plus opportun d’évoquer l’un des sujets majeurs pour l’avenir du français et des francophones, à savoir l’orthographe à enseigner : celle de 1990, comme en Belgique et en Suisse ? Ou celle de 1878, comme c’est trop souvent le cas ? Si le Président se soucie de la lisibilité du français, qu’il joigne sa voix aux nombreuses autres, dont des fédérations de professeurs de français et des linguistes (voir Le Monde du 16 octobre dernier), qui demandent une nouvelle réforme de l’orthographe.

      Le collectif des Linguistes atterrées, le 31 octobre 2023

      https://www.tract-linguistes.org/communique-de-presse-communique-le-masculin-fait-le-neutre-ou-pas

    • Écriture inclusive : “Le président ne peut pas faire la loi sur la langue que parlent les Français”

      Le débat sur l’écriture inclusive, relancé lundi par Emmanuel Macron, ainsi que par le Sénat, pose la question de l’action politique sur la langue. Entretien avec le linguiste Michel Launey.

      « Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour la rendre lisible. » Le discours d’Emmanuel Macron, le 30 octobre, lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, et tandis que le Sénat votait une proposition de loi visant à « protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive », a relancé le débat autour de celle-ci. Michel Launey, linguiste et auteur de La République et les langues 1, rappelle la dimension politique d’une telle prise de parole. Membre du collectif des Linguistes atterrées, il met en lumière l’importance d’une rationalisation de la langue, venant du peuple et pas de l’État.

      Quand Emmanuel Macron dit qu’il ne faut pas « céder aux airs du temps », que cela signifie-t-il ?
      Les changements linguistiques sont généralement des phénomènes lents, inconscients et collectifs. S’il parle d’une mode passagère, c’est mal poser le problème car la langue est dans son temps : on verra bien si les innovations et les changements restent ou pas. Ce n’est pas le président de la République ou le Sénat qui le décideront, ce sont les jeunes, les vieux, tous les locuteurs. Cela revient à mélanger le phénomène d’innovation linguistique et le phénomène de mode – qui, par ailleurs, n’est ni bon ni mauvais par essence.

      L’écriture inclusive est-elle une mode ?
      Je suis prudent sur le sujet, mais c’est un phénomène intéressant car il s’agit, pour une fois, d’une action consciente d’une partie de la population, alors que généralement les évolutions de la langue ne sont pas concertées. D’ailleurs, quand on parle d’écriture inclusive, on mélange ses trois branches. La première, la féminisation des noms de métiers, est plutôt passée dans le langage courant, c’est un premier combat gagné. Les deux autres concernent l’accord de proximité [accorder avec le nom situé au plus proche, par exemple « les marcheurs et marcheuses sont contentes », ndlr] et le point médian [par exemple un·e écrivain·e, ndlr].

      Pourquoi cette crispation autour du point médian ?
      Une objection au point médian est que les formules ne sont pas facilement lisibles à l’oral. Ceci dit, il peut y avoir une convention qui définirait comment lire « les étudiant·e·s », tout comme on sait prononcer le mot « deux », quand on lit « 2 », c’est le même mécanisme. On est habitués à la différence entre ce qu’on lit et ce qu’on prononce, notamment en mathématiques. Par ailleurs, une partie de la communication écrite n’a pas pour fonction d’être lue à l’oral, donc ce n’est pas choquant tant que c’est compris. L’intérêt de l’écriture inclusive est d’ailleurs relevé par le Haut Conseil à l’égalité : les femmes ont par exemple tendance à moins postuler à une offre d’emploi écrite au masculin, plutôt qu’en écriture inclusive.

      Est-ce à un président ou à l’État de dicter l’usage de la langue française ?
      C’est peut-être le rêve de certains, mais ce n’est pas dans les compétences du président. Il ne peut pas faire la loi sur la langue que parlent l’ensemble des Français et Françaises. On a, en France, le plus grand mal à penser une langue qui présente des variations, qui n’est pas unique. La doxa veut que la langue française, comme la République, soit une, et que tout ce qui s’écarte des standards ne soit plus du français. Or pour moi, c’est très grave. Par exemple dire d’un jeune de banlieue que ce qu’il parle n’est pas du français, alors qu’il ne parle pas une autre langue, revient à l’exclure de la communauté des francophones. On organise une déchéance de langue, une apatridie linguistique.

      Que symbolise la volonté d’un « bon usage » du français ?
      C’est une volonté politique, assurément. Si on prend le français à la création de l’Académie française, en 1634, il était une évolution du bas latin qui avait beaucoup changé en un millénaire. On lui avait retiré les déclinaisons, ajouté des articles, etc. Quand ces changements se sont produits, personne ne les a refusés sous prétexte que leurs ancêtres parlaient différemment. Et, de toute façon, ceux qui ont engendré ces modifications étaient les membres de la communauté linguistique tout entière – le peuple, des gens majoritairement non instruits et illettrés. Il ne s’agissait pas d’une affaire de loi, ni de noblesse, clergé ou bourgeoisie. Le début de la légifération de la langue est arrivé avec la création de l’Académie française.

      Est-il utile de vouloir légiférer sur la langue ?
      Le texte de loi voté au Sénat hier est, selon moi, une stupidité politique. S’il passait l’Assemblée nationale, il serait sans doute bloqué par le Conseil constitutionnel car il ne relève pas de la compétence de l’État. Et même s’il était validé, on ne peut pas mettre en place une police linguistique pour vérifier le non-usage de l’écriture inclusive dans le cadre privé.

      Cela ne veut pas dire que la langue ne doit pas évoluer – surtout son orthographe. Il n’y a pas eu de vrai changement orthographique depuis 1835, il est temps d’une rationalisation, car le français contient beaucoup d’illogismes qui vampirisent le temps d’apprentissage. Il y a une multitude d’exemples, comme le mot « nénuphar » qui n’a aucune raison de s’écrire avec « ph » et pas un « f », aucune racine grecque. Si changement il y a, je crois qu’il n’aura pas lieu à l’Académie française ; il faudrait plutôt un rassemblement international de francophones avec des linguistes, des écrivains, des éditeurs pour réfléchir ensemble, tranquillement à ces sujets.

      https://www.telerama.fr/debats-reportages/ecriture-inclusive-le-president-ne-peut-pas-faire-la-loi-sur-la-langue-que-

    • Pourquoi utiliser l’écriture inclusive ?

      Parce que la langue façonne notre perception du monde, #Marie_Barbier, corédactrice en chef de la revue féministe La Déferlante, défend l’usage de l’écriture inclusive, comme un outil pour ne laisser de côté ni les femmes ni les minorités de genre.

      Pour nous, à La Déferlante, il était évident de ne pas utiliser une langue où le masculin l’emporte sur le féminin. Dès qu’on a commencé à travailler sur la revue, un an avant la publication de notre premier numéro (en mars 2021), c’était certain que la revue des révolutions féministes serait écrite en écriture inclusive.

      Nous avons travaillé avec deux correctrices, Sophie Hofnung et Aurélie Charrier, qui ont réalisé une charte d’écriture inclusive – qui est désormais actualisée par Mélanie Tanous. C’est une charte vivante, on la fait évoluer au fur et à mesure du temps.

      Tout, tout le temps, doit être lisible et compréhensible par nos lectrices et lecteurs, y compris par des personnes qui ne pratiquent pas l’écriture inclusive. Il faut qu’elles ne soient pas rebutées par ça quand elles ouvrent la revue. On tient aussi à respecter les propos des personnes interrogées, donc toujours demander si elles sont d’accord pour que leurs propos soient transposés en écriture inclusive. Pour résumer, on tient à respecter au maximum la parole donnée, tout en étant au clair avec la ligne éditoriale de la revue.

      Depuis notre création, jamais personne ne nous a dit que c’était illisible. On n’a pas du tout ce genre de retours. Ça veut dire qu’en France, il y a des gens capables de lire 144 pages de revue en écriture inclusive de A à Z sans que ce soit un problème de lecture. Les correctrices, Sophie Hofnung, Mélanie Tanous et Sara Roumette, font extrêmement attention à cela.

      Par exemple, dans notre dernière newsletter sur la Palestine (envoyée le vendredi 10 novembre), je pensais écrire « juif·ves », mais la correctrice m’a repris en disant qu’on essayait de ne pas écrire de choses imprononçables. Donc, ici, on a mis le doublé : « juifs et juives ».
      La langue française révèle les discriminations

      Dans les débats récents sur la proposition de loi au Sénat, les sénateurs et sénatrices sont d’une mauvaise foi crasse. Évidemment que la langue française révèle les discriminations qu’il y a dans la société. Ça peut paraître anecdotique, mais ça ne l’est absolument pas.

      C’est très important de redonner la place au féminin dans la langue française. « Le masculin l’emporte sur le féminin », c’est l’apothéose du patriarcat : ce n’est pas possible, nulle part. Que ce soit dans la société, dans la langue, dans tous les domaines possibles, le masculin ne doit pas l’emporter sur le féminin.

      D’autant que l’on peut retracer cette habitude au 17e siècle, lorsqu’on a instauré des normes qui disaient, en substance, que le masculin était plus noble que le féminin. C’est donc une construction de la langue. Comme beaucoup de choses contre lesquelles on se bat, c’est une construction sociale. À un moment donné, les dominants se sont emparés de l’outil qui est la langue pour asseoir leur domination. Ce n’est pas envisageable de ne pas le questionner, au moins.
      Il n’y a pas qu’une écriture inclusive

      Ce n’est pas vrai qu’un point d’ortho-typo peut gêner la lecture. C’est utilisé dans plein d’autres choses. C’est ce que dit aussi la tribune de 130 féministes, dont la grammairienne Éliane Viennot, en réponse à Emmanuel Macron. Par exemple, on utilise le « né(e) le » dans des documents administratifs. Et quel symbole de mettre entre parenthèses le féminin ! Ça dit quelque chose. On ne le met pas entre parenthèses, le féminin est l’égal du masculin dans la langue, et on l’assoit de la manière la plus lisible possible.

      Les conservateurs et les conservatrices sont arcbouté·es sur une vision passéiste de la langue. Ils et elles sont dans une logique de domination, où la langue reflète une domination et une vision de la société, qui fait peu de cas de la place des femmes et des minorités sexuelles.

      Le « Citoyens, citoyennes » utilisé par Macron, c’est le doublé, c’est de l’écriture inclusive. C’est le fait d’intégrer le féminin et de le mettre à égalité avec le masculin. Donc la présidence française utilise l’écriture inclusive. Il y a plein de moyens d’utiliser l’écriture inclusive. À chaque numéro, on fait un petit marque-page avec des techniques d’écriture inclusive, et les gens adorent, ils le scotchent au-dessus de leur bureau.

      On explique par exemple qu’on peut utiliser les mots épicènes, dont la forme ne varie pas selon le genre. Il y a plein de techniques simples qui permettent de reformuler, ça demande juste un petit peu de temps.
      Appliquer l’égalité des genres

      Nous sommes une revue engagée, nous défendons le féminisme, mais au-delà de ça, on est une revue créée par des professionnelles de l’information. Donc, ça nous tient extrêmement à cœur que l’égalité des genres soit retranscrite dans la revue jusque dans son écriture. Il ne s’agit pas d’une lutte anecdotique, contrairement à ce que peuvent dire les gens de droite – qui, soit dit en passant, mettent une énergie démesurée à se battre contre. Non, ce n’est pas anecdotique, parce que la langue qu’on utilise est très révélatrice. Nous, elle nous permet d’appliquer l’égalité des genres jusqu’au bout.

      Ce n’est pas juste une question pour les gens de gauche. Moi, ça m’énerve que l’école ne l’utilise pas, ça m’énerve que Jean-Michel Blanquer (ancien ministre de l’Éducation nationale) s’y soit opposé. J’apprends à mes enfants le point médian, et il n’y a aucun problème avec ça. Ils l’utilisent, et ils savent le faire. C’est tout à fait possible. Les enfants ne sont pas perturbés par ça.

      Au contraire, ça permet de questionner la binarité de genre, de dire que si tu ne te sens pas fille ou garçon, qu’on peut utiliser le point médian et que c’est OK. Ça va au-delà de la question du masculin qui l’emporte sur le féminin, parce que dans la langue française, il y a une binarité très marquée. Le point médian comme le pronom « iel » permettent d’aller au-delà de cette binarité. C’est un des avantages : ça ouvre à des personnes qui ne se reconnaissent pas dans la binarité de genre d’être incluses dans la langue française.

      L’écriture inclusive devrait être utilisée par tout le monde. Ce n’est pas vrai que c’est compliqué, c’est simple et ça permet d’inclure le plus grand nombre et de ne pas rejeter des personnes de la langue française. Ça permet d’inclure les femmes, les personnes non binaires, les personnes trans, tout le monde. Je ne comprends pas pourquoi le fait d’inclure des gens dans la langue et de la rendre plus égalitaire est un problème.

      https://basta.media/pourquoi-utiliser-ecriture-inclusive-Senat

  • Ecriture inclusive : ce qu’en dit la #science

    Loin de se résumer à l’usage du #point_médian, l’usage de l’écriture inclusive a effectivement un impact sur les #représentations_mentales du lecteur, concluent de récents travaux français. Plus important encore, cet #impact varie en fonction du type d’écriture inclusive utilisée.

    « Péril mortel » de la langue française pour l’#Académie_Française ou « outil essentiel » d’après l’investigation Elles Font La Culture (https://ellesfontla.culture.gouv.fr/conseils_articles/42__;!!Orpbtkc!7gg4iKTPdMkm6FWuHya6vu_vrzDkrr_63AXwMlNYHRXM) portée par le ministère de la Culture, l’écriture inclusive divise. « Notre objectif est de remettre un peu de science dans ce débat qui évolue parfois en #polémique incontrôlée », pointe le psycholinguiste au CNRS Léo Varnet. Loin de se résumer à l’usage du point médian, l’usage de l’écriture inclusive a effectivement un impact sur les représentations mentales du lecteur, concluent de récents travaux français publiés dans la revue Frontiers in Psychology (https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full#h3). Plus important encore, cet impact varie en fonction du type d’écriture inclusive utilisée.

    (#paywall)

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/ecriture-inclusive-ce-qu-en-dit-la-science_174628
    #écriture_inclusive

  • Proposition de loi visant à interdire l’usage de l’#écriture_inclusive
    Rapport n° 67 (2023-2024), déposé le 25 octobre 2023

    AVANT-PROPOS

    I. ÉCRITURE « INCLUSIVE » OU NOVLANGUE EXCLUANTE ?
    A. DES PRATIQUES QUI SE DÉVELOPPENT RAPIDEMENT
    1. Qu’est-ce que l’écriture dite « inclusive » ?
    2. Un phénomène loin d’être marginal
    B. UNE DÉMARCHE QUI SOULÈVE DE NOMBREUSES DIFFICULTÉS
    1. Une écriture non neutre
    2. Une contrainte importante sur une langue déjà menacée
    3. Une menace pour l’intelligibilité et l’accessibilité des textes
    II. UNE PROPOSITION DE LOI NÉCESSAIRE POUR DISSIPER DES INCERTITUDES JURIDIQUES
    A. DES INCERTITUDES JURIDIQUES
    1. Quelques grands principes et deux circulaires
    2. Une jurisprudence hésitante
    B. UNE PROPOSITION DE LOI POUR CLARIFIER LE DROIT
    C. LA POSITION DE LA COMMISSION

    EXAMEN DES ARTICLES

    Article 1er

    Interdiction de l’usage de l’écriture dite inclusive dès lors que le droit exige l’utilisation du français
    Article 2

    Conditions d’application et d’entrée en vigueur de la loi
    Intitulé de la proposition de loi

    EXAMEN EN COMMISSION
    LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
    RÈGLES RELATIVES À L’APPLICATION DE L’ARTICLE 45
    DE LA CONSTITUTION ET DE L’ARTICLE 44 BIS
    DU RÈGLEMENT DU SÉNAT (« CAVALIERS »)
    LA LOI EN CONSTRUCTION
    https://www.senat.fr/rap

    /l23-067/l23-067.html
    #France #interdiction #loi #novlangue #langue #menace #intelligibilité #accessibilité #incertitudes_juridiques #jurisprudence #circulaires #proposition_de_loi

    • 中性语言 - 维基百科,自由的百科全书
      https://zh.m.wikipedia.org/wiki/%E4%B8%AD%E6%80%A7%E8%AF%AD%E8%A8%80

      Trop compliqué:e pour moi. Désormais je contournerai le problème en ne m"exprimant plus qu’en chinois, qui ne connait pas le problème de no lamgues.

      Le chinois est une langue super simple qui ne connais ni genre, ni temps ni conjugaison ou déclinaison. Il n’y a mėme pas de singulier ou pluriel. Tu dis simplemen « il y en a plusieurs » avec un seul « mot » (们) qui établit son contexte par sa position. Si tu veux dire expressément qu’il n’y a qu’un seul spécimen de quelque chose ( 一个 x ) tu le dis simplement. S’il est important de savoir s’il s’agit de quelque chose de féminin (女)ou masculin (男), tu fais pareil. Tu ne mentionne expressément que les qualités exceptionnelles, tout le reste est contexte.

      Les juristes ont raison sur un point : il est très difficile voire impossible de formuler des textes de droit en chinois qui ne comportent pas ambiguité. On est confronté en chinois à un nombre d’éléments de grammaire très réduit au profit de la syntaxe. Chaque idéogramme correspond à un nombre élevé de significations différents et parfois contradictoires. Cette particularité fait que le chinois ancient dépasse en complexité le grec antique.

      On peut sans doute affirmer que nos grammaires ont une grande influence sur notre logique, notre manière de penser. Nos batailles liguistiques n’existeraient pas, si nous avions appris à parler et penser d’une manière plus libre, peut-être plus chinoise ;-)

      Voici ce que dit wikipedia en chinois à propos de l’écriture inclusive.

      Un langage neutre signifie éviter l’utilisation d’un langage qui est préjugé contre un sexe ou un genre particulier. En anglais, certaines personnes préconisent d’utiliser des noms non sexistes pour désigner des personnes ou des professions [1] et d’arrêter d’utiliser des mots à connotation masculine. Par exemple, le mot hôtesse de l’air est un titre de poste spécifique au sexe, et le mot neutre correspondant devrait être agent de bord. En chinois , certains caractères chinois à connotation positive et négative auront le mot « 女 » comme radical .Un langage neutre signifie éviter l’utilisation d’un langage qui est préjugé contre un sexe ou un genre particulier. En anglais, certaines personnes préconisent d’utiliser des noms non sexistes pour désigner des personnes ou des professions et d’arrêter d’utiliser des mots à connotation masculine. Par exemple, le mot hôtesse de l’air est un titre de poste spécifique au sexe, et le mot neutre correspondant devrait être agent de bord . En chinois , certains caractères chinois à connotation positive et négative auront le mot « 女 » comme radical .

      Attention, traduction Google

    • Suggérer l’utilisation du kotava comme langue de communication dans l’administration :

      Les substantifs et les pronoms sont invariables ; il n’existe aucun système de déclinaison. Il n’y a pas non plus de genre. Si l’on souhaite insister sur le sexe d’une personne ou d’un animal il est possible d’utiliser les suffixes dérivationnels -ye (pour les êtres vivants de sexe masculin) et -ya (pour les êtres vivant de sexe féminin).

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Kotava

    • Guerre d’usure contre l’écriture inclusive… et l’#égaconditionnalité

      Les #conservateurs, en mal de notoriété, épuisent les féministes avec un énième texte contre l’écriture inclusive. Ce texte veut interdire cette écriture à celles et ceux qui reçoivent des fonds publics. #Anti-égaconditionnalité !

      Quelques jours après l’échec du Rassemblement National (RN), Les Républicains (LR) réussissent à imposer un #débat_parlementaire pour interdire l’écriture inclusive ! Le 12 octobre dernier, le RN avait inscrit un texte dans sa « niche » parlementaire à l’#Assemblée_nationale. Mais il avait fini par le retirer avant de se voir opposer un rejet. Des députés LR qui s’étaient alliés à lui, puis rétractés, réservaient sans doute leurs forces pour soutenir leurs collègues du Sénat.
      Car mercredi 25 octobre, les sénateur.trice.s de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat ont adopté une proposition de loi voulant « protéger la langue française  » de ses « #dérives  ». Une proposition qui sera examinée le 30 octobre.

      Le bruit des conservateurs, la fatigue des féministes

      Une #grosse_fatigue a alors gagné le mouvement féministe sur les réseaux sociaux. Impossible de compter le nombre de proposition de lois, de circulaires, de textes outragés, de déclarations solennelles s’attaquant à l’#égalité dans le #langage. Vouloir restaurer la #domination_masculine dans la #langue_française permet aux conservateurs de se faire mousser à bon compte auprès de leur électorat. Et pendant qu’ils occupent le devant de la scène sous les ors de la République, les féministes s’épuisent à démontrer la #justesse de leur combat avec beaucoup moins de moyens pour se faire entendre.

      Le #rouleau_compresseur est en marche. La proposition de la commission sénatoriale, qui avait été déposée par « Le sénateur » -c’est ainsi qu’elle se présente- LR #Pascale_Gruny en janvier 2022, a peu de chance d’aboutir dans sa totalité à une loi tant elle est excessive. Mais elle permet une nouvelle fois de sédimenter le discours conservateur dans l’opinion. Un discours attaché à ce que « le masculin l’emporte ».

      Pascale Gruny a eu les honneurs de l’émission « Les grandes gueules » sur RMC . Elle a pu nier le poids du #symbole : « Que le masculin l’emporte sur le féminin, c’est simplement une règle de grammaire, cela ne veut pas dire que les hommes sont supérieurs aux femmes, c’est ridicule » a-t-elle asséné. « Le but c’est de l’interdire dans les contrats, les publications de la vie privée pour que cela ne s’utilise plus. Et je veux aussi que cela disparaisse de l’#université comme à Sciences-po où c’est obligatoire je crois. »

      Le texte proposé veut très largement bannir l’écriture inclusive « dans tous les cas où le législateur exige un document en français », comme les modes d’emploi, les contrats de travail ou autres règlements intérieurs d’entreprises, mais aussi les actes juridiques. « Tous ces documents seraient alors considérés comme irrecevables ou nuls » s’ils utilisent l’écriture inclusive, dite aussi #écriture_épicène.
      Ces conservateurs ne se sont toujours pas remis de l’approbation, par le Tribunal de Paris en mars dernier, d’inscrire l’écriture inclusive dans le marbre de plaques commémoratives (lire ici).

      Pas de #subvention si le masculin ne l’emporte pas

      Le texte de Pascale Gruny fait même de l’anti-égaconditionnalité en interdisant l’écriture inclusive aux « publications, revues et communications diffusées en France et qui émanent d’une personne morale de droit public, d’une personne privée exerçant une mission de service public ou d’une personne privée bénéficiant d’une subvention publique ». Les journaux qui reçoivent des subventions publiques devraient être concernés ?…

      Rappelons que l’égaconditionnalité des finances publiques revendiquée par les féministes consiste à s’assurer que les #fonds_publics distribués ne servent pas à financer des activités qui creusent les inégalités entre femmes et hommes… Ici on parlerait de patriarcatconditionnalité…

      C’est aussi un combat qui épuise les féministes.

      https://www.lesnouvellesnews.fr/guerre-dusure-contre-lecriture-inclusive-et-legaconditionnalite

      #épuisement #féminisme

    • Pour une fois je me permets d’avoir une opinion alors que d’habitude j’essaie de me tenir aux choses que je sais et de me taire ou de poser de questions par rapports aux autres sujets.

      Ne perdons pas trop de temps avec des discussions inutiles. Si le langage et l’écriture appelés inclusifs deviennent assez populaires parce qu’ils correspondent à une pratique partagée par assez de monde, si cette relative nouveauté est plus qu’un dada des intellectuels, si le peuple adopte ces formes d’expression, aucun décret n’arrêtera leur avancée.

      Je suis content d’avoir été en mesure d’apprendre un français approximatif, assez bon pour me faire comprendre et je ne verrai plus le jour du triomphe ou de la défaite de telle ou telle forme de français. Ces processus durent longtemps.

      Alors je préfère investir un peu de mon temps pour améliorer mes compétences en chinois. Cette langue me promet la même chose qui m’a fait prendre la décision d’apprendre le français. Avec l’apprentissage d’une nouvelle langue on découvre le monde sous d’autres angles, on adopte de nouvelles façons de raisonner et d’agir, on développe une personnalité supplémentaire, on n’est plus jamais seul. Parfois je me demande, ce que ferait mon caractère chinois à ma place quand ma personnalité allemande, française ou états-unienne me fait prendre une décision.

      Ma pratique des langues que je maîtrise changera au rythme auquel je les utiliserai. Je continuerai alors de le mentionner quand le sexe d’une personne a une importance et une signification, si c’est nécessaire pour dire ce que j’ai à dire. Pour le reste je me tiens aux règles qu’on m’a enseignées et aux habitudes que j’ai prises.

      Je comprends la peur de l’invisibilité et le besoin de la combattre parce que je passe une grande partie de ma vie à donner une voix aux personnes qui sont comme moi rendus invisibles par le pouvoir en place, par les mécanismes inscrits dans nos sociétés et par la méchanceté et le dédain des imbéciles. Chaque langue connaît des manières de s’attaquer à ce défi.

      Je suis curieux comment l’écriture et le langage inclusif cohabiteront ou pas avec cette multitude de formes d’expression chères à celles et ceux qui en sont maîtresses et maîtres et les considèrent comme les leurs.

      #écriture_inclusive #français #chinois #dialectes #patois #allemand

    • #mecsplications sur l’inclusivité et détournement de ce qui est préoccupant dans ce post.

      Les langues sont vivantes et tout gouvernement/état qui cherche à imposer aux populations de contrôler leurs expressions du langage tend au totalitarisme. #police_du_langage

      A contrario, l’écriture inclusive est un signe qui déplait aux conservateurs et aux fascistes parce qu’elle est manifestation politique du vivre ensemble, du soin à marquer que les inégalités de genre ne sont plus acceptables et de la résistance vivante à une langue moribonde, celle du patriarcat. Une petite révolution à la barbe des tenants du pouvoir et tout cela uniquement par le langage cela appelle des lois et de la répression.

      Quelle mauvais blague.

      Les rétrogrades de Toulouse ne s’y sont pas trompés, ils ont carrément interdit l’usage de l’écriture inclusive. 23/06/2021
      https://www.ladepeche.fr/2021/06/22/toulouse-pas-decriture-inclusive-au-capitole-9624088.php

      #féminisme #écriture_inclusive

    • #militantisme #langues_vivantes #langue_écrite #langue_parlée

      Et justement : les passions tristes des forces réactionnaires :

      «  Il existe d’autres moyens d’inclure le féminin dans la langue française  », expose la conseillère municipale d’opposition qui juge «  intéressant de réfléchir à ces questions sans passion.  »

      Qu’iels aillent bien tou·tes se faire cuire le cul, ces administrateurs·rices du cheptel humain :-))

    • Mais la française est vraiment horrible, il faut absolument la interdire avant qu’elle ne se diffuse partout, elle va nous falloir rapidement accepter l’écriture inclusive ou toute la morale patriarcale de notre chère Jeanne Jack Rousselle va se retrouver à la ruisselle. Pensez donc à cette genre de traduction

      « Toute l’éducation des hommes doit être relative à les femmes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’elles, les élever jeunes, les soigner grandes, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des hommes dans toutes les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance. »

    • La Monde ne sait pas ce qu’est la pointe médiane, et utilise des pointes de ponctuation (et en les doublant) pour dénoncer la usage qu’elle méconnait. C’est quand même savoureuse.

      sénateur.rice.s

      c’est pourtant simple la pointe médiane c’est à la milieu, comme ça

      sénatrice·s

      la texte législative de ces andouilles qui n’ont rien à asticoter dans leur cervelle a donc été adoptée par la sénate cette nuit

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/31/ecriture-inclusive-le-senat-adopte-un-texte-interdisant-la-pratique-dans-tou

      #les_crétins_du_palais_du_luxembourg

    • C’est difficile de suivre cette débat avec la novlangue employée par les député·es ; par exemple j’ai cherché la terme de wokisme dans la dictionnaire et je n’ai rien trouvée. Et sinon pour pointer une contradiction, elle me semble qu’il y a déjà une loi AllGood qui vise à défendre l’immutabilité éternelle de la française — mais que la startup nachioune n’en a pas grand chose à faire.

    • la enjeu est de montrer que la culture française est sage et docile ( Au-delà de Versailles et de St Cloud c’est la jungle ) et que grâce à macron et toutes celleux accrocs à ses jolies mollettes de roitelet la langue française constitue une socle immuable. (ici j’adore l’aspect sable mouvant de la langue, tu crois que tu la maitrises qu’elle t’appartient enfermé dans les dogmes coloniaux des institutions et hop, nique ta novlangue)

      Iels ont donc si peur que la langue française soit vivante et évolue, je trouve ça juste extraordinaire d’en arriver à légiférer pour un point médian. Enchainez ce point médian tout de suite et jetez le au cachot ! Oui maitre·sse.

    • Le « François » dans tous ses états ...
      #château-Macron (du gros qui fait tache)
      https://seenthis.net/messages/1023508#message1023947

      #tataouinage (?) #québecois
      https://fr.wiktionary.org/wiki/tataouiner
      (Et donc rien à voir avec Tataouine, ville de Tunisie passée dans le langage populaire pour évoquer un endroit perdu au bout du monde)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Tataouine
      En arabe,
      تطاوين
      se prononce un peu comme Tatooine qui est une planète-désert de l’univers de fiction Star Wars.
      Il n’y a pas de hasard, enfin, si, peut-être, un peu quand même ...

  • Enquête sur l’#accessibilité des #écritures_inclusives

    Les résultats de l’enquête que j’ai mené sur l’accessibilité des écritures inclusives pour les personnes dyslexiques sont désormais disponibles. Ils sont présentés, ainsi que l’état de l’art et la méthodologie utilisée, dans un mémoire accessible sur cette page web. Ce mémoire marque l’aboutissement de mon stage et initie une suite de travaux qu’il semble nécessaire.

    Le mémoire se base sur une enquête en ligne testant la compréhension de plusieurs formes d’écriture genre-inclusives : #double_flexion totale, double flexion partielle (point médian), #néologie, #écriture_épicène et #genre_neutre (par Alpheratz). Le texte testé est une ré-écriture du conte « Les habits de l’Empereur » (celui où « le roi est nu »). Les résultats sont très différenciés - selon l’adhésion des répondant-e-s aux principe de l’écriture inclusive par exemple. Voici un extrait de la conclusion :

    « Il existe des grandes tendances de l’impact du contexte socio-politique sur l’accessibilité des écritures inclusives qui interfère avec la complexité des contextes personnels. Cela remet en question la pertinence de l’établissement d’une classification d’accessibilité entre les différentes formes d’écriture inclusive et montre le caractère contingent de l’accessibilité aux écritures inclusives. De plus, il est important de rappeler que cette étude montre aussi que la langue écrite française reste fondamentalement inaccessible aux personnes dyslexiques. »

    Pour télécharger le mémoire :
    https://inclusiviteetdyslexie.files.wordpress.com/2021/09/memoire-v1-4.pdf

    https://inclusiviteetdyslexie.wordpress.com
    #écriture_inclusive #enquête #dyslexie #langue_française #français

  • #Grammalecte

    Grammalecte est un #correcteur_grammatical et #typographique #open_source dédié à la langue française, pour Writer (#LibreOffice, #OpenOffice), #Firefox & #Thunderbird, Chrome, etc.

    https://grammalecte.net
    #langue_française #typographie #aide #grammaire #français

    Témoignage sur twitter :

    Je viens de télécharger grammalecte et je suis bluffé.

    Ami·e·s des #coquilles, de l’#écriture_épicène et des logiciels libres, cette #extension pour Firefox et LibreOffice est pour vous

    https://twitter.com/pierre_bat/status/1381942105682100230

    déjà signalé par @cy_altern :
    https://seenthis.net/messages/849569

  • Langage égalitaire : vers une rationalisation des procédés et des approches

    L’écriture inclusive, vaste sujet de polémique de ces dernières années, « péril mortel » pour certaines personnes, relève d’enjeux historiques et sociaux de plusieurs siècles. À partir d’une histoire de la #langue et des #femmes, l’historienne Éliane Viennot a étudié le phénomène de #masculinisation de la #langue_française, sous l’impulsion de l’#Académie_française, dès le 17e siècle. Le #langage n’est pas immuable, il se construit socialement selon des codes et au fil des siècles, il participe à l’#invisibilisation des femmes à travers un credo bien célèbre : « le masculin l’emporte sur le féminin. » Éliane Viennot propose des recommandations d’usage pour un #langage_égalitaire qui intègre les femmes et les hommes. Du #point_médian et des #accords jusqu’à la féminisation des #noms_de_métiers, ces usages interrogent les #représentations de #genre dans nos sociétés à travers l’écrit.

    https://journals.openedition.org/chrhc/14838

    #écriture_inclusive #histoire #égalité

  • Un Genevois crée la première #typo inclusive

    Étudiant à la HEAD, #Tristan_Bartolini a inventé plus de 40 caractères typographiques non genrés. Il vient de recevoir le Prix Art Humanité 2020 de la Croix-Rouge.

    On aurait adoré ponctuer cet article de mots comprenant des signes typographiques inventés par Tristan Bartolini. Juste pour rendre le propos limpide et distrayant. Mais c’est impossible. Notre clavier ne connaît pas ces caractères-là. Notre clavier est vieux jeu. Mais dans dix ans peut-être, tous les rédacteurs de la planète utiliseront « l’inclusif-ve » pour taper leur prose.

    On notera au passage la mocheté de ce « sif-ve » à la fin d’« inclusif-ve ». C’est justement pour éviter ces acrobaties graphiques – et œuvrer pour un monde meilleur – que le jeune Tristan a créé une typo épicène. Et raflé conséquemment le Prix Art Humanité 2020 de la Croix Rouge la semaine dernière.
    Coup de foudre pour la typo

    Mais reprenons depuis le début. Un CFC de graphisme en poche, Tristan Bartolini se retrouve sur les bancs de la HEAD. Il y découvre les arcanes de la typographie. Coup de foudre. « C’est une activité sans fin, quasi méditative. Il y a toujours une courbe à rectifier. J’adore. On s’immerge corps et âme dans ce travail. D’abord, j’ai redessiné des lettres qui existaient déjà. Et puis j’ai voulu m’échapper de l’alphabet. »

    Le Genevois cherche un thème pour son travail de diplôme. « Un thème au service d’une cause, en accord avec mes engagements et convictions. » Une police de caractères inclusive s’impose comme une évidence. « L’idée m’est tombée du ciel. Il y avait beaucoup de débats autour de l’écriture épicène. Elle devenait de plus en plus fréquente dans les documents administratifs, les publicités. Je me suis dit que ce n’était pas qu’une affaire de linguistes, que l’on pouvait amener des solutions graphiques. »

    Le concept ? Simple et lumineux : la création de nouveaux caractères non genrés, en lovant deux ou plusieurs lettres. Oui, comme dans le joli bisou du O et du E dans notre vieux « Œ ». Tristan enlace donc le E et le A de Le et La ; le P et le M de Père et Mère ; voire le HO et FE de Homme et de Femme. Adieu barbants tirets, points et parenthèses. Voyez l’osmose typographique. Voyez l’ouverture du champ des possibles entre les deux pôles extrêmes que sont le masculin et le féminin.

    Encore fallait-il rendre cette étreinte élégante. C’est là que l’art du graphiste entre en scène. Après des mois de cogitations et préalables théoriques, Tristan se met à la création graphique proprement dite en mars dernier, alors que sonne le sinistre clairon du confinement. « Il me fallait une systématique. J’avais un critère de base : la visibilité. Je voulais des caractères évidents, pratiques, faciles d’utilisation. J’ai opéré d’interminables allers-retours, en poussant l’expérimentation au plus complexe pour souvent revenir au plus simple », sourit le jeune homme.
    Le début d’un grand chamboulement

    À l’orée de l’été, « l’inclusif-ve » déroule une quarantaine de nouveaux signes épicènes, superposables aux terminaisons genrées, pronoms et même à certains mots. C’est ingénieux. C’est poétique. C’est peut-être aussi le début d’un grand chamboulement graphique et sociétal.

    Et maintenant ? « J’aimerais que ce projet ne soit qu’un début. Ce système de caractères peut s’adapter à d’autres polices d’écriture. Dès lors, ce serait bien que des typographes intègrent mes signes dans leurs propres créations. J’ai simplement créé un outil de communication. D’autres pourraient l’utiliser pour faire passer un message. »

    https://www.tdg.ch/un-genevois-cree-la-premiere-typo-inclusive-168461901432
    #typographie #écriture_inclusive #écriture_épicène #français #langue #écriture #langue_française

    ping @reka @nepthys

  • Écriture inclusive : un premier bilan de la #controverse

    Le 18 septembre 2020, une tribune publiée dans Marianne (https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/une-ecriture-excluante-qui-s-impose-par-la-propagande-32-linguistes-listen) signée par 32 linguistes prenait clairement position contre l’écriture inclusive ou, plus exactement, contre l’utilisation des graphies abrégées (par exemple : les étudiant·e·s). Cette tribune se présentait comme une mise au point objective dénonçant une pratique qui, selon ses signataires, « s’affranchit des #faits_scientifiques ».

    Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le 25 septembre 2020, une tribune signée par 65 linguistes (https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/250920/au-dela-de-l-e-criture-inclusive-un-programme-de-travail-pour-la-lin) prenait le contre-pied de la première, alors que paraissaient en même temps un texte signé par Éliane Viennot et Raphaël Haddad et diverses analyses critiques (https://sysdiscours.hypotheses.org/155). Cette controverse pourrait paraître anecdotique. En réalité, on peut en tirer quelques enseignements intéressants sur les langues et leur fonctionnement, ainsi que sur l’utilisation du discours scientifique expert pour fonder des discours prescriptifs (« il faut… il ne faut pas… ») (https://information.tv5monde.com/video/l-ecriture-inclusive-pour-mettre-fin-l-invisibilisation-des-fe).

    Quelques jalons historiques

    Il y a 30 ans, en #France, un mouvement a conduit à la #féminisation des noms de fonctions, de métiers, de titres et de grades. Très vite relayé par les instances politiques, il visait à « apporter une légitimation des #fonctions_sociales et des #professions exercées par les #femmes » (Décret du 29 février 1984). Il a réussi à imposer, dans les usages et jusque sous la coupole de l’#Académie_française (déclaration du 28 février 2019), l’emploi de #formes_féminines qui ont été tantôt créées (une ingénieure, une sapeuse-pompière), tantôt réhabilitées (une autrice, une officière) ou tantôt simplement plus largement diffusées (la présidente, la sénatrice).

    Cette #prise_de_conscience a permis de faire évoluer la #langue_française de manière à répondre aux besoins des personnes qui s’expriment en #français. La difficulté à laquelle les francophones font face aujourd’hui concerne les (bonnes) manières d’utiliser ces #noms_féminins dans tous les domaines de la vie : administration, enseignement, politique, création artistique, entreprise, vie quotidienne, etc. L’écriture inclusive désigne non plus la féminisation, mais l’usage de ces noms féminins à côté des noms masculins dans les textes.

    L’écriture inclusive, dite aussi #écriture_épicène (en Suisse et au Canada), #écriture_non_sexiste ou #écriture_égalitaire, représente un ensemble de #techniques qui visent à faire apparaître une #égalité, ou une #symétrie, entre les #femmes et les #hommes dans les textes et à adopter un langage non discriminant par rapport aux femmes. Nous choisissons ici de considérer l’écriture inclusive sans l’#écriture_non_genrée, dite aussi neutre ou #non_binaire, qui poursuit un objectif d’inclusion bien sûr, mais également très spécifique : ne pas choisir entre le féminin et le masculin et ne pas catégoriser les personnes selon leur genre.

    Les règles qui ne font (presque) pas polémique

    Certaines règles de l’écriture inclusive sont largement acceptées et figurent dans l’ensemble des guides. Il n’y a pratiquement pas de divergences concernant les éléments suivants :

    (1) Utiliser des noms féminins pour désigner des femmes dans leur fonction, métier, titre ou grade : dire « Madame la Présidente » et non « Madame le Président », « la chirurgienne » et non « le chirurgien », « l’officière de la Légion d’honneur » et non « l’officier de la Légion d’honneur ». Notons que certains noms, malgré des racines connues, ne sont pas encore accueillis sans retenue (par exemple : autrice ou professeuse).

    (2) Utiliser l’expression « les femmes » dès qu’on désigne un groupe de femmes et réserver l’expression « la femme » (ou « la Femme ») pour renvoyer à un stéréotype : dire « la journée internationale des droits des femmes » ou « la situation des femmes en Algérie » ; mais dire « cette actrice incarne la femme fatale ».

    (3) Utiliser « humain, humaine » plutôt que « homme » pour désigner une personne humaine, comme dans « les droits humains », « l’évolution humaine ».

    (4) Toujours utiliser le terme « Madame » lorsqu’on s’adresse à une femme (comme contrepartie féminine de « Monsieur » lorsqu’on s’adresse à un homme) et ne plus utiliser « #Mademoiselle », qui crée une asymétrie, puisque « #Mondamoiseau » est rarement utilisé.

    (5) Ne pas nommer une femme d’après la fonction ou le titre de son mari : dire « la femme de l’ambassadeur » et non « l’ambassadrice ».

    (6) Utiliser les noms propres des femmes comme on utilise ceux des hommes. Ne pas utiliser le prénom d’une femme lorsqu’on utilise le nom de famille d’un homme, par exemple dans un débat politique (ne pas dire « Ségolène contre Sarkozy », ni « Ségo contre Sarko »). Faire de même pour les noms communs (ne pas dire « les filles de la Fed Cup » et « les hommes de la Coupe Davis »).

    Les règles qui suscitent la polémique

    D’autres règles suscitent encore des polémiques (en France et en Belgique notamment), parce qu’elles créent des façons d’écrire ou de parler qui paraissent inhabituelles. Les arguments invoqués pour défendre ou pour refuser ces règles relèvent de l’histoire de la langue, de la linguistique, de la sociologie ou de la psychologie du langage, et parfois de l’idéologie. Les études actuelles (une bibliographie est disponible ici : https://osf.io/p648a/?view_only=a385a4820769497c93a9812d9ea34419) nous apportent pourtant un regard scientifique qui devrait nous aider à naviguer dans les méandres de ce sujet.

    (1) Utiliser le masculin pour désigner une personne dont on ne connaît pas le genre, comme dans une offre d’emploi : « recherche informaticien (H/F) ». Il est prouvé que cette règle ne favorise pas un traitement équitable des femmes et des hommes. De nombreuses études scientifiques ont montré que l’emploi de termes uniquement au masculin (« un mathématicien, un directeur commercial, un musicien ») engendrait des #représentations_mentales masculines chez les adultes d’une part, mais également chez les jeunes. Même si cet usage est permis par la grammaire française, il semble, par exemple, influencer les #aspirations_professionnelles des jeunes. Il a comme conséquence, notamment, de diminuer le degré de confiance des filles et leur sentiment d’auto-efficacité à entreprendre des études pour ces #métiers). Il donne également l’impression aux jeunes que les hommes ont plus de chances de réussir dans ces métiers : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2015.01437/full). Dans des secteurs où l’on cherche à créer plus de mixité, comme les sciences et technologies, ou les soins infirmiers, le masculin dit générique devrait être évité.

    (2) Utiliser le #masculin_pluriel pour désigner des groupes qui contiennent des femmes et des hommes, comme « les musiciens » pour désigner un groupe mixte. Il est prouvé que cette règle ne favorise pas une interprétation qui correspond à la réalité désignée. Des scientifiques ont montré de manière répétée (et dans plusieurs langues) que, même si la grammaire autorise une interprétation « générique » du masculin pluriel, cette interprétation n’est pas aussi accessible ou fréquente que l’interprétation spécifique (masculin = homme) (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0388000120300619?dgcid=author). Cette différence d’accessibilité a été expliquée par différents facteurs), comme l’apprentissage du genre grammatical, qui suit invariablement la même séquence : nous apprenons le sens spécifique du masculin (masculin = homme) avant son sens générique. En d’autres termes, quand on dit « les musiciens », la représentation mentale qui se forme le plus aisément est celle d’un groupe d’hommes, le sens spécifique du masculin étant beaucoup plus simple et rapide à activer. La représentation mentale d’un groupe de femmes et d’hommes est plus longue à former et plus difficile d’accès. Le #biais_masculin induit par la forme grammaticale masculine a été démontré dans différents contextes et différents pays (par exemple, en France : https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2008_num_108_2_30971 ; en Suisse : https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/20445911.2011.642858 ; et récemment au Québec). Fait assez rare en sciences, il n’existe, à notre connaissance, aucune donnée contredisant la dominance automatique du sens spécifique du masculin.

    Si l’on souhaite activer l’image de groupes mixtes, il est préférable d’utiliser d’autres stratégies que le masculin, comme les doublons : « les chirurgiennes et les chirurgiens ». Malgré ces résultats, certaines personnes, parfois au travers de guides d’écriture, engagent à ne pas utiliser de doublons. Différentes raisons sont avancées, souvent sans réels fondements scientifiques. Par exemple, les #doublons entraveraient la lecture. À notre connaissance, aucune étude ne corrobore cette idée. Il existe une étude qui montre que même si à la première occurrence d’un doublon, la lecture est ralentie, dès la deuxième occurrence, la lecture redevient tout à fait normale (effet d’habituation : https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2007_num_107_2_30996)). L’idée que les personnes qui utilisent des doublons ne parviendraient pas à réaliser les accords grammaticaux dans les textes est également étonnante, surtout si l’on observe un retour de l’accord de proximité : https://journals-openedition-org.sid2nomade-2.grenet.fr/discours/9542), accord particulièrement adapté à l’utilisation des doublons.

    En revanche, des études scientifiques (https://doi.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fpspi0000094) montrent que l’#ordre choisi pour présenter chaque élément de la paire (« les boulangères et les boulangers » vs « les boulangers et les boulangères ») a un effet sur l’interprétation : l’élément présenté en premier est perçu comme plus central ou plus important : http://epubs.surrey.ac.uk/811895.

    (3) Certaines personnes engagent aussi à ne pas utiliser de #formes_abrégées qui permettent de présenter les doublons à l’écrit : « les étudiant·es », « les pharmacien-nes ». Les résultats actuels de la recherche scientifique sont trop limités pour se prononcer de manière définitive à ce sujet. Une étude : https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2007_num_107_2_30996) a mesuré l’effet des doublons sous forme abrégée sur la lecture. Elle concerne un public d’étudiantes et d’étudiants pour lesquels un léger ralentissement de la lecture était mesuré à la première apparition de ces formes, mais se normalisait ensuite. Pour autant, on ne peut pas conclure de cette étude que l’effet serait identique, ou différent, pour d’autres populations. Et les raisons de l’effet de ralentissement, comme de l’effet d’habituation, ne sont pas encore réellement connues.

    Il a également été montré que présenter des métiers sous une forme contractée (à l’époque avec une parenthèse) pouvait augmenter le degré de confiance des filles et le sentiment d’auto-efficacité à entreprendre des études pour ces métiers (https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2005_num_105_2_29694). La recherche doit néanmoins continuer de tester l’effet de ces #formes_abrégées : en fonction du signe typographique utilisé (tiret, point médian, etc.) ; en fonction des publics de différents âges, niveaux d’éducation, niveaux socio-économiques ; en fonction des types de textes. Seules des recherches complémentaires permettront de proposer des règles mieux informées pour réguler l’usage de ces formes, apparues principalement pour répondre aux limites de signes imposées dans différents domaines (journalisme, Internet…).

    (4) Enfin, certains guides recommandent plus de souplesse dans la gestion des #accords. À la règle établie de l’accord au masculin générique (« le frère et les sœurs sont arrivés »), ils suggèrent de laisser la possibilité d’appliquer l’#accord_de_proximité (avec le terme le plus proche : « le frère et les sœurs sont arrivées »), l’#accord_de_majorité (avec l’élément le plus important en nombre : « les sœurs et le frère sont arrivées »), ou un #accord_au_choix. L’argument historique est souvent invoqué, à juste titre : l’accord de proximité s’observe dans les textes anciens à hauteur de 45 % des cas (https://books.openedition.org/pusl/26517), mais il reste toujours moins fréquent que l’accord au masculin. L’argument historique ne permet ni de revendiquer un « retour » exclusif à l’accord de proximité, puisqu’il a toujours cohabité avec d’autres formes d’accords. Il ne permet pas non plus de l’exclure, puisqu’il a eu de l’importance. La recherche devrait montrer quels problèmes spécifiques, dans l’apprentissage, la rédaction ou la compréhension des textes, posent ces différents types d’accords.

    La guerre de l’écriture inclusive n’aura pas lieu

    Les connaissances scientifiques actuelles permettent de clarifier le #bien-fondé de certaines règles qui suscitent des #désaccords. Pour d’autres règles, pourtant défendues ou contestées de manière très assertive, il faut savoir reconnaître que les connaissances actuelles ne permettent pas encore de trancher. La recherche doit continuer à se faire afin d’apporter des arguments aux outils proposés.

    La #langue_française n’est pas seulement le domaine des scientifiques. En tant que scientifiques, nous pensons qu’il faut laisser les #usages se développer car ils répondent à des besoins communicatifs et sociaux fondamentaux. Tous les usages ne sont pas appropriés à tous les genres de l’écrit, mais la norme ne doit pas s’imposer de manière étouffante. Faisons confiance aussi aux francophones.

    https://theconversation.com/ecriture-inclusive-un-premier-bilan-de-la-controverse-147630

    #écriture_inclusive #choix #neutralité #catégorisation #masculin_générique

  • #Orthographe, #grammaire : sommes-nous coincés de la #langue ?

    Deux professeurs belges proposent de mettre un terme à l’accord du participe passé conjugué avec l’auxiliaire avoir. Comme à chaque proposition de réforme de l’orthographe en France, les réactions ne se sont pas fait attendre. Pourquoi la #langue_française suscite-t-elle autant de passions ?

    Qu’on se rassure : la Belgique ne fera pas cavalière seule sur la réforme de l’accord du #participe_passé. La Fédération Wallonie-Bruxelles l’a annoncé durant le week-end : rien ne se fera en dehors d’un cadre international. Le participe passé va donc, jusqu’à nouvel ordre, continuer à s’accorder avec le complément d’objet direct quand celui-ci le précède, et à rester invariable lorsqu’il le suit. Si une telle mise à point s’est avérée nécessaire, c’est suite à la publication d’une tribune retentissante dans Libération : celle de deux anciens professeurs de français, belges, pour qui « les gaufres que j’ai mangé » ne devraient prendre ni « e » ni « s » à « mangé » comme c’est le cas avec la règle actuelle. Une nécessaire #simplification selon eux, qui ferait gagner du temps pour d’autres enseignements plus essentiels.

    Comme il fallait s’y attendre, cette proposition a provoqué quelques grincements de dents : phénomène récurrent, en France, dès que les règles de l’orthographe ou de la grammaire sont remises en cause. « Au point » écrit le linguiste Philippe Blanchet « qu’il est devenu presque sacrilège de ne pas les respecter…et même tout simplement d’en parler de façon distanciée ».

    https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/orthographe-grammaire-sommes-nous-coinces-de-la-langue

    #Arnaud_Hoedt #Jérôme_Piron #français
    –—

    Les deux professeurs belges, à voir dans cette conférence TEDx :
    https://seenthis.net/messages/794457

  • De l’écriture inclusive...

    J’aimerais partager avec mes ami·es seenthisien·nes deux pépites sur l’#écriture_inclusive.
    J’ai envoyé un petit texte à la Revue de géographie alpine, pour la rubrique « lieux-dits ». Je l’ai écrit en écriture inclusive... Et voici deux commentaires de deux enseignantes (femmes), l’une maîtresse de conférences (qui signe « maître de conférence ») et l’autre prof. émérite.

    La maîtresse de conférence :

    Je rejoins plutôt XX et YY, pour suivre les régles courantes, l’usage commun, et pas en définir qui seraient internes (à la RGA ?). Un langage pour le rester se doit d’être neutre et partageable. Le « minimum » est aussi qu’il soit lisible à voix haute. Sinon ces usages (certaines phrases de l’article de Cristina ou certains propos de la première vidéo envoyée) deviennent tout bonnement incompréhensibles pour le commun des personnes lectrices ou auditrices. Donc jouons avec le féminin et le masculin, difficiles à arracher aux langues latines, plutôt que de chercher à les extirper dans un combat stérile (au sens propre !). Ou bien utilisons l’anglais qui met tout le monde d’accord (avec quels effets pour la cause féminine ??).

    Certes, ce n’est que mon avis, et certes, le débat n’est pas nouveau.

    –-> pour info, la vidéo envoyée :
    "La Pérille Mortelle" de Typhaine D
    https://www.youtube.com/watch?v=4bJ9oNJPUW0

    La prof émérite :

    Par ailleurs (mais c’est un point de vue très personnel), je n’arrive pas à me faire à l’écriture inclusive : pour moi, tant que ce ne sera pas validé par l’Académie Française, je reste fidèle à la tradition du français classique. Je pense que les combats du féminisme se situent ailleurs.

    #académie_française #neutralité #langue_française #genre #no_comment

  • Banque de dépannage linguistique

    Liste de termes épicènes ou neutres

    Lorsqu’on fait référence à des personnes dans un écrit et qu’on souhaite donner à celui-ci un caractère plus générique et inclusif, il convient de privilégier des formes non marquées en genre, c’est-à-dire qui ne présentent pas d’alternance masculin/féminin. Les mots ainsi choisis désignent aussi bien les femmes que les hommes, ou encore les personnes non binaires.

    http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=5465

    #féminisation #épicène #langue_française #écriture_inclusive #égalité

  • Le féminin dans les noms de professions - Un dernier mot sur Cendrillon
    https://www.lemonde.fr/archives/article/1951/03/14/le-feminin-dans-les-noms-de-professions-un-dernier-mot-sur-cendrillon_206403

    Un texte d’Albert Dauzat publié le 14 mars 1951
    mais accès limité aux abonné·es

    La question est d’importance, et je comprends que nombre de lecteurs me demandent d’y revenir. Le féminisme dans ses conquêtes a marché à pas de géant ; la grammaire, cette tardigrade, ne l’a suivi qu’à distance et comme à contrecœur. De sorte qu’à l’heure actuelle il y a disproportion entre les besoins et les moyens. Le français veut des féminins, et il en manque pour désigner des professions exercées plus ou moins récemment par les femmes.

    L’équilibre ne saurait être rétabli rapidement. Je conçois que l’Académie, qui s’est toujours proclamée le greffier de l’usage, hésite à édicter des ukases qui risqueraient de soulever, même dans son sein, des oppositions. C’est donc aux usagers - guidés par les grammairiens, les écrivains et les techniciens qui ont le sens de la langue - à préparer les solutions et à éduquer le public, chacun dans sa sphère. On me demande d’intervenir : je ne veux pas me récuser, tout en craignant qu’on ne m’écoute guère... Mais le grain peut lever à la longue.

    #langue_française #féminisation

  • Union européenne : vent de #révolte contre le #tout_anglais

    Le décès de Jacques Chirac vient juste d’être annoncé ce jeudi matin.Lors du point de presse quotidien, la porte-parole de la Commission, la Bulgare Mina Andreva, présente les condoléances de son institution et de son président Jean-Claude Juncker, ce qui est normal. Mais, à la surprise générale, elle le fait en anglais ! Pourtant, elle parle parfaitement français, la langue de Molière est la seconde langue de la salle de presse, l’anglais, le français et l’allemand sont les langues de travail de la Commission et les 24 langues de l’Union ont le statut de langue officielle… Viendrait-il à l’idée de la Commission de présenter ses condoléances en français à la suite du décès d’un ancien premier ministre britannique ou d’un ancien chancelier allemand ? Évidemment non.

    Cet impair est révélateur des dérives auxquelles mène le monolinguisme anglophone qui règne au sein des institutions communautaires : désormais, on ne rend même plus compte qu’on s’adresse à un peuple dans une langue qu’il ne comprend pas et qu’il n’a pas à comprendre, l’anglais.

    Cette domination brutale est à la fois le fruit de l’élargissement, cette langue, ou plutôt sa déclinaison appauvrie le globish, étant le plus petit dénominateur commun, mais aussi d’une volonté d’une partie de l’appareil administratif européen. Ainsi, le secrétaire général du Conseil des ministres, le Danois Jeppe Tranholm-Mikkelsen, vient de donner instruction à ses services, dont la plupart des membres parlent parfaitement français, de n’envoyer que des notes en anglais au nouveau président du conseil européen des chefs d’État et de gouvernement, le Belge Charles Michel, un francophone….

    Cet unilinguisme de facto, puisque personne n’en a jamais discuté, est de plus en plus mal ressenti par les fonctionnaires européens eux-mêmes qui ont sans doute pris pour argent comptant la devise de l’Union : « uni dans la diversité ». Un groupe d’eurocrates de toutes nationalités vient ainsi de lancer une pétition adressée à la nouvelle présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen réputée polyglotte, afin de défendre le français et plus largement le multilinguisme.

    Si on les lit, la situation est proche d’une politique discriminatoire, puisqu’ils en sont à réclamer le droit « d’utiliser le français sans nous cacher et sans nous excuser ». Pour ces fonctionnaires, « le monolinguisme anglais nous bride dans nos moyens d’expression », d’autant que la qualité de cette langue ne cesse de se dégrader, le nombre d’anglophones de naissance étant particulièrement faible au sein des institutions, une situation que le Brexit ne va pas améliorer. Ils démontrent à quel point l’anglais ne s’est pas imposé comme par miracle, mais parce que quelques personnes bien placées dans l’appareil administratif en ont décidé ainsi. Les signataires demandent donc à von der Leyen de proclamer le droit de chacun à s’exprimer dans l’une des trois langues de travail et de promouvoir le multilinguisme. Bref, d’appliquer tout simplement l’un des droits fondamentaux de l’Union.

    TEXTE DE LA LETTRE OUVERTE

    Madame la Présidente,

    Votre arrivée à la tête de la Commission européenne et votre profil multilingue nous remplit d’espoir. Nous sommes un groupe de fonctionnaires européens dont le cœur se serre en constatant qu’il nous faille aujourd’hui en appeler à la plus haute autorité pour exercer notre droit le plus simple :

    NOUS VOULONS AVOIR LE DROIT DE TRAVAILLER EN FRANÇAIS (ET DANS D’AUTRES LANGUES) !

    Tout d’abord, nous souhaitons souligner que notre groupe rassemble des fonctionnaires de toutes nationalités, y compris non francophones de naissance. Nous avons constaté que le monolinguisme anglais nous bride dans nos moyens d’expression et nous souhaitons notamment pouvoir utiliser le français sans nous cacher et sans nous excuser.

    LE CONSTAT EST TERRIBLE, et sans vouloir nous répandre, rappelons simplement quelques faits simples :

    – Par le passé, à l’exception de ceux dont c’était la langue maternelle, chacun parlait plusieurs langues. Avec l’usage généralisé exclusif de l’anglais, chacun ne semble plus capable de travailler qu’en une seule langue, sans que la qualité de l’anglais se soit pour autant améliorée. Bien au contraire, le faible nombre d’anglophones de naissance dans notre environnement professionnel conduit à une dégradation de l’anglais utilisé, qui déteint même sur les anglophones. De manière générale, l’usage exclusif de l’anglais conduit à un nivellement par le bas, chacun étant forcé de se conformer au plus petit dénominateur commun, ce qui en retour affaiblit, par manque de pratique, la maîtrise des autres langues. L’objectif d’une plus grande proximité entre l’Union européenne et les citoyens restera une illusion si les fonctionnaires européens ne sont pas en mesure de travailler, de s’exprimer et de lire couramment dans plusieurs langues.

    – Les pages internet de la Commission sont dans leur immense majorité exclusivement en anglais, ainsi que les outils de communication institutionnelle (vidéos, affiches, dépliants), qui semblent plus s’adresser à une élite internationalisée et qu’aux citoyens avant tout tournés vers un espace public dans leur langue maternelle. Il en est de même pour la communication sur les réseaux sociaux (Facebook Twitter). Il est d’ailleurs rare que la Journée européenne du multilinguisme fasse l’objet d’une communication multilingue. Malheureusement, la présentation du collège, le 10 septembre dernier, n’a pas échappé à la règle : discours monolingue, documents (notamment les lettres de mission) et graphiques en anglais...

    – A quelques rares exceptions, les briefings (le concept même n’existe plus en français) sont rédigés exclusivement en anglais, y compris parfois lorsque les deux interlocuteurs sont francophones.

    – Lors des réunions au Parlement ou au Conseil, les représentants de la Commission semblent tenus de s’exprimer en anglais alors même qu’ils disposent de l’interprétation simultanée, préférée des interprètes.

    – L’usage exclusif de l’anglais dans notre travail quotidien empêche souvent nos collègues de conceptualiser dans une autre langue, fût-elle leur langue maternelle, ce qui nuit à leur bonne communication.

    – Même lorsque l’ensemble de la hiérarchie est francophone, nous recevons comme instruction orale de ne pas produire de documents (documents de travail des services, notes internes, projets législatifs ou projets de communications) dans d’autres langues que l’anglais. Ainsi le Secrétariat Général ne dispose-t-il pas de modèle de document de travail des services en français. L’obligation de fournir à la Direction générale de la traduction des documents dans une seule langue interdit de facto le travail multilingue, y compris pour les documents de travail des services qui ont par définition en principe un usage interne.

    – Le service juridique de la Commission dépense une énergie considérable à travailler de plus en plus en anglais avec les différentes Directions générales alors qu’il pourrait légitimement n’utiliser que la langue de travail de la Cour de Justice de l’Union européenne, qui est le français.

    – Les cahiers des charges pour les contrats cadre ou les appels d’offre sont presqu’exclusivement rédigés en anglais ; et les rapports ou études commandées doivent presque toujours être fournies en anglais, ce qui limite le choix des prestataires, et favorise dans l’emploi l’usage d’experts anglophones natifs.

    – Nos intranets sont très souvent exclusivement anglophones, ce qui décourage l’usage de tout autre langue. Il y a bien longtemps que Commission en Direct, notre lettre d’information interne, ne propose plus que des articles en anglais. Votre courriel adressé au personnel le 10 septembre n’était qu’en anglais, décourageant encore ceux qui voudraient utiliser d’autres langues. Il en va souvent de même des communications internes (courriels ou vidéos des Directeurs généraux).

    – Certains services administratifs téléphoniques internes (PMO par exemple) n’offrent pas la la possibilité de répondre en français. Les enquêtes internes sont presque toujours exclusivement en anglais. Le service d’assistance informatique (IT Helpdesk) n’est disponible qu’en anglais (alors même que les agents qui y sont rattachés sont très souvent francophones).

    – Les notes administratives internes sont très rarement en français.

    En un mot, à l’heure où le Royaume-Uni se prépare à quitter l’Union européenne et où la langue anglaise ne correspond plus qu’à la langue maternelle d’une petite minorité de la population, la Commission utilise une langue qui est essentiellement devenue une langue tierce, et qui donne un avantage concurrentiel (économique et culturel) à des Etats tiers comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis.

    NOUS DEMANDONS SIMPLEMENT LE DROIT DE NE PAS ETRE DISCRIMINES PARCE QUE NOUS VOULONS TRAVAILLER EN FRANÇAIS OU DANS D’AUTRES LANGUES.

    Nous demandons

    – le droit de rédiger des projets de communication, de documents de travail des services et des projets législatifs en français ;

    – le droit de passer des appels d’offres et de demander des rapports en français ;

    – le droit de communiquer sur les réseaux sociaux avec des matériaux graphiques et des vidéos en français ;

    – le droit de nous exprimer lors des réunions internes (groupes interservices, réunions d’unité, réunions de tout le personnel) en français sans être montrés du doigt ou susciter des soupirs exaspérés ou des haussements de sourcil ;

    – l’application du principe selon lequel un document ou un site internet qui n’est pas assez important pour être publié dans d’autres langues que l’anglais ne devrait pas être publié du tout ;

    – le développement d’outils (notamment de traduction automatique plus efficace) permettant de travailler quotidiennement de manière multilingue.

    Face à l’inertie de l’administration, et à la pression sociale du monolinguisme, vous êtes notre dernier recours.

    Nous vous demandons

    – d’émettre une instruction interne rappelant notre droit d’utiliser au quotidien les langues procédurales ;

    – de demander à vos commissaires et aux Directeurs généraux de mettre en place une politique incitative du multilinguisme, en montrant eux-même l’exemple dans leur communication interne.

    C’est avec cet espoir que nous vous prions, Madame la Présidente, d’accepter l’expression de notre considération respectueuse et dévouée.


    http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2019/10/03/union-europeenne-vent-de-revolte-contre-le-tout-anglais
    #anglais #résistance #langues #UE #EU #Union_européenne #commission_européenne #multilinguisme #multi-linguisme

    • La #langue_française en perte de vitesse dans les institutions européennes

      A l’heure du Brexit, un collectif de fonctionnaires européens fait circuler une pétition pour que le français retrouve son statut. « Nous voulons avoir le droit de travailler en français ! » écrivent ses auteurs, qui interpellent la future patronne de la Commission, Ursula Von Der Layen.

      Ce 26 septembre, comme chaque année depuis 2001 à l’initiative du Conseil de l’Europe, est célébrée la Journée européenne des langues. En pleine ébullition autour du Brexit et alors que des fonctionnaires européens demandent à la future patronne de la Commission, Ursula Von Der Layen, le droit de travailler en français. De toutes nationalités, ils affirment notamment avoir « constaté que le monolinguisme anglais nous bride dans nos moyens d’expression et nous souhaitons pouvoir utiliser le français sans nous cacher et sans nous excuser ».

      « Nous ne produisons plus aucun document de travail en français »

      Il y a vingt ans, 40% des textes produits par la Commission européenne l’étaient en français contre moins de 3% aujourd’hui. Avec l’allemand, qui a quasiment disparu des radars, le français est pourtant l’une des trois langues de travail officielle dans les institutions.

      Le tournant a eu lieu lors de « l’arrivée des pays d’Europe de l’Est avec des fonctionnaires qui ne maîtrisent pas ou peu le français et dont la langue de communication est l’anglais » témoigne de façon anonyme un fonctionnaire de la Commission.

      Sa collègue confirme : « Nous ne produisons plus aucun document de travail en français, et la dernière note juridique traduite sur laquelle j’ai travaillée récemment date de 2015 ! » Les réunions se font également en anglais : « Parfois, nous pourrions tout à fait parler en français, ajoute-t-elle, mais tout le travail préparatoire à l’écrit a été fait en anglais, cela nécessiterait de se replonger dans des termes parfois techniques dans notre langue maternelle ! »
      "Il y a comme un mur culturel"

      Lorenzo Consoli est le correspondant européen de l’Agence de presse italienne Askanews. Très engagé dans l’Association de la Presse Internationale à Bruxelles, il dénonce la disparition progressive des documents et des communiqués de presse en français ainsi que la colonisation du langage commun par une seule langue monolithique : « Avec le français, on exprime une culture différente et même des valeurs différentes ! explique-t-il et c’est donc important de garder au moins ce bilinguisme qui permet aux gens de mieux se comprendre selon qu’ils sont de langue latine ou de langue anglo-saxonne. Quand on regarde le langage du management, des banques, de la finance, anglo-saxon, on voit très bien qu’il y a comme un mur culturel qui ne fait pas passer d’autres cultures, c’est terrible ! ajoute-il C’est donc bien de les garder toutes les deux ! »

      Même constat chez plusieurs fonctionnaires du Parlement croisés dans le quartier européen de Bruxelles, et pourtant, voilà sans doute l’institution la plus respectueuse du multilinguisme.

      Un multilinguisme totalement démocratique

      Nayrouz Hamzaouiest l’une des vingt interprètes de langue française employée à plein temps au Parlement. On la retrouve dans l’une de ces petites cabines sombres qui surplombent les salles de réunions et dans lesquelles elle passe le plus clair de son temps. Ici, les parlementaires n’ont pas été élus pour leur compétences linguistiques explique-t-elle : « C’est complètement démocratique. Ici, chacun est censé s’exprimer de la même manière avec les mêmes droits, or quand on parle dans une autre langue que la sienne, on dit ce qu’on est capable de dire dans sa deuxième langue alors que quand on parle dans sa langue maternelle, on dit vraiment ce qu’on veut dire ! ». Les réunions sont donc toujours traduites dans les 24 langues officielles et le site du Parlement est accessible dans la langue maternelle de tous les Européens.

      L’anglais bruxellois : « Un nivellement par le bas »

      Mais la langue de travail et d’échanges au quotidien est bien devenu au fil du temps cet anglais bruxellois dénoncé dans la pétition qui circule (lire ci-dessous) : « Un usage exclusif de l’anglais qui conduit à un nivellement par le bas, chacun étant forcé de se conformer au plus petit dénominateur commun, ce qui en retour affaiblit, par manque de pratique, la maîtrise des autres langues ! » Certains élus en ont conscience. « Bien souvent, raconte encore Nayrouz, ils commencent leur discussion en anglais puis quand il s’agit de défendre des points techniques ou politiques, ils repassent dans leur langue maternelle ! »

      Le groupe à l’origine du texte de remarquer aussi que :

      Avec l’usage généralisé exclusif de l’anglais, chacun ne semble plus capable de travailler qu’en une seule langue, sans que la qualité de l’anglais se soit pour autant améliorée. Bien au contraire, le faible nombre d’anglophones de naissance dans notre environnement professionnel conduit à une dégradation de l’anglais utilisé, qui déteint même sur les anglophones.

      https://www.franceculture.fr/sciences-du-langage/la-langue-francaise-en-perte-de-vitesse-dans-les-institutions-europeen
      #français

  • La VÉRITÉ sur l’Académie française - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=hfUsGmcr1PI

    Si tu veux tout savoir sur l’Académie française… tu as 1h30 d’explication au poil par Linguisticæ. Encore un sacré boulot.

    #langue_française (et #vieux_croutons)

    Ah, y a même un sommaire :

    2:58 : L’ACADÉMIE EST PROCHE DU POUVOIR (liens avec les figures historiques contestées, jeux de pouvoir, recap historique)
    8:31 : L’ACADÉMIE, ON Y TROUVE SURTOUT DES ÉCRIVAINS (étude des profils, affaire du Cid, élections contestées)
    20:21 : L’ACADÉMIE A UNE LIGNE POLITIQUE (lobbyisme, positions sur les langues régionales, mythes véhiculés, idéologie)
    26:26 : L’ACADÉMIE EST UN REPÈRE DE VIEUX (démographie et profil sociologique)
    29:20 : L’ACADÉMIE EST UN LIEU DE REPRODUCTION DES ÉLITES (comment fonctionne une élection)
    32:04 : L’ACADÉMIE DÉCIDE DE L’ORTHOGRAPHE DES MOTS (historique des réformes soutenues, à quoi sert son dictionnaire, avec un petit quizz)
    43:26 : L’ACADÉMIE EST UN MAL NÉCESSAIRE (comparaison aux autres pays)
    44:28 : L’ACADÉMIE EST GARANTE DU BON USAGE (rétrospective de citations d’immortels, antiscience, francocentrisme)
    48:46 : L’ACADÉMIE FIXE LA GRAMMAIRE DU FRANÇAIS (histoire de sa seule grammaire parue et surtout de son retour critique)
    53:44 : L’ACADÉMIE A UN PROBLÈME AVEC LES FEMMES (élection de Yourcenar, historique des femmes)
    58:31 : L’ACADÉMIE A UNE EXPERTISE LINGUISTIQUE (fakenews, petit tour sur la section « dire/ne pas dire »)
    1:12:34 : L’ACADÉMIE A DU BOULOT ET DES RESPONSABILITÉS (sous-traitance, absentéisme)
    1:17:24 : L’ACADÉMIE COUTE UN POGNON DE DINGUE (richesse, droit du travail, patrimoine, les rapports de la cour des comptes)

  • Emmanuel Macron, sa grand-mère et les « toilettes » - L’Express
    https://www.lexpress.fr/culture/macron-sa-grand-mere-et-les-toilettes_2064520.html


    En marge de son voyage en Corse, en février 2018, Emmanuel Macron avait tenu des propos très révélateurs sur sa vision des langues dites « régionales »
    afp.com/Ludovic MARIN

    Tout cela est déjà assez grave, mais le pire est à venir. Au cours du même entretien (vers 1’50), l’élu nationaliste [membre du conseil exécutif de l’île, Xavier Luciani] insiste et lui demande de faire preuve d’un peu plus de souplesse : 
    – Il ne faut jamais fermer la porte. Ouvrez les fenêtres ! C’est important : la langue, c’est l’avenir.
    Mais si ouvrir une fenêtre, c’est être d’accord avec vous, lui répond Emmanuel Macron, on finit enfermés, mais dans vos toilettes à vous

    « Enfermé dans vos toilettes » ! Comment mieux dire à quel point, aux yeux du président, les langues de France sont « sales », « répugnantes », « nauséabondes » ?

  • Comment la France a tué ses langues régionales
    https://www.equinoxmagazine.fr/2019/03/01/comment-la-france-a-tue-ses-langues-regionales

    L’histoire des langues régionales en France face au français, idiome officiel de la République.

    Lorsque un Français arrive à Barcelone, il est souvent surpris d’entendre les Catalans déplorer que leur langue est en danger de mort. 95,1% des habitants de Catalogne comprennent leur langue locale et seulement 36,3% de la population l’utilise comme langue principale. Cependant, pour un Français, le Catalan apparaît comme une langue vivante présente sur l’affichage de la voie publique, utilisée par l’administration locale ou encore exclusive pour certains médias.

    Il suffit de traverser la frontière des Pyrénées pour remarquer qu’à Perpignan, pourtant territoire de la Catalogne Nord, la langue catalane est devenue résiduelle.

    Ce n’est pas un hasard. L’État français a mené une féroce politique afin de faire disparaître ses langues régionales. On évoque souvent le “jacobinisme” du nom d’un club influent post-révolution française pour expliquer la centralisation radicale de l’État français. Mais la sacralisation de la langue française est antérieure.

    • Equinox Radio Barcelone : qui sommes-nous ?
      https://www.equinoxmagazine.fr/qui-sommes-nous

      Avec une ligne éditoriale axée sur la politique, les faits de société, la culture barcelonaise, et les bons plans de la ville, Equinox est le seul média francophone basé à Barcelone sans toutefois se définir comme un média d’expatriés ou communautaire mais comme un média local catalan en français.

      Avec ses studios situés près de la célèbre Sagrada Familia, la rédaction d’Equinox se trouve toujours au cœur de l’actualité barcelonaise et a totalisé 1,7 million de pages vues en 2018. Elle est devenue la source privilégiée d’informations des 50.000 Français de Catalogne, mais aussi des francophones intéressés par l’actualité espagnole et les touristes.

      Totalement indépendant, Equinox tire l’essentiel de ses revenus des publicités d’annonceurs privés et de services aux médias français (aide aux reportages en Catalogne, traductions, interviews, etc) ou aux entreprises (voix off, traductions, rédaction). Basé en Catalogne et édité en français, Equinox ne peut prétendre ni aux aides à la presse catalanes ni aux aides à la presse françaises. Les premières étant réservées aux médias de langue catalane, les secondes aux médias du territoire français.

      Pour son travail d’information auprès des Français de Barcelone, la structure a cependant reçu entre 2015 et 2017 une partie de la réserve parlementaire du député Arnaud Leroy ainsi que des sénateurs Claudine Lepage, Jean-Yves Leconte, Joëlle Garriaud et Robert del Picchia, jusqu’à la suppression de cette disposition en 2017. Equinox compte aussi trois annonceurs publics : la mairie de Barcelone, la province de Barcelone et la région de Catalogne, qui diffusent sur ses supports des publicités d’intérêt général ou à vocation touristique. Sur les exercices 2015, 2016, 2017 et 2018, les fonds publics (annonceurs publics et réserve parlementaire) ont représenté 19% des revenus d’Equinox.

      En juillet 2018, la rédaction a décidé de mettre en place un système de micro-mécénat accessible à tous afin de continuer à financer son travail de terrain tout en garantissant son indépendance. Le micro-don s’effectue via la plateforme J’AIME L’INFO en cliquant ici.

  • événement ou évènement ? - orthographe | La Langue Française
    https://www.lalanguefrancaise.com/orthographe/evenement-ou-evenement-orthographe
    En fin de compte on s’en f... :-)

    Ecrit-on « événement » ou « évènement » ?

    Autant ne pas faire durer le suspense, il est tout à fait correct d’écrire événement avec un accent aigu ou évènement avec un accent grave. La distinction s’est opérée lors d’une réforme de l’orthographe de la langue française en 1990. Maintenant, les dictionnaires proposent les deux orthographes. Voyons les dessous de ce débat orthographique.

    ...

    Exemple : « Les évènements de l’année.« 

    Finalement, une étude de l’usage des deux formes orthographiques dans la littérature française depuis 1800 montre que l’usage de « événement » avec un accent aigu reste le plus important. « Évènement » avec un accent grave rentre toutefois dans les usages ces dernières années :

    Ngram de Google
    https://books.google.com/ngrams/graph?content=%C3%A9v%C3%A9nement%2C%C3%A9v%C3%A8nement&year_start=180

    À vous désormais de faire le choix entre « événement » ou « évènement ». Les deux formes sont justes mais vous savez dorénavant l’histoire de ce changement orthographique.

    Actualités - À trancher une bonne fois pour toutes : événement ou évènement ? - Orthographe et Projet Voltaire
    https://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/evenement-evenement-orthographe-accent-aigu-grave

    Qui oserait aujourd’hui remettre en cause l’accentuation d’avènement, nom sur lequel s’est formé « événement » ? Pourtant, avènement s’est d’abord écrit « avénement ». C’est lors de la réforme orthographique de 1878 que l’accent aigu est devenu grave. D’autres mots ont suivi la tendance : « collége » est devenu collège ; « siége », siège ; « Liége », Liège ; « j’abrége », j’abrège ; etc. Outre la lettre « g » qu’ils ont en commun, tous ces mots se terminent par un « e » muet, qui appelle, comme nous l’avons vu plus haut, un accent grave sur le « e » précédent.

    Et « événement », dans tout ça ? Pour une raison inconnue, il est passé entre les mailles du filet, alors qu’il aurait dû suivre le mouvement. La « réforme » de 1990 n’a fait que réparer cette injustice !

    Contrairement aux dictionnaires usuels, l’Académie française prend parti : elle recommande la « nouvelle » orthographe, évènement, en précisant que « la graphie ancienne événement n’est cependant pas considérée comme fautive, encore que rien ne la justifie plus ». Ainsi, sur le site de la célèbre institution, on peut lire : « Sabler le champagne » s’est employé pour signifier, par extension, « célébrer un évènement en buvant du champagne ».

    #Langue_Française #orthographe

  • Le français “petit-nègre”, une construction de l’armée coloniale française
    https://www.franceculture.fr/sciences-du-langage/le-francais-petit-negre-une-construction-de-larmee-coloniale

    Le langage “petit-nègre”, celui de “Y’a bon Banania” ou des dialogues de “Tintin au Congo”, était une sorte de français approximatif parlé par les peuples colonisés. Ce langage, maintenant largement perçu comme raciste, a été instauré par l’armée coloniale française.

    Alors là ça m’a sciée ce truc ! C’est du délire total ! Quelle preuve de racisme profond ! C’est incroyable ! Ça m’a mieux fait comprendre cette façon très châtiée de parler chez certains intellectuels Africains, tant de choses à prouver, c’est horrible !
    #racisme #colonisation #tirailleurs #armée_coloniale #francophonie #langue_française

  • Spam, buzz, geek... Le français a-t-il perdu la conquête du web ? | L’imprévu - L’imprévu
    https://limprevu.fr/avant-veille/lavant-veille-de-lhiver-2018/spam-buzz-geek-francais-a-t-perdu-conquete-web

    « Je prends mon smartphone pour notre call de tout à l’heure. N’oublie pas, on a reçu un mail avec l’adresse du community manager, celui de la nouvelle start-up ! » Ce genre de phrases comme tant d’autres paraissent désormais familières, malgré les nombreux termes puisés dans la langue de Shakespeare. « Au fil du temps, la déferlante anglophone a été sévère : hacker, joystick, freeware, shareware, peer-to-peer, blog », notait Le Monde en 2005. Le journal donnait alors la parole à Loïc Depecker, président de la Société française de terminologie et qui se montrait assez peu optimiste : « Les Français refusent de faire preuve d’imagination. Et, à force de ne pas avoir de termes pour nommer les choses, le français disparaîtra des sciences et techniques. C’est ce qui arrive à d’autres langues comme le suédois ou l’italien : cela s’appelle la ‘perte de domaine’. »

    Malgré cette avalanche de termes empruntés à l’anglais, France Culture refuse les conclusions trop hâtives. En mai dernier, dans sa chronique quotidienne « la vie numérique », Xavier de la Porte avançait à contre-courant : « La déploration sur les menaces que les technologies font porter sur notre langue française est une antienne bien connue », lançait-t-il en introduction. Pour autant, « ceux qui le déplorent feraient bien de se renseigner et de ne pas confondre leur propre écroulement et celui du monde qui les entoure ».

    Son constat est le suivant : « les internautes francophones forment la 4e population linguistique […], alors que nous sommes plutôt la 5e ou 6e population linguistique […] pour le dire autrement : en proportion, il y a plus de gens qui parlent français sur internet que dans la vie physique ». Les chiffres qu’avance le chroniqueur sont tirés d’une étude réalisée par l’Observatoire des langues et des cultures sur Internet. Ce dernier montre que 6,5% des contenus postés en ligne le sont en français, alors même que notre langue n’est parlée que par 5,6% des internautes.

    #Francophonie #Néologisme #Langue_française #Multilinguisme

  • Hackathon écriture inclusive - romy.tetue.net
    http://romy.tetue.net/hackathon-ecriture-inclusive

    Mon compte-rendu du premier hackathon de création d’outils aidant au développement de l’écriture inclusive : 75 participant·es, 25 idées dont une dizaine de projets développés durant le weekend.

    #HackEcritureInclusive #EcritureInclusive #langue_française #incluzor

  • #Francophonie, #langue_française : #lettre ouverte à Emmanuel Macron
    https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20180115.OBS0631/francophonie-langue-francaise-lettre-ouverte-a-emmanuel-macron.h

    Onésime Reclus

    Il est certes louable de faire un discours à #Ouagadougou à la jeunesse africaine, mais il serait utile, Monsieur le #Président, que vous prouviez à ces jeunes gens que vous êtes d’une autre génération, que vous avez tourné la page et qu’ils ont droit, ici et maintenant, à ce que la langue française couve de plus beau, de plus noble et d’inaliénable : la liberté.

    Par conséquent, et en raison de ces tares que charrie la Francophonie actuelle – en particulier les accointances avec les dirigeants des #républiques_bananières qui décapitent les rêves de la jeunesse africaine –, j’ai le regret, tout en vous priant d’agréer l’expression de ma haute considération, de vous signifier, Monsieur le Président, que je ne participerai pas à ce projet.

  • Les Détricoteuses. Les académicien.nes n’aiment pas trop les nénufars
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/251217/les-detricoteuses-les-academiciennes-naiment-pas-trop-les-nenufars

    Le français, une citadelle menacée ? Alors que les crispations sont légion, les Détricoteuses revisitent l’histoire du français, une langue vivante, changeante, construite comme un instrument de domination. Une #Histoire faite de coups de force, mais aussi de résistances et de merveilleux métissages qui n’ont aucune raison de cesser.

    #Culture-Idées #Académie_française #clovis #écriture_inclusive #langue_française #première_guerre_mondiale