#le_sens_des_priorités

  • ACCOR subventionne le PSG et continue à sous-traiter en plein confinement !
    CGT HPE, le 6 avril 2020
    http://www.cgt-hpe.fr/accor-subventionne-le-psg-et-continue-a-sous-traiter-en-plein-confinement

    En pleine crise sanitaire le groupe ACCOR préfère favoriser ses actionnaires et le PSG plutôt que les salariés de la sous-traitance qui travaillent dans des conditions totalement illégales dans ses hôtels, et continue sa politique destructrice d’emplois stables.

    Les femmes de chambre de la société YSER, qui emploie près de 1000 salariés qui travaillent dans des APARTHOTEL, ont reçu un courrier datant du 9 mars 2020 leur annonçant leur transfert à la société « La Rolse nettoyage » (tout un programme !) bien connue de nos camarades de la CNT-SO pour pratiquer le paiement à la chambre avec des cadences intenables (et donc le travail dissimulé) et le marchandage (statut collectif inférieur globalement à celui des salariés travaillant en interne).

    #coronavirus #travail #France #Accor #CGT #PSG #le_sens_des_priorités

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

  • Blanquer, ministre de la matraque
    https://npa2009.org/actualite/education/blanquer-ministre-de-la-matraque

    En plein confinement, un arrêté vient d’être publié au Journal officiel, autorisant l’Éducation nationale à « acquérir et détenir des matraques de type bâton de défense ou tonfa, matraques téléscopiques et tonfas téléscopiques, relevant de la catégorie D » . Autrement dit, Blanquer arme ses Équipes mobiles de sécurité (EMS), qui deviennent de facto les CRS de l’Éducation nationale.

    Pour l’instant, il est prévu que cette mesure ne s’applique qu’à #Mayotte. Ce qui, d’un point de vue symbolique, est encore pire. Cela ne fait que confirmer que la France mène sur ce territoire une politique résolument colonialiste.

    #colonialisme

    • J’arrive pas à y croire mais voici le texte de l’arrêté :

      Arrêté du 7 avril 2020 relatif à l’autorisation de détention et de port d’armes pour les agents des équipes mobiles de sécurité du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse dans le Département de Mayotte

      NOR : MENJ2006516A
      ELI : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2020/4/7/MENJ2006516A/jo/texte

      Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse et le ministre de l’intérieur,
      Vu le code de la sécurité intérieure, notamment ses articles L. 315-1, R. 312-22 et R. 312-25 ;
      Vu les circulaires interministérielles n° 2009-137 du 23 septembre 2009 et n° 2010-25 du 15 février 2010 portant création des équipes mobiles de sécurité du ministère de l’éducation nationale,
      Arrêtent :

      Article 1 En savoir plus sur cet article...

      Le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse peut acquérir et détenir des matraques de type bâton de défense ou tonfa, matraques téléscopiques et tonfas téléscopiques, relevant de la catégorie D définie à l’article R. 311-2 du code de la sécurité intérieure, en vue de leur remise aux agents des équipes mobiles de sécurité, définies par les circulaires interministérielles des 23 septembre 2009 et 15 février 2010 susvisées, qui exercent leurs missions dans le Département de Mayotte.

      Article 2 En savoir plus sur cet article...

      Les agents mentionnés à l’article 1er du présent arrêté sont autorisés, pour l’exercice de leurs fonctions, à porter les armes qui leur sont remises par leur administration.

      Article 3 En savoir plus sur cet article...

      Le recteur de l’académie de Mayotte est compétent pour délivrer aux agents mentionnés à l’article 1er du présent arrêté une attestation nominative valant autorisation individuelle de port d’arme.
      Cette attestation est visée par le préfet du Département de Mayotte.
      Les agents doivent être munis de cette attestation lorsqu’ils sont porteurs de leurs armes.

      Article 4 En savoir plus sur cet article...

      L’attestation nominative ne peut être délivrée qu’aux agents ayant suivi une formation initiale aux règles de sécurité, de stockage, et de maniement des armes mentionnées à l’article 1er dont la durée ne peut être inférieure à 30 heures. Les modalités de la formation initiale et des entraînements réguliers auxquels sont astreints les agents sont fixées par instruction du secrétaire général du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse.

      Article 5 En savoir plus sur cet article...

      Lorsqu’elles ne sont pas portées en service ou transportées pour la formation prévue à l’article 4 du présent arrêté, les armes doivent être conservées dans les conditions prévues à l’article R. 314-1 du code de la sécurité intérieure.

      Article 6 En savoir plus sur cet article...

      L’autorisation de port d’armes est caduque lorsque l’agent n’exerce plus de mission au sein des équipes mobiles de sécurité.

      Article 7 En savoir plus sur cet article...

      La secrétaire générale du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse, le recteur de l’académie de Mayotte et le préfet de Mayotte sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

      Fait le 7 avril 2020.

      Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse,

      Jean-Michel Blanquer

      Le ministre de l’intérieur,

      Christophe Castaner

      https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041789706&dateTexte=&categorieLie

      –—

  • Frontières européennes et #Covid-19 : la commission des affaires européennes du Sénat sensible à l’inquiétude du directeur exécutif de #Frontex

    Jeudi 9 avril 2020

    La commission des affaires européennes du Sénat a entendu, le 8 avril
    2020, par audioconférence, Fabrice LEGGERI, directeur exécutif de
    Frontex, agence européenne chargée de la sécurité des frontières
    extérieures de l’Union européenne (UE).

    Les sénateurs ont interrogé le directeur sur la façon dont Frontex avait
    adapté ses missions à la #fermeture_des_frontières européennes et à la
    période de #confinement actuelle, sur l’évolution récente des #flux_migratoires, sur la situation à la frontière gréco-turque, et enfin sur les moyens alloués à Frontex pour remplir ses missions, en particulier mettre en place le corps européen de 10 000 gardes-frontières et gardes-côtes annoncé pour 2027.

    Fabrice LEGGERI a indiqué que Frontex devait actuellement gérer une
    double #crise : sanitaire, avec les #contrôles imposés par l’épidémie de
    Covid-19, et géopolitique, avec la pression migratoire qu’exerce la
    Turquie sur l’Union européenne en ne régulant plus le flux migratoire à
    la frontière, au mépris de l’accord conclu en 2016. Fin février-début
    mars, 20 000 migrants hébergés en Turquie se sont ainsi présentés aux
    frontières terrestres et maritimes grecques : moins de 2 000 – et non
    pas 150 000 comme allégué par les autorités turques – les ont franchies,
    dans un contexte parfois violent tout à fait inédit. Les autorités
    grecques ont été très réactives, et, avec l’appui de l’UE, la situation
    est aujourd’hui maîtrisée. En dépit du confinement, Frontex a déployé
    900 de ses garde-frontières équipés de protections sanitaires sur le
    terrain, dont 600 en Grèce, priorité du moment pour assurer la
    protection des frontières extérieures européennes.

    Le directeur exécutif a insisté sur le risque budgétaire qui pèse
    lourdement sur Frontex. Alors que cette agence devait se voir allouer 11
    milliards d’euros sur les années 2021 à 2027, les Présidences
    finlandaise puis croate du Conseil de l’UE ont proposé de réduire ce
    budget de moitié. Fabrice LEGGERI a qualifié cette situation de
    « catastrophique » : non seulement, la création du corps européen ne
    serait pas financée, alors que 7 000 candidatures ont été reçues pour
    700 postes à pourvoir au 1er janvier prochain, mais l’agence ne pourrait
    pas renforcer sa contribution au retour effectif des étrangers en
    situation irrégulière vers leur pays d’origine, question pourtant
    essentielle pour la crédibilité de la politique migratoire de l’Union
    européenne.

    Fabrice LEGGERI a indiqué que les flux migratoires avaient logiquement
    diminué dans le contexte actuel de confinement de la majorité de la
    population mondiale, mais qu’il était trop tôt pour évaluer l’effet de
    l’épidémie sur leur évolution de moyen terme. Des sorties de crise à des dates différentes selon les régions du monde devront en tout cas
    conduire à renforcer les contrôles sanitaires aux frontières extérieures
    de l’Europe pour ne pas relancer l’épidémie quand elle sera en voie de
    résorption dans l’UE.

    Le président #Jean_BIZET a déclaré : « Vouloir une Europe qui protège tout en assurant la libre circulation, qui plus est dans un contexte
    d’épidémie, requiert des moyens : il faut absolument sécuriser le #budget de Frontex pour les prochaines années ».

    http://www.senat.fr/presse/cp20200409.html
    #coronavirus #crise_sanitaire #contrôles_frontaliers #crise_géopolitique #pression_migratoire #Turquie #EU #UE #Union_européenne #accord_UE-Turquie #Grèce #frontières #migrations #asile #réfugiés #gardes-frontières #frontières_extérieures #risque_budgétaire

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    –-> commentaire reçu via la mailing-list Migreurop, le 10.04.2020 :

    D’après ce communiqué du Sénat, la pandémie cause des inquiétudes
    à Frontex.
    Mais apparemment ça ne concerne pas la santé des migrants bloqués aux frontières européennes.

    ping @thomas_lacroix @luciebacon

  • Condamné à deux mois de prison ferme pour avoir violé à répétition le confinement
    https://actu.orange.fr/france/condamne-a-deux-mois-de-prison-ferme-pour-avoir-viole-a-repetition-le-co

    Mardi, un récidiviste a été condamné à Grenoble à deux mois de détention à domicile sous bracelet électronique, nouveau type de peine qui s’appliquera "après la fin du confinement. « Il sera en quelque sorte confiné après le confinement », a résumé à l’AFP le procureur de la République à Grenoble, Eric Vaillant.

    Je suppose que, comme moi, tu adores quand les procureurs font des jeux de mot auprès des médias à propos des peines qu’ils viennent de requérir… Ah ah quelle poilade de faire condamner les gens !

    J’en connais une autre version, nettement plus, euh, délectable…

    Car le juge, au moment suprême
    Criait « maman », pleurait beaucoup
    Comme l’homme auquel, le jour même
    Il avait fait trancher le cou

  • un appel afin de ne plus présenter l’attestation de circulation

    https://www.lasemainedespyrenees.fr/2020/03/31/bigorre-renaud-de-bellefon-ne-veut-plus-presenter-son-attestati

    N’abandonnons pas notre dignité dans une attestation de circulation
    Parce que notre parole a autant de valeur que notre stylo ;

    parce que nous imposer à chaque contrôle de présenter un papier qui ne dit rien d’autre que ce que nous pouvons déclarer oralement ;

    parce que ce contrôle tatillon nie notre responsabilité et notre sens de l’intérêt commun ;

    parce que la rédaction quotidienne, ou presque, de cette attestation normalise à terme un contrôle permanent ;

    parce que présenter systématiquement ce document aux forces de l’ordre nous fait incorporer ce geste, tend à en faire une habitude ;

    parce que l’absence, l’oubli de ce document ne peut pas faire de nous un délinquant (la ministre de la justice ne voulait-elle pas que la non-présentation de l’attestation soit justement un délit ?)* 1 ;

    parce que stigmatiser une partie des citoyens, c’est instaurer la suspicion généralisée ;

    parce que créer des boucs-émissaires, mauvais Français qui sortent sans raison, c’est détourner des vraies responsabilités, des manquements du gouvernement dans cette crise ;

    parce que cette obligation va à l’encontre des demandes de plus de transparence, de démocratie qui montent dans la société ;

    parce qu’instaurer un Etat policier n’incite pas à la responsabilisation mais à l’évitement, au « jeu » du chat et de la souris, aux réactions mesquines et individualistes ;

    parce que la normalité de demain qui nous est proposée, et imposée désormais – un monde policier et de contrôle encore plus quotidien – n’est pas celle que nous espérons ;

    parce qu’accepter de se soumettre, c’est cautionner un autoritarisme aveugle, et les dérives usurpant nos codes de valeurs ;

    parce que c’est une manière de dire que nous refusons la soumission, la servitude volontaire, et de le dire en acte, de prendre conscience et refuser d’être la grenouille dans l’eau qui chauffe ;

    parce que ce refus participe à l’ébauche d’une autre normalité demain, une normalité d’après la crise ;

    parce qu’aussi il y a aujourd’hui de nombreuses personnes, notamment parmi les populations les plus en difficulté déjà, qui sont devenues des délinquantes pour rien ;

    parce que refuser de présenter une attestation n’est pas refuser un confinement responsable ;

    Refusons en nombre, au moins une fois, de présenter l’attestation de circulation.

    Contestons l’amende et nous défendrons notre position devant les tribunaux. Plus nous serons nombreux, plus notre démarche sera entendue, et plus nous regagnerons notre dignité

    #refus

  • Hôpital public : la note explosive de la Caisse des dépôts - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/010420/hopital-public-la-note-explosive-de-la-caisse-des-depots

    Depuis que la crise sanitaire a déferlé sur le pays, Emmanuel Macron a dit à plusieurs reprises qu’il veillerait à défendre l’État-providence. Une conversion surprenante : dans le passé, il a toujours défendu des positions néolibérales, très critiques à l’encontre de cet État-providence. Mais il assure désormais qu’il ne sera pas prisonnier de ces croyances. « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, a-t-il dit lors de son allocution au pays le 12 mars, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, [pour] notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe […]. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. »

    Malgré tout, sans doute est-il prématuré de croire dès à présent qu’Emmanuel Macron a changé. En tout cas, le plan que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est en train d’élaborer à sa demande pour l’hôpital public, et dont Mediapart est en mesure de révéler la première ébauche, va totalement à rebours de ses déclarations. Ce document expose une série de propositions qui s’inscrivent toutes dans la philosophie néolibérale qu’Emmanuel Macron a toujours défendue par le passé. Privatisation rampante au travers de sulfureux partenariats public-privé (PPP), marchandisation accélérée de la santé : voilà un plan qui tourne le dos aux valeurs de l’État-providence.

    • Si l’on en croit les critiques que nous avons recueillies auprès de plusieurs experts de l’économie de la santé ou de l’hôpital, ce plan pourrait même attiser de violentes polémiques dans le pays, tant il contredit la posture prise par le chef de l’État depuis le début de la pandémie.

      L’origine de ce plan est connue. En déplacement à Mulhouse, mercredi 25 mars, pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit, le chef de l’État a fait des promesses fortes, mais sans en révéler les modalités, ni les montants, ni le calendrier. Il a juste assuré qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Sans emporter la conviction, il a encore dit : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. » C’est dans ce cadre présidentiel que s’inscrivent les travaux préparatoires de la CDC.

      Ce plan est élaboré par la direction de l’investissement de la Banque des territoires, laquelle est chapeautée par la CDC. Selon nos informations, ce travail de réflexion a été engagé sur une commande de l’Élysée, sans que nous ayons pu savoir si la présidence de la République a sollicité d’autres services de l’État ou d’autres organismes. La note, qui est encore une mouture provisoire, a été écrite par deux hauts fonctionnaires de la CDC, Adelphe de Taxis du Poët et Pierre Menet.

      * La philosophie générale du plan. Tous les experts que nous avons interrogés – professeur de médecine, économistes, sociologue – portent sur cette note un regard similaire. S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que nous traversons et cherche à poursuivre et même à accélérer les processus de privatisation rampante et de marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre les années précédentes.

      Il est d’ailleurs assez frappant de relever que du début à la fin, la note ne cesse de mentionner le secteur privé, pour une cascade de raisons, comme s’il était un acteur majeur pour l’hôpital, dont le statut public est ainsi quasiment dissous. Cette référence au privé apparaît évidemment dans les fameux partenariats public-privé ; pour le développement de la « santé numérique », il est aussi fait mention du rôle de 700 start-up qui sont aussi… privées. Dans une note en bas de page, il est aussi fait l’éloge de nombreux assureurs privés qui soutiennent l’« Alliance digitale pour le Covid-19 », laquelle est « composée de Docaposte, la start-up lilloise Kelindi, l’agence Dernier cri, Allianz France et le cabinet d’avocats De Gaulle Fleurance & associés ». Et la note ajoute : « Le consortium est soutenu par AG2R La Mondiale, AstraZeneca, CompuGroup Medical, Johnson & Johnson, La Banque postale assurances, Malakoff Humanis, la plateforme de téléconsultation MesDocteurs et le groupe VYV. »

      Bref, d’une ligne à l’autre, c’est une ode de chaque instant au privé.

      Chargé de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (CERMES3), le sociologue Pierre-André Juven fait ce constat très sévère : « Le seul affichage du secteur marchand comme solution à la crise est potentiellement périlleux pour les responsables politiques qui cherchent toujours à éviter l’accusation de privatisation de l’hôpital public. L’intrusion encore plus grande du privé (car déjà existante) s’articule donc à celle – moins crispante pour beaucoup d’acteurs – de l’innovation et notamment de l’innovation numérique. » On trouvera sous l’onglet Prolonger associé à cet article la version intégrale de la note que nous a adressée le sociologue. Elle peut aussi être consultée ici.

      Et Pierre-André Juven ajoute : « Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé. »

      Un conflit d’intérêts pour la CDC

      Interrogé également par Mediapart, le professeur André Grimaldi, fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, juge aussi sévèrement cette note. Il souligne en particulier qu’elle présente le vice majeur de mettre sur un pied d’égalité l’hôpital public et d’autres établissements, dont les établissements privés de santé à but non lucratif (Espic), qui, même s’ils sont détenus par des mutuelles et des fondations, sont régis par d’autres règles, notamment celles de la concurrence, ce qui leur permet d’embaucher les soignants sous des contrats individuels, de faire leur mercato pour débaucher des professeurs de renom, avec les rémunérations afférentes. Cette mise sur un pied d’égalité de ces établissements a, selon lui, pour effet d’effacer la frontière entre public et privé et s’inscrit dans une logique de marchandisation.

      Jean-Paul Domin, professeur de sciences économiques à l’université de Reims et membre des Économistes atterrés, soulève, avant toute chose, une question de méthode : « N’y a-t-il pas un évident conflit d’intérêts à demander un rapport à la CDC sur l’hospitalisation ? La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. Icade santé est détenue à hauteur de 38,8 % par la CDC et pour 18,4 % par Prédica SA (la filiale assurance du Crédit agricole). Icade s’est spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire. Elle possède un portefeuille de 135 établissements de santé valorisé à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Elle est déjà partenaire de marques reconnues (Elsan, Ramsay santé, Vivalto) ainsi que des groupes régionaux. Icade souhaite également investir le marché des Ehpad et annonce un accord de partenariat avec le groupe Korian. » On trouvera également sous l’onglet Prolonger associé à cet article la version intégrale de la note que nous a adressée Jean-Paul Domin. Elle peut aussi être consultée ici.

      Professeure d’économie à l’université de Dauphine, directrice du laboratoire d’économie et de gestion des organisations de santé, Brigitte Dormont s’interroge sur la fonction de « ce genre de note », qui commence par des éléments de diagnostic familiers à tous ceux qui connaissent la santé (les défis posés par l’augmentation des maladies chroniques, les problèmes budgétaires des hôpitaux publics, la nécessité de nouveaux modes de rémunération des professionnels de santé), avant d’insister lourdement et à plusieurs reprises sur l’intérêt qu’il y aurait à attribuer de l’argent public au secteur hospitalier non lucratif.

      Dans cette note se présentant comme une série de « propositions post-Covid-19 dans le domaine de la santé », la place faite aux établissements privés de santé à but non lucratif est pour le moins remarquable, avec l’idée que ces établissements auraient besoin d’un sauvetage financier spécifique. « Or, il faut savoir que ces établissements n’occupent qu’une place minoritaire dans l’offre de soins hospitaliers. Ils représentent, selon les dernières statistiques disponibles, 14 % des lits, bien moins que l’hôpital public (61,6 %) et moins aussi que les cliniques privées. Et leur situation financière est plutôt bonne, avec un résultat excédentaire dans les derniers comptes publiés et un endettement en baisse ».

      L’universitaire observe que ces Espic « sont financés via la tarification à l’activité (T2A) par de l’argent public de la même façon que les hôpitaux publics mais ont probablement aussi des ressources annexes ». Or, ils livrent à ces hôpitaux publics une véritable concurrence. N’étant pas contraints par la grille salariale de la fonction publique, ils peuvent offrir des rémunérations beaucoup plus attrayantes, ce qui entraîne une « fuite des médecins de haut niveau des hôpitaux publics à leur profit ».

      * La restructuration de la dette. À lire la note, on pourrait toutefois être rassuré sur un point : au moins la puissance publique est-elle consciente du poids que représente la dette pour les hôpitaux. Comme en novembre 2019 l’État avait annoncé qu’il reprendrait à sa charge un tiers de la dette des hôpitaux, la note préconise une restructuration des deux tiers de la dette restante.

      Mais la proposition est très ambiguë, car la note met effectivement sur un pied d’égalité l’hôpital public et les établissements privés de santé à but non lucratif. Or, les mutuelles, fondations ou associations qui les contrôlent sont le plus souvent devenues au fil des ans des organismes financiers mutants, ayant depuis longtemps abandonné l’idéal mutualiste pour copier les mœurs des marchés financiers. En clair, les mutuelles ou institutions de prévoyance agissent de plus en plus souvent comme des acteurs privés, par exemple de l’assurance. Elles sont soumises aux mêmes contraintes prudentielles et sont saisies des mêmes fièvres de concentration ou de regroupement. Comme le répète depuis longtemps le professeur Grimaldi, c’est par elles que transite le virus de la marchandisation et de la privatisation rampante dans le secteur de la santé.

      À la lecture de la note, il apparaît que la restructuration de la dette envisagée par la CDC concerne d’abord celle de ces Espic – ce qui est évidemment révélateur. D’où la proposition de la note : « Nous pourrions imaginer un fonds de dette qui prêterait en hybride soit aux hôpitaux, soit préférablement aux mutuelles. »

      L’amalgame public/privé ne s’arrête pas là, puisque, dans le cadre toujours de la restructuration de la dette, la note envisage aussi la « création d’un fonds de partage », un peu sur le modèle du fonds « F2i », créé par la Fondation de France. Si l’appellation est opaque, le but du dispositif est assez simple : il s’agit d’user des pratiques du « private equity » (investissement dans les entreprises non cotées) mais pour des buts à vocation sociale. Ou, si l’on préfère, il s’agit de créer un fonds hybride mariant, si cela est possible, les pratiques de la haute finance spéculative et le social. Pour ce mariage contre nature, la CDC envisage de « faire souscrire [à ce fonds] des investisseurs privés ou publics, corporate ou institutionnels ». Cette proposition résume à elle seule tout l’esprit de la note : il s’agit d’organiser une consanguinité généralisée entre le public et le privé.

      Mais il y a sans doute plus grave que cela, comme le relève Pierre-André Juven : « La création de “fonds” est à l’inverse de ce qu’il faut faire, à savoir une augmentation de façon pérenne et annuelle des moyens de l’hôpital public ; il y a des besoins d’investissement, certes, mais aussi de fonctionnement (“lits”, personnels, etc.). Le document traduit clairement la volonté de ne pas aller vers une augmentation de l’Ondam (objectif national des dépenses d’assurance maladie). » L’Ondam est cette norme d’évolution des dépenses fixée par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale et qui organise l’austérité : pour l’hôpital, il est de +2,4 % pour 2020.

      De l’austérité qui étouffe l’hôpital depuis si longtemps, et contre laquelle tous les personnels hospitaliers ont sans cesse manifesté, notamment tout au long de l’année 2019, et jusqu’à ce que commence la pandémie, il n’est tout simplement pas fait mention.

      L’universitaire Brigitte Dormont relève, elle aussi, que la note de la CDC veut restructurer la dette des hôpitaux publics, mais tout autant celle des Espic, alors que leur endettement est en phase de réduction et parfaitement soutenable. « En gros, le contenu essentiel de la note, c’est de proposer que de l’argent public et des actions de consolidation financière soient orientés vers le secteur privé non lucratif, sans argument pour fonder cette proposition. » « Un petit passage surréaliste propose même que le fonds de dette s’adresse “préférablement aux mutuelles ou aux fondations propriétaires des Espic”, étonnant ! »

    • La logique de la marchandisation généralisée

      * Les partenariats public-privé. « Mettre en place des PPP (partenariats public-privé) vertueux. » Avec cette seule recommandation, le comité de la Banque des territoires souligne combien il s’inscrit dans la même logique qui a conduit à une paupérisation sans précédent du secteur hospitalier, et à le mettre sous contrainte permanente de la dette pour le miner de l’intérieur.

      Car même si les nouveaux projets se veulent respectueux de l’environnement, comme il est recommandé dans la note, ce n’est pas pour cela que ces PPP en deviendront plus vertueux. Les mêmes mécanismes de surcoût, d’absence de contrôle, d’endettement massif, d’engagements très contraignants et sur le très long terme pour le seul profit du privé demeurent. Et ils sont mortifères pour le secteur hospitalier. « Utiliser le PPP pour construire un hôpital entier n’est pas très heureux, les besoins fonctionnels de l’hôpital évoluant trop rapidement, au fil des avancées technologiques », reconnaissait Jean-Philippe Vachia, président de la 4e chambre de la Cour des comptes, lors d’une commission d’enquête sénatoriale en 2014.

      Dans un rapport public au vitriol sur les partenariats public-privé dans le secteur hospitalier en 2014, la Cour des comptes en a recommandé le strict encadrement. À la suite de cette recommandation, le gouvernement avait légiféré pour en limiter l’usage. Manifestement, c’est cette limitation sur laquelle veut revenir la Banque des territoires. Au nom de l’urgence, de l’efficacité bien sûr.

      C’est au nom de l’urgence, de l’efficacité, que le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a autorisé les hôpitaux à recourir massivement aux contrats de partenariat public-privé. Une formule alors vivement recommandée par Bercy : nommé directeur des affaires juridiques du ministère des finances, Jérôme Grand d’Esnon, ancien directeur des affaires juridiques de la Ville de Paris du temps de Jacques Chirac et grand connaisseur des financements politiques, s’était empressé dès son arrivée au ministère de dégager tous les obstacles de droit pour en favoriser le développement.

      Déjà utilisés par le ministère de la justice pour la rénovation des prisons et des palais de justice, les partenariats public-privé sont alors apparus au gouvernement Raffarin comme l’outil idéal pour mettre en œuvre son grand plan de modernisation de l’hôpital : le Plan hôpital 2007.

      François Fillon, alors ministre des affaires sociales et de la santé, avait déjà lancé son grand projet de sape de la Sécurité sociale : l’hôpital se devait de devenir une entreprise, la tarification à l’acte avait été introduite, les directeurs d’hôpitaux étaient considérés comme de vrais dirigeants, dispensés de tout contrôle. Mais il fallait poursuivre : réorganiser la carte hospitalière, organiser des regroupements, supprimer des lits et des structures hospitalières, rénover, voire construire de nouveaux établissements.

      Mais pour pouvoir mener à bien cette grande transformation, il fallait aussi de l’argent. Plutôt que de solliciter les moyens de l’État, le partenariat public-privé était, selon le gouvernement Raffarin et ses successeurs, la solution : les projets de modernisation hospitaliers seraient portés par le privé. Ils pourraient être menés à bien sans alourdir la dette de l’État, puisque tout l’endettement serait placé en hors bilan, donc n’apparaîtrait pas dans les fameux calculs d’endettement imposés par le traité de Maastricht.

      Tous les directeurs des agences régionales d’hospitalisation furent alors vivement encouragés à recourir à ce mécanisme. « Chacun d’entre eux devait présenter au moins un projet de PPP pour l’hôpital », rapporte la Cour des comptes dans son rapport de 2014. Vingt-quatre projets ont été signés sous cette forme dans la période 2003-2007, représentant un montant de 613 millions d’euros, pour un plan total de 15,9 milliards.

      Un de ces PPP, celui de l’hôpital sud-francilien, signé avec le groupe Eiffage, a défrayé la chronique. « L’exemple de ce qu’il ne faut pas faire », reconnut Jean-Philippe Vachia au Sénat. Dérapage des coûts, surdimensionnement, malfaçons, retards, hôpital vide pendant des mois car inachevé et inadapté, impossibilité réaliser la moindre transformation sans payer un large dédommagement au propriétaire… : ce contrat signé dans la plus totale opacité s’est révélé un fiasco sanitaire et financier. L’hôpital se doit cependant de payer quelque 51 millions d’euros de loyer par an (au lieu des 32 millions annoncés au départ).

      Les exemples de dysfonctionnement abondent. Chaque année ou presque, la Cour des comptes relève les errements auxquels on conduit ces PPP dans les hôpitaux. C’est par exemple, à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, la mutualisation des fonctions logistiques passées sous contrat de PPP, qui finalement se révèle plus coûteuse qu’auparavant. « Quatre ans après, l’intérêt économique du recours à la formule du contrat de partenariat public-privé n’avait donc toujours pas été établi », constate le rapport. Ce sont, à l’hôpital de Douai, ces deux contrats de partenariat public-privé pour la restructuration des services logistiques et la construction d’un établissement pour personnes âgées dépendantes en remplacement de l’ancienne maison de retraite. Des contrats d’une durée de 25 à 30 ans qui obèrent « structurellement les budgets annuels », note un autre rapport. Mais il y aussi l’hôpital de Saint-Nazaire, de Bourgoin-Jallieu ou du Haut-Limousin, et tant d’autres encore.

      Chaque fois ou presque, les mêmes critiques resurgissent : des contrats opaques et mal ficelés qui donnent tout pouvoir au privé, des surcoûts non contrôlés, un endettement massif à des taux beaucoup plus élevés que si la puissance publique avait assuré elle-même le financement et sur un très long terme, une surcharge financière qui ôte toute marge de manœuvre aux hôpitaux. Sans que le bénéfice du recours au privé n’apparaisse à un moment ou à un autre.

      Alors que les expériences passées démontrent l’inefficacité, voire la nocivité de ce type de contrat pour le secteur hospitalier, pourquoi la Banque des territoires propose-t-elle de les remettre en cour ? Tout le monde a appris des erreurs passées, l’État est mieux armé pour surveiller ce type de contrat, les acteurs privés ont changé leur approche, plaideront peut-être les défenseurs des PPP.

      Un récent rapport de la Cour des comptes européenne publié en mars 2018 montre qu’il n’en est rien. Après avoir examiné de nombreux contrats de partenariat privé-public passés dans toute l’Europe, celle-ci a constaté un « manque considérable d’efficience, qui s’est traduit par des retards de construction et par une forte augmentation des coûts », une opacité comptable qui compromet « la transparence et l’optimisation des ressources », une inadaptation de ces contrats de long terme à suivre « l’évolution rapide des technologies ». Sa première recommandation est qu’en l’état du droit et de la pratique, il faut cesser de recourir aux partenariats public-privé, tant que tous les problèmes juridiques et financiers n’auront pas été résolus, compte tenu des « avantages limités » de ces PPP.

      Proposer le recours massif aux PPP dans ce contexte revient à dire que les responsables dans l’entourage du gouvernement, en dépit des déclarations faites, n’ont pas changé : ils sont bien décidés à poursuivre la même politique de casse du secteur public hospitalier, dont nous constatons aujourd’hui les conséquences dramatiques. En utilisant d’ailleurs au passage l’argent de la Caisse des dépôts, c’est-à-dire de tous les Français, apporté en garantie de ces opérations, pour le seul bénéfice du privé, des Vinci, Bouygues, Eiffage et consorts…

      * La santé numérique. Dans la note analysant ce plan, Pierre-André Juven critique la logique financière dans laquelle elle s’inscrit, mais il se moque tout autant de « la logique technophile ». Il est assez frappant que « la santé numérique » constitue effectivement le point de départ de ce plan. Comme s’il s’agissait de la priorité des priorités. Et pour le sociologue, « ce n’est pas un hasard ».

      Explication de Pierre-André Juven : « La volonté de décharger l’activité hospitalière et donc les besoins en personnel de santé se marient parfaitement pour les acteurs administratifs et les réformateur/-trices à la e-santé, qui “fluidifierait” les prises en charge et l’organisation du soin. On trouve derrière l’idée que beaucoup de prises en charge/consultations seraient inutiles (à l’image des “fausses urgences ”). L’innovation numérique permettrait de pallier le manque de financement public. Dans le document est prise comme exemple “la saturation du 15”. Il y a toujours plusieurs façons de lire un problème : ici, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas assez de moyens mis dans le “15” que le problème se pose, mais parce qu’il n’y a pas d’alternatives efficientes (entendre par là privées). »

      Pour Jean-Paul Domin, la critique est similaire : « C’est le truc à la mode. Les opérateurs complémentaires (mutuelles, assurances) se sont lancés en proposant des solutions de téléconsultation (la société Mesdocteurs.com est financée en partie par Axa, qui est au capital). La CDC oublie que cette fausse solution nécessite que l’ensemble des patients puisse avoir accès au très haut débit, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. L’accès à la télémédecine est marqué par de fortes inégalités. »

      * Conversion de navires en navires-hôpitaux. Donald Trump a suggéré il y a quelques jours de reprendre les paquebots de croisière pour les transformer en hôpitaux. Alors que tous les croisiéristes sont en plein naufrage, après l’épisode du Diamond Princess où plusieurs milliers de passagers se sont retrouvés cloués à bord pendant plusieurs semaines pour cause d’épidémie de coronavirus, le président américain avait trouvé que ce serait une bonne idée de récupérer ces bateaux. Ce qui permettrait au passage de sauver le groupe de croisière Carnival, qu’il connaît bien.

      Mais on ne s’attendait pas à ce que la Banque des territoires reprenne cette idée dans une note sur la santé au temps du Covid-19. « Il s’agirait, écrit-elle enthousiaste, de conventionner avec des armateurs français la transformation, à la demande, d’un paquebot, d’un roulier, d’un ferry en navire-hôpital, en contrepartie d’une rémunération fondée sur la disponibilité (et des entraînements). Une annonce de cette nature serait sans doute très bien reçue par l’opinion publique et recevrait le soutien des Armateurs de France, très attachés au concept de flotte stratégique et à la croissance des navires sous pavillon français. La CDC pourrait financer dans le cadre de ce contrat d’affrètement les dépenses de conversion et le stock de matériel médical nécessaire à la montée en puissance de ces navires-hôpitaux ».

      Il y a longtemps que la marine a des bateaux-hôpitaux qui lui permettent d’avoir des capacités de soin un peu partout dans le monde. Mais est-ce que la transformation de paquebots de croisière, souvent gigantesques, apporte une bonne réponse au sous-équipement hospitalier actuel ? Avoir des installations mobiles pourrait peut-être permettre de répondre à des besoins des DOM-TOM, où certains territoires insulaires sont sous-équipés, mais pour la France, cet appoint serait par bien des aspects accessoire : le manque d’équipement médical et hospitalier est surtout criant sur tout le territoire, dans le Grand Est et le Massif central, dans la Creuse ou le Jura, par exemple, régions qui sont peu connues pour leur accès à la mer.

      Mais au-delà, ces navires monstrueux peuvent-ils apporter une réponse en cas de pandémie, comme celle du Covid-19 ? L’exemple du Diamond Princess (mais d’autres navires de croisière ont connu des expériences aussi dramatiques) tend à prouver que le confinement dans un espace inadapté, avec des règles inappropriées, se révèle contre-productif. Certes, ces paquebots peuvent être transformés. Mais cela demanderait des moyens gigantesques pour ce faire. Serait-ce pertinent de mobiliser tant de ressources financières pour un résultat incertain, en tous les cas tardif ?

      L’insistance avec laquelle la Banque des territoires soutient cette proposition, cependant, pose question. Car il semble y avoir beaucoup d’arrière-pensées et de non-dits dans cette suggestion. La raison en est peut-être ailleurs : la Société de financement local (Sfil), qui sert de bras financier à la banque des territoires, garantit un grand nombre de crédits exports. Elle s’est beaucoup engagée dans le secteur des croisières.Depuis 2017, elle a garanti plus de 3 milliards d’euros de crédits pour les commandes de paquebots passées par MSC (détenu par le cousin d’Alexis Kohler) et Royal Caribbean auprès des Chantiers navals de l’Atlantique. Ces garanties ont été consenties dans des conditions extrêmement généreuses, au-delà des pratiques habituelles.

      Or, ces croisiéristes sont aujourd’hui totalement à l’arrêt, et peut-être pour longtemps. Ils risquent de ne pas être en mesure d’assurer leurs échéances. Leur reprendre leurs bateaux et les transformer en hôpitaux permettrait de les soulager et peut-être de ne pas exposer les engagements hors norme pris pour eux avec de l’argent public. Mais est-ce vraiment le rôle de l’État d’assurer le sauvetage de groupes étrangers qui ont opté de longue date pour les paradis fiscaux ?

    • La colère des professions de santé

      * La participation des patients. Dans son plan, la CDC évoque cette participation des patients en faisant notamment cette remarque : « Le développement des ALD [affections de longue durée – ndlr] oblige à une plus grande participation des patients à la prise en compte de leur santé… et la pandémie actuelle montre la nécessité d’une éducation (civique ?) à la santé et à la prévention… »

      Une remarque qui a le don d’agacer Pierre-André Juven : « La logique néolibérale, dit-il, se retrouve bien sûr dans la place faite au secteur privé mais on la retrouve aussi concernant la place des patient·e·s. Le point sur la “participation des patients à la prise en compte de leur santé” est un retournement des acquis et des revendications des associations de patient·e·s […]. En bref, là où les associations parlent d’empowerment pour revendiquer un droit à participer aux prises de décision, les pouvoirs publics entendent empowerment au sens d’autonomisation vis-à-vis des pouvoirs administratifs et médicaux : et donc traduisent autonomisation par individualisation. L’éducation civique à la santé traduit une approche très moralisatrice et paternaliste : en gros, il faut que les gens arrêtent de solliciter les structures de santé pour la moindre égratignure. »

      Favoriser les soins de premiers recours. Il y a quelques points, en revanche, qui devraient faire consensus. C’est le cas par exemple de la participation plus active de la puissance publique (ou de la Banque des territoires ?) aux investissements envisagés depuis des lustres dans les centres de santé, maisons de santé, centres de soins de premier recours ou centres de répit. On serait tenté de dire : enfin ! Jusqu’ici, ces investissements étaient portés par les municipalités, surtout, et les hôpitaux. Jean-Paul Domin émet toutefois une réserve : « Les solutions préconisées reposent sur la mise en œuvre de solutions financières pour la création de centres de santé ou de maisons de santé. Bien entendu, la CDC valorise les solutions techniques en oubliant que le développement des déserts médicaux résulte essentiellement d’un manque de médecins dans des zones soit rurales soit socialement défavorisées. »

      Dans le même registre, Pierre-André Juven souligne « un point intéressant » : « Le soutien aux projets hospitaliers intégrés. » Explication : « Des projets, portés par des hôpitaux, le ministère de la santé et des collectivités, peuvent être soutenus afin de lier effectivement “la ville” et l’hôpital. Ils évitent des hospitalisations et une prise en charge institutionnalisée sans pour autant que le suivi avec les patient·e·s soit rompu une fois passée la prise en charge. Dans le domaine de la psychiatrie par exemple, il y a de belles initiatives de ce type. »

      Le débat autour de ces propositions. Au sein même de la CDC, ce plan suscite de très vives critiques. Mediapart a soumis ce document à Éric Boubet, secrétaire général du SNUP CDC FSU qui, après lecture, dit sa consternation : « Je ne suis malheureusement pas surpris ! La CDC est le bras financier de l’État et à ce titre elle “obéit” aux ordres du pouvoir politique en place ! Avec la loi Pacte d’Emmanuel Macron, elle a perdu ce qui lui restait d’indépendance. Aujourd’hui, c’est “business et bla-bla com.” La crise du Covid-19 va encore une fois servir de prétexte. La CDC va afficher une aide considérable en faveur de l’hôpital au nom de l’intérêt général ! Mais en vérité, nous sommes bien loin de cela et l’épargne populaire servira les intérêts de la marchandisation et de la privatisation du secteur de la santé. Ici, on analyse ce drame en termes “d’impact sur les valorisations corporate de la crise actuelle.” »

      Et le responsable syndical ajoute : « Alors que l’ensemble des personnels médicaux – médecins urgentistes ou chefs de service – interpelle le gouvernement pour exiger depuis plus d’un an un plan d’urgence pour l’hôpital public, ce dernier répond par une opération de business. Le rôle de la CDC est de mobiliser les fonds nécessaires pour sauver les hôpitaux publics et non de poursuivre les financements qui le tuent comme les partenariats publics/privés. L’État doit effacer totalement les dettes et engager sur les fonds propres notamment les travaux nécessaires pour les hôpitaux existants et rouvrir ceux qu’il a fermés. Ce n’est pas d’hôpitaux dits de campagne ou d’appoint dont la France a besoin ! Enfin, la revalorisation des traitements et des carrières des agents doit être immédiate. »

      Jean-Philippe Gasparotto, secrétaire de l’Union des syndicats CGT de la CDC, est tout autant atterré : « C’est affligeant et très inquiétant. Cette note confirme le cours délétère de la Direction des investissements de la CDC et d’une façon générale de la Banque des territoires de la CDC qui suit elle-même l’exemple de BPI France dans sa logique libérale de banalisation bancaire. Loin de s’inscrire en réponse aux besoins criants de financements d’investissements publics d’un secteur public hospitalier à l’agonie : recherche fondamentale, manque de lits et de matériels, manque d’équipements dans tous les services, manque généralisé de valorisation des personnels, développement anarchique de secteurs privés, manque de service de prévention et surtension des urgences du fait de manque de places et de personnels, maillage territorial en déshérence, désagrégation des parcours de santé, dislocation du lien médecine libérale de ville/ hôpitaux/CHU et développement des déserts médicaux… ce qui aurait dû conduire la direction des investissements à proposer des modèles de financement et d’investissement de long terme compatibles avec l’intérêt général (utilisation des ressources d’épargne populaire (LA) ; réallocation d’actifs des fonds d’épargne ; recherches de co-investissements avec les fonds européens (BEI…) tels qu’ils sont développés par exemple sur le champ du logement social… »

      Et le responsable syndical ajoute : « Au contraire, la quasi-totalité des propositions avancées s’inscrivent dans une logique de continuité de la privatisation de l’hôpital et du secteur de la santé : soutien au PPP ; développement de secteur privé de recherche ; montage de fonds de partage et de dette avec des institutionnels privés, propositions saugrenues d’affrètement de navire-hôpital sur modèle des PPP pratiqués dans le remorquage, dette à gestion déléguée… tant de recettes éculées et hors sol, que l’on aurait plutôt attendues du service investissement corporate d’une banque commerciale. Triste. »

      Plus généralement, ce sont les professions médicales qui risquent de réagir vivement, quand ils vont découvrir les véritables projets du gouvernement. Dans les heures qui avaient suivi les annonces un peu évasives du chef de l’État à Mulhouse, Le Monde avait relevé qu’elles avaient été saluées « avec prudence et amertume » – c’est le moins que l’on puisse dire – par le corps médical. « C’est dommage d’avoir dû attendre une catastrophe, mais mieux vaut tard que jamais », estimait Anne Gervais, l’une des porte-parole du Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), qui avait orchestré en janvier la démission de près de 1 200 médecins hospitaliers de leurs fonctions administratives pour réclamer davantage de moyens. « C’est positif, mais après tous les plans qu’on nous a proposés et qui étaient en deçà de ce qui était nécessaire pour les soins, on attend de voir », nuançait de son côté Hugo Huon, président du Collectif Inter-Urgences.

      Alors, pour ceux qui attendaient de voir, l’ébauche de plan de la CDC risque de les tétaniser. À croire que ce pouvoir n’a décidément rien appris du désastre en cours…

      Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

    • Privatisation de la santé : Mediapart révèle les contours du plan promis par Macron
      https://www.revolutionpermanente.fr/Privatisation-de-la-sante-Mediapart-revele-les-contours-du-plan

      Et leurs craintes sont en train de se vérifier … Dans un article publié hier, Médiapart révèle une note de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), en charge de réfléchir à ce plan d’investissement pour la santé. Brigitte Dormont, Professeure d’économie à l’université de Dauphine, résume ainsi pour Médiapart son contenu : « En gros, le contenu essentiel de la note, c’est de proposer que de l’argent public et des actions de consolidation financière soient orientés vers le secteur privé non lucratif, sans argument pour fonder cette proposition. »

      Effectivement, cette version provisoire, paraît bien loin du discours de Macron sur la nécessité d’avoir un service public de santé. L’idée principale qui en ressort n’est autre que « privé, privé et encore privé ». Loin de tirer le moindre bilan des politiques néolibérales de privatisation de la santé, ou des mesures austéritaires qui ont mené à la situation catastrophique dans les hôpitaux aujourd’hui et qui tendent à rendre la crise sanitaire qu’on traverse aussi ingérable que meurtrière, la note s’inscrit parfaitement dans la logique des dernières années.

  • Coronavirus : 25 000 verbalisations depuis le début du confinement à Paris - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/coronavirus-25-000-verbalisations-depuis-le-debut-du-confinement-a-paris-

    Tout en reconnaissant que les mesures de confinement à Paris sont respectées par la majorité des habitants, Rémy Heitz, le procureur de la République. a souligné que 25 000 verbalisations ont été dressées depuis le début des restrictions de circulation.

    À 135 euros la prune, ça fait plus de 3 millions d’euros en deux semaines rien que sur Paris.

    Dans cet article du 27 mars, sur toute la France :
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/confinement-les-verbalisations-atteignent-un-nouveau-record-1189490

    Une partie de la population éprouve des difficultés à respecter les consignes. Alors que la France a été placée en confinement depuis une dizaine de jours, et que les déplacements sont restreints aux urgences, 225.000 procès-verbaux ont été dressés par les forces de l’ordre pour non-respect des mesures.

    Ça fait plus de 30 millions d’euros en 10 jours.

    À titre de comparaison, les contraventions des infractions routières ont rapporté, sur l’année 2017, 1,9 milliard d’euros, dont la moitié au travers des contrôles automatiques (radars, feux rouge…). En dix jours, ça représente environ 50 millions d’euros. Avec les PV de confinement à 135€ distribués généreusement, on serait donc dans des niveaux de recettes assez proches de celles de l’ensemble des infractions routières.

    #c'est_pour_ton_bien

  • « Je vois trop de monde dehors en mode vacances » : la semaine de Mickaël, gendarme du Centre-Val de Loire
    https://www.marianne.net/societe/je-vois-trop-de-monde-dehors-en-mode-vacances-la-semaine-de-mickael-gendar

    [samedi 21 mars] L’après-midi, je suis tombé des nues lorsqu’un collègue de la brigade a proposé que l’on fasse un apéro avec les familles dans la cour. Je lui explique, un peu énervé, que c’est inconscient, mais la moitié de mes collègues n’y voyaient pas d’inconvénient... A mon sens, on se doit d’être irréprochable. Ça a créé une petite cassure dans l’ambiance de la brigade.

    Coronavirus : 1600 euros d’amende pour un barbecue organisé dans l’Oise - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/coronavirus-1600-euros-d-amende-pour-un-barbecue-organise-dans-l-oise-19-

    L’Oise est l’un des départements français les plus touchés par l’épidémie de coronavirus. Cela n’a pas empêché une douzaine de personnes d’organiser mercredi [18 mars] un barbecue sur les hauteurs du village, qui se trouve à proximité de Creil. Et ce, malgré les mesures de confinement qui interdisent les attroupements et imposent à chacun de rester chez soi, sauf pour des motifs impératifs très précis.
    La police municipale est intervenue sur les lieux. Devant le manque de coopération des imprudents -des habitants du bassin creillois voisin, selon le maire de Laigneville- elle a appelé la gendarmerie en renfort. Bilan : de nombreuses amendes délivrées, pour un montant global de 1600 euros. « Ca fait cher le barbecue... mais on ne joue pas à la roulette russe sanitaire », réagit le maire (SE) Christophe Dietrich.

    #la_paille_la_poutre ? #roulette_russe_sanitaire

  • La policière, l’attestation, et « les gens comme ça » - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/03/30/la-policiere-l-attestation-et-les-gens-comme-ca_1783580

    Par naïveté sans doute, et parce que je considérais la démarche légitime, je suis saisie par l’absence absolue de discussion possible, la condescendance méprisante envers les patients. Le verdict est évidemment sans appel, rien à faire, « Je fais mon travail ». Je suis tellement sidérée par cette phrase que j’ai un mouvement de recul, je demande par la même occasion à l’agent de bien vouloir respecter la distance de sécurité, et également de me parler correctement. J’aurais dû m’y attendre, elle me répond : « C’est à vous de me parler correctement. » Je me résigne, mais avant de partir, je lui demande son RIO, elle dit d’abord, « bien sûr vous pouvez l’avoir ! » puis se ravise « et puis non, vous me parlez tellement mal, je ne vous le donnerai pas ! »

    Elle ne m’a pas touchée, elle ne m’a pas insultée, mais il y a une telle violence dans son attitude, dans son refus, dans son autorité injuste, que je finis par m’adresser à l’un des deux agents qui l’accompagnent, et qui reste silencieux, « Comment pouvez-vous laisser faire cela ? » Il ignore ma question. Je repars avec mon patient.

  • Pendant la crise du Coronavirus, Israël confisque les tentes destinées à une clinique dans le nord de la Cisjordanie
    B’Tselem, le 26 mars 2020
    https://www.aurdip.org/pendant-la-crise-du-coronavirus.html

    Alors que le monde entier est confronté à une crise sanitaire sans précédent et paralysante, l’armée israélienne consacre du temps et des ressources à harceler les communautés palestiniennes les plus vulnérables de Cisjordanie , qu’Israël tente de chasser de la région depuis des décennies. L’arrêt d’une initiative communautaire de premiers secours lors d’une crise sanitaire est un exemple particulièrement cruel des abus réguliers infligés à ces communautés, et qui vont à l’encontre des principes humains et humanitaires de base lors d’une situation d’urgence.

    #coronavirus #Palestine #le_sens_des_priorités #salops #qu'ils_chopent_tous_Ebola

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

  • CORONA VIRUS : le gouvernement profite de la pandémie pour déréglementer la téléphonie mobile au risque de l’accroissement des problèmes sanitaires qui y sont liés.
    https://www.robindestoits.org/CORONA-VIRUS-le-gouvernement-profite-de-la-pandemie-pour-dereglemente

    La 6ème ordonnance, n° 2020-320 du 25 mars 2020, a été confirmée au JORF n°0074 du 26 mars 2020 texte n° 45 (Annexe) :

    Selon cette ordonnance, « quatre procédures administratives préalables en vue de l’implantation ou de la modification d’une installation de communications électroniques sont ainsi aménagées :
    – suspension de l’obligation de transmission d’un dossier d’information au maire ou au président
    d’intercommunalité en vue de l’exploitation ou de la modification d’une installation radioélectrique ;
    – possibilité pour l’exploitant d’une station radioélectrique de prendre une décision d’implantation sans accord préalable de l’Agence nationale des fréquences ;
    – réduction du délai d’instruction des demandes de permissions de voirie .. ;
    – dispense d’autorisation d’urbanisme pour les constructions, installations et aménagements nécessaires à la continuité des réseaux et services de communications électroniques ayant un caractère temporaire. »

    Ainsi, profitant de la pandémie liée au corona virus, et selon la classique stratégie du choc, le gouvernement vient de porter un coup fatal à la loi 2015-136 du 9 février 2015, dite loi Abeille, pour permettre aux opérateurs une liberté totale dans l’installation d’antennes relais.

    Il est légitime de penser que cette libéralisation du secteur a pour but de préparer le déploiement de la 5G, avec tout ce que cela comporte, dans le déni habituel des effets sanitaires des champs électromagnétiques. Or, une telle ordonnance prise dans l’urgence du contexte sanitaire actuel était loin de s’imposer.

    #loid'urgence #coronavirus #téléphoniemobile #5G

  • Un missile intercepté dans le ciel de la capitale d’Arabie saoudite, Riyad
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/29/arabie-saoudite-un-missile-intercepte-dans-le-ciel-de-riyad_6034797_3210.htm

    L’attaque déjouée n’a pas été revendiquée. Elle intervient alors que les Nations unies ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat et mondial » en raison de l’épidémie due au coronavirus.

    Un missile a été « intercepté et détruit » dans le ciel de Riyad dans la nuit de samedi 28 à dimanche 29 mars, a annoncé la chaîne de télévision d’Etat saoudienne Al-Ekhbariya, citant la coalition militaire qui intervient au Yémen contre les rebelles houthistes.

    Au moins trois bruits d’explosion ont été entendus dans la nuit, selon plusieurs correspondants de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. La télévision d’Etat a précisé que deux autres missiles avaient été interceptés au-dessus de Riyad et un troisième détruit au-dessus de la province méridionale de Jizan.

  • Coronavirus. Un hélicoptère de nuit pour faire respecter le confinement en Loire-Atlantique
    https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-un-helicoptere-de-nuit-pour-faire-respecter-le-confinement-

    À l’aide de ses caméras infrarouges, l’hélicoptère de la gendarmerie a pour mission de repérer, de nuit, les contrevenants au confinement. Un dispositif a été mis en place au nord de Nantes. Trois jeunes gens, voitures garées, alcoolisés, ont été verbalisés à Sucé-sur-Erdre. Il y avait le drone de la gendarmerie, sorti des cartons pour identifier, depuis les airs, les personnes qui ne respectent pas le confinement. Il y a aussi l’hélicoptère de la gendarmerie, venu de Rennes, qui survole de nuit (...)

    #aérien #CCTV #température #vidéo-surveillance #santé #surveillance

    ##santé

    • CONFINEMENT & DÉLIRE TOTALITAIRE : UN HÉLICOPTÈRE NOCTURNE AVEC VISION INFRAROUGE À NANTES

      3 jeunes verbalisés. Les autorités mettent des moyens illimités pour surveiller la population

      Il n’y a pas de masques ni de tests dans les hôpitaux pour faire face à la pandémie, mais les autorités déploient des moyens gigantesques pour surveiller et réprimer. Des drones sont utilisés dans de nombreuses villes pour traquer les personnes qui sortent de chez elles, et les menacer avec des hauts parleurs. Des scènes qu’on croirait sorties d’un mauvais film de science fiction.

      Une étape supplémentaire est franchie localement. En plus du drone qui survole Nantes en journée, un hélicoptère sillonne le ciel de la métropole la nuit ! Ouest-France explique qu’un « hélicoptère de la gendarmerie, venu de Rennes, vole au dessus de Nantes pour repérer les contrevenants croyant passer inaperçus dans le noir. » Surveillance totale, 24H/24.

      Le journal ajoute : « la noirceur de la nuit n’est pas un obstacle. Les caméras infrarouges de l’appareil sont capables de deviner à des centaines de mètres la présence d’êtres humains ou d’animaux. Autre avantage pour les forces de l’ordre : de là où il est, l’hélico ne peut être ni vu, ni entendu, par les personnes au sol. »

      Des moyens technologiques de pointe, dignes de l’antiterrorisme, ou plus récemment utilisés pour surveiller les frontières, sont à présent déployés contre la population pour lui imposer un confinement de plus en plus absurde. Dans la nuit de vendredi à samedi, l’hélicoptère a repéré « trois jeunes gens, à bord de deux véhicules garés à Sucé-sur-Erdre », au nord de Nantes. La terrible menace a immédiatement été neutralisée avec des amendes. Le patron du MEDEF et les habitants des beaux quartiers qui violent le confinement subiront-ils de tels dispositifs ?

      Pour rappel, une seule heure de vol d’un hélicoptère coûte entre 3 et 6000 euros. Pour fliquer 3 jeunes donc. L’hôpital est exsangue, mais tous les moyens sont bons pour la répression.

      La pandémie est décidément l’occasion pour les autorités de tester in vivo leurs innovations de contrôle. Le monde de l’après-confinement s’annonce encore plus sombre que celui qui précédait la crise.
      L’une des personnes contrôlées, un travailleur de Sucé-sur-Erdre, nous a envoyé son témoignage. Le contrôle a été particulièrement violent. Le voici :

      « Nous somme collègues, travaillant en tant que paysagistes. Après notre travail nous nous sommes rejoint pour boire un coup ensemble. Vers 22H nous avons vu un hélicoptère avec des lumières verte , bleue et rouge au dessus de nous.

      20 minutes plus tard, 5 voitures de gendarmerie arrive avec au minimum 15 gendarmes. Nous avons été pointés directement à l’arme à feu avec mains sur la tête. Avec des paroles de gendarmes qui resteront dans nos têtes : « si tu bouge je te fracasse au sol », etc …

      Nous leurs avons dit directement que nous étions pas des personnes dangereuse, il n’y aurait aucun gestes brusque. Mais même après 30 minutes passées avec eux, on devait justifier nos gestes . Les mains sur la portière pendant qu’il fouillait notre voiture.

      Nous avons été très correct avec eux. J’ai subi une fouille intégrale en étant obligé de baisser mon pantalon ainsi que mon caleçon pour leur prouver qu’on ne cachait rien. L’interpellation a duré 1H30 en nous demandant d’ouvrir chaque partie de notre voiture. Quand tu entends les gendarmes te dire « oui c’est à cause de personnes comme vous que des gens meurent » alors que la plupart n’avaient aucun gant ni masque et qu’on se faisait crier dessus à 30 centimètres …

      Au final il nous ont verbalisé, et nous ont laissé tous les 3 à l’endroit de l’interpellation. Est-ce nécessaire tout cela ? Moi et mon collègue travaillons tout les jours, même depuis le confinement .

      On ne comprend pas en quoi on ne respecte pas le confinement en buvant quelque bières avec mon collègue alors que l’on se croise tous les jours, on se dit bonjour tous les jours. »

      Se faire pointer par des gendarmes avec des armes avec mains sur la tête . Est-ce normal ?

      https://www.nantes-revoltee.com/confinement-delire-totalitaire-un-helicoptere-nocturne-avec-vision-

  •  » Israeli Soldiers Fire Missiles Into Gaza
    March 28, 2020 6:16 AM – IMEMC News
    https://imemc.org/article/israeli-soldiers-fire-missiles-into-gaza-4

    Israeli war jets fired, on Friday at night, several missiles into a few areas in the besieged and impoverished Gaza Strip, causing damage.

    Media sources said the army fire many missiles into an area, northwest of Gaza city, causing damage to homes and structures.

    The army also fired two artillery shells into an east, east of Gaza city, causing property damage.

    Furthermore, the army also fired missiles into at least one site, east of Jabalia, in the northern part of the Gaza Strip, causing damage.

    In a very brief statement, the Israeli army claimed that “it was retaliating to a homemade shell,” which was reportedly fired from the Gaza Strip and landed in an open area without leading to damage to injuries.

    #Gaza

  • #Savoir et #prévoir. Première #chronologie de l’#émergence du #Covid-19

    Que pouvait-on savoir et prévoir de l’actuelle #pandémie et de son arrivée sur le territoire français ? Premiers éléments de réponse à partir d’un corpus bien défini : le très réputé magazine « Science », et les déclarations de l’OMS depuis fin décembre 2019.

    Depuis l’interview d’Agnès Buzyn au Monde mardi 17 mars, les critiques pleuvent de toutes parts sur le gouvernement français. La déclaration de l’ex-ministre de la santé, selon laquelle dès janvier elle aurait prévenu le Premier ministre de la gravité potentielle de l’épidémie de nouveau coronavirus – le mettant même en garde sur le fait qu’il faudrait peut-être reporter les élections municipales – a été interprétée comme un aveu terrible : la ministre de la Santé et le reste du gouvernement savaient ce qui risquait d’arriver, et pourtant ils n’auraient pas agi à la hauteur du risque. Depuis, chaque jour qui passe, avec son cortège d’informations sur la pénurie de tests de dépistage et de masque pour les personnels soignants, ne fait que renforcer le discrédit d’un pouvoir politique dont la cote de confiance était déjà largement entamée par la crise des gilets jaunes et la réforme des retraites.

    Le 19 mars, un collectif de plusieurs centaines de médecins a porté plainte au pénal contre Agnès Buzyn et Édouard Philippe, au motif qu’ils « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ». Le lendemain, le président Emmanuel Macron a refusé de se prêter au jeu de l’auto-critique, suggérant que la crise touchant la France n’aurait pas pu être prévue : « Je félicite ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu’elle a eu lieu ».
    Une histoire du présent

    Parlons-en. Ce texte se propose de contribuer par quelques données empiriques à une première chronologie de la crise du Covid-19. Il s’agit d’étudier ce que pouvaient en savoir les femmes et les hommes qui nous gouvernent, ce qu’elles et ils pouvaient prévoir, aussi. Il s’agit d’une histoire du présent, circonscrite aux trois derniers mois, quand bien même il apparaît clairement que dans le cas de la France, certaines décisions prises dans les dernières années, voire décennies – en termes de stockage de masques, et plus généralement de financement de l’hôpital public – jouent un rôle déterminant dans l’évolution de cette crise de santé publique.

    Depuis les premières informations fin décembre sur une mystérieuse maladie respiratoire à Wuhan, qu’a-t-on appris, et quand ? À chaque étape de cet apprentissage, quels scénarios d’évolution étaient sur la table ? Était-on vraiment obligé d’attendre jusqu’au moment où le confinement de toute la population, mesure mal ciblée par excellence, devienne incontournable pour permettre aux hôpitaux de soigner correctement les malades ?

    Le projet d’esquisser une telle chronologie à chaud peut sembler compliqué. Autour de la maladie Covid-19, les informations sont foisonnantes, de qualité inégale, partagées largement, et évoluent à une vitesse phénoménale. Sur le plan scientifique, on a souligné l’importance inédite prise par les preprints, les articles soumis à publication mais non encore revus ni acceptés, qui permettent un partage beaucoup plus rapide des données et des résultats, avec néanmoins le risque de prêter crédit à certaines publications bancales qui ne passeront pas le peer-review (« ‘A completely new culture of doing research.’ Coronavirus outbreak changes how scientists communicate », Kai Kupferschmidt, Science, 26 février 2020). La controverse autour de l’administration d’hydroxychloroquine aux malades du Covid-19

    a également illustré le conflit qu’il peut y avoir entre la logique de la rigueur scientifique (un résultat n’est pas vrai tant qu’il n’a pas été démontré dans les règles) et celle de l’urgence thérapeutique (dans une situation de vie ou de mort, on fait feu de tout bois tant qu’on ne nuit pas aux malades, et a fortiori s’il y a des signaux encourageants).

    Pour ne pas avoir à trancher sur ces débats, j’ai choisi un indicateur assez simple de l’état d’une pensée mainstream sur ce que l’on savait, ou croyait savoir, sur ce que l’on reconnaissait comme incertain, et enfin sur ce que l’on pouvait prévoir à chaque instant : les articles de synthèse dédiés au nouveau coronavirus parus dans un journal de réputation internationale, Science. Je crois ne pas trop m’avancer en suggérant qu’au ministère de la Santé, on lit Science.

    Le premier article de Science sur le sujet date du 3 janvier. Depuis, il en est paru une soixantaine (à la date du 21 mars). Ces articles, écrits par des journalistes scientifiques spécialisés (notamment Jon Cohen, Kai Kupferschmidt), ont tous une structure similaire : ils font le point sur le débat scientifique en cours sur certaines grandes questions (type de virus, transmission, durée d’incubation, symptômes, mortalité...), en se fondant sur les études publiées ou soumises à publication, et en se faisant également l’écho des décisions et recommandations des grands organes de gouvernance sanitaire – au premier chef, l’Organisation mondiale de la santé. Ce sont des articles accessibles à quiconque a une culture scientifique et médicale de base. A fortiori, à ceux qui gouvernent les risques sanitaires dans notre pays. Dans ces articles, les journalistes mettent en lumière aussi bien les consensus qui se dégagent que les incertitudes qui subsistent, ainsi que les différents scénarios d’évolution qui sont envisagés.

    Toutes les dates qui suivent sont celles des articles de Science. Dans ce texte, je me concentre sur quelques moments charnière dans la découverte d’aspects-clé de la maladie et les réflexions sur la prise en charge de l’épidémie. Du point de vue de la gestion politique de l’épidémie, j’identifie quatre grands moments : l’émergence de la maladie (première quinzaine de janvier), la prise au sérieux de la possibilité d’une pandémie (article du 5 février), la confirmation qu’il y a bien une pandémie (article du 25 février), les leçons à tirer de la gestion chinoise (2 mars).

    J’interprète ces bornes temporelles comme des dates-limites : lorsque l’information (qui peut être le constat d’une incertitude) est relayée par Science, c’est qu’elle a atteint un certain degré de consensus. Cela n’exclut pas des signaux plus faibles, moins consensuels, qui auraient circulé plus tôt, et qui auraient pu également informer l’action de responsables politiques mus par les principes de la prévision et de la précaution.
    Début janvier : l’émergence de la maladie

    3 janvier : Science fait le point sur une information qui circule depuis plusieurs jours déjà dans les milieux spécialisés (« Scientists urge China to quickly share data on virus linked to pneumonia outbreak », Dennis Normile, Jon Cohen, Kai Kupferschmidt, Science, 9 janvier 2020). Plusieurs dizaines de cas d’une pneumonie atypique ont été identifiés dans la ville chinoise de Wuhan.

    9 janvier : les autorités chinoises ont confirmé quelques jours plus tôt qu’il ne s’agit ni du SRAS ni du MERS, virus impliqués dans de précédentes épidémies (« Scientists urge China to quickly share data on virus linked to pneumonia outbreak », Dennis Normile, Jon Cohen, Kai Kupferschmidt, Science, 9 janvier 2020). Elles déclarent qu’elles ont isolé le virus – il s’agit d’un coronavirus – séquencé son génome, et déjà mis au point un test de dépistage (jamais dans l’histoire la connaissance sur un nouveau virus n’a progressé aussi rapidement). Les autorités chinoises annoncent également qu’il n’y aurait pas de transmission du virus d’humain à humain. Peter Daszak, un spécialiste des maladies infectieuses interrogé par Science, se montre circonspect sur ce point : « je ne comprends pas comment on peut avoir autant de cas sans une transmission d’humain à humain. (...) Je place un drapeau rouge (red flag) sur ce point
     » (quelques jours plus tard, de nouvelles données confirmeront qu’il a raison

    ).

    11 janvier : les chercheurs chinois ont déjà partagé la séquence génétique du virus avec le reste du monde, permettant la fabrication de tests de dépistage (« Chinese researchers reveal draft genome of virus implicated in Wuhan pneumonia outbreak », Jon Cohen, Science, 11 Janvier 2020).
    Début février : la possibilité d’une pandémie

    Avançons maintenant jusqu’à un article du 30 janvier (« Outbreak of virus from China declared global emergency », Kai Kupferschmidt, Science, 30 janvier 2020). Le monde a déjà bien changé. Science rapporte que l’OMS considère désormais le nouveau coronavirus comme une urgence de santé publique au niveau mondial (Public Health Emergency of International Concern). La maladie s’est déjà propagée à 18 pays. Près de 8000 personnes ont été dépistées positives dans le monde, et 170 d’entre elles sont mortes (toutes en Chine). La transmission « communautaire » (c’est-à-dire sans lien immédiat avec une personne rentrant du foyer chinois) est avérée en Allemagne, au Japon, en Thaïlande, et aux États-Unis. Comme l’explique le docteur Tedros, directeur de l’OMS : « la raison principale de cette déclaration n’est pas ce qui est en train d’arriver en Chine, mais ce qui est en train d’arriver dans d’autres pays.

     ». Ou plutôt ce qui n’est pas en train d’arriver : pour l’OMS, il faut que chaque pays se prépare. Science rapporte que pour beaucoup d’observateurs, cette annonce de l’OMS a tardé. Elle aurait pu être faite une semaine plus tôt, mais le comité de l’OMS était encore trop partagé.

    Le 5 février, le titre de l’article de Science explicite l’incertitude sur l’avenir : « Le nouveau coronavirus sera-t-il contenu – ou évoluera-t-il en pandémie ? » (« ‘This beast is moving very fast.’ Will the new coronavirus be contained—or go pandemic ? », Kai Kupferschmidt, Jon Cohen, Science, 5 février 2020). L’article fait le point sur trois tournants cruciaux dans la connaissance de la maladie et de la gestion de l’épidémie.

    Le premier tournant a trait à l’existence de patients asymptomatiques. Fin janvier, 565 citoyens japonais ont été rapatriés de Wuhan et ils ont tous fait l’objet d’un test de dépistage. C’est la surprise : parmi les 8 qui ont été dépistés positifs, 4 ne présentent aucun symptôme. Il s’agit d’un nouveau drapeau rouge pour les épidémiologistes : une maladie qui présente des formes asymptomatiques complique grandement les efforts pour contenir l’épidémie, parce qu’on ne peut savoir avec certitude où elle se trouve à un instant t sans dépister tout le monde.

    Non seulement il existe des patients asymptomatiques, mais ces derniers sont peut-être contagieux. Le même article de Science évoque une autre étude, réalisée en Allemagne, qui fait polémique depuis sa publication quelques jours plus tôt (« Study claiming new coronavirus can be transmitted by people without symptoms was flawed », Kai Kupferschmidt, Science, 3 février 2020) : les chercheur.es avaient d’abord conclu qu’une patiente asymptomatique avait un potentiel contaminateur (en anglais on dit poétiquement she sheds the virus, elle perd du virus, à la manière d’un serpent qui mue et perd sa peau...). Il a ensuite été révélé que la patiente n’avait pas fait l’objet d’un examen clinique en bonne et due forme, mais simplement d’un appel téléphonique, ce qui ne correspond pas aux standards habituels.

    Les auteurs se sont déjà excusés, la faute ne semble pas imputable à la fraude mais à la vitesse avec laquelle la science est faite en ces temps de crise. Quelques jours plus tard, ils apportent une nouvelle conclusion modifiée à l’article, tout aussi intéressante et inquiétante : il s’avère que oui, la patiente avait bien des symptômes, mais très modérés (au point qu’il serait possible pour un.e patient.e de ne pas s’en rendre compte). Ce qui est déjà en soi un obstacle majeur pour les stratégies visant à contenir l’épidémie.

    Le deuxième enseignement important de l’article du 5 février concerne l’avenir. Deux scénarios possibles alternatifs sont présentés : soit le containment réussit ; soit il ne réussit pas, et c’est la pandémie. Les experts interrogés avouent qu’il n’y a pas moyen d’éliminer l’un des deux scénarios avec certitude. Ils semblent même parier plutôt sur le second. Marc Lipsitch, épidémiologiste à l’école de santé publique de l’université Harvard, penche résolument vers la pandémie : « Je serais vraiment stupéfait si, dans deux ou trois semaines, il n’y avait pas une transmission en cours avec des centaines de cas dans plusieurs pays sur plusieurs continents.

     »

    Enfin, l’article du 5 février est également le premier dans Science à consacrer un paragraphe à l’un des grands défis dans la gestion de la maladie : la gestion des cas graves. À cette date, les études réalisées sur les patients en Chine ont établi un taux de mortalité aux alentours de 2 %. Mais un autre chiffre a émergé, et il est tout aussi préoccupant : plusieurs études montrent qu’environ 20 % des personnes infectées souffrent de formes graves de la maladie, nécessitant une hospitalisation. « Des cas graves en plus grands nombre mettraient plus de pression sur les systèmes de santé – les hôpitaux de Wuhan sont déjà saturés

     », soulignent les deux journalistes scientifiques.

    Le 11 février, un article de Science rapporte que dans les pays infectés, les laboratoires sont lancés dans une course effrénée pour dépister (« Labs scramble to spot hidden coronavirus infections », Jon Cohen, Kai Kupferschmidt, Science, 11 février 2020). « Aujourd’hui, il n’y a pas du tout assez de kits de dépistage disponibles pour le nombre exponentiel de cas

     », expliquent les auteurs. Dans certaines parties de la province de Hubei, des récits journalistiques témoignent d’une pénurie de dépistages.
    25 février : la pandémie l’a emporté

    Le 25 février, Science est formel, la pandémie l’a emporté : « Le coronavirus semble impossible à arrêter. Que doit faire le monde maintenant ? » (« The coronavirus seems unstoppable. What should the world do now ? », Jon Cohen, Kai Kupferschmidt, Science, 25 février 2020). L’Italie vient de confiner dix villes du nord. L’OMS n’a pas encore officiellement déclaré l’état de pandémie, elle continue de parler d’« épidémies dans différentes parties du monde
     », mais les raisons de cette timidité sont politiques plutôt que scientifiques. Le Dr. Tedros et ses collègues sont soucieux de la passivité de nombreux États dans le monde, comme si la menace n’était pas à prendre au sérieux. Les journalistes estiment que l’OMS souhaite différer le moment de déclarer officiellement la pandémie parce qu’elle a peur que le message soit interprété comme un aveu de défaite, et conduise les États à baisser encore davantage les bras face à un mal désormais invincible (l’OMS déclarera la pandémie le 12 mars

    ).

    Cependant, sur le plan scientifique, les experts du monde entier sont d’accord que la situation est déjà celle d’une pandémie. Christopher Dye, épidémiologiste à l’université d’Oxford, est interviewé par Science : « Il me semble que le virus s’est vraiment échappé de la Chine et est en train d’être transmis largement. (...) Je suis maintenant bien plus pessimiste quant aux chances de réussir à le contrôler.

     »

    Quant à Marc Lipsitch de Harvard, il insiste sur l’importance d’une stratégie qui sera résumée ensuite par la phrase « aplatir la courbe » (flatten the curve) : retarder la maladie peut être vraiment payant, estime l’épidémiologiste. Cela signifiera une contrainte moins forte exercée sur les hôpitaux, plus de temps pour former les professionnels de santé vulnérables sur comment se protéger, plus de temps pour que les citoyens se préparent, plus de temps pour tester des médicaments qui pourraient potentiellement sauver des vies et, à plus long terme, des vaccins. « Si j’avais le choix entre attraper le Covid-19 aujourd’hui ou dans six mois, je préfèrerais clairement l’attraper dans six mois.

     »

    L’article de Science cite une étude co-signée par Christopher Dye qui montre qu’en Chine, ce sont la suspension des transports publics, la fermeture des lieux de loisir, l’interdiction des rassemblements qui semblent avoir été les mesures les plus efficaces pour ralentir la progression de la maladie. Ne pas faire cela, ne pas fermer les écoles et les entreprises, ne pas entourer les foyers d’infection d’un cordon sanitaire, « c’est une décision assez importante en matière de santé publique, » estime Dye. « Ça revient à dire, au fond, bon, on laisse ce virus se propager.

     »

    Dans le même article, Bruce Aylward, l’un des principaux experts de l’OMS sur le Covid-19, estime qu’il y a une leçon principale à apprendre de la Chine : « Tout est question de vitesse » (speed is everything). Plus les mesures seront prises tôt, plus elles seront efficaces (on estime alors qu’en l’absence de toute mesure préventive, le nombre de cas réels dans un foyer double tous les six jours environ

    ).
    Début mars : la réussite de la stratégie chinoise

    Le 2 mars, Science présente les conclusions d’un important rapport du 28 février rédigé par l’équipe de l’OMS qui, sous la direction de Bruce Aylward, a passé deux semaines en février à visiter les foyers de Covid-19 en Chine (« China’s aggressive measures have slowed the coronavirus. They may not work in other countries », Kai Kupferschmidt, Jon Cohen, Science, 2 mars 2020). Ce rapport est un tournant majeur, comme l’a fait remarquer dès sa publication le journaliste de Science Kai Kupferschmidt sur son fil Twitter

    .

    Le principal résultat : les Chinois ont réussi à contenir l’épidémie. Les chiffres qui montrent une diminution du nombre de nouveaux cas quotidiens dépistés et de nouveaux décès quotidiens ne sont pas faux. Tim Eckmanns, épidémiologiste à l’Institut Robert Koch qui a fait partie du voyage, le reconnaît : « Je pensais qu’il n’y avait pas moyen que ces chiffres soient réels.

     » Il a changé d’avis. Il y a de plus en plus de lits vides dans les hôpitaux.

    Je m’appuierai ici sur le contenu détaillé du rapport public de l’OMS, un document PDF de quarante pages qu’un lien dans l’article de Science permettait de télécharger. Le contenu de ce rapport a également été bien résumé par Bruce Aylward dans une interview au New York Times le 4 mars.

    Le rapport insiste en particulier sur la qualité, la rapidité et l’extensivité de la politique de dépistage et de traçage des contacts des personnes positives.

    Assez tôt dans l’épidémie, la Chine a mis en place une politique de tests généralisés de la température corporelle des individus à l’aide de thermomètres infrarouges, jusqu’à arrêter systématiquement les voitures pour de tels tests. Certes, cela n’est pas très précis : on rate les porteurs asymptomatiques ou les individus qui ont fait baisser leur température avec des médicaments, alors qu’on attrape dans son filet les individus qui ont la fièvre pour d’autres raisons que le Covid-19. Mais cela permet un premier tri. En parallèle, toute la population des foyers de contagion est sommée de porter des masques et de se laver les mains très régulièrement.

    Les individus potentiellement positifs, du fait de leurs symptômes ou de leurs contacts avec des malades, sont dépistés. Les tests de dépistage sont réalisés en quatre heures, pendant lesquelles les personnes dépistées doivent attendre leurs résultats. En l’absence des tests biologiques de dépistage (il y a des cas de pénurie) ou en complément, on réalise des scanners rapides, qui permettent de mettre en évidence les opacités pulmonaires qui sont considérés comme des signes cliniques de la maladie. Chaque machine de scanner en effectue jusqu’à 200 par jour (5 à 10 minutes par examen).

    À Wuhan, il existe plus de 1800 équipes d’épidémiologistes (avec un minimum de cinq personnes par équipe), qui sont occupées à plein temps à tracer les contacts des personnes positives. Selon la région, 1 à 5 % des contacts identifiés sont ensuite eux-mêmes dépistés positifs au virus, et on recommence l’enquête de traçage des contacts avec elles et eux. Chaque fois qu’un agrégat (cluster) est identifié, on ferme les écoles, théâtres et restaurants, on confine les personnes-contacts. Seule la métropole de Wuhan, où est née l’épidémie, est placée en confinement total.

    La durée moyenne entre les premiers symptômes et l’hospitalisation/l’isolement est prodigieusement réduite, d’environ 15 jours au début de l’épidémie à 2 jours, ce qui permet de réduire le potentiel contaminateur d’une personne malade.

    Dans son interview par le New York Times, Bruce Aylward raconte que les hôpitaux vus par l’équipe de l’OMS sont équipés massivement en respirateurs artificiels et en machines ECMO, qui permettent une oxygénation du sang lorsque les poumons n’y parviennent plus. Les experts invités sont stupéfaits, les hôpitaux semblent mieux équipés que des centres spécialisés en Suisse ou à Berlin.

    La conclusion du rapport de l’OMS est sans appel : « Ces mesures [prises en Chine] sont les seules à l’heure actuelle qui ont prouvé qu’elles pouvaient interrompre ou minimiser les chaînes de transmission chez les humains. Au fondement de ces mesures est la surveillance extrêmement proactive, afin de détecter immédiatement les cas, de procéder à des diagnostics très rapides et à un isolement immédiat des patients positifs, au traçage rigoureux et à la mise en quarantaine des contacts proches.

     » Le rapport insiste aussi sur l’importance de la compréhension et l’acceptation de ces mesures par la population.

    Dans l’article de Science du 2 mars, deux experts, Lawrence Gostin et Devi Sridhar, mettent néanmoins en garde : le caractère autoritaire du régime chinois et les entorses aux droits humains ont certainement joué un rôle dans l’efficacité de la politique de gestion de l’épidémie. Jeremy Konyndyk, expert en santé publique dans un think tank à Washington, invite à regarder plutôt du côté de Singapour et de Hong Kong, deux régimes démocratiques qui seraient de meilleurs exemples à suivre : « Il y a eu un degré similaire de rigueur et de discipline, mais appliqué d’une manière beaucoup moins draconienne.

     »

    Remarquons que le rapport de l’OMS du 28 février n’encourage à aucun moment la mise en quarantaine de toute la population du pays, solution de dernier ressort. Les experts suggèrent qu’il y a encore le temps d’une politique plus ciblée et efficace en ressources, à base de dépistage massif et de traçage et isolement des contacts.
    Conclusion

    Cette brève esquisse permet de décrire quatre moments dans l’appréhension de l’épidémie du coronavirus Covid-19 pour qui lit Science. Début janvier 2020, on apprend l’existence de cette nouvelle maladie dont les caractéristiques sont inconnues. Début février, on doit se rendre à l’évidence : les spécialistes ne peuvent exclure le scénario de la pandémie, voire semblent penser que ce scénario est le plus probable des deux (l’autre étant la réussite du containment). Le 25 février, il est désormais établi que la pandémie l’a emporté. Le 2 mars, l’analyse du rapport de la visite de l’OMS montre deux choses : il est possible d’arrêter la course folle du virus ; la manière de le faire est de procéder à des dépistages massifs et ultra-rapides, avec traçage et isolement immédiat des contacts des personnes positives.

    Soulignons au passage que dès le 11 février, les lecteurs de Science sont alertés sur la possible pénurie de tests biologiques de dépistage. Le rapport de l’OMS du 28 février confirme qu’il existe d’autres techniques, à allier ou à substituer aux tests biologiques de dépistage en fonction des circonstances : la prise régulière des températures, l’examen des poumons par scanner.

    Cette chronologie appelle à être complétée. Il sera intéressant, notamment, de retracer l’historique en se plaçant à l’intérieur de l’espace de la France, en regardant par exemple ce qu’ont dit et écrit les institutions spécialisées en maladies infectieuses telles que l’Institut Pasteur, ou encore les chercheuses et chercheurs spécialistes de ces questions en France.

    D’autres travaux permettront aussi, je l’espère, de mettre en regard cette esquisse de chronologie avec ce qu’a fait et ce que n’a pas fait le gouvernement français. Je me permettrai une seule remarque sur ce point.

    Le 28 février est publié le rapport crucial de l’OMS sur ce qui a été fait en Chine. Il montre que seule une mobilisation de « tout le gouvernement » (all-of-government) et « toute la société » (all-of-society) permet de vaincre l’épidémie. On se souviendra sans doute longtemps du fait que le lendemain, le samedi 29 février d’une année bissextile, le premier ministre Édouard Philippe a décidé de détourner un conseil des ministres « exceptionnel dédié au Covid-19 » pour annoncer l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Alors que l’OMS démontrait l’urgence de l’action collective et solidaire face à une pandémie bientôt incontrôlable, le gouvernement s’est dit que le plus urgent était de profiter de la dernière fenêtre de tir pour faire passer son projet de loi tant décrié.

    Lorsque le temps de la justice et des comptes sera venu, il nous faudra comprendre comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle : une pénurie absolue de masques, ne permettant pas de protéger convenablement les soignant.es qui sont au front – qui sont infecté.es, et infectent à leur tour –, bien trop peu de tests de dépistage (ce qui semble avoir été une décision assumée, y compris aux temps où l’épidémie était encore balbutiante en France, et n’est pas une fatalité en Europe, comme le montre l’exemple de l’Allemagne), et finalement la décision de dernier ressort de confiner toute la population pour une période indéterminée, une arme non discriminante qui est terriblement coûteuse en termes humains, sanitaires (santé mentale) et économiques.

    https://laviedesidees.fr/Savoir-et-prevoir.html
    #coronavirus

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    voir aussi :
    Savoir et prévoir. Première chronologie de l’émergence du Covid-19
    https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2019-4-page-171.htm

    ping @simplicissimus @fil @reka

    • 28 janvier 2020 dans ma boîte aux lettres...

      Mesdames, Messieurs, Chères et Chers Collègues,

      Suite à la dégradation de la situation liée à l’épidémie du coronavirus 2019-NCov en République Populaire de Chine (fermeture des universités, engorgement des hôpitaux publics, difficultés de transports), la Direction de l’INALCO a décidé de prendre les mesures suivantes à compter d’aujourd’hui :

      – Suspension de toutes les mobilités sortantes des étudiants - et de toutes les missions des personnels administratifs et enseignants-chercheurs - vers le territoire de la Chine continentale, Hong Kong et Macao compris.
      – L’Inalco demande à tous les étudiants et personnels actuellement en mobilité ou mission sur le territoire de la Chine continentale, Hong Kong ou Macao d’interrompre leur mission ou mobilité, et de rentrer instamment en France.

      Tous les étudiants et personnels de retour de Chine doivent observer scrupuleusement les mesures suivantes :

      – Vous signaler à l’arrivée à l’aéroport et également au 15 si vous avez voyagé ou séjourné dans la province du Hubei. Un médecin conseil du SAMU (composer le 15) vous orientera.
      – Signaler tout symptôme d’infection respiratoire - fièvre, toux, difficultés respiratoires - en appelant le 15 (ne pas aller chez votre médecin).
      – Observer, pour protéger votre entourage, des mesures d’hygiène strictes - s’isoler, rester à distance, se protéger la bouche lors de la toux au besoin par un masque, d’utiliser des mouchoirs jetables et de bien se laver les mains - la période d’incubation du virus étant de 14 jours.
      – Ne pas vous rendre à l’INALCO durant les 2 semaines qui suivent votre retour.

      Je vous remercie de bien vouloir accorder une grande attention à ces recommandations sanitaires.

      Bien cordialement,

      Je rappelle que l’Inalco, c’est une école de langues... visiblement mieux informée que les « connards » qui vont s’abriter les uns derrière les autres (en effet, peu de pays européens ont brillé dans leur gestion de la crise) ou dire avec leur morgue « zézayante » habituelle que personne ne savait.

    • #le_sens_des_priorités, encore :

      Le 28 février est publié le rapport crucial de l’OMS sur ce qui a été fait en Chine. Il montre que seule une mobilisation de « tout le gouvernement » (all-of-government) et « toute la société » (all-of-society) permet de vaincre l’épidémie. On se souviendra sans doute longtemps du fait que le lendemain, le samedi 29 février d’une année bissextile, le premier ministre Édouard Philippe a décidé de détourner un conseil des ministres « exceptionnel dédié au Covid-19 » pour annoncer l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Alors que l’OMS démontrait l’urgence de l’action collective et solidaire face à une pandémie bientôt incontrôlable, le gouvernement s’est dit que le plus urgent était de profiter de la dernière fenêtre de tir pour faire passer son projet de loi tant décrié.

      #49.3 #quaranteneuftroisvirus #salops #qu'ils_chopent_tous_Ebola

    • " Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du #retard sur la prise de décision s’agissant du confinement" Édouard Philippe.
      Tout est « en retard », et la décision de confiner résulte elle même du retard sur tout ce qui compte et qui est éludé jusqu’à une levée du confinement, l’arrivé de millions de masques chinois (20 millions d’ici la fin du mois ? 600 millions annoncés)
      https://seenthis.net/messages/835160
      toujours sans dépistage de masse, lits de réa, matériel de protection pour les soignants
      10 000 blouses pour le CHU de Dijon
      https://seenthis.net/messages/835629

      soignants (l’Allemagne embauche hors de ses frontières, ici on met les élèves infirmières au taff à un euro de l’heure, sous peine de ne pas valider leur formation). Pourtant hier encore je ne sais quel responsable politique osait vanter à nouveau l’agilité de la start-up nation.

      #attardés #criminels #crime_d'État

  • Vive la France qui a #le_sens_des_priorités...

    Malgré le coronavirus, la France continue de refouler les migrants à Vintimille
    Courrier International, le 22 mars 2020
    https://www.courrierinternational.com/article/vu-ditalie-malgre-le-coronavirus-la-france-continue-de-refoul

    Les autorités françaises continuent d’accompagner les migrants interceptés sur le territoire français jusqu’à la frontière italienne. Ils entrent ensuite à pied en Italie et se dispersent dans la ville, sans être contrôlés et surtout sans savoir s’ils sont, comme nous, porteurs du virus.”

    Article original:
    Coronavirus, la Francia continua a respingere i migranti a Ventimiglia: “Ma con l’emergenza vengono abbandonati senza precauzioni”
    Gianni Rosini, Il Fatto Quotidiano, le 21 mars 2020 https://www.ilfattoquotidiano.it/2020/03/21/coronavirus-la-francia-continua-a-respingere-i-migranti-a-ventimiglia-ma-con-lemergenza-vengono-abbandonati-senza-precauzioni/5744702

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

    #coronavirus #France #solidarité (manque de) #migrants #salops #qu'ils_chopent_tous_Ebola