#learn_to_swim

    • #Apprend_à_nager : le cri de tunisiens contre les violences policières https://docs.google.com/document/d/1DEV5HvFhSwSrNt3CoPwYg4x2c9A4oAbs7LPS8CGyPbU/edit

      Amor Laabidi, une nième victime des violences policière qui perdurent après la révolution.

      Le hashtag #تعلم_عوم (Apprends à nager) a été lancé initialement sur les réseaux sociaux puis repris dans la rue pour se transformer progressivement en un mouvement populaire, qui a de prime abord prend l’apparence d’une protestation suite au décès du jeune tunisien Amor Laabidi après une course poursuite policière, mais qui constitue sur le fond un ensemble de messages adressés au pouvoir, parmis lesquels “non à l’impunité”

      L’opinion publique tunisienne a été secouée le 1er avril 2018 par l’annonce de la mort du jeune Amor Laabidi après que les forces de l’ordre l’aient laissé se noyer à la suite d’une course poursuite qui a suivi la rencontre de Football opposant le Club Africain de Tunis et l’Olypique de Mednine le samedi 31 mars.

      Amor Laabidi (19 ans) a trouvé la mort par noyade après que, selon des témoins oculaires, des agents des forces de l’ordre l’avaient volontairement poussé dans une rivière du Oued Méliène (Dans les environs de la banlieue de Tunis) après la poursuite par les forces de l’ordre de plusieurs groupe de supporters du Club Africain qui se sont affronté sur les gradins du stade olympique de Rades (Communauté situé à 9 km au sud est de la capitale Tunis). Les forces de l’ordre ont chargé en réponses aux échauffourées dans les tribunes entre plusieurs groupes, et pris en poursuite quelques supporters qui ont quitté le stade en direction de l’Oued Méliène, à une distance de 2km.

      Des témoins oculaires affirment que la police a lancé des grenades lacrymogènes lorsque Amor ainsi qu’un groupe de supporters se sont approchés du fleuve tandis qu’un autre groupe s’est caché dans les parages. Amor Laabidi a demandé aux forces de l’ordre de l’interpeller ou de le laisser partir étant donné qu’il ne savait pas nager. Des témoignages concordants affirment qu’un policier a demandé à Amor d’avancer vers le fleuve lui disant :"Apprends à nager" sans se soucier des cris de détresse du jeune homme qui s’enlisait dans les boues du fleuve Méliane. Ainsi, les eaux ont emporté le pauvre garçon sous les regards de ses camarades et de ceux des forces de l’ordre.

      La protection civile n’a pu retrouver le corps de la victime qu’au bout d’une nuit de recherche. Son frère, Alâ Laabidi a déclaré que la police l’a contacté pour l’informer de la disparition de son frère dans le fleuve. Il a par la suite accusé les force de l’ordre de la noyade de ce dernier s’appuyant en ceci sur les témoignages des amis de son frère défunt. Le Ministère de l’Intérieur a, pour sa part, rejeté en bloc ces accusations. Le porte parole dudit ministère le commandant Khalifa Chibani a affirmé que ces accusations sont trop exagérés.

      D’un autre côté, le syndicat des forces de l’ordre intérieur a dénoncé la campagne #apprend_à_nager la considérant comme calomnieuse envers les forces de l’ordre, porteuse de divisions entre eux et la population. De plus, le syndicat a mis en doute, via sa page Facebook, la version des témoins oculaires présents sur les lieux du fait (Oued Méliène) au moment de la noyade d’Amor Laabidi.

      Un reportage d’investigation télévisuelle a révélé qu’un gardien avait déclaré avoir pris une vidéo de la poursuite policière près du lieu des faits à Oued Méliène, ajoutant que le gardien était revenu sur ses déclarations et ait nié les faits.

      Le fait que des témoins changent leurs dits ou font machine arrière refusant de témoigner dans des affaires d’abus policiers est coutume dans ce pays. Ces dernières années, de nombreuses familles ont été victimes de harcèlement policier et d’extorsion afin de les obliger à abandonner les poursuites judiciaires contre des policiers accusés d’agressions et de torture. La semaine dernière, des milliers de personnes ont assisté aux funérailles de Amor Laabidi dont un grand nombre de supporters de plusieurs équipes de foot tunisiennes qui ont brandit le slogan #apprend_à_nager.

      Plusieurs figures médiatiques et politiques – parmi lesquelles le politique de gauche Mohamed Kilani, le rappeur Belhssan Empire – et des jeunes activistes ont re-twitté le hachtag #apprend_à_nager appelant à l’ouverture d’une enquête afin d’apporter la lumière nécessaire sur cette affaire.

      Des supporters on réagit par des gestes de soutient parmi lesquels des chants en hommage à l’âme du défunt. Et l’une d’elles porte le message suivant :"l’insurrection est en marche".

      Face à ce crime, on trouve un blackout total sur l’affaire de la part du gouvernement et des partis politiques. Feu Amor Laabidi est né à Fouchana qui se trouve à 10 km au sud de Tunis. Cette région qui souffre de la marginalisation et de l’absence des moyens de loisirs. Dans cette région, la seule passion des jeunes reste le football sous l’égide des groupes ultras en l’absence de tout horizon pour les jeunes et pour le pays tout entier.

      Amor se préparait à passer le baccalauréat dans deux mois. Ces amis le décrivent comme un jeune homme non violent, sans antécédents judiciaires ni appartenance à une mouvance radicale, passionné par son équipe de foot. Pour le groupe de supporter North Vandals, auquel il appartient "son seul tort est d’être un citoyen tunisien"

      Face au silence assourdissant de la classe politique et du gouvernement autour de cette affaire, plusieurs activistes à leur tête le chanteur Bayrem Kilani (alias Bendirman) opposant historique à l’ancien dictateur Ben Ali, ont lancé une pétition en ligne demandant l’identification des responsables de la mort de Amor Abidi et leur différenciation qui a réunit jusqu’à ce jour plus de 2000 signatures. Cette signature mentionne que la Tunisie est le seul pays qui représente une exception dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à avoir connu une réelle évolution vers la démocratie, fruit du printemps arabe. Cependant, les agressions contre la jeunesse marginalisée continuent. La pétition a été recueillie par une totale indifférence de la part du Gouvernement et des politiciens Tunisiens.
      Des activistes se sont interrogé sur le danger que peut représenter Amor Laabidi pour qu’il soit poursuivi et traité de la sorte.

      La colère des Tunisiens continue sur les réseaux sociaux. La page ’’تعلم عوم’’ (apprends à nager) a publié des dizaines de photos de Tunisiens vivant en Tunisie ou à l’étranger avec des écriteaux où on peut voir la mention "apprends à nager : Justice pour Amor Abidi" afin d’attirer l’attention de l’opinion publique tunisienne et internationale sur les graves atteintes au droits de l’hommes par les forces policières dans une totale impunité. Le Ministère de l’Intérieur a rejeté en bloc toutes les accusations contre ses agents. Ces dépassement, sont considérés en Tunisie comme un sport national puisqu’un ex-ministre de l’intérieur a qualifié ces accusations de calomnieuses.
      Le Club Africain a appelé le Ministère de l’Intérieur à ouvrir une enquête sur le meurtre du jeune homme et a charger un groupe d’avocats pour faire le suivi de l’enquête.
      L’un des groupes ultras de la Curva Nord a adopté le slogan "apprends à nager", "justice pour Amor Laabidi". Il a appelé, dans un communiqué officiel, tous les supporters de tous les groupes à surmonter leurs différents face à ce qu’il a appelé "les ennemis de la vie".

      La mort tragique d’Amor Laabidi n’est qu’une autre station de violation exercée par l’état sur les fans du sport depuis des années comme un acte violent toléré socialement. Amor Laabidi est une autre énième victime de la violence policière qui continu depuis la Révolution et qui produit plusieurs victimes dans un blackout médiatique et une impunité ce qui lui a donné une légitimité politique et sociale. C’est aussi un échec de l’État à encadrer les supporters en colère. La violence dans les stades intériorise une partie du refus des problèmes aussi bien politiques que sociaux dont souffre le pays. Les stades de foot ont toujours été le berceau des mouvements sociaux produits de la frustration face à la situation désastreuse que connaît le pays.

      La reconduite de l’état d’urgence est un écran politique qui cache et légifère la violence policière contre les groupes citoyens. Takriz (1er mouvement leader dans la liberté de l’expression et la cyber-dissidence pour les libertés individuelles en Tunisie depuis l’ère Ben Ali) a publié un communiqué après la mort d’Amor Laabidi dans lequel on déclare que les terrains de sport sont la propriété du peuple tunisien et que les parties à huis clos sont une sorte de répression et d’humiliation dans un pays où les tunisiens ont payé leur liberté par leur sang.

      Le mouvement "apprends à nager", a très vite pris de l’ampleur la semaine dernière. Les activistes continuent à partager les photos de soutient qui appellent à la divulgation de la vérité. Même les groupes de supporters qui ont des différends ont produit des chants de révolte qui appellent à la justice et à l’arrêt des agressions à l’encontre des ultras.

      Le silence de la majorité de la classe politique (à l’exception de quelques partis politiques de gauche tel "La Jeunesse d’Al Watad" : Le Parti des Partisans Démocrates Unifié) creuse l’écart entre elles et la jeunesse.

    • #Learn_to_swim : Tunisians cry out against Police Oppression. https://docs.google.com/document/d/19YYI0SHFKjZCbmZqAqByFa8rl3LJx8PR99lU7elb1r4/edit

      Amor Laabidi, the most recent among countless victims of Police repression, perduring even after the revolution.

      Last couple of weeks, a hashtag (#تعلم_عوم : meaning “learn to swim”) trended through social networks in Tunisia. It gradually gained momentum to manifest in a popular unrest.
      What was outwardly the public outcry over the murder of the Tunisian young man “Amor Laabidi” (following a Police foot pursuit) was inwardly a profound set of messages to the Authority. “No impunity” in particular.

      On the 1st of April, 2018, national public opinion has been shocked by the news of death of the Young Amor Laabidi, left to drown by Police officers, following a National League Football game between Club Africain and Olympic Medenin which took place a day before, March 30th.

      Amor Laabidi, 19 years old, died after being shoved by a police officer to river “Oued Miliane”, according to eyewitnesses .This was the outcome of a relentless foot pursuit engaged initially by Police officers to break scuffles among groups of football supporters in the northern stands of “Rades Olympic Stadium” in Rades (9km away from Tunis, Tunisia’s Capital).

      Police Officers on-duty in the stadium attacked supporters after clashes between different groups in the Northern Curva (the northern stands of the stadium, reserved traditionally to the supporters of Club Africain). After dislodging all of the supporters from the stands, police officers relentlessly chased a group of supporters who flew in the direction of river “Oued Miliane”, situated at nearly 2 kilometers away from the Stadium.

      According to some eyewitnesses, Police officers had used tear gas when the mentioned group approached the river. Some of them hided, others jumped in the river to swim away. Amor Laabidi, unable to swim, had asked the police officers to either arrest or let him go.

      The similar witness accounts confirm that a certain policeman ordered Omar to dive in the river and “learn to swim”, neglecting the young man’s appeal for help, who soon got stuck in the muddy waters of the river and got carried away before the very eyes of his friends and the mentioned policeman.

      Civil defense had found the corpse of Amor Laabidi, after a full night of searching. Alaa Labidi, Amor Laabidi’s brother, has declared that Police Officers had contacted him to transmit the news of the disappearance of his brother in the river. Yet he accused Police officers’s complicity in the accident, based on and consistent and corroborated accounts of eyewitnesses, all of which are Omar’s friends.

      The Tunisian Ministry of the Interior in turn has denied all accounts affirming Police Officers’ involvement with Omar’s drowning. The Interior Ministry spokesman, Admiral Khelifa Chibani, that these accounts “are exaggerated” .

      The syndicate of Internal Security Forces has denounced the #تعلم_عوم (learn to swim) campaign, claiming that it stirs up the public against Police officers and incite hate and commotion between the Tunisian people and them. It has even suspected the integrity of the accounts stated by the eyewitnesses who were present at the moment Omar drowned.

      A television report has revealed that a local citizen had filmed the police pursuit somewhere nearby the incident’s scene. The report has also confirmed that this person changed his statements and deleted the video from his phone.

      Witnesses retracting their statements and abstaining from testifying in cases involving Policemen abuses and violations is not big big news in Tunisia. Throughout the past years, victims of Police abuse, along with their families, have been blackmailed and threatened to drop their complaints against some police officers, perpetrators of abuse and torture offences.

      Thousands of Tunisians have attended Amor Laabidi’s funeral, among which a lot of football supporters were present. The past week witnessed a lot of support throughout Stadiums, banners reading #تعلم_عوم (learn to swim) were risen. A lot of public figures living both in and outside of Tunisia have joined the campaign, tweeting the hashtag #تعلم_عوم. The main demand is to conduct an official investigation casting light on the whole incident, and punishing the perpetrators.

      The community of football supporters has naturally joined the campaign through numerous gestures of solidarity, from communiqués to songs honoring the memory of Amor Laabidi. One particular song, claims that “the uprising is coming”.

      Amor Laabidi was born in Fouchana, a town ,despite being at just 10 km south from the capital, suffer marginalization and absence of entertainment and cultural activities. Under these conditions, youngsters like Amor Laabidi are left with groups of Football Supporters as their sole outlet and breathing space, in a country where youth feel a permanent frustration and a lack of social, economical and political perspectives.

      Omar was set to sit for the national baccalaureate exam in two-months’ time. His friends confirmed that he was a non-violent person, and had a clean criminal record. He was not an extremist in any aspect. As stated by his supporters’ group, the North Vandals, "his only guilt was the fact that he is a Tunisian citizen

      The crime was met with complete indifference from both the government and the politicians.

      And in front of the government’s dubious policy of silence, numerous activists, notably the artist Bayram Kilani (AKA Bendirman), who has been opposing the authorities since Ben Ali, have issued an electronic petition “Justice for Omar”, calling to uncover the murderers of Omar and prosecute them. So far, the Petition counts more than 2k signatures.
      The petition says that “In Tunisia, a country which is often described as portraying the only glimmer of hope in terms of human rights in the MENA region, the only Arab spring country which effectively developed into a democracy” and that “, a crime which was greeted with widespread indifference by the Tunisian Government and politicians of all sides.”

      Some activists have questioned the logic behind the pursuit that let to this tragedy, and the “potential danger” of Omar and his friends leading the police officers to hunt them for more than 2 km.