#les_libraires_ont-ils_des_âmes_

  • Un entretien avec Alexandre Balcaen sur du9, au sujet de la BD, du monde éditorial, de l’art, de sa nouvelle maison d’édition Adverse, et des gros cons en général :

    http://www.du9.org/entretien/adverse

    "Il y avait cette idée d’essayer — un peu laborieusement, parce que je ne suis pas théoricien, je ne suis pas sémiologue… — d’essayer de formaliser des choses qui sont encore peut-être plutôt de l’ordre de l’instinct. Cette idée que dès que l’on a deux images qui commencent à se frotter, dès que l’on a du texte qui commence à se frotter avec une image, rien que ce début de friction génère quelque chose de très particulier qui n’appartient ni au champ des arts plastiques, ni au champ de la littérature, et que c’est cette zone indéterminée qui pour moi est vraiment l’essence, le cœur de la bande dessinée. Et qu’on peut donc la trouver à beaucoup d’endroits.
    Dans le cadre du travail que l’on a pu réaliser avec Gérald Auclin dans la revue DMPP, on a mené plusieurs entretiens avec des auteurs. Il y a une chose qui m’avait frappé, qui était revenue dans le discours de Matti Hagelberg et de manière un peu différente dans le discours de Ben Katchor : ils parlaient de diagrammes, d’agencement… Cela rejoint l’idée de tous les arts, il y a toujours des histoires d’agencement. Mais la bande dessinée, j’ai l’impression, travaille particulièrement là-dessus et peut tout à fait travailler avec juste des formes, des motifs géométriques, des masses, des rapports de profondeur — je ne sais pas, cela peut être vraiment n’importe quoi. Finalement, la question de l’agencement, du montage… une fois que l’on a été sensible à ça par l’intermédiaire de la bande dessinée, je dirais que c’est quasiment susceptible de transformer le regard. On peut errer dans la rue, être saisi par une image puis une autre et, tout d’un coup, il y a une connexion qui se met en place. Là — pareil, je ne suis pas du tout spécialiste en sciences cognitives, donc je ne sais pas comment cela se joue au niveau du cerveau — mais j’ai parfois l’impression que j’ai des manières de percevoir le monde qui sont liées au fait que je suis lecteur de bande dessinée.
    [...]
    Ensuite, quant à l’aspect économique et la diffusion, je sais déjà que ce sont des bouquins qui vont être difficiles, parce qu’a priori il n’y a pas vraiment de public identifié comme tel. C’est un public très délétère. Il y a des gens qui vont s’intéresser à ces formes-là mais qui disent : « je suis amateur d’art contemporain » ou « je suis amateur de dessin », voire « je suis amateur de bande dessinée ». Mais il n’y a pas de circulation, il n’y a rien qui agrège tout ça. Pour moi, c’est cette espèce de trou entre tous ces champs qui provoque une absence de circulation et ça me perturbe infiniment. Là, je n’ai pas encore commencé le travail de diffusion, donc je ne sais pas où seront effectivement placés ces livres-là, mais je sais déjà qu’il y a un problème."
    Pour préciser un truc : même si son manifeste porte sur la bande dessinée (en un sens très large et très généreux), ça concerne surtout le geste éditorial, à savoir, rendre public un truc qui l’était pas. Ca peut intéresser même un brouteur de code ou le webmestre d’un site sur les huiles essentielles.

    Je rappelle que : on peut -et on doit- souscrire aux premiers livres publiés par Adverse ici :
    http://adverse.livre-avenir.org
    Vu la qualité des bouquins, je vous assure que c’est pas cher payé. Vous refuseriez, vous, une fondue savoyarde pour le prix d’un kinder surprise ?

    #bande-dessinée #un_éditeur_est_le_contraire_d'un_publieur #nous_sommes_tous_l'anagramme_de_bancale #éditions_Adverse #les_libraires_ont-ils_des_âmes_ ?