• Les racines féministes et lesbiennes autonomes de la proposition décoloniale d’Abya Yala
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    Pendant longtemps, le récit de l’invasion coloniale, marqué par des batailles et des résistances viriles, a été monopolisé par les hommes, en commençant par les envahisseurs, suivis par les envahis, principalement les fils métis des premiers. Très peu de femmes ont été mises en lumière, si ce n’est pour illustrer la quintessence de « la trahison ». Ainsi au Mexique, on parle beaucoup du « Malinchismo« , critiquant fondamentalement la Malinche, femme indienne accusée d’avoir « trahi sa race », alors qu’en réalité on peut penser qu’elle avait été « offerte » à l’envahisseur à des fins politiques, pour le servir sexuellement, procréer et l’aider en tout. Dans son fameux essai, Octavio Paz suggère que la « femme Indienne violée », la mère primitive (ce n’est jamais une Africaine), est précisément considérée comme une femme « foutue » (chingada), et donc stigmatisée, même par ses propres fils. Cela provoquerait chez ces derniers une faible estime de soi aux profondes conséquences —on remarque que les enfants sont toujours pensé-e-s au masculin, et que, au lieu de condamner des violeurs, des hommes blancs-métis, le récit condamne les femmes racisées violées, en leur faisant porter la culpabilité du viol. Et José Vasconcelos, ministre révolutionnaire de l’éducation à partir de 1920, de se charger de populariser l’existence et la supériorité supposée de ce qu’il a nommé la Race de bronze [Raza de bronce], un peu avant que Gilberto Freyre ne décrive au Brésil, dans des termes somme toute positifs et perversement érotisés, les « unions informelles » et les viols par des maîtres blancs, commis sur des travailleuses noires réduites en esclavage, comme la base de la supposée « démocratie raciale » brésilienne. Opposée à certaines formes du racisme ségrégationniste qui ont pu exister aux États-Unis et autres colonies anglaises ou hollandaises, l’idéologie du métissage pratiquée dans les colonies luso-espagnoles a été progressivement construite comme non-raciste, et glorifiée comme telle. Juste un détail, ces hommes blancs-métis et aisés ont oublié le caractère forcé et la terrible violence, pour les femmes racisées et appauvries, de ce métissage. Comme mères, et encore plus comme filles, elles avaient été totalement oubliées de la discussion...

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