#lexicographie

  • Alain Rey, l’un des maîtres d’œuvre du dictionnaire Le Robert, est mort
    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/10/28/alain-rey-l-un-des-maitres-d-uvre-du-dictionnaire-le-robert-est-mort_6057656

    En répondant à une petite annonce parue dans… Le Monde, le jeune Alain Rey fit une rencontre déterminante. En effet, au tournant des années 1950, l’héritier d’une riche famille pied-noir d’Orléansville, Paul Robert, frustré des limites des dictionnaires existants, nourrissait le projet d’un ouvrage de type nouveau, basé non plus seulement sur l’ordre alphabétique, mais aussi sur des renvois analogiques (l’intertextualité avant l’heure…). Sa référence : le dictionnaire d’Emile Littré (1801-1881). Alain Rey participa à cette « entreprise imaginative et invraisemblable » aux côtés de Josette Debove, sa future épouse. Celle-ci, lexicographe, sémiologue et universitaire, est morte en 2005, après une vie commune et une collaboration de cinquante années. Le couple n’a pas eu d’enfants, mais les nombreux ouvrages auxquels ils ont contribué constituent une postérité sans égal.
    Et tout d’abord le « Grand Robert », dont la première édition (1953-1966), sous l’autorité de Paul Robert, sera suivie d’une deuxième (en 1985), avant une nouvelle édition augmentée (en 2001, avec Danièle Morvan). Un travail titanesque de réactualisation, exigeant la minutie de moines bénédictins, mais qui a bénéficié au fil du temps des apports de l’informatique et des techniques d’impression les plus performantes. Bien loin des fiches manuscrites de Paul Robert, à Casablanca, lors des débuts de l’entreprise…
    En 1967 parut la première édition du Petit Robert (sous la triple houlette d’Alain Rey, Josette Rey-Debove et Henri Cottez), qui, « remanié et amplifié », fut suivi du Petit Robert des noms propres. Incontestable nouveauté par rapport à son concurrent, le septuagénaire Petit Larousse illustré : une plus grande ouverture au français du Québec ou de Bruxelles, une aptitude à capter l’air du temps, à intégrer les mots de tous les jours, y compris les onomatopées ou les mots argotiques. Alain Rey, grand et éclectique lecteur, n’hésita pas à illustrer les définitions par des exemples issus de la littérature vivante, de Céline à Frédéric Dard en passant par Raymond Queneau. Le Petit Robert est, à sa manière, un enfant de Mai 68.

    Car Alain Rey fut, à cheval sur deux siècles, un héritier érudit mais toujours modeste des humanistes de la Renaissance, de Rabelais surtout, qu’il pratiquait au quotidien. Ainsi que des savants, penseurs et philosophes perses, hébreux, arabes ou grecs qui ont élaboré, traduit et transmis nombre d’écrits fondamentaux de l’humanité.

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