• « D’Invisible à Visible » : l’ancienne députée Rachel Keke lance son association pour visibiliser les métiers précaires - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/societe/dinvisible-a-visible-lancienne-deputee-rachel-keke-lance-son-association-p

    Première femme de chambre élue à l’Assemblée nationale en 2022, Rachel Keke se bat pour les plus précaires. Et si elle n’a plus son siège députée, cela ne l’empêche pas de continuer son combat, ce qu’elle compte bien faire avec sa nouvelle association “d’Invisible à Visible” lancée le samedi 14 juin.

    #Rachel_Keke s’est fait connaître du grand public en 2019. Femme de chambre puis gouvernante à l’hôtel Ibis Batignolles, elle et ses collègues se mettent en grève pendant 22 mois pour protester contre leurs conditions de #travail. Elles dénoncent alors leur exploitation facilitée par le système de sous-traitance, leur #précarité et les cadences imposées… Une lutte qui portera ses fruits en 2021 et leur permettra d’obtenir gain de cause sur un bon nombre de leurs revendications.

    Forte de cette victoire, elle se lance en politique et devient en 2022 la première #femme_de_chambre élue députée dans la 7ème circonscription du Val-de-Marne. Mais à l’été 2024, le président de la République annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. Elle perd alors son siège de députée à une centaine de voix près.

    L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Rachel Keke en a décidé autrement. Elle considère que sa lutte pour les droits des « invisibles » n’est pas finie et crée son association « d’Invisible à Visible », pour apporter de la force, une voix et le respect de leurs droits à ceux qui n’en n’ont pas. Interview.

    #Bondyblog #LFI

    Rififi - Brigitte Fontaine. album Kekeland
    https://www.youtube.com/watch?v=CWYXJth85Gg

  • À l’Assemblée, une atmosphère de « #chasse_aux_sorcières » contre les collaborateurs insoumis

    La #commission_d’enquête de #Laurent_Wauquiez sur les « liens » entre La France insoumise et les « réseaux propageant l’idéologie islamiste » a été jugée irrecevable après un vote très serré. Mais les collaborateurs parlementaires ciblés, tous racisés, dénoncent le fantasme d’un « #complot_musulman » dont ils font les frais.

    La commission d’enquête parlementaire contre #La_France_insoumise (#LFI) voulue par Laurent Wauquiez n’aura pas lieu. Le président du groupe Droite républicaine (DR) à l’Assemblée nationale l’avait annoncée en grande pompe à la mi-mai sur Europe 1, radio du groupe Bolloré, suscitant la joie de la fachosphère. Elle ciblait explicitement le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et était censée mettre au jour ses « liens » avec « des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’#idéologie_islamiste », selon son intitulé.

    Mais elle a été jugée irrecevable lors d’un vote très serré en commission des lois mardi 3 juin (lire encadré). « C’était le va-tout de Laurent Wauquiez avant le congrès du parti Les Républicains », rappelle la députée communiste Elsa Faucillon, membre de la commission des lois. « Au-delà même du contenu crasse de son exposé des motifs, la forme n’était pas recevable : non seulement les éléments sont très opaques, mais cela revenait à utiliser les moyens de l’Assemblée pour un agenda politique personnel », explique-t-elle.

    La nouvelle a provoqué un « ouf » de soulagement dans les rangs de LFI, où le vote était guetté avec inquiétude. Depuis plusieurs mois, des tentatives de proscription de plus en plus officielles se multiplient et marquent de simples militant·es au fer rouge. « Je suis abasourdie, je me demande si un jour un ministre de l’intérieur ne va pas appeler à notre dissolution, alors que jusqu’à présent cela relevait de la fiction », témoigne Manon Monmirel, collaboratrice parlementaire du député insoumis Éric Coquerel.

    Le texte de Laurent Wauquiez ciblait sans les nommer – mais explicitement – certains collaborateurs et collaboratrices parlementaires du groupe présidé par Mathilde Panot. Sans aller aussi loin que le dossier du magazine d’extrême droite Frontières, qui avait jeté en pâture une dizaine de noms au mois d’avril en leur imputant le plus souvent des informations partielles – voire fausses – ou de simples messages politiques, il reprenait à son compte le même soupçon « d’#entrisme par des organisations ou militants islamistes dans la perspective des futures échéances électorales », notamment les municipales de 2026.

    La difficulté à se défendre

    Celles et ceux dont les noms avaient été diffusés dans le magazine s’attendaient donc à être auditionné·es, avec tout ce que cela comporte de risques en matière d’exposition à la vindicte sur les réseaux sociaux. « C’était à nouveau le risque de subir du cyberharcèlement, d’avoir des problèmes d’employabilité, sans moyen de se défendre juridiquement », commente Louise Brody, membre du bureau de la CGT collaborateurs et collaboratrices parlementaires, invoquant le coût financier des poursuites pour diffamation.

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    La #commission_Wauquiez échoue de peu

    Le coup est passé tout près. À l’issue d’une heure de réunion, la commission des lois a finalement jugé irrecevable la proposition de résolution de Laurent Wauquiez visant à créer une commission d’enquête sur « les représentants de mouvements politiques […] soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste ».

    Vingt-trois députés se sont prononcés contre, autant pour, l’égalité étant insuffisante à valider le processus. L’ensemble de la gauche, qui a tout fait pour enterrer cette commission « indigne », a aussi pu compter in extremis sur l’abstention de quelques députés macronistes, à commencer par le président de la commission des lois Florent Boudié.

    Ils ont pourtant été nombreux à défendre l’initiative. Le député Droite républicaine Vincent Jeanbrun, qui prenait la parole pour son chef de groupe – lequel a brillé par son absence –, a ainsi dénoncé, à l’instar de l’extrême droite, les acteurs politiques qui seraient les « relais » de « l’idéologie islamiste qui s’infiltre dans nos institutions ».

    Loin de s’opposer à la criminalisation manifeste d’un adversaire politique, le camp présidentiel – qui a laissé liberté de vote à ses commissaires – est même allé encore un cran au-dessus, Sébastien Huygue s’indignant d’une prétendue « complaisance entre élus et réseaux islamistes, voire terroristes ». Feignant d’imaginer que cette commission d’enquête pourrait être autre chose qu’un « règlement de comptes politiques », le MoDem ne s’est pas opposé non plus. De même que les députés Horizons, le parti d’Édouard Philippe, qui ont voté en faveur de la #recevabilité.

    La gauche s’est finalement retrouvée bien seule à dénoncer un « procès politique », une entaille grave dans la séparation des pouvoirs, et l’« agenda islamophobe » de Laurent Wauquiez. Ancien macroniste, le député Paul Molac, aujourd’hui membre du petit groupe centriste Liberté, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), a résumé cette « cabale politicienne » d’une saillie : « Ça me rappelle le maccarthysme ou la révolution culturelle. Je proposerais bien [à Laurent Wauquiez] de se mettre au vert à Saint-Pierre-et-Miquelon. »

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    Après la parution du numéro Frontières sur le « parti de l’étranger » – expression maurrassienne utilisée pour qualifier LFI –, certain·es ont fermé leurs comptes sur les réseaux sociaux et ont pris pour habitude de créer des boucles Telegram pour signaler la présence de ces journalistes qui militent activement pour l’« union des droites ».

    « Certains d’entre nous étaient tétanisés, et on avait tous remarqué que 90 % des collabs cités étaient racisés », se souvient Manon Monmirel. « Dans leur matrice, parce qu’on est arabe ou noir, on a une proximité avec le terrorisme islamiste », résume Aziza Nouioua, collaboratrice parlementaire de Thomas Portes, ciblée par Frontières pour avoir relayé des posts d’Urgence Palestine – que le ministère de l’intérieur veut dissoudre –, de l’Association France Palestine solidarité (AFPS) ou encore de la campagne BDS.

    Ismaël El Hajri, collaborateur parlementaire de Louis Boyard, a fait l’expérience de cet amalgame raciste avant même la parution de Frontières. Après un portrait dans Le Journal du dimanche (Le JDD) en septembre 2024 signé Alexis Bergeron – un pseudonyme selon toute vraisemblance –, s’appuyant sur un thread du compte X « Les Corsaires » – un collectif « pro-liberté d’expression » marqué à l’extrême droite –, son nom a été mentionné par Le Figaro Magazine dans un article qui posait cette question : « Si LFI profite de la communauté musulmane pour obtenir des votes, ce parti est-il devenu un cheval de Troie pour les islamistes afin d’exercer une influence politique et sociale ? »

    Sans avoir été contacté, il y était décrit comme « proche » de l’imam Iquioussen et « ancien militant engagé pour la défense de Baraka City et du CCIF [Collectif contre l’islamophobie en France – ndlr] ». « Sous mes yeux, un mensonge devient vérité journalistique », écrivait-il alors sur X, ajoutant : « Si l’on m’attaque aujourd’hui, c’est pour ce que je suis : un enfant de l’immigration maghrébine, militant antiraciste qui travaille à l’Assemblée nationale. »

    Le Figaro Magazine n’avait pas publié son droit de réponse mais avait supprimé le passage contesté en ligne, « dans un souci d’apaisement », selon un courrier du directeur général du groupe Marc Feuillée, consulté par Mediapart. « C’est la preuve absolue que c’était répréhensible du point de vue du droit de la presse », affirme Simon Peteytas, avocat d’Ismaël El Hajri. Celui-ci en était resté là, faute de moyens. « La diffamation est une procédure coûteuse, et ce sont des infractions difficiles à caractériser », convient l’avocat.
    Un cas emblématique

    Le mal est en tout cas fait pour le militant de Villeneuve-Saint-George (Val-de-Marne). « Si on tape mon nom sur Google, on tombe sur des dizaines d’articles qui me disent “islamiste” sans aucune preuve factuelle, dit-il. On a essayé d’alerter sur cette dérive : comment un mensonge a pu devenir une vérité dans un magazine mainstream ? Nous sommes victimes des jeux d’influence et de surenchère entre les macronistes, LR et le Rassemblement national. Et cela n’avait jamais pris une forme aussi sérieuse que la possibilité d’une commission d’enquête. »

    Pour le député insoumis Antoine Léaument, membre de la commission des lois, il y a en effet « un franchissement de seuil ». Le cas le plus emblématique de cette dérive est celui de Mohamed Awad, collaborateur parlementaire de Paul Vannier. Quand il a lu l’exposé des motifs de la commission d’enquête, celui-ci s’est immédiatement reconnu – il était lui aussi parmi les personnalités ciblées par Frontières pour avoir été responsable de la section locale des Jeunes musulmans de France à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

    Le trentenaire, petites lunettes sur le nez et crâne déjà dégarni, a été investi par LFI en 2024 dans la quatrième circonscription du département francilien, fief de Marie-George Buffet, pour croiser le fer avec la sortante communiste, Soumya Bourouaha, qui a été élue. Depuis son joli score de 40 % à La Courneuve, son nom circule pour les municipales de 2026. Et cette percée coïncide aussi avec le début d’un harcèlement médiatique intense.

    Deux jours avant le second tour, Le JDD avait lancé les hostilités : « LFI a-t-elle investi un ancien responsable d’une organisation islamique cofondée par Hassan Iquioussen ? » Le magazine de Vincent Bolloré se basait sur les propos du militant d’extrême droite Damien Rieu, qui en voulait pour preuve un journal municipal daté de 2016. Page 11, on aperçoit Mohamed Awad, présenté comme un « président de l’association JMF de La Courneuve ».

    « Jeune Musulman de France » : cette association de quartier, de loi 1901, avait alors pignon sur rue, bénéficiant de plus de 50 000 euros de subventions publiques émanant de l’État, de la région, du département et de la ville. Mohamed Awad, originaire de la commune, l’a rejointe après avoir suivi sa scolarité à Paris, à l’école des enfants du spectacle, où il a été envoyé pour ses talents de pianiste.

    Au programme : soutien scolaire, actions culturelles ou organisation de forums de l’orientation… « C’était un peu l’esprit de la JOC [Jeunesse ouvrière chrétienne – ndlr] par où sont passées Sophie Binet ou Marie-George Buffet. Je m’y suis investi pleinement », raconte celui qui est devenu trésorier de l’association.
    Monde parallèle

    Mais avec les attentats de janvier 2015, les choses changent. Toutes les subventions de l’État sont coupées brutalement, au motif que l’association serait un « terreau de radicalisation ». Le jeune homme de 22 ans obtient alors un rendez-vous avec le préfet de l’égalité des chances de l’époque, Didier Leschi. « Autour de la table, il y avait une personne chargée de la radicalisation : j’ai compris que c’était fini », se rappelle Mohamed Awad, qui dit avoir découvert ce jour-là ce qu’est « l’islamophobie d’État ».

    Diplômé de droit, il s’engage ensuite au sein de LFI dans le XVIIIe arrondissement de Paris, où il milite avec Paul Vannier, qui lui fait rapidement gravir les échelons. En 2020, il est propulsé sur la liste des municipales, puis devient secrétaire général du groupe insoumis à la région Île-de-France. Il est ensuite recruté en janvier 2023 comme assistant parlementaire du député du Val-d’Oise.

    Il déplore aujourd’hui qu’on le ramène « à une appartenance religieuse supposée ». « Je suis tout le contraire : ma vie militante repose sur l’idée de dire que les musulmans sont des citoyens français à part entière. Je sais que je cristallise un truc d’intégration que l’extrême droite déteste. On me refuse le droit d’avoir des aspirations politiques et de les mettre en œuvre », dit-il à Mediapart.

    « Ils veulent qu’on ait peur, qu’on ne puisse plus s’engager. Ils ne supportent pas qu’au cœur d’une institution qui représente le pouvoir, des gens défendent des positions antiracistes et anticolonialistes », abonde Aziza Nouioua.

    Cette ambiance de « chasse aux sorcières » n’étonne guère les Insoumis·es : l’enchaînement du rapport sur l’influence des Frères musulmans en France et de la commission d’enquête demandée par Laurent Wauquiez, ou encore la sortie de Bruno Retailleau sur les « barbares », voilà qui indique, à leurs yeux, le cap bien sombre du moment.

    « Tout cela participe à accréditer l’idée qu’il existe un complot musulman. Une réalité alternative est en train de passer pour une réalité tout court. Et dans ce cadre, LFI, conseillée dans l’ombre par des Noirs et des Arabes, ne peut être que le parti de l’étranger », décrypte Ismaël El Hajri, qui espère, comme ses collègues, sortir bientôt de ce monde parallèle.

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/030625/l-assemblee-une-atmosphere-de-chasse-aux-sorcieres-contre-les-collaborateu
    #FI #France_insoumise #islamophobie #racisme #irrecevabilité

  • La meute, un livre qui nous apprend autant sur le journalisme que sur LFI - AOC media

    via https://diasp.eu/p/17666045

    https://aoc.media/analyse/2025/06/02/la-meute-un-livre-qui-nous-apprend-autant-sur-le-journalisme-que-sur-lfi

    #politique #propagande #individualisme #néolibéralisme

    Parmi les livres consacrés à la France Insoumise (#LFI), La meute de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou se distingue par son succès éditorial et sa visibilité médiatique. Présenté comme une « enquête » sur le fonctionnement interne du mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon, l’ouvrage prétend « révéler » les violences symboliques, les dérives autoritaires et l’ambiance de courtisanerie qui régneraient dans les cercles dirigeants de LFI. Ce livre s’inscrit dans une longue tradition de récits journalistiques centrés sur les « coulisses » des partis et de la lutte pour le pouvoir. publicité

    Mais La meute est aussi un révélateur des limites structurelles du journalisme politique. (...)

    • (Mais La meute est aussi un révélateur des limites structurelles du journalisme politique.) ... En procédant à une analyse comparée avec une enquête sociologique que j’ai conduite entre 2018 et 2020 (Le populisme de gauche, La Découverte, 2021), je voudrais interroger ce que voit, ce qu’occulte et ce que fabrique ce type de production journalistique. À travers cette critique, il ne s’agit pas d’opposer les vertus de la science à la superficialité supposée du journalisme. Il s’agit de comprendre les conditions sociales de production de chaque régime de savoir, et les effets d’objectivation – ou de distorsion – qui en découlent.

      La critique que je propose ici se déploiera en cinq temps. Je reviendrai d’abord sur la personnalisation de l’analyse, La meute réduisant trop souvent la dynamique d’un mouvement collectif à la psychologie d’un seul homme. Je montrerai ensuite comment le livre produit une vision caricaturale du militantisme. J’examinerai en troisième lieu le traitement différentiel dont LFI est l’objet, à travers l’illusion d’exceptionnalité que construisent les auteurs. Je consacrerai un quatrième moment à l’analyse des routines journalistiques et de leurs effets de vision, avant de conclure sur les différents régimes d’intelligibilité politique qui animent le journalisme et la sociologie.
      La fascination-répulsion pour le leader

      Le livre de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou porte pour sous-titre « Enquête sur la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ». L’introduction de mon livre s’intitule « La France insoumise au-delà de son leader ». Deux perspectives se font face : réduire une dynamique collective aux tourments psychologiques de son leader (« pour comprendre LFI, il faut disséquer l’homme » et « faire l’exégèse de ses frustrations ») vs examiner ce que les conditions sociales font aux pratiques politiques d’un individu et sur ce que ces pratiques disent de notre société.

      La dimension la plus saillante de La meute est la centralité absolue accordée à Jean-Luc Mélenchon. Dès les premières pages, l’ancien candidat à la présidentielle est décrit comme une figure à la fois charismatique et destructrice, adulée et redoutée, omniprésente et insaisissable. Les auteurs mobilisent un lexique quasi-psychanalytique : ils parlent de ses colères, de ses dépressions supposées, de ses complexes, de sa mégalomanie latente. On lit par exemple que Mélenchon est capable « d’humilier » ses plus proches dans un silence « glacial », qu’il se vit en « prophète », ou encore qu’il préfère « la soumission » à la contradiction ».

      Ce type de portrait produit une anthropologie morale de la politique : les propriétés sociales des agents sont remplacées par des traits de caractère, les logiques structurelles sont réduites à des tempéraments et les conflits politiques sont reconfigurés comme des histoires de fidélité ou de trahison. Il en résulte un effet de subjectivisation : la politique est ramenée à un théâtre d’ombres peuplé de personnages emblématiques. La logique des institutions, des règles, des ressources militantes disparaît.

      Dans cette perspective, le mouvement devient l’ombre portée de son fondateur. Toute dynamique organisationnelle est rapportée au psychisme d’un seul homme. Le récit produit ainsi une illusion de causalité descendante : c’est parce que Mélenchon est colérique que les cadres partent ; c’est parce qu’il est mégalomane que les listes sont verrouillées ; c’est parce qu’il est paranoïaque que les conflits internes s’exacerbent. Une telle lecture ignore les médiations, les épreuves, les négociations, les inerties, bref tout ce qui fait la réalité complexe d’une organisation politique.

      Dans Le populisme de gauche, j’avais tenté de procéder autrement. Plutôt que d’expliquer les tensions internes par les traits d’un leader, j’avais objectivé les effets de structure liés à un modèle organisationnel mouvementiste, à une arène politique présidentialisée et à un champ médiatique guidé par l’audimat : une verticalité assumée, une absence de démocratie interne, une relation ambivalente aux médias, une mise en scène de la conflictualité. Ces éléments ne sont pas les produits de l’humeur d’un homme : ils sont le résultat d’un ensemble de choix stratégiques opérés sous une série de contraintes institutionnelles et de circonstances historiques.
      Une vision caricaturale du militantisme

      L’un des effets les plus délétères de La meute réside dans sa représentation du militantisme comme une forme de servitude volontaire et implacable. À de nombreuses reprises, les auteurs décrivent les membres de LFI comme des exécutants dociles, insensibles à la violence qu’ils subissent et/ou qu’ils exercent, prompts à obéir au chef, incapables de distance critique. On prétend que les insoumis répètent les éléments de langage sans broncher, qu’ils acceptent tout, par fidélité ou par crainte, et qu’ils se battent pour défendre leur gourou, même quand ils savent qu’il a tort.

      Cette vision relève d’un schéma que la sociologie du militantisme ne peut confirmer : celui d’un militant « aliéné », soumis aux caprices du chef, incapable de recul. Les données ethnographiques dont je dispose contredisent cette hypothèse. Les militants que j’ai interrogés – à Paris, Marseille, Amiens, Lyon ou Toulouse – sont loin d’être dupes des limites de leur organisation. Ils identifient souvent les manques de démocratie, la centralisation du pouvoir, les pratiques autoritaires. Mais ils en font une lecture stratégique : ces défauts sont perçus comme des effets de contexte, des contreparties d’une efficacité électorale, ou les symptômes d’un passage encore inachevé vers une forme organisationnelle plus démocratique.

      Les militant·es ne sont pas les objets passifs d’une entreprise de captation du consentement. Ils sont des acteurs sociaux dotés d’un sens pratique, capables d’adopter une posture distanciée, de formuler des critiques internes, voire de transgresser les injonctions venues d’en haut. Il n’est pas rare de voir des militants insoumis réécrire les tracts, réinterpréter les consignes nationales, détourner les slogans ou négocier avec les logiques locales. Autrement dit, ils bricolent leur engagement.

      Charlotte Belaïch et Olivier Pérou présentent les militant·es insoumis comme des « pions » que le leader déplacerait et manipulerait à sa guise. Je ne souhaite pas tordre le bâton dans l’autre sens. LFI, c’est vrai, est une organisation qui dépossède les militants au profit du leader et des sympathisants. J’y ai consacré un chapitre entier de mon livre. Mais cette dépossession n’est pas la soumission grégaire d’une « meute » à son « mâle alpha ». La question intéressante – politiquement, intellectuellement – à poser est de comprendre comment et pourquoi des militants acceptent de jouer un jeu qu’ils peuvent par ailleurs critiquer. La meute empêche de poser cette question.
      L’illusion d’exceptionnalité

      Un troisième travers de La meute est sa tendance à présenter comme spécifiques à La France Insoumise des phénomènes qui relèvent, en réalité, de dynamiques structurelles propres à l’ensemble des partis contemporains. Les violences sexistes et sexuelles, les stratégies d’invisibilisation des dissidents, les tensions entre appareils et bases, l’abaissement du coût d’entrée dans les partis politiques, le développement de l’activisme numérique, les conflits autour des investitures ou la personnalisation du pouvoir ne sont pas des anomalies propres à LFI. Ces phénomènes traversent le champ partisan dans son ensemble, qu’il s’agisse du Parti socialiste, d’Europe Écologie – Les Verts, de Renaissance ou du Rassemblement national.

      Or les auteurs de La meute postulent dès leur avant-propos que « LFI n’est pas un parti comme les autres ». Une telle affirmation, dénuée de fondement comparatif, participe d’un traitement différentiel qui tend à construire une image d’exceptionnalité négative. La France insoumise serait pire que ses rivaux. Ce faisant, La meute occulte la généralité des transformations du champ politique : la présidentialisation des partis, la perte de pouvoir des militants, la gestion managériale des campagnes, la prégnance d’une culture patriarcale et d’une division genrée du travail militant, etc.

      Il y a là un effet de grossissement propre au regard journalistique : faute de pouvoir historiciser les phénomènes, les journalistes sur-interprètent leur nouveauté. Faute de pouvoir les comparer, ils les absolutisent. Cette illusion d’exceptionnalité permet de nourrir une dramaturgie éditoriale : LFI serait le théâtre d’un effondrement moral et d’une dérive sectaire. Or, si l’on replace les faits dans une perspective sociohistorique, on voit apparaître des régularités. La centralisation des décisions, par exemple, est renforcée dans tous les partis lors des campagnes présidentielles ; les mises à l’écart sont monnaie courante dans les partis à fort leader ; les conflits idéologiques se rejouent fréquemment sous la forme de conflits personnels. Ainsi, La meute pèche par absence de mise en contexte. Elle transforme en symptômes d’une dérive ce qui relève d’une logique plus générale du champ politique.

      Il existe bien sûr des différences entre LFI et les autres partis. Étudier ces différences, comprendre leur genèse et examiner leurs effets était au cœur du livre que j’ai produit il y a quatre ans. Dans La meute, ces différences sont absolutisées et essentialisées, ce qui empêche ainsi les auteurs d’effectuer la moindre comparaison avec d’autres partis. Aux yeux des auteurs, LFI n’est pas seulement différent de ses rivaux, il est « incomparable ». Le fonctionnement du PS, de Renaissance, de LR ou du RN n’est donc jamais évoqué dans le livre. Pas de sociologie sans comparaison, disait Durkheim. Le journalisme politique, lui, ne s’encombre pas d’un tel scrupule.
      Sur quelques contraintes et routines journalistiques

      Il serait injuste d’attribuer aux seuls auteurs de La meute les biais observés dans leur ouvrage. Ceux-ci tiennent largement aux routines professionnelles du journalisme politique, et à la configuration du champ médiatique dans lequel il s’insère. Enquêter sur un mouvement politique, dans le cadre d’un journal de presse écrite, impose un certain nombre de contraintes : travailler dans l’urgence, répondre à l’attente d’un lectorat informé mais impatient, produire du récit plutôt que de l’analyse, mettre en avant les personnes plus que les structures.

      Entre 2018 et 2020, pendant que je menais mon enquête sur LFI, j’ai également mené une sous-enquête sur les journalistes responsables de la « gauche » au sein du Monde, de Libération, du Figaro, du Parisien, de Mediapart, du Nouvel obs et de quelques autres. Je les ai rencontrés et longuement interrogés sur leurs parcours de vie, leur métier, leurs conditions de travail, leurs sociabilités, leurs opinions politiques. Tous mes interlocuteurs ont évoqué les contraintes susmentionnées. Ils décrivent un univers professionnel marqué par la concurrence entre rédactions, la pression des rédacteurs en chef, la rareté du temps d’enquête, l’ambiguïté des relations avec les sources, la nécessité de rendre les dissensions visibles pour que le politique « fasse événement ».

      Cette configuration engendre un double effet de vision. D’une part, elle produit un biais de survisibilité des dirigeants, au détriment des militants ordinaires. D’autre part, elle valorise les récits de rupture, les conversions spectaculaires, les défections dramatisées, au détriment des continuités souterraines, des pratiques ordinaires, des ajustements quotidiens. Loin d’être spécifiques à La meute, ces biais sont inhérents au journalisme politique. Ils expliquent pourquoi la sociologie, quand elle se donne le temps de l’enquête, produit une image du politique souvent à rebours de celle des médias : plus lente, plus nuancée, moins spectaculaire, mais aussi plus fidèle à la complexité du réel.
      Deux régimes d’intelligibilité de la politique

      Au terme de cette critique, il ne s’agit pas de récuser en bloc l’intérêt de La meute. L’ouvrage livre des informations utiles, donne à entendre des voix critiques, documente des faits que les instances dirigeantes de LFI auraient tort de minimiser. Mais il faut lire La meute pour ce qu’il est : un produit du champ journalistique, obéissant à ses logiques propres, qui limitent la portée de l’enquête.

      Ce que montre en creux la confrontation de ce livre avec une enquête sociologique, c’est la nécessité de penser LFI non comme une énigme psychologique, ni comme une dérive sectaire, mais comme une forme partisane spécifique, située historiquement, et travaillée par des tensions internes. Il faut replacer LFI dans l’histoire longue des gauches radicales, de leurs rapports au pouvoir, à l’État, aux médias, aux intellectuels. Il faut restituer la complexité des configurations militantes, les désaccords internes, les trajectoires sociales différenciées des cadres et des militant·es. Il faut, enfin, s’interroger sur ce que LFI fait aux dispositifs classiques de la représentation politique, et sur ce qu’elle révèle, par contraste, du dépérissement des partis traditionnels.

      À cette fin, la sociologie ne prétend pas dire le vrai contre le faux. Elle cherche à construire des objets, à articuler des registres d’analyse, à restituer les contradictions plutôt qu’à les trancher. Elle n’a ni l’immédiateté du reportage, ni la flamboyance du portrait. Mais elle a, parfois, le pouvoir de faire apparaître ce que le regard médiatique ne perçoit pas, ou ne peut pas percevoir. C’est dans cet écart – entre ce que le journalisme politique raconte, et ce que la sociologie peut faire apparaître – que se joue, aujourd’hui, une part essentielle de notre compréhension du politique.

      La comparaison entre La meute et Le populisme de gauche dépasse le cas particulier de La France Insoumise. Il s’agit de deux manières d’enquêter sur le politique, de deux régimes de vérité, portés par des univers professionnels différents. La divergence la plus visible tient à la temporalité. Là où le journalisme travaille sous contrainte d’urgence, avec une logique de révélation, la sociologie s’inscrit dans la longue durée et dans une logique de compréhension. Le premier privilégie les épisodes spectaculaires, les crises les conflits interpersonnels ; la seconde s’attache aux processus, aux bifurcations, aux trajectoires, aux routines. Le journalisme construit l’événement, la sociologie le réinscrit dans l’histoire.

      Une seconde divergence concerne le statut des sources. Dans La meute, les témoignages – souvent anonymes – sont présentés comme des faits bruts, porteurs d’une vérité auto-évidente. En sociologie, les entretiens sont des matériaux à interpréter, replacés dans un contexte, croisés avec d’autres données, analysés à partir d’un cadre théorique. La vérité n’est jamais immédiate ; elle est à construire dans un va-et-vient permanent entre matériaux empiriques, réflexions théoriques et comparaison chrono-historiques.

      Troisièmement, les deux approches se distinguent par leur degré de réflexivité. Les journalistes s’effacent généralement derrière le récit, laissant penser qu’ils accèdent à une forme de transparence sur le réel. Le sociologue, lui, explicite sa position, ses choix méthodologiques, ses limites. Il assume que tout regard est situé, et que l’objectivité réside moins dans une neutralité proclamée que dans une réflexivité assumée.

      Vient ensuite la question du régime de preuve. Le journalisme repose sur l’effet de révélation : une citation, une scène, un témoignage valent comme preuve. La sociologie travaille sur des configurations, des régularités, des effets de structure. Elle ne cherche pas à révéler, mais à expliquer. Là où le journalisme met en avant le spectaculaire, la sociologie construit du général à partir de cas empiriques singuliers.

      Enfin, les deux démarches n’ont pas la même finalité. La meute cherche à alerter, à dénoncer, à disqualifier. Mon enquête sociologique poursuivait un autre horizon : rendre intelligibles les logiques à l’œuvre dans un mouvement politique, en restituant ses tensions, ses contradictions et ses ambivalences. Elle ne disculpe ni n’accable, mais cherche à comprendre. La meute et Le populisme de gauche convergent sur de nombreux constats. Mais la posture des auteurs est différente. La meute dit à ses lecteurs qu’il faut faire barrage à La France Insoumise. Le populisme de gauche leur dit qu’ils sont suffisamment intelligents pour se faire leur propre avis.

  • À l’Assemblée, une atmosphère de « chasse aux sorcières » contre les collaborateurs insoumis

    La commission d’enquête de Laurent Wauquiez sur les « liens » entre La France insoumise et les « réseaux propageant l’idéologie islamiste » a été jugée irrecevable après un vote très serré. Mais les collaborateurs parlementaires ciblés, tous racisés, dénoncent le fantasme d’un « complot musulman » dont ils font les frais.

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/030625/l-assemblee-une-atmosphere-de-chasse-aux-sorcieres-contre-les-collaborateu

    #islamophobie
    #racisme
    #extrême_droite
    #LFI

  • Ce que nous dit l’acharnement médiatique contre LFI - Acrimed | Action Critique Médias
    https://www.acrimed.org/Ce-que-nous-dit-l-acharnement-mediatique-contre

    La principale force de gauche partisane en France est unanimement stigmatisée par les médias dominants, comme ne l’est aucun autre parti dans le champ politique… et de (très) loin. Si LFI ne saurait être au-dessus de toute critique, qui peut prétendre qu’il n’en va pas là d’un dysfonctionnement démocratique de premier plan ?

    Initialement paru en mars 2023, Les médias contre la gauche démontre le rôle majeur des grands médias dans le processus de radicalisation du projet néolibéral en France. Cette droitisation sans fin du débat public s’est encore accélérée aux cours des deux années qui se sont écoulées. Sociologiquement solidaires des intérêts des classes dirigeantes, les chefferies éditoriales – comme la plupart des commentateurs en vue – alimentent par leurs pratiques le pourrissement démocratique et demeurent évidemment réfractaires à toute critique des médias. Par suivisme, routine, dépendance, aveuglement ou activisme politique, ils participent à la contre-révolution réactionnaire qui gagne du terrain partout dans le monde, quand elle ne tient pas déjà les rênes du pouvoir.

    (Misère du journalisme et de la médiacratie)

  • Que penser des “révélations” sur LFI ?
    https://frustrationmagazine.fr/lfi-meute

    Depuis quelques mois, il y a rarement une semaine sans qu’une nouvelle polémique contre LFI (La France Insoumise) et son dirigeant, Jean-Luc Mélenchon, ne fasse le tour des médias. Ce parti serait “antisémite”, il chercherait à séduire un “électorat des banlieues”, il mettrait le chaos à l’Assemblée Nationale et empêcherait la sacro-sainte “union de la gauche”. A tel point qu’il était difficile pour nous d’être surpris quand a été annoncée la sortie d’une “enquête” peuplée de “révélations” sur LFI. Et pourtant : tous les grands médias se sont jetés sur ce livre “choc” et on fait des violences (verbales) à la FI le grand sujet de la semaine. “C ce soir” y a consacré une émission entière, la matinale de France Inter a immédiatement invité les deux auteurs, CNews et BFM TV ont tourné en boucle, Libération et le Monde se sont lancés à corps perdus dans la mission de révéler l’ampleur de la méchanceté de Mélenchon, toute la presse de droite évidemment mais aussi, plus étonnant et un poil consternant, des médias indépendants comme Mediapart, Regards ou Off Investigation. Bref, toute une meute médiatique s’est lancée à l’assaut de la France Insoumise, souvent pour paraphraser le livre et exprimer tour à tour son indignation. Pourtant, cette même semaine, le gouvernement israélien annonçait sa volonté d’en finir avec la population palestinienne de Gaza, en France on apprenait qu’un enfant apprenti de 15 ans, Lorenzo, décédait d’un accident de travail ou encore le lien entre la hausse terrifiante des cancers du pancréas et l’usage de pesticides en agriculture. Mais ces sujets n’ont pas autant tourné en boucle dans les journaux, TV et radios que les témoignages de petites phrases perfides de Jean-Luc Mélenchon et de certains cadres de la FI. Pourquoi une telle attention ? Est-ce que cette violence interne à LFI ne mérite tout de même pas notre indignation ? ...

    ... Car le programme des grands médias, privés détenus par des milliardaires comme Arnault, Bolloré ou Saadé et publics gérés par des proches de Macron, est très clair : il s’agit de remettre la gauche entre les mains des sociaux-libéraux, ces gens qui, depuis les années 80, mènent une politique de droite sur les questions économiques et proposent de micro-évolutions sur les questions dites de société. LFI est une anomalie, car contre toute attente, ses dirigeants ne se droitisent pas avec le temps, comme c’est d’usage dans l’oligarchie de gauche bourgeoise. Le parti a développé une analyse de l’islamophobie et du colonialisme qui est bien trop menaçante pour une classe politique qui souhaite pouvoir s’aligner, en toute quiétude, sur la rapide dérive vers l’extrême-droite que connaissent d’autres pays d’Europe.

    Alors même que LFI ne propose qu’un programme très modéré sur les questions de production et de partage des richesses, c’est déjà trop dans un pays dirigé par un ex-banquier d’affaires et dont plusieurs grands patrons rêvent d’être président. Tout irait mieux pour la classe capitaliste si le leadership de la gauche française revenait au PS, qui l’a tant servi par le passé. Par ailleurs, ce parti et ses satellites pourraient constituer une belle continuité du macronisme, dans un “front républicain” anti-RN et totalement macroniste, mais que LFI a pour le moment empêché en continuant d’attirer les politiciens de gauche vers elle (pas par convictions, mais parce que ces parasites en ont eu besoin, en 2022 et 2024, pour survivre aux élections législatives). Mais c’est aussi une tentative de dédiaboliser le RN en diabolisant la FI. C’est clairement ce que l’on observe sur la question de l’antisémitisme : alors que le RN porte historiquement la haine des juifs, qu’il continue d’accueillir en son sein des militants néonazis et antisémites assumés, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a été comparé, jeudi 8 mai, à Joseph Goebbels, chef de la propagande d’Hitler, en plein direct BFM TV, sans que personne en plateau ne bronche.

    De notre côté, nous estimons que la violence interne à un parti comme LFI dit beaucoup des impasses de la politique institutionnelle actuelle. Car plus le temps passe, plus la brutalité de la classe capitaliste – envers nous, envers notre écosystème, envers des peuples comme les Palestiniens – nous fait dire que la conquête du pouvoir par les urnes est bien illusoire et insuffisante pour la neutraliser et retrouver notre liberté d’agir collectivement. Il nous semble que seul un changement rapide, global et donc révolutionnaire, pourra nous sauver des périls dont ce qu’il se passe aux Etats-Unis actuellement est une manifestation terrifiante. Nous n’avons plus le temps pour les combines de la gauche, les coups de poignard et les programmes politiques prudents et complaisants avec l’ordre capitaliste. Et il nous semble que les partis politiques ne sont pas un endroit où il est possible de discuter sérieusement de ces questions stratégiques car ils génèrent l’obsession des élections, sans recul possible.

    Cependant, nous sommes pragmatiques : dans le spectre politique actuel, il n’y a que les cadres et les militant.e.s LFI qui osent tenir tête à la débauche de haine islamophobe et à la passivité ou la complaisance avec le génocide de Gaza. Et ce sont aussi eux qui ont exposé les violences envers les enfants à Bétharram et qui continuent d’en parler sans rien lâcher. Rien que pour cela, ils méritent estime et soutien. La violence qui existe dans leur mouvement – comme dans tous les autres partis – nous la déplorons d’abord pour eux : aucun militant d’une noble cause ne devrait subir ou accepter de subir des atteintes à sa dignité. L’engagement politique ne devrait jamais être prétexte à la brutalité et aux rapports déshumanisants. Mais ça, nous sommes convaincus que tous les journalistes qui hurlent avec la meute anti-LFI s’en foutent, puisqu’ils s’en foutent quand cela se produit ailleurs.

    Nous, nous savons de quoi cette campagne est le nom, quels intérêts elle sert, et nous recommandons de ne pas être dupe de cette manœuvre. Ceux qui piétinent la démocratie, ont mené des politiques qui ont conduit à l’augmentation de la mortalité infantile, à celle de la mortalité au travail ou de la corruption, mais aussi couvrent des violeurs d’enfants et cautionnent un génocide sont à l’Elysée : c’est bien eux que l’on cherche à nous faire oublier.

  • « Mélenchon demande la dévotion aveugle. Celui qui doute trahit » : les extraits de « La Meute », une enquête sur La France insoumise
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/04/melenchon-demande-la-devotion-aveugle-celui-qui-doute-trahit-les-extraits-de

    BONNES FEUILLES Dans un livre à paraître mercredi 7 mai chez Flammarion (352 pages, 22 euros), les journalistes Charlotte Belaïch et Olivier Pérou décrivent la réalité du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Leur enquête, très fouillée, dessine, en creux, le portrait politique du leader populiste.

    (...) Aux yeux de tous, « insoumis » repentis ou actuels soldats, la rupture avec Charlotte Girard, la veuve de François Delapierre [cofondateur du Parti de gauche, l’un des plus fidèles mélenchonistes], fut la plus brutale. « Une boucherie », racontent les témoins. Après la mort du bras droit de Mélenchon, cette universitaire, dont l’expertise en droit public et l’analyse sont saluées, poursuit le combat à LFI. Personnalité centrale du mouvement, elle est notamment responsable du programme. Pressentie pour mener la liste « insoumise » aux européennes en 2019, elle fait part de sa circonspection quant à l’implication de Sophia Chikirou dans la campagne, cette dernière se trouvant alors au centre de l’enquête sur les comptes de campagne de Mélenchon pour des soupçons de prestations surfacturées. Or, en mélenchonie, on ne touche pas à Sophia Chikirou.

    Girard, également critique de l’improvisation programmatique des européennes, de l’éviction brutale de François Cocq, des hésitations face au mouvement des Gilets jaunes, est peu à peu mise de côté. « Personne n’a voulu la pousser dehors, assure Bompard. J’ai regretté son départ, elle m’avait dit qu’elle partait pour des raisons personnelles. » Pourtant, à l’époque, Charlotte Girard s’émeut auprès de nombreux cadres du fait que les réunions, fixées par Bompard lui-même, soient étonnamment organisées lorsqu’elle n’est pas disponible, elle qui enseigne à l’université et élève seule deux enfants. Elle sera remplacée par une militante associative pourtant inconnue des « insoumis » : Manon Aubry.

    Dans un texte publié sur Facebook, Girard annonce finalement son départ après le scrutin : « Certains, dont je suis, ont alerté, à plusieurs reprises, au sujet du fonctionnement – juste le fonctionnement – de La France insoumise. Tant qu’on est d’accord tout va bien. Mais il n’y a pas de moyen de ne pas être d’accord. Or une dynamique politique – surtout révolutionnaire – dépend de la capacité des militants à s’approprier des raisonnements, c’est-à-dire potentiellement à les contester. » Après son départ, et malgré sa parcimonie dans les critiques émises, le récit de la traîtrise se met en place. (…) Et puis, il y a ce message de Mélenchon d’une rare violence, adressé à Girard, que certains chuchotent encore, outrés : « Delap aurait honte de toi. » (…)

    https://archive.ph/34aU8

    #LFI #syndrome

    • Interrogée à l’Assemblée nationale, la présidente des députés insoumis Mathilde Panot a réagi à la publication de « la Meute », y voyant « un ouvrage qui collectionne des ragots et des mensonges ». « Dans certains passages, il y a des gens censés se détester, qui sont amis dans la vraie vie », ajoute-t-elle. La cheffe de groupe souligne « qu’aucune idée politique ne se trouve dans ce livre, aucune de nos campagnes, aucune de nos mobilisations ». Et de rappeler : « si nous sommes des responsables politiques, c’est pour proposer un autre projet de société à ce pays ».

      C’est l’un des défauts de la séquence médiatique ouverte par le documentaire de Complément d’enquête et la Meute. Si ces travaux journalistiques seront instrumentalisés pour cornériser la France insoumise à l’approche du congrès du Parti socialiste en juin, esquivant ainsi le débat de fond sur la ligne politique du mouvement. Alors que celle-ci pourrait pourtant être sujette à débat.

      https://www.humanite.fr/politique/france-insoumise/la-meute-le-livre-qui-accuse-jean-luc-melenchon-et-sa-cour-de-pratiques-sec

    • Mercredi, les Insoumis avaient pour consigne de sécher toutes les invitations dans les matinales radio et télé. Mathilde Panot, la présidente du groupe, et Manuel Bompard, le patron du mouvement, ont été au devant des micros pour dénoncer tout à trac « un ouvrage qui collectionne à la fois des ragots et des mensonges » (pour la première) et « une collection de ragots et de fausses informations » (pour le second).

      https://www.mediapart.fr/journal/politique/070525/sectarisme-violences-verbales-autoritarisme-un-livre-enquete-bouscule-la-f

      Le reste de l’article défonce Chikirou, et poinçone les leaders mecs « visibles », sur les affaires de vss, et un peu MLCH sur les sujets habituels.

    • Aucune assemblée. Aucun vote militant. Aucun contre-pouvoir structuré. @floriemarie.fr
      https://bsky.app/profile/floriemarie.fr/post/3llqxylacjk2f

      On vient de me faire remarquer que la France Insoumise ne serait pas un « parti » mais un « mouvement ».

      Il est temps de vous partager un argumentaire béton pour répondre à ce genre de message digne de la plus médiocre des cultures politiques.

      Un fil.

      Appeler une structure « mouvement », ce n’est pas un acte magique. Ce n’est pas parce qu’on repeint la façade en mode disruptif qu’on change la nature du bâtiment.

      LFI est un parti politique, et même l’un des plus verrouillés de la scène actuelle.

      On y retrouve tous les ingrédients classiques :

      – Un leader quasi-incontesté qui concentre les décisions, la parole publique et les stratégies.

      - Des investitures imposées d’en haut sans processus démocratique réel, ni débat militant digne de ce nom.

      – Une communication ultra-centralisée où toute critique est perçue comme une trahison et peut vous en faire exclure dans l’heure qui suit.

      – Un fonctionnement électoraliste calibré pour capter du financement public, des dons et maintenir un appareil politique en place.

      Et surtout : aucun espace de délibération collective digne de ce nom.

      Aucune assemblée.
      Aucun vote militant.
      Aucun contre-pouvoir structuré.

      D’aucuns qualifient cela de totalitarisme.

      Alors oui, les insoumis disent que la FI est un « mouvement », comme LREM disait qu’elle n’était « ni de droite ni de gauche ».

      C’est ce qu’on appelle, dans le jargon, du marketing politique.

      Et du marketing plutôt très ordinaire en plus.

      Annoncer qu’on est un « mouvement » c’est une manière pratique de se défausser sur les autres, de jouer les outsiders tout en reproduisant exactement les mêmes logiques de pouvoir que les partis qu’on prétend dépasser.

      Voire des logiques pires que celles appliquées chez les autres dans le cas LFI.

      Ne pas assumer qu’on est un parti, c’est surtout un moyen de ne pas assumer ses responsabilités démocratiques.

      Pas de comptes à rendre.
      Pas de fonctionnement transparent.
      Pas de contradiction possible.

      Le tout emballé dans un storytelling « populaire » qui finit par infantiliser les membres et par neutraliser toute dynamique réellement collective.

      Bref, la France Insoumise n’est pas un contre-modèle partisan.

      Non, ce n’est pas un « mouvement ».

      C’est un parti comme les autres mais sans la moindre trace de toute forme de démocratie interne que les autres peinent à s’appliquer à respecter.

      Vous me direz, l’avantage dans tout ça c’est que contrairement aux autres partis politiques, la FI n’a pas l’hypocrisie de faire croire à ses membres qu’ils sont parties prenantes des orientations programmatiques et stratégiques par le vote en interne.

      Pas de démocratie, pas de problème. 😎😘

      Et puisque j’ai des petits malins qui renchérissent en m’envoyant le site de la FI qui est un gros ramassis d’éléments de langage bullshit de marketing politique bas de gamme, je vais vous faire un petit cadeau, voici une lecture commentée de leurs statuts

      Paix et amour (et changez de parti) 😘
      [c’est mal fichu, ça commence à 8’21]
      https://www.youtube.com/watch?v=BgKF3BjgsVU&list=PLVGFOBqWwQNyOhER7_Mk1Y1PyesX_YMTy&index=2

      #électoralisme

    • « Mélenchon est la créature d’une gauche timorée, bureaucratique et sans idées », Philippe Marlière
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/13/melenchon-est-la-creature-d-une-gauche-timoree-bureaucratique-et-sans-idees_

      LFI, mouvement personnel, conçu et organisé pour qualifier Mélenchon au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, s’est lui-même considéré comme « populiste » et « gazeux ». Si les politistes constatent la personnalisation adémocratique de LFI, certains la justifient sur deux plans : l’organisation de type « léniniste » serait adaptée au présidentialisme de la Ve République, aux nouveaux espaces médiatiques (en particulier les réseaux sociaux) et aux transformations profondes du militantisme (plus fluide et éphémère qu’autrefois). Selon un schéma populiste, Mélenchon serait ce dirigeant volontaire, charismatique, visionnaire, en adéquation avec les nouvelles structures du jeu et des institutions politiques. Par ailleurs, ce fonctionnement autoritaire, certes moralement discutable, serait justifié car il serait porteur de succès électoraux.

      Une faible assise locale

      Ces deux propositions méritent un examen critique : il semble paradoxal de s’opposer à la « monarchie républicaine » de la Ve République en lui empruntant son modus operandi antidémocratique et en acceptant, sans broncher, le comportement violent d’un individu qui refuse l’échange démocratique avec ses partenaires de gauche, et ne conçoit le rassemblement qu’autour de sa personne. Aucun parti politique dépourvu de démocratie interne n’a jamais pu rassembler les gauches en France, ce que démontre l’histoire du PCF, longtemps de nature stalinienne, qui avait pourtant une base sociale que n’a pas LFI.

      De plus, l’efficacité électorale de cette démarche autocratique n’est pas démontrée : à la présidentielle, Mélenchon, plus à gauche, plus déterminé et plus convaincant sur le plan médiatique, a bénéficié d’un vote utile dans la dernière ligne droite. Les résultats des élections intermédiaires sont médiocres pour LFI qui peine à rassembler 10 % des voix et a une faible assise locale dans de nombreux départements.

      LFI ambitionne de faire élire président un candidat qui a déjà échoué à trois reprises. Mélenchon est le seul candidat potentiel (gauche et droite confondues) qui serait assurément battu par le Rassemblement national (RN) au second tour. Les sondages montrent également que Mélenchon est jugé « plus dangereux pour la démocratie » que le RN. Par conséquent, pour empêcher le RN de ravir la présidence, il faudrait absolument éviter que Mélenchon ne se qualifie au second tour.

      Il y a un élément important que les commentateurs, journalistes ou universitaires, omettent : Jean-Luc Mélenchon n’est pas né à la politique lorsqu’il a créé LFI, en 2016. Il a longtemps été, de 1976 à 2008, un cadre du Parti socialiste (PS), formation à qui il doit sa carrière politique. Les militants de la gauche socialiste se souviennent de ses tendances autocratiques et colériques. Ce ne sont donc pas les circonstances politiques nouvelles qui ont façonné une quelconque stratégie pyramidale, mais un trait de caractère personnel.

      Une pensée révisable à souhait

      Celles et ceux qui connaissent Mélenchon depuis ses années socialistes savent que son parcours politique, ses idées, sont bien plus sinueux et adaptables que le récit qui en est fait aujourd’hui. Depuis les années 1990, il fut tour à tour « mitterrandolâtre » infatigable, républicain « laïcard », pro-européen maastritchien, proche du sionisme et d’Israël, social-démocrate de gauche revendiquant un droit à l’islamophobie, puis, depuis 2016, born again revolutionary, dénonçant l’islamophobie et néomilitant propalestinien.

      https://archive.ph/eZ2CD

      #politicien #miterrandolatre

  • Französische Abgeordnete Clémence Guetté im Interview : „Wir müssen aus der Nato austreten !“
    https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/geopolitik/frankreich-linke-will-raus-aus-der-nato-li.2318872

    Est-ce que LFI sont des néo-gaullistes ?

    27.4.2025 von Raphael Schmeller - Die Linkspolitikerin Clémence Guetté rechnet mit Präsident Macron ab – und fordert eine radikale Neuausrichtung der französischen und europäischen Außenpolitik.

    Die politische Krise in Frankreich spitzt sich zu. Die seit Dezember amtierende Regierung von Premierminister François Bayrou hat keine Mehrheit und gerät zunehmend unter Druck. Der Zustand der französischen Demokratie sei besorgniserregend, sagt die Abgeordnete Clémence Guetté im Gespräch mit der Berliner Zeitung.

    Die Linkspolitikerin wirft Präsident Emmanuel Macron vor, sich inmitten der innenpolitischen Blockade außenpolitisch als starker Mann zu präsentieren. Er biete der Bevölkerung nur noch Krieg als Perspektive an.

    Statt französischer Soldaten, wie Macron sie wolle, brauche es für Frieden in der Ukraine Verhandlungen und Selbstbestimmungsreferenden in den umstrittenen Gebieten. Europa müsse sich zudem angesichts der globalen Umbrüche strategisch neu ausrichten und Partnerschaften im globalen Süden suchen, fordert die Politikerin von La France Insoumise.

    Frau Guetté, in Deutschland wird derzeit wenig über die innenpolitische Situation in Frankreich berichtet. Wie ist die Lage?

    Die Regierung ist sehr geschwächt. Premierminister François Bayrou ist derzeit in einen Missbrauchsskandal verwickelt, er soll als Bildungsminister in den 1990er-Jahren nicht auf Fälle von Kindesmissbrauch im katholischen Internat Notre-Dame de Bétharram reagiert haben. Bayrou muss sich nun vor einem Parlamentsausschuss verantworten. Es geht um sein politisches Überleben. Und dann ist da noch die wirtschaftliche Lage Frankreichs, die katastrophal ist. Für dieses Jahr wurde der Haushalt deshalb bereits um 50 Milliarden Euro gekürzt, im kommenden Jahr sollen weitere 40 Milliarden eingespart werden. Betroffen sind vor allem die Sozialausgaben, mit katastrophalen Folgen etwa für die Bildung. Und schließlich ist da die parlamentarische Situation, die sich nicht verändert hat: Die Regierung hat nach wie vor keine Mehrheit.

    Aber hat es mit der neuen Regierung einen Politikwechsel gegeben?

    Nein, denn in Wirklichkeit entscheidet Macron alles, egal wie der Premierminister heißt. Macron hat sich entschlossen, das Wahlergebnis zu ignorieren und nicht das siegreiche Linksbündnis Nouveau Front populaire mit der Regierungsbildung zu beauftragen, sondern stattdessen die gleiche rechte Politik fortzusetzen.

    Wenn die aktuelle Regierung mit der vorherigen identisch ist, warum wurde sie dann nicht gestürzt?

    Die jetzige Regierung wurde nur deshalb nicht gestürzt, weil sie von der extremen Rechten toleriert wird, die nach dem Urteil gegen Marine Le Pen mit anderen Problemen zu kämpfen hat. Aber auch die Sozialdemokraten haben unserem Misstrauensantrag nicht zugestimmt.

    Marine Le Pen vom rechten Rassemblement National wurde wegen Veruntreuung von EU-Geldern verurteilt und darf bei den nächsten Präsidentschaftswahlen nicht antreten.

    Marine Le Pen vom rechten Rassemblement National wurde wegen Veruntreuung von EU-Geldern verurteilt und darf bei den nächsten Präsidentschaftswahlen nicht antreten.Thomas Padilla/AP

    Warum?

    Für mich ist es unverständlich, wie man Barnier wegen seines Haushaltsentwurfs das Misstrauen aussprechen kann, aber ein paar Wochen später Bayrou durchwinkt, obwohl er genau den gleichen Haushaltsentwurf präsentiert hat. Die Sozialdemokraten sagen, sie hätten Zugeständnisse bekommen. Aber wie wir jetzt sehen, war das ein riesiger Betrug. Natürlich wird die Regierung die Rentenreform nicht rückgängig machen, wie es die Sozialdemokraten zum Beispiel gehofft hatten.

    Das Schlimme ist, dass wir mit dieser Regierung Stillstand erleben, obwohl wir so viel schnell tun müssten, zum Beispiel beim Klimaschutz. Wir steuern auf eine Klimakatastrophe zu, sind aber völlig unvorbereitet. Das einzige, was uns in Frankreich von der Regierung als politische Perspektive angeboten wird, ist Krieg. Es ist paradox: Die Regierung ist schwach und hat weder in der Bevölkerung noch im Parlament Rückhalt, aber Macron inszeniert sich als großer Kriegsherr.

    Wie beurteilen Sie angesichts dieser Umstände den Zustand der französischen Demokratie?

    Ich glaube, wir leben in einer Zeit, in der die Fünfte Französische Republik an ihre Grenzen stößt. Die Verfassung von 1958 wurde für eine andere Zeit und eine andere politische Situation geschrieben, als wir sie heute haben. Damals gab es zwei Parteien, die sich jahrzehntelang an der Macht abgewechselt haben. Das ist vorbei. Jetzt gibt es mehrere Blöcke, die stärksten sind der extrem rechte und der linksradikale Block. Aber die Verfassung erlaubt es, beide gleichzeitig vom Regieren auszuschließen, und das ist undemokratisch.

    Ich bin seit drei Jahren Abgeordnete und habe noch nie über einen Haushalt abgestimmt. Das ist völlig absurd, wenn man bedenkt, was Wahlen und demokratische Repräsentation bedeuten sollen. Wenn die Regierung mit Hilfe des Verfassungsartikels 49.3 Gesetze gegen den Willen des Parlaments durchpeitscht, ist es Aufgabe der Parlamentarier, die Regierung zu stürzen. Bisher ist es Bayrou gelungen, sich dem zu entziehen.

    Kürzlich wurde Marine Le Pen wegen Veruntreuung von EU-Geldern verurteilt und darf fünf Jahre lang nicht zu Wahlen antreten. Halten Sie das für eine undemokratische Entscheidung?

    Nein, das würde ich so nicht sagen. Die extreme Rechte hat von Rechtsverweigerung gesprochen und sich massiv als Opfer dargestellt. Aber die Sache ist keine Kleinigkeit, sie betrifft nicht nur Le Pen, sondern mehrere Dutzend Europaabgeordnete und parlamentarische Assistenten ihrer Partei. Es geht um einen gigantischen Betrug, bei dem mehr als vier Millionen Euro öffentliche Gelder veruntreut wurden, unter anderem durch Scheinbeschäftigung. Das Urteil hat diese Missstände ans Licht gebracht.

    Gleichzeitig sage ich, dass es ein Berufungsrecht geben und der Rechtsweg ausgeschöpft werden muss. Unserer Meinung nach muss der Kampf gegen Le Pen auf der Ebene der Ideen und an den Wahlurnen entschieden werden.

    Wir erleben derzeit eine massive Aufrüstung in der EU, und Frankreich ist dabei eine treibende Kraft. Ihre Partei La France insoumise plädiert seit langem für eine Loslösung Europas von den USA. Passiert jetzt nicht genau das?

    In der Tat sagen wir seit Jahren, dass die enge Bindung an die USA durch die Nato ein Problem ist. In diesem Militärbündnis können die Völker Europas nicht souverän über ihre Sicherheit entscheiden. Wir fordern stattdessen eine blockfreie Position. Die aktuellen Entwicklungen mit Trump haben den positiven Effekt, dass einige aus ihrer Naivität erwachen. Das Problem ist: Da Macron und Co. neoliberal sind und die Welt nicht anders denken können, führt das zwar zu mehr Realismus in der Geopolitik, aber nicht zu guten Lösungen. Während sich die Großmächte im imperialistischen Kriegsdiskurs überbieten, sagt das kleine Europa nun: „Wir steigen in diesen Wettbewerb ein, wir rüsten auf.“ Aber wir sind hochgradig abhängig von der US-Rüstungsindustrie – 60 Prozent unserer Waffenimporte kommen von dort. Die angekündigten 800 Milliarden Euro Aufrüstung werden also vor allem die US-Wirtschaft ankurbeln. Dies gilt umso mehr, als Scholz Deutschland aus den meisten deutsch-französischen Rüstungsprojekten zurückgezogen hat. Zweitens haben wir Wichtigeres zu tun, als Kriege zu führen, zum Beispiel die Klimakrise zu lösen.

    Konkret heißt das: Wir müssen aus der Nato austreten und alternative Kooperationen mit Ländern des globalen Südens suchen. Wir müssen weg vom Blockdenken und der damit verbundenen Kriegslogik.

    Was bedeutet das für den Handelskonflikt: Sollte Europa auf Trump mit Gegenzöllen antworten oder wäre auch das Teil einer Kriegslogik?

    In der Debatte um den Handelskrieg werden uns immer zwei Optionen präsentiert: Freihandel oder symmetrische Gegenzölle als Antwort auf Trump. Beides ist absurd und wird nicht funktionieren. Freihandel hat katastrophale soziale und ökologische Folgen. Das haben wir in Frankreich in den letzten Jahrzehnten deutlich gesehen; wir können nicht mit Ländern konkurrieren, in denen es keine Arbeitsrechte gibt, in denen die Löhne extrem niedrig sind und in denen es keine Umweltauflagen gibt. Jetzt aber symmetrische Gegenzölle zu erheben, wäre ein Machtkampf, den wir verlieren würden und der zu einer Inflationsspirale führen würde, für die am Ende die Bevölkerung zahlen müsste.

    Wie sollte man dann reagieren?

    Es gibt einen dritten Weg des solidarischen und ökologischen Protektionismus. Wir müssen uns vor den eben beschriebenen Problemen des Freihandels schützen. Das bedeutet, wir sollten einerseits reindustrialisieren und andererseits bilaterale Abkommen mit ausgewählten Partnern schließen. Wir müssen uns von den alten Rezepten – entweder Freihandel oder Handelskrieg – verabschieden, die längst an ihre Grenzen gestoßen sind, wie die aktuellen Entwicklungen besonders deutlich zeigen.

    Sie sagen, Europa habe Wichtigeres zu tun als aufzurüsten. Was antworten Sie Sicherheitsexperten, die vor einer russischen Gefahr warnen?

    Ich antworte, dass die französische Verteidigungsdoktrin auf der nuklearen Abschreckung beruht. Das ist einzigartig in Europa und in der Welt. Wir haben etwas mehr als 200 nukleare Sprengköpfe, Russland etwas mehr als 6000. Wir wollen keinen Krieg mit Russland. Wir wollen keinen Krieg mit einer Atommacht, die mit ihrem Arsenal die Erde mehrfach zerstören könnte. Dieses Denken des Kalten Krieges ist überholt. Wir müssen andere Mächte respektieren und in Diplomatie investieren.

    Aber Russland führt seit drei Jahren Krieg in der Ukraine. Wie kann dieser Konflikt beendet werden?

    Zunächst muss man den verschiedenen Verantwortlichen zuhören. Selenskyj selbst fordert jetzt einen Waffenstillstand. Und der ist nach Hunderttausenden Toten und Verletzten überfällig. In der Debatte wird zu oft vergessen, dass es im Krieg um Menschenleben geht. Das ist für uns das Wichtigste, deshalb fordern wir seit Beginn des Krieges, dass die Waffen wieder schweigen müssen.

    Zweitens brauchen wir einen Verhandlungsrahmen, der die Ukraine einbezieht. Hier hat die französische und europäische Diplomatie versagt – sie hat es nicht geschafft, alle Parteien an einen Tisch zu bringen. Trump hat Selenskyj im Oval Office gedemütigt und dann ohne ihn verhandelt. So kann es nicht weitergehen. Wir brauchen einen Rahmen mit der Ukraine, den europäischen Partnern und Russland, um gegenseitige Sicherheitsgarantien zu verhandeln. Ein Waffenstillstand muss sofortige Wiederaufbauhilfe beinhalten, aber wir wollen einen dauerhaften Frieden. Dafür schlagen wir Folgendes vor: Selbstbestimmungsreferenden in umstrittenen Regionen wie der Krim und dem Donbass und UN-Blauhelme zur Sicherung historischer Konfliktgebiete. Wir glauben auch, dass es für Russland nicht akzeptabel ist, dass die Nato bis an seine Grenzen expandiert. Beide Seiten brauchen Garantien, um die Lage dauerhaft zu entspannen.

    Macron schlägt vor, französische Truppen als Sicherheitsgarantie in die Ukraine zu schicken. Was halten Sie davon?

    Macron hat in den letzten Jahren so viel vorgeschlagen – erst wollte er Kriegstruppen, jetzt Friedenstruppen. Wir lehnen seine Vorschläge ab. Für solche Fragen gibt es internationale Institutionen, die gestärkt werden müssen. Für Grenzfragen ist die OSZE der richtige Rahmen, für Friedenstruppen die Uno mit ihren Blauhelmen.

    Ist Trumps „finaler Friedensplan“ für die Ukraine ein reiner Bluff?

    Trump: „Ich glaube, wir haben einen Deal mit Russland“ – neun Tote bei Angriffen auf Kiew

    Macron profiliert sich derzeit stark im Ukrainekrieg. Finden Sie nicht, dass er Frankreich wieder eine starke Stimme auf der internationalen Bühne gibt?

    Nein, sein Auftreten ist katastrophal. Er hat Frankreich international blamiert – nicht nur in der Ukrainefrage, sondern auch in Gaza. In der Ukraine ist es schwierig, seiner Linie zu folgen, er ändert ständig seine Meinung: Mal will er Truppen schicken, dann plötzlich nicht mehr. Er macht viel Lärm, aber am Ende kommt nichts dabei heraus. Bei den entscheidenden Verhandlungen war Frankreich bisher nicht dabei. Frankreich wird nur als Randakteur wahrgenommen – und ich glaube, das hat viel mit Macrons Stil zu tun: viel Lärm um nichts.

    Sie blicken Sie auf Deutschland und seine neue Regierung?

    Ich beobachte das Erstarken der extremen Rechten in Deutschland mit Sorge. Und ich glaube, dass dieser Mitte-Block aus CDU und SPD die Situation der Menschen nicht verbessern, sondern noch mehr Frust erzeugen und damit die AfD stärken wird. Dass die Partei Die Linke stärker als erwartet in den Bundestag eingezogen ist, ist eine gute Nachricht. Was nötig ist, ist eine echte, radikale Alternative von links.

    Deutschland war jahrelang die dominierende Kraft in der EU, was ihre Partei scharf kritisiert hat. Heute ist Deutschland wieder der kranke Mann Europas, die deutsche Wirtschaft steckt in einer Krise. Beobachten Sie das mit einem Schmunzeln?Nein, wir stehen nicht im Wettbewerb mit Deutschland. Was wir am Beispiel Deutschlands aber sehen, sind die verheerenden Folgen einer neoliberalen Politik. Deutschland ist also in gewisser Weise eine Warnung für andere Länder.

    Zur Person

    Clémence Guetté (34) ist seit 2022 Abgeordnete des Departements Val de Marne für die Partei La France Insoumise (LFI). Sie ist Vizepräsidentin der französischen Nationalversammlung und seit 2023 Vorsitzende des Thinktanks Institut La Boétie.
    Bei den Präsidentschaftswahlen 2022 war Guetté Programmkoordinator des LFI-Kandidaten Jean-Luc Mélenchon. Sie gilt als eine der einflussreichsten Köpfe der französischen Linken.

    #France #LFI #politique #relations_internationales

  • Petit retour sur l’émission d’Arrêt sur Image concernant les visuels LFI sur Hanouna et Praud dont on parlait ici  : https://seenthis.net/messages/1106655

    L’émission vient de passer en libre  :
    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/antisemitisme-analyse-dun-deni-a-gauche

    Suite au foin que ça a fait sur le forum (qui a même lâché qq heures sous le nombre de messages), ASI a tenté une autoanalyse  :
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-mediateur/antisemitisme-analyse-dun-deni-a-gauche-retour-sur-une-emission-pole

    Et j’en profite un peu pour aborder le problème de l’utilisation de l’IA qui aurait mérité plus de profondeur avec cet ancien billet de Next qui fait remarquer que seul Grok autorise les caricatures de personnes connues  :
    https://next.ink/175648/edito-lfi-cyril-hanouna-et-grok-sont-dans-un-bar

    Ainsi que ce billet, qui n’a rien à voir avec les visuels LFI, mais qui pointe du doigt la manière dont la génération via GPT va ressasser des images avec zéro créativité si le prompt correspond vaguement à un film/héro connu... sauf dans le cas des franchises les plus bankables, où la réponse sera le niet d’un avocat en propriété intellectuelle  :

    https://theaiunderwriter.substack.com/p/an-image-of-an-archeologist-adventurer

    • Une tribune d’un des intervenants :

      Robert Hirsch, historien : « L’attaque sanglante perpétrée par le Hamas a accéléré la dérive antisémite “insoumise” »

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/21/robert-hirsch-l-attaque-sanglante-perpetree-par-le-hamas-a-accelere-la-deriv

      La dernière « affaire » mettant en jeu La France insoumise (LFI) et son leader Jean-Luc Mélenchon, l’affiche antisémite contre l’animateur Cyril Hanouna, retirée par le mouvement politique le 12 mars, scandalise à juste titre. La Ligue des droits de l’homme, le Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes et d’autres associations ont dénoncé l’antisémitisme patent du visuel de LFI. Certains cadres du mouvement se sont excusés, avec des explications pas toujours claires.

      Jean-Luc Mélenchon, lui, persiste. En meeting mercredi 19 mars à Brest, il livre une version hallucinante : tout viendrait des journalistes, qui posséderaient chez eux des affiches des années 1930 et 1940. Mais, dit-il, « nous, on n’a pas ces affiches, on n’est pas au courant, on sait pas ! » Il ne saurait donc pas ce que fut l’antisémitisme de ces temps où les juifs étaient désignés à la vindicte publique avant d’être envoyés à Auschwitz. Soit il ignore les caricatures antijuives du passé, ce que personne ne peut croire, soit il considère qu’il n’est pas interdit de reprendre l’imaginaire antisémite. C’est grave.

      Mais l’affiche de Cyril Hanouna ne tombe pas du ciel. C’est le résultat d’un quart de siècle d’erreurs, mais aussi de dérives, d’une partie de la gauche qui se montre incapable de comprendre le retour de l’antisémitisme et sa gravité. L’appréciation récente de Jean-Luc Mélenchon selon laquelle l’antisémitisme est « résiduel » dans la France d’aujourd’hui [publiée sur son blog personnel le 2 juin 2024] est le symbole de cette myopie.

      Israël serait pire que le nazisme

      Le leader « insoumis », promu figure de proue de la gauche par les scrutins présidentiels, ne s’en est pas tenu à l’indifférence, alors que les juifs et juives de France sont effrayés par le retour d’une haine encore si présente dans leurs mémoires. Depuis quelques années, il s’est mis à distiller des formules antisémites. Il serait trop long de les énumérer. N’en retenons qu’une, en juillet 2020, où, évoquant Jésus-Christ, il exprima l’idée que « ce sont ses propres compatriotes qui l’ont mis [sur la croix] ». Autrement dit : « les juifs ont tué le Christ », formule qui concentra durant des siècles l’antisémitisme chrétien et fit tant de victimes.

      Ces dérapages ne datent donc pas du 7 octobre 2023, mais l’attaque sanglante perpétrée par le Hamas a accéléré la fuite en avant « insoumise ». Non content de refuser d’admettre l’antisémitisme de l’agression du Hamas, rejetant même son terrorisme, Jean-Luc Mélenchon multiplia les petites phrases à tonalité antisémite sous couvert de soutien au peuple palestinien. Il profita de la cruauté de la riposte israélienne au 7-Octobre, inadmissible, pour distiller un antisémitisme qui fait un tort considérable à la cause palestinienne.

      Il alla même, en août 2024 devant ses militants [réunis à l’occasion des universités d’été de LFI], jusqu’à affirmer que la Shoah touchait les gens en fonction de leur religion – contre toute réalité historique – alors qu’à Gaza c’est tout un peuple qui était visé. Israël serait pire que le nazisme. La mémoire de la Shoah, vecteur essentiel de l’antifascisme, se trouvait ainsi remise en cause.

      Rupture avec le consensus dreyfusard

      La nouveauté, depuis le 7-Octobre, c’est que LFI a changé. Une partie de ses responsables s’est retrouvée en dehors du mouvement. Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, François Ruffin n’avaient jamais été compromis dans les outrances mélenchonistes et ont condamné sans ambiguïté le 7-Octobre. Ceux qui ont pris leurs places auprès de Jean-Luc Mélenchon n’ont pas les mêmes précautions et suivent le maître. Cela donne l’image d’une partie de la gauche hostile aux juifs, rompant ainsi avec un passé de lutte contre l’antisémitisme.
      Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La position de La France insoumise sur le 7-Octobre, cause de fractures à gauche

      En effet, et c’est d’une extrême gravité, le comportement de Jean-Luc Mélenchon et de divers responsables de LFI à propos de l’antisémitisme constitue une rupture avec le consensus dreyfusard qui a marqué la gauche à la fin du XIXe siècle. Celui-ci lui a donné un de ses traits essentiels : la lutte contre toutes les oppressions, quelles que soient les passions populaires.

      En 1898, s’engageant avec Emile Zola et Jean Jaurès dans la défense du capitaine Alfred Dreyfus, la gauche s’est rassemblée contre l’injustice faite à un juif. Ce ne fut pas sans mal, tant les préjugés antisémites pesaient alors. En prenant parti pour Dreyfus, la gauche continuait l’œuvre émancipatrice de la Révolution française. Il faut retrouver cette tradition, en condamnant sans appel les dérives mélenchonistes. Et en combattant l’antisémitisme d’où qu’il vienne, comme il convient de combattre tous les racismes. Il y va de l’avenir de la gauche.

      Robert Hirsch est aussi militant du RAAR : https://raar.info

    • Caricature de Cyril Hanouna : La France insoumise refuse de dire qui a validé l’affiche (17 mars 2025)
      https://www.mediapart.fr/journal/france/170325/caricature-de-cyril-hanouna-la-france-insoumise-refuse-de-dire-qui-valide-

      [...]

      « Taisez-vous ! »

      Le questionnement sur le circuit de validation de l’affiche alimente aussi les discussions en interne. « Soit ça a été validé et c’est un problème de ligne politique de ne pas se rendre compte qu’il y a un problème, soit ce n’est pas validé et c’est un problème d’organisation. En tout cas, il y a une responsabilité à dire que c’est un visuel inacceptable », déclare un député insoumis sous couvert d’anonymat. Un de ses collègues s’interroge, à la veille de la réunion du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, qui doit se tenir le mardi 18 mars : « Je veux savoir : qui, quoi, comment ? »

      Le 13 mars déjà, dans L’Opinion, un autre élu faisait part de ses doutes : « Soit le mec du siège de LFI qui a fait les visuels est un connard inculte, soit c’est une ordure antisémite. » Un ancien membre du parti l’assure pourtant auprès de Mediapart : « Les visuels d’une campagne nationale de cette importance sont validés à la tête du mouvement. »

      Début février, la direction de LFI avait déjà été contrainte de supprimer en catastrophe la diffusion d’une affiche représentant une prétendue « alliance » entre la patronne du RN, Marine Le Pen, et le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, illustrant alors des fractures internes au sein de la direction du « mouvement gazeux ».

      Ce climat de tensions est renforcé par les interventions de Jean-Luc Mélenchon, qui a lui-même ruiné les efforts des membres de la direction de LFI pour atténuer les effets de la polémique Hanouna. Le 13 mars sur France Inter, il disait avoir découvert le visuel la veille, et attribuer les critiques qui leur étaient faites aux « réseaux d’extrême droite ».

      Le 16 mars sur France 3, il a réitéré dans un réflexe de citadelle assiégée, considérant que tout cela n’était qu’une « offensive politique » visant à « disqualifier » LFI, finissant par hurler sur le journaliste Francis Letellier. « Pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? », s’est énervé le leader insoumis, avant d’ajouter : « Vous m’accusez ? Est-ce que vous m’accusez ? Alors taisez-vous ! Vous êtes en train de continuer une campagne qui a démarré à l’extrême droite contre nous. »

      Dans les rangs insoumis, nombreux sont pourtant celles et ceux, y compris chez les plus fidèles, à s’interroger sur le signifiant de cette séquence. « Je ne sais pas comment ça a pu ne pas être bloqué », explique Martine Billard, ancienne coprésidente du Parti de gauche (PG) et chargée des luttes écologiques à LFI. Elle constate « un fossé culturel entre les jeunes et la génération d’après-guerre. C’est dommage mais c’est la réalité ».

      Un député déplore pour sa part la permanence d’un « esprit spontanéiste » au sein du mouvement, alors même que Jean-Luc Mélenchon avait passé la consigne, en début de législature, de veiller aux mots utilisés par les représentant·es du mouvement pour ne pas prêter le flanc à sa diabolisation. Sur le réseau social X, Olivier Lek Lafferrière, militant à l’Union juive française pour la paix (UJFP) qui a plusieurs fois défendu LFI, s’est cette fois-ci montré très critique sur la réaction du mouvement à cette publication.

      Selon lui, Jean-Luc Mélenchon se trompe en balayant toute forme de critique au prétexte qu’elles ne viendraient que de l’extrême droite : « Beaucoup de gens, y compris proches de LFI et qui ne sont pas engagés dans l’instrumentalisation de l’antisémitisme contre la gauche, tentent de dire que là, il y a un problème », explique-t-il. À ses yeux, « un travail de formation est à faire » au sein de LFI, pour que « des personnes sensibilisées aux questions d’antisémitisme » soient mises aux postes clés.

      Il ne s’agit pas d’accuser LFI « d’utiliser l’antisémitisme comme projet ou comme instrument électoraliste », précise-t-il, mais bien de faire comprendre que le mouvement, « comme tous les espaces en France, est traversé par l’antisémitisme culturel, et que lutter contre celui-ci nécessite de faire des efforts spécifiques ».

      La campagne de communication de La France insoumise (LFI) visant à appeler à la manifestation contre le racisme et le fascisme le 22 mars s’est en tout cas avérée pire que contre-productive : un fiasco politique total. « Ce qui me déplaît, c’est qu’on ne parle plus de la marche du 22 », déplorait la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, dimanche 16 mars sur LCI. À qui la faute ?

    • Antisémitisme : les fautes de Jean-Luc Mélenchon (10 novembre 2023)
      https://www.mediapart.fr/journal/politique/101123/antisemitisme-les-fautes-de-jean-luc-melenchon

      [...]

      « Un axe qui pourrait conduire vers l’antisémitisme »

      Recyclage de préjugés antijuifs ou sorties aux connotations plus ambiguës, Jean-Luc Mélenchon a pour le moins manqué de prudence. Cela ne saurait conduire à le qualifier brutalement d’« antisémite », ce à quoi se refusent d’ailleurs plusieurs intellectuels ou responsables politiques qui ne ménagent pas leurs critiques par ailleurs.

      C’est le cas de Jérôme Guedj, qui rappelait récemment « avoir toujours dit que Jean-Luc Mélenchon n’était pas antisémite ». Ou du sociologue Michel Wieviorka, chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui a estimé le 1er novembre dernier sur France Inter : « Je ne dirais pas qu’il a tenu des propos explicitement antisémites. Mais il laisse planer l’ambiguïté, l’ambivalence. Mais l’antisémitisme proprement dit, non. »

      En revanche, on peut constater la répétition de ces faits, et l’absence de travail pour l’éviter. Concernant d’autres minorités, Jean-Luc Mélenchon a pourtant su dépasser certains de ses réflexes, liés notamment à une culture politique anticléricale. En témoigne sa participation à la Marche contre l’islamophobie en novembre 2019, puis à la marche antiraciste réclamant vérité et justice pour Adama Traoré en juin 2020. Peu après, il a développé, autour de la notion de « créolisation », un discours cherchant à promouvoir un universalisme moins abstrait, et moins crispé à l’égard du pluralisme culturel et religieux de la société française.

      Dans un documentaire pour LCP diffusé après sa campagne présidentielle de 2022, Mélenchon reconnaissait volontiers son évolution, expliquant : « Vous recevez la leçon de la vie. […] Si vous êtes un anticlérical forcené qui ne supporte aucune pratique religieuse, ça élimine un nombre de gens considérable autour de vous. » Questionné sur le « privilège de l’homme blanc », même « pauvre », il racontait son incompréhension initiale de l’expression, avant d’admettre, une fois écoutés les récits d’expériences vécues, le fond de vérité qu’elle recouvrait.

      Visiblement, aucun échange de ce type ne l’a amené à amender certains de ses réflexes sur la question de l’antisémitisme. C’est d’ailleurs en interpellant son bras droit, numéro un officiel de LFI, Manuel Bompard, qu’un ancien membre du mouvement, Olivier Tonneau, a commencé sa lettre ouverte du 9 novembre 2023, regrettant les « circonlocutions » et « réticences » de la direction insoumise dans la lutte contre l’antisémitisme.

      « Décidément, écrit-il, votre insistance à noyer l’antisémitisme dans le cadre général des discriminations me donne l’impression que vous avez bien du mal, ne serait-ce qu’un instant, à le regarder en face. »

      Lénaïg Bredoux et Fabien Escalona

    • On doit avoir utilisé le terme génocide sur ce réseau dès la première semaine de la riposte disproportionnée, du fait en particulier de membres de la majorité gouvernementale au pouvoir qui expliquaient que les adversaires n’étaient pas des humains, et qu’il n’était donc pas possible de leur appliquer les lois humaines humanitaires. Mais début novembre 2023, ça continuait de disserter doctement sur l’absence d’intérêt de la LFI pour le fléau des politiques antisémites que l’Occident gauchiste inflige à la diaspora juive (je plaisante, LFI a à de multiples reprises expliqué qu’ils luttaient contre tous les racismes, y compris contre l’antisémitisme, mais comme ils ne se contentent pas de passer leur temps à le démontrer, c’est un signe évident qu’ils sont de mauvaise foi, et qu’il faut continuer à enquêter sur leurs mœurs et leurs pensées intimes à ce sujet).

      Le petit triangle à côté du lien Mediapart démontre que cet article a déjà été partagé, ce qui démontre que sur ce réseau, les débats relatifs à l’absence d’intérêt pour LFI pour le fléau généré par les antisémites de gauche occidentaux existent. Mais il vaut mieux répéter les choses importantes. C’est tout à fait juste. Et donc, heureusement qu’il est possible de se répéter encore et encore. Merci.

      L’absence supposée d’intérêt de LFI pour la cause de l’antisémitisme a provoqué à peu près 0,00001 morts, et à peu près 0,00001 pogroms, mais dans nos cercles, il est parvenu à occuper 95,9595959% du temps d’indignation et de réflexion et de cerveau disponible, tout simplement. Mais c’est vrai, c’est important de prévenir le risque qu’un mouvement aux portes du pouvoir pourrait peut-être un jour mener une politique discriminatoire à l’encontre d’une population particulière. Il faut vérifier sérieusement. Et c’est important, il faut le concéder, le dire, sinon, on risquerait de croire que je trouve qu’on y passe trop de temps, et qu’il faudrait que tout de même, on se censure un petit peu les uns les autres pour arrêter de se remettre sous le nez les uns les autres toujours les mêmes inepties aussi mal étayées.

      Heureusement, nous sommes des progressistes qui savons nous tenir, et ce n’est pas comme cela que ça se passe entre nous. :-)

      Vivement que l’on parvienne collectivement à nommer concrètement ce qu’il s’est passé en octobre 2023 et dans les années qui ont suivi. Génocide, Censure, Pogroms, Propagande, Massacres, Bombardements indiscriminés, Famine, Exécutions sommaires, Déportations.

      (note : le 0,00001, c’est de la faute au coprocesseur arithmétique qui ne connaît pas vraiment la valeur 0)

    • Tu sais @biggrizzly , on peut dénoncer plusieurs choses à la fois sans chercher à mettre l’une en concurrence de l’autre.

      On peut aussi considérer que le leader (contesté) du parti politique en question commet des fautes politiques et morales qui méritent la critique. Et espérer que cette critique, ici, dans cette intelligentsia que tu affectionnes tant (puisqu’entre autre tu participes à son maintien technique ce dont je te remercie), a plutôt un effet positif (en dehors du fait de passablement t’énerver), somme toute très minime.

      Vivement que l’on parvienne collectivement à nommer concrètement ce qu’il s’est passé en octobre 2023 et dans les années qui ont suivi. Génocide, Censure, Pogroms, Propagande, Massacres, Bombardements indiscriminés, Famine, Exécutions sommaires, Déportations.

      Il me semble qu’ici tout le monde est d’accord là dessus. Mais c’est un autre sujet. Contre lequel on ressent une terrible impuissance.

    • des affiches des années 1930 et 1940. Mais, dit [JLM], « nous, on n’a pas ces affiches, on n’est pas au courant, on sait pas ! »

      Sauf que c’est un ex prof d’histoire qui parle. On le sait bien, puisqu’il s’agit du dernier tribun un tant soit peu cultivé, dont les discours montre à l’envi une connaissance de l’histoire et que de cela il tire un avantage effectif sur ses rivaux faits du carton technocratico-commercial (éventuellement accompagné de décennies de mauvais cours de théâtre), à l’instar, dans un registre voisin, du ci-devant Villepin et de son violon républicain.
      Or ces affiches sont dans tous les livres scolaires sur la période (quand on pense à l’apologie de l’école et de la pédagogie que font ces gens, c’est proprement ahurissant).
      Faut-il prendre les gens pour des cons, pour se grandir ? Il y a la réponse gourou (Raoult), la charismatoc (Trump), mais d’autres réponses sont possibles. Que ne le voit-il point ?
      À procéder ainsi c’est chacun qu’il abaisse. C’est mal. Il pourrait faire moins mal, ne serait-ce que par calcul. Ce qui l’en empêche, comme sur le covid, c’est très probablement un autre calcul.

      Ce rhéteur compte mal au point d’oublier ce qui compte (plus nombreux à avoir voix au chapitre, peut-être se corrigeaient-ils). Et c’est un mitterrandiste raté d’avoir oublié comment Mitterand fit mine d’aspirer à la fois le marxisme et 68, l’anticapitaliste et le vivre autrement rimbaldien. Lorsqu’il tente de faire l’éponge, sur l’écologie, ça fonctionne tant bien que mal (tant pis pour eelv), à condition doubler une écologie sociale qui ne serait PAS réindustrialiste. Sur les luttes et les mobilisations sociales c’est pas bien au dessus de Ruffin et son "j’avais football" à propos de l’assassinat d’Adam Traoré.

      Un truc « gazeux » comme LFI a lui aussi à se refonder pour être à la hauteur de l’époque (et bien sur sans ces "Jésus, ce sont ses compatriotes" pauvre réplique du nationalisme de Drumont de l’enfant de choeur JLM, mais bordel qu’il se soigne ou qu’il se cache).

      Ici le « problème de l’IA » c’est pas la déqualification qui diminue la qualité de la production, c’est pas le salaire, c’est le siège du parti et qui y trône, avec ce laisser aller revendiqué aux préjugés les plus crasses, que ce serait de droite de les voir.
      Mais à ce jeu ce serait quoi la gauche ? Des aveugles au pays des borgnes ?

      #LFI

    • Tribunal judiciaire de Nanterre, 21 mars 2025, 25/00793
      https://justice.pappers.fr/decision/9bbd6c8646d2de2a66b3f75aa310554cc72cb0f9

      Il est constant que M. [K] est reconnaissable sur la photographie (ce quelque soient les modalités de sa conception sur lesquelles les parties ne se sont pas étendues) illustrant l’affiche ; que son image a été reproduite sans son autorisation. Il ressort des pièces produites en demande (pièces 3.1 à 3.6) que cette photographie a été perçue comme rappelant des affiches, dont celle du film « Le juif éternel », antisémites des années 1930/1940. Partant, et sans qu’il ne soit nécessaire de mettre en balance le droit à l’image de M. [K] et la liberté d’expression de La France Insoumise, il est évident que cette image ne peut pas illustrer de façon pertinente le sujet d’intérêt général porté par l’affiche dont il convient de rappeler qu’elle s’inscrit dans un appel à manifester le 22 mars 2025 contre le racisme et le fascisme.

      Dans ces conditions, en utilisant, sans son autorisation, cette image de M. [K] telle qu’elle est reproduite sur cette affiche qu’elle a publié sur ses réseaux sociaux, La France Insoumise a porté atteinte à son droit à l’image.

    • Il me semble qu’ici tout le monde est d’accord là dessus. Mais c’est un autre sujet. Contre lequel on ressent une terrible impuissance.

      Oui, sincèrement, je pense qu’il y a ici consensus sur le fait génocidaire à Gaza. Et encore heureux. Par contre cette « terrible impuissance » que nous ressentons tous n’est-elle pas aussi liée au fait que l’on continue à se chamailler (plus ou moins doctement) sur le fait que Mélenchon et ses séides seraient plus ou moins antisémites ?

      Cette fixation que certains font sur LFI, je trouve ça profondément agaçant, voire décourageant ou plutôt sclérosant.

    • La polémique qui n’en finit plus...

      À réactions exceptionnelles, réponse exceptionnelle. Sensibles aux nombreux commentaires postés sous notre émission « Antisémitisme, analyse d’un déni à gauche », et conscient·es également du fait que le médiateur publié ensuite à ce sujet n’ait pas entièrement convaincu, Arrêt sur images - sur proposition insistante de Daniel Schneidermann - organise un nouveau retour sur cette émission polémique, cette fois-ci en plateau. Robin Andraca, Alizée Vincent et Nassira El Moaddem répondent pendant 1h15 aux questions du fondateur d’ASI.

      https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/emission-antisemitisme-et-si-on-recadrait-le-debat

      DS :

      Un mois et demi déjà, et une émission d’Arrêt sur images qui ne passe décidément pas. La chaîne décoloniale Paroles d’honneur nous a déjà consacré deux vidéos, et j’ai été personnellement interpellé sur le plateau de Hors-Série, par Judith Bernard, à propos de cette émission du 28 mars dernier, «  antisémitisme, analyse d’un déni à gauche.  » Emission ASI dans laquelle je ne suis d’aucune manière intervenu, ayant lâché les manettes de la présentation depuis maintenant plus de trois ans. Sans parler des interpellations, en privé, d’abonnés, et d’invités potentiels.

    • Eh bien je me suis fadé leur pensum. C’est atroce. Au moins je découvre à quel point D.S est le type même du patron de gauche, à morigéner la journaliste car elle fait pas bien son taf (faut dire que ça l’emmerde dans ses rapports mondains et médiatiques, on lui pose des questions, vous imaginez !).
      Le rédac chef ou je sais pas quoi insiste sur le journalisme sur les images, et pas autre chose. Zéro idée, zéro fait. Tout comme leur article « médiateur » reposait sur l’archi-foireuse distinction aussi scolaire qu’éculée de la forme et du fond).

      À les regarder, les uns et les autres, il me semble que tout ça est nul. Impasses du journalisme d’une part, Misère de la politique de l’autre.

      LFI, ils ne peuvent pas gagner car ils ne constituent aucune force réelle (sinon, ça se verrait, les militants LFI seraient pas sur le net ou ne se borneraient pas à faire les boites aux lettres pour distribuer la prose rédigée au siège central). Il n’en veulent pas, ça ferait trop d’histoire, des débuts d’orientation, des désaccords, voire des importants mis en minorité. Il ne reste qu’un jeu très étroitement électoraliste (des parts de marché), que seul une figure centrale est à même de rendre opérant, voilà ce qui qui fait faire à LFI de telles conneries, les amène à se montrer à l’os.
      Le résiduel, c’est à la tête du mouvement gazeux qu’on le trouve, un peu d’antisémitisme chrétien (le peuple déicide, dixit JLM), un peu de socialisme des imbéciles (y ont riches ces juifs, Ilan Halimi, ça aurait du payer), un peu de complotisme (vous avez vu ? Attali en marionnettiste du monde, c’est pas antisémite, la justice l’a dit : on le garde !) et sur un nouveau ressort, à défaut d’ici et de maintenant, ailleurs et demain : la Palestine (ça va au-delà de JLM ou LFI : un meurtre raciste dans une mosquée : il est où la gauche ? elle est où l’antiracisme politique ?).
      Voilà ou serait le ressort, le moteur auxiliaire qui va faire avancer la bécane. Il n’y a pas plus raciste qu’Israël (c’est certain, demande à l’Inde, ses castes, ses musulmans, aux States, à la France). Et puis les juifs d’ici votent extrême droite (discutable : on généralise deux fois faussement depuis une inflexion fascisante en cours depuis un moment, mais ces juifs en demande d’ordre sont juste excessifs là où d’autres restent légitimistes, macrono-socialistos-républicians, assimilés à fond, et pour quelle gauche devraient ils voter ?). On le dira pas, mais on le sait bien, les juifs sont des racistes, y a pas mieux que de s’en défier. C’était un composé de tout ça le miracle de la validation de la production demandée à Grock : voilà un juif visuellement reconnaissable, et c’est un facho, ou l’inverse, peu importe, tout y est ! On le tient notre visuel. Personne ne l’a dit, ni sur le moment, en interne, ça aurait été trop malaisant, il vaut mieux en rester à des évaluations de l’efficacité de l’objet, sans trop analyser comment il fonctionne, ou est supposé le faire. Ni plus tard, ni en dehors de LFI.
      (et on en rajoute rapido dans la classique surenchère où une fois encore on traite les auditeurs en buses qui jouiraient de se faire abuser : JLM, ex prof d’histoire déclarant que personne connait ce genre d’affiches antisémites, et même qu’il faut en avoir dans son grenier - être un enfant de faf quoi- pour les connaître. Ben oui, le savoir, surtout scolaire, c’est résiduel, passons à autre chose).

      C’est le miterrandisme d’avant l’alternance de 81 continué : tenter de surfer sur l’air du temps. Eux avaient déjà leur histoire longue de notables de la République, et beaucoup à faire mieux oublier. Ils réussirent, mais c’était dans de toutes autres conditions.

      Quant à l’émission qui cause antisémitisme et gauche où rien d’autre que la si difficile unité de la gauche à la fin de l’affaire Dreyfus (comme le rappelle en plateau le pas clair Hirsch), mais ni Proudhon, ni Doriot, ni Staline, et ce qui était collectivement sous-jacent à ces figures individuelles de l’antisémitisme, c’est de la rigolade.

      Du passé faisons table rase disait une vieille chanson. Elle était pas si claire. Bien décantée, politiciens et médiatiques en font une ligne de conduite qu’on ne prend même pas la peine d’énoncer, l’appliquer suffit : À BAS L’HISTOIRE !

  • Antisémitisme : les mensonges de Jean-Luc Mélenchon
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/21/antisemitisme-les-mensonges-de-jean-luc-melenchon_6584319_3232.html

    Car si le coordinateur de #LFI, Manuel Bompard, et la cheffe des députés « insoumis », Mathilde Panot, ont fini par reconnaître une « erreur » qu’ils ont bizarrement reliée à l’usage de l’intelligence artificielle, Jean-Luc Mélenchon n’a su opposer qu’un tonitruant « Taisez-vous ! » au journaliste de France 3 qui, le 16 mars, lui demandait si le choix de cette image était erroné. Sur France Inter, où on lui avait posé la même question, il avait répondu, comme s’il ignorait le message antisémite du cliché : « Il va falloir vérifier tout le temps la religion des gens qu’on caricature. »

    Le déni a atteint son paroxysme lors d’une réunion publique à Brest, le 19 mars. Le leader de LFI a une nouvelle fois surjoué la colère, récusant d’un ton offusqué les accusations d’#antisémitisme, et affirmant, lui, le féru d’histoire, tout ignorer des affiches des films de propagande nazie. « Pas de bol, nous, on n’a pas ces affiches, on n’est pas au courant, on ne sait pas. D’accord ? », a-t-il tonné, affirmant que l’image en cause « n’est plus diffusée que par l’extrême droite et les journalistes ».

    • Des dizaines de milliers de personnes défilent contre le racisme, malgré les polémiques
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/03/22/des-milliers-de-personnes-defilent-contre-le-racisme-malgre-les-polemiques_6

      Présente samedi à Paris, l’eurodéputée Rima Hassan a admis « une erreur » à propos du fameux visuel. « On doit entendre les voix juives y compris de gauche [ ?] . Il faut être humble, comprendre que, des fois, on fait des erreurs, c’est important. L’enjeu, c’est que ça ne se reproduise pas », a-t-elle expliqué devant la presse. Un mea culpa formulé une demi-heure plus tard au micro, devant militants et citoyens, par le député du Vaucluse Raphaël Arnault : « Nous avons le devoir de redoubler d’efforts quand nous communiquons », a lancé, à la foule, le militant antiraciste du camion de LFI, se désolant des attaques antisémites à l’encontre du mouvement. « Cela broie notre raison d’être », a-t-il poursuivi. Mathilde Panot a, elle, préféré retourner l’accusation : « Un jour, vous vous regardez dans la glace [et vous regretterez] d’avoir fait croire que les antiracistes étaient les racistes », a-t-elle lancé.

  • Caricature de Cyril Hanouna : La France insoumise refuse de dire qui a validé l’affiche | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170325/caricature-de-cyril-hanouna-la-france-insoumise-refuse-de-dire-qui-valide-

    Il y a une constante chez les lambertistes depuis cinquante ans : ils aiment perdre. Alors à chaque fois qu’ils tiennent quelque chose d’important, il font tout pour casser leur jouet. C’était Jospin en 2002. Aujourd’hui Mélenchon et sa garde rapprochée du POI.
    Nous avons besoin de radicalité, pas de l’impuissance organisée d’un truc gazeux qui ne construit rien de démocratique et laisse des incultes gâcher la sauce.
    J’ai franchement du mal à voir cet auto-destruction assumée, car fondamentalement elle empêche l’émergence d’une force de gauche radicale mais capable de marquer des points dans la société. La radicalité, ce n’est pas crier plus fort que le voisin, c’est avoir une démarche constante pour défendre les intérêts des plus démunis et de l’environnement de toutes et tous. C’est aussi être le radical de la société, pas le radical dans son petit monde isolé.

    Comment l’affiche représentant l’animateur Cyril Hanouna sous l​​es codes des caricatures antisémites des années 1930 a-t-elle pu être diffusée par les canaux officiels de La France insoumise (LFI) ? La question, éminemment politique, ne trouve toujours pas de réponse cinq jours après la publication – rapidement supprimée – de ce visuel appelant à manifester contre l’extrême droite, samedi 22 mars.

    #LFI

  • A propos d’une affiche de LFI : la lutte contre les racismes et l’antisémitisme est indivisible ou n’est pas - LDH
    https://www.ldh-france.org/a-propos-dune-affiche-de-lfi-la-lutte-contre-les-racismes-et-lantisemiti

    La LDH (Ligue des droits de l’Homme) a pris connaissance avec consternation de l’affiche de La France Insoumise visant à dénoncer des personnalités porteuses d’idées d’extrême droite, ciblant l’animateur de télévision Cyril Hanouna sous des traits caricaturaux s’inscrivant directement dans la pire tradition antisémite des XIXe et XXe siècles. Toute organisation ou parti politique peut commettre des erreurs de communication. Lorsque LFI ne semble pas en reconnaître le fait et la nature, cela nous interroge sur sa compréhension et sur sa volonté d’y remédier.

    (...) La France Insoumise, par la diffusion de cette affiche, montre qu’elle n’a pas pris la mesure de la prise de conscience et du travail nécessaires à la lutte contre toutes les formes de racisme.

    La LDH est tout à fait consciente des tentations politiques d’instrumentaliser l’antisémitisme pour museler la parole relevant de la liberté d’expression et elle les a largement critiquées. Cependant, ces instrumentalisations n’invalident pas la dénonciation d’une expression authentiquement antisémite.

    La LDH n’est pas non plus dupe des expressions de soutien envers les victimes de l’#antisémitisme qui émanent des réseaux d’extrême droite. Elles sont très continûment contredites par d’autres déclarations de leurs responsables politiques et servent surtout de vecteurs à l’expression d’autres formes de #racisme, tout particulièrement antimusulman.

    #LFI

  • Le coup d’État macrono-lepéniste soutenu par le PS, c’est trominion.
    https://www.lemonde.fr/politique/live/2025/02/03/en-direct-budget-2025-francois-bayrou-va-recourir-deux-fois-au-49-3-lundi_65

    Le Parti socialiste a décidé de ne pas censurer le gouvernement Bayrou

    D’après des informations de l’Agence France-Presse et de Public Sénat dont Le Monde a obtenu confirmation, le bureau national du Parti socialiste, réuni ce lundi, a pris la décision de ne pas voter la censure du gouvernement de François Bayrou.

    Je répète souvent que je suis assez vieux pour avoir connu le tandem Pasqua-Pandraud. Ben maintenant tu pourras dire que tu as connu le couple Retailleau-Darmanin.

    • (je rigole, je l’avais pas vue venir celle-là :

      « Le PS ne votera pas la censure. Il faudrait que ça serve de leçon à LFI, qui nous sort le PS de la naphtaline à chaque fois en faisant alliance avec eux, pour se faire trahir 6 mois plus tard.
      Laissez crever le PS ! Plus d’alliance, que le PS disparaisse ! »

      LFI, y sont pas trop intransigeants, y sont trop indulgents, avec le PS)

    • On dirait un remake d’un nanard avec des morts vivants, tout ces crétins décrépis, incapables de penser à autre chose qu’à leur propre petit profit se précipitant avec leurs haches en main pour te saccager le NFP, et voila comment ceux que vous avez détestez reviennent d’entre les morts : Hollande, Vals, même Jospin sort du sable. On les détestait on croyait s’en être débarrassé, mais non, une poignée de députés suffisent pour que le FN et Marcon ressuscitent le PS.

    • Le groupe PS, c’est 59 députés élus sous étiquette PS et 7 divers gauche. Plus d’un demi escadron, c’est pas rien.
      Obtenue à nos frais, car la persistance de notabilités locales et nationales n’y aurait pas suffit, leur élection les a remis en selle. Puis, faute de désignation d’un.e PM NFP, la combinaison politique NFP s’est effondrée. D’abord, avec la censure, le RN a fait office de « groupe central », sans censure, le PS le remplace dans cette fonction. C’est le game.

      Confier la victoire au succès d’un homme providentiel et à un « parti mouvement » rétif à toute démocratie, ne serait-ce que participative, ce n’est pas sérieux. L’indifférence à la démocratie réelle de cette formation radicalement étatiste a peu dans notre contexte peu de chance de donner « le pouvoir au peuple », sauf dans un schéma fasciste. LFI ne politise rien, si peu de monde, car il n’y a pas l’espace, qui est verrouillé (venez faire les marionnettes à la manif, dans l’isoloir, et sion, fermez-la, on s’en occupe). La vision là encore électoraliste « des quartiers » vient de perdre à Villeneuve Saint-Georges, où une autre politique aurait pu - peut-être- in fine contraindre le PS à se coucher.

      Le pape de la gauche étatiste française, combien de divisions ?

      #électoralisme #combinaisons_politiques #gauche_de_droite #LFI

  • La faute Insoumise - Yanous ! Le magazine francophone du handicap
    https://www.yanous.com/news/editorial/edito241115.html

    Afin de venir en aide aux jeunes mineurs non accompagnés entrés en France pour fuir leur pays d’origine, les députés La France Insoumise ont fait adopter le 5 novembre dernier un amendement finançant la création d’un nouveau programme d’État « Plan d’urgence pour les mineurs non accompagnés. » Ces parlementaires invoquent le développement d’une politique de préférence nationale menée par des Conseils Départementaux : « Ces enfants, parce qu’ils sont étrangers, font l’objet d’une déshumanisation croissante. La loi française comme la Convention internationale des droits de l’enfant impose de protéger tous les enfants en danger sur notre territoire, sans condition de nationalité. » Leur situation est en effet peu enviable, fréquemment livrés à eux-mêmes et de ce fait proies rêvées pour les trafiquants et abuseurs en tous genres.

    Mais faut-il, pour combler cette lacune, utiliser près des trois quarts de la ligne budgétaire finançant les Instituts nationaux des jeunes sourds ou aveugles (INJS et INJA), l’emploi accompagné des travailleurs voulant sortir d’ESAT, la lutte contre les maltraitances et une poignée d’autres actions en direction des personnes handicapées ? C’est pourtant ce que le groupe des députés LFI a fait voter en Commission des finances lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2025. Cette pratique rejoint celle des Gouvernements qui se sont succédés ces 15 dernières années, détournant allègrement la contribution pour l’emploi des travailleurs handicapés. Et ce n’est pas la première fois que cette formation politique s’attaque aux personnes handicapées, son ex-député phare, François Ruffin, avait en 2020 proposé de supprimer le droit d’employer directement leurs aides humaines au domicile parce que ces « particuliers employeurs ne sont pas en situation d’être des employeurs responsables » (lire cet Éditorial).

    Bien sûr, la disposition budgétaire que LFI a faite adopter est un amendement d’appel au Gouvernement pour qu’il pallie les carences des Départements qui ne respectent pas leur obligation légale à l’égard des mineurs non accompagnés, ce texte restera éphémère. Mais un fait est certain : les députés LFI ont réussi à faire voter par des députés d’autres groupes politiques une disposition qui ampute l’action en faveur de citoyens handicapés dont la vie vaut autant que celle des autres. Ils ont également opposé les besoins de deux publics vulnérables et arbitré en faveur de l’un. Doit-on sacrifier l’enseignement des jeunes aveugles ou sourds et l’émancipation professionnelle des travailleurs en ESAT pour accompagner les mineurs isolés ? LFI a tranché par un amendement révélateur, en pleine année Paralympique, d’une pensée sur la place des personnes handicapées dans notre société…

    #LFI #handicap



  • Légalisation des drogues douces

    Il est temps que la France 🇫🇷 légalise les drogues douces. À l’image de l’Allemagne 🇩🇪, l’Espagne 🇪🇸, la Suisse 🇨🇭 ou le Portugal 🇵🇹, les consommateurs français devraient être traités autrement que comme des criminels. Au nom des liberté fondamentales, de l’égalité, de la fraternité, pour harmoniser les législations en Europe 🇪🇺, et dans un esprit de sécurité collective durable.


    Publication : 27 / 09 / 2024
    Admissibilité : 5.000 en 6 mois


    Propositions amies (4) : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives?filter[search_text]=cannabis&order=recentl légalisation du cannabis en France

    https://politipet.fr/2428
    https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2428

  • @ALeaument
    https://x.com/ALeaument/status/1839385546642358274

    J’étais ce matin au centre de #rétention administrative (#CRA) de Vincennes pour contrôler les conditions de rétention, échanger avec les personnels et les personnes retenues.

    Je remercie les fonctionnaires de #police pour leur accueil.

    Il ressort des échanges avec eux que le manque d’effectif conduit à une augmentation des tensions et une diminution de l’accès aux droits pour les retenus.

    Les conditions de rétention sont globalement mauvaises et inégales selon les bâtiments : insalubrité, vétusté, manque d’installations, manque d’activités.

    Des travaux sont prévus mais ne peuvent à eux seuls régler toutes ces questions.

    On ne peut sérieusement traiter des questions d’#immigration sans voir sur le terrain le résultat des politiques mises en place.

    #République_française #LFI

    • Malgré ses efforts, il parle la France aussi mal que moi. On écrit « manque d’effectifs ».
      Sinon, il a pas pigé que les keufs veulent même pas aller là-bas. Maton, on est enfermé. C’est dégradant. De plus, ce cadre rend plus sadique encore que les commicos. Pire, même pour qui bat pas sa femme, ses mômes et son chien, y a de quoi se faire des entorses, c’est vous dire.

      #gauche #racisme

  • Gauche : Benoît Payan, un sous-marin marseillais au Nouveau Front populaire
    https://www.blast-info.fr/articles/2024/gauche-benoit-payan-un-sous-marin-marseillais-au-nouveau-front-populaire-

    image webp
    https://static.blast-info.fr/stories/2024/story_hero_576w_x3-gauche-benoit-payan-un-sous-marin-marseillais-a

    Les personnages de cet article semblent agir dans une bulle loin des gens qu’ils sont censés représenter. C’est la cabale à la place du combat, seulement Melenchon/Delogu ont des rapports et une vie avec le peuple.

    Obsédé par sa réélection en 2026, le maire de Marseille craint la poussée des Insoumis dont les scrutins européens et législatifs confirment l’implantation sur ses terres d’élection. Lors des municipales de 2020, les amis de Mélenchon n’étaient pas monté dans le train du Printemps marseillais, qui avait repris la ville à la droite. L’ancien socialiste s’emploie à saper leur progression quitte à saborder le Nouveau Front populaire. Car Marseille vaut bien un gouvernement. Révélations.

    Au lendemain du second tour des législatives, la France des médias et des rédactions a redécouvert Benoît Payan : Payan par ci, Benoît par là, le Marseillais est soudainement partout, on l’entend sur France Info, LCI, sur BFM, on le lit interviewé par L’Express, on le repère signataire d’une tribune dans Libération, et on en passe.

    Benoît Payan, premier ministrable d’une gauche « raisonnable » ? Si « seul un socialiste » peut « apaiser », il prétend ne pas être celui-ci : « Je suis maire de la plus belle ville de France et il n’y a qu’elle qui compte. » Image France info

    Tous les micros tendus, le maire de Marseille professe à qui veut sa vision pour le pays et son idée d’un prochain gouvernement. Le tout inspiré de son expérience de coalition appliquée sur les rives du Vieux Port, où est posé l’hôtel de ville de Marseille. Payan reste persuadé qu’elle doit servir de matrice à la gauche, à l’échelle nationale. Et l’ancien apparatchik du PS des Bouches-du-Rhône - époque Guérini, une référence - pousse pour qu’un dirigeant de son ex-parti soit intronisé à Matignon.

    Pour le clerc de notaire, « il n’y a aucune raison que ce soit un insoumis plus qu’un autre » : « Le chef du gouvernement devra être un socialiste parce qu’il faut que le centre d’équilibre du Nouveau Front populaire soit au cœur de la gauche », assène le sudiste sur France Info. Et pas question d’une marche sur Matignon comme Adrien Quatennens en a jeté l’idée : « Qu’est-ce que c’est cette manière de faire ? », cingle Payan.

    « Doudou » Payan contre les Insoumis

    S’il se donne autant de mal, manœuvrant désormais à découvert pour faire déraper le NFP et isoler la France insoumise, après un mois d’intense lobbying en coulisses, c’est peu dire que « Doudou » Payan - le surnom attribué par les frères Guérini, quand il était leur porte-serviette - craint la montée en puissance des Insoumis. Avec trois députés ancrés sur la carte électorale marseillaise depuis 2022, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon avait largement distancé les autres listes de gauche aux dernières européennes : sur les bords du Lacydon, 21 % des voix sont allées à la liste conduite par Manon Aubry, contre seulement 11 % au PS et 5 % aux écolos. Un bon signal pour la gauche mais une alerte rouge pour le premier magistrat de la cité phocéenne, qui sait lire dans les urnes, dans l’optique des municipales de 2026.

    Contrairement à la situation nationale, et la réaction de la gauche après la dissolution déclenchée à l’Élysée, à Marseille les Insoumis font bande à part. LFI n’était pas de l’aventure du Printemps, qui a pris la main sur la municipalité après 25 ans de mandat(s) Gaudin en juillet 2020. En plein Covid, cette coalition hétéroclite - où s’est mêlent société civile, écologistes, communistes et oripeaux d’un PS local en décomposition - était parvenue à faire élire la Verte Michèle Rubirola grâce à la division de la droite, combinée à une abstention record. Six mois plus tard, la même Rubirola demandait à son premier adjoint Benoît Payan (avec qui elle formait un binôme au Département) de la remplacer, Rubirola prenant sa place de numéro 2 de la municipalité. Un switch inédit qui avait provoqué des rires à droite, des grincements de dents dans la société civile - qui voyait d’un mauvais œil le retour des professionnels de la politique et du vieux PS - et une perplexité certaine dans les rangs insoumis, absents du cénacle municipal et spectateurs passifs de cette manœuvre novatrice.

    2017, les Insoumis ciblent Marseille

    Trois ans plus tôt, en 2017, au sortir d’une élection présidentielle aussi harassante que frustrante, Jean-Luc Mélenchon avait jeté son dévolu sur Marseille pour s’y faire élire député.

    De cette ville où il a prononcé en 2012 ce qui restera peut-être son plus beau discours, devant une marée humaine sur les plages du Prado, pour sa première candidature présidentielle, il entend faire un laboratoire, y acheter une maison et y installer l’école de formation des cadres de son parti, pour préparer la conquête du pays. Les universités d’été des Insoumis y trouvent naturellement leur point de chute.

    En avril 2012, pour son dernier grand meeting de campagne, le candidat du Front de gauche prononce un discours vibrant devant plus de 100 000 personnes à Marseille, face à la Méditerranée : « Comme vous êtes émouvants, grands, beaux (...) Écoutez le souffle lent de l’Histoire (...) »... Image compte Facebook Jean-Luc Mélenchon

    Si le Che(f) est depuis reparti, laissant sa circonscription du centre-ville (la 4ème des Bouches-du-Rhône) à son bras droit Manuel Bompard, Marseille reste une place forte insoumise et une terre d’avenir. « L’institut La Boétie forme chaque année 5 à 10 militants marseillais, siffle une huile de la politique locale, admiratif. Quand ils reviennent, ce sont des soldats : dans la ligne et très efficaces. » Nul doute qu’avec les récents résultats sortis des urnes et leur patiente implantation, les LFIstes ne resteront cette fois pas hors du jeu lors des prochains scrutins locaux.

    J’appelle à un Printemps marseillais pour la France

    (Pres)sentant la tempête à venir, le maire de Marseille - qui a incontestablement du flair et a lui aussi été bien formé - a décidé de prendre les choses en main. « À Marseille, nous continuerons de faire la démonstration que l’union est la seule voie pour contrer ceux qui utilisent les colères et les fractures en portant un projet de repli et d’exclusion, prévient-il, dans un message posté sur X au soir des européennes, et de l’annonce de la dissolution. J’appelle à un Printemps marseillais pour la France. » Derrière le modèle à nouveau rabâché d’une ville aux 2600 ans d’histoire, beaucoup voit une invitation explicite à tenir les mélenchonistes à l’écart. A Marseille comme partout ailleurs.

    Un deal, et quitter la ville

    Mais l’ancien patron des Jeunes socialistes de Marseille ne s’est pas contenté seulement d’exposer sa méthode sur les plateaux des TV et des radios. D’après les informations de Blast, il s’est investi via d’autres canaux.

    « Dès le 9 au soir, il nous a appelés, se marre un conseiller ministériel. Payan nous a assuré qu’il allait se présenter dans les 13e et 14e arrondissements contre le RN, il voulait négocier pour n’avoir personne du camp présidentiel, en face. En échange, il ne poussait personne face à Sabrina Agresti-Roubache. (lire à la suite, ndlr) »

    Pour convaincre ses interlocuteurs, Payan aurait avancé d’autres arguments. « En plus il claironnait qu’il allait monter à Paris pour empêcher les négociations avec les Insoumis ». Des rodomontades prises avec des pincettes en Macronie : le chef de l’État se rappelle des promesses du même Payan en 2022, de le soutenir pour la présidentielle en remerciement du plan Marseille en Grand auquel il a été largement associé. Au final, lors du meeting tenu le 16 avril 2022, le maire avait éteint son portable et quitté la ville.

    Le 16 avril 2022, en bras de chemise, Emmanuel Macron s’adresse aux électeurs de gauche pour faire barrage à Marine Le Pen au second tour, depuis Marseille, sa « ville de cœur ». Il a beau chercher : Benoît Payan, dont il attendait la présence au premier rang de ses soutiens, n’est pas là. Image BFM

    Un incrusté à Paris

    Le 10 juin au matin, au lendemain de la sidération qui s’est abattue sur le pays avec l’annonce de la dissolution, le maire réunit les troupes de sa majorité pour une séance « de psychothérapie collective ». « Il a analysé les résultats en minorant le poids des Insoumis dans la ville, selon les mots d’un participant, dépité. On avait l’impression qu’il essayait de se convaincre, et ça a plutôt eu l’effet inverse. C’est très clair qu’il craint les Insoumis, dans la perspective de 2026. »

    Dans la foulée, le Marseillais file à Paris assister aux négociations internes à la gauche. Payan échoue à saborder l’accord, comme annoncé à ses contacts ministériels la veille, qui aboutit au lancement du Nouveau Front populaire officalisé dès ce 10 juin, et à l’annonce du programme commun (présenté le 13 juin). L’ancien porte-parole de la fédé du PS 13, qui a du métier, ne se démonte pas. Il y va alors « au flan », laissant fuiter sa détermination à se présenter face à Jean-Luc Mélenchon, si jamais le chef insoumis candidatait à nouveau à une circonscription marseillaise.

    En montrant ses muscles, Payan entend peser sur la répartition des circonscriptions. « Du bluff total, se marre rétrospectivement un conseiller municipal, mais il s’est incrusté dans les négociations. Et cela a beaucoup agacé, notamment Marine Tondelier des Verts qui aurait bien aimé le virer. »

    Au final, le Nouveau Front populaire réservera naturellement à LFI les trois circonscriptions de ses députés sortant, en accordera deux - des terres de mission, tenues par la droite et l’extrême droite - à EELV et donnera deux investitures aux candidats PS-Place publique : dans les quartiers Est de la ville, promis au RN, la secrétaire générale de Place Publique Pascaline Lécorché est envoyée ; dans les beaux quartiers, où l’élection est jouable, le maire de Marseille propulse son adjoint à l’économie, le socialiste Laurent Lhardit.

    Le 4 juillet dernier, le leader de Place Publique, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, est à Marseille pour faire campagne avec Benoît Payan et Laurent Lhardit (élu depuis député). Image compte X Laurent Lhardit

    Au terme de ces législatives anticipées, les résultats sortis des urnes dessinent une carte de Marseille où le RN est désormais bien implanté (3 députés, contre 1 précédemment), la France insoumise l’autre grande force politique (2 élus - avec également le « purgé » Hendrik Davi (1), proche de Clémentine Autin) alors que la majorité municipale compte 1 seul parlementaire. Une équation qu’il suffit de poser pour comprendre ce qu’elle implique. Et les cauchemars du maire de la ville.

    « Payan a un gros problème désormais, les circonscriptions LFI sont implantées là où il a ses proches et alliés : dans l’hypercentre, Manuel Bompard est député et la mairie tenue par un proche, Anthony Krehmeier ; dans les quartiers Nord, Delogu est devenue une star alors que la gestion de ces quartiers a été laissée par la majorité à Samia Ghali... L’équilibre bancal du Printemps marseillais ne va plus tenir très longtemps », analyse froidement un ténor de la droite, qui se réjouit de cette perspective en reconnaissant que, dans son camp, « c’est un moulon », où « on ne sait plus qui est où, entre muselieristes, Républicains canal historique, ciottistes et Horizons », et où « tout le monde veut s’exclure. »

    Payan vs Delogu : un duel de dingue(s)

    Comme rien n’est simple - aujourd’hui encore moins qu’hier -, il est amusant de savoir que le maire Benoît Payan et le député insoumis Sébastien Delogu étaient jusqu’alors très amis dans la vie. Dans un portrait consacré il y a deux ans au second par Libération, les deux se renvoyaient la balle, à qui mieux mieux.

    « Il est fou fou ! », s’exclamait Payan, devant la journaliste de Libé. « Il vous a dit que j’étais fou ? Lui aussi est fou », répliquait l’Insoumis.

    Le 1 juin 2017, dans les coulisses d’un débat sur France 3 Marseille, le sortant Patrick Mennucci et Jean-Luc Mélenchon se disputent un siège de député. Les deux ex-compagnons de l’aile gauche du PS sont devenus adversaires. Un duel des gauches toujours d’actualité. Image Olivier-Jourdan Roulot / Adieu Bourbon

    En 2017, le premier, alors conseiller départemental et patron du groupe socialiste d’opposition à Gaudin à la ville, participait en douce au comité stratégique du député PS sortant Patrick Mennucci. Un peu en retrait, étant là sans trop y être - ou le vouloir. Delogu, lui, était dans le camp d’en face. Il découvrait la politique auprès de son grand homme, Jean-Luc Mélenchon, dont il avait entendu le discours au Prado en 2012. Pendant qu’il le conduisait en ville dans son van noir, assurant aussi sa sécurité, Mélenchon lui prodiguait des conseils de lecture.

    Dans ce match indirect entre les deux amis, c’est Delogu qui l’avait emporté : Mélenchon était sorti vainqueur du duel des anciens de la Gauche socialiste (PS), s’emparant du siège de député de Mennucci. Payan ne s’en était jamais plaint, depuis.

    Lors des législatives 2017, Sébastien Delogu (à droite, au second plan) avec Jean-Luc Mélenchon, qu’il accompagne alors partout. Un premier plan, avec un journaliste de Marsactu, Patrick Mennucci. Image OJR / Adieu Bourbon

    Désormais, beaucoup pensent l’affrontement entre les « deux amis » inévitable. Il devrait se jouer plus tôt que prévu. L’article de Libé, en 2023, se concluait sur ces lignes : « L’insoumis prévient : en 2026, il soutiendra Payan, et la fois suivante, ce sera lui, le maire de Marseille. »

    Mais désormais, 2026 c’est demain et aujourd’hui déjà. Entre un Delogu député des quartiers nord, réélu au premier tour dans un fauteuil, qui incarne la gauche radicale, et un maire plus old school et conventionnel, dont le profil rassure l’électorat bourgeois du sud de la ville, l’affiche est prête.

    Si le temps de la clarification reste brumeux au niveau national, la ligne Payan - de Marseille à Paris, voire de Marseille contre Paris - est désormais lumineuse : tout sauf les insoumis.

    Dans ces conditions, pas certain que l’amitié triomphe, à la sortie. N’y qu’elle résiste, aussi belle et fofolle soit elle.

    –—

    Agresti-Roubache : Sans Gaudin, l’amie des Macron balayée

    Proche du couple Macron, la secrétaire d’État à la ville Sabrina Agresti-Roubache, en charge du Plan Marseille, se représentait dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône. Ces quartiers du sud de la ville étaient hier encore le fief de l’indéboulonnable Jean-Claude Gaudin. En 2022, Agresti-Roubache y avait été élue de quelques centaines voix grâce... au soutien de Gaudin et de ses réseaux sans y voir aucun paradoxe - alors que le macronisme a surgi au plan national en se réclamant du grand coup de balai (de la vieille classe politique) et que la productrice avait surfé localement sur la vague anti-Gaudin, présenté avec ses héritiers... comme « le monstre ».

    Pendant la campagne, « la ministre de Marseille » a fait défiler les têtes d’affiche de la macronie et du gouvernement, dépêchés à Marseille pour tenter de sauver son siège (ici avec Gabriel Attal). Peine perdue. Image compte Instagram SAR

    Cette fois, « le Vieux » n’a rien pu faire : Gaudin est décédé quelques semaines plus tôt, en mai dernier. Et la sous-ministre qui se rêvait maire de la ville a payée cash dans les urnes le retour à la réalité, son manque d’ancrage et la faiblesse de son implantation personnelle et quelques compromissions - comme l’interview en août 2023 au nouveau JDD bollorisé, étant la première membre du gouvernement à parler à l’hebdo désormais d’extrême droite, après la purge de sa rédaction, sans même parler de son rôle dans la promotion délirante et irresponsable du cas Didier Raoult.

    Au soir du premier tour, « la ministre de Marseille » est sortie en 3ème position. Constatant son échec, elle s’est désistée au nom du barrage républicain dans une circonscription qui a finalement envoyé à l’Assemblée nationale une députée RN. Le troisième parlementaire RN de la ville.

    –—

    (1) Actualisation le 16 juillet 24 : avec Alexis Corbière, Danielle Simonnet, Clémentine Autain et François Ruffin, Hendrik Davi a décidé de rejoindre le groupe écologiste à l’Assemblée nationale.

    Crédits photo/illustration en haut de page :
    Blast, le souffle de l’info

    #France #Marseilles #politique #LFI #socialistes_PS

  • Mathieu Fulla, historien : « Reconquérir un électorat hostile à la gauche implique un travail de terrain ardu »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/25/mathieu-fulla-historien-reconquerir-un-electorat-hostile-a-la-gauche-impliqu

    A la tête du Parti de #gauche puis de #LFI, Mélenchon s’efforce, jusqu’en 2019, de séduire les « fâchés pas fachos » des milieux populaires, réfugiés dans l’#abstention ou ayant opéré un glissement vers la #droite et, de plus en plus souvent, vers l’#extrême_droite. L’entreprise fait long feu. Elle contribue à expliquer la réorientation stratégique opérée depuis par la direction de LFI vers la « stratégie des tours » et de la jeunesse.

    Ce glissement progressif, dont les effets sont déjà très visibles en 2022, ne peut se comprendre sans garder à l’esprit l’obsession, toute mitterrandienne, de Jean-Luc Mélenchon pour la conquête de la magistrature suprême. Le choix de s’adresser prioritairement à des électorats et à des territoires déjà largement acquis lui semble la voie la plus sûre pour accéder au second tour en 2027 et y affronter le candidat du Rassemblement national (#RN).

    Redynamisation des milieux syndicaux et associatifs

    Les « insoumis » ne sont cependant pas les premiers, à gauche, à envisager de « laisser tomber » une grande partie des #classes_populaires, notamment celles concentrées dans les territoires périurbains, aujourd’hui solides bastions du RN. En 2011, au nom de l’efficacité électorale, une note rédigée par un think tank proche du PS, Terra Nova, recommandait déjà au futur candidat socialiste à l’élection présidentielle non pas d’abandonner les classes populaires, comme cela est trop souvent affirmé, mais plutôt de cibler l’effort militant sur « la France de la diversité », présentée comme la composante la plus dynamique de la gauche. La direction de LFI s’est réapproprié cette grille d’analyse qui suscitait jusqu’à présent un fort embarras dans les milieux de gauche.

    https://justpaste.it/au2h2

    • « La gauche a intérêt à reconnaître la production d’idées, la stratégie électorale et le modèle d’organisation comme indissociables », Pierre-Nicolas Baudot
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/25/la-gauche-a-interet-a-reconnaitre-la-production-d-idees-la-strategie-elector

      .... en politique les questions sont souvent plus importantes que les réponses. Or, les travaux de science politique s’accordent pour donner une image guère reluisante des partis, à laquelle la gauche n’échappe pas. Ils inspirent une forte défiance dans l’opinion et sont décrits comme des entre-soi professionnalisés et repliés sur eux-mêmes, où se côtoient élus, collaborateurs d’élus et aspirants à l’élection, selon des normes qui leur sont propres.

      [...]

      C’est un fait que les transformations socio-économiques du XXe siècle, et leurs effets sur le développement de nouvelles formes d’organisation du travail, n’ont pas été porteuses pour la permanence d’une conscience collective favorable à l’ancrage social d’une pensée de gauche. De plus, si ces évolutions ont donné naissance à de nouveaux groupes sociaux dominés, elles ont également suscité des réactions libérales, réactionnaires ou les deux à la fois. Ces constats rendent d’autant plus indissociables les appels au travail doctrinal et le souci d’une refonte organisationnelle destinée à penser les partis depuis la société, et non au-dessus d’elle.

      L’histoire de la gauche démontre que, même au meilleur de sa forme, les mouvements de contestation ou d’émancipation n’ont pas procédé des partis, mais y ont abouti – lui permettant de se placer auprès de groupes sociaux en expansion numérique. La méfiance que suscitent les partis est moins liée à une forme partisane générique, qu’à son état actuel. Si, du fait de leur professionnalisation, le lien entre les partis et l’Etat s’est renforcé, celui avec la société est abîmé. Ce constat impose de repenser la capacité à assurer un lien à double sens entre la société et l’Etat.

      Pour cela, la gauche devra admettre de se poser un certain nombre de questions, parmi lesquelles celle de son rapport à la démocratie sociale, de la place à conférer à un militantisme qui a changé mais qui demeure, d’une organisation qui considère le pluralisme et la délibération collective sans hypothéquer l’unité, de la sociologie de ses représentants ou encore de son inscription dans le monde du #travail. Ce travail suppose de déconstruire la distinction entre idées et structures, pour mieux mesurer leur imbrication et l’indissociabilité du projet politique et de l’organisation collective.

      Pierre-Nicolas Baudot est docteur en science politique. Il est l’auteur d’une thèse sur le Parti socialiste et la politisation de la question des immigrés (1971-2017).

      https://justpaste.it/g0bk9

    • Pour changer le monde, la gauche doit changer de monde, Nicolas Truong (mars 2022)

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/04/pour-changer-le-monde-la-gauche-doit-changer-de-monde_6116102_3232.html

      Des électeurs désespérés. Une gauche désespérante. Non pas une défaite, mais une débâcle annoncée. Tel est le sentiment largement partagé au sein du camp progressiste à la veille de l’élection présidentielle. Loin de la Norvège, de l’Allemagne, de l’Espagne ou du Portugal, la #social-démocratie française ne parvient pas à coaliser des forces et à nouer des compromis afin d’exercer durablement le pouvoir. Après de notables percées, notamment lors des « mouvements des places » des années 2010 (d’Occupy Wall Street à Nuit debout), le #populisme de gauche semble s’essouffler. Une forme de socialisme paraît achever un cycle historique avec le déclin du parti issu du congrès d’Epinay (1971).

      Le communisme institutionnel séduit davantage par sa défense de l’industrie nucléaire et de la francité que par ses mesures pour l’égalité. L’écologisme, qui pourrait porter le grand récit émancipateur à l’heure du réchauffement climatique, n’a pas encore de base sociale constituée et peine à intégrer les révolutions de la nouvelle pensée du vivant. Le trotskisme est réduit à une culture minoritaire et presque patrimoniale, ponctuée par quelques apparitions électorales. Sans parler de la mouvance insurrectionnelle, certes indifférente aux élections « pièges à cons », qui se déchire sur le conspirationnisme ou les procès en véritable #anticapitalisme.

      [...]

      « La gauche est un monde défait », estime le politiste Rémi Lefebvre, dans Faut-il désespérer de la gauche ? (Textuel, 160 pages, 15,90 euros). « La gauche est en état de décomposition avancé et doit se détacher de ses atavismes et de ses identités partisanes arrimés au XXe siècle », constate le sociologue Laurent Jeanpierre, coauteur, avec Haud Guéguen, de La Perspective du possible (La Découverte, 336 pages, 22 euros). « Nous vivons sans doute un bouleversement aussi grand que celui de la révolution industrielle, qui a débuté à la fin du XVIIIe siècle », explique l’historienne Marion Fontaine, professeure à Sciences Po. Une modification des façons de travailler et de vivre « qui touche la gauche de plein fouet », poursuit la directrice des Cahiers Jaurès. Ainsi la gauche oscille-t-elle entre abandon et victimisation, glorification et nostalgie, remarque la revue Germinal, dans son numéro consacré à « La politique des classes populaires », que Marion Fontaine a coordonné avec le sociologue Cyril Lemieux (n° 3, novembre 2021).

      https://justpaste.it/3idt9

  • « Petit article érudit sur l’impasse de la stratégie politique de François Ruffin, qui, comme d’autres avant lui ayant échoué, pense rallier des électeurs à gauche en utilisant les catégories de droite et en hiérarchisant les luttes sociales. »
    Le ruffinisme comme impasse politique ou pourquoi refonder l’école du parti.
    https://revolutioncommuniste.blogspot.com/2024/09/le-ruffinisme-comme-impasse-politique.html

    Après s’être assis sur le résultat des législatives, l’exécutif du capital et ses chaisières journalistiques hésitent encore entre la nuance de droite extrême et celle d’extrême-droite pour leur complet maroquin. Ces fous du volant, inconscients que la course est perdue changent deux pneus vite fait et espèrent attaquer plein gaz la sortie des stands.

    Tout en préparant la lutte tactique, réaffirmer les ancrages stratégiques de l’antifascisme et de l’antiracisme est un impératif catégorique pour la gauche – qu’elle soit de rupture ou révolutionnaire. Or François Ruffin1 enchaîne les bourdes en utilisant la grammaire de l’adversaire contre son propre camp – on peut en juger aux soutiens qu’il reçoit, allant de la gauche de droite jusqu’à la droite de la droite – le parti de la bourgeoisie anti-arabe unifié qui ne votera jamais pour lui : 100 % des cocus auront tenté leur chance. Impasse stratégique de l’œcuménisme, et validation a contrario de la stratégie des gains par ruptures. Elle renvoie au concept du franchissement de col du billet inaugural. Les masses font toujours effraction2. Structurellement.

    Notre proposition institutionnelle semblera faire exception, non pour sa mise en place certes, mais en régime établi. En fait, elle ne fait que réguler la dissipation énergétique cocotte-minutesque révolutionnaire et la réinvestit intégralement – sans reste dénié de sa part économique/productive – et en permanence, dans des formes organisées de conflictualité politique. Elle se veut le modèle d’un dissipateur idéal.

    Au sujet de la structuration idéologique, on a déjà rappelé ce double principe pratique d’autonomie des luttes émancipatrices et de respect mutuel. Nous devons en outre poser avec une très grande netteté qu’elles sont foncièrement coextensives car intriquées : les libertés individuelles, l’égalité politique et la justice sociale effectives augmentent la puissance du corps social dans son ensemble. Parce que c’est un collectif humain affectivement connecté (au sens spinoziste de l’Affect) : la maltraitance d’une de ses parties l’affaiblit matériellement parce que la partie malmenée peut moins, et par les effets d’indignation qui résultent du spectacle de cette maltraitance. Quand les médias la montrent.

    Aussi le travail de la gauche est de défaire les passions pénultièmes. De quoi s’agit-il ? La république bourgeoise installe différents groupes sociaux dans une hiérarchie de dignités symbolique, morale et matérielle légitimes. Les (mauvaises) passions pénultièmes sont celles par lesquelles les avant-derniers (mettons les ouvriers blancs) sont incités à croire que les derniers (mettons les ouvriers racisés) les menacent. C’est une idée évidemment fausse, propagée par l’hégémonie : il faut œuvrer à la défaire. Sur son terrain autant que possible et par la construction d’une sphère médiatique contre-hégémonique. La bonne ligne politique consiste à généraliser le châtiment méthodique des passions tristes pénultièmes qu’elles s’appliquent aux questions féministe, antiraciste / décoloniale, LGBTQIA, d’anti-tziganisme, de psychophie, de haine des sans abris, ou de lutte des classes. Des interactions complexes, mais un principe simple : l’adversaire est toujours au-dessus, pas en-dessous. On doit s’employer à dénaturaliser toutes les hiérarchies sociales et toutes les formes de domination, et diriger le regard du dominé vers le haut et vers ceux qui encouragent au maintien de cette hiérarchie3.

    Les luttes écologiques ne sont pas un oubli dans la liste au sens où ceux qui ont une conscience écologique ne subissent la domination de ceux qui n’en n’ont pas que par des médiations externes à la question écologique même : médias, libertés publiques (de manifester contre les méga-bassines) dans l’État bourgeois capitaliste, la domination symbolique et de classe. On se persuadera aisément que les riches mangent plus souvent bio que les pauvres, bénéficient d’un cadre de vie plus vert et moins pollué, exercent un travail relativement moins pénible. A l’échelle internationale de la division du travail productif, c’est évident : les pays pauvres ou en développement, les pôles, les forêts, les océans, etc. servent de marges d’extension et de dépotoir de ses déchets, à la production capitaliste pilotée depuis les pays dominants dans la hiérarchie géopolitique telle que la mondialisation néolibérale la configure. « Le capitalisme nous apparaît d’abord comme une gigantesque accumulation de marchandises ». Bien vu le barbu. Le subventionnement des salaires de notre circulation monétaire communiste4 inclut une part incitant à produire de manière écologique (il faut donc dire de cette régulation spécifique qu’elle est externe et non interne aux rapports de production, même si elle module le salaire : elle est décidée et contrôlée par le souverain politique séparé). Nonobstant, avant le franchissement du col révolutionnaire, les luttes écologiques ne procèdent désormais plus que de la lutte des classes élargie. Shorter : l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage.

    Pour revenir à la question de départ, si le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais bien son évolution par temps de crise, alors la résistance à toutes les dérives qui le préparent et le banalisent est une nécessité logique. Parce que la position ruffinienne essentialise les divisions de l’adresse politique en les figeant, parce qu’elle ratifie les catégories d’analyse de l’adversaire, cette stratégie est une impasse. La position de Ruffin n’est évidemment pas un discours fasciste ou raciste mais il démissionne de résister au niveau le plus haut qui est celui du conflit des grammaires. La gauche tient nécessairement un discours de vérité, sans condescendance. Elle propose un ordonnancement autre du monde, et montre qu’il est atteignable rationnellement, précisément parce que la politique est productrice du « réel ». Elle assène, elle martèle qu’en dernière analyse, la lutte politique est même l’unique producteur de « réel ». Elle en appelle à l’intelligence des gens et ne fait pas mine d’excuser les stéréotypes racistes.

    Ces stéréotypes ne sont pas fondés en raison. Paraphrasant Baruch : il n’y a rien de positif dans l’erreur de jugement raciste qu’on puisse la dire substantiellement attachée aux personnes qui la commettent. Elle ne résulte que d’une privation de connaissance. Dès lors, il est d’autant plus légitime de critiquer le racisme, mais aussi le sexisme, etc., sans ménagement, qu’ils n’ont rien d’irrémédiable. Et aussi de désigner ceux qui organisent et entretiennent la privation de connaissance. C’est ce que nous voulons retenir des travaux récents de Vincent Tiberj, lequel affirme, si on le comprend bien, qu’il y a un hiatus entre une tendance historique au progrès du jugement moral et l’expression citoyenne par le vote.

    Il s’agirait de résorber cet écart rapidement d’ailleurs, par des voies institutionnelles ou pas. En effet les politiques publiques que mènent concrètement les dominants vont à terme conduire au recul de ce progrès moral. La raison matérialiste appliquée à la temporalité longue se doit d’exécrer viscéralement les réformes Blanquer et du bac Mathiot dont l’effet visible est la baisse de la part de femmes dans les carrières scientifiques et même la baisse de l’attrait pour ces carrières relativement à d’autres. Sans parler de la généralisation de la détresse étudiante abandonnée à la loterie injuste de parcours sup et du désinvestissement dans l’enseignement supérieur au profit de l’extension de l’apprentissage – dans une gabegie d’argent public servant à offrir au patronat une main d’œuvre pas chère.

    L’histoire ne finit jamais, en tout cas elle n’est pas un sujet agissant qui nous guiderait nécessairement vers la révolution – certes une révolution advient toujours pour des raisons nécessaires mais sa cause, même immanente, n’est pas immédiatement « l’Histoire » sauf à faire d’elle le fourre-tout de la causalité sociale / politique structurée.

    L’effet dans le temps long des politiques publiques de la droite généralisée n’est donc pas de hâter l’avènement de la révolution, mais d’opérer une stratification sociale et raciale, ainsi que l’extension de régimes de ségrégation – le plus généralement sous forme déniée5. A ce jour seul un impératif d’ordre à la fois logique et moral hâte la nécessité d’une révolution, mais aucun processus sans sujet ne va venir à notre secours, surgissant d’on ne sait quel arrière-monde, pour en créer les conditions politiques de faisabilité...

    • Conclusions stratégiques immédiates.

      L’asymétrie structurelle entre l’hégémonie libérale conservatrice et la construction contre-hégémonique émancipatrice est une évidence pour tous ceux qui ne peuvent manquer de voir que les médias, publics et privés sont sous domination du capital, directement ou via ses fondés de pouvoir dans les institutions représentatives.

      Tout parti de lutte de classes doit avoir chevillé au corps l’antiracisme et l’antifascisme. Ce qu’on croit gagner par élargissement à droite, on le dilapide deux fois, par dilution de sa propre parole dans la soupe idéologique qui sert de grammaire au conservatisme réactionnaire et par le service rendu aux forces politiques dont c’est la langue maternelle. Il faut construire une digue interne effective consistant à châtier méthodiquement le franchissement de ligne rouges. Tendre la main à Glucksmann était l’un de ces franchissements.

      Pratiquement, dans les partis, cet ancrage doit aussi servir de critère d’admission et comme condition de prise de responsabilité – et donc d’accès au porte-parolat. En l’absence d’un espace médiatique contre-hégémonique d’une taille et d’une portée suffisantes, la démocratie interne du parti n’a de valeur qu’assortie de mécanismes garantissant qu’aucune parole ne puisse sortir dans l’espace public si elle déroge à un ethos antifasciste. Pas besoin de déroger explicitement, ça peut opérer par déni, d’où la nécessité d’une élaboration collective de la parole portée. Mettre Bayrou sur un tract de deuxième tour, dans un geste d’effacement de toutes les personnes racisées du tract du premier lorsqu’on est investi par le NFP procède bien plus du perseverare diabolicum que de l’errare humanum, sans parler de l’évolution colorimétrique du fond.

      Un ethos antifasciste donc, partagé par tous au point que l’opprobre l’emporte sur la coercition dans la régulation : le cas Ruffin ne doit pas être interdit mais inconcevable.

      D’où l’importance de la rotation des effectifs de premier rang déjà évoquée : la ligne de front est exposée et usante. Imposer la rotation et ménager une part d’intermittence protège la lucidité stratégique et prépare un ethos démocratique pour l’après franchissement du col. Si la démocratie interne c’est ça, pas de problème, si c’est tendre la joue (pour rester poli) à la cléricature néolibérale comme le fait sciemment Ruffin, c’est non.

      A son sujet il n’y a plus aucune hésitation à avoir, sinon se méfier qu’il puisse jouer de la position surjouée de martyr pour se faire mousser. En fait, il mise déjà là-dessus, et c’était tout un pan de sa stratégie. Ruffin est journaliste de formation et de métier, il sait comment ça marche. Il ne faut plus espérer qu’il rentrera dans le rang. La sanction doit être sévère et méthodiquement répétée jusqu’à ce qu’il soit coupé de toute base sociale et militante, et ne respire plus que sous oxygène éditocratique artificiel. Il n’a évidemment pas été censuré à la fête de l’Huma, ni accusé d’être fasciste. Il conserve d’ailleurs le droit d’accès au débat : autant que n’importe quel militant de base, ni plus ni moins. Militants dont l’immense majorité vaut mieux que lui : au moins ils ne nuisent pas. Eric Coquerel a reconnu avec honnêteté que c’est lui qui avait suggéré à Jean-Luc Mélénchon d’investir Ruffin en 2017, ce dernier ne le demandant pas. Une décision par le haut. LFI, NPA, RP, LO : on ne monte plus dans le parti sans être parti de la base ni sans avoir été formé.

      Le parti doit donc se doter d’une école de formation idéologique de ses cadres. Une vieille idée, qui avait disparu des usages mais commence à refleurir. On n’en fera pas l’économie. L’institut la Boétie commence à former des promotions, RP le fait sur sa chaine Youtube et ses universités d’été. Mais on doit systématiser le financement et la validation des connaissances. Institutionnaliser. Et là, le problème Ruffin, comme problème générique, ne se représentera plus. On pourra enfin passer à autre chose.

      https://x.com/mclucal/status/1836027982961320441

    • selon une ex participante, de base et radicalement écoeurée, il n’y a ni formation politique ni débat à #LFI. on distribue les tracts, on fait les boites aux lettres pour le mouvement (électoraliste) gazeux, et point barre. les militants eux-même ne veulent pas entendre parler de formation, d’auto-formation, de groupes de lectures, nada quechi.
      bien sûr pour ceux qui doivent concourir (aux élections) la gamme des éléments de langage fournie doit être élargie. c’est une affaire de cadres politiques, mais pas du tout selon l’entente qui a pu être faite du terme dans les orgas politiques de gauche ou révolutionnaires.



  • Destitution du Président Emmanuel Macron

    Nous, citoyens français, exprimons notre profonde préoccupation face à la direction actuelle de notre pays sous la présidence d’Emmanuel Macron. Nous croyons fermement que ses actions et décisions récentes sont contraires à l’intérêt national et à la volonté du peuple français.

    Les motifs suivants justifient notre demande de destitution :

    1. Gestion inadéquate des crises : La réponse du gouvernement aux crises sanitaires, économiques et sociales récentes a été jugée inadéquate et déconnectée des réalités des Français ordinaires.

    2. Politiques économiques désastreuses : Les politiques économiques menées sous la présidence de Macron ont accru les inégalités sociales et économiques, plutôt que de les réduire.

    3. Dérive autoritaire : Nous sommes profondément préoccupés par les tendances autoritaires et la suppression des libertés civiles sous le gouvernement actuel.

    4. Scandales de corruption : Les scandales de corruption impliquant des membres du gouvernement et des alliés politiques du président soulèvent de sérieuses questions sur l’intégrité de son administration.


    Nous appelons nos représentants à l’Assemblée Nationale à engager le processus de destitution d’Emmanuel Macron conformément à l’article 68 de la Constitution française. Nous demandons également une enquête parlementaire complète sur les actions de son administration.


    Publication : 20 / 07 / 2024
    Admissibilité : 5.000 en 6 mois


    ☆ viser 20 millions de voix ☆
    pour être entendu-es


    ☆ les 3 initiatives ☆
    « destitution »
    https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives?filter[search_text]=destitution&order=most


    actions précédentes
    (2022-2024)
    https://politipet.fr/destitution


    .

    https://politipet.fr/2360
    https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2360

  • Cezembre 🇺🇦 : « Si la condition - pour faire e… » - Framapiaf
    https://mamot.fr/@cezembre/113000255565131325

    Si la condition - pour faire entrer Lucie CASTETS à Matignon avec un gouvernement de gauche et une politique de gauche - était qu’il n’y ait pas de ministre #LFI, vous diriez quoi ?

    (le repouet rend le poil soyeux)

    – 51% Banco !
    – 49% Non merci !

    74 personnes · Fermé

    J’ai voté « Non merci ! », mais finalement, peut-être faudrait-il laisser faire la démocratie. Après tout, si un autre gouvernement de gauche devait se conformer à la doxa de nos élites, peut-être qu’il ne serait pas inutile que LFI ne se compromette pas plus.

    Aux commentaires sur les actions de communications de LFI, il est évident qu’une majorité de gauchistes n’a pas encore compris que la situation est bien au-delà d’une recherche de pureté. L’affrontement est la seule solution, et s’il n’est pas souhaitable de prendre les armes, évidemment, alors toutes les armes institutionnelles sont légitimes, et prétendre le contraire comme le font les PS et quelques autres est une nouvelle façon de nous désarmer collectivement : on leur donne le trousseau de clefs, et ils refusent de toutes les utiliser, en quelque sorte.

  • François Ruffin : « Il fallait que je coupe la corde avec Jean-Luc Mélenchon pour pouvoir respirer »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/07/10/francois-ruffin-jean-luc-melenchon-a-la-tele-tous-les-deux-jours-ca-nous-etr

    Réélu de justesse, dimanche 7 juillet, dans la 1re circonscription de la Somme face au Rassemblement national (RN), le député François Ruffin pose un regard critique sur La France insoumise (LFI), la formation politique qu’il a quittée avant le second tour des élections législatives. Appelant à ne pas opposer « la France des bourgs et [celle] des tours », il accuse son ancien parti d’avoir sciemment abandonné les campagnes populaires et les terres ouvrières, pour se concentrer uniquement sur la jeunesse et les quartiers.

    Le monsieur continue sa mue Vallsiste.

    #paywall :-)

    • Dans son interview au Monde, Ruffin dit que son livre d’interpellation « je vous écris du front de la Somme » n’a suscité aucune réaction ni débat. Or, je l’avais lu et j’en avais pointé dans cet article les limites très lourdes : https://seenthis.net/messages/974803

      2/Dans ce livre, Ruffin observe par exemple des discours omniprésents comme celui sur l’assistanat. Mais plutôt que de le contrer il propose d’aller dans son sens en modifiant notre protection sociale pour rassurer ces préjugés. C’est une grosse erreur stratégique.

      3/Il évacue par ailleurs la question du racisme d’un revers de la main avec une légèreté assez désarmante, montrant avec désinvolture qu’il ne s’intéresse pas au sujet. Son seul argument « on me parle pas de ça ». Si j’étais racisé ce n’est à Ruffin que je parlerais c’est sûr.

      4/Ruffin accuse la FI de ne pas s’être remise en cause mais lui même fait du sur place : son approche de la « France des bourgs » est caricaturale et prétexte à justifier des renoncements sur le programme social et économique, tout en refusant de combattre le racisme.

      5/Heureusement Ruffin n’a pas le monopole de la France des campagnes. Moi j’écris depuis le front de la Charente où l’on a échappé au RN à quelques dizaines de voix près et mon approche diffère sensiblement de la sienne : je ne pense pas qu’être la gauche complexée nous aidera.

      6/Je m’explique : s’il faut évidemment adapter son style, façon de parler et être bien intégré dans les milieux que l’on peut rallier à sa cause, tout le monde aime, en particulier dans les petites villes et les campagnes, les gens intègres et entiers.

      7/Je peux être respecté et entendu dans des milieux ruraux tout en conservant mes convictions : c’est souvent bien apprécié. Au contraire les gens qui tiennent un double discours, brossent dans le sens du poil, tiennent des propos différents selon le quartier où ils sont etc...

      8/ eux sont considérés comme des politicards pas fiables du tout et indignes de confiance.
      Etre de gauche décomplexée ce n’est pas rester dans son safe space social (entre soi) et parler sa propre langue. C’est aller vers les autres mais en assumant pleinement ses convictions.

      9/C’est possible de parler de sexisme à des syndicalistes de plus de 50 ans, ça marche (je le fais depuis 5 ans), c’est possible de parler de racisme au milieu de petits commerçants. Il suffit d’être clair, tranquille et de ne pas avoir la gauche honteuse comme Ruffin l’a, hélas.

      10/ NB : chier sur ses anciens amis et camarades quand ils sont attaqués de toute part ce n’est pas un comportement très valorisé dans notre monde rural où la loyauté et l’amitié jouent un grand rôle face à l’adversité du monde du travail et des institutions hostiles

      https://x.com/NicolasFramont/status/1810930234243350948

    • « Car c’est bien cette éthique méritocratique du travail qui ancre l’adhésion de certains milieux populaires au mythe de l’assistanat et son revers : un chauvinisme de classe raciste sur lequel prospère le RN et sa proposition de sacrifier les étrangers pour gagner une part du 🎂 »

      son déni continu du fondement raciste du vote RN, et l’incapacité d’analyser les réalités hétérogènes du salariat.

      https://threadreaderapp.com/thread/1810991132609835303.html

    • Frustration enfonce le clou :
      https://www.frustrationmagazine.fr/ruffin-strategie

      (...)

      Il s’agit d’un cas typique de “”dogwhistle”, c’est-à-dire d’envoyer des signaux à l’extrême droite sans le dire explicitement, pour tenter de les convaincre sur un malentendu. Le constat est violent : Ruffin est prêt à épouser la rhétorique d’extrême droite et la rhétorique pro-israélienne pour nuire à la France Insoumise si cela lui permet d’être élu.

      (...)

      On ne cesse de le dire : ce n’est pas sa déloyauté envers JLM, dont tout le monde se contrefout. Ce qui pose problème, ce sont ses sorties reprenant des thèmes d’extrême-droite, sans en avoir l’air.

    • La première chose qui choque dans le soudain retournement de François Ruffin est le timing. Et les calendriers disent quelque chose en politique.

      La droite et l’extrême droite ont construit depuis des mois un narratif où le danger en France serait “l’extrême gauche” incarnée par Jean-Luc Mélenchon, et que ce danger surpasserait celui de l’extrême droite. Il faudrait donc “faire barrage” à la gauche, peu importe avec qui.
      L’électorat de gauche et même une partie de l’électorat centriste n’a pas suivi ce discours et c’est ce qui a permis la défaite du Rassemblement National.

      On voit le premier problème. Jean-Luc Mélenchon n’est pas au pouvoir. C’est Emmanuel Macron : c’est lui qui martyrise les Français depuis près d’une décennie (si l’on compte, et on doit le faire, ses années Hollande). Emmanuel Macron avec qui, cela a été documenté et ce malgré une opposition frontale de façade, François Ruffin est en réalité en excellents termes :

      Les deux avaient mis en scène un faux affrontement lors d’un reportage sur le dos des ouvriers il y a quelques années se mettant d’accord à l’avance sur la scène à jouer.
      Dans la circonscription de François Ruffin, Emmanuel Macron a personnellement appelé la candidate macroniste pour qu’elle se désiste et soutienne François Ruffin
      Le père d’Emmanuel Macron a dans la presse expliqué toute l’affection qu’il porte à François Ruffin. Pour sûr, ces marques de tendresse ne seraient pas les mêmes si François Ruffin était perçu comme une menace radicale pour Macron.

      Ensuite, Jean-Luc Mélenchon risquait-il d’arriver au pouvoir ? Non. Bardella et le RN oui. (...)

      (...) Une errance stratégique

      On le voit la stratégie de Ruffin mélange deux tendances à gauche :

      Etre discret ou faire taire l’antiracisme et la lutte pour les droits LGBT pour épouser ce qu’on s’imagine être “un bon sens populaire” chez les ouvriers blancs (alors que ceux-ci sont en réalité divers).
      Rassurer la bourgeoisie, faire des compromis avec la classe politique dominante, défendre un programme social-libéral c’est-à-dire quelques petites avancées sociales contre d’autres mesures libérales en faveur du petit et moyen patronat. Il est significatif également que François Ruffin qui s’est fait connaître pour ses positions protectionnistes, n’en parle quasiment plus.
      Rassurer la bourgeoisie cela passe aussi par taper avec la meute sur Jean-Luc Mélenchon qui effraie l’électorat centriste.

      Certains pensent que l’efficacité doit primer, qu’il faut mentir en campagne pour accéder au pouvoir puis appliquer un programme de rupture. Ce serait en réalité la stratégie de François Ruffin. Cette thèse ne tient pas compte des rapports de force et des dynamiques politiques de fond, ni de ce qui transparaît de la pensée politique de François Ruffin.
      Mais admettons cette hypothèse farfelue : Ruffin serait un Hollande inversé, cherchant à arriver au pouvoir en rassurant la bourgeoisie et sans froisser les racistes, afin de “trahir” pour appliquer in fine une politique résolument de gauche. Est-ce que cette stratégie est efficace ?

      Nous avons une réponse grâce au rousselisme, dans lequel Ruffin inscrit ses pas. Roussel, secrétaire général du Parti Communiste et candidat à l’élection présidentielle 2022, a bénéficié d’une énorme aura médiatique, construite sur la détestation de Jean-Luc Mélenchon. Roussel s’est attiré les sympathies de la droite, celle-ci le voyant comme le retour d’une gauche anti-immigrés, anti-bobos, anti-assistés, pro-police etc.
      Les militants communistes ont naïvement pensé que cette popularité à droite, cet enthousiasme médiatique, traduisait une popularité réelle dans la population.
      Mais le constat a été sans appel : si Roussel a réussi à s’attirer les affinités de la classe dominante, car celui-ci a été instrumentalisé contre la France Insoumise, il ne s’en est pas attiré les votes. Ni les bourgeois, ni les classes populaires blanches ne l’ont plébiscité.
      Les échecs cuisants se sont succédés (sans que cela ne remette en question son culot à donner des leçons stratégiques) :

      Roussel a fait 2,3% aux élections présidentielles de 2022, un des pires scores jamais faits par un candidat communiste à cette élection.
      Son poulain Léon Deffontaines (passant son temps à attaquer la France Insoumise sous les mêmes angles que François Ruffin) a fait 2,5% aux européennes : le Parti Communiste n’enverra donc aucun élu au Parlement Européen.
      Léon Deffontaines et Fabien Roussel ont tous deux été éliminés dès le premier tour des élections législatives 2024.

      Bref le résultat n’est pas glorieux, et en épousant exactement la même rhétorique et stratégie, on peut prédire le même destin à Ruffin qui s’imagine pouvoir renverser des tendances politiques de fond juste grâce à sa gouaille, ce qui est aussi égocentrique que farfelu. En l’état, le destin de Ruffin, qui se prépare à la présidentielle, aurait pu être le même que Hamon, Roussel etc : prendre les voix de la gauche libérale (Cazeneuve, Glucksmann), une partie de celle de LFI, pour faire entre 5 et 8% et empêcher l’accession d’un candidat de gauche au second tour. Mais pour cela il aurait dû conquérir le soutien du Parti Socialiste, ce qui n’a plus rien de certain. Celui-ci, revigoré, n’a plus besoin de lui et peut faire émerger ses propres figures. Politiquement, François Ruffin sort donc affaibli de la séquence, obligé d’envisager de créer un groupe parlementaire avec les très minoritaires communistes et dissidents insoumis.

      Par ailleurs, la victoire de l’antifasciste Raphaël Arnault dans une circonscription qu’il a reprise au Rassemblement National, montre qu’on peut gagner, y compris dans des zones acquises à l’extrême droite, sans renoncer à tout discours antiraciste.

      Un problème politique de fond : la division artificielle des classes populaires

      Peu après sa réélection, François Ruffin a tenté de justifier politiquement et théoriquement sa rupture avec la France Insoumise. Mais celui-ci l’a fait sous un angle qui pose des questions de fond.

      Il a notamment déclaré : “Perdre les ouvriers, ce n’est pas seulement perdre les électeurs, pour la gauche, c’est perdre son âme”.
      Cette phrase s’inscrit dans une rhétorique générale de la droite qui est que la France Insoumise aurait délaissé “les ouvriers” au profit “des banlieues” ou “des musulmans”. Il faut malheureusement le dire : il s’agit là d’un imaginaire raciste qui ne considère comme ouvriers que les ouvriers blancs… Car dans les “banlieues”, dans le 93, il y a bien des ouvriers, des employés, fussent-ils arabes ou noirs, fussent-ils musulmans.

      La deuxième question qui est posée par cette phrase est aussi issue d’un sous entendu. Mais que fait donc la gauche pour “perdre les ouvriers” ? Celle-ci propose l’augmentation du smic, le blocage des prix, le RIC, le rétablissement de l’impôt sur la fortune, la baisse de l’âge de départ à la retraite… Autant de mesures qui bénéficieraient très concrètement à la classe ouvrière. On le comprend en filigrane : François Ruffin est inquiet que la gauche perde non pas “les ouvriers” mais une partie des ouvriers blancs à cause du discours antiraciste.

      Ce faisant, il fait une double erreur. Tout d’abord il y a toujours eu des ouvriers de droite. Il y en a plus qu’avant et ceux-là passent à l’extrême droite. Mais il y a aussi toujours beaucoup d’ouvriers de gauche – Mélenchon a convaincu 27% des ouvriers qui votent en 2022 – et beaucoup d’ouvriers qui refusent de se positionner politiquement (et s’abstiennent). Or le rôle d’une gauche de rupture n’est pas d’épouser les idéologies à l’œuvre dans les classes populaires (par nature diverses) mais de recréer de la conscience de classe. Pour être clair : on ne flatte pas les affects réactionnaires par peur d’être minoritaire. Si la gauche gagne parce qu’elle se droitise, alors elle n’est plus la gauche.

      C’est également ce qu’explique Nicolas Framont, rédacteur en chef de Frustration Magazine, réagissant à la dernière interview de François Ruffin au Monde – ce dernier appelant à discuter ses thèses, ce à quoi nous nous attelons donc : dans son livre Je vous écris du Front de la Somme “ Ruffin observe par exemple des discours omniprésents comme celui sur l’assistanat. Mais plutôt que de le contrer, il propose d’aller dans son sens en modifiant notre protection sociale pour rassurer ces préjugés. C’est une grosse erreur stratégique. (…) Ruffin accuse la FI de ne pas s’être remise en cause mais lui même fait du sur place : son approche de la « France des bourgs » est caricaturale et prétexte à justifier des renoncements sur le programme social et économique, tout en refusant de combattre le racisme. Heureusement Ruffin n’a pas le monopole de la France des campagnes. Moi j’écris depuis le front de la Charente où l’on a échappé au RN à quelques dizaines de voix près et mon approche diffère sensiblement de la sienne : je ne pense pas qu’être la gauche complexée nous aidera. Je m’explique : s’il faut évidemment adapter son style, façon de parler et être bien intégré dans les milieux que l’on peut rallier à sa cause, tout le monde aime, en particulier dans les petites villes et les campagnes, les gens intègres et entiers. Je peux être respecté et entendu dans des milieux ruraux tout en conservant mes convictions : c’est souvent bien apprécié. Au contraire, les gens qui tiennent un double discours, brossent dans le sens du poil, tiennent des propos différents selon le quartier où ils sont etc. eux sont considérés comme des politicards pas fiables du tout et indignes de confiance. Être de gauche décomplexée ce n’est pas rester dans son safe space social (entre soi) et parler sa propre langue. C’est aller vers les autres mais en assumant pleinement ses convictions. C’est possible de parler de sexisme à des syndicalistes de plus de 50 ans, ça marche (je le fais depuis 5 ans), c’est possible de parler de racisme au milieu de petits commerçants. Il suffit d’être clair, tranquille et de ne pas avoir la gauche honteuse comme Ruffin l’a, hélas .”

      On reproche beaucoup à Jean-Luc Mélenchon sa mégalomanie. Les considérations psychologiques et égotiques de tel ou tel politicien ne nous intéressent pas beaucoup à Frustration : là n’est jamais l’essentiel. À tort ou à raison, Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise incarnent une gauche de rupture, de luttes de classes, antiraciste, et c’est à ce titre qu’ils sont attaqués. Il est toutefois parlant que cet axe – celui de l’égotisme – ne soit pas développé contre François Ruffin, pourtant pas le dernier pour se mettre en scène chaque fois qu’il le peut. Le film qui l’a rendu célèbre, Merci Patron, est d’ailleurs entièrement tourné autour de lui-même, héros des classes populaires. Ici l’égo-trip devient un problème politique pour notre camp social quand Ruffin prend le moment d’une possible victoire de l’extrême droite pour régler ses comptes personnels et la voit comme une opportunité pour sa carrière politique, pour se positionner pour 2027 en tentant de nuire à ceux qu’ils considèrent comme des concurrents en pleine campagne réactionnaire. Le problème est d’autant plus profond quand celui-ci s’aligne politiquement sur la critique de droite de l’anti-racisme, divise artificiellement les classes populaires, et met en scène son alliance et son affinité avec toutes les forces politiques à l’origine du macronisme.

      ROB GRAMS

    • Ludivine Bantigny :

      Je ne suis pas à #LFI mais m’en suis rapprochée surtout dans les luttes, tant depuis des années elle est en soutien aux travailleuses et travailleurs partout où c’est possible. L’accusation selon laquelle elle aurait abandonné le monde du travail est insensée. Fil à ce sujet 🧵

      https://threadreaderapp.com/thread/1811503094032982443.html
      https://x.com/LBantigny/status/1811503094032982443

      « C’est la preuve que le discours réel ce n’est pas ’’la FI ne parle plus aux ouvriers’’ mais ’’la FI ne parle pas aux ouvriers comme j’aimerais qu’on leur parle’’ »

  • Par contre dans notre circonscription (8e de l’Hérault), on est en train de passer au RN. Le score se resserre (on a commencé la soirée avec 54% pour le RN), mais le RN est encore nettement devant (3000 voix d’avance alors que 87% des bulletins ont été décomptés).

  • A l’Assemblée, des députés LFI « anti-républicains » ou « ultra-républicains » ?
    https://www.nouvelobs.com/idees/20240703.OBS90607/a-l-assemblee-des-deputes-lfi-anti-republicains-ou-ultra-republicains.htm

    par Xavier de La Porte

    Tout d’abord, est-il vrai que les députés LFI ne se comportent pas comme les autres à l’Assemblée nationale ? « Sur la forme, oui, on peut dire qu’ils cassent les codes », explique un vieil habitué de l’Assemblée. « Déjà, ils ont imposé l’abandon du costume cravate, détaille-t-il, ce qui change pas mal l’atmosphère du lieu, devenue soudainement beaucoup plus décontractée. Ensuite, quand ils ne sont pas d’accord, ils l’expriment de façon véhémente… » Une autre précise : « il y a un côté garnements du fond de la classe. Ils donnent l’air de ne pas écouter et d’attendre l’occasion de sortir le bon mot qui fera marrer les copains ».

    Le moment privilégié est celui des « questions au gouvernement » qui, concentrant l’attention médiatique, permet d’obtenir l’effet maximal : « certaines sorties sont visiblement calibrées pour faire une vidéo efficace sur Instagram ou sur TikTok ». Etienne Ollion, qui est sociologue au CNRS et étudie la vie parlementaire, objective ces observations : « LFI a prolongé en 2022 une stratégie de scandalisation inaugurée en 2017, qui était une réussite de leur point de vue car elle lui avait permis de trouver audience et visibilité, y compris à l’extérieur de l’Assemblée. » Mais en 2017, les députés LFI étaient au nombre de 17, ils sont 75 depuis 2022. Pour Etienne Ollion, cela change les choses : « L’Hémicycle est un petit espace. Quand on s’engueule, c’est parfois à cinq mètres, on se postillonne presque dessus. » Cela explique certains qualificatifs qu’on a beaucoup entendus pour décrire le comportement des députés de la LFI, depuis « puérils » jusqu’à « insultants ».

    Mais est-ce vraiment là le « jeu parlementaire » ? La stratégie de « bordélisation », du « bruit et de la fureur », de LFI en est-elle vraiment une dangereuse négation ?

    Les habitués précisent qu’elle est principalement réservée aux « questions au gouvernement », qui ne représentent qu’une toute partie du travail parlementaire, le plus spectaculaire sans doute, mais pas le plus important. Or, nous précise l’une d’entre eux, « si l’on considère que jouer le jeu de l’institution se manifeste dans la rédaction d’amendements, les motions de censure et l’usage de tous les outils à disposition des parlementaires, on devrait même considérer que les députés LFI sont plutôt ultra-républicains ». Et même, « quand ils utilisent le droit d’amendement pour faire de grand discours de politique générale, c’est pénible, mais cela manifeste surtout une idée assez haute du débat parlementaire ».
    Utiliser à plein la fonction tribunicienne de l’Assemblée

    Dans tout le travail plus invisible, en commission notamment, les députés LFI ne se démarquent pas des autres partis, ni par le sérieux ni par le respect des procédures. Ils sont même « beaucoup plus nombreux à s’exprimer dans les discussions d’amendement », que leurs adversaires d’extrême droite, nous préciser une autre, ce qui est le signe qu’ils sont « beaucoup plus nombreux à travailler ». « Côté RN, nous précise-t-on, on voit bien qu’un ou deux ont été désignés pour parler, les autres sont là pour voter. »

    #Assemblée_nationale #LFI #Xavier_de_La_Porte