BALLAST Les journaux ? N’en lisez plus – par Léo Ferré
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Aragon estimait qu’il faudrait, après Léo Ferré, « réécrire l’histoire littéraire un peu différemment ». Il n’en fut sans doute rien mais le poète n’en demeure pas moins, en langue française, l’un des plus talentueux et singuliers de son siècle. Nous publions ici un de ses textes en prose, « Le Style », peu connu hors des cercles ferréens. Nul n’ignore que le chanteur était anarchiste – il aimait mieux, toutefois, parler d’anarchie, tant, fidèle à la tradition individualiste qu’il revendiquait haut et fort (l’homme est un loup pour son prochain et l’isolement seul l’en préserve), il se méfiait de sa mise en « isme ». L’anarchie, qu’il avait découverte grâce à des Espagnols en exil au lendemain de la guerre civile, était à ses yeux « la formulation politique du désespoir » : « Divine Anarchie, adorable Anarchie, tu n’es pas un système, un parti, une référence, mais un état d’âme. Tu es la seule invention de l’homme, et sa solitude, et ce qui lui reste de liberté. Tu es l’avoine du poète. »