• "Le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi."

    Renée Dickason, professeure en civilisation et histoire contemporaine à l’Université Rennes 2, porte le projet aLPHa, lauréat en février 2023 de l’appel émergence TISSAGE. Ce financement va permettre de franchir une première étape dans l’impulsion d’un projet de création de #Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. #Denis_Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2.

    Votre projet, aLPHa, est lauréat de l’appel émergence TISSAGE (https://www.univ-rennes.fr/saps-tissage). C’est le premier jalon d’un projet plus vaste de création de « Mémorial vivant virtuel des survivant·es de viol(ence)s », sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix. De quoi s’agit-il précisément ?

    Renée Dickason. Notre projet porte sur une réalité sociale lourde : les viols et les #violences faites aux femmes, aux enfants, aux vulnérables, abordés à travers les #témoignages de survivant·e·s (terme de Denis Mukwege) dans des situations de #guerres, de #conflits et de #paix.

    Face à ce problème de société prégnant, aux enjeux multiples, nous avons souhaité développer un agir collectif qui fasse société en nous concentrant sur la #libération_des_paroles, le #recueil des #mots substantialisant les #maux et la nécessaire #mise_en_mémoire de ces témoignages dans l’écriture d’une histoire singulière, plurielle et tout à la fois universelle.

    C’est dans ce cadre que nous avons déposé une réponse à l’appel à projets « émergence » de recherches participatives TISSAGE (Triptyque Science Société pour Agir Ensemble) : le projet aLPHa, qui a été retenu par le jury. Suite à la signature d’une convention bipartite, il est prévu que nous bénéficions d’un accompagnement financier d’amorçage d’un montant de 3 000 euros.

    aLPHa s’inscrit dans une dynamique globale autour de la lutte contre les #violences_genrées, en particulier celles à l’encontre des femmes, quel que soit le contexte culturel, géopolitique, social ou sociétal considéré, le phénomène étant universel.

    aLPHa a été imaginé comme un laboratoire co-partenarial d’expérimentations à ciel ouvert, qui constitue, en effet, un premier jalon, assez modeste car naissant, mais utile pour impulser un projet d’une envergure plus large qui nécessitera des financements pérennes, celui de la création progressive d’un Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s, sous le patronage du Pr. Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix et Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2 (octobre 2022).

    Dans le cadre du projet aLPHa, nous espérons tisser des liens, recueillir des soutiens et ouvrir nos collaborations à des acteurs locaux et régionaux de la société civile, à des associations sur les droits humains et/ou qui interviennent à différents stades de la #réparation, de la #reconstruction ou de l’#accompagnement des #victimes / survivant·e·s de viol(ence)s, ou encore à des entreprises responsables et sincères, des responsables du secteur privé sur le territoire breton et des élus locaux…

    Phénomènes malheureusement universels, les violences sexuelles sont des expériences banalisées et souvent réduites au silence. Elles présentent des similarités malgré la pluralité des contextes où elles ont lieu. Dans le cadre d’aLPHa, nous allons entamer une série d’entretiens de survivant·e·s, réfugié·e·s, exilé·e·s, migrant·e·s, accompagné·e·s et suivi·e·s dans différentes structures, à Rennes. Nous allons aussi organiser, avec plusieurs membres fondateurs de notre projet, un « atelier témoignages » avec des survivant·e·s congolaises et certain·e·s de celles et ceux qui les aident et les accompagnent.

    En prolongement, et dans un autre périmètre que celui du projet aLPHa, le recueil de témoignages se fera aussi sur les lieux des exactions ou dans des zones de tension ou dans des structures de prise en soins, de formation ou de réinsertion, dans un but cathartique individuel et collectif, et avec une visée de reconstruction personnelle et/ou historique des faits. Tous ces aspects sont à l’étude avec des collègues médecins et psychologues, dont l’expertise permettra de se prémunir des risques (non souhaités, à l’évidence) de re-traumatisations des victimes.

    Colliger des témoignages de survivant·e·s déplacé·e·s dans leur pays, des survivant·e·s ayant vécu ou vivant dans des camps et/ou recueilli·e·s dans des centres d’accueil ou de réinsertion nécessite des partenariats multiples, qui vont s’engager en parallèle et dans la poursuite d’aLPHa. Nous avons, à cet égard, commencé à établir des conventions de recherche entre l’Université Rennes 2 et des centres en République Démocratique du Congo et au Kenya. Cette dimension du projet est soutenue et sera cofinancée par plusieurs laboratoires de l’Université Rennes 2 (ACE, ERIMIT, LIDILE, LP3C, Tempora).
    Pourquoi est-il important de mettre en mémoire la parole des survivant·es ? Comment cette mémorialisation se construit-elle ?

    R. D. Pour les victimes, les survivant·e·s de violences sexuelles (excision, viol, esclavage…), celles qui font face à des contextes de conflits notamment, il s’agit de chercher à s’échapper en s’engageant sur les chemins de l’exil et à s’extraire du trauma(tisme) ; ceci alors que viennent s’entretisser plusieurs trajectoires de violences et de vulnérabilités. Le poids du trauma(tisme) est alourdi par la souffrance psychique surajoutée qui découle de prises en soins parcellaires, de handicaps cumulés, ou encore du déracinement, de l’arrachement, voire de l’errance culturels… une pluralité de facteurs renforçant le silence, l’impossible communicabilité autour des expériences vécues.

    Il nous est apparu, après plusieurs échanges avec des personnes ayant subi des violences sexuelles et après plusieurs rencontres et discussions avec le Professeur Docteur Denis Mukwege, que le travail de mémoire est une étape fondamentale dans la reconstruction de soi, que ce soit de manière individuelle ou collective.

    Mettre en mémoire la #parole des survivant·e·s est donc une étape nécessaire qui s’ajoute à d’autres mécanismes et préoccupations qui caractérisent, par exemple, la #justice_transitionnelle et les initiatives déployées dans la quête d’une #vérité_réparatrice, le plus souvent essentiellement basée sur la reconnaissance des exactions, des violations des #droits_humains.

    La #mémorialisation se construit en plusieurs phases : dévoilement, collecte, partage, puis analyse des témoignages.

    Étape indispensable pour contribuer à la fabrique de l’Histoire face aux omerta multiples, la mise en mots des maux, la « re-visibilisation » d’une histoire invisibilisée, occultée, la libération d’une parole enfouie, cachée, parfois interdite, prolongent un cheminement personnel thérapeutique.

    Vous l’avez compris, une partie de notre projet global réside dans la collecte mais aussi dans la création d’« archives vivantes », où les témoignages de rescapé·e·s, de survivant·e·s (toujours en vie, et c’est un point d’importance !) auront une place centrale. Quatre mots-clés sous-tendent toutes leurs trajectoires : trauma(tisme), réparation, reconstruction, mémoire.

    La mise en mémoire, la mémorialisation des expériences vécues des victimes, survivant·e·s de violences sexuelles dans le contexte d’une histoire « en train de s’écrire » seront croisées avec le regard des chercheurs impliqués.

    En révélant leur #vérité_subjective, les victimes qui témoignent seront actives dans leur processus de reconstruction et dans la mise en récit d’une histoire à la fois intime, personnelle et commune. Livrant leur #vécu et celui de leurs semblables, ces #personnes-histoires-témoins contribueront, ipso facto, outre à reprendre #confiance en elles-mêmes, à faire évoluer les mentalités et les regards portés sur les survivant·e·s et les violences. Ceci d’autant que ces témoignages auront vocation à être accessibles, à terme, à un public élargi, à travers le Mémorial vivant virtuel des survivant·e·s de viol(ence)s.

    Pouvez-vous nous expliquer en quoi votre recherche est interdisciplinaire et participative ?

    R. D. Nous sommes un groupe d’universitaires, de psychologues et de médecins, venant de divers horizons disciplinaires et de différents secteurs. Nos travaux, par essence, interdisciplinaires (histoire et civilisation, anthropologie, littérature, psychologie, traductologie, médecine…) ont une finalité réflexive et éducative. Notre but est de contribuer à assurer la transmission, la bascule vers une dynamique collective de mise en partage et en expression des #expériences_vécues, afin de construire une #transition_sociale pleinement partagée, vertueuse et inclusive.

    Nos intérêts communs convergent autour d’objectifs à visée transformationnelle, des objectifs de responsabilité sociale et de développement durable tels qu’identifiés par l’ONU, des objectifs centrés sur le respect de la dignité et des droits humains, la lutte contre les violences genrées, la bonne santé et le bien-être, l’égalité de traitement et de prises en soins, une éducation de qualité, une paix responsable et pérenne.

    La nature de nos objets de recherche nous amène à nous pencher sur les interactions entre sciences et société et sur les interactions avec le tissu socio-économique et culturel, la société civile, tant pour essaimer les résultats de nos travaux que pour éveiller à certaines réalités troublantes et nécessitant une prise de conscience citoyenne, première étape dans la résolution des problèmes. Cette dimension participative est, d’ailleurs, centrale au projet aLPHa.

    Soucieux de faire évoluer les regards, les comportements et les mentalités relatifs aux questions complexes des violences sexuelles, conformément aux termes de la Charte des sciences et recherches participatives en France, nous sommes toujours sensibles à la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons réflexifs, de développer diverses formes de production de connaissances scientifiques, que ce soit par le truchement des arts ou par le relai d’espaces de paroles ponctuels et/ou de rencontres plus systématiques ou grâce à des collaborations entre la communauté scientifique et la société civile, telles que définies par l’UNESCO ou par le Comité économique et social européen.

    Autre précision, nos travaux sont régis par une charte éthique. Les données personnelles collectées nécessitent, en effet, une vigilance particulière du fait de leur caractère sensible, voire intime, afin de protéger la vie privée des survivant·e·s et de recueillir leur consentement et leur accord informé.

    Dans ce projet de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·es – qui n’est pas sans évoquer le travail journalistique –, qu’est-ce que l’expertise des chercheur·ses vient apporter ?

    R. D. Question vaste et très intéressante qui soulève une réflexion complexe quant à la porosité des apports du travail des journalistes d’investigation, ici, face à celui des chercheurs toutes disciplines confondues… Outre le fait que les missions des uns et des autres évoluent, les attentes que l’on peut avoir d’un article rédigé par un journaliste diffèrent de celles que suscite la contribution d’un chercheur… le dialogue entre le journaliste et le chercheur enrichit indéniablement les débats et aide à faire avancer nos pensées… Le travail journalistique peut ainsi venir en complément de celui du chercheur et surtout aider à la diffusion des résultats.

    Au gré des registres abordés, de la maïeutique discursive mobilisée, des mots à appréhender, de la finesse des ressentis exprimés et de la nature des maux à guérir, la recherche au sens large du terme est protéiforme. Le travail journalistique permet, en somme de « prendre le pouls » des sujets porteurs de sens, investis par les chercheurs et/ou la société civile, de donner à voir et de questionner la diversité des perspectives dans la modalité du traitement des sujets.

    Pour faire simple, et de manière générale, dans ce type de problématique sanitaire, humanitaire, humaniste, sociétale, des correspondances peuvent se faire jour entre travail journalistique d’investigation et travail de recherche. Cela passe, par exemple, par des méthodes d’observation, de recueil de données, de conduite d’enquêtes... Par contre, les modalités d’analyse et de diffusion diffèrent. Sensibiliser, documenter, analyser, informer, alerter font certes partie du travail du chercheur, mais sa focale n’est pas la même que celle du journaliste. Ceci d’autant que la posture du chercheur, son approche, ne sont pas les mêmes selon le champ d’expertise. L’ampleur des dispositifs mis en œuvre est aussi à souligner car si le chercheur peut travailler seul, généralement, ses résultats sont ceux d’un travail d’équipe et le travail mené s’inscrit dans le temps long. Ce temps long de la recherche est, à l’évidence, un marqueur de nos réflexions de recherche autour de la mémorialisation.

    Dans une démarche de recueil et de mise en lumière de témoignages de survivant·e·s, victimes de trauma(tisme)s, des précautions s’imposent. Il s’agit pour nous de conduire des entretiens en équipe interdisciplinaire comprenant la présence de médecins et de psychologues. Au-delà de la transmission d’informations, d’analyses et de connaissances, les recherches, se nourrissant de croisements disciplinaires multiples, peuvent ouvrir des horizons et être vecteurs d’innovation grâce aux propositions/préconisations émergeant du travail mené.

    Enfin, le travail de recherche se nourrit de la confrontation à l’expertise d’autres chercheurs, d’autres cadres analytiques. Dans cette perspective, les échanges lors de divers types de manifestations scientifiques (séminaires, colloques...) ainsi que la mise en dialogue par écrits interposés (publication d’articles, de monographies) contribuent à nourrir le perfectionnement des outils d’analyse et à renouveler les questionnements. Un autre niveau est celui des productions à destination d’un public élargi (vulgarisation, « traduction » du travail de recherche par les journalistes) qui, par les allers-et-retours générés, viennent alimenter la réflexion sur la pertinence, la justesse de la démarche de recherche.
    Au-delà de sa dimension de recherche, votre projet ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·es de violences. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

    R. D. Notre projet global, au-delà d’aLPHa donc et en complément du Mémorial, ambitionne de proposer à l’avenir une formation aux survivant·e·s de violences, une formation à visée holistique (la perspective holistique est, d’ailleurs, au cœur du modèle Panzi

    de Denis Mukwege). Selon les financements que nous pourrons réunir, il nous semble important de donner à ces victimes, ces témoins, ces survivant·e·s, des outils pratiques pouvant les aider à évoluer dans leur parcours personnel, à différents stades, dans leur cheminement, leur reconstruction et leur permettre de se prendre en charge, de faire entendre leur voix, de co-construire leur histoire individuelle et collective, d’écrire une histoire des survivant·e·s de violences, de faire évoluer les mentalités et les comportements…

    En d’autres termes, l’idée ici est d’encourager et d’outiller les survivant·e·s, de leur donner des clés pour développer un empowerment et un leadership au féminin.

    Face à l’empire du silence, il s’agirait de leur donner la chance, que certains ont voulu briser…

    … de se relever

    … de reprendre confiance en elles/eux

    … de s’émanciper

    … de faire entendre leur voix

    … d’affirmer leur place dans la société

    … de devenir des leaders de demain

    …et ainsi pour citer Denis Mukwege, « de changer le cours de l’Histoire ».

    https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/travail-memoire-est-etape-fondamentale-dans-reconstruction-so
    #viols #violence #survivants #VSS

    ping @karine4 @_kg_ @cede

  • Une vague de désertions en Ukraine
    https://www.wsws.org/fr/articles/2024/10/09/hhkq-o09.html

    Le carnage continue, la guerre en Ukraine arrive à un stade où les hommes sont épuisés au point de déserter en nombres considérables. Cet article donne une impression des souffrances imposées aux Ukrainiens.

    Sur le plan stratégique le problème semble frapper aussi l’adversaire russe. Quand les peuples ont assez des guerres les puissants afin de pouvoir entretenir leurs conflits s’adressent à leurs semblables étrangers en situation de pouvoir fournir la chair à cannon nécessaire.

    En 1776 la couronne britannique acheta des soldats pour la guerre contre les indépendantistes américains au prince allemand Frédéric II de Hesse-Cassel qui par ce marché entra dans les annales comme symbole de l’aristocratie qui vend les enfants du pays au lieu de les nourrir et protéger. L’image de marque de sa classe en a pris un coup dans la conscience du peuple allemand.
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Soldatenhandel_unter_Landgraf_Friedrich_II._von_Hessen-Kassel

    Cette histoire montre que la chair à cannon achetée a parfois tendance à s’autonomiser et à se rallier à d’autres parties. La version francaise de l’article évoque la défaite de Saratoga et les soldas de Hesse qui préférèrent rester dans le nouveau monde après la fin des hostilités en 1783 .
    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mercenaires_allemands_au_Canada

    Espérons pour les soldats coréens vendus par leur potentat que le destin leur réserve un sort aussi clèment que celui des milliers d’Allemands devenus américains il y a bientôt 250 ans.

    9.10.2024 - Ce reportage sur la vague croissante de désertions en Ukraine a été soumis au WSWS par des journalistes d’Assembly.org.ua. Il documente l’effondrement des lignes de front. Si les désertions individuelles ne remplacent pas le développement d’un mouvement politiquement conscient de la classe ouvrière, elles indiquent une opposition anti-guerre croissante parmi de larges masses d’Ukrainiens qui sont utilisés comme chair à canon dans la guerre par procuration impérialiste contre la Russie. Les journalistes, qui ont été contraints de rejoindre la clandestinité par le régime dictatorial de Zelensky, demandent des dons pour soutenir leur travail en cliquant sur ce lien.
    https://www.globalgiving.org/projects/mutual-aid-alert-for-east-ukraine

    Le début de l’automne en Ukraine a été marqué par une aggravation de la situation sur les lignes de front. Chaque jour, les défenses de la région de Donetsk s’effondrent davantage. Dans la région de Kharkov, les troupes russes s’approchent de la rivière Oskol. En direction de Koursk, elles ont également repris le contrôle de plusieurs localités, bien que l’armée ukrainienne continue d’attaquer à certains endroits. L’euphorie de la victoire a de nouveau cédé la place à la frustration, et là où il y a des défaites, la pression sur les « ennemis du peuple » de l’intérieur s’accroît. On ne sait pas encore qui sera désigné comme le prochain bouc émissaire. On peut seulement noter que le thème de la décomposition de l’armée de l’intérieur est partout dans les informations du pays.

    Le 11 septembre, une déclaration vidéo de Denis Yaroslavsky, deux fois candidat à la mairie de Kharkov et actuellement à la tête d’une des unités de reconnaissance des forces armées ukrainiennes, a été largement relayée et commentée dans les médias et sur les réseaux sociaux :

    Si je vous dis aujourd’hui le nombre de déserteurs SZCh [abréviation ukrainienne de désertion, en russe – SOCh], tous les grands réseaux sociaux russes se retourneront contre nous et crieront : « Regardez combien ils ont de déserteurs. » Ils ne montrent pas les leurs, nous ne pouvons pas montrer les nôtres non plus. Mais je trouve cette situation très déplorable. Nous avons déjà une maladie. Je ne dirai pas que nous en sommes déjà au quatrième stade, comme en oncologie, mais c’est certainement le deuxième, en transition vers le troisième. Et cela progresse. Dès le début, nous n’avions pas de déserteurs, parce que, par exemple, j’ai servi dans un bataillon de volontaires pendant les trois premiers mois, nous n’avons pas reçu de salaire, rien, et il y avait des dizaines de milliers de personnes comme moi. Parce qu’il y avait de la motivation. La motivation pour gagner. Maintenant, la guerre est entrée dans une phase où seuls ceux qui ne veulent pas [se battre] sont enrôlés sur le champ de bataille. Les personnes motivées sont mortes ou se sont lassées [de la guerre].

    Deux jours plus tôt, le 9 septembre, le journaliste de Kiev Volodymyr Boiko, qui sert dans la 101e brigade des forces armées ukrainiennes, s’est exprimé encore plus vivement sur cette réalité sur sa page Facebook :

    [...] J’ai dit et je redis que le nombre de déserteurs a déjà dépassé 150.000 personnes et approche les 200.000. Avec la dynamique actuelle, on peut prédire 200.000 déserteurs d’ici décembre 2024. Je tiens également à souligner que la dépénalisation effective de la désertion aura des conséquences catastrophiques pour le front dans un avenir proche. [...] Aujourd’hui, les crimes contre l’ordre établi du service militaire ne font l’objet d’aucune enquête, les déserteurs ne sont pas recherchés – c’est ce qui a conduit au fait que le problème s’est aggravé pendant 2 ans et demi et maintenant la situation est dans une impasse. Il est impossible de traduire en justice un si grand nombre de déserteurs, et il est impossible de les retrouver. C’est pourquoi le chef de l’État Andrii Yermak (que son nom soit sanctifié !) a décidé qu’il fallait capturer les gens dans les rues et les envoyer au front au lieu des déserteurs. Mais cela n’aide pas – après avoir rejoint les unités militaires, les mobilisés rentrent simplement chez eux. Si quelqu’un revient, ce ne sera que quelques personnes. Tout d’abord, c’est techniquement impossible : après l’enregistrement de la procédure pénale, le déserteur est radié des listes de personnel et il ne peut réintégrer le service que par le biais du centre territorial de recrutement, c’est-à-dire par remobilisation. Ensuite, ce n’est pas pour cette raison que le déserteur a quitté l’unité et est rentré chez lui. Une autre chose est que la désertion massive a commencé, car les gens ont compris qu’il était possible de déserter et qu’il n’y aurait aucune conséquence.

    Un chiffre similaire de plus de 100.000 personnes qui ont abandonné leurs unités a été cité le 26 septembre par l’avocat militaire et des droits de l’homme de Kharkov, Roman Likhachyov. Selon lui, certains de ces cas concernent entre 20 et 30 personnes. Le 3 octobre, le même blogueur de droite Boiko a évoqué cette histoire en analysant les raisons de la chute d’Ugledar (en ukrainien : Vuhledar ) dans le sud du Donbass :

    Ce qui se passe à Vuhledar ces derniers jours, en général, s’appelle un effondrement local du front. La retraite chaotique des restes de la 72e brigade mécanisée séparée, qui n’a toujours pas reçu l’ordre de se retirer, puis de quitter la ville dans les trois jours après des mois de défense réussie, est quelque chose contre lequel j’ai mis en garde à plusieurs reprises depuis janvier 2024. Cela ne fera qu’empirer. […] Voici, par exemple, des informations sur le dernier réapprovisionnement du personnel de la 72e brigade, avant la reddition de Vuhledar. 50 nouvelles recrues, pour la plupart âgées de 52 à 56 ans, sont arrivées dans la brigade. 30 d’entre elles ont été immédiatement envoyées dans des unités arrière et des hôpitaux, car elles n’étaient pas aptes au service en première ligne en raison de leur état de santé (car le TCR mettait en œuvre un plan de conscription et mobilisait les malades). Sur les 20 militaires restants, 16 ont déserté le deuxième jour. Ainsi, sur un contingent de 50 hommes, 4 ont été envoyés sur le terrain, et après la première rotation, ces quatre-là ont également déserté. Et une telle situation existe sur tout le front.

    Le même jour, le 3 octobre, à Voznessensk, dans la région de Nikolaïev/Mykolaïv, une centaine de soldats du 187e bataillon de la 123e brigade de défense territoriale des FAU ont organisé une protestation. Tous ont refusé d’accomplir la mission de combat et ont quitté leur unité sans autorisation au lieu de soutenir la 72e brigade. Selon eux, ils manquaient d’entraînement et d’armes pour participer aux combats. « J’ai fait appel à plusieurs reprises, même à ma section, dont j’étais responsable. J’ai demandé de fournir des PKM, des mitrailleuses. « Nous n’en avons pas, nous ne pouvons pas en fournir ». Et qu’adviendra-t-il alors du Donbass ? », a déclaré à la télévision d’État un commandant de peloton nommé Sergueï. La veille, Igor Grib, 33 ans, commandant du 186e bataillon de cette brigade, s’est tiré une balle dans la tête parce que son bataillon s’était enfui de ses positions près d’Ougledar. (Cela a conduit à la perte définitive de la ville.) Volodymyr Boiko écrit que le lieutenant-colonel s’est suicidé après la formation : « Lorsque les soldats se sont dispersés, ils ont entendu un coup de feu. » Le 4 octobre, une cérémonie d’adieu pour l’officier a eu lieu à Pervomaïsk, la ville natale du trotskiste emprisonné Bogdan Syrotiuk.

    Si cet été nous écrivions [en russe ; en anglais] que ces désertions se produisaient généralement sous forme de non-retour de l’hôpital ou de permission, maintenant les soldats partent et disparaissent directement de leurs positions, même s’il n’y a pas eu de bombardements. Un instructeur de la 59e brigade d’infanterie motorisée des FAU, qui combat près de Pokrovsk, en a parlé dans un reportage de la Deutsche Welle du 11 septembre.

    Le 15 septembre, l’une des plus grandes chaînes d’information ukrainiennes a également écrit que les statistiques officielles sur les évasions de militaires étaient une minimisation. Un capitaine des forces armées a déclaré aux journalistes :

    [...] Les SZCh et ceux qui refusent de servir sont radiés du personnel. Ils sont partis arbitrairement, ont été absents de l’unité pendant plus de dix jours. Ou ont refusé d’aller au front. La plupart des SZCh et de ceux qui refusent de combattre ne font pas l’objet de poursuites pénales, les commandants n’écrivent pas de rapports. Cela dégrade les statistiques générales du personnel et remet en question la compétence du commandant à diriger et à maintenir le moral. Par conséquent, ce contingent est discrètement radié du personnel. Il y a une autre nuance. Le fait est que si les malades, les délinquants ou ceux qui refusent de combattre ne sont pas radiés du personnel, alors selon les documents, l’unité n’a pas besoin d’être reconstituée. Et elle est considérée comme prête au combat. Mais en réalité, l’unité n’est pas prête au combat. Car plus de la moitié de ses membres sont des délinquants ou des blessés. Les délinquants ivres ou bagarreurs, ou les toxicomanes, peuvent être écartés du personnel pendant des années – personne n’en a besoin dans les unités de combat. Ils ne peuvent pas non plus être renvoyés, ce qui permet de garder les contrevenants dans les compagnies de réserve comme main-d’œuvre bon marché pour les unités. On les laisse rarement rentrer chez eux, on les garde à l’arrière, non loin de l’unité. Il n’y a pas de sécurité dans les compagnies de réserve pour le « personnel de réserve ». Si un « membre de réserve » s’échappe d’une compagnie de réserve, s’il subit plusieurs SZCh, il est d’abord déclaré recherché. Ensuite, une procédure pénale est ouverte pour désertion. Les gens s’échappent très souvent des compagnies de réserve. Mais certains d’entre eux sont arrêtés par la Police militaire et ramenés après une « rééducation » au bureau du commandant.

    Le 14 septembre, le militaire de Lviv Maxim Bugel a décrit sur Facebook comment la réticence de nos voisins de la région de Soumy (également limitrophe de la région de Koursk en Russie) à fournir des logements l’a conduit à penser à la désertion :

    […] On espérait qu’après le début des bombardements à Soumy et le départ de beaucoup de gens, ils auraient besoin d’argent pour louer des logements dans les endroits où ils s’étaient installés. Mais les planètes ne se sont pas alignées. Une annonce de l’OLX . Il y a quelques maisons, quelques appartements, mais il y a une nuance : ils ne sont loués qu’à des familles avec enfants […] Les prix ont baissé, mais les conditions ne le sont pas. Et aujourd’hui, j’ai aussi appris que dans l’un des immeubles d’habitation, dans le quartier où nous nous trouvons actuellement, ils se sont réunis et ont décidé d’autoriser ou non l’entrée des militaires dans l’immeuble. Ils ont convenu que nous sommes impurs et que nous n’avons pas de place dans leur lieu céleste. Dans l’immeuble voisin, ils ont décidé de nous laisser entrer. Il y a un désir de rassembler mes cosaques sur leur place et aussi d’organiser au moins un référendum sur le sujet « devons-nous les défendre » et si la décision n’est pas en leur faveur, de faire demi-tour et de rentrer chez nous. Il est intéressant de regarder leurs visages dans ce cas. Y aura-t-il plus de peur ou de joie qu’un peuple frère vienne à eux ?

    Plus tôt ce mois-là, un célèbre militant d’extrême droite s’était indigné du fait que les habitants d’un grand immeuble à Kharkov voulaient expulser son entrepôt de fortune afin d’éviter l’arrivée de missiles.

    L’article « Au cours du long été chaud, les soldats ukrainiens et russes ont battu des records de désertion », publié par nos soins le premier jour de l’automne, s’est avéré très opportun. (Il est disponible en russe ou en anglais.) Nous avons reçu des commentaires à ce sujet des deux côtés du front. D’après les discussions dans les chats locaux de Kharkov, voici le texte intégral dans sa version originale :

    J’ai une petite observation, plusieurs hommes qui ont été embauchés de force dans des bus, et qui n’ont pas été très critiques envers les autorités pendant tout ce temps, se consolent maintenant en pensant que ceux qui sont au sommet savent mieux qu’eux. Tant que vous êtes « libre », vos pensées restent dans le cadre des principaux courants sociaux et ont la possibilité de bouger. Dès que vous entrez dans un collectif avec des tâches définies, dans la plupart des cas, vos pensées rentrent dans le même tunnel que tout le monde. Une fois que quelqu’un a été embrigadé dans le bus et entre dans un collectif d’autres qui ont été embrigadés auparavant, mais qui sont déjà résignés à la situation, il s’adapte mentalement à eux, accepte leur point de vue, crée une zone de confort (nager à contre-courant est toujours inconfortable). Là, il est entraîné dans le sujet et commence aussi à penser que tous les autres sont des scélérats et des évadés, la motivation apparaît. Jusqu’à ce qu’il se lance dans le massacre. Il en prend conscience et souvent SOCh.

    […] Mon parrain et deux de mes connaissances décédées sont partis volontairement dès les premiers jours [de la guerre], mais quand ils sont arrivés à Kharkov, nous avons bu ensemble, personne n’a crié que j’étais un évadé, mais au contraire, [ils ont dit] qu’il n’y avait rien à faire là-bas [au front]. L’un d’eux, un volontaire, est déjà à l’étranger. Il est parti deux semaines et il est là depuis six mois déjà […]

    La moitié des [hommes vivant dans] ma cour sont SZCh, dans le district de Slobozhansky. L’essentiel est de ne pas se faire prendre, sinon personne ne s’en soucie. Nous n’avons plus de parquet militaire, les flics s’occupent des déserteurs maintenant et ils s’en fichent complètement. Au printemps, un de mes amis est arrivé dans le quartier. Il a combattu dans la région de Zaporojie. En mai, le commandant est venu le voir et lui a dit : « On nous transfère à Liptsy [l’un des endroits les plus chauds de la région de Kharkov], et ensuite tu devras décider toi-même, laisse juste ta mitrailleuse si tu décides de t’enfuir. » Eh bien, il a laissé son uniforme et est maintenant un SZCh. Ils s’en sortent tant bien que mal, comme tout le monde.

    SZCh et SOCh peuvent également être traduits dans nos langues par « Courage, Bravoure, Honneur »

    Le 9 septembre, nous avons reçu une lettre de Gorlovka, contrôlée depuis 2014 par la « République populaire de Donetsk », l’extrême droite soutenue par la Russie :

    Le plus triste, c’est que si vous commencez à dire aux gens que les soldats doivent déserter l’armée et retourner leurs armes contre ceux qui sont au pouvoir, les gens vont écarquiller les yeux et dire : « Voulez-vous que 1917 se reproduise ? De nouveau frères contre frères et que les gens aient faim ? Il vaut mieux que nous endurions, sinon la situation s’aggravera. » Nous avons des photos de ceux qui sont recherchés plaquées dans nos rues. Et des inscriptions : « Il a trahi la république, il a trahi ses camarades, il s’est trahi lui-même. » J’ai entendu dire que nous avons beaucoup de cas SOCh. Mais « beaucoup » est un concept flexible. Et leurs captures ne sont pas publiées ici.

    Parallèlement à cela, le 14 septembre, un message est apparu sur la chaîne Telegram Mobilisation DPR Live à propos des soldats mobilisés de Donetsk de l’unité militaire 78979 en direction de Koursk, se plaignant des brimades du nouveau commandant et des menaces de les envoyer sur des béquilles pour prendre d’assaut le front.

    Mon conseil : si vous voulez VIVRE, courez (ou laissez-les courir), si possible. [...] Personne, aucun organisme de défense des droits de l’homme ne vous aidera ! J’ai essayé ! Je ne me suis pas complètement remis de ma blessure, j’ai été jeté dans un hachoir à viande. Ces organismes m’ont tout simplement abandonné après que je me suis tourné vers eux pour « de l’aide ». Ils m’ont abandonné dans une unité qui voulait me détruire. Le bureau du procureur n’a pas pris la peine de s’occuper de mon cas. Je dois moi-même sauver ma « vie » de l’anarchie, de l’arbitraire, étant maintenant dans la « clandestinité » ! Ils n’ont tout simplement pas besoin de combattants estropiés après des blessures ! Ils nous détruisent – LES LEURS – ils nous achèvent ! [...] Selon le plan ? Selon le calendrier ? Oui ?

    Un lecteur au profil anonyme a commenté ci-dessous. Après que nous l’ayons contacté en privé pour lui demander des détails, il a ajouté :

    C’était à Donetsk. Oui, j’ai déserté ! Parce qu’on m’a emmené dans un hachoir à viande, après avoir été partiellement guéri, alors que mon passeport russe et mon téléphone portable ont été confisqués, ils m’ont gardé sous surveillance armée tout le temps, m’ont insulté et menacé, mais j’ai réussi à m’échapper. Plus tard, j’ai contacté le bureau du procureur, la réponse a été le silence, et ils m’ont tout simplement jeté du bureau du procureur dans une unité militaire, où ils ont voulu m’éliminer. [...] Donc je me cache. Mon avis est que personne ne vous aidera, même le bureau du procureur. Tous ces gars avec qui j’ai été emmené étaient aussi partiellement guéris [et ensuite] ils sont morts.

    Par rapport à l’aperçu du WSWS paru cet été, le rôle des désertions collectives et organisées a clairement augmenté. Il ne faut cependant pas se leurrer en pensant que nous sommes déjà dans une situation révolutionnaire. L’opinion publique ukrainienne et russe est actuellement focalisée sur les élections présidentielles aux États-Unis, et beaucoup nourrissent l’espoir erroné qu’une victoire de Trump pourrait ouvrir la voie à un règlement rapide et pacifique de la guerre. Il semble que seul l’échec de ces attentes puisse ouvrir la voie à un intérêt de masse pour une alternative révolutionnaire. Nous nous trouvons à un tournant de l’histoire.

    (Article paru en anglais le 8 octobre 2024)

    Article en relation avec https://seenthis.net/messages/1068730

    #guerre #histoire #décolonialisation #libération #Amérique #Hesse #Allemagne #Russie #Ukraine #Corée

    • l’article Hessien (soldat) - pour moi, (le) hessien, c’est d’abord des souvenirs de taupe... – de WP[fr] renvoie à celui que tu pointes https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercenaires_allemands_au_Canada (en version pas mobile) ; il y a un article plus général, pas seulement au Canada et portant sur leur rôle des deux côtés https://fr.wikipedia.org/wiki/Rôle_des_Allemands_dans_la_révolution_américaine

      et sinon, ma référence absolue sur le sujet, est bien sûr dans Oumpah-pah, le peau-rouge avec le chevalier Franz Katzenblummerswishundwagenplaftembomm - bon, il est prussien.
      Malheureusement, je n’en trouve pas d’image sur la toile, et mes albums sont quelque part dans un carton...
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Oumpah-Pah

    • C’est une longue et douloureuse histoire d’exploitation extrême.

      Afin de compléter l’histoire j’ai investi un peu de temps supplémentaire pour une recherché sur le net. En quelques minutes je n’ai forcément pu identifier que des sources pas toujours fiables, mais bon, que chacun vérifie leur qualité.

      Comme toujours je ne prends aucune responsabilité pour le contenu et je ne suis pas forcémemt d’accord avec le contenu ou les auteurs des citations. En principe cela va de soi, mais j’ai l’impression d’être obligé de le rappeller de temps en temps.

      J’ai remarqué que les sujets historiques allemandes sont surtout traités par des sources de droite et d’extrême droite, au moins c’est l’impression qu’on peut gagner quand on aborde les questions d’histoire par Wikipedia ( deutsch ) et les moteurs de recherche habituels. Vu le sujet j’ai entrepris une recherche en langue allemande. L’image risque de changer quand on enquête en d’autres langues.

      Albrecht Wirth, Deutsche Abenteurer, Kapitel 10
      https://www.projekt-gutenberg.org/wirth/dtabente/chap010.html

      Dagegen betrieb der Bruder Katharinas II., Friedrich August von Anhalt-Zerbst, einen blühenden Soldatenhandel. Er unterhielt in Deutschland Werbeplätze. Er selbst regierte sein Fürstentum von Basel und von Luxemburg aus; nach Anhalt selbst kam er nie. The poor Hessians , wie man sämtliche Mietlinge drüben benannte, einerlei wo sie herkamen, wurden von Washington und seinen Generälen, unter denen sich Steuben und Kalb befanden, aufgerieben. Glücklich, wer überlaufen und bei den Yankees als Soldat oder Bauer Unterschlupf finden konnte.

      Menschenalter hindurch hat jedoch die Erinnerung an die armen Hessen als verlotterte, minderwertige Menschen in Nordamerika nachgewirkt, und selbst heute noch werden sie von Deutschfeinden uns vorgehalten.

      Daß man auch in der Heimat den Vorgang keineswegs überall ruhig aufnahm, beweist die Empörung Schillers und beweist vor allem Friedrich der Große, den freilich die Engländer durch ihre Treulosigkeit 1762 zu heller Wut gereizt hatten: er verbot ein für allemal in seinen Landen Werbungen für Amerika, und er weigerte sich, durch eine Londoner Note dazu aufgefordert, anderen deutschen Kontingenten den Durchmarsch durch seine Lande zu gewähren. Es heißt, daß er durch diese Verzögerung den Sieg der Yankees verursacht oder zum mindesten erheblich dazu beigetragen habe.

      Daß dagegen die Gesinnungen des Preußenkönigs, Schillers und des schwäbischen Dichters Schubart, der wegen kränkender Bemerkungen in seiner »Chronik« von Karl Eugen jahrelang auf dem hohen Asperg eingeschlossen wurde, keineswegs allgemein verbreitet waren, das beweist ein so edler Mann wie Neidhart von Gneisenau, der damals ansbachischer Offizier war. Dieser bewarb sich nämlich geradezu darum, nach Amerika geschickt zu werden, und freute sich ganz naiv auf das Abenteuer.

      Unter dem Dutch Cattle, das nach Kanada verschifft wurde, befand sich auch Johann Gottfried Seume. Von ihm stammt der Kanadier, der Europens übertünchte Höflichkeit nicht kannte, und der Spaziergang von Syrakus. Er wollte sich von Leipzig nach Paris begeben, um dort Mathematik zu studieren, wurde aber von hessischen Werbern überfallen, nach der Festung Ziegenhain verschleppt, seiner Legitimationspapiere beraubt und in den bunten Rock gesteckt. Später machte er seinem Groll in folgenden Versen Luft:

      »Trennung, Eigennutz und Knechtschaft haben
      allen öffentlichen Sinn begraben,
      daß der Deutsche nur in Horden lebt,
      und daß dummheitstrunken diese Horden
      um die Wette sich für Fremde morden,
      daß die wildre Menschheit weint und bebt.«

      A propos de l’auteur Albrecht Wirth
      https://www.projekt-gutenberg.org/autoren/namen/wirth.html
      https://de.wikipedia.org/wiki/Albrecht_Wirth

      Albrecht Wirth (* 8. März 1866 in Frankfurt (Main); † 26. Juni 1936 in Tittmoning/Oberbayern) war ein deutscher Historiker, Sprachforscher, Weltreisender und völkischer „Rassenforscher“.

      « Scorpio » note dans un forum internet :
      https://geschichtsforum.de/thema/juchheissa-nach-amerika-dir-deutschland-gute-nacht-soldatenhandel-de

      „Heute morgen sind 10.000 Landeskinder nach Amerika fort, die zahlen alles“. So gibt ein Bediensteter in der „Kammerdienerszene“ von „Kabale und Liebe“ der fürstlichen Mätresse Lady Milford Auskunft, als sie sich nach dem Preis eines venezianischen Diamantkolliers erkundigt. Als weitere Kronzeugen gegen den „Soldatenhandel“ sind Mirabeau ( Avis aux hessois et les autres peuples allemandes vendue par leur princes a` Angleterre, aufruf an die Hessen und die anderen deutschen Völker, die von ihren Fürsten" an England verkauft wurden und Johann Gottfried Seume zu erwähnen

      Les antisemites allemands s’intéressent à l’histoire de la vente de soldats par de nombreux principautés allemandes car les affaires financières des rois, princes et autres souverains furent souvent gérés par des financiers juifs. La fortune des Rothschild a ses origines dans cette époque.

      Bankhäuser : Mayer Amschel Rothschild, ein Alias für Geld - WELT
      https://www.welt.de/kultur/history/article109326853/Mayer-Amschel-Rothschild-ein-Alias-fuer-Geld.html

      19.9.2012 von Michael Stürmer - Zwischen Ghetto und Fürstenhof lag die Welt des alten Rothschild. Als der hessische Landgraf zu Geld gekommen war, vor allem durch den Verkauf seiner Landeskinder als Soldaten an die Briten – 1776 war die Rebellion in Nordamerika ausgebrochen gegen „George the Tyrant“ und die Steuerpolitik des Londoner Parlaments – da brauchte es klugen Rat, und der kam von Rothschild.

      Ein Teil des neuen Reichtums – die „Sternthaler“ der Brüder Grimm zeigten den Stern des hessischen Hausordens und den Kopf des Landgrafen Friedrich II. – wurde in den Park von Wilhelmshöhe, den Schlossbau und die Antikengalerie investiert.

      Aber ein anderer Teil blieb flüssig, und als 1806 die französischen Armeen mit der Tür ins Haus fielen, hatte Rothschild schon dafür gesorgt, dass ein Großteil des Silbers Fulda- und Weserabwärts ins sichere England gerettet wurde.

      Affinität zu Kunst und Mäzenatentum

      Kein anderer als Rothschild verwaltete diese Gelder, während der Landgraf, nunmehr Kurfürst ohne Land, sehr knauserig mit dem Silber umging. Nicht nur, dass er seine Geliebte kurz hielt. Er war auch nicht bereit, für die Kriegsanstrengung gegen Napoleon tief in die Tasche zu greifen. Rothschild aber mehrte das Vermögen und dachte dabei, wie das unter Banken das Geschäftsmodell nun einmal ist, auch an sich selbst. Mit dem Reichtum des Kurfürsten Wilhelm I. stieg auch sein Vermögen. Als er vor 200 Jahren starb, galt er, jedenfalls was mobilisierbaren Reichtum anlangte, als der reichste Bankier der Welt.

      Rothschild hatte das Glück des Tüchtigen, und es erwies sich als erblich. Genauso wie die Affinität zur Kunst und die Fortsetzung der jüdischen Tradition des Gebens für milde Zwecke. Aber mit dem Reichtum kommen auch öffentliche Missgunst, Neid und Hass, niemals tödlicher als mit den Nationalsozialisten. Dagegen war die Enteignung unter Frankreichs sozialistischem Präsident Mitterrand nur gehässige Episode. Das Erbe des Mayer Amschel Rothschild, anders als es den meisten Konkurrenten erging, jüdischen und nicht-jüdischen, reicht bis in die Gegenwart.

      Mayer Amschel Rothschild
      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mayer_Amschel_Rothschild

      Mayer Amschel Rothschild [l’orthographe initiale Meyer Anschel ( אנשל ), étant germanisée en Mayer Amschel] (23 février 1744 à Francfort-sur-le-Main – 19 septembre 1812 à Francfort) est un financier, fondateur de la dynastie banquière des Rothschild, devenue l’une des familles les plus célèbres du monde des affaires.
      En 2005, Mayer Amschel Rothschild est classé 7e dans la « Liste des hommes d’affaires les plus influents de l’histoire » par le magazine américain Forbes, le nommant « père de la finance internationale ».

      Dans un forum de généalogie
      https://ahnen-forscher.com/forums/Genealogy-Thema/gechinger-soldaten-vom-soeldnerhandel-und-kapregiment-1787

      Der Soldatenhandel, der sich in der Zeit nach dem 30-jährigen Krieg entwickelte, war vor allem für die Landesherren deutscher Klein- und Mittelstaaten ein lukratives Geschäft. Damals konnten kriegstüchtige junge Männer von Werbern gegen ein Handgeld zum Dienst als Soldaten verpflichtet werden. Einzeln oder in Truppenteilen überließen sie dann die Landesherren gegen Bezahlung für eine bestimmte Zeit ausländischen Staaten. Natürlich wurden die fremden Truppen dort eingesetzt, wo mit starken Verlusten zu rechnen war. Bekannt ist das Schicksal von 30 000 hessischen, in englischen Diensten stehenden Soldaten. Als die amerikanischen Kolonien (die heutigen USA) gegen das Mutterland England um ihre Unabhängigkeit kämpften, wurden die Hessen in Amerika für die Engländer eingesetzt. Nur knapp die Hälfte kehrte wieder zurück.

      In Württemberg wurde der Soldatenhandel seit Ende 17. Jh. praktiziert. So hatte der württembergische Herzog Karl Eugen 1757, ohne Einverständnis der Landstände, 6000 Württemberger gegen drei Millionen Gulden an Frankreich für den Kampf gegen Preußen abgetreten. Sie wurden teils mit Gewalt ausgehoben und waren kaum ausgebildet und ausgerüstet. Schon auf der ersten Etappe des Marsches zu ihrem Bestimmungsort rebellierten sie und viele desertierten. Der Herzog ließ darauf 16 Landeskinder standrechtlich erschießen.

      1771 verhandelte der Herzog mit der Englisch-Ostindischen Kompanie über den Verkauf von Soldaten. Das Geschäft zerschlug sich wegen Geldstreitigkeiten.

      Herder schrieb:

      „Sie sind in ihrer Herren Dienst so hündisch treu, sie lassen willig sich zum Mississippi und Ohiostrom, nach Kanada und nach dem Mohrenfels verkaufen. Stirbt der Sklave, streicht der Herr den Sold ein, doch die Witwe darbt, die Waisen ziehn den Pflug und hungern. Nun, das schadet nicht, der Fürst braucht einen Schatz.”

      Verhandlungen über den Verkauf von württembergischen Soldaten an die holländische Ostindien-Kompanie setzten dann 1784 ein. Im Frühjahr 1787 verließen die ersten 2000 von ihrem Herzog verkauften Württemberger die Heimat, um die überseeischen Besitzungen der Kompanie am Kap der Guten Hoffnung in Afrika zu schützen. Dieses „Kapregiment” bestand aus 2 Bataillonen mit je 1 Grenadier- und 4 Fußkompanien, dazu 1 Artilleriekompanie mit 12 Geschützen ” Am 24. Februar marschierte das erste Bataillon aus Ludwigsburg ab und machte Nachtquartier in Vaihingen (Enz). Weiter ging es über Dürrmenz, Mühlacker und Lomersheim. Nach Wilferdingen, Söllingen, Ettlingen, Iffezheim, Wintersdorf marschierte das Bataillon, 898 Mann, über den Rhein nach Fort Louis. Der weitere Weg führte über Metz, Lille nach Dünkirchen und von dort mit dem Schiff nach dem holländischen Vlissingen.”

      Das Kapregiment diente 24 Jahre. Für Nachwuchs wurde gesorgt. Karl Eugen erhielt dafür über 400.000 Gulden. 1791 landete ein Teil des Regimentes im Kapland, der andere Teil in Java. Im Laufe der 4 nächsten Jahre kamen Teile des Regimentes nach Ceylon. 1806 befand sich noch ein Bataillon auf Java. Die meisten Soldaten fanden ein unrühmliches Ende in Gefangenschaft, Krankheit und Elend. Von den insgesamt 3200 Württembergern kamen 2300 ums Leben, nur knapp 100(!) sahen die Heimat wieder.

      Aus dem Amt Heidenheim kamen insgesamt 58 Rekrutierte nach Übersee. 44 von ihnen starben auf See, am Kap von Südafrika oder in Niederländisch-Indien.

      Offiziell waren die Truppen Freiwillige. Man muss auch sehen, dass es manchen Familien und Gemeinden durch den Soldatenhandel ermöglicht wurde, sich unerwünschter Personen zu entledigen, indem man sie durch Überredung oder Zwang zur Annahme des Handgeldes veranlasste. Es war Brauch geworden, ungeratene Söhne oder schlechte Haushalter unter des Herzogs Militär zu stoßen. Die meisten Rekruten aber waren junge Leute, die man einfach zur Unterschrift gezwungen hatte. Insgeheim hatte man ganze Dörfer umstellt und die jungen Burschen von der Arbeit, aus dem Bett, sogar aus der Kirche geholt.

      Aus Gechingen waren dabei:
      Fischer, Johann Jakob *16.04.1762
      Spöhr, Jakob *25.07.1759
      Beide sind am 19.07.1791 gefallen, also schon im Jahr ihrer Ankunft am Kap.

      Da die Mannschaft des Kapregiments zeitweilig auf dem Asperg stationiert waren, schrieb der Gefangene Schubart: 22. Februar 1787:

      “Künftigen Montag geht das aufs Vorgebirg der guten Hoffnung bestimmte württembergische Regiment ab. Der Abzug wird einem Leichenkondukte gleichen, denn Eltern, Ehemänner, Liebhaber, Geschwister, Brüder, Freunde verlieren ihre Söhne, Weiber Liebchen, Brüder, Freunde – wahrscheinlich auf immer. Ich hab ein paar Klagelieder auf diese Gelegenheit verfertigt, um Trost und Mut in manches zagende Herz auszugießen. Der Zweck der Dichtkunst ist, nicht mit Geniezügen zu prahlen, sondern ihre himmlische Kraft zum Besten der Menschheit zu gebrauchen.”

      Das “Kaplied” und das Gedicht “Für den Trupp” wurden in einer Broschüre gedruckt und fanden ungeheure Verbreitung. Dazu vertonte Schubart die Verse.

      Kaplied von Christian Friedrich Daniel Schubart

      Auf, auf! Ihr Brüder und seid stark,
      der Abschiedstag ist da!
      Schwer liegt er auf der Seele, schwer!
      Wir sollen über Land und Meer
      ins heiße Afrika.

      Ein dichter Kreis von Lieben steht,
      ihr Brüder, um uns her,
      Uns knüpft so manches teure Band
      an unser deutsches Vaterland,
      drum fällt der Abschied schwer.

      Dem bieten graue Eltern noch
      zum letztenmal die Hand;
      den kosen Bruder, Schwester, Freund,
      und alles schweigt und alles weint,
      totblass von uns gewandt.

      Und wie ein Geist schlingt um den Hals
      das Liebchen sich herum:
      Willst mich verlassen, liebes Herz,
      auf ewig? Und der bittre Schmerz
      macht´s arme Liebchen stumm.

      Ist´s hart! Drum wirble du, Tambour,
      den Generalmarsch drein.
      Der Abschied macht uns sonst zu weich,
      wir weinten kleinen Kindern gleich;
      es muss geschieden sein.

      Lebt wohl, ihr Freunde! Sehn wir uns
      vielleicht zum letzten Mal;
      so denkt, nicht für die kurze Zeit,
      Freundschaft ist für die Ewigkeit,
      und Gott ist überall.

      An Deutschlands Grenze füllen wir
      mit Erde unsre Hand,
      und küssen sie, das sei der Dank,
      für deine Pflege, Speis und Trank,
      du liebes Vaterland.

      Wenn dann die Meereswoge sich
      an unsern Schiffen bricht,
      so segeln wir gelassen fort;
      denn Gott ist hier und Gott ist dort,
      und der verlässt uns nicht.

      Und ha, wenn sich der Tafelberg
      aus blauen Düften hebt,
      so strecken wir empor die Hand
      und jauchzen: Land, ihr Brüder, Land!
      Dass unser Schiff erbebt.

      Und wenn Soldat und Offizier
      gesund ans Ufer springt,
      dann jubeln wir, ihr Brüder, ha!
      Nun sind wir ja in Afrika.
      Und alles dankt und singt.

      Wir leben drauf in fernem Land
      als Deutsche brav und gut,
      und sagen soll man weit und breit,
      die Deutschen sind doch brave Leut,
      sie haben Geist und Mut.

      Und trinken auf dem Hoffnungskap
      wir seinen Götterwein,
      so denken wir, von Sehnsucht weich,
      ihr fernen Freunde, dann an euch;
      und Tränen fließen drein.

      Une chanson populaire : Juchheissa nach Amerika
      https://www.volksliederarchiv.de/juchheissa-nach-amerika

      Juchheißa nach Amerika
      dir Deutschland gute Nacht
      Ihr Hessen präsentiert´s Gewehr
      der Landgraf kommt zur Wacht

      Ade Herr Landgraf Friedrich
      du zahlst uns Schnaps und Bier
      schießt Arme Mann und Bein uns ab
      so zahlt sie England dir

      Ihr lausigen Rebellen ihr
      Gebt vor uns Hessen acht
      Juchheißa nach Amerika!
      Dir Deutschland gute Nacht

      Text und Musik: Verfasser unbekannt

      in Deutscher Liederhort II (1893, Nr. 333, „Verkauf hessischer Landeskinder nach Amerika“)

      Dort wird angemerkt: „Ein schön und wahrhaftiges Soldatenlied, so Anno 1775 am 19. Oktober zu Kassel auf der Parade von den abziehenden Militärs mit admiraber bonne humeur vor Ihrer Durchlaucht gesungen ward. Der Galgenhumor in diesen Versen ist den damaligen Zeitgenossen wahrscheinlich nicht zum Bewußtsein gelangt“ –

      Les troupes allemandes acceuillèrent de nombreux hommes qu’on pourrait qualifier de racaille si on oubliait les condition de vie misérables et l’absence d’éducation systématique dans les petits royaumes allemands hormis la Prusse.

      http://www.kriegsreisende.de/absolutismus/hessen.htm

      Hessen-Kassel mit seiner langen Söldnertradition verfügte über eine große Zahl an gut ausgebildeten Truppen und konnte deshalb gleich große Kontingente in Marsch setzen. Der Siebenjährige Krieg lag zwar schon einige Jahre zurück, hatte aber genug Veteranen hinterlassen, die nun ein armseliges Leben fristeten. Die Wunden waren verheilt, die Schrecken verblaßt und in Amerika warteten Sold und Beute. In vielen hessischen Familien war es wie in der Schweiz Tradition, daß immer einige Söhne ihr Glück bei den Soldaten versuchten, so daß kein Mangel an Freiwilligen herrschte. Die jungen Burschen hatten sich oft genug die Geschichten ihrer Väter und Onkel angehört und träumten von wilden Abenteuern in fernen Ländern. Zudem galten die rebellischen Kolonisten nicht als ernstzunehmende Gegner. Bei dem ganzen Unternehmen schien es sich eher um eine größere Polizeiaktion zu handeln, bei der manch einer sein Glück machen konnte. Sehr viele Freiwillige gab es auch unter den Offizieren. Diejenigen, die im Frieden nicht entlassen worden waren, waren oft zurückgestuft worden und konnten in der Regel Jahrzehnte auf eine Beförderung warten. Nur der Krieg versprach ein schnelles Avancement. Auch viele Deutsche aus anderen Staaten, Iren, Italiener und Franzosen meldeten sich. Alle hofften auf Abenteuer und Beute im sagenhaften Amerika, wie es in einem hessischen Soldatenlied deutlich zum Ausdruck kommt:

      Hessische Söldner Frisch auf, ihr Brüder, ins Gewehr,
      ’s geht nach Amerika!
      Versammelt schon ist unser Heer,
      Vivat, Viktoria!
      Das rote Gold, das rote Gold,
      das kommt man nur so hergerollt,
      da gibt’s auch, da gibt’s auch, da gibt’s auch bessern Sold!
      [...]
      Adchö, mein Hessenland, adchö!
      Jetzt kommt Amerika.
      Und unser Glück geht in die Höh’,
      Goldberge sind allda!
      Dazu, dazu in Feindesland,
      was einem fehlt, das nimmt die Hand.
      Das ist ein, das ist ein, das ist ein anderer Stand!

      Le Site à vocation pédagogique ZUM propose quelques informations basiques.
      American Revolution/Die verkauften Landeskinder
      https://unterrichten.zum.de/wiki/American_Revolution/Die_verkauften_Landeskinder

      Zwischen 1775 und 1783 erfolgten folgende Truppenlieferungen an England

      Herkunft Preis (in Pfund) Mann Tote
      Hessen-Kassel 273 257 16 992 6 500
      Braunschweig 172 696 5 723 3 015
      Hessen-Nassau 173 174 2 422 981
      Waldeck 66 444 1 225 720

      En fin de compte l’histoire est simple. Les riches et puissants profitent de la misère et de l’inculture du peuple pour s’enrichir. Pendant la phase historique avent les révolutions bourgeoises l’aristocratie avait déjà appris à considérer leurs sujets comme marchandise en temps de guerre. C’est le capitalisme qui a transformé la vie des peuples et guerre permanente.

      Quand on regarde les nombreux accidents de la route et du travail qzu s’ajoutent aux catastrophes industrielles et minières régulières on comprend que la vente et le sacrifice des êtres humains continuent encore aujourd’hui. Le marché de mercenaires n’en constitue que la partie ressentie comme scandaleuse par les bonnes âmes bourgeoises.

      #exploitation #féodalisme #capitalisme

    • Pour Eric Hazan, changer le monde n’était pas un programme d’avenir mais un travail de chaque jour, par #Jacques_Rancière
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pour-eric-hazan-changer-le-monde-netait-pas-un-programme-davenir-mais-un-

      Ce n’est pas seulement qu’il s’intéressait à tout et que sa culture humaniste était bien plus vaste et profonde que celle de tant de clercs qui sourient d’engagements militants comme les siens. C’est que le monde pour lequel il se battait était celui de l’expérience la plus large et la plus riche et qu’il ne séparait pas le travail de la connaissance et les émotions de l’art de la passion de la justice. Cet homme indigné contre toute oppression aimait, plus que les crieurs, celles et ceux qui cherchent, inventent et créent.

      https://justpaste.it/c0k8d

    • Les éditions Agone. 18, boulevard de Paris 13003 Marseille
      https://mastodon.social/@EditionsAgone/112570946028414764

      Alors que se perpétue le dérisoire jeu de chaises musicales entre la poignée d’employés (très, très bien payés) qui fait tourner le marché de la concentration pour quelques millionnaires sinon milliardaires, un événement du sous-champ culturel du #livre mérite, lui, une place dans nos mémoires. Jeudi 6 juin, Éric Hazan est mort. Du « Monde » et « L’Humanité » à « Libération », en passant par « Télérama » et « Mediapart », la presse parisienne a donné, avec plus ou moins d’honnêteté, de dignité ou de platitude, le portrait du fondateur des #éditions_La_Fabrique. Rappelons ici sa place, centrale depuis vingt ans, dans la défense du métier d’éditeur. Et la critique à laquelle il a donné un titre : L’Édition sans éditeur – premier des trois livres de l’éditeur franco-américain #André_Schiffrin qu’Éric Hazan a édités et traduits en 1999. Alors que, plus que jamais, la concentration détruit l’édition dans l’indifférence générale – de l’État qui la soutient, des auteurs et autrices qui n’en tirent aucune conséquence aux journalistes qui l’accompagnent et aux libraires qui l’acceptent –, la lucidité d’Éric Hazan et sa manière si singulière, ferme et paisible, d’affirmer franchement les réalités les plus dures nous manquent plus que jamais.

      https://lafabrique.fr/ledition-sans-editeurs

    • Éric Hazan, des combats au cœur des livres - #Jean_Stern @orientxxi
      https://orientxxi.info/magazine/eric-hazan-des-combats-au-coeur-des-livres,7398

      Éditeur et essayiste, Éric Hazan, qui vient de mourir à 87 ans, avait fondé La fabrique il y a 25 ans. Pionnier de l’édition indépendante en France, Hazan avait bataillé contre la mainmise des groupes financiers sur la vie éditoriale. La fabrique est aussi l’un des lieux majeurs de publication d’essais et d’analyses sur le judaïsme, le sionisme, Israël et la Palestine.

    • Traduction en anglais de l’article de Jacques Rancière paru sur Libé le 08/06/2024 :
      https://newleftreview.org/sidecar/posts/grand-editeur?pc=1609

      There is an infinitely reductive way of commemorating Eric Hazan, simply by saluting him as a courageous publisher and defender of the radical left, an unyielding supporter of the rights of the Palestinians and a man who, against the grain of his times, so believed in revolution that he devoted a book to the first measures to be taken on the morning after.

      He was certainly all these things, but we first need to register the essential point: in an age when the word ‘publishing’ conjures up empires of businessmen for whom everything is a commodity, even the most nauseating ideas, he was first and foremost a great publisher. This was not simply a matter of competence. It was much more a question of personality. And Eric was an exceptional personality: possessed of a mind curious about everything, a scientist by training and neurosurgeon in a previous life, but also a connoisseur of the arts and lover of literature; a city-dweller, sensitive to the living history of every stone in the street; an open and welcoming man with a radiant smile and eloquent handshake, eager to communicate his passions, to share his discoveries and convince others – without preaching – of what he considered to be the exigences of justice.

      I learnt from our first contact, just as La Fabrique was starting up, that he was no ordinary publisher. He had attended a few sessions of my seminar on aesthetics and wanted to better understand what I was doing and where it was heading. I sent him a short interview I’d done for a magazine published by friends of mine. A few days later, he told me that it was a book and that he was going to publish it. Which he did so effectively that this little volume, barely visible on a bookshelf, found its way around the world. I thereby discovered something surprising: a great publisher is one who can recognize you have written a book when you don’t know it yourself.

      Thus began a long collaboration punctuated by books whose titles alone prove that he was so much more than a publisher of revolutionary firebrands. Were that the case, what business would he have with exploring territories as remote from immediate political action as the landscape of eighteenth-century England, the dissolution of the traditional threads of narrative in the novels of Flaubert, Conrad or Virginia Woolf, the interweaving of time in the films of Dziga Vertov, John Ford or Pedro Costa, or the conception of the spectator implied by this or that installation of contemporary art? What, moreover, would lead him to publish a complete edition stretching to over a thousand pages of Walter Benjamin’s Baudelaire? And to immerse himself in Balzac’s Paris? It’s not only that he was interested in everything and his engagement with humanist culture was far broader and deeper than so many of the ‘clercs’ who smirk at militant commitments of his kind. It was because he fought for a world of the widest and richest experience, and did not separate the work of knowledge and the emotions of art from the passion of justice. This man – indignant against all oppression – loved, more than sloganeers, those who seek, invent and create.

      Changing the world was for him not a programme for the future but a daily task of adjusting our vision and finding the right words. And he understood that revolt is itself a means of discovery. In the work of the most radical authors he published, whether on feminism, decolonialism or pipeline sabotage, he discerned not only a cry of anger against the reign of injustice but also a project of research, a singular expression of the world we live in, and a new way of shedding light on it. Hence, he was careful to ensure that the most provocative titles appeared in booksellers’ windows adorned in such a way that made them precious objects.

      Is this why he chose the name La Fabrique? For connoisseurs of workers’ history, the name recalls Echo de la fabrique, the newspaper of the Lyonnais canuts during their revolt of the 1830s. No doubt it was important for it to evoke the memory of the great days of 1848 and the Commune. But the word ‘fabrique’ also associated this tradition of struggle with a whole conception of the publisher’s work: a radical departure from the logic of profit and its associated strictures of management; an artisanal love of craftsmanship that neglected no aspect of book production; but also an idea of the fraternal workshop where men and women would bring the product of their labours which, as they intertwined, would be transformed into something else: a shared wealth of experience, of knowledge and insight, the sense of a collective capacity to build a world different from the one that our masters and their intellectual lackeys present to us as the only, inescapable reality.

      Offering alternative cartographies of what is visible, of what takes place and what matters in our world: this is the concern that brought him together with so many authors of such different interests, ideas and sensibilities, all of which he respected equally without attempting to corral them into a common line. Because this great publisher was above all a free man who could only breathe in an atmosphere of freedom.

      Was it the thinning of this atmosphere that, alongside his illness, darkened his final days? Never have the causes for which he fought been so mockingly besmirched in theory, so blithely trampled underfoot in practice, as they are today. For a long time, Eric saw in the very ignominy of the powers that govern us a reason to hope for the coming revolution. Their world, he thought, is so decrepit that the slightest blow here or there is bound to bring about its collapse. This is the logic, perhaps a little too cursory, of good craftsmen and sons of the Enlightenment. They believe that rot causes buildings to crumble. Unfortunately, it is more like the glue holding the system together. And this imposes a long and painstaking task on those who first and foremost need air that is more breathable and more conducive to the preparation of other tomorrows. It is, in any case, a task for which his uncompromising resistance to baseness in every form will long serve as an example.

    • Éric Hazan (hommages) par F. Lordon
      https://blog.mondediplo.net/eric-hazan-hommages

      Éric meurt au moment où la terre politique tremble et les esprits en sont entièrement occupés. Oui mais il meurt maintenant — pas il y a deux semaines ou dans trois mois. Alors nos esprits vont à lui maintenant.


      On sait très exactement où une personne a placé sa vie à la nature des hommages qu’elle reçoit à sa mort. L’espèce de petite saleté que, prévisiblement, le journal Libération a réservée à Éric Hazan en est la parfaite illustration et, à rebours de l’intention du salisseur, c’est dans la vilenie même que réside le véritable hommage, celui-là bien sûr parfaitement involontaire. Il est glorieux d’être trainé dans la boue par ces gens-là.

      René Char a connu un mauvais moment lorsque, à l’aube des années 2000, Jean-Marie Messier s’est emparé de lui, puis à sa suite toute une cohorte de débiles 2.0, qui ont fini par en faire le poète de la start-up nation et du Medef réunis. Sa valeur poétique pouvait difficilement résister à cette désastreuse compagnie et à la démonétisation qui s’ensuivrait immanquablement. De René Char, il reste cependant ceci à sauver : « Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». Éric était venu dans l’intention manifeste de troubler et, si La Fabrique a été — est toujours — fabrique de quelque chose, c’est de trouble. Nulle surprise, dans ces conditions, à ce que le monde troublé n’ait de cesse de faire la peau aux fauteurs de trouble. Du troublé et des troubleurs, nul n’a jamais douté du côté où se tenait Libération, journal qui, en matière de « libération » ne vise rien d’autre que celle de l’ordre mais à visage humain.

      La mort de Bourdieu, déjà, avait donné une brillante illustration de la manière dont se conduisent l’ordre et les forces de l’ordre quand elles ont été réellement offensées. Laurent Joffrin, Jacques Julliard et Françoise Giroud, incapables de se tenir à la décence élémentaire, n’avaient pu s’empêcher de laisser exploser leur joie — il faudrait plutôt dire de la vomir. C’est qu’il les avait tant exaspérés. Et qu’enfin, il n’était plus là. Alors les homoncules pouvaient ressortir, sans crainte de s’en prendre une qui leur aurait dévissé la tête.

      C’est bien à ce genre de traitement qu’on connaît le critère de l’offense réelle, par différence d’avec les offenses parodiques, celles dont le journal Libération s’est fait de longue date une spécialité, à base d’art contemporain politiquement décérébré ou d’avancées sociétales rendues parfaitement compatibles avec les données fondamentales de l’ordre capitaliste. Il était donc logique qu’Éric y eût droit, lui qui toute sa vie a cultivé l’offense réelle comme une morale politique, ou disons plus simplement comme le seul moyen de mener une existence qui ne soit pas larvaire. Et surtout parce que nous vivons dans un monde qui ne mérite que d’être offensé.

      Évidemment, c’est plus que le parti du visage humain n’en peut supporter, lui à qui l’accord au monde est comme une évidence, et tout sauf un lieu à déranger. La couleur n’est-elle pas indiquée dès le titre même ? « L’insurrection qui s’en va », conjonction miraculeuse du jeu de mot grotesquement mécanique, dernier refuge de la singularité de Libération, et du wishful thinking politique pour le coup le plus sincère : enfin débarrassés. Règlement définitif du problème, doit penser Quentin Girard — informons-le doucement que, pour son malheur, derrière Éric, il y en a d’autres —, qui vaut sans doute mieux que les entortillements de dénégation où il était contraint de se réfugier pour se rassurer : « … comme si la Fabrique jouait un rôle d’amuseur public, qui ne croirait pas vraiment elle-même aux idées défendues ». Éternelle redoute de ceux qui, ne croyant à rien, peinent à croire qu’il y en ait qui croient à quelque chose. Que des « amuseurs publics » se retrouvent au parquet antiterroriste offre en tout cas une vue intéressante sur les conceptions du divertissement de ceux pour qui rien n’est vraiment sérieux, et tout finalement soluble dans la dérision distanciée.

      Évidemment, le passage sur l’antisémitisme était de rigueur. On est à Libération tout de même, et au moment d’enfin revenir à l’écurie Glucksmann-Hollande en usant s’il le faut des moyens les plus bas, par exemple en aidant à répandre le stigmate de l’antisémitisme sur tout ce qui pourrait y faire obstacle, il ne s’agirait surtout pas de faire comme si les coordonnées du problème avaient été radicalement changées. La mort d’Éric Hazan passe par là, une bonne occasion ne saurait être perdue. Qu’on mesure donc son insoutenable légèreté : « Contre Israël, ses positions lui valurent de nombreuses accusations d’antisémitisme. Il les balayait toujours d’un haussement d’épaules ». Comment expliquer à Quentin Girard qu’il y a plus de pensée repliée dans un haussement d’épaules d’Éric Hazan que dans dix ans de ses chroniques mondaines à lui ? Bien sûr, on aurait pu lui suggérer de travailler — tout en réalisant aussitôt l’inanité de l’idée —, par exemple en lisant L’antisémitisme partout qu’Éric avait co-écrit avec Badiou et où tout déjà était dit. En lui disant aussi que, contre les ânes et leur problème avec la soif, le haussement d’épaules est indiscutablement la solution de meilleure rationalité.

      Mais que pouvait-on attendre de l’organe du visage humain ? Tout bien réfléchi, rien d’autre qu’un hommage — un véritable hommage. Celui que rend sans le savoir l’ordre à tous ceux qui ont entrepris sérieusement de s’en prendre à lui. À côté de tant de rampants qui se roulent à ses pieds pour avoir ses faveurs et ses expositions, pour pousser leur petite affaire, intellectuelle, artistique ou politique, il en reste quelques-uns à qui l’ordre ne convient pas et à qui ils ont décidé de ne pas convenir à leur tour. Du coin des lèvres, comme si de rien n’était, hypocrisie oblige, Libération crache sur sa bière ? C’est toujours un honneur que de se trouver démonétisé à la Bourse des fausses valeurs. Nous disons en tout cas que c’est le plus bel hommage qu’on pouvait rendre à Éric, et qu’il est décidément pour toujours notre ami.

      Frédéric Lordon

    • Mais que pouvait-on attendre de l’organe du visage humain ?
      [ #Libération :)))) ] Tout bien réfléchi, rien d’autre qu’un hommage — un véritable hommage. Celui que rend sans le savoir l’ordre à tous ceux qui ont entrepris sérieusement de s’en prendre à lui. À côté de tant de rampants qui se roulent à ses pieds pour avoir ses faveurs et ses expositions, pour pousser leur petite affaire, intellectuelle, artistique ou politique, il en reste quelques-uns à qui l’ordre ne convient pas et à qui ils ont décidé de ne pas convenir à leur tour. Du coin des lèvres, comme si de rien n’était, hypocrisie oblige, Libération crache sur sa bière ? C’est toujours un honneur que de se trouver démonétisé à la #Bourse-des-fausses-valeurs . Nous disons en tout cas que c’est le plus bel hommage qu’on pouvait rendre à Éric, et qu’il est décidément pour toujours notre ami.

      Frédéric Lordon

  • Contester l’ordre et l’héritage colonial avec Manuel Quintín Lame
    https://www.terrestres.org/2024/05/24/contester-lordre-et-lheritage-colonial-avec-manuel-quintin-lame

    Trente ans après avoir été enterré dans la montagne colombienne, un manuscrit est exhumé et publié en 1971. C’est le testament politique et spirituel d’un acteur central des luttes autochtones d’Amérique latine, Manuel Quintín Lame, décédé quelques années plus tôt. Contre la dépossession foncière, économique et politique, une décolonisation ambitieuse reste à mener. Retour sur un livre, une philosophie et un parcours subversifs. L’article Contester l’ordre et l’héritage colonial avec Manuel Quintín Lame est apparu en premier sur Terrestres.

    #Amérique_Latine #Décolonial #Droits_des_peuples_autochtones #Forêt #Modernité #Savoirs #Stratégie

  • Acquitté, Mimmo Lucano rêve de propager le modèle d’accueil de son village à travers l’Europe

    Lourdement condamné en septembre 2021 pour « association de malfaiteurs aux fins d’immigration irrégulière », l’ancien maire calabrais Mimmo Lucano a été presque totalement blanchi par la justice le 12 avril. Il salue une « #victoire_morale » et se présente aux élections municipales et européennes qui se tiendront en juin.

    L’ancienL’ancien maire de Riace garde le sourire, malgré le véritable « périple judiciaire » qu’il a dû traverser ces dernières années. Domenico Lucano, que tout le monde surnomme « Mimmo », insiste : sa propre personne ne compte pas. Il regrette surtout que l’image de Riace, petite commune de Calabre où il vit, et dont il a été le maire entre 2004 et 2018, ait été entachée par les accusations dont il a fait l’objet.

    À travers son acquittement récent, et quasi total, il estime que l’accueil de l’autre est enfin reconnu « comme une solution et une renaissance », notamment pour les terres désertées par la population. « C’est avant tout une victoire morale », souligne-t-il. Ce modèle vertueux d’accueil et de solidarité, ce « Village global » qu’il a contribué à développer au fil des ans, Mimmo Lucano aimerait le voir élargi à toute l’Europe, à l’heure où celle-ci tend plutôt à se barricader.

    Pour tenter d’y parvenir, il a choisi de se présenter aux prochaines élections municipales, à Riace, qui se tiendront en même temps que les élections européennes, pour lesquelles il est également candidat sur une liste d’alliance entre les Verts et la gauche italienne. « Ce qu’on voudrait, c’est une nouvelle Europe qui deviendrait le salut du monde. Pas celle des barbelés, dont les politiques ont provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes », dit-il. Entretien.

    Mediapart : Vous sortez d’un sacré feuilleton judiciaire…

    Domenico Lucano : Oui. Un périple judiciaire. C’est mon histoire, mais c’est surtout celle d’une petite communauté, celle de Riace. Un petit bout de la périphérie européenne, avec sa mer Méditerranée, une sorte d’autoroute des pays arabes vers l’Europe. Mais c’est aussi la mer de la tragédie du monde. La Méditerranée a malheureusement changé de couleur, passant du bleu, du vert, au rouge, la couleur du sang. Le sang de beaucoup d’hommes et de femmes qui ne sont pas arrivés au bout de leur chemin. La mer est devenue un piège à leur tentative de bonheur. Elle a pris la couleur de la mort. Au cœur de l’histoire de Riace, il y a surtout un combat, devenu très médiatique, pour l’accueil de l’autre et pour un idéal politique différent.

    Beaucoup de réfugiés afghans fuyant les talibans sont arrivés en Calabre. Je pense aussi à cette tragique nuit d’hiver, le 26 février 2023, durant laquelle les secours ne sont pas venus. Le ministère de l’intérieur a organisé l’arrivée de la douane plutôt que celle des gardes-côtes, qui avaient pourtant les moyens de les sauver. Quatre-vingt-quatorze personnes ont perdu la vie, après avoir passé cinq jours en mer, dont beaucoup d’enfants. En 2022, l’actuel ministre de l’intérieur a utilisé ces mots terribles s’agissant des migrants : il s’agit de « charges résiduelles ». Le gouvernement italien fêtait l’anniversaire de Salvini pendant que les familles pleuraient leurs morts. C’est sans doute le moment le plus déplorable. Il ne sert à rien d’être parmi les grandes puissances mondiales ou de surveiller sa croissance économique quand on est capables d’un tel cynisme face à la vie humaine. La droite a montré son vrai visage.

    La droite et l’extrême droite ?

    Je crois qu’il n’y a pas de différence en Italie. « Extrême » est un adjectif, mais la droite est le lieu commun de la déshumanisation. On a vu différentes tentatives du ministère de l’intérieur pour empêcher les migrants de débarquer en Italie. Le paradoxe, c’est de constater qu’un gouvernement indigne, qui s’illustre par son inhumanité, grimpe dans les sondages. Faire face à ce gouvernement en Italie, en usant d’une parole libre, ne provoque en retour que des coups de matraque. C’est du jamais-vu. Il y a une dérive de la droite en Italie.

    Ce contexte politique vous a aussi valu une lourde condamnation en 2021 – 13 ans de prison et 500 000 euros d’amende, pour « association de malfaiteurs aux fins d’immigration irrégulière ». Comment l’avez-vous vécue ?

    Le 4 octobre 2018, à l’aube, j’ai vu des voitures arriver chez moi pour m’arrêter. Cela a marqué le début d’une histoire hallucinante, qui a duré presque sept ans. Quand j’ai été condamné en première instance le 30 septembre 2021, le sentiment qu’il s’agissait d’un procès politique s’est vite propagé en Italie. On m’a contraint à m’éloigner de Riace durant onze mois, alors que j’avais donné ma vie pour cette terre. Il y a eu une manifestation d’ampleur à Rome, un ex-sénateur a lancé une collecte de fonds destinée à régler l’amende dont je faisais l’objet.

    La collecte a rencontré un succès fou. Mais je lui ai dit que je n’en voulais pas. Je voulais simplement continuer d’accueillir les réfugiés à Riace, et on a construit le « Village global », avec une crèche pour 12 enfants immigrés et plein d’activités. On a tout fait pour continuer de faire exister ce monde-là. J’ai donc vécu cette condamnation avec sérénité, parce que j’ai pu profiter de la solidarité de la population italienne et du reste du monde, qui se raccrochait à la seule perspective de la fraternité.

    Je suis conscient que le fait qu’un petit village de Calabre puisse devenir un exemple pour l’accueil des personnes exilées a beaucoup gêné. Le modèle « Riace » a fait peur au système néolibéral. Mais l’ennemi n’est pas l’étranger ou celui qui lui vient en aide : ce n’est autre que cette nouvelle vague de fascisme qu’il y a en Europe et dans le monde, qui ne cherche qu’à fermer les frontières et à créer des forteresses. Je regrette d’avoir vu après tant d’années de propagande une forme d’égoïsme s’installer dans l’esprit des gens, tel un consensus politique.

    Comment vous sentez-vous aujourd’hui, après cette réhabilitation par la justice ?

    Je vais bien. Deux de mes enfants sont à Rome, le troisième habite avec mon épouse, et je suis seul à Riace. La plupart de mes proches ont vécu l’acquittement comme une libération. Au niveau local, il y a eu une solidarité immédiate, y compris de la part de personnes qui ne partageaient pas ma vision politique. Mais le plus merveilleux dans cette fin de feuilleton, ce n’est pas l’acquittement en soi, ce sont les motivations des juges. Ces derniers ont attendu 90 jours pour les rendre publiques et signifier au reste de monde qu’on ne touchera pas au message politique pour lequel je me suis battu.

    Ils ont rétabli la vérité et confirmé que je n’avais pas pensé à profiter une seconde du système d’accueil que j’avais mis en place à Riace, ni que j’avais pu m’enrichir par ce biais. Ce n’est donc pas un acquittement technique ou juridique. C’est un acquittement moral. Et pour la première fois dans l’histoire des migrations, l’immigration en Italie peut enfin être regardée sous une lumière totalement opposée à celle proposée par certains politiciens. L’accueil de l’autre est enfin reconnu comme une solution et une renaissance. C’est avant tout une victoire morale, et cela vaut plus que tout.

    Vous avez fait le choix de revenir en politique, en vous présentant aux municipales à Riace mais aussi aux européennes, sur la liste des Verts et de l’Alliance de gauche (Alleanza Verdi e Sinistra) – élections qui se tiendront toutes deux les 8 et 9 juin prochains. Est-ce que votre acquittement a joué dans votre décision ?

    Non, car je n’ai jamais perdu ce désir d’engagement politique. La politique, pour moi, se résume à l’espoir, et je n’ai jamais été fatigué à l’idée de continuer d’espérer. Dès le départ, le Village global a été conçu comme un laboratoire politique au niveau local. Cela a d’ailleurs été l’opportunité de multiples réunions, prises de décision collectives et autres activités communes. C’est dans cette démarche que nous avons donc voulu réunir la gauche au-delà du Parti démocrate (Partito Democratico), dont Elly Schlein est la secrétaire.

    Ça n’a pas été facile. Les responsables du parti n’en ont pas tenu compte, alors on a trouvé une coalition a gauche du Parti démocrate. Les Verts et l’Alliance de gauche italienne m’ont demandé si je voulais participer aux européennes. Et avec tous les camarades de Riace, on a dit oui. C’était une envie partagée, parce que les positions qu’ils défendent contre la guerre, en faveur de l’accueil des exilés ou encore pour une loi pour le salaire minimum en Italie correspondaient à mes choix politiques. Un jour, j’aimerais qu’il y ait un panneau « Village de l’accueil » un peu partout dans les communes d’Europe !

    Mais force est de constater que l’on observe plutôt une politique de rejet en Europe…

    À Riace, on a réussi à l’échelle d’une toute petite réalité. Un village de quatre cents habitants est désormais connu pour sa politique d’accueil. À l’échelle européenne, nous ne serons peut-être plus là pour observer ce changement de paradigme. Mais je suis persuadé que d’une petite chose peut naître une grande chose. Je suis heureux que figure sur notre liste la candidate Ilaria Salis, arrêtée par Viktor Orbán en Hongrie pour son engagement contre le fascisme. Nous avons une histoire similaire, elle se bat pour le respect des droits humains. Lorsque j’ai vu les images d’elle à la télévision, la montrant menottée, j’ai été fier de la savoir à mes côtés dans cette aventure au niveau européen.

    Le pacte migratoire européen a été adopté dans la douleur il y a peu. Êtes-vous inquiet de voir cette politique de repli concrétisée à l’échelle européenne à travers ces textes ?

    Ce pacte est absurde. Je n’en partage pas les objectifs, évidemment. On voit partout des tentatives d’affaiblir le droit d’asile, y compris en Italie, ou de créer des sortes de voies de déportation vers des pays tiers comme l’Albanie, où le respect des droits humains n’est pas garanti. C’est triste quand on voit ce qu’on a été capables de faire à notre petite échelle. Je pense que la droite souffre d’un syndrome de la peur de l’être humain. C’est ce qu’on observe en Italie mais aussi en Europe. Ce qu’on voudrait, c’est une nouvelle Europe qui deviendrait le salut du monde. Pas celle des barbelés, dont les politiques ont provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes.

    Pourquoi vous présenter à deux élections, à deux échelles différentes ?

    C’est une question redoutable (rires). Je ne veux pas devenir un bureaucrate. Je mettrai la même conviction à l’échelle européenne et je ne ferai de concession à personne : les profits de la politique ne m’intéressent pas. Et j’ajouterai que paradoxalement, je suis d’accord avec la manière dont Matteo Salvini m’a défini un jour, lorsqu’une personne lui a demandé ce qu’il pensait de moi. Il a répondu : « Il vaut zéro. » Ça me convient assez bien, je considère que je ne suis personne. Ce qui est sûr, c’est que j’ai à cœur de poursuivre mon engagement au niveau local et européen. En Italie, la loi permet d’être à la fois maire et député européen.

    Alors, bien sûr, les possibilités sont multiples : je peux être élu maire de Riace, être élu député européen ou les deux, ou pas élu du tout. Je continuerai dans tous les cas à développer le modèle Riace, et j’aimerais élargir ce modèle d’accueil à d’autres communes en Italie, et à d’autres États en Europe, un modèle en faveur de l’accueil qui permet aussi de contrer le déclin démographique. Et pour aller plus loin, j’aimerais également créer une collectivité de communes qui partagerait une monnaie unique, pour nous permettre de sortir de ce néolibéralisme, qui détruit notre économie et notre démocratie, tout en valorisant le travail fourni au sein de la communauté.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040524/acquitte-mimmo-lucano-reve-de-propager-le-modele-d-accueil-de-son-village-

    #Riace #Mimmo_Lucano #Domenico_Lucano #accueil #réfugiés #migrations #Italie #Calabre #justice #acquittement #entretien #interview #solidarité #criminalisation_de_la_solidarité #villes-refuge #périple_judiciaire #condamnation #réhabilitation #libération #acquittement_moral #engagement_politique

    –—

    Ce fil de discussion est la suite de celui-ci :
    11 octobre 2023, verdict en cour d’appel pour le #procès contre #Mimmo_Lucano, ancien maire de #Riace
    https://seenthis.net/messages/1020950

    signalé par @olaf ici :
    https://seenthis.net/messages/1052451

    ping @_kg_

  • Assemblée pour la Palestine
    وحدة الشعوب للتحرير
    Internationalists United !

    https://paris-luttes.info/assemblee-pour-la-palestine-17540

    Ce qui est en train de se passer en Palestine n’est pas un épisode de plus dans un conflit « complexe ». C’est un #génocide en direct après 75 ans de #colonisation. Nous refusons de continuer passivement à débattre de comment condamner les horreurs. Nous refusons de laisser les haines antisémites et islamophobes se nourir de la situation. Nous refusons de rester spectateur.ice.s.

    Nous devons nous lever massivement pour la dignité de toutes ces vies.

    Au Caire, pour la premiere fois depuis 10 ans, la foule a surgit sur la place Tahrir symbole des révolutions arabes de 2011 pour crier sa solidarité avec la Palestine. De Londres à Baghdad, en passant par New York et Amman, les manifestations massives nous rappellent la flamme d’une décennie de soulèvements qui ne s’est toujours pas éteinte.

    La France, en plus de son « soutien inconditionnel » à #Israel et son appel à une intervention de la « coalition internationale », est parmi les rares pays à interdire les manifestations de #solidarité avec le peuple palestinien.

    Après l’extermination des peuples indigènes des Amériques, après la traite des esclaves, après la Shoah, les gouvernements occidentaux, en soutenant sans réserve Israel, se rendent à nouveau responsables des pires atrocités coloniales, des pires massacres racistes.

    Les hypocrisies coalisées nous rendent malade. Celles des états occidentaux qui se présentent comme leaders du monde libre et démocratique mais financent les atrocités d’Israel, saccagent le Moyen-Orient, pillent l’Afrique et Abya Yala. Celle du régime russe qui condamne les attaques d’Israel tout en colonisant l’Ukraine. Celle du régime iranien qui soutient la Palestine mais massacre les révoltés en Iran, en Irak ou en Syrie. Celles des régimes arabes qui instrumentalisent les malheurs du peuple palestinien pour leurs propres intérêts et répriment les #réfugié.e.s palestinien.ne.s dans les camps au Liban ou en Syrie.

    Que le #Hamas, une force plus que réactionnaire, représente aujourd’hui l’espoir d’une #libération_nationale est bien le signe des échecs et des trahisons de la #gauche « progressiste ».

    Tous les gouvernements, sans distinction, nous ont trahis. N’en laissons aucun nous diviser. Notre unité, celle des peuples révoltés, est à construire. Elle sera notre force. Elle est notre seul espoir.

    Nous ne pouvons pas choisir une force impérialiste, autoritaire ou colonisatrice au profit d’une autre. La liberation n’est pas divisible ! Nous nous opposons à toutes les violences qui maintiennent l’ordre établi et mutilent les vies. Celles du patriarcat qui tuent les femmes, et les dissident.e.s sexuelles. Celles du #racisme qui frappe les juif.ve.s et les personnes noires depuis plusieurs siècles. Celles du capitalisme qui, partout, se nourrit de la détresse, de l’exploitation, de la mort et de la guerre.

    Contre le génocide en cours à Gaza et pour la #libération de la Palestine nous appelons à ouvrir un front uni depuis le centre de la bête, ici en Occident. Une coalition entre les marges des empires et les dissident.e.s des centres pour contribuer au combat mondial pour la vie et la dignité.

    Les victoires historiques contre les colonialismes en Irlande, au Vietnam, en Algérie ou contre l’apartheid en Afrique du Sud ont été obtenues par les insurgé.e.s sur leurs terres. Mais ces peuples ont aussi arraché leur libération en gagnant dans les centres des empires, quand une partie suffisamment grande de la population de ces centres a exigé la fin de la guerre, de la colonisation ou de l’apartheid. À notre tour d’agir !

    Pour un mouvement puissant contre l’occupation et l’#apartheid, il nous faut créer des espaces ouverts d’auto-organisation, faire éclater l’énergie populaire, multiplier les brèches.

    Personne n’est libre tant que nous ne le sommes pas tous.tes.

    Si ce front est capable de se lever aujourd’hui pour Gaza, il pourra le faire demain contre les bombes des régimes russe et syrien en Syrie, contre celles de la Turquie sur le Kurdistan. Il pourra soutenir les féministes en Iran et à Abya Yala, les révolutionnaires au Soudan ou en Algérie, les luttes des Arménien.ne.s et des Ouïghours, la résistances des Mapuche et des Sahraouis. C’est ce que signifie l’entraide entre révolté.e.s. C’est ce que nous appelons l’#internationalisme des peuples.

    Se battre pour la Palestine, c’est se battre pour le monde.

    Si vous voulez agir mais ne savez pas quoi faire, si vous avez la rage et vous ne voulez plus vous sentir impuissant.e.s, si vous voulez vous mettre en mouvement au lieu de regarder la mort les écrans, rejoignez-nous !

    Nous appelons à une assemblée autonome et transnationale en région parisienne, à Montreuil le jeudi 9 novembre à 18h30 à l’espace AERI au 57 rue Etienne Marcel 93100

  • Mediapart n’a pas publié la Lettre de Craig Mokhiber le Commissaire de l’ONU aux Droits Humains qui a démissioné à cause à l’inaction de l’ONU face aux bombardements israéliens sur la population de Gaza.

    A la place on a un article de Joseph Confavreux qui réfute la Lettre de Mokhiber (sans qu’on puisse la lire) et qui ergotte sur le terme de génocide. En gros c’est pas gentil d’accuser des juifs de cela à cause du génocide des juifs des années 40.

    Je comprends l’article récent de Mediapart, qui fustigeait Twitter et qui m’avait agacée.

    Twitter est un des rare média en France où les Palestiniens ne sont pas systématiquement censurés, où l’on trouve des images des bombardements et des victimes , où l’on trouve les analyses d’Amnesty de MSF et de tous ceux qui peuvent nous informer des atrocités en cours. On y trouve aussi des analyses sur l’occident colonial, qui est en train de sombrer dans l’inhumanité la plus épouvantable.

    Le génocide en cours à Gaza nous révèle que notre information est faite par des médias contrôlés (d’une manière ou d’une autre) par Israël.

    #Média #Israel #Génocide #Mediapart #Le Monde #Libération #Nouvel-Obs #Information #Propagande

  • La Question d’Israël, Olivier Tonneau
    https://blogs.mediapart.fr/olivier-tonneau/blog/161023/la-question-disrael

    La violence qui s’abat sur Gaza appelle à une condamnation sans faille d’Israël. Elle suscite également pour l’Etat hébreu une haine qui exige, en revanche, d’être soumise à l’analyse.

    Ce texte mûrit depuis des années. J’aurais préféré ne pas l’écrire en des temps de fureur et de sang mais sans l’effroi de ces derniers jours, je ne m’y serais peut-être jamais décidé.
    Effroi devant les crimes du #Hamas : j’ai repris contact avec Noam, mon témoin de mariage perdu de vue depuis des années qui vit à Tel Aviv, pour m’assurer qu’il allait bien ainsi que ses proches. Effroi devant les cris de joie poussés par tout ce que mon fil Facebook compte d’ « #antisionistes », puis par le communiqué du #NPA accordant son soutien à la résistance palestinienne quelques moyens qu’elle choisisse – comme si la #guerre justifiait tout et qu’il n’existait pas de #crimes_de_guerre.
    Effroi, ensuite, face aux réactions des #médias français qui, refusant absolument toute contextualisation de ces crimes, préparaient idéologiquement l’acceptation de la répression qui s’annonçait. Effroi face à cette répression même, à la dévastation de #Gaza. Effroi d’entendre Netanyahou se vanter d’initier une opération punitive visant à marquer les esprits et les corps pour des décennies, puis son ministre qualifier les #Gazaouis d’animaux. Ainsi les crimes commis par le Hamas, que seule une mauvaise foi éhontée peut séparer des violences infligées par le gouvernement d’extrême-droite israélien aux #Palestiniens, servent de prétexte au durcissement de l’oppression qui les a engendrés. Effroi, enfin, face au concert d’approbation des puissances occidentales unanimes : les acteurs qui seuls auraient le pouvoir de ramener #Israël à la raison, qui d’ailleurs en ont la responsabilité morale pour avoir porté l’Etat Hébreu sur les fonts baptismaux, l’encouragent au contraire dans sa démence suicidaire.

    Je veux dans ce texte dire trois choses. Les deux premières tiennent en peu de mots. D’abord, ceux qui hurlent de joie face au #meurtre_de_civils ont perdu l’esprit. Je n’ose imaginer ce qui se passe dans celui de victimes d’une oppression soutenue ; quant aux #militants regardant tout cela de France, ils ont en revanche perdu toute mon estime. Cependant – c’est la deuxième chose – si la qualification des actes du #Hamas ne fait aucun doute, un crime s’analyse, même en droit, dans son contexte. Or si la responsabilité des agents est toujours engagée, elle ne délie nullement Israël de sa responsabilité écrasante dans la mise en œuvre d’occupations, de répressions, de violences propres à susciter la haine et la folie meurtrière. Qui plus est, Israël étant dans l’affaire la puissance dominante a seule les moyens de transformer son environnement. Le gouvernement Israélien est cause première de la folie meurtrière et premier responsable de l’accélération du cycle infernal. Qu’il y eût une troisième chose à dire, c’est ce qui m’est apparu en lisant dans un tweet de Louis Boyard : 
    « Il est hors de question que je me penche sur la question d’Israël (…). L’Etat d’Israël est une terre « volée » à la Palestine qu’ils le veuillent ou non ».

    Ce sont là propos parfaitement banals de la part des antisionistes d’aujourd’hui. Ils ont le mérite de dire crûment que la critique d’Israël, au-delà des actes barbares commis par son gouvernement, porte sur le fondement même de l’Etat hébreu dont on aurait tout dit une fois rappelé qu’il s’est fondé sur le « vol » d’une terre. Cette attitude est à mes yeux irresponsable et même choquante. Comment ne pas entendre l’écho assourdissant de la vieille « question juive » dans la formule « question d’Israël » ? Aussi l’enjeu principal de ce texte, qui exige un développement d’une certaine longueur, est cette question même.

    ... « la #colonisation travaille à déciviliser le #colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la #haine_raciale, au relativisme moral » (Aimé Césaire)

    ... « La référence permanente au génocide des Juifs d’Europe et l’omniprésence de ces terribles images fait que, si la réalité du rapport de forces rend impossible l’adoption des comportements des victimes juives, alors on adopte, inconsciemment ou en général, les comportements des massacreurs du peuple juif : on marque les Palestiniens sur les bras, on les fait courir nus, on les parque derrière des barbelés et des miradors, on s’est même servi pendant un cours moment de Bergers Allemands. » #Michel_Warschawski

    ... le gouvernement israélien ne fonde pas sa sécurité sur le désarmement du Hamas mais sur le traumatisme des Palestiniens dans leur ensemble, ces « animaux » auxquels on promet un châtiment qui rentrera dans l’histoire – comme s’il était temps de leur offrir, à eux aussi, l’impérissable souvenir d’un holocauste....

    ... « Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus » (Ahron Bregman)

    ... si deux millions de pieds-noirs ont pu retraverser la Méditerranée, deux cent cinquante mille colons peuvent repasser la ligne verte : c’est une question de volonté politique.

    #toctoc #nationalisme #génocide #déshumanisation_de_l’autre #juifs #israéliens #Intifada #11_septembre_2001 #Patriot_Act #histoire #utopie #paix #Henry_Laurens #Edward_Saïd #Maxime_Rodinson #Ahron_Bregman #Henryk_Erlich #Emmanuel_Szerer #Bund #POSDR #URSS #fascisme #nazisme #Vladimir_Jabotinsky #sionisme #Etats-Unis #Grande-Bretagne #ONU #Nakba #Arthur_Koestler #Albert_Memmi #libération_nationale #Shlomo_Sand #Ilan_Pappe #apartheid #loi_militaire #antisémitisme #diaspora_juive #disapora #religion #fascisme_ethniciste

  • #Guerre #Israël - #Hamas : l’engrenage infernal

    Une #catastrophe_humanitaire se déroule sous nos yeux dans la bande de Gaza tandis qu’Israël bombarde l’enclave et prépare une #riposte_militaire. Nos invités ont accepté d’échanger dans notre émission « À l’air libre » alors que cette guerre les touche. Ou les terrasse.

    Les invités :
    #Nadav_Lapid, réalisateur ;
    #Karim_Kattan, écrivain ;
    #Jonathan_Hayoun, réalisateur ;
    #Rony_Brauman, médecin, essayiste.

    https://www.youtube.com/watch?v=Z0OWMbWxhpg


    https://www.mediapart.fr/journal/international/171023/guerre-israel-hamas-l-engrenage-infernal

    #Gaza #7_octobre_2023 #à_lire #à_voir #vidéo
    #désespoir #désastre #impuissance #inquiétude #préoccupation #émotions #rage #médias #couverture_médiatique #couverture_politique #staus_quo #question_palestinienne #pogrom #mots #bombardements #eau #électricité #essence #réfugiés #déplacés_internes #IDPs #destruction #siège #catastrophe #Nakba #nouvelle_Nakba #évacuation #nourriture #famine #déportation #humiliation #paix #justice #droit_international #communauté_internationale #déshumanisation #sentiment_de_sécurité #sécurité #insécurité #apartheid #colonisation #nettoyage_ethnique #1948 #territoires_occupés #système_d'apartheid #double_régime_juridique #occupation_militaire #colonisation_civile #transferts_forcés_de_population #stratégie_de_désespoir #no_futur #actes_désespérés #lucidité #courage #étonnement #responsabilité #rationalisation #espoir #impasse #choc_électrique #trahison #traumatisme #terreur #cauchemar #cauchemar_traumatique #otages #libération_des_otages #guerre #autodestruction #suicide_national

    • Opinion. “Il est peu probable que l’Occident donne indéfiniment un blanc-seing à Israël”
      https://www.courrierinternational.com/article/opinion-il-est-peu-probable-que-l-occident-donne-indefiniment

      Les massacres commis par le Hamas dans le sud d’#Israël semblent avoir fait basculer les opinions publiques occidentales dans un soutien indéfectible à Tel-Aviv, estime ce journaliste israélien. Mais, à mesure que la situation des Palestiniens s’aggravera à #Gaza et en #Cisjordanie, ce soutien pourrait s’amenuiser.

      Le massacre de plus de 1 000 civils israéliens et l’enlèvement de dizaines d’autres servent désormais de base efficace à la diplomatie israélienne. Des pans importants des opinions publiques occidentales ont été révulsés par les tueries du 7 octobre et ont basculé. Mais pour combien de temps ?
      Pour le journaliste Amos Harel, du quotidien israélien de gauche Ha’Aretz, “il est peu probable que l’Occident donne indéfiniment un blanc-seing à Israël. L’État juif sait que la fenêtre d’action qui s’offre à lui n’est pas illimitée. Comme par le passé, il est difficile de synchroniser horloge militaire et horloge politique.”

      Pis, estime Amos Harel, deux États parmi les plus vieux pays arabes signataires d’un traité de paix avec Israël, l’#Égypte en 1979 et la #Jordanie en 1994, craignent de faire les frais de la contre-offensive israélienne, d’autant plus que la population du royaume hachémite est majoritairement d’origine palestinienne.
      “Jusqu’ici, cette dernière s’est montrée loyale envers Amman. Mais est-ce que cela durera indéfiniment ?”

      Enfin, la couverture médiatique de l’opération du #Hamas et de ses suites a relégué au second plan un autre problème : la Cisjordanie est également en proie aux violences. Près de 50 Palestiniens ont été tués la semaine dernière par des soldats israéliens et des colons juifs d’extrême droite.
      “La vraie menace réside en Cisjordanie, et il n’est pas certain que, malgré les slogans lancés par l’#extrême_droite présente au gouvernement, les #diplomaties_occidentales y soutiennent une répression israélienne d’une ampleur de Bouclier défensif [lancée par Ariel Sharon en avril 2002], qui avait vu Tsahal écraser et réoccuper les zones administrées par l’Autorité palestinienne”, soit 39 % des territoires autonomes #palestiniens de Cisjordanie.

  • Carla Bley, Jazz Composer, Arranger and Provocateur, Dies at 87 - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/10/17/arts/music/carla-bley-dead.html

    j’ai adoré le premier « Liberation music orchestra » dont elle a écrit les arrangements. Bien sûr le grand délire 70’s de « Escalator Over The Hill », et surtout le disque grand public « Dinner Music » que j’ai régulièrement écouté depuis cinquante ans.
    Et j’ai eu la chance de voir Carla Bley avec Steve Swallow et Andy Sheppard au Théâtre de Caen. bye bye Madame.

    Ms. Bley’s influential body of work included delicate chamber miniatures and rugged, blaring fanfares, with a lot of varied terrain in between. She was branded an avant-gardist early in her career, but that term applied more to her slyly subversive attitude than to the formal character of her music, which always maintained a place for tonal harmony and standard rhythm.

    Within that given frame, Ms. Bley found plenty of room to confound expectations and harbor contradictions. In the 2011 biography “Carla Bley,” Amy C. Beal described her music as “vernacular yet sophisticated, appealing yet cryptic, joyous and mournful, silly and serious at the same time.”

    Certainly, few composers in Ms. Bley’s generation were as prolific or polymorphic in their output while projecting an identifiable point of view. She wrote elegant, drifting songs that became jazz standards, like “Ida Lupino” and “Lawns”; yearning, cinematic big-band pieces, like “Fleur Carnivore”; iconoclastic rearrangements of national anthems and classical fare; and unwieldy, uncategorizable projects like her jazz-rock opera “Escalator Over the Hill.”

    Originally issued on three LPs, “Escalator Over the Hill” was named album of the year by the weekly British publication Melody Maker in 1973, the same year it won a Grand Prix du Disque, France’s most prestigious award for musical recordings. With a surrealistic libretto by the poet Paul Haines, a cast including some of the era’s leading jazz renegades and vocals by Linda Ronstadt and Jack Bruce of the rock band Cream, it captured the woolly, insubordinate spirit of the age, just as it consolidated the elements of Ms. Bley’s style.

    Jazz was undergoing a creative revolution in the 1960s — and, partly by association, Ms. Bley found herself at the turbulent center of an emerging avant-garde. She was a founder of the Jazz Composers Guild, which sought better working conditions for musicians. Though short-lived, it yielded a productive institution: the Jazz Composer’s Orchestra, which Ms. Bley formed with the Austrian trumpeter Michael Mantler. After she divorced Mr. Bley in 1967, she and Mr. Mantler married.

    Ms. Bley is survived by a daughter from that marriage, the vocalist, pianist and composer Karen Mantler, and by Mr. Swallow, her partner of more than 30 years.

    Ms. Bley had more than fleeting contact with rock: In 1975 she joined a band with Mr. Bruce on bass and Mick Taylor of the Rolling Stones on guitar. And she wrote all the songs for “Nick Mason’s Fictitious Sports,” a 1981 album credited to Mr. Mason, the drummer in Pink Floyd, with lead vocals by Robert Wyatt, formerly of Soft Machine.

    During the 2010s, Ms. Bley focused a good deal of her energies on the Liberation Music Orchestra, preserving Charlie Haden’s musical vision as well as his commitment to left-leaning social activism: She included a new version of her late-’60s composition “Silent Spring” on the orchestra’s fifth album, “Time/Life,” released in 2016. As a performer she worked mainly with Mr. Sheppard and Mr. Swallow, touring internationally and releasing several albums for ECM.

    #Carla_Bley #Jazz #Liberation_Music_Orchestra

  • Aux #origines de l’#histoire complexe du #Hamas

    Le Hamas replace violemment la question palestinienne sur le devant de la scène géopolitique. Retour aux origines du mouvement islamiste palestinien, fondé lors de la première Intifada et classé organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.

    L’arméeL’armée israélienne a indiqué, samedi 14 octobre, avoir tué deux figures du Hamas qui auraient joué un rôle majeur dans l’attaque terroriste qui a plongé il y a une semaine le peuple israélien dans « les jours les plus traumatiques jamais connus depuis la Shoah », pour reprendre l’expression de la sociologue franco-israélienne Eva Illouz (plus de 1 300 morts, 3 200 blessés ainsi qu’au moins 120 otages, parmi lesquels de nombreux civils).

    Le responsable des Nukhba, les unités d’élite du Hamas, Ali Qadi, aurait été tué, de même que Merad Abou Merad, chef des opérations aériennes dans la ville de Gaza. Dimanche, c’est la mort d’un commandant des Nukhba, Bilal el-Kadra, présenté par l’armée israélienne comme le responsable des massacres du 7 octobre dans les kibboutz de Nirim et de Nir Oz, qui a été annoncée.

    Depuis l’offensive surprise du Hamas, Israël assiège et pilonne en représailles la bande de Gaza. Ses bombardements ont fait en l’espace de quelques jours 2 750 morts, dont plus de 700 enfants, et 9 700 blessés, selon un bilan du ministère palestinien de la santé du Hamas établi lundi matin. « Ce n’est que le début », a prévenu le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui a déclaré : « Le Hamas, c’est Daech et nous allons les écraser et les détruire comme le monde a détruit Daech. »

    S’il est difficile de ne pas convoquer la barbarie de Daech en Syrie, en Irak ou sur le sol européen devant les massacres commis le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien dans la rue, des maisons ou en pleine rave party, la comparaison entre les deux organisations a ses limites.

    « Oui, le Hamas a commis des crimes odieux, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, mais c’est un mouvement nationaliste qui n’a rien à voir avec Daech ou Al-Qaïda, nuance Jean-Paul Chagnollaud, professeur des universités, directeur de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée/Moyen-Orient (iReMMO). Il représente ou représentait largement un bon tiers du peuple palestinien. Si Mahmoud Abbas [chef de l’Autorité palestinienne – ndlr] a annulé les élections il y a deux ans, c’est parce que le Hamas avait des chances d’emporter les législatives. »

    « La comparaison avec Daech a une visée politique qui consiste à enfermer le Hamas dans un rôle de groupe djihadiste, abonde le chercheur Xavier Guignard, spécialiste de la Palestine au sein du centre de recherche indépendant Noria. Je comprends le besoin de caractériser ce qu’il s’est produit, mais cette comparaison nous prive de voir tout ce qu’est aussi le Hamas », un mouvement islamiste de libération nationale, protéiforme, politique et militaire, qui est l’acronyme de « Harakat al-muqawama al-islamiya », qui signifie « Mouvement de la résistance islamique ».

    Considéré comme terroriste par l’Union européenne, les États-Unis ainsi que de nombreux pays occidentaux, le Hamas, dont la branche politique dans la bande de Gaza est dirigée par Yahya Sinouar (qui fut libéré en 2011 après vingt-deux ans dans les geôles israéliennes lors de l’échange de 1 027 prisonniers palestiniens contre le soldat franco-israélien Gilad Shalit), est arrivé au pouvoir lors d’une élection démocratique. Il a remporté les législatives de 2006. L’année suivante, il prend par la force le contrôle de la bande de Gaza au terme d’affrontements sanglants et aux dépens de l’Autorité palestinienne (AP), reconnue par la communauté internationale et dominée par le Fatah (Mouvement national palestinien de libération, non religieux) de Mahmoud Abbas, qui contrôle la Cisjordanie.
    Guerre fratricide

    Cette prise de pouvoir constitue un moment charnière. Elle provoque une guerre fratricide entre les formations palestiniennes et offre à l’État hébreu une occasion de durcir encore, en riposte, le blocus dans la bande de Gaza, en limitant la circulation des personnes et des biens, avec le soutien de l’Égypte. Un blocus dévastateur par terre, air et mer qui asphyxie l’économie et la population depuis plus d’une décennie et a été aggravé par les guerres successives et les destructions sous l’effet des bombardements israéliens.

    Officiellement, pour Israël, qui a décolonisé le territoire en 2005, le blocus vise à empêcher que le Hamas, qui se caractérise par une lutte armée contre l’État hébreu, se fournisse en armes. Créé en décembre 1987 par les Frères musulmans palestiniens (dont la branche a été fondée à Jérusalem en 1946, deux ans avant la proclamation de l’État d’Israël), lors de la première intifada (soit le soulèvement palestinien contre l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza), alors massive et populaire, le mouvement a épousé la lutte armée contre Israël à cette époque.

    « Un profond débat interne » avait alors agité ses fondateurs, comme le raconte sur la plateforme Cairn l’universitaire palestinien Khaled Hroub : « Deux points de vue s’opposent. Les uns poussent à un tournant politique dans le sens d’une résistance à l’occupation, contournant par là les idées anciennes et traditionnelles en fonction desquelles il convient de penser avant tout à l’islamisation de la société. Les autres relèvent de l’école classique des Frères musulmans : “préparer les générations” à une bataille dont la date précise n’est toutefois pas fixée. Avec l’éruption de l’intifada, les tenants de la ligne dure gagnent du terrain, arguant des répercussions très négatives sur le mouvement si les islamistes ne participent pas clairement au soulèvement, sur un même plan que les autres organisations palestiniennes qui y prennent part. »

    Acculé par son « rival plus petit et plus actif », le Jihad islamique, « une organisation de même type – et non pas nationaliste ou de gauche », poursuit Khaled Hroub, le Hamas a fini par accélérer sa transformation interne.

    La transformation de la branche palestinienne des Frères musulmans en Mouvement de la résistance islamique n’est pas allée de soi, et les discussions ont été vives avant que le sheikh Yassin, tout frêle qu’il soit dans son fauteuil roulant de paralytique, ne l’emporte. Une partie des membres tenaient en effet à rester sur la ligne frériste : transformer la société par le prêche, l’éducation et le social. Le nationalisme n’a pas droit de cité dans cette conception, c’est la communauté des croyants qui compte. Le Hamas, lui, rajoute à l’islam politique une dimension nationaliste.

    Sa charte, 36 articles en cinq chapitres, rédigée en 1988, violemment antisémite, est sans équivoque : le Hamas appelle au djihad (guerre sainte) contre les juifs, à la destruction d’Israël et à l’instauration d’un État islamique palestinien. Vingt-neuf ans plus tard, en 2017, une nouvelle charte est publiée sans annuler celle de 1988. Le Hamas accepte l’idée d’un État palestinien limité aux frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale et le droit au retour des réfugié·es, et dit mener un combat contre « les agresseurs sionistes occupants » et non contre les juifs.

    En 1991, la branche du Hamas consacrée au renseignement devient une branche armée, celle des Brigades Izz al-Din al-Qassam. À partir d’avril 1993, l’année des accords d’Oslo signés entre l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) de Yasser Arafat et l’État hébreu, que le Hamas a rejetés estimant qu’il s’agissait d’une capitulation, les Brigades Izz al-Din al-Qassam mènent régulièrement des attaques terroristes contre les soldats et les civils israéliens pour faire échouer le processus de paix. Pendant des années, elles privilégient les attentats-suicides, avant d’opter à partir de 2006 pour les tirs de roquettes et de mortiers depuis Gaza.

    Ces dernières années, le Hamas, critiqué pour sa gestion autoritaire de la bande de Gaza, sa corruption, ses multiples violations des droits humains (il a réprimé en 2019 la colère de la population exténuée par le blocus israélien), était réputé en perte de vitesse, mis face à l’usure du pouvoir.
    Prise de pouvoir de la branche militaire

    Son offensive meurtrière par la terre, les airs et la mer du samedi 7 octobre – cinquante ans, quasiment jour pour jour, après le déclenchement de la guerre de Kippour et à l’heure des accords d’Abraham visant à normaliser les relations entre Israël et plusieurs pays arabes sur le dos des Palestiniens et sous pression des États-Unis – le replace en première ligne. Elle révèle sa nouvelle puissance ainsi qu’un savoir-faire jusque-là inédit dans sa capacité de terrasser l’une des armées les plus puissantes de la région et d’humilier le Mossad et le Shin Bet, les tout-puissants organes du renseignement extérieur et intérieur israélien.

    Elle révèle aussi le pouvoir pris par la branche militaire sur la branche politique d’un mouvement sunnite qui serait fort d’une mini-armée, dotée d’environ 40 000 combattants et de multiples spécialistes, notamment en cybersécurité, selon Reuters. Un mouvement qui peut compter sur ses alliés du « Front de la résistance » pour l’équiper : l’Iran, la Syrie et le groupe islamiste chiite Hezbollah au Liban, avec lesquels il partage le rejet d’Israël.

    Sur les plans militaire, diplomatique et financier, l’Iran chiite est l’un de ses principaux soutiens. Selon un rapport du Département d’État américain de 2020, cité par Reuters, l’Iran fournit environ 100 millions de dollars par an à des groupes palestiniens, notamment au Hamas. Cette aide aurait considérablement augmenté au cours de l’année écoulée, passant à environ 350 millions de dollars, selon Reuters.

    Le Hamas n’est pas seulement un mouvement politique et une organisation combattante, c’est aussi une administration. À ce titre, il lève des impôts et met en place des taxes sur tout ce qui rentre dans la bande de Gaza, soit légalement, par les points de passage avec Israël et avec l’Égypte, soit illégalement. Les revenus qu’il perçoit ainsi sont estimés à près de 12 millions d’euros par mois. Ce qui est peu, finalement, car cette administration doit payer ses fonctionnaires et assurer un minimum de protection sociale, sous forme d’écoles, d’institutions de santé, d’aides aux plus défavorisés. Il est en cela aidé par le Qatar sunnite, avec l’aval du gouvernement israélien. L’émirat a ainsi versé 228 millions d’euros en 2021 et cette somme devait être portée à 342 millions en 2021.

    Le Hamas figurant sur les listes américaine et européenne des mouvements soutenant le terrorisme, le système bancaire international lui est fermé. Aussi, quand cette aide est mise en place, en 2018, ce sont des valises de billets qui arrivent, en provenance du Qatar, à l’aéroport de Tel Aviv et prennent ensuite la route de Gaza où elles pénètrent le plus officiellement du monde. Par la suite, les opérations seront plus discrètes.

    Plus discrets, aussi, d’autres transferts à des fins moins avouables que le paiement du fuel pour la centrale électrique ou des médicaments pour les hôpitaux. Ceux-là arrivent jusqu’au Hamas par des cryptomonnaies. Même si les relations avec l’Iran sont moins bonnes depuis que le Hamas a soutenu la révolution syrienne de 2011, la république islamique reste encore le principal financier de son arsenal, de l’aveu même d’Ismail Hanniyeh. Le chef du bureau politique du Hamas, basé à Doha, a affirmé en mars 2023 que Téhéran avait versé 66 millions d’euros pour l’aider à développer son armement.

    Le Qatar accueille également plusieurs des dirigeants du Hamas. Quand ils ne s’abritent pas au Liban ou dans « le métro » de Gaza, ce dédale de tunnels creusés sous terre depuis l’aube des années 2000, qui servent tout à la fois de planques et d’usines où l’on fabrique ou importe des armes, bombes, mortiers, roquettes, missiles antichar et antiaériens, etc.

    Pour les uns, le Hamas a enterré la cause palestinienne à jamais le 7 octobre 2023 et est le meilleur ennemi des Palestinien·nes. Pour les autres, il a réalisé un acte de résistance, de libération nationale face à la permanence de l’occupation, la mise en danger des lieux saints à Jérusalem, l’occupation en Cisjordanie. « Quand il s’agit de la cause palestinienne, tout mouvement se dressant contre Israël est considéré comme un héraut, quelle que soit son idéologie », constate Mohamed al-Masri, chercheur au Centre arabe de recherches et d’études politiques de Doha, au Qatar, dans un entretien à Mediapart.

    Samedi 7 octobre, c’est Mohammed Deif qui a annoncé le lancement de l’opération « Déluge d’al-Aqsa » contre Israël pour « mettre fin à tous les crimes de l’occupation ». Le nom n’est pas choisi au hasard. Il fait référence à l’emblématique mosquée dans la vieille ville de Jérusalem, symbole de la résistance palestinienne et troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine, d’où le prophète Mahomet s’est élevé dans le ciel pour rencontrer les anciens prophètes, dont Moïse, et se rapprocher de Dieu.

    Mohammed Deif est l’ennemi numéro un de l’État hébreu, le cerveau de ce qui est devenu « le 11-Septembre israélien » : il est le commandant de la branche armée du Hamas. Surnommé le « chat à neuf vies » pour avoir survécu à de multiples tentatives d’assassinat, Mohammed Diab Ibrahim al-Masri, de son vrai nom, serait né en 1965 dans le camp de réfugié·es de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Il doit son surnom de « Deif » – « invité » en arabe – au fait qu’il ne dort jamais au même endroit.

    Il a rejoint le Hamas dans les années 1990, connu la prison israélienne pour cela, avant d’aider ensuite à fonder la branche armée du Hamas dans les pas de son mentor qui lui a appris les rudiments des explosifs, Yahya Ayyash. Après l’assassinat de ce dernier, il a pris les rênes des Brigades Al-Qassam. Israël peut détruire l’appareil du Hamas, avec des assassinats ciblés. D’autres se tiennent prêts à prendre la relève dans l’ombre des maîtres. Deif en est un exemple emblématique.

    « Le Hamas a été promu en sous-main par Nétanyahou, rappelle dans un entretien à Mediapart l’écrivain palestinien et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, Elias Sanbar. J’ai le souvenir, tandis qu’Israël organisait un blocus financier à l’encontre du Fatah et de l’Autorité palestinienne, que les transferts d’argent au Hamas passaient alors par des banques israéliennes ! La créature d’Israël s’est retournée contre lui. Entre-temps, elle s’est nourrie des échecs de l’Autorité palestinienne, dont les représentants sont accusés d’être des naïfs, sinon des traîtres, partant depuis 1993 dans des négociations avec Israël pour en revenir toujours bredouilles. »

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    Sur la charte de 1988 et le document de 2017

    La charte du Hamas, publiée en 1988 (il existe une traduction du texte intégral réalisée par le chercheur Jean-François Legrain, spécialiste du Hamas), reprend les antiennes antisémites européennes. Elle définit le Hamas comme « un des épisodes du djihad mené contre l’invasion sioniste » et affirme notamment que le mouvement « considère que la terre de Palestine [dans cette acceptation Israël, Cisjordanie et bande de Gaza – ndlr] est une terre islamique de waqf [mot arabe signifiant legs pieux et désignant des biens inaliénables dont l’usufruit est consacré à une institution religieuse ou d’utilité publique – ndlr] pour toutes les générations de musulmans jusqu’au jour de la résurrection. Il est illicite d’y renoncer tout ou en partie, de s’en séparer tout ou en partie ».

    Dans son livre Le Grand aveuglement, sur les relations parfois en forme de pas-de-deux, entre les dirigeants israéliens successifs et le Hamas, Charles Enderlin cite de nombreux rapports du Shabak, service de renseignement intérieur de l’État hébreu. Dont celui-ci, dans la foulée de la diffusion de la charte de 1988 : « Le Hamas présente la libération de la Palestine comme liée à trois cercles : palestinien, arabe et islamique. Cela signifie le rejet absolu de toute initiative en faveur d’un accord de paix, car : “Renoncer à une partie de la Palestine équivaut à renoncer à une partie de la religion. La seule solution au problème palestinien c’est le djihad”. »

    Dans la lignée de ce texte, le Hamas, qui n’appartient pas à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dont fait partie le Fatah, parti de Yasser Arafat, rejette évidemment les Accords d’Oslo et toutes les phases de négociations.

    Au fil des années cependant se feront jour des déclarations plus pragmatiques. Le sheikh Yassin lui-même a, avant son assassinat par Israël en 2004, affirmé à plusieurs reprises que le Hamas était près à une hudna (trêve) avec l’État hébreu, laissant aux générations futures le soin de reprendre, ou non, le combat.

    La participation du Hamas aux élections législatives de 2006 est considérée comme une reconnaissance informelle et non dite de l’État d’Israël. Le Hamas accepte en effet un scrutin qui se déroule sur une partie, et une partie seulement, de la Palestine historique, celle des frontières de 1967, ceci en contradiction avec la charte de 1988.

    Dans une longue et savante analyse, l’historien Jean-François Legrain, reconnu comme un des meilleurs spécialistes français du Hamas, explique que la charte de 1988, écrit par un individu anonyme, n’a pas fait consensus dans les instances dirigeantes du Hamas. Elle était très peu citée par ses cadres. Ce qui ne signifie pas que des responsables du Hamas ne tenaient pas des discours antisémites. Lors d’une interview en 2009, Mahmoud al-Zahar, alors important responsable du Hamas dans la bande de Gaza, défendait la véracité du Protocole des sages de Sion, cité dans la charte de 1988.

    Au cours de la décennie qui suit sa victoire aux élections législatives puis sa guerre fratricide avec le Fatah, le Hamas, maître désormais de la bande de Gaza, montrera qu’il ne renonce pas à la lutte armée : s’il semble avoir renoncé aux attentats-suicides, si nombreux de 1993 à 1996 puis entre 2001 et 2005, il lance régulièrement des roquettes Qassam, du nom de sa branche militaire, en direction du territoire israélien.

    Ce sont les civils qui en paient le prix, avec des guerres lancées contre la bande de Gaza en 2008, 2012, 2014 et 2021. Le Hamas, sans abandonner la lutte armée, adopte en 2017 un Document de principes et de politique généraux qui semble aller contre les principes de la charte de 1988. Il ne s’agit plus de lutter contre les Juifs, mais contre les sionistes : « Le Hamas affirme que son conflit porte sur le projet sioniste et non sur les Juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne mène pas une lutte contre les Juifs parce qu’ils sont juifs, mais contre les sionistes qui occupent la Palestine » (article 16). Plus remarqué encore, l’acceptation des frontières de 1967 : « Le Hamas rejette toute alternative à la libération pleine et entière de la Palestine, du fleuve à la mer. Cependant, sans compromettre son rejet de l’entité sioniste et sans renoncer à aucun droit palestinien, le Hamas considère que la création d’un État palestinien pleinement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale, selon les lignes du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs foyers d’où ils ont été expulsés, est une formule qui fait l’objet d’un consensus national » (article 20).

    La charte de 1988 n’est pour autant pas caduque, explique à la chercheuse Leila Seurat Khaled Mechaal, un des membres fondateurs du Hamas : « Le Hamas refuse de se soumettre aux désidératas des autres États. Sa pensée politique n’est jamais le résultat de pressions émanant de l’extérieur. Notre principe c’est : pas de changement de document. Le Hamas n’oublie pas son passé. Néanmoins la charte illustre la période des années 1980 et le document illustre notre politique en 2017. À chaque époque ses textes. Cette évolution ne doit pas être entendue comme un éloignement des principes originels, mais plutôt comme une dérivation (ichtiqaq) de la pensée et des outils pour servir au mieux la cause dans son étape actuelle. »

    Le nouveau document maintient, de toute façon, la lutte armée comme moyen de parvenir à ses fins.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/161023/aux-origines-de-l-histoire-complexe-du-hamas
    #à_lire
    #complexité #Palestine #Israël #Intifada #Gaza #bande_de_Gaza #Daech #Fatah #blocus #lutte_armée #frères_musulmans #nationalisme #islam_politique #djihad #Brigades_Izz al-Din_al-Qassam #terrorisme #corruption #droits_humains #droits_fondamentaux #Iran #Qatar #armes #armement #tunnels #occupation #résistance #libération_nationale #Déluge_d’al-Aqsa #7_octobre_2023 #Mohammed_Deif #Yahya_Ayyash #Brigades_Al-Qassam #Autorité_palestinienne

  • Le 8 mai 1945, ils ne nous ont pas libérés... - Socialisme libertaire

    La date du jour de l’exil est désormais institutionnellement fixée, le 8 mai. Et il reste à faire le bilan du nombre de fois, au cours des deux dernières années, où les exilés et leurs familles ont exprimé clairement ce que nous souhaitions en rencontrant différents groupes politiques. Nous n’aimons pas cette date.
    Le 8 mai 1944, ce ne fut pas la libération des Républicains espagnols. Ce fut une nouvelle défaite, celle de l’oubli des exilés par les Alliés lors de la signature de la capitulation nazi et l’abandon de milliers d’Espagnols aux mains du dictateur que ces Alliés ont reconnu.
    Que dit l’Histoire à propos de cette date pour ceux qui avaient vécus deux guerres, la guerre d’Espagne et la Seconde Guerre mondiale, au total neuf ans et demi de conflits ? Pratiquement une décennie, il s’agissait de démocrates espagnols qui ont abandonné leurs maisons, leurs biens, leurs familles, qui ont souffert de la faim et du froid, en évitant la mort, en enterrant leurs morts, en vivant la peur et la terreur, en errant vers l’inconnu, en défendant chaque pouce de leur pays – parce que l’Espagne était leur pays –, en pleurant de rage et de douleur pour leurs pertes et en fuyant vers le Nord, sans Nord ?

    #Libération #Espagne #SecondeGuerremondiale #fascisme #nazisme #franquisme #Algérie #massacre #Sétif...

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2021/11/le-8-mai-1945-ils-ne-nous-nt-pas-liberes.html

  • 9 mars 1952 : mort d’Alexandra Kollontaï

    [et non 1974, comme indiqué par erreur sur marxists.org]

    Textes : https://marxists.org/francais/kollontai/index.htm

    1909
    – Les problèmes de la prostitution
    – Les bases sociales de la question féminine

    1912 Le #prolétariat international et la guerre

    1916 Les internationalistes veulent-ils une scission ?

    1917 Nos tâches

    1918
    – La famille et l’Etat communiste
    – Avant-propos à « La lutte des travailleuses pour leurs droits »
    – Discours aux femmes travailleuses

    1919
    – Résolution sur le rôle des femmes travailleuses

    1920
    – La Journée Internationale des Femmes
    – L’Affranchissement de la femme

    1921 L’#Opposition_Ouvrière
    – Thèses sur la #morale_communiste dans le domaine des relations conjugales
    – La dernière esclave
    – La Conférence des Organisatrices-Communistes des Femmes de l’Orient
    – La #propagande parmi les femmes : rapport au Congrès de l’#Internationale_Communiste
    – Conférences à l’université Sverdlov sur la #libération_des_femmes

    1922
    – L’arrivée de Lénine à Petrograd

    1923
    – Place à l’Éros ailé ! (Lettre à la jeunesse laborieuse)

    1925 Article autobiographique
    – Premiers souvenirs sur Lénine

    1926
    – But et valeur de ma vie (extrait)

    1946
    – En pensant aux grandes choses, Lénine...
    s.d.
    – Lénine et le premier Congrès des femmes travailleuses
    – Lénine et les étoiles
    – La Première allocation
    – Lénine à #Smolny
    – Au Commissariat du peuple à l’Assistance publique
    – La voix de #Lénine

    #éphéméride #alexandra_kollontaï #bolchévik #révolution_russe #féminisme #marxisme #militante_féministe #communisme_révolutionnaire #féministe #amour_libre #amour_camaraderie #internationalisme

  • Violences sexistes et sexuelles : l’impunité est révolue, place à la relève féministe – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/violences-sexistes-et-sexuelles-limpunite-est-revolue-place-a-la-releve-f

    Silence, consternation, puis explosion de colère : chez les féministes, ce n’est pas une vague de dégoût qui nous a emporté·e·s après les déclarations de nombreux cadres et partis de gauche, c’est un vrai tsunami. Face à une solidarité masculine qui protège les agresseurs pullulant dans nos sphères politiques, nous appelons à une relève féministe.

    Sans vouloir être pénible, c’est un tsunami uniquement dans les milieux féministes... Parce qu’en dehors, c’est un petit peu la Bérézina. Quand je lis que Borne a eu un commentaire sur l’affaire, alors que son parti accumule les bras d’honneur à tout ce qui est féministe... je continue de hurler intérieurement, à la fois pour l’horreur que ce mépris assumé représente, mais aussi pour cette manie qu’on trouve entre nous à se déchiqueter les uns les autres sans fin. Car tu vois, les machos, chez les gauchos, on les vire, en moins de 72 heures, mais c’est pas encore suffisant. On te dit que les 72 heures, c’était déjà de trop. Et que c’était pas exprimé ceci ou cela.

    Je fais l’hypothèse que cette sorte d’acharnement (ce ne sont que des mots qui sont échangés, c’est un acharnement gentil, on est d’accord), n’est qu’un exutoire du fait de l’injustice et du mépris du camp d’en face. Mais. Bon. Là, ça a des aspects défouloir suicidaire.

    Eric Coquerel, Taha Bouhafs, et des propos insupportables tenus sur le sujet par Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise. Julien Bayou, pour lequel la commission interne d’EE-LV a été saisie pour violences psychologiques. Thomas Piketty. Puis Maxime Cochard au PCF et Benjamin Amar à la CGT, accusés de viol. Samir Elyes, du comité Adama, mis en cause pour violences physiques et psychologiques. Aujourd’hui Adrien Quatennens, visé par une main courante de son ex-compagne révélée sans l’accord de l’intéressée. A LFI, un silence de plomb de plusieurs jours. Les féministes alarmé·e·s guettent les réactions des cadres du parti qui, eux, regardent leurs pompes.

    • Des mois que les féministes doivent rappeler que les VSS s’inscrivent dans un système de prédation des femmes qui n’épargne aucun parti, aucune orga, aucune famille, aucun corps professionnel.
      https://threadreaderapp.com/thread/1572286276329672704.html

      Des mois que les féministes doivent rappeler que les VSS s’inscrivent dans un système de prédation des femmes qui n’épargne aucun parti, aucune orga, aucune famille, aucun corps professionnel.
      Des mois qu’en face on les noie de reproches pour/sans que rien ne change.
      Et aujourd’hui t’as la 1e ministre et d’autres membres de LREM qui se sont illustrées par leur impuissance dans les affaires Darmanin, Abad, Simiand, Peyrat, qui viennent leur demander des comptes ?
      L’audace ?
      Pardon mais si des affaires à droite sortent peu, c’est peut-être qu’elles sont étouffées ? Qu’elles ne ralentissent ni ne nuisent à la carrière des mis en cause avant que les féministes s’en emparent ?
      Ça devrait nous alerter un peu ?
      L’exigence d’égalité qui permet de dégager les auteurs de VSS à gauche devrait idéalement servir d’exemple aux autres partis ; en lieu et place, on a droit à des déclarations qui n’affichent aucune solidarité avec ces militantes, mais en plus les accuse de ne pas en faire assez.
      Absolument hallucinant. Je place mes espoirs et mon respect à toutes celles qui font bouger les choses.
      Plein soutien et beaucoup de courage aux féministes, ainsi qu’aux députées de 1e rang de la NUPES qui sont sous les feux de la rampe
      @ReleveFeministe

    • J’ajoute que ces députés ont des vies professionnelles intenses, avec des sollicitations dans tous les sens, les commissions, les sessions parlementaires, les sollicitations des journalistes, des administrés. Leur demander d’avoir à tous moments une réaction pertinente sur tous sujets dont ils n’ont pas tous les tenants et aboutissants, ce n’est pas raisonnable. C’est du pur harcèlement, et quand certains supposent que la LFI c’est le PC de Staline, hypercentralisé et hypercontrôlé, je crois qu’ils se foutent le doigt dans l’oeil. On en a au contraire une nouvelle démonstration de l’absolu opposé. Ils ont un mal fou à se mettre d’accord les uns les autres sur les bons éléments de langage, et pour ma part, je trouve ça plus rassurant que les robots LREM/Renaissance. Ceci dit, à cause de ça, on se retrouve avec certains députés LFI qui comme le premier Aliot venu ne cessent de réclamer la réintégration des soignants-crétins antivax-anti-tout...

      Mais oui, il faudrait que ces organisations soient en mesure de former leurs cadres sur ces sujets. Mais... Exactement comme ce n’est pas à l’école qu’on doit t’apprendre à dire merci... ce n’est pas aux partis à apprendre aux mâles de ne plus se comporter en patriarches... c’est à la société toute entière de montrer l’exemple. Et c’est bien la difficulté.

      Pour être à ces niveaux de militance et de pouvoir, il faut un tempérament particulier. Et hélas, la sélection se fait sur des traits comportementaux toxiques. Etre « charismatique », il doit forcément y avoir des lectures à ce sujet, mais ce n’est pas forcément être respectueux des consentements et tout et tout. etc...

    • Sur les jeunes, c’est pas gagné non plus avec — entre autres — la domination de la porn culture qui fait que les gamines se sentent obligées de pratiquer la sodomie, ce genre de trucs…

      Ce serait une erreur de limiter ça à des questions générationnelles.

      Tu peux éduquer autant que tu veux, tant que l’exemple ne vient pas d’en haut, on n’a pas sorti le cul des ronces.

      Et puis, renoncer à la domination masculine, c’est renoncer à la masse incroyable de privilèges qui vont avec et quand la société se durcit sous les contraintes des prédateurs économiques, ce n’est pas le moment de lâcher le moindre avantage. Les féministes 1.0 n’avaient de cesse de le rabâcher  : le moindre retournement de conjoncture s’essuie immédiatement les pompes sur le dos des femmes.

    • En politique, dans l’entreprise, les ONG, les assoces, les medias, le pouvoir se conquiert dans et par la violence, constitutive de tous les process de domination. Ce qui est parfaitement compatible avec les valeurs dites « de droite ». A gauche les mêmes processus sont en cours, mais sont totalement antagoniques avec les valeurs officiellement revendiquées. Donc ça implose, d’où le tableau actuel. Entièrement d’accord avec BigGrizzly et Olivier sur la « lessiveuse » que constitue désormais le maintien d’une position de pouvoir. Et là c’est un impensé colossal...

    • Caroline de Haas : cher J-LM,

      Tes prises de parole et celles de plusieurs personnes de ton entourage ont été une déflagration.

      Elles ont envoyé un message à toutes les #femmes qui ont été giflées : « c’est plus compliqué, vous comprenez ».

      Elles ont envoyé – que tu le veuilles ou non - un message à tous les hommes qui ont giflé : ils sont dignes et tu leur envoies ton affection.

      Elles ont envoyé enfin un message aux militantes féministes : vous n’êtes pas grand-chose.

      Tu le sais : la parole publique est normative. Quand un homme ou une femme politique prend la parole, cela cadre, renforce ou détruit. Ces derniers jours, tes déclarations ont abîmé le discours politique sur les #violences_sexuelles que nous avons construit, développé, structuré ces dernières années.

      Tu as dit que tu pouvais faire mieux. Il faudra. Il y aura d’autres histoires de violences dans les semaines, mois ou années qui viennent. Comment je le sais ? Parce que les #violences_sexistes et sexuelles sont massives, structurelles, présentes partout. Il y a d’autres victimes qui prendront la parole. Et donc d’autres personnes mises en cause.

      Tu parles beaucoup depuis quelques jours de « principes stables », de règles. Ces principes et ces règles existent lorsque l’on prend la parole sur les violences sexistes et sexuelles. Tu les as bafoués.

      #LFI #Nupes #Jean-Luc_Mélenchon #féminisme #féministes #gauche

    • Ce qui se passe aujourd’hui est un révélateur du fait que #MeToo, dont nous venons de fêter le cinquième anniversaire, n’a pas vraiment eu d’impact sur la réalité du monde #politique, pour ne parler que de celui-ci. Certains #hommes_politiques ont été inquiétés, plus rarement condamnés ; des hommes qui ont d’ailleurs souvent été soutenus par le président Macron. En réalité, la fenêtre ouverte par #MeToo s’est très vite refermée. Nous vivons un moment de #backlash féministe [1].

      #Julien_Bayou #EELV et hop ! #Libération plus haut qu’Roudinesco !

  • Ancien ambassadeur des #Etats-Unis en Russie :

    Michael McFaul sur Twitter : “IR101 final exam question: If Country X sends soldiers and tanks into Country Y without an invitation, what is that called?” / Twitter
    https://twitter.com/McFaul/status/1495926475488440320

    Une réponse parmi d’autres :

    Wesley G. Hughes sur Twitter : “McFaul That is a very easy question. Depending on the country: if it is Russia then it is definitely an #invasion - examples Georgia, Ukraine; if it is the USA it is a #liberation - examples - Iraq, Syria, Libya, Panama, Cuba, Vietnam, Laos, Cambodia.” / Twitter
    https://twitter.com/WesleyGHughes/status/1495940415601659910

    #sans_vergogne

  • Damien Saez - Ana Moreau : Enlève ton masque que je t’embrasse
    NDR Eux, ils ont enlevé leur !

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=GchQtltVFrI

    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Tant pis si c’est la fin du monde
    Y’a qu’à l’remettre si on se lasse
    Tous les deux sous la pluie qui tombe Tu m’dis qu’tu m’aimes ça sert à quoi ?
    Y’a que d’la haine autour du monde
    Moi j’voudrais m’barrer loin d’chez moi
    Autant qu’ma chanson sur les ondes Enlève ton masque
    Enlève ton masque
    Enlève ton masque
    Enlève ton masque J’voudrais partir un autre monde

    Loin de leur monde oublier tout
    Où y’aurait qu’moi et puis ma blonde
    Je crois qu’le monde est devenu fou J’préfère encore m’barrer dans l’sud
    Me faire ma plage abandonnée
    Avec mes chiens pour compagnie
    Et qui voudra bien m’enlacer Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque que je t’embrasse
    Enlève ton masque

    Cheveux au vent cœur liberté
    Moi j’veux faire le tour de la Terre
    Puisque vivre c’est transgresser
    L’horizon sera nos frontières Ils nous ont pris nos 18 ans
    Ils nous ont pris nos libertés
    Mais la vie c’est suivre le vent
    Même quand le coeur est prisonnier Je marche habillée de nos rêves
    Moi j’voudrais juste vivre nue
    Regarder le jour qui se lève
    Perdue dans un monde perdu Faut s’barrer à l’autre bout du monde
    Faut faire l’amour sans s’arrêter

    S’embrasser sous la pluie qui tombe
    Se perdre pour se retrouver J’ai pas la thune mais c’est pas grave
    Je dormirai en boîte de nuit
    Ou j’me ferai un feu sur une plage
    Avec mes chiens pour compagnie On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque) On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque)

    On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque) On est jeune (enlève ton masque)
    On est fou (enlève ton masque)
    La fin du monde (enlève ton masque)
    On s’en fout (enlève ton masque)

    #chanson Leur #Haine #Libération #covid-19 #violence inutiles #coronavirus #france #masques #santé #travail #confinement #masque #sante #pandémie #politique #crise_sanitaire #LREM #emmanuel_macon

    • En chanson avec Klorokine : « Confinement » À la suivante, Au suivant )

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=EuaLBdXxg28

      Au suivant, au suivant, au suivant
      Ruiné, sans mon salaire
      
Qui m’suffisait à peine

      J’avais le rouge au front

      Et le #test à la main

      Au suivant, au suivant

      J’avais juste un p’tit rhume

      Et nous étions 120

      A être le faux #cas
      Qu’ils pouvaient ajouter

      Au suivant, au suivant

      C’était juste un éternuement

      Et j’ai été compté

      Au bordel environnant
      
D’une armée de #médias
      Confinement, on nous ment !

      Moi j’aurais bien aimé

      Un peu plus de tendresse

      Ou alors un toubib

      Ou bien un vrai traitement

      Mais #Doliprane, c’est suffisant

      Ce n’fut pas sous Sarko non
      
Ni même sous Flamby

      Ce fut l’heure où l’on r’grette

      D’avoir voté l’Guignol
      
Confinement, Re-confinement

      Mais je jure que d’entendre

      Ce #président qui nous les presse
      
C’est des coups à vous faire

      Des armées de #dissidents
      Confinement, confinement

      Je jure sur la tête 
De ma première vérole

      Que cette voix depuis je l’entends

      Tout le temps

      #Confinement, Re-confinement

      Cette voix qui sent le #fake
      Et la mauvaise foi

      C’est la #manipulation
      
Et c’est la voix des #tout-puissants
      Confinement, Re-confinement

      Et depuis chaque chaîne

      A l’heure du grand JT

      Avec leurs chiffres obscènes

      Pour nous culpabiliser

      Confinement, Re-confinement …

      Tous les dupés du monde

      Devraient s’donner la main
      
Voilà ce que la nuit,
Je crie dans mon délire

      Confinement, déconfinement

      Et quand je n’délire pas

      J’en arrive à me dire

      Qu’il est bien plus flippant leur #couvre_feu
      Que leur confinement

      Confinement, Re-re confinement

      Un jour, plus de resto

      Plus de #culture, plus de plaisir

      Même après l’vaccin

      Qui nous rendra tous stériles

      Confinement, Re-confinement

      #Jacques_Brel

    • Effet de bord du #pass_vaccinal : Le Forum littoral de l’emploi saisonnier du Grau-du-Roi se prend un râteau
      https://www.lefigaro.fr/societes/en-languedoc-le-forum-littoral-de-l-emploi-saisonnier-fait-un-flop-20220217

      Aussi vide que la plage un jour de pluie ! L’absence de candidats au Forum littoral de l’emploi saisonnier, organisé en début de semaine dans la station balnéaire du Grau-du-Roi, illustre les difficultés que les professionnels de la restauration auront à recruter cet été. Les entreprises du Gard et de l’Hérault avaient pourtant joué le jeu : 145 recruteurs étaient présents, avec 1655 offres d’emplois à pourvoir pour la saison à venir… Las, beaucoup ont perdu leur matinée puisque quelques dizaines de candidats seulement se sont rendus sur place !


      « Il n’y avait pas un chat. C’est catastrophique pour la profession », se désole Jacques Mestre, président du syndicat professionnel Umih 34 et patron du restaurant Le Clipper’s à La Grande-Motte. Pour ce professionnel, qui emploie 17 salariés en saison, la restauration paie les pots cassés des fermetures liées au Covid. « Quand on a tiré la sonnette d’alarme en préfecture il y a presque deux ans, on nous a dit que nous n’étions que des râleurs… Voilà aujourd’hui le résultat ! Même en proposant un salaire net de 2000 euros en salle, et de la formation, on n’a pas de candidat », renchérit-il, avec la crainte de voir les établissements contraints de baisser en gamme par manque de personnel.

      Ce forum aura également mis en exergue le décalage de certains avec les obligations sanitaires actuelles. « Le passe vaccinal était demandé à l’entrée. Du coup, beaucoup de gens n’ont pas pu y accéder et sont venus déposer leur CV à l’accueil » , explique-t-on au Camping du Boucanet, où travaillent environ 70 saisonniers.

      #Travail #covid-19 #vaccination #en_vedette #coronavirus #pandémie #covid #santé_publique #pass_sanitaire #vaccins #crise_sanitaire #actualités_françaises #vaccin #sars-cov-2 #france #surveillance

    • Mince alors... En plus j’étais encore rêveur que la majeur (meilleure) partie de la population française était multi vaccinées et autorisées à sortir comme iels veulent.

      😏

    • Pass, pas pass, forum, pas forum, quoi qu’ils fassent, les employeurs peinent à recruter des saisonniers par ici. Ainsi, l’été dernier, une bonne partie des restaurants ont été contraints de réduire leur période d’ouverture, ne pouvant recruter la main d’œuvre pour assurer les services. Et ça ne s’annonce pas mieux pour l’été prochain.

      Les saisonniers se permettent dorénavant d’avoir des exigences et, en premier, l’été dernier, la multiplication de celles et ceux qui refusent de travailler deux mois de suite et souhaitent, après l’année éprouvante qu’iels ont subie, bénéficier d’un mois de vacances. Parallèlement, l’envolée du foncier et l’explosion de la location de courte durée ont pratiquement asséché les possibilités d’hébergement de saisonniers qui n’acceptent plus des conditions précaires en camping (sur 2 mois…) Loger les saisonniers est devenu pour les employeurs la condition sine qua non pour pouvoir en recruter…

      Certainement, des contre-coups de la crise sanitaire, mais le pass n’y est pour pas grand chose.

    • La tête de ces 145 recruteurs, j’aurai bien voulu la voir.
      Celles et ceux qu’ils doivent recruter, ne croient plus à leurs #fables.

      « La vie s’écoule » Fanchon Daemers - Paroles Raoul Vaneigem - Musique : Francis Lemonnier

      https://www.dailymotion.com/video/x15bmlw

      La vie s’écoule, la vie s’enfuit
      Les jours défilent au pas de l’ennui
      Parti des rouges, parti des gris
      Nos révolutions sont trahies

      Le travail tue, le travail paie
      Le temps s’achète au supermarché
      Le temps payé ne revient plus
      La jeunesse meurt de temps perdu

      Les yeux faits pour l’amour d’aimer
      Sont le reflet d’un monde d’objets
      Sans rêve et sans réalité
      Aux images nous sommes condamnés

      Les fusillés, les affamés
      Viennent vers nous du fond du passé
      Rien n’a changé mais tout commence
      Et va mûrir dans la violence

      Brûlez, repaires de curés,
      Nids de marchands, de policiers
      Au vent qui sème la tempête
      Se récoltent les jours de fête

      Les fusils sur nous dirigés
      Contre les chefs vont se retourner
      Plus de dirigeants, plus d’Etat
      Pour profiter de nos combats

      Pour information, Raoul Vaneigem, en ce moment est en Catalogne.

  • « Leçon 1 : elle se croit au dessus des lois.
    Leçon 2 : son cabinet a menti.
    Leçon 3 : libé a publié une première version faussée par ce mensonge. »
    https://www.liberation.fr/checknews/la-ministre-amelie-de-montchalin-a-t-elle-ete-debarquee-dun-avion-pour-ge

    « Ci-gît le « fact checking. ».

    Nous avons affaire à un gouvernement indigne de menteurs compulsifs.

    Il est temps d’abroger nos souffrances. #MontchalinGate #Véran #macron

    C’est une honte de se soumettre à cette clique ! »
    #Libération #fact-checking

  • Aidons #Libération, qui recherche des oiseaux rares, appel à témoins. A vos messageries !

    Vous êtes de gauche et vous pensez, par conviction ou pour faire barrage à l’extrême droite, voter pour Macron dès le 1er tour ? Votre témoignage nous intéressent. Expliquez-nous à l’adresse suivante : temoignages@libe.fr.

    https://www.liberation.fr/politique/elections/appel-a-temoins-moi-de-gauche-je-suis-pret-a-voter-emmanuel-macron-des-le

    https://www.liberation.fr/resizer/uRxCfX5QFU0Wm7iD-Yy7RBMoGyQ=/800x0/filters:format(jpg):quality(70):focal(2263x1319:2273x1329)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/WIGWUL7C6JCLDAXMAHP6BD23OY.jpg

    Appel à témoins : « Moi, de gauche, je suis prêt à voter Emmanuel Macron dès le 1er tour » - 29 novembre 2021

    « Macron est à droite », « il ne mène pas une politique de gauche »… Affublé par l’opposition de gauche du titre de « Président des riches » dès le début de son quinquennat pour ses réformes fiscales en direction des très aisés, le chef de l’Etat et son évolution sur l’axe gauche-droite de la vie politique française animent depuis près de cinq ans beaucoup de repas de famille et de discussions entre amis.

    A première vue, on se dit que l’électorat d’Emmanuel Macron s’est droitisé. Et c’est un peu le cas : depuis bientôt cinq ans, il a séduit, selon les enquêtes, un bon quart des anciens électeurs de François Fillon, notamment depuis les européennes de 2019, et perdu quelques ex-électeurs socialistes ou écologistes déçus d’un « en même temps » qui penche vers la droite.

    Mais, plus étonnant, plusieurs spécialistes de l’opinion observent aussi que plus d’un tiers de son électorat potentiel se dit « de gauche ». Et que des personnes votant socialistes ou écologistes aux élections locales et ayant voté pour lui en 2017 sont prêtes, pour des raisons de fond ou par crainte (encore) de la droite et de l’extrême droite, à glisser à nouveau un bulletin Macron dès le premier tour du 10 avril prochain.

    Pourquoi cette fidélité alors que le chef de l’Etat durcit son discours et reprend un à un les marqueurs de la droite classique ? Poursuite d’une politique économique de baisse des « charges » des entreprises, pas de hausse du salaire minimum, report annoncé de l’âge de départ en retraite au-delà de 62 ans, contrôle accru des chômeurs, révision des règles de l’assurance chômage, multiplication des lois sur la sécurité, priorité à l’énergie nucléaire, références à Maurras et Pétain et interviews à des magazines d’extrême droite…

    En février, Libération lançait un appel à témoins pour que vous nous racontiez pourquoi, vous, « de gauche », vous ne comptiez plus vous déplacer en cas de nouveau duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2022. Cette fois-ci, nous faisons appel à nos lecteurs qui se disent de gauche et comptent déjà voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour en 2022. Racontez-nous pour quelles raisons, ce qui vous a plu (et déplu) dans sa politique depuis 2017 et ce qui vous séduit dans la perspective de la prochaine présidentielle.