• #Internet, une #liberté...surveillée
    http://www.scienceshumaines.com/articleprint2.php?lg=fr&id_article=31757

    Internet, une liberté...surveillée

    Xavier Molénat


    Si on a vanté le rôle du Web dans les soulèvements populaires récents, il reste un formidable outil de contrôle aux mains des gouvernements, autoritaires… ou non.

    Le 5 avril 2009, en Moldavie, les élections législatives donnent une large victoire au Parti communiste au pouvoir. Convaincue que le scrutin a été truqué, la jeunesse se mobilise aussitôt. Certains observateurs parlent alors de « révolution Twitter ». Spontanées, ces mobilisations ont en effet la particularité de s’appuyer fortement sur les #réseaux sociaux, et #Twitter en particulier. Face à des médias contrôlés ou à la parution erratique, les twitts (courts messages de 140 signes) permettent à chacun de connaître les événements en cours, les réactions, les manifestations prévues ainsi que les moyens de s’y rendre en évitant les contrôles. La mobilisation conduit à la démission du président moldave et à l’organisation de nouvelles élections.


    Le rôle stratégique des réseaux sociaux est à nouveau souligné lors des événements qui suivent la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en Iran (2009), et surtout lors des Printemps arabes. Les groupes de protestation sur Facebook (« Nous sommes tous des Mohamed Bouazizi » (1)) et les vidéos des manifestations comme de leur répression ont joué un rôle majeur dans les mobilisations. « Beaucoup de manifestations ont été organisées sur Facebook et Twitter », affirme ainsi la cyberdissidente tunisienne Lila Ben Mhenni, pour laquelle « Internet a permis aux gens de se connaître malgré la distance qui les séparait (2) ».


    Internet, un outil au service de l’#émancipation des peuples ? C’était l’impression qui dominait au début des événements. Certes, le Web ne fait pas les révolutions. Mais il offre aux paroles dissidentes un espace d’expression que les gouvernements autoritaires ne peuvent jamais totalement contrôler. Pour le politiste David M. Faris, désormais, « la révolte se fera en réseau ou ne se fera pas (3) ».

    Extrait de : Grands Dossiers N° 33 - déc 2013/jan-fév 2014
    Vers un nouveau monde