• Les migrants sont nos frères de classe ! | éditorial de Lutte Ouvrière

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/les-migrants-sont-nos-freres-de-classe-726719.html

    Samedi, à Marseille, le Pape tenait une gigantesque messe dans le stade vélodrome. Grâce à l’argent du multimilliardaire Rodolphe Saadé, PDG du groupe de transport maritime CMA-CGM, il a même pu faire un tour dans les rues de la ville retransmis sur des écrans géants. En bon chrétien, le Pape a rappelé cette évidence que les migrants sont des êtres humains. Et tous les médias se sont émerveillés de ces propos. Quelle mascarade ! Le lendemain, à peine Macron s’était-il relevé de sa prosternation devant le Pape, que dans son allocution à la télévision, il confirmait le durcissement de sa politique envers les migrants.

    Oui, la politique de l’#Union_européenne (UE) vis-à-vis des migrants est abjecte. Alors que leur nombre est dérisoire au regard de la taille de l’Europe et de sa population, les dirigeants au pouvoir font croire que la situation serait ingérable. Mais de l’aveu même de l’agence européenne qui comptabilise les entrées irrégulières dans l’UE, il y en aurait eu 230 000 cette année, à peine quatre fois le nombre de gens venus écouter le Pape durant sa messe. Les pays européens ont les moyens de les accueillir, mais leurs dirigeants n’abandonneront pas la politique du bouc-émissaire qui leur permet de faire diversion devant le mécontentement qui grandit à cause de l’inflation et de la crise économique.

    Les prix ne cessent d’augmenter. « Ça va continuer », a dit Macron. Mais tout le monde sait qui est à l’origine de cette situation : il s’agit de TotalEnergies, des groupes de l’agroalimentaire comme Danone et Nestlé, de ceux de la distribution comme Carrefour et Leclerc ou encore de CMA-CGM qui a fait 25 milliards d’euros de bénéfices l’an dernier en faisant exploser les prix du transport de marchandises. Mais pour le gouvernement, il n’est pas question de s’en prendre à ces trusts. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé avec les prix des carburants. Le gouvernement a évoqué l’idée d’autoriser la vente à perte pour faire baisser les prix. Cela a aussitôt été rejeté par les distributeurs et les pétroliers. Et immédiatement Macron a retiré son projet.

    Lui comme les autres dirigeants politiques de l’UE préfèrent pointer du doigt les migrants, prétendant qu’il n’est pas possible « d’accueillir toute la misère du monde ». Comme s’ils n’étaient pas responsables de la misère d’ici et d’ailleurs !

    Car d’où vient la misère que fuient les migrants ? La plupart des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine sont des pays riches en matières premières. C’est là-bas que TotalEnergies va pomper son pétrole et que d’autres industriels vont chercher leurs matières premières. Ces pays ont été maintenus dans le sous-développement par le pillage des grands groupes capitalistes des pays impérialistes, ces mêmes groupes qui nous exploitent et nous rackettent ici avec l’inflation. En compensation de ce pillage, les cliques dirigeantes de ces pays ont reçu des miettes, non pour développer leur pays mais pour pouvoir se vautrer dans le luxe au milieu d’une misère noire. Et surtout, cet argent sert à mettre sur pied des armées, avec l’aide de celles des pays riches, capables de tenir les populations. C’est ce qu’a fait la France en Afrique. À tout cela s’ajoutent les catastrophes climatiques et les guerres que toute cette situation entraîne.

    Alors, travailleurs, ne nous laissons pas entrainer dans le piège de voir les migrants comme une menace. Ceux qui cherchent à nous dresser les uns contre les autres sont nos pires ennemis. Ces dirigeants politiques, ceux au pouvoir comme ceux qui espèrent y être, sont au service des plus riches et ils se moquent de nos vies tout autant que de celles des migrants.

    Par contre, les #migrants seront à côté de nous dans les entreprises et dans nos quartiers et deviendront nos sœurs et nos frères de classe. Et en tant que travailleurs, nous devons être pour la #liberté_de_circulation et d’installation et pour que tous les travailleurs, d’où qu’ils viennent, aient les mêmes droits. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’#humanité, c’est aussi une question vitale pour le camp de la classe ouvrière. Celle-ci peut être une force considérable, avec une énergie révolutionnaire irrésistible, mais à la condition qu’elle soit soudée par une conscience de classe et par un parti porteur d’un programme pour renverser cet ordre social impérialiste qui pourrit notre vie ici et celle de milliards d’êtres humains de la planète.

    Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !

    #liberté_d'installation

  • Chef cuisinier soixante-six heures par semaine, payées 1 700 euros. / Cuisiniers, intérimaires, femmes de ménage... Une centaine de travailleurs sans papiers en grève en Ile-de-France, Julia Pascual
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/01/une-centaine-de-travailleurs-sans-papiers-en-greve_6013793_3224.html


    Au KFC de la place d’Italie, à Paris, le 1er octobre. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

    Ils travaillent pour KFC, Léon de Bruxelles ou dans le bâtiment. Plus d’une centaine de #travailleurs_sans_papiers de Paris et sa banlieue ont entamé une #grève mardi pour réclamer leur régularisation.

    Ils sont stewards chez KFC, plongeurs ou cuisiniers chez Léon de Bruxelles ou dans une brasserie chic du 16e arrondissement de Paris, femmes et hommes de ménage dans un hôtel Campanile, un cinéma UGC ou un foyer pour migrants, intérimaires dans le bâtiment…
    Ils sont plus d’une centaine et, mardi 1er octobre, ils ont entamé une grève dans douze entreprises. Leur point commun : tous sont des travailleurs sans papiers à Paris et dans sa banlieue et réclament leur #régularisation.

    Au moment où la préparation du débat parlementaire sur l’immigration – qui se tiendra lundi 7 octobre à l’Assemblée nationale – cible les risques d’abus du système de protection sociale ou de détournement de la demande d’asile, ces hommes et ces femmes, Maliens, Sénégalais et Mauritaniens, mais aussi Togolais ou Ghanéens, rappellent qu’ils « cotis[ent] et contribu[ent] au système de solidarité nationale et de Sécurité sociale ».

    « Contrairement à ce que dit la stigmatisation qui a cours, ils sont créateurs de richesse et de développement, martèle Marilyne Poulain, membre de la direction confédérale CGT et pilote du collectif immigration CGT, qui soutient le mouvement. Il faut redonner une visibilité à cette réalité-là. ». Contrats à durée déterminée (CDD) à répétition, heures supplémentaires non payées, temps de travail inférieur au minimum légal… Beaucoup de ces travailleurs en grève ont aussi des « conditions [de travail] dégradées, voire indignes du fait de leur situation administrative et de leur vulnérabilité », fait remarquer Mme Poulain.

    Payés de la main à la main
    « Ce sont les intérimaires qui déchargent les camions, constate Jean-Albert Guidou, de la CGT départementale, à propos des salariés de Haudecœur, une entreprise d’importation de produits alimentaires de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), où une dizaine de personnes se sont mises en grève. A la fin de la journée, ils doivent avoir porté autour d’une tonne. C’est l’exemple classique d’une entreprise où on met les intérimaires, a fortiori sans-papiers, sur les postes difficiles avec des risques pour la #santé. »

    Au restaurant japonais New Sukiyaki, en plein quartier touristique et festif de la Bastille, à Paris, Abdourahmane Guiro, 27 ans, embauche six jours sur sept, à raison d’une cinquantaine d’heures par semaine. « Je suis payé 1 500 euros, explique ce Sénégalais. Mais sur le bulletin, c’est affiché 1 100 euros. » Le reste, il le touche de la main à la main. Son collègue Yacouba Dia, 27 ans lui aussi, et chef de cuisine, travaille soixante-six heures par semaine, payées 1 700 euros.

    Dans les restaurants #KFC de la place d’Italie ou de Tolbiac (13e arrondissement), de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), de Vitry-sur-Seine ou du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), les « employés polyvalents » et sans-papiers aimeraient bien, eux, faire davantage d’heures.
    La durée minimale de travail du salarié à temps partiel est fixée à 24 heures par semaine mais Mahamadou Diakite ne travaille que vingt heures et Mamadou Niakate travaille, lui, quinze heures, tout comme son collègue Boubou Doukoure. « Parfois, on travaille plus, assure ce Malien de 34 ans. Mais on n’est pas payé. Le patron nous dit qu’on a mal compté nos heures. »

    « Les employeurs font écrire une décharge aux salariés pour qu’ils disent que c’est eux qui ne veulent pas travailler au minimum légal », ajoute Kande Traoré qui, lui, culmine à vingt-huit heures par semaine. « Les gens sont dociles alors ils en profitent, s’indigne Boubacar Doucoure, délégué CGT pour l’enseigne KFC. Il y a dix ans de cela, j’étais comme vous, dit-il en s’adressant à ses collègues. J’étais dans la peur. »

    Boubacar Doucoure est aujourd’hui manager et en situation régulière en France, après avoir fait grève en 2008. « Entre 2000 et 2008, j’ai travaillé sans papiers. J’ai cotisé, j’ai payé des impôts. Et pourtant, je n’aurai jamais de retraite », fait-il remarquer. Quand il entend le discours ambiant qui tend à assimiler les migrants à de potentiels resquilleurs, ça le « révolte ».

    « On a peur d’être virés »
    La plupart des salariés en grève ont été embauchés sous alias, c’est-à-dire en présentant des documents d’identité d’une personne en situation régulière. « Un frère m’a fait une photocopie de sa carte de séjour, de sa carte Vitale et d’une attestation d’hébergement et j’ai amené ça au patron qui m’a fait un contrat à durée indéterminée (CDI), explique Mamadou Niakate. Au travail, on m’appelle Diaby. » Son collègue Mahamadou Diakite arbore, lui, un badge au nom de Mantia.
    Quand un travailleur sans papiers veut entamer des démarches de régularisation auprès d’une préfecture, il a besoin – pour remplir les critères d’admission exceptionnelle au séjour – que son employeur établisse un #certificat_de_concordance_d’identités et, dans tous les cas, qu’il remplisse un formulaire Cerfa de demande d’autorisation d’embauche d’un salarié étranger non-européen. « On n’ose pas demander parce qu’on a peur d’être viré », confie Moussa Diakite, un Malien de 44 ans qui travaille dans la démolition via la société d’intérim Cervus, basée à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

    C’est peu ou prou ce qui est arrivé à Boubou Doukoure. Pendant sept mois, il a travaillé en CDD dans un abattoir de Lorient (Morbihan). Il accrochait des poulets sur une ligne d’abattage. Lorsque son employeur a voulu lui faire un CDI et qu’il s’est rendu compte de sa situation, il l’a congédié sur le champ.

    Moussa Diakite dit avoir « plusieurs fois essayé de demander une régularisation » en déposant un dossier en préfecture. Sans succès.
    « Ces travailleurs sont soumis à un double arbitraire, patronal et préfectoral », souligne Maryline Poulain. Moussa Diakite s’est mis en grève pour la première fois de sa vie. Il craint un « durcissement des conditions » de vie des immigrés, lui qui se sent déjà « limité dans [ses] #libertés » et « réduit dans [ses] déplacements ». En seize ans de présence en France, il n’est retourné qu’une seule fois au Mali, où il a une femme et deux enfants.

    Sollicitées mardi 1er octobre, plusieurs entreprises concernées par le mouvement de grève n’avaient pas souhaité faire de déclaration au Monde. Certaines se sont rapidement engagées à accompagner leurs salariés dans leur démarche de régularisation, conduisant à la levée, mardi soir, de trois des douze piquets de grève.


    Au KFC de place d’Italie, à Paris, le 1er octobre. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

    #intérim #travail #économie #luttes_sociales #salaire #conditions_de_travail #xénophobie_d'État #liberté_de_circulation #liberté_d'installation

  • La navigatrice et sauveteuse en mer Pia Klemp refuse la médaille de la ville de Paris !!! – Blog YY
    http://blogyy.net/2019/08/20/la-navigatrice-et-sauveteuse-en-mer-pia-klemp-refuse-la-medaille-de-la-ville

    « Paris, je t’aime. Je t’aime pour tous les gens libres et solidaires qui vivent en ton sein. Des gens qui se battent pour la liberté chaque jour, debout, bras dessus bras dessous, distribuant des couvertures, de l’amitié et de la solidarité. Je t’aime pour ceux qui partagent leur logement, leur amour et leurs luttes chaque jour, sans se soucier de la nationalité des personnes ni de savoir si elles ont des papiers ou pas.

    Madame Hidalgo, vous voulez me décorer pour mon action solidaire en mer Méditerranée, parce que nos équipages « travaillent quotidiennement à sauver des migrants dans des conditions difficiles ». Simultanément votre police vole les couvertures de gens contraintes de vivre dans la rue, pendant que vous réprimez des manifestations et criminalisez des personnes qui défendent les droits des migrants et des demandeurs d’asile. Vous voulez me donner une médaille pour des actions que vous combattez à l’intérieur de vos propres remparts. Je suis sûre que vous ne serez pas surprise de me voir refuser votre médaille Grand Vermeil.

    Paris, je ne suis pas une humanitaire. Je ne suis pas là pour « aider ». Je suis solidaire à tes côtés. Nous n’avons pas besoin de médailles. Nous n’avons pas besoin de pouvoirs décidant qui est un « héro » et qui est « illégal ». En fait, il n’y a pas lieu de faire cela, car nous sommes tous égaux.

    Ce dont nous avons besoin, c’est de liberté et de droits. Il est temps de dénoncer les honneurs hypocrites et de combler le vide par la justice sociale. Il est temps que toutes les médailles soient lancées comme des fers de lance de la révolution !

    Papiers et logements pour toutes et tous !
    Liberté de circulation et d’installation ! »

    Pia KLEMP, 20 août 2019

    #merci