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    Plus de 10 500 migrants interceptés en mer par les gardes-côtes libyens depuis le début de l’année
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 17/06/2025
    Selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 10 634 exilés ont été stoppés en mer Méditerranée centrale par les gardes-côtes libyens, depuis le début de l’année, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe. Parmi eux, 9 000 hommes et environ 1 000 femmes. Ils étaient 7 800 l’année dernière sur la même période.
    Les interceptions en mer Méditerranée centrale augmentent. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 10 634 exilés ont été arrêtés par les forces maritimes libyennes entre le 1er janvier et le 14 juin 2025 en Méditerranée centrale, dans leur tentative de rejoindre les côtes européennes. C’est 37% de plus que l’année dernière à la même période (7 781 interceptions).Parmi les interceptés, 9 000 sont des hommes, 1 000 des femmes et 360 des enfants.
    La totalité des personnes qui tentent la traversée de la Méditerranée embarquent, depuis les plages libyennes, sur des canots vétustes en bois, en fibre de verre ou en métal, complètement inadaptés à de tels trajets en mer. Ils sont généralement arrêtés dans les eaux territoriales libyennes ou dans les eaux internationales – avec le soutien de l’Union européenne (UE).
    Depuis 2017, en effet, un accord entre la Libye et l’Italie soutenue par Bruxelles autorise Tripoli à prendre en charge la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale (tâche qui incombait auparavant à Rome ou à La Valette, à Malte). Le but : « endiguer » les arrivées de migrants en Europe. Depuis cet accord, non seulement la Libye est autorisée à arrêter les embarcations de migrants qui partent de ses côtes mais le pays bénéficie aussi d’une aide financière et logistique de l’Union européenne : Rome équipe les autorités libyennes et les forme aux interceptions.
    Ces arrestations en pleine mer ont été maintes fois dénoncées par les ONG, rapportant des faits de violences sur les exilés, et des intimidations envers les humanitaires qui mènent des sauvetages dans les eaux internationales.En juin 20254, par exemple, l’ONG allemande Sea-Watch avait diffusé une vidéo montrant des garde-côtes libyens, munis de bâtons, frapper des migrants qui venaient d’être secourus par un navire marchand. Sous la menace, les exilés avaient été forcés de descendre du pétrolier pour monter sur le patrouilleur libyen.
    Des navires d’ONG ont aussi été victimes d’intimidations de la part des Libyens qui n’hésitent pas à faire usage de leurs armes. Début avril 2024, des gardes-côtes de Tripoli avaient ouvert le feu en direction de l’un des canots de sauvetage du bateau humanitaire Mare Jonio. L’équipage était en train de secourir une embarcation de migrants lorsque les autorités libyennes sont intervenues, provoquant un mouvement de panique.Surtout, les exilés, ramenés contre leur gré en Libye, se retrouvent quasi-systématiquement en prison où ils sont soumis à des traitements inhumains (tortures, passages à tabac, humiliations, viols, voire assassinats) dans ces centres de détention officiels - et officieux.
    Le compte « Refugees in Libya » sur les réseaux sociaux se fait souvent l’écho de ces exilés emprisonnés. En novembre 2023, la rédaction avait relayé les images - insoutenables - de trois hommes et deux femmes violemment battus par des trafiquants d’êtres humains en Libye. Les victimes étaient détenues dans la ville de Bani Walid, à environ 200 km de Tripoli, et suppliaient qu’on leur vienne en aide.
    Malgré les enquêtes médiatiques sur le comportement des autorités libyennes et les multiples condamnations des ONG, Bruxelles n’est jamais revenu sur cet accord. Pis, ce dernier fait des émules. La Grèce a envisagé, au mois de juin, un partenariat similaire avec Tripoli pour faire face aux arrivées en Crète par la Méditerranée orientale (notamment depuis Tobrouk, à l’est de la Libye).

    #Covid-19#migrant#migration#libye#italie#UE#mediterranee#routemigratoire#trafic#sante#migrationirreguliere

  • La Libye, dernière escale avant l’Europe pour les migrants du Bangladesh
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/11/la-libye-derniere-escale-avant-l-europe-pour-les-migrants-du-bangladesh_6612

    La Libye, dernière escale avant l’Europe pour les migrants du Bangladesh
    Par Mustapha Kessous
    Bangladesh-Libye-Italie. Ce trajet, long de près de 8 000 km, est aujourd’hui l’itinéraire le plus emprunté par les migrants bangladais souhaitant rallier l’Europe. Du 1er janvier au 9 juin, sur les 57 222 exilés arrivés sur le Vieux Continent – principalement par voie maritime (bassin méditerranéen et océan Atlantique) –, 5 840 personnes sont originaires de ce pays d’Asie du Sud, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), faisant d’elles le premier contingent de migrants clandestins à entrer en Europe.
    Ces ressortissants bangladais débarquent sur les côtes italiennes, à Lampedusa ou à Naples, après avoir transité par la Libye. Au premier semestre 2025, ils représentent 37 % des 22 734 migrants partis de ce pays d’Afrique du Nord, loin devant les Erythréens (1 748) et les Pakistanais (1 705). Comme en 2024 : sur les 66 617 arrivées en Italie, 14 284 personnes, soit environ 21 %, venaient de ce pays lointain.« Il ne s’agit pas d’un flux [migratoire] nouveau, mais il prend de l’importance d’année en année », précise Flavio Di Giacomo, un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les Bangladais représentaient 14,5 % des arrivées en Italie en 2022, autour de 12 % en 2020 et en 2021, seulement 3,3 % en 2015.
    La raison de ce périple compliqué est simple : si les conditions de vie imposées aux migrants en Libye sont souvent inhumaines, « il est très facile de se rendre là-bas. Un visa touriste ou un permis de travail suffit », relate Shahanur Islam, président de The Justice Makers Bangladesh in France, une association basée en banlieue parisienne qui documente les violations des droits de migrants bangladais et les accompagne dans leurs démarches juridiques et administratives.
    « Dans les faits, la Libye est facilement accessible. Ce ne sont pas des visas mais des papiers ou des passeurs qu’on achète. Rien ne semble dissuader d’aller en Libye », ajoute Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). « Les gens partent aussi à cause de la misère et de la récente crise politique », explique par ailleurs Shahanur Islam.
    En août 2024, le régime de la première ministre Sheikh Hasina – critiquée pour sa dérive autocratique – a été renversé, après quinze ans passés au pouvoir, par un mouvement d’étudiants, confrontés au chômage de masse. Dix-huit millions de Bangladais âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi. « Partir est donc une solution et tout un système existe pour quitter le pays », souligne le juriste.
    Les autorités du Bangladesh encouragent depuis des années la migration de sa main-d’œuvre pour soutenir la croissance de ce pays de 171 millions d’habitants. Selon l’OIM, chaque année, quelque 500 000 personnes partent travailler à l’étranger, notamment dans le golfe Persique. Plus de 11 millions de Bangladais résident hors de leurs frontières et les fonds envoyés par cette diaspora sont conséquents pour l’économie nationale. En 2023, les transferts d’argent s’élevaient à près de 22 milliards de dollars (19 milliards d’euros), soit 5 % du PIB national, selon la Banque mondiale.
    Ce « système » s’appuie sur un réseau d’agences de recrutement, dont plus de 1 700 opèrent au Bangladesh, certaines de manière officieuse. « C’est alors que tout commence », indique Shahanur Islam. Des intermédiaires, appelés dalals – courtiers en bengali –, recrutent des candidats au départ pour ces agences. « Ils promettent un bon travail dans le bâtiment ou dans le nettoyage et de s’occuper des démarches administratives », précise-t-il. « Un réseau de passeurs sophistiqué les aide à obtenir des visas et des billets d’avion », ajoute Chris Borowski, porte-parole de l’agence européenne des frontières, Frontex.
    Il en coûtera entre 3 000 et 4 500 euros aux candidats au voyage pour se rendre en Libye, qui pour financer leur départ « doivent vendre leurs biens ou contracter des prêts qui deviennent excessifs, les menant à une situation de servitude pour dettes [une forme de travail forcé assimilée à de l’esclavage] », notait Felipe Gonzalez Morales, alors rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains des migrants, après sa visite effectuée au Bangladesh en janvier 2023.
    C’est donc par avion, souvent avec une escale en Turquie ou aux Emirats arabes unis, que ceux-ci rejoignent la Libye, où les réseaux de passeurs prospèrent notamment du fait de la rivalité entre deux autorités concurrentes. L’une basée à Tripoli, reconnue par l’ONU, et l’autre à Benghazi, dans l’est du pays, sous l’égide du maréchal Khalifa Haftar. Dans un rapport publié le 3 juin, Frontex s’inquiète ainsi que « la Libye orientale demeure un carrefour essentiel pour les migrants » et que « l’aéroport Benina de Benghazi y joue un rôle crucial ».
    Selon Adala for All, une ONG basée en France, qui promeut l’accès à la justice et les droits humains en Afrique du Nord, Berniq Airways, compagnie liée au clan Haftar, faciliterait l’entrée des migrants bangladais en Libye grâce à une liaison aérienne Dubaï- Benghazi, ouverte depuis avril 2024. « A leur arrivée, ces migrants se voient accorder des visas d’entrée », précise l’organisation.
    Mais une fois sur place, nombre d’entre eux ne trouvent pas le travail qu’ils attendaient. Certains migrants sont enlevés, torturés puis rançonnés par des policiers, des militaires ou des groupes armés, et contraints d’appeler leurs proches pour leur demander de l’argent en échange de leur libération, comme a pu le rapporter l’ONG Human Rights Watch (HRW). Une fois relâchés, il faut trouver un travail, de l’argent pour payer la traversée de la Méditerranée qui peut coûter jusqu’à 4 000 euros. Selon l’OIM, en 2024, un peu plus de 21 000 Bangladais, âgés de 20 à 39 ans, sur les quelque 800 000 migrants, vivaient en Libye.
    « Il y a une particularité complexe avec les migrants bangladais : tous ne veulent pas venir en Europe, soutient Flavio Di Giacomo. Beaucoup auraient préféré rester travailler en Libye, mais la façon dont ils sont traités les pousse à traverser la Méditerranée. » Ce constat rejoint celui de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui, après une mission au Bangladesh en 2023, notait : « La frontière entre migration légale et illégale est floue et, du fait de la prévalence de la corruption et de la vulnérabilité des candidats au départ, un parcours migratoire à l’origine légal peut facilement basculer dans l’illégal, voire dans l’exploitation. »
    A leur arrivée en Italie, les Bangladais cherchent à s’y établir ou se dirigent en France pour obtenir l’asile, constituant ainsi la deuxième nationalité la plus représentée parmi les demandeurs. En 2023, sur les 8 568 dossiers présentés à l’Ofpra, 520 ont obtenu le statut de réfugié. « Malgré les dangers, ils continueront à partir », répète le juriste Shahanur Islam. Par la Libye ou ailleurs. « On commence à voir des Bangladais traverser l’Atlantique, rien de massif, quelques centaines, relate Chris Borowski, de Frontex. Les réseaux sont capables d’organiser des voyages jusqu’aux Canaries. »

    #Covid-19#migrant#migration#libye#bangladesh#routemigratoire#migrationirreguliere#trafic#sante#asile

  • How the EU coordinates the outsourcing of migration control

    It is no secret that the EU is seeking greater cooperation from non-EU states in its migration control agenda. Less is known, however, about precisely how that cooperation is organised and encouraged. A document produced last year and released in response to an access to documents request from Statewatch provides some further details on the topic, pointing to avenues for advocacy, research and investigation.

    Coordinating the “external dimension of migration” at the “local level”

    An EU Council document (pdf) sheds light on the mechanisms behind the EU’s externalisation agenda.

    Produced by the Belgian Presidency in mid-2024 and shared with the MOCADEM working group, it outlines how EU institutions and member states align their efforts to influence migration policies beyond the EU’s borders.

    It also highlights the scale and entrenchment of the EU’s externalisation agenda, which is fuelling human rights violations with few obvious avenues for democratic control or accountability.

    A centralised coordination system built on emergency powers

    The document was produced for MOCADEM, the Operational Coordination Mechanism on the External Dimension of Migration.

    In 2022, MOCADEM was established using emergency powers related to “a terrorist attack or a natural or man-made disaster.” It is designed to “enable the [European] Union to coordinate and react in a timely manner to issues related to the external dimension of migration.”

    MOCADEM produces “country-specific action plans,” “action files, and “matrixes” designed to guide coordinated action and messaging by EU member states and institutions in discussions on migration with other states.

    As of mid-2024, ten countries were covered by action plans, and twelve had action files and matrices. Additionally, there were “thematic action files on instrumentalisation and return.” Statewatch has published most of the public documentation that exists on MOCADEM’s work.

    For the EU and its member states, this coordination makes their work on the “external dimension of migration” more efficient.

    But in doing so, it enshrines a powerful and opaque structure for exporting EU migration enforcement that actively avoids any form of democratic scrutiny or oversight.

    Diplomats, delegations, and decentralised enforcement

    “Local coordination in the area of migration varies according to the location and may follow different approaches,” the document says.

    Much of this coordination is pushed through EU delegations and national embassies in partner countries. Through regular meetings, EU and member state officials align approaches, share intelligence, and prepare joint messaging. The document gives examples from Egypt, Iraq, Libya and Niger:

    - In Egypt, the EU delegation and member state diplomatic staff co-chair bi-monthly “migration roundtables.”
    - In Iraq, a meeting chaired by the EU delegation brings together member states “to exchange information on developments in cooperation with Iraq and recent visits.”
    – In Libya, the EU delegation “launched a series of debates with Tripoli-based EU MS [member states] to discuss different aspects of migration.” The document says these follow “the priorities set in the MOCADEM action file on Libya and the strategic discussion organised in the EMWP [External Aspects of Asylum and Migration Working Party].”
    - In Niger, until the 2023 coup, member state officials convened a “migration cluster” to identify priorities and shape political dialogue.

    The document also refers to actions by EU delegations in Bosnia and Herzegovina. Here, events entitled “Rule of Law Breakfasts” are said to cover topics such as “anti-smuggling.”

    To link the actions in targeted states with discussions in Brussels, the document highlights the role played by the “Commission and EEAS [European External Action Service] services in Brussels, as well as the link via member state delegates in Brussels, via capitals, to their own embassies.”

    Samoa Agreement

    The Samoa Agreement, signed in 2023, governs the EU’s political and economic relationships with 77 countries in Africa, the Caribbean, and the Pacific. According to the Council of the EU, this covers around 2 billion people.

    The document notes that the “Partnership Dialogues” established under the Samoa Agreement can be used to push the EU’s migration control agenda. Specifically, it says they “can be used to facilitate collaboration on various areas… including migration.”

    Liaison officers

    Liaison officers deployed by member states, the European Commission and Frontex also play a role.

    According to the document, liaison officers in Morocco and Nigeria organise regular meetings on migration at the EU delegations.

    The document highlights that “closer coordination between liaison officers as well as with other EU stakeholders could have a substantial positive impact.”

    A recently-declassified report from 2018 (pdf), on the work of the Immigration Liaison Officers’ Network in Morocco, gives an idea of these officials’ activities.

    Team Europe Initiatives

    Another layer of coordination happens through “Team Europe Initiatives” (TEIs) – a structure with no legal basis but significant impact.

    The concept of “Team Europe” was introduced in April 2020 in response to the COVID-19 pandemic.

    According to the European External Action Service, it “brings together the EU, its Member States and their diplomatic network, finance institutions and implementing organizations,” along with the European Investment Bank and the European Bank for Reconstruction and Development.

    It has no legal basis in the EU treaties and has been described by Dutch MEP Sophie in’t Veld as a “fantasy body.”

    It is nevertheless a “fantasy body” that has become firmly embedded in the EU’s policy framework – albeit without the inclusion of the European Parliament.

    In a 2024 resolution, MEPs expressed regret that the Parliament had not been “fully recognised by the Commission, the Council and the EEAS as an integral player within the ‘Team Europe’ approach.”

    The June 2024 Council document notes that “country level committees” for the Team Europe Initiatives (TEIs) on the Atlantic/Western Mediterranean and Central Mediterranean migration routes have been set up in 16 African states.[1]

    “These committees meet regularly at the initiative of the EU delegations and local representation of all TEIs members are participating,” the document says.

    They provide a forum for “general coordination with EU member States on Migration,” it adds.

    According to the Belgian Presidency, these committees “have mapped the actions of EU and TEIs members related to Migration in each partner countries and agreed on a TEI implementation plan that identified gaps in programming and agreed on areas of focus for the future.”

    As a result of this work, there were implementation plans in place for seven states: Chad, Ethiopia, Ghana, Guinea, Nigeria, Senegal, and Tunisia.

    A call for scrutiny

    The mechanisms outlined by the 2024 Council document, from embassy roundtables to informal networks, development agreements to diplomatic working groups, provide some of the institutional foundations of the EU’s externalisation agenda.

    They operate largely out of public view – and with little consideration for the human rights implications of outsourcing migration enforcement to authoritarian or unstable regimes.

    For those seeking more scrutiny and accountability — and migration policies that uphold human rights and social justice — the initiatives and groups outlined here would be a good starting point for further investigation.

    https://www.statewatch.org/news/2025/june/how-the-eu-coordinates-the-outsourcing-of-migration-control

    #externalisation #migrations #réfugiés #EU #UE #Union_européenne
    #Egypte #Irak #Libye #Niger #Samoa_Agreement #Team_Europe_Initiatives

  • "Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’" : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée

    Les « #retours_volontaires » de migrants se multiplient ces derniers mois depuis des pays comme la #Tunisie ou la #Libye. Mais ces #rapatriements chapeautés par l’#ONU sont perçus par les chercheurs comme des #expulsions_déguisées, « la seule alternative possible » pour des migrants résignés, victimes de racisme et d’exactions.

    « Il n’y a rien de moins volontaire que les ’retours volontaires », ont décrypté des chercheurs face à la forte hausse de demandes de rapatriement de migrants, « acculés » aux frontières sud de l’Europe.

    « C’est très dur ici. C’est compliqué », confie Mac*, un Guinéen de 24 ans, rencontré il y a quelques semaines par l’AFP lors de l’évacuation de camps de fortune à El Amra, près de #Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Comme de nombreux migrants, las, le jeune homme s’est inscrit auprès de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) pour bénéficier d’un accompagnement afin de rentrer chez lui.

    Développés depuis 1979, les programmes d’#aide_aux_retours_volontaires (#ARV), soutenus par l’OIM n’ont jamais eu autant de succès en Tunisie, Libye ou encore en #Algérie, points de passage pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui tentent de rejoindre l’Europe.

    « La seule #alternative possible »

    En 2024, 7 250 migrants présents sur le sol tunisien, principalement originaires de Gambie, Burkina Faso et Guinée ont bénéficié de l’ARV, soit une augmentation de 1 000 % entre 2018 et 2024. En Algérie, ils étaient 7 834 (+ 600% sur la même période 2018/2024) et 16 207 en Libye (+ 65%) à être retournés dans leur pays par le biais de l’ARV, selon l’OIM. Outre le voyage, certaines de ces personnes en situation illégale peuvent bénéficier d’une aide financière pour se réinstaller dans leur pays.

    « Il n’y a rien de moins volontaire, que les ’retours volontaires », alerte Jean-Pierre Cassarino, enseignant chercheur au Collège d’Europe en Pologne, évoquant des migrants « acculés » et des « expulsions » qui ne disent pas leur nom.

    En Tunisie et en Libye, les #conditions_de_vie sont délétères pour les Africains subsahariens, victimes de #racisme, d’#exactions, de #kidnapping, d’abandons dans le désert, voire de #meurtres. La plupart peinent à se loger, vivent dans des #campements insalubres, avec un accès limité voire inexistant aux soins. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant leur calvaire.

    Ces « retours volontaires » s’inscrivent alors dans un « processus de #vulnérabilité accrue », explique de son côté Ahlam Chemlali, chercheuse en migration à l’Institut danois pour les études internationales (DIIS), interrogée par l’AFP. Leur situation est devenue « de plus en plus précaire et dangereuse » et « pour beaucoup, le programme de ’retour volontaire’ est devenu la seule alternative possible ».

    Selon les textes internationaux, les participants au programme ne doivent pourtant subir « ni pressions physiques ou psychologiques » et avoir accès à des informations « objectives et fiables » sur lesquelles fonder leur décision de partir.

    L’OIM se défend d’expulsions déguisées

    Accusée de prêter main forte aux politiques d’expulsion des migrants, l’OIM s’en défend et assure intervenir seulement une fois qu’une personne a donné son consentement éclairé pour recevoir de l’aide.

    Pour l’agence de l’ONU, « mieux vaut ça que rien et que les migrants risquent leur vie en traversant la mer », décrypte Jean-Pierre Cassarino qui rappelle que l’OIM est financé « rubis sur l’ongle par l’Union européenne ».

    Ces programmes de « retours volontaires » s’inscrivent dans une politique d’#externalisation du contrôle des frontières par l’Union européenne (UE) qui exerce une forte pression sur ces pays tiers, en échange de contreparties, afin qu’ils gèrent la migration en son nom, observent les deux chercheurs.

    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « #partenariat » prévoyant une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.

    Pourtant, sur le long terme, les « retours volontaires » sont sans effet, expliquent les deux spécialistes. Beaucoup de migrants tentent à nouveau le voyage car ils n’ont pas tous un endroit sûr ou vivre et ont fui des conflits, des persécutions ou des difficultés économiques, pointent-ils.

    « Le désespoir est si fort qu’il vont réessayer », rappelle Jean-Pierre Cassarino.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64924/il-ny-a-rien-de-moins-volontaire-quun-retour-volontaire--des-chercheur

    #expulsions #inefficacité #efficacité #IOM

  • L’#Algérie a refoulé 16 000 migrants dans le #désert nigérien en deux mois

    Depuis le mois d’avril, plus de 16 000 migrants en situation irrégulière, dont des enfants et des femmes, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger, selon les autorités. Et ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », rappelle l’ONG locale Alarme Phone Sahara.

    L’Algérie a refoulé plus de 16 000 migrants irréguliers africains vers le #Niger depuis avril 2025, dont des femmes et des enfants, soit plus de la moitié des expulsions de 2024, ont annoncé mercredi 4 juin les autorités nigériennes.

    Dimanche et lundi, 1 466 migrants au total sont arrivés à #Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, ont indiqué mercredi les autorités préfectorales d’Arlit, une ville du nord du Niger. Le premier groupe, arrivé dimanche, comptait 688 ressortissants d’une dizaine de pays ouest-africains, parmi lesquels 239 Nigériens, ont précisé les autorités.

    Le deuxième groupe, qui rassemblait 778 Nigériens dont 222 mineurs, est arrivé lundi à bord de 13 camions et d’une fourgonnette, ont-elles ajouté.

    Entre le 1er et le 30 mai déjà, 8 086 migrants (5 287 Nigériens et 2 799 personnes d’autres nationalités africaines) avaient été expulsés par Alger, selon un décompte des autorités. En avril, 6 737 autres avaient été refoulés.

    Toutes ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara. Elle a récemment dénoncé une « violation des droits humains » et exigé « l’arrêt immédiat des rafles et des expulsions massives » par l’Algérie.

    Accélération des retours « volontaires »

    Face à ces arrivées massives - qui ont cours depuis des années -, le Niger avait annoncé en mai vouloir appuyer l’#Organisation_internationale_de_la_migration (#OIM) pour accélérer le #rapatriement dans leur pays d’origine - d’ici juillet - d’environ 4 000 migrants. Les autorités nigériennes disent vouloir éviter un « désastre humanitaire ».

    Mais ces retours « volontaires » prennent du temps. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les #laissez-passer. Chaque nouvelle exigence de ces derniers - entretiens en vidéoconférence avec le migrant, formulaires rébarbatifs, etc. - entraîne un peu plus de retard pour les migrants originaires de ces pays, bloquant ainsi tout le processus et provoquant l’embolie du système d’accueil onusien sur le territoire nigérien.

    Cette surpopulation de migrants - notamment à Assamaka et #Agadez - concentre toutes les frustrations.

    Cette situation « perturbe l’équilibre sécuritaire » du pays, avait déclaré fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur de ce pays gouverné depuis près de deux ans par un régime militaire.
    Le double discours d’Alger

    Les autorités algériennes, elles, affichent un double discours sur leur politique migratoire. D’un côté, Alger expulse ces sans-papiers dans le désert, de l’autre, le pays communique sur leur accueil et leur intégration.

    Les personnes expulsées doivent survivre dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Dans un environnement désertique, elles sont confrontées à un climat très hostile qui cumule de très fortes températures (souvent 47°C- 48°C), l’absence d’abri ainsi qu’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins.

    Abandonnés par Alger dans la zone dite du « #Point_Zero » - un lieu désertique en Algérie à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec le Niger, les migrants doivent ensuite parcourir à pied pendant des heures le chemin vers Assamaka où se trouve le #centre_de_transit de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

    L’Algérie n’est pas le seul pays de la région à abandonner des migrants dans le désert. La #Libye aussi. Entre le 28 mars et le 25 avril 2025, 792 migrants, majoritairement nigériens, ont débarqué dans des zones désertiques de la région de #Siguidine (centre-est du Niger) après avoir été renvoyés du sol libyen. Parmi eux, on comptait plusieurs femmes et mineurs.

    En Libye, les exilés peuvent être interpellés dans la rue, sur leur lieu de travail, dans leur appartement... puis placés dans des camions de marchandises à destination du sud du pays, près de la frontière nigérienne. D’autres sont expulsés directement depuis les centres de détention libyens, selon Alarme phone Sahara.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64971/lalgerie-a-refoule-16-000-migrants-dans-le-desert-nigerien-en-deux-moi
    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Sahara #désert_du_Sahara #retour_volontaire #désert_du_Ténéré

  • La Grèce veut passer un accord avec la Libye face à l’ampleur des arrivées en Crète - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64955/la-grece-veut-passer-un-accord-avec-la-libye-face-a-lampleur-des-arriv

    La Grèce veut passer un accord avec la Libye face à l’ampleur des arrivées en Crète
    Par La rédaction Publié le : 04/06/2025
    Le gouvernement grec souhaite négocier un accord avec Tripoli pour limiter l’augmentation des départs de migrants depuis Tobrouk, à l’est de la Libye, vers la Crète. Athènes veut conclure un partenariat similaire à celui signé entre l’Italie et la Libye en 2017, afin de stopper les embarcations de migrants en route vers la Grèce.
    La Grèce cherche la parade. Face à l’augmentation des arrivées irrégulières en provenance de Libye, Athènes souhaite conclure un accord migratoire avec Tripoli.
    Fin mai, le ministre des Migrations grec, Makis Voridis, a fait état d’une nette augmentation des arrivées irrégulières depuis la Libye vers la Grèce au cours des premiers mois de 2025. « Grâce à une protection efficace des frontières et à une meilleure coopération avec la Turquie, les flux d’immigration ont diminué d’environ 30 % au cours des quatre premiers mois, bien que l’afflux en provenance de Libye ait augmenté de 174 % », a-t-il déclaré le 22 mai.
    Il a par ailleurs annoncé une visite officielle en Libye dans les prochaines semaines, avec le ministre des Affaires étrangères, pour négocier un accord bilatéral sur le même modèle que celui entre l’Italie et la Libye signé en 2017. La visite de Makis Voridis vise à « renforcer la coopération bilatérale » entre les deux pays, selon un communiqué publié par les autorités libyennes.
    Depuis février 2017 et la signature d’un accord controversé avec l’Italie, les gardes-côtes libyens sont chargés de stopper les embarcations de migrants en Méditerranée, en échange d’une aide financière italienne. Ces interceptions ont été maintes fois dénoncées par les ONG, rapportant des faits de violences sur les exilés, et des intimidations envers les humanitaires opérant des sauvetages en mer.Mais là où Rome avait négocié avec le gouvernement de Tripoli, Athènes devra s’adresser aux autorités de Tobrouk, les deux gouvernements se disputant le pouvoir en Libye depuis 2022.
    La Grèce s’inquiète notamment de l’ampleur prise ces derniers mois par la route migratoire allant de Tobrouk, à l’est de la Libye, à la Crète (300 kilomètres). Depuis un an, la petite île de Gavdos, située au large de l’île grecque et ne comptant que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis des rives de l’est libyen. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent, principalement des Égyptiens, mais aussi des Pakistanais, Bangladais, Soudanais et Yéménites.
    Au total, 5 161 ont débarqué à Gavdos et en Crète l’an dernier, soit six fois plus qu’en 2023, où l’on comptait 815 arrivées. Cette augmentation pose le problème de l’accueil des demandeurs d’asile sur ces îles dénuées de structures. Selon le média grec Ekathiremini, lors d’une récente visite en Crète, le ministre Makis Voridis a appelé à la création d’un centre d’accueil temporaire à Héraklion ou à Lasithi. Le 26 mai, plus de 500 migrants ont été secourus au large des deux îles. Le 28 février, près de 350 migrants ont ainsi débarqué à Gavdos, un record sur une journée. Mais cette nouvelle route, bien que moins surveillée par les autorités libyennes, est très dangereuse. Les migrants doivent parcourir 300 km en haute mer, souvent entassées dans des bateaux de pêche en mauvais état ou de petites embarcations. Le 14 décembre, au moins huit personnes ont ainsi péri dans le naufrage de leur embarcation au large de la Crète et une quarantaine d’autres sont portées disparues. La Grèce reste surtout marquée par le drame de Pylos en juin 2023, lors duquel un chalutier chargé de 400 à 750 migrants avait sombré au large du Péloponnèse, en Grèce, tuant plus de 600 migrants. Le bateau était là encore parti de Tobrouk, en direction de l’Italie.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#libye#routemigratoire#crete#tobrouk#migrationirreguliere#mediterranee#sante

  • #Libye : « L’ensemble de l’appareil sécuritaire a compris que l’immigration rapporte beaucoup d’argent », rappelle un chercheur libyen

    Les ONG estiment que 20 000 migrants sont aujourd’hui détenus dans des prisons en #Libye. Ces exilés y subissent toutes sortes d’#abus : #traite, #torture, #travail_forcé, #extorsion et conditions de détention intolérables. Malgré ces faits, le gouvernement libyen reçoit toujours l’#aide de l’#Union_européenne pour retenir les migrants et les empêcher de rallier l’Europe. Après avoir accumulés les preuves depuis des années, un militant et chercheur libyen brise le silence.

    #Tarek_Lamloum a recueilli les témoignages de migrants interceptés en mer et dans le désert par les gardes-frontières. Il visite régulièrement les #centres_de_détention.

    Ce chercheur qui préside le Centre d’études de Benghazi sur les migrants et les réfugiés dénonce une #corruption généralisée au sein des services sécuritaires : « L’ensemble des appareils sécuritaires a compris que l’immigration leur rapporte beaucoup d’argent. Ces appareils sont en concurrence entre eux. Qui, parmi eux, devrait gérer les migrants ? Et il y a au moins six appareils sécuritaires qui interviennent sur ce dossier. »

    Tout le monde ferme les yeux

    Tarek Lamloum raconte les confiscations des téléphones portables, les vols d’argent des migrants, parfois même le vol de leurs habits et chaussures dès qu’ils sont interceptés en mer par les gardes-côtes.

    Les #exactions et les #vols des migrants sont devenus la norme, explique le chercheur, et les autorités libyennes et européennes ferment les yeux : « Le ministre de l’Intérieur à Tripoli est lui-même impliqué dans cette affaire, il sait très bien ce qui se passe dans les centres de détention qu’il est censé gérer. C’est lui le premier responsable des #gardes-côtes_libyens et des #gardes-frontières. C’est une première inédite : un ministère de l’intérieur qui intervient pour garder les frontières. Normalement, c’est du ressort de l’armée. »

    Malgré ces exactions, le nombre de migrants en Libye a augmenté de 4% depuis le début de l’année, estime l’Organisation internationale des migrations (OIM). En 2024, 200 000 migrants avaient franchi la Méditerranée depuis les rivages d’Afrique du Nord.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64932/libye--lensemble-de-lappareil-securitaire-a-compris-que-limmigration-r
    #business #complexe_militaro-industriel

  • La #Grèce veut passer un accord avec la #Libye face à l’ampleur des arrivées en #Crète

    Le gouvernement grec souhaite négocier un accord avec Tripoli pour limiter l’augmentation des départs de migrants depuis Tobrouk, à l’est de la Libye, vers la Crète. Athènes veut conclure un partenariat similaire à celui signé entre l’Italie et la Libye en 2017, afin de stopper les embarcations de migrants en route vers la Grèce.

    La Grèce cherche la parade. Face à l’augmentation des arrivées irrégulières en provenance de Libye, Athènes souhaite conclure un accord migratoire avec Tripoli.

    Fin mai, le ministre des Migrations grec, #Makis_Voridis, a fait état d’une nette augmentation des arrivées irrégulières depuis la Libye vers la Grèce au cours des premiers mois de 2025. « Grâce à une protection efficace des frontières et à une meilleure coopération avec la Turquie, les flux d’immigration ont diminué d’environ 30 % au cours des quatre premiers mois, bien que l’afflux en provenance de Libye ait augmenté de 174 % », a-t-il déclaré le 22 mai.

    Il a par ailleurs annoncé une visite officielle en Libye dans les prochaines semaines, avec le ministre des Affaires étrangères, pour négocier un accord bilatéral sur le même modèle que celui entre l’Italie et la Libye signé en 2017. La visite de Makis Voridis vise à « renforcer la coopération bilatérale » entre les deux pays, selon un communiqué publié par les autorités libyennes.

    Depuis février 2017 et la signature d’un accord controversé avec l’Italie, les gardes-côtes libyens sont chargés de stopper les embarcations de migrants en Méditerranée, en échange d’une aide financière italienne. Ces interceptions ont été maintes fois dénoncées par les ONG, rapportant des faits de violences sur les exilés, et des intimidations envers les humanitaires opérant des sauvetages en mer.

    Mais là où Rome avait négocié avec le gouvernement de Tripoli, Athènes devra s’adresser aux autorités de Tobrouk, les deux gouvernements se disputant le pouvoir en Libye depuis 2022.
    La route Tobrouk-Crète prend de l’ampleur

    La Grèce s’inquiète notamment de l’ampleur prise ces derniers mois par la route migratoire allant de Tobrouk, à l’est de la Libye, à la Crète (300 kilomètres). Depuis un an, la petite île de Gavdos, située au large de l’île grecque et ne comptant que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis des rives de l’est libyen. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent, principalement des Égyptiens, mais aussi des Pakistanais, Bangladais, Soudanais et Yéménites.

    Au total, 5 161 ont débarqué à Gavdos et en Crète l’an dernier, soit six fois plus qu’en 2023, où l’on comptait 815 arrivées. Cette augmentation pose le problème de l’accueil des demandeurs d’asile sur ces îles dénuées de structures. Selon le média grec Ekathiremini, lors d’une récente visite en Crète, le ministre Makis Voridis a appelé à la création d’un centre d’accueil temporaire à Héraklion ou à Lasithi.

    Le 26 mai, plus de 500 migrants ont été secourus au large des deux îles. Le 28 février, près de 350 migrants ont ainsi débarqué à Gavdos, un record sur une journée. Mais cette nouvelle route, bien que moins surveillée par les autorités libyennes, est très dangereuse. Les migrants doivent parcourir 300 km en haute mer, souvent entassées dans des bateaux de pêche en mauvais état ou de petites embarcations. Le 14 décembre, au moins huit personnes ont ainsi péri dans le naufrage de leur embarcation au large de la Crète et une quarantaine d’autres sont portées disparues.

    La Grèce reste surtout marquée par le drame de Pylos en juin 2023, lors duquel un chalutier chargé de 400 à 750 migrants avait sombré au large du Péloponnèse, en Grèce, tuant plus de 600 migrants. Le bateau était là encore parti de #Tobrouk, en direction de l’Italie.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64955/la-grece-veut-passer-un-accord-avec-la-libye-face-a-lampleur-des-arriv
    #migrations #accord #externalisation #asile #réfugiés

  • Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64869/libye--plus-de-300-subsahariens-beneficient-dun-retour-volontaire-vers

    Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha
    Par Julia Dumont Publié le : 30/05/2025
    Les 26 et 28 mai, deux vols de l’OIM ont permis à 134 Maliens et 169 Tchadiens de rentrer dans leur pays respectifs depuis la ville de Sebha, dans le centre de la Libye. De plus en plus d’exilés demandent cette solution de retour pour fuir les conditions de vie extrêmement difficiles que connaissent les Subsahariens en Libye.
    Selon le ministère libyen des Affaires étrangères, c’est la première fois depuis 15 ans qu’un vol de retour volontaire quittait l’aéroport de Sebha, dans le centre du pays. Mercredi 28 mai, 169 migrants tchadiens ont pu retourner dans leur pays d’origine grâce à un vol organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en collaboration avec les autorités libyennes et tchadiennes, selon l’ambassade du Tchad en Libye.
    « Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts conjoints visant à protéger nos concitoyens et à assurer leur retour en toute sécurité, en réponse aux conditions difficiles rencontrées par certains membres de la communauté tchadienne dans le sud libyen », a indiqué l’ambassade du Tchad en Libye sur son compte Facebook.
    Deux jours plus tôt, le 26 mai, 134 migrants maliens avaient déjà quitté la ville de Sebha par un vol de retour volontaire de l’OIM à destination de Bamako.
    Ville du centre de la Libye, Sebha est l’un des principaux carrefours migratoires de la région. La plupart des Subsahariens qui quittent leur pays dans l’espoir d’atteindre les côtes libyennes puis l’Europe transitent par cette ville. Mais Sebha est aussi une ville très dangereuse pour ces exilés. C’est notamment dans cette ville qu’une journaliste américaine de la chaîne de télévision CNN avait réussi à filmer un marché aux esclaves en 2017. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant avoir été détenus, torturés et parfois revendus dans cette ville, par des trafiquants d’êtres humains. En 2017, Issa, 16 ans, nous avait raconté sa détention dans une prison clandestine de Sebha.
    Privés de nourriture, de médicaments, d’eau, contraints au silence, les exilés détenus dans ces centres meurent par dizaine. « Il faut être en bonne santé. Les gens qui y entrent malades meurent en moins d’une semaine… », avait raconté Issa, qui ne pesait plus que 45kg après un mois de détention. Autre signe de ces conditions de vie inhumaines infligées aux migrants dans la région : en mars 2024, 65 corps de migrants ont été découverts dans une fosse commune située en plein désert, entre Sebha et Tripoli. En février dernier, de nouvelles fosses communes contenant des corps de migrants ont été exhumées dans le désert libyen. Selon les autorités libyennes, il s’agirait de migrants exécutés par des trafiquants d’être humains dans la région de Kufra.
    En mer Méditerranée, au large des côtes de Tripoli, le sort des migrants n’est pas plus enviable. Lorsqu’ils sont arrêtés par les gardes-côtes libyens, les exilés sont presqu’automatiquement envoyés dans des centres de détention où les exactions sont légion.
    Face à ces conditions de vie et aux difficultés pour atteindre les côtes européennes par la mer, de plus en plus de migrants subsahariens se résignent donc à demander un retour volontaire. En collaboration étroite avec le gouvernement libyen, l’OIM organise alors des vols de retour vers les pays d’origine des exilés.
    Ainsi, le 8 avril déjà 172 migrants tchadiens avaient pu rejoindre N’Djamena depuis Tripoli. En tout, depuis 2023, plus de 4 000 Tchadiens sont rentrés dans leur pays par les retours volontaires de l’OIM, selon le directeur général de l’administration des Tchadiens de l’étranger Mbodou Seïd. Au total, depuis 2015, quelque 98 000 migrants ont bénéficié d’un retour volontaire vers leur pays d’origine, selon le bureau de l’OIM en Libye.
    La Tunisie, pays voisin de la Libye, souhaite, elle aussi, développer les vols de retours volontaires pour les migrants vivant dans le pays. Pour le seul mois d’avril, 1 009 personnes sont rentrées dans leur pays d’origine depuis la Tunisie via ce dispositif. Ces retours volontaires sont critiqués par les défenseurs des droits humains qui plaident que les exilés subissant des conditions de vie inhumaines en Tunisiene sont pas en mesure de choisir réellement de rentrer dans leur pays. Ils y sont contraints par la force des choses. En 2024, un nombre record d’exilés étaient déjà retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023. Les retours au pays doivent par ailleurs être fortement accompagnés pour que les personnes retournées ne se retrouvent pas marginalisées au sein de leur communauté. Certains exilés rentrent dans leur pays traumatisés et peinent à se réinsérer.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#tunisie#mali#tchad#retourvolontaire#sante#droit#sante

  • Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64869/libye--plus-de-300-subsahariens-beneficient-dun-retour-volontaire-vers

    Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha
    Par Julia Dumont Publié le : 30/05/2025
    Les 26 et 28 mai, deux vols de l’OIM ont permis à 134 Maliens et 169 Tchadiens de rentrer dans leur pays respectifs depuis la ville de Sebha, dans le centre de la Libye. De plus en plus d’exilés demandent cette solution de retour pour fuir les conditions de vie extrêmement difficiles que connaissent les Subsahariens en Libye.
    Selon le ministère libyen des Affaires étrangères, c’est la première fois depuis 15 ans qu’un vol de retour volontaire quittait l’aéroport de Sebha, dans le centre du pays. Mercredi 28 mai, 169 migrants tchadiens ont pu retourner dans leur pays d’origine grâce à un vol organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en collaboration avec les autorités libyennes et tchadiennes, selon l’ambassade du Tchad en Libye.
    « Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts conjoints visant à protéger nos concitoyens et à assurer leur retour en toute sécurité, en réponse aux conditions difficiles rencontrées par certains membres de la communauté tchadienne dans le sud libyen », a indiqué l’ambassade du Tchad en Libye sur son compte Facebook.
    Deux jours plus tôt, le 26 mai, 134 migrants maliens avaient déjà quitté la ville de Sebha par un vol de retour volontaire de l’OIM à destination de Bamako.
    Ville du centre de la Libye, Sebha est l’un des principaux carrefours migratoires de la région. La plupart des Subsahariens qui quittent leur pays dans l’espoir d’atteindre les côtes libyennes puis l’Europe transitent par cette ville. Mais Sebha est aussi une ville très dangereuse pour ces exilés. C’est notamment dans cette ville qu’une journaliste américaine de la chaîne de télévision CNN avait réussi à filmer un marché aux esclaves en 2017.
    La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant avoir été détenus, torturés et parfois revendus dans cette ville, par des trafiquants d’êtres humains. En 2017, Issa, 16 ans, nous avait raconté sa détention dans une prison clandestine de Sebha. Privés de nourriture, de médicaments, d’eau, contraints au silence, les exilés détenus dans ces centres meurent par dizaine. « Il faut être en bonne santé. Les gens qui y entrent malades meurent en moins d’une semaine… », avait raconté Issa, qui ne pesait plus que 45kg après un mois de détention.
    Autre signe de ces conditions de vie inhumaines infligées aux migrants dans la région : en mars 2024, 65 corps de migrants ont été découverts dans une fosse commune située en plein désert, entre Sebha et Tripoli. En février dernier, de nouvelles fosses communes contenant des corps de migrants ont été exhumées dans le désert libyen. Selon les autorités libyennes, il s’agirait de migrants exécutés par des trafiquants d’être humains dans la région de Kufra.
    En mer Méditerranée, au large des côtes de Tripoli, le sort des migrants n’est pas plus enviable. Lorsqu’ils sont arrêtés par les gardes-côtes libyens, les exilés sont presqu’automatiquement envoyés dans des centres de détention où les exactions sont légion.
    Face à ces conditions de vie et aux difficultés pour atteindre les côtes européennes par la mer, de plus en plus de migrants subsahariens se résignent donc à demander un retour volontaire. En collaboration étroite avec le gouvernement libyen, l’OIM organise alors des vols de retour vers les pays d’origine des exilés.
    Ainsi, le 8 avril déjà 172 migrants tchadiens avaient pu rejoindre N’Djamena depuis Tripoli. En tout, depuis 2023, plus de 4 000 Tchadiens sont rentrés dans leur pays par les retours volontaires de l’OIM, selon le directeur général de l’administration des Tchadiens de l’étranger Mbodou Seïd. Au total, depuis 2015, quelque 98 000 migrants ont bénéficié d’un retour volontaire vers leur pays d’origine, selon le bureau de l’OIM en Libye.
    La Tunisie, pays voisin de la Libye, souhaite, elle aussi, développer les vols de retours volontaires pour les migrants vivant dans le pays. Pour le seul mois d’avril, 1 009 personnes sont rentrées dans leur pays d’origine depuis la Tunisie via ce dispositif. Ces retours volontaires sont critiqués par les défenseurs des droits humains qui plaident que les exilés subissant des conditions de vie inhumaines en Tunisiene sont pas en mesure de choisir réellement de rentrer dans leur pays. Ils y sont contraints par la force des choses.
    En 2024, un nombre record d’exilés étaient déjà retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023. Les retours au pays doivent par ailleurs être fortement accompagnés pour que les personnes retournées ne se retrouvent pas marginalisées au sein de leur communauté. Certains exilés rentrent dans leur pays traumatisés et peinent à se réinsérer.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#tchad#mali#OIM#retourvolontaire#sante

  • Deux ans après le naufrage de Pylos, dix-sept gardes-côtes grecs poursuivis pour la mort de dizaines de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/26/deux-ans-apres-le-naufrage-de-pylos-dix-sept-garde-cotes-grecs-poursuivis-po

    Deux ans après le naufrage de Pylos, dix-sept gardes-côtes grecs poursuivis pour la mort de dizaines de migrants
    Par Isabelle Karaiskos (Athènes, correspondance)
    Près de deux ans après l’un des naufrages les plus meurtriers d’embarcations de migrants en Méditerranée, survenu au large de la ville grecque de Pylos, le parquet du tribunal maritime du Pirée a décidé d’engager des poursuites pénales contre 17 officiers des gardes-côtes, ont annoncé, vendredi 23 mai, les avocats de survivants. Parmi les accusés figurent plusieurs officiers supérieurs, dont l’ancien chef des gardes-côtes helléniques.
    Les chefs d’accusation retenus par le procureur et publiés par les avocats de victimes constituent des crimes graves. Le capitaine du patrouilleur en intervention durant le sauvetage est notamment accusé d’avoir « provoqué un naufrage (…) ayant entraîné la mort (…) d’au moins 82 personnes [le nombre de corps retrouvés] », ainsi que de non-assistance à personne en danger. L’ensemble des accusés, le chef des gardes-côtes d’alors et d’autres officiers supérieurs sont accusés d’avoir « exposé des personnes [au danger], malgré [l’]obligation légale de les secourir, les laissant en situation de détresse, avec pour conséquence la mort d’au moins 82 personnes ».
    « Ces poursuites sont une grande étape, indique au Monde Dimitris Zotos, avocat de rescapés et de familles de victimes du naufrage. Le fait que des officiers supérieurs – jusqu’au plus haut gradé des gardes-côtes – figurent parmi les accusés est inédit. » Il souligne cependant que ces poursuites constituent « le tout début de la procédure avant un éventuel procès ». Une fois les accusés interrogés par un juge d’instruction, celui-ci statuera sur d’éventuelles mesures restrictives contre eux, puis un conseil de juges devra examiner le dossier avant le renvoi éventuel vers un tribunal – ce qui devrait prendre plusieurs mois.
    Cette procédure fait suite aux plaintes déposées par 53 des 104 survivants de l’Adriana. Le 14 juin 2023, ce chalutier transportant environ 750 personnes, dont des enfants, avait quitté les côtes libyennes pour l’Italie et avait coulé, en pleine nuit, dans les eaux internationales, au large de Pylos, au sud-ouest de la Grèce. L’ONU avait fait état d’au moins 600 morts, mais seulement 82 corps furent retrouvés.
    Depuis, de graves défaillances des autorités grecques ont été mises en lumière dans le sauvetage du chalutier. Selon des enquêtes parues dans la presse et plusieurs ONG, plus de quinze heures se sont écoulées entre la première alerte signalant la détresse de l’Adriana et l’intervention des gardes-côtes grecs. En outre, un remorquage « violent » et inadapté de l’embarcation par les gardes-côtes serait à l’origine du chavirement de l’embarcation, selon les témoignages de rescapés. Les autorités et le gouvernement grec ont toujours nié toute mauvaise gestion du sauvetage. En février pourtant, un rapport accablant de 158 pages du médiateur de la République hellénique – vivement contesté par le ministre grec de la marine – soulignait la responsabilité des gardes-côtes.
    Cette annonce intervient dans un contexte de « pratiques systématiques » de « pushbacks » par les gardes-côtes grecs, abondamment documentées depuis 2019, une pratique de refoulements d’embarcations interdite par le droit international.
    En janvier, la Grèce a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans le cas d’un refoulement d’une ressortissante turque. La CEDH mentionnait dans son jugement un « modus operandi uniforme » du pays à ses frontières et de « fortes indications » d’« une pratique systématique de refoulements ». Concernant le naufrage de Pylos, l’avocat Dimitris Zotos dénonce, lui, le « plus grand “pushback” ayant jamais eu lieu en Méditerranée ».

    #Covid-19#migrant#migration#grece#sante#mortalite#pushback#CEDH#droit#libye

  • En Grèce, plus de 500 migrants secourus au large de la Crète
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/25/en-grece-plus-de-500-migrants-secourus-au-large-de-la-crete_6608375_3210.htm

    En Grèce, plus de 500 migrants secourus au large de la Crète
    Le Monde avec AFP
    Plus de 500 migrants au total, en majorité des hommes, ont été secourus depuis vendredi par les autorités grecques au large de l’île de Crète et transférés dans des centres d’accueil, a appris l’Agence France-Presse, dimanche 25 mai, auprès des gardes-côtes.
    Au cours de la journée de samedi, 280 personnes au total – dont 13 mineurs – ont été secourues, lors de cinq interventions distinctes, selon un communiqué publié dimanche. Quatre ont eu lieu au large de la petite île de Gavdos, au sud de la Crète, en Méditerranée orientale.
    La cinquième a concerné un groupe de 53 personnes qui ont débarqué samedi d’un bateau gonflable à Dyskos, dans le sud de la Crète. Elles ont déclaré avoir appareillé vendredi matin de la Libye à destination de la Grèce en payant « entre 150 000 et 200 000 livres égyptiennes » (de 2 600 à 3 500 euros). Parmi elles, un Soudanais de 24 ans, passeur présumé, a été arrêté, qui fait l’objet de poursuites judiciaires.
    Vendredi, 263 personnes au total (dont dix mineurs) avaient été secourues dans la même zone, au cours de cinq interventions distinctes également. La plupart d’entre elles avaient quitté Tobrouk, en Libye, à destination de la Grèce. Trois Soudanais, âgés de 19 à 23 ans, et deux Egyptiens, dont l’âge n’a pas été publié, passeurs présumés, sont également poursuivis, selon les gardes-côtes. Parmi les rescapés figurent surtout des ressortissants soudanais, égyptiens et bangladais, selon leurs déclarations aux autorités grecques.
    La Grèce est l’une de principales portes d’entrée en Europe des personnes fuyant les guerres et la pauvreté, en provenance d’Asie, d’Afrique ou du Moyen-Orient. Outre le passage habituel entre les côtes occidentales turques et les proches îles grecques en mer Egée (Est), une nouvelle route migratoire, au sud de la Crète, est de plus en plus fréquentée depuis ces dernières années. Les naufrages sont fréquents pendant ces traversées dans les deux zones.
    L’un des plus meurtriers en Grèce avait eu lieu le 14 juin 2023, quand un chalutier rouillé et surchargé parti de Tobrouk avait coulé au large de la péninsule du Péloponnèse (Sud) : plus de 750 personnes se trouvaient à son bord, dont plus de 600 auraient péri, selon l’ONU. Seuls 82 corps avaient été repêchés ; 104 personnes avaient survécu. Des dizaines d’entre elles ont déposé une plainte collective contre les gardes-côtes

    #Covid-19#migration#migrant#grece#lesbos#libye#routemigratoire#humanitaire#routemigratoire#sante#mortalite

  • Des ONG mettent en garde contre le projet imputé aux Etats-Unis d’envoyer des migrants en Libye
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/08/des-ong-mettent-en-garde-contre-le-projet-impute-aux-etats-unis-d-envoyer-de

    Des ONG mettent en garde contre le projet imputé aux Etats-Unis d’envoyer des migrants en Libye
    Par Mustapha Kessous
    Le projet a été officiellement démenti, mais il continue d’horrifier les organisations de défense des droits humains. Selon plusieurs médias, dont CNN et l’agence Reuters – qui se réfère à des responsables américains sous le couvert de l’anonymat –, l’administration de Donald Trump envisagerait d’envoyer vers la Libye des migrants dont elle ne veut pas sur son territoire. Le premier vol militaire en direction de ce pays d’Afrique du Nord pourrait décoller des Etats-Unis avant la fin de la semaine.
    Lors d’un échange avec la presse à la Maison Blanche, mercredi 7 mai, le président Trump, interrogé sur le renvoi de migrants en Libye, a déclaré qu’il n’en avait pas connaissance, invitant le journaliste qui lui avait posé la question à se rapprocher du ministère de la sécurité intérieure. Une première réponse est peut-être venue d’un juge fédéral américain qui a, ce même jour, bloqué temporairement les expulsions d’étrangers d’origine asiatique vers la Libye, estimant que ces renvois les empêchaient de se défendre devant la justice.
    « La simple idée que l’administration Trump essaierait d’imposer un tel accord à un pays extrêmement vulnérable comme la Libye serait, si l’information est avérée, inhumaine », s’offusque Hanan Salah, directrice adjointe de Human Rights Watch (HRW) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, à l’unisson d’autres organisations comme Médecins sans frontières (MSF), Amnesty International et Médecins du monde (MDM).
    La Libye est aujourd’hui profondément divisée entre, d’un côté, le « gouvernement d’union nationale » (GUN), reconnu par l’ONU, siégeant à Tripoli et dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, et, de l’autre, l’autorité ancrée à Benghazi, dans l’est du pays, sous l’égide du maréchal Khalifa Haftar. Avec quel camp Washington aurait-il traité ? « Nous essayons de comprendre si un accord entre les Etats-Unis et la Libye a bien été passé et à savoir de quelle autorité libyenne les Américains se sont rapprochés, explique Hanan Salah. Mais quoi qu’il en soit, mon message aux autorités libyennes est qu’elles ne devraient en aucun cas accepter un tel accord. Et à l’administration américaine : simplement, ne le faites pas. »
    Sur son compte Facebook, le GUN a publié, mercredi, un communiqué dans lequel il « dément catégoriquement l’existence de tout accord ou coordination avec lui concernant l’accueil de migrants expulsés des Etats-Unis ». Pour sa part, le chef de la diplomatie du maréchal Haftar a aussi formellement « démenti l’existence de tout accord ou entente concernant l’installation de migrants, quelle que soit leur nationalité, africaine, européenne, américaine ou autre ».
    Car les conditions de vie réservées aux migrants en Libye relèvent de l’horreur. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 800 000 migrants, en majorité originaires d’Afrique subsaharienne, se trouvent actuellement dans le pays et sont des proies tant pour des acteurs étatiques que pour des milices. « Viols, travail forcé, exploitation, torture… Les conditions de vie sont inhumaines, notamment dans les centres de détention, décrit Hanan Salah. Les mauvais traitements sont systématiques et généralisés. »
    De nombreux témoignages ont fait état de migrants rançonnés par des policiers, des militaires ou des groupes armés, et contraints d’appeler leurs proches pour leur demander de l’argent en échange de leur libération. « Des gens sont tués, même en détention, et ne réapparaissent pas. Nous continuons de documenter ces abus terribles », ajoute Hanan Salah. La chercheuse Camille Le Coz, directrice du Migration Policy Institute Europe, un centre de réflexion indépendant, alerte sur « le danger de refouler des gens à la frontière américaine et de les envoyer dans ce pays où ils risqueraient d’être persécutés ».
    William Spindler, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), rappelle que l’agence et d’autres organisations ont « documenté à plusieurs reprises et de manière constante de graves risques et des violations généralisées des droits humains et des atteintes à l’égard des réfugiés et des demandeurs d’asile ». Il pointe aussi le fait que « la Libye ne peut être considérée comme un pays tiers sûr pour les personnes ayant besoin d’une protection internationale ». « Aucun endroit n’est sûr là-bas, insiste Hanan Salah. On ne peut pas amener quelqu’un de l’extérieur en Libye et le forcer à y rester. »
    Les autorités américaines déconseillent d’ailleurs vivement à leurs ressortissants de s’y rendre, « en raison de la criminalité, du terrorisme, des mines non explosées, des troubles civils, des enlèvements et des conflits armés ». En 2023, un rapport du département d’Etat sur « les pratiques en matière de droits humains » en Libye s’alarmait des « exécutions arbitraires ou illégales, y compris extrajudiciaires », ou des « traitements cruels, inhumains ou dégradants perpétrés par le gouvernement et les groupes armés de tous bords ».
    Le sort des exilés en Libye n’est pas en voie d’amélioration : le 2 avril, le GUN a annoncé la suspension des activités de dix ONG internationales, dont MSF, leur reprochant notamment de « porter atteinte à l’intégrité de l’Etat et à sa sécurité intérieure » ou encore d’encourager « des valeurs contraires à l’identité libyenne, telles que le christianisme, l’athéisme, la promotion de l’homosexualité et la décadence morale ».
    Depuis son retour à la Maison Blanche, en janvier, Donald Trump mène une politique très agressive contre l’immigration, notamment sud-américaine. En mars, les Etats-Unis ont déjà envoyé 200 membres présumés d’un gang vénézuélien au Salvador. Selon la presse américaine, l’administration Trump s’est également rapprochée du Rwanda pour y expulser d’autres immigrés sans-papiers. « Cela s’inscrit dans une stratégie d’éloignement à tout prix, mais ce n’est pas soutenable à long terme, analyse Camille Le Coz. Utiliser des vols militaires pour des expulsions, c’est une opération extrêmement coûteuse. En réalité, c’est avant tout un spectacle politique destiné à montrer que les Etats-Unis sont devenus un pays hostile aux migrants pour en dissuader d’autres de venir. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#libye#expulsion#sante#droit

  • Lampedusa : plus de 1 600 arrivées en 5 jours « avec l’amélioration des conditions météorologiques », note Frontex - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64309/lampedusa--plus-de-1-600-arrivees-en-5-jours-avec-lamelioration-des-co

    Lampedusa : plus de 1 600 arrivées en 5 jours « avec l’amélioration des conditions météorologiques », note Frontex
    Par La rédaction Publié le : 01/05/2025 Dernière modification : 02/05/2025
    Selon les chiffres des autorités italiennes, 1 600 migrants sont arrivés à Lampedusa ces cinq derniers jours. Pour Frontex, l’agence européenne des gardes-côtes, qui a participé à certains sauvetages en Méditerranée, « l’amélioration des conditions météorologiques » favorisent les départs en mer depuis les côtes nord-africaines.
    « Avec l’amélioration des conditions météorologiques, nous avons constaté une augmentation des traversées dangereuses en Méditerranée centrale ces derniers jours », a tweeté Frontex, le 30 avril avant de détailler les opérations de secours. « Des bateaux italiens, lituaniens et danois [ont participé et] permis de secourir près de 400 personnes se trouvant à bord de cinq petites embarcations impropres à la navigation ».
    Selon l’agence européenne de surveillance des frontières, sept autres embarcations avec plus de 450 personnes en détresse ont également été secourues – grâce aux repérages effectués par les avions de Frontex. En tout, ces cinq derniers jours, entre le 26 et le 30 avril, 1 612 migrants sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa.
    D’après les données officielles italiennes, pour l’ensemble du mois d’avril 2025, ils sont 6 300 migrants à avoir débarqués à Lampedusa. Avec un pic de 899 arrivées comptabilisées le 6 avril. Un chiffre plus élevé qu’en 2024 sur la même période (4 700).
    Il n’est pas rare que l’agence européenne surveille la Méditerranée centrale. Elle le fait depuis des nombreuses années pour repérer les canots en détresse avant de les signaler aux autorités compétentes alentours (Malte, Italie, Libye, Tunisie, notamment) pour leur porter secours. Frontex avait même lancé un appel d’offres de plusieurs millions d’euros en août 2024 pour améliorer la détection des embarcations de migrants perdus au milieu de la mer et mieux lutter contre l’immigration clandestine. Dans le détail, cet appel concernait notamment l’achat de drones affectés à la surveillance maritime – bien que leur utilisation soit controversée.
    Car si Frontex communique sur ces opérations de sauvetages – « L’UE unie pour sauver des vies en mer », a-t-elle aussi écrit sur X – l’agence est régulièrement pointée du doigt pour son manque de coopération avec les ONG en mer. Selon les navires humanitaires, Frontex serait plus prompte à partager ses informations avec les gardes-côtes libyens plutôt qu’avec eux. Dans une enquête publiée en février 2024, le média allemand Der Spiegel avait montré que l’agence européenne donnait presque systématiquement les localisations des canots d’exilés en détresse en Méditerranée aux Libyens. Et ce, en dépit de la violence des autorités maritimes libyennes envers les exilés et de la torture bien documentée qui les attend dans les centres de détention en Libye.
    Au mois de juin 2024, les organisations Refugees in Libya et Front-LEX avaient déposé un recours afin que Frontex cesse sa surveillance aérienne de la Méditerranée centrale. Aux yeux des plaignants, l’agence se rend donc complice des crimes commis par le pays en leur livrant les coordonnées GPS des canots en détresse.L’agence s’était défendue en expliquant à InfoMigrants que les données de localisations des canots en difficulté étaient envoyées « immédiatement aux centres de coordination de sauvetage maritime concernés dans la région : l’Italie et Malte, ainsi que la Libye et la Tunisie […] La priorité de Frontex est de sauver des vies », affirmait-elle.
    Reste que ce soutien de Frontex aux Libyens n’est pas illégal. L’Union européenne (UE) et Tripoli sont liés par un partenariat stratégique et financier en mer Méditerranée depuis de nombreuses années. Dans le cadre de cet accord, l’UE forme même les gardes-côtes libyens et leur fournit des navires dans le but d’empêcher les migrants de rejoindre l’Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#lampedusa#libye#traversee#frontex#migrationirreguliere#routemigratoire#sante

  • En Libye, l’aide aux migrants dans le viseur des autorités de Tripoli
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/16/en-libye-l-aide-aux-migrants-dans-le-viseur-des-autorites-de-tripoli_6596654

    En Libye, l’aide aux migrants dans le viseur des autorités de Tripoli
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)
    Bureaux fermés manu militari, employés convoqués pour interrogatoires, personnel étranger prié de quitter le pays. Mercredi 2 avril, l’agence rattachée au ministère de l’intérieur du gouvernement d’union nationale (GUN) – entité politique reconnue par la communauté internationale, siégeant à Tripoli – a annoncé la suspension de dix ONG internationales, dont l’organisation française Terre des hommes, Médecins sans frontières et le Conseil norvégien pour les réfugiés.
    Les activités de soutien aux hôpitaux et au système de santé, les programmes de lutte contre des maladies infectieuses, dont profitaient de nombreux Libyens, mais aussi l’assistance vitale et médicale aux migrants sont ainsi à l’arrêt. Dans une lettre datée du 27 mars, quelques jours avant que la décision officielle soit annoncée par les autorités, dix-sept ambassadeurs, notamment ceux de France, du Royaume-Uni, d’Espagne, d’Italie et de l’Union européenne, avaient appelé le gouvernement à permettre aux ONG visées de « redémarrer leurs opérations humanitaires dès que possible ». Des discussions toujours en cours.
    Selon le porte-parole de l’Autorité de sécurité intérieure (ASI), Salem Gheith, il est reproché aux ONG de « porter atteinte à l’intégrité de l’Etat et à sa sécurité intérieure », d’encourager « des valeurs contraires à l’identité libyenne, telles que le christianisme, l’athéisme, la promotion de l’homosexualité et la décadence morale », et de mener des actions « visant à modifier la composition démographique du pays » par l’installation de migrants subsahariens en Libye.
    Pays de destination de nombreux travailleurs africains avant 2011, le pays est devenu l’une des principales plateformes de projection pour les migrants du continent à la faveur du chaos sécuritaire qui a suivi la chute de Mouammar Kadhafi. Face à ce phénomène, l’Union européenne a noué un partenariat avec les autorités locales pour endiguer les départs.
    En reprenant à son compte la théorie raciste du « grand remplacement », l’ASI désigne les migrants comme complices d’un complot international mis en place par « l’Union européenne [UE] » et « l’Italie ». Sans rappeler pour autant que les autorités tripolitaines ont reçu des centaines de millions d’euros de fonds européens pour la gestion des migrations – 700 millions d’euros de 2014 à 2020, dont une partie pour les municipalités. En échange, les gardes-côtes libyens, soutenus, entraînés et équipés par l’UE, ont nettement augmenté les interceptions en mer, empêchant des milliers de migrants de rejoindre le littoral européen chaque année.
    Ce discours fait écho à celui du président tunisien, Kaïs Saïed, qui avait dénoncé, en février 2023, les « hordes de migrants clandestins », selon lui complices d’un « plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». « La population libyenne remarque les migrants subsahariens et asiatiques dans les espaces publics pour des raisons raciales, observe Jalel Harchaoui, chercheur associé à l’institut britannique Royal United Services. Les autorités, en interdisant ces ONG, montrent à la population qu’elles luttent contre les flux migratoires. Mais, en réalité, il n’y a aucune intention réelle de diminuer les flux. Rien n’est fait face aux arrivées de migrants d’Egypte, d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne. »
    Selon M. Harchaoui, la suspension des ONG est un symptôme d’une « affirmation de l’autoritarisme » dans l’ouest de la Libye. Le GUN du premier ministre Abdel Hamid Dbeibah est sous pression à cause de contraintes économiques, des menaces régulières de l’armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est, et des efforts accrus de la mission d’appui des Nations unies en Libye pour soutenir la formation d’un gouvernement unifié qui chasserait donc M. Dbeibah du pouvoir.
    Ces dernières semaines, les milices et les forces de sécurité affiliées au GUN ont ainsi multiplié les attaques (intimidations, disparitions forcées…) contre les voix dissonantes. « Les milices profitent d’un sentiment total d’impunité et de contrôle sur la capitale, Tripoli, pour s’en prendre à n’importe quelle forme d’opposition », décrit Husam El Gomati, activiste libyen réfugié en Suède, joint par téléphone, dont le frère Mohammed, a été enlevé le 26 mars à Tadjourah (sud-est de Tripoli) par des ravisseurs inconnus mais, semble-t-il, rattachés à l’appareil sécuritaire du GUN, dans le but de faire pression sur ses activités d’opposant.
    « Les miliciens ont bien compris que les ONG peuvent être dangereuses pour eux, car elles témoignent et enquêtent sur les graves crimes commis dans le pays depuis des années », poursuit-il. En fournissant une assistance médicale aux migrants, les ONG pouvaient encore accéder aux centres tenus par des milices et y documenter le vaste système de détention, de torture et d’extorsion que subissent les migrants. Avec la cessation des activités des ONG, ces violences, qui s’apparentent, selon la mission d’appui des Nations unies en Libye, à des « crimes contre l’humanité », tomberaient un peu plus dans l’oubli.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#humanitaire#sante#detention#violence

  • La Libye suspend les activités de 10 ONG, accusées de mener des actions « hostiles » dans le pays - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63770/la-libye-suspend-les-activites-de-10-ong-accusees-de-mener-des-actions

    La Libye suspend les activités de 10 ONG, accusées de mener des actions « hostiles » dans le pays
    Par La rédaction Publié le : 03/04/2025
    La Libye a annoncé mercredi la suspension des activités de 10 organisations humanitaires internationales, dont Médecins sans frontières et le Conseil pour les réfugiés danois. Tripoli les accuse de mener des actions « hostiles visant à modifier la composition démographique du pays » en « installant des migrants » d’Afrique subsaharienne sur son territoire. Les autorités libyennes ne veulent plus d’organisations venant en aide aux exilés dans le pays. Mercredi 2 avril, le gouvernement a annoncé la fermeture des sièges de 10 organisations humanitaires internationales et la suspension de leurs activités.Lors d’une conférence de presse inhabituellement traduite en anglais, Salem Gheith, le porte-parole libyen de l’Autorité de sécurité intérieure (ASI, rattachée au ministère de l’Intérieur) a imputé aux ONG la volonté de « porter atteinte à l’intégrité de l’État et à sa sécurité intérieure » dans le cadre d’un « complot international ».
    Selon Salem Gheith, ces organisations participent à un « projet d’installation de migrants d’origine africaine en Libye », « une action hostile visant à modifier la composition démographique du pays et [qui] menace la société » libyenne."Ce projet n’est pas nouveau, l’Union européenne (UE) avait tenté [la même chose] avec l’ancien régime, via l’Italie", a-t-il assuré, estimant qu’après la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, « l’UE a changé de moyen et a eu recours aux ONG pour faire aboutir le même projet ».
    Parmi les ONG concernées se trouvent le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Médecins sans frontières (MSF), l’organisation française Terre des Hommes, l’ONG italienne CESVI ou encore l’IRC (International Rescue Committee) ainsi que le Conseil pour les Réfugiés danois (DRC). Contactée par InfoMigrants, MSF a confirmé que ses activités avaient été suspendues, dès le 27 mars « à la suite de mesures de l’Agence de sécurité intérieure libyenne (ASI), comprenant l’interrogatoire de membres du personnel de MSF et la fermeture administrative de nos locaux ».Le porte-parole s’en est pris aussi au Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), l’accusant d’implication dans des « activités illégales » qui seront, selon lui, sanctionnées par le ministère des Affaires étrangères. Une source au sein de l’agence onusienne assure cependant à InfoMigrants que les activités du HCR continuent.
    Peu avant, avait filtré une lettre d’ambassadeurs principalement européens et d’un représentant de l’ONU, obtenue par l’AFP, dénonçant « une campagne de répression contre les ONG internationales et les travailleurs humanitaires ».Dans leur lettre datée du 27 mars et adressée au ministre libyen des Affaires étrangères, 17 ambassadeurs, notamment de France, Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Union européenne, dénoncent la convocation « d’au moins 18 membres du personnel » d’ONG.Le document faisait état d’interrogatoires d’employés locaux d’au moins six ONG, certains privés de passeports, d’autres forcés à démissionner. Certains ont dû « signer des engagements à ne plus jamais travailler pour une ONG internationale », affirment-ils. Selon la source proche du dossier, le personnel étranger des ONG fermées a été prié de quitter le territoire ou de ne plus y revenir s’il se trouvait hors du pays pour les congés de fin de ramadan.
    Inquiétudes des ONG
    Il y a souvent eu des tensions entre les autorités libyennes et les organisations internationales mais, après une période d’arrêt de l’octroi de visas aux humanitaires étrangers entre juillet 2022 et décembre 2023, tout se passait « bien » en 2024, indique la même source.Dans leur lettre, les diplomates ont demandé aux autorités libyennes de permettre aux ONG « de rouvrir leurs bureaux et de redémarrer leurs opérations humanitaires dès que possible ».
    Les diplomates se sont dits « très inquiets de l’impact » de la suspension des activités sur les soins de santé de base, soulignant que des cliniques privées collaborant avec les organisations ont été l’objet « d’enquêtes et/ou arrestations ». La Libye peine à se relever d’une décennie de chaos et divisions entre des groupes armés très actifs à Tripoli, et deux camps rivaux se partagent le pays depuis la chute du dictateur Kadhafi en 2011.
    Plusieurs rapports de l’ONU ou d’organisations internationales ont dénoncé ces derniers mois des arrestations arbitraires de journalistes, avocats, magistrats et opposants et des exactions contre des migrants, avec la découverte de fosses communes.
    Des défenseurs des droits humains accusent l’ASI et son chef, le très influent Lotfi al-Harari, d’interpellations menées sous la forme d’enlèvements en pleine rue, de disparitions puis de réapparitions avec des aveux extorqués.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#UE#humanitaire#ong#HCR#droit#sante#violence

  • L’#Italie annonce une enveloppe de 20 millions d’euros pour financer des « #retours_volontaires » depuis la #Tunisie, la #Libye et l’#Algérie

    Rome a annoncé mercredi un programme de 20 millions d’euros pour aider 3 300 migrants en situation irrégulière en Tunisie, Libye et Algérie à rentrer chez eux. Ces « retours volontaires » organisés par l’Organisation internationale des migrations (OIM) « s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à lutter contre l’immigration illégale », s’est félicité le ministre italien de l’Intérieur, #Matteo_Piantedosi.

    L’Italie a annoncé, mercredi 2 avril, le versement d’une #allocation de 20 millions d’euros pour financer le retour volontaire vers leurs pays d’origine des migrants en situation irrégulière présents en Tunisie, en Libye et en Algérie, a indiqué le ministère italien des Affaires étrangères dans un communiqué.

    Une enveloppe qui a également ravi le ministre de l’Intérieur italien Matteo Piantedosi. « Aujourd’hui, j’ai participé [...] à la Commission mixte de coopération au développement […] au cours de laquelle a été approuvé le programme de rapatriement volontaire assisté de 3 300 migrants d’Algérie, de Tunisie et de Libye vers leurs pays d’origine », peut-on lire sur son compte X.

    Ces 3 300 retours volontaires seront chapeautés et mis en œuvre par l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM).

    « Cette initiative, en collaboration avec l’OIM, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à lutter contre l’immigration illégale et à renforcer la coopération et le développement dans les pays d’origine des migrants », a encore écrit Matteo Piantedosi.

    Ce n’est pas la première fois que l’Italie soutient des programmes de lutte contre l’immigration clandestine en Afrique du Nord. En 2024, Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement, s’était déjà déplacée plusieurs fois en Tunisie pour encourager les « retours volontaires » et ainsi enrayer les traversées de la Méditerranée vers les côtes italiennes.

    La situation délétère en Tunisie pousse depuis plusieurs mois les migrants à fuir le pays par n’importe quel moyen. Beaucoup envisagent de traverser la Méditerranée pour rejoindre au plus vite - et quels que soient les risques - l’île italienne de Lampedusa. Depuis le discours anti-migrants du président Kaïs Saïed en février 2023 accusant les exilés d’être la source de violences et de crimes, ces derniers sont harcelés par la population et les autorités.

    Conséquence de cette violence : les retours ont explosé. Sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM a accompagné 7 250 migrants subsahariens vivant en Tunisie à rentrer « volontairement » dans leur pays, avait indiqué fin janvier le secrétaire d’État tunisien auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ben Ayed. C’est quasiment trois fois plus qu’en 2023, où ils étaient 2 557 à rentrer depuis la Tunisie vers leur pays d’origine, et 1 614 migrants en 2022.

    La Tunisie a toutefois redemandé la semaine dernière à l’OIM - et aux différentes ONG présentes dans le pays - de faire davantage : « seulement » 1 500 personnes ont été rapatriées depuis le début de l’année, a déclaré la présidence dans un communiqué le 27 mars.

    Les difficultés liées aux rapatriements

    L’OIM promeut aussi son programme de retours volontaires dans de nombreux pays africains, comme au Niger, au Maroc ou encore en Libye où des milliers d’exilés subissent toujours de graves exactions dans les prisons officielles ou officieuses du pays... Sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM a pu rapatrier 16 207 migrants coincés en Libye. C’est plus qu’en 2023 où seuls 9 300 migrants avaient quitté le pays via l’agence onusienne.

    Mais ces retours dans les pays d’origine sont loin d’être évidents à mettre en œuvre. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les #laissez-passer. Il faut, en effet, obtenir leur feu vert avant de renvoyer les migrants. En attendant ces accords, les migrants peuvent attendre leur rapatriement pendant des mois voire des années.

    Au Niger, par exemple, les retards s’accumulent et les migrants perdent parfois patience. « Il y a des raisons pour lesquelles les retours ne peuvent pas avoir lieu dans un court délai […] Les raisons peuvent inclure la situation politique dans le pays d’origine, les délais pour obtenir les documents de voyage pour ceux qui n’en ont pas, la logistique liée à l’organisation des vols […] », expliquait déjà en 2022 l’OIM à InfoMigrants.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63771/litalie-annonce-une-enveloppe-de-20-millions-deuros-pour-financer-des-
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #renvois #expulsions #IOM #aide_financière #rapatriements #déportations #retour_volontaire

    • En Tunisie, « le retour volontaire », nouvelle voie pour de nombreux migrants

      Face au verrouillage de la route maritime vers l’île italienne de Lampedusa, l’Organisation internationale pour les migrations propose aux volontaires de financer leurs retours vers leurs pays respectifs.

      Cette fois, c’est fini. « Le voyage est cassé », lâchent-ils. L’esprit est vide, les poches aussi. Pour ces Sénéglais, Ivoiriens ou Sierra-Léonais, les plages non loin d’El Amra, près de la ville de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, est devenu le terminus de leur « aventure ». L’Europe, leur ultime désir, reste encore une chimère. Toujours Inaccessible.

      Pour eux, une autre voie se dessine, celle d’un retour au pays. Une idée jusqu’alors impensable qu’ils commencent à évoquer du bout du bout des lèvres. Que faire d’autre ? Rejoindre l’île italienne de Lampedusa à partir des plages de Chebba ou Salakta est devenu presque impossible. Depuis le 1er janvier, seuls 432 migrants y sont parvenus, à bord d’embarcations de fortune, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ils étaient plus de 18 000 sur la même période, il y a deux ans.

      Cette chute vertigineuse des traversées clandestines s’explique par l’accord signé à l’été 2023 entre la Tunisie et l’Union européenne (UE). Avec 260 millions d’euros d’aides afin de renforcer, entre autres, les garde-côtes tunisiens, la route maritime est désormais verrouillée. « On est coincés », déplore Fatoumata Camara, une Guinéenne de 27 ans, qui tente, en ce début de soirée, de réchauffer sur sa poitrine sa fille Maryam, née il y a trois mois.

      Elles vivent dehors dans une zone boisée quasi inhabitée à l’entrée de Sfax, adossées à un muret de pierres, avec une dizaine d’autres compatriotes. En regardant son bébé s’agiter – les nuits glaciales l’empêchent de dormir –, Mme Camara s’en prend à elle-même : « Pourquoi je suis partie ? Je n’ai plus rien au pays. Les tentatives de prendre la mer ont échoué. »

      « Il faut rentrer »

      Elle se tait. Une minute, puis deux. « J’ai dépensé des milliers d’euros. Avec cette somme, j’aurais pu faire des choses chez moi. Ce voyage n’en vaut pas la peine. On a perdu notre temps, il faut rentrer », martèle-t-elle. Pour cette coiffeuse qui a quitté Conakry, il y a presque deux ans, « cette politique de nous empêcher de partir a réussi. Ils [l’UE et l’Etat tunisien] ont gagné ».

      Assis chacun sur le couvercle rouillé d’une boîte de conserve, Hassan Traoré, 22 ans, et Omar Touré, 28 ans, l’écoutent dans un silence chargé de chagrin. Eux aussi veulent rentrer en Guinée. C’est bien plus qu’une envie : ils ont entamé les démarches auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui propose aux migrants découragés par le blocage sécuritaire de financer leurs retours vers leurs pays respectifs.

      « OIM ». L’acronyme de cette agence rattachée aux Nations unies est dans de nombreuses bouches. Des taudis informels installés sur les champs d’oliviers près d’El Amra jusqu’à Tunis, les « voyageurs », comme ils se nomment, cherchent à rencontrer les employés de l’organisation.

      Au lendemain du démantèlement de l’immense camp du « kilomètre 30 », le 4 avril, certains ont accouru à son antenne de Sfax pour y déposer une demande de retour volontaire – qui comprend la prise en charge du billet d’avion, des nuitées dans un hôtel avant le départ et une aide médicale. Mais la tâche est ardue, notamment pour ceux qui vivent loin de la ville : les taxis sont chers et les louages (minibus) n’acceptent pas les « Noirs », disent certains.

      Intensifier le rythme

      « Rentrer au pays est une humiliation. Je n’irai pas au village, je ne veux pas qu’on se moque de moi, qu’on dise que j’ai échoué, confie Hassan Traoré, en jetant un œil sur un post-it jaune sur lequel est écrit son numéro de dossier, déposé le 10 avril. Mais je suis fatigué. »

      Fatigué par deux années d’enfer à traverser les déserts algérien et libyen, éreinté par un mois dans une prison sfaxienne pour « séjour irrégulier », épuisé de demander à ses proches au pays de l’argent pour manger… Alors quand l’agent de l’OIM lui a demandé « Hassan Traoré, voulez-vous retourner en Guinée ? Vous n’y êtes pas forcé », il a répondu sans hésiter : « Oui, je veux me retourner. » Et il a signé le document validant sa décision.

      Combien de migrants ont accepté ce retour volontaire ? « Seulement 1 544 » depuis le début de l’année, a indiqué le président tunisien, Kaïs Saïed, dans un communiqué, publié fin mars, pressant l’OIM d’intensifier le rythme. En réalité, l’agence onusienne ne ménage pas sa peine. D’après les statistiques communiquées par l’OIM au Monde, plus de 250 000 migrants bloqués dans six pays de transit vers l’Europe – Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte et Niger – ont été rapatriés chez eux grâce à ce programme depuis 2013. Près de 50 000 rien qu’en 2024, année record.

      En outre, selon les données transmises par la Commission européenne au Monde, Bruxelles a très largement augmenté sa contribution au budget de l’OIM, passant de 85,7 millions d’euros en 2014 à près de 600 millions d’euros en 2024. En dix ans, l’institution a ainsi reçu près de 3,2 milliards d’euros de fonds européens pour différents programmes, dont celui « des retours volontaires » que certains migrants comparent à un système de « déportation ». Ce à quoi un porte-parole de la Commission européenne riposte assurant que ces retours sont « libres et éclairés », organisés en « toute sécurité et dignité ».

      L’Italie a décidé, début avril, d’allouer 20 millions d’euros pour rapatrier les Subsahariens présents en Algérie, Tunisie et Libye vers leurs pays d’origine respectifs, toujours en coopération avec l’OIM. En juin 2023, la France avait octroyé 25,8 millions d’euros d’aide bilatérale à la Tunisie pour « contenir le flux irrégulier de migrants et favoriser leur retour dans de bonnes conditions », avait déclaré Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, lors de sa venue à Tunis.

      « Un pis-aller »

      « Toutes ces sommes d’argent sont insuffisantes », s’emporte Tarek Mahdi, député de Sfax. Ce proche du président Saïed plaide pour une réévaluation à la hausse des aides et la mise en place d’« un pont aérien » entre la Tunisie et les pays d’origine des migrants afin d’« accélérer » leur retour.

      « Pour beaucoup de fonctionnaires internationaux, le retour volontaire est perçu comme un dispositif humanitaire, un pis-aller face à des situations qu’ils ont contribué à provoquer », résume Camille Cassarini, chercheur à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, à Tunis.

      Depuis plusieurs années, ce programme essuie de nombreuses critiques des défenseurs des droits humains à cause des conditions dans lesquelles il est proposé. « Nous avons toujours remis en question le caractère volontaire de ces retours, car ces personnes migrantes sont interdites de se déplacer, de travailler, d’être hébergées, elles sont privées de tout droit », explique Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui décrit l’OIM comme une « agence au service des politiques migratoires européennes », dénonçant « la complicité de l’Etat » tunisien.

      Dire « la vérité » aux plus jeunes

      D’ailleurs, en Libye, le Haut-Commissariat aux droits humains des Nations unies avait jugé en 2022 qu’en « raison de l’absence de consentement libre, préalable et éclairé et de voies alternatives viables, sûres et régulières pour la migration », de nombreux migrants sont « effectivement contraints d’accepter des retours ».

      Au Monde, l’OIM reconnaît « que les options offertes aux migrants confrontés à la perspective d’un retour peuvent être limitées et ne pas correspondre aux souhaits de l’individu ». Toutefois, elle défend ce choix « préférable », car « l’aide au retour représente souvent une solution salvatrice pour de nombreux migrants qui vivent dans des conditions particulièrement déplorables ».

      « Salvatrice ? » C’est ce que ressent Omar Touré, ce Guinéen qui vivote à l’entrée de Sfax : il se sent soulagé. Il a averti sa mère pour lui dire qu’il allait rentrer. « Elle a pleuré », lance-t-il. Sept années qu’il a quitté son pays. « Ce voyage, c’est une maladie psychologique. Mentalement et physiquement, nous sommes enfermés », argue-t-il.

      Maintenant, il attend un appel de l’OIM pour lui proposer un départ pour Conakry. Cela peut prendre des semaines ou des mois : l’agence doit vérifier son identité avec les autorités de son pays – il a déchiré ses papiers au début de son voyage – avant que celui-ci ne lui délivre un passeport. Omar Touré a juré, une fois sur ses terres, qu’il dirait « la vérité » aux plus jeunes : ne pas tenter d’aller en Europe. « La mort vous accompagne tout au long de ce voyage, clame-t-il. C’est une fausse route. »

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/18/en-tunisie-le-retour-volontaire-nouvelle-voie-pour-de-nombreux-migrants_6597

    • L’#OIM intensifie les «#retours_volontaires» de migrants depuis la #Tunisie

      En Tunisie, les migrants sont de plus en plus nombreux à demander à bénéficier du programme de « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Pour le seul mois d’avril, 1 009 personnes sont rentrées dans leur pays d’origine via ce dispositif. Un chiffre en hausse alors que le président tunisien met la pression sur les instances internationales pour intensifier les rapatriements.

      Mardi 29 avril, 80 migrants sont montés dans des avions depuis l’aéroport de Tunis pour rentrer dans leur pays d’origine respectif (Mali, Sierra Leone et Côte d’Ivoire). Quelques jours plus tôt, le 24 avril, ils étaient 149 Guinéens à retourner chez eux. Même scène le 17 avril, avec 142 personnes originaires elles aussi de Guinée.

      Ce genre d’opérations de rapatriement s’inscrit dans le cadre du programme de « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM), qui permet aux exilés d’être rapatriés chez eux et de bénéficier d’un soutien financier pour développer leur projet au pays.

      Et ce dispositif tourne à plein régime ces dernières semaines en Tunisie. Pour le seul mois d’avril, un total de 1 009 migrants ont bénéficié du « retour volontaire » de l’ONU, selon le porte-parole de la Direction générale de la sécurité nationale, le colonel Imad Mamacha, cité par la presse tunisienne. En mai, les retours de ce type devraient encore s’amplifier avec la mise en place d’un vol spécial par semaine en plus des vols commerciaux, précise Imad Mamacha.
      « Il faut que l’UE contribue au financement du retour des personnes dans leurs pays »

      Fin mars, le président tunisien Kaïs Saïed avait appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des personnes subsahariennes en situation irrégulière vers leurs pays d’origine. Le chef de l’État avait alors regretté que « seulement 1 544 migrants » avaient été rapatriés durant les trois premiers mois de l’année.

      Ce nombre « aurait pu être bien plus élevé si davantage d’efforts avaient été menés pour mettre un terme à ce phénomène inacceptable tant sur le plan humanitaire que juridique », pouvait-on lire dans la déclaration présidentielle. Kaïs Saïed avait demandé à « toutes les autres organisations » concernées par ce problème à soutenir également « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le ’retour volontaire’ des migrants irréguliers ».

      En 2024, un nombre record d’exilés étaient retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022.

      « Il faut que les organisations responsables fassent leur travail dans les plus brefs délais et que les pays de l’Union européenne (UE) contribuent au financement du retour des personnes dans leurs pays. Cela nécessite plus que les 20 millions d’euros répartis entre trois pays maghrébins », a aussi exhorté la semaine dernière le député de Sfax (centre-est de la Tunisie) Tarak Mahdi, joint par InfoMigrants.

      L’Italie a annoncé, début avril, le versement d’une allocation de 20 millions d’euros pour financer le « retour volontaire » vers les pays d’origine des migrants en situation irrégulière présents en Tunisie, en Libye et en Algérie. Cette somme s’ajoute aux montants prévus dans l’accord signé en juillet 2023 entre l’Union européenne et la Tunisie : 150 millions d’euros « pour favoriser la relance de l’économie à travers l’amélioration de la gestion des finances publiques et du climat des affaires et investissements », ainsi que 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière.
      Vaste opération de démantèlements des camps

      On estime que le nombre de migrants irréguliers en Tunisie se situe entre 20 000 et 25 000, selon les chiffres des ONG. Ils survivent dans des camps de fortune insalubres au milieu des champs d’oliviers d’El-Amra, près de Sfax, dans l’attente d’embarquer clandestinement sur un canot pour l’Europe. Ces camps ont commencé à se former après que les migrants ont été chassés du centre-ville de Sfax durant l’été 2023.

      Début avril, la Garde nationale tunisienne a mené une opération d’ampleur dans la région. Plusieurs campements disséminés le long de la route qui mène de Sfax à Jebeniana ont été démolis par les autorités – des évacuations qui perdurent encore aujourd’hui.

      D’après Tarak Mahdi, ces expulsions font suite à de nombreuses plaintes déposées par des propriétaires d’oliveraies empêchés d’accéder à leur terrain.

      « Parmi les migrants expulsés, plusieurs centaines ont demandé le ’retour volontaire’. Des bus les ont conduits dans des hébergements temporaires [dans l’attente de leur départ, ndlr] », avait encore indiqué le député de Sfax, proche du pouvoir.

      Mais d’après le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), seules les personnes dont le dossier de « retour volontaire » était prêt ont été emmenées vers des centres d’hébergement de l’OIM. Les autres se sont dispersés ou ont rejoint d’autres campements, dans le plus grand dénuement.
      Un quotidien « infernal » en Tunisie

      Le quotidien des Africains subsahariens est devenu « infernal » en Tunisie, d’après de nombreux témoignages reçus par InfoMigrants ces dernières années – notamment depuis février 2023 quand le président Kaïs Saïed a dénoncé, dans un discours virulent, l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays.

      Les mois suivants, des milliers de migrants avaient été chassés de leurs logements et leurs emplois informels. Plusieurs ambassades africaines avaient procédé au rapatriement express de leurs ressortissants, à la suite d’agressions. Des rafles de Noirs ont été organisées par les autorités tunisiennes pour ensuite les abandonner dans le désert, à la frontière libyenne ou algérienne. À l’été 2023, une centaine de personnes y étaient mortes de soif, selon les humanitaires.

      Ces expulsions illégales, largement dénoncées par les ONG et les instances internationales, n’ont jamais cessé en Tunisie. Le 17 mars dernier, plus de 600 personnes ont disparu après avoir été interceptées en mer par les gardes-côtes tunisiens. Elles ne sont pas revenues dans les champs d’oliviers d’El-Amra. InfoMigrants est parvenu à entrer en contact avec une soixantaine de ces exilés : ils se trouvaient alors à Tebessa, ville algérienne près de la frontière tunisienne, après avoir été abandonnés dans le désert par les forces tunisiennes.

      Les exilés sont constamment harcelés par la population et les autorités. Partout en Tunisie, les Noirs sont de plus en plus empêchés de travailler, de louer des appartements et même d’utiliser les transports publics. Ils sont interpellés chez eux, dans la rue, les commerces, les taxis...
      Condamnations à la chaîne pour « séjour irrégulier »

      Après une arrestation, ils risquent aussi de croupir dans une prison tunisienne. Les Subsahariens sont en effet de plus en plus nombreux à être condamnés pour « séjour irrégulier » par la justice et à écoper de plusieurs mois de détention aux côtés de prisonniers de droit commun.

      Les audiences pour « séjour irrégulier » se déroulent à la chaîne. Lors de son passage au tribunal début novembre, un Guinéen dit s’être retrouvé au côté d’une trentaine de Subsahariens, dont deux mineurs, une dizaine de femmes et une enceinte de huit mois. Tous ont été inculpés car en situation irrégulière sur le territoire tunisien. La situation est telle que « les prisons sont remplies de migrants subsahariens », selon un Ivoirien contacté par InfoMigrants.

      Ce passage en détention reste un traumatisme pour les exilés. Comme à l’extérieur, le racisme et les mécanismes de domination ressurgissent dans les établissements pénitentiaires de Tunisie. Les Noirs sont parqués dans un coin de la pièce, le plus souvent près des toilettes. Ils doivent partager des lits à cinq ou six personnes, quand les Tunisiens dorment à deux sur la même couchette. Si la pièce est saturée, des exilés peuvent être contraints de dormir à même le sol. Les migrants disent aussi subir la violence des détenus tunisiens. « Quand tu arrives dans la prison, si tu as la peau noire, tu deviens une cible », a témoigné à InfoMigrants un exilé subsaharien.

      Dans ce contexte, pour la plupart d’entre eux, le retour au pays reste la seule solution, même si beaucoup éprouvent de la honte d’avoir « échoué » et peuvent être rejetés par leur famille. « La migration est vue comme un investissement de la part de la famille, de la communauté [beaucoup de familles pauvres contribuent à payer les passeurs pour le voyage, ndlr]. Donc leur retour au pays, sans résultats, notamment financiers, peut être mal perçu », expliquait à InfoMigrants Denise Origlia, cheffe de projet au sein de l’association italienne AVSI en Côte d’Ivoire.

      Ainsi, pour beaucoup de spécialistes, le « retour volontaire » s’impose, le plus souvent, aux exilés malgré eux. « Le terme de ‘retour volontaire’ [utilisé par la présidence tunisienne] est largement critiqué parmi les migrants, car il s’est transformé en un retour forcé », affirme à France 24 Romdhane Ben Amor, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants dans le pays.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/64293/loim-intensifie-les-retours-volontaires-de-migrants-depuis-la-tunisie

    • Alarmstufe Rot in Tunesien

      Bulldozer, Feuer und jetzt wieder IOM-Flüchtlingslager?

      Laut der Europäischen Kommission, der Regierung Meloni und der künftigen deutschen Regierung ist Tunesien ein sicheres Land. Allerdings schlägt Tunesien derzeit ein neues Kapitel im Krieg der EU gegen afrikanische Migrant:innen auf. Die provisorischen Lager dieser Menschen werden mit Bulldozern und Feuer zerstört. 30.000 Menschen verlieren ihre letzten Lebensgrundlagen. Hunderte versammeln sich vor den regionalen IOM-Büros und in Tunis, um sich „freiwillig“ rückführen zu lassen. Das tunesische Militär und die IOM errichten, so heißt es, neue, mit Zäunen umgebene Lager in der Wüste und an der algerischen Grenze.

      Echoes und Migration-Control-Info haben wiederholt über die Entwicklungen in Tunesien berichtet, nach der rassistischen Rede von Präsident Saied und dem EU-Tunesien-Deal im Jahr 2023 sowie den illegalen Massenabschiebungen und der Aussetzung afrikanischer Migranten in der Wüste. Schwarze Afrikaner:innen wurden aus Städten wie Tunis und Sfax vertrieben und fanden Zuflucht in provisorischen Lagern unter Olivenbäumen entlang der Hauptstraße, die von Sfax nach Norden führt. Die Lager befanden sich zwischen Kilometer 10 und 40, in der Nähe der kleineren Städte El Amra und Jebiniana. Im Laufe der Zeit entstanden in diesen Lagern einige selbstorganisierte Strukturen zum Überleben, wie Badezelte, Kliniken, Kochzelte, ein Moscheebereich, Bildungsstätten für Kinder, einige Sportanlagen und sogar ein Gericht zur Schlichtung von Streitigkeiten. Insgesamt wurden 36 Lager gezählt: 19 in Al-Amra (zwischen Kilometer 20 und 30) und 17 in Jebiniana (zwischen Kilometer 31 und 40).

      Die Situation in den Lagern wurde jedoch zunehmend schlimmer - vor allem, weil die Überfahrt nach Lampeduza immer gefährlicher und komplizierter wurde. Die grausame Effizienz der mit EU-Mitteln ausgestatteten tunesischen Küstenwache, die von FRONTEX-Drohnen unterstützt wird, führte dazu, dass die Menschen auf der Flucht in Tunesien unter entsetzlichen Bedingungen gestrandet sind. Auch die Armut der verschiedenen Gemeinschaften nahm zu: Migranten aus westafrikanischen Krisenregionen konnten von ihren Familien nicht mehr unterstützt werden, und Migranten aus den Flüchtlingslagern in Darfur und im Tschad hatten ohnehin kein Geld. Die Suche nach Mitteln zum Überleben führte zu Problemen mit der einheimischen Bevölkerung und nährte rassistische Vorurteile.

      Le Monde schrieb am 19.04.25:
      Es ist fast unmöglich geworden, die italienische Insel Lampedusa von den Stränden von Chebba oder Salakta aus zu erreichen. Seit dem 1. Januar haben es nach Angaben des Hohen Flüchtlingskommissars der Vereinten Nationen (UNHCR) nur 432 Migranten an Bord von Behelfsbooten geschafft, die Insel zu erreichen. Im gleichen Zeitraum vor zwei Jahren waren es noch mehr als 18.000.

      Am 3. April erklärte der Sprecher der tunesischen Nationalgarde, Houssem El Din Jebabli, dass die Lager aufgelöst würden. Die Räumungsaktionen in der sogenannten Olivenhain-Region dauern nun schon seit Wochen an. Die Nationalgarde kündigte an, dass alle Personen, die keine Rückführung durch die IOM beantragen, in der Wüste ausgesetzt würden.

      Über die aktuelle Lage berichteten Nawaat sowie Mirco Keilberth in ND 09.04.25 und ND 14.04.25 sowie Le Monde 19.04.25.

      Die Flüchtlinge versuchen, sich tiefer in den Olivenplantagen zu verstecken, und viele von ihnen sind an andere Orte gezogen. Hunderte versammeln sich vor den Büros der IOM. Die IOM sagt, sie könne derzeit keine Rückführung organisieren, aber es gibt Gerüchte über ein neues IOM-Lager, das westlich von Beja in einem Tal mit steilen Berghängen an der Grenze zu Algerien errichtet werden soll, sodass die tunesischen Grenzsoldaten nur eine Seite des Tals bewachen müssten. Außerdem gibt es Informationen, dass das tunesische Militär ein militarisiertes Internierungslager in der Wüste von Remada eröffnen will, in einem militärischen Sperrgebiet, in dem afrikanische Migranten konzentriert werden sollen.

      Die Regierung Meloni hat kürzlich 20 Millionen Euro für den Umgang mit den Migranten bereitgestellt, und es scheint, dass dieses Geld nicht für Rückführungen, sondern für Internierungslager verwendet wird.

      Erinnern wir uns an Choucha! Die IOM ist wieder im Spiel.

      Update 29.04.25

      Die Polizei hat inzwischen erklärt, nur die größeren Camps auf Privatgelände räumen zu wollen. Weiterhin versuchen viele Menschen, entlang der Eisenbahnschienen zu Fuß nach Tunis zu gelangen. Bei Km 10 hat sich zwischen Sidi Mansour und Hagouna ein neues Camp auf Staatsland gebildet, das von den Behörden offenbar geduldet wird.

      In allen größeren Lagern herrschen Chaos und zunehmende Gewalt. Einige kleinere Lager werden geduldet - dort, wo die Männer einen Job in der Landwirtschaft gefunden haben.

      Von den Straßen und Märkten halten sich Schwarze Afrikaner:innen fern. Nur in kleinen Gruppen bieten sie ihre Arbeitskraft an.

      Am 28.04. ereignete sich vor der tunesischen Küste ein großes Schiffsunglück. Acht Personen starben bei dem Versuch, den Tunesischen Verhältnissen zu entfliehen. InfoMigrants schrieb am 28.04.25: „Die Dramen vor der tunesischen Küste reihen sich aneinander. Am Montag, den 28. April, teilte ein Sprecher der tunesischen Nationalgarde der Nachrichtenagentur AFP mit, dass acht Migranten nach dem Untergang ihres Bootes vor der Küste von El Aouabed in der Nähe der Großstadt Sfax im mittleren Osten des Landes tot aufgefunden worden waren. Der Schiffbruch hatte sich am Sonntagmorgen ereignet und 29 Menschen konnten gerettet werden. Laut dem Sprecher Houcem Eddine Jebabli waren alle Schiffbrüchigen Ausländer verschiedener Nationalitäten, darunter auch Personen aus Subsahara-Afrika.“

      Was geschah mit den Geretteten?
      DasAlarm Phone meldet am 01.05.: „Wir mussten erfahren, dass die Gruppe in Not, über die wir die Behörden alarmiert hatten, Schiffbruch erlitten hatte. Nur wenige Menschen haben überlebt, sie wurden sofort in die Wüste deportiert. Sie versuchten, vor der unerträglichen Situation in #Tunesien zu fliehen. Black Lives Matter, überall!“

      https://migration-control.info/de/blog/tunesien-alarmstufe-rot

      –-> traduction en anglais:
      High alert in Tunisia
      https://civilmrcc.eu/political-developments/high-alert-in-tunisia

  • #Migrations, #énergie : la méthode italienne qui séduit l’Afrique du Nord

    La France perd de l’influence en Algérie, et cela profite à l’Italie. Le gouvernement de #Giorgia_Meloni a un plan pour l’#Afrique_du_Nord, axé sur les #hydrocarbures et la migration. Le courant passe bien d’Alger à Tunis ou Tripoli. Prochaine étape pour Rome : la #Mauritanie. Entretien avec Anne Marijnen, maîtresse de conférences en Science politique, Université Paris 8, laboratoire Cresppa.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63683/migrations-energie--la-methode-italienne-qui-seduit-lafrique-du-nord
    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/carrefour-du-maghreb/20250329-migrations-%C3%A9nergie-la-m%C3%A9thode-italienne-qui-s%C3%A9duit-l-afr
    #Italie #France #néo-colonialisme #externalisation #migrations #Tunisie #Libye #podcast #audio

    ping @karine4

  • Migrations, énergie : la méthode italienne qui séduit l’Afrique du Nord - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63683/migrations-energie--la-methode-italienne-qui-seduit-lafrique-du-nord

    Migrations, énergie : la méthode italienne qui séduit l’Afrique du Nord
    Par RFI Publié le : 31/03/2025
    La France perd de l’influence en Algérie, et cela profite à l’Italie. Le gouvernement de Giorgia Meloni a un plan pour l’Afrique du Nord, axé sur les hydrocarbures et la migration. Le courant passe bien d’Alger à Tunis ou Tripoli. Prochaine étape pour Rome : la Mauritanie. Entretien avec Anne Marijnen, maîtresse de conférences en Science politique, Université Paris 8, laboratoire Cresppa.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#libye#algerie#tunisie#politiquemigratoire#economie#mauritanie

  • Tunisie : des centaines de migrants interceptés en mer disparaissent des radars - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63660/tunisie--des-centaines-de-migrants-interceptes-en-mer-disparaissent-de

    Tunisie : des centaines de migrants interceptés en mer disparaissent des radars
    Par Leslie Carretero Publié le : 27/03/2025
    Des centaines de migrants ont été abandonnés dans le désert, à la frontière algérienne et libyenne, après avoir été interceptés en mer par les forces tunisiennes, le 17 mars. Ce genre d’expulsion est courante en Tunisie depuis l’été 2023, mais celle-ci impressionne par son ampleur. Certaines sources évoquent un nombre total de 600 exilés lâchés au même moment dans des zones désertiques.
    Que s’est-il passé dans la nuit de dimanche 16 à lundi 17 mars à Sfax, dans le centre-est de la Tunisie ? Cette nuit-là, 612 migrants subsahariens ont été interceptés en mer par les gardes-côtes tunisiens, avait déclaré la Garde nationale. Dix-huit corps ont également été retrouvés.
    Mais depuis cette opération d’ampleur, ces exilés interceptés par les autorités ont disparu des radars. « Ils ne sont pas revenus dans le campement », assure à InfoMigrants Abdul*, un médecin Sierra-Léonais qui vit dans les champs d’oliviers de la périphérie de Sfax. C’est là que des milliers de Subsahariens ont érigé des abris de fortune, après avoir été chassés des centres-villes par les autorités tunisiennes à l’été 2023, en attendant de traverser la Méditerranée.
    Comment Abdul peut-il en être si sûr ? « Un groupe de 600 personnes qui s’évapore dans la nature, ça ne passe pas inaperçu ici », signale celui qui sillonne les camps disséminés dans la région pour soigner les migrants malades ou blessés.
    Alors, où sont-ils ? Après plusieurs jours de recherches, InfoMigrants est parvenu à entrer en contact avec certains de ces 612 Subsahariens. « On est à Tébessa [ville algérienne proche de la frontière tunisienne, ndlr] », indique Lamine, un Gambien de 26 ans joint par InfoMigrants via un appel vidéo. « Après nous avoir récupérés en mer dans la nuit de dimanche 16 à lundi 17 mars, les gardes-côtes tunisiens nous ont envoyés dans le désert », précise-t-il."Il y avait cinq bus, tous remplis de Noirs", renchérit Oumarou, un Sierra-Léonais de 31 ans, présent aux côtés de Lamine. Selon leurs estimations, environ 200 personnes auraient été expulsées dans le désert, près du parc national de Chambi, à une trentaine de kilomètres de la frontière algérienne. Les exilés, dépouillés de leurs affaires, ont été lâchés au milieu de nulle part, en pleine nuit.
    Après quatre jours de marche, une soixantaine d’entre eux a trouvé refuge dans une maison près de Tébessa, tenue par un ressortissant Sierra-Léonais qui s’est installé là après son expulsion dans la région par les forces tunisiennes il y a un an. Dans ce groupe de migrants anglophones se trouvent des femmes, dont certaines enceintes, et des enfants. « Regardez ma tête », dit Aminata*, une Sierra-Léonaise enceinte de quatre mois, jointe par vidéo. « Je suis épuisée, j’ai mal partout », ajoute-t-elle en montrant ses pieds abîmés par ces longs jours de marche.
    Plusieurs de ces Subsahariens présentent des blessures causées par le mélange d’eau salée et d’essence dans le bateau. Oumarou nous montre un enfant de 13 ans, l’air épuisé, avec des plaies au poignet. « Ils [les policiers tunisiens, ndlr] lui ont mis des menottes sur sa blessure, ce qui a aggravé les choses », explique Lamine.
    Lorsque les exilés sont envoyés dans le désert, ils sont menottés par les agents de la Garde nationale. Généralement, les enfants en sont exemptés. Les témoignages évoquent aussi des violences commises par les policiers dans les bus. « Ils nous ont frappés avec des bâtons. Certains ont été blessés aux jambes et aux bras », raconte Oumarou.
    L’ONG italienne Mediterranea Saving Human affirme dans un communiqué, publié le 20 mars, que l’ensemble des 612 migrants interceptés dans la nuit du 16 au 17 mars ont été envoyés dans le désert. « De nos réseaux de solidarité présents en Tunisie, nous avons la confirmation d’un refoulement et d’une expulsion à grande échelle qui ont eu lieu depuis le port de Sfax, à l’issue d’opérations de ’sauvetage’ en mer, menées entre dimanche 16 et lundi 17 mars, pour plusieurs personnes qui tentaient de traverser vers l’Italie », écrit l’organisation. Mediterranea Saving Human rapporte que l’opération « a mobilisé 11 bus ».
    InfoMigrants n’a pas été en mesure de vérifier toutes ces informations, notamment sur le nombre de bus mobilisés.
    Où seraient les autres migrants interceptés en mer, s’ils ne sont pas à Tébessa ? D’après le groupe d’exilés anglophones, des personnes ont également été expulsées vers la frontière libyenne, « majoritairement des Soudanais ».Quand les migrants sont transmis aux forces libyennes, ils sont ensuite transférés dans des prisons du pays. Pour en sortir, ils doivent débourser des centaines d’euros. « On aura plus d’informations d’ici quelques jours, voire quelques semaines, quand ils seront libérés et qu’ils retrouveront un téléphone », pense Salif*, un Guinéen installé en Tunisie depuis deux ans. Le jeune homme d’une vingtaine d’années est aussi sans nouvelles de plusieurs de ses amis interceptés en mer cette fameuse nuit du 16 au 17 mars.
    Contactées par InfoMigrants, les autorités tunisiennes affirment ne pas « avoir de données » sur cette affaire. Tout comme l’Organisation internationale des migrations (OIM) qui « ne dispose pas d’informations ni de données précises à ce sujet ».Ce genre d’expulsion n’est pas rare en Tunisie, mais celle-ci impressionne par son ampleur. Depuis l’été 2023, les Subsahariens sont régulièrement raflés par la police tunisienne dans la rue, et interceptés en mer, puis envoyés par petits groupes dans des zones désertiques, aux frontières du pays. Les exilés doivent ensuite revenir par leurs propres moyens. InfoMigrants a reçu de nombreux témoignages de Subsahariens traumatisés par ces expulsions illégales.
    « Plusieurs fois par semaine, on voit passer des bus, où s’entassent des migrants, faire route vers la frontière dans la nuit », confirme un habitant de Tozeur (ville tunisienne située à quelques kilomètres de l’Algérie), qui préfère rester anonyme.
    Ces dernières années, les organisations de défense des droits n’ont eu de cesse de dénoncer les méthodes brutales des autorités tunisiennes à l’encontre des Noirs dans le pays. Elles accusent par ailleurs l’Union européenne (UE) de complicité dans ces violations des droits.Sous l’impulsion de l’Italie, l’UE a conclu en juillet 2023 un « partenariat » avec la Tunisie prévoyant une aide budgétaire de 150 millions d’euros et l’octroi de 105 millions d’euros pour aider le pays à lutter contre l’immigration irrégulière. Ces aides ont débouché sur une hausse des interceptions de bateaux clandestins en 2024 et ont contribué à une nette réduction des arrivées en Italie (-80 % sur un an l’année dernière par rapport à 2023 avec 19 246 arrivées depuis la Tunisie).

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#expulsion#UE#italie#libye#sante#droit#politiquemigratoire

  • Tunisie : le président Kaïs Saïed veut intensifier les retours « volontaires » de migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63621/tunisie--le-president-kais-saied-veut-intensifier-les-retours-volontai

    Tunisie : le président Kaïs Saïed veut intensifier les retours « volontaires » de migrants
    Par La rédaction Publié le : 26/03/2025
    Dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi, le président tunisien a appelé à intensifier les efforts pour augmenter les « retours volontaires » des migrants en situation irrégulière. « Seulement » 1 500 personnes ont été rapatriées depuis le début de l’année, selon la présidence. Des dizaines de milliers d’Africains subsahariens survivent actuellement dans le pays, harcelés par les autorités.
    Le président tunisien Kaïs Saïed a appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des personnes subsahariennes en situation irrégulière vers leurs pays d’origine. « Seulement 1 544 migrants », en Tunisie, ont été rapatriés dans leurs pays depuis le début de l’année, a indiqué le président tunisien, dans un communiqué publié dans la nuit de mardi 25 à mercredi 26 mars.
    Ce nombre « aurait pu être bien plus élevé si davantage d’efforts avaient été menés pour mettre un terme à ce phénomène inacceptable tant sur le plan humanitaire que juridique », peut-on lire dans la déclaration présidentielle. Kaïs Saïed a appelé « toutes les autres organisations » concernées par ce problème à soutenir également « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le retour volontaire des migrants irréguliers ».
    Selon une source humanitaire contactée par InfoMigrants, « il faudrait déjà que les militants des ONG emprisonnés [des militants tunisiens d’aide aux migrants notamment, détenus pour la plupart depuis plus de dix mois, ndlr] soient libérés avant de nous demander de l’aide ».
    Sur l’ensemble de l’année 2024, 7 250 migrants subsahariens vivant en Tunisie sont rentrés « volontairement » dans leur pays via l’Organisation internationale des migrations (OIM), a indiqué fin janvier le secrétaire d’État tunisien auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ben Ayed. On estime que le nombre de migrants irréguliers en Tunisie se situe entre 20 000 et 25 000, selon les chiffres des ONG. Ils survivent dans des camps de fortune insalubres au milieu de champs d’oliviers autour de Sfax (centre-est), dans l’attente de tenter d’embarquer clandestinement sur un canot pour l’Europe.
    Dans une interview à France 24, Romdhane Ben Amor, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants dans le pays, affirme que « le terme de ‘retour volontaire’ [utilisé par la présidence] est largement critiqué parmi les migrants, car il s’est transformé en un retour forcé ».
    En effet, selon les témoignages recueillis depuis des années par InfoMigrants, le quotidien des Africains subsahariens est devenu « infernal » dans le pays – notamment depuis février 2023 quand le président Kaïs Saïed a dénoncé, dans un discours virulent, l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays.
    Les mois suivants, des milliers de migrants avaient été chassés de leurs logements et leurs emplois informels. Plusieurs ambassades africaines avaient procédé au rapatriement express de leurs ressortissants, à la suite d’agressions. Des rafles de migrants noirs ont été organisées par les autorités pour ensuite les abandonner dans le désert, à la frontière libyenne ou algérienne. Les exilés sont constamment harcelés par la population et les autorités. Partout en Tunisie, les Noirs sont de plus en plus empêchés de travailler, de louer des appartements et même d’utiliser les transports publics.
    La photo d’une mère de famille et de sa fille de six ans gisant sur le sable avait fait le tour des réseaux sociaux à l’été 2023, car elle symbolisait la détresse de ces exilés livrés à eux-mêmes sous une chaleur écrasante.
    Ces expulsions illégales, largement dénoncées par les ONG et les instances internationales, n’ont jamais cessé en Tunisie. InfoMigrants a reçu le témoignage d’un Guinéen interpellé en novembre 2024 par des policiers en Tunisie. Après des heures de route en plein désert, il a été remis – avec d’autres migrants - aux forces libyennes au beau milieu de la nuit, puis envoyés dans une prison de la banlieue de Tripoli. En septembre, la rédaction avait également reçu le témoignage d’un Sierra Léonais envoyé dans le désert, à la frontière algérienne, avec très peu d’eau et de nourriture."Si vous êtes noir, ce n’est plus possible de vivre ici" : en Tunisie, ces migrants qui ont changé de plan de vie face au racisme
    En janvier 2025, un rapport de chercheurs, restant anonymes, a même été présenté au Parlement européen. Il révèle, à travers des témoignages, le business opéré à la frontière tuniso-libyenne : les autorités des deux pays s’échangent des groupes de migrants - hommes, femmes et enfants - contre de l’argent. La Tunisie est un point de passage clé pour des milliers de migrants et réfugiés de pays d’Afrique subsaharienne désireux de rejoindre les côtes italiennes, situées à moins de 150 km de Sfax. Des centaines de Tunisiens tentent également la traversée périlleuse de la Méditerranée chaque année. Plus de 66 000 migrants sont arrivés en Italie par la mer en 2024, notamment depuis les côtes tunisiennes.
    Le pays a conclu en juillet 2023 un « partenariat » avec l’Union européenne, prévoyant 255 millions d’euros d’aides financières dont la moitié pour lutter contre l’immigration irrégulière.

    #Covid-19#migrant#migration#routemigratoire#UE#libye#expulsion#igrationirreguliere#racisme#violence#sante

  • Tunisie : plus de 600 migrants secourus dans plusieurs opérations en mer, au moins 18 morts - InfoMigrants
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    Tunisie : plus de 600 migrants secourus dans plusieurs opérations en mer, au moins 18 morts
    Par La rédaction Publié le : 18/03/2025
    La garde nationale tunisienne a annoncé avoir secouru, dans la nuit de dimanche à lundi, 612 migrants subsahariens qui tentaient de rallier l’Europe en traversant la Méditerranée. Dix huit corps, dont certains d’enfants, ont également été repêchés en mer.
    C’est une nouvelle tragédie survenue au large des côtes tunisiennes. Dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 mars, 612 migrants subsahariens qui cherchaient à atteindre l’Europe ont été interceptés en mer Méditerranée et ramenés à terre. Mais 18 corps ont également été découverts, dont certains étaient ceux d’enfants.
    Des vidéos diffusées par des gardes-côtes rattachés à la garde nationale montrent des personnes épuisées, parfois munies de grosses bouées noires, notamment des femmes et des enfants dont certains paraissent morts.
    Sur les images, on voit au moins un corps flottant dans la mer, des hommes, des femmes et des enfants en grande détresse sur un bateau plus grand, et d’autres essayant de nager vers le navire des gardes-côtes. Elles montrent également une femme qui hisse avec difficulté un enfant le corps tout rigide, visiblement sans vie, à bord du bateau de la marine. D’autres migrants secourus, complètement exténués, boivent de l’eau versée par les forces tunisiennes.
    Des unités de la garde maritime du centre du pays « ont réussi à faire échouer plusieurs tentatives séparées de rallier clandestinement l’espace européen », a indiqué lundi la direction de la garde nationale dans un communiqué.
    Avec la Libye, la Tunisie, dont le littoral se trouve à certains endroits à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, est devenue ces dernières années le principal point de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à gagner l’Europe.Des milliers de migrants subsahariens - 20 à 25.000 selon des sources humanitaires - s’entassent depuis des mois dans des campements de fortune sans eau potable ni hygiène ni soins médicaux, au milieu d’oliveraies près de villages comme El Amra, à une trentaine de km au nord de Sfax, à proximité des plages de départs des canots.Parmi ces exilés, de très nombreuses femmes affirment avoir été agressées sexuellement dans le pays. Des grossesses non désirées résultent de ces viols et mettent en danger la vie de ces exilées.Un grand nombre d’exilés ont été chassés de Sfax, deuxième ville tunisienne depuis l’été 2023, d’autres sont arrivés ces derniers mois.Des internautes tunisiens ont publié récemment des appels, pour certains à relents racistes, pour que les autorités les évacuent, se plaignant de voir leurs champs d’oliviers occupés par des centaines de tentes, avec une accumulation d’ordures sur leurs propriétés.
    Selon un communiqué de l’Unicef publié début janvier, le nombre de migrants morts ou disparus en Méditerranée « a dépassé les 2 200 personnes en 2024, dont près de 1 700 vies perdues » sur la dangereuse route de Méditerranée centrale, entre l’Afrique du nord et les côtes italiennes. « La majorité de ces migrants fuient des conflits violents et la pauvreté », a rappelé l’organisation. A la suite d’une campagne déclenchée par un discours aux accents xénophobes du président tunisien Kais Saied en février 2023, des milliers de migrants d’Afrique subsaharienne avaient été rapatriés par leurs pays au printemps, tandis que les tentatives d’émigration clandestine vers l’Europe s’étaient accélérées.Sous l’impulsion de l’Italie, l’Union européenne a conclu en juillet 2023 un « partenariat » avec la Tunisie prévoyant une aide budgétaire de 150 millions d’euros et l’octroi de 105 millions d’euros pour aider le pays à lutter contre l’immigration irrégulière. Ces aides ont débouché sur une hausse des interceptions de bateaux clandestins en 2024 et une nette réduction des arrivées en Italie (-80 % sur un an l’année dernière par rapport à 2023 avec 19 246 arrivées depuis la Tunisie).

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#libye#italie#migrationirreguliere#routemigratoire#UE#mediterranee#traversee#mortalite#sante#mineur

  • Au Niger, l’armée affirme avoir secouru cinquante migrants « en détresse » dans le désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/17/au-niger-l-armee-affirme-avoir-secouru-cinquante-migrants-en-detresse-dans-l

    Au Niger, l’armée affirme avoir secouru cinquante migrants « en détresse » dans le désert
    Le Monde avec AFP
    Cinquante migrants « en détresse » ont été secourus en fin de semaine dans le nord désertique du Niger, près de la frontière libyenne, point de passage sur la route vers l’Europe, a annoncé dimanche 16 mars l’armée nigérienne.Les cinquante migrants, dont vingt femmes et douze enfants, étaient « en détresse sous des conditions climatiques extrêmes » lorsque le véhicule qui les transportait est tombé en panne, vendredi, a précisé l’armée dans son dernier bulletin des opérations.C’est un détachement de la brigade d’intervention rapide des militaires qui leur a « porté secours » dans la zone nigérienne de Djado, à quelque 200 kilomètres de la frontière libyenne, a-t-elle indiqué.
    Les migrants ont reçu les « soins d’urgence » après leur évacuation vers le « puits de l’espoir », un point d’eau rarissime dans cette région où les voyageurs et des milliers de migrants font souvent escale dans leur périlleuse traversée du désert. L’armée ne précise pas les nationalités des cinquante personnes, qui se dirigeaient vers la Libye.En 2024, plus de 31 000 migrants ont été expulsés d’Algérie vers le Niger voisin, selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara (APS), qui évoque un chiffre record. En janvier 2025, 770 migrants nigériens, dont une soixantaine d’enfants, ont été expulsés de Libye, avait indiqué l’armée. Ces derniers avaient été encadrés côté Niger par une escorte militaire et leur accueil avait été coordonné par l’armée et l’Organisation internationale pour les migrations.
    En novembre 2023, le nouveau régime militaire nigérien, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat quelques mois plus tôt, avait abrogé une loi de 2015 criminalisant le trafic des migrants. Depuis, « de nombreuses personnes se déplacent librement » sur « les routes » de la migration « sans craindre les représailles » qu’elles encouraient avant, d’après APS. L’ONG dénonce régulièrement les « traitements violents » voire « mortels » à l’encontre des migrants Ouest-Africains lors d’opérations de refoulement effectuées par l’Algérie et la Libye vers le Niger.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#refoulement#frontiere#algerie#libye#sante#violence#APS

  • Italie : peut-on faire #justice sur les #crimes contre les migrants ?

    Les #procès contre les #passeurs de migrants se sont récemment multipliés en Italie. Mais les suspects ne sont souvent accusés que d’être des passeurs. Les charges d’#enlèvement, d’#assassinat, d’#extorsion ou de #violence_sexuelle ne s’appliquent pratiquement jamais. Les principaux trafiquants ne sont généralement pas arrêtés, ni inculpés. Ceux qui le sont relèvent du « menu fretin ». Que révèlent ces procès sur les crimes commis contre les migrants entre l’Afrique et l’Europe ?

    En octobre 2022, #Ghebremedin_Temeschen_Ghebru, un ressortissant érythréen aujourd’hui âgé de 37 ans, a été arrêté par #Interpol à l’aéroport international d’Addis-Abeba, alors qu’il embarquait sur un vol à destination de l’Australie. Il a été extradé vers l’Italie, accusé d’être un membre d’une organisation criminelle de #trafic_de_migrants. Il a été notamment accusé d’être un « #hawaladar ». Le #hawala est un système de transfert d’argent informel et non tracé, par lequel, dans ce cas, les paiements effectués par les parents des personnes kidnappées sont envoyés aux trafiquants, puis à leurs divers intermédiaires tout au long du voyage vers l’Europe.

    Cette affaire et celle d’un autre trafiquant présumé originaire d’Érythrée, connu sous le nom de #Welid, extradé aux Pays-Bas une semaine seulement avant Ghebru, ont été résolues grâce à une équipe conjointe de coopération internationale, mise en place en 2018 et impliquant les autorités judiciaires et policières d’Italie et des Pays-Bas, ainsi que celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, d’#Europol et, depuis 2022, de la #Cour_pénale_internationale (#CPI). L’équipe se concentre sur la lutte contre la traite des êtres humains et les crimes contre les migrants en #Libye.

    Le procès de Ghebru a débuté en 2023 et se déroule devant la Cour d’assises de Catane, où les premières victimes de son réseau organisé présumé ont été débarquées. L’accusé a été libéré de prison après le premier ré-interrogatoire, qui n’a trouvé aucun motif pour le #crime_d’association, à savoir la participation à une association, organisation ou bande criminelle, sur lesquels les mesures préventives étaient basées. Ghebru est donc retourné en Australie, où il vit et travaille, explique son avocat Michele Calantropo à Justice Info.

    Au cours des deux dernières années, le tribunal a entendu deux témoins à charge. Le prévenu devait comparaîtra ce 3 mars mais, n’ayant pu obtenir de visa, l’audience a été reportée. La défense prévoit de faire comparaître une dizaine de témoins. Calantropo estime que le procès se terminera en 2025. Le bureau du procureur a refusé de commenter ce dossier.

    « Il n’est pas coupable de tous les crimes », assure Calantropo. En 2017, au moment des écoutes téléphoniques sur lesquelles se base l’affaire, l’accusé a séjourné à Dubaï pendant quatre mois, où il « travaillait comme consultant et comptable pour une société d’import-export, discutant avec des clients et des fournisseurs sur les paiements de fournitures, il n’y a pas un seul contact avec les trafiquants », affirme l’avocat. Calantropo ajoute qu’il a déposé tous les documents de la chambre de commerce de Dubaï concernant la société pour laquelle travaillait Ghebru et que nombre de ses témoins témoigneront également à ce sujet.

    Une série d’affaires : les opérations « #Glauco »

    Le procès en cours n’est que le dernier d’une opération beaucoup plus vaste, connue sous le nom de « Glauco ». Tout a commencé avec le tragique naufrage de 2013 lors duquel 300 migrants ont trouvé la mort au large de l’île italienne de Lampedusa. L’enquête criminelle qui en a résulté a abouti à la condamnation de six passeurs et à l’émission de mandats d’arrêt européens et internationaux à l’encontre d’autres membres du réseau criminel qui opérait en Érythrée, en Éthiopie, en Libye et dans de nombreux pays européens. Dirigée par l’équipe de la direction antimafia du parquet de Palerme, cette opération a donné lieu à trois autres séries d’#arrestations au cours des années suivantes. La dernière en date a été l’opération « Glauco 4 », en 2020, au cours de laquelle une douzaine d’autres personnes ont été appréhendées dans plusieurs villes d’Italie.

    Les hommes arrêtés ont été accusés de traite et de trafic de migrants depuis des pays africains vers des centres de détention libyens, puis vers l’Italie et leur destination finale. Les migrants souhaitent rarement rester en Italie et espèrent se rendre dans des pays d’Europe du Nord, comme la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Les hommes sont soupçonnés d’avoir géré des #transferts_d’argent vers des comptes à Dubaï dans le cadre du système hawala, par le biais de Postepay, Moneygram ou Western Union.

    Dans les documents officiels, Ghebru est également mentionné comme faisant partie, et soupçonné de diriger, le même réseau international, mais au moment des arrestations, il était toujours en fuite. Le procureur qui travaille sur cette enquête a confirmé les faits lors d’une précédente interview avec Justice Info, mais a préféré ne pas faire de commentaires à ce stade : avec d’autres membres de l’équipe antimafia de Palerme, il a été placé sous protection policière depuis l’automne dernier, après avoir reçu des milliers de menaces pour avoir inculpé l’actuel vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, d’enlèvement et de manquement à son devoir pour son refus de laisser accoster en Italie un bateau de sauvetage de migrants de l’ONG Open Arms, avec 147 personnes à bord, en 2019. Salvini, qui était ministre de l’Intérieur au moment des faits, a été acquitté en décembre 2024.

    À ses débuts, le procès des personnes arrêtées lors de l’opération « Glauco » a semblé présager des grandes lignes de celui de Ghebru. Le premier ré-interrogatoire n’a trouvé aucun motif pour le crime de participation à une association criminelle, et la plupart des hommes ont pu être libérés pendant que la procédure se poursuivait devant la cour d’assises de Catane. Sur les 14 personnes arrêtées, selon les médias italiens à l’époque, deux ont fait l’objet d’une procédure distincte. Ils ont opté pour un procès abrégé, procédure où il n’y a pas de présentation de preuves mais où le juge étudie le dossier et prononce une peine plus rapide et réduite.

    Parmi les 12 personnes restantes, il y avait dix Erythréens, un Ethiopien et un Soudanais. Le 5 décembre 2023, les juges ont déclaré sept hommes coupables en première instance et ont acquitté les trois autres. Les peines ont été fortement réduites, passant de plusieurs années requises par l’accusation, à une fourchette de 10 à 18 mois. Selon le verdict, trois d’entre eux ont été condamnés uniquement pour les délits liés à l’hawala, deux pour délits financiers et trafic et deux autres pour trafic. Les avocats de la défense ont fait appel et le verdict en appel est attendu pour le 6 mars 2025. Il n’y a pas de victimes dans cette affaire.

    Giuseppina Massaiu s’occupe de la défense de trois de ces hommes. Elle explique à Justice Info que ses clients ne sont pas coupables et qu’ils ont toujours rejeté le chef d’accusation de trafic de migrants : « Ils le considèrent comme diffamatoire », ajoute-t-elle. Selon elle, l’accusation n’a pas pris en compte le fait que toute aide, pour entrer en Italie ou pour transférer de l’argent, peut être apportée par solidarité, « la solidarité envers un parent, une connaissance, quelqu’un de la même région ». « Ce devoir social est culturellement très présent dans leur communauté. Par exemple, il y a des cas de migrants qui arrivent en Italie sans papiers ni argent et qui ont besoin de recevoir des virements de leur famille. Et dans le cas des migrants enlevés et détenus par des trafiquants libyens, ce sont les membres de la famille qui paient car, sinon, leurs proches resteraient indéfiniment dans les centres de détention libyens. » L’enquête qui a conduit aux arrestations de « Glauco 4 », puis à l’#extradition de Ghebru, s’est appuyée sur des écoutes téléphoniques, ce que les deux avocats de la défense ont contesté. « De cette manière, les accusations restent assez superficielles », affirme Massaiu.

    Poursuivre du « menu fretin » ?

    Au cours de la dernière décennie, l’Italie a connu peu de procès pour des #crimes contre les migrants qualifiés de #traite_d’êtres humains, d’enlèvements, de violence et extorsion dans les prisons libyennes. Le plus célèbre est le verdict prononcé en 2017 à l’encontre d’#Osman_Matammud, un ressortissant somalien reconnu coupable d’enlèvement à des fins d’#extorsion, de #meurtres et de #violences_sexuelles commises lors de la gestion de « camps de transit » en Libye. Mais la grande majorité des personnes jugées sont accusées du seul trafic de migrants.

    « La tendance est que les trafiquants les plus importants ne sont pas ciblés, ce qui amène les autorités à s’en prendre aux plus petits, car il est difficile de mener des enquêtes dans d’autres pays », note Stefano Zirulia, professeur de droit pénal à l’université de Milan. « Pour montrer au public qu’elles font quelque chose, et parce qu’elles se concentrent principalement sur le territoire et les eaux italiens, les autorités appliquent les lois italiennes, qui sont très strictes et peuvent même être appliquées à ces individus qui n’ont rien fait ou presque. » Zirulia explique que s’il existe un crime distinct de traite d’êtres humains, qui est plus complexe et exige un objectif d’exploitation, en Italie le trafic de migrants est codifié dans l’article 12 de la loi consolidée sur l’immigration, qui « exige seulement de commettre des actes visant à faciliter l’entrée d’un étranger sans papiers ».

    À la suite de l’adoption par l’Union européenne, en 2002, du « #Pacte_sur_les_facilitateurs », à la suite des attentats du 11 septembre 2001, rappelle Zirulia, tous les pays européens ont dû « criminaliser toute forme d’aide à l’entrée irrégulière ». Depuis lors, l’Italie a vu les gouvernements se succéder pour alourdir les peines afin de donner l’impression de s’attaquer aux trafiquants, ce qui a conduit le pays à avoir certaines des peines les plus sévères pour le trafic, selon Zirulia, qui peuvent aller jusqu’à plus de 20 ans de prison. Selon Zirulia, « la #criminalisation généralisée du trafic, telle qu’elle est pratiquée, risque de mettre en péril les #droits_fondamentaux des migrants : le #droit_à_la_vie lorsqu’ils sont en danger et doivent être secourus, et le droit de demander l’asile ».

    Un large éventail d’actes peut tomber sous le coup de cette loi. « Tout ce qui se passe en Libye peut également entrer dans cette définition et, d’autre part, les personnes qui sont elles-mêmes victimes d’un trafic illicite tombent également sous le coup de cette loi. Parfois, ce sont les migrants qui dirigent le bateau dans la dernière ligne droite parce que, tout simplement, ils ont été placés là et qu’il n’y a personne d’autre qui sache le faire, ou ils utilisent un GPS », explique Maria Crippa, chercheuse postdoctorale au département de droit “Cesare Beccaria” de l’université de Milan. La procédure habituelle, explique-t-elle, consiste pour la police à recueillir les déclarations des migrants lors de leur débarquement et à leur demander qui les a amenés là. « Ce n’est pas toujours facile de comprendre si les personnes qu’ils désignent sont affiliées à une organisation ou si elles sont aussi des victimes. »

    Selon un rapport compilé par le collectif Arci Porco Rosso, en 2024, 106 migrants ont été arrêtés pour trafic, soit un pour 600 arrivées. La majorité a été arrêtée juste après le débarquement. Plusieurs ONG qui assistent les migrants en mer ont également été accusées de trafic au fil des ans.

    « En Italie, nous n’avons pas de pouvoir discrétionnaire : si le procureur dispose d’informations, il doit engager des poursuites. Mais dans la pratique, il est possible de choisir les chefs d’accusation à retenir », note Crippa, ajoutant que la grande majorité des affaires vont devant la justice pour trafic de migrants et pour crime d’association, à savoir la participation à organisation criminelle. Ces principes permettent aux autorités d’appliquer plus facilement les lois italiennes à des actes commis à l’étranger et, en cas de verdict de culpabilité, ils peuvent également montrer la dimension plus large du crime.

    Toutefois, cette stratégie d’application de l’article sur le trafic « a des conséquences sur les personnes inculpées, c’est-à-dire le menu fretin ou les victimes elles-mêmes, et sur les faits qui leur sont reprochés », souligne Crippa. « Par conséquent, les condamnations sont, dans la majorité des cas, prononcées pour complicité, et tout l’aspect lié à la traite des êtres humains et aux crimes contre la personne est perdu. » Alors que la traite des êtres humains est un crime contre la personne, le trafic est légalement considéré comme un crime contre l’intégrité des frontières du pays, rappelle Crippa.

    Pour Stella Arena, avocate de l’Association italienne pour les études juridiques sur l’immigration, avec cette #loi, « le procès pénal est devenu un moyen de contrôler les flux migratoires ».

    Pas de coopération avec la Libye

    En Italie, aucune condamnation n’a encore été prononcée à l’encontre de ressortissants libyens pour des crimes commis contre des migrants. « Il y a un problème de responsabilité pour ceux qui sont au sommet du système, qui sont typiquement libyens », explique Crippa. Elle ajoute que le problème est que les autorités italiennes ne peuvent pas se rendre physiquement à Tripoli pour arrêter ces personnes, leur seul moyen étant d’émettre un mandat d’arrêt international et de compter sur les Libyens pour faire le reste. « Tant que cette situation politique se poursuit en Libye, il est clair qu’un accord, ne serait-ce que pour rassembler des preuves, n’est pas possible, alors imaginez pour une demande d’extradition. » Une option serait d’arrêter un suspect dans un pays tiers qui l’extraderait, mais aucune information publique ne permet de savoir si l’Italie a émis des mandats d’arrêt internationaux contre des Libyens.

    Le débat national sur les crimes contre les migrants s’est intensifié après qu’Osama Najim, un criminel de guerre libyen présumé recherché par la CPI, a été arrêté par la police italienne le 19 janvier 2025, avant d’être relâché et renvoyé à Tripoli deux jours plus tard par le gouvernement, en violation de son obligation de coopérer avec la Cour basée à La Haye. Son arrestation et sa libération ont également suscité un débat sur les liens étroits entre Rome et Tripoli. « Nous l’avons vu avec l’affaire Najim, il n’y a pas de réelle volonté d’agir pour stopper les réseaux d’exploitation de la migration », estime Zirulia. Selon lui, les réseaux de trafic de migrants, contrairement à l’organisation verticale de la mafia, sont le plus souvent organisés horizontalement et peuvent être étroitement liés aux appareils d’État. « C’est donc très difficile de réfléchir à la manière de démanteler sa direction. Ce n’est peut-être pas la bonne question, mais nous devons certainement nous demander ce que nous pouvons faire pour cibler les individus qui ont un pouvoir de décision. »

    Au manque de volonté politique et à la difficile coopération avec la Libye s’ajoute un autre obstacle : une vieille lacune de la loi italienne en matière de crimes internationaux. Rome n’a toujours pas intégré l’ensemble des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans son code pénal et ne peut donc pas exercer de compétence universelle. En conséquence, « elle perd tout l’aspect des crimes contre l’humanité, de sorte que l’interrelation concernant l’utilisation des migrants comme ressource économique par les milices, comme marchandises à échanger, comme ressource pour maintenir le pouvoir militaire, n’est plus prise en compte », déplore Crippa.

    Omer Shatz, directeur juridique de l’ONG Front-Lex, affirme que la responsabilité des crimes commis contre les migrants ne devrait pas concerner uniquement les trafiquants et les autorités libyennes. Depuis des décennies, les gouvernements italiens ont signé des accords avec leurs homologues de Tripoli, qui incluent le contrôle libyen des flux migratoires. Shatz affirme que les autorités italiennes et européennes, y compris l’agence européenne des frontières Frontex, sont également responsables de l’interception de plus en plus fréquente des bateaux de migrants par des gardes libyens ou tunisiens, et donc de « l’alimentation du commerce du viol, de la torture, de l’extorsion et de la rançon que les familles paient » pour libérer leurs proches des centres de détention en Libye.

    L’avocat international critique le fait que la CPI ait rejoint l’équipe conjointe en 2022, laissant apparemment les poursuites de ces crimes aux mêmes autorités nationales, y compris italiennes, qui n’ont pas les moyens d’aller plus haut dans la chaîne de décision. Alors que la CPI a inclus les crimes contre les migrants dans son enquête sur la Libye, Shatz pense que les autorités italiennes et européennes devraient également faire l’objet d’une enquête en tant que coauteurs des crimes. « Ce sont les acteurs les plus responsables, et c’est pour eux que la CPI a été créée. »

    https://www.justiceinfo.net/fr/142227-italie-peut-on-faire-justice-crimes-contre-migrants.html
    #migrations #réfugiés #3_octobre_2013 #opération_Glauco

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    Grèce : 350 migrants débarquent à Gavdos, record d’arrivées en une journée sur cette petite île grecque
    Par Leslie Carretero Publié le : 28/02/2025
    Environ 350 personnes, tous des jeunes hommes, ont débarqué jeudi sur les côtes de la petite île grecque de Gavdos, située en dessous de la Crète. C’est la première fois qu’autant de migrants débarquent au même moment sur ce petit territoire. Depuis un an, Gavdos et la Crète sont devenus des lieux d’arrivées privilégiés pour des personnes parties de l’est de la Libye, et désireuses de rejoindre le sol européen.
    L’île grecque de Gavdos a connu jeudi 27 février une intense journée de débarquements : en 24 heures, environ 350 migrants, tous des jeunes hommes, sont arrivés sur ce petit territoire à bord de sept bateaux. Il s’agit du plus important nombre d’arrivées en une seule journée à Gavdos. (...) Tous les exilés ont ensuite été transférés en Crète, la petite île de Gavdos ne disposant pas d’installations suffisantes pour prendre en charge les migrants. Depuis un an, l’île de Gavdos, d’une superficie de 30 km2 et ne comptant que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis de Tobrouk, en Libye, à 300 km de là. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent.
    En 2024, 3 319 personnes sont arrivées à Gavdos, selon les chiffres de l’ONG Refugee support Aegean (RSA). La majorité des personnes sont originaires d’Égypte, de Syrie et du Soudan. Et 1 842 débarquements ont été enregistrés en Crète. Ainsi au total, on compte 5 161 arrivées l’an dernier sur ces deux îles. Soit six fois plus qu’en 2023, où 815 migrants avaient débarqué en Crète et à Gavdos sur l’ensemble de l’année. Résultat : la petite île de Gavdos s’est vite retrouvée débordée. Ce minuscule territoire ne compte qu’une école, une boulangerie et deux supérettes. Aucune structure d’accueil pour les migrants n’y existe. « C’est un gros fardeau pour nous. Nous sommes une petite île, nous n’avons ni provisions ni magasins. La nourriture est un gros problème. Nos finances sont limitées », avait alerté en mars 2024 la maire de l’île, citée par Reuters. « Cette absence de centre pose évidemment de grands défis pour l’île », avait également déclaré à InfoMigrants au même moment Stella Nanou, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) en Grèce.
    Pour éviter une surpopulation sur cette petite île, les exilés qui arrivent à Gavdos sont presque immédiatement - si le temps le permet - transférés en Crète voisine pour quelques jours. Mais l’île manque également de structures d’hébergement suffisantes pour prendre en charge ce nouvel afflux. Au printemps et à l’été 2024, des migrants ont été contraints de dormir dans un parking en plein air appartenant à l’autorité portuaire de la Canée, faute de places dans le maigre réseau d’accueil de la Crète - avant d’être transférés vers le continent. Les autres ont été pris en charge au parc d’exposition d’Agia, près de la Canée. Fin 2024, l’association le Centre social de la Canée a dénoncé les « conditions inhumaines » qui existent dans ce lieu. Les militants affirment que les nouveaux arrivants sont obligés de dormir à même le sol sur des nattes, que les couvertures ne sont pas distribuées en quantité suffisante et que les exilés n’ont pas accès à des douches.
    Les autorités locales assurent avoir demandé de l’aide au gouvernement à l’été 2024 pour faire face à cette situation mais leur réclamation est restée sans réponse, signale RSA dans son rapport.
    Cette nouvelle route migratoire de l’Est de la Libye, moins contrôlée qu’à l’ouest, inquiète particulièrement les autorités et les humanitaires. Pour rejoindre Gavdos et la Crète, les migrants sont souvent entassés dans des vieux bateaux de pêche ou de petits canots et doivent parcourir 300 km en haute mer. Le 14 décembre, au moins huit personnes - cinq premiers corps avaient d’abord été retrouvés, puis trois autres les jours suivants - ont péri dans le naufrage de leur embarcation au large de la Crète et une quarantaine d’autres sont portées disparues.

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