• Hégémonie sur le terrain, normalisation, racisme : les ressorts du vote RN |
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/270624/hegemonie-sur-le-terrain-normalisation-racisme-les-ressorts-du-vote-rn


    Benoît Coquard et Félicien Faury. © Photomontage Mediapart

    L’un a travaillé sur les zones rurales du Grand Est, l’autre sur l’électorat RN dans la région Sud-Paca. #Benoît_Coquard et #Félicien_Faury échangent sur le ressort du #vote pour l’#extrême_droite, à l’heure où l’hégémonie qu’ils ont observée sur leurs terrains se décline à grande échelle.
    Fabien Escalona
    27 juin 2024

    Après les européennes et à quelques jours du premier tour des élections législatives anticipées, les médias et les responsables politiques les ont sollicités plus que d’ordinaire, saisis par les nouveaux seuils franchis par le vote en faveur du Rassemblement national (#RN). Benoît Coquard, sociologue à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), est l’auteur de Ceux qui restent (La Découverte, 2019). Félicien Faury, chercheur postdoctoral au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), vient de publier Des électeurs ordinaires (Seuil, 2024).

    Tous deux travaillent sur des zones de force du RN, qui n’ont pas les mêmes caractéristiques. D’un côté, Benoît Coquard écrit sur les campagnes désindustrialisées du Grand Est ; de l’autre, Félicien Faury a installé son dispositif d’enquête dans la région attractive du Sud-Paca (Provence-Alpes-Côtes d’Azur). S’ils ont tous deux déjà accordé des entretiens à Mediapart (ici ou là), ils n’avaient encore jamais échangé. Le croisement de leurs perspectives nous intéressait, et aussi leur sentiment de chercheurs à l’heure où le scénario d’une majorité absolue pour le parti lepéniste n’a jamais été aussi crédible. 

    Mediapart : Vous travaillez depuis des années sur l’électorat RN. Comment lisez-vous la période actuelle ?

    Félicien Faury : Sur le strict plan des rapports de force électoraux, elle n’est pas surprenante. Le RN continue de prolonger des courbes électorales qui étaient déjà ascendantes. Depuis plusieurs années, on repérait que, y compris dans un contexte très abstentionniste, le RN continuait à mobiliser ses électeurs. On disait son électorat volatil, notamment aux élections intermédiaires, mais une fidélisation croissante était à l’œuvre, qu’on a retrouvée aux élections européennes du 9 juin. Un noyau électoral puissant a été solidifié.

    Benoît Coquard : Désormais, l’hégémonie de l’extrême droite que l’on observe sur nos terrains se décline avec de plus en plus de force au niveau national, que ce soit dans les urnes ou à travers la manière dont Emmanuel Macron l’a posée en adversaire centrale.
    Chez beaucoup de gens aujourd’hui règne l’impression d’être du côté des vainqueurs, ce qui est conforté par les effets d’entourage et des médias consommés. Quand on se souvient des vieilles affiches du Front national, représentant Jean-Marie Le Pen avec un bâillon, incarnant un vote de gens marginalisés qu’on ne laissait pas parler, c’était vraiment un monde différent. 

    Félicien Faury : Je suis tout à fait d’accord. Dans beaucoup de territoires, le RN ne peut absolument plus être considéré comme un parti « stigmatisé », c’est même tout l’inverse.

    Dans vos travaux respectifs, vous insistez sur le fait que le vote RN n’est pas un vote de personnes isolées ou atomisées, comme on l’entend parfois. Est-ce qu’on ne peut pas admettre, comme le chercheur Matthijs Rooduijn, qu’elles sont prises dans des liens sociaux qui n’ont pas la force de ceux des syndicats ou des Églises ?

    Benoît Coquard : Le vote RN n’est pas mon objet de recherche et je l’attrape justement par cette question des liens sociaux. J’ai travaillé sur la reconstitution des appartenances dans des bourgs désindustrialisés, et j’y ai observé des formes de repli, mais pas d’individualisme. En fait, les classes populaires n’en ont pas le luxe.
    Il ne s’agit pas tant de liens faibles que d’un resserrement de la conscience collective sur un petit nombre de personnes homogènes dans leur vision du monde et qui pensent aussi pouvoir s’entraider. Cette observation ethnographique corrobore de grandes enquêtes sociologiques menées à l’échelle européenne. Celles-ci établissent une corrélation ente le fait de ne faire confiance qu’à un petit nombre de personnes et le vote pour l’extrême droite. 

    Félicien Faury : Nos travaux diffèrent par leur objet. Benoît travaille sur les sociabilités rurales, les modes de vie, en explorant les différentes scènes d’une existence. De mon côté, la focale est plus restreinte autour de l’acte de vote, en se demandant ce qui est politisé ou « électoralisé » dans la vie des personnes. Mais je crois, en effet, que même dans l’isoloir et à bulletin secret, on continue à voter en groupe, comme les gens de qui on se sent proches socialement.
    La « normalisation » du RN, c’est aussi ça : quand ce vote devient légitime auprès de ceux qui comptent et qui font autorité près de soi. Cela vaut également pour le racisme. On pourrait avoir tendance à penser que c’est le défaut d’institutions et de « social » qui amène les gens à se replier et à devenir racistes. Or, c’est triste à dire, mais le #racisme, c’est aussi du #lien_social. Il existe des sociabilités qui entretiennent et autorisent l’expression de la parole raciste.

    De façon générale, je trouve que l’argument de l’atomisation ou des liens sociaux faibles revient parfois à « battre en retraite » sociologiquement. Le lien social est toujours présent, reste à savoir avec qui et quoi. Il faut donc plutôt se demander quels type de liens sociaux créent quels types de vote.
    Sur la question du « repli sur soi », j’aimerais souligner à quel point la question du diplôme est fondamentale. C’est un capital immatériel, sanctifié par l’État, qui vous donne de grandes possibilités de « voyager socialement ». Il y a comme une sécurité symbolique qui voyage avec vous lors de votre confrontation avec d’autres groupes sociaux. Lorsque vous n’en bénéficiez pas, comme c’est souvent le cas des électeurs du RN, l’ancrage local et le patrimoine matériel deviennent particulièrement importants – d’où le grand impact affectif des cambriolages, par exemple.
    Benoît Coquard : Effectivement, plus on est diplômé, plus on part facilement de sa campagne, moins on est tenu par les enjeux réputationnels qui y prévalent, moins on y souffre d’un éventuel déclassement territorial. Quand toutes vos ressources sont locales, en revanche, c’est très différent. On est alors beaucoup plus exposé à l’idée de l’extrême droite selon laquelle il faut faire passer les gens exactement comme soi avant, sinon on ne s’en sortira pas. C’est l’une des choses qui me font dire que les populations acquises à cette idée sont engagées dans le vote RN pour longtemps.

    Vous venez d’employer la notion de « #déclassement », de plus en plus mobilisée pour éclairer le vote RN. Est-ce qu’elle vous parle, ou est-ce qu’elle vous semble trop réductrice, quand ce parti est aussi capable de percer dans des milieux plutôt favorisés ?

    Félicien Faury : Il faut préciser de quoi on parle. Dans le Sud-Est où j’ai travaillé, c’est l’incertitude économique et le pessimisme résidentiel qui dominaient. Mes enquêtés, peu fragiles sur le marché du travail, ne vivent pas le déclassement sur un mode individuel mais plutôt collectif, avec l’idée que « tout se dégrade ». Ça se vit à l’échelle du quartier, du lotissement, de la commune, et ça peut s’extrapoler à la région et au pays. 

    Benoît Coquard : J’ai pour ma part écrit contre les théories de la France périphérique et de l’insécurité culturelle. Les milieux populaires ruraux que je côtoie ne peuvent pas être décrits comme des « petits Blancs » vivant dans un sentiment d’abandon, même s’ils peuvent exprimer ce discours face à des journalistes qui les rencontrent en quelques minutes. Ils développent en fait des contre-modèles de style de vie, affirment volontiers une mentalité insulaire, du type « on est maîtres chez nous ».

    Félicien Faury : Pour le coup, j’ai moins rencontré cette mentalité insulaire en Paca. Contrairement aux campagnes en déclin étudiées par Benoît, le Sud-Est est un territoire attractif, si bien que l’arrivée régulière de nouveaux résidents remet régulièrement en cause le capital local des résidents les plus anciens. Si ces évolutions peuvent être regardées avec colère ou amertume, j’observe néanmoins une résignation face à « l’invasion du haut » par les classes supérieures, quand les migrations du « bas » sont beaucoup plus facilement politisées. 

    Benoît Coquard, vous avez exprimé récemment l’idée que les propositions sociales du Nouveau Front populaire (NFP) pourraient parler aux fractions populaires de l’électorat RN. Cela peut sembler en contradiction avec les arguments de Félicien Faury qui met en avant la « matrice raciale » de ces comportements électoraux. Est-ce que vous avez une divergence ou des nuances sur le sujet ?

    Benoît Coquard : Je disais surtout que ces propositions seraient invisibles pour cet électorat, par manque de mixité politique dans son entourage et en raison de ses sources d’information. Le fait même d’être exposé à ces propositions n’est pas évident. Plutôt que de convertir des électeurs, l’enjeu me semble de s’adresser aux classes populaires entourées de gens qui votent RN, et qui n’osent pas dire autour d’elles qu’elles ne votent pas RN, car sinon elles se font traiter d’« #assistées ». 
    De fait, les stigmates associés à la #gauche sur mon territoire, c’est surtout ceux des « branleurs », des « cas sociaux ». Ce n’est que dans un second temps que le qualificatif d’« #Arabes » finit par arriver. On racialise le social, et les divisions sociales entre les précaires et les stables marchent d’autant plus qu’elles sont raciales.
    Cette dimension est clairement plus forte dans ce qu’écrit Félicien. Cela peut être lié à l’enquêteur, notamment avec qui on va parler, quelle place on prend dans les sociabilités. Moi, par exemple, j’étais au milieu des commérages. Du coup, je voyais beaucoup de dénigrement latéral entre habitants non racisés.

    Félicien Faury : J’ai aussi rencontré un sentiment « anti-assistés » très fort. Et effectivement, quand on laisse dérouler les discours, on se rend compte que ce sentiment se retrouve particulièrement exacerbé quand les personnes visées sont en plus identifiées comme « immigrées », c’est-à-dire jugées « moins françaises » que d’autres. Dans mon enquête, je constate que c’est lors de ce redoublement que la critique de l’#assistanat devient particulièrement politisée, et vient nourrir plus spécifiquement le vote RN.
    J’essaie de poser la question du racisme autrement qu’en termes de « présence » ou d’« absence », et d’observer plutôt les formes qu’il prend, et comment ça s’articule à des expériences sociales concrètes. Par ailleurs, il y a des enjeux de parole publique : à quel point faut-il insister sur cette dimension raciste ? C’est une question que je me suis beaucoup posée durant l’écriture, et encore davantage maintenant lors des présentations de mon travail en public et dans les médias. 

    Le fait d’avoir travaillé surtout sur les petites classes moyennes, et non sur le vote RN ouvrier, a pu contribuer à ce que je m’autorise à utiliser le terme de « racisme » et à le mettre au cœur de mes études. Comme le sens courant (et non sociologique) en donne une définition associée à la bêtise et à l’archaïsme, son usage peut contribuer à stigmatiser des groupes subalternes.

    Mais le risque inverse serait de ne pas en parler du tout. Il faut bien que cette dimension centrale soit rappelée, dans un contexte où son omission serait tout de même étrange, avec une extrême droite aux portes du pouvoir. J’essaie aussi d’insister dès que je le peux sur le caractère transversal du racisme, qui existe dans tous les milieux sociaux – y compris la bourgeoisie culturelle de gauche. Je vois bien que cette partie-là de mon propos est plus rarement reprise…

    Benoît Coquard : Je trouve que Félicien s’explique très clairement à ce sujet dans son livre. Si le racisme était absent de son explication causale des conduites électorales, ce serait effectivement l’éléphant dans la pièce.
    Il y aurait d’ailleurs quelque chose de méprisant à ne pas écouter les arguments des gens qu’on interviewe. Je ne vois pas pourquoi, parce qu’un enquêté est ouvrier ou moins diplômé, il faudrait retraduire ses propos au point qu’ils ne lui ressemblent plus. Là où il faut être prudent, c’est qu’il est important de relier les affects aux transformations macrosociales qui leur donnent du sens.

    La question raciale, en particulier, ne peut pas être envisagée sans les exclusions économiques qu’elle permet. Il y a comme un « #salaire_psychologique minimum », un capital minimal procuré par le fait de savoir que tu as toujours quelqu’un en dessous de toi. Le RN arrive à mettre ça en place localement.
    Cela me rappelle des groupes d’amis très unis sur lesquels j’ai travaillé, incluant des binationaux franco-algériens. Quand il y avait des accrochages, entre Blancs on s’insultait de « cas soc’ », mais quand cela les concernait, ils étaient traités de « sales Arabes ». L’exclusion était redoublée par un racisme resurgissant sur ces gens-là. Leur place ne tenait qu’à un fil car ce registre-là, exercé contre « plus tricard que soi », permettait de les exclure à n’importe quel moment.

    Félicien Faury : Je suis tout à fait d’accord, et j’ai d’ailleurs toujours cherché à relier les propos, parfois très explicites, que je pouvais entendre à des processus collectifs en termes de classe ou de ségrégation, dont les électeurs du RN sont au fond très peu responsables. Le racisme de ces électeurs n’émerge qu’en s’adossant à des processus de racialisation collectifs qui dépassent très largement la seule extrême droite.
    Encore une fois, je vois bien comment certains groupes sociaux pourraient s’autorassurer en se disant que le racisme, c’est au RN, que les racistes, « ce sont eux », et s’innocenter ainsi à bon compte. Cette mise à distance est évidemment trop facile.

    À court et plus long terme, quelles sont les pistes que peuvent suivre les gauches, ou du moins les adversaires du RN, pour reconquérir des milieux conquis par ce parti ?

    Félicien Faury : Je ne sais pas s’il faut poser la question de cette manière. Est-ce que le seul but doit être de « faire baisser le RN » ? Si oui, en Paca, si vous voulez prendre des électeurs au RN, le plus efficace est sans doute de mener une politique de droite dure ! La vocation de la gauche reste de lutter contre les inégalités de classe, la domination masculine, le racisme… Bien sûr, la stratégie électorale est très importante, mais la conquête des électeurs du RN ne doit pas être le seul horizon. 
    Une fois dit cela, il faut bien sûr ajouter que les #classes_populaires ne sont en aucun cas condamnées à voter pour le RN. Il y a un ensemble de points, sur les services publics, le pouvoir d’achat, les inégalités, à propos desquels la gauche peut activer des affects dans son sens. C’est un travail de long terme qui doit être mené. 
    Ce qui m’a frappé dans les espaces sociaux sur lesquels j’ai enquêté, c’est que les discours qui circulent, cadrés en faveur du RN, ne sont jamais contredits. Il n’y a jamais aucune sanction sociale face aux propos négatifs sur, par exemple, les « assistés » ou les « immigrés ». Il faudrait parvenir à diffuser des contre-discours, pour éviter ces effets de consensus autour de thématiques favorables à l’extrême droite.

    Par ailleurs, il faut aussi poser la question de l’incarnation et du recrutement politique au sein des partis de gauche. Trop souvent, les corps et manières d’être de la gauche, à la télé comme sur le terrain, témoignent de l’éloignement des mondes sociaux.

    Benoît Coquard : On se rejoint car je rappelle toujours que des modèles de respectabilité sociale sont essentiels pour offrir un autre son de cloche. Il n’y a pas de slogan magique.
    On parle des scores réalisés par La France insoumise dans les quartiers populaires racisés de Paris ou d’autres grandes villes, mais je ne suis pas sûr qu’ils soient aussi impressionnants dans ceux des bourgs et petites villes du Grand Est où je travaille. Je mets aussi en garde contre l’idée que les abstentionnistes seraient un réservoir évident pour la gauche. Là où le RN est hégémonique, en tout cas, les abstentionnistes, dans l’état actuel des choses, se sentent proches de Marine Le Pen.
    Et même si la gauche reprend des voix parmi les milieux populaires, ceux-ci auront été imprégnés des discours du RN. Il y a donc un travail de fond à faire en reprenant pied en milieu populaire au quotidien.

    Félicien Faury : On peut aussi ajouter que la politisation du racisme, dont les succès du RN sont un des symptômes, vient après une période où le racisme existait tout autant sinon plus, mais était naturalisé. Il y a eu des contestations et des victoires du côté des mouvements antiracistes et des minorités ethnoraciales, qui ont entraîné une forme de réaction, de réflexe défensif. On peut faire un parallèle avec le backlash [le « retour de bâton » – ndlr ]suscité par la révolution féministe.

    Si la montée de l’extrême droite se greffe à un appareil d’État, les cartes pourraient être rebattues de manière inquiétante, évidemment. Mais on peut aussi lire la situation comme un potentiel chant du cygne de certaines formes de domination raciale.

    "Je préfère une société de travail à l’assistance", un premier ministre de gauche, 1998.

  • Une organisation en #souffrance

    Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de #démissions, les chiffres des #accidents et des #arrêts_de_travail étaient plutôt le signe de #conditions_de_travail délétères.

    Jeté dans une #concurrence accrue du fait d’un #management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une #pression inédite...

    L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre #santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours : “Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la #santé_mentale. Grâce au travail, votre #identité s’accroît, votre #amour_de_soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre #résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”

    Pourtant, la #quête_de_sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son #organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le #lien_social ?

    Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda : “Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-organisation-en-souffrance-5912905

    #travail #audio #sens #reconnaissance #podcast #déshumanisation #grande_distribution #supermarchés #Carrefour #salariat #accidents_du_travail # location-gérance #jours_de_carence #délai_de_carence #financiarisation #traçabilité #performance #néo-taylorisme #taylorisme_numérique #contrôle #don #satisfaction #modernisation #mai_68 #individualisation #personnalisation #narcissisation #collectif #entraide #épanouissement #marges_de_manoeuvre #intensification_du_travail #efficacité #rentabilité #pression #sous-traitance #intensité_du_travail #santé_au_travail #santé #épidémie #anxiété #dépression #santé_publique #absentéisme #dégradation_des_conditions_de_travail #sommeil #identité #amour_de_soi #santé_par_le_travail #tournant_gestionnaire #gouvernance_de_l'entreprise #direction_d'entreprise #direction #règles #lois #gestionnaires #ignorance #objectifs_quantitatifs #objectifs #performance #mesurage #évaluation #traçabilité #quantification #quantitatif #qualitatif #politique_du_chiffre #flux #justice #charge_de_travail

    25’40 : #Jean-Pierre_Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes :

    « On finit par oublier ce qu’on a appris à l’école nationale de la magistrature, c’est-à-dire la motivation d’un jugement... On finit par procéder par affirmation, ce qui fait qu’on gagne beaucoup de temps. On a des jugements, dès lors que la culpabilité n’est pas contestée, qui font abstraction de toute une série d’éléments qui sont pourtant importants : s’attarder sur les faits ou les expliquer de façon complète. On se contente d’une qualification développée : Monsieur Dupont est poursuivi pour avoir frauduleusement soustrait 3 véhicules, 4 téléviseurs au préjudice de Madame Durant lors d’un cambriolage » mais on n’est pas du tout en mesure après de préciser que Monsieur Dupont était l’ancien petit ami de Madame Durant ou qu’il ne connaissait absolument pas Madame Durant. Fixer les conditions dans lesquelles ce délit a été commis de manière ensuite à expliquer la personnalisation de la peine qui est quand même la mission essentielle du juge ! Il faut avoir à chaque fois qu’il nous est demandé la possibilité d’adapter au mieux la peine à l’individu. C’est très important. On finit par mettre des tarifs. Quelle horreur pour un juge ! On finit par oublier la quintessence de ce métier qui est de faire la part des choses entre l’accusation, la défense, l’auteur de faits, la victime, et essayer d’adopter une sanction qui soit la plus adaptée possible. C’est la personnalisation de la peine, c’est aussi le devenir de l’auteur de cette infraction de manière à éviter la récidive, prévoir sa resocialisation. Bref, jouer à fond le rôle du juge, ce qui, de plus en plus, est ratatiné à un rôle de distributeur de sanctions qui sont plus ou moins tarifées. Et ça c’est quelque chose qui, à la fin de ma carrière, c’est quelque chose qui me posait de véritables problèmes d’éthique, parce que je ne pensais pas ce rôle du juge comme celui-là. Du coup, la qualité de la justice finit par souffrir, incontestablement. C’est une évolution constante qui est le fruit d’une volonté politique qui, elle aussi, a été constante, de ne pas consacrer à la justice de notre pays les moyens dont elle devait disposer pour pouvoir fonctionner normalement. Et cette évolution n’a jamais jamais, en dépit de tout ce qui a pu être dit ou écrit, n’ai jamais été interrompue. Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation de détresse absolue. La France est donc ??? pénultième au niveau européen sur les moyens budgétaires consacrés à sa justice. Le Tribunal de Nîme comporte 13 procureurs, la moyenne européenne nécessiterait qu’ils soient 63, je dis bien 63 pour 13. Il y a 39 juges au Tribunal de Nîmes, pour arriver dans la moyenne européenne il en faudrait 93. Et de mémoire il y a 125 greffiers et il en faudrait 350 je crois pour être dans la moyenne. Il y avait au début de ma carrière à Nîmes 1 juge des Libertés et de la détention, il y en a aujourd’hui 2. On a multiplié les chiffres du JLD par 10. Cela pose un problème moral et un problème éthique. Un problème moral parce qu’on a le sentiment de ne pas satisfaire au rôle qui est le sien. Un problème éthique parce qu’on finit par prendre un certain nombre de recul par rapport aux valeurs que l’on a pourtant porté haut lorsqu’on a débuté cette carrière. De sorte qu’une certaine mélancolie dans un premier temps et au final un certain découragement me guettaient et m’ont parfois atteint ; mes périodes de vacances étant véritablement chaque année un moment où la décompression s’imposait sinon je n’aurais pas pu continuer dans ces conditions-là. Ce sont des heures de travail qui sont très très chargés et qui contribuent aussi à cette fatigue aujourd’hui au travail qui a entraîné aussi beaucoup de burn-out chez quelques collègues et puis même, semble-t-il, certains sont arrivés à des extrémités funestes puisqu’on a eu quelques collègues qui se sont suicidés quasiment sur place, vraisemblablement en grande partie parce que... il y avait probablement des problèmes personnels, mais aussi vraisemblablement des problèmes professionnels. Le sentiment que je vous livre aujourd’hui est un sentiment un peu partagé par la plupart de mes collègues. Après la réaction par rapport à cette situation elle peut être une réaction combative à travers des engagements syndicaux pour essayer de parvenir à faire bouger l’éléphant puisque le mammouth a déjà été utilisé par d’autres. Ces engagements syndicaux peuvent permettre cela. D’autres ont plus ou moins rapidement baissé les bras et se sont satisfaits de cette situation à défaut de pouvoir la modifier. Je ne regrette rien, je suis parti serein avec le sentiment du devoir accompli, même si je constate que en fermant la porte du tribunal derrière moi je laisse une institution judiciaire qui est bien mal en point."

    Min. 33’15, #Christophe_Dejours, psychanaliste :

    « Mais quand il fait cela, qu’il sabote la qualité de son travail, qu’il bâcle son travail de juge, tout cela, c’est un ensemble de trahisons. Premièrement, il trahi des collègues, parce que comme il réussi à faire ce qu’on lui demande en termes de quantité... on sait très bien que le chef va se servir du fait qu’il y en a un qui arrive pour dire aux autres : ’Vous devez faire la même chose. Si vous ne le faites pas, l’évaluation dont vous allez bénéficier sera mauvaise pour vous, et votre carrière... vous voulez la mutation ? Vous ne l’aurez pas !’ Vous trahissez les collègues. Vous trahissez les règles de métier, vous trahissez le justiciable, vous trahissez les avocats, vous leur couper la parole parce que vous n’avez pas le temps : ’Maître, je suis désolé, il faut qu’on avance.’ Vous maltraitez les avocats, ce qui pose des problèmes aujourd’hui assez compliqués entre avocats et magistrats. Les relations se détériorent. Vous maltraitez le justiciable. Si vous allez trop vite... l’application des peines dans les prisons... Quand vous êtes juges des enfants, il faut écouter les enfants, ça prend du temps ! Mais non, ’va vite’. Vous vous rendez compte ? C’est la maltraitance des justiciables sous l’effet d’une justice comme ça. A la fin vous trahissez la justice, et comme vous faites mal votre travail, vous trahissez l’Etat de droit. A force de trahir tous ces gens qui sont... parce que c’est des gens très mobilisés... on ne devient pas magistrat comme ça, il faut passer des concours... c’est le concours le plus difficile des concours de la fonction publique, c’est plus difficile que l’ENA l’Ecole nationale de magistrature... C’est des gens hyper engagés, hyper réglo, qui ont un sens de la justice, et vous leur faites faire quoi ? Le contraire. C’est ça la dégradation de la qualité. Donc ça conduit, à un moment donné, à la trahison de soi. Ça, ça s’appelle la souffrance éthique. C’est-à-dire, elle commence à partir du moment où j’accepte d’apporter mon concours à des actes ou à des pratiques que le sens moral réprouve. Aujourd’hui c’est le cas dans la justice, c’est le cas dans les hôpitaux, c’est le cas dans les universités, c’est le cas dans les centres de recherche. Partout dans le secteur public, où la question éthique est décisive sur la qualité du service public, vous avez des gens qui trahissent tout ça, et qui entrent dans le domaine de la souffrance éthique. Des gens souffrent dans leur travail, sauf que cette souffrance, au lieu d’être transformée en plaisir, elle s’aggrave. Les gens vont de plus en plus mal parce que le travail leur renvoie d’eux-mêmes une image lamentable. Le résultat c’est que cette trahison de soi quelques fois ça se transforme en haine de soi. Et c’est comme ça qu’à un moment donné les gens se suicident. C’est comme ça que vous avez des médecins des hôpitaux, professeurs de médecine de Paris qui sautent par la fenêtre. Il y a eu le procès Mégnien, au mois de juin. Il a sauté du 5ème étage de Georges-Pompidou. Il est mort. Comment on en arrive là ? C’est parce que les gens ont eu la possibilité de réussir un travail, de faire une oeuvre, et tout à coup on leur casse le truc. Et là vous cassez une vie. C’est pour cela que les gens se disent : ’Ce n’est pas possible, c’est tout ce que j’ai mis de moi-même, tous ces gens avec qui j’ai bossé, maintenant il faut que ça soit moi qui donne le noms des gens qu’on va virer. Je ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible.’ Vous les obligez à faire l’inverse de ce qu’ils croient juste, de ce qu’ils croient bien. Cette organisation du travail, elle cultive ce qu’il y a de plus mauvais dans l’être humain. »

    #suicide #trahison #souffrance_éthique

    • Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail #jusqu’à_la_retraite ?

      En France, en 2019, 37 % des salariés ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. L’exposition à des #risques_professionnels – physiques ou psychosociaux –, tout comme un état de santé altéré, vont de pair avec un sentiment accru d’#insoutenabillité du travail.

      Les métiers les moins qualifiés, au contact du public ou dans le secteur du soin et de l’action sociale, sont considérés par les salariés comme les moins soutenables. Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière.

      Une organisation du travail qui favorise l’#autonomie, la participation des salariés et limite l’#intensité_du_travail tend à rendre celui-ci plus soutenable. Les mobilités, notamment vers le statut d’indépendant, sont également des moyens d’échapper à l’insoutenabilité du travail, mais ces trajectoires sont peu fréquentes, surtout aux âges avancés.

      https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quels-facteurs-influencent-la-capacite-des-salaries-faire-
      #statistiques #chiffres

  • La structuration des sociétés modernes
    https://laviedesidees.fr/La-structuration-des-societes-modernes

    L’État-providence est aujourd’hui en recul, à tel point qu’il paraît difficile de maintenir l’idée que nos #Sociétés se différencient par leur système de #protection_sociale. Une autre typologie, fondée sur la nature des liens sociaux, semble plus adaptée.

    #État-providence #lien_social
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230919_paugam.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230919_paugam.pdf

    • Pour aller dans le sens de cet article, le système de protection sociale n’est que le résultat de la performance d’une société, laquelle repose sur un jeu de règles de vie dans cette société.

      Plutôt que de comparer les sociétés par un résultat (limité à la protection sociale dans l’exemple présent) il est plus pertinent de les comparer par les causes racines qui permettent d’obtenir le résultat.
      En ce sens il est effectivement plus pertinent d’identifier les « liens sociaux » qui permettent à une société d’obtenir, entre autres, le meilleur système de protection sociale.

      Cependant, il est possible de définir autrement ces « liens sociaux », en revenant à la définition d’une société. Une société est définie et structurée par des valeurs fondamentales qui gèrent les relations entre les acteurs d’une société (les personnes, les associations, les entreprises, les pouvoirs publics, l’environnement). Dis-moi quelles sont tes valeurs, je te dirais quelle société tu es.

      Ces valeurs ne sont pas forcément clairement identifiées autrement que dans la Constitution d’un Pays et certains articles de ses lois. Cependant, ce sont bien ces valeurs qui régissent les « liens sociaux ». Les relations personne-personne sont structurées par certaines valeurs, les relations entreprise-salarié par d’autres, etc.

      L’identification des valeurs d’une société, la mesure de l’impact de ces valeurs sur la performance (dont la définition reste à préciser) de cette société est un travail certainement plus logique, rigoureux, et finalement productif que la comparaison des systèmes sociaux.
      En effet, s’il est possible d’identifier les valeurs « gagnantes » et les valeurs « perdantes », il suffit à une société de changer certaines de ses valeurs pour en tirer « mécaniquement » le bénéfice.

  • L’inflation provoque une flambée des vols de nourriture dans les magasins partout en Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/03/26/l-inflation-provoque-une-flambee-des-vols-de-nourriture-dans-les-magasins-pa

    De la Grèce au Royaume-Uni, en passant par la France, ces vols ont fait un bond, conséquence de la hausse des prix, mais aussi du développement des caisses automatiques. Face au phénomène, les supermarchés s’équipent.

    L’article couvre pas mal de dimensions de la question. Si seulement quelqu’un l’avait volé je pourrais faire du recel…

    EDIT : ah je l’ai trouvé ici https://justpaste.it/a0wxo

  • #Suisse Moins convaincant, le télétravail disparaît peu à peu des entreprises RTS - Sylvie Belzer - Julie Marty

    L’engouement pour le télétravail est en train de retomber. Aux Etats-Unis, certaines entreprises ont même déjà sonné le rappel des troupes au bureau. La tendance se vérifie aussi en Suisse.

    Le nouveau patron de Disney a demandé à ses employés d’être présents sur site du lundi au jeudi. Idem chez Twitter ou chez d’autres géants de la technologie.

    Du côté des différentes associations faîtières, les retours sont tous les mêmes. Le virtuel a perdu de son attrait, confirme Olivia Guyot Unger, directrice du service juridique à la Fédération des entreprises romandes, lundi dans La Matinale : « Ce mode de travail relativement nouveau fait l’objet d’une lassitude aussi bien du côté des employeurs que des employés. »

    Manque de contacts humains
    Cette manière de travailler raréfie les contacts humains et les échanges. Pourtant, ces interactions sont essentielles. Philippe Cordonier, responsable romand de Swissmem, la faîtière de l’industrie des machines, ne s’en cache pas, le présentiel favorise ces interactions.

    « On constate que, dans ce contexte de retour à la normale que nous connaissons actuellement, de nombreux collaborateurs et entreprises souhaitent moins de télétravail. On peut dire en général un jour par semaine pour autant que ce soit possible. Pour les entreprises et les collaborateurs, les échanges entre collègues sont importants et nécessaires. C’est une valeur ajoutée indispensable à la vie d’une entreprise. C’est pour ça que ce retour à une certaine normalité avec des contacts inter-entreprise est important pour les deux parties », relève-t-il.

    Le consensus qui commence à se dégager limite le télétravail à un jour par semaine. C’est assez pour permettre une certaine flexibilité sans nuire à la créativité et à la bonne cohésion de l’équipe.

    Source : https://www.rts.ch/info/suisse/13854960-moins-convaincant-le-teletravail-disparait-peu-a-peu-des-entreprises.ht

    #télétravail #fumisterie #travail #rendement #surveillance #algorithme #gigeconomy #virtuel #visioconférence #microsoft #inégalités #technologisme #économie #capitalisme #lien_social

  • #Covid-19 : #Grenoble associe des citoyens à la gestion de la pandémie

    La ville pilotée par l’écologiste Éric Piolle expérimente un « #comité_de_liaison_citoyen », réuni samedi pour la première fois. Une réponse à la « gestion de crise descendante » mise en œuvre par le gouvernement et son conseil de défense. Au menu : l’organisation des #marchés et le maintien du #lien_social.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/081120/covid-19-grenoble-associe-des-citoyens-la-gestion-de-la-pandemie?onglet=fu

    #démocratie_directe #municipalisme #néo-municipalisme #cogestion #gouvernance_politique #Groupes_d’action_municipale #Hubert_Dubedou #crise_sanitaire #débat_mouvant #violences_conjugales #SDF #sans-abrisme #isolement_social #confinement #parcs #ouverture #fermeture #espace_public #alimentation

  • Quelle #résilience pour quels modèles de société ?

    Après l’épreuve du #confinement vient celle de l’incertitude de l’avenir. Le terme « résilience », cette capacité d’un individu, d’un groupe ou d’une communauté à rebondir après un traumatisme, apparaît alors dans les discours politiques en France et ailleurs. L’opinion découvre une réalité qui a été perçue pendant longtemps comme l’apanage des « autres » : les pauvres, les marginaux, les mal-lotis des sociétés occidentales et non occidentales.

    La résilience serait-elle davantage liée aux #classes_sociales ou à l’existence de moyens humains et matériels ? Dépendrait-elle des #modèles_de_société, selon qu’ils privilégient le culte de l’individu ou la culture groupale, communautaire face aux tragédies qui les frappent ?

    Cette épreuve inédite nous incite à trouver des #stratégies non seulement pour maintenir nos équilibres internes mais aussi pour garantir des relations internationales sereines dans la durée. Cet exercice est d’autant plus crucial que les différences de stratégies utilisées par des populations à travers le monde continuent d’alimenter la littérature scientifique sur la résilience.

    Si, en tant que concept, la résilience doit s’appuyer sur des critères scientifiques objectifs pour être mise en évidence, en tant que phénomène socioculturel, elle peut être l’objet d’idéologies ou de fantasmes, voire de politiques qui tentent de réguler ou de contrôler la perception des uns et des autres face à l’adversité.
    Le rôle du lien social et des ressources culturelles

    L’intérêt pour la résilience varie selon les contextes sociopolitiques et culturels. Elle est davantage évoquée et étudiée dans les sociétés où les conditions sanitaires et sociales sont difficiles, notamment pour les populations vivant dans des contextes de guerre, de crise politique, de catastrophes naturelles, de précarité économique, que dans celles habituées à un contexte sociopolitique et économique plutôt stable. Ainsi, plus les populations vivent dans des environnements sécurisés, moins la résilience est mise en avant pour penser leurs stratégies mobilisées en cas de grandes difficultés. Plus le contexte est précaire, plus la résilience est mise en relief.

    À titre d’exemples, suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti, des études ont montré un fort taux de résilience – nettement supérieur comparativement à d’autres pays comme le Japon, la Chine.

    Au sein même de la société haïtienne, les populations les plus fragilisées comme les enfants des rues et les jeunes déscolarisés présentent une résilience plus importante que les autres selon de nombreuses recherches. Avec leur sens du collectif, ils ont été au secours de la population qui s’est retrouvée à la rue, les aidant par exemple à retrouver des survivants sous les décombres.

    Ce même constat est fait dans des contextes de guerre ou de crise politique comme au Liban, en Palestine, en Syrie, ou au Rwanda où la résilience se construit sur des systèmes spontanés de solidarité et d’identité collective.

    En France, dans un contexte marqué ces dernières années par les attentats et le malaise social (notamment avec les « gilets jaunes »), l’isolement, le manque de soutien familial et social renforcent les effets traumatiques et affectent les capacités de résilience bien qu’il s’agisse d’un environnement politique et social structuré et en mesure d’organiser des réponses politiques et sanitaires face à de tels évènements.
    Un besoin de réponse des États

    La crise sanitaire actuelle témoigne d’ailleurs de l’importance de la réponse des États, si attendue dans certaines sociétés occidentales comme la France, pour répondre à la panique générale et structurer un processus de résilience collective.

    Dans d’autres pays, la vie communautaire prend souvent le relais face à la faiblesse des structures de l’État. Nous assistons à des organisations spontanées, mobilisant, parfois paradoxalement, symboles et ressources culturels, religieux ou spirituels pour faire face à la pandémie.

    En Égypte, une chroniqueuse relate les regroupements au Caire, autour du Mausolée de Sayda Zainab, la petite fille du Prophète, par crainte du virus et pour chercher la bénédiction et la protection. En Tunisie, la presse montre des tenues de prières collectives dans certaines régions du pays, en face de mosquées qui ont pourtant fermé leurs portes suite aux mesures prises par l’État.

    En Haïti, la population, habituée aux catastrophes, s’en remet notamment à Dieu, et l’Église se prépare à affronter le Covid-19. En Inde, des enfants des rues sont persuadés que le coronavirus ne pourra même pas arriver jusqu’à eux.

    https://www.youtube.com/watch?v=0h79fVMrL1w&feature=emb_logo

    La force des rituels collectifs

    Ici et là les rituels collectifs, qui habituellement permettent de tenir ensemble, sont considérés comme protecteurs et sécurisants. Et dans les pays les plus précaires, où la crise sanitaire risque d’avoir les conséquences les plus graves, ce type d’organisation presse le pas et s’érige comme principal organisateur de la résilience collective là où la réponse de l’État tarde à venir, ou que celui-ci n’est pas perçu par les citoyens comme suffisamment crédible.

    Malgré ce qu’elles présentent comme stabilité des droits et des conditions de vie et de la démocratie, les sociétés « occidentales » sont particulièrement déstabilisées par des événements traumatiques de grande ampleur. Les effets de ces évènements sont souvent rapidement pris en charge, ou au moins pris en compte par le système politique, judiciaire, sanitaire, médiatique. Mais l’individu doté de droits, et de reconnaissance, est aussi livré à lui-même et à ses propres ressources pour s’en sortir.
    Interroger la nature de la résilience

    La résilience peut-elle alors être un signe de ce qui reste dans une société fondée sur le lien social ? Cette idée est confortée par les études qui montrent le lien étroit entre le soutien social, la cohésion sociale et la résilience notamment dans les sociétés où la culture du groupe est extrêmement forte.

    Dans un modèle écosystémique basé sur la communauté, la résilience est :

    « la capacité des individus à naviguer à travers leur trajectoire vers des ressources qui soutiennent leur bien-être ; la capacité des systèmes physiques et sociaux, et des individus à fournir des ressources, et la capacité des individus, de leurs familles et de leurs communautés à négocier des façons culturellement significatives de partager les ressources ».

    Cela pourrait-il expliquer pourquoi, dans les sociétés occidentales, l’on peine parfois à faire émerger les mécanismes de résilience « spontanée » ou « naturelle » ?
    La résilience à trouver dans d’autres espaces

    Cependant le risque est grand, dans cette réflexion, de considérer la résilience comme un phénomène exotique pour les autres, ou, dans les sociétés occidentales, uniquement comme un résultat à atteindre, une performance de plus.

    Or la résilience est peut-être ailleurs, dans d’autres espaces que ceux des résultats à atteindre. Elle peut être dans l’acceptation du #changement, la libération de la #créativité ou la #réinvention du #lien_social.

    À observer des élans de #solidarité et d’#entraide spontanées depuis les fenêtres, nous sommes tentés de penser que quelque chose dans le modèle de la société est en train de s’effondrer pour laisser émerger de nouvelles modalités, au plus près des fragilités et des ressources actuelles.

    « On se découvre soudain semblables, solidaires, tous dans le même bateau pour affronter le virus. C’était un peu moins le cas pour combattre la misère, on était moins unis pour accueillir l’Aquarius. »

    Le slam de Grand Corps Malade le 13 avril 2020 pointait aussi les frontières de ces nouvelles ressources solidaires.
    S’inspirer des uns et des autres

    La résilience est plus que jamais à considérer comme un processus complexe, long, discret et dynamique qui lie le sujet à son environnement.

    Elle ne peut se programmer de façon standardisée, mais s’appuie d’abord sur le lien humain et social, réel et symbolique, sur le sentiment intime d’appartenir à une même communauté humaine et de compter comme personne, et non uniquement comme un nom sur un fichier.

    Le défi de la résilience dans les sociétés contemporaines repose sur la réinvention du lien social. Il nécessite d’articuler « résilience naturelle », spontanée et « résilience assistée » (thérapeutique) ainsi que les ressources disponibles dans toutes nos sociétés mondialisées, étant donné que nous sommes tous, à des degrés divers et certainement de manière inégale, traversés par les conflits, tragédies et catastrophes de ce monde.

    La crise sanitaire que nous vivons actuellement réinterroge les figures du lien social et celles des structures de l’État, particulièrement au vu du paradoxe inédit que cette crise impose, soit de s’isoler (ou se confiner) solidairement.

    Elle incite chacun à redéfinir en son intimité le rapport à l’identité collective, à la citoyenneté et à l’altérité. À un moment où nous sommes encore confinés dans nos domiciles respectifs et où le lien social est mis à rude épreuve, le Covid-19 ouvre un nouveau chantier pour l’Humanité avec ce « petit » virus invisible et silencieux, qui nous met face à notre fragilité humaine fondamentale et à nos ressources communes. Il nous invite à l’introspection en vue de notre résilience collective.

    https://theconversation-com.cdn.ampproject.org/c/s/theconversation.com/amp/quelle-resilience-pour-quels-modeles-de-societe-

  • #France : #Castaner redoute une montée du #communautarisme

    Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a déclaré jeudi qu’il redoutait une montée du communautarisme en France à la faveur de l’épidémie de #coronavirus et des mesures de #confinement, susceptibles selon lui de provoquer un #repli_communautaire.

    “Je crains le risque de communautarisme et que le communautarisme puisse se développer”, a-t-il déclaré lors d’une audition en visioconférence devant la mission parlementaire portant sur l’impact, la gestion et les conséquences de l’épidémie de coronavirus.

    “L’organisation du renforcement communautaire dans une période où une société doute est quelque chose à laquelle tous les pays ont pu faire face”, a-t-il ajouté. “C’est un sujet qui peut provoquer du repli sur soi et peut provoquer du repli communautaire, c’est un sujet de #préoccupation que nous suivons et que nous analysons pour nous préparer à la sortie du confinement, le moment venu”.

    Christophe Castaner a également évoqué, sans donner plus de précisions, des “réseaux d’ultra droite et d’ultra gauche”, très actifs “sur les réseaux sociaux” et appelant “à préparer un certain nombre d’actes qu’ils voudraient commettre à la sortie de la période de confinement”.

    https://fr.reuters.com/article/idFRKCN21R1EB


    https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Reprise_deconfinement_Mai2020/69/5/Fiche-Replis-communautaires_1280695.pdf
    –-> attention à ne pas critiquer devant vos enfants les « mesures gouvernementales », car ielles peuvent après en parler à l’école et... tac :

    certaines questions et réactions d’élèves peuvent être abruptes et empreintes d’#hostilité et de #défiance : remise en question radicale de notre société et des valeurs républicaines, méfiance envers les discours scientifiques, fronde contre les mesures gouvernementales, etc.

    #risque #repli_communautariste #communautarisme #déconfinement #ultra_droite #ultra_gauche #extrême_droite #extrême_gauche #mesures_gouvernementales #fake-news #école #valeurs_républicaines #idéaux_républicains #France #radicalisation #complotisme #idées_radicales #mots #vocabulaire #terminologie #communauté #universalisme #intégration #cohésion_sociale #lien_social #identité #lien_positif #vigilance #peur #religion #vengeance #apocalypse #antagonismes #confusion #autorité_scientifique #science #signalement #indivisibilité_de_la_République #unicité_du_peuple_français #égalité_hommes_femmes #laïcité #esprit_critique #complotisme #socialisation_positive
    #géographie_culturelle

    ping @cede @karine4

    via @isskein

  • Entretien avec Françoise Vergès | Radio Informal
    http://www.rybn.org/radioinformal/antivirus

    À propos d’inégalités invisibilisées, de normalité du confinement, de vulnérabilités et de racisme, de solidarité et d’auto-organisation comme contre-pouvoir, d’intersectionalité des luttes, de la métaphore du bateau négrier. Durée : 57 min. Source : Pi-node

    www.rybn.org/radioinformal/antivirus/audio/ANTIVIRUS18-FrancoiseVerges.mp3

  • #Amap et #confinement

    Le mouvement des Amap a obtenu l’autorisation de la #préfecture de la région pour poursuivre les #livraisons des Amap ! (toute l’info est sur
    notre site : http://reseauisere.amap-aura.org).

    Nous incitons les Amap à se rapprocher de leurs municipalités, des
    services de gendarmerie ou de police afin de leur transmettre
    l’autorisation de la préfecture et d’expliquer l’importance de maintenir
    les livraisons.

    Pour les Amap de Grenoble : comme vous êtes une dizaine d’Amap à
    Grenoble, j’ai envoyé un mail au Maire de #Grenoble pour l’informer de
    cette #autorisation. Une Amap m’a aussi informé qu’elle avait contacté la #municipalité et qu’il avait eu un accord oral pour poursuivre les
    livraisons et que la municipalité se bat pour que les livraisons soient
    maintenues.

    Des maires de commune reçoivent même de Préfecture un courrier stipulant qu’ils devaient étudier les moyens alternatifs aux #marchés notamment les ventes de #paniers en AMAP !

    Merci de bien lire ce qui suit :
    – Paysan.ne.s : pour les livraisons, une seule personne se déplace, avec
    son autorisation professionnelle. Les consignes du Ministère sont
    claires : il s’agit du ou de la paysan.ne et non d’un.e salarié.e qui
    doit effectuer la livraison.
    – Si des livraisons devaient être effectuées par les amapien.ne.s
    (déconseillé !) : si des amapien.ne.s doivent se rendre à la ferme pour
    préparer les paniers / récupérer des produits et les ramener sur le lieu
    de distribution, il faut tenter une autorisation par l’AMAP. Il est
    important que la décision soit prise collectivement, et qu’en cas de
    contrôle qui tournerait « mal », l’ensemble des amapien.ne.s portent la
    responsabilité de l’amende, et non juste la ou les deux personnes ayant
    fait le déplacement.

    Enfin, les marchés devant fermés, il y a peut être des #paysans du réseau qui souhaitent livrer leur #surplus de production dans d’autres Amap, qui n’auraient éventuellement pas de #partenariat actuellement sur cette production : envoyez nous l’info par retour de mail. Nous diffuserons vos propositions de partenariat.

    On compte sur vous pour la suite !
    L’équipe du Réseau des Amap 38

    #courses #agriculture #coronavirus

    Reçu par mail de mon amap, le 25.03.2020

    • Les Amap, îlots de #lien_social dans l’océan du confinement

      Les fermetures de points de vente se multiplient du fait de la crise sanitaire. Les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) se réorganisent pour respecter les mesures d’hygiène lors des distributions. Et doivent s’affirmer auprès des autorités, qui se désintéressent d’elles.

      Bagnolet (Seine-Saint-Denis)

      C’est une belle fin de journée à Bagnolet. Les derniers rayons de soleil illuminent le jardin partagé de la Plage arrière, où Boris décharge ses caisses de légumes. Ce maraîcher installé à Saint-Augustin (Seine-et-Marne) vient, comme tous les lundis, livrer l’Amap locale.

      Depuis cinq ans, Boris fournit aux adhérents des paniers hebdomadaires de produits frais et locaux. En échange, les amapiens s’engagent à payer un prix fixe pour une période donnée, afin de garantir au producteur une juste rémunération même en cas de problème de santé, d’aléa climatique, ou de période de crise. Or, depuis quelques jours, la crise est bien là. La pandémie de Covid-19 frappe de plein fouet le monde.

      « Au niveau de la production, le coronavirus ne change rien pour moi », dit Boris. Il a gardé le même rythme de travail et accorde seulement une attention encore plus particulière aux règles d’hygiène. En revanche, ses modalités de distribution ont bien changé. Jusqu’ici, chaque lundi, les légumes étaient disposés en vrac sur de grandes tables et les amapiens pouvaient prendre le temps de se servir en discutant. Mais, depuis l’annonce du confinement le 15 mars, la structure a dû s’adapter. Désormais, Boris doit emballer lui-même les trente paniers dans de grands sacs. « Les amapiens entrent un par un, ils prennent leur panier et repartent, résume le maraîcher. C’est tout le contraire de ce qu’on fait d’habitude, c’est le moins convivial possible. »

      « Je viens surtout dans l’idée de soutenir un réseau pendant la crise »

      Les adhérents jouent le jeu sans rechigner. Sur le sol, à l’extérieur du jardin partagé, des repères bleus délimitent les distances de sécurité à respecter. Chaque amapien arrive à l’heure demandée (les distributeurs du jour — gantés et masqués — ont dû improviser et répartir les familles dans des créneaux horaires par ordre alphabétique) et s’écarte des autres. Pour cette deuxième distribution depuis l’annonce du confinement, l’heure n’est pas aux bises et aux embrassades. Les clients se saluent d’un sourire, récupèrent leur panier et filent aussi vite qu’ils sont arrivés. « On discutera une prochaine fois ! » lance en s’éloignant Christelle, une amapienne au visage couvert d’un foulard.

      Parmi les adhérents, les sentiments divergent. « À part pour acheter du papier toilette, j’ai à peine besoin d’aller dans un magasin, sourit Nadia à travers son masque, en supervisant la distribution d’œufs. À l’Amap, nous recevrons les laitages la semaine prochaine, ensuite ce sera le poulet. Je me sens privilégiée, je me dis que j’ai fait le bon choix [en rejoignant l’Amap]. » Quelques mètres plus loin, Émilien range son panier de légumes dans son sac à dos. « Ça semble plus sécurisant de venir ici, en plein air et en petit comité, plutôt qu’en supermarché », juge-t-il. D’un pas vif, Sébastien quitte rapidement le jardin partagé. « Honnêtement, oui, je me suis demandé si j’allais venir aujourd’hui, admet-il. On est en confinement, donc chaque sortie comporte un risque. La question, c’est de savoir si le jeu en vaut la chandelle… Je viens surtout dans l’idée de soutenir un réseau pendant la crise. »

      C’est grâce aux engagements des amapiens de toute la France que certains producteurs vont pouvoir garder une rémunération, ne dépendant pas de l’ouverture des marchés ou des conditions d’approvisionnement en supermarché. « C’est important pour nous de maintenir les distributions parce que ça prouve qu’on est un vrai modèle », dit Yseult, maraîchère associée à Boris.
      Les Amap se sentent souvent oubliées par les pouvoirs publics

      Les Amap essaient de continuer tant bien que mal leur activité dans toute la France, mais les structures se sentent souvent oubliées par les pouvoirs publics. L’arrêté du 15 mars précisait que, pendant la période de crise, certains établissements pouvaient continuer à recevoir du public, comme les supérettes, les supermarchés, les commerces d’alimentation générale… Les Amap n’étaient pas citées. Alors l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture a précisé que « les marchés sont par principe ouverts. Les Amap peuvent être assimilées à des marchés alimentaires et à ce titre peuvent être autorisées ». Dans toute la France, plusieurs d’entre elles avaient également reçu une autorisation écrite de la part de leur mairie ou de leur préfecture.

      Toutefois, le 23 mars, Édouard Philippe a créé une vive inquiétude au sein de ces structures en annonçant la fermeture des marchés, couverts ou non. « Le problème est qu’on n’entre dans aucune case puisqu’on n’est pas des commerces, on n’est pas des marchés, on n’est pas des magasins, donc c’est un peu compliqué pour nous de savoir où se positionner et de savoir à chaque fois qu’il y a un nouvel arrêté si on est concernés ou pas, explique Mathilde Szalecki, du réseau Amap Île-de-France, au lendemain de la déclaration du Premier ministre. On n’a rien à voir avec des marchés, il n’y a pas d’échange d’argent, les clients sont des adhérents et pas des inconnus, et il y a des mesures hyper strictes qui sont prises dans chaque Amap. »

      Les Amap, les réseaux régionaux, le Miramap (Mouvement interrégional des Amap) et la Confédération paysanne ont alors sollicité à nouveau les mairies, les préfectures, la Driaaf (direction régionale interdépartementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), le ministère de l’Agriculture… Plusieurs préfectures ont d’ores et déjà confirmé leur autorisation de distribution et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture indique sans détour que les Amap peuvent rester ouvertes. « Ce sont des points de livraison, peut-on lire sur son site internet. Elles peuvent se tenir, au même titre que les points de vente à la ferme ou les drive fermiers en respectant les mesures barrière. » Mais à l’heure actuelle, elles ne sont toujours pas citées nommément dans les décrets officiels.

      « Il y a un énorme afflux en ce moment vers les Amap et les circuits courts »

      « Les Amap sont un épiphénomène pour les pouvoirs publics », estime Mathilde Szalecki. Pourtant, d’après Miramap, on en compte plus de 2.000 en France, avec plus de 250.000 adhérents. « Elles ont toujours été des lieux vus comme alternatifs, peut-être un petit peu marginaux », juge Katell Auguié, amapienne à Vigneux-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Dans son association aussi, il a fallu s’adapter en quelques jours. Les distributions de paniers ne se font plus dans une zone d’activités de la ville (qui a fermé ses portes) mais chez une éleveuse de brebis adhérente. « On a dû déménager en urgence, raconte-t-elle. Aujourd’hui, l’Amap ressemble surtout à un drive ! »

      Partout en France, les associations doivent s’organiser, quitte à reporter une ou deux distributions, le temps de s’ajuster. « On a aménagé tous les lieux de distribution, affirme Évelyne Boulongne, porte-parole du Miramap. C’était un peu compliqué parce que certains étaient dans des [MJC|Maisons des jeunes et de la culture], par exemple, ou des locaux municipaux qui ont fermé. Mais nos légumes poussent, nos poules continuent à pondre, il ne faut pas que nos paysans perdent leur production. Et on a besoin de manger ! Nous allons continuer les distributions. »

      « Il y a un énorme afflux en ce moment vers les Amap et les circuits courts, témoigne Florent, paysan installé à Pussay (Essonne). En ce moment, on reçoit trois à quatre coups de fil par jour de gens qui veulent nous rejoindre, alors que d’habitude, c’était plutôt un par mois. Les Français se posent de plus en plus de questions sur leur consommation, leur mode de vie. »

      Face à ces prises de conscience de plus en plus nombreuses, le Miramap « appelle donc les pouvoirs publics français et européens à garantir que l’argent public débloqué dans le cadre de cette crise se focalisera essentiellement sur la construction d’un nouveau monde en soutenant des solutions durables : la relocalisation de l’alimentation, l’installation paysanne, la démocratie locale au niveau des communes avec des conseils citoyens de l’alimentation, l’accès à une nourriture saine pour tous ».

      Au-delà des aspects alimentaires et économiques, les Amap constituent un réel maintien de lien social. À Bagnolet, une femme vivant seule ne cache pas son émotion en apercevant ses voisins, même espacés les uns des autres. « Ça me fait plaisir de vous voir, dit-elle. Je me sens un peu seule chez moi. » « Beaucoup d’amapiens nous envoient des courriels pour nous dire que la distribution est leur seul moment d’égaiement, de joie dans leur semaine, dit le maraîcher Florent. Parce que c’est le seul moment où ils retrouvent un sens à ce qui se passe dans leur vie. »

      https://reporterre.net/Les-Amap-ilots-de-lien-social-dans-l-ocean-du-confinement

  • Pour sortir du #confinement, un plan d’urgence anticapitaliste

    Par bien des aspects, la #crise_sanitaire en cours est un révélateur de l’incapacité du #capitalisme européen à résoudre les grands problèmes de l’humanité. L’#Italie, la #France et l’#Espagne sont les pays où le virus frappe le plus fort car le #système_sanitaire a été ravagé par les politiques austéritaires depuis au moins une décennie. En France, ce sont 69.000 lits qui ont été supprimés à l’hôpital entre 2003 et 2017, 4.000 en 2018. Par souci d’économie, les réserves stratégiques de masques et de respirateurs ont été supprimées (près d’un milliard de masques dans les années 2000 - supprimé par Xavier Bertrand en 2011). Toujours par souci d’économie, la recherche publique sur les coronavirus n’a pas été soutenue et un temps précieux a été perdu dans la possibilité de trouver des traitements efficaces. La rigueur budgétaire et la recherche du profit sont les principaux responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

    Confinement ou immunité collective ?

    Face à la pandémie, les gouvernements hésitent entre deux solutions. La première, minoritaire, défendue par les gouvernement britanniques et néerlandais est l’acquisition d’une immunité de groupe. Cette immunité à l’avantage d’éviter les nouvelles épidémies. Selon les connaissances que nous avons du virus (R0 ~ 2.5), cela nécessite que 60% de la population entre en contact avec le virus et en soit immunisée. Ce processus est très bien décrit par le groupe de modélisation de l’équipe ETE (Laboratoire MIVEGEC, CNRS, IRD, Université de Montpellier) (http://alizon.ouvaton.org/Rapport2_Immunisation.html). Une fois ce taux atteint, la population dans son ensemble (y compris les personnes non immunisées) est protégée contre une nouvelle épidémie.

    Cependant, sans mesure de contrôle, les projections montrent qu’entre 81 et 89% de la population pourrait être infectée. Soit entre 20% et 30% de plus que le seuil pour atteindre l’immunité collective. Cela représente potentiellement 20 millions de personnes infectées en plus dans un pays comme la France.

    Nous ne connaissons pas précisément le taux de létalité du virus. Les chiffres dont nous disposons sont tous biaisés, et a priori largement surestimés, par l’absence de tests systématiques dans la population. Plus on dépiste, plus on détecte des personnes contaminées présentant peu ou pas de symptômes, plus ce taux est bas. Mais aussi bas soit ce taux, lorsqu’il est multiplié par des dizaines de millions de personnes, les morts se compteraient très probablement en centaines de milliers. Par ailleurs, l’austérité budgétaire et l’affaiblissement des systèmes de santé doivent être intégrés dans l’équation. La létalité du Covid-19 est visiblement provoquée par un choc cytokinique qui nécessite une prise en charge en soin intensifs avec respirateurs. Plus la pénurie de respirateurs est grande, plus la mortalité est haute, plus les équipes médicales doivent choisir qui maintenir en vie et qui sacrifier par manque de moyens. C’est sûrement ce qui explique les taux de mortalité très élevés par rapport à d’autres pays en Italie, en Espagne et dans une moindre mesure en France (bien que cela pourrait s’aggraver au pic de l’épidémie) qui sont mal équipés en nombre de lits en « soins aigus ».

    Dans la plupart des pays, ces chiffres ne sont pas assumables par les gouvernements en place. Et ce sont ces projections qui ont poussé partout le pouvoir à confiner les populations malgré la crise économique majeure et les conséquences sociales dramatiques que cela entraine.

    En effet, la distanciation sociale permet de ralentir la progression du virus, d’aplatir le pic, et donc de diminuer l’afflux de malades en détresse à l’hôpital. Ce processus est décrit de façon très intuitive dans le Washington Post (https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator). La distanciation sociale peut recourir à plusieurs mécanismes, de la fermeture des écoles jusqu’au confinement total. L’étude publiée le 16 mars par l’Imperial College COVID-19 Response Team (https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-fellowships/Imperial-College-COVID19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf) réalise des projections du nombre de lits occupés en soins intensifs en fonction de plusieurs scénarios de confinements. Si cette étude est forcément incomplète, notamment car les courbes dépendent du moment où les mesures sont mises en œuvre, cela nous montre que les mesures de confinement, dans le cas où aucun traitement ne serait trouvé, devraient s’étaler jusqu’à la fin de l’année 2021 pour que la population atteigne les 60% d’immunisés. Dans le cas contraire, tout relâchement du confinement pourrait correspondre à un nouveau développement incontrôlé de l’épidémie dans la population.

    Mais comment imaginer que la situation que nous vivons depuis une semaine en France se poursuivent pendant des mois ? Ce n’est tenable ni économiquement, ni socialement. Ce n’est pas le propos de cet article (pour cela voir le texte de Mimosa Effe : https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences), mais le #confinement_de_classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    Nous l’avons vu, le confinement est d’abord imposé par la faillite de notre système de santé et l’impréparation au risque de pandémie qui sont dues à l’austérité imposée par les gouvernements successifs en France et en Europe. Dans la forme qu’il prend, généralisé dans la vie sociale mais pas au travail, de classe, policier, il est la solution que les capitalistes pensent avoir trouvé pour limiter la casse et maintenir au maximum leur place dans la concurrence internationale. Mais la gestion capitaliste de cette épidémie est marquée par l’impossibilité de planifier une quelconque sortie de crise. Un gouvernement anticapitaliste, au service de la population, motivé par la santé plutôt que par les profits, pourrait mettre en place une toute autre politique.

    Existe-t-il une troisième voie ? De toute urgence prendre des mesures anticapitalistes pour sortir du confinement !

    Il ne s’agit pas ici de dire que le confinement pourrait être levé du jour au lendemain. Nous l’avons vu, étant donné les conditions d’impréparation des gouvernements et la dégradation des capacités de l’hôpital public à supporter une telle épidémie, le confinement était la seule solution pour éviter une mortalité élevée. En ce sens, toutes les initiatives syndicales ou de travailleurs.euses pour stopper le travail - et se protéger - dans les productions non-essentielles sont fondamentales. Le slogan « nos vies valent plus que leurs profits » prend ici tout son sens. Il est également fondamental de dénoncer le gouvernement qui nous explique qu’il faut renforcer le confinement mais continuer à travailler, bien au-delà des secteurs essentiels à la lutte contre l’épidémie. Pénicaud, Macron, Philippe sont plus préoccupé.e.s par le maintien des profits que par notre santé. Les scandaleuses mesures contre le droit du travail, les 35h, nos congés, articulées au renforcement de l’Etat policier, ont été prise au moment où la sidération était la plus haute dans la population.

    Mais il est indispensable maintenant de déterminer quelles sont les conditions qui permettraient d’envisager la levée du confinement à très court terme :

    – Il faut de tout urgence pratiquer le dépistage de masse. D’ailleurs, entre les lignes, le Ministre Olivier Veran reconnait lors de sa dernière conférence de presse (https://www.youtube.com/watch?v=wpGjmCkLDHs

    ) que le confinement ne pourra être levé que lorsqu’il sera possible d’effectuer plus de dépistages revenant sur la communication gouvernementale qui affirmait que le dépistage n’était plus un outil en phase 3. Le dépistage de masse permet de n’isoler que les malades et leur entourage. Il permet également une prise en charge précoce des patients considérés comme « à risque » et ainsi de diminuer la létalité du virus. Le problème, c’est que le fournisseur n’arrive pas à suivre la demande en kit de dépistage (https://www.thermofisher.com/order/catalog/product/11732088#/11732088). Il faut donc de toute urgence organiser la production de kits de dépistages en réquisitionnant les entreprises du secteur et en passant outre les brevets.

    – De toute urgence également, il faut injecter des moyens dans la santé et l’hôpital public pour augmenter les capacités de prise en charge des patients en détresse respiratoire. C’est l’inverse des politiques menées jusqu’alors qui font fonctionner l’hôpital comme une entreprise, en flux tendu, incapable de s’adapter à des situations d’urgence. Pour l’instant, le gouvernement a débloqué 2 milliards d’euros pour l’hôpital. Dans le même temps, il injecte 43 milliards dans l’économie et garantit 350 milliards d’euros aux entreprises privées !

    – Pour augmenter le nombre de lits en soins intensifs et protéger celles et ceux qui travaillent il faut réorganiser en profondeur l’appareil industriel pour planifier les productions utiles à résoudre la crise sanitaire : masques, respirateurs, oxygène… En ce sens, il faut soutenir l’action de la CGT qui demande la réouverture et la nationalisation de Luxfer, seule usine d’Europe à produire des bouteilles d’oxygène médical fermées. C’est un bon exemple qui pourrait se poser pour d’autres productions.

    Enfin, l’attention est captée à une échelle assez large sur la mise en place d’un traitement. Le plus prometteur, la chloroquine (ou son dérive l’hydroxy chloroquine) est testée dans plusieurs pays et de nombreux services hospitaliers, y compris en France, ont commencé à l’utiliser sur des malades. Ce médicament semble réduire la charge virale et la durée du portage du virus. Si ce traitement s’avère efficace, la question de la nationalisation de l’industrie pharmaceutique va devenir compréhensible à une échelle très large.C’est peut-être la peur de cette évidence qui motive les grands groupes du secteur à anticiper en proposant de fournir ce traitement gratuitement, que ce soit #Sanofi (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-sanofi-pret-a-offrir-aux-autorites-francaises-des-millions-) ou #Novartis (https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-novartis-offre-130-millions-de-doses-de-chloroquine-20200320) !

    Ainsi, nous pouvons affirmer que le confinement aurait pu être largement réduit, voire évité, en généralisant les dépistages, en développant les capacités d’accueil de l’hôpital public et en accélérant les tests sur des traitements antiviraux.

    Ce plan d’urgence n’est possible à court terme que si l’on s’affronte au capitalisme. Il faut reprendre le contrôle, sans indemnité ni rachat, sur l’appareil productif, notamment dans le domaine de la santé, des protections pour les salariés, de l’industrie pharmaceutique et biochimique.

    Macron et son gouvernement, LR et le PS avant lui, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle. L’heure de solder les comptes arrivent. Les réponses anticapitalistes pourraient alors apparaître comme une solution à une échelle inédite jusqu’alors. Pour cela, sans attendre la fin du confinement, il nous faut renforcer les réseaux de solidarité, les réseaux militants pour recommencer à agir dans la situation.

    https://npa2009.org/idees/sante/pour-sortir-du-confinement-un-plan-durgence-anticapitaliste
    #anticapitalisme #anti-capitalisme #austérité #hôpitaux #lits #masques #réserves_stratégiques #stock #respirateurs #recherche #rigueur_budgétaire #immunité_collective #immunité_de_groupe #létalité #taux_de_létalité #tests #dépistage #choc_cytokinique #distanciation_sociale #flattening_the_curve #aplatir_la_courbe #vie_sociale #travail #atomisation #Etat_policier #impréparation #troisième_voie #droit_du_travail #dépistage_de_masse #soins_intensifs #industrie #nationalisation #Luxfer #chloroquine #industrie_pharmaceutique #responsabilité

    ping @simplicissimus @fil @reka

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    Citation sélectionnée pour @davduf :

    Le confinement de classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    • Le confinement, la destruction du #lien_social et ses conséquences

      Le 19 mars l’Assemblée rejetait l’amendement visant à prolonger le délai d’#avortement pendant la crise sanitaire. Si ce n’est finalement que peu étonnant de la part des députés LREM, ce rejet est révélateur de quelque chose de plus profond. Le confinement de la population va mettre en danger massivement les #femmes et les #classes_populaires de manière générale.

      Quelle que soit la façon dont certains ont essayé de le tourner, le confinement est profondément inégalitaire. Il y a ceux et celles qui ont un logement pour se confiner et les autres qui n’en ont pas, celles et ceux qui ont un logement décent et les autres qui ont un logement insalubre, celles et ceux qui ont une maison avec un jardin et celles et ceux qui doivent se pencher à la fenêtre pour respirer de l’air frais.

      Le message du gouvernement à l’aide de mesures coercitives violentes (oui les amendes sont effectives et en Seine-Saint-Denis elles ont conduit à des arrestations et des garde-à-vue) fait croire à la portée individuelle du confinement sans prise en charge collective de ses répercussions. Face à cela, certainEs ont essayé de mettre en place des réseaux de solidarité dans les immeubles, dans les quartiers, ... Si ces réseaux sont nécessaires et même indispensables, ils ne contrebalancent pas les problèmes qui se posent avec le confinement et qui vont forcément causer là aussi des morts, et parfois ils confortent même dans l’idée qu’il faut nécessairement rester chez soi : promener son chien, faire du jogging serait dangereux. Le propos de cet article n’est pas de dire que le confinement est inutile pour contrer le Covid-19 mais que le confinement n’est pas viable à moyen terme, c’est pourquoi la sortie de crise ne peut venir que de la mise en place d’un plan d’urgence visant à dépister et à soigner ce qui veut dire concrètement donner des moyens aux personnels de santé et des moyens de protection à la population.

      Le confinement face à l’organisation sociale de la dernière phase du capitalisme

      Le confinement dans l’histoire n’a jamais été une partie de plaisir, mais elle pose question dans le capitalisme tel qu’il s’organise aujourd’hui. Depuis les trente dernières années : on peut dire que la tendance à détruire les structures familiales est plutôt lourde. Les foyers composés de personnes seules s’élèvent à 35% des foyers (20% des femmes et 15% des hommes) auxquels se rajoutent presque 9% de familles monoparentales (dont le gros du contingent est composé de femmes). La grande majorité des foyers composés d’une personne seule ont plus de 65 ans (plus de 70%)1. Le problème c’est qu’avec cette épidémie ce sont ces mêmes personnes considérées comme vulnérables qui vont donc se retrouver complètement isolées.

      De l’autre côté, l’on sait aussi qu’un ménage sur douze vit dans un logement surpeuplé, 18% des logements sont considérés comme trop bruyant (donc mal isolés), 22% n’ont pas de système de chauffage efficient et près de 13% ont des problèmes d’humidité.2

      Le confinement produit aussi des rapports au travail qui accentuent ce qui existait auparavant : d’une part il y a ceux qui télétravaillent et ceux qui continuent de travailler dans des conditions de sécurité face au virus alarmantes et avec l’idée que le travail s’accompagne de toute une série de mesures restrictives.3 Mais à cela, il faut encore ajouter que le télétravail n’est pas le même pour tout le monde (que l’on soit cadre ou que l’on fasse un travail administratif) surtout quand l’on se retrouve face à un travail qui s’accompagne de plus en plus d’une perte de sens, d’autant plus qu’il envahit la sphère privée et que les loisirs sont considérablement réduits. Quant aux précaires, aux étudiantEs, à celles et ceux qui travaillaient sans contrat de travail, c’est une situation dramatique qui s’ouvre sans qu’aucune aide ne soit prévue si ce n’est un chômage auxquels ils n’ont pas tous droit.

      De plus, le système capitaliste entraîne une détresse psychologique : la dépression, le suicide ou les tentatives de suicides vont s’accentuer avec la perte de lien social, la perte d’activités émancipatrices et une vie tournée autour du travail.

      Toute la prise en charge associative, comme du service public de ses éléments là, comme de la prise en charge de l’extrême pauvreté va être ou drastiquement réduite voire inexistante.

      Dans le confinement, les femmes trinquent (et meurent !)

      Outre la question de l’avortement dont nous avons parlé plus haut, les femmes vont subir une répercussion violente du confinement. Elles assumeront plus de tâches ménagères qu’à l’ordinaire et de tâches de soin, et on le sait ce sont elles qui dans la plupart des foyers assumeront le suivi de « l’école à la maison » et d’occuper les enfants, sans compter les familles monoparentales ou les mères se retrouveront seules face à l’éducation de leurs enfants.

      Le confinement va augmenter les violences intra-familiales et en particulier les violences conjugales, c’est déjà ce qu’a révélé l’expérience du Wuhan4. Là encore, ces violences seront encore moins prises en charge qu’avant puisque le 3919 ne fonctionne plus pendant cette crise contrairement à ce qu’avait annoncé Marlène Schiappa.5 Au sixième jour du confinement, cette tendance est d’ailleurs aussi relatée par la FCPE ce dimanche.6

      Le manque d’accès à l’avortement pourra provoquer des recherches de solutions mettant en danger les femmes subissant des grossesses non-désirées quand celles-ci ne provoqueront tout simplement pas le suicide.

      Dans le même temps, on pourra noter que les adolescents LGBT confrontés en permanence à l’homophobie pourraient là aussi augmenter les tentatives de suicides et les suicides, alors même que c’est déjà une cause importante de suicides chez les adolescentEs.

      Ajoutons à cela que des secteurs largement féminisés se trouve en première ligne de la gestion de la maladie : infirmières, caissières, ...

      L’isolement des individus entraîne une baisse de la conscience de classe

      Le confinement produit un rapport de force dégradé de manière objective. En ce moment, des lois d’exception sont en train de passer à l’Assemblée diminuant nos droits, sans possibilité de riposte et si la légitimité du gouvernement reste affaiblie, les mesures prises rencontrent au moins une part de consentement. Si c’est le cas, c’est bien parce que la crise que l’on rencontre, a de grosses difficultés à être résolue par le système sans faire des milliers de morts.

      Individuellement, les gens ne peuvent pas se protéger et pour une grande majorité restent donc chez eux de peur (et cette peur est fondée) de devenir malade ou de l’être déjà et de contaminer d’autres personnes. Le problème c’est que sans dépistage massif et traitement le confinement risque de durer longtemps.

      Or, isolément, les gens ne peuvent d’une part pas s’organiser (ce qui dégrade le rapport de force) et de l’autre entraîne une baisse de la conscience de classe dans ce qu’elle a de plus simple car c’est l’organisation du travail qui fonde objectivement cette conscience. De plus, le confinement, repose sur le consentement d’une population à être confinée : c’est d’ailleurs par les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse ou dans son entourage une pression sociale à « Restez chez vous », mais aussi à prendre le temps de lire ou de se cultiver.

      De fait cette pression sociale, construit alors le modèle de ceux qui y arriveraient en étant forts, en ayant accès à de la culture ou à des habitudes culturelles. Les vieux qui vivent seuls, les dépressifs, les pauvres, ceux qui n’ont pas accès à la culture se retrouveraient alors mis à l’amende.

      Pour l’instant, cette idéologie ne se fait que sous forme de pression, mais elle pourrait produire autre chose, elle passerait alors du consentement à la collaboration : elle est déjà en partie à l’œuvre de manière minoritaire, elle passe par la délation de celles et ceux qui sortent et la volonté d’un durcissement des mesures coercitives.

      Le confinement ne peut qu’être une mesure à court terme, sinon les effets violents décrits auront des effets durables, surtout si, comme c’est le cas aujourd’hui le mouvement ouvrier ne riposte pas.

      https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences
      #confinés #non-confinés #inégalités #logement #mesures_coercitives #amendes #Seine-Saint-Denis #arrestations #garde_à_vue #rester_chez_soi #isolement #télétravail #chômage #détresse_psychologique #santé_mentale #école_à_la_maison #soins #care #tâches_ménagères #conscience_de_classe #lois_d’exception

  • Bandes de potes
    http://www.laviedesidees.fr/Benoit-Coquard-Ceux-qui-restent-Faire-vie-campagnes-declin.html

    À propos de : Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, La Découverte. Études courtes, accès précoce à l’emploi et au couple, goût du travail manuel, démonstrations de virilité, tels sont les traits caractéristiques des relations qui unissent les jeunes hommes des régions rurales, qu’étudie l’enquête de B. Coquart.

    #Société #pauvreté #lien_social #culture_populaire #masculinité
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200205_masclet.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200205_masclet.docx

  • Are we happier when we spend more time with others? - Our World in Data
    https://ourworldindata.org/happiness-and-friends

    In 1938, a group of Harvard researchers decided to start a research program to track the lives of a group of young men, in what eventually became one of the longest and most famous longitudinal studies of its kind. The idea was to track the development of a group of teenage boys through periodic interviews and medical checkups, with the aim of understanding how their health and well-being evolved as they grew up.1

    Today, more than 80 years later, it is one of the longest running research programmes in social science. It is called the Harvard Study of Adult Development and it is still running. The program started with 724 boys, and researchers continue to monitor today the health and well-being of those initial participants who are still alive, most in their late 90s.2

    This is a unique scientific exercise – most longitudinal studies do not last this long because too many participants drop out, researchers move on to other projects (or even die), or the funding dries up.

    So what have we learned from this unique study?

    Robert Waldinger, the current director of the study, summarized – in what is now one of the most viewed TED Talks to date – the findings from decades of research. The main result, he concluded, is that social connections are one of the most important factors for people’s happiness and health. He said: “Those who kept warm relationships got to live longer and happier, and the loners often died earlier”.

    #solitude #lien_social #santé

  • #Tero_Loko : travailler la terre pour mieux s’enraciner

    Le projet est aujourd’hui unique en France : permettre à des personnes au statut de réfugié de s’insérer professionnellement à travers l’agriculture avec pour but de redynamiser un petit village rural et créer du #lien_social. Tero Loko a concrètement vu le jour en avril dernier, après 3 ans de travail préparatoire, avec l’arrivée de ses premiers salariés en insertion, originaires du continent africain. Basée à Notre Dame de L’Osier, un village de 500 habitants, dans le sud de l’Isère (entre Grenoble, Valence et Lyon), Tero Loko s’invite comme une réponse aux nombreuses problématiques auxquelles sont exposés les #territoires_ruraux français, peu habitués à accueillir des étrangers encore moins mobilisés sur du #travail_agricole. Le projet de Tero Loko ? #Maraîchage et production de #pain couplés à un projet d’#hébergement et d’#accompagnement_social.
    #Clémentine_Méténier nous invite dans le quotidien des premiers « tero lokiens », mains, bras et têtes de cette petite entreprise agricole.

    https://clementinemetenier.blog/2019/06/09/tero-loko-travailler-la-terre-pour-mieux-senraciner

    A écouter ici : http://www.rfi.fr/emission/20190607-agriculture-benin-jardins-espoir-ferme-urbaine-tero-loko (pour écouter, s’abonner au podcast « itunes » de l’émission)

    #agriculture #intégration_professionnelle #travail #asile #migrations #Notre-Dame-de-l'Osier #Isère
    ping @odilon @karine4 @isskein

    • Jean-Claude Métraux, La #migration comme métaphore

      Le livre de Jean-Claude Métraux prend pour objet « les gens de la mer », que sont les migrants arrivés au Nord, venus des trois autres points cardinaux. Mais l’auteur l’a écrit pour « les gens de la terre », c’est-à-dire ses collègues, ceux qui, comme lui, sont des professionnels de la santé et de l’aide sociale. Et que veut-il leur dire, à ses collègues ? Trois choses : les trois parties du livre.

      2Que nous ferions bien de ne pas oublier que « nous sommes tous des migrants » (spatiaux ou temporels), que toute migration comporte une perte, donc un deuil, qui n’est pas facile à faire et que d’ailleurs, nous-mêmes, nous n’avons pas toujours réussi à mener à bien. C’est la première partie : Nous sommes tous des migrants.

      3Qu’avec notre esprit formaté par la modernité occidentale, nous nous croyons toujours supérieurs aux gens des autres cultures (même lorsque nous prétendons le contraire) et que cela nous a toujours empêché de traiter comme il faudrait les migrants venus vivre chez nous. C’est la seconde partie : Relents d’orientalisme.

      4Et qu’il nous faudrait donc apprendre à les traiter autrement. S’appuyant sur sa longue pratique professionnelle, l’auteur développe quelques idées sur la manière dont il faudrait s’y prendre. C’est la troisième partie : Paroles précieuses. Voyons tout cela d’un peu plus près.

      5Dans sa première partie, l’auteur revient sur la théorie du deuil qu’il avait déjà proposée dans son livre précédent : Deuils collectifs et création sociale1. L’individu est confronté au problème du deuil quand, en se déplaçant dans l’espace ou dans le temps, il subit la perte de « quelque chose » auquel il était attaché. Il vivait dans et il était d’un monde ; il vit maintenant, et il essaie d’être, dans un autre. L’auteur propose une phénoménologie de ce passage en suivant les étapes : quitter un monde où il vivait et dont il était, passer, entrer, vivre et, si possible, être dans un autre. De l’un à l’autre, il subit des pertes : « perte de toi », « perte de soi », « perte de sens », dont il devra « faire son deuil ». L’auteur s’intéresse aux conditions et aux processus qui favorisent la réussite d’un tel deuil.

      6Les conditions. Le deuil est réussi quand la personne parvient, non seulement à vivre, mais à être de son nouveau monde. Pour être d’un monde, il faut lui appartenir, ce qui implique d’être reconnu par les autres comme étant « des nôtres ». Certaines conditions favorisent cette intégration créatrice, que l’auteur oppose aussi bien à l’assimilation qu’à la ghettoïsation, ou, ce qui est pire encore, à la double marginalisation. Être intégré de cette manière, bien sûr, dépend d’abord de l’accueil reçu : se sentir en sécurité, valorisé, voir sa culture et ses droits respectés, tout cela renforce l’estime de soi, indispensable à l’intégration. Mais d’autres conditions sont bien utiles : ne pas se sentir seul (importance des compagnons d’errance), rester en communication avec ceux qu’on a quittés, migrer par étapes progressives, avoir un projet d’avenir et, bien entendu, apprendre la culture du pays d’accueil (notamment sa langue).

      7Les processus. L’auteur décompose le processus du deuil en étapes, comme il l’avait fait, plus extensivement, dans son livre précédent : phase de refus et de fermeture (l’individu soit nie la perte, soit cherche à ressusciter l’objet perdu) ; phase de reconnaissance de l’irréversibilité de la perte ; phase dépressive ou d’ouverture (avec sentiment de culpabilité et idéalisation de l’objet perdu) ; phase de création (il se dote d’un nouveau récit de la perte : narration). Ce processus peut se bloquer en cours de route : il peut y avoir congélation et même fossilisation du deuil.

      8Dans la seconde partie de son ouvrage, l’auteur nous propose une remarquable mise en perspective historique, appuyée sur des sources empiriques très complètes et intéressantes. Nos experts scientifiques et nos politiciens, tout imprégnés de culture occidentale moderne, qu’ils croient supérieure à toutes les cultures qui l’ont précédée, sont non seulement « complices » entre eux, mais incapables de concevoir une politique d’accueil des migrants, qui favoriserait vraiment leur « intégration créatrice » dans nos sociétés. Leur modèle a été et est resté le « modèle des déficits » : les migrants sont définis par ce qui leur manque ; ils sont priés de guérir de leur « pathologie » et de combler leurs lacunes (en langue, en qualifications, en valeurs et en normes de comportement). En clair, ils sont invités à « s’intégrer », dans le sens de « s’assimiler ».

      9De telles prémisses induisent chez la plupart des professionnels des attitudes et des conduites de déni de reconnaissance et d’objectivation de leurs « clients », qui ne peuvent aboutir qu’à l’échec des objectifs que, dans leurs discours, ils prétendent cependant vouloir atteindre. On a bien noté un changement important dans les discours à partir des années 1960 – on a remplacé quelques mots devenus péjoratifs par d’autres plus respectueux – mais dans la pratique, rien n’a véritablement changé dans la politique concrète des États, des « experts » et des professionnels.

      10Enfin, dans la troisième partie, l’auteur nous propose une attitude envers la personne en migration. Dans un beau texte très vivant, très imagé et concret, bourrés d’exemples vécus, dans lequel il s’implique lui-même, l’auteur nous explique, en se fondant sur sa propre expérience, comment il pense que devrait se dérouler la relation entre le « professionnel » et… qui ? – on ne sait plus comment le nommer : « l’usager », « le client », « l’ayant droit », « le bénéficiaire » ? Pour soutenir son argumentation, il s’appuie sur un excellent exposé de la théorie du don et de celle de la reconnaissance.

      11L’idée principale est que certaines paroles données, reçues, rendues sont plus « précieuses » que d’autres pour aboutir au résultat espéré : la réussite du processus de deuil et l’intégration créatrice de la personne concernée. Ce sont des paroles qui reconnaissent la personne, qui le respectent, qui lui font confiance, qui croient en ses capacités, qui lui permettent de partager les confidences du thérapeute, ses émotions, sa compétence limitée, ses préjugés, son impuissance. Bref, des paroles qui permettent à celui qui les reçoit de « rendre quelque chose », de rester debout, sans s’humilier, de garder la tête haute, de rester digne. Des « paroles qui soignent » l’identité blessée de l’autre.

      12Un dernier mot, qui concerne l’écriture : le livre de Jean-Claude Métraux est de la prose qui ressemble à de la poésie – à moins que ce soit l’inverse –, et qui rend le texte facile et agréable à lire. Parfois cependant, comme c’est souvent le cas avec les paraboles, il faut interpréter, décoder l’analogie, et l’on n’est pas sûr alors d’avoir compris tout ce qu’on s’imagine qu’il fallait comprendre. Mais faut-il tout comprendre d’un seul coup ? Ne vaut-il pas mieux laisser en réserve une partie du sens pour le méditer de temps en temps : mais qu’est-ce qu’il a bien pu vouloir dire avec cette histoire de grenouille disséquée dont on voit encore battre le cœur ?

      13Deux remarques critiques cependant. La première concerne la différence entre la migration spatiale et la migration temporelle. L’approche de l’auteur me paraît convenir fort bien à la première ; j’en suis moins sûr pour ce qui est de la seconde. Être un Indien d’Amérique vivant à Genève, ou être un vieillard parmi les jeunes, dans un monde qui « n’est plus comme dans le temps », me semblent être deux situations assez différentes, malgré leurs similitudes. Le migrant temporel perd le contact avec une culture parce qu’elle a, à jamais, disparu (les gens du village, leur langue, la vie rurale), mais il reste dans le cadre social et physique qu’il a toujours connu ; le migrant spatial perd le contact avec une culture, qui continue d’exister et avec le cadre dans lequel elle se situe. Le premier garde la continuité avec le passé (ceux de sa génération) et le présent (ses enfants et petits-enfants) : il peut au moins discuter et se disputer avec eux ! Ne sont-ce pas là deux pertes très différentes ?

      14La seconde observation concerne l’ « intégration créatrice », que l’auteur propose dans sa typologie (p.92) et qu’il définit par le « sens partagé », tant avec la communauté d’accueil qu’avec celle d’origine. Mais, en supposant même que cette intégration réussisse, quelle est l’importance de la domination sociale dans son processus de deuil ? Peut-on parler d’intégration créatrice si le migrant rejoint les rangs d’une catégorie sociale elle-même dominée dans la communauté d’accueil ?

      15Quoi qu’il en soit, le livre de Jean-Claude Métraux constitue, sans doute aucun, un excellent apport à une meilleure compréhension du migrant, susceptible d’aider le professionnel de bonne volonté à mieux faire son travail.


      https://journals.openedition.org/lectures/6934
      #livre

  • Chèr·es utilisateurs et utilisatrices de seenthis,

    je commence à préparer un cours universitaire (Licence 3) un peu particulier. Un cours de recherche-action participative, où on demande aux étudiant·es de co-construire un savoir avec les habitant·es concerné·es.

    J’ai décidé de axer le cours sur la thématique de l’ alimentation dans les quartiers populaires .

    Toutes idées de doc, livres, films, musique, en ce moment de défrichage du thèmes sont bienvenues.

    Les sous-thèmes auxquels je pense :
    – alimentation et #pauvreté (et comme #indicateur le taux d’#obésité)
    #justice_alimentaire
    #mal_bouffe
    #déserts_alimentaires
    #fast-food et #slow_food
    #AMAP et #agriculture_de_proximité (#agriculture_urbaine) dans les quartiers populaires
    – alimentation dans les #cantines
    #prix et #accessibilité d’une nourriture (#buget_alimentaire, #budget_alimentation)
    – la question culturelle de l’alimentation (y compris #identité)... dans des quartiers où la diversité culturelle est importante. #cultures_culinaires
    – alimentation et #lien_social
    #récupérations_des_invendus
    #Incroyables_comestibles : http://lesincroyablescomestibles.fr
    #distribution_de_repas aux plus démunis
    #spécialités_locales -vs- #spécialités_exotiques #spécialités_ethniques (oh les gros mots)
    #marchés
    #origine_des_approvisionnements
    #repas_associatifs #fêtes #convivialité
    #bio (ou pas)
    – ...

    cc @franz42, qui maintenant qu’il est à la retraite aura certainement beaucoup de temps pour bouquiner !
    Liste à laquelle a aussi grandement contribué @odilon

    #ressources_pédagogiques #RAP2019

  • Eichbaumoper - Un train peut cacher un opéra de raumlaborberlin

    http://strabic.fr/raumlaborberlin-eichbaumoper

    Merci Strabic de signaler ce trait de génie !

    http://raumlabor.net

    Concevoir et donner un opéra pour réactiver une station de train délaissée en Allemagne, tel est le défi que s’est lancé le collectif raumlaborberlin en 2008. Renversant le statut du lieu qui passe de décor infréquentable à genèse d’une œuvre, le collectif d’architectes, en collaboration avec les usagers, a démontré que l’opéra peut venir à la rescousse de l’urbain. Bilan, dix ans après.

    Raumlaborberlin, formé de neuf architectes associés installés dans la capitale allemande depuis 1999, s’intéresse tout particulièrement aux questions de transformation et de renouvellement urbain. Sous cette bannière qui signifie « laboratoire spatial », le groupe collabore avec d’autres professionnels pour développer des projets impliquant la participation des habitants et renforçant le lien social. Leurs architectures mobiles et modulables prennent le plus souvent place dans des espaces publics délaissés, selon une approche protéiforme et ludique. Le projet pour la station de train d’Eichbaum (Mülheim, Allemagne) initié en 2008, a consisté à utiliser l’opéra comme levier de transformation urbaine. Par la construction d’espaces de travail, puis de représentation et la mise en place d’ateliers participatifs, raumlaborberlin a renversé le rapport au lieu jusqu’alors peu fréquentable. De spectatrice passive et délaissée, la station est devenue actrice, porteuse d’histoire, ciment du projet. Strabic revient, dix ans après les premières actions menées, sur la genèse du projet et son développement.

    #berlin #métro #transport #lien_social #animation_de_rue #animation_de_metro

  • Un travail sans qualité - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Un-travail-sans-qualite

    Pour tenir ensemble, apprenais-je à mes dépens, il faut un sort commun, une nécessité partagée. Il peut s’agir d’un squat ou d’un boulot mais rarement d’une activité où l’on s’investit trois heures par semaine et dont la disparition ne modifierait pas fondamentalement son existence. Ainsi l’animatrice de groupe décroissance, l’organisatrice communautaire que j’étais découvrait que ses efforts ne contribuaient pas à une communauté humaine bâtie sur des obligations réciproques mais à une convergence de désirs instables. Finalement, cette liberté essentielle à nos activités collectives et celle dont je jouissais à titre personnel ont été très ambivalentes. L’absence de nécessité ou de contrainte font un monde social insécurisant, dans lequel j’ai appris à me soumettre au désir des autres par crainte de leur défection et où j’ai découvert ce dont en tant que femme je n’aurais jamais dû me croire à l’abri : le fait d’être un paillasson. Alors que des collègues de travail sont tenu·es de se supporter et que cette contrainte (pénible) permet d’inclure chacun·e avec plus ou moins de succès, les groupes de bénévoles se reconfigurent constamment au gré des désirs individuels et le moindre conflit peut donner lieu à des ruptures définitives. Ce qui en fait, malgré les belles intentions, un monde au moins aussi violent que l’autre.

    #travail #bénévolat #association #lien_social #revenu_garanti

  • Tristan Harris : « Des millions d’heures sont juste volées à la vie des gens » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2016/06/04/tristan-harris-millions-dheures-sont-juste-volees-a-vie-gens-264251

    Tristan Harris a été le « philosophe produit » de Google pendant trois ans. Ça vous laisse perplexe ? Nous aussi, au début.

    On a découvert cet ingénieur informatique américain formé à Stanford via un post de Medium passionnant titré « Comment la technologie pirate l’esprit des gens ». Il y explique (en anglais) comment les entreprises de la Silicon Valley nous manipulent pour nous faire perdre le plus de temps possible dans leurs interfaces.

    #économie_de_l'attention

  • http://www.covoiturage-libre.fr

    5 engagements forts et clairs

    Nous garantissons que :

    – la plateforme est un bien #commun : nous ne serons jamais achetés ou côtés en bourse ;
    – nous ne vivons que de dons : il n’y a pas de commission sur les trajets ;
    – la #gouvernance de la plateforme est fondée sur la #communauté ;
    – notre communauté contribue à la protection de l’environnement ;
    – la plateforme contribue au #lien_social entre covoitureurs.

    #covoiturage

  • Redonner une éthique à la #consommation
    http://www.lecourrier.ch/132864/redonner_une_ethique_a_la_consommation

    A Brooklyn et à Paris, des #coopératives similaires existent, mais le défi du SPP est d’aller plus loin : les coopérateurs ne se limiteront pas à une relation vendeur-acheteur comme c’est souvent le cas, ils développeront une synergie.
    Concrètement, paysans et maraîchers seront présents à tour de rôle dans ce magasin pour présenter leurs produits et leurs méthodes de production. Ils ouvriront également les portes de leur exploitation de temps à autre. Les transformateurs, tels que le boulanger, le laitier ou le boucher, établis ailleurs dans l’écoquartier, fourniront le supermarché et assureront une présence régulière pour échanger, informer à propos de leur métier et même proposer des cours ou des ateliers. Les consommateurs membres de la coopérative du SPP devront, pour leur part, consacrer un peu de leur temps à la gestion du magasin, du nettoyage à la comptabilité, ainsi qu’à la vente des produits. A noter que le #supermarché est ouvert à tous. Nul besoin d’être un membre de la coopérative pour s’y approvisionner.

    Une nouvelle manière de consommer
    « Nous voulons changer le rapport à l’#alimentation et à la consommation », explique Marie-Emmanuelle Ezan, trésorière de la coopérative du SPP. En effet, le supermarché, au-delà d’un lieu où s’achète nourriture et biens non alimentaires, deviendra un espace d’échange, éducatif et instructif. Les consommateurs sauront ce qu’ils mangent, étant en contact direct avec les #producteurs et #artisans, eux-mêmes attentifs à proposer des produits issus de l’agriculture biologique et à kilomètre zéro. Tous pourront échanger et apprendre les uns des autres. L’occasion aussi de réfléchir sur le mode de consommation actuel. « Il y aura beaucoup d’aliments en vrac et peu d’emballages », précise Bastien Flück, secrétaire de la coopérative du SPP. « Les invendus seront récupérés par l’auberge des Vergers et de temps à autre une fête des invendus, avec repas offert, pourrait avoir lieu, ce qui serait l’occasion de créer du #lien_social. » D’ailleurs, un café, hébergé par le supermarché, fera office de lieu de #rencontre.

    Merci @cdb_77

  • Sexualité et handicap mental • Dépasser les bonnes intentions - Lien Social
    http://www.lien-social.com/Sexualite-et-handicap-mental-o-Depasser-les-bonnes-intentions
    Je recopie ici ma participation au numéro 1163 de la revue Lien Social

    Accompagnement Sexuel
    En France, en 2012, le Comité Consultatif National d’Ethique a rejeté l’accompagnement sexuel dont pourraient bénéficier les personnes en situation de handicap, assimilé à la prostitution.
    La mise en lien entre clients et accompagnants, elle, est considérée comme du proxénétisme et interdite.
    Des associations défendent ce qu’elles considèrent comme un droit, c’est le cas de l’Association Pour la Promotion et l’Accompagnement Sexuel (Appas), fondée par Marcel Nuss, auteur et conférencier, lourdement handicapé. En mars 2015, elle a animé la première formation française sur la question. « Cette formation aide à prendre conscience de ses projections en matière de sexualité, à connaître les contraintes et spécificités des différents handicaps. Elle propose également un travail avec un ostéopathe autour du toucher et des bonnes postures à adopter pour éviter de se faire mal ou de faire mal à la personne accompagnée », détaille Marcel Nuss. Depuis janvier 2014, l’association met aussi gratuitement en lien ceux et celles qui souhaitent bénéficier d’un accompagnement sexuel avec des « accompagnants » sur le territoire français : travailleurs du sexe volontaires, professionnels de la santé ou de l’aide à domicile.
    D’autres, comme le cinéaste Rémi Gendarme, également lourdement handicapé, s’opposent à l’accompagnement sexuel. Il a d’ailleurs consacré un court ouvrage à la question. "L’idée me paraît largement discriminatoire. Les arguments entendus sur le sujet véhiculent les préjugés les plus bas, les plus misérabilistes. Des points de vue à la sauce judéo-chrétienne, comme le « devoir d’humanité, peste-t-il. Ceux qui les utilisent semblent considérer les hommes et les femmes en situation de handicap comme des sous-humains incapables d’accéder à une vie affective et sexuelle. Accepter cette proposition équivaut à admettre que les corps handicapés ne peuvent pas séduire. Le problème est énorme : la misère touche toute la société. Elle impose à chacun des canons de beauté et une sexualité normative. C’est aux professionnels de la santé, aux institutions et aux usagers de se saisir largement de cette question. Il ne s’agirait pas de faire l’autruche en délégant les questions, si nombreuses, de l’intimité en institution, à un service externalisé. »
    #handicap #rémi_gendarme #lien_social #marcel_nuss #accompagnement_sexuel

  • « La série "#Plus_belle_la_vie" crée du "partage, du #lien_social", a jugé mardi à Marseille le président de France Télévisions Rémy Pflimlin, l’opposant au modèle de #Netflix, qui propose de "consommer" des oeuvres "de façon individuelle". »

    http://www.afp.com/fr/info/plus-belle-la-vie-lanti-netflix-par-excellence-pour-remy-pflimlin

    #France_éternelle #ORTF #télévision