• #Sainte-Soline, Autopsie d’un #carnage - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=3ymjnILRclQ


    #deux-sèvres

    L’histoire de Serge, de Mickaël, d’Alix, d’Olivier aucune chaine de télé n’a osé la raconter. Or, étouffer les voix de celles et ceux qui ont vécu Sainte-Soline dans leur chair, c’est les écraser une deuxième fois. Grâce à la co-production de #Reporterre et #OFF_investigation, nous pouvons vous mettre ce #documentaire en accès libre. Mais pour continuer demain, nous avons besoin de vous. Pour que d’autres voix émergent et participent à faire éclater la vérité, faites un don.
    ➡️ https://donorbox.org/reporterre-offin...

    ©️ Crédits :
    Sur une idée originale de Clarisse Feletin
    Réalisation : Clarisse Feletin et Maïlys Khider
    Montage : Bérénice Sevestre et Julien Bouillet
    Documentation : Robin Couturier
    Musique composée et dirigée par Hélène Blazy
    Illustration : Arnaud Bétend
    Graphisme : Florian Parisot
    Mixage : Edward Pellicciari (Creative Sound)
    Étalonnage : Fred Fleureau
    Tournage des interviews : Valentin Wender, Léo Le Gat, Robin Couturier, Jean-Marc Pitte
    Rédaction en chef : Jean-Baptiste Rivoire
    Productions : Off Investigation et Reporterre
    Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC Talent).

    Nous tenons à remercier particulièrement les journalistes reporters d’images indépendants qui nous ont permis de documenter l’enchaînement des faits :
    Camille Reporter, Joanie Lemercier, Rémy Servais, Vincent Verzat (Partager C’est Sympa), Bertrand Sinssaine, Joé Rexach (Blast), Lisa Lap (Le Media), Yoan Bonnet, La gang de la Boisselière.

    Remerciements également à : Anne Stambach, Ninon Brilloit. Jean-Jacques Guillet, Bassines Non Merci, La Ligue des Droits de l’Homme, Les Soulèvements de la Terre, Julie Trottier, Antoine et Rémi. les médics de Toulouse Marion et Val.

    🔎 Synopsis : Le 25 mars 2023, près de 20.000 manifestants convergent vers le chantier de la mégabassine de Sainte Soline (Deux-Sèvres) pour protester contre l’accaparement de l’eau par une poignée de gros céréaliers soutenus par l’État. Interdite, la manifestation est sévèrement réprimée. Équipés « d’armes de guerre », parfois montés sur des « Quads », 3.200 gendarmes tirent plus de 5.000 munitions (grenades explosives ou assourdissantes, balles de LBD 40, ...) sur des militants déterminés, mais aussi des femmes, des vieillards, des enfants, des élus et même des blessés. Un « usage disproportionné et indiscriminé de la force », selon la #Ligue_des_Droits_de_l'Homme. Plus grave : les autorités interdisent l’accès aux secours durant plusieurs heures. Résultat : plus de 240 #blessés, dont certains entre la vie et la mort.
    🕯️ Un an après, Off investigation et Reporterre, deux #médias_libre des actionnaires, du pouvoir, et des annonceurs publicitaires retracent minutieusement de l’intérieur et en toute #indépendance l’une des plus graves #répressions de civils organisée sous la #Vème_République depuis octobre 1961.

  • L’#Europe et la fabrique de l’étranger

    Les discours sur l’ « #européanité » illustrent la prégnance d’une conception identitaire de la construction de l’Union, de ses #frontières, et de ceux qu’elle entend assimiler ou, au contraire, exclure au nom de la protection de ses #valeurs particulières.

    Longtemps absente de la vie démocratique de l’#Union_européenne (#UE), la question identitaire s’y est durablement installée depuis les années 2000. Si la volonté d’affirmer officiellement ce que « nous, Européens » sommes authentiquement n’est pas nouvelle, elle concernait jusqu’alors surtout – à l’instar de la Déclaration sur l’identité européenne de 1973 – les relations extérieures et la place de la « Communauté européenne » au sein du système international. À présent, elle renvoie à une quête d’« Européanité » (« Europeanness »), c’est-à-dire la recherche et la manifestation des #trait_identitaires (héritages, valeurs, mœurs, etc.) tenus, à tort ou à raison, pour caractéristiques de ce que signifie être « Européens ». Cette quête est largement tournée vers l’intérieur : elle concerne le rapport de « nous, Européens » à « nous-mêmes » ainsi que le rapport de « nous » aux « autres », ces étrangers et étrangères qui viennent et s’installent « chez nous ».

    C’est sous cet aspect identitaire qu’est le plus fréquemment et vivement discuté ce que l’on nomme la « #crise_des_réfugiés » et la « #crise_migratoire »

    L’enjeu qui ferait de l’#accueil des exilés et de l’#intégration des migrants une « #crise » concerne, en effet, l’attitude que les Européens devraient adopter à l’égard de celles et ceux qui leur sont « #étrangers » à double titre : en tant qu’individus ne disposant pas de la #citoyenneté de l’Union, mais également en tant que personnes vues comme les dépositaires d’une #altérité_identitaire les situant à l’extérieur du « #nous » – au moins à leur arrivée.

    D’un point de vue politique, le traitement que l’Union européenne réserve aux étrangères et étrangers se donne à voir dans le vaste ensemble de #discours, #décisions et #dispositifs régissant l’#accès_au_territoire, l’accueil et le #séjour de ces derniers, en particulier les accords communautaires et agences européennes dévolus à « une gestion efficace des flux migratoires » ainsi que les #politiques_publiques en matière d’immigration, d’intégration et de #naturalisation qui restent du ressort de ses États membres.

    Fortement guidées par des considérations identitaires dont la logique est de différencier entre « nous » et « eux », de telles politiques soulèvent une interrogation sur leurs dynamiques d’exclusion des « #autres » ; cependant, elles sont aussi à examiner au regard de l’#homogénéisation induite, en retour, sur le « nous ». C’est ce double questionnement que je propose de mener ici.

    En quête d’« Européanité » : affirmer la frontière entre « nous » et « eux »

    La question de savoir s’il est souhaitable et nécessaire que les contours de l’UE en tant que #communauté_politique soient tracés suivant des #lignes_identitaires donne lieu à une opposition philosophique très tranchée entre les partisans d’une défense sans faille de « l’#identité_européenne » et ceux qui plaident, à l’inverse, pour une « #indéfinition » résolue de l’Europe. Loin d’être purement théorique, cette opposition se rejoue sur le plan politique, sous une forme tout aussi dichotomique, dans le débat sur le traitement des étrangers.

    Les enjeux pratiques soulevés par la volonté de définir et sécuriser « notre » commune « Européanité » ont été au cœur de la controverse publique qu’a suscitée, en septembre 2019, l’annonce faite par #Ursula_von_der_Leyen de la nomination d’un commissaire à la « #Protection_du_mode_de_vie_européen », mission requalifiée – face aux critiques – en « #Promotion_de_notre_mode_de_vie_européen ». Dans ce portefeuille, on trouve plusieurs finalités d’action publique dont l’association même n’a pas manqué de soulever de vives inquiétudes, en dépit de la requalification opérée : à l’affirmation publique d’un « #mode_de_vie » spécifiquement « nôtre », lui-même corrélé à la défense de « l’#État_de_droit », « de l’#égalité, de la #tolérance et de la #justice_sociale », se trouvent conjoints la gestion de « #frontières_solides », de l’asile et la migration ainsi que la #sécurité, le tout placé sous l’objectif explicite de « protéger nos citoyens et nos valeurs ».

    Politiquement, cette « priorité » pour la période 2019-2024 s’inscrit dans la droite ligne des appels déjà anciens à doter l’Union d’un « supplément d’âme
     » ou à lui « donner sa chair » pour qu’elle advienne enfin en tant que « #communauté_de_valeurs ». De tels appels à un surcroît de substance spirituelle et morale à l’appui d’un projet européen qui se devrait d’être à la fois « politique et culturel » visaient et visent encore à répondre à certains problèmes pendants de la construction européenne, depuis le déficit de #légitimité_démocratique de l’UE, si discuté lors de la séquence constitutionnelle de 2005, jusqu’au défaut de stabilité culminant dans la crainte d’une désintégration européenne, rendue tangible en 2020 par le Brexit.

    Précisément, c’est de la #crise_existentielle de l’Europe que s’autorisent les positions intellectuelles qui, poussant la quête d’« Européanité » bien au-delà des objectifs politiques évoqués ci-dessus, la déclinent dans un registre résolument civilisationnel et défensif. Le geste philosophique consiste, en l’espèce, à appliquer à l’UE une approche « communautarienne », c’est-à-dire à faire entièrement reposer l’UE, comme ensemble de règles, de normes et d’institutions juridiques et politiques, sur une « #communauté_morale » façonnée par des visions du bien et du monde spécifiques à un groupe culturel. Une fois complétée par une rhétorique de « l’#enracinement » desdites « #valeurs_européennes » dans un patrimoine historique (et religieux) particulier, la promotion de « notre mode de vie européen » peut dès lors être orientée vers l’éloge de ce qui « nous » singularise à l’égard d’« autres », de « ces mérites qui nous distinguent » et que nous devons être fiers d’avoir diffusés au monde entier.

    À travers l’affirmation de « notre » commune « Européanité », ce n’est pas seulement la reconnaissance de « l’#exception_européenne » qui est recherchée ; à suivre celles et ceux qui portent cette entreprise, le but n’est autre que la survie. Selon #Chantal_Delsol, « il en va de l’existence même de l’Europe qui, si elle n’ose pas s’identifier ni nommer ses caractères, finit par se diluer dans le rien. » Par cette #identification européenne, des frontières sont tracées. Superposant Europe historique et Europe politique, Alain Besançon les énonce ainsi : « l’Europe s’arrête là où elle s’arrêtait au XVIIe siècle, c’est-à-dire quand elle rencontre une autre civilisation, un régime d’une autre nature et une religion qui ne veut pas d’elle. »

    Cette façon de délimiter un « #nous_européen » est à l’exact opposé de la conception de la frontière présente chez les partisans d’une « indéfinition » et d’une « désappropriation » de l’Europe. De ce côté-ci de l’échiquier philosophique, l’enjeu est au contraire de penser « un au-delà de l’identité ou de l’identification de l’Europe », étant entendu que le seul « crédit » que l’on puisse « encore accorder » à l’Europe serait « celui de désigner un espace de circulation symbolique excédant l’ordre de l’identification subjective et, plus encore, celui de la #crispation_identitaire ». Au lieu de chercher à « circonscri[re] l’identité en traçant une frontière stricte entre “ce qui est européen” et “ce qui ne l’est pas, ne peut pas l’être ou ne doit pas l’être” », il s’agit, comme le propose #Marc_Crépon, de valoriser la « #composition » avec les « #altérités » internes et externes. Animé par cette « #multiplicité_d’Europes », le principe, thématisé par #Etienne_Balibar, d’une « Europe comme #Borderland », où les frontières se superposent et se déplacent sans cesse, est d’aller vers ce qui est au-delà d’elle-même, vers ce qui l’excède toujours.

    Tout autre est néanmoins la dynamique impulsée, depuis une vingtaine d’années, par les politiques européennes d’#asile et d’immigration.

    La gouvernance européenne des étrangers : l’intégration conditionnée par les « valeurs communes »

    La question du traitement public des étrangers connaît, sur le plan des politiques publiques mises en œuvre par les États membres de l’UE, une forme d’européanisation. Celle-ci est discutée dans les recherches en sciences sociales sous le nom de « #tournant_civique ». Le terme de « tournant » renvoie au fait qu’à partir des années 2000, plusieurs pays européens, dont certains étaient considérés comme observant jusque-là une approche plus ou moins multiculturaliste (tels que le Royaume-Uni ou les Pays-Bas), ont développé des politiques de plus en plus « robustes » en ce qui concerne la sélection des personnes autorisées à séjourner durablement sur leur territoire et à intégrer la communauté nationale, notamment par voie de naturalisation. Quant au qualificatif de « civique », il marque le fait que soient ajoutés aux #conditions_matérielles (ressources, logement, etc.) des critères de sélection des « désirables » – et, donc, de détection des « indésirables » – qui étendent les exigences relatives à une « #bonne_citoyenneté » aux conduites et valeurs personnelles. Moyennant son #intervention_morale, voire disciplinaire, l’État se borne à inculquer à l’étranger les traits de caractère propices à la réussite de son intégration, charge à lui de démontrer qu’il conforme ses convictions et comportements, y compris dans sa vie privée, aux « valeurs » de la société d’accueil. Cette approche, centrée sur un critère de #compatibilité_identitaire, fait peser la responsabilité de l’#inclusion (ou de l’#exclusion) sur les personnes étrangères, et non sur les institutions publiques : si elles échouent à leur assimilation « éthique » au terme de leur « #parcours_d’intégration », et a fortiori si elles s’y refusent, alors elles sont considérées comme se plaçant elles-mêmes en situation d’être exclues.

    Les termes de « tournant » comme de « civique » sont à complexifier : le premier car, pour certains pays comme la France, les dispositifs en question manifestent peu de nouveauté, et certainement pas une rupture, par rapport aux politiques antérieures, et le second parce que le caractère « civique » de ces mesures et dispositifs d’intégration est nettement moins évident que leur orientation morale et culturelle, en un mot, identitaire.

    En l’occurrence, c’est bien plutôt la notion d’intégration « éthique », telle que la définit #Jürgen_Habermas, qui s’avère ici pertinente pour qualifier ces politiques : « éthique » est, selon lui, une conception de l’intégration fondée sur la stabilisation d’un consensus d’arrière-plan sur des « valeurs » morales et culturelles ainsi que sur le maintien, sinon la sécurisation, de l’identité et du mode de vie majoritaires qui en sont issus. Cette conception se distingue de l’intégration « politique » qui est fondée sur l’observance par toutes et tous des normes juridico-politiques et des principes constitutionnels de l’État de droit démocratique. Tandis que l’intégration « éthique » requiert des étrangers qu’ils adhèrent aux « valeurs » particulières du groupe majoritaire, l’intégration « politique » leur demande de se conformer aux lois et d’observer les règles de la participation et de la délibération démocratiques.

    Or, les politiques d’immigration, d’intégration et de naturalisation actuellement développées en Europe sont bel et bien sous-tendues par cette conception « éthique » de l’intégration. Elles conditionnent l’accès au « nous » à l’adhésion à un socle de « valeurs » officiellement déclarées comme étant déjà « communes ». Pour reprendre un exemple français, cette approche ressort de la manière dont sont conçus et mis en œuvre les « #contrats_d’intégration » (depuis le #Contrat_d’accueil_et_d’intégration rendu obligatoire en 2006 jusqu’à l’actuel #Contrat_d’intégration_républicaine) qui scellent l’engagement de l’étranger souhaitant s’installer durablement en France à faire siennes les « #valeurs_de_la_République » et à les « respecter » à travers ses agissements. On retrouve la même approche s’agissant de la naturalisation, la « #condition_d’assimilation » propre à cette politique donnant lieu à des pratiques administratives d’enquête et de vérification quant à la profondeur et la sincérité de l’adhésion des étrangers auxdites « valeurs communes », la #laïcité et l’#égalité_femmes-hommes étant les deux « valeurs » systématiquement mises en avant. L’étude de ces pratiques, notamment les « #entretiens_d’assimilation », et de la jurisprudence en la matière montre qu’elles ciblent tout particulièrement les personnes de religion et/ou de culture musulmanes – ou perçues comme telles – en tant qu’elles sont d’emblée associées à des « valeurs » non seulement différentes, mais opposées aux « nôtres ».

    Portées par un discours d’affrontement entre « systèmes de valeurs » qui n’est pas sans rappeler le « #choc_des_civilisations » thématisé par #Samuel_Huntington, ces politiques, censées « intégrer », concourent pourtant à radicaliser l’altérité « éthique » de l’étranger ou de l’étrangère : elles construisent la figure d’un « autre » appartenant – ou suspecté d’appartenir – à un système de « valeurs » qui s’écarterait à tel point du « nôtre » que son inclusion dans le « nous » réclamerait, de notre part, une vigilance spéciale pour préserver notre #identité_collective et, de sa part, une mise en conformité de son #identité_personnelle avec « nos valeurs », telles qu’elles s’incarneraient dans « notre mode de vie ».

    Exclusion des « autres » et homogénéisation du « nous » : les risques d’une « #Europe_des_valeurs »

    Le recours aux « valeurs communes », pour définir les « autres » et les conditions de leur entrée dans le « nous », n’est pas spécifique aux politiques migratoires des États nationaux. L’UE, dont on a vu qu’elle tenait à s’affirmer en tant que « communauté morale », a substitué en 2009 au terme de « #principes » celui de « valeurs ». Dès lors, le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État de droit sont érigés en « valeurs » sur lesquelles « l’Union est fondée » (art. 2 du Traité sur l’Union européenne) et revêtent un caractère obligatoire pour tout État souhaitant devenir et rester membre de l’UE (art. 49 sur les conditions d’adhésion et art. 7 sur les sanctions).

    Reste-t-on ici dans le périmètre d’une « intégration politique », au sens où la définit Habermas, ou franchit-on le cap d’une « intégration éthique » qui donnerait au projet de l’UE – celui d’une intégration toujours plus étroite entre les États, les peuples et les citoyens européens, selon la formule des traités – une portée résolument identitaire, en en faisant un instrument pour sauvegarder la « #civilisation_européenne » face à d’« autres » qui la menaceraient ? La seconde hypothèse n’a certes rien de problématique aux yeux des partisans de la quête d’« Européanité », pour qui le projet européen n’a de sens que s’il est tout entier tourné vers la défense de la « substance » identitaire de la « civilisation européenne ».

    En revanche, le passage à une « intégration éthique », tel que le suggère l’exhortation à s’en remettre à une « Europe des valeurs » plutôt que des droits ou de la citoyenneté, comporte des risques importants pour celles et ceux qui souhaitent maintenir l’Union dans le giron d’une « intégration politique », fondée sur le respect prioritaire des principes démocratiques, de l’État de droit et des libertés fondamentales. D’où également les craintes que concourt à attiser l’association explicite des « valeurs de l’Union » à un « mode de vie » à préserver de ses « autres éthiques ». Deux risques principaux semblent, à cet égard, devoir être mentionnés.

    En premier lieu, le risque d’exclusion des « autres » est intensifié par la généralisation de politiques imposant un critère de #compatibilité_identitaire à celles et ceux que leur altérité « éthique », réelle ou supposée, concourt à placer à l’extérieur d’une « communauté de valeurs » enracinée dans des traditions particulières, notamment religieuses. Fondé sur ces bases identitaires, le traitement des étrangers en Europe manifesterait, selon #Etienne_Tassin, l’autocontradiction d’une Union se prévalant « de la raison philosophique, de l’esprit d’universalité, de la culture humaniste, du règne des droits de l’homme, du souci pour le monde dans l’ouverture aux autres », mais échouant lamentablement à son « test cosmopolitique et démocratique ». Loin de représenter un simple « dommage collatéral » des politiques migratoires de l’UE, les processus d’exclusion touchant les étrangers constitueraient, d’après lui, « leur centre ». Même position de la part d’Étienne Balibar qui n’hésite pas à dénoncer le « statut d’#apartheid » affectant « l’immigration “extracommunautaire” », signifiant par là l’« isolement postcolonial des populations “autochtones” et des populations “allogènes” » ainsi que la construction d’une catégorie d’« étrangers plus qu’étrangers » traités comme « radicalement “autres”, dissemblables et inassimilables ».

    Le second risque que fait courir la valorisation d’un « nous » européen désireux de préserver son intégrité « éthique », touche au respect du #pluralisme. Si l’exclusion des « autres » entre assez clairement en tension avec les « valeurs » proclamées par l’Union, les tendances à l’homogénéisation résultant de l’affirmation d’un consensus fort sur des valeurs déclarées comme étant « toujours déjà » communes aux Européens ne sont pas moins susceptibles de contredire le sens – à la fois la signification et l’orientation – du projet européen. Pris au sérieux, le respect du pluralisme implique que soit tolérée et même reconnue une diversité légitime de « valeurs », de visions du bien et du monde, dans les limites fixées par l’égale liberté et les droits fondamentaux. Ce « fait du pluralisme raisonnable », avec les désaccords « éthiques » incontournables qui l’animent, est le « résultat normal » d’un exercice du pouvoir respectant les libertés individuelles. Avec son insistance sur le partage de convictions morales s’incarnant dans un mode de vie culturel, « l’Europe des valeurs » risque de produire une « substantialisation rampante » du « nous » européen, et d’entériner « la prédominance d’une culture majoritaire qui abuse d’un pouvoir de définition historiquement acquis pour définir à elle seule, selon ses propres critères, ce qui doit être considéré comme la culture politique obligatoire de la société pluraliste ».

    Soumis aux attentes de reproduction d’une identité aux frontières « éthiques », le projet européen est, en fin de compte, dévié de sa trajectoire, en ce qui concerne aussi bien l’inclusion des « autres » que la possibilité d’un « nous » qui puisse s’unir « dans la diversité ».

    https://laviedesidees.fr/L-Europe-et-la-fabrique-de-l-etranger
    #identité #altérité #intégration_éthique #intégration_politique #religion #islam

    • Politique de l’exclusion

      Notion aussi usitée que contestée, souvent réduite à sa dimension socio-économique, l’exclusion occupe pourtant une place centrale dans l’histoire de la politique moderne. Les universitaires réunis autour de cette question abordent la dimension constituante de l’exclusion en faisant dialoguer leurs disciplines (droit, histoire, science politique, sociologie). Remontant à la naissance de la citoyenneté moderne, leurs analyses retracent l’invention de l’espace civique, avec ses frontières, ses marges et ses zones d’exclusion, jusqu’à l’élaboration actuelle d’un corpus de valeurs européennes, et l’émergence de nouvelles mobilisations contre les injustices redessinant les frontières du politique.

      Tout en discutant des usages du concept d’exclusion en tenant compte des apports critiques, ce livre explore la manière dont la notion éclaire les dilemmes et les complexités contemporaines du rapport à l’autre. Il entend ainsi dévoiler l’envers de l’ordre civique, en révélant la permanence d’une gouvernementalité par l’exclusion.

      https://www.puf.com/politique-de-lexclusion

      #livre

  • La ligne Nord-Sud, permanence d’un #clivage ancien et durable

    Très utilisée en classe pendant plus de deux décennies par commodité pédagogique, la limite Nord-Sud a été aussi beaucoup critiquée. Simpliste, réductrice, caricaturale ? En fait, retracer l’histoire de la notion permet de lui redonner une épaisseur et un intérêt épistémologique. Encore puissante aujourd’hui dans les mécanismes de négociation internationale, elle s’incarne toujours dans la notion de "Sud global".

    La limite Nord-Sud a été omniprésente sur les cartes des manuels scolaires de géographie jusqu’à encore récemment. Simple, elle répondait à certaines attentes didactiques du secondaire : un repère visible, traçable, mémorisable ; et résumait bien les inégalités dans le Monde.

    Son tracé reprenait la ligne qui avait été esquissée sur une carte publiée en 1980 en couverture des éditions étatsunienne et française du rapport rédigé sous la direction de l’ancien chancelier allemand Willy Brandt, Nord-Sud : un programme de survie. La carte avait été conçue selon une projection inhabituelle, justifiée dès le verso de la page de titre :
    « 

    « Elle montre exactement la proportion de la surface des terres immergées [1]. […] Cette projection marque un progrès important par rapport à la conception qui attribuait un rôle mondial prépondérant à l’Europe sur le plan géographique comme sur le plan culturel. »

    Willy Brandt (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 6.
     »

    La carte présentée par Arno Peters en 1973 était une critique de la projection de Mercator, très utile en son temps pour les navigateurs européens, mais obsolète, voire inacceptable, au XXe siècle car non équivalente, trop « inégale » notamment à l’encontre des pays de la zone intertropicale. La projection de Peters, qui avait été décrite auparavant par James Gall en 1855, était plus juste dans la représentation de la surface des différentes régions du monde. Elle était donc en accord avec la perspective tiers-mondiste adoptée dans le rapport Brandt.

    Quant à la ligne elle-même, les auteurs du rapport soulignaient la simplification peut-être excessive qu’elle opérait :
    « 

    « Il y a des objections évidentes à une image simplifiée montrant le monde divisé en deux camps. Le “Nord” comprend deux pays riches et industrialisés, au sud de l’équateur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Dans le “Sud”, la gamme va d’une nation à demi industrialisée, en pleine expansion, comme le Brésil, à des pays pauvres enserrés par les terres, comme le Tchad, ou insulaires, comme les Maldives. Quelques pays du Sud, généralement exportateurs de pétrole, disposent d’un revenu plus élevé par habitant que certains pays du Nord. Mais d’une manière générale et bien qu’il n’y ait pas de classification uniforme ou permanente, “Nord” et “Sud” sont synonymes grosso modo de “riche” et de “pauvre”, de pays “développés” et de pays “en voie de développement”. »

    Willy Brandt (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 55.
     »

    Cela revient à dire qu’aucune des appellations relevées dans la citation n’était totalement synonyme d’une autre ni complètement satisfaisante. Dans un bref ouvrage de synthèse sur le Tiers-Monde, le politologue Edmond Jouve (1955, p. 11 et suiv.) rappelait le succès, un temps, de la formule « nations prolétaires », empruntée à Arnold J. Toynbee et popularisée par Pierre Moussa, et parlait, à propos de toutes ces appellations, d’une « crise terminologique ». Quant au fait que Nord et Sud ne correspondaient pas strictement au découpage du globe selon la ligne équatoriale, les auteurs du rapport publié en 1980 le savaient bien, et il faudrait être d’assez mauvaise foi aujourd’hui pour ne pas voir dans ces appellations des catégories spatiales économiques et politiques qui n’ont qu’un rapport métonymique avec la division hémisphérique du globe en deux. Sur un plan strictement géographique, le découpage Nord-Sud n’est pas plus valide que le découpage Est-Ouest qui a dominé la guerre froide, l’ouest et l’est étant des positions relatives et non absolues. Cela n’invalide pas pour autant le sens dont ils sont porteurs. En revanche, « la ligne Nord-Sud est-elle encore pertinente aujourd’hui ? » est une autre question, qui mérite effectivement d’être posée.

    Pour y répondre, il est nécessaire de rouvrir le dossier géohistorique (Capdepuy, 2007) et de s’interroger : comment la ligne Nord-Sud est-elle devenue un objet cartographique ? Dans quelle mesure a-t-elle marqué de son emprunte la cartographie scolaire des inégalités mondiales ? Marque-t-elle un seuil de développement, comme on le pense assez communément, ou bien un clivage géopolitique ?

    1. La genèse d’une ligne

    La plus ancienne occurrence explicite d’une division Nord-Sud du Monde est attribuable à Oliver Franks, alors président de la Lloyds Bank, dans un discours prononcé le 19 novembre 1959 lors d’une conférence organisée par le Committee for Economic Development, groupe de réflexion états-unien fondé en 1942 et composé de cadres supérieurs de différentes entreprises. Le thème portait sur « L’économie du monde occidental est-elle en train de se séparer ? ». D’après le New York Times (Reston, 1959), le texte du discours d’Oliver Franks aurait été remis au secrétaire d’État Christian A. Herter, et attentivement étudié par le gouvernement, avant d’être publié dans la Saturday Review en janvier 1960.
    « 

    « Nous sommes entrés dans un monde différent. C’est pourquoi il est important de se demander quels sont aujourd’hui nos objectifs communs en matière de politique économique de part et d’autre de l’Atlantique. Je dirais qu’aujourd’hui nous en avons deux, et qu’ils sont liés à un changement dans la position politique et stratégique générale de notre monde occidental. Auparavant, les problèmes de tension entre l’Est et l’Ouest étaient dominants ; maintenant, nous avons un problème Nord-Sud d’égale importance. Il est lié au premier, mais a sa propre existence, indépendante et égale. Je voulais parler des problèmes des relations entre les pays industrialisés du Nord et les pays sous-développés et en développement qui se trouvent au sud de ceux-ci, que ce soit en Amérique centrale ou du Sud, en Afrique ou au Moyen-Orient, en Asie du Sud ou dans les grands archipels du Pacifique. S’il y a douze ans, l’équilibre du monde tournait autour de la reconquête de l’Europe occidentale, maintenant il tourne autour de relations justes du Nord industriel du globe avec le Sud en développement. »

    Oliver Franks, « The New International Balance : Challenge of the Western World », Saturday Review, vol. 43 16 janvier 1960, p. 20.
     »

    Un « problème Nord-Sud » – on peut s’étonner, soixante ans après, de la rapidité à laquelle l’expression employée par Oliver Franks en novembre 1959 a été reprise dans les mois qui suivirent. Dès 1960, Tadao Kato, étudiant japonais au Center of International Affairs de l’université de Harvard, rédigea un mémoire sur la double dichotomie Est-Ouest et Nord-Sud (Tadao, 1960). L’opuscule n’a pas été diffusé, mais révèle l’intérêt immédiat porté à ces concepts spatiaux. Notons que Tadao Kato a été, dix ans plus tard, ambassadeur du Japon au Mexique. En France, en 1960 également, dans la revue Politique étrangère, René Servoise, conseiller au ministère des Affaires étrangères, publia un article sur la transformation des relations entre les pays industrialisés et les anciens pays colonisés au moment où l’Europe occidentale et le Japon réapparaissaient sur la scène économique mondiale grâce à l’aide états-unienne dont ils avaient bénéficié.
    « 

    « Les succès même des Européens et les réussites économiques de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la France à la veille des années 1960 permettent désormais aux peuples occidentaux de regarder au-delà de l’horizon immédiat de leurs frontières. Les problèmes intérieurs économiques et financiers sont en grande partie réglés, la convertibilité monétaire est partiellement revenue, l’or et les devises se sont redistribués d’une façon plus équilibrée. Dans ces conditions les peuples européens peuvent se pencher avec une plus grande liberté d’esprit et des moyens plus considérables vers les problèmes du tiers-monde. »

    René Servoise, « De l’assistance au commerce international », Politique étrangère, n° 4, 1960, p. 318.
     »

    C’était le problème des « relations Nord-Sud » selon la formulation que René Servoise empruntait explicitement à Oliver Franks, mais avec une autre référence que celle précédemment citée : Oliver Franks aurait fait un autre discours, en des termes semblables, lors de la réunion annuelle de la Lloyds Bank en février 1960 [2].

    En 1962, Walt W. Rostow, théoricien économiste du développement et conseiller au département d’État, fit une conférence sur « la stratégie américaine sur la scène mondiale » en partant de l’interrogation : « Comment se fait-il que nous semblions vivre dans un océan de problèmes ? »
    « 

    « Abstraction faite des intrusions directes de la puissance militaire communiste dans les années d’après-guerre – symbolisées, par exemple, par le blocus de Berlin en 1948-49, l’invasion de la Corée du Sud en 1950 et les attaques périodiques contre les îles au large des côtes – les crises d’après-guerre ont été de trois sortes, généralement combinées d’une manière ou d’une autre : les crises internationales résultant de luttes internes pour le pouvoir, reflétant les tensions politiques et sociales inévitables de la modernisation en cours dans les régions sous-développées ; les conflits coloniaux ou postcoloniaux impliquant les nations européennes d’un côté et les nations et territoires des continents méridionaux de l’autre ; et les efforts des communistes pour exploiter systématiquement les occasions offertes par ces deux types de problèmes inhérents. Pensez-y et vous serez, je pense, d’accord. L’Indochine, Suez, l’Irak, Cuba, l’Algérie, le Congo, Bizerte, Goa, la Nouvelle-Guinée occidentale, la République dominicaine – tous ces événements sont le fruit d’une combinaison de ces trois éléments, et ils sont tous apparus dans ce que nous appelons les régions sous-développées.

    À l’époque de Staline, la politique communiste était plutôt directe et militaire, mais au cours de la dernière décennie, les communistes se sont systématiquement efforcés de tirer le meilleur parti des turbulences inévitables du processus de modernisation, d’une part, et des conflits nord-sud, d’autre part (en utilisant cette désignation géographique abrégée pour représenter le fait approximatif que la révolution industrielle est arrivée en premier dans les parties septentrionales du monde et qu’elle se poursuit aujourd’hui dans les parties occidentales du monde). »

    Walt W. Rostow, « American Strategy on the World Scene », The Department of State Bulletin, vol. 46, n° 1188, 2 avril 1962, p. 26.

     »

    Tout en soulignant la dimension simplificatrice de cette dichotomie Nord-Sud, Walt W. Rostow la reprenait pour dépeindre à grands traits un tableau du Monde. Soulignons au passage – on y reviendra – la dimension conflictuelle, anticoloniale, donnée aux relations Nord-Sud.

    En 1962, lors d’une conférence donnée à l’université de Harvard, Willy Brandt, alors bourgmestre-gouverneur de Berlin, considérait que l’accélération de la décolonisation amènerait sans doute un retournement de la géopolitique mondiale :
    « 

    « Depuis quelques années, le problème Est-Ouest est accompagné et influencé par un problème Nord-Sud. Ce dernier sera peut-être un jour le plus important des deux. »

    Willy Brandt, 1963, The Ordeal Of Coexistence, Cambridge, Harvard University Press, p. 74.
     »

    Cependant, comme il le reconnut dans ses Mémoires (Brandt, 1992, p. 341), « pendant de nombreuses années, [il avait] été bouleversé par l’extrême pauvreté qui était un phénomène particulièrement flagrant dans des régions comme l’Afrique au sud du Sahara, le sous-continent indien et les barrios en marge des villes latino-américaines » :
    « 

    « Il n’y a pas de honte à admettre que ce problème n’était pas au premier plan de mes préoccupations pendant les années où j’ai exercé des responsabilités gouvernementales. En politique étrangère, je devais me concentrer sur des préoccupations immédiates et urgentes, faute de quoi je n’aurais rien pu faire dans le domaine de l’Ostpolitik. »

    Willy Brandt, My Life in Politics, trad. de l’allemand, New York, Viking, 1992, p. 341.
     »

    De fait, alors que la guerre froide polarisait les relations internationales entre Est et Ouest, l’accès à l’indépendance de nombreux pays modifiaient la géopolitique mondiale selon une dynamique transverse. Alors qu’on comptait officiellement 51 États membres de l’Organisation des Nations Unies en 1945, ils étaient 115 en 1964, issus pour la plupart de la décolonisation. Le 16 juillet 1964, à Genève, devant le Conseil économique et social, le Secrétaire général de l’ONU, Maha Thray Sithu U Thant, par ailleurs homme politique birman, ne pouvait que faire le constat de la montée en puissance du Sud :
    « 

    « J’ai souvent dit, et je pense que cela mérite d’être répété, que les tensions Nord-Sud sont fondamentalement aussi graves que celles Est-Ouest et que l’ONU a une contribution unique à apporter à la diminution des deux. Avant la Conférence, le parallèle entre les relations Nord-Sud d’une part et les relations Est-Ouest d’autre part aurait pu sembler un peu tiré par les cheveux, puisque le Nord et le Sud ne pouvaient pas être distingués l’un de l’autre dans nos forums économiques aussi distinctement que l’Est et l’Ouest pouvaient l’être sur certaines questions politiques majeures. Maintenant, on sait que le Sud peut être identifié à un grand groupe de plus de 75 voix, lorsqu’il choisit de s’affirmer. En démontrant une telle possibilité, la Conférence a peut-être marqué un tournant dans l’histoire des relations économiques internationales. »

    Portfolio for Peace : Excerpts from the writings and speeches of U Thant, Secretary-General of the United Nations, on major world issues 1961-1970, New York, United Nations, 1970, p. 111.
     »

    La conférence à laquelle il faisait référence était la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s’était tenue à Genève de mars à juin 1964 et qui s’était achevée par la « Déclaration commune des Soixante-dix-sept » [3]. L’objectif était de promouvoir « un ordre international nouveau et juste ». La déclaration se terminait sur ces mots :
    « 

    « L’injustice et la négligence des siècles doivent être réparées. Les pays en développement sont unis dans leur détermination à poursuivre leur quête d’une telle réparation et se tournent vers l’ensemble de la communauté internationale pour qu’elle comprenne et soutienne cette entreprise. »

    « Joint declaration of the seventy-seven developing countries made at the conclusion of the United Nations Conference on Trade and Development », Geneva, 15 June 1964.
     »

    Les pays développés ne sont pas explicitement mentionnés, mais l’idée d’une injustice à réparer les désigne. Cette revendication était portée par ce qu’on allait appeler le Groupe des 77, indépendamment du nombre croissant de ses États-membres. Le 10 avril 1974, le président algérien Houari Boumediene s’en fit le héraut à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies :
    « 

    « Posé depuis un quart de siècle par l’ensemble des nations comme l’une des priorités du monde, le problème du développement devient aujourd’hui la priorité des priorités à laquelle nous tous devons faire face, et sans plus attendre, si nous voulons éviter l’éventualité tragique que ce problème ne se transforme un jour en une source de conflagration incontrôlable.

    Toute volonté politique réelle d’attaquer de front le problème du développement devrait, en premier lieu, reconnaître comme une question centrale, le sort des ressources mondiales. En d’autres termes, toute démarche entreprise vers une solution concrète et définitive à ce problème impliquerait, au préalable, une prise de position appropriée sur la reconnaissance des priorités humaines. Elle devrait conduire, en définitive, à un réaménagement profond des relations économiques entre pays riches et pays pauvres, dans le sens d’une répartition des avantages, de la croissance et du progrès, répartition qui, pour être équitable, devrait être conforme aux besoins, aux priorités et aux intérêts légitimes des parties concernées.

    Or, force nous est de constater, en premier lieu, que dans le monde où nous vivons, tous les leviers de commande de l’économie mondiale sont entre les mains d’une minorité constituée par des pays hautement développés. Cette minorité, par sa position dominante, détermine à elle seule la répartition des ressources mondiales en fonction d’une hiérarchie des besoins qui lui est propre. »

    Assemblée générale des Nations unies, 2208e séance plénière, 10 avril 1974, A/PV.2008 [en ligne].
     »

    La résolution 3201 votée au mois de mai 1974 validait cette demande d’un « nouvel ordre économique international ». L’article 4 en détaillait les principes : l’égalité souveraine des États, l’autodétermination des peuples, les coopération entre tous les États de la communauté internationale, la participation de tous, à égalité, au règlement des problèmes économiques mondiaux, le droit de chaque pays de choisir son modèle économique et social, la souveraineté de chaque État sur ses ressources naturelles, le droit pour tous les États de se voir restituer ses territoires occupés, la réglementation et la supervision des activités des multinationales, la lutte contre la discrimination raciale et l’apartheid, des rapports équitables entre les prix des matières premières et les produits manufacturés, une aide aux pays en développement… [4]

    En 1974, après l’abandon de la convertibilité du dollar en or et le premier choc pétrolier, le président français Valéry Giscard d’Estaing lança l’idée d’une conférence internationale consacrée aux problèmes de l’énergie. Le 16 décembre 1975, à Paris, s’ouvrait la Conférence pour la coopération économique internationale. Elle réunissait 27 pays : 19 États du Tiers monde et 8 pays industrialisés, dont la CEE (document 1). La conférence dura jusqu’en juin 1977. Tout le monde ne parlait que de « dialogue Nord-Sud ».
    Document 1. Les participants à la Conférence pour la coopération économique internationale (1975–1977)

    C’est dans ce contexte qu’en 1977, Willy Brandt, sollicité par Robert S. McNamara, alors président de la Banque mondiale, constitua une « commission indépendante sur les problèmes de développement international », la « Commission Nord-Sud ». Le 9 décembre 1977, dans son discours d’accueil de ladite commission, Willy Brandt eut un mot d’explication sur la carte offerte aux invités :
    « 

    « Il est de coutume, en de telles occasions, d’offrir aux participants un souvenir de la réunion. Il se trouve qu’un de mes compatriotes a produit une nouvelle carte, une projection de la planète Terre sur laquelle, nous tous, riches et pauvres, nous devons vivre.

    Au lieu de la carte conventionnelle avec l’Europe au centre, qui donne deux tiers de l’espace à l’hémisphère Nord, cette carte prête attention à l’espace où vivent les deux tiers de la population mondiale. Ce sont les problèmes de ce Tiers Monde (ou devrais-je dire des Deux Tiers du Monde ?) qui nous préoccupent dans cette Commission et qui domineront les événements politiques et économiques au moins jusqu’à la fin de ce siècle. »

    Willy Brandt, “Opening address by Willy Brandt”, Gymnich Castle, 9 décembre 1977, in : Brandt Commission - Correspondence 11, 1771352, WB IBRD/IDA 03 EXC-10-4539S, Records of President Robert S. McNamara, World Bank Group Archives, Washington, D.C., United States.
     »

    C’est cette carte, présentée par l’historien Arno Peters lors d’une conférence de presse à Bonn en 1973 puis devant la Société cartographique de Berlin en 1974, qui fut reprise en 1980 sur la couverture du rapport final de la Commission et sur laquelle fut tracée une ligne illustrant la division Nord-Sud. Notons cependant que le choix d’accentuer cette division par deux couleurs différentes pour représenter le Nord et le Sud n’apparaît que dans l’édition française (document 2a). Sur la couverture de plusieurs autres éditions, notamment anglaise, la ligne serpente en noir sur un planisphère où les pays sont tous coloriés en rouge (2b). L’effet visuel est bien moindre. Par ailleurs, toutes les éditions n’ont pas fait le choix d’une carte en couverture : l’édition colombienne montre le clivage Nord-Sud par le contraste de deux photos (2c) et l’édition mexicaine montre deux mains qui se tiennent selon un axe vertical (2d).
    Document 2. La couverture du rapport Brandt dans les éditions française, anglaise, colombienne et mexicaine

    En août 1978, dans une discussion avec le directeur de la Banque mondiale, Rainer Steckhan, Willy Brandt avait évoqué le projet d’Arno Peters de réaliser « un nouveau type d’atlas dans lequel chaque pays de la communauté mondiale serait présenté sur une double page avec des données et des tableaux relatifs à son histoire et à sa situation économique et sociale actuelle » (Fischer, 1978), les proportions individuelles de chaque pays étant déduites de la carte du monde déjà présentée. Ainsi, « l’ancienne présentation du monde, centrée sur l’Europe, est abandonnée au profit d’une image géographiquement plus équilibrée des pays en développement qui, sur cette carte, occupe désormais environ les deux tiers de la carte et inverse ainsi l’ancienne présentation où le “Nord” occupait cet espace » (ibid.). Un soutien de la Banque mondiale en vue de la publication de cet atlas est évoqué, ainsi que celui de l’UNESCO. Malgré cela, l’atlas n’a pas été publié et le rapport édité par la Commission en 1980 ne comportait aucune carte sinon celle publiée en couverture.

    Elle résumait à elle seule la vision du Monde portée par la Commission. De fait, une dizaine d’années plus tard, on commençait à parler en anglais de la « ligne Brandt » (document 3).
    Document 3. La « ligne Brandt » entre le « Nord riche » et le « Sud pauvre », sur un atlas britannique de 1990

    2. Une zone en filigrane

    La ligne Nord-Sud a été inventée, cartographiquement, par le rapport Brandt de 1980. Pour autant, on peut se demander dans quelle mesure ce rapport a vraiment influencé la géographie scolaire française [5]
    Document 4. Le Tiers-Monde dans un manuel de terminale de 1983

    La chose peut paraître étonnante au regard des rythmes actuels, mais le programme de géographie de classe de terminale n’a pas été modifié entre 1963 et 1982. On manque donc de référents pour les années 1970. Le programme de 1982 a été conçu en trois volets : les quatre grandes puissances / la mondialisation des échanges / les inégalités de développement. La troisième partie a donné lieu dans les manuels de 1983 à une cartographie du sous-développement et notamment du Tiers monde. Ainsi, dans le manuel édité chez Armand Colin sous la direction de Marcel Baleste, on peut trouver une carte problématisée avec pour titre une question : « Où arrêter le Tiers-Monde ? » (document 4). Il s’agit d’une carte choroplèthe avec une typologie distinguant « pays moins avancés », « autres pays à faible revenu », « pays à revenu intermédiaire » et « pays exportateurs de pétrole à excédent de capitaux ». Elle pose le problème récurrent du manque d’unité de cet ensemble qu’on a pris l’habitude depuis les années 1960 d’appeler le Tiers-Monde – avec ou sans majuscules, avec ou sans trait d’union. Sur la carte, on trouve également deux lignes clairement tracées qui indiquent, d’après la légende, la « limite du Tiers monde », en l’occurrence les limites. Le cartographe ne reprenait pas la ligne Nord-Sud du rapport Brandt (document 5).

    Document 5. Deux modèles de limite Nord-Sud : zonal et hémisphérique

    Le fait que la ligne méridionale qui inclut l’Australie et la Nouvelle-Zélande soit prolongée sur tout l’hémisphère Sud, sous l’Afrique et sous l’Amérique du Sud, alors qu’il n’y a évidemment aucun pays développé plus au sud, ni même la potentialité qu’il s’en trouve, apparaît en effet comme la trace persistante de l’idée que le sous-développement serait liée à la tropicalité. Le cours en vis-à-vis amène à prendre un peu de distance avec « un vocabulaire ambigu » et « des limites incertaines ». Par rapport aux termes de « pays sous-développés » ou de « pays en voie de développement » qui renvoient à l’idée discutable de développement, les auteurs semblent préférer des expressions plus vagues et par là-même moins contestables, notamment « Nord » et « Sud » (p. 264 du même manuel).

    Document 6. Les pays en voie de développement d’après un manuel de terminale de 1983

    Dans un autre manuel de 1983, édité par Hachette, une double page présente une grande carte des pays en voie de développement (document 5). Deux grandes lignes rouges traversent le planisphère de gauche à droite, l’une dans l’hémisphère nord, l’autre dans l’hémisphère sud. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, mais aussi l’Afrique du Sud et l’Argentine ne font pas partie des pays en question. On voit bien se dessiner une large zone, au sens étymologique de « ceinture ». Sa source d’inspiration est référencée : la Géographie du sous-développement, d’Yves Lacoste, éditée en 1981. Il s’agissait de la troisième édition d’un ouvrage publié pour la première fois en 1965.

    Document 7. Carte schématique des limites du Tiers Monde et des principales zones thermiques du globe

    Document 8. Esquisse provisoire des limites du Tiers-Monde

    On retrouve le même dispositif sur une carte publiée dans un autre livre d’Yves Lacoste : Unité et diversité du tiers monde, paru en 1980. L’ouvrage était présentée comme une étude détaillée et méthodique de cette question difficile :
    « 

    « Il n’est pas inutile – mais il n’est pas suffisant – de distinguer à la surface du globe quelques grands ensembles de pays (il vaudrait mieux dire grands ensembles d’États et de formations sociales), parce que l’on peut leur reconnaître, à un degré poussé d’abstraction, un certain nombre de caractéristiques communes, celles-ci n’excluant absolument pas les antagonismes au sein d’un même ensemble.

    […]

    Pourtant s’il est utile de dégager ce qui permet de considérer le tiers monde comme un ensemble, malgré les affrontements qui s’y produisent, il ne faut plus négliger l’analyse de sa diversité. Trop longtemps, c’est seulement l’unité du tiers monde qui a été évoquée, célébrée, alors qu’il était pourtant évident que les États que l’on regroupait dans cet ensemble sont d’une extrême diversité, aussi bien en raison des héritages historiques, des contrastes de culture, des conditions naturelles, des structures économiques et sociales, des régimes politiques, etc. Mais les facteurs de cette diversité sont si nombreux, tellement hétéroclites qu’on renonçait à rendre compte méthodiquement de ce fouillis inextricable. L’évocation de l’unité du tiers monde permettait de laisser de côté cet embrouillamini, d’avoir une représentation du monde beaucoup plus simple, fondée sur un dualisme économique manichéen (pays développés/pays sous-développés) et de tenir des raisonnements relativement simples sur les mécanismes historiques de 1’“échange inégal” entre un “centre” dominant et une “périphérie” dominée. »

    Yves Lacoste, Unité et diversité du tiers monde, Paris, François Maspero, 1980, vol. 1, Des représentations planétaires aux stratégies sur le terrain, p. 10.

     »

    Yves Lacoste rejetait à nouveau toute zonalité climatique, considérant que « la rapidité de la croissance démographique constitue désormais, compte tenu des changements récents, la principale caractéristique commune des États que les médias envisagent communément comme faisant partie du tiers monde » (Lacoste, 1980, p. 96).
    Document 9. La diversité des situations des pays en développement dans un manuel de 1989

    Dans un manuel publié chez Hatier en 1989, sur la carte présentant la « diversité des situations des pays en développement », la ligne est discontinue au niveau des océans (document 9). Là aussi, les deux traits situés sous l’Amérique du Sud et l’Afrique peuvent apparaître a posteriori absurdes. Des années plus tard, dans un billet du blog, Philipe Rekacewicz est revenu sur la construction de cette carte. Lors d’un entretien, il explique que ces traits ont été ajoutés après discussion avec l’éditeur parce qu’il y avait un « besoin de sémiologiquement cadrer » ces pays en développement, pour « montrer qu’on avait un ensemble », « une zone » [6]. Philippe Rekacewicz reconnaît que ces traits n’avaient pas lieu d’être sur le plan géographique, mais, très influencé par la réflexion de Jacques Bertin, il avait fait le choix de les ajouter, dans un deuxième temps, parce que l’absence de traits avait été jugée déroutante.

    Document 10. « Nord » et « Sud » dans un manuel de terminale de 1989

    Document 11. La limite entre le « Nord » et le « Sud » en 1950 et en 1995 dans un manuel de 1995

    La même année, en 1989, le manuel publié chez Belin, sous la direction de Rémy Knafou, offre une carte qui, pour la première fois peut-être, révèle l’influence du rapport Brandt, avec une ligne unique qui traverse l’ensemble du planisphère et qui englobe l’Australie en un même mouvement (document 10). Les guillemets employés autour des termes « Nord » et « Sud » appelaient les élèves à comprendre que ces mots n’étaient évidemment pas à comprendre au sens strict, d’autant que l’équateur était clairement tracé. Quelques années plus tard, dans le manuel de terminale édité par Belin en 1995, deux cartes apparaissent a posteriori comme très novatrices (document 11). Tout d’abord, par le titre : elles représentent « la limite entre le “Nord” et le “Sud” ». Cela ne pourrait être qu’un détail, mais il est significatif. Ce n’est pas la limite du Tiers-Monde ou des pays en développement, mais bien une ligne distinguant deux ensembles. Ensuite, par le tracé : au lieu d’une ligne unique, on en trouve plusieurs, autour de différents espaces, dessinant ainsi une sorte d’archipel du Nord. Enfin, par l’approche historique : la première carte représente la limite Nord-Sud en 1950, la seconde en 1995. Entre 1950 et 1995, certains ne font plus partie du Nord (Argentine, URSS), tandis que d’autres l’ont intégré (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Espagne, Portugal). Le Nord et le Sud n’apparaissent pas ici comme des entités figées. On ne trouve rien d’équivalent dans les manuels qui ont été publiés depuis.

    En 1998, les auteurs du manuel d’histoire-géographie de Terminale STT publié par Magnard font le choix, en couverture, pour illustrer la géographie, de reprendre un planisphère où seule la ligne Nord-Sud est tracée (document 12). Celle-ci serait-elle en passe de devenir iconique ? La même année, dans le manuel de géographie de chez Hachette, sur un planisphère introductif représentant « le monde géopolitique aujourd’hui », la ligne est bien mise en valeur dans sa continuité grâce la projection polaire, mais la légende peut étonner : « ancienne limite Nord-Sud (pays industrialisés / tiers-monde » [7]. Au moment où en fait cette limite se diffuse et s’impose, elle apparaîtrait déjà obsolète – ce qui en fait se comprend si on la perçoit comme l’héritière d’une tradition cartographique qui est, en réalité, bien antérieure à 1980.

    Document 13. La Limite Nord-Sud sur une carte parue dans la Documentation photographique sur la mondialisation (2004)

    Pourtant, rien, alors, ne vint la remettre en question. Au contraire, la « limite Nord-Sud » est validée par une publication qui a une influence notable dans le milieu scolaire : la Documentation photographique et son numéro sur « La mondialisation en débat », dirigé par Laurent Carroué et publié en 2004 (document 13). On pourrait juste faire remarque le choix, rare, de ne pas représenter ladite limite par une ligne unique, mais par deux lignes. L’article que j’ai moi-même publié en 2007 dans M@ppemonde posait la question de l’origine de « la limite Nord/Sud » mais n’interrogeait absolument pas l’expression, employée dans le titre, alors que tout au long du texte, il n’était question que de « ligne ». Pourtant, cela appelait sans doute un commentaire.

    En effet, le terme de « limite » reste jusqu’à aujourd’hui le témoin de cette zonalité passée et un peu oubliée. Mais ce n’est pas forcément le cas partout. Ainsi est-il intéressant de comparer sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia les différences de titres donnés à l’article consacré au sujet : « Limite Nord/Sud » en français, mais « División Norte-Sur » en espagnol, « Divisão norte-sul » en portugais, « Divisione Nord-Sud » en italien, « Nánběi fēnqí » en chinois… Tous renvoient à l’expression anglaise : « North-South divide », titre remplacé fin 2020 par « North-South divide in the World » puis en 2021, par celui de « Global North and Global South ». À l’exception de l’arabe « Had chamāl-janūb », qui, comme en français, met l’accent sur la frontière, ou la limite, dans les autres langues, c’est la division du monde en deux ensembles opposés qui est privilégiée.

    En 2015, Christian Gratalaloup, lors d’un café géographique, s’interrogeait : « Nord/Sud, une représentation dépassée de la mondialisation ? » Selon lui, cette vision du monde, outre son européocentrisme, a été rendue obsolète par la montée en puissance des BRICS, ce groupe de pays qui se réunissent lors de sommets annuels depuis 2009 [8]. En 2018, dans Vision(s) du Monde, il considère qu’on pouvait observer une « érosion de la zonalité mondiale » (p. 77). La formule en elle-même révèle une certaine interprétation de la dichotomie Nord-Sud. De fait, la tropicalité a été longtemps sous-jacente à la question du sous-développement. En 1990, dans Mondes nouveaux, le premier volume de la Nouvelle géographie universelle, réalisé sous la direction de Roger Brunet et d’Oliver Dollfus, les auteurs posaient encore la question : « Nord et Sud : un retour au “déterminisme géographique” ? » (p. 472). La réponse était négative, mais la lecture zonale demeurait prégnante.


    3. Un seuil de développement

    La question des critères pour délimiter le Tiers-Monde puis le Sud a été posée depuis longtemps. Yves Lacoste, en 1965, en proposait une liste assez longue :

    1. Insuffisance alimentaire.
    2. Graves déficiences des populations, forte proportion d’analphabètes, maladies de masse, forte mortalité infantile.
    3. Ressources négligées ou gaspillées.
    4. Forte proportion d’agriculteurs à basse productivité.
    5. Faible proportion de citadins ; faiblesse des classes moyennes.
    6. Industrialisation restreinte et incomplète.
    7. Hypertrophie et parasitisme du secteur tertiaire.
    8. Faiblesse du produit national par habitant.
    9. Ampleur du chômage et du sous-emploi ; travail des enfants.
    10. Situation de subordination économique.
    11. Très violentes inégalités sociales.
    12. Structures traditionnelles disloquées.
    13. Ampleur de la croissance démographique.
    14. Prise de conscience de la misère.

    Quinze ans plus tard, il considérait que prendre chaque critère l’un après l’autre aurait été fastidieux, pas toujours exact en termes de comparaison ou faussement précis :
    « 

    « Une démarche géographique aurait consisté, alors, à envisager l’extension spatiale de ces différentes caractéristiques, à examiner leurs coïncidences, leurs inclusions ou leurs intersections. Cette tâche de cartographie n’aurait d’ailleurs pas été facile à mener à bien, car bon nombre de ces “critères” sont relatifs ; ils procèdent d’une comparaison implicite ou explicite avec les caractéristiques des pays “développés”, et pour chacun d’eux l’établissement d’une carte aurait nécessité le choix d’un seuil quantitatif ; on se contente de tracer des ensembles spatiaux aux limites relativement floues. »

    Yves Lacoste, Unité et diversité du tiers monde, Paris, François Maspero, 1980, vol. 1, Des représentations planétaires aux stratégies sur le terrain, p. 40.
     »

    En 1981, cela ne lui paraissait plus possible de déterminer ainsi l’unité du Tiers monde. Nonobstant, la méthode est toujours plus ou moins celle-ci. Ainsi, Marcin Wojciech Solarz, professeur à l’université de Varsovie, a repris la question au début du XXIe siècle afin de proposer une cartographie plus juste, fondée sur le croisement de deux critères (Wojciech Solarz, 2009). D’un côté, il inscrit son travail dans la continuité de la réflexion initiée par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq, qui est l’inventeur de l’IDH, l’indice de développement humain utilisé dans le Rapport mondial sur le développement humain publié en 1990. Celui-ci, rappelons-le, agrège plusieurs données sur la santé (espérance de vie à la naissance), le niveau d’instruction (part de la population adulte alphabétisée + effectif scolarisé dans les trois cycles) et le niveau de vie (revenu brut par habitant en parité de pouvoir d’achat). D’un autre côté, Marcin Wojciech Solarz considère qu’il est nécessaire de compléter ces informations par un indicateur du développement politique, permettant de tenir compte du respect des droits politiques et des libertés civiles. Pour cela, il reprend le classement « Freedom in the World » publié tous les ans par l’ONG états-unienne Freedom House. Le croisement de ces deux classements lui permet de proposer deux cartes du Nord global et du Sud global, avec une définition plus ou moins large du Nord. Dans les deux cas, il ne représente pas de ligne qui diviserait le Monde en deux blocs et il conclut ainsi :
    « 

    « Une démarcation contemporaine de la ligne de partage Nord-Sud crée une image sur laquelle les îles et les archipels des pays caractérisés par un niveau de développement élevé sont dispersés dans un océan de pays caractérisés par l’absence de développement. »

    Marcin Wojciech Solarz, « North–South, Commemorating the First Brandt Report : searching for the contemporary spatial picture of the global rift », Third World Quarterly, vol. 33, n° 3, 2012, p. 569.
     »

    À partir des derniers rapports publiés, on peut en proposer une cartographie mise à jour et un peu différente qui dépasse la vision binaire habituelle (document 14). Mais sur la question de l’actualité de la limite Nord-Sud, les travaux récents arrivent à des conclusions parfois différentes.

    Document 14. Le Sud global en 2023 d’après les travaux de Marcin Wojciech Solarz

    En 2021, Nicholas Lee, dans une étude en termes de niveaux de développement économique, d’inégalités relatives, de pouvoir économique et de satisfaction politique, arrive à la conclusion que malgré une diversité économique accrue entre les pays du Sud, la hiérarchie mondiale reste la même qu’il y a quatre décennies (Lee, 2021, p. 85–106).

    Document 15. Dépasser la limite Nord Sud… et la voir ressurgir

    Plus récemment, en 2022, la question a été reprise sur le site Géoconfluences par Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian. Ils proposent une nouvelle typologie des pays du monde sur la base d’une analyse multifactorielle combinant sept indicateurs : le taux de fécondité des femmes, la mortalité infantile, le PIB/hab., l’évolution du PIB/hab. entre 2000 et 2020, la consommation des ménages, la formation brute de capital fixe et les inégalités internes aux États (document 15). La ligne Nord-Sud telle qu’on l’enseignait apparaît dépassée, notamment en un point : la Russie est classée comme un pays émergent consolidé, à l’égal du Brésil et de la Chine, et non comme un pays favorisé.

    Le paradoxe de cet article, cependant, est peut-être que les pays qui constituent ce groupe de pays privilégiés sont peu ou prou les mêmes qu’il y a quarante ans. Ils correspondant finalement à ceux que Kenichi Ohmae, en 1985, avait inclus dans ce qu’il avait appelé « la Triade ». Terme souvent mal compris, il ne désignait pas alors une structure tripolaire, mais au contraire l’homogénéité d’un certain nombre de pays aux caractéristiques communes, et intéressantes pour des entreprises de plus en plus mondialisées.
    « 

    « On assiste à l’émergence d’un groupe homogènes de consommateurs formé des ressortissants du Japon, d’Amérique du Nord et de la Communauté européenne que nous pouvons appeler les Triadiens. Il s’agit de gens ayant des éducations très similaires de même que des niveaux de revenus, des styles de vie, des loisirs et des aspirations semblables. Dans ces pays démocratiques, l’infrastructure nationale – réseau routier, télécommunications, eau, électricité et services publics – est également très comparable. Les principales caractéristiques de la demande dans ces pays permettent à une entreprise d’aborder ce groupe de quelque 600 millions de personnes comme appartenant pratiquement à la même espèce. »

    Kenichi Ohmae, 1985, La Triade. Émergence d’une stratégie mondiale de l’entreprise, trad. de l’américain par C. Pommier, Paris, Flammarion, p. 21.
     »

    Leur conclusion n’est donc pas si éloignée de celle de Nicholas Lee dans le sens où on distingue toujours des inégalités mondiales et un « groupe de tête » composé des mêmes pays. Mais il est vrai que cela ne correspond pas à ce que montre la carte de la limite Nord-Sud telle qu’on la trace habituellement.


    4. Un clivage géopolitique

    Pour beaucoup, la ligne Nord-Sud représenterait autant un écart de développement qu’un seuil mal défini, une sorte de ligne de flottaison au-dessus de laquelle émergeraient les pays les plus développés. Marcin Wojciech Solarz souligne combien cette croyance ne tient pas, car le tracé de la ligne Nord-Sud, reprise depuis 1980 sans changement majeur d’une publication à l’autre, ne prend pas en compte le développement des pays (Solarz, 2020, p. 6–7). En un sens, c’est ce qu’ont voulu montrer Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian : si on veut faire une typologie plus exacte, moins simpliste, des pays en fonction de critères socio-économiques, il faut abandonner la « limite Nord-Sud ». Et pourtant ! L’omniprésence, aujourd’hui dans les discours, du « Sud global » (davantage que du « Nord global »), montre bien que cette dichotomie fait sens à une expérience du Monde (Capdepuy, 2023). L’opposition Nord-Sud, qu’on a constamment voulu ramener à un écart de développement mesurable au niveau de richesse, a une dimension géopolitique qui a été gommée.

    On semble ainsi complètement oublier que cette vision du Monde a été inventée en 1959, en pleine guerre froide, et qu’elle prend sens par rapport à une autre division, Est-Ouest. Il faut réécouter ce que dit Willy Brandt le 9 décembre 1977, au château de Gymnich, lors de l’ouverture de la Commission Indépendante sur le Développement International :
    « 

    « L’exemple de ce que l’on a appelé l’Ostpolitik a montré qu’il est possible de changer le caractère d’un conflit et de trouver en son sein les éléments d’intérêt mutuel qui peuvent produire des solutions communes acceptables. Des différences fondamentales subsistent, mais de nouveaux domaines de coopération, s’ils sont correctement exploités, influencent même la scène idéologique.

    En tout état de cause, je suis prêt à m’engager dans une “Südpolitik” afin de réconcilier au moins certaines parties de la confrontation économique Nord-Sud. »

    Willy Brandt, “Opening address by Willy Brandt”, Gymnich Castle, 9 décembre 1977.
     »

    L’expression de Südpolitik n’a pas eu le succès de celle d’Ostpolitik, mais elle est révélatrice de l’esprit avec lequel cette commission était mise en place : une politique du Nord en direction du Sud dans l’espoir d’apaiser des relations perçues alors comme conflictuelles. L’équivalent de la « limite Nord-Sud » en allemand est « Nord-Süd-Konflikt ».

    Document 16. Le dialogue Nord-Sud en 1975–1977

    Ainsi est-il plus intéressant de cartographier la division Nord-Sud à partir de l’appartenance à deux ensembles géopolitiques dont l’origine remonte précisément au début des années 1960 lorsque l’expression a été imaginée : d’un côté, l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, créée en 1961 ; de l’autre, le G77, dont on a déjà dit qu’il avait été fondée en 1964, et qui comporte bien plus de membres aujourd’hui (document 16). La ligne Nord-Sud ne colle pas complètement. Le Mexique est membre de l’OCDE alors que la frontière mexicano-états-unienne est probablement un des lieux où la limite Nord-Sud est le plus tangible. L’ancien bloc communiste apparaît aussi encore en partie en blanc alors que l’URSS était considérée comme un pays du Nord. Il y a là une ambiguïté qui est intéressante, car révélatrice aussi de la posture ancienne de l’URSS et de la Russie d’aujourd’hui à se présenter non comme un pays du Sud, au sens où il serait sous-développé, mais comme un représentant des pays du Sud. Il y aurait une même logique de la conférence anti-impérialiste de Bruxelles en 1927 à la participation aux BRICS au XXIe siècle.

    Document 17. Pays développés au sens de l’Annexe B du Protocole de Kyoto

    Aujourd’hui, on a généralement tendance à considérer que la ligne Nord-Sud n’est qu’une abstraction, un artefact cartographique. Pourtant, il est un domaine où si la ligne n’est pas tracée, elle n’en divise pas moins les pays en deux catégories, c’est celui de la diplomatie climatique. Cette dichotomie a été actée lors du protocole de Kyoto en 1997 (Demaze, 2009) dont l’Annexe B a distingué deux groupes : d’une part, les pays développés et les ex-pays communistes d’Europe de l’Est, considérés comme « en transition vers une économie de marché » ; d’autre part, tous les autres pays du monde, qui ne sont pas listés, et qui correspondent aux pays en développement (document 17). Seuls les premiers devaient avoir baissé leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2005. Le principe d’un tel clivage avait été ratifié à Rio de Janeiro lors de l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dont l’article 3 évoquait l’inégale responsabilité des pays dans le réchauffement du climat :
    « 

    « Il incombe aux Parties de préserver le système climatique dans l’intérêt des générations présentes et futures, sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives. Il appartient, en conséquence, aux pays développés parties d’être à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques et leurs effets néfastes. »

    Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Nations unies, 1992, article 3, p. 5.

    Document 18. Les pays de l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (1992)

    Ce sont les mêmes pays développés listés dans l’Annexe I de la Convention-cadre de 1992 qu’on retrouve dans l’Annexe B du protocole de Kyoto, à deux exceptions près : la Biélorussie et la Turquie (document 18). Or cette liste de pays développés, qui implique une liste invisible, celle des pays non nommés, des pays non développés, n’a pas la neutralité de l’annexe à laquelle elle est remisée.

    Comme l’affirma le président ougandais Yoweri Museveni lors du sommet de l’Union africaine qui s’était tenue à Addis Abeba en janvier 2007, « le changement climatique est un acte d’agression des riches contre les pauvres ». Propos qui fut rapporté par la ministre des Affaires étrangères britannique Margaret Beckett, alors qu’elle présidait au nom du Royaume-Uni le premier Conseil de sécurité portant sur cette question le 17 avril 2007 (p. 19). Lors de cette même réunion, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, représentant du Qatar, insista bien sur cette dichotomie :
    « 

    « Pour parvenir à une compréhension commune qui permette de résoudre le problème du changement climatique, nous ne devons pas oublier le principe, convenu lors de tous les sommets et conférences des Nations unies, des responsabilités communes et différenciées de tous les États. En conséquence, les pays riches, développés et industrialisés se voient attribuer des responsabilités différentes de celles des pays pauvres en développement. »

    Nations Unies, Conseil de sécurité, 17 avril 2007, PV 5663, p. 10
     »

    Cette question de la justice climatique est la pierre d’achoppement des négociations actuelles, comme on a encore pu le voir lors de la COP27 qui s’est tenu à Charm el-Cheikh en novembre 2022. « The Global South Is Done Playing Mr. Nice Guy » titrait le Foreign Policy : « Le Sud global a fini de jouer Monsieur Gentil » (Hockenos, 2022).

    En 2009, lors de de la COP15 de Copenhague, avait été émise l’idée d’un Fonds vert pour le climat. Celui-ci devait servir à financer « l’adaptation » des pays en développement les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique, en priorité les pays les moins avancés, les États insulaires en développement, les pays d’Afrique (UNFCC, 2010). Ce fonds a été créé l’année suivante lors de la COP16 : « les pays développés parties adhèrent, dans l’optique de mesures concrètes d’atténuation et d’une mise en œuvre transparente, à l’objectif consistant à mobiliser ensemble 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour répondre aux besoins des pays en développement » (UNFCC, 2011) – les pays en développement, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas sur la liste de l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992. Le 29 novembre 2023, lors de l’ouverture de la COP 28 à Doubaï, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Shoukry, qui avait présidé la COP 27, a rappelé que « nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs communs sans l’adhésion de tous, et en premier lieu des pays du Sud », ajoutant :
    « 

    « Nous devons commencer à agir en faveur de la justice climatique et fournir les outils nécessaires dont nous avons déjà convenu à Charm el-Cheikh pour financer les pertes et les dommages, y compris la création d’un fonds. L’un des principaux résultats de la COP 28 est que le fonds soit pleinement opérationnel et financé. »

    United Nations Climate Change, « La COP 28 s’ouvre à Dubaï appelant à l’accélération de l’actio climatique et à une plus grande ambition face à l’escalade de la crise climatique », décembre 2023.
     »

    Plus de trente ans après, le clivage que cette catégorisation a acté perdure, quelle qu’ait été l’évolution économique des pays en question, et continue de diviser le Monde en deux : les pays développés et les pays en développement, le Nord et le Sud. Les problèmes sont communs, mais les responsabilités apparaissent différentes.

    Conclusion

    La dichotomie mondiale entre « Nord » et « Sud » ne date pas de 1980 (Capdepuy, 2018, p. 393). Il serait même possible de trouver les prémices d’une ligne Nord / Sud dans les décisions prises par différents papes au cours de la deuxième moitié du XVe siècle. On pense souvent à la ligne globale tracée « de pôle à pôle » par le traité de Tordesillas en 1494, mais on oublie la bulle Romanus Pontifex de 1454 qui donnait au roi du Portugal Alphonse V et à ses successeurs le droit de coloniser les territoires situés « à partir des caps Bojador et Nam jusqu’à toute la Guinée, c’est-à-dire en direction du Sud » [9]. Cette déclaration du pape dessinait une sorte de ligne distinguant deux mondes. Au sud d’une ligne qui correspondrait à peu près au 26e parallèle, on pouvait s’approprier tous les territoires et réduire en esclavage « Sarrasins et païens » ; au nord, c’était interdit. Les différents traités et bulles papales représentent à la fois la prétention absolue de puissances européennes, avec la bénédiction de l’Église catholique, à régenter un espace global dont elles n’avaient même pas encore fait le tour, et la dichotomie juridique instaurée entre l’Europe et le reste, qui était accaparable et exploitable, en un mot, colonisable.

    On pourrait considérer cela avec un certain scepticisme en arguant que tout cela est de l’histoire ancienne, sans rapport direct avec le Monde du XXIe siècle. On aurait tort. Pour preuve de l’actualité de ce rappel, le 30 mars 2023 a été publiée une Note commune sur la « Doctrine de la découverte » par le Dicastère pour la Culture et l’Éducation et le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral. Rappelant la bulle Sublimis Deus prise par le pape Paul III en 1537 et condamnant déjà l’esclavagisation des populations indiennes, le Vatican a exprimé son rejet de ces bulles pontificales qui « n’ont pas reflété de manière adéquate l’égale dignité et les droits des peuples autochtones » et dont le contenu « a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent » :
    « 

    « L’Église est également consciente que le contenu de ces documents a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent. Il est juste de reconnaître ces erreurs, de reconnaître les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur éprouvée par les peuples autochtones, et de demander pardon. »

    « Joint Statement of the Dicasteries for Culture and Education and for Promoting Integral Human Development on the “Doctrine of Discovery” », Bollettino della Sala stampa della Santa Sede, 30 mars 2023.
     »

    Il reste que ce qui est visé ici ne concerne pas uniquement le Sud, mais aussi toute l’Amérique autochtone. De ce point de vue, la ligne Nord-Sud telle que dessinée sur la couverture du rapport de 1980 n’a aucune pertinence. Mais il n’est pas forcément besoin de tracer une ligne pour que le clivage entre ce qu’on appelle aujourd’hui le Nord global et le Sud global soit présent à l’esprit.

    Bibliographie

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    Brandt Willy (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 6.
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    Grataloup Christian, Vision(s) du Monde : Histoire critique des représentations de l’Humanité, Paris, Armand Colin.
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    Lee Nicholas, “The Brandt Line after forty years : The more North-South relations change, the more they stay the same ?”, Review of International Studies, n° 47, 2021, pp. 85-106.
    Ohmae Kenichi, 1985, La Triade : Émergence d’une stratégie mondiale de l’entreprise, trad. de l’américain par C. Pommier, Paris, Flammarion.
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    Servoise René, « De l’assistance au commerce international », Politique étrangère, n° 4, 1960, p. 318.
    Solarz Marcin Wojciech, Północ-Południe : Krytyczna analiza podziału świata na kraje wysoko i słabo rozwinięte [Nord-Sud : une analyse critique de la division du Monde en pays développés et en pays sous-développés], Varsovie, Wydawnictwa Uniwersytetu Warszawskiego, 2009.
    Solarz Marcin Wojciech, 2020, The Global North-South Atlas : Mapping Global Change, New York, Routledge.
    Tadao Kato, East-West and North-South : An Essay on American Concept s of Development Aid, Center for International Affairs, Harvard University, mai 1960.
    UNCC — United Nations Climate Change, « La COP 28 s’ouvre à Dubaï appelant à l’accélération de l’actio climatique et à une plus grande ambition face à l’escalade de la crise climatique », décembre 2023.
    UNFCC, Rapport de la quinzième session de la Conférence des Parties tenue à Copenhague du 7 au 19 décembre 2009, Additif, Deuxième partie : Mesures prises par la Conférence des Parties à sa quinzième session, 30 mars 2010.
    UNFCC, Rapport de la Conférence des Parties sur sa seizième session tenue à Cancun du 29 novembre au 10 décembre 2010, Additif, Deuxième partie : Mesures prises par la Conférence des Parties à sa seizième session, 15 mars 2011.

    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/inegalites/articles/limite-nord-sud

    #Nord #Sud #Sud_global #ligne_Nord-Sud #cartographie #visualisation #manuels_scolaires #histoire #ressources_pédagogiques #Oliver_Franks #Walt_Rostow #Rostow #Willy_Brandt #ligne_Brandt #rapport_Brandt #Tiers-Monde #développement

  • Quand on entend un #présentateur_tv / une #présentatrice_tv, sourire niais, complètement déconnecté(e)s parler... (...) Les lignes #primaires, c’est la #banlieue_parisienne ? Apparemment, ça vaut pas mieux...

     :-D :-D :-D

    #médias #information #piège_à_cons #intox #politique #neuneu #communication #transports #lignes_secondaires #France #circulation #c'est_possible #médias #seenthis #vangauguin

    " « On a l’impression d’être la France de seconde zone ! » : dans l’enfer des usagers de la ligne Clermont-Paris /

    #Retards quotidiens, #suppressions de #trains, #vétusté des #infrastructures ferroviaires… La ligne Clermont-Paris a encore une fois fait parler d’elle ce samedi puisque 700 passagers ont été contraints de la nuit dans le train à cause d’une panne. Depuis plusieurs années, les usagers alertent sur la dégradation du service. (...)"

    https://www.marianne.net/societe/on-a-l-impression-d-etre-la-france-de-seconde-zone-dans-lenfer-des-usagers

  • Blinne Ní Ghrálaigh: Lawyer’s closing statement in ICJ case against Israel praised

    This was the powerful closing statement in South Africa’s genocide case against Israel.

    Senior advocate #Blinne_Ní_Ghrálaigh addressed the International Court of Justice on day one of the hearing.

    ICJ: Blinne Ní Ghrálaigh’s powerful closing statement in South Africa case against Israel
    https://www.youtube.com/watch?v=ttrJd2aWF-Y&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.thenational.sco

    https://www.thenational.scot/news/24042943.blinne-ni-ghralaigh-lawyers-closing-statement-icj-case-israel

    #Cour_internationale_de_justice (#CIJ) #Israël #Palestine #Afrique_du_Sud #justice #génocide

    • Israël commet-il un génocide à #Gaza ? Le compte rendu d’une #audience historique

      Alors que les massacres israéliens à Gaza se poursuivent, l’Afrique du Sud a tenté de démontrer, jeudi 11 et vendredi 12 janvier devant la justice onusienne, qu’un génocide est en train d’être commis par Israël à Gaza.

      « Une #calomnie », selon l’État hébreu.

      Devant le palais de la Paix de #La_Haye (Pays-Bas), la bataille des #mots a commencé avant même l’audience. Jeudi 11 janvier au matin, devant la #Cour_de_justice_internationale_des_Nations_unies, des manifestants propalestiniens ont exigé un « cessez-le-feu immédiat » et dénoncé « l’#apartheid » en cours au Proche-Orient. Face à eux, des familles d’otages israélien·nes ont montré les photos de leurs proches kidnappés le 7 octobre par le Hamas.

      Pendant deux jours, devant 17 juges internationaux, alors que les massacres israéliens à Gaza continuent de tuer, de déplacer et de mutiler des civils palestiniens (à 70 % des femmes et des enfants, selon les agences onusiennes), le principal organe judiciaire des Nations unies a examiné la requête, précise et argumentée, de l’Afrique du Sud, destinée à imposer au gouvernement israélien des « #mesures
      _conservatoires » pour prévenir un génocide de la population palestinienne de Gaza.

      La première et plus urgente de ces demandes est l’arrêt immédiat des #opérations_militaires israéliennes à Gaza. Les autres exigent des mesures urgentes pour cesser les tueries, les déplacements de population, faciliter l’accès à l’eau et à la nourriture, et prévenir tout génocide.

      La cour a aussi entendu les arguments d’Israël, qui nie toute #intention_génocidaire et a martelé son « #droit_à_se_défendre, reconnu par le droit international ».

      L’affaire ne sera pas jugée sur le fond avant longtemps. La décision sur les « mesures conservatoires », elle, sera rendue « dès que possible », a indiqué la présidente de la cour, l’États-Unienne #Joan_Donoghue.

      Rien ne dit que les 17 juges (dont un Sud-Africain et un Israélien, Aharon Barak, ancien juge de la Cour suprême israélienne, de réputation progressiste mais qui n’a jamais critiqué la colonisation israélienne) donneront raison aux arguments de l’Afrique du Sud, soutenue dans sa requête par de nombreux États du Sud global. Et tout indique qu’une décision sanctionnant Israël serait rejetée par un ou plusieurs #vétos au sein du #Conseil_de_sécurité des Nations unies.

      Cette #audience solennelle, retransmise sur le site de l’ONU (revoir les débats du jeudi 11 et ceux du vendredi 12), et relayée par de nombreux médias internationaux, a pourtant revêtu un caractère extrêmement symbolique, où se sont affrontées deux lectures radicalement opposées de la tragédie en cours à Gaza.

      « Israël a franchi une limite »

      Premier à prendre la parole, l’ambassadeur sud-africain aux Pays-Bas, #Vusi_Madonsela, a d’emblée replacé « les actes et omissions génocidaires commis par l’État d’Israël » dans une « suite continue d’#actes_illicites perpétrés contre le peuple palestinien depuis 1948 ».

      Face aux juges internationaux, il a rappelé « la Nakba du peuple palestinien, conséquence de la #colonisation_israélienne qui a [...] entraîné la #dépossession, le #déplacement et la #fragmentation systématique et forcée du peuple palestinien ». Mais aussi une « #occupation qui perdure depuis cinquante-six ans, et le siège de seize ans imposé [par Israël] à la bande de Gaza ».

      Il a décrit un « régime institutionnalisé de lois, de politiques et de pratiques discriminatoires, mises en place [par Israël – ndlr] pour établir sa #domination et soumettre le peuple palestinien à un apartheid », dénonçant des « décennies de violations généralisées et systématiques des #droits_humains ».

      « En tendant la main aux Palestiniens, nous faisons partie d’une seule humanité », a renchéri le ministre de la justice sud-africain, #Ronald_Ozzy_Lamola, citant l’ancien président Nelson Mandela, figure de la lutte contre l’apartheid dans son pays.

      D’emblée, il a tenté de déminer le principal argument du gouvernement israélien, selon lequel la procédure devant la Cour internationale de justice est nulle et non avenue, car Israël mènerait une #guerre_défensive contre le #Hamas, au nom du #droit_à_la_légitime_défense garanti par l’article 51 de la charte des Nations unies – un droit qui, selon la Cour internationale de justice, ne s’applique pas aux #Territoires_occupés. « Gaza est occupée. Israël a gardé le contrôle de Gaza. [...] Ses actions renforcent son occupation : la légitime défense ne s’applique pas », insistera un peu plus tard l’avocat Vaughan Lowe.

      « L’Afrique du Sud, affirme le ministre sud-africain, condamne de manière catégorique la prise pour cibles de civils par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023. Cela étant dit, aucune attaque armée contre le territoire d’un État, aussi grave soit-elle, même marquée par la commission des #crimes atroces, ne saurait constituer la moindre justification ni le moindre prétexte, pour se rendre coupable d’une violation, ni sur le plan juridique ni sur le plan moral », de la #convention_des_Nations_unies_pour_la_prévention_et_la_répression_du_crime_de_génocide, dont est accusé l’État hébreu.

      « La réponse d’Israël à l’attaque du 7 octobre, a-t-il insisté, a franchi cette limite. »

      Un « génocide » au caractère « systématique »

      #Adila_Hassim, principale avocate de l’Afrique du Sud, s’est évertuée à démontrer méthodiquement comment Israël a « commis des actes relevant de la définition d’#actes_de_génocide », dont elle a martelé le caractère « systématique ».

      « Les Palestiniens sont tués, risquent la #famine, la #déshydratation, la #maladie, et ainsi la #mort, du fait du siège qu’Israël a organisé, de la #destruction des villes, d’une aide insuffisante autorisée à atteindre la population, et de l’impossibilité à distribuer cette maigre aide sous les #bombardements incessants, a-t-elle énuméré. Tout ceci rend impossible d’avoir accès aux éléments essentiels de la vie. »

      Adila Hassim s’est attelée à démontrer en quoi la #guerre israélienne cochait les cases du génocide, tel qu’il est défini à l’article 2 de la convention onusienne : « Des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. »

      Le « meurtre des membres du groupe », premier élément du génocide ? Adila Hassim évoque le « meurtre de masse des Palestiniens », les « 23 000 victimes dont 70 % sont des femmes ou des enfants », et « les 7 000 disparus, présumés ensevelis sous les décombres ». « Il n’y a pas de lieu sûr à Gaza », dit-elle, une phrase empruntée aux responsables de l’ONU, répétée de nombreuses fois par la partie sud-africaine.

      Hasssim dénonce « une des campagnes de bombardement les plus lourdes dans l’histoire de la guerre moderne » : « 6 000 bombes par semaine dans les trois premières semaines », avec des « #bombes de 900 kilos, les plus lourdes et les plus destructrices », campagne qui vise habitations, abris, écoles, mosquées et églises, dans le nord et le sud de la bande de Gaza, camps de réfugié·es inclus.

      « Les Palestiniens sont tués quand ils cherchent à évacuer, quand ils n’ont pas évacué, quand ils ont pris la #fuite, même quand ils prennent les itinéraires présentés par Israël comme sécurisés. (...) Des centaines de familles plurigénérationelles ont été décimées, personne n’ayant survécu (...) Personne n’est épargné, pas même les nouveau-nés (...) Ces massacres ne sont rien de moins que la #destruction_de_la_vie_palestinienne, infligée de manière délibérée. » Selon l’avocate, il existe bien une #intention_de_tuer. « Israël, dit-elle, sait fort bien combien de civils perdent leur vie avec chacune de ces bombes. »

      L’« atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe », et la « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle », autres éléments constitutifs du génocide ? Adila Hassim évoque « la mort et la #mutilation de 60 000 Palestiniens », les « civils palestiniens arrêtés et emmenés dans une destination inconnue », et détaille le « #déplacement_forcé de 85 % des Palestiniens de Gaza » depuis le 13 octobre, sans retour possible pour la plupart, et qui « répète une longue #histoire de #déplacements_forcés de masse ».

      Elle accuse Israël de « vise[r] délibérément à provoquer la faim, la déshydratation et l’inanition à grande échelle » (93 % de la population souffrent d’un niveau critique de faim, selon l’Organisation mondiale de la santé), l’aide empêchée par les bombardements et qui « ne suffit tout simplement pas », l’absence « d’eau propre », le « taux d’épidémies et de maladies infectieuses qui s’envole », mais aussi « les attaques de l’armée israélienne prenant pour cible le système de santé », « déjà paralysé par des années de blocus, impuissant face au nombre de blessures ».

      Elle évoque de nombreuses « naissances entravées », un autre élément constitutif du génocide.

      « Les génocides ne sont jamais annoncés à l’avance, conclut-elle. Mais cette cour a devant elle 13 semaines de #preuves accumulées qui démontrent de manière irréfutable l’existence d’une #ligne_de_conduite, et d’#intentions qui s’y rapportent, justifiant une allégation plausible d’actes génocidaires. »

      Une « #déshumanisation_systématique » par les dirigeants israéliens

      Un autre avocat s’avance à la barre. Après avoir rappelé que « 1 % de la population palestinienne de Gaza a été systématiquement décimée, et qu’un Gazaoui sur 40 a été blessé depuis le 7 octobre », #Tembeka_Ngcukaitobi décortique les propos des autorités israéliennes.

      « Les dirigeants politiques, les commandants militaires et les représentants de l’État d’Israël ont systématiquement et explicitement exprimé cette intention génocidaire, accuse-t-il. Ces déclarations sont ensuite reprises par des soldats, sur place à Gaza, au moment où ils anéantissent la population palestinienne et l’infrastructure de Gaza. »

      « L’intention génocidaire spécifique d’Israël, résume-t-il, repose sur la conviction que l’ennemi n’est pas simplement le Hamas, mais qu’il est à rechercher au cœur même de la société palestinienne de Gaza. »

      L’avocat multiplie les exemples, encore plus détaillés dans les 84 pages de la requête sud-africaine, d’une « intention de détruire Gaza aux plus hauts rangs de l’État » : celle du premier ministre, #Benyamin_Nétanyahou, qui, à deux reprises, a fait une référence à #Amalek, ce peuple que, dans la Bible (I Samuel XV, 3), Dieu ordonne d’exterminer ; celle du ministre de la défense, qui a comparé les Palestiniens à des « #animaux_humains » ; le président israélien #Isaac_Herzog, qui a jugé « l’entièreté de la nation » palestinienne responsable ; celle du vice-président de la Knesset, qui a appelé à « l’anéantissement de la bande de Gaza » (des propos condamnés par #Nétanyahou) ; ou encore les propos de nombreux élus et députés de la Knesset appelant à la destruction de Gaza.

      Une « déshumanisation systématique », dans laquelle les « civils sont condamnés au même titre que le Hamas », selon Tembeka Ngcukaitobi.

      « L’intention génocidaire qui anime ces déclarations n’est nullement ambiguë pour les soldats israéliens sur le terrain : elle guide leurs actes et leurs objectifs », poursuit l’avocat, qui diffuse devant les juges des vidéos où des soldats font eux aussi référence à Amalek, « se filment en train de commettre des atrocités contre les civils à Gaza à la manière des snuff movies », ou écoutent un réserviste de 95 ans les exhorter à « tirer une balle » sur leur « voisin arabe » et les encourager à une « destruction totale ».

      L’avocat dénonce le « manquement délibéré de la part du gouvernement à son obligation de condamner, de prévenir et de réprimer une telle incitation au génocide ».

      Après une plaidoirie technique sur la capacité à agir de l’Afrique du Sud, #John_Dugard insiste : « Gaza est devenu un #camp_de_concentration où un génocide est en cours. »

      L’avocat sud-africain #Max_du_Plessis exhorte la cour à agir face à Israël, qui « depuis des années (...) s’estime au-delà et au-dessus de la loi », une négligence du droit rendue possible par l’#indifférence de la communauté internationale, qui a su, dans d’autres conflits (Gambie, Bosnie, Ukraine) décider qu’il était urgent d’agir.

      « Gaza est devenu inhabitable », poursuit l’avocate irlandaise #Blinne_Ni_Ghralaigh. Elle énumère d’autres chiffres : « Au rythme actuel », égrène-t-elle, « 247 Palestiniens tués en moyenne chaque jour », dont « 48 mères » et « plus de 117 enfants », et « 629 blessés ». Elle évoque ces enfants dont toute la famille a été décimée, les secouristes, les enseignants, les universitaires et les journalistes tués dans des proportions historiques.

      « Il s’agit, dit-elle, du premier génocide de l’Histoire dont les victimes diffusent leur propre destruction en temps réel, dans l’espoir vain que le monde fasse quelque chose. » L’avocate dévoile à l’écran les derniers mots du docteur #Mahmoud_Abu_Najela (Médecins sans frontières), tué le 23 novembre à l’hôpital Al-Awda, écrits au feutre sur un tableau blanc : « À ceux qui survivront. Nous avons fait ce que nous pouvons. Souvenez-vous de nous. »

      « Le monde, conclut Blinne Ni Ghralaigh, devrait avoir #honte. »

      La réponse d’Israël : une « calomnie »

      Vendredi 12 janvier, les représentants d’Israël se sont avancés à la barre. Leur argumentation a reposé sur deux éléments principaux : un, la Cour internationale de justice n’a pas à exiger de « mesures conservatoires » car son armée ne commet aucun génocide ; deux, si génocide il y a, il a été commis par le Hamas le 7 octobre 2023.

      Premier à prendre la parole, #Tal_Becker, conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, invoque l’Histoire, et le génocide infligé aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, « le meurtre systématique de 6 millions de juifs dans le cadre d’une destruction totale ».

      « Israël, dit-il, a été un des premiers États à ratifier la convention contre le génocide. » « Pour Israël, insiste-t-il, “#jamais_plus” n’est pas un slogan, c’est une #obligation_morale suprême. »

      Dans « une époque où on fait bon marché des mots, à l’heure des politiques identitaires et des réseaux sociaux », il dénonce une « #instrumentalisation » de la notion de génocide contre Israël.

      Il attaque une présentation sud-africaine « totalement dénaturée des faits et du droit », « délibérément manipulée et décontextualisée du conflit actuel », qualifiée de « calomnie ».

      Alors que les avocats sud-africains avaient expliqué ne pas intégrer les massacres du Hamas dans leur requête devant la justice onusienne, car « le Hamas n’est pas un État », Tal Becker estime que l’Afrique du Sud « a pris le parti d’effacer l’histoire juive et tout acte ou responsabilité palestiniens », et que les arguments avancés « ne se distinguent guère de ceux opposés par le Hamas dans son rejet d’Israël ». « L’Afrique du Sud entretient des rapports étroits avec le Hamas » et le « soutient », accuse-t-il.

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », dit-il en revenant longuement, images et enregistrements à l’appui, sur les atrocités commises par le Hamas et d’autres groupes palestiniens le 7 octobre, « le plus important massacre de juifs en un jour depuis la #Shoah ».

      « S’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël », dit-il, évoquant le « #programme_d’annihilation » des juifs par le Hamas. « Israël ne veut pas détruire un peuple, poursuit-il. Mais protéger un peuple : le sien. »

      Becker salue les familles d’otages israéliens présentes dans la salle d’audience, et montre certains visages des 130 personnes kidnappées dont le pays est toujours sans nouvelle. « Y a-t-il une raison de penser que les personnes que vous voyez à l’écran ne méritent pas d’être protégées ? », interroge-t-il.

      Pour ce représentant de l’État israélien, la demande sud-africaine de mesures conservatoires revient à priver le pays de son droit à se défendre.

      « Israël, poursuit-il, se défend contre le Hamas, le Djihad palestinien et d’autres organisations terroristes dont la brutalité est sans limite. Les souffrances sont tragiques, sont déchirantes. Les conséquences sont parfaitement atroces pour les civils du fait du comportement du Hamas, qui cherche à maximiser les pertes de civils alors qu’Israël cherche à les minorer. »

      Becker s’attarde sur la « #stratégie_méprisable » du Hamas, une « méthode de guerre intégrée, planifiée, de grande ampleur et odieuse ». Le Hamas, accuse-t-il, « a, de manière systématique, fondu ses opérations militaires au sein de zones civiles densément peuplées », citant écoles, mosquées et hôpitaux, des « milliers de bâtiments piégés » et « utilisés à des fins militaires ».

      Le Hamas « a fait entrer une quantité innombrable d’armes, a détourné l’aide humanitaire ». Remettant en cause le chiffre « non vérifié » de 23 000 victimes (pourtant confirmé par les Nations unies), Tal Becker estime que de nombreuses victimes palestiniennes sont des « militants » qui ont pu prendre « une part directe aux hostilités ». « Israël respecte le droit », martèle-t-il. « Si le Hamas abandonne cette stratégie, libère les otages, hostilités et violences prendront fin. »

      Ponte britannique du droit, spécialiste des questions juridiques liées aux génocides, #Malcom_Shaw embraie, toujours en défense d’Israël. Son discours, technique, est parfois interrompu. Il se perd une première fois dans ses notes, puis soupçonne un membre de son équipe d’avoir « pris [sa] #plaidoirie pour un jeu de cartes ».

      Shaw insiste : « Un conflit armé coûte des vies. » Mais Israël, dit-il, « a le droit de se défendre dans le respect du #droit_humanitaire », citant à l’audience les propos de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 19 octobre 2023. Il poursuit : « L’#usage_de_la_force ne peut constituer en soi un acte génocidaire. » « Israël, jure-t-il, ne cible que les cibles militaires, et ceci de manière proportionnée dans chacun des cas. »

      « Peu d’éléments démontrent qu’Israël a eu, ou a, l’intention de détruire tout ou partie du peuple palestinien », plaide-t-il. Shaw estime que nombre de propos tenus par des politiciens israéliens ne doivent pas être pris en compte, car ils sont « pris au hasard et sont sortis de leur contexte », parce qu’ils témoignent d’une « #détresse » face aux massacres du 7 octobre, et que ceux qui les ont prononcés n’appartiennent pas aux « autorités pertinentes » qui prennent les décisions militaires, à savoir le « comité ministériel chargé de la sécurité nationale » et le « cabinet de guerre ».

      Pour étayer son argumentation, Shaw cite des directives (non publiques) de Benyamin Nétanyahou destinées, selon lui, à « éviter un désastre humanitaire », à proposer des « solutions pour l’approvisionnement en eau », « promouvoir la construction d’hôpitaux de campagne au sud de la bande de Gaza » ; les déclarations publiques de Benyamin Nétanyahou à la veille de l’audience (« Israël n’a pas l’intention d’occuper de façon permanente la bande de Gaza ou de déplacer sa population civile ») ; d’autres citations du ministre de la défense qui assure ne pas s’attaquer au peuple palestinien dans son ensemble.

      « La requête de l’Afrique du Sud brosse un tableau affreux, mais incomplet et profondément biaisé », renchérit #Galit_Rajuan, conseillère au ministère de la justice israélien, qui revient longuement sur les #responsabilités du Hamas, sa stratégie militaire au cœur de la population palestinienne. « Dans chacun des hôpitaux que les forces armées israéliennes ont fouillés à Gaza, elles ont trouvé des preuves d’utilisation militaire par le Hamas », avance-t-elle, des allégations contestées.

      « Certes, des dommages et dégâts ont été causés par les hostilités dans les hôpitaux, parfois par les forces armées israéliennes, parfois par le Hamas, reconnaît-elle, mais il s’agit des conséquences de l’utilisation odieuse de ces hôpitaux par le Hamas. »

      Rajuan martèle enfin qu’Israël cherche à « atténuer les dommages causés aux civils » et à « faciliter l’aide humanitaire ». Des arguments connus, que de très nombreuses ONG, agences des Nations unies et journalistes gazaouis présents sur place réfutent régulièrement, et que les journalistes étrangers ne peuvent pas vérifier, faute d’accès à la bande de Gaza.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/120124/israel-commet-il-un-genocide-gaza-le-compte-rendu-d-une-audience-historiqu

    • Gaza, l’accusa di genocidio a Israele e la credibilità del diritto internazionale

      Il Sudafrica ha chiesto l’intervento della Corte internazionale di giustizia dell’Aja per presunte violazioni di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948. Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, presente alla storica udienza, aiuta a comprendere il merito e le prospettive

      “Quello che sta succedendo all’Aja ha un significato che va oltre gli eventi in corso nella Striscia di Gaza. Viviamo un momento storico in cui la Corte internazionale di giustizia (Icj) ha anche la responsabilità di confermare se il diritto internazionale esiste ancora e se vale alla stessa maniera per tutti i Paesi, del Nord e del Sud del mondo”. A parlare è Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, già nel team legale delle vittime di Gaza di fronte alla Corte penale internazionale (Icc), che ha sede sempre all’Aja.

      Non vanno confuse: l’aula di tribunale ripresa dalle tv di tutto il mondo l’11 e il 12 gennaio scorsi, infatti, con il team legale sudafricano schierato contro quello israeliano, è quella della Corte internazionale di giustizia, il massimo organo giudiziario delle Nazioni Unite, che si esprime sulle controversie tra Stati. L’Icc, invece, è indipendente e legifera sulle responsabilità penali individuali.

      Il 29 dicembre scorso il Sudafrica ha chiesto l’intervento della prima per presunte violazioni da parte di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948, nei confronti dei palestinesi della Striscia di Gaza. Un’udienza storica a cui Mariniello era presente.

      Professore, qual era innanzi tutto l’atmosfera?
      TM A mia memoria mai uno strumento del diritto internazionale ha avuto tanto sostegno e popolarità. C’erano centinaia, probabilmente migliaia di persone all’esterno della Corte, emittenti di tutto il mondo e apparati di sicurezza, inclusi droni ed elicotteri. Sentire anche le tv più conservatrici, come quelle statunitensi, parlare di Palestina e genocidio faceva comprendere ancora di più l’importanza storica dell’evento.

      In estrema sintesi, quali sono gli elementi più importanti della tesi sudafricana?
      TM Il Sudafrica sostiene che Israele abbia commesso atti di genocidio contro la popolazione di Gaza, ciò significa una serie di azioni previste dall’articolo 2 della Convenzione sul genocidio, effettuate con l’intento di distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto, in questo caso i palestinesi di Gaza. Questi atti, per il Sudafrica, sono omicidi di massa, gravi lesioni fisiche o mentali e l’imposizione di condizioni di vita volte a distruggere i palestinesi, come l’evacuazione forzata di circa due milioni di loro, la distruzione di quasi tutto il sistema sanitario della Striscia, l’assedio totale all’inizio della guerra e la privazione di beni essenziali per la sopravvivenza. Ciò che caratterizza un genocidio rispetto ad altri crimini internazionali è il cosiddetto “intento speciale”, la volontà cioè di voler distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto. È l’elemento più difficile da provare, ma credo che il Sudafrica in questo sia riuscito in maniera solida e convincente. Sia in aula sia all’interno della memoria di 84 pagine presentata, vi sono, infatti, una serie di dichiarazioni dei leader politici e militari israeliani, che proverebbero tale intento. Come quella del premier Benjamin Netanyahu che, a inizio guerra, ha invocato la citazione biblica di Amalek, che sostanzialmente significa: “Uccidete tutti gli uomini, le donne, i bambini e gli animali”. O una dichiarazione del ministro della Difesa, Yoav Gallant, che ha detto che a Gaza sono tutti “animali umani”. Queste sono classiche dichiarazioni deumanizzanti e la deumanizzazione è un passaggio caratterizzante tutti i genocidi che abbiamo visto nella storia dell’umanità.

      Qual è stata invece la linea difensiva israeliana?
      TM Diciamo che l’impianto difensivo di Israele è basato su tre pilastri: il fatto che quello di cui lo si accusa è stato eseguito da Hamas il 7 ottobre; il concetto di autodifesa, cioè che quanto fatto a Gaza è avvenuto in risposta a tale attacco e, infine, che sono state adottate una serie di precauzioni per limitare l’impatto delle ostilità sulla popolazione civile. Israele, inoltre, ha sollevato il tema della giurisdizione della Corte, mettendola in discussione, in quanto non vi sarebbe una disputa in corso col Sudafrica. Su questo la Corte si dovrà pronunciare, ma a tal proposito è stato ricordato come Israele sia stato contattato dal Sudafrica in merito all’accusa di genocidio e non abbia risposto. Questo, per l’accusa, varrebbe come disputa in corso.

      Che cosa chiede il Sudafrica?
      TM In questo momento l’accusa non deve dimostrare che sia stato commesso un genocidio, ma che sia plausibile. Questa non è un’udienza nel merito, siamo in una fase d’urgenza, ma di richiesta di misure cautelari. Innanzitutto chiede il cessate fuoco, poi la rescissione di tutti gli ordini che possono costituire atti di genocidio. Si domanda alla Corte di imporre un ordine a Israele per preservare tutte le prove che potrebbero essere utili per indagini future e di porre fine a tutti gli atti di cui il Sudafrica lo ritiene responsabile.

      Come valuta le due memorie?
      TM La deposizione del Sudafrica è molto solida e convincente, sia in merito agli atti genocidi sia all’intento genocidiario. E credo che anche alla luce dei precedenti della Corte lasci veramente poco spazio di manovra. Uno dei punti di forza è che fornisce anche una serie di prove in merito a quello che è successo e che sta accadendo a Gaza: le dichiarazioni dei politici israeliani, cioè, hanno ricevuto un’implementazione sul campo. Sono stati mostrati dei video di militari, ad esempio, che invocavano Amalek, la citazione di Netanyahu.

      In realtà il Sudafrica non si limita allo scontro in atto, ma parla di una sorta Nakba (l’esodo forzato dei palestinesi) ininterrotto.
      TM Ogni giurista dovrebbe sempre analizzare qualsiasi ostilità all’interno di un contesto e per questo il Sudafrica fa riferimento a 75 anni di Nakba, a 56 di occupazione militare israeliana e a 16 anni di assedio della Striscia.

      Come valuta la difesa israeliana?
      TM Come detto, tutto viene ricondotto all’attacco di Hamas del 7 ottobre e a una risposta di autodifesa rispetto a tale attacco. Ma esiste sempre un contesto per il diritto penale internazionale e l’autodifesa -che per uno Stato occupante non può essere invocata- non può comunque giustificare un genocidio. L’altro elemento sottolineato dal team israeliano, delle misure messe in atto per ridurre l’impatto sui civili, è sembrato più retorico che altro: quanto avvenuto negli ultimi tre mesi smentisce tali dichiarazioni. Basti pensare alla privazione di beni essenziali e a tutte le informazioni raccolte dalle organizzazioni internazionali e dagli organismi delle Nazioni Unite. A Gaza non esistono zone sicure, ci sono stati casi in cui la popolazione evacuata, rifugiatasi nelle zone indicate da Israele, è stata comunque bombardata.

      Ora che cosa pensa succederà?
      TM La mia previsione è che la Corte si pronuncerà sulle misure cautelari entro la fine di gennaio e l’inizio di febbraio, quando alcuni giudici decadranno e saranno sostituiti. In alcuni casi ha impiegato anche solo otto giorni per pronunciarsi. Ora ci sono delle questioni procedurali, altri Stati stanno decidendo di costituirsi a sostegno di Israele o del Sudafrica.

      Che cosa implica tale sostegno?
      TM La possibilità di presentare delle memorie. La Germania sosterrà Israele, il Brasile, i Paesi della Lega Araba, molti Stati sudamericani, ma non solo, si stanno schierando con il Sudafrica.

      Il ministro degli Esteri italiano, Antonio Tajani, ha dichiarato che non si tratta di genocidio.
      TM L’Italia non appoggerà formalmente Israele dinnanzi all’Icj. La Francia sarà neutrale. I Paesi del Global South stanno costringendo quelli del Nord a verificare la credibilità del diritto internazionale: vale per tutti o è un diritto à la carte?

      Se la Corte decidesse per il cessate il fuoco, quali sarebbero le conseguenze, visto che non ha potere politico?
      TM Il parere della Corte è giuridicamente vincolante. Il problema è effettivamente di esecuzione: nel caso di un cessate il fuoco, se non fosse Israele ad attuarlo, dovrebbe intervenire il Consiglio di sicurezza.

      Con il rischio del veto statunitense.
      TM Siamo sul terreno delle speculazioni, ma se la Corte dovesse giungere alla conclusione che Israele è responsabile di un genocidio a Gaza, onestamente riterrei molto difficile un altro veto degli Stati Uniti. È difficile al momento prevedere gli effetti dirompenti di un’eventuale decisione positiva della Corte. Certo è che, quando si parla di Israele, la comunità internazionale, nel senso dei Paesi occidentali, ha creato uno stato di eccezione, che ha sempre posto Israele al di sopra del diritto internazionale, senza rendersi conto che le situazioni violente che viviamo in quel contesto sono il frutto di questo eccezionalismo anche a livello giuridico. Fino a quando si andrà avanti con questo contesto di impunità non finiranno le spirali di violenza.

      https://altreconomia.it/gaza-laccusa-di-genocidio-a-israele-e-la-credibilita-del-diritto-intern

    • La Cour internationale de justice ordonne à Israël d’empêcher un génocide à Gaza

      Selon la plus haute instance judiciaire internationale, « il existe un #risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé » aux Palestiniens de Gaza. La Cour demande à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission […] de tout acte » de génocide. Mais n’appelle pas au cessez-le-feu.

      Même si elle n’a aucune chance d’être appliquée sur le terrain, la #décision prise vendredi 26 janvier par la plus haute instance judiciaire des Nations unies marque incontestablement un tournant dans la guerre au Proche-Orient. Elle intervient après quatre mois de conflit déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait plus de 1 200 morts et des milliers de blessés, conduit à la prise en otage de 240 personnes, et entraîné l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, dont le dernier bilan s’élève à plus de 25 000 morts.

      La Cour internationale de justice (CIJ), basée à La Haye (Pays-Bas), a expliqué, par la voix de sa présidente, la juge Joan Donoghue, « être pleinement consciente de l’ampleur de la #tragédie_humaine qui se joue dans la région et nourri[r] de fortes #inquiétudes quant aux victimes et aux #souffrances_humaines que l’on continue d’y déplorer ». Elle a ordonné à Israël de « prendre toutes les #mesures en son pouvoir pour prévenir la commission à l’encontre des Palestiniens de Gaza de tout acte » de génocide.

      « Israël doit veiller avec effet immédiat à ce que son armée ne commette aucun des actes » de génocide, affirme l’#ordonnance. Elle « considère également qu’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ».

      La cour de La Haye, saisie à la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud, demande « en outre » à l’État hébreu de « prendre sans délai des #mesures_effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’#aide_humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ».

      Enfin, l’ordonnance de la CIJ ordonne aux autorités israéliennes de « prendre des mesures effectives pour prévenir la destruction et assurer la conservation des #éléments_de_preuve relatifs aux allégations d’actes » de génocide.

      La juge #Joan_Donoghue, qui a donné lecture de la décision, a insisté sur son caractère provisoire, qui ne préjuge en rien de son futur jugement sur le fond des accusations d’actes de génocide. Celles-ci ne seront tranchées que dans plusieurs années, après instruction.

      La cour « ne peut, à ce stade, conclure de façon définitive sur les faits » et sa décision sur les #mesures_conservatoires « laisse intact le droit de chacune des parties de faire valoir à cet égard ses moyens » en vue des audiences sur le fond, a-t-elle poursuivi.

      Elle considère cependant que « les faits et circonstances » rapportés par les observateurs « suffisent pour conclure qu’au moins certains des droits » des Palestiniens sont mis en danger et qu’il existe « un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé ».

      Environ 70 % de #victimes_civiles

      La CIJ avait été saisie le 29 décembre 2023 par l’Afrique du Sud qui, dans sa requête, accuse notamment Israël d’avoir violé l’article 2 de la Convention de 1948 sur le génocide, laquelle interdit, outre le meurtre, « l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe » visé par le génocide, l’imposition de « conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » ou encore les « mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ».

      Le recours décrit longuement une opération militaire israélienne qualifiée d’« exceptionnellement brutale », « tuant des Palestiniens à Gaza, incluant une large proportion de femmes et d’enfants – pour un décompte estimé à environ 70 % des plus de 21 110 morts [au moment de la rédaction du recours par l’Afrique du Sud – ndlr] –, certains d’entre eux apparaissant avoir été exécutés sommairement ».

      Il soulignait également les conséquences humanitaires du déplacement massif des populations et de la destruction massive de logements et d’équipements publics, dont des écoles et des hôpitaux.

      Lors des deux demi-journées d’audience, jeudi 11 et vendredi 12 janvier, le conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, Tal Becker, avait dénoncé une « instrumentalisation » de la notion de génocide et qualifié l’accusation sud-africaine de « calomnie ».

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », avait poursuivi le représentant israélien, affirmant que « s’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël ». « Israël ne veut pas détruire un peuple mais protéger un peuple : le sien. »
      Gaza, « lieu de mort et de désespoir »

      La CIJ, de son côté, a fondé sa décision sur les différents rapports et constatations fournis par des organisations internationales. Elle cite notamment la lettre du 5 janvier 2024 du secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, décrivant la bande de Gaza comme un « lieu de mort et de désespoir ».

      L’ordonnance rappelle qu’un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 21 décembre 2023 s’alarmait du fait que « 93 % de la population de Gaza, chiffre sans précédent, est confrontée à une situation de crise alimentaire ».

      Le 12 janvier 2024, c’est l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui lançait un cri d’alerte. « Cela fait maintenant 100 jours que cette guerre dévastatrice a commencé, que la population de Gaza est décimée et déplacée, suite aux horribles attaques perpétrées par le Hamas et d’autres groupes contre la population en Israël », s’alarmait-il.

      L’ordonnance souligne, en miroir, les multiples déclarations de responsables israéliens assumant une répression sans pitié dans la bande de Gaza, si nécessaire au prix de vies civiles. Elle souligne que des rapporteurs spéciaux des Nations unies ont même pu s’indigner de « la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien ».

      La CIJ pointe par exemple les propos du ministre de la défense Yoav Gallant du 9 octobre 2023 annonçant « un siège complet de la ville de Gaza », avant d’affirmer : « Nous combattons des animaux humains. »

      Le 12 octobre, c’est le président israélien Isaac Herzog qui affirmait : « Tous ces beaux discours sur les civils qui ne savaient rien et qui n’étaient pas impliqués, ça n’existe pas. Ils auraient pu se soulever, ils auraient pu lutter contre ce régime maléfique qui a pris le contrôle de Gaza. »

      Et, à la vue des intentions affichées par les autorités israéliennes, les opérations militaires dans la bande de Gaza ne sont pas près de s’arrêter. « La Cour considère que la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza risque fort de se détériorer encore avant qu’elle rende son arrêt définitif », affirme l’ordonnance.

      « À la lumière de ce qui précède, poursuivent les juges, la Cour considère qu’il y a urgence en ce sens qu’il existe un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé aux droits qu’elle a jugés plausibles avant qu’elle ne rende sa décision définitive. »

      Si la décision de la CIJ est juridiquement contraignante, la Cour n’a pas la capacité de la faire appliquer. Cependant, elle est incontestablement une défaite diplomatique pour Israël.

      Présente à La Haye, la ministre des relations internationales et de la coopération d’Afrique du Sud, Naledi Pandor, a pris la parole à la sortie de l’audience. Si elle a regretté que les juges n’aient pas appelé à un cessez-le-feu, elle s’est dite « satisfaite que les mesures provisoires » réclamées par son pays aient « fait l’objet d’une prise en compte » par la Cour, et qu’Israël doive fournir un rapport d’ici un mois. Pour l’Afrique du Sud, lancer cette plainte, a-t-elle expliqué, « était une façon de s’assurer que les organismes internationaux exercent leur responsabilité de nous protéger tous, en tant que citoyens du monde global ».

      Comme l’on pouvait s’y attendre, les autorités israéliennes ont vivement critiqué les ordonnances d’urgence réclamées par les juges de La Haye. Si le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est réjoui de ce que ces derniers n’aient pas réclamé, comme le demandait l’Afrique du Sud, de cessez-le-feu – « Comme tout pays, Israël a le droit fondamental de se défendre. La CIJ de La Haye a rejeté à juste titre la demande scandaleuse visant à nous priver de ce droit », a-t-il dit –, il a eu des mots très durs envers l’instance : « La simple affirmation selon laquelle Israël commet un génocide contre les Palestiniens n’est pas seulement fausse, elle est scandaleuse, et la volonté de la Cour d’en discuter est une honte qui ne sera pas effacée pendant des générations. »

      Il a affirmé vouloir continuer « à défendre [ses] citoyens dans le respect du droit international ». « Nous poursuivrons cette guerre jusqu’à la victoire absolue, jusqu’à ce que tous les otages soient rendus et que Gaza ne soit plus une menace pour Israël », a ajouté Nétanyahou.

      Jeudi, à la veille de la décision de la CIJ, le New York Times avait révélé que les autorités israéliennes avaient fourni aux juges de La Haye une trentaine de documents déclassifiés, censés démonter l’accusation de génocide, parmi lesquels « des résumés de discussions ministérielles datant de la fin du mois d’octobre, au cours desquelles le premier ministre Benyamin Nétanyahou a ordonné l’envoi d’aide, de carburant et d’eau à Gaza ».

      Cependant, souligne le quotidien états-unien, les documents « ne comprennent pas les ordres des dix premiers jours de la guerre, lorsqu’Israël a bloqué l’aide à Gaza et coupé l’accès à l’électricité et à l’eau qu’il fournit normalement au territoire ».

      Nul doute que cette décision de la plus haute instance judiciaire des Nations unies va renforcer les appels en faveur d’un cessez-le-feu. Après plus de quatre mois de combats et un bilan lourd parmi la population civile gazaouie, Nétanyahou n’a pas atteint son objectif d’éradiquer le mouvement islamiste. Selon les Israéliens eux-mêmes, près de 70 % des forces militaires du Hamas sont intactes. De plus, les familles d’otages toujours aux mains du Hamas ou d’autres groupes islamistes de l’enclave maintiennent leurs pressions.

      Le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad al-Maliki s’est réjoui d’une décision de la CIJ « en faveur de l’humanité et du droit international », ajoutant que la communauté international avait désormais « l’obligation juridique claire de mettre fin à la guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien de Gaza et de s’assurer qu’elle n’en est pas complice ». Le ministre de la justice sud-africain Ronald Lamola, cité par l’agence Reuters, a salué, lui, « une victoire pour le droit international ». « Israël ne peut être exempté du respect de ses obligations internationales », a-t-il ajouté.

      De son côté, la Commission européenne a appelé Israël et le Hamas à se conformer à la décision de la CIJ. L’Union européenne « attend leur mise en œuvre intégrale, immédiate et effective », a-t-elle souligné dans un communiqué.

      La France avait fait entendre pourtant il y a quelques jours une voix discordante. Le ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné avait déclaré, à l’Assemblée nationale, qu’« accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral ». Dans un communiqué publié après la décision de la CIJ, le ministère a annoncé son intention de déposer des observations sur l’interprétation de la Convention de 1948, comme le lui permet la procédure. « [La France] indiquera notamment l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention. Comme le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a eu l’occasion de le noter, les mots doivent conserver leur sens », indique le texte.

      Les États-Unis ont estimé que la décision était conforme à la position états-unienne, exprimée à plusieurs reprises par Joe Biden à son allié israélien, de réduire les souffrances des civils de Gaza et d’accroître l’aide humanitaire. Cependant, a expliqué un porte-parole du département d’État, les États-Unis continuent « de penser que les allégations de génocide sont infondées » et notent « que la Cour n’a pas fait de constat de génocide, ni appelé à un cessez-le-feu dans sa décision, et qu’elle a appelé à la libération inconditionnelle et immédiate de tous les otages détenus par le Hamas ».

      C’est dans ce contexte que se déroulent des discussions pour obtenir une trêve prolongée, la deuxième après celle de novembre, qui avait duré une semaine et permis la libération de plusieurs dizaines d’otages.

      Selon les médias états-uniens, Israël a proposé une trêve de 60 jours et la libération progressive des otages encore retenu·es. Selon ce projet, a affirmé CNN, les dirigeants du Hamas pourraient quitter l’enclave. Selon la chaîne d’informations américaine, « des responsables américains et internationaux au fait des négociations ont déclaré que l’engagement récent d’Israël et du Hamas dans des pourparlers était encourageant, mais qu’un accord n’était pas imminent ».

      Le Washington Post a révélé jeudi que le président américain Joe Biden allait envoyer dans les prochains jours en Europe le directeur de la CIA, William Burns, pour tenter d’obtenir un accord. Il devrait rencontrer les chefs des services de renseignement israélien et égyptien, David Barnea et Abbas Kamel, et le premier ministre qatari Mohammed ben Abdulrahman al-Thani. Vendredi soir, l’Agence France-Presse (AFP) a affirmé qu’ils se retrouveraient « dans les tout prochains jours à Paris », citant « une source sécuritaire d’un État impliqué dans les négociations ».

      https://www.mediapart.fr/journal/international/260124/la-cour-internationale-de-justice-ordonne-israel-d-empecher-un-genocide-ga

  • L’augmentation du #chiffre_d’affaires issu des ventes d’#armes du Top 100 du #SIPRI impactée par des défis de production et des carnets de commandes remplis

    Le chiffre d’affaires issu des #ventes_d’armes et de services à caractère militaire par les 100 plus grandes entreprises d’#armement s’élève à 597 milliards de dollars en 2022, soit 3,5 % de moins qu’en 2021 en termes réels, alors même que la demande a fortement augmenté. C’est ce que révèlent les nouvelles données publiées aujourd’hui par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).

    Cette diminution s’explique principalement par la baisse du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des plus grandes entreprises américaines. Le chiffre d’affaires a augmenté de manière significative en Asie, Océanie et au Moyen-Orient. Les commandes en cours et la multiplication de nouveaux contrats laissent présager que le chiffre d’affaires mondial issu des ventes d’armes pourrait augmenter de manière significative au cours des prochaines années.

    La demande en armement augmente mais la #production reste à la traîne

    L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie et les tensions géopolitiques dans le monde ont provoqué une forte augmentation de la demande d’armes et d’équipements militaires en 2022. Cependant, malgré de nouvelles commandes, de nombreuses entreprises d’armement américaines et européennes n’ont pas pu augmenter de manière significative leur capacité de production en raison de difficultés de recrutement, de flambée des coûts et de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement exacerbées par la #guerre_en_Ukraine. En outre, les pays ont passé de nouvelles commandes en fin d’année et en raison du décalage entre les commandes et la production, l’augmentation de la demande ne s’est pas reflétée dans le chiffre d’affaires de ces entreprises en 2022.

    « De nombreuses entreprises d’armement ont été confrontées à des obstacles pour adapter leur production en vue d’une guerre de haute intensité », souligne Dr Lucie Béraud-Sudreau, directrice du programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. « Toutefois, de nouveaux contrats ont été signés notamment pour des #munitions, ce qui devrait se traduire par une hausse du chiffre d’affaires en 2023 et au-delà. » Contrairement aux plus grands fournisseurs américains et européens, les entreprises d’Asie, d’Océanie et du Moyen-Orient ont vu leur chiffre d’affaires issu des ventes d’armes augmenter de manière significative en 2022, démontrant ainsi leur capacité à répondre à une demande accrue dans des délais plus courts. Cela est particulièrement vrai dans les pays où les entreprises disposent de capacités de fabrication réactives et compétitives, comme #Israël et la #Corée_du_Sud, et dans ceux où les entreprises ont tendance à s’appuyer sur des chaînes d’approvisionnement courtes.

    Aux États-Unis, le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes chute en raison de problèmes de production

    Le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des 42 entreprises américaines du Top 100 a chuté de 7,9 % pour atteindre 302 milliards de dollars en 2022. Il représente 51 % du chiffre d’affaires total issu des ventes d’armes du Top 100. Sur les 42 entreprises américaines, 32 ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires sur un an, citant le plus souvent des problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement et des pénuries de main-d’œuvre résultant de la pandémie de Covid-19.

    « On constate un afflux de nouvelles commandes liées à la guerre en Ukraine et certaines grandes entreprises américaines, dont #Lockheed_Martin et #Raytheon_Technologies, ont reçu de nouvelles commandes en conséquence », précise Dr Nan Tian, chercheur principal au SIPRI. « Cependant, en raison des carnets de commandes déjà existants de ces entreprises et des difficultés à augmenter leur capacité de production, les revenus générés par ces nouvelles commandes ne se refléteront dans les comptes de l’entreprise probablement que d’ici deux à trois ans. »

    L’#Asie surpasse l’#Europe tirée par un phénomène de #modernisation_militaire

    Le chiffre d’affaire issu des ventes d’armes des 22 entreprises d’Asie et d’Océanie répertoriées dans le classement a augmenté de 3,1 % pour atteindre 134 milliards de dollars en 2022. Il s’agit de la deuxième année consécutive où le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des entreprises du Top 100 situées en Asie et en Océanie est supérieur à celui des entreprises situées en Europe.

    « La demande intérieure et l’appui sur des fournisseurs locaux ont protégé les entreprises d’armement asiatiques des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement en 2022 », explique Xiao Liang, chercheur au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. « Les entreprises en #Chine, en #Inde, au #Japon et à Taïwan ont toutes bénéficié d’investissements gouvernementaux soutenus dans le cadre des programmes de modernisation militaire. »

    Le #chiffre_d’affaires combiné des quatre entreprises sud-coréennes du Top 100 a chuté de 0,9 %, principalement en raison d’une baisse de 8,5 % enregistrée par le plus grand producteur d’armes du pays, #Hanwha_Aerospace. Deux entreprises sud-coréennes ont enregistré une augmentation de leur chiffre d’affaires, notamment #LIG_Nex1. Les entreprises sud-coréennes devraient connaître un accroissement de leur chiffre d’affaires dans les années à venir en raison d’une augmentation des commandes enregistrées après la signature d’importants contrats d’armement avec la Pologne et les Émirats arabes unis.

    Augmentation modeste du chiffre d’affaires en Europe alors que la demande liée à l’Ukraine commence à affluer

    Le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des 26 entreprises du Top 100 basées en Europe a augmenté de 0,9 % pour atteindre 121 milliards de dollars en 2022.

    « La guerre en Ukraine a entraîné une demande de matériel adapté à une guerre d’usure, comme les munitions et les véhicules blindés. De nombreux producteurs européens ont vu leur chiffre d’affaires augmenter », souligne Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. « Il s’agit notamment d’entreprises basées en #Allemagne, en #Norvège et en #Pologne. Par exemple, la société polonaise #PGZ a augmenté son chiffre d’affaires de 14 %, bénéficiant du programme accéléré de modernisation militaire que le pays poursuit. »

    Les sociétés transeuropéennes #Airbus et #KNDS comptent parmi les principales sources d’augmentation du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes en Europe, en grande partie grâce aux livraisons effectuées sur des commandes de longue date.

    Les entreprises turques mènent une augmentation significative du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes au Moyen-Orient

    Le Moyen-Orient a connu la plus forte augmentation en pourcentage du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes de toutes les régions en 2022. Les sept entreprises basées au Moyen-Orient figurant dans le Top 100 ont enregistré une augmentation substantielle. Leur chiffre d’affaires combiné de 17,9 milliards de dollars représente une augmentation de 11 % sur un an. Le chiffre d’affaires combiné des quatre entreprises turques a atteint 5,5 milliards de dollars, soit 22 % de plus qu’en 2021. Le chiffre d’affaires combiné des trois entreprises israéliennes du Top 100 a atteint 12,4 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 6,5 % par rapport à 2021.

    « Les entreprises du Moyen-Orient spécialisées dans des produits moins sophistiqués sur le plan technologique ont pu augmenter leur production plus rapidement afin de répondre à l’augmentation de la demande », précise Dr Diego Lopes da Silva, chercheur principal au SIPRI. « L’exemple le plus frappant est celui de #Baykar, en Turquie, producteur du #drone #Bayraktar_TB-2. Baykar est entré dans le Top 100 pour la première fois en raison de l’augmentation de son chiffre d’affaires issu des ventes d’armes de 94 %, soit le taux d’augmentation le plus rapide de toutes les entreprises du classement. »

    Autres développements notables

    - En 2022, la Chine représente la deuxième plus grande part du chiffre d’affaires par pays du Top 100, soit 18 %. Le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes combiné des huit entreprises d’armement chinoises du Top 100 a augmenté de 2,7 % pour atteindre 108 milliards de dollars.
    - Le chiffre d’affaires issus des ventes d’armes des sept entreprises britanniques dans le Top 100 ont augmenté de 2,6 % pour atteindre 41,8 milliards de dollars, soit 7,0 % du total.
    - En raison du manque de données, seules deux entreprises russes ont été incluses dans le Top 100 pour 2022. Leur chiffre d’affaires combiné a chuté de 12 %, à 20,8 milliards de dollars. La transparence des entreprises russes continue de régresser. Bien qu’il s’agisse d’une holding, sans capacité de production directe, #Rostec est incluse dans le Top 100 de 2022 en tant que mandataire des entreprises qu’elle contrôle.
    - La seule entreprise ukrainienne figurant dans le Top 100, #UkrOboronProm, a vu son chiffre d’affaires issu des ventes d’armes chuter de 10 % en termes réels, à 1,3 milliard de dollars. Bien que son chiffre d’affaires ait augmenté en termes nominaux, cela a été compensé par la forte inflation du pays.

    À l’attention des rédacteurs

    À propos de la base de données du SIPRI sur l’industrie de l’armement

    La base de données du SIPRI sur l’industrie de l’armement a été créée en 1989. À cette époque, elle excluait les données des entreprises installées en Chine, en Union soviétique et en Europe de l’Est. La version actuelle contient des données pour 2002-2022, y compris des données sur les entreprises russes. Les entreprises chinoises sont incluses à partir de 2015.
    Le « chiffre d’affaires issu des ventes d’armes » fait référence au chiffre d’affaires généré par la vente de biens et de services à caractère militaire à des clients militaires nationaux et étrangers. Sauf indication contraire, tous les changements sont exprimés en termes réels et tous les chiffres sont donnés en dollars américains constants de 2022. Les comparaisons entre 2021 et 2022 sont basées sur la liste des entreprises du classement 2022 (c’est-à-dire que la comparaison annuelle s’effectue entre le même ensemble d’entreprises). Les comparaisons à plus long terme sont basées sur des ensembles d’entreprises listées au cours de l’année respective (c’est-à-dire que la comparaison porte sur des listes différentes d’entreprises).

    La base de données du SIPRI sur l’industrie de l’armement, qui présente un ensemble de données plus détaillées pour les années 2002 à 2022, est disponible sur le site Web du SIPRI : https://www.sipri.org/databases/armsindustry

    https://www.obsarm.info/spip.php?article631

    #industrie_de_l'armement #rapport #chiffres #statistiques #USA #Etats-Unis #business #Turquie

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1029978

  • [Les Promesses de l’Aube] #colettes ! allumeuses de sororité et créatrices sonores
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/les-colettes-allumeuses-de-sororite-et-creatrices-sonores

    Ce mercredi 29 novembre nous recevons les participantes de Colettes ! dans la matinale de Panik.

    Colettes ! c’est un #atelier_radio féministe récemment mis en place par la Ligue des familles. Le collectif viendra - présenter sa démarche pour s’ouvrir à d’autres personnes désireuses de faire de la radio ensemble.

    Colettes ! a été mis en place à la suite d’une journée de rencontre féministe organisée par la Ligue des familles en janvier 2023. Tout d’abords sous la forme de « cercles de parole radiophonique », puis à travers un atelier d’écriture qui partageait « notre premier souvenir féministe », nous nous sommes ensuite intéressées à des réalités sociales qui touchent aussi d’autres #femmes.

    Le collectif se décrit comme-ceci :

    Colettes ! Une constellation joyeuse de vulves cosmiques qui donne du sens au quotidien. (...)

    #podcast #sororité #empowerment #ligue_des_travailleuses_domestiques #femmes,podcast,sororité,empowerment,atelier_radio,ligue_des_travailleuses_domestiques,colettes
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/les-colettes-allumeuses-de-sororite-et-creatrices-sonores_16925__1.mp3

  • Ferroviaire : la gestion absurde de la ligne Saintes-Niort, symbole d’une maintenance erratique du réseau


    L’équipe voie de la SNCF Réseau, à Surgères (Charente-Maritime), le 24 octobre 2023. SOPHIE FAY / LE MONDE

    En attendant de refaire cette voie ferrée vétuste, la SNCF doit remettre à niveau les rails au moins deux fois par an. Pendant ce temps, la première ministre refuse de faire payer la régénération ferroviaire par le budget de l’Etat, malgré son annonce en février d’un plan de 100 milliards d’euros. Par Sophie Fay (Villeneuve-la-Comtesse (Charente-Maritime), envoyée spéciale)

    Sous le regard de ses quatre collègues, Mario Bouchet, responsable de l’équipe voie de Surgères (Charente-Maritime), s’agenouille, l’oreille presque collée au rail. D’un coup d’œil aguerri par trente-deux années d’expérience, il vérifie la courbure avant d’intervenir au « Jackson » sur le ballast. Le « Jackson », c’est une sorte de marteau-piqueur qui remue le ballast en vibrant, que la #SNCF utilise depuis les années 1980, quand on découvrait les chorégraphies de Michael Jackson. Le nom est resté.

    Il permet de bourrer des cailloux sous le rail pour le surélever de quelques dizaines de millimètres. On mesure le résultat au niveau. Puis l’équipe renouvelle l’opération une dizaine de mètres plus loin, là où un « train mesure » a signalé une anomalie. « Si une différence de deux centimètres ou plus s’installe entre la hauteur des deux rails en ligne droite, on coupe la circulation », explique Sébastien de Camaret, directeur sécurité zone Atlantique de SNCF Réseau. Si l’écart se compte en dizaines de millimètres, on ralentit la vitesse à 40 kilomètres heure au lieu de 120.
    Cette petite ligne où circulent six allers-retours de #TER entre Niort et Saintes et quelques trains de fret est si vieille qu’il faut sans cesse surveiller et « bourrer » du #ballast toutes les deux à quatre semaines sur certaines portions. Certaines traverses datent des années 1960, les rails des années 1970. Le soubassement sur lequel ils reposent doit être renforcé. Plus au sud, entre Saintes et Bordeaux, on trouve des éléments de voies de 1927, bientôt centenaires. Il y a bien longtemps qu’ils auraient dû être changés. Surtout si cette ligne doit servir de plan B en cas de problème sur l’autoroute ferroviaire Cherbourg-Mouguerre (allant de la Manche aux Pyrénées-Atlantiques) pour le fret.

    Des équipes prudentes

    L’opération de régénération complète de la voie est programmée au deuxième trimestre 2024. Mais tant que les travaux n’ont pas commencé, les équipes sur le terrain sont prudentes : sur le bas-côté des voies, à hauteur de Villeneuve-la-Comtesse (Charente-Maritime), deux rails traînent dans le fossé depuis 2016, inutilisables. Ils devaient déjà remplacer les anciens, mais « cette année-là les travaux se sont multipliés, notamment ceux de la #ligne_à_grande_vitesse Tours-Bordeaux et l’opération a finalement été déprogrammée », expliquent les agents.

    Il y a sept ans, on manquait déjà d’effectifs pour l’entretien des petites lignes et cela a encore empiré. « Les difficultés que nous avons connues dans le groupe du fait du manque de conducteurs de train, nous les aurons bientôt du fait du manque d’#agents_de_maintenance », prévient un cadre régional, qui craint de ne pas avoir les effectifs à mettre en face des projets et redoute que le #Grand_projet ferroviaire du Sud-Ouest − le prolongement de la ligne à grande vitesse jusqu’à Toulouse − ne se fasse au détriment des lignes dites de dessertes fines du territoire, peu fréquentées. Fer de France, l’association qui structure la filière du ferroviaire, rappelle aussi que la bonne organisation des travaux nécessite d’avoir de la visibilité à cinq ans sur les financements.

    C’est pourtant bien à cela que doivent servir les 100 milliards d’euros du plan de « nouvelle donne ferroviaire » promis par la première ministre, Elisabeth Borne, en février, après le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI). Mais Fer de France ne les voit guère venir.

    Dans le projet de #budget en cours de discussion au Parlement, il n’y en a pour l’instant qu’une petite trace : les 600 millions d’euros prélevés sur les autoroutes et les aéroports par le biais d’une nouvelle taxe, affectés au budget de l’Agence française de financement des infrastructures de transport de France et déjà fléchés pour financer, notamment, les études préalables aux futurs #RER_métropolitains.

    Revoir sa copie

    Pour ce qui est de la régénération du réseau existant et de sa modernisation, Elisabeth Borne n’a pas prévu de rallonge budgétaire et demande pour l’instant à la SNCF de faire plus de bénéfices pour trouver les 1,5 milliard d’euros supplémentaires dont elle a besoin chaque année pour rajeunir son réseau , un chiffre confirmé par le COI.
    Cette injonction de Matignon a obligé le PDG du groupe, Jean-Pierre Farandou, à retirer le plan stratégique qu’il avait préparé et mis à l’ordre du jour de son dernier conseil d’administration le 12 octobre. Il doit revoir sa copie, alors même qu’il s’était déjà engagé à trouver 500 millions d’euros supplémentaires chaque année. Le ministre chargé des #transports, Clément Beaune, avait validé cette trajectoire. De même que l’Agence des participations de l’Etat, l’actionnaire de la SNCF.

    Après avoir promis 100 milliards d’euros d’ici à 2040, la première ministre, elle, revient à la lettre de la réforme qu’elle a pilotée en 2018 et qui exige de la SNCF qu’elle autofinance ses travaux. Sous l’œil désappointé des cheminots et des élus et experts membres du COI, tous d’accord sur le fait que le rajeunissement du réseau ferré ne peut pas se faire au bon rythme sans une rallonge d’argent public.
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/31/ferroviaire-la-gestion-absurde-de-la-ligne-saintes-niort-symbole-d-une-maint

    #bousilleurs #infrastructures #Train #transports_collectifs #métropolisation #territoires_foutus_par_la_République #France_à_fric

  • Le porte-parole de l’Union juive pour la paix se confie à Algeriepatriotique
    Pierre Stambul, porte-parole de l’UJFP le 14 octobre - UJFP
    https://ujfp.org/interview-de-pierre-stambul-par-algerie-patriotique

    Algeriepatriotique : Une propagande de guerre s’est mise en place dès après l’attaque du Hamas sur Israël. Pouvez-vous nous décrire la situation réelle qui prévaut au Proche-Orient actuellement ?

    Pierre Stambul : Une grande militante de Gaza est chez moi. Je reçois à tout moment des nouvelles et des vidéos de Gaza. On voit des tours de 15 étages pulvérisées les unes à la suite des autres, des quartiers entiers totalement détruits, les enfants cherchent dans les gravats un souvenir de ce qu’était leur vie. Un ami très cher a perdu deux de ses fils. Un autre a sa maison transformée en refuge : plus de 100 personnes mais il n’y a plus d’eau, ni de nourriture. À Jabalia, dans l’hôpital Al Awda, on soigne tant bien que mal les blessés. L’ordre d’évacuation donné par l’armée israélienne est synonyme de mort pour eux.

    Et pourtant, les médias occidentaux ne parlent que des victimes israéliennes ou des Français morts là-bas. Pendant un court instant, les civils d’une société coloniale, Israël, ont connu l’horreur de ce qu’est une guerre. Les Palestiniens vivent ça depuis des décennies. Amnesty International dit que le Hamas a commis des crimes de guerre. Je les crois, mais quand ils expliquent qu’Israël est un État d’apartheid, là les médias s’insurgent. Quand l’armée israélienne affirme que des « bébés ont été décapités », les démentis de CNN n’ont plus d’effet. Le ministre israélien Yoav Galant affirme que les Palestiniens sont des « animaux humains » et quelque chose qui ressemble de plus en plus à un génocide peut commencer.

    Pour les dirigeants israéliens, les Palestiniens sont des terroristes. Qui a expulsé tout un peuple en 1948 ? Qui occupe illégalement la Cisjordanie ? Qui a transformé Gaza en une cage bouclée par terre, par air et par mer depuis 17 ans ? Tant que ce colonialisme écrasera la Palestine, Israël ne sera pas en sécurité. (...)

  • #The_Line (#Arabie_saoudite)

    The Line (arabe : ذا لاين) est un projet de #ville_intelligente saoudienne futuriste situé à #Neom dans la province de# Tabuk conçu de telle sorte qu’il n’y ait ni voitures ni rues, et que la ville n’émette pas de carbone.

    En octobre 2022, les travaux d’excavation ont commencé sur toute la longueur du projet.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Line_(Arabie_saoudite)
    #smart_cities #smart_city #urban_matter #car_free #zéro_émissions #ligne #villes #futurisme #utopie (well...) #NEOM #Trojena #Sindalah #Oxagon

    –—

    THE FUTURE OF URBAN LIVING

    A cognitive city stretching across 170 kilometers, from the epic mountains of NEOM across inspirational desert valleys to the beautiful Red Sea. A mirrored architectural masterpiece towering 500 meters above sea level, but a land-saving 200 meters wide. THE LINE redefines the concept of urban development and what cities of the future will look like. A civilizational revolution, its unparalleled livability can be explored at THE LINE Exhibition – now welcoming visitors in Riyadh.

    https://www.neom.com/en-us/regions/theline

    voir aussi:
    Nine million people in a city 170km long; will the world ever be ready for a linear metropolis?
    https://seenthis.net/messages/972395

  • In Italia si torna in miniera? Lo scottante tema del titanio nel #Parco_del_Beigua

    In un’intervista il ministro parla dell’estrazione dei minerali in Italia.

    Minerali rari che provengono dalla terra, essenziali per costruire batterie e immagazzinare l’energia prodotta da fonti rinnovabili: così il ministro delle Imprese e del Made in Italy, #Adolfo_Urso, come riporta un’intervista rilasciata oggi a Il Foglio, ha aperto una serie di tavoli per discutere della bozza del regolamento presentato dall’Unione Europea con l’obiettivo di ridurre la dipendenza di materie prime da un singolo paese oltre il livello del 65 per cento. Come? Con l’estrazione e la produzione, lo smaltimento e il riciclo, utilizzando il Fondo europeo per gli investimenti strategici.

    Il ministro in sostanza spiega che l’Italia ha le carte per giocare una partita importante: insomma, le batterie nascono dalle miniere e - per non dover dipendere dalla Cina - la direzione è quella di tornare a scavare, anche sfidando i cosiddetti «Nimby» (not in my backyard). Sempre l’articolo riporta che delle 34 materie prime definite «critiche», l’Italia ne possiede 15, di cui 8 estraibili in pochi anni con le tecnologie moderne. È possibile già mappare una serie di regioni ricche di minerali interessanti: la Liguria ad esempio ha il rame, ma non solo. Come spiega anche Il Foglio e come più volte riportato anche da GenovaToday, sotto il terreno del Parco del Beigua è stimato che si trovi uno dei più grandi giacimenti di titanio a livello mondiale.

    Ed è un tema scottante anche se non riguarda propriamente la costruzione di batterie perché è dagli anni ’70 che si parla di questo territorio, da quando gli occhi delle compagnie estrattive si sono posate sul suo giacimento (qui la storia). Nonostante la ferma opposizione dei Comuni e dell’ente parco (riconosciuto Unesco Global Geopark), è da anni che la Cet, Compagnia Europea per il Titanio, chiede di poter scavare. Lo scorso maggio, il Tar ha confermato il divieto di effettuare ricerche minerarie nell’area ma la Cet ha presentato ricorso al Consiglio di Stato.

    E dunque ogni volta che si parla di materie prime e miniere, sindaci, cittadini e associazioni ambientaliste del territorio fanno un «salto sulla sedia» e cercano di tenere alta l’attenzione per non trasformare una vasta area naturale in una miniera con tutti i disagi che l’operazione comporterebbe dal punto di vista ambientale e turistico. Ma, nonostante il giacimento record, anche Il Foglio ribadisce che la zona è stata inserita in un parco nazionale protetto e l’idea di accedervi, dunque, è quanto meno irrealistica.

    https://www.genovatoday.it/green/miniera-titanio-parco-beigua.html

    #montagne #Ligurie #extractivisme #matières_premières #terres_rares #titane #Italie #Beigua #dépendance #Fonds_européen_pour_les_investissements_stratégiques #batteries #mines #matières_premières_critiques #résistance #Compagnia_Europea_per_il_Titanio (#CET)

    • Ricerca titanio del Beigua, Tar accoglie ricorso ambientalisti

      Vittoria delle associazioni ambientaliste (LAC, WWF, LIPU) costituite in giudizio contro Regione Liguria e la società Cet, per evitare il potenziale rischio di una devastante maxi-cava


      Nessuno andrà alla ricerca di titanio nel parco del Beigua.

      Lo ha deciso il Tribunale amministrativo regionale della Liguria accogliendo il ricorso degli ambientalisti. Con la sentenza, depositata venerdì 27 maggio, il tar ha dunque confermato il divieto di ricerche minerarie nell’area del monte Tarinè respingendo il ricorso della società Cet che voleva effettuare campionamento anche dentro l’area protetta del Parco.

      I giudici amministrativi inoltre hanno censurato la parte del decreto del dirigente regionale alle attività estrattive della Regione Liguria, emesso nel febbraio 2021, relativa al permesso di ricerca mineraria in aree esterne (Monte Antenna) del comprensorio del Parco Beigua, nei comuni di Urbe e Sassello, perché comunque facenti parte di una ZSC (zone speciale di conservazione) ricompresa nell’elenco comunitario delle cosiddette aree “Natura 2000”.

      Le associazioni ambientaliste Lac, Wwf e Lipu, patrocinate dallo studio legale Linzola di Milano, sottolineano come «la pretestuosa, ennesima campagna di pseudo ’ricerca’ pare avesse come unico obiettivo quello di perseverare nella vecchia richiesta di concessione mineraria che, quando in futuro ritenuta economicamente sostenibile, non potrebbe che sfociare che in una distruzione dell’area interessata, mediante utilizzo di esplosivi per estrarre in cava , macinare e separare con flottazione ed acidi un 6% di rutilo, con immense quantità di scarti e grandi necessità di prelievi idrici dal bacino del torrente Orba».

      «Schizofrenico - a detta degli ambientalisti - il comportamento della Regione Liguria che, al netto delle fasulle dichiarazioni di contrarietà dei partiti di maggioranza ad una cava di Rutilo sui monti Antenna e Tarinè, ha negato i permessi di ricerca dentro il parco regionale del Beigua, ma li ha consentiti in alcune aree adiacenti senza mai interpellare i proprietari dei terreni».

      Per le associazioni ambientaliste si è così evitata la devastatizione di centinaia di ettari di terreno da attività di cava a cielo aperto e in aree ad alto valore naturalistico e paesistico; salvaguardate anche lo spreco di grandi consumi di acqua e derivazioni dei torrenti Orba e Orbarina, e loro inquinamento ed indisponibilità di acqua potabile per i comuni piemontesi a valle; una mega discariche a cielo aperto per contenere oltre il 90% di rocce macinate di scarto, la cui lavorazione ne avrebbe aumentato il volume e reso i suoli instabili; transiti per decine di migliaia di passaggi di camion, a fronte di compensazioni economiche inesistenti, in quanto non previsti dalla legislazione mineraria; danni per la salute dei cittadini a causa della presenza nelle rocce di asbesto blu.

      https://www.genovatoday.it/cronaca/beigua-tar-titanio-ricorso-ambientalisti.html
      #justice #recours

    • Titanio nel parco Beigua, Grammatico (Legambiente): «Grande preoccupazione per salute e ambiente»

      «La Regione Liguria concede per tre anni alla Cet, la Compagnia Europea per il Titanio, il permesso di ricerca: la riteniamo una scelta sbagliata»

      «Legambiente Liguria esprime grande preoccupazione dopo avere appreso che con il decreto numero 1211-2021 la Regione Liguria concede per tre anni alla Cet, la Compagnia Europea per il Titanio, il permesso di ricerca, che ha la finalità di portare all’apertura della miniera nel comprensorio del Beigua»: così si esprime Legambiente Liguria in un comunicato.

      Torna dunque alla ribalta una questione annosa che da molto tempo sta facendo discutere, ovvero quella dell’estrazione del titanio nell’area del Parco del Beigua, uno dei più grandi giacimenti a livello mondiale. Si stima che, specie sotto il monte Tariné, si trovino 400 milioni di tonnellate di titanio, metallo prezioso su cui le compagnie estrattive hanno messo gli occhi da più di 40 anni, trovando la resistenza di cittadini e dell’ente parco (l’area è protetta ed è riconosciuta anche come Geoparco Unesco). Dall’altra parte, il Cet aveva proposto più volte alla Regione diritti di estrazione milionari.

      «Riteniamo questa una scelta sbagliata - dichiara Santo Grammatico, presidente di Legambiente Liguria, riferendosi al permesso di ricerca concesso alla Cet - anche se limitata ai 229 ettari (su 458 interessati complessivamente) che si trovano ai margini del confine del Parco del Beigua, perché è evidente che tutti gli impatti negativi dell’apertura di attività minerarie ricadrebbero nell’area Parco. Con la scusa della ricerca scientifica si verifica un precedente pericoloso, preludio ad una attività insostenibile per impatto ambientale e lontana dai desideri di sviluppo delle comunità locali che da anni si oppongono a qualsiasi ipotesi di apertura di attività estrattive. Legambiente è vicina ai cittadini che vivono e operano nel Parco del Beigua valutando anche le modalità e le sedi opportune per opporsi a questo decreto».
      L’unico parco ligure riconosciuto Unesco Global Geopark

      L’associazione ambientalista ricorda che il gruppo montuoso del Beigua, diventato Parco nel 1995, Geoparco europeo e mondiale nel 2005 e nel 2015 è stato riconosciuto Unesco Global Geopark ed è l’unico parco ligure a potersi fregiare di tale riconoscimento. «Inoltre in questi anni l’Ente Parco ha portato avanti un lavoro su un modello di sviluppo basato su agricoltura sostenibile, manutenzione dei boschi, turismo di qualità e consorzi sempre più attenti alla filiera corta - aggiunge Grammatico - anche per questo ribadiamo la nostra contrarietà al progetto che devasterebbe un’area protetta di inestimabile valore per biodiversità e valori ecologici e paesaggistici oltre che mettere a repentaglio la salute di chi vive nel territorio. Da un punto di vista sanitario, diversi studi hanno inoltre evidenziato come nel minerale grezzo nella composizione delle rocce del giacimento risulta la presenza di un anfibolo del gruppo degli asbesti in una percentuale pari a circa il 10/15% che ha tendenza a separarsi sotto forma di fibra e minutissimi aghi ed è notoriamente dannoso per la salute».
      Rossetti (Pd): «Chi tocca il Beigua se ne assume le responsabilità»

      In giornata arriva anche il commento del consigliere regionale Pippo Rossetti (Pd): «Sconcerto e preoccupazione per la delibera che consente alla Compagnia Europa del Titanio di perforare aree del Parco del Beigua allo scopo di aprire una miniera per la raccolta del titanio. Mi chiedo se l’assessore Scajola sa cosa succede. Tre mesi fa, a novembre, ai colleghi Candia e Pastorino ha risposto in Consiglio che non c’era alcuna richiesta e che comunque la Giunta sarebbe stata contraria. Dopo trenta anni di tentativi inutili da parte della Compagnia, la Giunta Toti da il suo consenso! Unico Geopark della Liguria vengono cosi contraddette tutte le politiche economico turistiche ambientali del territorio. Toti finge di non sapere che perforazioni ed estrazioni in quel luogo sono pericoli per la salute degli abitanti, perché in quelle rocce ci sono fibre che inducono all’asbestosi. Chiedo che Asl 2 , Arpal e Uffici Regionali vengano immediatamente a riferire in Commissione e l’assessore Scajola a spiegarci come mai in tre mesi la Giunta ha cambiato idea, sperando che non si nasconda dietro ai pareri tecnici degli uffici, alibi che vale come il due di picche. Chiedo che immediatamente tutti gli atti e il verbale della Conferenza dei Servizi vengano resi pubblici. Ognuno potrà assumersi le sue responsabilità».
      La Regione: «Nessuna autorizzazione ad attività estrattiva»

      «Non è stata fatta alcuna delibera di giunta autorizzativa per la raccolta del titanio nell’area del Beigua - replica l’assessore regionale Marco Scajola -. Il consigliere Rossetti confonde, strumentalizza e non sa di cosa parla. Gli uffici tecnici competenti hanno permesso, nel pieno rispetto delle norme, uno studio non invasivo che non interessa l’area del parco del Beigua. Non vi sarà alcuna attività di cava: lo studio verrà condotto senza alcun prelievo né alcun intervento sul territorio. Degli oltre 450 ettari richiesti ne sono stati concessi poco più di 200, escludendo l’area del parco naturale regionale del Beigua. Questo è stato fatto nonostante ci fossero pareri favorevoli ad autorizzare attività di studio in tutta l’area, anche del parco, da parte della Provincia di Savona, dell’Arpal e dell’Asl competente. Lo stesso Ministero dell’Ambiente ha confermato che l’attività di studio non dev’essere soggetta a VIA, proprio in virtù delle modalità non invasive che verranno impiegate. Nessuna autorizzazione quindi da parte della Giunta: chi afferma il contrario afferma il falso, senza conoscere minimamente l’argomento».

      https://www.genovatoday.it/attualita/titanio-parco-beigua-cosa-succede.html

    • Titanio nel Beigua, la Cet fa ricorso al Consiglio di Stato per effettuare le ricerche minerarie

      La questione dell’ipotetica miniera di titanio nell’area del Geoparco Unesco va avanti dagli anni ’70

      Era solo questione di tempo e a fine anno la Cet - Compagnia Europea per il Titanio - è tornata alla carica, presentando ricorso al Consiglio di Stato contro la sentenza del Tar Liguria dello scorso maggio, che di fatto ha confermato il divieto di effettuare ricerche minerarie nell’area del monte Tarinè.

      Siamo nel cuore del Parco del Beigua (unico parco ligure riconosciuto Unesco Global Geopark) che comprende un’area da anni finita nell’occhio del ciclone poiché cela uno dei più grandi giacimenti di titanio - elemento molto ricercato - a livello mondiale. Si stima che, specie sotto il monte Tariné, si trovino 400 milioni di tonnellate di titanio, metallo prezioso su cui le compagnie estrattive hanno messo gli occhi da più di 40 anni, trovando la resistenza di cittadini e dell’ente parco all’idea di aprire un’enorme miniera proprio nel verde. Dall’altra parte, la Cet aveva proposto più volte alla Regione diritti di estrazione milionari.
      La sentenza del Tar contestata

      La Cet ha presentato ricorso contro la sentenza del Tar del 27 maggio, chiedendo l’annullamento di diversi documenti. Tornando indietro nel tempo, nel 2015 la Cet aveva chiesto il rilaascio di un permesso di ricerca mineraria sul monte Tarinè per un periodo di tre anni. La Regione Liguria aveva dichiarato che l’istanza era inammissibile perché contrastante con il piano del Parco Naturale Regionale del Beigua che vieta di asportare rocce, minerali e fossili, fatti salvi i prelievi per ricerche scientifiche.

      Il ricorso proposto della Cet - interessata a svolgere ricerche sul giacimento di titanio - contro il provvedimento era già stato respinto dal Tar nel 2020 (con un’altra sentenza impugnata): “La sottoposizione dell’area sulla quale si dovrebbe svolgere la ricerca mineraria a molteplici vincoli sia paesaggistici che ambientali - avevano scritto i giudici - è di tale pervasività che non residua nessuno spazio per intraprendere un’attività di ricerca che non essendo compiuta da un istituto scientifico ma da un’azienda estrattiva avrebbe avuto, come fine ultimo, l’estrazione di minerali attività certamente vietata dalle norme a tutela del Parco Regionale del Beigua che costituisce, per circa il 50% l’area interessata alla concessione”.

      L’ente parco aveva successivamente approvato un regolamento che subordina le attività di ricerca al rilascio di un’autorizzazione dello stesso parco, stabilendo che comunque non sono ammesse le ricerche attinenti svolte da soggetti che non abbiano come scopo la promozione di attività di studio. Ritenendo che queste ultime previsioni fossero lesive dei suoi interessi, la Cet aveva impugnato il regolamento del Parco del Beigua, ma il Tar nel maggio 2022 aveva dichiarato il ricorso inammissibile. Adesso si andrà avanti con il Consiglio di Stato.
      Buschiazzo: «Vorremmo impiegare le nostre risorse per lo sviluppo del territorio, non per difenderci»

      La vicenda giudiziaria si trascina appunto dal 2015 e, come chiarisce il presidente del Parco del Beigua Daniele Buschiazzo, che ha divulgato la notizia del ricorso al Consiglio di Stato della Tar, la questione «continua a impegnare ingenti risorse del Parco del Beigua. Risorse che vorremmo impiegare per favorire lo sviluppo turistico del territorio, ma che dobbiamo invece usare per proteggerne l’elevata qualità ambientale dell’area e di conseguenza la qualità di vita delle persone che ci vivono. Non a caso qui insistono un’area protetta, la più grande della Liguria, un Geoparco riconosciuto dall’Unesco e diverse Zsc – zone speciali di conservazione».

      Sicuramente il ricorso al Consiglio di Stato non giunge inatteso: «Il Parco del Beigua e tutte le sue comunità - continua Buschiazzo - faranno valere le proprie ragioni come hanno sempre fatto. Ci aspettiamo che si costruisca anche la Regione Liguria assieme a noi».
      Un territorio sotto la spada di Damocle dal 1976

      Il territorio riconosciuto dall’Unesco è di fatto sotto la «spada di Damocle» dal 1976, da quando gli occhi delle compagnie si sono posate sul suo giacimento.

      «Sarebbe bene una volta per tutte mettere la parola fine su questa vicenda che ci fa disperdere risorse che potrebbero essere utili per il nostro territorio. Tanto più in un momento in cui la zona infetta dalla peste suina è estesa su tutto il parco da ormai un anno, creando notevoli problemi a tutte quelle attività che contribuiscono a mantenere il nostro territorio» conclude Buschiazzo.
      La preoccupazione di Legambiente

      «La Cet ribadisce, con questo ennesimo atto contro lo sviluppo sostenibile del territorio, la propria essenza - dichiara Santo Grammatico, presidente Legambiente Liguria -. Non ha alcun interesse nella ricerca scientifica ma lo ha solo di mero sfruttamento minerario per una delle zone geologicamente più pregevole della Liguria, tutelata da un parco regionale e riconosciuta dall’Unesco. Spiace constatare, a valle del ricorso dell’azienda al Consiglio di Stato, contro la sentenza del Tar Liguria che impedisce la ricerca nell’area Parco e nelle Zone Speciali di Conservazione, che non si sia definitivamente risolta la questione sul piano politico. La Regione Liguria con il Decreto 1211 del febbraio 2021 ha concesso alla Cet, per tre anni la possibilità di effettuare ricerche minerarie anche in zone limitrofe all’area tutelata, aprendo di fatto un conflitto sociale, economico e ambientale a danno degli enti e della comunità locale».

      «Saremo sempre insieme e al fianco delle Comunità e dei Parchi che si oppongono a uno sviluppo predatorio del nostro territorio» conclude il presidente dell’associazione ambientalista.

      https://www.genovatoday.it/cronaca/titanio-beigua-ricorso-cet-consiglio-stato.html

  • #High-Altitude_Pseudo-Satellites : A technological assessment report

    Do high-altitude pseudo-satellites, also known as #HAPS, have the potential to enhance law-enforcement operations, border surveillance and communication? Frontex has just released a technological assessment report that tackles these questions.

    Frontex’s research into HAPS

    Frontex is currently leading a research study on HAPS, flying devices mirroring closely the capacity and operability of satellites. While this technology is still in the early stages of development, it represents significant potential uses in the context of surveillance, internal security, and border control.

    As part of the research, the agency has been working on a technological assessment of the platforms. Throughout nine months, the study aimed to explore whether HAPS can potentially be used in law enforcement operations to further enhance existing surveillance, communications, and navigation capabilities.

    What are HAPS?


    HAPS are advanced unmanned flying aircraft systems that operate in the stratosphere at an altitude typically between 18-22 km (59,000-72,000 ft). Given the high altitude, HAPS must withstand harsh stratospheric conditions, such as temperatures falling down to minus 90°C, high solar, UV and cosmic radiation and low atmospheric pressure. While this environment poses an enormous challenge for aircraft engineers, the potential applications and use cases are highly promising not only for commercial operators and service providers, but also for institutional stakeholders, such as security agencies, that would be able to leverage the new technology and its associated applications and services.

    Main findings of the report

    The report looks at the technological readiness, assessing the technology of HAPS as such, but also its potential use to help tackle challenges faced by Frontex and other members of the EU Innovation Hub for Internal Security.

    The authors of the report looked at particular case studies to see how HAPS can be used in such activities as earth observation, telecommunication and navigation, search and rescue missions, remote sensing and operations and provision of ad-hoc telecom and satellite navigation (GNSS).

    The study includes the following elements:

    – an overview of balloons and airships (LTA – lighter-than-air) and with fixed-wing aircraft (HTA - heavier-than-air);
    - an analysis of individual HAPS technologies, including a comparison of the platforms, payload analysis, technological challenges, infrastructure demands, and regulatory barriers.

    Innovation hub platform

    The project is carried out under the EU Innovation Hub for Internal Security, a cross-sectorial EU platform which ensures collaboration between internal security innovation actors, formed by the EU Justice and Home Affairs agencies, European Commission (Directorate-General for Migration and Home Affairs and Directorate-General for Joint Research Centre), the Council General Secretariat and the EU Counter Terrorism Coordinator.

    https://frontex.europa.eu/innovation/eu-research/news-and-events/high-altitude-pseudo-satellites-a-technological-assessment-report-ypR

    Pour télécharger le rapport (#assessment) :
    https://frontex.europa.eu/assets/EUresearchprojects/2023/FX_HAPS_WP2_-_Technological_Assessment_Consolidated.pdf

    #Frontex #frontières #surveillance #technologie #contrôles_frontaliers #Frontex #satellites #stratosphère #EU_Innovation_Hub_for_Internal_Security #lighter-than-air (#LTA) #heavier-than-air (#HTA)

  • Migrations : l’Union européenne, droit dans le mur

    La Commission européenne affirme que l’UE ne finance pas de « murs » anti-migrants à ses #frontières_extérieures, malgré les demandes insistantes d’États de l’est de l’Europe. En réalité, cette « ligne rouge » de l’exécutif, qui a toujours été floue, s’efface de plus en plus.

    Le 14 juin dernier, le naufrage d’un bateau entraînait la noyade de centaines de personnes exilées. Quelques jours auparavant, le 8 juin, les États membres de l’Union européenne s’enorgueillissaient d’avoir trouvé un accord sur deux règlements essentiels du « Pacte européen pour l’asile et la migration », qui multipliera les procédures d’asile express dans des centres de détention aux frontières de l’Europe, faisant craindre aux ONG une nouvelle érosion du droit d’asile.

    Dans ce contexte délétère, un groupe d’une douzaine d’États membres, surtout d’Europe de l’Est, réclame que l’Union européenne reconnaisse leur rôle de « protecteurs » des frontières de l’Union en autorisant le financement européen de murs, #clôtures et #barbelés pour contenir le « flux migratoire ». Le premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, avait même estimé que son pays était en première ligne face à « l’invasion de migrants ».

    Officiellement, la Commission européenne se refuse toujours à financer les multiples projets de clôtures anti-migrants qui s’érigent le long des frontières extérieures de l’UE. « Nous avons un principe bien établi : nous ne finançons pas de murs ni de barbelés. Et je pense que cela ne devrait pas changer », avait encore déclaré Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures, le 31 janvier. Pourtant, la ligne rouge semble inexorablement s’effacer.

    Le 7 octobre 2021, les ministres de douze États, dont la #Grèce, la #Pologne, la #Hongrie, la #Bulgarie ou les #Pays_baltes, demandaient par écrit à la Commission que le financement de « #barrières_physiques » aux frontières de l’UE soit une « priorité », car cette « mesure de protection » serait un outil « efficace et légitime » dans l’intérêt de toute l’Union. Une demande qu’ils réitèrent depuis à toute occasion.

    Les États membres n’ont pas attendu un quelconque « feu vert » de la Commission pour ériger des clôtures. Les premières ont été construites par l’Espagne dans les années 1990, dans les enclaves de Ceuta et Melilla. Mais c’est en 2015, après l’exil de centaines de milliers de Syrien·nes fuyant la guerre civile, que les barrières se sont multipliées. Alors que l’Union européenne comptait 315 kilomètres de fil de fer et barbelés à ses frontières en 2014, elle en totalisait 2 048 l’an passé.

    Depuis 2021, ce groupe d’États revient sans cesse à la charge. Lors de son arrivée au sommet des dirigeants européens, le 9 février dernier, Victor Orbán (Hongrie) annonçait la couleur : « Les barrières protègent l’Europe. » Les conclusions de ce sommet, ambiguës, semblaient ouvrir une brèche dans la politique européenne de financement du contrôle aux frontières. Les États demandaient « à la Commission de mobiliser immédiatement des fonds pour aider les États membres à renforcer […] les infrastructures de protection des frontières ».

    Dans ses réponses écrites aux questions de Mediapart, la Commission ne mentionne plus aucune ligne rouge : « Les États membres ont une obligation de protéger les frontières extérieures. Ils sont les mieux placés pour définir comment le faire en pratique d’une manière qui […] respecte les droits fondamentaux. »

    Si l’on en croit le ministre de l’intérieur grec, Panagiótis Mitarákis, les dernières résistances de la Commission seraient en train de tomber. Le 24 février, il affirmait, au sujet du projet grec d’#extension et de renforcement de sa clôture avec la Turquie, le long de la rivière #Evros, que la Commission avait « accepté que certaines dépenses pour la construction de la barrière soient financées par l’Union européenne ».

    Pour Catherine Woollard, de l’ONG Ecre (Conseil européen pour les réfugiés et exilés), « c’est important que la Commission résiste à ces appels de financement des murs et clôtures, car il faut respecter le droit de demander l’asile qui implique un accès au territoire. Mais cette position risque de devenir symbolique si les barrières sont tout de même construites et qu’en plus se développent des barrières d’autres types, numériques et technologiques, surtout dans des États qui utilisent la force et des mesures illégales pour refouler les demandeurs d’asile ».

    D’une ligne rouge à une ligne floue

    Au sein de l’ONG Statewatch, Chris Jones estime que « cette “ligne rouge” de la Commission européenne, c’est du grand n’importe quoi ! Cela fait des années que l’Union européenne finance des dispositifs autour ou sur ces clôtures, des #drones, des #caméras, des #véhicules, des #officiers. Dire que l’UE ne finance pas de clôtures, c’est uniquement sémantique, quand des milliards d’euros sont dépensés pour fortifier les frontières ». Même diagnostic chez Mark Akkerman, chercheur néerlandais au Transnational Institute, pour qui la « #ligne_rouge de la Commission est plutôt une ligne floue ». Dans ses travaux, il avait déjà démontré qu’en 2010, l’UE avait financé l’achat de #caméras_de_vidéosurveillance à #Ceuta et la construction d’un #mirador à #Melilla.

    Lorsqu’il est disponible, le détail des dépenses relatives au contrôle des frontières montre que la politique de non-financement des « murs » est une ligne de crête, car si la Commission ne finance pas le béton ni les barbelés, elle finance bien des #dispositifs qui les accompagnent.

    En 2021, par exemple, la #Lituanie a reçu 14,9 millions d’euros de fonds d’aide d’urgence pour « renforcer » sa frontière extérieure avec la Biélorussie, peut-on lire dans un rapport de la Commission. Une frontière qui, selon le ministère de l’intérieur lituanien, contacté par Mediapart, est « désormais longée d’une clôture de 530 km et d’une barrière surmontée de fils barbelés sur 360 kilomètres ». Si la barrière a pesé 148 millions d’euros sur le #budget de l’État, le ministère de l’intérieur affirme que la rénovation de la route qui la longe et permet aux gardes-frontières de patrouiller a été financée à hauteur de « 10 millions d’euros par des fonds européens ».

    En Grèce, le détail des dépenses du gouvernement, dans le cadre du fonds européen de sécurité intérieur, de 2014 à 2020, est éclairant. Toujours le long de la rivière Evros, là où est érigée la barrière physique, la police grecque a pu bénéficier en 2016 d’un apport de 15 millions d’euros, dont 11,2 millions financés par le fonds européen pour la sécurité intérieure, afin de construire 10 #pylônes et d’y intégrer des #caméras_thermiques, des caméras de surveillance, des #radars et autres systèmes de communication.

    Cet apport financier fut complété la même année par 1,5 million d’euros pour l’achat d’#équipements permettant de détecter les battements de cœur dans les véhicules, coffres ou conteneurs.

    Mais l’enjeu, en Grèce, c’est avant tout la mer, là où des bateaux des gardes-côtes sont impliqués dans des cas de refoulements documentés. Dans son programme d’action national du fonds européen relatif à la gestion des frontières et des visas, écrit en 2021, le gouvernement grec envisage le renouvellement de sa flotte, dont une dizaine de bateaux de #patrouille côtière, équipés de #technologies de #surveillance dernier cri, pour environ 60 millions d’euros. Et malgré les refoulements, la Commission européenne octroie les fonds.

    Technologies et barrières font bon ménage

    Les États membres de l’UE qui font partie de l’espace Schengen ont pour mission de « protéger les frontières extérieures ». Le droit européen leur impose aussi de respecter le droit d’asile. « Les exigences du code Schengen contredisent bien souvent l’acquis européen en matière d’asile. Lorsqu’un grand nombre de personnes arrivent aux frontières de l’Union européenne et qu’il existe des pressions pour faire baisser ce nombre, il est presque impossible de le faire sans violer certaines règles relatives au droit d’asile », reconnaît Atanas Rusev, directeur du programme « sécurité » du Centre pour l’étude de la démocratie, basé en Bulgarie.

    La Bulgarie est au cœur de ces tiraillements européens. En 2022, la police a comptabilisé 164 000 passages dits « irréguliers » de sa frontière, contre 55 000 l’année précédente. Des demandeurs d’asile qui, pour la plupart, souhaitent se rendre dans d’autres pays européens.

    Les Pays-Bas ou l’Autriche ont fait pression pour que la #Bulgarie réduise ce nombre, agitant la menace d’un report de son intégration à l’espace Schengen. Dans le même temps, des ONG locales, comme le Helsinki Committee Center ou le Refugee Help Group, dénoncent la brutalité qui s’exerce sur les exilé·es et les refoulements massifs dont ils sont victimes. Le pays a construit une clôture de 234 kilomètres le long de sa frontière avec la Turquie.

    Dans son plan d’action, le gouvernement bulgare détaille son intention de dépenser l’argent européen du fonds relatif à la gestion des frontières, sur la période 2021-2027, pour renforcer son « système de surveillance intégré » ; une collecte de données en temps réel par des caméras thermiques, des #capteurs_de_mouvements, des systèmes de surveillance mobiles, des #hélicoptères.

    Philip Gounev est consultant dans le domaine de la gestion des frontières. Il fut surtout ministre adjoint des affaires intérieures en Bulgarie, chargé des fonds européens, mais aussi de l’érection de la barrière à la frontière turque. Il explique très clairement la complémentarité, à ses yeux, des différents dispositifs : « Notre barrière ne fait que ralentir les migrants de cinq minutes. Mais ces cinq minutes sont importantes. Grâce aux caméras et capteurs qui détectent des mouvements ou une brèche dans la barrière, l’intervention des gardes-frontières est rapide. »

    L’appétit pour les technologies et le numérique ne fait que croître, au point que des ONG, comme l’EDRi (European Digital Rights) dénoncent la construction par l’UE d’un « #mur_numérique ». Dans ce domaine, le programme de recherche européen #Horizon_Europe et, avant lui, #Horizon_2020, tracent les contours du futur numérisé des contrôles, par le financement de projets portés par l’industrie et des centres de #recherche, au caractère parfois dystopique.

    De 2017 à 2021, « #Roborder » a reçu une aide publique de 8 millions d’euros. L’idée est de déployer une armada de véhicules sans pilotes, sur la mer ou sur terre, ainsi que différents drones, tous munis de caméras et capteurs, et dont les informations seraient croisées et analysées pour donner une image précise des mouvements humains aux abords des frontières. Dans son programme d’action national d’utilisation du fonds européen pour la gestion des frontières, la Hongrie manifeste un intérêt appuyé pour « l’adaptation partielle des résultats » de Roborder via une série de projets pilotes à ses frontières.

    Les #projets_de_recherche dans le domaine des frontières sont nombreux. Citons « #Foldout », dont les 8 millions d’euros servent à développer des technologies de #détection de personnes, à travers des #feuillages épais « dans les zones les plus reculées de l’Union européenne ». « Le développement de technologies et de l’#intelligence_artificielle aux frontières de l’Europe est potentiellement plus puissant que des murs, décrypte Sarah Chandler, de l’EDRi. Notre inquiétude, c’est que ces technologies soient utilisées pour des #refoulements aux frontières. »

    D’autres projets, développés sous l’impulsion de #Frontex, utilisent les croisements de #données et l’intelligence artificielle pour analyser, voire prédire, les mouvements migratoires. « Le déploiement de nouvelles technologies de surveillance, avec la construction de barrières pour bloquer les routes migratoires, est intimement lié à des dangers accrus et provoque davantage de morts des personnes en mouvement », peut-on lire dans un rapport de Statewatch. Dans un contexte de droitisation de nombreux États membres de l’Union européenne, Philip Gounev pense de son côté que « le financement de barrières physiques par l’UE deviendra inévitable ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/170723/migrations-l-union-europeenne-droit-dans-le-mur
    #murs #barrières_frontalières #migrations #financement #UE #EU #Union_européenne #technologie #complexe_militaro-industriel

  • Révoltes après la mort de Nahel : la tentation milicienne de l’extrême droite
    https://www.blast-info.fr/articles/2023/revoltes-apres-la-mort-nahel-la-tentation-milicienne-de-lextreme-droite-c

    Sur les réseaux sociaux, des militants d’extrême droite ont appelé à sortir « à 10 000 » pour réprimer les émeutiers qui ont commis pillages et dégradations suite à la mort du jeune Nahel à Nanterre. Cette exhortation n’a pas été massivement suivie au niveau national, mais à Lyon et Chambéry, des nervis ont défilé, entonnant slogans et chants nationalistes. A Angers, vendredi et samedi soir, des nervis ont agressé à coups de batte de baseball des manifestants qui défilaient contre les violences policières. Une perquisition a eu lieu dans les locaux de l’ex Alvarium, un groupe néofasciste aujourd’hui dissout. A Lorient, de mystérieux individus cagoulés se présentant comme une « brigade anti casseurs » a prêté main forte à la police en interpellant, et parfois en frappant, des émeutiers avant de les remettre aux forces de l’ordre.

    • @colporteur : merci pour la « libération » de cette page. Non parce que hier soir, d’après Fouette Rance, le jugement était mis en délibéré.
      Que s’est-il passé auprès de la procureure qui avait pourtant l’air d’être assez peu complaisante envers ces petits nazillons d’opérette ?

      « Je ne vois pas bien comment on peut se préparer à la légitime défense », s’est questionnée la procureure, Béatrice Nectoux. Celle-ci a requis une peine de douze mois de prison (dont six de sursis) pour un, de huit mois (quatre de sursis) pour deux d’entre eux et de six mois de sursis simple pour le dernier. S’y ajoute des amendes de 800 à 1 500 € et l’interdiction de paraître à Angers pendant deux ans.

    • "l’état de nécessité" déjà c’est douteux mais que le tribunal justifie la relaxe en estimant que l’agression subie n’ait pas entraîné une agression supérieure « à ce qui était nécessaire » ??
      https://contre-attaque.net/2023/08/11/angers-impunite-totale-pour-lextreme-droite
      la collusion entre les flics et les fachos à Angers est de notoriété publique mais apparemment ils font ménage à trois avec la magistrature locale.

    • Le procureur réclame finalement des condamnations à des peines avec sursis assorties de quelques mois ferme et des amendes. Et une interdiction de la ville d’Angers pour les quatre prévenus. Mais le juge Guillaume Bocobza-Berlaud décide une relaxe générale et même une « exemption d’amende », sauf pour le quatrième qui écope de sursis.

      J’ai un peu « googlé » pour voir les référencement du bonhomme.

      Expérience

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      Au Journal Officiel : https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=ik_naH_b1TrZipZeApUQfvZqGObdZtWNluz-2a3juEc=

      Dirige aussi une société d’immobilier sur paris :
      https://www.societe.com/societe/s-c-i-lyr-790062178.html

    • la mère de madame détenait la majorité des parts de cette SCI avant qu’une modification des statuts donne à monsieur autant de parts qu’à sa belle-mère. la SCI, c’est souvent un moyen de défiscaliser, faciliter des successions au sein d’une famille, louer à un ou des enfants étudiants (en obtenant ainsi l’APL il me semble). pas fichu de trouver ce que cette SCI possède... si ils ont du fric, et puisqu’il connait le secteur bancaire, il peut tout aussi bien être aux Iles Caïman
      il a aussi signé un manuel de dortoir commercial (Lamy)
      sinon, la mise en délibéré annonce une décision le jour même contrairement à une formule du style « le délibéré sera rendu le tant »

      bizarrerie, en mars 2023, il est qualifié de « juge d’application de peines au Tribunal judiciaire d’Angers » (ENM). il a pu faire fonction en raison des vacances judiciaires ?

  • « Douceur angevine » ...

    Les fascistes s’organisent en milice dans les rues d’Angers. | Réseau Angevin Antifasciste
    https://raaf.noblogs.org/post/2023/07/05/les-fascistes-sorganisent-en-milice-dans-les-rues-dangers

    Suite à leur dissolution, le vernis social des fascistes de l’alvarium/RED n’est plus, retour à la violence sans limites avec le silence coupable des autorités locales, la complicité de la bourgeoisie et la protection de la police.

    Entre antifascistes, nous avons coutume de reprendre le slogan si souvent mis en avant par la ville au sujet du soi-disant bon vivre qui y règne : « Angers première ville de France où il fait bon vivre*. » Nous y adjoignons une petite astérisque pour préciser : « *pour les fachos. »

    Que ce soit à Saint-Brévin, à Annecy, à Lyon, cette année des images médiatiques récurrentes ne sont pas sans évoquer des évènements de l’Italie du début des années 20, quand le squadrisme agraire et ses bandes réprimaient les mouvements sociaux de contestation. Leur slogan “Des coups, des coups et encore des coups, des coups en quantité.” était sans équivoque quant à leur mode d’action. Ces bandes sous la houlette d’un chef ont représenté un appui conséquent au fascisme en gestation même si c’était une force d’appoint sur laquelle au début Mussolini n’avait pas de contrôle réel.

  • Ils voulaient « se faire des Noirs et des Arabes » : deux hommes interpellés à Bron en possession d’une arme à feu - Lyon (69001)
    Publié le 05/07/2023
    https://www.lamontagne.fr/lyon-69001/actualites/ils-voulaient-se-faire-des-noirs-et-des-arabes-deux-hommes-interpelles-a-

    Deux individus, proches de l’ultradroite, ont été interpellés à Bron, près de Lyon, dans la soirée du 1er juillet dernier. Ils ont percuté une voiture, avec à son bord un père et sa fille, et ont déclaré en garde à vue vouloir « se faire des Noirs et des Arabes », en représailles des émeutes en France.

    (...) À l’intérieur de l’automobile des deux hommes, un fusil de calibre 12 et des munitions ont été retrouvés. L’immatriculation de leur Peugeot 308 était dissimulée par du ruban adhésif. (...)

    #extrême_droite_armée

  • 🛑 Milices d’extrême-droite « anti-casseurs » : de quoi parle-t-on ? - Rapports de Force

    Depuis le début des révoltes causées par la mort de Nahel, des militants d’extrême-droite se rêvent en milice « anti-casseurs ». Entre réelle force para-policière et simple coup de communication, décryptage d’une situation plus complexe qu’il n’y paraît.
    Ce dimanche 2 juillet à Lyon, aux alentours de 21h, entre 80 et 100 militants d’extrême-droite se réunissent aux abords de La Traboule, locaux de feu Génération identitaire. Après une brève déambulation, ils atteignent les marches de l’Hôtel de ville, entonnent un « on est chez nous », et lancent le slogan favori des identitaires lyonnais : « avant, avant, Lyon le melhor ». La scène dure quelques minutes. Les jeunes hommes, cagoulés ou capuchés, reçoivent rapidement une pluie de palets lacrymogènes et se dispersent. « La police les a peut-être pris pour des jeunes des quartiers », sourit Raphaël Arnault, porte-parole du collectif antifasciste la Jeune Garde, peu habitué à voir les « fafs » (acronyme de « France au Français » utilisé pour désigner les militants d’extrême-droite) visés par la police. Un comble, puisque cette milice autoproclamée se targue justement de mettre fin aux mouvements de révolte* menés par les habitants des quartiers populaires (...)

    #extrêmedroite #néofascisme #racisme #milice... #révolte #jeunes #banlieue

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://rapportsdeforce.fr/pouvoir-et-contre-pouvoir/milices-dextreme-droite-anti-casseurs-de-quoi-parle-t-on-070518674

  • Drowning in Lies. Greece tries to cover up its own role in the #Pylos shipwreck by tampering with evidence

    On the night of 13 June, a vessel carrying around 750 men, women and children mainly from Pakistan, Egypt and Syria capsized in the Central Mediterranean, in Greek waters. The Greek authorities had been aware of the overloaded vessel the day before because Europe’s border agency Frontex and activists had warned them.

    Instead of rescuing the people, the Greek coast guard stayed close to the boat and observed it from the sky with a helicopter, ignoring Frontex’s offer for help. They sent commercial vessels to the area and later a coast guard boat.

    Shortly after the coast guard vessel arrived on the scene, the overloaded boat capsized. Only 104 men survived. All the others, including all the women and children on board, drowned.

    Survivors alleged that their vessel was towed by the Greek coast guard boat, causing the fatal wreck. The Greek coast guard and the government strongly denied these allegations and claimed the boat was never towed.

    We decided to collect as many survivor testimonies as possible and try to establish what really happened, and whether there had been efforts to cover up the truth.
    METHODS

    Finding visual evidence to determine the cause of the shipwreck was nearly impossible since it happened on the high seas and commercial vessels and surveillance planes were sent away by the Greek authorities. Videos survivors might have had on their phones were no longer accessible due to water damage or because they lost their phones.

    We decided to put a team together, including journalists from the same regions as the passengers, and carried out 17 interviews with survivors – the largest number collected in a single investigation into the wreck so far – to compare their accounts. We also spoke to sources inside the European border agency Frontex.

    We obtained crucial court documents containing two sets of testimonies given by the same nine survivors. They spoke first to the Greek coast guard and later to a local Greek court.
    STORYLINES

    Documents and witness testimony obtained by Lighthouse Reports, Der Spiegel, Monitor, SIRAJ, El País, Reporters United and The Times show the Greek coast guard tampered with official statements to conceal their role in the wreck and pressured survivors into naming certain people as the smugglers.

    Nine survivors were asked by the coast guard to give witness statements just hours after the wreck. On analysing the documents, we discovered that critical parts of several testimonies contain identical phrases.

    The documents reveal that the translator used during one of the survivor’s interviews with the coast guard is a member of the coast guard himself. Other translators were local residents who spoke Arabic and other languages, who were sworn in on the day.

    In the documents, eight survivors are stated to have blamed the capsizing on factors unrelated to towing. Four of them are stated to have testified – in nearly identical wording – that the boat capsized because it was “old” and “there were no life jackets”. Their interviews were translated by three different interpreters.

    None of the survivors interrogated by the coast guard blamed the coast guard at all, according to the transcriptions. But in a later round of questioning by a Greek court of the same nine survivors, six of them are stated to have said the coast guard towed the boat shortly before it capsized.

    We spoke to two of the nine survivors who testified; they told us that the coast guard had omitted the parts of their testimony mentioning towing.

    “They asked me what happened to the boat and how it sank. I told them the Greek coast guard came and tied the rope to our boat and towed us and caused the capsizing of the boat,” said one survivor. “They didn’t type that in my testimony. When they presented it at the end I couldn’t find this part.”

    He added that the coast guard pressured him to single out certain people as the smugglers in charge of the operation. This claim is supported by our analysis of the documents: two answers to the coast guard’s questions about smugglers contain identical sentences.

    Another survivor who testified said he also blamed the shipwreck on towing when asked by the coast guard, but still signed the deposition at the end despite knowing it did not reflect what he said, because he felt “terrified”.

    Sixteen out of the seventeen survivors we spoke to said the coast guard attached a rope to the vessel and tried to tow it shortly before it capsized. Four also claimed that the coast guard was attempting to tow the boat to Italian waters, while four reported that the coast guard caused more deaths by circling around the boat after it capsized, making waves that caused the boat’s carcass to sink.

    While Europe and its border agency Frontex have largely backed Greece on its border practices and said following the shipwreck that they believed the coast guard did everything it could to save the people who drowned, Frontex is now doubting the official version

    The border agency has circulated an internal report on the incident based on survivor testimony, in which survivors state that the Greek coast guard was to blame for the drownings, according to sources.

    https://www.lighthousereports.com/investigation/drowning-in-lies
    #Grèce #naufrage #asile #migrations #décès #morts #tragédie #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #14_juin_2023 #Méditerranée #Mer_Méditerranée #13_juin_2023
    #Lighthouse_reports #enquête #contre-enquête

    Sur ce naufrage voir ce fil de discussion:
    https://seenthis.net/messages/1006608

    • Survivors: ‘Greek coastguard was next to us when boat capsized’

      Two Syrian refugees recall their harrowing journey and pin blame on the coastguard for the devastating shipwreck.

      “The boat was too heavy,” he told Al Jazeera.

      “We were sitting next to each other, and there was a constant fear of sinking.”

      On the derelict blue ship that was soon to hit international headlines, he saw about 750 people crammed together, shoulder-to-shoulder, unable to move. They had all hoped to eventually reach Europe.

      In a few days, he would see hundreds of these people drown as a Greek coastguard ship floated nearby.

      Ahmed fled Syria with his friend Mohammed*, 23. They both asked to use pseudonyms because they fear the Greek government would punish them for speaking out about what they saw that night.

      They are two of the 104 survivors of the shipwreck off the coast of Pylos, Greece. Seventy-eight people have been confirmed dead.

      Like hundreds of other people on board, their third companion, Mohammed’s cousin, was never found.

      Their path to the central Mediterranean was taken in many steps. Ahmed and Mohammed said they left home hoping for a future without violence.

      Their journey took them to Lebanon, then Egypt and Libya.

      They spent about a month in Libya, where smugglers kept them closed up in an apartment with Egyptians, Pakistanis and other Syrians also making the journey.

      Mohammed said the smugglers beat the Egyptians and Pakistanis, constantly cursing and insulting them.

      Finally, in the first days of June, they were told, “You are leaving today.”

      They were put on the back of trucks that drove to the shore, were loaded onto small boats and were taken to a trawler, the Adriana, out in deeper waters.

      “They were beating people there,” Ahmed said.

      “They were beating them while taking them to the lower deck of the boat. … It was very bad down there. It smelled of diesel and fish. You couldn’t breathe.”

      Ahmed and his companions managed to pay a bribe of $200 to get themselves a spot on the upper deck.

      But wherever the passengers sat on the ship, they were wedged together.

      Women and children were kept below in the hold. From their cramped spot on the top deck, the young men could see the sea.
      ‘People were starting to lose consciousness’

      From the second day of the voyage, the boat’s engine started breaking down.

      “They would repair it, and after a while, it would break down again,” Mohammed said. “Every time they repaired it, it would stop again after two to three hours.”

      After the second day at sea, food and water ran out. Panic began to percolate across the ship.

      “At that time, people were starting to lose consciousness,” Ahmed said.

      “They were falling on the ground. They were fainting. Some were shaking. We were seeing tens, hundreds of people in this state.”

      They heard fights were breaking out all across the boat due to hunger, thirst and fear.

      “Me, Ahmed and my relative who is now missing were always trying to keep our spirits up,” Mohammed said. “When someone cried, we made jokes. ‘We will make it,’ we were saying to ourselves. But everyone was going crazy.”

      By the fourth day, they heard disturbing news from the hold.

      “Some people coming up from below said, ‘There are dead people down there,’” Ahmed said.

      “They said there were six dead bodies on the boat. Five bodies were down below, and we didn’t see them. One was on the upper deck. We saw him.”

      Ahmed and Mohammed said the passengers started telephoning the Italian authorities and the Greek coastguard to ask for help.

      “From the fourth day onwards, the Greek coastguard had been aware of us,” Mohammed said.

      By the fifth day, June 13, they said it looked like the Adriana had stopped moving completely.

      In the afternoon, a helicopter flew overhead.

      The passengers could not understand from the deck, but it was the Greek coastguard. In the afternoon, one and then another commercial ship passed by and tossed those on board water over the waves.

      “People were saying: ‘Take us with you.’ They were saying, ‘No.’” Mohammed said. “We asked for help, but they refused to help us.”

      A Greek coastguard vessel finally approached the fishing trawler around midnight in the first minutes of June 14, the friends said. “‘Follow us,’ they told us. We followed them,” Mohammed said.

      “Half an hour later, our boat stopped completely. It could not move. They came back and tied us to their boat.”

      Ahmed and Mohammed said the coastguard started to tow their stalled-out trawler, but it took a sharp turn, and the Adriana heaved precariously left, then right, then capsized.

      “They were right next to us when it capsized. In the moment it sank, they moved away from us. They deliberately made us sink,” Mohammed said. “We were standing on top of the boat, and we were able to see everything clearly.”

      Tossed into the dark Mediterranean Sea, hundreds of people tried to find something to cling onto, some way to survive. “People were holding onto me,” Ahmed said.

      “I was going under the water and getting away from people. Every time I got away, I would come across someone else, and they would hold onto me to save themselves. When someone grabbed onto me, we both went underwater together.”

      After an hour and a half, Ahmed said he spotted an inflatable coastguard boat and swam towards it.

      “They were 200 or 300 metres [220 to 330 yards] away from us,” he said. “I swam to them and got into the boat. They did not come close to us to save us. They were standing far away, and those who could swim were going towards them, like me.”

      As he made his way towards the inflatable boat, Ahmed had to push aside bodies floating in the water.

      Once taken to the larger coastguard boat, Ahmed was reunited with Mohammed. The two hugged each other, overwhelmed and elated to have found each other.

      They started asking about their third companion. He had not made it, and they realised how incomplete their relief was.

      The survivors of the shipwreck were taken ashore. Mohammed said that when they were first held in the Greek city of Kalamata, the authorities came to take his testimony of the tragedy three or four times.

      “When we told them that we had been towed with a rope, they stopped,” he said. “They were saying that the problem was our boat. They wrote our statements with their own words. They did not write down what we said. They made us say it and write it down.”

      Ahmed said no officials have ever taken his testimony.
      ‘Accountability vacuum’

      Both men are now in the Malakasa refugee camp, 40km (25 miles) north of Athens. They are awaiting their asylum claims to be processed. Mohammed is desperate for news of his cousin, even if that news is confirmation he is dead.

      Ahmed’s and Mohammed’s accounts contradict the account of the Greek coastguard, which has said the passengers of the Adriana refused aid, it was only immobile for about 20 minutes before it capsized and the coastguard had not towed the boat prior to it capsizing.

      Survivors’ accounts line up with other evidence.

      The Greek investigative website Solomon has published emails showing that the Greek authorities had been notified that the ship was in distress by 6pm (15:00 GMT) on June 13. And tracking data published and verified by the BBC and The New York Times show that the trawler was not moving for at least seven hours before it capsized.

      When asked to comment on allegations that the coastguard towed the boat and was involved in the shipwreck, the Greek Ministry of Maritime Affairs and Insular Policy told Al Jazeera: “The required information is part of the investigation procedure that is being conducted under strict confidentiality based on the instructions given by the prosecutor of the Supreme Court. Regarding the details of the operation plan of the Hellenic coastguard, no further comments can be made by our service.”

      Fingers have been pointed at the Greek coastguard for both the shipwreck and its large death toll.

      “It has been evidenced that the Hellenic coastguard uses a range of tactics to move boats they have intercepted at sea into different territorial areas to avoid responsibility for search and rescue and the lodging of their applications for international protection,” said Hope Barker, a policy analyst at the Border Violence Monitoring Network.

      “Whilst this usually includes towing boats back to Turkish territorial waters, it is equally likely that if the boat was closer to Italian territorial waters, they would try to transfer it there instead.”

      The organisation is calling for an independent investigation and for Frontex, the European Union’s border agency, to withdraw from Greece.

      “Violations of fundamental rights by the Hellenic coastguard are routine and systematised operations that have proven to be under-investigated by the Greek state. There is an accountability vacuum that allows these actions to continue unabated,” Barker said.

      In Malakasa, Mohammed said he cannot stop thinking about the moment the boat capsized and the screams of the people around him. He does not know how he survived in the water.

      “I shouted Ahmed’s and my cousin’s names for a while,” he said. “In that moment, I heard a voice screaming, ‘Mother! Mother!’ I asked that person for his name, and he said, ‘Fuat’.

      “He and I told each other our names, so that whichever of us survived would be able to bring the news to the other’s family.”

      https://www.aljazeera.com/features/2023/7/5/survivors-greek-coastguard-was-next-to-us-when-boat-capsized

    • Under the unwatchful eye of the authorities’ deactivated cameras: dying in the darkest depths of the Mediterranean

      A collaborative investigation by Solomon, Forensis, The Guardian and ARD presents the most complete tracing, to date, of the course that the fishing vessel Adriana took until it ultimately sank, causing over 600 people to drown − while under the supervision of Greek and European authorities. A document reveals that according to Frontex recommendations, the Coast Guard vessel was obligated to record the operation on video.

      In the early hours of June 14, the state-of-the-art cameras of the Coast Guard vessel ΠΠΛΣ-920 were off.

      The deadliest shipwreck within the Greek Search and Rescue Zone, one of the largest the Mediterranean has ever seen, was reportedly not visually detected.

      Only hours before, aerial photos of the overloaded fishing vessel were taken. Nearby tankers recorded videos before they were ordered to leave the scene. There were satellite images that captured its movement.

      But the exact circumstances in which the Adriana capsized off Pylos, killing more than 600 people, remain unclear three weeks on.

      In affidavits and interviews, some of the 104 survivors attributed the sinking of the fishing vessel to an attempt by the Hellenic Coast Guard to tow it to Italian waters.

      The Coast Guard emphasizes that it saved human lives, and maintains that the fishing vessel overturned due to a disturbance by the passengers.

      Solomon, in a joint investigation with the research group Forensis, The Guardian and German public broadcaster ARD reveals: the Coast Guard vessel ΠΠΛΣ-920, the only vessel present at the time the Adriana capsized, was obligated to “document its operation by video-recording” in accordance with a 2021 Frontex document which recommends that the Greek authorities record their operations continually.

      If this had been done, today there would be answers to the questions that the victims’ families are still asking.

      The ΠΠΛΣ-920 cameras were supposed to record

      By midday on June 13, the Greek and Italian authorities and Frontex (the European Border and Coast Guard Agency), were aware of the overloaded fishing vessel, which had been sailing aimlessly for four days in the central Mediterranean – its only means of navigation was a compass and the position of the sun.

      The activist network Alarm Phone had also relayed to the authorities the desperate SOS of some 750 men, women, and children — mostly from Pakistan, Egypt and Syria — who, lacking potable water, were using their shoelaces to lower containers into the sea: “They are urgently asking for help”.

      ΠΠΛΣ-920, the Coast Guard vessel which received the order to depart from the port of Souda, Crete to assist, has been the pride of the Coast Guard since 2021. European funding covered 90% of its cost, and it is one of the best-equipped vessels available in Greece.

      And it could not be in better hands: earlier this year, in March, its captain was awarded for “his valuable contribution to the protection of maritime borders and human life at sea.”

      According to the Coast Guard, ΠΠΛΣ-920, like its three sister ships (ΠΠΛΣ-900, ΠΠΛΣ-910 and ΠΠΛΣ-930), has two state-of-the-art thermal camera systems. According to the Coast Guard, however, when the fishing vessel capsized, the cameras were not in operation because the crew’s attention was focused on the rescue efforts.

      “When we have an incident, we try to have the ability to operate seamlessly. Making some crew members ‘inactive’ so that they can record a video, you understand, is unethical,” Coast Guard spokesman Nikos Alexiou stated on June 15, justifying why the incident was not recorded on video.

      However, one of the three former and current Coast Guard officers who spoke to us during our investigation, said that these cameras do not require constant manual operation and they exist exactly for this reason – to record such incidents.

      But there is still a critical issue: a document reveals that, according to Frontex recommendations in March 2021, the Coast Guard vessel was obligated to record the operation.

      The document states that “if feasible, all actions taken by Frontex assets or Frontex co-financed assets… should be documented by video consistently.”

      The cost of the ΠΠΛΣ-290, one of four state-of-the-art vessels purchased for €55.5 million, has been 90% financed through Frontex. It is designated to be “available for four months a year, for Frontex missions outside of Greek waters.”

      Frontex had recommended the visual recording of operations, during a meeting where representatives from Greece were present as well as from other European countries, following complaints of human rights violations by the Coast Guard.

      The complaints that were assessed during the meeting referred to the exact same practice, attributed to ΠΠΛΣ-920: towing vessels of asylum seekers outside of Greek waters.
      We created a 3D model of the Adriana

      Solomon, Forensis, The Guardian and ARD worked together and after analyzing a wealth of evidence, we present the most complete picture to date, of the Adriana’s course up to the time of its sinking.

      We collected more than 20 survivor accounts and analyzed material derived from, among others, witness statements, official reports from the Coast Guard and Frontex, deck logs of the Coast Guard vessel and tankers in transit, aerial photographs and data on the position and movement of ships and aircraft. We also secured exclusive footage from the commercial vessels that were in the area and spoke to sources at Frontex, the Coast Guard, and rescuers.

      The analysis of this information resulted in a detailed chronology of the events that occurred on June 13 and 14, an interactive map showing Adriana‘s movement, as well as a 3D model of the fishing vessel.

      With the help of the 3D model, we were able to do what no official authority or journalistic investigation has done so far: to conduct in-person interviews with survivors of the wreck, using the visual impression of this body of data.

      Using the method of situated testimony, the survivors placed themselves in the 3D model of the ship, indicated their location on the deck, and recalled the events that unfolded before the sinking of the Adriana: from the alleged towing to its capsize.

      In this way, we were able to cross-reference accounts of what happened in the presence of the Coast Guard vessel, based on each person’s eyewitness account.
      Main conclusions

      Eleven critical findings emerge from the joint investigation:

      – Frontex offered to help three times. A Frontex source stated that the Coast Guard did not respond to any of the three requests for assistance.

      - The records of ΠΠΛΣ-920 are incoherent and raise questions. For example, while it is reported that immediately before the sinking, the fishing vessel was moving west, it actually appears to be moving for about an hour (00:44 – 01:40) in a southerly direction at a speed of only 0.6 knots. In addition: since, according to the Coast Guard, the fishing vessel’s engine had stopped working at 00:44, why was the preparation of life-saving equipment carried out an hour later, at 01:40?

      - While the fishing vessel’s engine was running but there was no navigation capability, according to testimonies, ΠΠΛΣ-920 approached the vessel and gave directions to Italy. A survivor stated: “[a crew member] told us that the Greek ship would go ahead of us and lead us to Italian waters. He told us that in two hours we would be in Italy.” ΠΠΛΣ-920 directed the fishing vessel from a distance, which followed until its engine broke down again.

      – According to Syrian survivors on deck, when the engine broke down, masked men from ΠΠΛΣ-920 boarded the fishing vessel and tied a blue rope to the stern. The above-mentioned testimonies are also consistent with an entry in the ΠΠΛΣ-920 deck logbook, which mentions the participation of a four-member team from the Special Missions Unit in the operation.

      - According to the same survivors, there were two brief attempts to tow the fishing vessel. The first time the rope broke. The second time the ΠΠΛΣ-920 increased its speed and the fishing vessel rocked to the right, then to the left, then to the right again and flipped onto its right side.

      – The Pakistani survivors were located in the interior of the ship, and could not see what was happening. They stated, however, that while the fishing vessel’s engine was not working, they felt a sharp forward thrust “like a rocket” — a sensation that corroborates the use of a rope for towing.

      – Testimonies in this investigation support testaments presented by other journalistic investigations, as well as survivor statements included in the official case file: this action appears to have led to the capsize and eventual sinking of the ship.

      - The fishing vessel capsized and survivors climbed on top of it. ΠΠΛΣ-920 left the scene, creating waves that made it more difficult for the survivors to stay afloat.

      – After withdrawing, ΠΠΛΣ-920 directed its floodlights on the shipwreck site. Survivors tried to swim to the Coast Guard vessel, but the distance was too great.

      – ΠΠΛΣ-920 began the rescue operation 30 minutes after the sinking, and only after the fishing vessel had completely disappeared from the water’s surface.

      - Survivors claim that their phones (which were protected in plastic cases) contain visual material from the incident. Immediately after the rescue, according to the same testimonies, Coast Guard officers confiscated their phones, which have not been returned to them.

      https://vimeo.com/843117800

      Survivor accounts of the towing

      In the deck log of ΠΠΛΣ-920, which we have seen, there is no mention of any towing attempt. The Coast Guard captain reports that they approached the fishing vessel to offer assistance, received no response, and followed it “from a discreet distance”.

      This is disputed by the accounts of the survivors, some of whom not only tell of a rope that was tied to the fishing vessel, but they all mention its color: blue.

      This investigation documents, for the first time, the blue cable that was used by ΠΠΛΣ-920, which can also be seen in earlier photos of the vessel.

      The estimation that the attempt to tow the fishing vessel by the ΠΠΛΣ-920 led to its sinking is underlined by the statements of survivors, that form part of the case file which is available to the journalists that participated in this investigation.

      “Then the Greek ship came and threw the rope which was tied to the front of our ship,” says a survivor who was on the deck.

      The Coast Guard started towing the fishing vessel, he adds, and “when it was going slowly the fishing vessel was fine, but instead of approaching the Greek ship we were moving away. When they hit the gas, I’m sorry to say, that’s when our ship sank.”

      The same survivor estimates that the fishing boat capsized due to the “pulling from the Greek ship, because then our ship began to lean to one side. And I, who was standing in a corner, slipped into the water with a relative of mine, who died.”

      Another survivor who was also on the deck, but at the stern and without full visibility, says in his testimony that “it was night, the guys in front told me that they tied the rope, but I could feel the motion too, because then we moved, but not for more than two minutes.”

      “Then we said stop-stop because our ship is leaning,” he says, adding, “I think we sank due to the fact that our boat was in bad condition and overloaded and that it shouldn’t have been towed.”

      In another testimony, the description of the towing attempt is concise: “On the last day the Greek ship threw us a rope and tied us to their ship. The Greek one turned right, then ours overturned and we fell into the water.”

      We contacted the Coast Guard, asking questions about the timeline of the shipwreck and asking them to comment on the findings of our investigation. At the time of publication, we have not received a response.
      Why didn’t Greece respond to Frontex?

      The picture of what actually happened would be more complete if the ΠΠΛΣ-920 was not the only vessel present during the incident.

      According to the captain of the merchant ship Faithful Warrior, at 00:18 the Coast Guard’s Search & Rescue Coordination Center gave him permission to depart the scene, thus removing the last witness present. The Faithful Warrior left at 00:30, about 15 minutes before the fishing vessel’s engine stopped working, according to Coast Guard records.

      Frontex, which operates in the central Mediterranean, had informed the Greek authorities about the fishing vessel early in the afternoon, and had offered to help.

      Specifically, at 19:35 (local Greek time) Frontex offered to assist with the Eagle I aircraft. Afterwards, the Greek side asked Frontex to assist in a search and rescue incident south of Crete, where 80 people were in danger. The vessel in question was spotted by the Frontex Heron drone at 22:50.

      At 00:34, Frontex again offered to provide assistance with the Eagle I and a few minutes later, at 00:52, it also offered the Heron. According to a Frontex source who spoke to our joint investigation, the Greek authorities did not respond to any request to send aerial assets to the overloaded fishing vessel.
      Fabricated testimonies?

      Concerns have also been raised about the possible alteration of survivors’ testimonies.

      Survivors gave two rounds of statements: first to the Coast Guard and then to an investigator. Both versions are available to Solomon and the international colleagues who participated in this investigation.

      While there are no references to the attempted towing of the fishing vessel in the survivor testimonies recorded by the Coast Guard, the same survivors spoke about it in the second interview with the investigator.

      Also, when describing the shipwreck, the testimonies that appear to have been given to the Coast Guard by two survivors of different nationalities, are the same, word for word: “There were too many people in the boat, which was old and rusty … that’s why it capsized and sank in the end.”
      Inside the hold

      The TikTok video shows his older brother hugging him tightly and kissing him, before he enters the airport, dragging along his suitcase.

      He had flown from Karachi to Dubai, and from Dubai to Alexandria, Egypt. From there he boarded another plane that took him to Benghazi, Libya, where he spent over ten days locked in a trafficker’s hideout, before he was taken to board the Adriana.

      When he saw the old fishing boat he couldn’t believe it — he thought the trip to Italy would also be by plane. He wanted to go back to Pakistan, but the traffickers wouldn’t let him.

      Inside the Adriana, Abdul traveled on the lowest of three levels, in suffocating conditions where he had to sit with his knees bent. “To get from one place to another, you had to step on people.”

      Conditions were similar on the middle level, where about 300 people were reportedly crammed in, with more than 200 people still on deck. The testimonies speak of another, separate space inside the fishing vessel, where women and children were located. No women were among the 104 people that were rescued.

      The Pakistani travelers had paid a total of €8,000-€10,000 each for the long journey to Europe – Abdul’s family of rice farmers had sold their land to finance his trip.

      Abdul had learned to swim in the canals around his family’s crops – when the Adriana sank, it was his ability to swim that allowed Abdul to reach the Coast Guard vessel and save himself.

      As he walks along in Athens, Abdul’s relatives call him, asking what’s the name of the city he’s in. He tells us about his family, but he also shows us photos of loved ones who perished: he was onboard the Adriana with 14 of his friends and his uncle. Only he survived.

      And of his 350 fellow Pakistanis who were also in the hold with him, only 12 were rescued. “Beautiful people were lost,” says Abdul.

      People who participated in the investigation: Christina Varvia, Lydia Emmanouilidou, Katy Fallon, Ebrahem Farooqui, Armin Ghassim, Sebastian Heidelberger, Stefanos Levidis, Andreas Makas, Stavros Malichudis, Iliana Papangeli, Corina Petridi, Timo Robben, Georgia Skartadou, Sulaiman Tadmory, George Christides.

      https://wearesolomon.com/mag/format/investigation/under-the-unwatchful-eye-of-the-authorities-deactivated-cameras-dying-

    • Greek shipwreck: hi-tech investigation suggests coastguard responsible for sinking

      Research into loss of trawler with hundreds of deaths strongly contradicts official accounts – while finding a failure to mobilise help and evidence that survivor statements were tampered with

      Attempts by the Greek coastguard to tow a fishing trawler carrying hundreds of migrants may have caused the vessel to sink, according to a new investigation by the Guardian and media partners that has raised further questions about the incident, which left an estimated 500 people missing

      The trawler carrying migrants from Libya to Italy sank off the coast of Greece on 14 June. There were 104 survivors.

      Reporters and researchers conducted more than 20 interviews with survivors and drew on court documents and coastguard sources to build a picture of missed rescue opportunities and offers of assistance that were ignored. Multiple survivors said that attempts by the Greek coastguard to tow the vessel had ultimately caused the sinking. The coastguard has strenuously denied that it attempted to tow the trawler.

      The night that the trawler capsized, 47 nautical miles off Pylos, in south-western Greece, was reconstructed using an interactive 3D model of the boat created by Forensis, a Berlin-based research agency founded by Forensic Architecture, which investigates human rights violations.

      The joint investigation by the Guardian, German public broadcaster ARD/NDR/Funk and Greek investigative outlet Solomon, in collaboration with Forensis, has given one of the fullest accounts to date of the trawler’s course up to its sinking. It unearthed new evidence such as a coastguard vessel moored at a closer port but never dispatched to the incident and how Greek authorities failed to respond not twice, as previously reported, but three times to offers of assistance by Frontex, the EU border and coastguard agency.

      Forensis mapped the final hours before the sinking, using data from the coastguard’s log and the testimony of the coast guard vessel’s captain, as well as flight paths, maritime traffic data, satellite imagery and information from videos taken by nearby commercial vessels and other sources. The ship’s last movements contradict the coastguard and reveal inconsistencies within the official account of events, including the trawler’s direction and speed.

      Crucially, the investigation showed the overcrowded trawler started moving westward on meeting the single Greek coastguard vessel sent to the scene. According to multiple survivor testimonies given to the Guardian and Greek prosecutors, the coastguard had told the migrants it would lead them to Italy – clashing with the official version that the trawler started moving west of its own accord. The investigation also showed the trawler had turned to the south and was almost stationary for at least an hour until, survivors said, a second and fatal towing attempt took place.
      Survivors use the 3D model of the boat to describe what happened on the night of the 14 June.

      Two survivors used the 3D model to describe the towing itself, while three others, who were sitting inside or on the vessel’s lower deck, described being propelled forward “like a rocket”, but with the engine not operating. That suggests a towing attempt.

      Another survivor separately said he heard people shouting about a rope being attached by the “Greek army” and described being towed for 10 minutes shortly before the trawler sank. “I feel that they have tried to push us out of Greek water so that their responsibility ends,” a survivor said after considering the map of events and reflecting on his memories of the night.

      Maria Papamina, a lawyer from the Greek Council for Refugees, one of two legal organisations representing between 40 and 50 survivors, said that there had been two towing attempts recounted to her team. Court documents also show that seven out of eight survivors gave accounts to the civil prosecutor of the presence of a rope, towing and a strong pull, in depositions conducted on 17 and 18 June.

      The exact circumstances of the sinking cannot be conclusively proved in the absence of visual evidence. Several survivors testified to having had their phones confiscated by the authorities and some mentioned having filmed videos moments before the sinking. Questions remain over why the newly acquired Greek coastguard vessel at the scene did not record the operation on its thermal cameras. The vessel, called the 920, was 90% financed by the EU to bolster the capabilities of Frontex in Greece and is part of the EU border agency’s joint operations in the country. Frontex recommends that “if feasible, all actions taken by … Frontex co-financed assets should be documented by video consistently”.

      In official statements the Greek coastguard said the operation was not recorded because the crew’s focus was on the rescue operation. But a source within the coastguard said cameras do not need constant manual operation and are there precisely to capture such incidents.

      The presence of masked men, described by two survivors as attaching a rope to the trawler, is also documented in the ship’s log, which includes an entry about a special ops team known as KEA joining the 920 that night.

      According to coastguard sources, it would not be unusual to deploy KEA – typically used in risky situations such as suspected arms or drug smuggling at sea – given the vessel’s unknown status, but one source said that their presence suggested the vessel should have been intercepted on security and maritime safety grounds alone.

      One source described the failure to mobilise help closer to the incident as “incomprehensible”. The 920 was deployed from Chania, in Crete, about 150 nautical miles from the site of the sinking. The source said the coastguard had somewhat smaller but still capable vessels, based in Patras, Kalamata, Neapoli Voion and even Pylos itself. The 920 was ordered by coastguard HQ to “locate” the trawler at about 3pm local time on 13 June. It finally made contact close to midnight. An eyewitness official confirmed another vessel was stationed in Kalamata on 14 June and could have reached the trawler within a couple of hours. “It should have been a ‘send everything you’ve got’ situation. The trawler was in clear need of assistance,” the source said.

      The Greek coastguard and Frontex were alerted to the trawler on the morning of 13 June. Both agencies had photographed it from the air but no search and rescue operation was conducted – according to the Greek side, because the boat had refused assistance. Authorities received an urgent SOS said to have been relayed to them at 5.53pm local time by the small boats emergency hotline Alarmphone, which was in contact with people on board.

      Two of the coastguard sources told the Guardian they believed towing was a likely reason for the boat capsizing. This would not be without precedent. In 2014, an attempt to tow a refugee boat off the coast of Farmakonisi cost 11 lives. Greek courts cleared the coastguard, but the European court of human rights passed a damning judgment in 2022.

      Allegations have also been made that survivors’ statements were tampered with. Two rounds of testimonies were given – first to the coastguard and then to a civil prosecutor – both seen by the Guardian. Testimonies to the coastguard by two separate survivors of different nationalities are word for word the same when describing the sinking: “We were too many people on the boat, which was old and rusty … this is why it capsized and sank in the end.”

      Under oath to the civil prosecutor, days later, the same survivors describe towing incidents and blame the Greek coastguard for the sinking. The same Syrian survivor who stated in his coastguard testimony that the trawler capsized due to its age and overcrowding would later testify: “When they stepped on it, and I am sorry to mention this, our boat sank. I believe the reason was the towing by the Greek boat.”

      Brussels has asked for a “transparent” investigation into the wreck, while there is frustration within Frontex, which repeatedly offered assets to Greek authorities – a plane twice and later a drone – but received no reply. Although Frontex is facing mounting calls to pull out of Greece, the Guardian understands it is considering less drastic measures such as discontinuing co-financing of Greek coastguard vessels.

      The Coast Guard said it “would not comment on operational issues or the ongoing investigation which is confidential according to a Supreme Court Order.”

      Nine Egyptians on the trawler have been arrested on charges including involuntary manslaughter, causing a shipwreck and migrant smuggling; they deny wrongdoing. According to Guardian information, the accused testified there were two towing attempts, the second resulting in the sinking of the boat. A brother of one of the accused said his sibling paid about £3,000 to be on the boat, amounting to proof, he said, that he was not a smuggler.

      In Greece and beyond, survivors and victims’ families are trying to understand what happened. Three Pakistani survivors said they flew from Pakistan through Dubai or Egypt to Libya. Two believed they would fly from Libya to Italy and were shocked on seeing the trawler. “I can’t sleep properly. When I sleep I feel as if I am sinking into the water and will die,” one said.

      Nearly half of the estimated 750 people on board are thought to have been Pakistani citizens taking an emerging people-smuggling route to Italy. Pakistani authorities estimate that 115 came from Gujranwala in the east of the country, a region known for its rice plantations and cotton fields but deeply mired in Pakistan’s economic crisis.

      Ahmed Farouq, who lives on the outskirts of the city of Gujranwala, lost his son in the Pylos shipwreck. Talking of the alleged towing, he saids: “They wanted it to sink. Why didn’t they save the people first? If they don’t want illegal migrants, let them deport us, but don’t let us drown.”

      https://www.theguardian.com/global-development/2023/jul/10/greek-shipwreck-hi-tech-investigation-suggests-coastguard-responsible-f

    • Greek coastguard ’pressured’ disaster survivors to blame Egyptian men

      New evidence found by BBC News casts further doubt on the Greek coastguard’s version of events surrounding last month’s deadly migrant boat sinking, in which up to 600 people died.

      Two survivors have described how the coastguard pressed them to identify nine Egyptians on board as traffickers.

      A new video of the overcrowded boat foundering at sea also challenges the Greek coastguard’s account.

      It was taken when the boat was said to be on a “steady course”.

      BBC Verify has confirmed the footage was filmed when the coastguard claimed the boat was not in need of rescue - and was in fact filmed by the coastguard itself.

      We have also confirmed that the larger vessel in the background is the oil tanker Faithful Warrior, which had been asked to give supplies to the migrant boat.

      The official Greek coastguard account had already been challenged in a BBC Verify report - but now we have seen court documents which show serious discrepancies between survivors’ witness statements taken by the coastguards, and the in-person evidence later presented to a judge.

      A translator has also come forward with his account of a people-smuggling investigation last year, after another group of migrants were rescued by the coastguard. He describes how witnesses from that incident were intimidated by the coastguard. The legal case collapsed before it could reach trial.

      The revelations raise fresh questions about how the Greek authorities handle such disasters.

      Both the Greek coastguard and Greek government did not comment and declined our requests for interview.
      A map of a section of the Mediterranean Sea showing the possible route taken by the migrant boat off the coast of Libya, near the city of Tobruk. The possible route shows the last approximate location of the boat before it sunk and the path taken by the Faithful Warrior, which had made contact with the boat. Also shown is the Greek port city of Pylos.

      Survivors ’silenced and intimidated’

      Soon after the 14 June sinking, nine Egyptian men were detained and charged with manslaughter and people-smuggling.

      But two survivors of the disaster say migrants were silenced and intimidated by Greek authorities, after suggesting the coastguards may have been to blame for the tragedy.

      For the past month, allegations have been made that the coastguard used a rope to tow the fishing vessel, causing it to sink.

      The two survivors we spoke to in Athens - who we are calling Ahmad and Musaab to protect their identities - say that is what happened.

      “They attached a rope from the left. Everyone moved to the right side of our boat to balance it,” says Musaab. “The Greek vessel moved off quickly causing our boat to flip. They kept dragging it for quite a distance.”

      The men described how they spent two hours in the water before being picked up by the coastguard.

      When I ask how they knew it was that amount of time, Musaab says his watch was still working so he could tell.

      Once on land, in Kalamata, they claim the coastguard told survivors to “shut up” when they started to talk about how the Greek authorities had caused the disaster.

      “When people replied by saying the Greek coastguard was the cause, the official in charge of the questioning asked the interpreter to tell the interviewee to stop talking,” says Ahmad.

      Ahmad says those rescued were told to be grateful they hadn’t died.

      He says there were shouts of: “You have survived death! Stop talking about the incident! Don’t ask more questions about it!”

      he men say they are scared to speak out publicly because they fear they too will be accused like the Egyptians.

      “If there was a fair system in place, we would contribute to this case,” says Ahmad.

      The men told us they had both paid $4,500 (£3,480) for a spot on the boat. Ahmad’s younger brother was also on board. He is still missing.
      Collapsing court cases

      As well as this testimony given to us by survivors, we have seen court documents which raise questions about the way evidence is being gathered to be presented in court.

      In initial statements from five survivors, none mentioned the coastguard trying to tow the migrant vessel with a rope. But days later, in front of a judge, all explained that there had been a failed attempt to tow it.

      One initial statement reads:

      But the same witness later told a judge:

      BBC Verify has not spoken to these witnesses and so we can’t say why their accounts changed.

      The Greek coastguard initially denied using a rope - but later backtracked, admitting one had been used. But it said it was only to try to board the vessel and assess the situation. It said this was at least two hours before the fishing vessel capsized.

      Eighty-two people are confirmed dead in the sinking, but the United Nations estimates as many as 500 more lost their lives.

      The Greek authorities say the charged Egyptian men are part of a smuggling ring and were identified by fellow passengers. They face up to life imprisonment if found guilty.

      Some survivors allege some of the nine suspects mistreated those on board - while other testimony says some were actually trying to help.

      But Ahmad and Musaab told us the coastguard had instructed all of the survivors to say that the nine Egyptian men were to blame for trafficking them.

      “They were imprisoned and were wrongly accused by the Greek authorities as an attempt to cover their crime,” says Musaab.

      A Greek Supreme Criminal Court deputy prosecutor is carrying out an investigation, but calls - including from the UN - for an international, independent inquiry have so far been ignored. The European Commission has indicated it has faith in the Greek investigation.

      But Ahmad and Musaab are not alone in their concerns about the Greek coastguard.
      Interpreter comes forward to BBC

      When the nine Egyptian men were arrested in the hours after the shipwreck, it was widely reported as an example of efficient detective work by the Greek authorities.

      But for Farzin Khavand it rang alarm bells. He feared history was repeating itself.

      He says he witnessed Greek coastguards put two innocent Iranian men in the frame for people-smuggling last year, following the rescue of 32 migrants whose boat had got into trouble crossing from Turkey.

      Mr Khavand, a UK citizen who speaks Farsi and has lived in the Kalamata area for 20 years, acted as a translator during the coastguard’s investigation into what happened then.

      He says the migrants - 28 from Afghanistan and four from Iran - explained that they had set off from Turkey and been at sea for eight days before being rescued.

      During this time, the Greek coastguard had approached the boat, before leaving, he was told.

      Two Arabic-speaking men had abandoned the boat after the engine blew up, Mr Khavand was told by the Afghan migrants. They said that most people on board had taken turns to try to steer the stricken boat to safety - including the two accused Iranians, who had paid to be on board like everyone else.

      “They [the Iranian men] were highly traumatised,” Mr Khavand said.

      “They were repeating to me that they’d never even seen an ocean before they set off in Turkey. And they kept being told they were the captain and they said: ’We know nothing about the boat. We can’t even swim.’”

      One of the two accused - a man called Sayeed who was facing a long prison sentence - had been rescued with his young son, explained Mr Khavand.

      “I asked him ’Why did you take a six-year-old child on a boat?’ And he said the smugglers told us it’s only two hours’ journey.”

      Mr Khavand relayed their accounts to the coastguard, exactly as it had been told to him - but he says when he saw the transcripts, the Afghans’ testimony had changed. He fears they altered their stories after pressure from the Greek authorities.

      He says the Iranians told him that some of their fellow Afghan passengers had been leaned on by the coastguard to name them as the people-smugglers - to avoid being “treated unpleasantly”, threatened with prison, and being “returned to the Taliban”.

      The case eventually collapsed. Mr Khavand says he was not willing to assist the Greek coastguard again. He says when Sayeed and his son were released from custody the €1,500 (£1,278) that had been confiscated from them was not returned.

      “The scene ended with me thinking I don’t want to do this again because they were not trying to get to the bottom of the truth. They were trying to pick a couple of guys and accuse them of being people smugglers.”

      All of these accusations were put to the Greek authorities by the BBC - but we have received no response. Our request for an interview with Greece’s minister of maritime affairs - who oversees the coastguard - was also rejected.
      Greece previously accused of human rights violations

      Kalamata lawyer Chrysanthi Kaouni says she has seen other criminal cases brought against alleged people smugglers which have troubled her.

      She has been involved in more than 10 such cases, she tells us.

      “My concerns are around the translations, the way evidence is gathered and - later on - the ability of the defendants to challenge this evidence,” she said.

      “Because of these three points, I don’t think there are enough safeguards according to the international law, and in the end I don’t believe justice is done.”

      A new study has found that the average trial in Greece for migrants accused of people smuggling lasted just 37 minutes and the average prison sentence given was 46 years.

      The study, commissioned by The Greens/European Free Alliance group in the European Parliament, looked at 81 trials involving 95 people - all of whom were tried for smuggling in eight different areas of Greece between February 2020 and March 2023.

      The study claims verdicts were reached often on the testimony of a single police or coastguard officer and, in more than three-quarters of the cases, they didn’t appear in court for their evidence to be cross-examined.

      Ahmad says he and the other survivors now want authorities to recover the shipwreck and the people that went down with it, but they have been told it’s too difficult and the water is too deep.

      He compares this to the vast amounts of money and resources spent on searching for five people on the Titan submersible in the North Atlantic in June.

      “But we were hundreds,” he says. “It’s not just a ship. It’s our friends and family.”

      https://www.bbc.com/news/world-europe-66154654

    • Italy warned of dead children on migrant ship hours before it capsized

      The findings of an investigation by Welt am Sonntag and

      POLITICO raise questions about whether the authorities knew the boat was in distress earlier than they admitted.

      Early on the morning of the Adriana’s final day at sea, the Italian authorities sent a troubling warning to their EU and Greek colleagues: Two children had died aboard the overloaded migrant boat.

      The alert was sent at 8:01 a.m. UTC, just over an hour after the Italians initially spotted the vessel at 6:51 a.m., an investigation by Welt am Sonntag and POLITICO found. The ship would later stall out in the ocean and capsize that night, killing hundreds of migrants on board.

      The new details are revealed in an internal document at the EU border agency Frontex and seen by Welt, part of a “serious incident report” Frontex is compiling on the tragedy.

      The findings raise questions about whether the authorities knew of serious distress on the boat much earlier than they have admitted. The document further complicates the timeline European authorities have given about the boat — Frontex has said its own plane was the first to discover the Adriana at 9:47 a.m., while the Greek government has said it was alerted around 8 a.m.

      According to the internal document, Rome’s warning went to both Frontex and the Greek coast guard’s central office for rescue operations in Piraeus, which sits on the coast near Athens. Yet despite the alert, the Greek authorities did not send a coast guard vessel to the boat until 7:40 p.m., nearly 12 hours later. The boat then capsized around 11 p.m., roughly 15 hours after Rome’s notice first came through, leaving approximately 600 people dead.

      Survivors have said the Greek coast guard’s attempts to attach ropes to the ship caused it to capsize — accounts Greek officials say are not definitive. Only 104 people were brought to shore alive.

      Frontex declined to comment on the internal document showing the Italian warning, citing the “ongoing investigations” and referring to a June 16 statement. That statement lists a chronology of events starting at 9:47 a.m. with the Frontex plane spotting the boat.

      Dimitris Kairidis, Greece’s newly appointed migration minister, told POLITICO in Brussels that he had not seen the Frontex note, and he neither confirmed nor denied that Athens had received the Rome alert mentioning dead children.

      There is, he said, an “independent judicial investigation,” and if anyone is found responsible, “there will definitely be consequences.”

      “But until then,” he added, “we should not rush to conclusions and bow to political pressure.”

      Asked for comment, the Greek government referred to a statement on its coast guard website from June 14, which mentions information coming from Rome around 8 a.m. It doesn’t say whether that information included a warning about dead children on board.

      The Italian government did not respond to a request for comment.

      Greece has faced mounting political pressure over the tragedy.

      German lawmaker Clara Bünger, a member of The Left, is pushing for a review of the drama that unfolded off the shore of Pylos.

      She told Welt that “upon sighting such an overcrowded boat, Frontex should have immediately issued a mayday distress signal; even more so if Frontex knew that there were already Tuesday morning about two dead children on board.”

      That this didn’t happen, she added, is “outrageous and unforgivable.”

      Frontex has been trying to rehab its reputation under new Director Hans Leijtens, but Bünger argued he is on a doomed mission. Frontex, she argued, should just be dissolved.

      “This project has failed miserably,” she said.

      Erik Marquardt, a German European Parliament member from the Greens, pointed out that Germany chairs the Frontex Management Board.

      “I expect the German government to enforce full transparency here,” he said.

      The European Commission, the EU’s executive, said it does not comment on “ongoing investigations” or “leaks.”

      But the Commission stressed: “The facts about the tragic incident off the coast of Pylos must be clarified. That is the priority now.”

      https://www.politico.eu/article/italy-warned-greece-of-dead-children-on-migrant-ship-hour-before-it-capsize

    • Frontex und Athen wussten 15 Stunden vor Bootsdrama von toten Kindern an Bord

      Mitte Juni starben vor der griechischen Küste 600 Migranten, als ihr Boot kenterte. Über die Verantwortung für die schlimmste Katastrophe seit Jahren im Mittelmeer wird seitdem gestritten. Nun kommt heraus: Eine wichtige Information zu den wahren Abläufen wird nach Informationen von WELT AM SONNTAG bewusst zurückgehalten.

      Die EU-Grenzschutzagentur Frontex sowie die griechische Regierung verschweigen die wahren Abläufe eines Bootsdramas im Juni mit rund 600 Toten. Wie WELT AM SONNTAG und das ebenfalls zum Axel-Springer-Verlag gehörende Nachrichtenunternehmen „Politico“ erfuhren, muss die hochdramatische Situation vor der griechischen Küste Athen und den Grenzschützern viel früher bewusst gewesen sein als bislang bekannt.

      Frontex hatte in einer Stellungnahme mitgeteilt, als Erstes habe ein agentureigenes Flugzeug das völlig überladene Boot um 9.47 Uhr (UTC) entdeckt. Allerdings soll das Boot – so geht es aus einem internen Frontex-Dokument hervor – bereits um 6.51 Uhr erstmals gesichtet worden sein – und zwar durch italienische Behörden.

      Um 8.01 Uhr alarmierte die Seenotrettungstelle Rom demnach sowohl Frontex als auch die Leitstelle in Piräus, von wo aus Rettungseinsätze der griechischen Küstenwache gesteuert werden. Noch brisanter: Bestandteil dieses Alarms war die Information, dass an Bord des Bootes bereits zwei Kinder verstorben seien. Wie Italien an seine Informationen zu der Existenz des Bootes und den toten Kindern gelangte, ist unklar.

      Der Alarm ist nach Informationen von WELT AM SONNTAG Teil der Notizen des noch in Arbeit befindlichen „Serious Incident Report“, der das Aktenzeichen 12595/2023 trägt. Trotz des Alarms aus Roms unternahmen die griechischen Behörden lange nichts. Erst gegen 19.40 Uhr traf ein Schiff der Küstenwache in der Nähe der Migranten ein.

      Das Boot kenterte schließlich gegen 23 Uhr, 15 Stunden nach dem Alarm aus Rom. Unmittelbar davor hatten griechische Küstenwächter Seile an das Boot angebracht, was – so berichteten Überlebende – zum Kentern geführt habe. Nur 104 Menschen wurden lebend an Land gebracht.

      WELT AM SONNTAG konfrontierte Frontex mit den Informationen zu dem Alarm aus Rom. Wann ging dieser ein? Was war die Reaktion der Agentur? In einer schriftlichen Antwort hieß es, man könne „aufgrund von laufenden Ermittlungen“ kein Statement abgeben, das über jenes vom 16. Juni hinausgeht. Darin wird die Chronologie der Ereignisse geschildert – mit 9.47 Uhr als Startpunkt, der Sichtung des Bootes durch ein Frontex-Flugzeug.

      Der neu ernannte griechische Migrationsminister Dimitris Kairidis sagte in Brüssel, er habe die Frontex-Notiz nicht gesehen; weder bestätigte noch dementierte er, dass Athen diese Information aus Rom erhalten hat. Er erklärte, dass „eine unabhängige gerichtliche Untersuchung“ stattfinde. Sofern jemand für schuldig befunden werde, „wird es definitiv Konsequenzen geben.

      Bis dahin solle man „keine voreiligen Schlüsse ziehen und sich dem politischen Druck beugen“. Am Freitag verwies Athen auf ein Statement auf der Küstenwache-Webseite vom 14. Juni, in dem eine Info zu dem Boot aus Rom gegen acht Uhr erwähnt wird. Von toten Kindern kein Wort. Die italienische Regierung beantwortete eine Anfrage zu dem Sachverhalt nicht.

      Der Druck aus der Politik auf die Behörde und Athen wächst derweil. Die Linken-Bundestagsabgeordnete Clara Bünger, die auf eine Aufarbeitung des Pylos-Dramas drängt, sagte WELT AM SONNTAG: „Beim Sichten eines derart überfüllten Bootes hätte Frontex sofort einen Mayday-Notruf machen müssen. Das gilt umso mehr, wenn Frontex wusste, dass es am Dienstagmorgen bereits zwei tote Kinder an Bord gab.“ Dass das nicht geschehen ist, sei „ungeheuerlich und unverzeihbar“. Frontex-Direktor Hans Leijtens hätte angekündigt, er wolle Vertrauen wiederherstellen und Menschenrechte achten: „Dieses Vorhaben ist krachend gescheitert.“ Bünger sagte, Frontex sei nicht reformierbar – und forderte die Auflösung.

      Der EU-Parlamentarier Erik Marquardt (Grüne) verwies darauf, dass Deutschland den Vorsitz im Frontex-Verwaltungsrat hat: „Ich erwarte von der Bundesregierung, dass sie hier vollständige Transparenz durchsetzt.“ Derartige Versprechen seitens Leijtens würden bislang nicht eingehalten.

      Die EU-Kommission ließ verlauten, man äußere sich „weder zu laufenden Untersuchungen noch zu Leaks“, machte aber klar: „Die Fakten über den tragischen Vorfall vor der Küste von Pylos müssen geklärt werden. Das ist jetzt die Priorität.“

      https://www.welt.de/politik/ausland/article246382076/Migration-Frontex-und-Athen-wussten-15-Stunden-vor-Bootsdrama-von-toten-Kindern

    • Pylos shipwreck: the Greek authorities must ensure that effective investigations are conducted

      In a letter to the Prime Minister of Greece, Kyriakos Mitsotakis, published today, the Council of Europe Commissioner for Human Rights, Dunja Mijatović, stresses that Greece has the legal obligation to conduct effective investigations into the Pylos shipwreck, which resulted in the death of more than 80 persons with many hundreds still missing, to establish the facts and, where appropriate, to lead to the punishment of those responsible.

      The Commissioner expresses concern about reports of pressure having been exercised on survivors and about allegations of irregularities in the collection of evidence and testimonies, which may have led to a minimisation of the focus on certain actors in this tragedy, including the Greek Coast Guard. In the case of Safi and Others v. Greece, the European Court of Human Rights spelled out the parameters of an effective investigation into a similar event. Among those parameters, the Commissioner notes that independence is critical to securing the trust of the victims’ relatives, the survivors, the public and Greece’s international partners. While stressing that investigations cannot be limited to the role of alleged smugglers, she requests clarifications on the scope of the investigations initiated after the shipwreck.

      Referring to the right of missing persons’ families to know the truth, the Commissioner seeks information on the efforts made to ensure that the remains of deceased migrants are located, respected, identified, and buried.

      Expressing concerns at restrictions on survivors’ freedom of movement and the way asylum interviews have been conducted, she requests information on the concrete measures that Greece has taken to abide by its human rights obligations regarding reception conditions and access to the asylum procedure.

      "In my view, the shipwreck of 14 June is unfortunately not an isolated incident”, writes the Commissioner. This should prompt a reconsideration of the approach to refugees and migrants arriving by sea at the political, policy and practical level. In this context, the Commissioner urges the Prime Minister to ensure that Greece abides by its international obligations regarding search and rescue, both under maritime law and human rights law.

      Finally, the Commissioner reiterates her call for the Greek government to actively create and maintain an enabling legal framework and a political and public environment which is conducive to the existence and functioning of civil society organisations and to the work of human rights defenders and investigative journalists, and to stop their criminalisation and other forms of harassment.

      https://www.coe.int/en/web/commissioner/-/pylos-shipwreck-the-greek-authorities-must-ensure-that-effective-investigations

      Pour télécharger la lettre:
      https://rm.coe.int/letter-addressed-to-the-prime-minister-of-greece-by-dunja-mijatovic-co/1680ac03ce

      #conseil_de_l'Europe

    • Après le naufrage d’un bateau avec 750 personnes à bord au large de la Grèce, une enquête de la médiatrice européenne sur le rôle de Frontex

      #Emily_O’Reilly, dont le rôle est de demander des comptes aux institutions et aux agences de l’Union européenne, a annoncé avoir ouvert cette procédure à la suite du naufrage survenu en juin, le pire en Méditerranée depuis 2016.

      Un peu plus d’un mois après le pire naufrage d’un bateau de migrants depuis 2016 en Méditerrannée, survenu mi-juin au large de la Grèce et qui a fait des centaines de morts, la médiatrice européenne a annoncé, mercredi 26 juillet, avoir ouvert une enquête afin de « clarifier le rôle » de Frontex, l’agence de l’Union européenne (UE) chargée des frontières, dans les opérations de sauvetage.

      « Alors que le rôle des autorités grecques fait l’objet d’une enquête au niveau national, celui de Frontex dans les opérations de recherche et de sauvetage doit également être clarifié », a souligné dans un communiqué Emily O’Reilly. Le rôle de la médiatrice est de demander des comptes aux institutions et aux agences de l’UE.

      « Il a été signalé que Frontex avait bien alerté les autorités grecques de la présence du navire et proposé son assistance ; mais, ce qui n’est pas clair, c’est ce qu’elle aurait pu ou aurait dû faire d’autre », a-t-elle ajouté.

      Le patron de Frontex, Hans Leijtens, a salué l’ouverture de cette enquête, assurant être prêt à coopérer « en toute transparence » pour expliquer le rôle de son agence. « Si nous ne coordonnons pas les opérations de recherche et de sauvetage, sauver des vies en mer est essentiel. Nous apportons une aide aux autorités nationales lorsque cela est nécessaire », a-t-il ajouté dans un message sur X (ex-Twitter).

      Partage d’informations entre Frontex et les autorités nationales

      Le chalutier vétuste et surchargé, qui était parti de Libye, a fait naufrage au large du sud de Grèce dans la nuit du 13 au 14 juin. Il transportait environ 750 personnes à son bord, mais seule une centaine de migrants ont survécu.

      Depuis le naufrage, les interrogations sont tournées autour de la lenteur de l’intervention des gardes-côtes grecs et sur les causes du chavirement de l’embarcation.

      Par cette enquête sur le rôle de Frontex, Mme O’Reilly veut en particulier se pencher sur le partage d’informations entre l’agence européenne et les autorités nationales en matière d’opérations de recherche et de sauvetage.

      Elle la coordonnera aux côtés du médiateur grec, Andreas Pottakis, qui a « la compétence d’examiner » la façon dont les autorités grecques se sont occupées du bateau Adriana.

      Mi-juillet, les eurodéputés ont réclamé l’élaboration d’une « stratégie de recherche et de sauvetage fiable et permanente » des migrants en Méditerranée. Dans une résolution transpartisane, dépourvue de caractère contraignant, ils ont appelé Bruxelles à apporter aux Etats membres de l’UE un « soutien matériel, financier et opérationnel » pour renforcer leurs capacités de sauvetage en mer.

      Les élus du Parlement européen citaient les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), selon laquelle plus de 27 600 personnes ont disparu en Méditerranée depuis 2014.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/26/naufrage-d-un-bateau-de-migrants-au-large-de-la-grece-la-mediatrice-europeen

    • Smuggler, Warlord, EU ally

      The lead smugglers behind the Pylos shipwreck are closely linked to General Khalifa Haftar, the Libyan warlord who EU leaders are partnering with to curb migration

      On the night of 13 June, a vessel carrying around 750 men, women and children mainly from Pakistan, Egypt and Syria capsized in Greek waters. Only 104 men survived. All women and children died.

      In an earlier investigation we revealed Greek coastguard efforts to cover up their role in the fatal shipwreck. The country’s naval court has since launched a preliminary investigation into the coastguard’s response to the sinking, with no arrests or suspensions of officers so far.

      The only arrests made were those of nine Egyptians, accused in a separate inquiry of being part of the smuggling network behind the deadly voyage. They were charged with six counts including illegal trafficking of foreigners, organisation crime and manslaughter by negligence.

      Using the contacts and documents already available to us, we pursued a follow-up investigation to establish the truth about any smugglers behind the fatal sea crossing, with the aim of identifying the key players and establishing the extent to which the nine Egyptians in prison in Greece are actually responsible.
      METHODS

      Lighthouse Reports, Der Spiegel, SIRAJ, El País and Reporters United used the previously established relationships with survivors and their families, as well as a network of sources in Libya, to investigate the smuggling network behind the Pylos wreck.

      We also looked into the ongoing court case against nine alleged smugglers, analysing confidential court documents and speaking to five of the families of those arrested.
      STORYLINES

      While investigating the circumstances that led to the shipwreck and Greece’s responsibility in it, we spoke to 17 survivors.

      Many named the key smugglers involved in organising the trip during our interviews with them – none of them were people on board the ship.

      Some were Eastern Libyan nationals with ties to the region’s powerful ruler, Khalifa Haftar.

      One name stood out: Muhammad Saad Al-Kahshi Al-Mnfi. Three sources identified him as a key player in the smuggling operation: a survivor, a lower level smuggler and a Libyan insider all gave his name.

      Al-Kahshi works for a special forces navy unit called the “frogmen”, run by a family member of his, Bahar Al-Tawati Al-Mnfi. Al-Tawati Al-Mnfi works under the direct orders of Khalifa Haftar.

      One survivor explained that Al-Kahshi Al-Mnfi used his position to issue the licence that allowed the boat (which came from Egypt) to navigate in Libyan waters and made sure the Libyan coast guards were paid to shut off the marine radar devices that detect ship movements to allow the departure.

      We found that the network goes far beyond Al-Kahshi Al-Mnfi.

      Survivors, insiders and analysts explained that the trip was organised with wide ranging support from powerful people reporting to Haftar.

      Libya expert Jalel Harchaoui said the “migrant business” had been flourishing in Eastern Libya in the last 18 months. “Haftar cannot say that he’s not aware,” he added. “He can’t say that he’s not involved.”

      “All trips are overseen by his son, Saddam Haftar” said one survivor. “Saddam leads the cooperation himself or assigns one of the frogmen battalions [this may have been the case for the Pylos trip] or the 2020 battalion, depending on who has more migrants to pay the fees.”

      Five survivors who flew from Syria to Libya describe how immigration officials facilitated their arrival at Benghazi’s military airport. One said: “At the airport, a person took my passport, went to immigration office, put a stamp and took us outside”.

      There was a curfew in Eastern Libya on the night of departure (حظر التجول ليلاً في طبرق الليبية), yet the survivors we interviewed said that it was at night that they, along with hundreds of passengers, were taken to a small bay near Wadi Arzouka, east of Tobruk, and boarded onto the vessel.

      Militias supported by Khalifa Haftar are not only involved in smuggling, they are also active in illegal “pullbacks” of migrants in EU waters.

      At least two pullbacks (in May and July this year) were carried out by a militia (Tariq Bin Ziyad) controlled by Haftar’s son, including one in Maltese waters.

      At least four of the people who died in the Pylos shipwreck were on the boat that was pulled back by the Tariq Bin Ziyad militia on 25 May, according to family members.

      These findings raise serious questions about EU member states’ migration prevention policies.

      It is known by EU authorities that Eastern Libyan militias answering to Haftar carry out both pullback and smuggling operations. The IOM and the UNHCR briefed EU officials on an increase in departures from eastern Libya , describing them as a “lucrative source of income for the eastern Libyan rulers involved”.

      In spite of this, Italy and Malta are making deals with Haftar to prevent migration.

      In May, Haftar met with Italian PM Meloni to discuss migration related issues and in June Italy’s interior minister said they would ask Haftar to collaborate in stopping departures.

      The same month, for the first time, a Maltese delegation met Haftar in Benghazi to discuss security challenges in the region, with particular emphasis on irregular migration.

      Internal EU documents show the commission is looking for ways to curb arrivals from Benghazi’s airport with the collaboration of local operators.

      Harchaoui described Italian efforts to encourage Khalifa Haftar to stop departures as “bribery” and pointed to “a very clear admission of how Italy intends to work and what it promised to Haftar: if you reduce the human smuggling volumes, we will inject capital”.

      Meanwhile, there’s growing evidence that nine Egyptians imprisoned for trafficking in Greece are being scapegoated.

      We spoke to the families of five of the nine Egyptians under arrest – all of them say that they were passengers, not smugglers.

      Three of them provided evidence that their relatives paid for their trip, indicating that it’s highly unlikely that they were involved in organising the smuggling operation.

      We were able to verify the identity of a smuggler who asked one of the accused men for money ahead of the trip.

      We previously found that witness testimony provided to the coast guard had been tampered with, including survivors’ answers to questions about smugglers.

      In the documents, two answers to questions about smugglers contain identical sentences.

      Those who were interrogated by the coast guard mentioned being pressured to place the blame on the nine Egyptians later indicted.

      https://www.lighthousereports.com/investigation/smuggler-warlord-eu-ally

    • Naufrage au large de la Grèce : deux ONG pointent les défaillances des autorités grecques

      Dans un rapport publié le 3 août, Amnesty International et Human Rights Watch reviennent sur les circonstances troubles du drame survenu aux portes de l’Europe dans la nuit du 13 au 14 juin, qui a coûté la vie à au moins six cents personnes. Les associations réclament une enquête « efficace, indépendante et impartiale ».

      C’est un naufrage qui a d’abord marqué les esprits de par son ampleur : pas moins de 750 personnes se trouvaient à bord d’un bateau de pêche en bois, L’Adriana, au moment où il a chaviré, dans la nuit du 13 au 14 juin, au large de Pýlos en Grèce. Partie de Tobrouk en Libye pour rejoindre l’Italie, l’embarcation surchargée transportait des ressortissants syriens, égyptiens, palestiniens ou pakistanais, dont de nombreuses femmes et enfants placés dans la cale pour être « à l’abri » des éventuelles intempéries ou du soleil.

      Mais on retient aussi les circonstances troubles dans lequel il s’est produit. Très vite après le naufrage, des premières voix parmi la centaine de rescapés se sont élevées pour pointer le rôle potentiel des gardes-côtes grecs dans ce drame.

      Mediapart a documenté, dès le 17 juin, cette version différente de celle avancée par les autorités du pays. Une enquête de la BBC est venue l’appuyer, puis le New York Times a suivi : des témoignages de survivant·es attestent que les gardes-côtes ont non seulement tardé à organiser un sauvetage, mais ont aussi tenté de tirer le bateau à l’aide d’une corde, pouvant ainsi avoir contribué à le faire chavirer.

      Après un déplacement de neuf jours en Grèce et une vingtaine d’entretiens réalisés avec des exilé·es sur place, Amnesty International et Human Rights Watch ont relevé également les « disparités extrêmement préoccupantes » entre les récits des survivant·es du Pýlos et la version des événements livrée par les autorités.

      Les survivant·es interrogé·es par les deux ONG « ont systématiquement déclaré que le navire des gardes-côtes grecs envoyé sur les lieux avait attaché une corde à L’Adriana et l’avait remorqué, le faisant tanguer, puis chavirer », peut-on lire dans le rapport d’enquête publié conjointement ce jeudi 3 août.

      Aux ONG, les responsables des gardes-côtes ont de leur côté affirmé que leurs équipes s’étaient approchées du bateau, reconnaissant avoir utilisé une corde, mais qu’après de « premières négociations », les passagers avaient repoussé la corde pour poursuivre leur trajet.
      Le rôle des gardes-côtes grecs et de Frontex interrogé

      Une version contredite par le témoignage des survivant·es interrogé·es : « Peu importe leur position sur le bateau, les survivants disent tous avoir ressenti le mouvement du bateau une fois tracté, qui avançait alors très vite alors que le moteur ne fonctionnait plus, précise Alice Autin, chercheuse pour la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. Tous sont d’accord pour dire que c’est cela qui a fait vaciller le bateau, avant de le faire chavirer. »

      Frontex a par ailleurs déclaré avoir repéré l’embarcation dès la veille du naufrage, ce qui a poussé certains acteurs à s’interroger sur le rôle de l’agence européenne de surveillance des frontières. Pourquoi n’est-elle pas intervenue pour venir en aide aux passagers ? A-t-elle bien alerté les autorités grecques pour qu’une opération de recherche et de sauvetage soit menée en urgence ?

      Dans un communiqué, Frontex a précisé que l’un de ses avions de surveillance « avait immédiatement informé les autorités compétentes », sans toutefois intervenir, au prétexte que les exilé·es avaient refusé « toute aide ». Le lendemain du drame, le patron de l’agence Hans Leijtens était en déplacement en Grèce pour « mieux comprendre ce qu’il s’était passé », et voir comment ses équipes pouvaient aider les autorités grecques, précisant que le fait de « sauver des vies était leur priorité ».

      Une version qui ne semble pas avoir convaincu la médiatrice européenne, qui a décidé, le 24 juillet dernier, d’ouvrir une enquête de sa propre initiative pour interroger le rôle de Frontex dans les opérations de recherche et de sauvetage à la suite du naufrage survenu en Grèce.

      « Il est clair que Frontex a joué un rôle important dans la mission de recherche et de sauvetage du point de vue de la coordination. À ce titre, je pense qu’il est possible de clarifier davantage son rôle dans de telles opérations », a déclaré dans une lettre ouverte Emily O’Reilly, qui occupe le poste de Médiateur européen.

      « Il a été signalé que Frontex avait bien alerté les autorités grecques de la présence du navire et proposé son assistance ; mais ce qui n’est pas clair, c’est ce qu’elle aurait pu ou aurait dû faire d’autre », a-t-elle souligné. Frontex s’est dite prête à coopérer « en toute transparence ».

      « Cela posera des questions importantes sur le rôle, les pratiques et les protocoles de l’agence dans le contexte des opérations [en mer] et sur les mesures qu’elle a prises pour se conformer à ses obligations en matière de droits fondamentaux et aux lois de l’UE », estiment Amnesty International et Human Rights Watch.
      Des appels à l’aide ignorés

      Les deux ONG s’interrogent aussi sur l’aide que les gardes-côtes grecs auraient pu apporter aux migrant·es dans les heures ayant précédé le naufrage. De hauts responsables des gardes-côtes leur auraient affirmé que « les personnes à bord du bateau limitaient leur demande d’aide à de l’eau et de la nourriture » et avaient exprimé leur volonté de poursuivre leur route vers l’Italie.

      Mais les survivant·es interrogé·es par Amnesty International et Human Rights Watch ont « déclaré que les passagers avaient demandé à être secourus » et qu’ils avaient entendu d’autres personnes à bord de l’embarcation appeler à l’aide lors d’un échange avec un téléphone satellite, plusieurs heures avant le naufrage. Certains auraient enlevé leur T-shirt pour le secouer en l’air et appeler à l’aide, d’autres auraient hurlé à l’attention des deux navires marchands croisés avant le drame.

      « Des récits concordent pour dire que des personnes ont perdu la vie à bord du bateau avant le naufrage et que l’un des corps a été placé sur le pont supérieur au-dessus de la cabine pour signifier l’urgence de la situation », poursuit Alice Autin d’Human rights watch. Et d’ajouter : « Les gardes-côtes grecs avaient la responsabilité de venir en aide aux passagers du bateau et il apparaît au vu des résultats de notre enquête qu’il y a des doutes sur la manière dont cela s’est déroulé. »

      Plusieurs survivants ont enfin déclaré que les autorités leur auraient confisqué leur téléphone après le naufrage, poursuivent les ONG. Or, certaines personnes auraient « tout filmé ». Ces téléphones pourraient, s’ils réapparaissaient, servir dans le cadre de l’enquête ouverte par la justice grecque.

      « Il est essentiel d’analyser ce qu’ils contiennent pour faire toute la lumière sur le déroulement des faits », conclut Alice Autin. Amnesty International et Human Rights Watch réclament une enquête « efficace, indépendante et impartiale ».

      https://www.mediapart.fr/journal/international/030823/naufrage-au-large-de-la-grece-deux-ong-pointent-les-defaillances-des-autor

    • Greece: Disparities in accounts of Pylos shipwreck underscore the need for human rights compliant inquiry

      Starkly divergent accounts from survivors and Greek authorities around the circumstances of the deadly Pylos shipwreck, underscore the urgent need for an effective, independent, and impartial investigation, Amnesty International and Human Rights Watch said today. 

      The disparities between survivors’ accounts of the Pylos shipwreck and the authorities’ version of the events are extremely concerning

      The fishing vessel, Adriana, was carrying an estimated 750 people when it sank on 14 June off the coast of Pylos. In the aftermath, accounts from several of the 104 survivors suggest that the vessel was towed by a Greek coast guard boat, causing the fatal wreck.  The Greek authorities have strongly denied these claims.

      “The disparities between survivors’ accounts of the Pylos shipwreck and the authorities’ version of the events are extremely concerning” said Judith Sunderland, Associate Europe and Central Asia Director at Human Rights Watch.

      “The Greek authorities, with support and scrutiny from the international community, should ensure that there is a transparent investigation to provide truth and justice for survivors and families of the victims, and hold those responsible to account.”  

      A delegation from Amnesty International and Human Rights Watch visited Greece between 4 and 13 July 2023 as part of ongoing research into the circumstances of the shipwreck and steps toward accountability. They interviewed 19 survivors of the shipwreck, 4 relatives of the missing, and nongovernmental organizations, UN and international agencies and organizations, and representatives of the Hellenic Coast Guard and the Greek Police.

      The organizations’ initial observations confirm the concerns reported by several other reputable sources as to the dynamics of the shipwreck. Survivors interviewed by Amnesty International and Human Rights Watch consistently stated that the Hellenic Coast Guard vessel dispatched to the scene attached a rope to the Adriana and started towing, causing it to sway and then capsize. The survivors also consistently said that passengers asked to be rescued, and that they witnessed others on the boat plead for a rescue by satellite phone in the hours before their boat capsized.  

      In a meeting with Amnesty International and Human Rights Watch, senior officials of the Hellenic Coast Guard said individuals on the boat limited their request for assistance to food and water and expressed their intention to proceed to Italy. They said the crew of the Coast Guard vessel came close to the Adriana and used a rope to approach the boat to assess whether passengers wanted help, but that after the first “negotiations”, passengers threw the rope back and the boat continued its journey.

      This preventable tragedy demonstrates the bankruptcy of EU migration policies predicated on the racialized exclusion of people on the move and deadly deterrence

      Greek authorities have opened two criminal investigations, one targeted at the alleged smugglers, and another into the actions of the coast guard. It is vital for these investigations to comply with international human rights standards of impartiality, independence, and effectiveness. 

      To enhance the credibility of judicial investigations both in practice and perception, they should be under the supervision of the Supreme Court Prosecutor’s Office. Further, Greek authorities should ensure that the Greek Ombudsman’s office is promptly provided with information and resources necessary to carry out its functions as the National Mechanism for Investigating Incidents of Arbitrariness, in relation to any disciplinary investigation.   

      Several survivors said that the authorities confiscated their phones following the shipwreck but did not give them any related documentation or tell them how to retrieve their property. Nabil, a survivor of Syrian origin, told the organisations, “It’s not only the evidence of the wreck that has been taken from me, it is my memories of my friends who were lost, my life has been taken from me”. 

      The Greek authorities’ longstanding failure to ensure accountability for violent and unlawful pushbacks at the country’s borders raises concerns over their ability and willingness to carry out effective and independent investigations.

      Lessons should be learned from the European Court of Human Rights 2022 decision about the 2014 “Farmakonisi” shipwreck, in which survivors argued that their boat had capsized because the Hellenic Coast Guard used dangerous maneuvers to tow them towards Turkish waters. The Court condemned Greece for the authorities’ failures in handling rescue operations and for shortcomings in the subsequent investigation of the incident, including how victims’ testimony was handled.  

      In view of the seriousness and international significance of the Pylos tragedy, Greek authorities should seek out and welcome international and/or European assistance and cooperation in the conduct of national investigations as an additional guarantee of independence, effectiveness and transparency.  

      A full and credible investigation into the shipwreck should seek to clarify any responsibility for both the sinking of the ship and delays or shortcomings in the rescue efforts that may have contributed to the appalling loss of life. The investigation should involve taking the testimonies of all survivors, under conditions that guarantee their trust and safety.

      All forensic evidence, such as traces of communications, videos, and photographs, should be collected, assessed and safeguarded to facilitate accountability processes. Any property, such as cell phones, taken from survivors for investigative purposes should be appropriately logged and returned within a reasonable amount of time.  

      All of those involved in or with knowledge of the incident, including the Hellenic Coast Guard, the European Border and Coast Guard Agency (Frontex), the captains and crews of the two merchant vessels, and others who took part in the rescue operation after the shipwreck should be invited or required to testify, as appropriate, and should cooperate fully and promptly with the investigations.

      To ensure this is the last, and not the latest, in an unconscionably long list of tragedies in the Mediterranean, the EU should reorient its border policies towards rescue at sea and safe and legal routes

      In parallel to the national investigation, the EU Ombudsman has announced that it will open an inquiry into the role of Frontex in search and rescue (SAR) activities in the Mediterranean, including in the Adriana shipwreck. This will pose important questions about the agency’s role, practices and protocols in the context of SAR operations and on what actions it has taken to comply with its fundamental rights obligations and EU laws during this and other shipwrecks.

      Amnesty International and Human Rights Watch are continuing to investigate the Pylos shipwreck and demand justice for all those harmed.

      “This preventable tragedy demonstrates the bankruptcy of EU migration policies predicated on the racialized exclusion of people on the move and deadly deterrence,” said Esther Major, Amnesty International’s Senior Research Adviser for Europe.

      “To ensure this is the last, and not the latest, in an unconscionably long list of tragedies in the Mediterranean, the EU should reorient its border policies towards rescue at sea and safe and legal routes for asylum seekers, refugees and migrants.”  

      Background 

      As part of their ongoing investigation, the organizations have sent letters requesting information to several key entities, including the Ministry of Maritime Affairs and Insular Policy, the Prosecutors of the Supreme Court and of the Piraeus Naval Court and Frontex.

      On 13 June 2023, Frontex said its surveillance plane spotted the Adriana at 09:47 UTC (12:47 EEST/in Athens) and alerted authorities in Greece and Italy. In the following hours, two merchant vessels and later a Hellenic Coast Guard vessel interacted with the Adriana. After the boat capsized at around 2 a.m. EEST on 14 June, only 104 survivors, including several children, were rescued.

      The Prosecutor of Kalamata ordered the arrest of nine Egyptian nationals who survived the shipwreck on charges of smuggling, membership in an organized criminal network, manslaughter, and other serious crimes.

      Following an order by the Head of the Prosecutor’s Office of the Piraeus Naval Court, a prosecutor is currently conducting a preliminary investigation into the conditions of the shipwreck and the potential punishable offences by members of the Hellenic Coast Guard. The organizations have sought information with the Greek Minister of Maritime Affairs and Insular Policy about any disciplinary investigation opened into the actions of members of the Hellenic Coast Guard.

      https://www.amnesty.org/en/latest/news/2023/08/greece-disparities-in-accounts-of-pylos-shipwreck-underscore-the-need-for-h

  • Le #Lyon-Turin menace les #sources de la #Maurienne

    Sources taries, #nappes_phréatiques en baisse soudaine… Les travaux de la #ligne_ferroviaire Lyon-Turin entraînent des perturbations du #cycle_de_l’eau en Maurienne, ce qui inquiète les montagnards et les écologistes.

    Les orages sont fréquents en cette mi-juin en #Haute-Maurienne. L’herbe y est d’un vert profond, complétée par des touches de couleurs des coquelicots et autres fleurs de cette fin de printemps. Le débit de l’#Arc, la #rivière qui creuse lentement le fond de vallée, est important. Et pourtant la possibilité d’un manque d’eau inquiète, en raison des travaux du #tunnel_ferroviaire Lyon-Turin.

    Cette angoisse remonte à 2003. Il y a 20 ans, les premières galeries commençaient à être creusées dans la #montagne, des descenderies qui doivent permettre de ventiler, d’assurer la maintenance ou de servir d’issues de secours. De petits travaux en comparaison aux grands tubes qui permettront de faire passer les trains. Mais qui ont suffi à tarir d’un coup une source du village de #Villarodin-Bourget.

    « Pour ramener l’eau dans les fontaines du village, les promoteurs ont dû réaliser un captage et construire 5 kilomètres de tuyauterie », explique Gilles Margueron, le maire de la commune depuis 2008. Évidemment, l’eau de la source n’a pas disparu. En l’état actuel des travaux, elle ressort dans l’Arc, juste en dessous du village.

    « Mais quand les travaux seront achevés et le tunnel creusé, l’eau ressortira à #Saint-Jean-de-Maurienne, [à 30 kilomètres de là]. En gros, l’eau qui était chez nous ne sera plus chez nous. » La #qualité_de_l’eau en prend aussi un coup, l’eau de source étant de meilleure qualité que l’eau de l’Arc.

    Depuis 2003, le sujet de l’eau est parfois tombé presque dans l’oubli, avant de ressurgir avec plus de force encore au fur et à mesure que le dérèglement climatique resserre son emprise en montagne. Actuellement, la végétation est resplendissante, sans que ce soit le signe de nappes phréatiques pleines ni d’absence de difficultés cet été.

    « L’été dernier, nous avons eu des restrictions d’eau avec interdiction d’arroser les jardins en journée, rappelle Brigitte [*], venue voir l’avancée des travaux sur les bords de l’Arc. Alors quand on voit que les travaux assèchent des sources… » Quant aux glaciers, ces véritables réservoirs d’eau pour l’été ne cessent de se réduire avec l’augmentation des températures.

    Ces inquiétudes ont bien été cernées par les organisateurs de la manifestation du 17 et 18 juin contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin. Sur leur site, les Soulèvements de la Terre, l’une des associations organisatrices, tape fort : « Le #drainage de 100 millions de m³ [d’eau] souterraine chaque année [est] à prévoir, asséchant de façon irrémédiable la montagne. Si l’eau c’est la vie, alors c’est bien au droit à vivre des populations locales que ce projet s’attaque… »

    Un mot d’ordre partagé par Philippe Delhomme, président de l’association locale #Vivre_et_Agir_en_Maurienne. « En mettant en avant ce thème de l’eau, on peut toucher plus de monde », renchérit-il, en ne décollant presque pas les yeux de son téléphone portable, qui vibre continuellement au gré des messages et appels qu’il reçoit pour l’organisation de la manifestation.

    « C’est un thème que nous avons en commun avec les Soulèvements de la Terre, qui se sont fait connaître sur des thèmes liés à l’agriculture, notamment les mégabassines », continue-t-il.

    Déboucher la baignoire

    Pour bien faire comprendre comment un réseau de galeries fait craindre un #assèchement de la montagne, une comparaison circule beaucoup dans la vallée : imaginez que vous remplissiez une baignoire bouchée de pierres et de gravats, puis que vous y mettiez de l’eau. Quand le niveau est bas, l’eau reste invisible. Ce n’est que quand elle a rempli tous les interstices et qu’elle déborde de la baignoire qu’on peut la voir.

    C’est la même chose en montagne : les sources sont la manifestation de ce trop plein. Mais si vous enlevez le bouchon au fond de la baignoire, l’eau va être drainée. Adieu les sources. Plusieurs habitants craignent que les tunnels du Lyon-Turin produisent le même effet.

    Un tiers d’eau en moins dans la #nappe_phréatique

    D’autant que ce phénomène est bien connu des chercheurs et des industriels qui travaillent sur des tunnels. Si chaque montagne est différente, quasiment toutes regorgent d’eau, notamment dans des failles que le tunnel peut traverser et qui, si elles ne sont pas bouchées, peuvent agir comme ce bouchon qu’on enlève au fond de la baignoire.

    Une véritable vidange qui se serait produite à #Orelle, un village de la vallée, situé entre Saint-Michel-de-Maurienne et Modane. Selon le maire de Villarodin-Bourget, Gilles Margueron, le niveau d’une nappe phréatique dans laquelle le village puise son eau potable aurait diminué d’un tiers, sans autre explication. Si ce n’est que le creusement des tunnels progresse.

    Jean-Louis est installé un peu plus loin dans la vallée. Il possède des terres à Bramans et emmène ses 80 vaches laitières, productrices de lait à Beaufort, dans des alpages sur les pentes du Mont Cenis. Le tunnel doit passer juste en dessous.

    « J’ai deux chalets alimentés par des sources qui sont au niveau du tracé, raconte l’agriculteur. On ne sait pas d’où proviennent ces sources exactement. On a donc très peur qu’elles se tarissent quand le tunnel arrivera à notre niveau. Et je ne pense pas qu’ils pourront résoudre le problème par un captage plus haut, comme à Villarodin-Bourget, car cela voudrait dire réaliser des dizaines de kilomètres de tuyaux. »

    L’eau, « une ressource à protéger »

    Si le promoteur du projet, #Telt, pour #Tunnel_euralpin_Lyon-Turin, assure sur son site que l’eau « est une ressource à protéger » et qu’une cartographie a été mise en place pendant la phase de conception pour limiter les dégâts, les opposants l’accusent de ne pas faire assez.

    « Depuis 2003, les dégâts sur l’eau ont été systématiquement minimisés. En vue des mesures qui sont faites, on ne peut pas dire que ces travaux vont tarir toutes les sources. Ni dire qu’il n’y aura aucun problème. Selon moi, le principe de précaution doit donc s’appliquer », explique longuement un scientifique local, qui préfère rester anonyme. Un signe des tensions qui traversent la vallée sur le sujet du Lyon-Turin.

    « Les défenseurs du Lyon Turin pointent parfois les changements climatiques comme cause de la baisse d’une nappe ou du débit d’un ruisseau. Si on avait des données globales qui montrent que ce niveau baisse dans toute la vallée, pourquoi pas, continue ce scientifique. Mais quand une source se tarit d’un coup, ce n’est pas la même chose. »

    « Si, à la rigueur, il n’y avait pas de ligne ferroviaire déjà existante pour traverser les Alpes… Mais il y en a déjà une ! » rappelle Yann, un habitant brin défaitiste, rencontré en train de siroter une bière à un bar non loin du chantier. « Jusqu’à pas longtemps, je me sentais hyper protégé du dérèglement climatique en montagne. Mais là, quand je vois les difficultés qu’on a déjà et celles ajoutées par le Lyon-Turin… »

    https://reporterre.net/L-eau-preoccupation-centrale-du-Lyon-Turin
    #no_TAV #no-tav #eau

  • Grèce : au moins 78 morts dans un naufrage, le plus meurtrier de l’année dans le pays

    Au moins 78 migrants se sont noyés mercredi dans le naufrage de leur embarcation en mer méditerranée, dans le sud-ouest de la Grèce, tandis que 104 ont pu être secourus par les garde-côtes grecs. Selon des médias locaux, le bateau transportait au moins 600 personnes. Les recherches se poursuivaient mercredi pour tenter de retrouver d’autres survivants. Il s’agit du naufrage le plus meurtrier de l’année en Grèce.

    Au moins 78 personnes ont trouvé la mort dans un naufrage dans la nuit de mardi 13 à mercredi 14 juin au large de la Grèce. Quelques 104 naufragés ont pu être secourus par les garde-côtes grecs et transférés vers la ville de Kalamata, un port situé au sud ouest du pays.

    Les chaînes de télévision grecques ont montré les images de rescapés, couvertures grises sur les épaules et masques hygiéniques sur le visage, descendre d’un yacht portant l’inscription Georgetown, la capitale des îles Caïmans. D’autres étaient évacués sur des civières. Quatre d’entre eux ont été conduits à l’hôpital de Kalamata en raison de symptômes d’hypothermie.

    D’après les informations délivrées par les autorités grecques, les exilés sont majoritairement originaires d’Égypte, de Syrie et du Pakistan. Selon les premières informations, le bateau aurait quitté Tobrouk, à l’est de la Libye, en direction de l’Italie, vendredi 9 juin.

    600 migrants à bord du bateau

    Le nombre de passagers présents sur le bateau n’a pas été confirmé par les autorités grecques. Mais des médias locaux parlent d’au moins 600 personnes, ce qui laisse craindre la disparition de centaines de naufragés.

    L’opération de sauvetage se poursuivait mercredi après-midi dans les eaux internationales situées au large de la ville grecque de Pylos. Elle implique six navires des garde-côtes, un avion et un hélicoptère militaires ainsi qu’un drone de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières.

    https://twitter.com/alarm_phone/status/1668913096667144193

    La Grèce a connu de nombreux naufrages d’embarcations de migrants, souvent vétustes et surchargées, mais il s’agit jusqu’ici du bilan humain le plus lourd depuis un précédent le 3 juin 2016 au cours duquel au moins 320 personnes avaient péri ou disparu.

    L’embarcation avait été repérée une première fois mardi par les garde-côtes italiens, qui ont alerté leurs homologues grecs et européens. Les migrants à bord « ont refusé toute aide », selon les autorités grecques. La plateforme d’aide aux migrants en mer, Alarm Phone, a signalé sur Twitter avoir été alertée le même jour par des exilés en détresse, non loin du lieu du naufrage.

    Selon une journaliste basée en Grèce, chaque passager avait payé 4 500 dollars (environ 4 000 euros) la traversée.

    Une année particulièrement meurtrière

    Depuis un an, on observe de plus en plus de départs de bateaux de migrants depuis l’est de la Libye. « Ce n’est pas inhabituel que des bateaux fassent cette route. Les départs depuis l’est de la Libye sont plus fréquents » depuis l’été dernier, expliquait l’an dernier à InfoMigrants Frederico Soda, chef de mission Libye auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les exilés prennent désormais la mer depuis cette zone, afin d’éviter les interceptions des garde-côtes libyens, qui se concentrent à l’ouest du pays.

    Mais la traversée n’est pas sans risque. L’est de la Libye est considérablement plus éloigné de l’Italie que la partie ouest, d’où embarquent la majorité des migrants. À titre d’exemple, 1 200 km séparent les deux villes côtières de Tobrouk (à l’Est) et Tripoli (à l’Ouest), situé en-dessous de la Sicile. Un trajet démarré depuis l’est de la Libye est ainsi « beaucoup plus long », précisait encore Federico Soda.

    La route méditerranéenne reste la plus meurtrière au monde. En 2022, 2 406 migrants ont péri dans cette zone maritime, soit une augmentation de 16% sur un an, selon le dernier rapport de l’OIM. Et l’année 2023 risque d’établir un nouveau record : depuis janvier, ce sont déjà 1 166 personnes qui ont péri ou ont disparu dans ces eaux, dont 1030 en Méditerranée centrale. Un tel nombre n’avait pas été observé depuis 2017.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/49667/grece--au-moins-78-morts-dans-un-naufrage-le-plus-meurtrier-de-lannee-
    #Pylos #Grèce #naufrage #asile #migrations #décès #morts #tragédie #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #14_juin_2023 #Méditerranée #Mer_Méditerranée #13_juin_2023

    • Après le naufrage en Grèce, les autorités grecques et européennes sous le feu des critiques

      À la suite de l’annonce de la disparition de plusieurs centaines de personnes dans un naufrage survenu mercredi au large de la Grèce, des dirigeants européens ont fait part de leurs condoléances. Ils ont reçu de nombreuses critiques condamnant les politiques migratoires européennes.

      C’est sans doute le naufrage le plus meurtrier depuis 2013. Mercredi 14 juin, vers 2h du matin, un bateau surchargé de migrants a fait naufrage au large de Pylos, dans le sud-ouest de la Grèce. Au moins 78 personnes sont mortes dans le drame et des centaines d’autres sont toujours portées disparues. Selon les témoignages des rescapés, qui ont donné des chiffres différents, entre 400 et 750 exilés se trouvaient sur le bateau parti de Tobrouk, dans l’est de la Libye.

      À la suite de ce drame, de nombreuses personnalités politiques grecques et européennes ont exprimé leur émotion sur les réseaux sociaux. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est dit « profondément attristée par la nouvelle du naufrage au large des côtes grecques et par les nombreux décès signalés ». « Nous devons continuer à travailler ensemble, avec les États membres et les pays tiers, pour éviter de telles tragédies », a-t-elle ajouté.

      Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures, s’est quant à elle dit « profondément affectée par cette tragédie meurtrière au large des côtes grecques ». « Nous avons le devoir moral collectif de démanteler les réseaux criminels. La meilleure façon d’assurer la sécurité des migrants est d’empêcher ces voyages catastrophiques... », a également indiqué la responsable.

      Les messages de soutien des deux dirigeantes ont entraîné de très nombreuses critiques d’internautes. Des défenseurs des droits des migrants, avocats et journalistes ont notamment dénoncé le « cynisme » des autorités européennes, les accusant de promouvoir une politique migratoire européenne dure.

      « Vies innocentes »

      La classe politique grecque a également réagi au drame. En campagne électorale en vue des législatives du 25 juin, l’ancien Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, a décidé d’annuler un rassemblement électoral prévu pour la fin de journée à Patras, le grand port de cette région du Péloponnèse, a annoncé son parti Nouvelle Démocratie (ND).

      « Nous sommes tous choqués par le tragique naufrage survenu aujourd’hui dans les eaux internationales de la Méditerranée, au sud-ouest du Péloponnèse. Je suis attristé par la perte de tant de vies innocentes », a-t-il déclaré sur Twitter.

      Ce responsable politique s’est par ailleurs entretenu au téléphone avec le Premier ministre par intérim, Ioannis Sarmas. Il a également décrété trois jours de deuil dans le pays.

      Sur les réseaux sociaux, l’ancien Premier ministre n’a pas non plus été épargné par des internautes l’accusant d’hypocrisie face au drame de Pylos. Le dirigeant a mené une politique très dure envers les exilés durant ses quatre années à la tête du gouvernement. Athènes a été à de très nombreuses reprises accusée de pratiquer des refoulements illégaux de migrants en mer Égée et dans la région de l’Evros.
      Des bateaux escortés hors des SAR zones

      De nombreux membres d’organisations internationales ont également réagi au drame de Pylos. Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-commissariat des nations unies aux réfugiés (HCR), en charge de la Méditerranée de l’ouest et centrale s’est dit « très attristé par cette nouvelle tragédie ». Le responsable a également confié son inquiétude « de voir ces derniers mois certains États côtiers escorter des bateaux en mauvais état en dehors de leur zone SAR pour s’assurer qu’ils atteignent d’autres zones SAR ».

      De son côté, Federico Soda, directeur du département des urgences à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a plaidé pour la mise en place de « mesures concrètes pour donner la priorité à la recherche et au sauvetage » et de « voies d’accès sûres pour les migrants ».

      L’agence européenne de surveillance des frontières (Frontex) s’est, quant à elle, déclarée « profondément touchée » par le drame. Dans le même message posté sur Twitter, l’agence assure que son avion de surveillance a repéré le bateau le mardi 13 juin au matin et affirme avoir « immédiatement informé les autorités compétentes ».

      Selon les autorités portuaires grecques, un avion de surveillance de Frontex avait effectivement vu le bateau mardi mais il n’est pas intervenu car les passagers ont « refusé toute aide ».

      Les ONG actives dans l’aide aux exilés ont également fait part de leur effroi face au drame de Pylos. Interrogé par Libération, le président de SOS Méditerranée France, François Thomas, a condamné une « nouvelle tragédie insupportable ». « Il n’existe aucune solidarité européenne. Les moyens de sauvetage sont de moins en moins importants, alors que l’Europe a des moyens. Quand est-ce que tout cela va s’arrêter ? », a-t-il dénoncé.

      Médecins sans frontières (MSF), qui intervient en Méditerranée centrale avec son navire humanitaire le Geo barents , a déclaré être « attristé et choqué » par le drame survenu mercredi. L’ONG précise que ses équipes en Grèce se tiennent prêtes à intervenir pour aider autant que possible les rescapés.

      Enquête ouverte

      Enfin, le pape François, très sensible à la thématique migratoire, est « profondément consterné » par le naufrage, a rapporté jeudi le Vatican dans un communiqué.

      « Sa sainteté le pape François envoie ses prières sincères pour les nombreux migrants qui sont morts, leurs proches et tous ceux qui ont été traumatisés par cette tragédie », peut-on lire dans un télégramme signé par le N.2 du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, et publié par le Vatican.

      Les opérations de secours se poursuivaient jeudi matin pour tenter de retrouver des survivants. Des moyens aériens et maritimes sont déployés mais les espoirs s’amenuisent à mesure que le temps passe. Jusqu’à présent, 104 personnes ont pu être secourues mais Athènes redoute que des centaines d’autres ne soient portées disparues, d’après les témoignages des survivants.

      Une enquête a été ouverte par la justice grecque sur le sauvetage de l’embarcation. La Cour suprême grecque a également ordonné une enquête pour définir les causes du drame qui a choqué le pays.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/49698/apres-le-naufrage-en-grece-les-autorites-grecques-et-europeennes-sous-

    • “They are urgently asking for help”: the SOS that was ignored

      The Hellenic Coast Guard attributed its failure to proceed to a rescue mission of the migrants before their trawler sunk to their refusal to receive assistance. International law experts, as well as active and former Coast Guard officials, refute the argument. And emails sent by the Alarm Phone group to authorities which are in Solomon’s possession, prove that the passengers of the vessel had sent out an SOS – one that was ignored.

      The first recovered bodies of the people who lost their lives 80 km southwest of Pylos between the 13th and 14th of June are transferred to the cemetery of Schisto. At least 78 dead and hundreds remain missing. 104 people have been rescued so far, while the search for survivors continues.

      But critical questions about possible mishandling by the Hellenic Coast Guard of the tragedy that led to the deadliest shipwreck recorded in recent years in the Mediterranean remain.

      The same goes for the responsibilities of Greece and Europe, whose policies have diverted asylum seekers to the deadly Calabria route, which bypasses Greece (for obvious reasons), while also failing to establish legal and safe routes.
      “Denied assistance“

      In the briefings and timeline of the events leading up to the tragedy, the HCG attributes the failure to rescue the migrants before the sinking of the fishing boat to their repeated “refusal to receive assistance” in their communications with the vessel.

      The HCG had been aware of the vessel since the early morning hours of Tuesday, 13/6, and was, according to its own log, in contact with the vessel from as early as 14:00 local time. But no rescue action was undertaken, because “the trawler did not request any assistance from the Coast Guard or Greece,” the HCG reported.

      The same argument is repeated at 18:00: “Repeatedly the fishing boat was asked by the merchant ship if it required additional assistance, was in danger or wanted anything else from Greece. They replied, “we want nothing more than to continue to Italy”.

      But does this absolve the Coast Guard of responsibility?

      International law experts as well as former and active members of the Coast Guard question the legal and humanitarian basis of this argument, even if there was indeed a “refusal of assistance”. And they point out to Solomon that the rescue operation should have begun immediately upon detection of the fishing vessel. For the following reasons, among others:

      - The vessel was obviously overloaded and unseaworthy, with the lives of the peopled on board, who did not even have life-saving equipment, being in constant danger.

      – Accepting a denial of rescue or other intervention by the HCG could make sense only if the vessel carried a state flag, had proper documents, had a proper captain and was safe. None of these applies in the case of the sunk trawler.

      - Coast Guard officials had to objectively assess the situation and take the necessary actions regardless of how the passengers of the trawler – or, to be precise, whoever the Coast Guard was in contact with- themselves assessed their own situation.

      - The fishing vessel was undoubtedly in a state of distress that mandated its rescue at the latest from the moment the Coast Guard received, through Alarm Phone, an SOS message, which was transmitted to the group by the passengers. This SOS call is not mentioned anywhere in the Coast Guard’s communications.

      Proof the Coast Guard knew of the danger

      In its own chronology of events, Watch the Med-Alarm Phone says it contacted the authorities at 17:53 local GR time.

      The email to the competent authorities, which is available to Solomon, indicates the coordinates where the overloaded vessel was located. It states that there are 750 people on board, including many women and children, and includes a telephone number for contacting the passengers themselves.

      “They are urgently asking for help,” the email reads.

      From this message, it follows also that FRONTEX, the HQ of the Greek Police and the Ministry of Citizen Protection, as well as the Coast Guard in Kalamata, were also informed.

      The message was also communicated to the UNCHR in Greece and Turkey, to NATO, as well as to Greece’s Ombudsman.

      Listen to the interview given to Solomon by Maro, an Alarm Phone member:

      https://www.youtube.com/watch?v=bV4SptggF2U&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwearesolomon.com%2F

      Solomon contacted the Hellenic Coast Guard, asking detailed questions: why was there no rescue operation after the migrants’ distress signal via Alarm Phone? Does a refusal to rescue exculpate the HCG? Why was the vessel (for security and identification purposes) not even checked, given it was not flying a flag? Why was the operation launched only after the vessel sank?

      A spokesman for the HCG did not answer the specific questions but instead referred to the Coast Guard’s press release.

      Solomon also contacted UNHCR, which confirmed receipt of the email.

      “Our Office was indeed notified yesterday (ed. note: 13/06) afternoon in correspondence received from Watch The Med – Alarm Phone, which referred to a vessel in distress southwest of the Peloponnese with a large number of passengers. We immediately informed the competent Greek authorities requesting urgent information about the coordination of a search and rescue operation to bring the people to safety”.

      “Please be informed that Frontex has immediately relayed the message to the Greek authorities,” Frontex responded to Alarm Phone’s message, in an email seen by Solomon.

      “Duty of rescue, not stand by and watch”

      The Coast Guard had to treat the incident as a vessel in distress from the very first moment and take all measures to rescue the people, explains Nora Markard, Professor of International Public Law and International Human Rights at the University of Münster.

      “As soon as the distress call was received via Alarm Phone, there was clearly distress. But when a ship is so evidently overloaded, it is in distress as soon as it leaves port, because it is unseaworthy. Even if the ship is still moving. And when there is distress, there is a duty to rescue, not to stand by and watch.

      International law defines distress as a situation where there is a reasonable certainty that a vessel or a person is threatened by grave and imminent danger and requires immediate assistance.

      “That requires an objective assessment. If a captain completely misjudges the situation and says the ship is fine, the ship is still in distress if the passengers are in grave danger by the condition of the ship,” Dr. Markard explains.

      International law unambiguously states that, on receiving information ‘from any source’ that persons are in distress at sea, the master of a ship that is in a position to render assistance must ‘proceed with all speed to their assistance’.

      In this particular case, the fishing vessel was not flying a flag, so the incident does not even fall under the category of respect for the sovereignty of the flag state.

      “When a ship doesn’t fly a flag at all, as it appears to be the case here, the law of the sea gives other states a right to visit the ship. This includes the right to board the ship to check it out,” says Markard.

      Apart from the distress call itself, the Hellenic Coast Guard, therefore, had the additional authority to examine the situation.

      “All ships and authorities alerted of the distress have an obligation to rescue, even if the ship in distress is not in their territorial waters but at high sea. Search and rescue zones often include waters that belong to the high sea,” explains Markard.

      “If the distress occurs in a state’s search and rescue zone, that state also has an obligation to coordinate the rescue. For example, it can requisition merchant ships to render assistance.”
      Coast Guard officer: “This was the definition of a vessel in distress”

      A former senior officer of the Greek Coast Guard with vast relevant experience seconds this and raises additional questions.

      Speaking to Solomon on condition of anonymity, he explained that the vessel was manifestly unseaworthy and the people on board in danger. Even a refusal to accept assistance was not a reason to leave it to its fate.

      The same official also points out there were delays in the response of the HCG (“valuable time was lost”) and an inadequate force of assets. He confirmed that refusal of assistance would only make sense in the case of a legal, documented, seaworthy and flagged vessel. “This was the definition of a vessel in distress”.

      Similar statements regarding the claims of the Greek Coast Guard were made by retired admiral of the Coast Guard and international expert, Nikos Spanos, to Greece’s public broadcaster ERT:

      “It’s like saying I can just watch you drown and do nothing. We don’t ask the crew on a boat in distress if they need help. They absolutely need help, from the moment the boat is adrift.”

      https://wearesolomon.com/mag/focus-area/migration/they-are-urgently-asking-for-help-the-sos-that-was-ignored

    • Chi c’era a bordo della barca naufragata al largo della Grecia

      Moshin Shazad, 32 anni, era un uomo con l’espressione seria, due figli piccoli, la moglie e la madre da mantenere. Per questo aveva deciso di partire da Lalamusa, una città nel Punjab, in Pakistan. Non riusciva a trovare un lavoro stabile e le bocche da sfamare erano diventate troppe, dopo la nascita del secondo figlio. Voleva raggiungere il cugino, Waheed Ali, che dal 2019 vive in Norvegia.

      È partito con altri quattro ragazzi, quattro amici, tra cui Abdul Khaliq e Sami Ullah. Ha telefonato al cugino poco dopo essere salito sul peschereccio stracarico che è partito da Tobruk, in Libia, ed è naufragato il 14 giugno, a 47 miglia da Pylos, in Grecia. “Diceva che sarebbe arrivato in Italia”, racconta Waheed Ali, che ora sta cercando il cugino tra i 108 sopravvissuti, di cui molti sono stati sistemati in un magazzino abbandonato di Kalamata, in Grecia, mentre una trentina sono stati trasferiti in ospedale. Molti erano in ipotermia. Ma Shazad potrebbe anche essere tra i dispersi.

      Shawq Muhammad al Ghazali, 22 anni, era uno studente originario di Daraa, in Siria, ed era rifugiato in Giordania, dove al momento vivono la sua famiglia e suo zio Ibhraim al Ghazali. Il ragazzo era partito da Amman per la Libia, e da lì, da Tobruk, si era imbarcato per raggiungere l’Europa. “Non ho sue notizie dall’8 giugno, il giorno della partenza dalla Libia”, dice lo zio. Secondo molti familiari, le autorità greche non stanno aiutando le famiglie ad avere notizie dei parenti o a capire se sono tra i vivi o tra i dispersi.

      I superstiti sono per lo più siriani (47) ed egiziani (43), poi ci sono dodici pachistani e due palestinesi, secondo le autorità greche. Tutti uomini. “Non riesco a sapere se è sopravvissuto, sono io che sto dando notizie alla famiglia in Pakistan, ma sono disperato, non riesco a capire e a sapere nulla. Del naufragio ho saputo dalla televisione”, afferma Waheed Ali.

      L’imbarcazione su cui viaggiavano Moshin Shazad e gli altri era partita da Tobruk l’8 giugno, era diretta in Italia, lungo una rotta da cui sono arrivati nel 2023 la metà dei migranti partiti dalla Libia.

      “Secondo le prime testimonianze sarebbe corretta la stima di 700-750 persone a bordo, tra cui almeno quaranta bambini, che probabilmente erano nella stiva. Se questi numeri fossero confermati, si tratterebbe del secondo naufragio più grave avvenuto nel Mediterraneo dopo quello dell’aprile 2015”, racconta Flavio Di Giacomo, dell’Organizzazione internazionale per le migrazioni (Oim). Settantotto corpi sono stati recuperati finora in mare al largo della penisola del Peloponneso. Ma l’Oim ha affermato di “temere che altre centinaia di persone” siano annegate. Il portavoce della guardia costiera greca Nikos Alexiou ha detto che l’imbarcazione è naufragata, dopo che le persone si sono spostate bruscamente su un lato. L’imbarcazione è affondata in quindici minuti.

      Frontex li aveva avvistati
      Secondo le autorità greche, un aereo di sorveglianza dell’agenzia europea Frontex aveva avvistato la barca il 13 giugno. In un comunicato Frontex ha confermato di avere visto l’imbarcazione in mattinata, alle 9.47 del giorno precedente al naufragio e di averlo comunicato alle autorità preposte al soccorso, cioè alla guardia costiera greca. Anche la guardia costiera italiana e due mercantili avevano segnalato alle autorità greche l’imbarcazione in difficoltà. Ma secondo la guardia costiera greca, i passeggeri dell’imbarcazione “hanno rifiutato qualsiasi aiuto”, perché i migranti si stavano dirigendo verso l’Italia.

      “Nel pomeriggio, una nave mercantile si è avvicinata alla barca e le ha fornito cibo e rifornimenti, mentre i (passeggeri) hanno rifiutato ogni ulteriore assistenza”, ha detto la guardia costiera greca in un comunicato. Una seconda nave mercantile in seguito ha offerto più rifornimenti e assistenza. Ma anche questa volta sono stati rifiutati, secondo i greci.

      In serata, una motovedetta della guardia costiera ha raggiunto la nave “e ha confermato la presenza di un gran numero di migranti sul ponte”, è scritto nel comunicato delle autorità greche. “Ma hanno rifiutato qualsiasi assistenza e hanno detto che volevano continuare in Italia”. Tuttavia le leggi internazionali sul soccorso in mare avrebbero imposto in ogni caso ai greci di intervenire per le condizioni in cui l’imbarcazione stava navigando. Diverse testimonianze contestano la versione delle autorità greche.

      Il motore della barca si è rotto poco prima delle 23 (gmt) del 13 giugno, da quel momento la barca è andata alla deriva. I naufraghi hanno chiesto aiuto, telefonando alla rete di volontari Alarmphone, già dal 13 giugno, dicendo di avere contattato anche “la polizia”. L’attivista Nawal Soufi, che vive in Italia, ha raccontato che i migranti con cui era in contatto telefonico le hanno detto che alcune imbarcazioni si sono avvicinate, distribuendo delle bottigliette di acqua.

      “Il 13 giugno 2023, nelle prime ore del mattino, i migranti a bordo di una barca carica di 750 persone mi hanno contattata comunicandomi la loro difficile situazione. Dopo cinque giorni di viaggio, l’acqua era finita, il conducente dell’imbarcazione li aveva abbandonati in mare aperto e c’erano anche sei cadaveri a bordo. Non sapevano esattamente dove si trovassero, ma grazie alla posizione istantanea del telefono Turaya (telefono satellitare, ndr), ho potuto ottenere la loro posizione esatta e ho allertato le autorità competenti”, scrive Soufi, condividendo la sua ricostruzione su Facebook.

      “La situazione si è complicata quando una nave si è avvicinata all’imbarcazione, legandola con delle corde su due punti della barca e iniziando a buttare bottiglie d’acqua. I migranti si sono sentiti in forte pericolo, poiché temevano che le corde potessero far capovolgere la barca e che le risse a bordo per ottenere l’acqua potessero causare il naufragio. Per questo motivo, si sono leggermente allontanati dalla nave per evitare un naufragio sicuro”, continua l’attivista nel suo post.

      “Durante la notte, la situazione a bordo dell’imbarcazione è diventata ancora più drammatica. Io sono rimasta in contatto con loro fino alle 23 ore greche, cercando di rassicurarli e di aiutarli a trovare una soluzione”. Fino all’ultima chiamata in cui “l’uomo con cui parlavo mi ha espressamente detto: ‘Sento che questa sarà la nostra ultima notte in vita’”, conclude. Il parlamentare greco Kriton Arsenis, che ha parlato con i sopravvissuti a Kalamata, ha confermato la versione dell’attivista Soufi e ha dichiarato che l’imbarcazione si è ribaltata dopo essere stata trainata con delle corde dai greci. Secondo Arsenis, i greci volevano spingere l’imbarcazione di migranti nelle acque di ricerca e soccorso italiane.

      https://www.internazionale.it/notizie/annalisa-camilli/2023/06/15/naufragio-grecia
      #Frontex

    • Grecia, strage di Pylos. «Nessuna pace per gli assassini»

      Mentre il mare inghiotte i corpi e lo Stato rinchiude i sopravvissuti si riempiono le strade delle città greche

      Da tempo, definiamo la politica migratoria europea “necropolitica”, ovvero – seguendo Achille Mbembe – una politica che crea le condizioni strutturali per produrre la morte di un gruppo di persone.

      Un’architettura di morte, che vediamo ogni giorno nel regime europeo del confine, sempre più legale, sofisticata, diffusa. Ci accorgiamo ora che ci hanno tolto anche la morte, nel senso che personalmente e collettivamente – noi “vivi” – le diamo, facendo esperienza di quella degli altri, vicini e lontani. Ci hanno tolto anche la morte perché hanno tolto il lutto a chi ha perso una persona cara, la possibilità di piangere un corpo morto, la possibilità di conoscerne il nome, di sapere chi, dove, quando, quanti.

      Probabilmente non sapremo mai quante persone sono affogate nella strage avvenuta tra martedì 13 e mercoledì 14 giugno ad 80 chilometri al largo del porto di Pylos. Gli stessi migranti, al telefono con l’attivista Nawal Soufi, parlavano di 750 persone a bordo, di cui molti bambini. La Guardia costiera ellenica dice 646. Le foto e le informazioni disponibili fino ad ora confermano quest’ordine di grandezza, ma le cifre sono destinate a rimanere indicative. Il naufragio è avvenuto nella zona con il mare più profondo di tutto il Mediterraneo: circa 60 km a sud-ovest di Pylos si trova la Fossa di Calipso, una depressione che supera i 5.000 metri di profondità. Gli esperti dicono che il recupero dei corpi sarà quindi particolarmente difficoltoso, il mare li inghiottirà per sempre. Ad oggi, sono solo 104 i superstiti, difficilmente questo numero aumenterà.

      Oltre la produzione della morte si situa forse l’annullamento, l’annientamento della persona (della vita). Sono parole che, chiaramente, richiamano il nazismo. Non sapere chi, non sapere quanti, non poter riavere i corpi – massivamente e sistematicamente – è qualcosa che, credo, si avvicina all’annientamento.

      I dettagli che iniziano a trapelare dipingono un quadro dei fatti che non solo seppellisce ogni retorica della “tragica fatalità”, ma svela le responsabilità dirette della HCG (Hellenic Coast Guard) nel causare il “capovolgimento” della barca. Come ricostruito dall’attivista Iasonas Apostolopoulos, sulla base delle dichiarazioni del parlamentare Kriton Arsenis, che ha potuto parlare con i sopravvissuti a Kalamata, la HCG avrebbe legato il peschereccio con delle corde e provato a trascinarlo. Sarebbe stato proprio questo tentativo di rimorchio a far ribaltare la barca. Queste ricostruzioni si allineano con i primi racconti di Nawal Soufi.

      https://twitter.com/ABoatReport/status/1669301668259741696/history

      Evidentemente, la differenza – se esiste – tra uccidere e lasciar morire sfuma: non è “solo” indifferenza complice, non è “semplicemente” girarsi dall’altra parte. L’omissione di soccorso è la punta dell’iceberg di un sistema complesso – quello dei confini europei – progettato per annientare la vita. Sistema di cui la guardia costiera è solo un tassello. Non è l’Europa che finge di non vedere, è l’Europa che, strutturalmente, con delle politiche precise e radicate nel tempo, produce morte.

      La versione ufficiale della HCG descrive invece il capovolgimento come frutto di una maldestra manovra – in mare piatto – del peschereccio stesso. Dall’altra parte, puntano tutto sulla colpevolizzazione delle vittime: “Ripetevano costantemente di voler salpare per l’Italia e di non volere alcun aiuto dalla Grecia”, si ribadisce ossessivamente nel comunicato. Ma è assodato che questo improbabile “non volevano essere aiutati”, secondo il diritto del mare, non giustifica il mancato soccorso, come chiarito dall’ordine degli avvocati di Kalamata – che si è offerto di supportare gratuitamente i sopravvissuti. Così come è assodato che la HCG sapeva tutto dalla mattina di martedì 13 giugno, alla luce dell’avvistamento da parte del velivolo di Frontex e degli SOS diffusi da Alarm Phone – pubblicati da wearesolomon – e inoltrati anche ad UNCHR, NATO, e al difensore civico greco.

      Ma non lasciamo non detti: probabilmente l’HCG voleva trascinare il peschereccio in zona SAR maltese o italiana. Questa volontà è stata più forte di quella di salvare 750 vite umane in evidente pericolo. Forse anche per questo, ai giornalisti è stato impedito di parlare con i sopravvissuti. Dopo delle pressioni, è stato permesso solo ai parlamentari.

      Come da copione, nove di loro, egiziani, sono stati arrestati accusati di traffico di esseri umani ed omicidio 1, mentre la maggior parte (71 persone) è stata trasferita nel campo di Malakasa 2, nel “centro di accoglienza e identificazione”: una struttura chiusa, controllata, isolata, priva di supporto psicologico e assistenza medica adeguata. Sono siriani, egiziani, pakistani e palestinesi. Non devono poter raccontare, devono capire che non c’è pietà, che nulla gli sarà concesso.

      Nel porto di Kalamata, sembra di rivivere i giorni di Cutro: arrivano i familiari da tutta Europa e non solo. Alcuni trovano i propri cari, molti non li troveranno. Nessun aiuto da parte dello Stato, nessuna informazione, dicono. Non c’è pace per i vivi, non c’è pace per i morti. Finora sono stati recuperati ed identificati 78 corpi, saranno trasportati con dei camion frigorifero al cimitero di Schisto.

      Intanto, si riempiono le strade della Grecia. Dal porto di Pylos ad Atene, Salonicco, Patrasso, Karditsa, Kalamata, migliaia di persone si sono messe in marcia. Ad Atene, giovedì sera, una marea umana si è scontrata con i soliti gangster in divisa.

      La risposta dello Stato è sempre la stessa, anche con i solidali. Sono piazze commosse ma piene di rabbia. Una rabbia degna. Puntano chiaramente il dito verso gli assassini: non solo la guardia costiera, ma lo Stato greco, l’Unione Europea, Frontex, questo sistema coloniale e razzista.

      Domenica 18 giugno nel pomeriggio un altro corteo, chiamato dalla Open Assembly Against Pushbacks and Border Violence, si muoverà dal Pireo verso gli uffici di Frontex: l’agenzia europea non potrà giocare la parte dei “buoni” che avevano segnalato per tempo la barca in pericolo.

      Dalle strade, si leva una promessa: non dimentichiamo, non perdoniamo.

    • Did migrants reject help before deadly Greek wreck, or beg for it? Coast guard, activists disagree

      This undated handout image provided by Greece’s coast guard on Wednesday, June14, 2023, shows scores of people covering practically every free stretch of deck on a battered fishing boat that later capsized and sank off southern Greece. A fishing boat carrying migrants trying to reach Europe capsized and sank off Greece on Wednesday, authorities said, leaving at least 79 dead and many more missing in one of the worst disasters of its kind this year.(Hellenic Coast Guard via AP)
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      This undated handout image provided by Greece’s coast guard on Wednesday, June14, 2023, shows scores of people covering practically every free stretch of deck on a battered fishing boat that later capsized and sank off southern Greece. A fishing boat carrying migrants trying to reach Europe capsized and sank off Greece on Wednesday, authorities said, leaving at least 79 dead and many more missing in one of the worst disasters of its kind this year.(Hellenic Coast Guard via AP)

      This much is clear: On June 9, an old steel fishing trawler left eastern Libya for Italy, carrying far too many people.

      As many as 750 men, women and children from Syria, Egypt, the Palestinian territories and Pakistan were on board, fleeing hopelessness in their home countries and trying to reach relatives in Europe.

      Five days later, the trawler sank off the coast of Greece in one of the deepest parts of the Mediterranean Sea. Only 104 people, all men, survived. The remains of 78 people were recovered.

      There are still more questions than answers about what led up to one of the worst shipwrecks in recent Mediterranean history.

      Activists, migration experts and opposition politicians have criticized Greek authorities for not acting earlier to rescue the migrants, even though a coast guard vessel escorted the trawler for hours and watched helplessly as it sank.

      Below is a timeline of events based on reports from Greek authorities, a commercial ship, and activists who said they were in touch with passengers. They describe sequences of events that at times converge, but also differ in key ways.

      The Greek Coast Guard said that the overcrowded trawler was moving steadily toward Italy, refusing almost all assistance, until minutes before it sank. This is in part supported by the account of a merchant tanker that was nearby.

      But activists said that people on board were in danger and made repeated pleas for help more than 15 hours before the vessel sank.

      International maritime law and coast guard experts said that conditions on the trawler clearly showed it was at risk, and should have prompted an immediate rescue operation, regardless of what people on board may have said.

      Much of these accounts could not immediately be independently verified.

      Missing from this timeline is the testimony of survivors, who have been transferred to a closed camp and kept away from journalists.

      All times are given in Greece’s time zone.

      FIRST CONTACT

      Around 11 a.m. on Tuesday, Italian authorities informed Greece that a fishing trawler packed with migrants was in international waters southwest of the Peloponnese. Greece said the Italian authorities were alerted by an activist.

      Around the same time, human rights activist Nawal Soufi wrote on social media that she had been contacted by a woman on a boat that had left Libya four days earlier.

      The migrants had run out of water, Soufi wrote, and shared GPS coordinates through a satellite phone showing they were approximately 100 km (62 miles) from Greece.

      “Dramatic situation on board. They need immediate rescue,” she wrote Tuesday morning.

      Over the course of the day, Soufi described some 20 calls with people on the trawler in a series of social media posts and a later audio recording. The Associated Press could not reach Soufi.

      A surveillance aircraft from the European Border and Coast Guard Agency Frontex spotted the overcrowded trawler at 11:47 p.m. and notified Greek authorities, the agency told AP. On Saturday, Frontex told AP its plane had to leave the scene after 10 minutes due to a fuel shortage but that it had also shared with Greece details and photos of the “heavily overcrowded” trawler.

      DIFFERING ACCOUNTS OF CONDITIONS ON BOARD

      At 2 p.m., Greek authorities established contact with someone on the trawler. The vessel “did not request any assistance from the Coast Guard or from Greece,” according to a statement.

      But activists said that people on the boat were already in desperate need by Tuesday afternoon.

      At 3:11 p.m., Soufi wrote, passengers told her that seven people were unconscious.

      Around the same time, Alarm Phone, a network of activists with no connection to Soufi who run a hotline for migrants in need of rescue, said they received a call from a person on the trawler.

      “They say they cannot survive the night, that they are in heavy distress,” Alarm Phone wrote.

      At 3:35 p.m., a Greek Coast Guard helicopter located the trawler. An aerial photo released showed it packed, with people covering almost every inch of the deck.

      From then until 9 p.m., Greek authorities said, they were in contact with people on the trawler via satellite phone, radio, and shouted conversations conducted by merchant vessels and a Coast Guard boat that arrived at night. They added that people on the trawler repeatedly said they wanted to continue to Italy and refused rescue.

      MERCHANT SHIPS BRING SUPPLIES

      At 5:10 p.m., Greek authorities asked a Maltese-flagged tanker called the Lucky Sailor to bring the trawler food and water.

      According to the company that manages the Lucky Sailor, people on the trawler “were very hesitant to receive any assistance,” and shouted that “they want to go to Italy.” Eventually, Eastern Mediterranean Maritime Limited wrote in a statement, the trawler was persuaded to accept supplies.

      Around 6 p.m., a Greek Coast Guard helicopter reported that the trawler was “sailing on a steady course and heading.”

      But at 6:20 p.m., Alarm Phone said that people on board reported that they were not moving, and that the “captain” had abandoned the trawler in a small boat.

      “Please any solution,” someone on board told Alarm Phone.

      The Greek authorities’ account suggested the trawler stopped around that time to receive supplies from the Lucky Sailor.

      At 6:55 p.m., Soufi wrote, migrants on board told her that six people had died and another two were very sick. No other account so far has mentioned deaths prior to the shipwreck, and the AP has not been able to verify this.

      Around 9 p.m., Greek authorities asked a second, Greek-flagged, merchant vessel to deliver water, and allowed the Lucky Sailor to leave.

      Then, at around 10:40 p.m., a Coast Guard boat from Crete reached the trawler, and remained nearby until it sank. According to the Coast Guard, the vessel “discreetly observed” the trawler from a distance. Once again, the Coast Guard said, the trawler did not appear to have any problems and was moving “at a steady course and speed.”

      THE FINAL HOURS

      According to Soufi’s account, attempts to deliver supplies may have contributed to the trawler’s troubles.

      Shortly after 11 p.m., she wrote that the trawler began rocking as its passengers tried to catch water bottles from another vessel. According to people on board, ropes were tied to the ship, destabilizing it and causing a “state of panic,” she said.

      The report from the Lucky Sailor said no lines were tied to the trawler, and supplies were delivered in watertight barrels tied to a rope.

      “Those on board the boat caught the line and pulled,” the company managing the Lucky Sailor told the AP.

      The other merchant vessel did not immediately reply to the AP’s questions.

      A spokesman for the Greek Coast Guard said late Friday that its vessel had briefly attached a light rope to the trawler at around 11 p.m. He stressed that none of the vessels had attempted to tow the trawler.

      Commander Nikos Alexiou told Greek channel Ant1 TV that the Coast Guard wanted to check on the trawler’s condition, but people on board again refused help and untied the rope before continuing course.

      Soufi’s last contact with the trawler was at 11 p.m. She said later in a voice memo that “they never expressed the will to continue sailing to Italy,” or refused assistance from Greece. “They were in danger and needed help.”

      THE WRECK

      According to authorities, the trawler kept moving until 1:40 a.m. Wednesday, when its engine stopped. The Coast Guard vessel then got closer to “determine the problem.”

      A few minutes later, Alarm Phone had a final exchange with people on the trawler. The activists were able to make out only: “Hello my friend … The ship you send is …” before the call cut off.

      At 2:04 a.m., more than 15 hours after Greek authorities first heard of the case, the Coast Guard reported that the trawler began rocking violently from side to side, and then capsized.

      People on deck were thrown into the sea, while others held onto the boat as it flipped. Many others, including women and children, were trapped below deck.

      Fifteen minutes later, the trawler vanished underwater.

      In the darkness of night, 104 people were rescued, and brought to shore on the Mayan Queen IV, a luxury yacht that was sailing in the vicinity of the shipwreck. Greek authorities retrieved 78 bodies. No other people have been found since Wednesday.

      As many as 500 people are missing.

      https://apnews.com/article/migrants-shipwreck-rescue-greece-coast-guard-c160027a00d1ad2f859b97e3e8e7643

    • Après le naufrage, des survivants dénoncent les gardes-côtes grecs et Frontex

      La version officielle grecque sur l’un des pires naufrages en Méditerranée est mise à mal par les témoignages de survivants. Le rôle de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures, est également pointé du doigt. Une enquête a été ouverte.

      Plus de quatre jours après le naufrage d’un bateau de pêche en provenance de Libye, où s’étaient embarquées jusqu’à 750 personnes – notamment des ressortissantes et ressortissants égyptiens, syriens et pakistanais –, l’espoir est mince de retrouver des survivant·es au large des côtes sud de la Grèce.

      Les questions sont nombreuses en particulier sur l’action des gardes-côtes grecs, accusés par certains témoignages d’avoir provoqué l’accident. La Cour suprême grecque a ordonné une enquête sur les circonstances du drame, l’un des pires naufrages en Méditerranée avec des centaines de morts. Pour l’heure, 104 personnes ont été rescapées et 78 corps récupérés.

      Jeudi après-midi, Kriton Arsenis, ancien eurodéputé, a rencontré des survivants dans le port de Kalamata, sur la péninsule du Péloponnèse, en tant que membre de la délégation de Mera25, le parti de Yánis Varoufákis. « Les réfugiés nous ont dit que l’embarcation a chaviré pendant qu’elle était tirée par le bateau des gardes-côtes », a-t-il raconté.

      « Les survivants nous disent que le bateau a basculé alors qu’il faisait l’objet d’une manœuvre où il était tiré par les gardes-côtes helléniques, a déclaré de son côté Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut Commissariat aux réfugiés pour la Méditerranée occidentale et centrale. Ils nous disent qu’il était tiré non pas vers les côtes grecques, mais en dehors de la zone de secours en mer grecque. »

      Ces témoignages vont à l’encontre de la version officielle, qui, jusqu’à vendredi, expliquait que les gardes-côtes n’étaient pas intervenus.

      La Grèce est régulièrement accusée de refouler des migrant·es en mer, provoquant la crainte, derrière une aide supposée, d’être en réalité éloigné·es du territoire – une pratique illégale au regard du droit international maritime et de la Convention de Genève, qui doivent permettre à toute personne en situation de détresse d’être secourue et acheminée vers un port dit « sûr » et de pouvoir, si elle le souhaite, déposer une demande d’asile dans le pays qu’elle tentait de rallier.

      En mai dernier, des révélations du New York Times ont mis en lumière cette pratique, grâce à une vidéo d’un « push-back » prise sur le fait. Mediapart avait documenté un cas semblable en 2022, qui avait provoqué la mort de deux demandeurs d’asile.
      Le patron de Frontex sur place

      Le rôle de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures, est également mis en question, car selon les autorités portuaires grecques, un avion de surveillance de Frontex avait repéré le bateau mardi après-midi mais les secours ne sont pas intervenus car les passagers ont « refusé toute aide ». Son patron Hans Leijtens s’est rendu à Kalamata pour établir les faits et « mieux comprendre ce qui s’est passé car Frontex a joué un rôle » dans ce naufrage « horrible ».

      « On ne demande pas aux personnes à bord d’un bateau à la dérive s’ils veulent de l’aide […], il aurait fallu une aide immédiate », a affirmé pour sa part à la télévision grecque ERT Nikos Spanos, expert international des incidents maritimes. D’après Alexis Tsipras, le chef de l’opposition grecque de gauche, qui s’est entretenu avec des rescapés, « il y a eu un appel à l’aide ».

      Le HCR et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), deux agences des Nations unies, se sont félicités des enquêtes « qui ont été ordonnées en Grèce sur les circonstances qui ont conduit au chavirement du bateau et à la perte de tant de vies », tout en rappelant que « le devoir de secourir sans délai les personnes en détresse en mer est une règle fondamentale du droit maritime international ».

      Le HCR et l’OIM ont rappelé vendredi que depuis le début de l’année, au moins 72 778 migrants sont arrivés en Europe (dont 54 205 en Italie), par les routes migratoires en Méditerranée orientale, centrale, et occidentale ou par le nord-ouest de l’Afrique. Dans le même temps, au moins 1 037 migrants sont morts ou portés disparus.

      Neuf Égyptiens ont été arrêtés dans le port de Kalamata. Ils sont âgés de 20 à 40 ans et soupçonnés de « trafic illégal » d’êtres humains. Parmi les suspects, qui devraient comparaître lundi devant le juge d’instruction, figure le capitaine de l’embarcation qui a chaviré, d’après une source portuaire à l’AFP.

      Areti Glezou, travailleuse sociale au sein de l’ONG grecque Thalpo était en première ligne aux côtés des rescapés. Manifestement choquée, elle se souviendra longtemps de certains détails à glacer le sang. « Un homme me racontait qu’il a nagé pendant deux heures au côté de corps d’enfants avant d’être secouru. » Elle s’arrête, reprend son souffle et, les larmes aux yeux, elle poursuit : « Oui, ça, ils me l’ont tous dit, les cales étaient remplies de femmes et d’enfants. » Aucun n’aura été retrouvé vivant.

      Plus de 120 Syriens se trouvaient à bord et un grand nombre d’entre eux sont portés disparus, ont indiqué vendredi à l’AFP des membres de leurs familles et des militants locaux. La plupart sont originaires de la province instable de Deraa dans le sud du pays. Berceau du soulèvement antirégime déclenché en 2011, elle est revenue sous le contrôle des forces gouvernementales en juillet 2018. Plusieurs d’entre eux ont gagné la Libye, d’où était parti le bateau, en transitant par des pays voisins comme le Liban, la Jordanie ou encore l’Arabie saoudite.

      Vendredi matin, on a cependant vu des larmes de joie sur le port de Kalamata. Des deux côtés des barrières qui entourent le hangar où logent les rescapés, deux frères se sont aperçus. Fardi a retrouvé Mohamed vivant. Le grand a retrouvé le petit. Autour d’eux les sourires fleurissent sur les visages. Pour quelques brefs instants, journalistes, humanitaires et hommes en uniformes redeviennent d’abord des êtres humains. Comme un rayon de lumière qui illumine soudain un océan de tristesse.

      Une demi-heure plus tard, des bus viennent chercher les rescapés pour les emmener au camp de Malakasa dans la région d’Athènes. Le hangar est désormais vide.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/170623/apres-le-naufrage-des-survivants-denoncent-les-gardes-cotes-grecs-et-front

    • Naufrage de migrants en Méditerranée : ce que l’on sait sur les responsabilités des garde-côtes grecs

      Depuis le naufrage dramatique qui a fait 78 morts et possiblement plusieurs centaines d’autres mercredi 14 juin, les critiques ciblent l’absence d’intervention préalable des gardes-côtes grecs. Ces derniers rejettent la faute sur les passagers du navire.

      Le naufrage d’un bateau de migrants mercredi 14 juin avec des centaines de personnes à bord, au large de la Grèce, a soulevé de nombreuses questions sur les responsabilités des autorités. Voici ce que l’on sait depuis que ce chalutier vétuste a chaviré et coulé dans les eaux internationales, faisant au moins 78 morts.
      L’opération de sauvetage

      Les garde-côtes grecs ont affirmé mercredi matin « avoir été prévenus mardi par les autorités italiennes concernant un bateau avec à bord un grand nombre d’étrangers ». Des patrouilleurs grecs ont été mobilisés pour le repérer. « C’est un appareil aérien de Frontex [la décriée agence européenne de gardes-frontières, ndlr] qui a le premier repéré le bateau mardi après-midi, puis deux bateaux qui naviguaient dans la zone », selon les garde-côtes.

      Nawal Soufi, une bénévole travaillant pour la ligne téléphonique d’assistance à des migrants en danger Alarm Phone, assure sur son compte Facebook avoir reçu un SOS d’un bateau avec 750 personnes à bord en provenance de Libye.

      A 22 h 40 mardi, le chalutier notifie une panne du moteur. Le patrouilleur à proximité « a immédiatement tenté d’approcher le chalutier pour déterminer le problème », ont noté les garde-côtes. Vingt-quatre minutes plus tard, le patron du patrouilleur a annoncé par radio que le bateau avait chaviré. Il a coulé en quinze minutes.
      La défausse grecque contre les migrants

      Selon les garde-côtes grecs, « il n’y a pas eu de demande d’aide » des personnes à bord du bateau de pêche. « Après de nombreux appels du centre opérationnel des garde-côtes grecs pour les secourir, la réponse du bateau de pêche a été négative », selon le communiqué. « La salle des opérations […] a été en contact répété avec le bateau de pêche. Ils ont constamment répété qu’ils souhaitaient naviguer vers l’Italie », selon la même source.

      Le porte-parole du gouvernement a également expliqué vendredi que « les garde-côtes se sont rapprochés du bateau, ils ont jeté une corde pour le stabiliser, mais les migrants ont refusé l’aide ». « Ils disaient ‘‘No help, Go Italy’’ [’’Pas d’aide, on va en Italie’’, ndlr] », a-t-il ajouté.

      Pour sa part, le porte-parole de la police portuaire Nikolaos Alexiou a souligné qu’on ne pouvait « pas remorquer un bateau avec un si grand nombre de gens à bord par la force, il faut qu’ils coopèrent ».

      Selon un réfugié syrien en Allemagne, Reber Hebun, arrivé en Grèce pour retrouver son frère de 24 ans, survivant du naufrage, « les garde-côtes grecs n’ont rien fait pour les aider au début alors qu’ils étaient près d’eux », a-t-il dit après avoir parlé avec son frère. « Un bateau commercial a donné de l’eau et de la nourriture et tout le monde s’est précipité, le bateau a été déstabilisé à ce moment », selon lui.
      Les critiques envers les garde-côtes grecs

      Des experts et des ONG ont mis en cause les garde-côtes grecs qui auraient dû intervenir quoi qu’il arrive, selon eux. Pour Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) pour la Méditerranée centrale et occidentale, « l’argument grec selon lequel les personnes ne voulaient pas être secourues pour poursuivre leur route vers l’Italie ne tient pas ». « C’est aux autorités grecques qu’il incombait de procéder ou, au moins, de coordonner une opération de sauvetage, en utilisant soit leurs propres navires de sauvetage soit en faisant appel à tout autre bateau sur zone, y compris à des navires marchands », a-t-il jugé. « Selon le droit maritime international, les autorités grecques auraient dû coordonner plus tôt cette opération de sauvetage, dès lors que Frontex avait repéré ce bateau en détresse », a-t-il poursuivi.

      « On ne demande pas aux personnes à bord d’un bateau à la dérive s’ils veulent de l’aide […] il aurait fallu une aide immédiate », a critiqué pour sa part Nikos Spanos, expert international des incidents maritimes.

      Hans Leijtens, le patron de Frontex, s’est rendu jeudi à Kalamata pour chercher à « mieux comprendre ce qui s’est passé car Frontex a joué un rôle » dans cet « horrible » naufrage.

      Vendredi, l’ONU a demandé des investigations rapides et des mesures « urgentes et décisives » pour éviter de nouveaux drames. « Il doit avoir une enquête approfondie sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette tragédie. Et j’espère que nous pourrons trouver des réponses et apprendre de l’expérience », a souligné Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
      Des centaines de personnes à bord

      78 corps ont jusqu’ici été retrouvés en mer au large des côtes de la péninsule du Péloponnèse, selon les garde-côtes grecs, et 104 personnes ont pu être secourues à temps. Mais le bilan serait en réalité bien plus lourd. Le porte-parole du gouvernement grec, Ilias Siakantaris, avait assuré mercredi que des informations non confirmées faisaient état de 750 personnes à bord du chalutier. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) « redoute que des centaines de personnes supplémentaires » se soient noyées « dans l’une des tragédies les plus dévastatrices en Méditerranée en une décennie ».

      Parmi les personnes qui se trouvaient à bord, figuraient notamment plus 120 Syriens, et un grand nombre d’entre eux sont portés disparus, ont déploré vendredi des membres de leurs familles et des militants locaux. La plupart de ces migrants sont originaires de la province instable de Deraa dans le sud de la Syrie. Plusieurs d’entre eux ont gagné la Libye, d’où était parti le bateau, en transitant par des pays voisins comme le Liban, la Jordanie ou encore l’Arabie Saoudite, selon les mêmes sources.

      Les recherches se poursuivent mais les espoirs de retrouver des survivants s’amenuisent, trois jours après le drame. De nombreuses femmes et enfants auraient voyagé dans la cale du navire, qui a sombré dans une zone de la Méditerranée de plusieurs milliers de mètres de profondeur, la fosse Calypso.

      Par ailleurs, 9 personnes de nationalité égyptienne soupçonnées d’être des passeurs ont été arrêtées à la suite du drame.

      https://www.liberation.fr/international/europe/naufrage-de-migrants-en-mediterranee-ce-que-lon-sait-sur-les-responsabili

    • Message de Vicky Skoumbi envoyé sur la mailing-list de Migreurop, le 18 juin 2023 :

      une vidéo glaçante avec un #témoignage de survivants qui fait état de la #responsabilité criminelle des #garde-côtes_grecs, avec la traduction d’un post d’Iasonas Apostolopoulos

      https://www.facebook.com/519820384/videos/5877893008981441

      « Les garde-côtes grecs se sont approchés de nous et nous ont lancé une corde bleue. Ils ont commencé à nous remorquer. La façon dont ils nous tiraient n’était pas correcte. Nous criions. Le navire a alors commencé à prendre de la gîte sur la gauche, les garde-côtes se sont tournés vers le côté opposé et notre navire a commencé à prendre de la gîte sur le côté et à couler.

      Nous essayions de grimper sur le bateau, nous voulions survivre.

      Les garde-côtes ont détaché la corde. Nous criions à l’aide. Ils ont fait tourner leur navire, créant une grosse vague, et notre bateau a complètement chaviré. Les personnes qui se trouvaient sur le côté du bateau se sont retrouvées en dessous. Nous pouvions entendre les gens dans la cale frapper sur la tôle en fer.

      Le bateau a complètement coulé ».

      –—

      Le journaliste Fallah Elias de la chaîne allemande WDR a partagé sur Twitter le témoignage absolument choquant et horrifiant d’un naufragé secouru.

      https://twitter.com/falahelias/status/1670127871170322432

      Dans la vidéo, d’autres survivants pakistanais confirment que les garde-côtes grecs ont fait couler le bateau en le remorquant.

      Ni une, ni deux, ni trois, de nombreux témoignages désignent le gouvernement grec et les garde-côtes comme les seuls responsables du naufrage et de la noyade de centaines de personnes à Pylos. Au lieu de les secourir, ils ont tiré le bateau avec une corde jusqu’à ce qu’il chavire. Probablement pour les faire sortir de la zone de sauvetage grecque.

      Selon certaines informations, une centaine d’enfants figureraient parmi les morts.

      Si tout cela est vrai, il s’agit du plus grand homicide de l’histoire de l’Europe d’après-guerre.

      NE LAISSONS PAS L’AFFAIRE ÊTRE ÉTOUFFÉE !

      https://twitter.com/falahelias/status/1670127871170322432?s=46&t=0dqDdxigZeccg_TvNxhfAA

    • Möglicherweise waren Push-Backs der Küstenwache Schuld am Bootsunglück in Griechenland

      Es gibt Vorwürfe, dass das Boot mit Geflüchteten vor Griechenland wegen Push-Backs der griechischen Küstenwache gesunken ist. WDR-Journalist Bamdad Esmaili berichtet im Interview, was Überlebende des Unglücks erzählen.

      Nach dem Bootsunglück vor Griechenland mit hunderten Toten gibt es schwere Vorwürfe gegen die griechische Küstenwache, das Unglück verursacht zu haben. Die Rede ist von so genannten Push-Backs. Darunter versteht man Maßnahmen, mit denen flüchtende Menschen daran gehindert werden, die Grenze zu übertreten und einen Asylantrag zu stellen. In der EU-Grundrechte-Charta wird das Recht auf Asyl gemäß der Genfer Flüchtlingskonvention allerdings garantiert.

      Die Küstenwache weist den Vorwurf von Push-Backs zurück - jetzt soll die europäische Polizeibehörde Europol ermitteln. WDR-Journalist Bamdad Esmaili ist in Griechenland und hat mit seinem Team mit Überlebenden sprechen können.

      WDR: Es gibt Vorwürfe gegen die griechische Küstenwache. Worum geht es da?

      Bamdad Esmaili: Es geht darum, dass es Vorwürfe gibt, dass die griechische Küstenwache dieses Boot in die Richtung von italienischem Gewässer gezogen hat - dass sie es sozusagen gepushbackt hat. Diesen Vorwurf hatten wir bislang nur gehört, gestern Abend gelang es meinem Kollegen, der arabisch spricht, dann mit ungefähr zehn überlebenden Geflüchteten zu sprechen. Sie haben unabhängig voneinander berichtet, dass dieses Boot tatsächlich gezogen wurde - nicht nur einmal, nicht nur zweimal, sondern insgesamt dreimal. Und dabei ist das Schiff dann ins Wanken gekommen und ist gesunken.

      WDR: Das heißt, das Ziehen dieses Bootes, der Versuch es nach Italien zu ziehen und damit aus der Zuständigkeit Griechenlands herauszuholen, ist für dieses Unglück - so scheint es zumindest im Moment - verantwortlich?

      Esmaili: Das ist der Vorwurf, der im Raum steht. Das muss natürlich erstmal bewiesen werden. Die Griechen lehnen das vehement ab und dementieren das. Sie sagen nach wie vor immer noch, dass sie Hilfe angeboten haben und das Schiff habe diese Hilfe nicht gewollt, weil sie demnach nach Italien wollten.

      WDR: Wir können davon ausgehen, dass es jetzt eine größere Untersuchung geben wird. Wie wird in Griechenland darüber diskutiert, was hören Sie da?

      Esmaili: Das ist zum Politikum geworden, weil nächste Woche Parlamentswahlen in Griechenland sind. Vor allem die Opposition nutzt dieses Thema jetzt aus und kritisiert die Regierung. Und es ist für drei Tage eine Staatstrauer angeordnet worden. Es gibt auch Proteste, Kundgebungen, es gab einen Trauermarsch in Athen, also das ist ein Riesenthema hier in Griechenland.

      WDR: Sie haben erwähnt, dass Sie mit Überlebenden sprechen konnten. Wie haben diese denn die Situation auf dem Schiff beschrieben? Abgesehen von der Frage, ob sie gezogen wurden und damit das Unglück ausgelöst wurde.

      Esmaili: Man muss sich das so vorstellen: Ein Schiff, das 30 Meter lang ist, war völlig überfüllt. Die Überlebenden erzählen uns, dass sie von den Schleppern gehört haben, dass 747 Personen auf diesem Schiff waren. Deswegen ist auch immer von knapp 750 Personen die Rede und die waren überall: Unten, oben auf dem Deck, seit Tagen unterwegs, ohne Nahrung, ohne Wasser. Da kann man sich vorstellen, wie die Stimmung auf dem Schiff war.

      WDR: Das heißt, man muss davon ausgehen, dass das Unglück zu hunderten Toten geführt hat. Was geschieht jetzt mit den Menschen, die gerettet wurden - auch mit denen, mit denen Sie gesprochen haben?

      Esmaili: Wir sind jetzt in Malakasa in der Nähe von Athen und dort sind 71 Personen untergebracht, die kommen ganz normal ins Asylverfahren. Knapp 30 Personen sind noch in Kalamata im Krankenhaus, die werden behandelt und dann kommen sie vermutlich auch ins ganz normale Asylverfahren.

      WDR: Ganz normale Asylverfahren nach dem, was sie erlebt haben, das ist sicherlich auch eine schwierige Situation. Wurde die Suche nach Überlebenden denn inzwischen eingestellt?

      Esmaili: Das kann ich so nicht bestätigen. Wir haben gestern Abend noch gehört, dass noch weiter gesucht wird, aber natürlich kann man nach so vielen Tagen und bei so vielen Menschen davon ausgehen, dass man kaum noch Überlebende aus dem Meer retten kann. Rund 100 Kinder sollen auch mit an Bord gewesen sein.

      https://www1.wdr.de/nachrichten/bootsunglueck-mittelmeer-interview-bamdad-esmaili-100.html

    • Frontex statement following tragic shipwreck off Pylos

      We are shocked and saddened by the tragic events that unfolded off the coast of Greece. The Frontex Executive Director, who travelled to Greece after learning about the tragedy, has offered any support the authorities may need.

      People smugglers have once again trifled with human lives by forcing several hundred migrants on a fishing boat not designed to fit such a number of people. Many were trapped underneath the deck. Our thoughts go out to the families of the victims.

      On 13 June before noon, a Frontex plane spotted the fishing vessel inside the Greek search and rescue region in international waters. The ship was heavily overcrowded and was navigating at slow speed (6 knots) direction north-east.

      Frontex immediately informed the Greek and Italian authorities about the sighting, providing them with information about the condition of the vessel, speed and photos.

      The plane kept monitoring the vessel, constantly providing updates to all relevant national authorities until it ran out of fuel and had to return to base.

      As a Frontex drone was to patrol the Aegean on the same day, the agency offered to provide additional assistance ahead of the planned and scheduled flight. The Greek authorities asked the agency to send the drone to another search and rescue incident south off Crete with 80 people in danger.

      The drone, after attending to the incident south off Crete, flew to the last known position of the fishing vessel. The drone arrived at the scene four hours later at 04:05 (UTC) in the morning, when a large-scale search and rescue operation by Greek authorities was ongoing and there was no sign of the fishing boat. No Frontex plane or boat was present at the time of the tragedy.

      https://frontex.europa.eu/media-centre/news/news-release/frontex-statement-following-tragic-shipwreck-off-pylos-dJ5l9p

      –-
      Commentaire de Lena K. sur twitter :

      This might be important. According to Frontex, they offered a drone to fly over the location of the Pylos shipwreck in the evening of 13th, but the Greek authorities decided to send it to another distress incident south of Crete. Convenient (for both).

      https://twitter.com/lk2015r/status/1670143075040088068

    • Naufrage en Grèce : le bateau dérivait, contrairement à la version des garde-côtes

      Que s’est-il passé dans les heures précédant le terrible naufrage au large du Péloponnèse ? Les garde-côtes grecs affirment que le chalutier bondé faisait route vers l’Italie à une vitesse régulière et n’avait pas besoin d’être secouru. Une enquête de la BBC affirme le contraire : le chalutier était à l’arrêt et nécessitait une aide urgente.

      Version contre version. Depuis le terrible naufrage du mercredi 13 juin au large de la Grèce, qui a coûté la vie à au moins 500 personnes (https://www.infomigrants.net/fr/post/49759/au-moins-200-pakistanais-parmi-les-victimes-du-naufrage-en-grece), les autorités grecques campent sur leurs positions : le chalutier, qui comptait au moins 700 exilés à bord, n’était pas en danger imminent. Du moins, pas dans les heures précédant le naufrage.

      Selon le communiqué officiel du Premier ministre grec (https://www.primeminister.gr/2023/06/14/32002), Kyriakos Mitsotakis, le bateau, parti de Tobrouk en Libye, naviguait en direction de l’Italie. « À 15h35, le navire de pêche a été repéré par l’hélicoptère de la Garde côtière [grecque] naviguant à vitesse régulière », peut-on lire sur le communiqué. Il avait été repéré pour la première fois vers 11h du matin, et depuis, les autorités grecques le surveillait à distance. Pourquoi ne pas le secourir immédiatement ? Parce qu’il ne semblait pas en difficulté, se défendent les Grecs. « Le navire navigu[ait] avec un cap et une vitesse constantes », écrivent-ils dans leur rapport.

      Cette ligne de défense sera la même tout au long de la journée. À partir de 15h30 jusqu’à 21h, les autorités helléniques affirment avoir été à de nombreuses reprises en communication avec le bateau via téléphone satellite. À chaque fois, les garde-côtes notent que le chalutier navigue à vitesse régulière. Et que les exilés ne réclament aucune aide. « Les migrants criaient : ’Pas d’aide, on va en Italie’ », expliquait déjà vendredi 16 juin le porte-parole des garde-côtes grecs, Nikos Alexiou.

      Dans un autre communiqué publié le 19 juin (https://www.hcg.gr/el/drasthriothtes/dieykriniseis-anaforika-me-eyreia-epixeirhsh-ereynas-kai-diaswshs-allodapwn-se-d), Athènes maintient sa position et affirme que le bateau a parcouru une distance de 24 nautiques marins - soit 44 km - depuis le moment où il a été repéré jusqu’à son naufrage.

      « Le navire ne bouge pas »

      Seulement, l’enquête menée par la BBC (https://www.bbc.com/news/world-europe-65942426) contredit la version grecque. Grâce aux coordonnées GPS des autres navires présents dans la zone méditerranéenne, la BBC est arrivée à la conclusion que le bateau n’a pas bougé entre 18h et 21h, mardi 13 juin. Un premier chalutier – le Lucky sailor – s’en est approché, sur ordre des garde-côtes grecs, à 18h pour lui fournir des vivres et de l’eau. Trois heures plus tard, c’est au même point de coordonnées maritimes qu’un second navire – le Faithfull Warrior - s’est rendu pour un autre ravitaillement.

      Et la BBC de continuer. « Une vidéo – qui aurait été tournée depuis le Faithful Warrior – prétend montrer des vivres livrés au navire via une corde dans l’eau. La BBC a vérifié ces images et a découvert que le navire - qui ne bouge pas – correspond à la forme du navire de migrants en détresse. Les conditions météorologiques correspondent à celles signalées à l’époque. »

      Pourtant, dans le dernier communiqué du 19 juin, les Grecs ne parlent pas d’immobilisation du navire. « Dans la soirée, le navire de patrouille côtière [...] est arrivé dans la région et a repéré [le chalutier] se déplaçant par ses propres moyens, à faible vitesse », maintiennent-ils.

      Et d’insister. Lors des deux ravitaillements, le navire a dans un premier temps poursuivi sa route avant de finalement s’arrêter. « Une fois le processus [de ravitaillement] terminé, les occupants du bateau ont commencé à jeter les fournitures à la mer », notent-ils encore dans leur document.

      « Navire secoué par le vent et les vagues »

      Enfin, à 22h40, les garde-côtes affirment s’être approché du chalutier tout en restant « à distance ». Là encore, ils ne détectent aucun problème de navigation. Et proposent de l’aide au navire en difficulté. « [Le chalutier] s’est de nouveau arrêté quelques minutes à l’approche [de la garde-côtière] puis a continué son chemin ».

      Entre le dernier ravitaillement et l’immobilisation du chalutier - à cause d’une panne mécanique -, une distance d’environ 6 mille nautiques (11 km) a été parcouru. À aucun moment, selon Athènes, le navire n’a donc été immobile.

      À l’échelle de la Méditerranée, ces dizaines de mille nautiques parcourus par le chalutier ne signifie pas qu’il naviguait de plein gré, insiste la BBC. Mais plutôt qu’il se déplaçait à peine « ce que l’on peut attendre d’un navire en détresse secoué par le vent et les vagues dans la partie la plus profonde de la mer Méditerranée », explique la BBC. Selon le média, les garde-côtes auraient donc dû procéder au sauvetage.

      Vers 2h du matin, dans la nuit du mardi à mercredi, le bateau fera naufrage. Le bilan provisoire fait toujours état de 78 morts, et des centaines de disparus.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/49764/naufrage-en-grece--le-bateau-derivait-contrairement-a-la-version-des-g

    • Il video di Frontex e quel barcone stracarico in balia del mare

      Nel video di Frontex il barcone stracarico di migranti in navigazione tra la Libia, da dove era partito quattro giorni prima, e l’Europa. Le immagini sono state registrate il 13 giugno alle ore 9.48 Utc. Il naufragio è avvenuto la notte tra il 13 e il 14 giugno.

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=Drz5OVIkWi0&embeds_referring_origin=https%3A%2F%2Fw

      Salgono a 80 le vittime accertate del tragico naufragio avvenuto a sud del Peloponneso, in Grecia, la settimana scorsa. I soccorsi hanno recuperato i corpi di altri due uomini a largo di Pylos. Le persone tratte in salvo sono ancora 104, mentre mancano all’appello almeno 600 persone, tra cui 100 bambini che al momento del naufragio si trovavano nella stiva. I corpi sono stati trasportati nel porto di Kalamata. Proseguono intanto le ricerche della Guardia costiera.

      Il racconto di un sopravvissuto

      «La Guardia costiera greca ci ha detto che ci avrebbe portato in acque italiane, che ci stavano spingendo. Era una nave da guerra. Poi la nostra barca si è ribaltata. Sono finito in mare, urlavo, non hanno fatto nulla per salvarci. Ho cercato di rimanere a galla per mezz’ora poi quando sono arrivate le barche della Guardia costiera mi sono allontanato perchè avevo paura. Ho visto la luce di una nave commerciale in lontananza e l’ho raggiunta». E’ la testimonianza-choc che sta circolando in queste ore su twitter. Si Tratta di un sopravvissuto siriano che racconta cosa è successo quella notte, fra martedì e mercoledì di una settimana fa, quando il barcone, partito dalla Libia, si è inabissando portandosi dietro almeno 600 persone (fra cui 100 bambini).

      La ricostruzione della Guardia costiera greca
      «In totale, il peschereccio ha percorso una distanza di circa 30 miglia nautiche dal momento del rilevamento al momento dell’affondamento» ha dichiarato la Guardia costiera greca in un comunicato. «Il chiarimento», precisa la nota, arriva a seguito delle «pubblicazioni della stampa internazionale e nazionale» secondo cui il peschereccio sovraffollato non si è mosso per almeno 7 ore prima di capovolgersi. «Nelle ore pomeridiane» di martedì 13 giugno, l’imbarcazione dei migranti «è stata avvicinata da una nave cisterna per fornire assistenza», continua il comunicato della Guardia costiera costiera sul naufragio del peschereccio a largo di Pylos. Nel testo si specifica nuovamente che i migranti a bordo avevano fatto resistenza e che poi il peschereccio si è fermato ed «è iniziato il rifornimento di viveri». Dalle ricostruzioni delle autorità elleniche si legge anche che una seconda nave cisterna si è impegnata ad avvicinarsi all’imbarcazione dei migranti per fornire provviste, ma il peschereccio avrebbe fatto resistenza e si sarebbe spostato verso ovest. Alla fine, la nave cisterna ha iniziato la procedura di rifornimento ma al termine di questa i migranti «hanno iniziato a gettare le provviste in mare». «L’intero processo di rifornimento di provviste agli occupanti del peschereccio da parte delle due navi commerciali è durato in totale più di quattro ore e trenta minuti», aggiunge la Guardia costiera, specificando che «nelle ore serali» è arrivata nella zona una loro motovedetta e «ha avvistato il peschereccio che si muoveva autonomamente, a bassa velocità». Secondo la ricostruzione delle autorità elleniche, la motovedetta «ha avviato una procedura di avvicinamento all’imbarcazione per accertarsi delle condizioni attuali del natante e dei suoi occupanti», mentre «la nave si è fermata di nuovo per alcuni minuti durante l’avvicinamento da parte della motovedetta e poi ha continuato la sua rotta».
      «Dal momento in cui è stato completato il processo di rifornimento fino all’immobilizzazione del peschereccio a causa di un guasto meccanico, il peschereccio ha percorso una distanza di circa 6 miglia nautiche» conclude la Guardia costiera greca.

      Islamabad: 300 cittadini pachistani annegati a Pylos
      Più di 300 pachistani sono annegati nel naufragio del peschereccio al largo delle coste greche del Peloponneso: il numero delle vittime è stato reso noto dal presidente del Senato di Islamabad Muhammad Sadiq Sanjrani inviando le condoglianze alle famiglie. Lo scrive la Cnn. «I nostri pensieri e le nostre preghiere sono con voi e preghiamo che le anime defunte trovino la pace eterna», ha detto Sanjrani. «Questo devastante incidente sottolinea l’urgenza di affrontare e condannare l’esecrabile traffico illegale di esseri umani». Le autorità greche non hanno ancora confermato il bilancio delle vittime pakistane.

      https://www.avvenire.it/attualita/pagine/naufragio-in-grecia-la-versione-dei-greci

    • A survivor of #Pylos shipwreck shared harrowing details:

      ➡️Two people died from thirst and hunger on the 4th and 5th days of the journey
      ➡️On the 4th day, people started drinking from the boat engine’s water. On the 5th day, a state of “slow death” was announced

      ➡️On 16 June, they started calling for any coastguard as they didn’t know they were in the Greek waters.
      ➡️A luxury yacht provided 4 boxes of water for almost 750 people & this created tension between people due to thirst.

      ➡️A giant Greek ship threw ropes to people & towed the boat. Then, they started throwing water bottles at them leading to an imbalance in the boat
      ➡️The boat started sinking. We started to beg to be rescued and showed them the dead bodies but the ship wasn’t qualified for rescue

      ➡️Around sunset, a Greek military ship with masked people wearing black approached, towed them with only one blue robe & increased their ship’s speed
      ➡️That was when the ship capsized. People started shouting as they sink. People on the Greek military ship were just watching
      Full testimony here:
      https://www.youtube.com/watch?v=IOzLIXa1cQ8

      https://twitter.com/ecre/status/1670739249417560064

    • I superstiti del naufragio di Pylos accusano la Guardia costiera greca

      Nella notte tra il 13 e il 14 giugno le autorità greche avrebbero tentato di trainare il peschereccio partito dalla Libia con a bordo oltre 700 persone, provocandone l’inabissamento. Le testimonianze dei sopravvissuti, confinati subito dopo aver toccato terra, smontano la versione di Atene. Le vittime sarebbero almeno 643

      Secondo diverse testimonianze dei sopravvissuti il peschereccio con oltre 700 persone a bordo è affondato al largo delle coste greche, nelle prime ore di mercoledì 21 giugno, durante un tentativo fallito di rimorchio da parte della Guardia costiera greca. L’accusa è contenuta nelle dichiarazioni rilasciate da alcuni naufraghi all’autorità giudiziaria di Kalamata, città meridionale greca –visionate dall’Ap news (https://apnews.com/article/greece-migrant-shipwreck-smugglers-9daf86915e8bd89a1697dd1ee75504ac) e dal quotidiano ellenico Kathimerini- che smentiscono la versione delle autorità greche secondo cui la barca non sarebbe stata scortata nelle sue ultime ore di navigazione e non ci sarebbe stato alcun tentativo di abbordarla.

      “La nave greca ha gettato una corda ed è stata legata alla nostra prua -ha spiegato Abdul Rahman Alhaz, 24 anni, palestinese che è riuscito a salvarsi-. Dopo hanno iniziato a muoversi e a tirare, per poco più di due minuti. Noi gridavamo ‘Stop, stop’ perché la barca era sovraccarica. Poi ha cominciato a inclinarsi”.

      L’inabissamento del peschereccio partito dalla Libia avrebbe provocato almeno 643 vittime, secondo quanto è stato possibile ricostruire dalle testimonianze dei 104 sopravvissuti. Sarebbero 100 i bambini, sempre secondo i racconti di chi si è salvato dal naufragio, che con le donne erano stipati nella stiva della nave. Sulle dinamiche dell’incidente, però, fin da subito erano emersi versioni contrastanti.

      Un’inchiesta realizzata dalla BBC (https://www.bbc.com/news/world-europe-65942426) mostra che il peschereccio sovraffollato non si è mosso per almeno sette ore prima di capovolgersi mentre la guardia costiera, invece, nel comunicato stampa rilasciato successivamente al naufragio sottolinea che dalle 15.30 all’1.40 la navigazione è proseguita a “velocità e rotta costante”. La versione della BBC si basa sui dati di Marin traffic, che traccia i movimenti delle imbarcazioni nel Mediterraneo, e che confermerebbe che le navi inviate dalle autorità greche per fornire supporto all’imbarcazione carica di naufraghi siano intervenute tutte nella stessa zona e che quindi la nave avrebbe percorso “meno di poche miglia nautiche, come ci si può aspettare da una nave colpita dal vento o dalle onde nella parte più profonda del Mar Mediterraneo”. Inoltre, sempre secondo la testata inglese, la foto dell’imbarcazione pubblicata dai guardacoste ellenici giovedì 15 giugno, riferita a poche ore prima del capovolgimento, dimostra che la nave era ferma e soprattutto smentisce la versione secondo cui le stesse autorità “avevano osservato da una distanza discreta il susseguirsi dei fatti”.

      “Abbiamo lanciato una richiesta di soccorso il giorno prima del naufragio verso le 8 del mattino -ha raccontato un sopravvissuto alla Ong Consolidated rescue group- (https://www.youtube.com/watch?v=IOzLIXa1cQ8

      ). Non sapevamo neanche che fossimo in Grecia”. Alle 9.47 del mattino Frontex, l’Agenzia che sorveglia le frontiere europee, ha comunicato alle autorità italiane e greche la presenza di un peschereccio sovraffollato e la Centrale operativa di Roma intorno alle 11 ha comunicato la posizione della nave, nel Sud del Peloponneso, al centro operativo di Atene. Alle 13.50 da Mitilini si è alzato un elicottero della Guardia costiera greca diretto verso il peschereccio, raggiunto verso le 15.35. Le stesse autorità greche, intanto, stavano chiedendo alle imbarcazioni che navigavano nell’area di cambiare rotta. “Una barca ci ha rifornito di quattro boxes d’acqua da sei bottiglie l’una: le persone si colpivano per prenderla -continua il sopravvissuto-. Questa nave ci ha lanciato una corda per avvicinarci ma ci ha detto che non era loro compito salvarci e che presto sarebbe arrivata la Guardia costiera”. La situazione a bordo era tesa, racconta sempre l’uomo intervistato dal Consolidated rescue group, al quarto giorno di navigazione non c’era né acqua né cibo, due persone erano morte e giacevano sul vascello: al quinto giorno, quello precedente al naufragio, qualcuno beveva dal motore perché l’acqua era finita. Ma anche nel racconto dell’uomo quello che succede al calar del sole di martedì scorso, dopo l’intervento delle navi civili, ripercorre le testimonianze di decine di altri naufraghi. “La Guardia costiera, una volta arrivata, ci ha detto di seguirli così l’Italia ci avrebbe salvato. Lo abbiamo fatto per mezz’ora, poi il motore si è rotto. Erano vestiti di nero e mascherati, senza segni militari. Ci hanno tirati con una corta e poi sono ripartiti, la nave ha perso stabilità e poco dopo è affondata”.

      Da Atene le autorità hanno dichiarato che i naufraghi hanno più volte rifiutato il loro intervento perché volevano proseguire verso l’Italia. Diverse testimonianze dei naufraghi smentiscono questa versione. Nawal Soufi, attivista rifugiata indipendente che quel giorno ha lanciato per prima l’Sos per la barca in avaria, ha dichiarato di essere stata in contatto con le persone sulla barca fino alle 23 di martedì. “L’uomo con cui stavo parlando mi ha detto espressamente: ‘Sento che questa sarà la nostra ultima notte viva’”, ha scritto. Poco prima di mezzanotte il motore si è spento.

      El Pais (https://english.elpais.com/international/2023-06-20/greece-imposes-silence-around-shipwreck-of-overcrowded-migrant-boat.) ha accusato le autorità greche di “imporre il silenzio” ai sopravvissuti al naufragio. Durante la loro permanenza nel porto di Kalamata, i 104 naufraghi avevano infatti mobilità limitata e scarso accesso alle comunicazioni: la Guardia costiera, secondo quanto ricostruito dal quotidiano spagnolo, li avrebbe confinati all’interno di un complesso recintato da cui non è stato permesso loro di uscire. Successivamente, venerdì 16 giugno, sono stati trasferiti a Malakasa, un campo per richiedenti asilo vicino ad Atene. Ma anche in questa nuova sistemazione la possibilità di uscire e avere contatti con l’esterno è risultata limitata

      Intanto martedì 20 giugno il tribunale di Kalamata ha convalidato l’arresto di nove uomini di origine egiziana accusati di essere i membri dell’equipaggio: omicidio colposo, naufragio e partecipazione a un’organizzazione criminale sono i capi d’accusa. L’avvocato Athanassios Iliopoulos, che rappresenta un presunto trafficante di 22 anni, ha dichiarato all’Associated Press che tutti e nove i sospettati hanno negato le accuse in tribunale affermando di essere essi stessi naufraghi. Iliopoulos ha detto che il suo cliente ha riferito di aver venduto il suo camion preso in prestito dai suoi genitori per raccogliere 4.500 euro per il viaggio. Anche in Pakistan, dove è stato proclamato il lutto nazionale per le vittime del naufragio, l’ufficio del primo ministro Shehbaz Sharif ha annunciato che sono state arrestate dieci persone accusate di far parte dell’organizzazione. “Intensificheremo gli sforzi nella lotta contro le persone coinvolte nell’atroce crimine della tratta di esseri umani”, ha dichiarato il capo del governo. Per la presidente della Commissione europea Ursula von der Leyen “è urgente agire”, sottolineando che l’Ue dovrebbe aiutare i Paesi africani come la Tunisia, da cui molte persone partono, a stabilizzare le loro economie. Non ha in questo caso menzionato la Libia, luogo da cui il peschereccio del naufragio è partito.

      La Grecia è stata più volte accusata di violare sui propri confini le norme sul salvataggio in mare e i diritti delle persone in transito. A maggio 2023 un’inchiesta del New York Times ha mostrato, con tanto di video ad alta definizione, le autorità greche riportare indietro verso le coste turche decine di profughi già arrivati sul territorio, tra cui anche bambini, lasciando alla deriva l’imbarcazione. Altro che attività di search and rescue. Il portale di inchiesta Solomon (https://wearesolomon.com/mag/focus-area/migration/just-007-of-819m-border-budget-to-greece-earmarked-for-search-and-resc) ha ricostruito come degli 819 milioni di euro forniti ad Atene all’interno del “Fondo di gestione delle frontiere europee” appena lo 0,07% (neanche 600mila euro) sarà destinato allo sviluppo delle attività di ricerca e soccorso in mare. La maggior parte del denaro riguarda invece l’approvvigionamento di attrezzature di deterrenza come droni, veicoli di ogni tipo, termocamere, elicotteri e sistemi di sorveglianza automatizzati. Tutto ciò che non è servito per salvare 640 persone.

      https://altreconomia.it/i-superstiti-del-naufragio-di-pylos-accusano-la-guardia-costiera-greca

    • Greece shipwreck survivors were ’abandoned for 10 minutes’

      Survivors of the June 14 shipwreck off Greece have made serious accusations against the country’s Coast Guard in witness statements.

      Statements gathered from some of the 104 survivors of a recent shipwreck off Greece contain serious accusations against the Greek Coast Guard.

      Search operations for more corpses continue after the fishing vessel, which is believed to have been carrying up to 800 migrants, capsized last week south of Greece’s Peloponnese.
      Survivors blame Greek Coast Guard

      “When the ship capsized, the Coast Guard cut the rope and continued on its way. It went farther away as we were all screaming. After 10 minutes, they came back with small boats to pick up people but they did not go as far as the ship itself. They only picked up those who managed to swim away,” one survivor told the Greek newspaper Kathimerini, recounting the last minutes of shipwreck that left at least 82 dead and hundreds missing.

      Surviving witnesses have been questioned by the Kalamata port authority.

      Every person interviewed confirmed — with slight variations in their reconstructions — that the shipwreck had been caused by a Greek Coast Guard patrol boat.

      One of the survivors said the Coast Guard’s attempt to tow the overcrowded fishing vessel created turbulence in the water that eventually caused the ship to capsize.

      “They tried to pull it using force for two or three minutes and everyone whistled to try to make them stop, since they were pulling it strongly and creating waves,” one said.

      Another added that, “for the first few minutes we went forward, but then the Coast Guard turned to the right and the ship overturned.”
      Polemics inflame political conflict prior to vote

      These witness statements run counter to the Coast Guard’s official version. Captains aboard the patrol boat say they only hooked up to the vessel for a few minutes to check the situation onboard before the ship wrecked.

      The situation has inflamed political conflict ahead of Greece’s government elections, which will be held Sunday.

      https://www.infomigrants.net/en/post/49846/greece-shipwreck-survivors-were-abandoned-for-10-minutes

    • They knew the boat could sink. Boarding it didn’t feel like a choice.

      The story of how as many as 750 migrants came to board a rickety blue fishing trawler and end up in one of the Mediterranean’s deadliest shipwrecks is bigger than any one of the victims. But for everyone, it started somewhere, and for #Thaer_Khalid_al-Rahal it started with cancer.

      The leukemia diagnosis for his youngest son, 4-year-old Khalid, came early last year. The family had been living in a Jordanian refugee camp for a decade, waiting for official resettlement after fleeing Syria’s bitter war, and doctors said the United Nations’ refugee agency could help cover treatment costs. But agency funds dwindled and the child’s case worsened. When doctors said Khalid needed a bone-marrow transplant, the father confided in relatives that waiting to relocate through official channels was no longer an option. He needed to get to Europe to earn money and save his son.

      “Thaer thought he didn’t have a choice,” said his cousin, Abdulrahman Yousif al-Rahal, reached by phone in the Jordanian refugee camp of Zaatari.

      In Egypt, the journey for #Mohamed_Abdelnasser, 27, started with a creeping realization that his carpentry work could not earn enough to support his wife and two sons.

      For #Matloob_Hussain, 42, it began the day his Greek residency renewal was rejected, sending him back to Pakistan, where his salary helped put food on the table for 20 extended family members amid a crippling economic crisis.

      “Europe doesn’t understand,” said his brother Adiil Hussain, interviewed in Greece where they had lived together. “We don’t leave because we want to. There is simply nothing for us in Pakistan.”

      On Matloob’s earlier journey to Europe, he had been so scared of the water that he kept his eyes closed the whole time. This time, the smugglers promised him they would take him to Italy. They said they would use “a good boat.”

      The trawler left from the Libyan port city of #Tobruk on June 8. Just 104 survivors have reached the Greek mainland. Eighty-two bodies have been recovered, and hundreds more have been swallowed by the sea.

      As the Mediterranean became a stage for tragedy on June 14, a billionaire and several businessmen were preparing for their own voyage in the North Atlantic. The disappearance of their submersible as it dove toward the wreckage of the Titanic sparked a no-expenses-spared search-and-rescue mission and rolling headlines. The ship packed with refugees and migrants did not.

      About half the passengers are believed to have been from Pakistan. The country’s interior minister said Friday that an estimated 350 Pakistanis were on board, and that many may have died. Of the survivors from the boat, 47 are Syrian, 43 Egyptian, 12 Pakistani and two Palestinian.

      Some of the people on the trawler were escaping war. Many were family breadwinners, putting their own lives on the line to help others back home. Some were children. A list of the missing from two towns in the Nile Delta carries 43 names. Almost half of them are under 18 years old.

      This account of what pushed them to risk a notoriously dangerous crossing is based on interviews with survivors in Greece and relatives of the dead in Pakistan, Jordan and Egypt, as the news sent ripples of distress throughout communities from North Africa to South Asia. Some people spoke on the condition of anonymity, because they feared being drawn into government crackdowns on human smuggling networks.

      Rahal’s family said they do not know how he contacted the smugglers in Libya, but remember watching as he creased under the fatigue and shame of having to ask anyone he could for the thousands of dollars they were requesting for safe passage to Italy.

      Thirteen men left from El Na’amna village, south of the Egyptian capital, Cairo, in the hope of achieving the same. Ten miles away in Ibrash, another village, Abdelnasser left the house as he usually did for his 2 a.m. factory shift but joined a packed car to Libya instead, along with 29 other young men and boys. “He told us nothing,” said his father, Amr. “We would have stopped him.”

      Many of the families said the departures caught them by surprise and that local intermediaries working for the smugglers later communicated with relatives in Egypt to gather the requested funds.

      In El Na’amna, several people said the figure was $4,500 per person — a sum impossibly high for most rural Egyptians. In Ibrash, Abdelnasser’s uncle said, two of the delegates who arrived to collect the money were disguised in women’s dress. Another woman did the talking. She collected the money, photographed receipts, and then told the family that the deal was done.

      ‘He said the boat was very bad’

      The time spent waiting in Libya was harder than the migrants expected, said family members who spoke with them throughout that period. The port city of Tobruk had become a transit hub for people, and the migrants reported that the smugglers treated them like goods to be traded. The lucky ones rented cramped apartments where they could wait near the bright blue sea.

      Travelers who had arranged to meet their intermediaries in the city of Benghazi were transported in large refrigerator trucks to the desert. One survivor described a house there “with a big yard and big walls and people at the door with guns.” It was so busy that people slept in the yard outside. Inside, a 24-year-old Pakistani migrant, Bilal Hassan, tried to lighten the mood by reciting Punjabi poetry. He is smiling in the video he sent his family, but other men in the room look tense.

      Some migrants told their families they were getting anxious and didn’t trust their smugglers. Others sent brief messages to reassure and say that they were fine.

      Rahal spoke to his wife, Nermin, every day. A month passed with no news of onward passage and his mood darkened. He worried about Khalid. In Jordan, the boy kept asking when he would see his father again. “I don’t know,” Rahal texted in reply. When one smuggler’s offer fell through, he found another who promised to get the job done faster. In voice messages to his cousin, he sounded tired.

      “I’ll manage to get the money,” he said.

      His last call to his wife was June 8. Men from the smuggling network were yelling at the migrants to pack together as closely as possible in rubber dinghies that would take them to the trawler. Up ahead, the blue fishing boat looked like it was already full.

      Matloob Hussein, the Pakistani who had lived in Greece, called his brother from the trawler. “He said the boat was very bad,” Adiil recounted. “He said they had loaded people on the boat like cattle. He said he was below deck and that he preferred it so he didn’t have to see that he was surrounded by water.”

      When Adiil asked why his brother hadn’t refused to board, Matloob said the smugglers had guns and knives. As the boat pulled out of Tobruk’s concrete port, he told Adiil he was turning his phone off — he did not expect to have a signal again until they arrived.

      After the calls to loved ones stopped, from the foothills of Kashmir to the villages of the Nile Delta, families held their breath.

      It felt, said one relative, like a film that had just stopped halfway through.

      In hometowns and villages, waiting for news

      News of the blue trawler’s capsize trickled out on the morning of June 14. The coast guard’s initial report said that at least 17 people had drowned while noting that more than 100 had been saved. On the Greek mainland, relatives waited for updates in the baking sun outside a migrant reception center. Back in hometowns and villages, some people kept their cellphones plugged into the power sockets so they did not risk missing a call.

      The residents of El Na’amna and Ibrash didn’t know what to do. Police arrested a local smuggler but provided no updates on the whereabouts of the missing. Rumors swirled that most were dead. The mother of 23-year-old Amr Elsayed described a grief so full that she felt as if she were burning.

      A Pakistani community leader in Greece, Javed Aslam, said he was in direct contact with more than 200 families asking for news. Accounts from survivors suggested that almost all the Pakistani passengers, along with many women and children, had been stuck on the lower levels of the boat as it went down.

      Adiil came looking for his brother. He was turned away from the hospital where survivors had been treated, but left his details anyway. Outside the Malakasa reception center, where the survivors were staying, 15 miles north of Athens, several Pakistanis seemed to know Matloob as “the man in the yellow T-shirt.” No one had seen him since the wreck.

      Perhaps it was crazy, Adiil said Thursday, but somehow he still had hope. He had registered his DNA with the local authorities and he had spoken to other families there every day. Now he didn’t know what to do with himself. His eyes were red from crying. He carried creased photographs of his brother in his pocket.

      In one image, Matloob is standing with his dark-eyed daughter, 10-year-old Arfa. Adiil had told the girl that her father was in the hospital, but that fiction was weighing more on him by the day as she kept asking why they couldn’t speak.

      Khalid had been asking for his father, too, but no one knew how to make a 4-year-old understand something they barely understood themselves.

      Nermin, relatives said, was “in bad shape.” She had a funeral to organize without a body. But first she had to take Khalid to the hospital for his biopsy, to learn how far the cancer had spread.

      https://www.washingtonpost.com/world/2023/06/24/greek-migrant-boat-victims

    • ‘If they had left us be, we wouldn’t have drowned:’ CNN investigation raises questions about Greek coast guard’s account of shipwreck tragedy

      The hull of the fishing trawler lifted out of the water as it sank, catapulting people from the top deck into the black sea below. In the darkness, they grabbed onto whatever they could to stay afloat, pushing each other underwater in a frantic fight for survival. Some were screaming, many began to recite their final prayers.

      “I can still hear the voice of a woman calling out for help,” one survivor of the migrant boat disaster off the coast of Greece told CNN. “You’d swim and move floating bodies out of your way.”

      With hundreds of people still missing after the overloaded vessel capsized in the Mediterranean on June 14, the testimonies of those who were onboard paint a picture of chaos and desperation. They also call into question the Greek coast guard’s version of events, suggesting more lives could have been saved, and may even point to fault on the part of Greek authorities.

      Rights groups allege the tragedy is both further evidence and a result of a new pattern in illegal pushbacks of migrant boats to other nations’ waters, with deadly consequences.

      This boat was carrying up to 750 Pakistani, Syrian, Egyptian and Palestinian refugees and migrants. Only 104 people have been rescued alive.

      CNN has interviewed multiple survivors of the shipwreck and their relatives, all of whom have wished to remain anonymous for security reasons and the fear of retribution from authorities in both Greece and at home.

      One survivor from Syria, whom CNN is identifying as Rami, described how a Greek coast guard vessel approached the trawler multiple times to try to attach a rope to tow the ship, with disastrous results.

      “The third time they towed us, the boat swayed to the right and everyone was screaming, people began falling into the sea, and the boat capsized and no one saw anyone anymore,” he said. “Brothers were separated, cousins were separated.”

      Another Syrian man, identified as Mostafa, also believes it was the maneuver by the coast guard that caused the disaster. “The Greek captain pulled us too fast, it was extremely fast, this caused our boat to sink,” he said.

      The Hellenic Coast Guard has repeatedly denied attempting to tow the vessel. An official investigation into the cause of the tragedy is still ongoing.

      Coast guard spokesman Nikos Alexiou told CNN over the phone last week: “When the boat capsized, we were not even next to (the) boat. How could we be towing it?” Instead, he insisted they had only been “observing at a close distance” and that “a shift in weight probably caused by panic” had caused the boat to tip.

      The Hellenic Coast Guard has declined to answer CNN’s specific requests for response to the survivor testimonies.

      Direct accounts from those who survived the wreck have been limited, due to their concerns about speaking out and the media having little access to the survivors. CNN interviewed Rami and Mostafa outside the Malakasa migrant camp near Athens, where journalists are not permitted entry.

      The Syrian men said the conditions on board the migrant boat deteriorated fast in the more than five days after it set off from Tobruk, Libya, in route to Italy. They had run out of water and had resorted to drinking from storage bottles that people had urinated in.

      “People were dying. People were fainting. We used a rope to dip clothes into the sea and use that to squeeze water on people who had lost consciousness,” Rami said.

      CNN’s analysis of marine traffic data, combined with information from NGOs, merchant vessels and the European Union border patrol agency, Frontex, suggests that Greek authorities were aware of the distressed vessel for at least 13 hours before it eventually sank early on June 14.

      The Greek coast guard has maintained that people onboard the trawler had refused rescue and insisted they wanted to continue their journey to Italy. But survivors, relatives and activists say they had asked for help multiple times.

      Earlier in the day, other ships tried to help the trawler. Directed by the Greek coast guard, two merchant vessels – Lucky Sailor and Faithful Warrior – approached the boat between 6 and 9 p.m. on June 13 to offer supplies, according to marine traffic data and the logs of those ships. But according to survivors this only caused more havoc onboard.

      “Fights broke out over food and water, people were screaming and shouting,” Mostafa said. “If it wasn’t for people trying to calm the situation down, the boat was on the verge of sinking several times.”

      By early evening, six people had already died onboard, according to an audio recording reviewed by CNN from Italian activist Nawal Soufi, who took a distress call from the migrant boat at around 7 p.m. Soufi’s communication with the vessel also corroborated Mostafa’s account that people moved from one side of the boat to the other after water bottles were passed from the cargo ships, causing it to sway dangerously.

      The haunting final words sent from the migrant boat came just minutes before it capsized. According to a timeline published by NGO Alarm Phone they received a call, at around 1:45 a.m., with the words “Hello my friend… The ship you send is…” Then the call cuts out.

      The coast guard says the vessel began to sink at around 2 a.m.

      The next known activity in the area, according to marine traffic data, was the arrival of a cluster of vessels starting around 3 a.m. The Mayan Queen superyacht was the first on the scene for what soon became a mass rescue operation.

      A responsibility to rescue

      Human rights groups say the authorities had a duty to act to save lives, regardless of what people on board were saying to the coast guard before the migrant boat capsized.

      “The boat was overcrowded, was unseaworthy and should have been rescued and people taken to safety, that’s quite clear,” UNHCR Special Envoy for the Central Mediterranean Vincent Cochetel told CNN in an interview. “There was a responsibility for the Greek authorities to coordinate a rescue to bring those people safely to land.”

      Cochetel also pointed to a growing trend by countries, including Greece, to assist migrant boats in leaving their waters. “That’s a practice we’ve seen in recent months. Some coastal states provide food, provide water, sometimes life jackets, sometimes even fuel to allow such boats to continue to only one destination: Italy. And that’s not fair, Italy cannot cope with that responsibility alone.”

      Survivors who say the coast guard tried to tow their boat say they don’t know what the aim was.

      There have been multiple documented examples in recent years of Greek patrol boats engaging in so-called “pushbacks” of migrant vessels from Greek waters in recent years, including in a CNN investigation in 2020.

      “It looks like what the Greeks have been doing since March 2020 as a matter of policy, which is pushbacks and trying to tow a boat to another country’s water in order to avoid the legal responsibility to rescue,” Omer Shatz, legal director of NGO Front-LEX, told CNN. “Because rescue means disembarkation and disembarkation means processing of asylum requests.”

      Pushbacks are state measures aimed at forcing refugees and migrants out of their territory, while impeding access to legal and procedural frameworks, according to the Berlin-based European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR). They are a violation of international law, as well as European regulations.

      And such measures do not appear to have deterred human traffickers whose businesses prey on vulnerable and desperate migrants.

      In an interview with CNN last month, then Greek Prime Minister Kyriakos Mitsotakis denied that his country engaged in intentional pushbacks and described them as a “completely unacceptable practice.” Mitsotakis is widely expected to win a second term in office in Sunday’s election, after failing to get an outright majority in a vote last month.

      A series of Greek governments have been criticized for their handling of migration policy, including conditions in migrant camps, particularly following the 2015-16 refugee crisis, when more than 1 million people entered Europe through the country.

      For those who lived through last week’s sinking, the harrowing experience will never be forgotten.

      Mostafa and Rami both say they wish they had never made the journey, despite the fact they are now in Europe and are able to claim asylum.

      Most of all, Mostafa says, he wishes the Greek coast guard had never approached their boat: “If they had left us be, we wouldn’t have drowned.”

      https://edition.cnn.com/2023/06/23/europe/greece-migrant-boat-disaster-investigation-intl-cmd/index.html
      #témoignage

    • Greece shipwreck survivors faced ’unacceptable’ conditions on arrival in country

      NGOs say survivors of sinking are being held in a closed centre with limited access to psychological support

      Survivors of the Pylos shipwreck, which has left an estimated 500 people missing, faced an “unacceptable” reception in Greece and continue to be held in conditions unsuitable for vulnerable people, NGO workers say.

      The overloaded fishing trawler carrying an estimated 750 people capsized and sank in front of the Greek coastguard last week, following an allegedly botched attempt by the coastguard to tow the vessel.

      The survivors, put at 104 and all men - as no women or children are said to have survived the wreck - were taken to Kalamata, a city on the Peloponnese peninsula, where they were kept in a storage warehouse for two to three days before being transferred to an asylum registration facility at Malakasa, north of Athens.

      “We witnessed an unacceptable reception of extremely vulnerable people in Kalamata,” Eleni Spathanaa, a volunteer lawyer for Refugee Support Aegean, an organisation providing legal advice for the survivors of the wreck, told Middle East Eye.

      Survivors slept on mattresses on the warehouse floor, and the area around it was ringed with fencing. A video posted on Twitter showed a Syrian teenager attempting to embrace his brother through the bars.

      According to Spathanaa, in the first few days no concerted effort was made by authorities to facilitate contact with the survivors’ families, although the Greek Red Cross was providing some access to mobile phones.

      A suffocating experience

      The survivors were transported to a registration facility in Malakasa on 16 and 17 June.

      According to Spathanaa, conditions at #Malakasa are not much of an improvement on those at Kalamata. Survivors are housed in shared shipping containers, and, as at #Kalamata, the facility is ring-fenced, with access severely restricted.

      The prison-like conditions came as a shock.

      “We witnessed... people devastated [and in] shock. They could not even understand where they were,” said Spathanaa. "I could not understand why they were put in a closed centre. Of course, these conditions are not suitable for people who have just survived a shipwreck.

      “These people were [contained], after such a suffocating experience - all of them have lost friends, some of them close relatives... they cannot even conceive what has happened.”

      According to Spathanaa, some of the survivors’ basic needs are not being met at the facility, with some reporting that requests for extra clothing to keep warm at night have been refused. Requests for tea, coffee and cigarettes were also reportedly denied.

      Spathanaa and her colleagues also found that, despite suffering from acute distress, the survivors were being “fast-tracked” through the process of registration for asylum applications.

      “This was quite problematic because most of the people [we met] had not even seen a lawyer before passing through this process,” she said.

      Emergency psychological and medical aid at the facility is being provided by the NGO Doctors Without Borders (MSF). “We saw a lot of distress,” MSF head of mission Sonia Balleron told MEE. “The medical team is clear that [the survivors] are all potentially at risk of PTSD [post-traumatic stress disorder].”

      The team have reported treating chemical burns, injuries from exposure to the sun and sea water, as well as hypo-glycaemic shock (the effect of low blood sugar), due to the people aboard the boat being deprived of food for up to six days.

      According to Balleron, many of the survivors are suffering from sleep disorders and night terrors in the wake of the disaster.

      “What we hear mostly... is people [recalling] seeing their friends dying in front of their eyes,” said Balleron. “They also talk about not knowing who survived and who died, which is causing a lot of stress. Families are calling a lot to try to understand if their relatives are among the survivors or not.”
      A political choice

      For Spathanaa, the conditions experienced by the survivors of the wreck on arrival in Kalamata and Malakasa are no accident, but a “political choice”.

      At the end of 2022, the ESTIA accommodation scheme, an EU funded housing programme for vulnerable asylum seekers, was terminated. The programme, which was started in 2015, was intended to assist families with children, people with disabilities and survivors of torture with suitable housing and medical care.

      When it closed on 16 December, vulnerable asylum seekers were transferred from ESTIA accommodation to remote camps with as little as 24 hours’ notice. Human rights groups warned that the curtailment of the scheme could exacerbate isolation of asylum seekers and “re-traumatise” survivors of violence and torture.

      “We have these vulnerable survivors, and we don’t have the option of sheltering them in dignified and suitable conditions,” said Spathanaa. “I don’t think if the shipwreck’s passengers were tourists, that they would treat them like that. They wouldn’t put them in a warehouse.”

      This is not lost on the international community. Social media posts in the wake of the disaster have highlighted the discrepancy in the efforts by the Greek coastguard to prevent last week’s wreck with the resources expended on recovering the missing Titan submarine in the Atlantic Ocean.

      Widespread protests in Greece over the authorities’ inaction to the disaster have also highlighted the inequities that play out in the waters of the Mediterranean: on 18 June, two cruise ships were greeted at Thessaloniki port with a banner reading: “Tourists enjoy your cruise in Europe’s biggest migrants cemetery.”

      https://www.middleeasteye.net/news/greece-shipwreck-survivors-unacceptable-conditions-upon-arrival
      #emprisonnement #survivants

    • On the night of June 14, Captain Richard Kirkby is piloting the Mayan Queen IV, a luxury yacht belonging to a Mexican multibillionaire, through the calm, black waters of the Mediterranean when he receives an emergency call. “Ship sinking. Large number of people. Vessels in the vicinity are requested to initiate search and rescue operations.” The crew hears the screams from people drowning before they can see them.

      The shipwreck that takes place that night would turn out to be the deadliest in the Mediterranean in many years. Around 750 people are thought to have been on board the fishing boat that went down off the coast of the Peloponnese. When the Mayan Queen IV reaches the site at 2:55 a.m., only the lights of another ship can be seen. They belong to the Greek Coast Guard, vessel LS 920 – according to investigation files that DER SPIEGEL and its partners have acquired.

      But the Greeks cannot be reached via radio. So three crew members from the Mayan Queen IV climb into a life boat and start searching for survivors, constantly heading toward the cries for help. They stay as quiet as they can so as not to miss a single voice. Ultimately, they will pull 15 people out of the water.

      Early in the morning, the Greek Coast Guard requests permission to bring additional survivors on board. The Greek vessel is too small to safely bring all the survivors to shore. But the Mayan Queen IV – a ship with four decks, tinted windows and a helicopter landing pad – is large enough. At 7:20 a.m., the yacht sets course for Kalamata. On board are 100 of a total of 104 survivors – migrants wrapped in silver emergency blankets cowering where the super-rich are normally sunning themselves.
      Survivors if the shipwreck in the port of Kalamata: “Ship sinking. Large number of people.”

      Hundreds of refugees don’t survive this night – despite the fact that the Greek Coast Guard arrived at the site several hours before the accident. As early as the morning of the previous day, an Italian agency had sent them a warning and a non-governmental organization had forwarded an SOS from the fishing boat. Even the European Union border control agency Frontex had identified the ship’s plight and offered additional assistance. How can it be that hundreds of migrants died anyway? It is a question that has plagued the Greek Coast Guard for the last two weeks.

      The accusations that survivors have leveled at the Greeks are serious: Did the Coast Guard leave the people to their fate for too long? Were they trying to pull the ship into Italian waters – as some testimony seems to indicate? Perhaps to keep hundreds of migrants from landing in Greece?

      A team of reporters from DER SPIEGEL joined forces with the nonprofit newsroom Lighthouse Reports, investigative journalism consortium Reporters United, the Spanish newspaper El País, the Syrian investigative reporting outlet Siraj and the German public broadcaster ARD to explore these questions. The reporters interviewed survivors, many of whom had already turned to the aid organization Consolidated Rescue Group. They examined leaked investigative reports, videos and geodata and spoke with sources inside Frontex.

      The reporting indicates that, at the very least, the Greek Coast Guard may have made grave errors. Sixteen refugees have accused the Greeks, for example, of causing the fishing boat to capsize, while seven are convinced that Greek rescue attempts were hesitant at best – which would mean they were willing to accept the deaths of hundreds of people. There are also serious doubts about the willingness of Greek authorities to thoroughly investigate the disaster. The leaked investigation reports raise questions as to whether Greek officials may have altered testimony in their favor.

      One of those who survived, we’ll call him Manhal Abdulkareem, tells his story in mid-June from the Greek camp Malakasa. He requests that we not use his real name or even describe him out of fear of how the Greek authorities might react. What he has to say does not paint them in a positive light.

      The Syrian once worked as a stonemason in Jordan. Last spring, he decided to risk the crossing to Italy. He traveled to Libya and boarded the vessel in the port city of Tobruk on June 9. Abdulkareem is one of hundreds of people who crowded onto the vessel, and he was one of the lucky ones: He was able to buy himself a place on deck. Later, it would save his life.

      Other refugees crowded into the boat’s cold storage room. According to survivors, women and children were below decks, many of them from Pakistan. For them, the belly of the ship would turn into a coffin.

      Abdulkareem’s account of the initial days onboard the ship is consistent with the stories told by other survivors. He says that they began running out of water on the third of five days onboard, that the motor cut out on several occasions and that the captain seemed to have lost his orientation. The goal of reaching Italy was more distant than ever.

      The Greek Coast Guard was also aware of the dire situation onboard the fishing boat. On the morning of June 13, they received the first warning from the Italian Coast Guard. Frontex agents filmed the ship from the air at midday. At 5:13 p.m. local time, the non-governmental organization Alarmphone wrote an email to the Greek authorities. The email noted that there were 750 people on the ship. “They are requesting urgent assistance.”

      At the time of the call for help, the fishing vessel was around 80 kilometers (50 miles) off the coast of the Peloponnese. Nevertheless, the Greek Coast Guard sent a ship that was anchored in far-away Crete.

      At least two freighters supplied the fishing vessel with water, but they didn’t take anyone onboard. Abdulkareem and other survivors say that by this point, two passengers on the boat had already died. The Greek Coast Guard ship only arrived at 10:40 p.m.

      There are two versions for what then took place.

      Manhal Abdulkareem reports that the Greek Coast Guard escorted their ship for a time, until the fishing boat’s engine again cut out. Then, he says, the Coast Guard attached a rope to the vessel. “We thought they knew what they were doing,” says Abdulkareem.

      The Coast Guard, he says, towed the vessel at a rapid speed, first to the right, then the left, and then back to the right – and then it capsized. Fifteen additional survivors tell a similar story. Some believe the behavior of the Coast Guard was accidental. Others think it was intentional.

      When the vessel capsized, there were people trapped inside its hull. One survivor says he heard them knocking. Those who were on deck jumped into the water. “People were falling on us,” says one man from Egypt. Some clung to the sinking vessel, while others grabbed in a panic for anything that was floating, including other people.

      “I know how to swim, but that wasn’t enough,” Abdulkareem would later say. He says he had to avoid others so that he wouldn’t be pulled down into the depths. Four survivors say that the Coast Guard put those in the water in even greater danger by maneuvering in such a way that created large waves.

      While still in the water, Abdulkareem began searching for his brother, but was unable to find him. As the vessel was sinking, say survivors, the Greek Coast Guard ship pulled back to a distance of hundreds of meters.

      Abdulkareem and six others accuse the Greeks of delayed rescue efforts and only launching inflatable dinghies after significant time had passed. Some estimate that several minutes passed before they took any action at all. Others say the delay was fully half an hour. “They could have saved many people,” says a survivor from Syria. Abdulkareem’s brother still hasn’t been found.

      The Greek Coast Guard has a competing account for what took place. According to an official log from June 14, their ship reported on the evening prior to the disaster that the refugees were “on a stable course” – a claim that video evidence and tracking data refute. The people on board, according to the official account, rejected assistance because they “wanted nothing more than to continue onward to Italy.” If the Greek Coast Guard is to be believed, the fishing boat capsized shortly after 2 a.m. The first official log provides no cause for the accident.

      Later, the Greek government spokesman said that the Coast Guard had attached a rope to the boat. But only to “stabilize” the vessel. By the time of the accident, the rope had already been cast off, the spokesman said, and the fishing vessel had never been towed. The rope, he insists, was not the cause of the shipwreck. In an interview with CNN, a Coast Guard spokesman speculated that panic may have broken out onboard, leading to the boat listing to one side.

      There is no proof for either version. But doubts about the Greek account are significant, even within Frontex. At the agency’s headquarters in Warsaw, EU border guards can follow in real time what is taking place on the EU’s external borders. In this case, the agents must have realized early on the danger that the migrants were in.

      On two occasions – at 6:35 p.m. and at 9:34 p.m. – they offered to send the airplane back to the ship that the migrants had already seen at midday. It was refueled and ready to take off, according to an internal memo that DER SPIEGEL has obtained. But the Greek Rescue Coordination Center in Piraeus, Frontex says, ignored the offer. The plane remained on the ground.

      The only other available aircraft, a Frontex drone, was initially sent to another distress call, according to Frontex. It only arrived at the scene after the fishing vessel had sunk. In Brussels, hardly anyone believes that the rebuff of Frontex was an accident. Many see a pattern: Greek authorities systematically send away Frontex units, says one Brussels official. That happens particularly often, the official says, in situations that later turn out to be controversial.

      The mistrust with which Athens now finds itself confronted – even from EU institutions – has a lot to do with previous violations of international law on the Aegean. The Greek Coast Guard has repeatedly towed groups of refugees back into Turkish waters – before then abandoning them on life rafts with no means of propulsion.

      Proof for such pushbacks has become so overwhelming that the Frontex fundamental rights officer recently recommended that the organization suspend cooperation with the Greek Coast Guard. The “strongest possible measures” are necessary to ensure that the Greeks once again begin complying with applicable law, reads an internal memo that DER SPIEGEL has obtained. Joint missions can only be resumed once a new basis for trust has been established, the memo continues.

      The skepticism has become so great that Frontex has even sent a team to Greece to question survivors itself. Two Frontex officials say that the results of investigations conducted thus far seem to contradict the Greek version of events. One Greek lawyer is even demanding an official state investigation of the Coast Guard for manslaughter through failure to render aid.

      Most survivors, though, don’t believe that the Greek state will investigate the role played by its own Coast Guard. The treatment they received in the days following the catastrophe was too poor for such optimism.

      Sami Al Yafi, a young Syrian, is one of them. He, too, has asked that his real name not be printed out of fear of the Greek authorities. He accuses the Coast Guard of manipulating his statement. He claims to have clearly testified that the Coast Guard had caused the ship to capsize, but he was unable to find that statement in the transcript of his interview. An additional survivor says that he had a similar experience.

      There are also corresponding inconsistencies in the investigation file. In six instances, according to the file, survivors said nothing about a tow rope in their first interview with the Coast Guard – or at least there is no mention of such in the minutes taken by the Coast Guard. Later, in interviews with public prosecutors, they then accused the Coast Guard of causing the capsizing by towing the vessel.

      Moreover, the minutes taken by the Greek Coast Guard frequently include the exact same formulations. According to those minutes, four survivors used exactly the same words in describing the events – despite the fact that the interviews were led by different interpreters. In one case, a member of the Coast Guard apparently acted as an interpreter.

      When approached for comment, Greek officials said they were unable to comment on the accusations. The accounts, they said, are part of a confidential investigation. They said they were also unable to comment on the actions of the Coast Guard.

      Manhal Abdulkareem, the man who lost his brother, isn’t satisfied. “We are a group of 104 survivors,” he says. All of them know, he says, who caused the boat to capsize.

      On at least one occasion, Greek officials have been found guilty of accusations similar to those that have now been lodged by Abdulkareem and other survivors. It was left up to the European Court of Human Rights to pass that verdict. Last year, the court found that the Greek Coast Guard in 2014 towed a refugee boat until it capsized. Three women and eight children died in that incident. Then, too, the Coast Guard claimed that panic had broken out onboard the vessel and that the refugees themselves had caused the boat to capsize. It is the exact same story they are currently telling.

      https://www.spiegel.de/international/europe/new-accusations-against-the-greek-coast-guard-we-thought-they-knew-what-they

    • Everyone Knew the Migrant Ship Was Doomed. No One Helped.

      Satellite imagery, sealed court documents and interviews with survivors suggest that hundreds of deaths were preventable.

      From air and by sea, using radar, telephone and radio, officials watched and listened for 13 hours as the migrant ship Adriana lost power, then drifted aimlessly off the coast of Greece in a slowly unfolding humanitarian disaster.

      As terrified passengers telephoned for help, humanitarian workers assured them that a rescue team was coming. European border officials, watching aerial footage, prepared to witness what was certain to be a heroic operation.

      Yet the Adriana capsized and sank in the presence of a single Greek Coast Guard ship last month, killing more than 600 migrants in a maritime tragedy that was shocking even for the world’s deadliest migrant route.

      Satellite imagery, sealed court documents, more than 20 interviews with survivors and officials, and a flurry of radio signals transmitted in the final hours suggest that the scale of death was preventable.

      Dozens of officials and coast guard crews monitored the ship, yet the Greek government treated the situation like a law enforcement operation, not a rescue. Rather than send a navy hospital ship or rescue specialists, the authorities sent a team that included four masked, armed men from a coast guard special operations unit.

      The Greek authorities have repeatedly said that the Adriana was sailing to Italy, and that the migrants did not want to be rescued. But satellite imagery and tracking data obtained by The New York Times show definitively that the Adriana was drifting in a loop for its last six and a half hours. And in sworn testimony, survivors described passengers on the ship’s upper decks calling for help and even trying to jump aboard a commercial tanker that had stopped to provide drinking water.

      On board the Adriana, the roughly 750 passengers descended into violence and desperation. Every movement threatened to capsize the ship. Survivors described beatings and panic as they waited for a rescue that would never come.

      The sinking of the Adriana is an extreme example of a longtime standoff in the Mediterranean. Ruthless smugglers in North Africa cram people onto shoddy vessels, and passengers hope that, if things go wrong, they will be taken to safety. But European coast guards often postpone rescues out of fear that helping will embolden smugglers to send more people on ever-flimsier ships. And as European politics have swung to the right, each new arriving ship is a potential political flashpoint.

      So even as passengers on the Adriana called for help, the authorities chose to listen to the boat’s captain, a 22-year-old Egyptian man who said he wanted to continue to Italy. Smuggling captains are typically paid only when they reach their destinations.

      The Greek Ministry of Maritime Affairs said it would not respond to detailed questions because the shipwreck was under criminal investigation.

      Despite many hours of on-and-off surveillance, the only eyewitnesses to the Adriana’s final moments were the survivors and 13 crew members aboard the coast guard ship, known as the 920. A Maritime Ministry spokesman has said that the ship’s night-vision camera was switched off at the time. Court documents show that the coast guard captain gave the authorities a CD-ROM containing video recordings, but the source of the recordings is unclear, and they have not been made public.

      Prime Minister Kyriakos Mitsotakis of Greece defended the coast guard during comments in Brussels this past week, calling its critics “profoundly unfair.” The sinking has brought rare public criticism from officials in the European Union, which has remained silent as the Greek government has hardened its stance toward migrants.

      In Greece, nine Egyptian survivors from the Adriana were arrested and charged with smuggling and causing the shipwreck. In sworn testimonies and interviews, survivors said that many of the nine brutalized and extorted passengers. But interviews with relatives of those accused paint a more complicated picture. At least one of the men charged with being a smuggler had himself paid a full fee of more than $4,000 to be on the ship.

      Collectively paying as much as $3.5 million to be smuggled to Italy, migrants crammed into the Adriana in what survivors recalled was a hellish class system: Pakistanis at the bottom; women and children in the middle; and Syrians, Palestinians and Egyptians at the top.

      An extra $50 or so could earn someone a spot on the deck. For some, that turned out to be the difference between life and death.

      Many of the passengers, at least 350, came from Pakistan, the Pakistani government said. Most were in the lower decks and the ship’s hold. Of them, 12 survived.

      The women and young children went down with the ship.
      Setting Sail

      Kamiran Ahmad, a Syrian teenager, a month shy of his 18th birthday, had arrived in Tobruk, Libya, with hopes for a new life. He had worked with his father, a tailor, after school. His parents sold land to pay smugglers to take him to Italy, praying that he would make it to Germany to study, work and maybe send some money home.
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      “We had no choice but to send him by sea,” his father said in an interview.

      But as the Adriana set sail at dawn on June 9, Kamiran was worried. His cousin, Roghaayan Adil Ehmed, 24, who went with him, could not swim. And the boat was overcrowded, with nearly twice as many passengers as he had been told.

      No life vests were available, so Roghaayan paid $600 to get himself, Kamiran and a friend to an upper deck.

      They were part of a group of 11 young men and boys from Kobani, a mainly Kurdish city in Syria devastated by more than decade of war. The group stayed in dingy, rented rooms in Beirut, Lebanon, then flew to Egypt and on to Libya.

      The youngest, Waleed Mohammad Qasem, 14, wanted to be a doctor. When he heard that his uncle Mohammad Fawzi Sheikhi was going to Europe, he begged to go. On the flight to Egypt, the two smiled for a selfie.

      Haseeb ur-Rehman, 20, a motorcycle mechanic from the Pakistan-administrated Kashmir, felt he had to leave home to help his family survive. Together with three friends, he paid $8,000 and left for Libya.

      He was one of the few Pakistanis who managed to snatch a spot on deck.

      The journey, if all went well, would take three days.

      As early as the second day, survivors recalled, the engine started breaking down.
      Lost

      By Day 3, food and clean drinking water had run out. Some migrants put dried prunes in seawater, hoping the sweetness would mellow the saltiness. Others paid young men $20 for dirty water.

      Unrest spread as it became clear that the captain, who was spending most of his time on a satellite phone, had lost his way.

      When Pakistanis pushed toward the upper deck, Egyptian men working with the captain beat them, often with a belt, according to testimony. Those men, some of whom are among the nine arrested in Greece, emerged as enforcers of discipline.

      Ahmed Ezzat, 26, from the Nile Delta, was among them. He is accused of smuggling people and causing the shipwreck. In an interview, his brother, Islam Ezzat, said that Ahmed disappeared from their village in mid-May and re-emerged in Libya weeks later. He said a smuggler had sent someone to the family home to collect 140,000 Egyptian pounds, or $4,500, the standard fee for a spot on the Adriana.

      Islam said he did not believe Ahmed had been involved in the smuggling because he had paid the fee. He said the family was cooperating with the Egyptian authorities. Ahmed, like the others who have been charged, has pleaded not guilty.
      ‘They Will Rescue You’

      By Day 4, according to testimonies and interviews, six people in the hold of the ship, including at least one child, had died.

      The next day, June 13, as the Adriana lurched toward Italy between engine breakdowns, migrants on deck persuaded the captain to send a distress call to the Italian authorities.

      The Adriana was in international waters then, and the captain was focused on getting to Italy. Experts who study this migratory route say that captains are typically paid on arrival. That is supported by some survivors who said their fees were held by middlemen, to be paid once they had arrived safely in Italy.

      The captain, some survivors recalled, said the Italian authorities would rescue the ship and take people to shore.

      Just before 1 p.m., a glimmer of hope appeared in the sky. A plane.

      Frontex, the European Union border agency, had been alerted by the Italian authorities that the Adriana was in trouble and rushed to its coordinates. There was no doubt the ship was perilously overloaded, E.U. officials said, and unlikely to make it to any port without help.

      Images of the rusty blue fishing boat appeared in the Frontex command center in Warsaw, where two German journalists happened to be touring, a Frontex spokesman said. The Adriana was a chance to showcase the agency’s ability to detect ships in distress and save lives.

      Now that Frontex had seen the ship, which was in Greece’s search-and-rescue area of international waters, the Greek authorities would surely rush to help.

      Two hours later, a Greek Coast Guard helicopter flew past. Its aerial photographs show the ship’s upper decks crammed with people waving their hands.

      Nawal Soufi, an Italian activist, fielded calls from frantic migrants.

      “I’m sure that they will rescue you,” she told them. “But be patient. It won’t be immediate.”
      Mayday

      Around 7 p.m. on June 13, almost seven hours after Frontex spotted the Adriana, the Greek authorities asked two nearby commercial tankers to bring the migrants water, food and diesel to continue their journey, according to video recordings and court documents.

      A crucial part of the Greek authorities’ explanation for not rescuing the Adriana is their claim that it was actively sailing toward Italy. When the BBC, using data from neighboring vessels, reported that the Adriana had been practically idle for several hours before it sank, the Greek government noted that the ship had covered 30 nautical miles toward Italy since its detection by Frontex.

      But satellite imagery and data from the ship-tracking platform MarineTraffic show that the Adriana was adrift for its final seven hours or so. Radar satellite imagery from the European Space Agency shows that by the time the Greeks summoned the commercial ships, the Adriana had already reached its closest point to Italy.

      From then on, it was drifting backward.

      The first tanker, the Lucky Sailor, arrived within minutes. The second, the Faithful Warrior, arrived in about two and a half hours. The captain of the Faithful Warrior reported that some passengers had thrown back supplies and screamed that they wanted to continue to Italy. How many people actually rejected help is unclear, but they included the Adriana’s captain and the handful of men who terrorized the passengers, according to survivors’ testimonies and interviews.

      Others were placing distress calls. Alarm Phone, a nonprofit group that fields migrant mayday calls, immediately and repeatedly told the Greek authorities, Frontex and the United Nations refugee agency that people on the Adriana were desperate to be rescued. Several passengers testified that they had tried to jump aboard the Faithful Warrior. But the migrants said that the frenzy only destabilized the Adriana, so the Faithful Warrior withdrew.

      As night fell, the Faithful Warrior’s captain told the Greek control center that the Adriana was “rocking dangerously.”

      Radio transmission records show that, over five hours, the Greek control center transmitted five messages across the Mediterranean using a channel reserved for safety and distress calls.

      Henrik Flornaes, a Danish father of two on a yacht far from the area, said he heard two mayday relay signals that night. They provided coordinates near the location of the Adriana, he said.

      A mayday relay directs nearby ships to begin a search and rescue.

      But the Greek Coast Guard itself mounted no such mission at this point.
      An End Foretold

      As midnight of June 14 approached, the Greek Coast Guard vessel 920, the only government ship dispatched to the scene, arrived alongside the Adriana.

      The presence of the 920 did not reassure the migrants. Several said in interviews that they were unsettled by the masked men. In the past, the Greek government has used the coast guard to deter migration. In May, The Times published video footage showing officers rounding up migrants and ditching them on a raft in the Aegean Sea.

      The mission of the 920 is unclear, as is what happened after it arrived and floated nearby for three hours. Some survivors say it tried to tow the Adriana, capsizing it. The coast guard denied that at first, then acknowledged throwing a rope to the trawler, but said that was hours before it sank.

      To be sure, attempts to remove passengers might have backfired. Sudden changes in weight distribution on an overcrowded, swaying ship could have capsized it. And while the 920 was larger was than the Adriana, it was not clear if had space to accommodate the migrant passengers.

      But Greece, one of the world’s foremost maritime nations, was equipped to carry out a rescue. Navy ships, including those with medical resources, could have arrived in the 13 hours after the Frontex alert.

      Exactly what capsized the ship is unclear. The coast guard blames a commotion on the ship. But everyone agrees that it swayed once to the left, then to the right, and then flipped.

      Those on deck were tossed into the sea. Panicking people stepped on each other in the dark, desperately using each other to come up for air, to stay alive.

      At the water’s surface, some clung to pieces of wood, surrounded by drowned friends, relatives and strangers. Others climbed onto the ship’s sinking hull. Coast guard crew members pulled dozens of people from the sea. One person testified that he had initially swum away from the 920, fearing that the crew would drown him.

      Waleed Mohammad Qasem, the 14-year-old who wanted to be a doctor, drowned. So did his uncle, who had posed with him for a selfie. The ship’s captain also died.

      Hundreds of people, including the women and young children, inside the Adriana stood no chance. They would have been flipped upside down, hurled together against the ship as the sea poured in. The ship took them down within a minute.

      Haseeb ur-Rehman, the Pakistani motorcycle mechanic on the top deck, survived. “It was in my destiny,” he said from a migrant camp near Athens. “Otherwise, my body would have been lost, like the other people in the boat.”

      Near the end, Kamiran Ahmad, the teenager who had hoped to study in Germany, turned to his cousin Roghaayan. From the migrant center in Greece, the older cousin remembered his words: “Didn’t I tell you we were going to die? Didn’t I tell you we were already dead?”

      Both went into the water. Kamiran’s body has not been recovered.

      https://www.nytimes.com/2023/07/01/world/europe/greece-migrant-ship.html

  • #Lyon-Turin : retour sur l’opposition française au projet de nouvelle ligne ferroviaire

    En Savoie, des militants écologistes des Soulèvements de la Terre se sont introduits le 29 mai 2023 sur l’un des chantiers de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Une banderole « La montagne se soulève » a été déployée pour appeler au week-end de mobilisation franco-italienne contre ce projet, organisé les 17 et 18 juin 2023 en Maurienne.

    Imaginé dans les années 1980, le projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin a connu depuis de nombreux atermoiements, notamment en ce qui concerne le tracé entre l’agglomération lyonnaise et Saint-Jean-de-Maurienne. Dix ans après la déclaration d’utilité publique (DUP) de 2013, les décisions concernant les 140 km de nouvelles voies d’accès français au tunnel transfrontalier de 57,5 km n’ont toujours pas été prises : ni programmation, ni financement, ni acquisition foncière.

    Les premiers travaux préparatoires du tunnel ont pourtant débuté dès 2002 et sa mise en service est prévue pour 2032. Ce dernier est pris en charge par un consortium d’entreprises franco-italiennes nommé Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT), un promoteur public appartenant à 50 % à l’État français et à 50 % aux chemins de fer italiens. D’une longueur totale de 271 km, le coût de cette nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin est désormais estimé à 26 milliards d’euros au lieu des 8,6 initialement prévus.
    Projet clivant et avenir incertain

    Pour ses promoteurs, elle est présentée comme une infrastructure de transport utile à la transition écologique. Selon eux, elle permettrait à terme de désengorger les vallées alpines du trafic des poids lourds en favorisant le report modal de la route vers le rail. À l’inverse, ce projet est exposé par ses opposants comme pharaonique, inutile et destructeur de l’environnement. Ils argumentent que la ligne ferroviaire existante entre Lyon et Turin et actuellement sous-utilisée permettrait, une fois rénovée, de réduire le transport de fret par camion.

    Ils défendent la nécessité de privilégier l’existant et ne pas attendre des années pour le report modal des marchandises vers le rail. Les défenseurs du nouveau projet jugent quant à eux la ligne existante comme obsolète et inadaptée. En toile de fond de ce débat, les prévisions de trafic autour des flux de marchandises transitant par la Savoie : sous-estimés pour les uns, sur-estimés pour les autres.

    Le 24 février dernier, le rapport du Comité d’orientation des infrastructures (COI) a rebattu les cartes. Il propose en effet de repousser la construction de nouvelles voies d’accès au tunnel transfrontalier à 2045 et donner la première place à la modernisation de la ligne existante.

    Le scénario choisi par la Première ministre prévoit alors le calendrier suivant : études pour de nouveaux accès au tunnel au quinquennat 2028-2032, début de réalisation à partir de 2038, et une livraison au plus tôt vers 2045… soit, en cas de respect du calendrier annoncé par TELT, 13 ans après la mise en service du tunnel. Se profile donc la perspective d’un nouveau tunnel sans nouvelles voies d’accès : un scénario qui ne satisfait ni les défenseurs ni les opposants au projet.

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    Le 12 juin, nouveau rebondissement. Le ministre des Transports annonce 3 milliards d’euros de crédits pour les voies d’accès du tunnel transfrontalier dès les projets de loi de finances 2023 et 2024. Le gouvernement valide également le financement de l’avant-projet détaillé qui doit fixer le tracé, soit environ 150 millions d’euros.
    L’affirmation d’une opposition française

    C’est dans ce contexte que va se dérouler la mobilisation des Soulèvements de la Terre, les 17 et 18 juin 2023. Elle a pour objectif de donner un écho national aux revendications portées par les opposants : l’arrêt immédiat du chantier du tunnel transfrontalier et l’abandon du projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin.

    Outre les collectifs d’habitants, cette opposition coalise désormais des syndicats agricoles (Confédération paysanne) et ferroviaires (Sud Rail), des associations locales (Vivre et agir en Maurienne, Grésivaudan nord environnement) et écologistes (Attac, Extinction Rébellion, Les Amis de la Terre, Alternatiba, Cipra), des organisations politiques (La France Insoumise – LFI, Europe Ecologie Les Verts – EELV, Nouveau parti anticaptialiste – NPA) et le collectif No TAV Savoie.

    Cela n’a pas toujours été le cas : le projet est longtemps apparu consensuel en France, malgré une forte opposition en Italie depuis le début des années 1990 via le mouvement No TAV.

    2012 marque une étape importante dans l’opposition française alors disparate et peu médiatisée. Une enquête publique organisée cette année-là dans le cadre de la procédure de DUP permet une résurgence des oppositions, leurs affirmations et leur coalition au sein d’un nouvel agencement organisationnel. Ce dernier gagne rapidement en efficacité, occupe le champ médiatique et se connecte avec d’autres contestations en France en rejoignant le réseau des Grands projets inutiles et imposés (GP2I), dans le sillage de Notre-Dame-des-Landes.
    Basculement des ex-promoteurs du projet

    Cette publicisation nouvelle participe à une reproblématisation et politisation autour de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Des défenseurs du projet basculent alors dans le camp des opposants, provoquant un élargissement de la mobilisation.

    EELV, pendant 20 ans favorable au projet, est un exemple saillant de cette évolution. Alors qu’il le jugeait incontournable et sans alternative, quand bien même la contestation gagnait en intensité en Italie, la « Convention des écologistes sur les traversées alpines » en 2012 signe son changement de positionnement.

    Ce nouveau positionnement peut se résumer ainsi : la réduction du transport routier ne dépend pas de la création de nouvelles infrastructures ferroviaires mais de la transition vers un modèle de développement moins générateur de flux de marchandises, la rénovation et l’amélioration des infrastructures ferroviaires existantes étant prioritaires pour gérer les flux restants.

    Une position aujourd’hui défendue par les maires de Grenoble et de Lyon, mais aussi par des députés européens et nationaux EEV et LFI. Pour autant, la mobilisation française reste jusqu’à aujourd’hui éloignée des répertoires d’action employés dans la vallée de Suse.
    Effacement de la montagne

    Ce projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin révèle aussi et avant tout une lecture ancienne du territoire européen à travers les enjeux de mobilité. Au même titre que les percements des tunnels ferroviaires, routiers puis autoroutiers depuis la fin du XIXe siècle à travers les Alpes, il contribue à une forme d’aplanissement de la montagne pour en rendre les passages plus aisés et ainsi permettre des flux massifs et rapides.

    Cette norme de circulation des humains et des marchandises est révélatrice d’une vision du monde particulière. L’historienne Anne-Marie Granet-Abisset la résume ainsi :

    « Elle correspond aux modèles édictés par les aménageurs (politiques et techniques) qui travaillent dans les capitales européennes, désirant imposer leur vision aux territoires qu’ils gèrent, en dépit des sommes considérables mobilisées pour ce faire. Toute opposition ne peut être entendue, présentée alors comme de la désinformation ou de la mauvaise foi . »

    Ces enjeux informationnels et communicationnels demeurent omniprésents dans le débat public entre promoteurs et opposants au projet. Ils donnent lieu à de nombreuses passes d’armes, chacun s’accusant mutuellement de désinformation ; sans oublier les journalistes et leur travail d’enquête.
    Ressource en eau

    Depuis l’été 2022, c’est la question de la ressource en eau et des impacts du chantier du tunnel transfrontalier sur celle-ci qui cristallise les tensions. Elle sera d’ailleurs au cœur de la mobilisation des 17 et 18 juin 2023 en Maurienne, permettant ainsi une articulation avec les autres mobilisations impulsées ces derniers mois par les Soulèvements de la Terre. Une controverse sur le tarissement des sources qui existe depuis vingt ans en Maurienne.

    Plus largement, le débat sur l’utilité et la pertinence de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin révèle le paradoxe auquel sont soumises les hautes vallées alpines. Dans un contexte d’injonction à la transition écologique, ce paradoxe fait figure d’une contrainte double et opposée comme le résume l’historienne Anne-Marie Granet-Abisset :

    « Des territoires qui doivent être traversés aisément et rapidement en fonction des critères de l’économie des transports, un lobby puissant à l’échelle européenne ; des territoires qui puissent apparaître comme préservés, inscrits dans une autre conception du temps, celle de la lenteur des cols et des refuges, en même temps qu’ils doivent être facilement accessibles à partir des métropoles . »

    https://theconversation.com/lyon-turin-retour-sur-lopposition-francaise-au-projet-de-nouvelle-l
    #no-tav #no_tav #val_de_Suse #Italie #France #Alpes #transports #transports_ferroviaires #résistance #Soulèvements_de_la_Terre #ligne_ferroviaire #mobilisation #Maurienne #Tunnel_Euralpin_Lyon_Turin (#TELT) #coût #infrastructure_de_transport #poids_lourds #Savoie #Comité_d’orientation_des_infrastructures (#COI) #chantier #Grands_projets_inutiles_et_imposés (#GP2I) #vallée_de_suse #mobilité #eau #transition_écologique

  • #NoTAV DOCUMENTAIRE | Le 17 Juin, la montagne se soulève

    Documentaire des #Soulèvements_de_la_Terre, sur les ravages provoqués par le #LyonTurin, mais aussi de témoignages de celles et ceux qui luttent des deux côtés de la frontières depuis longtemps pour préserver l’#eau, les #terres et les #montagnes.

    Le 17 juin, retrouvons-nous en Maurienne pour impacter concrètement le projet et faire se soulever les Alpes ! #NoTAV #StopTELT

    #######

    Depuis des dizaines d’années, des deux côtés des Alpes, en France comme en Italie, collectifs et associations se mobilisent pour qu’un projet pharaonique, inutile et désastreux ne voit jamais le bout du tunnel.

    Ce projet, c’est la seconde #ligne_ferroviaire Lyon Turin : 30 milliards d’euros pour 270 km de dévastation, en surface et à travers de multiples galeries sous nos montagnes. Le #tunnel transfrontalier représente à lui seul 2 tubes de 57,5 km chacun !

    Les conséquences ? 1500 hectares de zones agricoles et naturelles à artificialiser, des millions de tonnes de #déchets issues des galeries à stocker, le #drainage de 100 millions de m3 souterraine chaque année à prévoir, asséchant de façon irrémédiable la montagne. Si l’#eau c’est la vie, alors c’est bien au droit à vivre des populations locales que ce projet s’attaque...

    Faire transiter les marchandises par le rail plutôt que par la route, pourtant, c’est bien écologique ? Certainement. Sauf qu’il existe déjà une ligne, fortement sous utilisée, sur laquelle le #fret_ferroviaire s’est effondré : 10 millions de tonnes transportées en 1993, 3,3 millions en 2021. Et ce malgré des travaux conséquents de mise aux normes !

    Et le climat, alors ? L’impact des travaux est tel qu’il faudra des dizaines d’années pour espérer compenser la dette carbone qui est creusée en ce moment même (selon la Cour des comptes européenne il faudra probablement attendre jusqu’en... 2085 !). Alors que tout le monde s’accorde sur l’urgence climatique et le besoin d’agir immédiatement, le LYON-TURIN participe activement au réchauffement climatique.

    Symbole d’une époque où l’on ne jurait que par l’explosion du trafic de #marchandises et la #grande_vitesse, ce désastre environnemental a démarré (11km creusés sur les 115 nécessaires pour le tunnel transfrontalier), mais il est encore possible d’éviter le pire en faisant dérailler ce projet écocide.

    Les 17 et 18 juin, une #mobilisation internationale se déroulera en Maurienne, organisée par les Soulèvements de la Terre et de nombreuses organisations qui combattent ce projet depuis longtemps.

    https://www.youtube.com/watch?v=A6j8unxb0xs

    #TAV #No_TAV #Lyon-Turin #résistance #luttes #lutte #artificialisation_des_sols

  • Segregare e punire: il disegno politico brutale dentro il “decreto Cutro”

    Nonostante la pletora di emendamenti il quadro del provvedimento governativo appare definito: centri informali chiusi, procedure accelerate, smantellamento della protezione speciale, ostacoli alla conversione dei permessi di soggiorno in permessi per attività lavorativa. “Una strategia illegale e sconsiderata”, osserva Michele Rossi

    Per comprendere il testo del decreto legge 10 marzo 2023 (https://www.senato.it/japp/bgt/showdoc/frame.jsp?tipodoc=Resaula&leg=19&id=1375360&part=doc_dc-allegatoa_aa), il cosiddetto “decreto Cutro”, occorre applicare con grande concentrazione le parole d’ordine gramsciane circa il pessimismo dell’intelligenza e l’ottimismo della volontà (A. Gramsci, Quaderni dal carcere, Einaudi, 2014). Pessimismo dell’intelligenza perché siamo certamente di fronte al più violento e invasivo tentativo di sovvertimento di alcuni fondamentali istituti costituzionali, democratici e sociali della recente storia repubblicana.

    Non deve in tal senso ingannare il fatto il decreto legge riguardi “solo” migranti e “solo” norme che disciplinano l’immigrazione. È evidente che sottesa a tale disciplina risulta ben visibile un’idea di società e pur producendo un certo accanimento su uno specifico gruppo sociale -i migranti-, l’intento, nemmeno troppo malcelato, è di intervenire sui rapporti tra gruppi sociali: un’operazione di “ortopedia sociale” (M. Focault, Sorvegliare e Punire, Einaudi, 2014) volta a separare, segmentare, disgiungere le comunità, annichilirne la tensione, individuale e collettiva all’integrazione, alla coesione, allo stesso contatto interculturale. Il decreto opera -purtroppo con conseguenze drammatiche- innanzitutto sulle persone migranti, ma colpendo loro, frammenta il corpo sociale intero, con pesanti ripercussioni su tutti. Non si tratta nemmeno più di modelli di accoglienza, addirittura il paradigma securitario credo non basti a interpretarne la ratio e la filosofia di fondo, vedremo, ma di produrre condizioni di tale aleatorietà da rendere ordinario l’arbitrio, la deterrenza sistematica sino all’avveramento della profezia: non è possibile nessuna integrazione, solo marginalità e segregazione.

    Del resto, come proveremo ad argomentare, per immaginare un tale impianto andava raccolto e finalizzato un lungo periodo di semina culturale e nei fatti, la nuova costruzione normativa non poteva che ergersi su fondamenta feroci, una de-soggettivazione del migrante e la criminalizzazione della solidarietà sociale. Nonostante la pletora di emendamenti, frutto di una ben organizzata e accurata strategia, il quadro normativo e anche simbolico e culturale appare definito e spaventoso: centri informali chiusi, procedure accelerate, smantellamento della protezione speciale, ostacoli alla conversione dei permessi di soggiorno in permessi per attività lavorativa. In poche parole: segregare e punire. Una strategia illegale e sconsiderata, che ha chiaramente una pesantissima ricaduta sociale su persone, territori e comunità.

    Impotenza e aggressività
    Il “decreto Cutro” emendato, con le sue novazioni normative, non è infatti preciso ma piuttosto confuso e lo è forse, volutamente. Vuole, questo è chiaro, rendere non più esigibili che quei diritti che non può permettersi di negare apertamente, come (forse) vorrebbe. Per questo sembra più orientato a creare caos, paura e incertezza che a prescrivere e normare un qualsivoglia governo del fenomeno. La lettura consegna abbastanza nitido il tentativo di rendere organico un sistema di deterrenza: non puoi arrivare, se arrivi non puoi stare, se stai verrai recluso, non avrai il permesso di soggiorno e non potrai muoverti, se e quando potrai muoverti non troverai accoglienza, se la troverai avrai pochi servizi e sconterai il tempo che avrai passato ad attendere, non potrai lavorare regolarmente e renderti autonomo, se anche lavori non potrai convertire il permesso in lavoro: preparati ad essere sempre marginale e per te oltre allo sfruttamento, nessuna garanzia e nessun futuro.

    In estrema sintesi, e semplificando (ma nemmeno troppo) questo è il suo contenuto: si rivolge allo straniero e -con l’aggressività dell’impotenza (i promessi blocchi navali non sono stati in effetti realizzati)- promette sofferenza, spaventa, annichilisce il diritto ma anche la speranza. In questo senso la sua banalità non deve ingannare: è tanto più pericoloso quanto studiato frutto di una meticolosa applicazione.

    Dove possiamo colpire siccome non possiamo fermare? Dove possiamo ostacolare siccome non possiamo negare? Stupisce però che il governo abbia applicato la sua logica senza nessuna remora circa le conseguenze, in termini di sofferenza, illegalità, marginalità e quindi del prezzo di un tale impianto sulle vite individuali e sulla società tutta che questa operazione comporterà. Il messaggio sociale, culturale e simbolico è tanto più nascosto nelle pieghe di mille emendamenti quanto più è forte anche in questo senso, e suona come un monito: “Attenzione, siamo disposti a tutto”. Un monito che traduce un senso del potere sulla vita delle persone incondizionato e feroce.

    La “banalità” degli emendamenti
    In tal senso non deve nemmeno ingannare che una ipotesi così invasiva e violenta avvenga attraverso decine e decine di singoli emendamenti, che con il loro aspetto tecnico e procedurale parrebbero offrire una qualche forma di rassicurazione: “Non si può operare un tale sovvertimento attraverso emendamenti”; ossia cancellazioni e aggiunte di commi, frasi, parole. Lo strumento garantisce una operazione meno organica e meno frontale -come fu nel 2018 con i “decreti sicurezza”- e rischia di attenuare l’attenzione pubblica, di distrarla, specie i non addetti ai lavori. È piuttosto da ritenersi che anche questa sia una precisa strategia, già peraltro testata nei mesi scorsi nel processo di conversione del cosiddetto “decreto sbarchi”, in cui una serie di emendamenti che reintroducevano aspetti salienti dei “decreti sicurezza” del 2018 furono presentati in commissione Affari costituzionali dal parlamentare leghista Igor Iezzi, per poi essere dichiarati inammissibili per estraneità di materia e senza i requisiti di necessità e urgenza. Calare attraverso un’azione ordinaria contenuti che ordinari non sono, prevenire una reazione nella società civile, anticiparla sul tempo, farlo senza essere (troppo) visibili, lasciare conseguenze irreparabili.

    Deterrenza e paura reali
    Infine va osservato come il decreto legge che si avvia a essere convertito in legge dello Stato e a sfidarne l’ordinamento, rechi il nome della località dove si è consumata l’ennesima tragedia del mare: Cutro. È sintomatico e paradossale al tempo. Sintomatico perché, riferendosi al luogo di una strage sulla quale il governo ha una responsabilità per l’assenza dei soccorsi, rende manifesta, plastica, l’assenza di ogni limite alla politica di deterrenza imbracciata. In questo senso il nome suona sinistro perché riporta alla mente il mancato soccorso, i morti, lo spostamento delle bare senza interloquire con i familiari, il mancato omaggio della presidente del Consiglio alle vittime, i superstiti lasciati e abbandonati nel Cara di Sant’Anna, piantonati dalle forze dell’ordine. La stessa località è stata però anche -ed in questo senso che il decreto si intitoli Cutro appare invece paradossale- di una grande, continua e spontanea manifestazione di accoglienza dei cutresi e di tante comunità, paesi, amministrazioni della Calabria: dalla veglia delle vittime alla solidarietà ai superstiti, al blocco stradale per impedire il trasferimento coatto delle bare, alla manifestazione nazionale dell’11 marzo e a uno striscione, che, rivolto ai migranti tutti, vittime e superstiti, recitava: “La vostra speranza è la nostra speranza”. Quella speranza che il decreto vuole colpire e che i cittadini di Cutro e della Calabria hanno invece scelto per riconoscere nei migranti ciò che ci unisce. Ed è questo che il decreto, in ultima istanza, vuole intaccare.

    Carichi residuali
    Molto diverse da queste parole, sulla spiaggia di Steccato di Cutro, mentre ancora erano in corso le operazioni di recupero dei corpi delle vittime, quelle del ministro dell’Interno Matteo Piantedosi, che non riconosce “speranza” nei migranti ma una mancanza, precisamente di responsabilità. Lui non si rivolge direttamente ai migranti come invece faranno i cutresi, parla in prima persona, ma traccia un distinguo, morale, un solco incolmabile tra chi come lui, il ministro dice,“educato alla responsabilità” non avrebbe messo in mare, nelle mani degli scafisti i figli e chi lo ha fatto. Questa affermazione ben rappresenta a mio parere, lo spirito che informa il decreto che sopra abbiamo provato a interpretare. La strage, si intende, è colpa di chi, irresponsabile e non educato alla responsabilità, ha messo i figli in mare. La frase ha provocato, per la violenza e brutalità che esprime, forti reazioni; ma non è evidentemente un’esternazione sconsiderata. Le parole del ministro “disumanizzano” i migranti, che lo faccia a fronte dei corpi delle vittime, le rende solo più odiose, ma a ben vedere che cosa vuole trasmettere il ministro? Che non c’è società comune possibile senza “educazione”, senza il rispetto dei figli, senza responsabilità, non c’è futuro possibile “con” i rifugiati, essi non sono persone ma una categoria indistinta, non “educata” alla responsabilità, una minaccia quindi che va contenuta con ogni mezzo. Pochi mesi prima si era infatti rivolto a loro definendoli “carico residuale”. Ci siamo “noi”, categoria morale, e “loro” categoria immorale, che non hanno i medesimi attributi di umanità, che hanno la colpa della strage. Altri esponenti del governo avrebbero infatti parlato in quei giorni di mancato “rispetto di sé e della vita”. E come si può costruire una comunità con chi non ha rispetto “per sé e per la vita”, “responsabilità verso i figli” che appaiono essere i presupposti necessari per una convivenza civile?

    Privare
    Forse più queste affermazioni che singoli emendamenti riescono a restituire, perché ne sono coerente espressione, il disegno complessivo del decreto. Ma appunto vi è coerenza e continuità, le esternazioni pubbliche rompono la patina burocratica e banale del lavoro tecnico di scrittura di commi, articoli e rimandi. Tuttavia quegli emendamenti non potrebbero essere stati scritti se non avendo in mente “carichi residuali”, “non-persone” cui attribuire vigliaccamente la colpa della loro stessa morte per mancanze strutturali che li rendono definitivamente e senza appello, “altro” da noi, corpi estranei, da espellere, impossibilitati a vivere in comunità. Sironi, in un importantissimo saggio sulla tortura (Sironi, Françoise, Psychopathologie des violences collectives, Odile Jacob, 2007), scrive “privare i migranti del riconoscimento dei fattori storici e politici in cui prende corpo la migrazione, significa negare ai migranti quelle dimensioni cruciali nelle negoziazioni identitarie e nelle più ampie trasformazioni sociali che li implicheranno in qualità di nuovi cittadini”. È esattamente questo il punto. Esternazioni e decreti concordano invece su questa linea: negare i fattori storici e politici in cui la migrazione prende corpo. Per prima cosa infatti dobbiamo affermare che il decreto del 10 marzo 2023 lascia invariate due premesse: non sono possibili arrivi legali e canali sicuri e il solo modo di regolarizzarsi resta, nei fatti, l’asilo politico. Però non ci sono “veri” rifugiati e le liste dei Paesi sicuri aumentano irragionevolmente. Una scelta che nega la realtà attuale: guerre, persecuzioni, regioni non più abitabili, più di 100 milioni di rifugiati globali, il trionfo delle organizzazioni del traffico che prosperano sulla chiusura dei confini europei, i sanguinosi patti con Libia e Turchia.

    Segregare: l’assalto alla libertà dei richiedenti asilo
    Costretti a una migrazione forzatamente illegale, quindi a manifestarsi come presenza indesiderata e minacciosa dell’equilibrio sociale, economico, finanche “etnico” del Paese di approdo, il migrante è anche costretto a chiedere asilo, costituendo questa l’unica via -per poi dover sottostare a una complessa procedura burocratica di legittimazione della propria presenza e a un esito assai incerto rispetto il riconoscimento di una forma di protezione-.

    Il quadro che si sta delineando appare infatti molto peggiore anche di quello tracciato nel 2018 dai famigerati “decreti sicurezza”, perché entra in gioco oggi -ancor più violentemente- il tema della limitazione della libertà personale dei richiedenti asilo. Se, ad esempio, nel 2018 la riforma sovvertiva il sistema di accoglienza affermando la centralità dei Centri di accoglienza straordinaria (Cas), ridotti a mero parcheggio, senza servizi di integrazione e senza nemmeno il rispetto degli standard minimi europei; essi oggi rischiano di essere “superflui”, perché comunque aperti, ovvero senza limitazione della libertà personale dei richiedenti. Oggi il Governo Meloni preconizza, con la nozione vaga di “punti caldi/punti di crisi” (hotspot), centri di detenzione informale in cui condurre sia le procedure di identificazione sia l’esame, accelerato, delle domande di asilo. Non più quindi luoghi di transito ma di detenzione informale. Come osserva Gianfranco Schiavone va infatti ricordato che “l’ordinamento italiano continua a non prevedere alcun intervento dell’autorità giudiziaria sul presupposto della detenzione negli hotspot e sulla condizione della stessa”. Il governo sceglie la direzione opposta, intendendo sfruttare al massimo questa mancanza di garanzia, gli hotspot divengono da luoghi di identificazione e transito, centri informali di detenzione, utili sia all’identificazione sia all’esame, accelerato, della domanda d’asilo.

    Segregare: l’estensione indebita della frontiera
    È attraverso questa risignificazione dei vaghi e opachi “punti di crisi/punti caldi” che il governo, ignorando il dettato costituzionale sul trasferimento delle funzioni amministrative ai Comuni, si appresta a estendere indebitamente la nozione di “frontiera” sin dentro città e paesi, anche molto lontano da porti e confini terrestri e, in questo spazio sospeso e indefinito, a tracciare il solco e innalzare i muri che separeranno italiani e stranieri, presenze legali e “illegali”, dentro e fuori. Gli emendamenti al “decreto Cutro” prevedono un ampiamento delle casistiche cui applicare la procedura accelerata di esame della domanda di asilo (o procedura “di frontiera”) tale da ricomprendere nei fatti ogni casistica possibile. Il decreto prevede anche la moltiplicazione degli hotspot sul territorio nazionale. Sino ad oggi le procedure di esame accelerato, in frontiere erano limitate a pochissime fattispecie. È un cambio di paradigma: negli hotspot non solo la procedura di identificazione ma anche l’esame della domanda d’asilo, con la possibilità di estenderne -evidentemente- i tempi di permanenza. È la genesi di un nuovo sistema concentrazionario. Infatti ritorna anche, dal testo dei “decreti sicurezza”, l’impossibilità per i richiedenti asilo di accedere al sistema pubblico di accoglienza integrata e diffusa (Sai, già Sprar). Tale sistema ritorna quindi in versione Siproimi, a essere esclusivo per i soli, pochi, cui verrà riconosciuta la protezione internazionale. Tramonta l’idea di costruire la protezione e l’integrazione sin da subito, attraverso la prossimità relazionale del contatto nelle comunità e attraverso la libertà di movimento dei richiedenti asilo.

    Punire: la spietata logica dei grandi centri chiusi
    Una recente e fondamentale inchiesta di Altreconomia, condotta da Luca Rondi e Lorenzo Figoni, ha squarciato il velo sulle condizioni di vita dentro i Centri di permanenza per il rimpatrio (Cpr). L’articolo s’intitola significativamente “Rinchiusi e sedati: l’abuso quotidiano di psicofarmaci nei Cpr italiani”. I Cpr, pur teatro di un crescente numero di gesti autolesivi, suicidi, violenze e danneggiamento delle strutture, sono stati recentemente oggetto di uno stanziamento economico imponente (quasi 46 milioni di euro) per potenziarne -sempre seguendo la logica della paura e della deterrenza percorsa dal governo- il funzionamento e anche in questo caso, la diffusione sul territorio nazionale. Si intravede un’ipotesi: segregare il migrante sin dal suo arrivo e in caso di diniego passare direttamente da hotspot a Cpr. L’inchiesta di Altreconomia, dati alla mano, mostra l’abuso di psicofarmaci dentro le strutture, utilizzati sistematicamente per disciplinare migranti costretti all’inattività forzata, senza personale cui rivolgersi e nessuna attività da svolgere.

    In un’intervista rilasciata al giornalista Franz Baraggino e pubblicata su ilfattoquotidiano.it, il Garante nazionale dei diritti delle persone private della libertà personale, Mauro Palma, ha commentato: “Avere più Cpr non serve a niente, se non a dare il messaggio simbolico del ‘li teniamo chiusi qui’, nient’altro”. Lo stesso Garante ha aggiunto che “in quei posti le persone cambiano e quando ritornano nelle nostre comunità, come il più delle volte accade, sono peggiorate […] i comportamenti di insofferenza acuta sono il prodotto di uno spazio dove non sei nulla, non fai nulla e nulla avviene, salvo rimuginare sul proprio destino, che è un destino di fallimento, quello del rimpatrio”. Complessivamente nei Cpr transitano circa 10mila persone all’anno, il 2% del totale degli irregolari, e contribuiscono per il solo 50% (circa 3.000) ai complessivi 6.000 rimpatri che avvengono in media ogni anno. Senza accordi bilaterali, il rimpatrio è per molti più una minaccia che una realtà. A fronte dell’inefficacia dello strumento, a fronte dei suoi costi e della sofferenza che genera, il governo invece investe su questa forma di detenzione per le persone “espulse”, per un’irregolarità appositamente creata.

    Sin dagli anni 90 del secolo scorso la letteratura scientifica è concorde sull’individuare nei centri di detenzione amministrativa, siano strutture adibite al rimpatrio come i nostri Cpr o le strutture di confinamento e segregazione dei richiedenti asilo come gli hotspot, luoghi con alta incidenza di problemi psichiatrici psicologici, di perdita della salute organica e delle risorse psico-sociali per affrontare la vita lavorativa e sociale una volta usciti dal centro (Loutan, Louis, et al. “Impact of trauma and torture on asylum-seekers.” The European Journal of Public Health 9.2 (1999): 93-96.). Allora perché farne sistema? La domanda è chiaramente retorica.

    Punire: lo smantellamento della protezione speciale
    Largamente anticipati da un sinistro rumore di fondo che ha ricordato il precedente assalto alla protezione umanitaria (2018), un rumore di fondo sorretto dalla mistificazione che affermava essere la protezione speciale una anomalia solo italiana; gli emendamenti al “decreto Cutro” hanno infine smantellato anche tale protezione. Non potendo privarla dei riferimenti a convenzioni e norme internazionali (Cedu), il governo -altro esempio di logica deliberatamente punitiva- ha scelto di confondere le competenze per il rilascio, ostacolandone l’ottenimento, che rimane sulla carta possibile ma nei fatti arduo. Se sino a oggi il percorso di ottenimento appariva ragionevole e chiaro, ora non lo è più, precipitato nel conflitto di competenze tra questure e commissioni territoriali. Preme sottolineare che questa ennesima e antieconomica previsione colpirà in special modo coloro che per varie ragioni stanno compiendo passi decisivi per un percorso di integrazione sociale e lavorativa, cui ha dato principio nonostante gli ostacoli precedenti.

    Conclusione
    Abbiamo provato a ricostruire il messaggio culturale, simbolico e -almeno per alcune misure- le conseguenze concrete, di quanto previsto dal decreto legge del 10 marzo 2023 e dei suoi numerosissimi emendamenti che ne definiranno la conversione in legge, prevista entro i primi dieci giorni di maggio. Per quanto molti dei suoi contenuti siano di difficile applicazione ed è prevedibile un’imponente mole di controversie legali, abbiamo creduto importante analizzarne gli intenti, cercando di osservarne il disegno per comprendere quale intenzioni ed obiettivi hanno mosso il legislatore in una così radicale sfida all’ordinamento giuridico, ai diritti, a istituti sociali e conquiste culturali.

    Tra queste, certamente colpisce, a 45 anni dalla “Legge Basaglia”, il ritorno a strutture concentrazionarie per segregare un determinato gruppo sociale, oggi i migranti, privati della loro libertà per la colpa di sfidare con determinazione, disperazione o -come riconosciuto dai cutresi- speranza, il divieto imposto dall’Europa e dall’Italia a poter vivere in pace e sicurezza. Per articolare in legge questo che è un discorso politico e culturale “estremo” che nega sia ai migranti il riconoscimento delle cause in cui si è prodotta la migrazione, sia alla società italiana la propria storia e le sue conquiste democratiche e sociali (tra esse ricordiamo solo la chiusura dei manicomi, delle classi speciali), il governo investe su un decisivo salto di qualità in strumenti e pratiche di segregazione, confinamento e marginalizzazione dei migranti, sino al punto di limitare la libertà personale. Un salto di qualità atto a impedire il contatto, la solidarietà e orientato a impedire l’integrazione sociale e lavorativa, la convivenza interculturale basata sui diritti.

    Vincolato da Costituzione, trattati internazionali, norme superiori, il governo propone allora un disegno “banalmente” tecnico nella forma (gli emendamenti) quanto feroce nella sostanza. Tanto più feroce quanto più impotente a fronte dei cambiamenti epocali che stiamo collettivamente attraversando, cercando nella deterrenza e nella minaccia ai gruppi sociali più fragili, la misura della propria forza e assumendo una postura punitiva, inutile se non a produrre evitabili sofferenze individuali, tensioni sociali improduttive e costi economici e sociali per le generazioni future.

    L’iniziale citazione di Antonio Gramsci è stata trattata solo per metà, quella relativa al pessimismo dell’intelligenza. In conclusione è il tempo invece della seconda parte, l’ottimismo della volontà. C’è ragione di credere che un disegno -quello tracciato dal decreto- così povero di futuro e così meschinamente abbarbicato sulla deumanizzazione dei migranti, sia rigettato dalla società, sia reso inapplicabile nella quotidianità, nelle relazioni interpersonali e sociali, prima ancora che nelle aule dei tribunali, iniziando una grande stagione dove italiani e migranti insieme affermino uniti l’inviolabilità dei diritti di tutti e tutte e la libertà di costruire insieme il futuro che ci attende.

    https://altreconomia.it/segregare-e-punire-il-disegno-politico-brutale-dentro-il-decreto-cutro
    #décret #décret_Cutro #decreto_Cutro #Italie #migrations #asile #réfugiés #loi

    • Italy: New law curtails migrants’ rights

      For migrants in Italy getting special protection status can be life-changing. But lawmakers have now approved a law severely restricting access.

      Italy’s parliament recently greenlighted a controversial decree to crack down on irregular migration. Known as the Cutro decree — in reference to the southern town in Calabria where more than 90 people died in a shipwreck last February — the legislation severely limits a special protection status Italian authorities can grant to migrants who do not qualify for asylum.

      Italy has recorded more than 42,000 irregular arrivals since the beginning of 2023, almost four times as many as in the same period last year and the Italian government claims special protection incentivizes migrants to start dangerous trips to the country.

      “Special protection creates attractive conditions for immigration and we will eliminate it,” said Nicola Molteni of the right-wing League party, whose currently serving as the undersecretary at the Interior Ministry.

      Agriculture Minister Francesco Lollobrigida, from Prime Minister Giorgia Meloni’s far-right Brothers of Italy party, recently sparked controversy, warning against the “ethnic replacement” of Italians by migrants, a notion widely regarded as racist.

      Before the decree, people offered special protection status could live in Italy for two years, renew their residence permit and convert it into a working permit. It was granted to asylum seekers who risked being persecuted in their country of origin, those fleeing war and natural disasters, as well as those with family ties or high levels of economic integration in Italy.
      What changes with the new migration rules

      Now, all that has changed. While special protection remains available for those at risk of torture, inhumane treatment or systematic rights violations in their home nation, the new law narrows access by scrapping criteria based on family links or economic integration.

      “If a person is not at terrible risk in their home country, but in the meantime has started a family or had children in Italy, the commission [assessing residence status] will not take this into account,” explains Paolo De Stefani, a professor in international law at the University of Padova.

      People fleeing natural disasters or seeking treatment for severe medical conditions will also see their access to special protection restricted. Most importantly, however, it will not be possible for them to convert it into a work permit.

      Language courses and legal advice will also be scrapped in reception centers.

      Things will change, too, for unaccompanied minors. They are still entitled to special protection permits until they turn 18; they can extend it for one more year, but cannot convert it into a work permit.

      “This means killing the prospects of integration for people arriving in Italy at a very young age,” said De Stefani. “What type of educational path will be imagined for those with such prospects?”

      In contrast with the otherwise restrictive nature of the law, the law offers a new possibility for victims of forced marriage to apply for special protection.

      Migrants fear for their future

      While those who already benefit or who have already requested special protection will not be affected by the new legislation, many agree the climate towards migrants has become more harsh.

      Sarja Kubally, a Gambian national currently under special protection, says Italy has not been the same since a new government headed by the far right came to power.

      “I am thinking of leaving, I am happy here, but now I am afraid of staying with this situation,” he told DW.

      Although Kubally is confident he himself will get a work permit, he fears others will miss out on opportunities he benefited from.

      “Special protection really changes your life. It allows you to work, to study. You can do many things and give back,” Kubally said. “If someone needs help, you need to help them, not make it even harder for them. We should put humanity first.”

      The uncertainty for Ali, who asked not to use his real name for security reasons, is far greater. The Pakistani national, who spent four years in Greece where he maintains local authorities did not accept his asylum claim, has been living in Italy since 2021. He now has a three-year work contract and is learning Italian, but his asylum request was recently rejected. He is now appealing the decision. Should his bid be turned down again, Ali will not be able to apply for special protection under the new rules.

      “I lost four years of my life in Greece, but here in Italy I am well integrated, I have a job, I want to stay here,” Ali told DW. “Well-integrated people should be allowed to stay. I haven’t thought about [what I would do if I couldn’t access special protection]. Going back to Pakistan is unthinkable.”

      Less special protection, more precariousness

      Italy has always provided special protection, except from 2018-2020 when former Interior Minister Matteo Salvini scrapped it temporarily . Though Prime Minister Giorgia Meloni claims otherwise, Italy is not the only country which offers this type of protection. Though different terminology is used, 18 other states in Europe provide similar special protections.

      Critics warn restricting access to special protection will push more migrants into an undocumented life outside the law and rob vulnerable people of fundamental rights — especially as the move follows another decree which limits the work of nonprofit rescue ships operating in the Mediterranean, and Italy last month declaring a six-month state of emergency to curb migration flows.

      Valeria Carlini, a spokesperson for the Italian Council for Refugees, says the law will not only harm people seeking protection but also local societies, where migrants have begun building a life and contributing to the socioeconomic fabric.

      Law professor De Stefani believes the legislation ultimately undermines integration — especially for irregular migrants — and aims to put an emergency band-aid on migration flows. “People will have poorer conditions in Italy and eventually seek better protection and living standards in other European countries,” he said.

      Like many of her predecessor governments, Meloni has been demanding more solidarity and better coordination among EU countries to tackle migration flows.

      “This law might be seen as the latest maneuver to pressure Europe into seriously tackling migration issues, but it is betting with someone else’s life,” said De Stefani.

      https://www.infomigrants.net/en/post/48834/italy-new-law-curtails-migrants-rights

    • La doppia morte dei naufraghi di #Cutro

      1.

      In un documento redatto dall’associazione di magistrati Area sul “#decreto_Cutro” appena prima dell’esame della Camera dei Deputati, si legge questo interrogativo: «cosa spinge il legislatore a credere che blocchi navali o i finanziamenti di regimi autoritari possano fermare persone che hanno attraversato il deserto per fuggire a guerre, violenza insopportabile, distruzione, persecuzione, ripetute discriminazioni e che cercano protezione in quei Paesi che hanno fatto della protezione internazionale e del rispetto della dignità una regola fondamentale e immutabile della loro civiltà?» (https://www.areadg.it/comunicato/non-chiamiamolo-decreto-cutro). Nel frattempo il decreto legge è stato convertito, senza alcuna modifica da parte della Camera ove il Governo ha posto la fiducia, nella legge 5 maggio 2023 n. 50.

      Dopo la tragedia di Cutro (94 morti di cui 36 bambini, ma vi sono altri dispersi) chiunque si sarebbe aspettato che il Governo, seppure dalla sua posizione di chiusura, mettesse mano alla legislazione vigente focalizzandosi su due questioni generali irrisolte: la prima questione riguarda come riformare la normativa in materia di ingressi per lavoro in modo da aprire canali di ingresso regolare, come lo stesso Governo ha più volte annunciato di voler fare; la seconda riguarda la possibilità di introdurre procedure di ingresso protette/sicure, finora non esistenti, per consentire a una parte dei rifugiati che intendono arrivare in Italia di poterlo fare attraverso canali appunto protetti. In entrambi i casi le due diverse auspicate normative, oltre a salvare vite umane, avrebbero avuto il non secondario effetto di sottrarre alla criminalità organizzata delle quote di merce umana. Eppure la legge n. 50/2023 non è intervenuta su nessuna di queste due questioni fondamentali: né sugli ingressi per lavoro, né sugli ingressi per asilo.

      Sulla materia degli ingressi per lavoro il decreto legge n. 20/2023, poi convertito in legge, è intervenuto su due aspetti: la programmazione generale degli ingressi e la formazione all’estero. Sul primo punto la nuova disciplina prevede «la predisposizione ogni tre anni – salva la necessità di un termine più breve – del documento programmatico relativo alla politica dell’immigrazione» e «la definizione con dPCM annuale delle quote di ingresso, con possibilità di adottare ulteriori decreti in corso d’anno, sulla base dei criteri generali adottati nel documento programmatico». Ciò, peraltro, era già contemplato, con minime differenze, dalla normativa e l’unica modesta innovazione riguarda la modifica all’art. 21 del TU Immigrazione secondo cui «può essere autorizzato l’ingresso e il soggiorno per lavoro subordinato, anche a carattere stagionale, di stranieri cittadini di Paesi con i quali l’Italia ha sottoscritto intese o accordi in materia di rimpatrio». Nulla viene modificato in relazione al problema di fondo che produce da oltre vent’anni l’irregolarità in Italia, ovvero l’impossibile incontro a distanza tra offerta e domanda di lavoro che costringe i lavoratori stranieri a entrare in Italia irregolarmente, o a entrarvi regolarmente – se provenienti da paesi per i quali non è richiesto il possesso di un visto – e poi rimanere a soggiornare irregolarmente e lavorare in nero in attesa che un provvedimento di emersione o un decreto flussi, come quello emanato dal Governo il 26 gennaio 2023 per 82.705 posti di lavoro (a fronte di 240.000 domande presentate) permetta loro di regolarizzare ex post la loro posizione di soggiorno. Paradossalmente la nuova norma non prevede neppure l’abrogazione della preventiva verifica dell’indisponibilità di lavoratori italiani o stranieri già presenti in Italia prevista quale condizione per il rilascio dei nulla-osta al lavoro richiesti da datori di lavoro per l’assunzione dei persone chiamate a svolgere le prestazioni indicate nel decreto sulle quote: si genera così ancora una volta una palese contraddizione in quanto la programmazione è (o meglio dovrebbe essere) fondata sull’analisi del fabbisogno del mercato del lavoro effettuata dal Ministero del Lavoro e delle politiche sociali previo confronto con le organizzazioni dei datori di lavoro e dei lavoratori. È quindi irragionevole che l’assunzione dall’estero per la medesima mansione sia condizionata da un’ulteriore verifica da parte del centro per l’impiego della indisponibilità di altri lavoratori che siano già in Italia. La mancanza di modifiche sostanziali, coperta da modificazioni solo linguistiche, è visibile in modo evidente nell’art. 23 TU immigrazione che prevede la possibilità di realizzare attività di istruzione e di formazione professionale e civico-linguistica nei Paesi di origine finalizzata all’inserimento lavorativo mirato nei settori produttivi italiani. Si tratta anche in questo caso, di una previsione che esisteva già, solo con diversa epigrafe. L’unica modifica significativa riguarda la possibilità che il Ministero del lavoro promuova «la stipula di accordi di collaborazione e intese tecniche con soggetti pubblici e privati operanti nel campo della formazione e dei servizi per il lavoro nei Paesi terzi di interesse per la promozione di percorsi di qualificazione professionale e la selezione dei lavoratori direttamente nei Paesi di origine» (art. 23 comma 4 bis); l’ingresso dei lavoratori che hanno effettuato i corsi avverrebbe in tal caso in deroga ai limiti quantitativi previsti dalla programmazione delle quote di ingresso. Si apre così la possibilità di una selezione delle braccia da parte di grandi agenzie che decideranno di organizzare corsi di formazione per reperire la propria mano d’opera all’estero, ma non la possibilità per i lavoratori stranieri che hanno effettuato con successo dei corsi di formazione all’estero (magari nell’ambito di programmi di cooperazione allo sviluppo, del tutto esclusi) di ottenere un visto di ingresso per ricerca di lavoro in presenza dei requisiti economici, posseduti dagli stessi lavoratori o forniti da terzi, necessari a mantenersi in Italia per un primo periodo. Se così fosse stato la legge avrebbe dato avvio a una pagina nuova che non si è voluto in alcun modo aprire. Il messaggio è chiaro: nessuna riforma del sistema degli ingressi doveva essere effettuata.

      Se sul versante degli ingressi per lavoro il Governo ha finto di aumentare i canali di ingresso regolari, per ciò che riguarda gli ingressi per asilo non ha neppure finto: nulla infatti è stato proposto se non dichiarazioni di elogio all’esperienza dei corridoi umanitari, realizzati però non dal Governo ma da enti umanitari. Le persone morte nella strage di Cutro, come in molte altre tragedie, erano in larga parte stranieri che fuggivano da situazioni di persecuzione e violenze in Afghanistan, Siria, Iraq e altri paesi e che cercavano asilo in Europa. La loro partenza dalla Turchia e la scelta della rotta marittima erano legate alla necessità di evitare, almeno per i soggetti più deboli (quali donne e minori), la via terrestre, ovvero la famigerata rotta balcanica segnata da continue violenze e respingimenti, dalla Grecia fino alla Slovenia. Sotto questo profilo la strage di Cutro rappresenta una tragica sintesi dell’ecatombe in atto lungo le rotte migratorie, sia via mare che via terra. Un decreto legge che nasce quale risposta a quella strage, come detto in premessa, avrebbe dovuto affrontare il nodo di come introdurre procedure e criteri in base ai quali i cittadini stranieri con bisogno di protezione internazionale possano entrare in Italia in modo regolare e protetto, autonomamente o usufruendo di programmi pubblici. Anche su questo versante erano state avanzate diverse interessanti proposte, ma sono state tutte rigettate.

      C’è una terza questione che la legge n. 50/2023 non affronta: la materia dei soccorsi in mare considerata la tardività e inefficacia dimostrata nel caso specifico e, in particolare, la non chiarita ragione per cui, pur informate dei fatti, le autorità competenti sono intervenute agendo attraverso modalità riconducibili a un’operazione di polizia e non a quelle di un operazione di ricerca e soccorso, come richiesto dalla normativa internazionale (https://www.asgi.it/notizie/naufragio-cutro-associazioni-depositano-esposto-collettivo-in-procura). A ben guardare però la materia del soccorso in mare è già regolata da precise norme di diritto internazionale recepite dall’Italia e non c’è bisogno di alcuna nuova disciplina per evitare le tragedie come quella di Cutro, che, semmai, avvengono a causa di prassi e forzature finalizzate e eludere o indebolire gli obblighi di soccorso. Di fronte a una tragedia avvenuta in un’area geografica non presidiata dall’intervento di ONG il Governo italiano non ha potuto coprire le proprie carenze gettando la colpa sulle odiate organizzazioni umanitarie. Alla caccia di qualcosa di roboante da dare in pasto all’opinione pubblica ha scelto, dunque, di introdurre nuove disposizioni penali eccezionalmente severe nel caso di morte o lesioni come conseguenza dei delitti di favoreggiamento dell’immigrazione irregolare. La premier Meloni ha scenograficamente annunciato ai media «la volontà di colpire gli scafisti non solo quando li troviamo sulle barche, ma andandoli a cercare lungo tutto il globo terracqueo» (la Repubblica 10 marzo 2023) dimenticando che coloro che guidano le imbarcazioni spesso hanno poco a che fare con le organizzazioni criminali e che in ogni caso, anche quando vi sono connessi, sono gli ultimi anelli della catena (Dal mare al carcere: la criminalizzazione dei cosiddetti scafisti).

      2.

      Se non interviene né sui nodi scoperti degli ingressi regolari per lavoro, né sugli ingressi protetti, quali sono dunque le materie affrontate dal decreto legge n. 20/2023 e, poi, dalla legge di conversione n. 50/2023?

      Gli aspetti essenziali, la nuova norma interviene sono tre: a) il ridimensionamento della protezione speciale; b) la destrutturazione del sistema di accoglienza dei richiedenti asilo con smembramento del SAI (sistema di accoglienza ed integrazione), a cui – analogamente a quanto era avvenuto per lo SPRAR con la legge n. 173/2020 – viene sottratta la possibilità di accogliere i richiedenti asilo; c) l’ampliamento delle ipotesi di trattenimento dei richiedenti asilo nei CPR e soprattutto negli hotspot e una parallela estensione delle procedure di frontiera o procedure accelerate, con una generale contrazione delle garanzie procedurali in sede di esame delle domande di asilo.

      Mi limito, per ragioni di spazio, a un breve approfondimento della problematica della protezione speciale. Il ridimensionamento della terza forma di protezione prevista dall’ordinamento, la cosiddetta protezione speciale, introdotta con la legge n. 132/2018 ma novellata in senso estensivo con la legge n. 173/2020, è stato il tema che maggiormente è emerso nel dibattito pubblico. Il testo del decreto legge n. 20/2023 sembrava mirare solo a restringere l’ambito di applicazione della previgente normativa cassando il paragrafo dell’art. 19 comma 1.1 secondo cui «non sono altresì ammessi il respingimento o l’espulsione di una persona verso uno Stato qualora esistano fondati motivi di ritenere che l’allontanamento dal territorio nazionale comporti una violazione del diritto al rispetto della sua vita privata e familiare, a meno che esso sia necessario per ragioni di sicurezza nazionale, di ordine e sicurezza pubblica nonché di protezione della salute nel rispetto della Convenzione relativa allo statuto dei rifugiati. Ai fini della valutazione del rischio di violazione di cui al periodo precedente, si tiene conto della natura e della effettività dei vincoli familiari dell’interessato, del suo effettivo inserimento sociale in Italia, della durata del suo soggiorno nel territorio nazionale nonché dell’esistenza di legami familiari, culturali o sociali con il suo Paese d’origine». In sede di conversione in legge al Senato è emersa una volontà della maggioranza ancor più aggressiva finalizzata a cancellare pressoché in toto questo istituto e ad eliminare la possibilità di esaminare la domanda di riconoscimento della protezione speciale attraverso il canale costituito dall’istanza alla questura e dal parere vincolante della commissione senza audizione, ovvero fuori dalla procedura di esame di una domanda di asilo. Alla fine dell’iter parlamentare alcune delle proposte più estreme sono state ritirate (pur se tutto è stato incanalato nella sola procedura di asilo) ed è rimasto l’obbligo per le Commissioni territoriali che esaminano le domande di asilo di riconoscere una protezione speciale qualora «esistano fondati motivi di ritenere che [la persona interessata] rischi di essere sottoposta a tortura o a trattamenti inumani o degradanti o qualora ricorrano gli obblighi di cui all’articolo 5, comma 6 [del TU Immigrazione]». Il nuovo articolo prevede che «il rifiuto o la revoca del permesso di soggiorno possono essere altresì adottati sulla base di convenzioni o accordi internazionali, resi esecutivi in Italia, quando lo straniero non soddisfi le condizioni di soggiorno applicabili in uno degli Stati contraenti, fatto salvo il rispetto degli obblighi costituzionali o internazionali dello Stato italiano».

      In questa situazione pochi dubbi possano esserci in relazione all’obbligo per le Commissioni territoriali di valutare la sussistenza dei requisiti per il riconoscimento della protezione speciale per rispetto di uno degli obblighi costituzionali o connessi all’ordinamento internazionale cui l’Italia è vincolata. Tra tali obblighi v’è il rispetto della vita privata e familiare sancito dall’art. 8 CEDU (Convenzione Europea dei Diritti dell’Uomo) come interpretato dalla giurisprudenza della Corte EDU e da una rilevante giurisprudenza interna. Si è invece diffusa una fallace informazione secondo cui la protezione speciale è stata cancellata. In particolare si è sostenuto che è stato cancellato il riconoscimento di tale protezione per riconoscimento del diritto alla vita privata e famigliare. Persino nella relazione illustrativa del decreto legge alla Camera dei Deputati si possono leggere affermazioni quali la seguente: «l’articolo 7, modificato al Senato, elimina il divieto di respingimento ed espulsione di una persona previsto nel caso vi sia fondato motivo di ritenere che l’allontanamento dal territorio nazionale comporti una violazione del diritto al rispetto della vita privata e familiare». In tale frase si sostiene che è legittimo espellere colui che… ha il diritto a non essere espulso. Ha dell’incredibile leggere tali corbellerie in un atto parlamentare e ciò illumina il livello di tensione politica che ha avvolto l’intera vicenda e soprattutto svela l’intenzione dell’Esecutivo: il diritto in questione non può essere cancellato, ma non deve potere essere esercitato.

      È agevole prevedere, sulla base di chiare evidenze, che il Governo farà enormi pressioni affinché le Commissioni territoriali per il riconoscimento del diritto d’asilo (che non sono per nulla indipendenti e soggette solamente alla legge e su cui si esercita una pervasiva influenza politica) restringano al massimo l’ambito di applicazione della protezione speciale rigettando il maggior numero possibile di domande anche in presenza dei presupposti per il riconoscimento. Che lo straniero denegato faccia pure ricorso alla magistratura sapendo che essa deciderà sui ricorsi dopo anni a causa della lentezza dei procedimenti, che diverranno ancor più lenti a causa dell’aumento dei contenziosi. Intanto ciò che conta è portare subito a casa il risultato di una diminuzione del numero dei riconoscimenti di protezione, anche se ciò aumenterà l’irregolarità e la precarietà di vita di migliaia di persone la cui vita è ritenuta irrilevante.

      Con il decreto legge n. 20/2023 e la conseguente legge di conversione i morti del naufragio di Cutro sono morti una seconda volta.

      https://volerelaluna.it/in-primo-piano/2023/05/16/la-doppia-morte-dei-naufraghi-di-cutro
      #naufrage #mourir_en_mer #décès #Gianfranco_Schiavone #migrations #asile #réfugiés #Méditerranée #Italie

    • Naufragio di Cutro, ritardi e omissioni della Guardia di finanza. Avvisi di garanzia per tre ufficiali

      Il giallo degli audio spariti e le bugie sulla vedetta di salvataggio. Perquisizioni e sequestri di tablet e cellulari. L’ipotesi di reato: omicidio colposo. Alti tre indagati coperti da omissis. Il legale delle vittime
      “Lo Stato ha responsabilità chiare”

      Alle 23.49 del 25 febbraio il capoturno della sala operativa della Guardia costiera di Reggio Calabria era relativamente tranquillo. Da Vibo Valentia, la Guardia di finanza assicurava che una loro motovedetta, la potente “5006” era già uscita alla ricerca di quel caicco, verosimilmente carico di migranti, segnalato un paio d’ore prima da un aereo di Frontex a tutti i comandi operativi europei ed italiani a cominciare da quello della Finanza a Pratica di mare.

      (#paywall)
      https://www.repubblica.it/cronaca/2023/06/01/news/naufragio_cutro_indagati_sequestro-402763465

      #justice

    • The Crotone Cover Up

      Italy lied about their role in a shipwreck that killed 94 people – including 35 children – and the EU border agency Frontex helped cover it up

      During the early hours of February 26, 2023 a wooden pleasure boat crashed close to the shore in Cutro, Italy. On board were nearly 200 people, mostly refugees from Afghanistan. At least 94 of them died, including 35 children. Yet the overloaded boat had been spotted by Europe’s border agency Frontex six hours before the wreck, struggling in bad weather. The deaths, which took place so close to the shore, shocked Italy and Europe. But Frontex and the Italian authorities deflected blame onto each other.

      Frontex said that the boat showed “no signs of distress” and that it was up to Italy to decide whether to launch a rescue operation. Italy’s prime minister claimed that they didn’t know the boat “risked sinking” and didn’t intervene because Frontex didn’t send them an ‘emergency communication’. “Do any of you think that the Italian government could have saved the lives of 60 people, including a child of about three years whose body was just found today, and it didn’t?” Prime Minister Giorgia Meloni said shortly after the tragedy.

      A joint investigation by Lighthouse Reports and its partners reveals that both the Italian authorities and the Frontex leadership were aware that the boat was showing signs of distress when the ship was first spotted six hours before the wreck, but nevertheless decided not to intervene – and later tried to conceal how much they knew.
      METHODS

      When images of boat debris on an Italian beach were broadcast around the world, it was hard to imagine that they came from a vessel carrying 200 people. The Summer Love, a wooden boat approximately 25 metres long, was crammed with women, children and men fleeing wars, hoping for a better life. With little video footage available, we decided to make a 3D model of the vessel to better understand and explain the risks people were prepared to take. Crowded below decks, they had little chance of survival when the boat sank as their only exit was one narrow staircase.

      Over time, our reporters won the trust of some of the survivors by spending time with them in the centres they’re now living in. They shared their stories from departing Turkey to the harrowing losses they suffered in the sea. Some shared videos which revealed additional details about the shipwreck, including a tablet with navigation software which confirmed the vessel’s location and direction of travel.

      Crucially, we obtained leaked confidential Frontex mission reports which revealed that a plane operated by the border agency had reported signs of distress to both the agency and Italian authorities. Hours before the flight, operators warned about “strong winds” in the Ionian Sea. Frontex then detected the vessel by tracking multiple satellite phone calls made throughout the day by people on board. A detailed account of the pilot’s calls show that Frontex knew it was a “possible migrant vessel,” with no visible safety jackets and a “significant thermal response” from below deck. According to Frontex’s press office, this is an indication of the presence of an “unusual” number of people on board.

      Bad weather, a lack of life vests and overcrowding constitute signs of distress under Frontex’s and Italy’s own maritime rules; still the maritime authorities did not launch a search and rescue operation. After the wreck, the European border agency concealed the fact that their pilot had signalled strong winds to their control room during the surveillance flight.
      STORIES

      Assad Almulqi was a child when war broke out in Syria. His family fled their city after it was attacked with poisonous gas in 2013. This year, the 22 year-old paid 8,000 euros for a place on the boat from Turkey. His six-year-old brother Sultan was allowed to travel for free.

      He recalls the moment everything went wrong. “It was dark. The ship leaned to one side and half of it went underwater. It sank in seconds.”

      “I got scared, held my brother in my arms and told my uncle that we needed to go upstairs because something not normal was happening. The waves started hitting the windows and water entered the ship.”

      He jumped out when the water reached his knees, holding his brother tightly.

      Assad tried desperately to keep Sultan above the waves as he attempted to signal to rescuers. “We were drowning ourselves to keep his head above the water, but it wasn’t enough to save him.”

      They clung to pieces of the ship, fighting to stay afloat as people around them drowned.

      Also onboard was 23-year old Nigeena who was travelling with her husband Seyar, following their wedding just four months earlier. She clutched his hand as they fought to stay above water. They were almost ashore when a huge wave swept Seyar away. Their boat broke apart 200 metres off the coast of Italy.

      “The wreck is Italy’s fault because they knew from the start that a boat had arrived,” said Nigeena. “Usually when they see an unfamiliar ship it’s their job to check it out. But they didn’t.”

      Lawyers for some of the families of the victims are planning to take a case to the European Court of Human Rights, arguing Italy should be held responsible for the “irremediable violation of migrants’ right to life.”

      https://www.lighthousereports.com/investigation/the-crotone-cover-up

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      En italien (résumé):
      L’insabbiamento sulla strage di Steccato di Cutro

      Un’inchiesta internazionale di #Lighthouse_Reports dimostra il rimpallo delle responsabilità tra Frontex, guardia di finanza e guardia costiera italiana

      https://www.meltingpot.org/2023/06/linsabbiamento-sulla-strage-di-steccato-di-cutro

    • Omissione di soccorso: la vera storia del naufragio di Cutro

      Un’inchiesta internazionale – a cui Domani ha collaborato insieme a Lighthouse Reports, Süddeutsche Zeitung, Le Monde, El Pais e Sky News – mostra attraverso documenti inediti, fonti confidenziali, immagini satellitari, modelli 3d e decine di testimonianze cosa è accaduto quella sera e il rimpallo delle responsabilità tra le tre autorità coinvolte: Frontex, guardia di finanza e guardia costiera. Intanto l’indagine giudiziaria della procura di Crotone va avanti: il primo giugno le prime perquisizioni hanno riguardato tre ufficiali della guardia di finanza. L’obiettivo è individuare le falle nella catena di comando

      (#paywall)
      https://www.editorialedomani.it/fatti/naufragio-cutro-inchiesta-internazionale-wqa2rkss

  • Noires souffrances

    Le village de #Keyenberg n’est plus que son propre fantôme. La faute à l’exploitation de la #lignite, pourtant stoppée de justesse par les habitant·es. Reportage aux confins de la #mine de #Garzweiler_II.

    Dehors, la grisaille et les maisons en brique rouge à l’abandon invitent au répit. Mais, entre les murs de la ferme centenaire que l’on distingue du bout de la rue, l’angoisse s’est trouvée une place de choix. Ce matin-là, Norbert a le cœur lourd. « Je me suis réveillé brusquement à 5 heures et je me suis demandé : qu’est-ce qu’on doit faire ? Est-ce qu’on devrait partir et tout vendre ? Ou rester ? » Il soupire. Cet habitant viscéralement attaché à son village devenu fantôme de Keyenberg a l’esprit qui se brouille quand l’avenir se pose.

    Aujourd’hui vidé de la majorité de ses habitants, Keyenberg est l’un des cinq villages miraculés de la gigantesque trouée noire voisine, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l’ouest de l’Allemagne. La mine de lignite – un #charbon de faible qualité – de Garzweiler II a déjà avalé 11 400 hectares en quarante ans. Voués à être dévorés par les crocs des excavatrices géantes de la multinationale allemande #RWE, comme quinze villages avant eux, ils ont été sauvés grâce à la lutte acharnée depuis 2016 de dizaines d’habitant·es et d’activistes du climat réuni·es, notamment, au sein du collectif #Alle_Dörfer_bleiben (« Tous les villages restent »). Celui-ci a obtenu que la nouvelle coalition du gouvernement fédéral officialise à l’automne 2022 le sauvetage des cinq villages dans le cadre de la sortie du pays du charbon en 2030.

    La destruction de #Lützerath, village symbole de la lutte contre le réchauffement climatique et de l’exploitation du charbon, n’a pu, elle, être évitée. Le bourg a été rasé en janvier malgré le combat long de deux ans de la #ZAD et une manifestation ayant réuni 35 000 personnes. L’Allemagne a en parallèle décidé de relancer vingt-sept centrales à charbon en raison de la crise énergétique liée notamment à la guerre en Ukraine.

    Déjà expulsés une fois

    Depuis 1983, l’entreprise RWE, longtemps l’une des plus grandes émettrices de CO2 en Europe, a exproprié des dizaines de milliers de propriétaires pour alimenter en énergie le pays. Norbert et les siens étaient les suivants sur la liste. « Mon père et mon grand-père s’étaient installés ici il y a une soixantaine d’années car ils pensaient, comme leur avait dit l’entreprise, qu’il n’y avait pas de charbon ici, à 20 km de leur village de Königshofen qui, déjà, allait être avalé par la mine », raconte Norbert. Aujourd’hui, l’immense crevasse de 200 mètres de profondeur toque au portail de son jardin, à moins de 400 mètres. Elle s’est arrêtée là.

    Depuis 2016, début des #expropriations à Keyenberg, #Oberwestrich, #Unterwestrich, #Kuckum et #Berverath, qui font tous partie de la commune d’#Erkelenz, les maisons se sont vidées les unes après les autres pour aller se reconstruire dans les nouveaux lotissements sans âme à 7 kilomètres de là. Date butoir initiale (avant le revirement) : 2023. « Sur ceux qui ne voulaient pas partir, RWE exerçait une pression constante avec des courriers réguliers du type : ‘Vous savez que 50% de vos voisins seront partis l’année prochaine ? Puis 60%, 70%…’ et là je sentais la pression monter. Qu’est-ce que je fais ? » se souvient Norbert, assis dans sa cuisine récemment rénovée.

    « Ne le dites à personne »

    Cet homme jovial a mené la lutte avec Alle Dörfer bleiben. Lui et sa famille sont restés, avec environ 80 voisin·es. Sur les 1500 habitant·es des cinq villages, il en subsiste à peine 200. Mais si les rues se sont vidées, les murs des maisons, eux, se sont emplis de souffrance. Un peu partout, les mêmes histoires se font écho. Comme l’arrivée discrète de RWE bien en amont, « envoyant ses employés dans les manifestations » ou finançant des événements locaux. « Déjà, à ce moment-là, il y avait ceux dans le village qui disaient ‘oh, ils ne sont pas si mauvais en fait, on va prendre l’argent’ et les autres qui disaient ‘c’est le diable, ne leur parlez pas’. Soudain, des voisins ou des amis de toujours, des membres d’une même famille ne se sont plus parlé », déplore Norbert.

    Dans ces terres agricoles et conservatrices, la plupart des gens, souvent âgés, ont toujours habité là depuis plusieurs générations. « Ils n’ont jamais acheté ou vendu une maison, ne connaissent pas la valeur de la leur, alors que pour RWE, c’est une tâche quotidienne. » Selon les habitant·es rencontré·es, une clause de confidentialité a été signée, chose que dément l’entreprise qui évoque « une grande transparence dans les paiements d’indemnisation ». « Ils nous ont dit : on vous donne 3000 m² – le terrain de la famille de Norbert est de 8000 m² – c’est notre dernière offre, personne n’obtiendra un tel terrain, mais vous ne devez le dire à personne », raconte celui que RWE a conduit en justice face à son refus de vendre son terrain, après, notamment, que « l’entreprise a installé illégalement une pompe hydraulique et des pipelines dans mon champs ».

    « Chacun demandait au voisin : ‘Et vous, vous avez reçu combien ? Comment vous avez fait pour négocier ?’ Mais personne ne pouvait parler. C’était terrible ! » raconte, sur le pas de sa porte, Yann Mülders, un trentenaire qui habite avec sa sœur, son neveu, sa mère et sa grand-mère à l’entrée du village depuis vingt-deux ans. « Ils ont semé la zizanie pour que tout le monde cède et s’en aille », croit savoir ce bonhomme placide, attristé de constater « que la vie est morte ici ».
    Bisbilles et tristesse à Neu Keyenberg

    Mais le nouveau village n’est pas épargné. Outre la bataille pour les meilleurs terrains, l’argent a créé divisions et envies. « Ici, il y a de nombreuses histoires de jalousies, de voisins qui comparent leurs situations et la taille de leurs maisons », raconte, affligé, Julius, 26 ans, « déplacé » du charbon dans le nouveau Keyenberg où les maisons en travaux se bousculent.

    Pour beaucoup, bien que conscient·es depuis trente ans de leur expropriation prochaine, le déracinement a été dévastateur. Pour les plus âgé·es, surtout. « Ma grand-mère, qui avait 85 ans, est décédée l’année dernière, un an après notre déménagement qu’elle a très mal vécu, elle était très triste de devoir quitter sa maison », raconte, ému, André. Une bâtisse qui avait vu passer quatre générations.

    Ingo a lui aussi terriblement souffert de l’expropriation (lire ci-dessous). Habitant de toujours de Keyenberg, il a perdu ses deux parents successivement, avant la date butoir. Avant de mourir, son père a dit : « Je ne veux plus déménager. »

    « L’expropriation a brisé le cœur de nombreuses personnes, et certaines sont mortes à cause de ça », témoigne René Wagner, journaliste déplacé qui tente de recréer une communauté villageoise dans la nouvelle localité. « Il y a même des gens qui veulent que leur ancienne maison soit détruite, car pour eux le pire serait que quelqu’un habite chez eux », raconte Christopher, président du collectif Alle Dörfer bleiben. Les histoires tragiques se bousculent.

    Plusieurs personnes rencontrées évoquent aussi des #suicides dans les anciens villages. « Ce sont des histoires cachées, beaucoup de gens le savent, mais n’en parlent pas », dit, comme d’autres, Julius. « Si je n’habitais pas ici, je ne pourrais pas croire tout ce qui y est arrivé », disent d’une seule voix Norbert et André, respectivement habitant de l’ancien et du nouveau Keyenberg.

    https://lecourrier.ch/2023/04/20/noires-souffrances

    #extractivisme #Allemagne #expulsions