• #Entretien avec #Félix_Guattari qui évoque entre autres la tyrannie des thérapies comportementales qui n’ont qu’un seule objectif selon lui, celui de construire des individus qui intègre le « système »

    Partie 1
    http://www.youtube.com/watch?v=jXi8eNHlSM4

    http://1libertaire.free.fr/Guattari16.html

    Né le 30 mars 1930, à Villeneuve-les-Sablons (Oise), Félix Guattari passa son enfance et son adolescence dans une proche banlieue ouvrière de Paris, à La Garenne. Les bouleversements considérables de cette période ont marqué profondément son existence : lui-même faisait très souvent référence à ce qu’il avait baptisé le « complexe de 1936 ». Indirectement touché — vu son jeune âge — par l’éclatement des mouvements de jeunesse et la dispersion des idéaux politiques, en opposition avec son milieu familial relativement aisé, il connut sa première grande rupture émancipatoire avec la rencontre qu’il fit de #Fernand_Oury, artisan passionné du futur mouvement de #Pédagogie_institutionnelle.

    Encouragé par le frère de Fernand, #Jean_Oury, #psychiatre, il s’oriente à partir de 1950 vers la #psychiatrie, alors en pleine effervescence. Par son « don » des rencontres, par sa rapidité d’esprit et son insatiable curiosité, il sut intégrer de façon très ouverte de multiples univers — philosophie, #ethnologie, #linguistique, architecture, etc. — afin de mieux définir l’orientation, la délimitation et l’efficacité de l’acte psychiatrique. Avec Jean Oury, dont il était devenu depuis 1955 le principal collaborateur, il poursuivit cette recherche à la clinique psychiatrique de #La_Borde à Cour-Cheverny. Lieu de stage pour d’innombrables étudiants, philosophes, #psychologues, ethnologues, #travailleurs_sociaux, La Borde resta pour Félix Guattari le principal ancrage.

    Partie 2
    http://www.youtube.com/watch?v=hUj-UmEvITE

    Il participa au mouvement du #G_T_psy, qui regroupa de nombreux psychiatres au début des années soixante et créa la Société de psychothérapie_institutionnelle en novembre 1965. C’est au même moment que Félix Guattari fonda, avec d’autres militants, la F.G.E.R.I. (Fédération des groupes d’études et de recherches institutionnelles) et sa revue Recherches , s’ouvrant sur la philosophie, les mathématiques, la psychanalyse, l’#éducation, l’architecture, l’ethnologie, etc.

    La #F_G_E_R_I. représentait l’aboutissement des multiples #engagements #politiques et culturels de Félix Guattari : le Groupe jeunes hispano, les Amitiés franco-chinoises (à l’époque des communes populaires), l’opposition active à la #guerre d’#Algérie, à la guerre du #Vietnam, la participation à la M.N.E.F., à l’U.N.E.F., la politique des bureaux d’aide psychologique universitaire (B.A.P.U.), l’organisation des groupes de travail universitaire (G.T.U.), mais également les réorganisations des stages des centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (C.E.M.E.A.) pour infirmiers psychiatriques, ainsi que la formation d’Amicales d’infirmiers (en 1958), les études sur l’architecture et les projets de construction d’un hôpital de jour pour « étudiants et jeunes travailleurs ». Très influencé par le travail de #Lacan — dont il fut l’analysant jusqu’en 1960 —, il prit cependant quelques distances vis-à-vis de l’élaboration théorique de celui-ci. Il fut l’un des acteurs des événements de mai #1968, à partir du Mouvement du 22 mars. Engagé #existentiellement et #éthiquement dans cette remise en question des valeurs fondamentales, c’est alors qu’il rencontra #Gilles_Deleuze à l’#université_de_#Vincennes — deuxième grande rencontre.

    Partie 3
    http://www.youtube.com/watch?v=Fk_OrkMG5YI

    Dans son dernier livre, #Chaosmose (1992), dont le thème est déjà partiellement développé dans Qu’est-ce que la philosophie ? (1991, avec G. Deleuze), Félix Guattari reprend son thème essentiel : la question de la subjectivité. « Comment la produire, la capter, l’enrichir, la réinventer en permanence de façon à la rendre compatible avec des Univers de valeur mutants ? Comment travailler à sa libération, c’est-à-dire à sa re-singularisation ? [...] Toutes les disciplines auront à conjoindre leur créativité pour conjurer les épreuves de #barbarie. » Cette idée revient comme un leitmotiv, depuis Psychanalyse et #transversalité (regroupement d’articles de 1957 à 1972) jusqu’aux Années d’hiver — 1980-1986 (1985) et aux Cartographies #schizo-analytiques (1989). Il insiste sur la fonction de récit #« a-signifiant », lequel joue le rôle de support d’une subjectivité en acte, à partir de quatre paramètres : « Les flux sensibles et signalétiques, les #Philum de propositions #machiniques, les #Territoires #existentiels et les Univers de référence incorporels. » Ce travail d’#écriture est en prise avec ses engagements #sociopolitiques et culturels, comme en témoignent les Neuf Thèses de l’opposition de #gauche . Il est l’un des principaux organisateurs de l’opération « Un milliard pour le Viet-Nam ». En 1967, il figure parmi les fondateurs de l’#Osarla (Organisation de solidarité et d’aide à la révolution latino-américaine).

    Partie 4
    http://www.youtube.com/watch?v=aleBHgDS-Qg

    C’est au siège de la F.G.E.R.I. que se rencontrent, en 1968, Daniel Cohn-Bendit, Jean-Jacques Lebel, Julian Beck... En 1970, il crée le C.E.R.F.I. (Centre d’études et de recherches et de formation institutionnelle) qum reprend la direction de la revue Recherches . Celle-ci publiera des ouvrages relevant de domaines variés, avec la participation de #Gilles_Deleuze, Theodor Zeldin, #Michel_Foucault... Plus tard, soutenant les radios libres, il fonde #Radio Tomate en 1980. Il est attiré par l’expérience #gauchiste autonome italienne. Dans la lignée de #Basaglia, puis de #Rotelli, il participe aux élaborations de l’expérience psychiatrique de #Trieste. Son voyage à Athènes puis à l’île de Léros le met directement en contact avec la révoltante misère psychiatrique concentrationnaire. Ses engagements et son travail philosophique lui ayant valu une renommée internationale, il est reçu dans les universités du Japon, du Brésil, des États-Unis, du Canada, etc. C’est alors qu’il s’engage dans les mouvements #écologiques, essayant de trouver une voie autre que celle de la droite ou de la #« vieille gauche ». Dans #Les_Trois_Écologies (1989), il soutient que l’#« écologie_environnementale » devrait être pensée d’un seul tenant avec l’#écologie_sociale et l’#écologie_mentale, à travers une « écosophie » de caractère #éthico-politique. Au printemps de 1987, il fait paraître, avec Deleuze, le premier numéro de la revue #Chimères. Ses multiples engagements, ponctués par un séminaire se tenant chez lui à Paris, ne l’empêchaient pas de poursuivre avec Gilles Deleuze un travail philosophique scandé par la parution d’ouvrages fondamentaux, tels que #Mille_Plateaux (1980), #Rhizome (1976), #Kafka, pour une littérature mineure (1975). Leur premier livre en commun, L’Anti-Œdipe (1972), avait fait scandale. Ils soutenaient que le délire est « l’investissement inconscient d’un champ social historique ». Critiquant l’élaboration théorique de la psychanalyse, ils proposaient la notion de #« machines_désirantes » ainsi qu’une pratique originale : la #« schizoanalyse ». C’est dans cette perspective que Félix Guattari écrivit #la_Révolution_moléculaire (1977) et #L_Inconscient_machinique (1979).

    Partie 5
    http://www.youtube.com/watch?v=CV_w--wir50

    #Psychanalyse #Philosophie #Anti_oedipe #Individuation #Domination #Anti-psychiatrie #Subjectivité #Perception #Transmission #Structuralisme #Scientisme #Ethique #Ecosophie #Sciences_sociales #Psychologie #Singularité #Esthétique #Technoscience #Mass_média #Livres #Vidéo

  • 22 cartes qui montrent la profondeur des conflits linguistiques américains - Business Insider
    http://www.businessinsider.com/22-maps-that-show-the-deepest-linguistic-conflicts-in-america-2013-

    Intéressante série de cartographies de l’Amérique qui montrent comment la prononciation de mots peut varier d’une région à une autre.  Tags : internetactu2net internetactu fing #langage #culture

  • « Les mots et les choses » de #Michel_Foucault est une des oeuvres fondatrice de la pensée « structuraliste ».
    http://www.youtube.com/watch?v=CVy_frFL7w4


    #Philosophie #Linguistique #Ethnologie #Epistémologie #Ordre #Vérité #Sciences_humaines #Homme_nouveau #Marxisme #Humanisme #Structuralisme #Livre #Pierre_Dumayet #Vidéo

    Une présentation de l’ouvrage :
    http://michelfoucault.fr/2010/03/13/les-mots-et-les-choses

    Les Mots et les Choses n’est pas tant l’histoire de la constitution des sciences humaines, pas plus que celle du discours. Ce qui importe n’est pas en premier lieu les linéaments hésitants de Foucault dans son histoire de la vérité, que l’hésitation elle même, ou plutôt faudrait-il dire la lutte de Foucault avec les mots pour l’instauration de cette nouvelle pratique discursive critique. Celle-ci prend pour objet le discours en tant que sujet historique. Mais cette instauration posait problème, car la possibilité même de l’analyse historique critique du discours demandait à être fondée au sein du discours. Pour le dire plus simplement : discourir sur les modes de constitution du discours avait pour préalable de forger dans la langue une seconde langue qui se prête à cette analyse.

  • Le langage, le sexe et la haine. Un pamphlet sur la question linguistique en Norvège.

    Alors même que je postais un petit billet d’introduction sur le monde complexe des langues en Norvège (où il y a deux langues officielles, le Bokmål et le Nynorsk au milieu d’une multitude de dialecte),

    La Norvège, le pays aux mille langues...
    http://seenthis.net/messages/135519

    le site de la NRK publiait un texte (en Ny norsk ou Néo norvégien) d’Yvonne Algrøy - d’une actrice et romancière assez connue en Norvège - qui prend la défense du Ny norsk (Néo norvégien), c’est-à-dire du Norvégien dialectal, au moment même où se tient le congrès annuel de la droite norvégienne au cours duquel, justement, certains responsables ont remis en cause l’apprentissage et l’utilisation du Ny norsk dans le pays. Mais elle ne le fait pas contre le norvégien littéraire : elle se fait plaidoyer de la diversité linguistique du pays.

    Son texte est très sarcastique, un rien coquin. Elle ridiculise avec beaucoup d’humour ceux - heureusement peu nombreux - qui disent ouvertement leur "haine" de ce parler qu’ils considèrent - avec beaucoup de condescendance - vulgaire et moche...

    Yvonne Algrøy écrit :

    « Je ne pourrai jamais coucher avec un homme qui s’adresse à moi de manière rigolote, ou qui écrit systématiquement MERCREDI en lettre capitale, à moins qu’il m’ait prouvé avant qu’il soit dyslexique. Ou bien liechtensteinois... J’ai couché avec un homme, sans avoir lu de lui un seul mot écrit avant, et j’ai trouvé une petite note sur l’oreiller qui disait : "Takk får i går, det var utanom jordisk deilig" [merci pour hier soir, c’était vraiment délicieux - NdT : l’intention est gentille, mais c’est écrit dans un Ny norsk très malhabile que l’auteure va prendre pour une moquerie], et ça m’a tout de suite complètement refroidie.

    Oui, je sais, je sais, c’est bien évidemment mon problème. Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois qu’on attaque ma langue, le Ny norsk, ça met dans une colère folle. Je me sens outragée. Ça me fait mal. Je ne mérite vraiment pas cet homme... Imaginez un peu : il m’écrit un petit mot qu’il pense être mignon après une nuit de folie, en Ny norsk très approximatif, et moi je le jette dehors ! j’ai rougi et j’ai eu honte ! avec une telle attitude, j’ai surement foutu en l’air cette relation. Qu’il ne maîtrise pas le Ny norsk ou n’importe quel dialecte, quelle importance... Je suis vraiment trop étroite d’esprit.

    La langue, ici, c’est une question très sensible, et je ne suis pas la seule à m’intéresser de près à ce problème. Pour moi, c’est une question d’identité. je me demande vraiment pourquoi les gens abordent de débat sur la (es) langue(s) en Norvège de manière si brutale et avec si peu d’humour. Toute cette haine, tous ces gens qui disent "haïr le Ny norsk" ! N’ont-ils donc rien d’autre à foutre ?

    Tiens... je me demande si un mec qui dit détester le Ny norsk serait capable de jeter hors de son lit une nana dont la langue est précisément le Ny norsk et qu’ils commencent à discuter de leur dialecte ou de leur langue respective ! Je ne le crois pas. Ceux qui disent haïr le Ny norsk ne doivent pas savoir ce qu’ils disent. Ce n’est pas possible de haïr une langue : c’est comme haïr un bébé qui rigole. Ces haineux voient les locuteurs Ny norsk comme des jouets exotiques : "Tiens, regardes ! je l’ai trouvé en ville, cette pauvre petite chose. Ils ne sont que 13 % dans le pays, mais faut pas trop les dévisager, sinon, ils sont capable de frapper".

    En fait un locuteur Ny norsk ne couchera jamais avec quelqu’un qui dit "haïr" le Ny norsk. Nous les reconnaissons vite, les haineux, là : ils ont le sourire carnassier, ils ont de grosses bagnoles très chères, ils parlent avec un accent snob et artificiel, ils trichent pour leurs impôts, ils ont mauvaise haleine, ils écoutent NRK2 [NdT : la radio culturelle et intellectuelle...] et couchent avec des animaux.

    Y a une nana qui a ouvert une page facebook "jeg hater nynorsk [je hais le Néo norvégien].

    http://www.facebook.com/JegHaterNynorsk?fref=ts

    Elle a 35 suiveurs depuis 2012... Son truc là, ça ne ressemble à rien. Ça ne vaut même pas une indignation. Cette basse expression de mépris ne mérite aucune attention.

    Portons plutôt notre attention sur "l’année des langues 2013", une chouette initiative qui va montrer la richesse, l’immense diversité des langues dans ce pays. Levons nous tous, et exprimons-nous chacun, fièrement, dans notre propre langue, notre propre dialecte !"

    Et puis, disons merde à la haine ! aux haineux, qu’ils soit 14 ou 50, on s’en fout vraiment. Il y a pleins d’activités, de spectacles, d’initiatives pour célébrer cette année des langues, il faut que les gens sortent et se rencontrent. A défaut de partager leur haine ou leur désaccord, il pourront toujours partager leur lit !

    –---

    Sources :

    Språk, sex og hat. Ein nynorskbrukar ville aldri ligge med ein nynorskhatar. Ikkje som omvendingseksperiment eingong. Til naud som feltarbeid.
    http://www.nrk.no/ytring/sprak_-sex-og-hat-1.11012479

    Précision : la NRK, radio télévision publique publie indifféremment sur son site des articles en Bokmål ou en Ny norsk

    Texte initialement paru sur :

    http://www.lnk.no/kommentar/kommentar/3044-sprak-sex-og-hat

    #norvège #langue #langage #linguistique

  • La Norvège, le pays aux mille langues...

    Aujourd’hui, petit voyage au coeur des langues norvégiennes. Il y a - officiellement - deux langues en Norvège, mais en réalité beaucoup, beaucoup, plus... Il y a les langues sami, au Nord, et des centaines de dialectes quotidiennement utilisés : le parler "populaire" domine très largement. On a coutume de dire ici, que chacun parle un peu comme il veut ! Je suis arrivé et Norvège en 1996 et j’ai appris ce que je croyais être "le Norvégien" (en fait un subtil mélange du dialecte d’Arendal - sur la côte sud-est - et du Norvégien littéraire). Après quelques années, on me demandait en rigolant, lorsqu’on m’entendait parler, de quelle vallée j’étais originaire... avant de me dire que je parlais un Norvégien sans mettre "ni les dièses ni les bémols", comme dans certaines régions reculée du pays.

    Quand je voyage à l’étranger et que je rencontre des Norvégiens, à Genève ou à New York, ils sont tous capables de me dire - malgré mon accent français - que "je viens d’Arendal ou des environs". Parce qu’il y a des dialectes avec des variantes : Dans la commune même d’Arendal, les parlers diffèrent sensiblement entre "Froland" (10 kilomètres à l’Ouest) et "Eydehavn" (13 kilomètres au Nord).

    En général, les Norvégiens se comprennent bien entre eux, à quelques exceptions près : Il y a quelques années, En déplacement dans le district de Setesdal, je me plaignais de ne pas comprendre un seul mot de ce que les gens disaient malgré mes dix ans de pratique, et mes accompagnateurs norvégiens de me rassurer en me disant : « ne t’inquiètes pas, nous non plus ! ».

    Tout au sud, dans la région de Kristiansand, les dialectes et les accents ressemblent à s’y méprendre au danois, ou les "k" sont souvent remplacés par des "g". On dira "Sandvigen" (forme danoise) au lieu de "sandvika" (forme norvégienne). C’est une langue beaucoup plus douce, plus fluide que le Norvégien qui lui est plutôt plus rugueux. Ces parlers du sud sont une survivance de ce qu’on appelait le "Riksmål" (littéralement "la langue du royaume") imposée à l’époque par le colonisateur dominateur danois...

    Deux langues "officielles", donc, aujourd’hui : Le "Bokmål" (la langue des livres) qui est une profonde "norvégisation" du "Riksmål" et le "Nynorsk" (littéralement "nouveau Norvégien") qui est une sorte de synthèse des principaux dialectes que l’on doit à un intellectuel du XIXe siècle, Ivar Åsen, qui souhaitait "créer" une langue inspirée des dialectes norvégiens et "épurée" des influences danoises et suédoises en particulier (les deux pays colonisateurs de la Norvège).

    La question linguistique reste aujourd’hui un point sensible, disctricts et communes peuvent choisir librement leur "première langue" administrative, si on peut dire, soit le Ny norsk, soit le Bokmål (ils peuvent aussi choisir d’être "neutre" c’est à dire d’utiliser indifféremment l’une ou l’autre des langues). Ce qui provoque quelques surprises lors des longs voyages en voiture : en roulant depuis Arendal vers Hovden, dans la montagne, les panneaux, les indications changent subitement d’une langue à l’autre.

    Le Nynorsk ou le Norvégien dialectal (ou encore néo-norvégien) est beaucoup plus chantant et poétique que le Bokmål, c’est aussi une langue plus "flexible", avec laquelle on peut "jouer" plus facilement. Kari Bremnes, une chanteuse très populaire ici, qui vient du nord du pays, a l’habitude de "mélanger" les langues norvégiennes (y compris l’anglais) et qui dans cette chanson - « En sang til en man » (une chanson pour un homme) donne un merveilleux exemple d’un des plus beaux dialectes parlé dans le pays, avec ici un texte très fort et très subtil (Entre crochet, la forme Bokmål). Qui a dit que les Norvégiens n’étaient pas romantiques ? :) :

    https://www.dropbox.com/s/2tkedd28hgapsyc/11%20Sang%20Til%20En%20Mann.mp3?dl=0

    Æ [jeg] ville gjerne gi dæ [deg] en sang
    Ikkje [ikke] av den sorten
    "Du må ikkje gå ifra mæ [meg]" og
    "I hate to see you go"
    ikkje av den sorten
    "You don´t treat me right and still I love you so"

    Kanskje heller ikkje den
    om sterke arma nu igjen,
    men æ kunne sagt nå om din flotte nakke
    Det e [er] vanskelig med ord
    de e liksom alle brukt opp fra i fjor
    en gang
    Men æ ville altså gi dæ en sang

    Æ ville gjerne gi dæ en sang
    ikkje om at
    "Baby you must take me to the sea"
    æ veit [vet] da sjøl [selv] kor havet finns
    ikkje den om at mitt hjerte
    "oh ! belongs to daddy"
    det e du som e min prins
    Kanskje heller sønge [singe] om
    at du gir mæ store rom
    at du e der – sånn som du è der når du è der
    Det e vanskelig med to
    Det e fjære, det e flo og tang
    Men æ ville altså gi dæ en sang

    –---

    Traduction française

    Je voudrai bien volontiers te dédier une chanson [te dire quelque chose d’important]
    mais pas te dire vraiment [mais pas de cette sorte :] :
    "ne m’abandonne pas [ne t’éloigne pas de moi]"
    et "je ne voudrai pas te voir partir"
    mais pas te dire vraiment [mais pas de cette sorte :] :
    "tu me maltraites et malgré tout, je t’aime quand même"

    Peut-être, ou peut-être pas
    Bien enfouie dans le creux de ton bras
    Pourrai-je encore parler de ton cou si doux
    C’est dur avec les mots [je ne sais plus comment le dire]
    En quelque sorte, je les ai tous utilisés, déjà, depuis l’année dernière
    Une fois
    Mais je voulais quand-même t’offrir une chanson

    Je voudrai bien volontiers te dédier une chanson [te dire quelque chose d’important]
    Mais pas du genre
    "Baby you must take me to the sea"
    Je sais bien moi-même où trouver l’océan
    Ou encore celle qui te dit que
    "mon coeur appartient toujours à papa"
    Non, c’est toi qui est mon prince
    Peut-être devrai-je chanter combien
    je compte pour toi
    Et que tu es, quand tu es là, comme tu es
    C’est dur d’être deux
    Ça va et ça vient comme les marée et les algues
    Mais malgré tout, je voudrai toujours
    T’offrir cette chanson

    On peut trouver les paroles et la discographie de la chanteuse ici :
    http://www.karibremnes.no/lyrics.html

    Pour finir, une spécificité de la langue norvégienne particulièrement populaire : les Norvégiens adorent jouer avec les mots et créer des mots composés... Parfois trèèèèèès long, mais rien ne leur fait peur.

    exemple : innpakningspapiret [Papier pour emballer (quelque chose) à l’intérieur] soit "papier demballage".

    Et le problème est toujours de savoir s’il faut ou non mettre des espaces entre les mots ou pas. Et ce simple détail peut changer la signification de la phrase du tout au tout. Une initiative très originale a été lancé en avril 2013 pour prévenir les erreurs : "lutter par les images contre les fautes d’espacement" est déjà très populaire (127 000 membres sur la page facebook en moins de trois semaines... http://www.facebook.com/ettord) :

    Quelques exemples - avec et sans espace :


    « Etes-vous vraiment sur qu’il faille un espace ? »


    « L’Ananas téléphone - Rondelle d’ananas »


    « L’Ananas mord - morceaux d’ananas »


    « Le poulet est vivant - Foi de poulet »


    « Manger des couverts - Couverts [pour manger] »


    « Aspirer un tuyau - Paille [pour boire] »


    « Cuire des livres - Livres de cuisine »


    « Manger la table - Table à manger »

    –-----

    #norvège #norvégien #langue #linguistique

    • J’ai oublié de dire deux choses :

      D’une part que mes enfants ne parlent pas le Norvégien littéraire mais bien le bon vieux dialecte d’Arendal voir de Froland puisqu’une des puéricultrices du jardin d’enfants en est originaire...

      « Ho e snill » au lieu de « Hun er snill » (elle est gentille)
      « mi har badet » au lieu de « vi har badet » (nous nous sommes baignés

      D’autre part, l’usage du dialecte ou du Ny norsk est pour certains une action, un choix politique : j’ai des amis qui écrirons et parlerons exclusivement en Ny norsk pour « lutter » en quelque sorte contre la prédominance supposée du Bokmål, langue de la capitale... Il y a eu, il n’y a pas si longtemps, une compagne pour « supprimer » quelques formes dialectales (dire « klokken » au lieu de « klokka » par exemple) en supprimant les formes en « a »... C’est relativement mal passé, et comme toujours en Norvège, pays du consensus, quand une question fâche, on la met de côté en attendant des jours meilleurs...

  • subrealism: the biological origin of linguistic diversity
    http://www.scoop.it/t/my-day-by-day-interests-via-my-scoop-it-contacts/p/3998143749/subrealism-the-biological-origin-of-linguistic-diversity

    Just as reading relies on neural mechanisms that pre-date the emergence of writing [17], so perhaps language has evolved to rely on pre-existing brain systems. However, there is more agreement about the origin of linguistic ..

    [...] plosone - http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0048029 - (Abstract) In contrast with animal communication systems, diversity is characteristic of almost every aspect of human (...)

  • [Ce n’est pas nouveau, très loin de là, mais cet article est aussi juste aujourd’hui qu’à sa parution.]

    « A Person Paper on Purity in Language » par Douglas R. Hofstadter (l’auteur de « Gödel, Escher & Bach »).

    Hofstadter écrit un article merveilleusement ironique contre la langue sexiste (celle qui dit que le masculin vaut pour toute l’espèce humaine). Pour cela, il imagine une variante de l’anglais où le terme « blanc » veut dire « homme » et où les noirs protestent contre ce terme et voudraient remplacer « blanc » par « personne » (d’où le curieux titre de l’article). Évidemment, c’est très choquant. Mais alors, demande Hofstadter, pourquoi est-ce que la langue sexiste ne nous choque pas autant que la langue raciste ?

    Attention, il faut bien connaître l’anglais, il y a plein d’inventions (dont les géniaux Niss et Nrs pour parler d’un noir selon qu’il est chômeur ou pas, alors qu’on utilise toujours Master pour un blanc).

    http://www.cs.virginia.edu/~evans/cs655/readings/purity.html

    #sexisme #linguistique #langue #Hofstadter

    • c’est choquant, c’est intelligent, c’est parfait. C’est déprimant aussi, la langue française étant ENCORE PIRE sous tant d’aspects.

  • Introduction à la “Culturomics”
    http://www.kk.org/thetechnium/archives/2011/09/culturomics.php

    In their paper “Quantitative Analysis of Culture Using Millions of Digitized Books” the authors report their findings when they examine not just two trends but hundreds of vectors at once.

    We show how this approach can provide insights about fields as diverse as lexicography, the evolution of grammar, collective memory, the adoption of technology, the pursuit of fame, censorship, and historical epidemiology.

    et une conf TEDx
    http://www.youtube.com/watch?v=5l4cA8zSreQ&feature=player_embedded

    #science #linguistique #histoire #google #books

  • Vert - Wikipédia
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Vert

    Beaucoup de langues asiatiques n’ont pas de mot distinctif entre le bleu et le vert, bien que des dictionnaires récemment publiés font la distinction. Le vietnamien par exemple n’a pas de mots différents pour le bleu et le vert. Le mot thaï เขียว signifie « vert », mais également « malodorants » et est titulaire d’autres significations à mauvaises connotations. En japonais, en dépit de l’existence d’un mot (guil) dans la langue moderne qui signifie « vert », la couleur est parfois décrite comme le bleu de l’objet que l’interlocuteur sait être vert (青), comme dans le cas du feu de circulation où le vert est appelé « bleu feu de circulation » (青信号) ou lorsque, pour désigner les plantes, on parle du « bleu feuille » (青葉), reflétant l’absence d’un mot qui signifie « vert » dans le vieux japonais.

    #linguistique #particularité

    • Lorsque toutes les vidéos seront accessibles aisément avec leurs sous-titres, on pourra faire de jolies statistiques.

      Cela fait des années que je me dis qu’il faudra que j’analyse mes articles de blogs, interventions de forums et autres conversations de messagerie instantanée pour en analyser la richesse du vocabulaire, en extraire les tics de langage et quelques autres informations totalement inutiles, mais qui, semble-t-il, permettent notamment d’identifier un individu.

      #linguistique

  • Pendant longtemps, les accents (d’une région, d’une classe sociale, etc) étaient considérés comme des déviations par rapport à la langue « normale », celle du souverain. Aujourd’hui, la variété des accents est reconnue comme faisant partie de la variété des langues.

    Voici un échantillon de la même phrase en anglais prononcée par plusieurs locuteurs de pays différents. Très amusant pour voir la variété de l’anglais.

    http://accent.gmu.edu

    Deux regrets : il faut un greffon non-libre pour entendre (mais on a une transcription) et cela ne concerne que l’anglais.

    #linguistique

  • How To Safely Store A Password ? Use bcrypt !
    http://codahale.com/how-to-safely-store-a-password
    Why Not {MD5, SHA1, SHA256, SHA512, SHA-3, etc} ?

    L’auteur rappelle que le matériel pouvant être utilisé pour craquer par la force brute des mots de passes encodés via des algorithmes de hashage habituels est devenu ridiculement bon marché, rendant la protection via ces algorithmes particulièrement faible sur des mots de passes allant jusqu’à 6 ou 7 caractères minuscules.

    Oui, bon, déjà qu’en PHP, mcrypt() n’est pas disponible par défaut sous OS X... Heureusement, l’auteur propose un renvoi vers :

    Portable PHP password hashing framework
    http://www.openwall.com/phpass

    qui se propose d’implémenter bcrypt, justement.

    Voilà, il ne m’en faudra pas plus pour l’essayer... dès que j’en aurai le temps. Pourquoi diable les journées n’ont que 24 heures ?!

    #développement #informatique #sécurité #programmation #bcrypt #php #hashage #md5 #sha1 #sha256 #sha512 #sha-3 #mot_de_passe #algorithme

  • Metaphor is the new weapon in the ’war’ on terror | Technology | The Observer
    http://www.guardian.co.uk/technology/2011/jun/05/john-naughton-networker-spooks

    A branch of the US intelligence service called the Intelligence Advanced Research Projects Activity (IARPA) announced that it would be pouring millions of dollars into a “Metaphor Programme”. (...)
    Ah! So it’s computational linguistics on steroids.

    #recherche #linguistique #web_sémantique #echelon

    • flippant, quoiqu’on voit mal à quel genre de prédictions cela pourrait aboutir.

      ""The Metaphor Programme," said the solicitation (ie call for research proposals) from IARPA’s Office of Incisive Analysis (I am not making this up), “will exploit the fact that metaphors are pervasive in everyday talk and reveal the underlying beliefs and worldviews of members of a culture. In the first phase of the two-phase programme, performers [IARPA’s intriguing term for researchers] will develop automated tools and techniques for recognising, defining and categorising linguistic metaphors associated with target concepts and found in large amounts of native-language text.”

      Jolie chute

      "The thought that their work might one day fuel the “war” on terror will have generations of literary scholars revolving in their graves. And that’s a metaphor too."

  • Culture, nature, le bordel : le papier qui pourrait mettre fin à la dispute.

    BBC News - Language universality idea tested with biology method
    http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-13049700

    A long-standing idea that human languages share universal features that are dictated by human brain structure has been cast into doubt.

    Et ça ouvre un putain de nombre de pistes, si je puis me permettre de m’exprimer ainsi.